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Document 1.

Victor Hugo, Discours sur l'Afrique (1879), prononcé à l'occasion de la commémoration de l'abolition
de l'esclavage en 1849 dans les colonies francaises.
Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Amérique a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire
; l'Afrique n'a pas d'histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l'enveloppe. [...]
Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l'Angleterre, ont saisi
l'Afrique ; la France la tient par l'ouest et par le nord ; l'Angleterte la tient par l'est et par le midi.
Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez-la. À qui ? à personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu
donne la terre aux hommes. Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre,
apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le
commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête mais pour la fraternité. […]
Allez, faites ! faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez ; et que,
sur cette terre, de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l'esprit divin s'affirme par la paix et l'esprit
humain par la liberté !
Victor Hugo, Discours sur l'Afrique, Actes et paroles, IV, 1879.

Document 2.
Hiérarchisation et ségrégation
* À l'époque (vers 1910] Bandiagara* était l'une des plus importantes villes. La ville abritait en effet une
administration militaire comprenant dix officiers et sous-officiers français, et une administration civile comprenant
un commandant de cercle un adjoint et six ou sept agents civils français.
C'est dire l'importance de la présence fran-caise dans la ville [..]. Les Blancs avaient leur quartier d'habitation sur
la rive gauche du Yaamé, et les indigènes de Bandiagara sur la rive droite. Dans] le quartier des Blancs, n'y
vivaient que les Blancs eux-mêmes et leurs principaux auxiliaires indigènes : les gardes de cercle (agent chargés
de la police) et les tirailleurs (militaires indigènes). Quant aux fonctionnaires civils indigènes et au personnel
domestique des Blancs (boys, cuisiniers et autres), ils devaient impérativement regagner chaque soir la ville
indigène sur la rive droite du Yaamé. »
Amadou Hampâté Ba (1901-1991),
Amkoullel, l'enfant peul, © Actes Sud, 1991.

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