Chapitre 1 Histoire :

Conquêtes et sociétés coloniales

La colonisation algérienne par la France vue à travers une bande dessinée :

Les Carnets d'orient de Jacques Ferrandez. Cycle 1 Casterman. 1995.
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Fin 1871. Alger

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[Avec la défaite de Sedan contre la Prusse], les Kabyles de
Mokrani ont cru à l'anéantissement de la France et ont levé
l'étendard de la révolte. C'est maintenant à nous de calmer
la situation et de ramener la paix.

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 Doc A : La violence de la conquête
« Cher frère [...],
Je me suis battu presque tous les jours, de 5 h du matin jusqu’à 7 h du soir ; j’ai laissé sur mon passage un vaste incendie.
Tous les villages, environ 200, ont été brûlés, tous les jardins saccagés, les oliviers coupés (1) [...]. Les Kabyles (2), au
nombre d’environ 2 000, avaient fait la faute de s’entasser sur une longue crête boisée, défendue à gauche par un ravin
profond et à droite par une plaine accidentée [...]. J’ai envoyé dans le ravin le bataillon de tirailleurs indigènes [...]. Au signal
d’un coup de canon, toutes les troupes se sont élancées au pas de charge. La cavalerie a été couper la retraite aux Kabyles
à plus de 2 km, et les a rejetés dans un ravin et sur les baïonnettes des zouaves (3). Alors ce n’a plus été qu’une déroute et un
massacre. 431 Kabyles comptés sont restés sur le terrain. »

(1) Les Français appliquent ici la « terre brûlée », c'est à dire une tactique consistant à tout brûler sur son passage pour faire plier
l'ennemi.
(2) Peuple vivant dans les régions montagneuses du nord de l'Algérie.
(3) Soldats recrutés par l'armée française, au départ parmi les populations locales puis par la suite en Europe.
Lettre du général de Saint-Arnaud à M. de Forcade, le 25 mai 1851.

Doc B : Une colonisation aux objectifs multiples

« Au point de vue économique pourquoi des colonies ? ... La forme première de la colonisation c'est celle qui offre un asile
et du travail au surcroît de population. [...] Les colonies sont, pour les pays riches, un placement en capitaux (1) des plus
avantageux […]. La question coloniale, c'est, pour des pays voués par la nature de leur industrie à une grande exportation,
comme la nôtre, la question même des débouchés (2) [...] la fondation d'une colonie c'est la création d'un débouché.
Messieurs, il y a un second point, un second ordre d'idée que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-
le bien, c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit
vis à vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. […]
Cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention :
à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut se passer, sur la surface des mers d'abris solides, de défenses, de centres de
ravitaillement […] Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde [...] c'est descendre du premier rang au troisième
ou au quatrième. »

(1) Les capitaux désignent des investissements faits par des particuliers ou des entreprises dans des marchés extérieurs (pays) afin d'y
gagner de l'argent.
(2) Un débouché est un marché extérieur (pays) dans lequel une entreprise pourra vendre ses surplus de marchandises, et ainsi gagner
de l'argent.
Discours de Jules Ferry prononcé devant l'assemblée nationale, le 28/7/1885.
Homme politique français plusieurs fois ministre dans les années 1880.

Doc C : Le statut des « indigènes » (non-européens)

«L'indigène musulman est français ; néanmoins, il continuera à être régi par la loi musulmane (1). Il peut être admis et servir
dans les armées de terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et emplois civils en Algérie. Il peut, sur sa demande,
être admis à jouir des droits de citoyen français (2). »

(1) Bien que reconnu français, « l'indigène » ne possède aucun droit lié à cette nationalité, il n'est qu'un sujet. Il continue d'obéir à un
ensemble de lois basées sur l'interprétation des préceptes du Coran.
(2) Dans les faits, seules 200 personnes ont demandé à être naturalisées (obtenir la nationalité française) jusque dans les années 1870.

Senatus-consulte (décision du Sénat français) du 14 juillet 1865.

Doc D : Les Européens d'Algérie (pieds-noirs)

« Ils étaient venus de métropole au moment de la conquête coloniale entre 1830 et 1860. Mais la plupart des Européens
d’Algérie étaient des personnes originaires du bassin méditerranéen, d’Espagne et d’Italie, devenus français par la loi de
1889. A cela, il faut ajouter les juifs d’Algérie devenus français par le décret Crémieux de 1870 (1) , et les Alsaciens-
Lorrains venus après la défaite de 1870 (2). L’immense majorité d’entre eux vivaient dans les villes, où leurs revenus étaient
bien inférieurs à ceux des habitants de la métropole. »

(1) Avant cela, les communautés juives vivant dans l'Algérie pré-coloniale disposaient du statut de « dhimmi » par lequel elles étaient
protégées et la pratique de leur religion autorisée, en échange d'un impôt. Elles n'avaient pas de pouvoirs.
(2) Suite à une guerre perdue l'ayant opposée à la Prusse (ancêtre de l'Allemagne) en 1870, la France a dû concéder le territoire
d'Alsace Lorraine à la Prusse. Nombreux furent ses habitants à fuir en direction du reste de la France ou dans ses colonies.
Interview de Benjamin Stora, 2006. Historien spécialiste de l'Algérie coloniale et
18 de la guerre d'Algérie.