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135828

Dans le monde
Esprits.
Car

UE
OTHEQ DÉMIE ES
BIBLI DE L'ACA NE D
G
S SA
MA
s ARTS DE LYON
nd
Fo ! 7
CE S
SCIEN , B.

Lec
t.joon . Iv
ers ,
Juin
1877
CHRYSANTHÈME. 109

Car, c'est - dans la fui te du jour

temu rilen. Lent.

La dernière fleur de l'autom ne Que j'offre à mondernier a .

rubato Suivez suivez

Led. Lev. Led.

mour!
Lent

Led.
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réservés pour tous pays.

amLigst
DANS L MONDE

NE
S AGE
dCe ASs SPRITS
AE DE S
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-LA DE YA

E temps im- pitale possède << sa Société de scier


DEmémorial , psychiques >>. ‫ל‬
les Esprits ont Pour la première fois, des sava
joué un rôle se sont mis à « contrôler » les app
dans la vie tions, les pressentiments , les mais
des hommes hantées et les meubles en mouver
et jusque
dans l'his- Un chimiste éminent, M. Willia
toire. Crookes, qui découvrit le thallium
L'ombre mit sur la voie des rayons Roentge
de César as- président de la Société Spirite
sassiné n'ap- Londres, et pris l'initiative de
travaux.
paraît-elle pas ,
raconte-t-on, la A première vue , le spiritisme
veille de la ba- manifeste de mille façons et se divi
ALLAN-KARDEC, PROI HÈTE en mille sectes. Toutefois , d'après l'e
DU SPIRITISME MODERNE. taille de Philip-
pes à Brutus semble de la doctrine, les âmes d
(Cliché Tissier aîné. ) épouvanté? morts seraient les causes de tous les pl
En 1850, un nomènes observés ; elles adopteraie
nommé Rivail, simple teneur de livres, pour se manifester, des guéridons,
qui se fit appeler par la suite Allan- tablettes, des corbeilles, de simp
Kardec, devint le prophète du spi- porte-plumes, s'installeraient me
ritisme moderne en France . Depuis sa dans le corps des vivants pour p
mort en 1869, son successeur M. Ley- par leurs bouches et laisseraien
marie, qui a bien voulu nous commu- leur présence, co souvenirs, "
niquer certaines des photographies apports, c'est-à-d des objets
qui illustrent cet article, s'est efforcé de tériels qu'elles transporteraient '
diriger le spiritisme dans une voie ne sait comment. Elles consentirait
plus expérimentale. même laisser photographier,
Les fantômes nouveaux ont des montranus une forme suffisamme
prétentions scientifiques, et chaque ca- palpable pour permettre des moulag
La gravure que nous donnons dans notre en-téte est la reproduction d'une photographie de K
King, le fantôme de Florence Cook, observé par William Crookes. — Cette photographie a
communiquée par M. Leymarie, directeur de la Librairie Spirite, 42, rue Saint-Jacques.
DANS LE MONDE DES ESPRITS. III
de pieds et de mains de fantômes ! peut admettre qu'ils ont permis d'en-
Comment, suivant la doctrine spi- trevoir une sorte d'électricité humaine,
ite, les esprits opèrent-ils tous ces capricieuse comme toutes les énergies
rodiges ? mal (tudiées . En tout cas, ces hommes
Tout d'abord , il est hors de dote ou ces femmes, qui ont accompli à peu
u'aucun phénomène n'a lieu sans l'in- près les mêmes exploits, laissent aux
rvention d'un médium, c'est - à - dire sceptiques un vif désir de trouver une
une personne qui sert d'intermédiaire solution à ces problèmes ; ils ne la don-
ntre les vivants et les morts . nent pas.
Les théoriciens de la doctrine spi- Ah ! qui découvrira le médium
te expliquent les faits qu'ils provo- qui ne fasse pas son métier pour de
uent par l'hypothèse d'un préesprit. Ils l'argent, qui ait une conscience pure,
entendent par là que l'homme honnête, et que l'on n'ait jamais
serait << trois » et non pas pris la main dans le sac ? Il ne s'en
<< deux ». Entre l'âme et est pas encore rencontré de
s, ces frères enne- pareil, parmi du moins les
1... lon le mot char- plus illustres.
mant de Musset, se Hume, comme Flo-
trouverait le préesprit, rence Cook, fut exa-
que l'âme, après miné par William
mort, emporte- Crookes. Le don qui
it avec elle ; il lui semble parti-
ui servirait de vé- culier et qui l'a
icule et de moyen laissé en Europe
'action sur les ob- sans nombreux
ts matériels et émules , c'est la
1 les vivants .
lévitation ; Hume
De plus, une prétendait s'élever
certaine catégorie au-dessus du sol
de personnes (des (certains dervi-
femmes en particulier) ches de l'Inde ont,
urait le don de prê- dit-on, le même privi-
ter aux morts un peu lège de s'affranchir des
leur propre pré- lois de la pesanteur) . Il
sprit et faciliterait ainsi atteignait ainsi le plafond , où
d'une façon matérielle l'éclo- il prenait une attitude hori-
sion du miracle. LE MÉDIUM zontale. Quant à Slade, il fut
Jusqu'à présent les sa- EUSAPIA PALADI..O. célèbre surtout par le jeu des
vants en jugent autrement. ardoises. Entre deux ardoi-
MM . Pierre Janet, Lombroso, Max ses ficelées et cachetées où avait préa-
Nordau considèrent tout médium lablement été placé un petit mor-
comme un malade dont le système ceau de craie, une force se mettait
rveux est dégénéré. en mouvement, écrivant des réponses
Quoi qu'il en soit, il n'est pas de aux questions proposées, et cela en
ble tournant maison hantée, ni diverses langues . Ce tour psychique
ême de p₁ graphie spirite sans a été depuis très imité par plusieurs
médium ». Les médiums les plus célè- prestidigitateurs .
bres sont Hume , Slade Eglington, Le médium célèbre aujourd'hui est
Florence Cook, la déjà fa se Napoli- Eusapia Paladino. Son histoire est des
taine Eusapia Paladin .st enfin plus romanesques. Napolitaine de basse
Mme Despérance qui serait, dit-on, le extraction , elle fut sans doute , dès
prodige de demain . l'enfance, bercée par les légendes des
Si les médiums ne réussirent jamais jettatori. Elle a bien le type de son
à démontrer la réalité des esprits, on pays : petite, grasse, susceptible, volon-
112 LECTURES POUR TOUS.
taire, tendre, rusée aussi. Ses cheveux frère de Katie King,
noirs encadrent à souhait le rictus lé- autre fantôme à qui
gèrement démoniaque qui accompagne William Crookes fit
ses phénomènes . une réputation, et
Sa destinée , pareille à celle des an- qui d'ailleurs a été
tiques sorcières, fut tissée avec des fils mieux contrôlé.
d'épouvante. Son père fut assassiné par Le chevalier
des bandits. Elle-même, en revenant Chiaia fut le pre-
de Varsovie, fut dévalisée et conserva mier à par-
de cette aventure une impression terri- • ler d'Eusa-
fiée. Quand elle se couche, elle a cou- pia. Il ra-
tume, comme les enfants, de laisser sa contequ'elle
porte ouverte, « afin qu'on puisse la se- était attein-
courir ». Depuis l'âge de sept ans, des te d'une ma-
hallucinations la poursuivent le jour et ladie d'yeux
la nuit. très grave
Sa médianité éclata en elle entre lors que
treize et quatorze ans . Mais c'est à vingt- John King PESE-LETTRES DONT EUSAPIA A
deux ans seulement qu'Eusapia, incon- la guérit. FAIT MONTER L'AIGUILLE DE
sciente jusqu'alors, se « convertit » aux Les savants 15 GR. SANS LE TOUCHER.
révélations de son propre mal. Elle se qui , depuis,
prétend conduite, conseillée et secondée, expérimentèrent avec elle, M. Ockoro-
dans les prodiges qu'elle semble accom- wicz à Varsovie , M. Lombroso en Italie ,
plir, par « son esprit familier »> , John MM . Charles Richet, Dariex, de Rochas,
King. Ce John King serait le père ou le en France, MM . Siedvieg, Myers , en
Angleterre, ont assuré qu'Eusapia dé-
place des objets à distance sans con-
tact, et fait vibrer des instruments
de musique sous des doigts invisi-
ples.
Insistons sur deux expériences
obtenues sous le contrôle d'hommes
sérieux et prudents, dans de très bonnes
conditions.
En état de transe, Eusapia pèse
tout d'abord 8 kilos de moins qu'en
l'état ordinaire ; une balance romaine
en a témoigné. Puis, en plein jour,
sans possibilité de ruse, elle a pu faire
monter de 15 grammes l'aiguille d'un
pèse-lettres, simplement en faisant un
geste vers lui.
Expliquons la dernière de ces ex-
périences :
M. le colonel de Rochas, adminis-
trateur de l'École Polytechnique, l'a ra-
contée telle qu'elle fut réalisée chez lui
dans son château de l'Agnélas, où Eu-
sapia passa une quinzaine de jours ;
M. Dariex, de son côté, m'a donné sur
cette séance d'intéressants détails. Un
des invités eut tout à coup l'idée
du pèse-lettres, Eusapia n'y était pas
JOHN KING, ESPRIT FAMILIER D'EUSAPIA PALADINO. préparée. Il apporta ie petit instru-
DANS LE MONDE DES 'ESPRITS. 113
ment, et deux fois elle l'influença sans du second contrôleur qui doit ne jamais
le toucher. On supposa qu'elle pouvait la perdre de vue et ne pas la lâcher une
se servir d'un de ses cheveux subreptice- seconde, même dans l'obscurité. Or
ment arraché. Et l'on recommença en Eusapia s'agite beaucoup. Cela est,
trichant avec un cheveu. Le cheveu était paraît-il, nécessaire au phénomène, pour
visible, tandis que lorsque Eusapia le dégagement de la force réputée mys-
opérait, on n'avait rien vu . térieuse dont elle déborde. Quand,
Cela veut-il dire que le problème épuisée, elle craint de ne pas réussir
soit tout à fait résolu ? Non certes , car une expérience, elle tente de simuler.
Eusapia est elle-même un problème. Tout le jeu consiste à faire converger
Sincère et trompeuse, bon médium , les deux surveillances sur la même
passablement prestidigitatrice, elle se main. Eusapia a ainsi une main libre
montre tout cela à la fois. Elle trompe, qui va où il lui plaît, et, comme on
mais quand on la met dans l'impossibi- peut s'en douter en examinant sa car-
lité de tromper et que le phénomène rure dans les portraits ci- joints , elle
s'accomplit, le phénomène n'en reste peut faire beaucoup avec cette seule
pas moins probant. main.
Racontons donc un des trucs d'Eu-
APLAA Les séances alternent, bonnes ou
LED sapia. Vous verrez ci-contre une des mauvaises, selon, sans doute, les in-
HER expériences de lévitation exécutées par fluences ambiantes et l'état physiolo-
elle.
kore Le médium est assis à l'un des gique du sujet.
Italie bouts de la table. Un des observa- Il est temps d'en venir aux
Ochas teurs a la main posée sur les genoux matérialisations et aux médiums
s, et d'Eusapia ; l'observateur de droite et Florence Cook, Eglington et Mme Des-
iade celui de gauche tiennent chacun une pérance qui en sont les instruments.
CO main du médium. La table se soulève Rappelons les célèbres expériences de
ment de 10 à 20 centimètres, parfois même William Crookes. Avec Mlle Cook, âgée
nvis de 70 centimètres . de quinze à dix-sept ans, il affirme avoir
Eusapia ne << truque-t-elle » pas ? obtenu pendant trois ans l'apparition
ience Ne pourrait-on attribuer aux pieds du d'un fantôme en chair et en os qui par-
médium un rôle suspect ? M. Richet a lait, chantait, marchait, jouait, dans
mme
onne employé pour contrôler les expériences la maison avec les enfants . C'est
un instrument d'alarme très bien com- ce fantôme dont la charmante pho-
biné. M. Dariex,
pes plus méfiant, va
qu'e jusqu'à négliger les
main résultats qui pour-
jour raient être attri-
1 fain bués aux pieds, tant
: d'u sans doute ils sont
int un agiles .
On sait encore
es er qu'Eusapia arrive,
si la surveillance
ninis n'est pas très atten-
l'at tive, dégager une
ezk de ses mains. Voici
ùE comment elle pro-
cède. L'une est sé-
jours. rieusement tenue
nés
S. l. par un des obser-
l'ide vateurs, l'autre est TABLE SOULEVEE SANS CONTACT PAR EUSAPIA PALADINO.
seulement mise en
it p Eusapia est à un des bouts de la table. Les deux contrôleurs lui tiennent une
nstr contactavec la main main; de plus, l'un d'eux a son autre main posée sur ses genoux.
7
114 LECTURES POUR TOUS.

sachant qu'elle
venait express amb
ment pour sub gran
de rigoureux cexsont
trôles scient dans
ques ; quant ses ja
imaginer , dist, gra
que la Katie K pus
des trois der visiteu
res années es vie. J
résultat d'e noire,
imposture , celant
fait plus de habille
lence à la portait
et au bon emarq
que de cr affec
qu'elle estbans.
qui e intr
elle ner
AUTRE EXPÉRIENCE DE TABLE SOULEVÉE PAR EUSAPIA Le sa Le
FAITE AU CHATEAU DE L'AGNÉLAS miste se denture d
Les contrôleurs gardent d'une main le contact avec une des mains si cette Katie » po
d'Eusapia, de l'autre ils maintiennent ses genoux et sa seconde main. une omb . 1 M.
reflet pensa le
tographie orne l'entête de cet article. un être réel. Il faut laisser ici la 7 vas
Tandis que Mlle Cook s'endormait à M. William Crookes. « Pensant ession
dans un cabinet attenant à la salle si je n'avais pas un esprit auprès de
de séances, Katie King, le fantôme il y avait tout au moins une dame,
en question, se présentait aux assis- tinue-t-il, je lui de- mandai respectu
tants nombreux et souvent illustres. sement la permission de la pre
Elle fut photographiée en même temps dans mes bras.... Cette permission
que Florence Cook et William Crookes, fut gracieusement octroyée, j'en
ce qui détruit l'hypothèse d'après convenablement, comme tout hom
laquelle le médium et l'esprit ne bien élevé l'eût fait dans ces circ
seraient que les deux rôles de la même tances.... Le fantôme ( qui du res
personne. fit aucune résistance) était un être
<< Vraiment, disait M. Crookes dans matériel que Mlle Cook elle-même
son livre sur la Force psychique, je ne Malheureusement les essais
crois pas que Florence ait pu mener depuis ne semblent pas auss
une fraude à bonne fin : elle eût été très cluants.Pourtant le professeur Ak
promptement découverte, car la fraude l'expérimentateur principal don
est tout à fait étrangère à sa nature. allons parler (il nous a été de
<< Quant à imaginer qu'une inno- le voir à son récent passage à
cente écolière de quinze ans ait été un homme des plus remarqu
capable de concevoir et de mener pen- des mieux qualifiés pour étudier ces
dant trois ans une aussi gigantesque nomènes. Son livre Animisme
imposture que celle-ci, et que pendant ritisme jouit d'une véritable pop
ce temps elle se soit soumise à toutes Il est maintenant retiré de la lut
les conditions qu'on a exigées d'elle, yeux las ne lui permettant plus ces
qu'elle ait supporté les recherches les licats travaux.
plus minutieuses, qu'elle ait voulu être Voici comment le professeur
inspectée à n'importe quel moment, conte une des remarquables séance
soit avant, soit après les séances, qu'elle qu'il dirigea .
ait obtenu encore plus de succès dans «Eglington, endormi dans l'obscurit
ma propre maison que chez ses parents, projeta hors de lui une matérialisation
menc
DANS LE MONDE DES ESPRITS. 115
que voix dit : « De la lumière ! » Le
expnésium flamba. Je vis avec stupé-
our on une grande forme embrassant
regton de son bras gauche. Eglington
Scieplongé dans l'extase et se tenait à
quas sur ses jambes. J'étais assis à
, pas, et, grâce à l'éclat du magné-
atie je pus étudier parfaitement
5 dage visiteur. C'était un homme
es de vie. Je distinguai sa figure,
t dbe noire, ses sourcils épais, ses
e, incelants qui fixèrent la flamme.
de habillé de blanc de la tête aux
a portait une espèce de turban, car
on remarquer que les fantômes pa-
cit affectionner particulièrement
espans.
nton Amérique, le Dr Gi-
et M. Aksakoff en Rus-
Stenu des « matérialisations >> ,
eillire des apparitions assez << pal-
ie » pour qu'elles aient pu être
M. Zoellner raconte qu'il réus-
le médium Slade, à prendre,
vase plein de fleur de farine,
nt ession d'une main . Eusapia obtint
de
e, LANGUE DE FEU EXTÉRIORISÉE PENDANT UNE EXPÉ
ect RIENCE DE TABLE TOURNANTE.
re
on (Expérience de M. le professeur Aksakoff.)
1
om de même le moule de la tête de son
soi-disant guide John King. Ces moula-
ges, qui laissent rêveurs tous les curieux ,
enthousiasment les croyants.
Nous donnons ci-contre la repro-
duction d'une de ces mains d'esprit
matérialisée et sur laquelle, comme pour
augmenter le miracle, se trouve le relief
d'une croix, qui semble d'ailleurs visi-
blement attachée entre l'annulaire et le
médius.
Avec le spiritisme, serions-nous
donc tout simplement les dupes d'une
mystification tantôt grossière, tantôt
habile, ou bien ces phénomènes sont-ils
réellement possibles et ont-ils un ave-
nir scientifique ?
Nous croyons qu'il ne faut pas en-
core trop se presser. Nous n'avons pas
classé un assez grand nombre de faits
bien constatés ; formuler des lois géné-
COMMENCEMENT DE MATÉRIALISATION rales serait encore imprudent. Cepen-
D'UN FANTOME. dant on peut dire déjà qu'il n'est pos-
sible d'attribuer l'ensemble de ces
Expérience de M. le professeur Aksakoff)
116 LECTURES POUR TOUS.
prodiges petits et grands ni à l'halluci- phié, non pas des «esprits » , ce qui serait
nation, ni à la simulation préméditée trop demander, mais les pensées des
ou spontanée. vivants, ce qui est encore prodigieux .
Certainement il y a beaucoup de tri- Le spiritisme, en tant que croyance,
cheries et beaucoup d'illusions dans la a déjà vieilli ; il n'en garde pas moins
plupart des essais spiritiques ; mais il d'innombrables adeptes qui trouvent de
n'y a pas que cela. Il ne me paraît pas douces consolations à penser que l'âme
du tout scientifiquement démontré que de nos chers disparus est immortelle
des esprits extérieurs aux nôtres soient près de nous, c'est-à-dire prête à con-
en jeu ; mais il est déjà à peu près sûr verser avec nous, à nous donner des
que nous possédons en nous-mêmes bien conseils, à recevoir nos tendres souve-
des forces que nous ignorons encore. nirs. De plus , cette âme immortelle,
L'alchimie a créé la chimie, le magné- après cette période en quelque sorte
tisme l'hypnotisme, le spiritisme pro- négative, reviendrait sur la terre, se
duira, a produit, on peut dire, les scien- réincarnerait bien ou mal selon les
ces psychiques. La « force psychique » vices ou les vertus de sa vie précédente.
de Crookes sera sans doute bientôt En résumé, la foi spiritique est très
classée parmi les énergies nouvelles. ébranlée chez ceux dont l'esprit cri-
Les expériences de M. de Rochas tique est développé. Ceux-là se con-
et du docteur Baraduc confirment cette tentent d'examiner le phénomène avec
hypothèse d'une électricité humaine curiosité et espèrent qu'une vérité nou-
dont nous parlions plus haut. M. de velle va être découverte, que quelque
Rochas a démontré que la faculté de loi encore méconnue sera formulée.
sentir et celle de se mouvoir peuvent Et cela ne serait pas un des moins
<< s'extérioriser », se manifester près de beaux fleurons de la couronne scientifi-
nous,et le docteur Baraduc a photogra- que de notre siècle.

JULES BOIS.

MATERIALISATION DE MAINS D'ESPRIT.


Sur l'une des mains on voit une croix en relief.
Hagioterapi
A
Hagio Merapi
Aut.yen .s.Theran. & uit
1904 .
BULLETIN 483

aussi les Assyriens et les Babyloniens , connaissaient et mettaient


en pratique le biberon . Il paraît que les nourrices de la Grèce
qui voulaient donner à boire à leurs nourrissons , se servaient
d'un petit vase ou plutôt d'un petit entonnoir de forme oblongue
qu'elles remplissaient de lait additionné de miel . Près de la ville
de Cantorbéry existe un vieux cimetière romain du Saint-
Sépulcre, où l'on a découvert , en faisant des fouilles, un biberon
en terre cuite rouge enfoui près du sarcophage d'un enfant en
bas âge.
Enfin , M. Mosby a déchiffré , sur l'un des vases grecs du grand
musée de céramique et de sculpture antiques de Londres , une
inscription qui ne laisse pas prise à l'incertitude sur l'usage auquel
ce vase était destiné : c'était un biberon . Or , ce biberon date du
VIIe siècle avant l'ère chrétienne. Comme quoi tout n'est qu'un
éternel recommencement ; comme quoi nous n'avons rien inventé,
pas même le biberon !

L'exposition de Saint-Louis nous réserve , dit-on , des surprises :


il y aura un «< médecin automatique » . L'innovation consistera
en ceci : Le malade monte sur une machine analogue aux distri-
buteurs et balances automatiques que nous connaissons bien .
Il place son poignet gauche dans une sorte de griffe qui lui
tâte mécaniquement le pouls pendant qu'une horloge compte
soixante secondes. La machine enregistre ce résultat ; puis elle
place automatiquement un thermomètre sous la langue du patient
et prend la température qui vient s'inscrire aussi sur le ticket
ayant enregistré le pouls . Finalement au dos du ticket s'imprime
l'ordonnance à suivre pour guérir la maladie , et il n'en coûte ,
comme on dit, pas même un petit écu . Formons un seul souhait
prophylactique : c'est que le thermomètre UEplacé sous la langue
OTHEQ
soit fréquemment nettoyé . BIBLI DE SÃO,DANI
E
90* AN

nd
Fo S
N C E
SCIE ,
484 CHRONIQUE

Les étalages dont les magasins français , et spécialement pari-


siens , encombrent les trottoirs est , dit le Correspondant médical,
une des coutumes les plus mauvaises et contre laquelle on ne
saurait trop protester ; surtout quand il s'agit de victuailles et de
provisions de bouche : c'est une pratique émineminent malsaine .
Les épiceries ont copié les magasins de nouveautés : fruits ,
légumes , gibier , beurre et fromage , accumulés par monceaux à
grands paniers ouverts encombrant le trottoir , reçoivent la pous-
sière que soulève le piétinement continu des passants, et avec
elle des bacilles de la tuberculose , de la pneumonie , etc.
De plus , les locataires des étages supérieurs ne se gênent point
pour secouer leurs tapis au-dessus des passants et des étalages .
Enfin , il est rare que la surveillance soit assez active pour empê-
cher les chiens de lever la patte sur les sacs .
Épiciers, bouchers et charcutiers n'y voient qu'un avantage
pécuniaire , celui d'attirer le client par la provocation de la mar-
chandise accumulée et étiquetée à bas prix . Il faudrait les obliger,
une fois pour toutes , à renfermer leurs marchandises dans les
magasins qu'ils ont loués dans ce but.

CHRONIQUE

Etude de l'Hagiothérapie.
Incantations et prières ,

par le Dr JULES RÉGNAULT .

Dans ses intéressantes chroniques , le Dr Cabanès nous


montre l'emploi thérapeutique , chez les Égyptiens , les Grecs
et les Romains , de pratiques magiques ou religieuses ana-
logues à celles qu'on retrouve chez les thaumaturges du
ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 485

moyen âge et même chez ceux des temps modernes . Les


incantations et les prières en particulier se rencontrent chez
tous les peuples , et chez tous les peuples on leur attribue les
mêmes vertus . Nous croyons bon de résumer ici les princi-
pales pratiques de ce genre observées en dehors de l'Égypte ,
de la Grèce et du monde romain , et d'examiner rapidement
à quoi est due l'universalité de ces pratiques .
Pour les Hindous de la période védique , les maladies
étaient provoquées par de méchants esprits introduits
indûment dans les organes ; les formules d'incantation ne
manquaient pas pour les chasser , en voici une que nous
empruntons au Rig-Veda :
<< De tes yeux , de ton nez , de tes oreilles , de tes lèvres ,
de ta cervelle , de ta langue , j'enlève la maladie qui attaque
la tête .
« De ton cou , de tes nerfs , de tes os , de tes jointures , de
tes épaules , de tes bras , j'enlève la maladie qui attaque le
haut du corps .
<< De tes intestins , de ton fondement, de ton ventre , de
ton cœur , de tes flancs , de ton foie , de tes chairs , j'enlève
la maladie (1 ). »
Plus tard , les incantations sont employées non seulement
pour guérir des malades , mais encore pour assurer aux
amoureux des succès dans leurs entreprises : au xve siècle
le poète Koullianmoul donne dans l'Anourga Rounga des
vers magiques pour fasciner les hommes .
Les incantations avaient beaucoup plus d'action si elles
étaient accompagnées de sacrifices ou si elles étaient faites
par des ascètes .

(1) Rig- Veda, section VIII , lecture VIII , hymne XXI , 1 , 2 , 3.


486 CHRONIQUE

Au moyen de certaines pratiques de pénitence (tapa) et de


certaines invocations appelées mantras , les Brahmes pou-
vaient obliger les dieux à leur obéir , à frapper de maladie
ou à guérir tel ou tel homme.
Les Dwidjas et les Yoghis ont aussi recours aux prières ;
les premiers doivent en particulier répéter les mots Aum-
Bhur, Bhonouah, Svar, etc. , en se livrant à divers exercices
tendant à supprimer la respiration .
Quant au fidèle qui désire obtenir une faveur de Siva-tri- '
mourti, il égrène un chapelet en débitant la litanie dest
noms donnés au dieu : Maha- Deva ( grand dieu ) , Bhairava
(dieu terrible), Maha- Kala, etc. Un autre fidèle prosterné
devant la terrible Dourga ou la gracieuse Lachsmi songe
fortement à ce qu'il veut obtenir et actionne un moulin à
prières.
Les disciples actuels de Lao- Tse , Chinois ou Annamites ,
ont à chaque instant recours aux incantations , car le taoïsme
est devenu une curieuse religion formée par l'amalgame
de superstitions grossières avec les doctrines métaphy-
siques assez élevées prêchées par Lao -tse .
Primitivement les disciples de Çakya- Mouni repoussaient
les superstitions, ce fut l'une des causes de déchéance du
boudhisme dans l'Inde ; plus tard l'une des deux principales
écoles boudhiques , l'école Maha-Yana ou du grand dévelop-
pement, accepta et protégea toutes les pratiques supersti-
tieuses des peuples parmi lesquels elle recrutait des adhé-
rents , Chinois , Annamites , Japonais. Aussi , en Chine et en
Indo-Chine , taoïstes et boudhistes usent- ils largement des
prières et des incantations ; certaines pagodes ont une répu-
tation analogue à celle de Lourdes .
Les tchin-tchin, auxquels les malades ont souvent recours ,
ne sont que des incantations et des prières accompagnées
ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 487

de sacrifices ou d'offrandes à la divinité ou aux esprits . Le


sorcier, au milieu des détonations des pétards et du bruit.
des gongs , somme les méchants esprits , les Koei, d'aban-
donner les malades et de quitter le pays ; quelquefois il
pousse la prévenance à l'égard des Koei jusqu'à jeter dans
une rivière et à mettre à leur disposition un minuscule
bateau taillé dans le tronc d'un bananier.
La parole joue un grand rôle dans la magie sino - anna-.
Imite , car on lui reconnaît une action puissante sur les mau-
vais génies les Koei ou Ma- qui sont en effet très naïfs , ils
ajoutent foi à tout ce qu'ils entendent. Ils cherchent en tout
temps à faire mourir les beaux enfants , mais il est facile
d'user de ruse avec eux dans les premières années , on
évite de faire des compliments à un bébé ou de lui donner
un joli nom de peur d'attirer sur lui l'attention d'un Ma-qui .
Certains parents poussent même la précaution jusqu'à
donner à leurs enfants des noms grossiers et orduriers afin
de dégoûter les mauvais esprits . Avec des koei aussi cré-
dules quelle doit être la puissance des incantations !
Les paroles magiques sont employées dans divers autres
cas et en particulier pour charmer les morsures de serpents ;
nous avons assisté à une cérémonie de ce genre à Tien-Yen :
la sorcière faisait des incantations tout en traçant dans l'air
au- dessus de la morsure des signes mystérieux avec un
bâtonnet parfumé (hiang) qu'elle avait allumé dès le début
de cette séance magique ; elle terminait en crachant sur la
plaie.
Les incantations se sont développées en devenant de plus
en plus mystérieuses chez un même peuple à travers les
âges . On peut les retrouver à différents états chez différents
peuples d'une même époque, mais de civilisation très iné-
gale.
488 CHRONIQUE

L'incantation primitive , encore employée par certaines


peuplades australiennes , est constituée par le simple appel
du nom de la personne ou de l'esprit sur lequel on veut
agir ; elle est toujours accompagnée d'une pratique magique
à laquelle on attribue un grand rôle . On croit pouvoir tuer
un ennemi rien qu'en prononçant son nom , pourvu qu'en
même temps on brûle un os de mort.
Plus tard la formule magique se complique, les paroles
prennent de plus en plus d'importance . Chez les Assyriens
les conjurations ont presque la forme de la prière ; voici , à
titre d'exemple , le sixième verset des incantations dépréca-
toires de la tablette du palais royal de Ninive , qui présente
aussi l'avantage de nous donner l'énumération des prin-
cipaux maléfices redoutés à cette époque :
« Celui qui forge l'image ,
Celui qui enchante ,
La face malfaisante,
L'œil malfaisant,
La langue malfaisante ,
La lèvre malfaisante,
La parole malfaisante ,
Esprit du Ciel, conjure-le !
Esprit de la Terre , conjure-le ! »

Chez les Chaldéens , tout malade était tenu pour ensorcelé


et ne pouvait être guéri que par des incantations et des
conjurations plus ou moins complexes.
Plus tard , les paroles conservent encore généralement un
sens , mais sont considérées comme ayant une substance
matérielle : il en était ainsi , dans les runes , des incantations
des Scytiques et en particulier des Finnois , qui nous ont
laissé le Kalevala (1) .

(1) Kalévala, traduction Léouzon-Le Duc .


ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 489

Chez les Teutons , certaines de ces runes tout - puissantes


passaient pour ressusciter les pendus , d'autres inspiraient
l'amour aux jeunes filles (1) .
Cette idée que les paroles ont une substance propre s'est
également répandue dans le monde gréco - latin les diffé-
rentes doctrines du Logos et du Verbe en sont la preuve .
Chez les Slaves , les paroles magiques devaient être mur-
murées plutôt que chantées ; en tout cas , elles semblent
avoir joué un grand rôle en médecine ; dans l'ancien slave ,
en effet, nous trouvons le mot vrai qu'on a traduit en latin
par medicus, et qui vient de vruhati ( murmurer ) ; si nous
rapprochons de ces données ce fait que , dans le serbe , vraé
signifie à la fois incantation et médecin , nous pouvons
admettre que les Slaves avaient des sorciers à la fois incan-
lateurs et guérisseurs .
Plus tard enfin , les incantations sont constituées par un
assemblage de mots qui n'ont pas de sens connu . Au moyen
âge, en Europe et particulièrement en France , on attribual
tout pouvoir aux mots magiques et surtout aux mots caba-
listiques ; plus un mot était obscur ou extraordinaire , plus
il inspirait confiance . Actuellement encore, beaucoup de
gens croient à l'action de semblables formules : il n'y a pas
deux mois qu'une femme du monde , assez instruite , nous
demandait avec le plus grand sérieux si nous ne craignions
pas de nous damner, en faisant de l'hypnotisme et de la
suggestion à distance , étant donné que , pour obtenir des
résultats , nous devions certainement prononcer des mols
secrets ou cabalistiques plus ou moins diaboliques !
D'ailleurs , les sorciers de nos campagnes emploient tou-
jours des formules magiques et des incantations .

(1) Eddas (chant Sigurdfrida) , traduction Puget.


BULL. DE THÉRAPEUTIQUE. - TOME CXLVII. — - 13° LIvR. 13*
490 CHRONIQUE

Pour guérir les entorses , un empirique fait , avec son pied


droit, trois fois le signe de croix sur le pied malade , en
disant « In te, Domine, speravi , non confundar in æternum » ;
un autre fait les mêmes signes , en prononçant l'une des for-
mules suivantes , selon le cas : « Ante sperante super et sperante
te », pour les femmes ; « Ante sperante tum super et sperante
tum », pour les hommes.
Un sorcier arrêtera le sang qui coule de la blessure de son
voisin, en disant : « De latere ejus exivit sanguis et aqua . »
Il prétendra guérir les fièvres en prononçant ces paroles :
« Atque facilis tibi febris hæc sit, atque Mariæ Virgini Christi
Partus » et en disant ensuite en secret le psaume : Exaltabo
te, Deus meus rex.
Il pourra guérir parfaitement des verrues , en se con-
tentant de prononcer un mot magique il suffit que le
malade ait la foi ; tous ceux qui s'occupent de suggestion
savent qu'on a pu faire disparaître des verrues par l'appli-
cation répétée pendant quelques jours de plusieurs gouttes
de Aqua simplex , ou par l'ingestion de pilules de Mica Panis
ou de bleu de méthylène . Toutefois , il renforce générale-
ment sa suggestion en faisant accomplir au malade une
cérémonie magique :
« Voici , dit- il , une poignée de pois que je vous remets ;
prenez- la, jetez-la dans votre puits et éloignez- vous aussi
rapidement que possible ; si vous n'entendez pas les pois
tomber dans l'eau , vous verrez vos verrues disparaître très
rapidement. >>
Cette recette échoue - t- elle , il aura recours à un traite-
ment plus énergique . « Prenez, dira- t- il , un morceau de
gras de lard , frottez - en soigneusement toutes vos verrues ;
après quoi , allez enterrer ce gras de lard dans un lieu bien
isolé où vous soyez sûr que ni chat ni chien ne viendront le
ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 491

chercher. Au fur et à mesure que le lard , que vous aurez


enterré , pourrira, vos verrues diminueront et finiront par
disparaître . »
L'incantation est un mode ( de suggestion puissante sur
les esprits naïfs ; plus les mots sont étranges et dénués de
sens , plus ils paraissent mystérieux et plus ils sont actifs .
Ceux qui y ont recours savent quelquefois que ces formules
ne tirent leur valeur que de la crédulité de leur clientèle .
Un magicien cafre disait au missionnaire Moffat : « Il n'y a
que des hommes sages qui puissent être faiseurs de pluie
(sorciers), car il faut beaucoup de sagesse pour tromper un
si grand nombre d'hommes » , et il ajoutait finement : « Vous
et moi , nous savons ce qu'il en est. » Cependant , les sorciers
ou les thaumaturges qui croient à la puissance réelle de
leurs formules , sont peut- être les plus puissants , car ils
agissent avec une foi aveugle ; le fait qu'ils se livrent à
leurs pratiques avec conviction , entre pour beaucoup dans
l'action suggestive de ces pratiques . Ce n'est pas là une
constatation récente, elle a été faite dans les évangiles .
Jésus avait chassé le démon du corps d'un possédé , alors que
les apôtres n'y avaient pu réussir ; ces derniers demandèrent
pourquoi ils avaient échoué dans leur tentative d'exorcisme .
Jésus répondit : « A cause de votre incrédulité » , et il leur
donna le conseil de jeûner et de prier, ajoutant qu'avec la
foi , on soulèverait des montagnes (Evangelium secundum
Matthæum , chap . XVII) .
L'exorcisme n'est qu'une longue incantation dans laquelle
le prêtre réitère plusieurs fois à l'esprit malin l'ordre de
quitter son malade ; les ordres réitérés peuvent avoir une
action suggestive sur le malade qui comprend le latin et
qui croit à sa propre possession ; mais l'exorcisme doit avoir
une action tout aussi puissante sur le malade qui ne com-
492 CHRONIQUE

prend pas le latin et qui ne voit dans toute cette conjuration


qu'un assemblage de mots magiques au pouvoir merveil-
leux .
Nous regrettons de ne pouvoir rapporter ici en détail ,
comme nous l'avons fait dans la Sorcellerie ( 1 ) , tout le rituel
de l'exorcisme pour faire comprendre quelle peut être la
puissance de cette pratique. Il n'est pas besoin d'être un
grand << initié » pour saisir comment agit cette longue con-
juration , débitée en latin devant un malade, au milieu d'une
grande pompe , par un prêtre plein de foi . L'effet suggestif
doit être d'autant plus rapide et complet, que l'exorciste et
le malade se sont plus longuement et plus minutieusement
préparés à cette cérémonie .
Il y a déjà longtemps que de nombreux auteurs ont attri-
bué au pouvoir de l'imagination , c'est - à - dire à la sugges-
tion , l'action des reliques et des exorcismes.
• Pomponace avait osé écrire que « ceux qui ont recouvré
la santé par le culte des religions n'ont obtenu ce résultat
que par l'effet de l'imagination et de leur croyance, au point
que s'ils portaient sur eux ou s'ils allaient adorer des os de
chien croyant que ce sont des ossements de saints , ils ne
laisseraient pas que de recouvrer néanmoins la santé » .
Wier a expliqué de la même façon l'action des exorcismes
et il a rapporté l'histoire de différents malades qui avaient
été guéris de leurs maladies , en portant suspendus à leur
cou des billets ridicules , auxquels ils attribuaient un pouvoir
mystérieux .
Sous Henri III , l'évêque d'Amiens ordonna à un laïc de se
vêtir d'habits sacerdotaux et de feindre d'exorciser une pos-

(1) Dr J. RÉGNAULT. La Sorcellerie (ses rapports avec les sciences biolo-


giques) , p. 291-297 . Félix Alcan, éditeur, Paris.
ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 493

sédée sur les Évangiles ; on lut à la place les épîtres de Cicé-


ron et le prétendu diable se conduisit comme en présence
d'un exorciste .
Lorsqu'on objecte de tels faits à un prêtre , il répond sou-
vent que « c'est là l'œuvre de Satan qui se plaît à faire de
faux miracles pour singer Dieu » .
L'exorcisme tend à disparaître ; l'Église, à notre époque ,
où une certaine incrédulité règne même parmi les prati-
quants, abandonne souvent au médecin des malades qu'au-
trefois elle n'eût pas craint d'exorciser .Il est bon cependant de
rappeler ce qu'était cette longue incantation que nous pour-
rons peut-être encore voir pratiquée au cours du xx siècle .
La prière agit aussi par suggestion ; elle est un excellent
moyen d'auto - suggestion pour l'individu isolé ; pendant que
le fidèle plein de foi répète machinalement des litanies à sa
divinité , il fixe sa pensée sur l'objet de sa prière ; s'il arrive
à se persuader que ses vœux seront bientôt exaucés , il
s'auto- suggestionne de plus en plus , et peut quelquefois
arriver à se donner des hallucinations : il voit , par exemple,
la statue de son idole lui sourire . L'action de la prière aug-
mente , si elle est faite en commun par plusieurs croyants :
elle augmente encore davantage si elle est faite par une
foule de fidèles convaincus réunis dans une même intention .
Chaque fidèle s'auto- suggestionné et de plus est suggestionné
par ses voisins . D'autre part, ainsi que l'a bien montré Gus-
tave Lebon dans la Psychologie des foules , la psychologie d'un
individu se modifie par le fait même que cet individu fait
partie intégrante d'une foule , la suggestibilité augmente à
tel point que des sujets réunis par une même idée et en
attention expectante ont des hallucinations collectives . La
suggestibilité augmente aussi chez les sujets qui sont fati-
zués ou qui ont subi des privations : ainsi s'explique com-
494 CHRONIQUE

ment les pratiques de l'ascétisme et , en particulier le jeûne ,


sont dans toutes les religions une excellente préparation à
la prière et à l'extase .
Il y aurait peut-être lieu de se demander si la prière d'une
ou de plusieurs personnes ne peut pas avoir une action sug-
gestive sur une personne non prévenue se trouvant à une
certaine distance de ceux qui prient à son intention . Pen-
dant leurs prières, les fidèles concentrent leur pensée sur
<«< l'intention » choisie , sur le résultat qu'ils veulent obtenir ;
des suggestions mentales à distance pourraient ainsi se pro-
duire ; la prière ne servirait qu'à fixer l'esprit des fidèles sur
une idée à suggérer, de même que les plus horribles sacri-
fices de la magie noire ne serviraient qu'à fixer la pensée de
l'occultiste sur l'idée qu'il suggère à sa victime . Ce sont là
des hypothèses que certaines expériences de suggestion à
distance semblent soutenir, mais nous ne pouvons reprendre
ici l'étude expérimentale des maléfices que nous avons faite
dans notre travail sur la sorcellerie .
Quoi qu'il en soit, dans tous les pays du monde et dans
toutes les religions les incantations et les prières provo-
quent des phénomènes psychiques ou plus exactement
psycho -physiologiques , que l'ignorance ou l'intérêt des uns
et l'indifférence ou le scepticisme des autres a laissé consi-
dérer comme des miracles . Les prêtres de chaque religion
ou secte se sont empressés d'invoquer de tels faits comme
preuve de la vérité de leur doctrine . Déjà dans les premiers
temps du christianisme , Simon le Mage et surtout Apollonius
de Thyane opposaient leurs miracles à ceux des Apôtres .
Bien antérieurement les prêtres hébreux et les prêtres égyp-
tiens avaient fait des matchs de miracles . Actuellement des
malades trouvent quelquefois la guérison en Extrême-
Orient près des thaumaturges boudhistes , dans l'Inde près
ÉTUDE DE L'HAGIOTHÉRAPIE 495

des Dwidjas ou des Yoghis brahmanistes, en pays musulman


près des marabouts , en Russie près d'un orthodoxe le père
Jean, en Amérique près de thaumaturges appartenant à
diverses sectes protestantes, en France dans des lieux de
pèlerinages célèbres . Malgré l'universalité de ces faits , les
prêtres et les croyants de chaque religion citent ces pré-
tendus miracles thérapeutiques comme des preuves de la
vérité de leur seule doctrine ; ils ne réfléchissent pas que
les fidèles des religions adverses peuvent leur opposer des
faits semblables .
Cet état de choses pourrait encore durer longtemps : les
représentants de la science officielle ou bien ont nié les faits
dont les hypothèses qui leur servent momentanément de
théories ne pouvaient donner une explication satisfaisante ,
ou bien se sont dédoublés et comme hommes de foi ont
admis les miracles thérapeutiques qu'ils auraient dû étudier
et éclaircir comme hommes de science . Dans ces dernières
années seulement quelques hommes courageux ont com-
mencé à aborder l'étude des faits de l'occulte : les sciences
psychiques ont vu le jour , elles ont besoin pour se déve-
lopper du concours impartial de quiconque s'intéresse à la
science. Les études historiques et critiques comme celles
du Dr Cabanès doivent précéder et guider les études expé-
rimentales . Dès lors , où pourrait- on mieux étudier l'hagio-
thérapie et les prétendus miracles thérapeutiques que dans
une revue de thérapeutique ? Nous ne comprenons pas que
des confrères impartiaux fassent au Bulletin de Thérapeutique
le reproche de publier de telles études . Ceux qui se livrent à
une étude impartiale des phénomènes occultes et des pré-
tendus miracles se rallieront sans doute rapidement à
l'opinion de Corre et Laurent que nous avons inscrite en
exergue de notre livre La Sorcellerie : « Très réels , malgré
496 SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE

les incrédules , les faits anciens ne demandent pour prendre


place dans la science que des observations attentives et pré-
cises, bases d'une explication sérieuse , moins commode
assurément que le surnaturel , mais qui dépossédera peu
à peu celui - ci de son domaine ( 1 ) . >>

SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE

SÉANCE DU 9 MARS 1904

(Suite.)

Observation de cirrhose alcoolique guérie par l'opothérapie hépatique ,

par M. E. HIRTZ.

Le nombre des observations de malades cirrhotiques guéris par


la médication opothérapique est encore rare, et il est toujours
intéressant de faire connaître les faits qui pourront, par leur
groupement, éclairer la question controversée et encore obscure
de l'opothérapie hépatique.
Les observations de Mouras et de Galliard (Soc . med . des hôp. ,
23 janvier 1903 et 8 mai 1903 ) sont fort encourageantes , et démon-
trent que des malades atteints de cirrhose arrivée à sa dernière
période peuvent être justiciables de cette médication .
L'observation que je vais relater est tout à fait comparable à
celles qui ont été publiées . Il s'agit d'un homme de cinquante-
cinq ans , comptable , entré dans mon service au commencement
de janvier 1903.

(1 ) CORRE et LAURENT. La suggestion dans l'histoire ( Revue scienti-


fique, 16 septembre 1893) .
!

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