CHAPITRE 5 : L’ŒIL

1. Anatomie de l’œil emmétrope ou normal

L’œil, d’un point de vue physique, peut être considéré comme un système optique composé d’une
lentille convergente de distance focale variable qui forme une image réelle renversée sur un détecteur
photosensible qu’est la rétine.

Les éléments constitutifs de l’œil sont :

❖ la cornée : membrane résistante d’épaisseur voisine de 1 mm. L’essentiel de la réfraction se produit
au niveau de la cornée, étant donné que son rayon de courbure est petit (0.8 cm) et que la différence
d’indice de réfraction entre l’air (n = 1) et l’humeur aqueuse (n = 1.336) est importante ;
❖ L’humeur aqueuse : fluide transparent d’indice 1.336 (proche de celui de l’eau, n eau = 1.333) contenu
dans l’espace qui sépare la cornée du cristallin ;
❖ Le cristallin : Il a la forme d’une lentille biconvexe d’indice variant entre 1.42 au centre, à 1.36 à la
périphérie ;
❖ Le corps vitré : gelée plus fine que l’humeur aqueuse, mais de même indice de réfraction (n = 1.336),
qui se trouve au-delà du cristallin ;
❖ La rétine : membrane mince d’épaisseur de l’ordre de 0.5 mm qui tapisse le fond de l’œil et constitue
un écran photosensible.

Fig. 30 : Coupe transversale de l’œil [7]

2. Le modèle réduit de l’œil

L’œil peut être modélisé par un œil réduit, qui consiste en un diaphragme (iris) disposé devant une
lentille convergente (cristallin) de distance focale variable, elle-même placée devant un écran (la rétine)
recueillant l’image ainsi formée (Fig. 31).
NB : Quel que soit la position de l’objet, l’image est toujours placée sur la rétine.

Lentille convergente = Cristallin Plan image = Rétine

B
α( A’
A O F’
B’
OA’ (fixe) = 16mm

Fig. 31 : Schématisation de l’œil réduit.

3. Accommodation
Pour un œil normal (sans défaut) dit emmétrope, on appelle accommodation l’effort (mise au point
automatique) effectué par l’œil pour obtenir une vision nette. La vergence augmente quand l’œil passe
d'une vision de loin à une vision de près. Il existe deux cas :

• l'œil n'accommode pas (sans accommodation) ou au repos : le foyer image se trouve sur la
rétine. La lumière provenant d’objets éloignés (à l’infini) est focalisée sur la rétine.
• l’accommodation maximale : Lorsque les muscles ciliaires se contractent, la courbure du
cristallin augmente, et sa vergence augmente. La lumière provenant d’objets proches converge
alors sur la rétine.

L’œil n’accommode pas

L’œil accommode

Fig. 32 : Illustration du phénomène d’accommodation [8].

4. Champ de vision distincte et amplitude d’accommodation

4.1 Punctum Proximum (PP) et Punctum Remotum (PR)
• Le point le plus éloigné que l’œil peut voir distinctement est appelé le punctum remotum (PR) ;
c’est le cas pour lequel l’œil est au repos (sans accommodation).
• Le point le plus proche de l’œil qui peut être vu distinctement est appelé le punctum proximum
(PP) ; c’est le cas pour lequel l’œil accommode au maximum.

4.2. Intervalle de vision distincte

Un objet est donc observé lorsqu’il est placé entre le PP et le PR de l’œil.
25 cm
- PR PP O Axe optique
Champ de vision nette

Fig. 33 : Position des punctums proximum (PP) et remotum (PR) pour un œil normal.

4.3. Amplitude dioptrique de l’œil

La vergence de l’œil, quand l’objet est situé au PP (l’œil accommode au maximum), est donnée par :
1 1
𝐶𝑃𝑃 = ̅̅̅̅̅ −
𝑂𝐴′ ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑃

La vergence de l’œil quand l’objet est au PR (œil au repos) est donnée par :
 1 1
𝐶𝑃𝑅 = ̅̅̅̅̅ −
𝑂𝐴′ ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑅

L'amplitude dioptrique de l’œil est donnée par :

1 1
𝐴 = 𝐶𝑃𝑃 − 𝐶𝑃𝑅 = −
̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑅 ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑃
A est exprimé en dioptrie tel que [δ] = [m-1]
L'amplitude dioptrique d'accommodation dépend de l'âge et de l’état de l’œil normal (Voir tableau ci-
dessous) :
Age (ans) 10 30 40 45 60 70
A (δ) 14 7 4,5 3,3 1 0,25

Pour un œil à vue normale : 𝑂𝑃𝑃 = −25𝑐𝑚 et 𝑂𝑃𝑅 = −∞ donc L'amplitude dioptrique A=4 δ.

5. Pouvoir séparateur de l’œil

Pour qu’un œil puisse distinguer deux points très proches d’un objet, il faut que ces deux points soient
espacés d’un angle minimal , appelé, le pouvoir de résolution de l’œil.

B
𝐴𝐵
𝑡𝑔(𝛼) = h
𝑑 
A Œil
d
d est la distance minimale de vision distincte.
 est le diamètre apparent de l’objet AB.

Des études faites sur un nombre élevé de personnes munies de yeux « normaux » montrent que
l’angle caractérisant le pouvoir séparateur est de l’ordre de  = 1-2 minutes équivalent en terme de
radian à 3×10-4 rad (0,017°). Par conséquent, cette grandeur détermine la plus petite
distance angulaire pouvant être séparée par l’œil. Déterminons maintenant la grandeur minimale de
l’objet AB qui peut être vu. Si l’on prend  = 3.10- 4 radian et d = 20 cm alors la grandeur minimale de
l’objet sera :
AB = 20.10 - 2 x 3.10 - 4 = 60 10- 6 m = 60 m.

4. Les défauts de l’œil

L'œil humain peut être affecté par trois principaux types d’anomalies optiques :
• La myopie
• La presbytie
• L'hypermétropie
4.1. La myopie : La myopie est la condition de l'œil où une personne perçoit mal les objets éloignés,
mais n'a aucune difficulté à percevoir les objets rapprochés. Un œil myope est trop convergent.
L'anomalie est causée par une trop grande vergence de l'œil provocant ainsi la focalisation de l'image
devant la rétine.

Il ne peut voir nettement qu’en rapprochant l’objet. Son Punctum remotum PR est à distance finie.

Correction de la myopie
Pour diminuer la vergence de l’œil myope on utilise donc des lentilles divergentes pour pouvoir
observer les objets très éloignés (Correction du PR.).
La relation suivante permet de calculer la vergence de la lentille correctrice :

Où :
Ccorrec est la vergence de la lentille correctrice.
CPRnaturel : est le Punctum remotum naturel de l’œil myope par rapport au centre optique de la lentille
correctrice.
CPRcorrigé : est le Punctum remotum corrigé de l’œil myope ( CPRcorrigé  → ) par rapport au centre
optique de la lentille correctrice
Remarque : dans le cas d’une lentille de contact CO = 0

4.2. L’hypermétropie :
L'hypermétropie comme la presbytie sont toutes deux des conditions où une personne perçoit mal les
objets rapprochés mais n'a aucune difficulté à percevoir les objets éloignés. Ces anomalies sont causées
par l'incapacité de l'œil à faire suffisamment converger la lumière, provocant ainsi la focalisation des
images derrière la rétine.
L’œil n’est pas assez convergent. Au repos, pour la vision à l’infini, son foyer image est derrière la
rétine. L’œil est trop court. L’œil ne peut pas voir un objet réel sans être constamment obligé
d’accommoder.

Correction de l'hypermétropie
La relation suivante permet de calculer la vergence de la lentille correctrice :
 4.3. La presbytie :
La presbytie (défaut d’accommodation) est une perte du pouvoir d'accommodation de l'œil
entraînant une vision floue de près. Avec l’âge, l’œil perd ses capacités d’accommodation. Le
Punctum remotum ne bouge pas, mais le Punctum proximum s’est éloigné, le cristallin ne peut
plus se bomber suffisamment, il devient moins souple.

Correction de la presbytie :
Pour un œil presbyte, le cristallin ne converge plus assez. Donc il faut porter des verres convergents
pour la vision rapprochée (correction du P.P).
La relation suivante permet de calculer la vergence de la lentille correctrice :

Où :
Ccorrec est la vergence de la lentille correctrice
CPPnaturel : est le Punctum proximum naturel de l’œil presbyte par rapport au centre optique de la
lentille correctrice
CPPcorrigé : est le Punctum proximum corrigé de l’œil presbyte par rapport au centre optique de la
lentille correctrice.
 CHAPITRE 6: LES INSTRUMENTS DE L’OPTIQUE
I. LA LOUPE
1. Introduction
La vision par l’œil nu présente certaines limites et anomalies, tel que :
- Observer les objets de tailles limitées,
- L’accommodation maximale lorsque l’objet est placé au PP fatigue l’œil,
- L’observation ne durera longtemps

Pour supprimer ces contraintes et augmenter le pouvoir séparateur de l’œil, un système optique doit être
placé avant l’œil, nous permettant de trouver une image virtuelle droite, agrandie. Ce système est appelé
la loupe.

Caractéristiques de la loupe :
✓ C’est une lentille convergente de distance focale très faible ( cm).
✓ L’objet est réel d’une taille très petite, droit et est placé entre la lentille et le foyer objet.
✓ L’image obtenue est virtuelle, droite et agrandie par rapport à l’objet.
Pour une bonne observation, cette image doit se trouver dans le champ de vision de l’observateur.

2. La mise au point
2.1. Mise au point au PR
C’est le calcul de la position de l’objet pour une image placée au PR, sachant que pour un œil à vue
normal, OPR→ -∞ :
1 1 1 1 1
𝑂𝐹′
= 𝑂𝐴′
̅̅̅̅̅
− ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝐴
 𝑂𝐴
̅̅̅̅̅̅
= − 𝑂𝐹′
̅̅̅̅̅
1 1

̅̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅
𝑂𝐴1 = −𝑂𝐹′ Dans ce cas, l’objet se trouver sur le foyer objet de la loupe

2.2. Mise au point au PP

C’est le calcul de la position de l’objet pour une image placée au PP

1 1 1 1 1 1
= ̅̅̅̅̅ −
̅̅̅̅̅̅
 ̅̅̅̅̅̅ = ̅̅̅̅̅̅ − ̅̅̅̅̅
𝑂𝐹′ 𝑂𝐴′ 𝑂𝐴2 𝑂𝐴2 𝑂𝑃𝑃 𝑂𝐹′
2.3. La latitude de mise au point (Profondeur de champ)

̅̅̅̅̅2 − ̅̅̅̅̅
𝑙 = |𝐴1 𝐴2 |= |𝑂𝐴 𝑂𝐴1 |

La latitude est donnée aussi par la formule suivante :

1 1
𝑙 = 𝑓2 | − | Avec a est la distance œil-foyer image
𝑎 − ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑃 𝑎 − ̅̅̅̅̅̅
𝑂𝑃𝑅
𝑎 = ̅̅̅̅
𝐹′𝑆 S est la position de l’œil
 Image A'1B'1 au PR (∞)
B1

F A1 O F'

ℓ
B2'

B2
PP A'2 F A2 O F'
Image A'2B'2 au PP

Fig. 34 : Mesure de la latitude de mise au point à travers une loupe.

3. Caractéristiques d’une loupe

3.1. La puissance

𝛼′
𝑃= α’ est l’angle sous lequel l’œil voit l’image
𝐴𝐵
La puissance est donnée aussi par la formule suivante :
1 𝑎 x est la distance œil-image
𝑃 = ′ (1 − ) α’[radian], AB[m] et P[dioptrie]
𝑓 𝑥

3.2. La puissance intrinsèque

On dit que la puissance est intrinsèque dans les deux particuliers suivants :

1 • L’œil est placé au foyer image

𝑃𝑖 = C =
𝑓′ • (a = 0) est rejetée vers l’infini
L’image
x→∞
3.3. Le grossissement

G=
𝛼′
= P.d α est le diamètre apparent à l’œil nu
𝛼
α’ est l’angle sous lequel l’œil voit l’image
d est la distance minimale de vision distincte

3.4. Le grossissement commercial

C’est le grossissement d’un appareil optique utilisé dans le commerce. On considère que l’objet est
placé au PP, c'est-à-dire d=25 cm de l’œil
𝑃𝑖 C
𝐺𝑐 = =
4 4