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Haïti, en forme longue république d'Haïtia (Ayiti, en forme longue Repiblik d

Ayiti11 ou Repiblik Ayiti), est un État des Grandes Antilles, occupant le tiers
occidental de l'île d'Haïti (soit 27 750 km2 environ), les deux tiers orientaux étant
occupés par la République dominicaine. Sa capitale est Port-au-Prince et
son point culminant est le pic la Selle (2 680 m d'altitude).
La défaite de l'armée française au cours de l'expédition de Saint-Domingue, au
terme de la révolution haïtienne12, est à l'origine de la création de la république
d'Haïti, qui devient en 1804 la première république noire, le premier État noir des
Temps modernes et le deuxième État indépendant d'Amérique (après les États-
Unis)13.
Haïti est aussi le seul territoire francophone indépendant des Caraïbes, dont il
est également le pays le plus peuplé14.
Après avoir été une des premières destinations des Caraïbes dans les années
1950 à 1970 et avoir manqué la transition démocratique après la chute des
Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc », et son fils Jean-Claude Duvalier,
dit « Baby Doc »), Haïti, surnommée « la Perle des Antilles » depuis l'époque
coloniale, fait l'expérience d'une démocratie renaissante et tente de s'organiser
et de se reconstruire après le violent séisme du 12 janvier 201015,16.
Haïti est membre observateur et invité permanent de l'Alliance bolivarienne pour
les Amériques (ALBA) et est membre de l'Organisation des Nations unies (ONU),
de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), de la Commission
internationale du riz (CIR) et du G33.
Toponymie[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Noms de l'île de Saint-Domingue.

Chez les Taïnos, Ayiti signifierait, selon les versions, « terre des hautes
montagnes »17,18,19 ou « la montagne dans la mer »20, ou « âpre terre »21.
Lorsque les flibustiers français — qui ont d'abord envahi l'île de la Tortue au nord
— migrent vers la partie occidentale de l'île d'Hispaniola, ils francisent en Saint-
Domingue le nom de Santo Domingo, qui est celui de la capitale de l'île fondée
par les Espagnols au sud-est de celle-ci.
De 1630 à 1664, ce nom reste informel jusqu'à ce que Colbert incorpore la
« colonie de Saint-Domingue » à la Compagnie française des Indes
occidentales. Le nom de Saint-Domingue sera confirmé par les traités
de Ryswick (1697) et de Bâle (1795) pour désigner la partie occidentale qui,
durant cette période coloniale française, est aussi surnommée la « perle des
Antilles ».
Le 1er janvier 1804, en déclarant l'indépendance du pays, Dessalines lui redonne
le nom taïno d'origine, « Haïti », en honneur à ce peuple amérindien22.
Histoire[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Histoire d'Haïti, Saint-Domingue (colonie française), Esclavage en
Haïti et Immigration française en Haïti.

Peuplement amérindien, arrivée des Espagnols et établissement de


la traite des Noirs[modifier | modifier le code]
Peuplement amérindien[modifier | modifier le code]

Une représentation de Christophe Colomb débarquant


à Hispaniola en 1492. Scène réalisée en 1594.
Les peuples de culture arawak, kalinago et taïno occupent l'île avant l'arrivée des
Espagnols. La présence des Taïnos est attestée par les fouilles archéologiques
entreprises dans la Grotte Marie-Jeanne, dans la commune de Port-à-Piment,
située au sud du pays. Puis, débarquant le 5 décembre 1492, Christophe
Colomb la nomme l'île Hispaniola, alors que les indigènes la nommaient de trois
façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio. On estime qu'environ 100 000 indigènes[citation
nécessaire]
peuplaient l'île d'Hispaniola à la fin du XVe siècle.
Arrivée des Espagnols et établissement de la traite des
Noirs[modifier | modifier le code]
Esclaves originaires du golfe de Guinée travaillant dans une mine d'or et d'argent. Hispaniola,
1595.
Les Espagnols exploitent l'île pour son or. Les Amérindiens refusant de travailler
dans les mines sont réduits en esclavage ou massacrés ; les rares personnes
qui réussissent à s'échapper trouvent refuge dans les montagnes et sont
marginalisées et fortement paupérisées. Les maladies infectieuses arrivées avec
les Européens font des ravages. Les mauvais traitements, la dénutrition et la
baisse de natalité font le reste : la population indigène est exterminée en
quelques décennies.
Les Espagnols font alors venir d'Afrique des esclaves noirs déportés.
En 1517, Charles Quint autorise la traite des esclaves, qu'il interdira dès la
décennie suivante, mais sans succès, pas plus qu'ensuite le pape Paul III.
Île d'Hispaniola vers 1665, Johannes Vingboons.
La partie ouest d'Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les
colons espagnols, qui la laissent vide. Des boucaniers français s'y installent,
malgré plusieurs expéditions militaires espagnoles. Au XVIIe siècle, sous l'autorité
du cardinal de Richelieu, l'installation française s'institutionnalise. L'île de la
Tortue, au nord-ouest d'Hispaniola, devient le siège de la flibuste. Ces
aventuriers gagnent peu à peu la « Grande terre » : en 1654, ils créent la
première ville de la future Saint-Domingue : Petit-Goâve. Le premier gouverneur
de la colonie est Bertrand d'Ogeron, nommé en 1665. Sachant se faire accepter
des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de Français qui s'engagent
à travailler trois ans avant de devenir propriétaires de terres (on les appelait les
« 36 mois ») et celle de « filles à marier »23. Il favorise la plantation de tabac.
Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers peu portée à
accepter l'autorité royale jusqu'aux années 1660. Bertrand d'Ogeron attire aussi
des colons de Martinique et de Guadeloupe.
Mais en 1670-1690 intervient la crise du tabac et un grand nombre de places
sont abandonnées. Les rangs de la flibuste grossissent, les pillages, comme
ceux de Vera Cruz en 1683 ou de Campêche en 1686, se multiplient et Jean-
Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l'ordre en prenant un grand
nombre de mesures. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676. Il
encourage la création de plantations d'indigo et de canne à sucre. Le premier
moulin à sucre est créé en 1685. Enfin, il réglemente l'esclavage en préparant
le Code noir (qui sera promulgué en 1685, après sa mort). Avant l'adoption de ce
code l'esclavage était théoriquement interdit, mais largement pratiqué dans la
réalité. L'ensemble de ces actions permet l'essor économique de la colonie.

Isle de Saint Domingue scindée en deux parties : la française à


l'ouest et l'espagnole à l'est. Le Rouge, Georges-Louis; Crépy (Firm), 1767. Bibliothèque du
Congrès des États-Unis.
À la suite du traité de Ryswick de 1697 et de l'accession au trône d'Espagne d'un
petit-fils de Louis XIV, les Espagnols renoncent à contester la souveraineté de
la France sur le tiers occidental de l'île. La France officialise le nom de Saint-
Domingue pour cette partie de l'île. C'est alors que viennent de France de
nombreux colons qui développent les plantations ou travaillent dans celles-ci. De
1713 à 1787, 30 000 Français viennent grossir le nombre des colons présents
dans la partie ouest de l'île.
Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers
jusqu'aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand
nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane, où
ils s'installent dans des Postes établis par la France et administrés par des
militaires.
Vers 1790, Saint-Domingue est cependant la colonie française la plus riche
d'Amérique grâce aux profits immenses générés par le travail des esclaves de
l'industrie sucrière et de celle de l'indigo. Des dizaines de milliers d'Africains ont
été déportés chaque année comme esclaves pour faire fonctionner ces
industries (dans les années 1780, ils sont déportés dans la colonie au rythme de
36 000 par an pour remplacer leurs prédécesseurs morts à la tâche24) ; leur sort
est juridiquement encadré par le Code noir, mais, dans les faits, ils subissent des
traitements souvent pires que ceux prescrits par ledit code. Leur nombre
(400 000) est dix fois plus élevé que celui des Blancs, avec une centaine de
milliers d'Africains déportés à Saint-Domingue pendant les 10 ans précédant la
Révolution française25.
De la révolte des esclaves à la proclamation de
l'indépendance[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Révolution haïtienne et Expédition de Saint-Domingue.

Toussaint Louverture.
Avant la Révolution une Société des amis des Noirs est créée en France en
1788. Elle se donne pour objectif d'obtenir l'abolition de l'esclavage.
La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux dans les
petites Antilles comme à Saint-Domingue.
De nombreux députés français réclament l'abolition comme l'abbé Grégoire.
S'ensuivent des révoltes d'esclaves qui se terminent en 1793 avec l'abolition de
l'esclavage par les commissaires civils Sonthonax et Polverel, décision avalisée
et généralisée à l'ensemble des colonies françaises par la Convention six mois
plus tard (première abolition de l'esclavage le 16 pluviôse an II, donc le 4 février
1794). La grande majorité des non-esclaves ayant fui la colonie, soient-ils
Européens ou gens de couleur, les plantations et habitations du pays sont
collectivisées par le gouvernement provisoire et mises sous le contrôle des
cultivateurs25. Toussaint Louverture, nommé gouverneur général à vie de Saint-
Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chasse les Espagnols et les
Anglais qui menaçaient la colonie. La promulgation le 3 juillet 1801
d'une constitution autonomiste lui permet de développer la cohésion des citoyens
de l'île. L'abolition de l'esclavage ayant entraîné le ralliement à l'Angleterre des
autres colonies françaises, Napoléon Bonaparte, sous l'influence des Créoles
(Français — et Espagnols — nés sur l'une des îles des Antilles, plus tard en
Louisiane aussi) et des négriers, décide de. rétablir l'esclavage. Il envoie en
décembre 1801 une expédition de 30 000 hommes sous les ordres de son beau-
frère, le général Leclerc, avec pour mission de démettre Louverture et de rétablir
l'esclavage à Saint-Domingue.

Combat et prise de la Crête-à-Pierrot, par A. Raffet, gravure


Hébert, 1839.
Aux États-Unis, les riches planteurs prennent peur et contribuent à financer une
expédition pour mater ce qu'ils perçoivent comme une révolte d'esclaves26. Mais,
après quelques victoires, l'arrestation (faux rendez-vous diplomatique, avec
promesse de Bonaparte de sauf-conduit, non respectée27) et la déportation de
Toussaint Louverture, arrêté le 7 juin 1802, les troupes françaises commandées
par Donatien de Rochambeau, décimées par la fièvre jaune, sont définitivement
battues par Jean-Jacques Dessalines, qui avait rejoint l'insurrection, à la bataille
de Vertières le 18 novembre 1803.
Au terme d'une double bataille, la Déclaration d'indépendance28 du pays est
proclamée le 1er janvier 1804. Le nom d'Haïti (ancien nom de l'île du temps des
Indiens Caraïbes) est donné au territoire. Haïti est le premier pays au monde
issu d'une révolte d'esclaves.
Du gouvernement de Dessalines à l'élection de Faustin
Soulouque[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Massacres de 1804 en Haïti.

Le roi Henri Ier, roi d'Haïti de 1811 à 1820.


Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes. L'histoire rapporte
qu'il exécuta la plupart des quelque 10 000 Blancs restés sur l'île et gouverna en
despote. Il est assassiné à son tour le 17 octobre 1806 par des mulâtres. Le
pays se divise alors en deux : un royaume au nord, commandé par le roi Henri
Christophe, et une république au sud, dirigée par le mulâtre Alexandre Pétion.
Le président Pétion initie des négociations pour la reconnaissance d'Haïti en
1814. Elles durent jusqu'en 1824. Le 11 juillet 1825, le roi de
France Charles X promulgue une ordonnance reconnaissant l'indépendance du
pays contre une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée
par Louis-Philippe Ier en 1838 à 90 millions de francs). Les efforts d'Haïti pour
payer l'indemnité entraveront significativement son développement29 car cela
représentait six francs par an et par habitant.
En 1822, le président Jean-Pierre Boyer réunifie les deux parties nord et sud et
conquiert la partie est de l'île, colonie espagnole. Le 27 février 1844, malgré les
attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine se
déclare à nouveau indépendante ; l'occupation de la partie espagnole de l'île
d'Hispaniola pendant ces 22 années par les Haïtiens — qui y commettent
exactions et abus de pouvoir à répétition — laisse un fort mauvais souvenir aux
Dominicains.
La citadelle La Ferrière est construite par Henri Ier. Elle
représente un des plus gros ouvrages de ce genre dans les Caraïbes.
Une longue succession de coups d'État suit le départ de Jean-Pierre Boyer. Le
président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846, la
mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, bannie par ses
prédécesseurs. Le pouvoir ne cesse d'être contesté par des factions de l'armée,
les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée
majoritairement d'étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais). Le
pays s'appauvrit, peu de chefs d'État se préoccupent de son développement.
Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues
par les candidats à la succession.
En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République : il transforme le
pays en empire d'Haïti le 25 août 1849 et devient Faustin Ier. Despote, il fuit le
pays à la suite d'un soulèvement populaire en 1859.
Guerre financière, révolution de 1915 et occupation
américaine[modifier | modifier le code]
Guerre financière et révolution de 1915[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Révolution haïtienne de 1915.

Depuis 1906, le pays est dans le champ d'application de la « diplomatie du


dollar » et le département d'État fait pression en 1910-1911 sur Port-au-Prince
pour assurer l'entrée de la Citibank dans le capital de la Banque nationale.
Depuis, la National City Bank s'emploie à conquérir de l'intérieur l'institution tout
en essayant d'acculer les gouvernements haïtiens, endettés, à accepter le
contrôle des douanes. En décembre 1914, des troupes américaines s'emparent
de fonds publics contenus dans la banque et les transfèrent aux États-Unis,
malgré les protestations haïtiennes contre un « acte de piraterie
internationale »30.

Occupation d'Haïti par les marines américains, 1915.


Le vice-président de la Banque nationale, Roger L. Farnham, définit le plan qui
sera adopté par le département d'État. Il s'agit, à la faveur d'une occupation
militaire, de contrôler l'ensemble de l'administration et ainsi de favoriser les
intérêts économiques américains dans le pays. En dépit d'une forte pénétration
par les capitaux américains de l'économie haïtienne (chemins de fer, transports
urbains, électricité, etc.), la Constitution refusait aux étrangers le droit de
propriété immobilière, les tenant éloignés de nombreux secteurs (sucre, café,
coton, tabac, bois, etc.)30.
En dehors des interférences américaines, le pays est en état d'insurrection quasi
permanente. De 1910 à 1915, cinq présidents se succèdent, situation qui
culmine avec l'exécution de 167 prisonniers politiques le 27 juillet 1915, suivie
d'une révolte populaire qui renverse le gouvernement et met à mort le
président Vilbrun Guillaume Sam. Cette révolution, menée par Rosalvo Bobo, qui
s'opposait notamment au rapprochement du pays avec les États-Unis, ne plait
pas à ces derniers, mais la décision d'envahir Haïti était déjà prise avant le
renversement de Vilbrun Guillaume Sam30.
Occupation américaine (1915-1934)[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Occupation d'Haïti par les États-Unis.

Décidant d'intervenir par la force, les États-Unis, dont des soldats étaient
présents sur l'île depuis 191431, envahissent le pays et établissent par un
traité leur domination militaire, commerciale et financière. Une nouvelle
Constitution est écrite par les États-Unis et instaurée en 1918. L'anglais devient
de 1918 à 1934 la seconde langue officielle du pays, après le français.
L'instauration du travail forcé et le racisme des Marines favorisent les
recrutements par la résistance nationaliste, dirigée par Charlemagne Péralte, qui
comprend 5 000 combattants permanents et 15 000 irréguliers. La zone de la
guérilla concerne essentiellement le Nord et le Nord-Est du pays30. En France,
des élus politiques pensaient que Haïti allait devenir une colonie Américaine,
comme le furent les territoires Espagnols de Porto Rico et des Philippines, qui
furent occupés par les Américains en 1898, lors de la guerre des États-Unis
contre l'Espagne.

Patrouille de Marines américains en Haïti, 1921.


Après de multiples combats aux abords de certaines grandes villes, les rebelles
donnent l'assaut à la capitale, Port-au-Prince, le 7 octobre 1919. Les forces
d'occupation américaines peuvent compter sur leur avantage matériel : utilisation
de mitrailleuses, avions de reconnaissance, missions de patrouilles et de
mitraillage par des hydravions. La liberté de circulation à l'intérieur du pays est
supprimée par l'occupant avec l'instauration de passeports intérieurs, et, surtout,
la répression frappe régulièrement la population civile, au point que le
commandement général des Marines reconnaisse la réalité de « tueries sans
discrimination » dans les campagnes de contre-insurrection. Des paysans sont
internés dans des camps de concentration sous prétexte de nécessité
militaire de regroupement. Entre 1915 et 1920, 3 250 à 5 500 Haïtiens sont morts
lors des rébellions contre l'occupation32,30.
Charlemagne Péralte est assassiné le 1er novembre 1919, un espion ayant
conduit les Marines jusqu'à lui. Benoît Batraville reprend le commandement et
parvient à maintenir l'activité de la guérilla, mais est tué au combat le 18 mai
1920. Après la mort de ses chefs, démoralisée, la guérilla s'éteint
progressivement. L'occupation prend fin en 193430.
De l'instabilité politique à la dynastie Duvalier (1957-1986)
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afficherCette section ne cite pas suffisamment ses sources (février 2023).

Articles détaillés : Duvaliérisme, François Duvalier et Jean-Claude Duvalier.

Après la fin de l'occupation américaine, l'instabilité politique (entre militaires


mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s'achève qu'à partir de 1957 avec
l'élection de Duvalier, dont le régime, basé sur le principe du pouvoir au plus
grand nombre, durera jusqu'en 1986.
Partisan de la lutte contre ceux qui contrôlent l'armée et qui ont précédemment
renversé le noiriste Dumarsais Estimé, François Duvalier (surnommé « Papa
Doc » pour son passé de médecin de campagne) assied son pouvoir personnel
grâce à la délation et alimente la terreur à l'aide de ses partisans,
surnommés Tontons Macoutes, véritables escadrons de la mort. Mettant en
place un culte de la personnalité, il s'autoproclame président à vie en 1967 et
meurt de maladie en 1971 après avoir désigné son fils Jean-Claude comme
héritier. Ce dernier deviendra alors le plus jeune président du monde33 et sera
surnommé « Baby Doc ».
Jean-Claude « Baby Doc » Duvalier.
La dictature de la dynastie Duvalier est responsable de nombreuses tueries, de
massacres d'opposants et de civils, tel celui de la ville de Jérémie (connu sous le
nom « Vêpres jérémiennes ») en 1964. Elle pousse de nombreux Haïtiens à
s'exiler, notamment aux États-Unis et au Canada, où certains, partisans
du pouvoir aux plus capables et qui avaient jusque-là monopolisé le pouvoir
politique et militaire, se posent en victimes du régime.
En 1986, après avoir répondu par la violence à une suite de
manifestations, Jean-Claude Duvalier démissionne et s'exile en France sous la
pression du peuple et des États-Unis. Il laisse le pouvoir aux six membres
du Conseil national de gouvernement (en) qu'il a formé, et qui est mené par le
commandant en chef des armées Henri Namphy. Le régime des Duvalier laisse
environ 50 000 morts et le pays ruiné : pour la seule période allant de janvier
1983 à février 1986, Jean-Claude Duvalier et neuf de ses proches avaient
détourné à leur profit 120 575 000 dollars dans les caisses des entreprises
publiques et de l'État haïtien29. En 1988, un tribunal de Miami reconnut que Jean-
Claude Duvalier avait « détourné plus de 504 millions de dollars d'argent
public »34.
Après la chute de la dictature, les créditeurs du pays insistèrent pour que les
Haïtiens honorent la dette contractée par les Duvalier, estimée à 844 millions de
dollars et dont une grande partie était due à des institutions internationales
comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La légalité de
ces remboursements, alors qu'une grande partie de cette dette n'a pas été
dépensée en Haïti, mais détournée par les responsables du régime, a été
contestée par certains hommes politiques et observateurs. Cephas Lumina,
l'expert indépendant des Nations-Unies sur la dette extérieure, a soutenu que
« le cas d'Haïti est l'un des exemples les plus frappants de dette odieuse dans le
monde. Rien que pour cette raison, la dette devrait être annulée sans
conditions »34.
Ère de transition post-Duvalier (1987-1990)[modifier | modifier le code]
Des élections générales sont organisées pour novembre 1987, mais sont
annulées après des tirs de militaires et d'anciens Tontons Macoutes sur des
dizaines de civils le jour du vote. Elles sont suivies par des élections en janvier
1988 qui voient Leslie Manigat et son Rassemblement des démocrates
nationaux progressistes l'emporter. Toutefois, le gouvernement est renversé
en juin par un coup d'État militaire mené par le général Namphy, qui est lui-
même démis du pouvoir par un second coup d'État militaire en septembre, mené
par le général Prosper Avril, qui avait dû quitter le Conseil national de
gouvernement après des manifestations populaires protestant contre sa
proximité avec les Duvalier.

Leslie Manigat, conférence au palais national, 16 juin 1988.


Ce second coup d'État fait suite au massacre de St-Jean-Bosco le 11 septembre,
par des hommes non identifiés, mais considérés généralement comme d'anciens
Macoutes. Des dizaines de fidèles sont ainsi tués dans l'église catholique de St-
Jean-Bosco à Port-au-Prince, la paroisse de l'influent prêtre Jean-Bertrand
Aristide (qui survit à l'attentat), un des critiques les plus notoires de la famille
Duvalier.
Ce massacre, qui dure trois heures, est suivi selon la Commission
interaméricaine des droits de l'homme de déclarations à la télévision nationale de
participants à l'attentat, qui menacent de commettre à nouveau de tels actes,
montrant ainsi la proximité du pouvoir en place avec les ex-Macoutes35. Le
gouvernement militaire d'avril se maintient en place jusqu'en mars 1990.
Malgré la fuite de Duvalier, ses ex-Macoutes et paramilitaires continuent de
mener des opérations punitives contre des journalistes et militants politiques.
Entre 1986 et 1990, plus de mille cinq cents personnes sont assassinées par ces
groupes29.
Haïti depuis 1990[modifier | modifier le code]
1990-1996 : Premier mandat d'Aristide, coup d'État et retour au
pouvoir[modifier | modifier le code]
Jean-Bertrand Aristide.
Les élections législatives et présidentielle de décembre 1990 se déroulent de
façon régulière et en présence d'observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand
Aristide, partisan d'une plus grande justice sociale et proche du courant de
la théologie de la libération, est élu à la présidence avec 66,7 % des voix36. Cette
consultation marquée par une forte participation, a été boycottée par les
duvaliéristes37. Ceux-ci considèrent que l'élection de J.-B. Aristide a été un
« coup d'État électoral ».
En janvier 1991, Roger Lafontant, ancien chef des tontons macoutes, tente de
renverser le gouvernement, mais les soldats loyalistes parviennent à obtenir sa
reddition. Le mandat d'Aristide débute le 7 février 1991, mais un coup d'État
sanglant mené par Raoul Cédras et des militaires (soutenus par l'oligarchie
marchande) l'oblige en septembre à s'exiler aux États-Unis. Pendant trois ans,
les milices (que d'aucuns estiment soutenues par les États-Unis38,39,40) intimident
la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient
constitué la base de la résistance aux Duvalier et l'appui à l'élection d'Aristide. La
plus importante de ces forces paramilitaires, le FRAPH, avait été fondée par un
supposé agent de la CIA Emmanuel Constant41,42. La dictature laisse environ
quatre mille morts43.
En octobre 1994, Aristide est rétabli au pouvoir par l'administration de Bill
Clinton, lors de l'opération « Rétablir la démocratie »44 à la condition de renoncer
à récupérer les années perdues lors de l'intermède militaire et de se plier à un
programme néolibéral45,46, surnommé « plan de la mort » par une partie des
Haïtiens47. Il s'agissait en partie du programme48 de son opposant lors des
dernières élections, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, Marc
Bazin49. Son retour fut par ailleurs marqué par le démantèlement de l'armée,
corrompue, prévaricatrice et vecteur d'instabilité politique.

Le président René Préval en 1996.


1996-2001 : Premier mandat de Préval[modifier | modifier le code]
Aristide quitte la présidence en 1996 et René Préval lui succède. Malgré son
appartenance à Lavalas, le parti d'Aristide, il n'est soutenu que du bout des
lèvres par l'ancien président. Il applique immédiatement le plan américain50, ce
qui provoque un véritable tollé dans l'île.
2000-2004 : Second mandat d'Aristide[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Coup d'État de 2004 en Haïti.

Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l'ONU51. Des
inondations provoquent la mort de 2 000 personnes en mai 2004. En septembre
de la même année, une tempête tropicale laisse derrière elle 2 200 morts et
disparus et quelque 300 000 sinistrés36.
Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale,
plus particulièrement par la France (avec l'intervention de Régis Debray et
Véronique de Villepin-Albanel) et les États-Unis, Aristide est obligé, lors de la
révolte populaire du 29 février 2004, de quitter le pays avec un commando des
forces spéciales des États-Unis52. Boniface Alexandre, président de la Cour de
cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.
En mars 2004, les résultats d'une commission d'enquête sur Haïti, dirigée par
l'ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les
gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient
participé à la fourniture d'armes et à la formation des rebelles haïtiens dans ce
pays ». La commission a constaté que 200 soldats des forces spéciales
américaines avaient été envoyés en République dominicaine pour participer à
des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président
dominicain Hipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière,
précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient
régulièrement des attaques contre les installations de l'État haïtien »53.
De nouveau documents sortis en 2021, impliquent également le Canada dans ce
coup d'État à Haïti54.
2006-2011 : Second mandat de Préval[modifier | modifier le code]
En février 2006, à la suite d'élections marquées par des incertitudes sur le
décompte des bulletins de vote, et grâce à l'appui de manifestations
populaires, René Préval est élu.
2011-2016 : Mandat de Martelly[modifier | modifier le code]

Michel Martelly.
Du 14 mai 2011 au 6 février 2016, Michel Martelly est président de la
République. Durant son mandat, il décide de récréer l'armée haïtienne.
La corruption, déjà importante, devient plus visible sous sa présidence. Le
scandale PetroCaribe en est emblématique : des hommes d'affaires et hommes
politiques proches du pouvoir détournent à leur profit une grande partie de l'aide
économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l'amélioration des
services publics55.
À la fin de son mandat, aucun successeur n'est élu et un gouvernement
provisoire lui succède.
2017-2021 : Mandat de Moïse[modifier | modifier le code]
En novembre 2016, Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle avec 54 %
des voix.
Dès le mois de mai 2017, des milliers d'ouvriers employés par les industries
textiles des zones franches prennent régulièrement la rue pour demander une
hausse du salaire minimum, alors fixé à 300 gourdes (4 euros) par jour, mais
leurs revendications restent ignorées. Les mobilisations sont renforcées en
septembre par d'autres secteurs de la population en protestation contre le vote
du budget de l'État. Celui-ci prévoit une hausse supplémentaire de taxes
affectant l'ensemble de la population. En revanche, les tarifs douaniers qui
s'appliquent au riz, par exemple (passés de 35 % à 3 % en 1994), n'évoluent
pas, condamnant Haïti à la dépendance : 80 % du riz consommé sur place est
importé, dans un marché contrôlé par une poignée d'importateurs richissimes. La
libéralisation de l'économique est accentuée afin d'attirer les investissements
étrangers, alors que l'environnement, la santé et l'éducation restent délaissés55.

Jovenel Moïse, président d'Haïti de 2017 à 2021.


En février 2019, une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI),
allant jusqu'à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de
corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même provoquent
d'importantes manifestations contre le gouvernement56.
La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-
Arthur Fils-Aimé, directeur général de l'Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : «
Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu'elles ont pris l'allure
d'une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes
structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles
perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du
pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l'île à l'état de
néo-colonie57.
Du 15 septembre à début octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuées et
près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national
de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles,
depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple
haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux
les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet
2018 par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de
ses droits civils, économiques, politiques et sociaux »57.
Le 7 juillet 2021, le Premier ministre sortant Claude Joseph annonce l'assassinat
de Jovenel Moïse par un commando durant la nuit du 6 au 7 juillet58.
Ariel Henry, nommé premier ministre, assure une présidence par intérim depuis
l'assassinat du président Jovenel Moïse.
Géographie[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Géographie d'Haïti et Liste de communes d'Haïti.

Localisation, frontière et espace maritime[modifier | modifier le code]


La république d'Haïti est un état de la mer des Caraïbes situé dans l'hémisphère
nord à précisément 18° 32' 21'' N et 72° 20' 11 O'', ce qui la place à peu près à la
même longitude que la ville de Québec au Canada et à la même latitude que la
ville de Nouakchott en Mauritanie.
Le pays partage 376 km de frontières terrestres avec la République dominicaine
et des frontières maritimes avec les Bahamas, la Colombie, Cuba, les Îles
Turques-et-Caïques, la Jamaïque et la République dominicaine.
Les canaux séparant Haïti des îles voisines sont par exemple le Passage du
Vent (long de 87 km) entre elle et Cuba ou le Passage de la Jamaïque (190 km)
entre elle et la Jamaïque.
La ZEE haïtienne s'étend sur une surface de 126 760 km2.
Territoires limitrophes[modifier | modifier le code]

Territoires limitrophes de Haïti

Los Angeles, à New-York, à


4 840 km 2 460 km Europe, à 6 390 km
La Havane, à Îles Turques-et- Paris, à 7 350 km
1 160 km Caïques, à 307 km

Porto Rico, à
Jamaïque, à 540 km 600 km
Dakar, à 5 840 km

Colombie, à
Venezuela, à
1 600 km
Panama, à 1 350 km 1 070 km
Santiago, à
Brasilia, à 4 665 km
5 790 km
Géologie, topographie et hydrographie[modifier | modifier le code]
Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans une zone sismique
active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et
la plaque caraïbe au sud, rendant le pays particulièrement vulnérable
aux tremblements de terre. Pour ces raisons, le territoire est traversé par de
nombreuses failles géologiques dont les deux principales sont la Faille
Septentrionale (située au nord) et la Faille Enriquillo Plantain-Garden (située au
sud)59.
Le relief de la « Terre montagneuse » est constitué de montagnes escarpées
avec de petites plaines côtières et des vallées. Celui de la république d'Haïti est
formé, comme pour l'île entière, de deux bandes montagneuses principales
séparées par la plaine du Cul-de-Sac : l'une au nord, où s'élèvent la chaîne du
Haut-Piton, le massif des Montagnes Noires et la chaîne des Matheux ; l'autre au
sud, constituée par le massif du pic la Selle et le massif de la Hotte. Enfin, la
partie centrale et l'est forment un grand plateau d'altitude.

La chaîne de
montagnes Tête Bœuf, dans la partie centrale du Massif de la Hotte.

Carte topographique d'Haïti.


Le territoire haïtien compte également quelques îles et un archipel, à savoir :

 La Gonâve ;
 l'Isle Cacique ;
 l'île de la Tortue ;
 Les Cayemites ;
 l'Île-à-Vache.

Fleuve Artibonite.
Quant à l'île de la Navasse, elle est considérée comme étant une des îles
mineures éloignées des États-Unis ; néanmoins, elle est revendiquée par Haïti.
Le territoire haïtien compte de nombreux cours d'eau tels que l'Artibonite,
la Rivière Blanche, la Rivière Grise ou la Rivière Guayamouc. L'île compte
également quelques lacs de taille notable comme le Trou Caïman, l'Étang
Saumâtre ou le Lac de Miragoâne.
Climat[modifier | modifier le code]
Le climat rencontré en Haïti est de type Climat tropical de savane, d'après
la Classification de Köppen. Cela signifie que les températures moyennes
annuelles varient entre 25 °C et 30 °C et celles de la mer entre 26 °C et 29 °C. Il
comprend deux saisons bien distinctes, soit une saison sèche s'étalant de
novembre à mars et une saison des pluies s'étalant d'avril à octobre. Du mois de
juin à la fin du mois de novembre s'étend la saison des ouragans.
Selon les lieux, le climat présente des variations notables s'expliquant en partie
par l'effet des courants marins et du relief, mais également par l'effet de la
déforestation dans l'intérieur du pays. En effet, le climat dans les terres y devient
très vite de plus en plus aride, et durant les périodes estivales il est fréquent que
le thermomètre dépasse les 40 °C.

Climats haïtiens selon Köppen.


Ainsi, en plus du climat tropical de savane rencontré dans les localités
de Jacmel, Leogâne ou Port-au-Prince, on peut aussi observer :

 un climat semi-aride (Saint-Marc, Les Gonaïves) ;


 un climat subtropical humide (Bois Paul, Seguin) ;
 un climat de mousson tropical (Cap-Haïtien, Limonade) ;
 un climat océanique (Ternette, Carrefour Beraque)60.
Dans le massif de la Selle, la température moyenne annuelle est
d'environ 20 °C et les précipitations sont de l'ordre d'environ 2 000 mm par an, ce
qui constitue par ailleurs le point le plus humide du pays61. Les précipitations
baissent depuis 1980, mais lorsqu'elles apparaissent, elles deviennent de plus
en plus brutales et provoquent des inondations souvent meurtrières. Ces
inondations sont causées par une terre durcie qui devient rapidement boueuse.
Paysages, environnement et aires protégées[modifier | modifier le code]

Cascade de Saut-Mathurine située à Camp-Perrin.


Le paysage d'Haïti se caractérise par quelques-uns des éléments suivants :
Le Golfe de la Gonâve qui est un grand golfe d'Haïti formant l'essentiel de la côte
ouest. C'est dans ce dernier que se jette le fleuve principal : l'Artibonite.
La Plaine du Cul-de-Sac (désignée également sous le terme de dépression de
Cul-de-Sac) formant une vallée qui était autrefois un bras de mer. Au moment du
retrait de celle-ci, l'eau salée a été piégée dans les points les plus bas de la
dépression donnant naissance à deux grands lacs d'eau saumâtre : l'étang
Saumâtre (appelé aussi « lac Azuéi ») du côté haïtien, ainsi qu'un petit étang
d'eau douce appelé trou Caïman.

Vue depuis le Bassin Bleu, près de Jacmel.


La Péninsule de Tiburon dont le massif de la Hotte couvre la partie occidentale
de la péninsule. Cette région, et plus précisément le Massif de la Hotte, est
recouverte d'une importante forêt tropicale et d'une forêt de nuage recouvrant
notamment les sommets montagneux du pic de Macaya (second pic le plus haut
d'Haïti avec ses 2 347 mètres d'altitude).
En 1925, 60 % des forêts originelles d'Haïti étaient déjà détruites, chiffre qui
atteint aujourd'hui[Quand ?]70 à 80 %62, à la fois pour se procurer du bois de feu et
pour créer des surfaces agricoles.
Puis, dès 1926, apparaissent les premières lois de protection. D'autres espaces
seront progressivement ajoutés, notamment en 1969, en 1974 avec la création
du Parc de la Visite et celui de Macaya, et en 2013.
En outre, l'érosion due à la déforestation a causé des inondations périodiques,
comme le 17 septembre 2004, lorsque la tempête tropicale Jeanne a tué plus de
3 000 personnes et détruit des routes, en particulier dans la ville des Gonaïves.
Aires protégées[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Aires protégées en Haïti.

Malgré la déforestation à grande échelle sur l'ensemble du territoire national,


Haïti possède encore des zones boisées qui s'étendent sur le pays voisin qu'est
la République dominicaine.

Quelques aires protégées63

Date
Sous- Superficie d'adoption
Nom Catégorie
Catégorie (hectares) par

décret
Parc national de
Parc national 8 726 ha 27 mars 2013
Macaya
Parc national Forêt 6 octobre
Parc national 18 780 ha
des Pins 1937
Parc national
Historique Citadelle Parc national 2 500 ha 4 avril 1974
Sans-Souci Ramiers
Parc national La
Parc national 11 426 ha 4 avril 1983
Visite
Parc national des
Parc national 90 359 ha août 2013
Trois Baies
Aire protégée Protection de
habitats/Espèces de diversité 2 365 ha 26 août 2013
fond des Cayes biologique
Aire protégée
Protection de
habitats/Espèces de
diversité 10 974 ha 26 août 2013
Grosse Caye/Zone
biologique
humide d'Aquin
Quelques aires protégées63

Date
Sous- Superficie d'adoption
Nom Catégorie
Catégorie (hectares) par

décret
Aire protégée Protection de
habitats/Espèces diversité 7 553 ha 26 août 2013
Olivier/Zanglais biologique
Aire protégée Protection de
habitats/Espèces de diversité 5 940 ha 26 août 2013
Cahouane biologique
Aire protégée Protection de
habitats/Espèces de diversité 1 840 ha 26 août 2013
Pointe Abacou biologique
Paysage naturel Protection de
marin et terrestre diversité 1 840 ha 26 août 2013
Port-Salut biologique
Élément
Grotte Marie-
exceptionnel 31 ha 26 août 2013
Jeanne
Naturel
Parc national
Parc national 11 235 ha 26 août 2013
naturel Île-à-Vache
Flore et faune[modifier | modifier le code]
Le Caleçon rouge (Trogon damoiseau), animal emblème

d'Haïti. Almiqui paradoxal encore appelé Nez longue.


Haïti est riche par sa diversité tant florale que faunique. Mais aussi par le très
grand nombre d'espèces endémiques que son territoire compte, notamment
dans la biosphère du Massif de la Hotte.
Flore[modifier | modifier le code]
S'agissant de sa flore, le territoire haïtien compte de nombreuses essences
comme le Begonia abbottii ainsi que deux espèces de magnolia : le Magnolia
ekmanii et le Magnolia emarginata.
Le pays est également réputé pour ses Forêts de pins d'Hispaniola présentes
notamment dans le massif du Pic la Selle et le Massif de la Hotte.
Faune[modifier | modifier le code]

Crocodile américain juvénile (Crocodylus acutus).


Concernant sa faune, on trouve, par exemple, des papillons comme l'Abaeis
nicippiformis (es)64 ou l'Eurema pyro. Également de nombreuses espèces
d'araignées dont le Cupiennius vodou ou la Drymusa simoni. Le territoire haïtien
compte des scorpions tels que le Centruroides tenuis ou le Heteronebo pumilus.
S'agissant de la catégorie des reptiles, on y trouve le crocodile américain,
plusieurs espèces de serpent dont le Laltris parishi ou le Typhlops agoralionis,
des geckos comme le Sphaerodactylus asterulus, et enfin de nombreux petits
lézards tels que le Leiocephalus vinculum qui ne se rencontre que sur l'île de La
Gonâve ou l'Anolis breslini.
Plusieurs espèces d'amphibiens peuplent Haïti, par exemple, l'Eleutherodactylus
corona qui ne se rencontre qu'à partir d'une altitude de 1 100 mètres et
uniquement dans le massif de la Hotte.
De nombreux oiseaux sont observables comme : le caleçon rouge qui est
l'emblème d'Haïti, la Moucherolle d'Hispaniola, la Corneille d'Hispaniola,
le Faucon pèlerin ou le Pélican brun65. Parmi les mammifères citons l'Almiqui
paradoxal, animal venimeux qui est en danger d'extinction.
Enfin, dans les eaux haïtiennes, il est parfois possible d'observer quelques
espèces de cétacés.
Risques naturels[modifier | modifier le code]
Par sa situation géographique qui la place entre deux plaques tectoniques, dans
une zone régulièrement fréquentée par des cyclones venus d'Atlantique ou qui la
confronte cycliquement à des pluies diluviennes, Haïti est soumise à de
nombreux risques naturels et à des aléas climatiques.
Sismique[modifier | modifier le code]
Les spécialistes ont identifié au moins dix séismes qui auraient atteint ou
dépassé la magnitude 7 depuis le XVIe siècle, soit en moyenne un tous les
50 ans66. Le dernier en date du 14 août 2021, d'une magnitude 7.2, a eu lieu à
13 km au sud-est de Petit-Trou de Nippes, département des Nippes. D'après la
Direction de la protection civile son bilan provisoire serait de 1 941 morts et plus
de 9 900 blessés67, mais le plus meurtrier connu reste celui de 2010.
Article détaillé : Séisme de 2010 en Haïti.

Le palais national détruit lors du séisme en 2010.


Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l'échelle de
Richter frappe l'Ouest d'Haïti et notamment sa capitale, Port-au-Prince. Le foyer
(ou l'hypocentre) du séisme a été localisé à 10 km de profondeur. Ce violent
tremblement de terre est survenu à 16 h 53 (16 h 53 min 10,4 s), heure locale. Il
est suivi de plus d'une centaine de répliques. Il s'agit du séisme le plus important
et le plus meurtrier de l'histoire d'Haïti, allant jusqu'à désorganiser totalement le
fonctionnement de l'État, à l'image de l'effondrement de plusieurs bâtiments
publics comme le palais présidentiel qui entraîna la mort de plusieurs cadres du
gouvernement. Le président Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive y
échappent de peu. De plus, des milliers de détenus alors incarcérés à la prison
de Port-au-Prince se sont échappés, à la suite de l'effondrement de celle-ci,
fragilisant encore plus une situation sécuritaire déjà précaire.
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut
également dévastée par l'écroulement de son quartier général à Port-au-Prince :
plus de 150 Casques bleus dont le chef de mission Hédi Annabi et son adjoint
sont morts. Le bilan de ce cataclysme sismique s'élève, au 24 février 2010, à
plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-abris. Mais le général
Ken Keen, qui dirige la force spéciale américaine en Haïti, a évoqué celui de
150 000 à 200 000 morts comme « hypothèse de travail ». Barack Obama parle
« de la plus grande catastrophe humanitaire qu'aient eu à gérer les États-Unis
d'Amérique ». Les États-Unis y ont dépêché sur place 16 000 militaires, l'Union
européenne 1 50068.
Le 20 janvier 2010, à six heures (heure locale), une réplique de magnitude
6,1 sur l'échelle de Richter, ressentie à soixante kilomètres à l'ouest de la
capitale en ruine, frappe à nouveau le pays.
En 2019, un premier projet de science sismo-citoyenne est mis en place en Haïti.
L'objectif de ce dernier est d'installer des sismomètres "Raspberry Shake" peu
couteux chez des citoyens haïtiens volontaires. Le projet se décompose en deux
intérêts essentiels : compléter le réseau sismique en récoltant des données sur
les séismes locaux et évaluer l'effet de ces sismomètres sur la perception du
risque et l'intérêt scientifique que peut susciter ce phénomène pour le citoyen
hébergeur et sa communauté. Cette démarche a permis d'enregistrer le séisme
du 14 août 2021 et ses répliques dans la péninsule de Tiburon. Renouvelé en
2022, et financé par l'Agence Nationale de la recherche, le projet prend le nom
d'OSMOSE. OSMOSE vise à déterminer si, et comment, la diffusion des
connaissances sur les tremblements de terre, en plaçant les citoyens et les
communautés au cœur du mécanisme de production de l'information scientifique,
peut améliorer la prise de conscience des risques et promouvoir les initiatives de
protection à la base.
Cyclonique[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Ouragan Matthew et Effets de l'ouragan Matthew en Haïti.
Satellite de l'ouragan Matthew sur Haïti et la mer des Caraïbes,
2016.
Entre août et septembre 2008, quatre cyclones (« Hanna », « Ike », « Fay » et
« Gustave ») frappent le pays56.
Après avoir balayé les Caraïbes, fait quatre morts en République dominicaine et
poussé à l'évacuation plusieurs milliers d'habitants, le dangereux
cyclone Matthew s'abattait sur la presqu'île du Sud faisant de nombreux morts et
causant d'importants dégâts matériels dans la nuit du 3 au 4 octobre 2016.
Matthew a frappé Haïti mardi à 7 h 0 avec des vents atteignant 230 km/h, faisant
plus de 1 000 morts69, détruisant des dizaines de maisons et menaçant
notamment quatre millions d'enfants dans un pays totalement démuni déjà
fragilisé par le séisme dévastateur de 2010.
Déboisement, érosions et glissement de terrain[modifier | modifier le code]
Le déboisement d'une large partie du territoire a des conséquences sur la
stabilité des sols et entraîne la mise en danger des populations. La pluie et la
chaleur provoquent une grande érosion des sols causant régulièrement des
glissements de terrains ou des éboulements souvent meurtriers.
Changement climatique[modifier | modifier le code]
Bien que la contribution d'Haïti au changement climatique soit négligeable (les
émissions de CO2 par habitant représentent, en 2010, 1 % de celles des États-
Unis), le pays est l'un des plus exposés aux conséquences34.
Liste des 15 communes les plus peuplées d'Haïti[modifier | modifier le code]
Carte administrative d'Haïti
Représentation de la densité démographique en Haïti.

Population
Ran
Ville Département
g
Cens. 1982 Est. 2005

1. Port-au-Prince Ouest 449 831 1 234 742

2. Carrefour Ouest 129 470 439 581

3. Delmas Ouest 90 000 377 187

4. Cap-Haïtien Nord 64 406 134 815

5. Pétionville Ouest 35 333 108 227

6. Les Gonaïves Artibonite 34 209 84 961

7. Saint-Marc Artibonite 24 165 66 226


8. Les Cayes Sud 34 090 59 319

9. Verrettes Artibonite 3 670 48 724

10. Port-de-Paix Nord-Ouest 15 540 34 657

11. Jacmel Sud-Est 13 730 33 563

12. Limbé Nord 10 476 32 645

13. Jérémie Grand'Anse 18 493 30 917

14. Petite-Rivière-de-l'Artibonite Artibonite 10 099 25 760

15. Hinche Centre 10 070 18 577

Axes de communication et transports[modifier | modifier le code]

Carte du réseau routier haïtien.


Article détaillé : Transport en Haïti.

Les statistiques concernant le réseau routier sont les suivantes :

 Total routes : 4 370 km ;


 Routes asphaltées : 1 714 km ;
 Routes non revêtues : 2 656 km (estimation de 2011).
Transports[modifier | modifier le code]

Le transport collectif tap-tap.

Réseau ferroviaire haïtien en 1925.


Le réseau routier compte 7 ou 8 routes nationales suivant les descriptions et
les transports urbains sont essentiellement assurés par des Tap-taps, nom
donné aux taxis collectifs. Il existe des bus modernes qui font la liaison
entre Port-au-Prince et Cap-Haïtien, ainsi que des bus transnationaux qui relient
d'une part Port-au-Prince à Saint-Domingue et d'autre part Cap-
Haïtien à Santiago de los Caballeros.
Le réseau ferroviaire, qui se développa au cours de la seconde moitié
du XIXe siècle et qui se déclinait en un réseau urbain de type tramway à Port-au-
Prince et un réseau régional de type train sur l'ensemble du pays, cessa dans
l'ensemble de fonctionner vers 1960. Toutefois, la République dominicaine qui
projette de reconstituer son réseau national, propose d'y associer Haïti. À terme
une ligne de chemin de fer devrait relier les deux capitales de l'île d'Hispaniola
(Port-au-Prince et Saint-Domingue)70 et, selon les autorités dominicaines,
permettre la construction d'un réseau transnational desservant des villes
haïtiennes.

Aéroport Toussaint Louverture, à Port-au-Prince.


Les principaux ports de marchandises sont le port international de Port-au-
Prince et le port de Saint-Marc.
Enfin, le pays possède six aéroports principaux dont deux de niveau
international.

Villes OACIb AITAc Nom des aéroports

Cap-Haïtien MTCH CAP Aéroport International de Cap-Haitien

Jacmel MTJA JAK Aéroport de Jacmel

Jérémie MTJE JEE Aéroport de Jérémie

Les Cayes MTCA CYA Aéroport Antoine-Simon

Port-au- MTPP PAP Aéroport international Toussaint Louverture


Prince

Port-de-Paix MTPX PAX Aéroport de Port-de-Paix

Administration, politique et relations avec la


France[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Politique en Haïti et Liste des chefs d'État haïtiens.

Haïti est une république démocratique indivisible, souveraine, indépendante,


coopératiste, libre et sociale. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens
âgés de dix-huit ans et plus.
Organisation de l'État[modifier | modifier le code]
Le président de la République est le chef de l'armée et veille à la fois sur le
respect de la Constitution et à la bonne marche des institutions de l'État. Le
poste par intérim est, depuis le 20 juillet 2021, confié à Ariel Henry.
L'ancien président d'Haïti Michel Martelly (à gauche) en 2012.
Le Premier ministre et son gouvernement (représentant du pouvoir exécutif) ont
pour rôle de faire exécuter et respecter les lois. Le chef du gouvernement conduit
également la politique de la nation selon la vision du président, nomme et
révoque les fonctionnaires de l'État.
Le pouvoir législatif est exercé par le parlement haïtien71 constitué par deux
chambres indépendantes :

 le Sénat (l'actuel président du Sénat, qui est aussi de facto le président de


l'Assemblée nationale est Joseph Lambert).

 la Chambre des députés qui sont indépendants.


La réunion des deux chambres en une seule assemblée constitue l'Assemblée
nationale.
Les compétences au sein de l'appareil d'état sont également les suivantes :

 Le président ne peut être mis à pied que par une mise en accusation de la
Chambre des députés et le Sénat qui l'érige en haute cour de justice.
 Le Premier ministre ne peut pas être révoqué par le président de la
République, mais peut être interpellé par l'une des deux chambres et renvoyé
après un vote de censure.
 Le Parlement vote le budget de la République et déclare la guerre.
 Le Sénat approuve la nomination du chef de la police, du commandant en
chef de l'armée, les ambassadeurs et suggère au président une liste des
personnages qui doivent faire partie de la cour de cassation et en une seule
chambre, ils désignent trois noms pour les représenter au conseil électoral,
trois noms au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la cour
constitutionnelle.
Découpage administratif et pouvoirs judiciaires[modifier | modifier le
code]
Haïti est divisée en 10 départements, 42 arrondissements, 146 communes et
570 sections communales. Chacune de ces divisions dispose d'un numéro
d'identification délivré par l'Ihsi.
La capitale d'Haïti est Port-au-Prince, la plus grande ville du pays. La métropole
du Nord dénommée Cap-Haïtien est la seconde ville en dehors de l'arc
métropolitain de la capitale. Cette dernière, du fait de son rang d'ancienne
capitale notamment sous la colonie française, de son architecture mais aussi du
fait de son rôle dans les combats pour l'indépendance, demeure comme un
emblème de l'histoire haïtienne.
Articles détaillés : Départements d'Haïti et Liste des villes d'Haïti.

Le département est la plus grande division territoriale.

Chef- Populatio
Cod Superfici
Départeme Lieu ou n estimée Densité/
e e
nt Capital km²
ihsi (2015)
e (km²)

Les
05 Artibonite 4 984 1 727 524 346,6
Gonaïves
06 Centre Hinche 3 675 746 236 203
08 Grand'Anse Jérémie 1 871 468 301 250,3
Nippes(créé en
10 Miragoâne 1 268 342 525 270,1
2003)
Cap-
03 Nord 2 106 1 067 177 506,7
Haïtien
Fort-
04 Nord-Est 1 805 393 967 218,3
Liberté
Port-de-
09 Nord-Ouest 2 176 728 807 334,9
Paix
Port-au-
01 Ouest 4 827 4 029 705 834,8
Prince
07 Sud Les Cayes 2 794 774 976 277,4
02 Sud-Est Jacmel 2 023 632 601 312,7
Carte des départements haïtiens et leur chef-lieu.
Chaque département est administré par un Conseil de trois membres élus pour
quatre ans par l'Assemblée départementale. L'exécutif nomme un délégué
départemental, chargé d'administrer les différents ministères déconcentrés et qui
travaille de concert avec l'assemblée départementale. Il existe aussi ce qui est
couramment appelé le « onzième département », représentant les quelque deux
millions d'Haïtiens vivant à l'extérieur du pays : la diaspora haïtienne.
L'arrondissement est le deuxième niveau administratif.
La commune a l'autonomie administrative et financière. Chaque commune de la
République est administrée par un conseil de trois membres élus au suffrage
universel dénommé conseil municipal.
La section communale est la plus petite entité administrative et dérive des
communes. Elle dispose d'un « Conseil d'administration de la section
communale » (CASEC) et d'une « Assemblée de la section communale »
(ASEC).

Perron de la Cour de cassation d'Haïti.


En Haïti, Le pouvoir judiciaire est exercé par les instances suivantes :

 la Cour de cassation ;
 les Cours d'appel ;
 les tribunaux de première instance ;
 les tribunaux de paix ;
 les tribunaux spéciaux.
La plus haute instance juridique du pays est la Cour de cassation et suivant la
publication de la nouvelle constitution amendée sous le président René Préval,
Haïti se voit dotée d'une Cour constitutionnelle chargée d'assurer la
constitutionnalité des lois. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est aussi
créé pour renforcer la neutralité de la justice et joue son rôle administratif au sein
du pouvoir judiciaire72.
Emblème[modifier | modifier le code]

 Le drapeau d'Haïti.
Symbole[modifier | modifier le code]

 Le caleçon rouge (oiseau).


Relations avec la France[modifier | modifier le code]
Haïti, surnommée « la perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, était la plus
prospère des colonies françaises73. Après son indépendance en 1804, aucun
chef d'État français ne la visite officiellement jusqu'en 2010, lorsque Nicolas
Sarkozy s'y rend (quelques heures), suivi en 2015 par François Hollande74. Haïti
entretient notamment des relations avec la France à travers l'Organisation
internationale de la francophonie (voir section Haïti et la francophonie).
Économie[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Économie d'Haïti.

Évolution historique du PIB réel par habitant en Haïti et en


République dominicaine
Le PIB du pays s'élève à 8,2 Mds USD en 2016 et le PIB par habitant est estimé
à 759 USD (2016) ce qui place Haïti comme le Pays Moins Avancé (PMA) des
Amériques. Le PIB par habitant exprimé en gourde (monnaie) (la monnaie
locale) a progressé de 10% en termes réels depuis 2010. En plus des coûts
humain et matériel provoqués par le séisme de janvier 2010, anéantissant
10 années de lutte contre la pauvreté et générant un besoin de reconstruction
équivalent à 120% du PIB (environ 10 Mds USD), se sont ajoutés une série
d'ouragans (2012 et 2016) et plusieurs vagues de choléra75.
Marché Cluny à Cap-Haïtien.
Sur une population estimée à 10,85 M d'habitants, 70 % des personnes vit sous
le seuil de pauvreté et 24% sous le seuil de pauvreté extrême. Le déséquilibre
entre les riches et les pauvres est marquant. Les personnes fortunées d'Haïti ne
représentent que 20 % de la population, mais possèdent à elles seules 63 % de
la richesse du pays, ce qui ne laisse que 9 % des richesses aux plus démunis76.
L'indice de développement humain (IDH) est de 0,535 en 20216 et la part du
budget de l'État consacrée à la santé est passée de 16,6 % en 2004 à 4,3 % en
201877. Dans son rapport de mars 2019, la Mission des Nations unies pour
l'appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population
haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l'ensemble du pays, 5,5 % et
27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d'urgence et
de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant en
situation d'insécurité alimentaire « et ont besoin d'une aide humanitaire à cet
égard »56.
Le taux de chômage varie de 50 à 70 % et sa réduction reste un défi à relever
pour les autorités haïtiennes78.

Chômage en Haïti 1991-2003.


Chaque année, pour la saison de la récolte de la canne à sucre, environ vingt-
cinq mille Haïtiens rejoignent la République dominicaine. Pour beaucoup, ils se
retrouvent à la merci des grands propriétaires dominicains et leur situation est
dénoncée comme une forme d'esclavage contemporain par des journalistes79. La
récolte terminée, la grande majorité de ces travailleurs, endettés et en situation
illégale, ne peuvent quitter le pays. Leurs enfants, dont le nombre était estimé à
250 000 en 2008, ne sont pas reconnus par les autorités et sont apatrides, le
plus souvent sans accès à l'école ni aux soins médicaux et pour la plupart forcés
de travailler dans les plantations dès qu'ils atteignent l'âge de tenir une
machette80.
De plus, Haïti souffre d'une inflation élevée et d'un manque d'investissement à
cause de l'insécurité, des infrastructures limitées et d'un manque de confiance.
Le gouvernement dépend en grande partie de l'aide internationale pour
construire son budget annuel. Et les transferts d'argent venant de
la diaspora haïtienne demeurent néanmoins une importante source de devises
pour le pays, puisqu'ils représentent 30 % du produit intérieur brut et deux fois la
valeur des exportations. En 2017, ces transferts provenaient principalement des
États-Unis, du Canada, de la France ainsi que du Chili dont les transferts
représentaient selon la Banque centrale chilienne 92 millions de dollars
américains, soit 12,65 % des transferts en provenance de cet État sud-
américain81.
Secteurs économiques[modifier | modifier le code]

Culture de choux.
Apport de chacun des secteurs économiques dans le PIB haïtien82 : agriculture
17,58 %, industrie : 56,77 %, services : 25,65 %.
L'agriculture emploie l'essentiel de la main-d'œuvre avec plus des deux tiers de
la population en âge de travailler. Les exploitations agricoles sont, avant tout,
des fermes de subsistance, de dimensions restreintes. Le café, le cacao, le sisal,
le coton, les mangues comptent parmi les produits destinés à l'exportation.
L'explosion démographique et le manque de compétitivité par rapport aux
produits importés ont affaibli considérablement ce secteur, dont la production se
trouve de plus en plus destinée au marché intérieur avec des produits tels que
le maïs, le riz, les fruits.

Plage à Labadie, station balnéaire réputée.


Également, s'agissant du secteur primaire de l'économie haïtienne, les
principales ressources naturelles exploitées sont la bauxite, le cuivre,
le carbonate de calcium, la pierre à chaux, l'or, la marne et l'hydroélectricité.
Toutefois, seule la bauxite a été exploitée commercialement à une échelle
significative83. L'industrie concentre la majorité de ses activités dans la capitale
Port-au-Prince. Et les principaux produits qui y sont fabriqués sont :
les composants électroniques, le textile et les balles de baseball.
Le tourisme en Haïti est à la fois culturel, avec des forts, dont la citadelle La
Ferrière et le palais de Sans-Souci et des villes comme Labadie ainsi que
naturel, avec les plages d'eau turquoise de Jacmel. Surnommée autrefois la
« perle des Antilles », Haïti bénéficie d'un climat tropical.
Après l'embargo contre Cuba décidé par le président américain John Fitzgerald
Kennedy en 1962 (et levé partiellement en 2000 seulement), Haïti devient un lieu
de villégiatures pour riches touristes américains84.
Relations commerciales[modifier | modifier le code]
Les principaux partenaires commerciaux de la république d'Haïti sont les États-
Unis, la République dominicaine, le Canada, la France et l'Allemagne.
Aides au développement[modifier | modifier le code]

L'Unicef contribue au développement d'Haïti.


En octobre 2008, le Congrès américain a voté la loi HOPE II (HOPE
pour Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement :
« opportunité hémisphérique par l'encouragement aux partenariats », sachant
que « hope » signifie « espoir » en anglais), pour permettre aux produits
manufacturiers, particulièrement le textile d'avoir accès sans tarif douanier au
marché américain.
Les programmes sociaux établis par le gouvernement sont limités, en dépit d'une
nette augmentation en 2009. Certaines agences offrent des pensions de retraite
et des allocations pour les accidents du travail. L'accès aux emprunts est faible,
2 % du crédit du système bancaire finance le secteur agricole et le
développement rural.
Haïti reçoit également des aides multiformes venant de l'intérieur de son propre
pays. Plusieurs associations, institutions et fondations participent à la
reconstruction du pays et à son développement. Parmi ces organismes,
la Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti (FONDTAH),
qui élabore le développement d'un tourisme alternatif adapté aux conditions du
pays. La FONDTAH participe avec la Société d'exploitation du Parc naturel
Quisqueya (SODEPA) de Fonds-Parisien, l'Association des artistes et artisans
de la Croix-des-Bouquets (ADDAC), l'Association pour le développement de Bas-
Boën (ADEBABO), le ministère de l'agriculture et celui de l'environnement, au
développement du village de réfugiés du cataclysme dans la section communale
de Fonds-Parisien située sur la commune de Ganthier dans le département de
l'Ouest d'Haïti85.
D'autres organismes et associations contribuent au développement du pays et à
l'aide multiforme, notamment depuis le tremblement de terre de 2010. Parmi ces
organismes, il y a des institutions haïtiennes parmi lesquelles l'Institut de
technologie et d'animation, le Collectif du Financement Populaire (KOFIP),
le Conseil national de financement populaire ; ainsi que des associations
françaises telles que Handicap International, Aide et Action, sans oublier les
actions de l'Unicef , celle du Programme alimentaire mondial et de the 410
Bridge86, une ONG américaine dont le quartier général est basé à Atlanta. World
Vision International (ou Vision du monde) est un organisme international luttant
contre la pauvreté un peu partout en Haïti depuis 195987.
La Banque mondiale (BM), avec l'assistance du gouvernement haïtien, a identifié
trois domaines qui demandent le plus de soutien à la suite du tremblement de
terre de 2010. Le premier consiste à augmenter les possibilités économiques à
l'extérieur de la capitale, c'est-à-dire de développer les énergies renouvelables.
Ensuite, le pays doit renforcer l'accès aux services humanitaires avec
l'amélioration des écoles et du service de la santé et, finalement, il doit améliorer
les protections en cas de catastrophes naturelles, en renforçant les
infrastructures, les ponts et les routes88.
Le Venezuela apporte une aide économique de près de 4 milliards de dollars
dans le cadre de l'accord Petrocaribe pour financer des projets sociaux. Une part
importante de cette aide a été détournée, en particulier sous l'administration
de Michel Martelly56.
Dette[modifier | modifier le code]
Le 17 avril 1825, le roi de France Charles X concède « l'indépendance pleine et
entière » à l'ex-colonie d'esclaves française moyennant une somme de
150 millions de francs-or, soit 18 milliards de dollars actuels89 (la somme sera
ramenée en 1838 à 90 millions de francs). Cette somme sera obtenue après
avoir contracté une dette qui ne sera remboursée en totalité qu'en 1950 ou
1972[Passage contradictoire (Deux sources se contredisent de manière significative sur l'année du dernier remboursement. Dalembert :
"La dette ne sera définitivement soldée, remboursée au dernier sou, qu'en 1972." ; Piketty : "La dette de 1825 fut officiellement éteinte et

définitivement remboursée au début des années 1950.")] 90,91


.
Dans les années 1880, les finances publiques sont dans un extrême désordre,
vu l'instabilité politique persistante. Le revenu est évalué à 21,5 millions de francs
et les dépenses au double de cette somme. La dette publique s'élève alors à
12 millions de piastres fortes (1 piastre valant 5 francs) dont 308 000 piastres
pour le solde de la dette française (1 540 000 francs)92.
Le 7 avril 2003, le président Jean-Bertrand Aristide a réclamé officiellement à la
France près de 21,7 milliards de dollars en « restitution et réparation » de la
dette.
Parallèlement, une dette extérieure totale de 1,2 milliard de dollars « s'est
construite sur la dette de l'indépendance », notamment sous « la dictature des
Duvalier entre 1957 et 1986.
Sans nier une dette de la France à l'égard de leur pays, l'opposition et les
intellectuels de la diaspora refusent de s'associer à une demande, émanant d'un
régime aussi corrompu et peu démocratique que celui du président Aristide93.
En 2009, à la suite de l'Initiative pays pauvres très endettés, 1,2 milliard de
dollars de dette ont été annulés par la Banque mondiale et le FMI94.
Début 2010, la dette extérieure est évaluée par Oxfam International à
890 millions de dollars soit 734 millions d'euros.
Situation économique des ménages[modifier | modifier le code]
Accès aux services sociaux de base
En 2007, le pays présentait un déficit important en services sociaux de base :
éducation, eau, santé, assainissement.
La part du budget de l'État consacrée à la santé est passée de 16,6% en 2004 à
4,3% en 201895, alors que la population a augmenté.
Le pays ne compte qu'un lit d'hôpital pour 1 502 habitants, un médecin pour
3 353 habitants, et 124 lits de réanimation sur tout son territoire. Les institutions
sanitaires – pour la plupart privées – manquent de tout : d'équipements, de
matériel de protection, de médicaments, d'accès à l'eau et à l'électricité, etc96.
Population[modifier | modifier le code]

Évolution de la démographie entre 1800 et 2021. Population


en millions d'habitants.
Démographie[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Démographie d'Haïti.
En 1790, la population de la colonie, alors nommée Saint-Domingue, s'élevait à
environ 500 000 personnes dont 38 360 Européens, 433 270 Africains ayant le
statut d'esclave et 28 370 hommes de couleur libres. Haïti a même été qualifié
de petit « bout d'Afrique »97.
Dans les années 1880, elle comprenait environ 570 000 habitants.
La population d'Haïti est estimée à 11 911 819 habitants en 201898 dont environ
52% vivent en milieu urbain99. La grande majorité de la population est de
religion chrétienne100. Haïti est le pays le plus peuplé des Caraïbes, devant Cuba.
Il a retrouvé cette place en 2020, plus de deux siècles après l'avoir perdue au
profit de Cuba, au cours de la première décennie du XIXe siècle, à la suite de la
révolution et de la guerre d'indépendance101.

Pyramide des âges en Haïti, en 2015.


La plus grande agglomération est la capitale Port-au-Prince avec près de
2 300 000 habitants (est. 2009), suivie du Cap-Haïtien avec 250 000 habitants
environ.
80 à 85 % de la population haïtienne est d'ascendance africaine tandis que les
15 à 20 % restants sont issus de métissage (la plus grande proportion se
trouvant dans le sud de l'île) ou sont d'origine européenne (française, italienne,
allemande, polonaise, portugaise, espagnole). Les Blancs descendants de
colons installés avant l'indépendance de 1804 représentent moins de 1% de la
population. Il existe aussi une population d'origine arabe, arménienne, juive ou
encore indienne (de l'Inde) et asiatique. Selon les tests ADN effectués par
certains Haïtiens, la plupart ont une petite quantité de sang arawak/Taïno — le
peuple autochtone de l'île.
Langues officielles et de la diaspora[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Langues en Haïti.

Haïti possède deux langues officielles : le créole haïtien et le français.


Le créole haïtien, à base lexicale française, dit kreyòl, est plus administré que la
langue des autres pays qui parlent un créole, car il possède une grammaire.
La Constitution de 1987 institue en son article 213 une « Académie haïtienne »,
« en vue de fixer la langue créole et de permettre son développement
scientifique et harmonieux »102. Cependant, ce n'est qu'en 2013 qu'une loi103 est
rédigée par le parlement pour véritablement mettre sur pied l'Académie, dont le
nom français final est « Académie du créole haïtien ».
Quasiment tous les Haïtiens parlent le créole comme langue maternelle, tandis
qu'une minorité d'entre eux, soit 40%, maîtrise le français appris au cours de leur
scolarité ou qu'ils peuvent entendre à la radio et à la télévision et lire dans la
presse104.
Le français, depuis l'Acte de l'Indépendance de la République d'Haïti en 1804 (le
texte est rédigé dans cette langue), demeure la langue administrative.
Haïti et la francophonie[modifier | modifier le code]

Dany Laferrière, écrivain haïtien, a été nommé à l'Académie française


en 2013.
Haïti fait partie de la francophonie et est membre de l'Organisation internationale
de la francophonie depuis sa création et de l'Assemblée parlementaire de la
francophonie.
Son entrée à l'Union panaméricaine, l'actuelle OEA (Organisation des États
américains), a permis au français de devenir l'une des langues officielles de
travail de cet organisme. Tout comme à la conférence de Bretton Woods, quand
l'utilisation du français comme langue de travail à l'Organisation des Nations
unies naissante ne fut décidée que par une voix de majorité, grâce à celle d'Haïti,
qui avait voté en faveur de cette décision105. Haïti fut également membre
fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la
création de celle-ci le 20 mars 1970.
Chaque chef-lieu de département dispose d'un centre de l'Alliance française. Et
malgré une influence croissante de l'anglais, du fait de la proximité géographique
avec les États-Unis, le français reste en Haïti une langue vivante et très utilisée.
En décembre 2010, Max Jean-Louis, jeune Haïtien alors âgé de 20 ans, est élu
administrateur du Centre de la francophonie des Amériques, situé à Québec106.
Les maires des villes haïtiennes de Cap-Haïtien, Pétion-Ville, Carrefour et Port-
au-Prince sont membres de l'Association internationale des maires
francophones107.
En 2013, l'écrivain haïtien Dany Laferrière est élu au premier tour à l'Académie
française. Auteur de nombreux succès, Laferrière a notamment commencé sa
carrière littéraire par le roman Comment faire l'amour avec un nègre sans se
fatiguer. Enfin, on peut aussi noter la présence de l'Institut français en Haïti, qui
veille également au rayonnement de la langue française dans le pays108.
Articles détaillés : Diaspora haïtienne en France, Communauté haïtienne au
Canada, Communauté haïtienne du Québec, Haïtiano-Américains et Communauté
haïtienne en République dominicaine.

Les langues de la diaspora haïtienne[modifier | modifier le code]


En raison de la diaspora haïtienne installée en République dominicaine,
aux États-Unis (notamment à Miami et à New York) et aussi de la forte présence
passée de Brésiliens (MINUSTAH et missionnaires) dans le pays, un certain
nombre d'Haïtiens savent s'exprimer couramment en espagnol et en anglais.
Une autre partie de cette diaspora s'est dirigée vers les pays ou régions
francophones comme la France et les départements français d'Amérique,
le Canada (au Québec et notamment à Montréal), la Belgique et la Suisse.
Récemment, des dizaines de milliers d'Haïtiens se sont installés au Chili et
au Brésil.
Société[modifier | modifier le code]
Éducation[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Système éducatif en Haïti.

afficherCette section ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2019).

Le taux d'alphabétisation est évalué à 62 %109.


Aide de base à l'éducation par pays donateurs via l'UNESCO vers Haïti, 2015.
Le système éducatif haïtien reste confronté à d'énormes défis malgré le bond
significatif du niveau de fréquentation scolaire (77 % en 2012, EMMUS V, contre
50 % en 2005, selon EMMUS 4), le Programme scolaire universel gratuit et
obligatoire (PSUGO), la forte demande d'éducation et le soutien de la
communauté internationale.
L'accès demeure encore limité sans compter que la qualité et la gouvernance
constituent un défi majeur. Entre autres facteurs ayant conduit à cette situation,
on peut citer les contraintes budgétaires se traduisant par un investissement
public très limité dans le secteur (autour de 10 % du budget en moyenne), la
pauvreté massive de plus de 70 % de la population, une législation inadéquate,
des normes et pratiques sociales défavorables, des crises récurrentes telles que
les désastres naturels (notamment le séisme du 12 janvier 2010), de même que
les capacités organisationnelles et de gestion très limitées du Ministère de
l'Éducation nationale.
Selon le dernier recensement scolaire (2011) seul 20 % de l'offre éducative vient
du secteur public, le reste étant entre les mains du secteur non-public, la plupart
du temps géré sans réglementation et opérant en dessous des normes
minimales de qualité. Malgré son importance avérée, l'accès à des activités
ciblant les jeunes enfants (0–5 ans) demeure très limité (67 % de taux brut de
scolarisation au préscolaire 3–5 ans, MENFP 2011). La faiblesse de la qualité se
traduit notamment par des taux moyens de redoublement de 15 % et des taux
d'abandon autour de 13 %. Combiné aux entrées tardives, ces facteurs
augmentent la proportion des sur-âgés à l'école fondamentale (65 %). On note
que le taux de survie en 5e année du primaire est faible (25 %). Cette situation
préoccupante s'explique en grande partie par la proportion élevée d'enseignants
non qualifiés (plus de 65 %), les conditions d'apprentissage défavorables, et la
non-application des normes et standards pouvant garantir un enseignement de
qualité. Parmi les enfants les plus affectés par l'accès limité ainsi que l'absence
de qualité, on peut citer ceux du milieu rural, ceux des familles pauvres des
bidonvilles des grands centres urbains, les enfants séparés de leur famille
(centres résidentiels, enfants en domesticité, enfants des rues), les enfants
handicapés et les enfants déplacés.
Santé[modifier | modifier le code]
Hôpitaux en Haïti[modifier | modifier le code]
Quelques-unes des structures hospitalières sont les suivantes :

 l'Hôpital Albert-Schweitzer Haïti, fondé en 1956, à Deschapelles ;


 l'Hôpital universitaire Justinien (CHU), à Cap-Haïtien ;
 l'Hôpital Universitaire de Mirebalais, à Mirebalais ;
 l'Hôpital adventiste d'Haïti, à Port-au-Prince.
Pandémie de Covid19 en Haïti[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Pandémie de Covid-19 en Haïti.

Épidémie de choléra[modifier | modifier le code]


Carte de l'épidémie de choléra de 2010.
Article détaillé : Épidémie de choléra en Haïti.

En octobre 2010, dans des circonstances peu claires, une épidémie de choléra a
éclaté. Elle a démarré le long d'un affluent du fleuve Artibonite110, la rivière Meye,
et a rapidement atteint toutes les zones en aval le long de l'Artibonite ; un rapport
amène à penser que la souche microbienne aurait été importée lors de l'arrivée
de soldats népalais de l'ONU111.
En décembre 2011, le ministère haïtien de la Santé et de la Population
dénombrait plus de 6 500 morts dues à cette épidémie de choléra. Alors que
l'épidémie n'avait pas encore été arrêtée, à la mi-mai 2012, ce même ministère
décomptait plus de 540 000 cas de contagions parmi lesquels 7 000 décès112.
Religion[modifier | modifier le code]

Cathédrale de Les Cayes.


Article détaillé : Religion en Haïti.

Selon le CIA World factbook3, la distribution des religions est la suivante :

 catholique : 54,7 % ;
 protestante : 28,5 %
(dont : baptistes 15,4 %, pentecôtistes 7,9 %, adventistes 3 %, méthodistes 1,
5 %) ;
 vaudou : 2,1 % ;

 autre : 4,6 % ;

 aucune : 10,2 %.
Carnaval de Jacmel en 2014.
Le vodou (vaudou), religion originaire du Bénin et apportée par les esclaves noirs
sur l'Île, a été reconnu officiellement comme religion en 2003 sous
l'administration du président Jean-Bertrand Aristide113. De nombreux Haïtiens
pratiquent le vodou tout en se déclarant d'une autre religion, principalement le
catholicisme.
Fêtes, festivals et jours fériés[modifier | modifier le code]
Le Carnaval d'Haïti (appelé aussi « Mardi gras ») se déroule au mois de février et
est l'un des évènements majeur de l'année. Il est fêté dans la capitale ou dans
d'autres villes du pays. Et chaque année un thème précis est imposé, comme
celui de 2016 qui avait pour thème « Ayiti Toutan ».

 Carnaval de Jacmel ;
 Carnaval des fleurs (juillet) ;
Le Festival international de jazz de Port-au-Prince se déroule au mois de janvier,
depuis 2007, dans la ville de Port-au-Prince.

 Festival Quatre Chemins (novembre-décembre) ;

 Marathon du Livre.

Nom
Date Nom français
local

Jour de
1er janvier Jour de l'indépendance
l'an
2 janvier Jour des Aïeux

Commémoration du tremblement de terre de 2010


qui a dévasté Port-au-Prince, Léogâne, Jacmel ; une
12 janvier
partie des départements de l'Ouest et du Sud-Est
d'Haïti (Jacmel) (jour férié)

7 février (tous
Investiture du Président élu
les cinq ans)

Mémoire de Toussaint Louverture, précurseur de


7 avril
l'indépendance

1er mai Jour de l'Agriculture et du Travail

18 mai Fête du Drapeau et de l'Université

27 juin Notre-Dame du Perpétuel Secours, patronne d'Haïti

15 août Notre-Dame de l'Assomption

Mémoire de Jean-Jacques Dessalines, père de la


17 octobre
Nation

1er novembre Tous les Saints

Fête
2 novembre Commémoration des Fidèles défunts des
morts
Bataille de Vertières, dernière bataille de la guerre de
18 novembre
l'indépendance

La
25 décembre Nativité de Jésus-Christ
Noël

Droits LGBT[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Droits LGBT en Haïti.

En 2008, quelques personnes ont défilé lors de la première marche des


fiertés du pays. En 2010, à la suite du tremblement de terre touchant l'île et les
problèmes qui en découlent, le groupe FACSDIS est fondé à Port-au-Prince.
L'association vise à regrouper et se battre pour les droits des femmes lesbiennes
et bisexuelles. Le 17 mai 2012 a eu lieu le premier congrès national contre
l'homophobie. La même année, l'association Kouraj crée le mouvement M pour
lutter contre l'homophobie.
Téléphonie et internet[modifier | modifier le code]

Écolières employant un ordinateur portable.


Le réseau de téléphonie mobile est peu développé en Haïti, mais l'offre de
service est en progression notable. En 2008, seulement 428 personnes sur
1 000 disposent d'un téléphone mobile, tandis que 300 personnes ont accès à
internet114. Néanmoins, grâce à l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques
et fournisseurs d'accès à internet à l'instar de la Natcom115, entreprise haitiano-
vietnamienne, en 2011 et l'extension du réseau de la Digicel, beaucoup de
progrès sont réalisés dans ce secteur. Par ailleurs, la jeunesse haïtienne est très
connectée.
Criminalité[modifier | modifier le code]
La criminalité a significativement augmenté depuis 2018, notamment du fait de la
crise économique.
De 2016 et 2018, on enregistrait une moyenne de 50 enlèvements par an, contre
plus de 1 000 en 2021, et le nombre d'homicides a été multiplié par cinq116. Les
bandes criminelles contrôlent de nombreux quartiers et se livrent de sanglantes
guerres de territoire, poussant des milliers d'habitants à fuir117.
Ces bandes criminelles « tirent leurs ressources des enlèvements, du racket, de
leurs liens avec l'élite économique. [Elles] sont moins le fruit de l'absence de
l'État haïtien que de la privatisation de ses services. La force publique a été
déléguée aux bandes armées afin de réprimer la contestation sociale, d'asseoir
le pouvoir des dirigeants et d'assurer leur impunité. De nombreuses enquêtes
mettent en évidence la responsabilité de hauts fonctionnaires d'État et d'agents
de police dans les attaques de gangs, ou en les approuvant. Le massacre des
habitants de La Saline, en 2018, perçus comme opposants, est l'œuvre de
l'administration Moïse », note le politologue Frédéric Thomas118.
L'assassinat de Jovenel Moïse la nuit du 6 au 7 juillet 2021 par un commando
armé entré dans sa résidence privée à Port-au-Prince semble participer de ce
contexte, et il a aggravé la situation119. 40 suspects avaient été rapidement arrêté
par la police haïtienne (dont une vingtaine de mercenaires colombiens), puis
l'enquête a localement piétiné en raison d'un système judiciaire défaillant119. Elle
s'est cependant poursuivie sous l'égide de la justice américaine, car c'est
en Floride que le complot semble avoir été préparé. Et en mars 2023, dans le
cadre de l'enquête criminelle, 4 nouveaux suspects s'ajoutaient aux 7 déjà
emprisonnés aux Etats-Unis pour leur participation supposée à l'assassinat du
président Moïse (en juillet 2021)119. Arrêtés en Floride où ils habitent, ils sont
accusés d'avoir planifié mais aussi financé l'assassinat. Selon Matthew Olsen,
chargé des questions de sécurité nationale au ministère de la Justice, trois
d'entre eux : Arcangel Pretel Ortiz (Colombien, âgé de 50 ans), Antonio Intriago
(Vénézuélien de 59 ans), et Walter Veintemilla (Américain originaire de
l'Equateur, 54 ans), sont des patrons de sociétés de sécurité privée du sud de la
Floride, qui dans cette affaire criminelle, "cherchaient à tirer des bénéfices" d'un
changement de président, en échange de "contrats dans le domaine de la
sécurité et de la construction auprès de ceux qui étaient censés prendre le
pouvoir après la chute du président Moïse"119. Le dernier suspect (Frederick
Bergmann) est un Américain de 64 ans, qui les aurait matériellement aidé. L'acte
d'accusation précise qu'Ortiz et Intriago dès février 2021 discutaient
avec Christian Sanon (Américano-Haïtien "qui souhaitait devenir président
d'Haïti" et fin avril 2021, Veintemilla s'était joint à eux pour, alors, susciter
une émeute ayant pour objet de pousser le président à la démission. Pour cela,
ils avaient recruté d'anciens soldats colombiens (d'avril à juin 2021) et préparé
l'achat d'armes119. Puis, toujours selon l'accusation, constatant que Christian
Sanon ne pouvait être légalement élu et qu'il n'était pas assez populaire pour
être élu président, les complotistes ont passé un "contrat" avec un ancien juge
de la Cour suprême haïtienne, qui s'était aussi engagé à servir leurs intérêts une
fois au pouvoir, envisageant cette fois un assassinat, avec "l'appui" de cinq
complices (déjà arrêtées et transférées aux Etats-Unis entre mars 2022 et mars
2023, dont deux sont des ex-militaires colombiens)119. Parmi ces 11 inculpés, 9 le
sont pour "complot en vue de tuer une personne en dehors des Etats-Unis" ; ils
encourent pour cela la peine de mort. Christian Sanon et Frederick Bergmann
sont eux poursuivis pour exportation illégale de gilets pare-balles vers Haïti119.
Début mars 2023, un rapport de l'ONU s'inquiète du fait que des armes à feu de
calibres de plus en plus élevés sont illégalement transportées à Haïti, contribuant
à un niveau de violence croissant (de 2019 à 2022, le nombre d'homicides a
doublé, passant de 1.141 à 2.183, alors que les enlèvements restent courants)120.
Culture[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Culture d'Haïti.

Presse papier, Presse en ligne[modifier | modifier le code]


Article connexe : Liste de journaux en Haïti.

Dans la catégorie de la presse hebdomadaire, citons par exemple : Haïti


Liberté et Haïti Progrès.
Dans la catégorie de la presse quotidienne, citons : Le Matin et Le Nouvelliste.
Dans la catégorie de la presse en ligne, citons : Balistrad.
Littérature[modifier | modifier le code]
Le grand écrivain Alexandre Dumas est affilié à Haïti.
Article détaillé : Littérature haïtienne.

La littérature haïtienne et la vie politique ont toujours été fortement imbriquées, à


tous les stades de l'histoire d'Haïti. Les intellectuels haïtiens se sont tournés,
successivement ou simultanément vers la France, l'Angleterre, l'Amérique, et
puisent aux sources des traditions africaines. Dans le même temps, l'histoire
d'Haïti a toujours été un matériau riche d'inspiration pour la création littéraire,
avec ses héros, ses soulèvements, ses cruautés et ses rites.
Musées[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Liste de musées en Haïti.

 Musée du Panthéon national haïtien ;


 Parc national historique - Citadelle, Sans Souci, Ramiers ;
 Parc historique de la Canne à Sucre.
 Musée national d'Haïti
 Musée Ogier-Fombrun
Peinture, cinéma et artisanat[modifier | modifier le code]
Acrylique de Levoy Exil, 1996.
Articles détaillés : Peinture haïtienne et Cinéma haïtien.

La peinture haïtienne se caractérise à la fois par ses sources d'inspiration


populaires, spirituelles, et par un style original incarné par les artistes naïfs.
L'artisanat haïtien, quant à lui, est riche et varié. Et quelques-uns des objets
fabriqués ou quelques-uns des matériaux qu'il utilise sont :

 les objets pailletés ;


 la terre cuite ;
 le papier mâché artisanal.
Culture vestimentaire[modifier | modifier le code]
Parmi certains des vêtements représentatifs de la culture vestimentaire haïtienne
citons :

 La robe quadrillée, commune à plusieurs pays des Antilles, est appelée


« robe Carabela ou Karabela» en Haïti.

 La jupe se porte avec un chemisier à manches ou à volants, et un accessoire


de tête fait dans le même tissu.
Musiques et danses[modifier | modifier le code]
La culture haïtienne offre une très grande diversité concernant la danse, et citons
par exemple :45

 Le compas ;
 le gaye pay ;
 le calinda ;
 le Bamboula
Également, s'agissant des musiques représentant la culture et les traditions
haïtiennes, citons :

 la méringue ;
 le twoubadou ;
 le rara ;
 le rabòday ;
 tandis que le style musical africain, très en vogue, gagne progressivement du
terrain.
Cuisine[modifier | modifier le code]

Soupe joumou.

 Griot à base de porc.


 Soupe joumou à base de Courge, plat national, dégusté lors de la fête
nationale, le 1er janvier.
 Riz Djondjon, champignon dont cette variété ne se retrouve qu'en Haïti
 Lalo
 Pikliz
à base de pois[modifier | modifier le code]
Il existe différentes variétés de pois, ce qui explique la grande diversité des plats
qui les utilisent :

 Riz sauce pois


 Riz collé
Architecture[modifier | modifier le code]

 Style gingerbread, « pain d'épice » en français.


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