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Histoire de la Caraïbe (doc 2)

Les petites Antilles et le Guyane

La conquête de l’Amérique s’effectue des Grandes Antilles à la recherche de l’Or de


1500 – 11519. Ceci a épuisé les richesses des zones conquises et diminué le nombre de leurs
habitants. Par la suite, le manque de main d’œuvre pour exploiter les mines sur le continent va
amener les conquérants à opérer des raides esclavagistes dans les petites Antilles. Cependant,
ils se heurtent à la détermination des guerriers caraïbes. Les espagnols poursuivent leur
expansion vers le Nord et annihilent toute entreprise de colonisation dans les petites iles ainsi
que le plateau de la Guyane. Ils ont préféré de se jeter, avec avidité, sur l’Or du Mexique et
l’Argent du Pérou. En fait, ce sont des territoires négligés par les espagnols.

Colonisation des petites Antilles et de la GUYANE

En 1604, les aventuriers français prennent possession de la Cayenne par La Ravardière


qui en est rapidement chassé par les Portugais du Brésil. Par la suite, Richelieu va soutenir
Pierre Belain d’Esnambuc dans son entreprise pour poser les bases de sa politique coloniale. Il
va fonder de nouvelles colonies soumises au régime seigneurial par le biais des compagnies à
charte auxquelles le roi octroie des droits régaliens. Cependant, il leur impose aussi des
obligations destinées à manifester la suprématie de l’État sur les terres conquises. Ainsi, la
compagnie rouennaise du Cap-du-Nord se rend en Guyane et celle des iles d’Amérique à Saint-
Christophe dans la mission de peupler les colonies en encourageant la propriété. Les terres sont
distribuées gratuitement aux premiers habitants qui les font mettre en culture par des engagés,
puis des esclaves-noirs amenés d’Afrique. En 1642, le domaine colonial français s’étend aussi à
Saint-Domingue. Il comprend 5000 hommes et contrôle 14 iles dans les seules petites Antilles.
Cependant, les membres de l’expédition menée en Guyane par Charles de Bretigny, en 1644,
sont massacrés par les indiens Galibis.

- Compagnie à Charte : Compagnies de colonisation pourvues d’avantages consentis par


le roi afin de peupler et de mettre en valeur un territoire octroyé.
- Iles du vent : partie orientale de l’Archipel des Antilles frappée directement par les
alizés, elles s’étendent de la Guadeloupe au Nord à Trinidad au Sud.
- Iles sous le vent : ce sont des iles protégées des alizés. Elles s’étendent des Iles vierges à
Montserrat.
- Révolution : Bouleversement qui démolit le vieil ordre des choses dans ce qu’il a de plus
essentiel, de plus fondamental.
- Capitalisme : système économique et social qui est caractérisé par la propriété privée
des moyens de production, la recherche du profit, la rémunération du travail par un
salaire.

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L’ère des Seigneurs propriétaires

A la seconde moitié du XVIIème siècle, il va avoir une division entre les habitants.
Certains ne veulent pas s’acquitter des droits seigneuriaux. En outre, il y a une forte
augmentation du commerce interlope et un esprit de lucre qui hante les gouverneurs, ceci va
provoquer la ruine des compagnies. De ce fait, les iles sont vendues et leur seigneurie partagée
entre les différents gouverneurs. De Poincy à saint-Christophe, Houël à la Guadeloupe et du
Parquet à la Martinique. Ces gouverneurs deviennent des seigneurs- propriétaires. Ils règnent
sans partage car le gouvernement royal était en conflit avec d’autres puissances européennes, il
n’a pas pu soutenir son effort initial. Mais l’expérience des seigneurs-propriétaires tourne en
catastrophe à cause de leur mode de vie aristocratique. En 1663, Colbert par sa politique de
centralisation a mis fin à l’ère des seigneurs-propriétaires.

Colonisation française des Antilles et de la Guyane

A la seconde moitie du XVIIème siècle les colonies sont érigées en gouvernements, à l’image
des provinces frontalières du royaume. A la tête, il y a un gouverneur qui est le représentant
direct du roi. Il est là pour transmettre et exécuter les ordres du roi ; il commande les troupes,
nomme et révoque les fonctionnaires et préside aux concessions des terres. En outre, il y a une
branche civile de l’administration qui est organisée autour d’un intendant investi des mêmes
fonctions qu’en France (police, justice, finance). C’est une administration bicéphale conçue
pour permettre au roi de contrôler le fonctionnement des colonies. Elle a un Gouverneur
général et un Intendant général qui s’installent à Saint-Pierre en Martinique.

La présence anglaise

Dès 1605, les premiers colons anglais s’installent à Sainte-Lucie et à la Grenade. Ils
utilisent ces iles comme escale pour les expéditions vers la Guyane. Puis ils s’installent à Saint-
Christophe (St-Kitts) en 1624. Ils partagent l’ile avec les français et mettent en place le système
des engagés qui leur permettent de développer la culture du tabac. C’est l’Anglais Warner
Thomas qui était à l’ origine de la colonisation britannique de Saint-Christophe, il décida de
recruter les engagés pour 7 ans

La colonisation française

Dès 1625 (1629 pour certains historiens) les français étaient présents à la Tortue. En
1639 les anglais les chassaient de l’ile et ils se refugiaient à Port-Margot. De là, De Pioncy,
gouverneur général français des iles, qui est au courant de la situation envoyait Levasseur à
Hispaniola pour reconquérir l’ile avec une cinquantaine d’aventuriers. La mission de Levasseur
était de pacifier la tortue et organiser la société française à la tortue. Levasseur accompli sa
mission bien qu’il restât sous la menace étrangère. Il fut assassiné et d’autres gouverneurs

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étaient venus pour continuer la conquête (De Fontenay, Du Rausset). Après plusieurs guerres
contre les espagnols et les anglais, les aventuriers français finissaient par conquérir plusieurs
zones.

En 1665, Bertron d’Oregon allait organiser la colonisation, il a prit diverses mesure, à


savoir : la diversification de la production ; l’envoie des engagés pour aider les habitants ;
l’envoie des femmes prostituées, (c’est une période d’expérimentation). On adoptait une
économie de polyculture basée sur le tabac, manioc, cacao, igname, roucou et plus tard
l’indigo, coton maïs. Mais à la fin du 17 e siècle, la culture dominante était en crise, à la
deuxième décennie du 18e siècle arrivait la canne-à-sucre. Cette dernière culture va causer une
révolution économique dans la colonie.

Le mercantilisme

Vers la seconde moitie du 17e siècle, certains pays européens traversent ce que l’on appelle
une période de famine monétaire. Il va s’en suivre entre eux, une véritable guerre d’argent. Car
à cette époque, la monnaie est le sang de l’économie, dirait-on le sang même de l’État. Chaque
pays cherche à avoir la plus grande quantité possible de monnaie, de métaux précieux. Pour en
faire, il faut produire en très grande quantité pour vendre beaucoup à l’étranger et acheter
peu. Parce que le mercantilisme a pour objectif l’accumulation du numéraire dans la métropole
en vendant le plus possible et achetant le moins possible.

GRANDE ERE DE PROSPERITE DE SAINT-DOMINGUE (1770-1789)

La production connait un grand bon et le commerce un grand essor grâce à l’exploitation des
esclaves. Donc il y a une augmentation de la richesse à cause de : 1- l’extension de la
colonisation et l’introduction de nouvelles denrées ; 2-l’accroissement remarquable de la
production ; 3- les échanges par la distribution de la métropole des produits coloniaux sur le
marché international.

Au XVIIe siècle, l’économie coloniale a connu 2 étapes de développement

La première datant de l’époque pionnière. C’était une économie en partie de prédation


fondée sur le pillage des galions espagnols par les flibustiers pirates, chasse de bœufs et
de porcs sauvages par les boucaniers. C’était également une économie de subsistance
fondée sur la polyculture de vivres alimentaires pratiquée par les premiers habitants.
2e étape, on cultivait non seulement pour sa subsistance, mais surtout en vue du
commerce. Et au cours de cette deuxième étape, l’économie a reçu une nouvelle
orientation avec la révolution de la canne.

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L’économie sucrière

La révolution de la canne (1714- 1742) est considérée comme une grande étape de
développement économique et social à Saint-Domingue. Elle se caractérise par :
D’abord, l’éviction des petites propriétés par les grandes. C’est la concentration des
propriétés entre les mains des grands planteurs et la constitution de grandes
habitations. C’est une lutte vive entre petits et grands propriétaires où ces derniers
finissent par s’approprier les petites exploitations.
Le système de la monoculture. Partout on cultive la canne-à-sucre, les autres cultures
sont progressivement délaissées.
Une nouveauté importante, c’est le système de manufacture. Avec la culture de la
canne, Saint-Domingue recevait une première transformation industrielle, ceci malgré
les interdits.

Le commerce des esclaves

Le commerce des esclaves était réalisé par un ensemble de pays européen : France, la Hollande,
l’Angleterre. L’Espagne a recours aux compagnies anglaises ou françaises pour avoir des
esclaves noirs. Géographiquement la traite était pratiquée sur la cote occidentale de l’Afrique
(Sénégal, fleuve du Congo). Mais, elle semble être développée avec une particulière intensité le
long des côtes des actuels Cote d’Ivoire, Gana, Togo, Sierra-Léone, et Nigeria. Le trafic
s’effectuait généralement par l’intermédiaire des courtiers qui représentent les souverains
locaux pendant les captifs.

La traite est fondamentalement un troc. En échangeant des captifs, les trafiquants européens
livrent des marchandises : soit des coquillage ou encore des bouges provenant de l’océan
indien, soit des barres de fer de 40 à 50 livres ou un ensemble de marchandises équivalent à ce
poids, des étoffes très divers, de la quincaillerie : miroir, des armes et de la poudre et aussi des
alcools. Les vendeurs sont avant tout des africains.

Capitalisme et esclavage (suite)

Dans des États comme la France, l’Angleterre, la Hollande on assiste au phénomène contraire :
l’accumulation de capitaux, le développement de l’organisation sociale, le renforcement de la
centralisation étatique, la consolidation des institutions militaires et l’élargissement des
marchés de consommateurs de produits tropicaux, en outre, il y a l’alliance entre l’État et la
bourgeoisie qui allait renforcer ces deux secteurs, promouvoir le capitalisme marchand dont la
traite des Noir et l’exploitation coloniale étaient les deux principaux piliers. Des sa formation, le
capitalisme est national et mondial, concurrentiel et monopoliste, libéral et lié à l’État.

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LES PREMIERES FORMES DE LUTTES

Les mouvements d’esclaves

A Saint-Domingue, les esclaves se réinventent plusieurs formes originales pour révolter contre
le système esclavagiste : le marronnage, les complots, les empoisonnements, l’avortement etc.
Le marronnage est une forme de protestation contre le système d’exploitation esclavagiste qui
s’est manifestée contre la domination coloniale. Il a commencé d’abord avec le cacique Henry
du temps des espagnols. Ensuite, avec l’installation définitive du régime des grandes propriétés
qui demande beaucoup plus de bras, le marronnage a connu une grande ampleur. La vigueur
des protestations des opprimés contre l’esclavage et ses violences augmentent de jour en jour.
Les prisons ne cessaient d’être encombrées de nègres épaves. En 1679, à Port-Margot, il y a un
certain Padre Jean, qui était le chef des esclaves qui soulèvent contre le régime. Ils se
refugiaient sur la montagne de tatare et ils inquiétaient sérieusement les habitations
environnantes. Mais en réalité, les premières actions des marrons de Saint-Domingue ont été
signalées au Morne Noir vers 1701- 1702, par contre, il y a le gouverneur Galliffet qui ordonna 2
expéditions contre ces marrons et des mesures préventives très sévères furent édictées.

En 1519, le marron Michel agitait le Bahoruco, finalement, on l’a capturé. De 1720-1724 dans
toute la région du nord-est, les habitants ne cessent d’inquiéter par les incursions des marrons
sous la direction de colas jambes coupés. De ce fait, les autorités coloniales renforcent les
mesurent préventives et créent une compagnie spéciale de Maréchaussée. En fin Colas est pris
et exécuté. Dans le sud entre 1730-1734, la région est fortement saccagée par les bandes de
Plymouth et Polydor. Mais après le marronnage il y a également les complots qui étaient bien
organisés. A part des complots, il y a d’autres formes de protestations individuelles de
désespoir et de vengeances : les cas d’avortements et d’infanticide. Selon les esclaves il faut
priver le régime de nouveaux bras, de nouveaux serviteurs forcés. L’empoisonnement constitue
la pratique la plus répandue.

N.B----- Lecture approfondie


ABOLITION ET RETABLISSEMENT de l’esclavage
En France, les événements de la révolution française sont étroitement liés à
l’histoire des colonies. Parmi les opposants à la monarchie se trouve la Société
des Amis des Noirs fondée en 1788 sur le modèle des britanniques, et qui sera
plus tard présidée par l’Abbé Grégoire. Après la prise de la Bastille les droits
féodaux sont abolis et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen est
adoptée. Dans les colonies plus que jamais les esclaves aspirent à la liberté, et les
libres de couleur à l’égalité. Les révoltes s’organisent.
En 1791 la révolte des esclaves de Saint-Domingue débute, menée par Toussaint

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Louverture. Au pied du mur, les commissaires de la République envoyés pour
rétablir l’ordre libèrent les esclaves en 1793. La convention se soumet à cette
décision et abolit l’esclavage dans toutes les colonies françaises en 1794. La
Martinique, qui vient d’être prise par les anglais, n’applique pas le décret. En
Guadeloupe il est appliqué, mais le travail forcé remplace l’esclavage. La Réunion
et l’île de France (île Maurice) refusent d’appliquer le décret…
L’Espagne est encore loin de penser à l’abolition. La révolution de Saint-Domingue
a profité à Cuba, qui est en passe de devenir le premier producteur mondial de
sucre grâce à l’introduction massive d’esclaves. Les camps de marrons se
développent et en 1796, les autorités coloniales mettent en place un règlement
afin de combattre le marronnage.
Dans les colonies françaises, l’esclavage est rétabli par Napoléon Bonaparte
devenu consul en 1802. Des commissaires civils sont chargés de se rendre dans
les colonies pour faire appliquer ce décret.
En Guadeloupe, le métis Louis Delgrès organise la résistance.
28 mai 1802 : Delgrès et ses 300 hommes, presque à court de munitions, sont
contraints de se replier sur les hauteurs de Basse-Terre, poursuivis par les soldats
de Napoléon bien plus nombreux. Respectant leur devise « vivre libre ou
mourir », ils se font sauter à l’explosif.
A Saint-Domingue, Toussaint Louverture est fait prisonnier, et le combat est repris
par Jean-Jacques Dessalines. Après la défaite de l’armée napoléonienne, la
colonie devient la première république noire en 1804.

ABOLITION DE LA TRAITE
Le Danemark abolit la traite des esclaves en 1803.
Sous la pression des abolitionnistes, l’Angleterre et les Etat-unis abolissent la
traite en 1807.
En 1813, la Suède fait de même, suivie l’année suivante par les Pays-Bas.
La France abolit la traite en 1815, après la chute de Napoléon. La monarchie est
restaurée, redonnant aux planteurs l’espoir d’un retour à l’ancien régime.
On est encore loin de l’abolition de l’esclavage. Et dans un contexte économique
rendu difficile par la concurrence du sucre cubain et du sucre de betterave qui
commence à se développer, les conditions de vie des esclaves sont loin de
s’améliorer. De plus, malgré l’abolition la traite continue de façon clandestine.

DIFFUSION DES IDEES ABOLITIONNISTES


Les mouvements abolitionnistes se développent, que ce soit du côté des Noirs
avec les révoltes et le marronnage, ou du côté des « libres de couleur » et des

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Blancs anti-esclavagistes avec des pétitions, la publication d’ouvrages…
En 1822, une révolte éclate au Carbet, en Martinique. Des dizaines d’esclaves
armés tuent et blessent plusieurs colons avant de s’enfuir. Parmi les 60 esclaves
retrouvés par les autorités, une vingtaine aura la tête tranchée.
Certaines révoltes se sont transformées en véritables guerres, comme la « Baptist
war » en Jamaïque en 1831, où 60.000 des 300.0000 esclaves se soulèvent
pendant 10 jours avant d’être matés par les forces britanniques.
En Martinique, le libre de couleur Cyrille Bissette fait circuler en 1823 une
brochure dénonçant les inégalités entre les libres de couleur et les Blancs. Arrêté,
la cour royale le fait marquer au fer rouge et le condamne aux galères à
perpétuité. Après avoir obtenu un allègement de sa peine, il fonde en 1834 La
Revue des Colonies et se lance dans la lutte contre l’esclavage.
En métropole, les interventions des hommes politiques, hommes d’église et
hommes de lettres se multiplient.
L’Abbé Grégoire, qui se bat contre l’esclavage depuis 1789, n’en est pas à sa
première publication : il a déjà publié en 1808 « De la littérature des Nègres », un
essai mettant en avant les facultés intellectuelles des Noirs, puis en 1815 « De la
traite et de l’Esclavage des Noirs et des Blancs par un ami des hommes de toutes
les couleurs ». Il publie « Des peines infamantes à infliger aux négriers » en 1822
et « De la noblesse de la peau ou du préjugé blanc contre la couleur des Africains
» en 1826. Il meurt en 1831, avant de voir l’aboutissement de son oeuvre.
La Société de la Morale Chrétienne est créée en 1822 et regroupe des libéraux
opposés au régime de la restauration (Le duc d’Orléans, Adolphe Thiers…)
En 1830, après la révolution des « trois glorieuses », la France passe sous le
régime de la monarchie parlementaire (monarchie de Juillet 1830-1848). Le duc
d’Orléans devient le roi Louis-Philippe 1er, le « roi citoyen », et veut mettre fin
aux abus du pouvoir royal.
En 1831, de vraies mesures sont prises par la France et l’Angleterre afin de
combattre la traite illégale.
En 1833, la Grande-Bretagne abolit l’esclavage dans ses colonies.
La Société de la Morale Chrétienne crée en 1834 la Société Française pour
l’Abolition de l’Esclavage. Elle compte parmi ses membres le jeune Victor
Schoelcher, qui a tout juste 30 ans.
Différentes mesures sont prises entre 1834 et 1846 afin d’améliorer les conditions
de vie des esclaves : incitation aux affranchissements, interdiction des
mutilations, meilleures conditions d’hygiène et instruction des esclaves … Les
châtiments envers les esclaves sont portés en justice (malheureusement cette

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dernière se montre souvent clémente envers les maîtres).
Les libres de couleurs retrouvent leur doit civils et politiques acquis en 1792 et
perdus en 1802.
Le gouvernement de la monarchie de juillet est en faveur d’une abolition
progressive de l’esclavage.

VICTOR SCHOELCHER
Il a commencé son combat dès 1830, après avoir découvert lors de ses voyages en
Amérique et aux Antilles les conditions de vie des esclaves. D’abord partisan
d’une libération progressive, il préconise en 1838 leur libération immédiate. Il
publie en 1842 « Des colonies françaises, abolition immédiate de l’esclavage »,
dans lequel il s’adresse aux planteurs, leur affirmant sa volonté d’émanciper les
esclaves sans perdre de vue la prospérité des colonies. Il préconise pour cela
l’interdiction du sucre de betterave au profit du sucre de canne.
La France subit une crise agricole et financière à partir de 1846.
Le roi Louis-Philippe 1er, devenu impopulaire, est victime d’une insurrection du
peuple qui l’oblige à s’exiler.
La deuxième république est proclamée en février 1848, et un gouvernement
provisoire est nommé. Victor Schoelcher obtient le poste de sous-secrétaire
d’état à la marine et aux colonies.
En Mars 1848 il préside la commission chargée d’abolir l’esclavage dans les
colonies.

ABOLITION DE L’ESCLAVAGE
Victor Schoelcher fait signer le décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies
françaises le 27 avril 1848.
9 articles sont promulgués, dont voici les premiers.
Article 1er : l’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et
possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans
chacune d’elles. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies,
tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront abolument
interdits.
Article 2 : le système d' »engagement à temps » (*) établi au Sénégal est
supprimé.
Article 3 : Les gouverneurs ou commissaires généraux de la république sont
chargés d’appliquer l’ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la
Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l’île de la Réunion, à la Guyane,
au Sénégal et autres établissements français de la côte occidentale d’Afrique, à

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l’île Mayotte et dépendances et en Algérie.
Article 4 : sont amnistiés les anciens esclaves condamnés à des peines afflictives
ou correctionnelles pour des faits qui , imputés à des hommes libres, n’auraient
point entraîné ce châtiment. Son rappelés les individus déportés par mesure
administrative.
Etc…
Les esclaves ne laissent pas aux commissaires de la république le temps d’arriver,
notamment en Guadeloupe et en Martinique. Dans cette dernière, les esclaves se
soulèvent. Le 22 mai, des émeutes éclatent à Saint-Pierre et au Prêcheur. Sous la
pression, le gouverneur décide dès le lendemain de proclamer le décret
d’abolition.
Le décret est appliqué en Martinique le 23 mai, et en Guadeloupe le 27 mai 1848.
L’esclavage est aboli le 10 août en Guyane, et le 20 décembre 1848 à la Réunion.
Près de 250 000 esclaves sont libérés dans les colonies françaises.
Seuls les colons recoivent des indemnités.
L’esclavage ne sera aboli aux Etats-Unis qu’en 1865, et à Cuba en 1886.

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