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Illustration de couverture : Couverture du roman de Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, Babelio,

surhttps://www.babelio.com/livres/Gunzig-Rocky-dernier-rivage/1537808, consulté le 14 février 2024

1
DAVID Agnès 5D

Thomas Gunzig :
« Rocky, dernier rivage »

Année scolaire 2023-2024


Introduction :
Il se définit lui-même comme « un pessimiste qui aime la vie ». Ce n’est donc pas un
hasard si le dernier roman de Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage », aborde des
problématiques épineuses de notre société actuelle telles que la lutte des classes et le
survivalisme. Car il a toujours été « fasciné par la manière dont l’argent transforme les gens
ou la façon dont les gens se comportent dans des situations extrêmes ». Professeur, auteur
reconnu pour ses talents d’écrivain et de chroniqueur radio, touche à tout littéraire (il a
participé également à la rédaction de BD, scénario, pièce de théâtre, comédie musicale…),
Thomas Gunzig est un écrivain à l’identité bien marquée, et décalée.
5 ans après l’apocalypse, une famille de 4 personnes (Fred et Hélène, les parents ;
Alexandre et Jeanne, les enfants) s’est réfugiée sur une île « superluxe ». S’ils n’ont à
s’inquiéter de rien au niveau matériel, il n’en va pas de même aux niveaux social et culturel…
Mais comment survivre quand on a perdu tous ses repères, et qu’on est les derniers
survivants ?
Dans ce dossier-outil, découvrons cet auteur atypique, son style, ses préoccupations, à
travers l’analyse de son dernier roman, « Rocky, dernier rivage »…

Présentation de l’auteur :

1
Portrait de Thomas Gunzig sur https://bela.be/fiction/je-suis-un-connu, consulté le 14/02/24
1. Biographie :
Bela : Thomas Gunzig,
ÉCRIT / SON / AUDIOVISUEL / SPECTACLE VIVANT2
Né à Bruxelles en 1970, Thomas Gunzig est licencié en Sciences politiques (relations
internationales).
Il a commencé son parcours d’écrivain par un recueil de nouvelles, Situation instable
penchant vers le mois d’août, qui recevra en 1994 le Prix de l’Ecrivain étudiant de la Ville
de Bruxelles. Ce fut la première étape d’une longue série de publications et de distinctions
littéraires.
Depuis lors, il a diversifié ses activités d’écriture, passant de la nouvelle au roman (Mort
d’un parfait bilingue, Prix Rossel 2001), de la fiction radiophonique au livre pour la
jeunesse (Nom de code : Superpouvoir, 2005), en passant par la comédie musicale (Belle à
mourir, montée au Public en 1999). Il a aussi travaillé, en 2006, avec Jaco Van Dormael,
Harry Clevens et Comès3, sur une adaptation de la bande dessinée Silence au cinéma.
Ses récits ont fait l’objet de nombreuses adaptations scéniques, tant en France qu’en
Belgique. En 2008, lui-même monte pour la première fois sur les planches dans sa pièce
Les Origines de la vie, qu’il met en scène avec Isabelle Wery.
En outre, son texte Spiderman a été adapté à l'écran par Christophe Perié dans une
production de Jan Kounen.
Ses livres ont été abondamment traduits (allemand, russe, italien, tchèque...).
Le travail de Thomas Gunzig comporte aussi un versant pédagogique, via l’animation
régulière d’ateliers d’écriture mais aussi à travers des conférences en Belgique et à
l’étranger. Il donne des cours sur la littérature à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts
Visuels (La Cambre) et sur la mise en récit à l’Institut Supérieur Saint-Luc de Bruxelles.
Thomas Gunzig s’investit dans la défense des auteurs au sein de la SCAM, dont il a été élu
vice-président en 2007.
Enfin, il s’affirme également comme homme de médias : il est chroniqueur pour divers
journaux et revues, notamment dans l'émission radio Matin Première, où il dresse dans son
Café Serré un portrait de l'invité du jour, et il s’assied parfois dans Les salons du pouvoir, à
la télévision, pour croquer ceux qui nous gouvernent.
En 2015 est sorti le film Le Tout Nouveau Testament, que Thomas Gunzig a co-écrit avec
Jaco Van Dormael.

Wikipedia : Thomas Gunzig4


[…] Le 6 mars 2008, pour récupérer les droits d’un de ses recueils de nouvelles,
Carbowaterstoemp, et pour éviter les coûts d'un procès, Gunzig, ceinture marron de karaté,
provoque en duel l'éditeur Luc Pire, ceinture rouge de taekwondo, pendant la Foire du livre
de Bruxelles. Le combat se termine par la victoire de l'auteur qui récupère ainsi ses droits.
[…]
Il écrit à l'occasion pour le théâtre et pour le cinéma : il a notamment co-signé le scénario
du film Le Tout Nouveau Testament avec le réalisateur Jaco Van Dormael, film
sélectionné dans la section parallèle de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes

2
Bela, le site de la création et des métiers, Thomas Gunzig, ÉCRIT / SON / AUDIOVISUEL / SPECTACLE VIVANT,
sur file:///C:/Users/Home/Downloads/Thomas%20Gunzig.pdf, consulté le 14/02/24
3
Tous les mots surlignés en gris seront définis dans le lexique p.27
4
Wikipédia, Thomas Gunzig, https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Gunzig, consulté le 14/02/24
2015 et qui a remporté le prix du Best Screenplay au Festival international du film de
Dublin en plus être nommé pour le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère à la
73e cérémonie des Golden Globes et pour le César du meilleur film étranger à la 41e
cérémonie des César.

Interview de Thomas Gunzig : Bizarre, vous avez dit bizarre…5


Comment s'est déroulé votre parcours scolaire?
Thomas GUNZIG: D'une manière très bizarre… J'ai commencé dans une chouette petite
école maternelle, mais ensuite le centre PMS m'a jugé fortement dyslexique. On m'a alors
inscrit dans un enseignement individualisé et spécialisé, où j'ai toujours été le premier de
classe, mais où je me sentais en même temps un peu exclu. À la fin de mes primaires, on m'a
réintégré dans le circuit traditionnel en me mettant d'abord à Decroly, où j'ai encore moins
compris ce qui m'arrivait. On a voulu me mettre dans l'enseignement professionnel mais
finalement, mes parents ont fini par m'inscrire à l'athénée d'Uccle 1. J'y ai beaucoup ramé au
début, et je suis resté un très mauvais élève, mais j'ai tout de même réussi à passer d'année
en année, avec des examens de passage, et je suis finalement sorti de rhéto!
Qu'avez-vous suivi comme filière?
ThG: En humanités, j'étais en maths fortes, alors que j'étais très mauvais dans cette branche!
Dès lors, quand j'ai voulu m'inscrire à l'université, je me suis dit qu'il me fallait une branche
très littéraire et je suis entré en philosophie. C'était en fait très compliqué, et j'ai arrêté après
deux mois! L'année suivante, je me suis inscrit en sciences politiques, études que j'ai réussies,
sans briller pour autant.
Et quand vous est venue l'envie d'écrire?
ThG: Vers la fin de la rhéto. Le gout de la lecture était venu assez vite. En primaire, comme
j'étais un peu isolé durant les récrés, j'avais toujours un bouquin dans mon cartable. Je lisais
de tout: la collection verte, les grands classiques de la littérature, de l'aventure, du
fantastique, de la science-fiction; j'aimais bien ces univers bizarres… À un moment, j'ai fini
par m'y mettre moi-même!
Certains enseignants vous ont-ils marqué?
ThG: Oui, notamment une prof de français, à l'athénée. Elle est arrivée en 4 e année, quand
le cours de français cesse d'être un cours d'orthographe et de grammaire, et devient un cours
où l'on étudie des textes et où l'on écrit des dissertations. J'ai adoré cela! Enfin, il n'y avait
plus de dictées où j'avais des 0/10! Avec elle, c'était un cours classique, mais c'était très gai.
Par contre, je n'ai jamais eu l'impression d'avoir des ennemis parmi les enseignants. Je crois
qu'ils étaient plutôt désolés pour moi! Même s'ils étaient parfois sévères, humainement, cela
allait.
Comment expliquez-vous vos difficultés en orthographe?
ThG: Je ne sais pas… Encore aujourd'hui, je patauge! J'ai quelques petits trucs qui viennent
avec le temps, je m'améliore lentement, mais ce n'est pas du tout instinctif. Je n'arrive pas à
écrire de manière fluide en réfléchissant à l'orthographe en même temps. Cela vient sans
doute de moi aussi. Ce n'est pas parce que je n'ai pas eu de bons enseignants, mais plutôt
parce que je n'avais pas une bonne méthode de travail, je n'avais pas les bases. Et il y a tout
de même un réel fond dyslexique…

5
François Tefnin et Brigitte Gerard, Thomas Gunzig : bizarre, vous avez dit bizarre..., in Entrées libres, no 28, avril
2008, p. 8–9
Cela vous handicape pour écrire?
ThG: Oui, c'est plutôt ennuyeux! J'adorerais pouvoir rendre des manuscrits impeccables. Il
y a tellement de fautes que les éditeurs doivent les passer au crible de deux correcteurs
différents, qui laissent encore passer des erreurs! Et quand je dois répondre à des e-mails, je
sais qu'il reste des fautes malgré les correcteurs automatiques. C'est embêtant, bien sûr… Il
y a un petit côté humiliant.
Vous avez travaillé chez un libraire, vous êtes professeur de littérature… Qu'est-ce qui
vous a motivé dans vos choix?
ThG: Cela a toujours été un hasard. Après l'unif, j'ai publié mon premier livre, mais je n'avais
aucune idée de ce que je voulais faire plus tard. Il fallait que je gagne un peu ma vie. Grâce
à un ami qui connaissait des gens à la librairie Tropismes, j'ai pu y travailler tous les samedis,
et puis le week-end, et enfin à temps plein, pendant 10 ans! J'y ai découvert énormément de
choses sur la littérature, mais aussi sur la vie commerciale d'un livre. Il est important, quand
on écrit, de se rendre compte de la fragilité d'un livre une fois qu'il est publié, des contraintes
du métier de libraire, de l'importance de ceux-ci pour les auteurs... Quant à l'aspect
enseignement, un ami a parlé de moi à la directrice de La Cambre, qui m'a proposé de
reprendre un cours de littérature qui se libérait. J'étais un peu étonné, surpris et flatté: je n'ai
pas du tout de formation d'enseignant, mais j'ai finalement accepté. J'ai ensuite posé ma
candidature à Saint-Luc pour augmenter mon nombre d'heures, et ils m'ont proposé un cours
de "texte et mise en récit". C'est quelque chose d'extrêmement intéressant parce que je dois
organiser ma pensée, me documenter énormément sur les sujets dont je souhaite parler.
Pour l'émission "Les bureaux du pouvoir", vous réalisez des portraits d'hommes
politiques qui sont généralement contrastés. Si vous deviez faire le vôtre, quels seraient
vos contrastes?
ThG: Je crois que le contraste principal, c'est qu'à la fois, j'ai une certaine ambition, j'ai
envie que ce que je fais marche mieux, soit plus lu; et à la fois, je m'obstine à écrire des livres
dont je sais bien qu'ils sont trop "bizarroïdes" pour vraiment fonctionner! Je suis un peu
emprisonné dans une drôle de situation où j'écris ce que je veux ou ce que je peux et à chaque
fois, je râle et je suis triste, parce que je n'arrive pas à dépasser un seuil important.
Humour cruel, corrosif, gout de l'absurde, imagination déchainée… D'où tout cela vous
vient-il?
ThG: Cela ne vient pas du tout d'un mépris pour le monde contemporain, ou d'un cynisme
par rapport à l'actualité, mais plutôt de l'inverse. Je suis très vite atteint par ce qui est triste,
et l'humour est une sorte de défense. Il faut digérer les évènements et les mettre en forme
pour pouvoir mieux les supporter. L'humour est quelque chose d'essentiel. Quand on est
sérieux, j'ai l'impression qu'on exclut beaucoup de monde. Ce n'est pas parce qu'on rit qu'on
se moque ou qu'on est désensibilisé, bien au contraire. Le rire est, pour moi, une marque de
sensibilité. […]

2. Prix obtenus6 :
Prix de l’Ecrivain étudiant de la Ville de Bruxelles (1994)
Prix de la RTBF (1996)
Prix Spécial du jury de la Fureur de Lire (1996)
Prix de la SCAM (2000)
Prix Rossel (2001)

6
Bela, op.cit.
Prix International Club Méditerranée (2001)
Prix des éditeurs (2003)
Coq de Cristal (2004)
Prix Indications du Jeune Critique (2004)
Prix Franz de Wever (2005)
Palme de l’Environnement (2007)
Magritte du meilleur scénario (2015)

Analyse de « Rocky, dernier rivage »


1. Résumé de l’histoire :
'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un récit déroutant sur le monde d'après7
Un couple et ses deux enfants survivent à l’apocalypse qui, de pandémies en guerres mondiales, en
passant par des catastrophes naturelles, a détruit l’humanité. Profitant de leur argent, ils se réfugient
sur une île coupée du reste de la planète. Mais qui sommes-nous quand tout ce qui constituait nos
vies disparaît ? Si l’avenir s’étend sans perspective aucune, que tous les jours sont les
mêmes, restons-nous même des êtres humains ? Rocky, dernier rivage est un roman palpitant et
effrayant, signé Thomas Gunzig, et vient de paraître aux éditions Au Diable Vauvert.

2. Contexte de rédaction :
Librairie mollat, interview de Thomas Gunzig 8
Texte d’escorte
Dans cette brève interview, Thomas Gunzig explique que l’idée de son dernier roman lui
est venue alors qu’il lisait un article où des milliardaires de la Silicon Valley, très effrayés
par la fin du monde, faisaient appel à une société qui vend des abris clé sur porte. Il s’est
alors dit que prendre une famille de gens très aisés et les placer non pas en plein cataclysme
mais 5 ans plus tard était une bonne idée. Il voulait aborder la façon dont se passent les
choses pour un couple quand il sait qu’il est le dernier couple, ou pour un adolescent quand
il sait qu’il ne connaîtra jamais l’amour. Ce qui doit se passer dans leur esprit, les questions
qu’ils doivent se poser.

Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : « Dans l’écriture, une bonne part de


l’affaire relève de l’intuition »9
[…]
Qu’est-ce qui déclenche le processus créatif, chez vous ? À quel moment choisissez-
vous la thématique, mais aussi l’univers de votre prochain livre ?

7
RTBF, La Première, le Mug du 05/09/23, 'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un récit déroutant sur le
monde d'après, sur https://www.rtbf.be/article/rocky-dernier-rivage-de-thomas-gunzig-un-recit-deroutant-sur-
le-monde-d-apres-11251041 , consulté le 16/02/24
8
Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, sur https://www.youtube.com/watch?v=zJ6cQNpim00 ,
consulté le 16/02/24
9
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de l’affaire relève de l’intuition, le
13/11/23, sur https://www.bookalicious.fr/articles/interview-thomas-gunzig , consulté le 19/02/24
Comme je l’ai dit, je ne fonctionne pas vraiment par thématique, mais par idée. Je cherche
une situation, un personnage particulier à qui il arrive quelque chose de particulier dans
une situation particulière. L’idée va définir l’univers, je vais travailler longtemps de ma-
nière à essayer d’en tirer le meilleur parce que je sais qu’une bonne idée est quelque chose
de rare qu’on ne peut pas se permettre de gâcher en allant trop vite. Quant à la thématique,
je n’en ai jamais. J’ai l’impression qu’il est dangereux de travailler avec une thématique en
tête. Ça va gâcher l’idée en l’enfermant dans des limites théoriques. L’idée ne doit pas seu-
lement être bonne, elle doit être libre pour donner son meilleur jus. Après ça, évidemment,
lorsque le livre est écrit, on peut toujours dégager l’une ou l’autre thématique. Des axes qui
apparaissent parce qu’ils sont nécessairement quelque part dans ma tête. Mais je les dé-
couvre comme le font les lecteurs et les lectrices c’est à dire quand le récit est terminé.
[…]

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce roman de survivalisme chez les riches ?


C’est toujours compliqué de faire l’archéologie d’une idée. Je crois que j’ai lu un article
dans lequel on parlait de ces milliardaires de la Silicon Valley, très angoissés à l’idée de la
fin du monde et qui confient à des agences spécialisées le soin de leur préparer des abris…
Luxueux, évidemment.
Je ne savais pas trop quoi faire avec cette information, mais il y avait là-dedans quelque
chose qui m’intéressait. Peut-être parce que j’ai toujours aimé les récits de fin du monde.
Peut-être parce que j’ai toujours aimé les récits familiaux. Peut-être parce que je suis fas-
ciné par la manière dont l’argent transforme les gens ou la façon dont les gens se compor-
tent dans des situations extraordinaires.
En outre, c’était l’occasion d’imaginer un récit de fin du monde différent de ce que je con-
naissais, je veux dire que jusqu’ici, dans ce que j’avais pu lire ou voir sur le sujet (Mad
Max, The Road pour parler des plus célèbres), l’univers postapocalyptique est toujours vu
comme un univers dans lequel les conditions matérielles de la survie ne sont pas remplies,
la vie y est dure, les ressources sont rares. Avec ces refuges pour milliardaires, comme ce-
lui dans « Rocky, dernier rivage », je pouvais imaginer un récit de fin du monde ou les
conditions matérielles de la survie sont remplies. La survie ne pose pas question. Ce qui
pose question c’est que fait-on lorsque on est les derniers, au sens propre, à quoi pense-t-
on, qu’est-ce que cela modifie dans les comportements, dans la façon d’aborder les jours,
que devient le quotidien, est-ce que cela modifie quelque chose dans les relations amou-
reuses ou familiales ?

3. Accueil du public :
Librairie PAX, « Rocky, dernier rivage »10
Avis des libraires (coup de cœur)
Vaincre les ténèbres
La famille Robinson version XXIème siècle revisitée sous la plume acide de Thomas Gunzig
est une des pépites (noires!) de cette rentrée. Un huis clos familial captivant, nerveux,
émouvant même, particulièrement réussi.

10
Librairie PAX, Rocky, dernier rivage, sur https://www.librairiepax.be/livre/9791030706055-rocky-dernier-
rivage-thomas-gunzig/#targetDetail , consulté le 20/02/24
Babelio, « Rocky, dernier rivage »11
Thomas Gunzig
EAN : 9791030706055
368 pages
AU DIABLE VAUVERT (31/08/2023)
3.78/5 137 NOTES
Gabylarvaire
[…]
Le plus jouissif dans cette lecture, c'est de les observer comprendre petit à petit ce que nous
avons compris depuis longtemps. Très plaisant à lire toutes ses pages sarcastiques.
Kittiwake
Coup de coeur absolu pour ce roman post apocalyptique, qui m'a rappelé les huis clos
qu'écrivit. Robert Merle dans les années 70. Huis clos qui finissaient toujours dans le sang.
Le pourquoi de l'effondrement est abordé dans un scénario crédible, mais là n'est pas le sujet.
Il s'agit surtout d'interroger le sens de nos existences, en tant que prisonniers d'un système
d'autodestruction, une obsolescence programmée. Le paradigme est mort, il faut tout
réinventer.

4. Le « style Gunzig » :
Wikipedia, Thomas Gunzig12
La fiction de Gunzig est marquée par son humour noir, comme dans son recueil, Le Plus
Petit Zoo du monde, où chaque nouvelle met en scène un animal sympathique et familier
qui connaît un sort funeste. Très présente, la critique sociale n'est jamais orientée, ni
catégorisable. Enfin, il oscille entre une culture érudite et une culture populaire, à laquelle
il rend explicitement hommage dans 10 000 litres d'horreur pure.

Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer l’imaginaire en profondeur »13


[…]
Est-ce que l’humour à l’inverse vous semble être un outil fertile pour faire face à
l’âpreté du monde ?
Oui, c’est un outil fabuleux, parce qu’on peut faire passer plein de choses par le biais de
l’humour, et c’est un des plus beaux cadeaux que l’on puisse faire à un lecteur ou une

11
Babelio, Rocky, dernier rivage, sur https://www.babelio.com/livres/Gunzig-Rocky-dernier-rivage/1537808 ,
consulté le 20/02/24
12
Wikipédia, Thomas Gunzig, https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Gunzig, consulté le 14/02/24
13
Université de Namur, Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer l’imaginaire en profondeur », interview
réalisée par Manon Houtart pour la rubrique "L'invité" du magazine Omalius #28 le 30 mars 2023 sur
https://newsroom.unamur.be/fr/actualites/thomas-gunzig-le-roman-permet-de-labourer-limaginaire-en-
profondeur , consulté le 18/02/24
lectrice que de la faire rire. Le problème de l’humour c’est qu’il suscite la méfiance des
critiques et des grands prix littéraires, parce qu’on nous a appris qu’un grand livre était
quelque chose de grave et de sérieux. Si vous faites un truc marrant, ça ne peut pas être
sérieux. C’est incompatible dans l’esprit de ces critiques-là. Il y a pourtant beaucoup de
grands auteurs qui associent l’humour et le sérieux : Kafka dépeint des univers tragiques et
drôles à la fois, Beckett aussi… Les romans de Garcia Marquez, par exemple, sont
magnifiques et remplis d’éléments drôles à la fois. Ce sont des auteurs qui ont su réussir
sans évacuer toute forme d’humour. […]

Le Monde, Interview de Thomas Gunzig, écrivain et chroniqueur belge14


Que peux-tu nous dire sur tes livres?
J’espère qu’ils sont tous différents les uns des autres, que ceux d’il y a 20 ans ont peu à voir
avec ceux d’aujourd’hui. J’ai du mal avec ce qui est pompeux et grave. Je préfère traiter la
gravité avec légèreté, j’aime bien quand c’est un peu drôle, c’est un beau cadeau à faire au
lecteur que de le faire rire, mais j’aime bien aussi explorer des émotions plus nuancées que
ce que je traite dans mes billets matinaux à la radio !
Très différents de tes billets matinaux ?
Oui, il y a parfois un malentendu : les gens achètent mes livres en se disant qu’ils vont bien
rigoler mais j’y explore une autre gamme de sentiments. Dans mes billets d’actualité
politique, j’aime bien parler de ce qui nous est proche.

Le brunch, interview de Thomas Gunzig sur Radio bxl15

Texte d’escorte
Dans cette interview, Thomas Gunzig avoue qu’écrire des billets pour la radio le stresse.
Non seulement cela lui demande énormément de temps, alors qu’il a peu de temps pour le
rédiger, et une contrainte d’efficacité qui y est liée, mais le salaire radio qui en résulte est
assez médiocre, apparemment. Dans cet exercice, il n’a pas non plus la même liberté qu’en
tant qu’écrivain, puisque le billet est lié à l’actualité. De plus, il avoue n’avoir « aucun
espoir dans sa capacité d’influence » car il sait que les politiques « s’en fichent ».
Toutefois, il se dit qu’avoir 4 minutes offertes pour donner son point de vue est une réelle
chance. Et s’il continue cet exercice qui pourtant lui déplait par bien des aspects, c’est à
cause des nombreux témoignages d’auditeurs lui disant adorer ses billets. Or, donner du
plaisir lui fait plaisir.

14
Le Monde, Un week-end à Bruxelles, proposé par l’Office belge de tourisme Wallonie-Bruxelles, Interview de
Thomas Gunzig, écrivain et chroniqueur belge sur https://www.lemonde.fr/un-weekend-a-
bruxelles/article/2016/10/17/interview-de-thomas-gunzig-ecrivain-et-chroniqueur-
belge_5014846_5004682.html , consulté le 18/02/24
15
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas Gunzig sur son dernier
roman « Rocky, dernier rivage » le 04/09/23, sur https://bx1.be/radio-chronique/linvite-du-brunch-thoma-
gunzig/?fbclid=IwAR3vTkbytKtMdLGsUeQfe02YKc8LY01K149BR8iMF3ltgpYjZJNQT_uxNtc , consulté le 16/02/24
La Plume de Thomas Gunzig : C'est tellement si simple de dire "Merci"!16

Alors que j’étais courageusement sorti avec ma petite voiture afin de faire les quelques
courses destinées à la survie de ma famille de confinés, je dus m’arrêter un moment derrière
une ambulance en intervention elle-même arrêtée en deuxième file.
C’est alors que soudain un conducteur a klaxonné derrière moi. Gestes énervés. Il voulait
que j’avance même si des voitures arrivaient en face, même si les ambulanciers étaient sur
la rue, même si la pandémie était mondiale, l’avenir était incertain et qu’à la manière d’un
kangourou qui a bu le monde titubait. Mais tout cela pour le monsieur derrière moi n’avait
aucune importance, il voulait juste que j’avance même si ce n’était pas possible d’avancer.
Alors après plus de deux semaines de confinement, Je vous propose de tirer une première
conclusion.
Chez l’humain, nous rencontrons le pire comme le meilleur
Chez l’humain donc nous rencontrons le pire comme le meilleur, et seconde observation :
c’est quand on est dans la merde que ça se voit le plus.
La merde révèle- comme l’humain est parfois grand et - comme il est parfois tout petit.
Le grand et le tout petit sont là tout autour de nous : Le tout petit : Il y a ceux qui s’inquiètent
à l’idée de prendre un peu de poids. Ceux qui râlent de devoir s’occuper des gosses alors que
d’habitude c’est les profs ! ou parce que le coiffeur est fermé et que les racines commencent
à se voir ou parce qu’il faudra faire soi-même son ménage alors que d’habitude c’est la
madame africaine ou parce qu’il faut faire la file comme tout le monde.
Il y a ceux :
- Qui dépassent dans la file, qui engueulent les caissières parce qu’y’a plus de gouda mi-
vieux. Qui parlent de tout près et sans masque à l’employé du rayon pour savoir où se trouve
la sauce bolognaise extra riche 400 grammes.
- Qui vous vendent du gel au prix du caviar en disant "aaah mais c’est le principe de l’offre
et de la demande"
- Qui récupèrent cette histoire pour faire de la politique qui, comme la NVA, refusent de
voter le fonds européen de solidarité parce qu’il y aurait aussi de l’argent pour la Wallonie.
Et… il y a ceux qui klaxonnent parce qu’ils vont perdre 3 minutes, alors qu’en ces temps
confinés le temps n’a jamais eu aussi peu vocation à être gagné.
Dans la merde l’humain est souvent tout petit, mais parfois aussi il est grand, et ça aussi on
le voit chaque jour, et ça fait quelque chose de voir ça. C’est comme une petite lueur
vacillante au bout d’un long tunnel dégueulasse, et même si c’est cucul la praline, même si
on n’a rien demandé et que ça ne sert pas à grand-chose c’est plein d’émotion que je dis
merci.
Merci à tous ceux à qui on ne dit jamais merci, merci aux invisibles, merci à ceux qu’on
sous-paye, merci à toutes les variables d’ajustements.
Merci :

16
Vivacité, Billet du confinement de Thomas Gunzig dans"Le 6-9 ensemble", La Plume de Thomas Gunzig : C'est
tellement si simple de dire "Merci"!, sur https://www.rtbf.be/article/la-plume-de-thomas-gunzig-c-est-
tellement-si-simple-de-dire-merci-10473664 , consulté le 18/02/24
- Aux caissières et aux caissiers qu’on a mis derrière un bout de plastique qui ne doit pas
servir à grand-chose.
- Aux éboueurs et éboueuses avec juste un petit masque en papier. Aux facteurs et aux
factrices, aux chauffeurs de bus, à ceux qui conduisent des camions, aux livreurs en tout
genre, à ceux qui nettoient les rues, à ceux qui s’occupent des enfants de ceux qui travaillent.
Merci aussi : aux chercheurs
- Aux ingénieurs, aux informaticiens qui nous permettent d’avoir notre wifi et nos séries,
aux artistes sans la musique ou les films ou les livres desquels on deviendrait fou. Aux
pharmaciens, aux agriculteurs, aux éleveurs, au mec qui a inventé l’imprimante 3D, aux
bouchers, primeurs, boulangers, aux petites dames qui continuent à venir ici dans les studios
et partout ailleurs pour vider les poubelles et récurer les toilettes. Aux techniciens de tous
les domaines qui permettent que le pays tienne encore debout.
Merci à tous ceux qui bossent par vocation ou par nécessité !
Et Merci aux journalistes d’une chaîne ou d’une autre qui font ce qu’ils peuvent, et du coup
merci à vous François, ici tous les matins alors qu’il y a des tout petits enfants à votre maison
et merci à vous Sarah d’être toujours là, à risquer votre santé, avec votre sourire même si
y’en a que ça fait râler.
Pour vous pas le temps pour du yoga. Vous n’avez peut-être ni jardin ni terrasse. Vous n’êtes
partis ni à la mer ni à la campagne. Pas le temps de vous soucier de l’impact du confinement
sur votre ligne de corps, sur l’éclat de votre chevelure ou sur votre condition physique. Pas
le temps pour le jogging, pas le temps de relire Proust. Vous rentrez juste crevé pour vous
reposer un peu jusqu’à demain.
Alors, quand ce sera fini....
Hé bien il ne faudrait pas qu’on ne vous oublie, mais si le temps long de l’Histoire nous a
appris quelque chose, c’est que l’homme à la mémoire courte.

Texte d’escorte
Ce billet sur la période du confinement permet de relever plusieurs caractéristiques
permettant de mieux connaître cet auteur. Tout d’abord, sa sensibilité, et sa simplicité.
Malgré sa réputation d’écrivain et de chroniqueur, on perçoit clairement que Thomas
Gunzig est plutôt du côté des « petites gens » comme on dit. Et a un regard assez critique
sur le capitalisme (voir la thématique de la lutte des classes abordée dans son roman !) :
ainsi, sont tout petits ceux qui «vous vendent du gel au prix du caviar en disant ‘aaah mais
c’est le principe de l’offre et de la demande’ », par opposition aux « invisibles », sous-
payés, et pourtant indispensables à notre survie, comme l’a prouvé la période du covid.
On y perçoit également bien ce mélange des cultures, à la fois érudite (la réflexion sur la
nature humaine de ce billet) et populaire (les clins d’œil à notre quotidien, nos petites
bassesses, nos petits tracas, évoqués dans un langage courant, voire familier). Enfin, il
parle d’un sujet grave avec une certaine légèreté et beaucoup d’humour, ce qui est un peu
sa « marque de fabrique ».
Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »17
Le fils de pute était un « virus chimère », c’est-à-dire un virus formé en joignant des
fragments d’acide nucléique provenant de plusieurs micro-organismes. Dans son cas, Le Fils
de pute était formé d’un morceau d’ADN de l’encéphalite équine vénézuélienne, d’un
morceau de variole et d’un morceau d’Ebola.
Ce que les spécialistes déduisirent, alors qu’il était déjà trop tard, c’est que le Fils de pute
s’était retrouvé mêlé à la vapeur dégagée par la fusion des eaux du lac de Ozero Aychenok
consécutive à l’explosion nucléaire (trois cent mille degrés au niveau du lac) et il fut soulevé
à une altitude de près de douze mille mètres, où il se mêla aux jet-streams du courant polaire.
Le Fils de pute fut ainsi emporté sur quelques milliers de kilomètres avant de s’abattre, à la
faveur d’une pluie légère, au Canada, sur la ville de Vancouver.
On parvint à remonter au patient zéro : Davidson Burn, un immigré haïtien de quarante-trois
ans employé chez Church’s Texas Chicken, un fast-food servant du poulet frit situé en plein
centre, sur Kingsway Avenue.

Texte d’escorte
Lire ce passage du roman, qui fait référence à notre vécu en période covid, nous permet
de « mettre à distance » ce que nous avons vécu, grâce à l’humour de ce passage : le « Fils
de pute » (avec majuscule, s’il vous plaît, tout comme Dieu), mais aussi l’acharnement
des hommes à comprendre, trouver, maîtriser la réalité.

5. Choix du titre :
Librairie mollat, interview de Thomas Gunzig 18
Texte d’escorte
Dans son interview pour la librairie mollat, Thomas Gunzig explique le choix du film
Rocky, dernier film disponible pour les personnages de son roman, devenu le titre de son
ouvrage. Pour lui, ce film incarne l’idée que, même lorsqu’on croit que notre destin est
immuable, on peut toujours changer. Pas sans mal, mais c’est toujours possible. D’un point
de vue plus personnel, c’est un film qui l’a également marqué : lorsqu’il avait 11-12 ans,
il croyait qu’il resterait toujours « petit et malingre » (« la cloche du quartier » comme le
dit Rocky dans le film). Mais lui voulait être autre chose, et le message délivré par le film
lui a montré que c’était possible.

17
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, France, Editions Au diable vauvert, 2023, pp. 96-97
18
Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit.
6. Le genre :
 Un roman post-apocalyptique :
Le brunch, interview de Thomas Gunzig sur Radio bxl 19
Texte d’escorte
Dans cette interview, Thomas Gunzig explique qu’il souhaitait rédiger un roman
postapolacylptique. Généralement, on écrit plutôt des romans apocalyptiques où les
personnages sont confrontés à des difficultés matérielles de survie, à des conditions
extrêmes les mettant à mal. Or, ce qui l’intéressait lui, c’était précisément l’inverse : voir
ce qui arriverait à une famille qui sait qu’ils sont probablement les derniers sur terre 5 ans
après le drame, et les placer dans une situation où leur refuge offre précisément un grand
confort matériel. Ce qui est en jeu, ce n’est donc pas la survie matérielle, mais c’est plutôt
de voir comment on peut s’en sortir lorsque les conditions sociales et culturelles ne sont
plus remplies.

 Un roman survivaliste superluxe :


Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : « Dans l’écriture, une bonne part de
l’affaire relève de l’intuition »20
Le survivalisme, ce courant de pensée catastrophiste, souvent teinté d’idées discutables
idéologiquement, sur la nécessité absolue de se préparer à la catastrophe climatique qui
nous guette, vous connaissez ? Les héros du dernier roman de l’écrivain Thomas Gunzig,
oui ! Ils se sont préparés à tout. Ils sont riches, ils n’ont à se soucier de rien. Du tout. Leur
retraite quand le monde s’effondre n’a rien d’une hutte bricolée en branches avec un
couteau façon Rambo. Non, ils se sont abrités dans une villa de luxe où tout est à portée de
main… Mais le luxe peut-il résister à la fin du monde, c’est une question qui a le mérite
d’être posée. La santé mentale, les liens familiaux, les sentiments prennent également une
drôle de tonalité lorsque tout s’effondre, pour notre plus grand amusement, et celui de
Thomas Gunzig, qui semble s’être bien amusé à l’écriture de ce roman.

7. Eléments narratologiques :
 L’époque post-covid
Le brunch, interview de Thomas Gunzig sur radio bxl 21
Texte d’escorte
Dans cette interview sur Radio bxl, on se rend compte que le contexte de rédaction a eu
une influence sur l’écriture du roman. Selon Thomas Gunzig, le covid nous a fait prendre
conscience que nous n’étions pas, malgré notre sentiment de puissance et toutes nos
technologies, invulnérables, et que l’espèce humaine pourrait très bien disparaître. C’est
ce qui fut le déclencheur de son imaginaire. De plus, le confinement nous a fait redécouvrir

19
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas Gunzig sur son dernier
roman « Rocky, dernier rivage », op.cit.
20
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de l’affaire relève de l’intuition,
op.cit.
21
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas Gunzig sur son dernier
roman « Rocky, dernier rivage », op.cit.
la contrainte d’être chez soi, en famille. Or, la famille, si elle est un endroit merveilleux,
source d’amour et d’apprentissages, peut également être une source de cauchemars…

 Le lieu : un huis clos


Amélie Hanser, CONSEILS D'ÉCRITURE, Le lieu d’action: le huis clos 22
En cette période de confinement, je vous propose de faire un tour d’horizon d’un cadre assez
particulier : le huis clos.
Bien souvent, on parle de « huis clos » comme s’il s’agissait d’un genre. Or, c’est davantage
un cadre d’action qui peut être appliqué à n’importe quel genre. Sa particularité est de
concentrer en un lieu précis l’action et bien souvent avec l’impossibilité de partir de là. Si la
contrainte est physique (les portes sont closes), elle peut aussi être psychologique ou morale.
1. L’intérêt
Ce cadre est intéressant si vous souhaitez apporter un environnement stressant, voire
angoissant. Le sentiment d’enfermement tient le lecteur en haleine et pousse les personnages
dans leur renforcement. Ajoutez un tueur à l’intérieur des murs ou une sortie de secours, et
vous avez un scénario classique des films d’horreur.
Si la sortie ne peut pas se faire, et que rester à l’intérieur demeure plus sain que l’extérieur,
les personnages vont devoir prendre leur mal en patience. Les tensions vont être plus
psychologiques. Ce cadre favorise l’introspection, mais aussi les discussions, les révélations
et les mises au point.
Texte d’escorte
Le genre du « huis clos » étant relevé dans 2 des critiques de la page 9, je me suis
renseignée. En réalité, il s’agit plutôt du choix d’un lieu dont on ne peut sortir, ce qui
ajoute à l’intensité dramatique du texte. L’enfermement sur l’île, couplé à l’absence
progressive de communication entre eux, les amènent à repenser ce qu’ils sont, à se
remettre en question, et à remettre en question toute leur conception de l’existence. (cf. la
fin de l’histoire, abordée dans l’analyse des thématiques).

8. Les thématiques abordées, et les personnages :


Librairie mollat, interview de Thomas Gunzig 23
Texte d’escorte
Selon Thomas Gunzig, la satire sociale n’est pas volontaire. Il n’y pense absolument pas
avant de commencer la rédaction. Ce qui l’anime, c’est d’abord la volonté de raconter une
bonne histoire, qui emporte le lecteur. L’intention, elle, n’émane qu’après, sur base de ce
qu’il a raconté.

22
Amélie Hanser, CONSEILS D'ÉCRITURE, Le lieu d’action: le huis clos, sur https://www.amelie-hanser.com/le-
lieu-daction-le-huis-clos/ , consulté le 20/02/24
23
Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit.
Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer l’imaginaire en profondeur »24
[…]
On entend souvent aujourd’hui, en particulier en contexte de désastre écologique, que
nous avons besoin des écrivains pour inventer de nouveaux récits et refaçonner nos
imaginaires. Quelle serait, selon vous, la responsabilité politique de l’écrivain ?
Je considère que l’écrivain n’a pas de responsabilité particulière. L’écrivain est tenu de
faire les meilleurs romans possibles, de la meilleure façon possible, c’est-à-dire de celle
qui lui correspond le plus. La responsabilité politique incombe aux pouvoirs publics : il
faut observer de quelle manière ils soutiennent les écrivains et défendent concrètement la
littérature. Une récente étude de la Société des auteurs montre que 66% des auteurs et
autrices gagnent moins de 500€ par mois du fait de leurs droits d’auteurs. Or, la loi est sur
le point d’être modifiée, ce qui risque de plonger les auteurs dans une misère noire. Je suis
en train de militer auprès de différents partis politiques, parce que les auteurs ne prennent
pas la mesure de ces projets de loi, et sont donc peu mobilisés sur la question. Il y a une
responsabilité des pouvoirs publics à considérer les particularités de l’activité d’écrivain,
qui nécessite une fiscalité appropriée.

 La lutte des classes :


Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : « Dans l’écriture, une bonne part
de l’affaire relève de l’intuition »25
Comment avez-vous construit les personnages de cette famille, à la fois exceptionnelle
et très « normale » ?
En effet, j’en ai fait une famille presque normale confrontée à une situation extraordinaire.
Je dis « presque" parce qu’évidemment la richesse a modifié son rapport au réel. La réalité
lui apparait, au début en tout cas, comme quelque chose sur laquelle elle a le contrôle. Évi-
demment, la catastrophe va changer ce sentiment… Pas tout de suite, mais progressive-
ment. Il faut, je crois, beaucoup de temps pour se défaire de ce genre de conviction.
Mais en dehors de sa richesse qui lui donne, plus qu’à d’autres, un sentiment d’invulnéra-
bilité (cette famille ne se sent pas véritable concernée par les menaces ou les risques glo-
baux), elle est comme toute les familles, c’est-à-dire traversée par des circuits émotionnels
très puissants dans lesquelles se croisent de l’amour évidemment, mais aussi de la frustra-
tion, de la colère et beaucoup d’autres choses. Je l’ai élaborée très simplement, comme je
le fais à chaque fois avec mes personnages, c’est-à-dire en essayant de les comprendre le
mieux possible, de les « sentir » vivre et penser au fond de moi. Il n’est pas question de les
haïr ou de les mépriser ou de les aimer, mais de rentrer en empathie avec eux afin que les
pensées et les comportements que je leur prête résonnent au plus juste.

24
Université de Namur, Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer l’imaginaire en profondeur », interview
réalisée par Manon Houtart pour la rubrique "L'invité" du magazine Omalius #28 le 30 mars 2023 sur
https://newsroom.unamur.be/fr/actualites/thomas-gunzig-le-roman-permet-de-labourer-limaginaire-en-
profondeur , consulté le 18/02/24
25
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de l’affaire relève de l’intuition,
op.cit.
Le brunch, interview de Thomas Gunzig sur Radio bxl26
Texte d’escorte
Les rapports de domination (comme avec le couple de domestiques argentins dans l’his-
toire, Ida et Marco) sont déterminés aujourd’hui par l’argent. Mais une fois que l’argent
n’a plus lieu d’être, qu’en est-il ? Est-on capable de faire une omelette, ou le ménage ?
Pour Thomas Gunzig, le problème, c’est que les plus riches seront toujours mieux protégés
de par leur argent. Or, le mode de vie de ces personnes-là impacte particulièrement le
désastre climatique (déplacements en avion, surconsommation…). Et pourtant, c’est une
catégorie de personnes qui ne se sentent pas concernées, alors que c’est précisément eux
qui devraient prendre des mesures pour endiguer le réchauffement climatique (puisqu’ils
ont le pouvoir)…

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »27


Fred ne pouvait se contenter d’être bon à l’école ou dans ce qu’il entreprenait (le tennis,
le hockey), il devait être le meilleur. Son père était ingénieur et, à ce titre, il aimait les
métaphores scientifiques. Il disait : « Quand on veut envoyer une fusée sur la Lune, un écart
de quelques degrés au décollage se traduit, après des millions de kilomètres, par une
dérivation gigantesque et la mort de l’équipage. Ta vie, c’est la même chose, c’est une longue
trajectoire, si tu es moyen aujourd’hui, tu seras médiocre demain. Si tu es bon aujourd’hui,
tu seras excellent demain ! »
[…]
Aussi Fred fut-il le meilleur.
Et son père fut fier de lui et probablement cela allégea-t-il le fardeau de sa vie de
sacrifices […].

Texte d’escorte
Cet extrait permet en partie de comprendre ce qui a fait de Fred ce qu’il est : une éducation
dure, où la pression « d’être le meilleur » et de satisfaire les attentes de son père était forte.
Une éducation valorisant la méritocratie, qui peut expliquer en partie le regard qu’il por-
tera par après sur ses domestiques. Enfin, une éducation qui l’a également « mis à mal »,
puisqu’elle a fait de sa vie une vie « de sacrifices ».
Méri

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »28


« […] Le GPS enregistre toutes les données relatives aux trajets. Les caméras de recul
savent si on a tendance à « toucher » ou non. Ça fait une masse d’infos qui ne demande qu’à
être traitée. »
C’était à l’époque de la grande ruée vers les données personnelles. La plupart des
réseaux sociaux avaient fait leur fortune là-dessus : Facebook, Instagram, Twitter, Tik Tok

26
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas Gunzig sur son dernier
roman « Rocky, dernier rivage », op.cit.
27
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., p.82
28
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit, pp. 85- 87
étaient capables de profiler de manière très précise leurs utilisateurs qui ne se rendaient pas
compte que « si c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit ». Mais personne n’avait encore
pensé à utiliser les données des conducteurs pour les traiter et les rendre accessibles aux
entreprises qui pouvaient y trouver une utilité. Les compagnies d’assurance par exemple qui
pourraient, de cette façon, cibler les primes d’une manière infiniment plus précise, ou alors
les constructeurs qui allaient pouvoir proposer des « extras » aux conducteurs selon leur
profil et donc considérablement augmenter leurs bénéfices. Fred reçut cinquante mille euros
de son père sous forme d’une avance sur héritage. […]
Dans leur business plan, ils prévoyaient qu’il faudrait minimum cinq ans avant que
l’affaire devienne rentable. Elle le devint en trois. […]
Après deux ans, alors qu’ils n’avaient pas trente ans, ils étaient déjà tous les trois
plusieurs fois millionnaires.

Texte d’escorte
Cet extrait explique ce qui a permis à Fred de faire fortune si rapidement. En réalité, il n’a
fait qu’exploiter les failles de notre société : l’exploitation de nos données privées pour
générer un maximum de profit. On voit bien que le capitalisme n’a absolument aucune
limite tant qu’il s’agit d’argent : nous pousser à consommer toujours plus (alors que l’on
sait qu’on devrait faire l’inverse étant donné la crise climatique) comme avec les « extras »
ciblés proposés aux consommateurs par les producteurs, ou encore cibler les primes d’as-
surance en fonction des comportements des automobilistes (ce qui constitue une atteinte à
la liberté).

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »


Si les pauvres angoissaient, les plus riches avaient encore un sentiment
d’invulnérabilité : le prix des carburants ou du blé pouvait bien flamber, ça ne changeait pas
grand-chose pour eux. Il y avait des manifestations de plus en plus violentes mais elles
éclataient dans les centres urbains, loin des quartiers où ils vivaient. Si l’été était trop chaud,
il suffisait de descendre dans une villa de location d’un hémisphère où c’était l’hiver, et les
guerres ne déchiraient encore à ce moment que des pays à l’histoire tourmentée et ne tuaient
que ceux qui n’avaient pas les moyens de partir. 29

Dans l’entrée, au milieu d’une surface rectangulaire de pierre bleue, protégé par une
douve de quelques centimètres d’eau, un magnifique Ginkgo biloba, l’arbre oriental
symbolisant l’éternité et la richesse, dont la présence dans cet endroit était le signe de la
puissance et de la domination de l’intelligence humaine sur l’ensemble du vivant, à plus forte
raison de l’intelligence de Fred. Son intelligence lui avait donné sa fortune, et sa fortune lui
donnait tous les droits ! Planter un Ginkgo biloba au milieu de ses bureaux, prendre des jets
privés pour des trajets minuscules, posséder des voitures spectaculaires, chauffer sa piscine
en permanence, jeter de la nourriture. Il savait que si tout le monde faisait comme lui, le
monde s’effondrerait encore plus rapidement, le changement climatique serait encore plus
brutal… mais tout le monde ne faisait pas comme lui. Tout le monde n’était pas aussi riche

29
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., p.88
qu’il l’était, alors il pouvait s’en foutre, l’argent lui donnait aussi ce droit-là, le plus
merveilleux, le plus absolu de tous les droits : s’en foutre. 30

¬ Quand votre jacuzzi est en route, il n’y a pas assez de courant chez nous, était inter-
venu Marco.
Fred s’était tourné vers lui.
¬ Pardon ?
¬ Quand votre jacuzzi est en route, il n’y a pas assez de courant chez nous. On n’a
plus d’eau chaude et plus de lumière. On ne peut plus cuisiner. Y a plus de courant.
¬ Bon he bien c’est comme ça. On ne va pas passer notre temps dans le jacuzzi. Ça
détend les enfants, ils adorent les bulles.
¬ Oui mais s’ils pouvaient éviter de l’utiliser le soir ou le matin.
Fred avait regardé Hélène, il avait regardé ses enfants puis il avait regardé Marco et
il avait parlé comme un amiral s’adresse à un vulgaire matelot :
¬ Je pense que mes enfants sont ici chez eux, tu ne crois pas ?
¬ Oui, évidemment. Mais il faut quand même leur dire de ne pas
Qui te paye ? l’avait coupé Fred.
Marco s’était tu. Il avait réfléchi un instant avant de répondre :
¬ C’est vous.
¬ Exactement ! C’est moi qui paye. C’est moi qui décide. C’est compris ?
Marco avait hoché la tête. Fred avait encore ajouté :
¬ En ce qui concerne mes enfants, je suis leur père, c’est moi qui sais ce qui est bon
pour eux, ce que je dois leur interdire ou leur autoriser. Compris ?
Marco n’avait rien dit, il s’était contenté » de baisser les yeux. Cette marque de soumission
à l’autorité avait semblé satisfaire Fred qui avait continué la visite. 31

Texte d’escorte
Ces deux extraits illustrent bien les problèmes engendrés par l’argent relevés par Thomas
Gunzig dans les interviews ci-dessus. Un sentiment d’invulnérabilité, puisque l’argent leur
permettra d’éviter le pire (dans un premier temps, en tout cas) en se réfugiant ailleurs ou
en payant plus pour les denrées nécessaires. Un côté « tout est permis » aussi, lié à une
forme de méritocratie (cf. l’éducation reçue par Fred) : je suis plus intelligent, donc j’ai
fait fortune, donc je fais ce que je veux sans me soucier des autres. On perçoit bien ici le
sentiment de supériorité de Fred. Enfin, avoir le droit de « s’en foutre » du changement
climatique en continuant à vivre dans les excès de la consommation : tant qu’on n’est pas
touché personnellement, ce n’est pas un problème, de toute façon, les autres sont relative-
ment méprisés, et tout ce qui compte, c’est son confort personnel. Donc une forme d’in-
dividualisme et, pire, d’égocentrisme, voire d’inhumanité bien illustrée par le passage où
Fred se moque bien que Marco et Ida n’aient pas d’électricité le soir (et donc ne sachent
pas se faire à manger) parce que les enfants utilisent le jacuzzi. Il paie, et donc Marco n’a

30
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., p.161
31
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., pp. 190-191
rien à dire, aucun compromis n’est envisageable (Fred ne semble d’ailleurs même pas y
penser, comme par exemple limiter les heures d’utilisation du jacuzzi pour que tout le
monde soit content). La soumission totale au pouvoir de l’argent ne se discute pas.

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »


Dès leur première rencontre, Hélène les avait adorés [les domestiques]. Elle avait
trouvé chez eux cette chaleur qu’elle attribuait aux « gens du Sud » et ils parlaient avec un
accent espagnol qui les rendait immédiatement charmants (ils lui rappelaient de sympa-
thiques personnages de dessins animés : Pepe le Putois, le Chat Potté, Speedy Gonzales et
le crabe Sébastien de La Petite Sirène). Ida était ce qu’Hélène appelait pour elle-même (car
l’expression était devenue politiquement incorrecte) une « petite grosse » et Marco un
« petit gros ». Hélène aimait bien les gros (enfin, dans certaines limites, pas les gens souf-
frant d’obésité morbide qu’elle méprisait pour leur faiblesse de caractère), les gros avaient
cette jovialité de bons vivants, cette douceur de doudou, cette nonchalance optimiste, ils
inspiraient confiance, comme auraient pu le faire se sympathiques Barbapapa et surtout, ils
lui permettaient de faire valoir que son corps à elle avait la minceur et la musculature
propres à ceux capables d’établir des to do lists et de se fixer des priorités. 32

[Un soir, alors qu’Hélène demande à Ida qui débarrassait la table ce qui ne va pas…]
¬ C’est Antonia [leur fille], avait fini par dire Ida entre deux reniflements, je crois
qu’elle est morte. Il paraît que tous ceux qui ont voulu passer la frontière sont morts. L’ar-
mée argentine a bombardé pour éviter les contaminations… C’est ce que j’ai lu.
Et Ida s’était remise à pleurer. Son chagrin était comme un éboulement de larmes, les
plus petites entraînant les plus grosses. Et les couverts s’étaient remis à s’entrechoquer.
Hélène avait soupiré.
¬ Oui, Ida, avait-elle dit en parlant sur le ton qu’on utilise pour parler à un petit enfant
à qui il faut répéter sans arrêt les mêmes choses, oui, Ida, c’est possible, oui, Ida, ce n’est
facile pour personne mais si on devait tous se mettre dans des états pareils ce serait encore
pire. Nous devons tous faire des efforts, vous comprenez ? C’est ce que j’appelle « la
bonne éducation de base » ! Alors si vous ne savez pas vous maîtriser un tant soit peu et
que vous devez pleurer comme ça, s’il vous plaît, faites-le ailleurs, dans votre salle de bain
ou je ne sais pas, parce que là, pitié, c’est pas pour ce genre de spectacle qu’on vous paye !
[…]
Elle savait que la mort probable de leur fille les affectait. Pour elle, c’étaient des per-
sonnes simples et donc émotives. Comme ils avaient du mal à surmonter les épreuves que
leur envoyait la vie, ils devaient extérioriser sans retenue tout ce qui leur passait par le
cœur, c’était un « fait culturel ». Hélène avait perdu ses parents et tous ses amis mais elle
gardait la tête froide. Elle était fière de ce maintien, de sa capacité à souffrir en silence,
sans rien montrer, comme une martyre chrétienne chuchotant une prière tandis qu’on lui
brûlait les tétons […].33

32
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., p. 177
33
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., pp. 213-216
Texte d’escorte
Du côté d’Hélène, ce n’est pas beaucoup mieux… Chez elle, sa supériorité se marque par
un beau lot d’idées reçues sur à peu près tout (les latinos, les gros, les gens simples…) qui
font franchement sourire, voire rire de sa bêtise (humour de Thomas Gunzig). Sa condes-
cendance n’a donc pas de limites (elle parle à Ida comme à un petit enfant), car il y a
ELLE, une femme forte, mince, musclée, efficace, au caractère bien trempé, et il y a …
les faibles, qu’elle méprise. En même temps ces extraits sont aussi assez tristes, tant on se
rend compte que ce personnage est prisonnier d’une certaine forme d’éducation reçue (de
culture ?), qui la fait passer à côté de ce qui constitue notre humanité : la sensibilité, les
failles, inhérentes à la nature humaine. On comprend donc aussi à quel point sa vie doit
être triste, comme un combat permanent, s’interdisant toute émotion, tout relâchement.
Mais aussi se coupant de toute communication sensible avec les autres, puisqu’à force
d’auto-conviction, elle est devenue froide, incapable d’éprouver la moindre empathie
(comme face à la tristesse d’Ida suite au décès de sa fille !). Or, un monde sans empathie
est un monde violent.

 Le survivalisme :
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : « Dans l’écriture, une bonne part
de l’affaire relève de l’intuition »34
La réalité que vous dépeignez, pensez-vous qu’elle finira par se produire ?
Je n’en ai aucune idée. Les conditions d’incertitudes de notre présent sont telles que per-
sonne ne peut véritablement dire où en sera l’humanité dans 5, 10 ou 20 ans. Ce qui est
évident c’est que pour la première fois depuis la révolution industrielle, nous perdons le
contrôle sur la nature. Nous avons cru pendant un siècle pouvoir domestiquer les écosys-
tèmes, arranger le monde à notre façon. Nous nous sommes comportés comme des proprié-
taires du monde, mais ce n’était qu’une illusion. L’avenir sera peut-être dramatique pour
tous, ou seulement pour certains ou pour personne… Mais aujourd’hui, je suis malgré tout
plutôt pessimiste.

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »35


Il [Fred, le père] se souvenait des voyages dans les endroits les plus « exclusifs »
(comme il avait aimé ce terme), les jets privés, les yachts privés, les plages privées, les pistes
de ski privées. Il se souvenait du bonheur d’exister dans les regards envieux qu’il croisait, il
se souvenait des femmes qui lui faisaient comprendre, par leurs allusions et par leurs gestes,
que « c’était quand il voulait ». […]
Et à présent qu’il n’y avait plus tout ça, quel sens avait sa vie ? Ni plus ni moins de sens
que celle de ce petit oiseau brun qui venait de s’envoler, petite créature indifférente au rôle
qu’elle jouait ou non à la surface du monde. Pourquoi la disparition de toutes ces choses lui
donnait-elle l’impression de chuter indéfiniment dans l’abîme ? Il savait bien que, d’une
certaine manière, sa vie d’avant n’avait pas plus de sens mais au moins, grâce à l’agitation

34
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de l’affaire relève de l’intuition,
op.cit.
35
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., pp. 46-47
qui y régnait, il avait l’illusion d’être la pièce essentielle d’un spectacle que tout le monde
regardait.
Le Xanax faisait lentement son effet, ça l’apaisait, ça le mettait légèrement à distance
de la réalité, son angoisse et sa colère semblaient se dissoudre dans un liquide tiède.

Texte d’escorte
Alors que Fred a toujours eu l’impression « d’être quelqu’un » grâce à sa fortune, qui lui
offrait « l’exclusivité » et le regard envieux des autres, désormais, il se sent perdu. Tout le
sens de son existence reposait sur ce sentiment de supériorité que lui apportait l’argent,
sur la frénésie dans laquelle cette quête perpétuelle de se démarquer aux yeux des autres
l’avaient plongé.
Désormais, il se rend compte qu’elle n’a pas plus de sens que celle d’un petit oiseau qui
se contente d’exister sans s’interroger sur le rôle qui est le sien dans le monde. Et donc
qu’il n’est, en fin de compte, qu’une créature vivante comme les autres, dont l’existence
ne changera en rien la face du monde.
Confronté à la perte du sens de son existence, Fred se réfugie alors (comme Hélène) dans
la consommation de Xanax, afin de fuir l’angoisse que ce vide a fait naître en lui.

'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un récit déroutant sur le monde d'après36
Un futur très plausible
Le livre nous plonge dans un futur très proche où les choses basculent en quelques mois. Et
tout cela est malheureusement très plausible…
"On s’est rendu compte, avec le Covid, que tout pouvait changer très rapidement, qu’en
fait, la science-fiction n’était pas tellement de la fiction. Que ce qu’on pensait totalement
improbable était très probable", explique Thomas Gunzig.
Pour lui, il faut être prêt à de grands changements.
"Et c’est bien là qu’intervient le rôle de l’imaginaire, parce que je pense que seuls ceux qui
consomment de la fiction, que ce soit des films ou des romans, seront prêts à s’adapter aux
conditions nouvelles qui seront les nôtres, après. Après ce qui arrivera…"
Le pire et le meilleur
Thomas Gunzig a voulu écrire un roman post-apocalyptique, survivaliste, mais où les
conditions matérielles de la survie sont totalement, voire luxueusement, remplies. Ce sont
les conditions sociales et culturelles qui ne le sont pas.
"Qu’est-ce qu’on fait quand on a tout, sauf les autres et la culture ?" se demande-t-il
notamment.
Thomas Gunzig avait vraiment envie de voir "ce qu'il se passe 5 ans plus tard, lorsque les
adolescents ont grandi et deviennent des jeunes gens qui ont envie d’avoir des interactions
sociales, des histoires d’amour, mais que ce n’est plus possible. Qu’est-ce que devient un

36
RTBF, La Première, le Mug du 05/09/23, 'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un récit déroutant sur le
monde d'après, op.cit.
couple lorsqu’il est vraiment le dernier couple, lorsqu’on sait qu’il n’y a plus de porte de
sortie ?"
Peu à peu, les personnages se révèlent à la fois le pire et le meilleur, inspirant au lecteur
des sentiments mitigés.37
Le brunch, interview de Thomas Gunzig sur Radio bxl38
Texte d’escorte
Thomas Gunzig explique qu’il voulait montrer pourquoi la culture est importante. Pour
lui, les films et romans sont un peu les « boussoles morales de nos comportements ». Ce
n’est pas seulement un moyen de se changer les idées, c’est très important dans la cohésion
de nos sociétés.

Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage »39


Fred n’avait jamais douté de la puissance de la technologie. La technologie avait permis
à de petits mammifères faibles et vulnérables de devenir les plus grands prédateurs du règne
animal. La technologie avait permis aux humains, à la peau si fine, à l’ossature si fragile, au
métabolisme si sensible, de se mettre à l’abri – pour autant qu’ils aient de l’argent – du trop
chaud, du trop froid, des errances de la nature, de la sécheresse, des pénuries alimentaires,
des tornades, des éruptions volcaniques, des tremblements de terre. L’argent donnait accès
aux ressources et à ce qu’on faisait de mieux en matière d’isolation, de sécurité parasismique
anti-ouragan, anti-typhon, anti-nucléaire, anti-incendie.
Aujourd’hui Fred comprenait qu’il s’était trompé. L’effacement total de toutes les
données stockées sur les disques durs représentait la preuve irréfutable de sa naïveté. Les
écrans noirs des ordinateurs et des tablettes, vidés de leur contenu, étaient comme les visages
moqueurs de la puissance de la nature contre laquelle on ne pouvait rien.
Aussi colossale que soit sa fortune, l’environnement, le milieu, l’univers trouveraient
toujours une manière de réduire à néant ce qui avait été bâti.
L’argent avait été une illusion, il y avait cru comme on croit en une force divine
capable d’altérer la réalité commune, une puissance magique faisant de ceux qui en
possédaient suffisamment des êtres sacrés et invulnérables. 40

Texte d’escorte
A la fin du roman, Fred comprend enfin que tout ce qui avait guidé son existence (la course
à la technologie et à l’argent, et le (faux) sentiment de sécurité que cela lui apportait)
n’était qu’illusion, et qu’il s’est lourdement trompé.
Thomas Gunzig nous livre un beau message sur notre époque de crises multiples : face à
la puissance de la nature, nous ne sommes rien. Nous nous gorgeons de l’illusion que la
possession nous rend importants, donne un sens à nos vies, mais il n’en est rien. Sans les

37
Cf. Billet d’humeur du confinement pp.11-12 , où l’on retrouve exactement la même idée…
38
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas Gunzig sur son dernier
roman « Rocky, dernier rivage », op.cit.
39
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., pp. 46-47
40
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit., pp. 317-318
autres, sans la culture et le pouvoir de l’imagination, nous sommes désespérément seuls
et vulnérables, incapables de nous adapter.

9. Adaptation cinématographique :
Librairie mollat, interview de Thomas Gunzig 41
Texte d’escorte
Pour Thomas Gunzig, la littérature est un art visuel : un bon texte doit faire naître des
images dans l’esprit des lecteurs.

Les univers du livre, Actualité, Rocky, dernier rivage de Thomas Gunzig bientôt
adapté au cinéma42
Le roman de Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, paru le 31 août 2023, est le 15e ouvrage
de l’auteur aux éditions du Diable vauvert. Son adaptation au cinéma sera portée par le
réalisateur belge Jaco Van Dormael, dont la société de production a acheté les droits
d'adaptation audiovisuelle de l'œuvre.

Conclusion
Vous l’aurez compris, Thomas Gunzig n’est pas n’importe quel auteur… Non
seulement il s’agit de quelqu’un d’extrêmement créatif (comme en attestent sa participation à
des projets multiples et variés, mais aussi ses différents métiers, combinés avec succès), à
l’imaginaire débordant. Mais il reste également quelqu’un de simple, proche des gens et d’une
forme de culture populaire tout en étant également érudit. A l’image de Rocky, Thomas
Gunzig est aussi quelqu’un qui a su, par la force de sa volonté et malgré ses gros problèmes
d’orthographe, devenir quelqu’un d’autre que « la cloche du quartier », sans jamais pour
autant se prendre au sérieux.
Très sensible aux laideurs du monde, qui l’attristent profondément, il se bat avec ses
armes : le pouvoir d’un imaginaire décalé. Toutefois, il préfère aborder cette gravité avec un
humour assez sarcastique qui lui confère une certaine légèreté et permet de mieux supporter la
noirceur. Toutefois, la dimension critique de son œuvre n’est pas voulue, puisqu’il est avant
tout un raconteur d’histoires (comme en attestent également ses billets pour la radio). Les
thématiques n’émanent que de ses préoccupations, qui transparaissent inévitablement à travers
sa façon de raconter.
Quoi qu’il en soi, « Rocky, dernier rivage » est un roman extrêmement riche, non
seulement par le regard aiguisé qu’il porte sur notre société et ses faux-semblants, mais aussi
parce qu’il interroge le sens de nos existences, et notre rapport à ce système en cours
d’autodestruction dont nous restons probablement encore bien trop prisonniers…

41
Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, op.cit.
42
Ugo Loumé, Les univers du livre, Actualité, Rocky, dernier rivage de Thomas Gunzig bientôt adapté au cinéma,
sur https://actualitte.com/article/113385/adaptation/rocky-dernier-rivage-de-thomas-gunzig-bientot-adapte-
au-cinema , consulté le 19/02/24
Critique de la fiabilité des sources :
 Babelio, Rocky, dernier rivage : source moyennement fiable, puisque ce site reprend
l’avis de Monsieur et Madame tout le monde sur les livres vendus. Toutefois, les 2
passages sélectionnés me semblaient relever des informations pertinentes, parfois
confirmées par d’autres critiques plus fiables comme celle de la librairie PAX à propos
du « genre » du huis clos.
 Bela, le site de la création et de ses métiers : ce site est très fiable.
Bela est le site de la création et ses métiers en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le public cible ? Des auteurs et autrices tous domaines confondus (écrit, son,
audiovisuel, spectacle vivant et multimédia), ainsi que les opérateurs et opératrices du
secteur culturel francophone (libraires, journalistes, éditeurs, programmatrices, etc.).
Lancé en 2010 par la SACD et la Scam, le site Bela bénéficie également du soutien du
Service de la Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
 Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de
l’affaire relève de l’intuition : fiable puisqu’il s’agit d’une revue 100% indépendante
dédiée à la littérature et créée par une auteure.
 François Tefnin et Brigitte Gerard, Thomas Gunzig : bizarre, vous avez dit
bizarre... : source fiable, il s’agit d’une interview, qui reprend par conséquent les
propos de Mr Gunzig lui-même.
 Hanser Amélie, Conseils d’écriture. Le lieu d’action : le huis clos : article fiable,
étant donné que l’auteure est écrivaine, et a déjà publié 5 romans. Le site a pour but de
donner des conseils d’écriture, entièrement gratuits.
 Le Monde, Une week-end à Bruxelles, proposé par l’Office belge de tourisme
Wallonie-Bruxelles, Interview de Thomas Gunzig, écrivain et chroniqueur belge :
source fiable, non seulement car il s’agit d’un journal sérieux, mais surtout parce que
l’organisme à l’origine des informations données est un organisme officiel de Wallonie
(office de tourisme), et qu’enfin, il s’agit d’une interview de l’auteur.
 Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage : source fiable, il s’agit
d’une interview, qui reprend par conséquent les propos de Mr Gunzig lui-même.
 Librairie PAX, Rocky, dernier rivage : source fiable, il s’agit de LA librairie de Liège
fréquentée par les universitaires (située juste en face de la faculté de philosophie et
lettres).
 Loumé Ugo, Les univers du livre, Actualité, Rocky, dernier rivage de Thomas
Gunzig bientôt adapté au cinéma : source fiable, il s’agit d’un journal en ligne qui
reprend toutes sortes d’actualités liées au monde littéraire et qui s’adresse « Aux
lecteurs dilettantes, aux amateurs et aux passionnés, aux professionnels de l'édition,
aux enseignants, libraires ou documentalistes ».
 Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de
Thomas Gunzig sur son dernier roman « Rocky, dernier rivage » le 04/09/23 :
source fiable, il s’agit d’une interview, qui reprend par conséquent les propos de Mr
Gunzig lui-même.
 RTBF, La Première, le Mug du 05/09/23, 'Rocky, dernier rivage', de Thomas
Gunzig, un récit déroutant sur le monde d'après : source fiable, il s’agit d’une
interview, qui reprend par conséquent les propos de Mr Gunzig lui-même.
 Université de Namur, Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer
l’imaginaire en profondeur », interview réalisée par Manon Houtart : source
universitaire fiable, d’autant plus qu’il s’agit d’une interview de l’auteur.
 Vivacité, Billet du confinement de Thomas Gunzig dans"Le 6-9 ensemble", La
Plume de Thomas Gunzig : C'est tellement si simple de dire "Merci"! : source
fiable, il s’agit d’un billet d’humeur écrit par Thomas Gunzig.
 Wikipédia : encyclopédie participative en ligne, donc sujette à caution. Toutefois, les
sources indiquées sont nombreuses (14), et l’une renvoie à une interview de l’auteur
(François Tefnin et Brigitte Gerard, Thomas Gunzig : bizarre, vous avez dit bizarre...,
in Entrées libres, no 28, avril 2008, p. 8–9). Enfin, le site n’indique aucune défiance
vis-à-vis des informations données (pas de message de mise en garde au début de
l’article).
Lexique :
Bibliographie :
 Sources internet
Babelio, Rocky, dernier rivage, sur https://www.babelio.com/livres/Gunzig-Rocky-
dernier-rivage/1537808 , consulté le 20/02/24
Bela, le site de la création et des métiers, Thomas Gunzig, ÉCRIT / SON / AUDIOVISUEL
/ SPECTACLE VIVANT, sur file:///C:/Users/Home/Downloads/Thomas%20Gunzig.pdf,
consulté le 14/02/24
Bookalicious, interview de Thomas Gunzig : Dans l’écriture, une bonne part de l’affaire
relève de l’intuition, le 13/11/23, sur https://www.bookalicious.fr/articles/interview-
thomas-gunzig , consulté le 19/02/24
Hanser Amélie, CONSEILS D'ÉCRITURE, Le lieu d’action: le huis clos, sur
https://www.amelie-hanser.com/le-lieu-daction-le-huis-clos/ , consulté le 20/02/24
Le Monde, Une week-end à Bruxelles, proposé par l’Office belge de tourisme Wallonie-
Bruxelles, Interview de Thomas Gunzig, écrivain et chroniqueur belge sur
https://www.lemonde.fr/un-weekend-a-bruxelles/article/2016/10/17/interview-de-thomas-
gunzig-ecrivain-et-chroniqueur-belge_5014846_5004682.html , consulté le 18/02/24
Librairie PAX, Rocky, dernier rivage, sur
https://www.librairiepax.be/livre/9791030706055-rocky-dernier-rivage-thomas-
gunzig/#targetDetail , consulté le 20/02/24

Loumé Ugo, Les univers du livre, Actualité, Rocky, dernier rivage de Thomas Gunzig
bientôt adapté au cinéma, sur https://actualitte.com/article/113385/adaptation/rocky-
dernier-rivage-de-thomas-gunzig-bientot-adapte-au-cinema , consulté le 19/02/24
RTBF, La Première, le Mug du 05/09/23, 'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un
récit déroutant sur le monde d'après, sur https://www.rtbf.be/article/rocky-dernier-rivage-
de-thomas-gunzig-un-recit-deroutant-sur-le-monde-d-apres-11251041 , consulté le
16/02/24
Université de Namur, Thomas Gunzig : « Le roman permet de labourer l’imaginaire en
profondeur », interview réalisée par Manon Houtart pour la rubrique "L'invité" du
magazine Omalius #28 le 30 mars 2023 sur
https://newsroom.unamur.be/fr/actualites/thomas-gunzig-le-roman-permet-de-labourer-
limaginaire-en-profondeur , consulté le 18/02/24
Vivacité, Billet du confinement de Thomas Gunzig dans"Le 6-9 ensemble", La Plume de
Thomas Gunzig : C'est tellement si simple de dire "Merci"!, sur
https://www.rtbf.be/article/la-plume-de-thomas-gunzig-c-est-tellement-si-simple-de-dire-
merci-10473664 , consulté le 18/02/24
Wikipédia, Thomas Gunzig, https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Gunzig, consulté le
14/02/24
 Vidéos et photos
Librairie Mollat, Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, sur
https://www.youtube.com/watch?v=zJ6cQNpim00 , consulté le 16/02/24
Radio bxl, Le brunch de Pierre Beaudot et Charlotte Maréchal, interview de Thomas
Gunzig sur son dernier roman « Rocky, dernier rivage » le 04/09/23, sur
https://bx1.be/radio-chronique/linvite-du-brunch-thoma-
gunzig/?fbclid=IwAR3vTkbytKtMdLGsUeQfe02YKc8LY01K149BR8iMF3ltgpYjZJNQ
T_uxNtc , consulté le 16/02/24

RTBF, La Première, le Mug du 05/09/23, 'Rocky, dernier rivage', de Thomas Gunzig, un


récit déroutant sur le monde d'après, sur https://www.rtbf.be/article/rocky-dernier-rivage-
de-thomas-gunzig-un-recit-deroutant-sur-le-monde-d-apres-11251041 , consulté le
16/02/24
 Livre
Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, France, Editions Au diable vauvert, 2023, p
 Article
François Tefnin et Brigitte Gerard, Thomas Gunzig : bizarre, vous avez dit bizarre..., in
Entrées libres, no 28, avril 2008, p. 8–9
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