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Traduction : Mika, Relecture : Flex

Mise en page : VanReignard

À la demande de la très honorable Championne du Clan Matsu, j’entreprends de relater


par écrit le déroulement de l’assaut le plus récent que les soldats Daidoji ont mené contre notre
défense sans faille. Que les historiens des temps à venir retiennent les enseignements des ruses de
nos ennemis et de l’efficacité de notre discipline inébranlable.

L’attaque commença il y a deux jours, au crépuscule, au moment où les rayons d’Amaterasu


s’accrochaient encore à la canopée et que les vents mordants tentaient de nous tenir à l’écart des
remparts. Le noble et habile Daidoji Uji menait ses soldats vers le mur sud, où plusieurs d’entre eux
levèrent leurs arcs pour décocher trois volées de flèches sur nos hommes. Ils visaient juste, mais un
seul de nos ashigaru tomba, car nous avions repéré leur avancée, ce qui nous permit de nous mettre
facilement à couvert derrière nos murs. Comme nous nous y attendions, leurs tireurs n’avaient pour
but que d’affaiblir nos défenses pendant que les guerriers de Daidoji Uji, vêtus d’armures lourdes,
approchaient à l’assaut de nos portes. Les préparatifs de la Quatrième Légion Matsu devinrent
bientôt manifestes lorsque les attaquants découvrirent que l’entrée était imprenable en raison des
lances qui avaient été retranchées et cachées devant. Plutôt que risquer leurs vies en tentant de se
déplacer entre les pieux acérés que nous avions installés, les Daidoji choisirent immédiatement de
battre en retraite.

Leur repli fut rapide et bien organisé, chaque samouraï prenant place à côté de ses
compagnons, de telle manière que nos archers ne trouvèrent aucune vulnérabilité à exploiter.
Cachés derrière les meurtrières du palais, ils attendaient le bon moment pour mettre à mort les
guerriers Daidoji mais ne trouvèrent aucune faiblesse dans leurs armures lourdes ou dans leur
discipline. Pendant ce temps, les archers Daidoji, qui avaient forcé nos gardes à se mettre à couvert,
assombrirent de nouveau le ciel de leurs traits, chacun d’eux décochant six ou sept flèches contre
nos troupes. Cette fois-ci, quatre de nos ashigaru tombèrent, car dans notre hâte de pourfendre
l’ennemi en déroute, nos archers se placèrent à portée des vétérans Daidoji.

Avec le recul, il apparaît clairement que cet assaut sur nos portes, le troisième rapporté
à ce jour, n’avait pas pour dessein d’être le principal coup porté par Daidoji Uji pour reprendre le
palais. Ses soldats étaient trop bien préparés à reculer et leurs archers trop bien coordonnés avec
les mouvements des samouraïs assaillants pour être autre chose qu’une feinte dans l’attente de nos
défenses. Ce constant fut d’autant plus évident après la tentative d’infiltration des fenêtres Nord
par cinq éclaireurs d’Uji, finalement repoussés par les réservistes Ikoma et mes propres lieutenants.
Si mes soldats n’avaient pris l’initiative de se préparer au combat, il est probable que nos pertes
auraient été bien plus lourdes que dix ashigaru et quatre samouraïs passés au fil de l’épée des
infiltrés.
Les Daidoji parvinrent à accéder au palais par les fenêtres Nord-Est au deuxième étage,
ouvrant sur une pièce qui servait autrefois de dōjō pour un quelconque artiste. (Il s’agit actuellement
d’un autel dédié à l’esprit du vénérable Akodo Arasou.) Il n’aurait pas dû être possible d’escalader
ce mur avec si peu de lumière, mais les intrus avaient une connaissance intime de la paroi et
étaient équipés de tegaki, ce qui leur permit de réaliser cet exploit. Personne n’était dans le temple
lorsqu’ils forcèrent le verrou et entrèrent, bien qu’un grand nombre de nos soldats fussent occupés
à se divertir et à se reposer dans des pièces adjacentes.

Une de nos ashigaru, une femme du nom d’Emiko, entendit un bruit suspect lorsque les
éclaireurs sortirent du temple et ordonna à ses camarades de prendre les armes. Ils ne tardèrent
pas à trouver les infiltrés et à les intercepter seuls pour barrer la route aux soldats Grue avant
qu’ils n’envahissent tout le château, mais tous furent tués au combat. Grâce à leur bravoure, les
intrus furent suffisamment retardés pour qu’un messager vienne m’alerter de leur présence, me
permettant ainsi de mener une contre-attaque pour en venir à bout. En ce qui me concerne, je n’ai
pas pu terminer le repas que j’avais pourtant pris plaisir à préparer plus tôt dans la soirée. Bien que
notre champion supervisât la déroute de l’attaque sur nos portes et que ma présence ne fût pas
requise, je ne pus m’empêcher de revenir vers l’armure que j’avais ôtée une heure plus tôt après
mon service. Suivant ce moment de lucidité, que l’esprit révéré d’Akodo Arasou m’apporta en guise
d’avertissement j’en suis certain, j’ai pris sur moi de m’assurer que l’assaut de Daidoji Uji ne recelait
aucune traîtrise. Armé seulement de mes épaulettes et de mon sabre, je m’aventurais dans les
murs du château à la recherche de quelque méfait. Voilà ce qui me mit sur le chemin du messager
ashigaru et par conséquent sur celui de nos sept samouraïs et nos douze ashigaru piégés par les
intrus Daidoji avant que je ne les chasse.

Ainsi prit fin la sixième défaite des forces Daidoji au cours du dernier mois depuis le début
du siège. Nous sommes nombreux, eux ne comptent que quelques hommes. Très bientôt, ils ne
seront plus en mesure de convoiter le château d’où la Championne Matsu les a glorieusement
chassés. À mesure que l’hiver s’installera, les plaines seront trop inhospitalières pour accueillir leur
campement et les logisticiens Ikoma auront tôt fait de nous approvisionner pour la saison froide.
Chaque bataille où nous les repoussons confirme la puissance inébranlable du Clan du Lion. Même
ceux qui croient avoir vaincu notre champion ne peuvent nier ce fait. Avant la fin de l’année, la
querelle qui oppose Dame Matsu et les stupides Kakita sera enfin résolue, car Matsu Tsuko fera la
preuve de sa force devant l’Empire d’Émeraude.

Écrit le vingt-quatrième jour du mois de Shinjo,


Akodo Zentarō,
Commandant des armées du Clan du Lion

Illustrations :
- Bannière : Pavel Kolomeyets
Cette nouvelle n'aurait pu être traduite sans le soutien financier de :
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Djehar,
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Evinrude,
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Jerome le Tanuki des Kamis,
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