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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE

Institut Catholique de Yaoundé


Faculté de Théologie

COURS DES PERES APOLOGISTES


Travail de recherche

Thème :

LE MONTANISME

Présenté par :

1. ATEBA MESSI Antoine Vicky 7. ZOA ONGUENE Cyrille

2. BIBAKILA Mariétien Solzic Dieu Merci 8. NGANE EKOMANE Joël Stéphane

3. DJOUSSE NGUEGANG Armel Brice 9. ONANA EBANGA Adrien Genoël

4. ESSOMBA NOAH René 10. TSALA LEWONO Josué Raoul

5. EZONG ZONG Antoine 11. RIOBO TORAO Ricardo Maximo

6. FANSI DEUGOUE Eric Stève 12. ZE MEKE Pierre Landry

Enseignant : Père Damien ELIME, O.P.

Année académique 2023-2024


INTRODUCTION

L’étude des Pères de l’Eglise est un aspect central de la connaissance théologique, pour
découvrir l’évolution efficiente de la foi. En effet, le milieu historique, social et intellectuel des
premiers siècles de l’Eglise, a été marqué des réflexions doctrinales, développées contre les
erreurs doctrinales. Ainsi, le travail des Pères apologistes contribue essentiellement à défendre
cette foi, contre toutes les hérésies et toutes les réflexions divergentes. Notre étude entend donc
analyser le montanisme1. D’emblée, nous allons découvrir son contexte d’émergence et son
origine ; ensuite, nous présenterons ses principes et ses dangers ; enfin, il sera question de
ressortir la réponse de l’Eglise face à cette doctrine.

I. CONTEXTE D’ÉMERGENCE ET ORIGINE DU MONTANISME


1. Contexte d’émergence du montanisme

Si l'on veut comprendre la naissance de ce mouvement il faut se rappeler d'abord le rôle


du prophétisme dans l'Eglise2. Le livre des Actes des apôtres, les lettres de saint Paul et la
Didachè soulèvent le rôle important du ministère prophétique dans l’Eglise primitive. Saint Paul
parle de la diversité des dons de l’Esprit Saint : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le
même Esprit… A un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre
de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les
interpréter » (1Co 12, 4-11). Dans la Didachè, on peut lire : « Vous prendrez et donnerez aux
prophètes tout premier produit du pressoir, de l'aire, des bœufs et des brebis, car ils sont vos
grands prêtres»3. Le pasteur D’Hermas parle de la préséance des prophètes sur les prêtres.4 Tous

1
Le montanisme se définit comme un « mouvement de prophétisme et d’ascétisme issu de Montan. Il conservait à
l’origine la foi commune, les Ecritures, l’attachement à l’Eglise ». (Cf. MATHON G. (ed.), Catholicisme, hier,
aujourd’hui et demain, Paris, Letouzey et ané, 1986, p. 1670). D’après CAYRE F., pendant que le gnosticisme
s’opposait à l’enseignement traditionnel de la hiérarchie de l’Eglise en proposant les spéculations de la science, le
montanisme s’est attardé sur cette hiérarchie, à laquelle il opposait le prophétisme. (Cf. CAYRE F., Patrologie et
histoire de la théologie, Paris, Desclée, 1945, p. 101). En ce sens, c’est une erreur doctrinale qui s’est développée
avec le phrygien Montan, lorsqu’il prétendait avoir eu des extases, vers 156 et propagée en Asie-Mineure à cette
époque. Toutefois, « sa prétention à incarner la seule véritable Eglise de l’Esprit, comme son prophétisme incontrôlé,
amenèrent une vive réaction de l’épiscopat ». (Cf. MATHON G., Catholicisme. Hier, aujourd’hui et demain, p.
1670). Ceci a entrainé sa séparation de ses partisans avec l’Eglise.
2
Cf. DE LABRIOLLE P., La crise montaniste, Paris, Ernest Leroux, 1913, p. 112-123.
3
Didache, XII, ; cf. XV
4
Cf. Pasteur D’Hermas, Vision, 111, 1, 8.

1
ces éléments indiquent que le ministère prophétique faisait partie de la vie quotidienne de l’Eglise
primitive.

2. Origine du montanisme

Par ailleurs, le montanisme tire ses origines IIème siècle (ap. J-C), époque que les
historiens appellent le siècle des hérésies. En effet, à cette période le christianisme est en pleine
expansion dans le monde entier et l’Eglise quant à elle s’institutionnalise. C’est ainsi dans ces
circonstances que plusieurs païens se convertirent et devinrent des chrétiens. Tel sera le contexte
dans lequel en Phrygie, Montan, ancien prêtre du culte de la déesse Cybèle va rejoindre l’Eglise.5
Ce dernier deviendra plus tard, un moine chrétien très influent. Ainsi dans un climat marqué par
la sécularisation de l’Eglise, où l’Eglise en proie aux persécutions renforce ses structures
hiérarchiques et les évêques sont placés comme les garants de la doctrine dans les différentes
régions christianisées. Ceux-ci jouissaient ainsi d’une grande influence dans leur territoire. Cet
ensemble d’évènements impactera sur la vie et la spiritualité de Montan.

Signalons enfin que la sécularisation, les persécutions et la hiérarchisation de l’Eglise


marqueront la plupart des chrétiens. Dans cette mouvance, en 156 Montan reçut une révélation du
Saint Esprit, sur l’imminence de la fin du monde et l’arrivée de la Jérusalem céleste en Phrygie
près de la ville de Prépuze.6 Pour la plupart des historiens, il prétendait être le dépositaire du
message prophétique de l’Esprit Saint sur la fin des temps et l’avènement du millenium qui
exigeait un ascétisme rigoureux, comme condition pour accéder à la Jérusalem future. Ce dernier
appuiera sa doctrine sur les textes de Saint Jean et sur le pneumatisme, sur l’épisode de la
pentecôte, sur la glossolalie, les visions prophétiques et les charismes thaumaturgiques. Ainsi,
cette doctrine s’est répandue rapidement en Phrygie jusqu’en Europe notamment à Lyon et à
Rome par les aristocraties et par ses disciples dont les plus illustres furent Priscilla et Maximilla.
Cette expansion fulgurante s’étendit jusqu’en 172, et occasionna une réaction forte de l’Eglise.

II. LES PRINCIPES ET LES DANGERS DU MONTANISME


1. Les principes du montanisme
Le montanisme a appuyé sa doctrine sur deux éléments essentiels : d’une part, « une
troisième et dernière révélation, celle du Paraclet, dont Montan est l’organe, va, non pas
5
Encyclopédie catholique pour tous Théo, droguet ardant /Fayard, Paris, 1992, p. 313.
6
CAMELOT Pierre, « Montanisme, www.encyclopedieuniversalis.fr, Consulté le 18/02/2024 à 22h00

2
remplacer, mais compléter la révélation faite par J. C. »7 ; d’autre part, selon les adeptes de ce
mouvement, « la parousie est imminente ; le Christ va bientôt paraître et régner pendant mille ans
sur son peuple ».8 À partir de là, se déclinent les quatre principes majeurs de l’hérésie montaniste
: de l’ordre : de la prophétie, de l’eschatologie, du rigorisme moral, et du pouvoir des chefs.
D’abord la Prophétie. Ce principe est pour plusieurs, l’élément le plus important de ce
mouvement. Déjà, dès la systématisation du montanisme les adaptes de celui-ci se considéraient
comme des prophètes. Ainsi, « le contenu doctrinal de la nouvelle prophétie tel qu’il se dégage
de prime abord des oracles de Montan et de Maximilla ne se dérogent guère de ce que nous
lisons par ailleurs dans les documents chrétiens de la même époque »9. Dans une société où le
prophétisme a gagné les cœurs, ce mouvement va alors gagner du terrain.
Ensuite, l’Eschatologie, de par son étymologie grecque « eskatos, logos », s’intéresse aux
fins dernières. Montan et ceux qui partageaient cette doctrine affirmaient que la fin est proche,
par conséquent la parousie tendait à se réaliser le plus tôt possible. Ils s’entêtaient même à donner
le lieu et l’instant T où la seconde venue du Christ devait avoir lieu : la Jérusalem nouvelle est le
lieu où cela devrait se réaliser, pour une durée de mille ans. Ce qui avait beaucoup de
conséquence sur la vie de la communauté et de ceux que les écoutaient.
Bien plus, le rigorisme moral se base sur trois points majeurs : l’accentuation dans la
pratique du jeûne ; l’interdiction d’échapper à la menace du martyre ; la liaison de l’enthousiasme
eschatologique avec l’accentuation de la morale du mariage. Il existait plusieurs types d’ascèses
pour les montanistes : « certains reposent sur la privation. C’est le cas dans la mortification et de
la privation sexuelle dans le but d’accéder à une maitrise spirituelle. Les montanistes insistaient
sur une préparation à un éventuel martyr allant jusqu’à son exaltation. »10 En bref, ce rigorisme
moral était une forme d’ascétisme.
Pour finir, le pouvoir des clefs est à découvrir dans le montanisme de Tertullien. « Dans
sa période montaniste, Tertullien s’oppose, avec son rigorisme outrancier, à l’attitude de l’Eglise
dans la réconciliation des chrétiens tombés dans le péché après le baptême ».11 Ceci par de sa
vision de l’Eglise comme constituée exclusivement des saints.

7
CAYRE F., Patrologie et histoire de la théologie, p. 101
8
Ibid.
9
BLANCHETIERE François, Le Montanisme originel (suite) PDF, « revue de sciences religieuses », 1979, p. 7
10
RENAN Ernest, « La crise du catholicisme naissant : le Montanisme », in www.jstor.org/stable.com, Consulté le
19/02/2024 à 23h11
11
MATHON G., Catholicisme, hier, aujourd’hui et demain, Paris, Letouzey et ané, 1987, p. 1675

3
2. Les dangers du montanisme
Dans ses débuts, le montanisme n’était pas considéré comme hérétique car il visait des
objectifs éminemment ecclésiastiques. Mais avec le temps, les conséquences négatives du
rigorisme montaniste posaient problème, à savoir l’autorité des seuls prophètes au détriment de
l’Ecriture Sainte, de la hiérarchie ecclésiastique, et des autres ministères dans l’Eglise 12. De plus,
ce mouvement ouvrait la porte au faux prophétisme dans l’Eglise primitive. Car des illuminés
pouvaient prétendre avoir reçu l’inspiration de l’Esprit Saint, prétendre à des dons qu’ils ne
possédaient pas, et des charlatans pouvaient abuser les chrétiens par des semblants de prophétie.
C’est dans ce sens que dans la Didachè et dans le Pasteur d’Hermas, on met en garde les fidèles
contre les faux prophètes et on décrit les signes auxquels il faut les reconnaître.

III. LA RÉPONSE DU CHRISTIANISME FACE AU MONTANISME

De ce qui précède, il est clair que le montanisme était un mouvement hérétique car il
contenait des doctrines fausses et vicieuses. La réponse de l’Église face au montanisme s’est
faite en trois phases principales.
La première phase a commencé peu de temps après le début de la Nouvelle Prophétie et a
duré jusqu’à la fin du IIe siècle (c’est-à-dire vers 165-199) : en effet Tertullien, s’opposait au
Montanisme en raison de ses prétentions exclusivistes, de ses prétendues révélations et de son
refus de l’unité de l’Église. Il défendait une vision plus large et plus équilibrée de la foi
chrétienne, fondée sur l’Écriture, la Tradition, et la communion ecclésiale.
La deuxième phase quant à elle, couvrait la période allant du début du IIIe siècle à la seule
domination de Constantin sur l’Empire (c’est-à-dire vers 200-324), caractérisée par un équilibre,
entre la fermeté doctrinale, et la compassion pastorale. Les réponses ecclésiastiques ont cherché à
ramener les montanistes dans la vérité, tout en préservant l’unité et la paix de l’Église, en faisant
preuve de dialogue, de tolérance, de patience, de discipline et de discernement.
La troisième phase a commencé avec Constantin et a duré jusqu’à la fin du mouvement
montaniste (c’est-à-dire vers 324-550). Elle a été caractérisée par une fermeté accrue, avec des
condamnations officielles, des excommunications, des mesures répressives et une réaffirmation
de l’autorité ecclésiastique. L’objectif était d’éradiquer complètement l’hérésie du montanisme et

12
Cf. DROBNER R. Hubertus, Les pères de l’Eglise, sept siècles de littérature chrétienne, Paris, Desclée, 1999, p.
114.

4
de rétablir l’orthodoxie au sein de la communauté chrétienne. Cela a été principalement fait par le
clergé catholique à travers quelques rassemblements d’églises locales et, probablement, certains
synodes ont été convoqués au cours des années 170.13
Une histoire ecclésiastique Grecque du 9e siècle (le Libellus synodicus) donne quelques
précisions sur ce synode : Apollinaire a présidé un synode dans la ville de Hiérapolis condamnant
le Montanisme, L’évêque Sotas d’Anchiale fit de même dans un synode dans sa ville14.
Apollinaire et Sotas ont écrit et prêché contre Montan. A Rome, le Pape Zéphyrin (198-217)
après quelque hésitation condamne aussi le Montanisme. En plus des synodes qui condamnaient
le Montanisme, l’Eglise a aussi réagi par excommunication per exemple Victor fut Pape entre
189 et 198 et il a excommunié Théodote une figure du mouvement15.

Les hérésies vont être l’occasion pour l’Eglise d’affiner la foi et les dogmes. Au sujet de
la réponse de l’Eglise, l’agitation que le montanisme provoqua dans les communautés chrétiennes
suscita la réaction des évêques qui se réunirent en synodes pour la condamner. A ce sujet, Eusèbe
rapporte la réaction de l’Eglise en ces termes : « Les fidèles d’Asie se réunirent souvent et dans
beaucoup d’endroits au sujet de Montan et de ses partisans et ils examinèrent cette nouvelle
doctrine et la déclarent étrange et impie »16.

CONCLUSION

En définitive, la doctrine de Montan s’est propagée à partir de la Phrygie au IIe siècle,


gagnant les cœurs de certains chrétiens par ses idées charismatiques et prophétiques. Pendant
cette période caractérisée par la floraison des hérésies, le montanisme a fini par se séparer de
l’Eglise, puisqu’il s’opposait d’ailleurs à sa hiérarchie. Cette erreur doctrinale avait cependant des
principes essentiels, dont les conséquences sur les chrétiens qui y adhéraient, favorisaient un
ascétisme pratiqué dans une vision eschatologique. L’Eglise s’est opposé à cette doctrine et à ses
partisans, à travers sa fermeté sur la Tradition, dont l’affirmation était consolidée par les synodes.
De ce fait, les erreurs doctrinales de cette période ont participé à la réaffirmation et même la
solidification de la doctrine de l’Eglise, grâce aux enseignements des Pères apologistes.

13
TABBERNEE William, Fake Prophecy and Polluted Sacrament: Ecclesiastical and Imperial Reactions to
Montanism, Leiden, Brill NV, 2007, p. 442.
14
Les Conciles contre le Montanisme, www.Theologie.blog. Publié Mars, 8 2021, Consulté le 19/02/2024 à 20h30
15
Universalis.fr. encyclopedia de théologie
16
Cf. Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, Livre V. chapitre 16.

5
BIBLIOGRAPHIE

 BLANCHETIERE François, Le Montanisme originel (suite) PDF, « revue de sciences


religieuses », 1979, p. 7
 CAMELOT Pierre, « Montanisme, www.encyclopedieuniversalis.fr, Consulté le
18/02/2024 à 22h00.
 CAYRE F., Patrologie et histoire de la théologie, Paris, Desclée, 1945.
 DE LABRIOLLE P., La crise montaniste, Paris, Ernest Leroux, 1913.
 Didache, XII, ; cf. XV
 DROBNER R. Hubertus, Les pères de l’Eglise, sept siècles de littérature chrétienne,
Paris, Desclée, 1999.
 Encyclopédie catholique pour tous Théo, droguet ardant /Fayard, Paris, 1992.
 Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, Livre V.
 Les Conciles contre le Montanisme, www.Theologie.blog. Publié Mars, 8 2021, consulté
le 19/02/2024, à 20h30.
 MATHON G. (ed.), Catholicisme, hier, aujourd’hui et demain, Paris, Letouzey et ané,
1986.
 MATHON G., Catholicisme, hier, aujourd’hui et demain, Paris, Letouzey et ané, 1987.
 Pasteur D’Hermas, Vision, 111, 1, 8.
 RENAN Ernest, « La crise du catholicisme naissant : le Montanisme », in
www.jstor.org/stable.com, Consulté le 19/02/2024, à 23h11.
 TABBERNEE William, Fake Prophecy and Polluted Sacrament: Ecclesiastical and
Imperial Reactions to Montanism, Leiden, Brill NV, 2007.

6
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION .......................................................................................................................... 1

I. CONTEXTE D’ÉMERGENCE ET ORIGINE DU MONTANISME ............................... 1

1. Contexte d’émergence du montanisme.............................................................................. 1

2. Origine du montanisme ...................................................................................................... 2

II. LES PRINCIPES ET LES DANGERS DU MONTANISME ......................................... 2

1. Les principes du montanisme ............................................................................................. 2

2. Les dangers du montanisme ............................................................................................... 4

III. LA RÉPONSE DU CHRISTIANISME FACE AU MONTANISME ............................. 4

CONCLUSION ............................................................................................................................... 5

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 6

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