BNP Paribas Eramet Allopneus Pierre Fabre

chasse les fraudeurs produit ses modèles accélère sur l’omnicanal migre 2 000 mobiles
avec une base graphe IA à la chaîne grâce au low-code de iOS vers Android

Le magazine des managers du numérique

« Nous
changeons Développement
de braquet Réussir sa stratégie
low-code/no-code

sur l’orientation
dans la durée

client du SI » Innovation
Votre entreprise
Pascal Martinez,
est-elle prête
membre du comité
pour l'IA ?
de direction Groupe
d’AG2R La Mondiale
en charge des systèmes
d’information et du digital

N°2281 mars 2023

 LE SALON ONE TO ONE
MEETINGS DES RÉSEAUX,
DU CLOUD, DE LA MOBILITÉ
ET DE LA CYBERSÉCURITÉ

WWW.IT-AND-CYBERSECURITY-MEETINGS.COM

21, 22 & 23
MARS 2023
PALAIS DES FESTIVALS ET DES CONGRÈS DE CANNES

ILS SONT DÉJÀ INSCRITS

L’humain au cœur
de la cybersécurité

®

S’il vous plaît…
Dessine-moi un bouton…
Ç
a c’est AlphaCode. Le bouton que tu veux est
dans l’application qu’il va te générer ! Non,
mais, pourquoi faire appel à moi, DSI, qui ait
tant de choses à réparer, alors qu’il suffit
d’utiliser une IA générative ! Ici, on est moderne, on
fait du self-service : du no-code par-ci, du low-code
par-là, du Bing AI pour ceux-ci, du Bard pour ceux-là.
L’outil ne génère pas ce que tu veux ? Eh bien, tu lui
expliques pourquoi il se trompe et tu le fais recom-
Pierre mencer. Simple, non ? Et contrairement à moi, il ne
Landry s’énerve pas, tu es donc gagnant sur tous les plans.
Rédacteur Au fait, tu n’es pas obligé d’être poli avec lui. C’est
en chef une machine, il ne comprend pas « s’il vous plaît », ni
« merci » d’ailleurs. Tu lui demandes juste ce que tu
veux, comme à Alexa, Siri, Google Assistant… C’est
pas compliqué, il te parle en français, il ne t'affiche
pas des erreurs B612, etc.
www.itforbusiness.fr 
éditorial
Bon, j’ai vraiment beaucoup de travail, je peux y
aller, tu n’as plus besoin de moi ?
Comment ça, TU N’AS PLUS DU TOUT BESOIN DE
MOI ? Je dois retourner sur ma planète ? Attention
quand même, hein ? Ton bouton, là, il pourrait abîmer
des choses sensibles auxquelles tu tiens. Et moi, ça je
sais bien faire, je peux t’aider à les protéger. Tu sais,
c’est un métier de développer des applications de
manière sécurisée, harmonieuse et rationnelle pour
l’entreprise. Alors, je dirais, « chacun son métier et les
applications seront bien gardées ». Ha ha ha ! Je peux
rester, alors ? Tiens, regarde, depuis que je suis agile,
je ne fais pas un beau mouton à cinq pattes ?
Allez, viens, je vais t’aider à l’apprivoiser ton outil...
Bonne lecture !
mars 2023 3
sommaire
tendances
6 express
11 analyses
11 « En trois ans, nous, Européens,
pouvons disposer d’une
hégémonie mondiale ! »
12 Ne pas attendre la sanction
pour se protéger efficacement
13 L’IA en phase
d’adoption avancée
14 juridique
Un droit de l’IA en construction

l’entretien
16 Pascal Martinez,
membre du comité de direction Groupe
d’AG2R La Mondiale en charge des
systèmes d’information et du digital
« Nous changeons de
braquet sur l’orientation
client du SI »

talents
23 mouvements du mois
24 portrait
Sébastien Ponnelle,
DSI de CFAO Healthcare
« Voir mes collaborateurs
se révéler est une belle
récompense »
25 ressources
26 décryptage
Axa recrute dans le métavers

R É DACT ION R É DACT ION Chef de projet

T ECH N IQU E Léo Charrier
Rédacteur en chef
lcharrier@choyou.fr
Pierre Landry Direction artistique
01 53 05 93 85
plandry@itforbusiness.fr Bertrand Grousset
Président & directeur 01 88 40 11 00 PU BL ICI T É , OF F R E S
de la publication ÉV ÉNEMENTS
Rédacteur COM M E RCI A L E S
Frédéric Ktorza
Alessandro Ciolek Responsable éditorial
Directeur de la rédaction Romain Duran
aciolek@itforbusiness.fr événements et programmes
Thierry Derouet rduran@choyou.fr
Thomas Pagbe
tderouet@itforbusiness.fr Ont participé à ce numéro 06 03 25 37 27 – 01 53 05 11 09
tpagbe@itforbusiness.fr
06 22 12 09 24 Pierre Berlemont, Xavier Maxime Valles
Biseul, Alain Clapaud, Responsable Partenariats
Directeur de la stratégie mvalles@choyou.fr
François Jeanne, Stéphane Groupe et Média
Jean-François Le Nilias 06 23 51 11 09 – 01 53 05 11 09
Miekisiak, Thierry Lévy- Verena Holder
vholder@choyou.fr Françoise Fauré
Abégnoli, Thierry Parisot,
06 03 87 45 78 ffauré@canaltech.fr
Frédéric Simottel,
01 76 77 27 85
Marie Varandat

4 mars 2023  www.itforbusiness.fr

usages
27 signatures du mois
28 solutions
28 BNP Paribas Personal Finance
30 Eramet
32 Allopneus
34 Corse Composites
Aéronautiques
36 Pierre Fabre
37 Aramis Group

dossier
48 Réussir sa stratégie
low-code/no-code
dans la durée
enquête 58 agenda
38 Votre entreprise
est-elle prête opinions
pour l’IA ?
60 Antoine Gourévitch
radar La fonction tech à l’heure
de la grande transformation
43 J’ai 10 ans... 61 Josselin Ollier
44 start-up Le O de DOSI,
Abonnez-vous
44 Cybi une lettre de trop ?
simplement
45 Meelo en scannant
46 Weytop 62 libre antenne ce code QR

A BON N E M E N T S Vente au numéro Imprimé en France

(France métropolitaine) par Imprimerie de Champagne,
France métropolitaine
25 € HT (TVA 2,10 %) Rue de l’Étoile-de-Langres,
1 an (11 nos) 200 € HT
soit 204,20 TTC (TVA 2,10 %) it for business ZI Les Franchises itforbusiness.fr
est édité par IT for Business, 52200 Langres Le site
Étudiants (sur justificatif)
98, avenue de Villiers, Origine du papier Europe. des managers
1 an (11 nos) : 100 € HT
75017 Paris Taux de fibres recyclées 0 %. du numérique
soit 102,10 TTC (TVA 2,10 %)
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www.itforbusiness.fr  mars 2023 5

tendances
express
Atos se redresse en amont de sa scission
L’exercice 2022 de la deuxième ESN
française a été marqué par l’annonce,
en juin, de sa scission en deux entités
distinctes : Evidian (digital, cloud,
big data, sécurité) et Tech Foundations
(services digitaux et gestion des
infrastructures). Après avoir été chahuté
en bourse et avoir perdu environ 50 %
de sa valeur, Atos a regagné un peu
INFORMATIQUE DE L’ÉTAT
80 %
Et pas plus !
C’est désormais la part
maximum des budgets alloués
à la sous-traitance (ESN
et conseil) sur les projets IT
de l’État, selon une circulaire
signée le 6 février par la
Première ministre Elisabeth
Borne. Comme aurait dit le
regretté Coluche : « Rigolez
pas, c’est avec votre pognon ! »
6 mars 2023 
de sa superbe à l’annonce, fin février,
de ses résultats annuels. Une perte nette
réduite à 1 Md€ (contre près de 3 Md€
en 2021) ; une croissance retrouvée avec
un CA de 11,3 Md€ (en hausse de 4,6 % ;
soit 0,1 % à taux de change et à périmètre
constants) ; un ratio prise de commandes
sur CA qui atteint 130 % pour Evidian au
quatrième trimestre : ces « bons » chiffres
Une commission de normalisation
pour le métavers à l’Afnor
Jean-Noël Barrot, ministre délégué
chargé de la Transition numérique
et des Télécommunications, a
présidé fin février une réunion de
présentation des travaux de production
d’une norme « volontaire » – c’est-
à-dire initiée et co-construite par
les acteurs du marché –, autour du
métavers. Le ministre a placé la barre
assez haut lors de ce lancement :
« J’attends de la commission Afnor
s’ajoutent à un programme de cession
d’activités non stratégiques déjà réalisé
à 80 % pour un montant de 700 M€.
Résultat, un rebond significatif en bourse
et une position un peu plus sereine
pour aborder des tractations qui vont
bon train sur d’éventuelles prises de
participation d’acteurs tels qu’Airbus
au capital d’Evidian.
qu’elle permette d’écrire les standards
de demain, au nom de la France. »
Plus prosaïquement, on rappellera
que toute norme, lorsqu’elle est enfin
là, reste d’application volontaire. La
présence de la directrice de la politique
publique de Meta France lors de cette
réunion n’engage donc en rien le géant
américain à respecter ce qui sortira
du cénacle... En attendant, celui-ci
reste ouvert à tous les volontaires.
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tendances express

En sécurité,
faites
ce que je dis…
Les RSSI se plaignent
souvent de la mauvaise
volonté des utilisateurs
à appliquer les mises à
jour de sécurité pourtant
recommandées sur leur
poste de travail. Au point
de les forcer parfois
avec des procédures
automatisées. Mais début
février, c’est une faille
de l’hyperviseur ESXi
au cœur de VSphere de
VMWare qui a créé leur
émoi. À juste titre, puisque
plusieurs milliers de
serveurs ont été touchés,
notamment en France où

Le plus grand site de

les clients de OVHcloud
ont été particulièrement
concernés (72 % des
reconditionnement informatique serveurs attaqués à
la date du 6 février). Au

d’Europe est en France grand dam du provider

C’est à Mitry-Compans (77), près de
l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle,
qu’Evernex vient d’implanter sa nouvelle
unité de reconditionnement et d’expédition
de pièces garanties recyclées. Revendiquant
10 000 clients de par le monde, l’entreprise
française entend ainsi passer à la vitesse
supérieure en favorisant la réparation
des systèmes informatiques, et même
leur prise en charge opérationnelle
(360 000 à ce jour), grâce à un stock total
qui a rappelé « ses moyens
d’action limités puisque
de 850 000 pièces informatiques réparties nous n’avons aucun accès
sur ses différents sites. Un modèle logique aux serveurs
économique soutenu par les objectifs d’un de nos clients ». Mais
nombre croissant de clients cherchant à surtout parce que la faille
réduire leurs émissions carbone… et leurs de sécurité exploitée
coûts. Il faudra toutefois vérifier que la mise par le ransomware est
en place, finalement validée début janvier, parfaitement documentée
de la taxe copie privée sur les appareils depuis plus de deux ans
reconditionnés, dénoncée comme de juste et a fait l’objet d’un patch
par la filière, ne refroidit pas quelques en février 2021. Encore
ardeurs en la matière. fallait-il l’appliquer…

ACHATS Des formations gratuites

50 %
des logiciels installés
dans les entreprises
ne sont pas utilisés par les
collaborateurs (étude Nexthink).
De quoi réviser les politiques
d’achat, surtout quand on sait
que, selon le baromètre du
comparateur de logiciels Tool
Advisor, plus du tiers des 228
solutions SaaS étudiées ont vu leur
prix augmenter cette année, pour
une moyenne de 16 % en valeur.
pour résorber la pénurie des talents
Le principal obstacle à l’acquisition
de nouvelles compétences
professionnelles, techniques, et
plus précisément numériques serait
d’origine financière ? C’est du moins
ce qu’affirme une étude d’IBM,
qui en profite pour annoncer un
renforcement de son programme
mondial Skillsbuild (formations
gratuites destinées en premier
lieu aux communautés les moins
acculturées à la tech). Un programme
qui rejoint d’ailleurs celui de Cisco
de vouloir former 10 millions
de personnes aux technologies
numériques en Europe. Reste à savoir
si la raison invoquée est vraiment
justifiée en France, où de nombreuses
formations et reconversions sont
très peu coûteuses, voire gratuites.
Et si la difficulté à résorber la pénurie
des talents n’était pas surtout liée
aux exigences intellectuelles requises
pour suivre de telles formations ?

8 mars 2023  www.itforbusiness.fr

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tendances express
Le stockage en ligne
quatre fois plus émissif
en CO2 que la messagerie
Les entreprises qui organisent des
clean-up days depuis plusieurs années
pour motiver leurs collaborateurs
à délester leurs boîtes mails vont
devoir élargir leur périmètre d’action.
L’étude du cabinet de conseil Lecko
réalisée sur un panel de 20 000
utilisateurs de l’environnement
Microsoft 365 (Outlook, OneDrive,
Sharepoint, Teams, Yammer), est en
effet doublement sans appel. D’abord,
parce qu’elle calcule qu’ils augmentent
leurs émissions de CO2 de 31 % chaque
année (avec une moyenne 2022
qui s’établit à 10,5 kg CO2eq par an
et par collaborateur). Ensuite parce
qu’elle démontre que le stockage
▼ Répartition des émissions de CO2 moyennes
par support de stockage en environnement Microsoft
4,5 %
10,3 %
Teams
16,8 % Sharepoint
Mail
68,4 %
OneDrive
L’aberration
du surstockage
dans le cloud
Selon une étude pour Wasabi
Technologies sur la région
EMEA, 52 % des entreprises
qui ont mis leur stockage dans
le cloud public ont dépassé
leur budget initial. En cause,
notamment, des frais de
suppression des données
trop importants pour 26 %
d’entre elles ! Ou quand stocker
inutilement est plus rentable
que de faire le ménage !
10 mars 2023 
synchronisé dans le cloud est une
plaie pour la planète, notamment à
cause de la consommation d’énergie
en continu qu’il engendre dans
les datacenters. « Nous avons choisi
d’observer l’environnement Microsoft,
car nous avons accès facilement
aux analytics permettant de mesurer
les usages associés, explique Arnaud
Rayrole, DG de Lecko. Mais le constat
vaut pour d’autres environnements
comme celui de Google. » En clair,
il coûte. Bonne nouvelle cependant,
43 % des collaborateurs pensent avoir
un rôle à jouer dans la transformation
environnementale de leur entreprise.
Ils n’étaient que 33 % un an plus tôt.
Des appels téléphoniques
cryptés résistant au cassage de clés
par un ordinateur quantique
Les chercheurs chinois avaient déjà
montré, avec un dispositif coûteux,
les avantages des télécommunications
quantiques en matière de sécurité,
grâce à l’utilisation d’une QKD
(distribution quantique de clé).
Thales a pris le problème sous
un autre angle. Pourquoi, en effet,
faire du quantique quand on peut
faire du post-quantique ? Pour sa
L’Europe défend
ses jeunes pousses
Encore un fonds européen !
L’initiative Champions
technologiques européens
(ICTE) soutiendra les entreprises
de haute technologie à un
stade de croissance avancé,
pour combler « le déficit
de financement qui crée
une dépendance des jeunes
pousses innovantes les plus
prometteuses d’Europe à l’égard
des capitaux non européens ».
Doté de 3,75 Md€ promis
par le Groupe BEI (dont fait
partie la Banque européenne
d’investissement), l’Espagne,
l’Allemagne, la France (à hauteur
de 1 Md€), l’Italie et la Belgique,
il a été pensé dans le cadre
de l’initiative paneuropéenne
Scale-up Europe, prise lors
de la présidence française du
Conseil de l’Union européenne.
À se demander tout de même
où sont nos puissantes banques,
françaises notamment,
quand il s’agit d’aider à
l’émergence de champions
nationaux ou continentaux.
première démonstration mondiale, le
constructeur a ainsi intégré un système
de cryptographie post-quantique (PQC)
à son application mobile Cryptosmart,
en utilisant sa carte SIM 5G comme
coffre-fort à PQC. Résultat : des appels
téléphoniques cryptés de bout en bout
entre smartphones « classiques » sans
craindre un déchiffrement ultérieur
à l’aide d’un ordinateur quantique.
www.itforbusiness.fr
 tendances analyses

« En trois ans, nous,

durable au cœur de tout. À
la seule évocation des pistes
retenues, nous pourrions ne

Européens, pouvons viser disposer là que d’un chapelet

de banalités. Il n’en est rien.

l’hégémonie mondiale ! » 96 % du monde

Rencontre avec Carlo Purassanta, ancien dirigeant des filiales française
et italienne de Microsoft, pour revenir sur son plaidoyer, un « Élan
décisif » qu’il nous invite à impulser pour reprendre le leadership au sein
d’une Europe technologique qu’il est toujours possible selon lui de bâtir.
nécessaire de faire venir
des Chinois pour relancer
certaines de nos filières
manufacturières ! »
Penser un village-monde
Carlo Celui qui a toujours voulu
Purassanta, être architecte se demande
executive s’il ne nous faut pas remettre
vice « la machine décisionnelle
president, à la vitesse d’aujourd’hui ».
Strategy and Et d’interpeller notre chef de
Corporate l’État pour qu’il nous dessine
Development,
un chemin pour les trente
Ion Group
prochaines années.
Les solutions sont là. Il faut
réinvestir nos territoires
oubliés, penser un « village-
monde » où il redevient
possible de produire comme
de consommer localement.
Mais attention, pas
reste à transformer
Car pour celui qui
accompagne dorénavant une
fintech, Ion Group, en trois
ans, nous pouvons regagner
une hégémonie mondiale !
Tout est rattrapable ! À
condition de penser en
Européens pour collaborer
avec nos voisins, notamment
allemands et italiens.
Changer d’état d’esprit et
s’y mettre avec humilité :
« Les barrières à l’entrée sont
finalement plus cognitives
que financières. » Sans oublier
que l’informatique ne pèse
encore que pour 4 % du PIB
mondial. 96 % du monde reste
donc selon lui à transformer
dans tous les domaines
où nous sommes encore
leaders : agriculture, santé,
logistique, retail… « Identifier
notre prochain canal de Suez »
serait l’une des solutions
pour trouver des avantages
compétitifs, être premier
et le rester durablement.
« Songez qu’en janvier dernier,
pour la seconde fois en deux

L
a charge de celui
qui a travaillé dix
ans chez Microsoft
et onze chez IBM
porte sur cette révolution
industrielle souvent mal
comprise de nos dirigeants
européens. Manque
d’ambition, absence de vision
sur la gouvernance de la
donnée… Le constat est là. « Je
n’ai pas réussi à faire travailler
ensemble les retailers français
pour qu’ils partagent leurs
données et disposent tous
d’une vision unique de leurs
clients ! » Difficile de changer
des mentalités tournées vers
le passé. Pourtant l’enjeu
est bien là : « La croissance
et le bien-être de 500 millions
de citoyens européens. »
Cependant, depuis 30 ans, le
PIB des Européens a stagné,
contrairement à celui des d’innovation sans protection, ans, un navire [ukrainien,
Américains qui a doublé, sans un cadre juridique juste, transportant du blé vers
et à celui des Chinois qui, lui, dynamique et pertinent. Pas la Chine, NDLR] a bloqué
a fait un grand bond en avant. de solution sans une jeunesse le canal de Suez... Et 10 % du
Si le besoin de réindustrialiser à embarquer, sans une commerce mondial pendant
est une évidence, Carlo formation permanente et six jours. » Voici donc un
Purassanta est inquiet de ce personnalisée aux nouvelles manifeste qui nous propose
qu’il observe : « Rendez-vous compétences requises, sans de passer à l’action.
compte qu’il est aujourd’hui mettre le développement THIERRY DEROUET
Un extrait de L’Élan décisif, publié
aux éditions Le Cherche Midi
« Le succès de la transformation Les entreprises ont désormais la
numérique d’une nation reposera sur responsabilité d’en anticiper l’influence
sa rapidité d’adoption du changement. sur leur marché et d’en accélérer le
Si les cycles des précédentes révolutions rythme. D’ici dix ans, l’économie aura
industrielles se sont établis sur changé radicalement : les nations et les
plusieurs décennies, c’est en années entreprises qui gagneront seront celles
seulement que se compteront les qui auront su saisir l’opportunité de
cycles d’innovation à l’ère de l’IA. l’IA et en tirer un avantage compétitif. »

www.itforbusiness.fr  mars 2023 11

tendances analyses

Ne pas attendre
efficacement. Le nombre
de secteurs régulés va
passer de 6 à 23, et le

la sanction pour se nombre d’opérateurs

de services concernés,

protéger efficacement
Affluence à la journée inaugurale de la 17e Université des DPO,
le 9 février : 700 adhérents de l’AFCDP se sont retrouvés à la Maison
de la Chimie à Paris. Ils ont notamment entendu des représentants
de la Cnil et de l’Anssi leur dire tout le bien qu’ils pensaient d’eux…
et ce qu’ils en attendaient aussi.
ces données qui sont la
raison d’être des DPO. Face
à des cybercriminels qui
se professionnalisent,
l’Anssi a pris des
Emmanuel
Naëgelen, directeur initiatives avec une
général adjoint de approche servicielle
l’Anssi, à l’occasion de proximité :
de la 17e édition de le GIP Acyma, qui
l’Université des DPO opère la plateforme
cybermalveillance.
gouv.fr, assiste les PME et
a déjà traité plus de 600 000
appels depuis sa création en
2017. Par ailleurs, la création
dans douze régions de
de quelque 500 OIV et OSE
actuellement à plus de
10 000 ! Tout en agitant la
menace de sanctions pour
les cas les plus extrêmes
– pouvoir dont ne dispose
l’Anssi que de manière
très limitée –, Emmanuel
Naëgelen a rassuré les
DPO dans leur rôle :
« La communauté des
DPO est un puissant
relais pour expliquer aux
directions générales que
la cybersécurité n’est pas
qu’un problème technique,
mais aussi organisationnel. »
Même séance de
câlinothérapie avec la Cnil,
dont le secrétaire général
adjoint Mathias Moulin
a regretté leur manque de
moyens. En leur rappelant
toutefois le message à faire
passer à leurs dirigeants :
les imprévoyants qui jouent
à la roulette russe avec leurs
obligations risquent d’avoir

N
ous sommes sur
le même bateau,
avec les RSSI. »
Emmanuel
Naëgelen, directeur
général adjoint de l’Anssi,
a donné le ton de cette
journée de cohésion, entre
et avec les délégués à la
protection des données,
ces DPO (data privacy
officer) qui ont remplacé
les CDP (correspondants
aux données personnelles)
et autres CIL (correspondants
informatique et libertés)
avec l’arrivée du RGPD
voici quatre ans. Et de
rappeler la longue liste des
attaques réussies contre,
notamment, des hôpitaux
et des collectivités, avec
des compromissions plus
ou moins importantes de
France des CSIRT permet
d’apporter au niveau local
des réponses tant aux RSSI
qu’aux DPO en difficulté.
L’espèce n’est en tout cas
pas en voie de disparition,
au contraire. La nouvelle
réglementation européenne
NIS 2 va ainsi élargir le
spectre des entreprises
soumises à une obligation
légale de se protéger
des problèmes avec un
niveau de menaces cyber
jamais atteint. Le montant
des sanctions émises par
la Cnil, déjà record en 2022
avec 100 M€ d’amendes
prononcées, va ainsi encore
progresser. Et ce n’est pas
le renforcement des textes
européens qui risque
d’inverser la tendance.
FRANÇOIS JEANNE

Cadre de protection des données : ça coince entre les USA et l’UE

La commission des libertés
civiles, de la justice et
des affaires intérieures du
Parlement européen vient
de recommander le rejet
du projet d’accord UE/
USA de décembre, censé
mettre fin aux désaccords
sur la gestion des données
des citoyens européens
détenues par des
entreprises américaines.
Il faisait suite à la signature
d’un décret en ce sens par
le président Biden. Or le flou
persiste. D’abord, le cadre
proposé pour la protection
des données n’est toujours
pas entièrement conforme
au RGPD : rien ne s’oppose
par exemple à la collecte
à grande échelle et sans
mandat de ces données
à des fins de sécurité
nationale. Ensuite, le
décret peut être annulé
ou modifié par le président
des États-Unis à tout
moment. Par ailleurs,
les tribunaux américains
gardent le pouvoir
d’approuver la collecte
à des fins de surveillance
et de renseignement. Enfin,
le décret ne s’applique pas
aux données auxquelles ont
accès ces mêmes tribunaux
en vertu de lois américaines
telles que le Cloud Act et le
Patriot Act. Fermez le ban ! À
se demander qui a pu penser
un instant que « l’accord »
de décembre constituait
une protection suffisante…

12 mars 2023  www.itforbusiness.fr

L’IA en phase
Il s’agira ainsi d’expliquer
que les résultats ne sont
pas forcément corrects et

d’adoption avancée d’engager l’utilisateur dans

un processus d’amélioration
de la réponse. C’est peu ou
prou ce qui est réalisé par les
En ouvrant ses expérimentations à un large public et avec une approche moteurs les plus populaires
ludique, ChatGPT aide à banaliser l’usage de l’intelligence artificielle. (voir ci-contre l’exemple
Une voie à suivre pour engager les utilisateurs au sein de l’entreprise ? de YouChat, au sein duquel
il est possible de dialoguer
en Français avec l’IA).

L
a popularité
planétaire rencontrée
par ChatGPT
renforce l’adoption
des systèmes d’intelligence
artificielle malgré les
erreurs qu’ils produisent. Ou
peut-être plutôt grâce à leurs
erreurs. C’est le principe des
GAN (generative adversarial
networks, ou réseaux
antagonistes génératifs),
qui se sont retrouvés
sur le devant de la scène
tout au long de l’année
2022, et des LLM (large
language models) : ces outils
conversationnels permettent,
in fine, de « corriger »
la réponse à une requête,
rendant les résultats suivants
plus pertinents. L’avantage,
Engager l’utilisateur dans le
processus d’amélioration de l’IA
Dans YouChat (comme dans certains autres moteurs),
l’utilisateur est invité à juger la réponse fournie
et à indiquer en quoi elle pourrait être améliorée
ou pourquoi elle est inutile, imprécise ou critiquable.
par rapport aux humains, est
que les IA n’ont pas d’amour-
propre : elles apprennent
tout le temps et en toute
humilité. Pour autant que
leurs destinataires les y
aident... Et c’est finalement
en appliquant le principe
de la gamification, du
challenge, que cela devient
possible. Après avoir été
appâtés par les possibilités
de générer des images et des
vidéos à partir de quelques
mots, les utilisateurs
ont eu à cœur de prendre
les IA conversationnelles
à défaut, reproduisant le
fonctionnement des réseaux
antagonistes.
Un processus
dont il faut s’inspirer
En ouvrant leurs systèmes
à des publics plus ou moins
larges en fonction de leurs
phases de développement,
OpenAI, Google et autres
Microsoft apprennent ainsi
à adapter le paramétrage
de leurs IA, et à placer
progressivement des filtres
pour éviter les dérives.
Certaines ont néanmoins
eu lieu, et ces corrections
n’interviennent encore
qu’a posteriori, mais dans
un cadre revendiqué
d’expérimentations qui en
atténue la portée négative.
Toute exploration de ce
type dans l’entreprise devra
pareillement s’entourer
des précautions adéquates.
Et c’est ce que Prabhakar
Raghavan, vice-président
de Google chargé de la
recherche, a demandé aux
collaborateurs du groupe
pour améliorer sa mouture
d’IA conversationnelle :
« Bard apprend mieux
par l’exemple, donc prenez
le temps de corriger ses
réponses de manière
réfléchie, cela nous aidera
beaucoup à l’améliorer. »
Une gouvernance
spécifique pour
passer à l’échelle
La suite est éminemment
du ressort de l’humain.
Si l’utilisateur A répond que
1+1 est bien égal à 2, et que
l’utilisateur B, plutôt binaire,
corrige en disant que, non,
1+1 vaut 10, que doit faire
le moteur ? Basique, cet
exemple incite à réfléchir
sur une segmentation,
un filtrage, ou l’instauration
de niveaux d’autorité pour
valider l’apprentissage à un
niveau plus ou moins global
au sein des collaborateurs
utilisateurs du système.
Attention toutefois à
l’investissement nécessaire.
D’une part ces moteurs
consomment beaucoup
plus de ressources CPU
– Microsoft insère ainsi
un filtre en entrée de Bing
AI pour déterminer si la
requête nécessite vraiment
le moteur d’IA –, d’autre part
le processus de correction
des réponses prend du
temps aux collaborateurs.
Il faut donc que le jeu
– qui n’en est pas un – en
vaille la chandelle.
PIERRE LANDRY

www.itforbusiness.fr  mars 2023 13

tendances juridique

Un droit de l’IA en construction EN BREF

Soucieuse d’anticiper et de sécuriser le progrès technologique,

#Datacenter
l’Union européenne pose les premières pierres d’une Le tribunal de commerce
règlementation commune relative à l’intelligence artificielle (IA). de Lille a jugé le 26 janvier
2023 que la société
Ainsi s’ajoute à celle de la proposition initiale de Règlement
OVH avait commis un
sur l’intelligence artificielle (RIA) du 21 avril 2021, la proposition manquement contractuel
de Directive relative aux règles de responsabilité civile à son offre de sauvegarde
extracontractuelle applicables aux outils d’intelligence automatisée dès lors
artificielle, publiée le 28 septembre 2022. qu’elle avait stocké les
sauvegardes dans le même
bâtiment que le serveur,

L
a Commission européenne appré- préjudice, mais au défendeur de démontrer contrairement à ce à
hende les enjeux juridiques des qu’il n’a pas commis de faute (par exemple quoi elle s’était engagée.
systèmes d’IA (SIA) à travers une lors d’une discrimination à l’embauche OVH a été condamnée
classification à trois niveaux de résultant d’une décision prise par une IA). au paiement de 93 000 €
risque : inacceptable ; élevé ; faible ou mini- En outre, la commission entend créer un de dommages-intérêts.
mal. Grâce à cette approche, elle entend droit d’accès aux éléments de preuve en
encadrer le risque par des obligations de imposant au fournisseur de divulguer les #RGPD
diligences et de transparence selon les sys- pièces pertinentes qu’il détient.
tèmes d’IA. Dans le prolongement de ces deux pro- Selon la CJUE (Cour
Les obligations de transparence s’ap- positions, le Conseil européen a énoncé, de justice de l’Union
pliqueront notamment aux systèmes qui le 6 décembre 2022 dans son Orientation européenne) dans son
interagissent avec les humains ou qui générale, une définition plus large de l’IA, arrêt du 12 janvier 2023,
peuvent générer et altérer des contenus lui permettant d’intégrer la notion d’IA à en cas de demande de
(deepfake par exemple). Pour les SIA à haut usage général, comme pourrait être quali- droit d’accès, la seule
risque, ils seront autorisés sur le marché fié ChatGPT par exemple. mention de transfert à des
européen sous réserve d’une évaluation Alors que les risques ont clairement partenaires commerciaux
ex-ante de leur conformité, ainsi que du été identifiés, le volet répressif de ses ne suffit pas. En effet,
respect de certaines exigences obligatoires propositions apparaît plus lacunaire. La l’identité des destinataires
telles que la mise en place d’un système de Commission semble même reculer sur la des données personnelles
gestion de qualité et l’obligation d’établir mise en œuvre des sanctions en rempla- doit être communiquée
un document technique. çant l’autorité de contrôle par un comité au demandeur, sauf
Concernant les SIA dont l’utilisation européen de représentation de l’IA. en cas d’impossibilité
engendre un risque inacceptable, la propo- Ainsi, l’adoption des propositions de d’identification ou
sition interdit leur mise sur le marché. On la Commission en matière d’IA est donc si la demande est
retrouve, entre autres, les SIA susceptibles fortement attendue en ce qu’elle devient manifestement infondée
de causer un préjudice physique ou psy- indispensable au regard de l’expansion ful- ou excessive.
chologique en exploitant la vulnérabilité gurante de l’utilisation des SIA dans notre
d’une personne âgée ou handicapée afin vie quotidienne, et de façon indissociable, #NFT
de modifier leur comportement. Les tech- l’accroissement des risques et des poten-
niques subliminales via un SIA dans le but tiels préjudices. n Le 8 février dernier, le
d’altérer le comportement sont aussi pros- créateur de NFT Mason
crites du marché européen. Rothchild a été condamné
Après avoir classifié les risques, la par le tribunal fédéral de
Commission européenne établit dans sa l’État de New York à verser
seconde proposition les moyens juridiques
Pierre- au groupe Hermès une
de solliciter, pour une victime de SIA, la Randolph amende de 133 000 $
réparation du préjudice qu’elle allègue. Dufau pour contrefaçon. La
Elle inverse notamment la charge de la & Isaure maison de luxe avait porté
preuve grâce à la présomption de causalité. Lavigne, plainte en 2022 suite
Il appartiendra non pas au demandeur de PRD Avocats à la création, sans son
démontrer les défauts ayant entraîné un autorisation, de ses sacs
emblématiques « Birkin »
sous forme de NFT. Ce
procès emblématique
Les obligations de transparence s’appliqueront pour les relations entre
la propriété intellectuelle
notamment aux systèmes qui interagissent avec les et les NFT pourrait
humains ou qui peuvent générer et altérer des contenus faire jurisprudence.

14 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 MANAGERS DU NUMÉRIQUE
CE QUE VOUS FAITES AU QUOTIDIEN EST FORMIDABLE !
FAITES LE SAVOIR AU DELÀ DE NOS FRONTIÈRES.

IT for Business et CIONET, les deux organisations dédiées aux Managers

du numérique, annoncent leur partenariat mondial.
Concrètement, c’est pour vous l’opportunité de faire connaître vos
réalisations partout dans le monde.

Suivez-nous dès à présent en scannant ce QR code :

entretien

16 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 Pascal Martinez,
membre du comité de direction Groupe d’AG2R La Mondiale
en charge des systèmes d’information et du digital

« Nous changeons
de braquet
sur l’orientation
client du SI »

Arrivé il y a moins d’un an chez AG2R La Mondiale, en même

temps que le nouveau directeur général du groupe, Pascal
Martinez s’est attaqué à repenser le SI avec pour objectif
plus d’ouverture et plus d’agilité. Une mission qui implique
des choix d’architecture forts, mais surtout un recentrage
sur le client et, par conséquent, sur les collaborateurs qui
le servent. Le digital fait évidemment partie de la solution…
sans jamais oublier de se demander jusqu’où.
Propos recueillis par FRANÇOIS JEANNE Photos MAŸLIS DEVAUX

www.itforbusiness.fr  mars 2023 17

entretien
JE DOIS REGARDER D’OÙ NOUS PARTONS
ET TENIR COMPTE DE NOTRE EXISTANT :
NOTRE SI EST LE FRUIT DE NOTRE HISTOIRE.
LE TEMPS EST VENU DE L’HARMONISER ET
DE L’URBANISER POUR POUVOIR REMETTRE
LE CLIENT AU CENTRE
Votre directeur général Bruno Angles a
affirmé qu’AG2R La Mondiale allait devoir
« changer de braquet » en matière de
systèmes d’information et de digital. C’est
un clin d’œil à votre engagement historique
dans le cyclisme. À la DSI, avec quelle
équipe allez-vous attaquer cette course ?
Notre direction informatique compte environ
700 personnes et nous collaborons avec à peu
près autant de prestataires. Avec ce changement
de braquet, nous allons devoir accélérer tant sur
nos recrutements que sur le recours à l’externe.
Nous voulons faire travailler nos équipes internes
plutôt sur la transformation que sur de l’applicatif
en fin de vie. Il faudra aussi que nous y adjoignions
les expertises dont nous ne disposons pas pour le
moment.
Que représente le budget de la DSI
rapporté au chiffre d’affaires ?
Ce chiffre est dans la moyenne du secteur, assez
proche de celui des banques, de l’ordre de 15
à 20 %. Et comme nous allons investir ces pro-
chaines années, il va remonter un peu.
18 mars 2023 
Le renouvellement générationnel
fonctionne bien dans votre DSI ?
Notre pyramide des âges est relativement équili-
brée, avec de nombreux jeunes informaticiens. La
Direction des Ressources Humaines a développé
un programme qui permet à certains de nos colla-
borateurs de présenter nos métiers aux étudiants.
Nous constatons alors que, même si le secteur de
l’assurance n’est pas leur premier choix, l’expo-
sition de nos projets, notamment dans le digital
et l’usage des technologies, éveille leur intérêt.
Quand vous annoncez que vous allez recruter
20 ingénieurs full stack Java dans le cadre de votre
transformation, c’est la preuve que ça bouge.
Ils n’ont tout de même pas tort de penser que
l’assurance est un monde informatisé depuis
longtemps. De quoi sont principalement
constituées vos infrastructures ?
AG2R La Mondiale est le fruit de nombreux
rapprochements successifs. Notre informatique
s’est donc construite avec le groupe. Aujourd’hui,
nous sommes à la tête d’un patrimoine d’envi-
ron 1 300 applications avec des choix techniques
effectués à l’époque par les différentes sociétés.
Elles tournent sur des infrastructures très hété-
rogènes : nous avons de l’IBM Z, des technologies
Unix, ou encore du distribué.
Du coup, quelle est la répartition actuelle
dans la DSI entre le run et le build ?
C’est du 50/50. Cette situation s’explique notam-
ment par le fait que nous avons des doublons
de patrimoine, ce qui nous oblige à des mainte-
www.itforbusiness.fr
nances multipliées sur nos différents silos. Même toutes nos réflexions et de toutes nos actions, y PARCOURS
sur la partie « change », les obligations réglemen- compris au sein de la DSI. Il faut d’abord com-
taires à mettre en œuvre nous obligent parfois à prendre pourquoi on opère ce mouvement, quelle 2022 Membre
intervenir sur quatre ou cinq systèmes différents. est la logique derrière tout cela. En l’occurrence, du Comité de direction
il s’agit de nous organiser pour être en capacité Groupe d’AG2R La
Est-ce que votre principale mission est de proposer simplement et efficacement à nos Mondiale en charge des
de remettre de l’ordre dans cet existant ? 15 millions de clients, parfois en direct, mais sou- systèmes d’information
et du digital
vent dans le cadre de contrats collectifs via des
Ma mission est de réorienter notre SI vers nos employeurs, toute notre offre de produits et de 2018 Directeur
technologie et
clients et nos collaborateurs parce qu’il ne l’est services, qu’elle soit distribuée en propre ou par
systèmes d’information,
pas suffisamment. Il est complexe à faire évoluer des partenaires. Les opportunités à exploiter sont groupe Covéa
car peu ouvert, et donc pas suffisamment prêt multiples. Par exemple, nous sommes actionnaire
2016 Directeur conseil
pour déployer de nouveaux partenariats. Il faut y majoritaire de Domytis, numéro 1 des résidences métier et projets,
remédier. Ce constat a été fait avant mon arrivée, services seniors en France, alors comment faire groupe Covéa
et mon rôle est aujourd’hui de mettre en œuvre pour présenter cette offre à un salarié qui part
2015 Directeur
des principes clairs et fondateurs : la simplifica- à la retraite et qui ne nous connaissait peut-être des projets prioritaires,
tion et le traitement en une fois pour les parcours jusque-là que dans le cadre du contrat de gestion groupe Covéa
de souscription, la gestion des contrats et l’ac- de son assurance santé, à travers son employeur ? 2014 DSI,
compagnement des clients ; l’omnicanalité ; l’op- Et si nous voulons élargir notre offre vers de nou- GMF Assurances,
timisation des espaces clients ; l’amélioration de veaux produits comme l’assurance dommages, groupe Covéa
la connaissance des clients ; et enfin l’harmonisa- comment rendre cela facile au cœur du système 2011 Directeur
tion et la mutualisation des systèmes back-office d’information ? commercial,
pour une meilleure gestion des contrats et des Nous allons donc réorganiser notre SI avec un Linedata Services
prestations associées. Voilà ma mission. programme de plateformisation qui couvrira 1997 Cofondateur,
Je dois regarder d’où nous partons et tenir trois grands domaines : la mise en œuvre d’usines directeur des
compte de notre existant : notre SI est le fruit de métiers et de SI industrialisés et mutualisés avec opérations, puis
notre histoire. Le temps est venu de l’harmoniser des systèmes de distribution ouverts vers tous directeur général
et de l’urbaniser pour pouvoir remettre le client nos distributeurs et sur une gamme étendue de délégué, Fymasis
au centre. Cette mission m’a été confiée par l’en- produits ; la refonte de l’expérience client front- 1994 Directeur
semble des membres du Comité de direction to-back ; et enfin l’optimisation de l’exploitation de projet, BMW
Groupe dont je fais partie. Lorsque l’ensemble de des données pour avoir une vision à 360 degrés Financial Services
l’organisation est aligné derrière ce changement de nos clients. 1989 Consultant senior,
de braquet, cette transformation est plus facile. Cette stratégie nous permet également de pen- Bossard Consultants
ser aux interopérabilités. Et là, on commence à FORMATION
Quelles en seront les grandes lignes ? réfléchir aux technologies, et à se demander com- École Nationale
ment on expose les données des différentes plate- Supérieure d’Arts
L’objectif est de mettre nos clients au centre de formes. Nous aurons recours à des API, mais pas et Métiers (ParisTech)

www.itforbusiness.fr  mars 2023 19

entretien
EN DIRECT OU VIA DES INTERMÉDIAIRES,
ENTREPRISES, EXPERTS-COMPTABLES
OU COURTIERS, LE CRITÈRE DE CHOIX EST
MOINS LE PRODUIT ET LE TARIF QUE LA FACILITÉ
DE LA RELATION AVEC L’ASSUREUR, POUR SON
CLIENT, SON SALARIÉ OU POUR SOI-MÊME
seulement, car elles peuvent poser des problèmes
de résilience et ne sont pas toujours adaptées à la
gestion d’un volume de données important. Il y
aura donc en plus des systèmes que nous appe-
lons « datacentrés », en quelque sorte des points
de vérité uniques où nous allons rassembler les
data pour faire du reporting et du pilotage, celles
utilisées pour nos statistiques, celles pour les opé-
rations et la vision des informations du client, et
enfin celles pour la data science. Mais ce qui nous
intéresse aussi, c’est la donnée d’intermédiation,
celle qui doit naviguer d’un système à l’autre en
temps réel, au moins d’un point de vue commer-
cial. Quand un conseiller est susceptible d’être
contacté par téléphone par un client qui vient de
commencer un arbitrage sur un contrat d’épargne
depuis son espace client, il faut que les informa-
tions nécessaires à cet échange lui remontent
rapidement.
La qualité des data est primordiale dans
un tel contexte. Quelle est votre recette ?
Il y a déjà eu un gros travail de consolidation des
données des clients. Nous savons les récupérer
dans nos différents systèmes et les rassembler à
20 mars 2023 
un endroit pour obtenir une assez bonne vision
de qui sont réellement nos clients. Pour autant,
cela ne constitue pas un référentiel au sens ultime
du terme, celui dont on a besoin pour véritable-
ment parler de système datacentré.
D’autant que chez AG2R La Mondiale, nous
avons parmi nos clients des personnes assurées
via des contrats collectifs, que nous ne rencon-
trons qu’au moment où ils ont recours à leurs
prestations de santé. Par exemple, lorsqu’un
assuré d’un contrat collectif est en arrêt de travail
pour la première fois, il transmet cette informa-
tion à son assureur. De notre côté, cette même
information nous arrive par un tiers, en l’occur-
rence son employeur, via la DSN (Déclaration
Sociale Nominative, NDLR). Nous devons alors
pouvoir interroger un référentiel pour savoir s’il
y est bien présent. Ce référentiel des tiers est une
brique fondamentale chez nous.
N’est-il pas étonnant de voir un monde de
l’assurance, si féru d’analyse de données pour
calculer des risques et des montants de primes
avec les actuaires, découvrir aujourd’hui
l’importance de ces données clients ?
Dans un monde de plus en plus digitalisé et règle-
menté, vous avez beau avoir la meilleure offre
du marché, ce n’est plus suffisant pour faire la
différence. En direct ou, comme chez nous, via
des intermédiaires, entreprises, experts-comp-
tables ou courtiers, le critère de choix est moins le
produit et le tarif que la facilité de la relation avec
l’assureur, pour son client, son salarié ou pour
soi-même.
Or les acteurs majeurs de l’économie digitale
ont mis la barre haute. Les GAFA ont imposé la
www.itforbusiness.fr
norme de la réponse instantanée ou presque.
Pour nous, assureurs, il faut a minima pouvoir
garantir au client que, s’il nous appelle, nous écrit
un mail ou un courrier ou qu’il utilise son espace
client en ligne, nous ne perdons aucune trace de
toutes ces interactions. Il faut que nous puissions
comprendre quel canal il apprécie et être en capa-
cité de répondre positivement à ses préférences.
S’il veut faire une souscription entièrement en
ligne, c’est possible. Mais s’il veut un rendez-vous
avec un conseiller, il faut donner à celui-ci toutes
les informations disponibles sur ce client pour
que le rendez-vous soit efficace. Dans l’assurance,
le conseil au client est primordial et nous ne vou-
lons pas le digitaliser. C’est d’ailleurs une bonne
question : jusqu’où faut-il aller dans le digital ?
Faire bouger tout ce monde hétérogène
sera-t-il simple, notamment pour
offrir à vos clients ce service de qualité
homogène sur tous les canaux ?
Ce ne sera pas facile, mais c’est un projet sur
six ans. Et il y aura des étapes plus rapides. J’ai
demandé à mes équipes que, tous les six mois, il
y ait une amélioration de la relation client et, par
effet miroir, de l’expérience des collaborateurs à
leur contact, soit en direct, soit via des contrats
collectifs. Un exemple : il y avait jusqu’à 30 appli-
cations à ouvrir sur le poste de travail du conseil-
ler pour répondre à une demande client. À partir
du mois de mai, nos collaborateurs disposeront
d’une vision unique à 360 degrés donnant un
accès simplifié à l’ensemble des informations du
client. Nous allons également réduire le nombre
d’appels entrants des clients, pour savoir où en
est le traitement de leur demande, en rendant cet
www.itforbusiness.fr 
état d’avancement disponible sur leur espace. Et
s’ils nous appellent malgré tout, on pourra leur
apporter des réponses immédiates. Ou alors faire
le lien, sur des dossiers plus complexes, entre un
appel antérieur et celui du moment.
Les dernières innovations technologiques
ont-elles leur place dans cette stratégie ?
Allez-vous changer de braquet là aussi ?
Pour commencer, l’innovation digitale n’est pas la
chasse gardée de la DSI, ni de certaines personnes
en son sein. Ensuite, ce qui m’intéresse, ce sont les
innovations qui font rapidement des différences.
Ce n’est pas le cas de la blockchain par exemple.
En revanche, quand je regarde ChatGPT, je me dis
qu’un tel engouement, aussi rapide et sur toute
la planète, doit être surveillé de près. Avec cette
question : quel intérêt cela peut-il avoir pour nos
clients, pour nos collaborateurs, pour l’entreprise ?
À plus court terme, nous allons surtout cher-
cher l’innovation dans le cloud, où se trouvent des
solutions en mode SaaS qui pourraient notam-
ment occuper une place importante dans nos
futures architectures applicatives. Je pense sur-
tout à celles qui vont nous permettre d’aller plus
POUR COMMENCER, L’INNOVATION
DIGITALE N’EST PAS LA CHASSE GARDÉE
DE LA DSI, NI DE CERTAINES PERSONNES
EN SON SEIN. ENSUITE, CE QUI M’INTÉRESSE,
CE SONT LES INNOVATIONS QUI FONT
RAPIDEMENT DES DIFFÉRENCES
mars 2023 21
entretien
SI NOUS NE VOYONS PAS L’INTÉRÊT D’UN
SIMPLE LIFT AND SHIFT CONCERNANT DES
APPLICATIFS EN FIN DE VIE, IL EST CLAIR QUE
TOUT CE QUE NOUS DÉVELOPPERONS À PARTIR
DE MAINTENANT SERA ÉLIGIBLE À UN PORTAGE
ULTÉRIEUR DANS LE CLOUD
vite sur la personnalisation de l’expérience client
comme collaborateur, ou dans la gestion de nos
produits et de nos services. De grands acteurs
comme Salesforce ou Pega ont une capacité d’in-
novation bien supérieure à la nôtre. Par ailleurs, si
nous ne voyons pas l’intérêt d’un simple lift and
shift concernant des applicatifs en fin de vie, il est
clair que tout ce que nous développerons à partir
de maintenant sera éligible à un portage ultérieur
dans le cloud.
Dans ce monde d’assureurs condamnés
à proposer tous la même chose, où votre
DSI peut-elle faire la différence ?
On ne va pas nier que notre objectif c’est déjà, et
c’est beaucoup, de rattraper un certain retard.
Ensuite, c’est l’excellence de la relation client. Et
enfin, l’ouverture. Puisque nous avons de très
beaux produits et services, est-ce que nous pou-
vons les faire distribuer par d’autres réseaux que
les nôtres et, à l’inverse, est-ce que nous pouvons
en distribuer qui viennent de nos partenaires ?
Notre travail n’est pas de créer ces offres, mais de
rendre leur présentation facile, tout en respec-
tant les obligations réglementaires sur les don-
nées.
22 mars 2023 
Et l’intelligence artificielle dans tout ça ?
À quoi pourrait-elle servir ?
Une de ses applications pourrait concerner la
reconnaissance de la voix ou celle des docu-
ments, et leur contrôle : vous nous envoyez une
facture, est-ce qu’elle comporte bien les éléments
attendus ? Y-a-t-il un risque de fraude ? Dans la
majorité des cas, elle ne posera pas de problème.
Mais reste à savoir si nous pouvons en extraire les
montants ? Et si finalement nous savons recon-
naître tout cela, comment l’envoyer dans le sys-
tème de règlement des prestations sans aucune
intervention humaine ? C’est efficace, même si
c’est un usage assez basique de l’IA.
Assez basique, et pas très
excitant pour tout dire...
Ce qui est exaltant, c’est de rendre service à nos
clients ! Mais pour aller un peu plus loin, parlons
des flux d’appels téléphoniques. Nous en recevons
énormément et, à un moment donné, il peut y en
avoir trop. Un modèle apprenant peut nous aider
à sélectionner les appels prioritaires, qualifiés en
fonction d’un degré de « chaleur », et les distribuer
vers les bons experts internes lorsqu’ils sont com-
plexes ou urgents. Et quand les questions sont
simples ou posées en dehors des heures d’ouver-
ture, vers des automates ou des robots conversa-
tionnels. En sens inverse, nos systèmes d’infor-
mation peuvent eux-mêmes déclencher des flux
sortants attribués à nos conseillers, par exemple
lorsqu’un client n’a pas été contacté depuis plu-
sieurs mois. Et ces systèmes de distribution de
flux, couplés à une mesure de la satisfaction, nous
aideront là-aussi dans un modèle auto-apprenant
à prioriser ceux qui contribuent le plus à la satis-
faction client.
Vous n’avez pas peur que de nouveaux entrants,
par exemple chez les GAFA, ou MAAMA, comme
on les appelle désormais, qui disposent
d’énormément d’informations sur vos clients
potentiels, profitent de votre période de
reconstruction pour venir vous défier ?
Depuis quelques années, nous faisons face à
une certaine spéculation sur cette concurrence
potentielle. Cependant, l’assurance est un secteur
complexe et très réglementé. Aujourd’hui, pour
vendre un contrat d’assurance-vie, cela demande
beaucoup de conseils, et il faut de l’écoute. Or, ces
entreprises ne disposent pas de ces expertises,
vendent principalement en ligne sans aucune
interaction et de façon totalement automatisée.
Selon nous, il faut être digital autant que le client
le souhaite, mais il faudra peut-être, sûrement
même, lui parler à un moment. Notamment
quand il aura besoin de conseils sur des produits
liés à son épargne ou à sa santé. Le tout digital
n’est donc pas forcément souhaitable. n
www.itforbusiness.fr

Axa recrute dans le métavers
LES MOUVEMENTS DU MOIS
Guillaume Ors
Directeur de l’innovation
numérique et des SI du CD93
Vice-major
de sa promotion,
Guillaume Ors
n’attend pas
deux ans avant
de prendre, en 2007,
le poste de DSI de la Ville
de Clichy-la-Garenne. Après
un court passage chez CGI,
il devient en 2016 DSIN
de la Ville de Versailles
et de la Communauté
d’agglomération Versailles
Grand Parc. En 2022, il prend
le poste de DOSI de Skema
Business School. Guillaume
Ors est diplômé de l’Epitech
et d’ESCP Business School.
www.itforbusiness.fr 
Pierre-Olivier
Bandet
EVP Information Systems
d’Air France-KLM
Diplômes
en poche,
Pierre-Olivier
Bandet intègre
Air France
en 1992. Après quatre ans
au BCG, il revient chez Air
France en 2005, occupant
successivement plusieurs
postes de vice-président
au sein de directions métiers
et d’entités business.
En 2019, il prend la direction
générale de la filiale Hop!
Pierre-Olivier Bandet est
diplômé de Polytechnique,
de l’Ensae et de Sciences Po.
talents
PAGE 26
Pierre Sitko
DSI du Département du Nord
Après cinq ans
passés à
l’État-major de
Lille, Pierre Sitko
devient DSI
du Cleiss (Centre des
liaisons européennes et
internationales de sécurité
sociale) en 2001. En 2012,
il poursuit sur ce rôle au sein
de l’Agence Nationale de
l’Habitat. En 2019, il rejoint
le ministère de la Cohésion
des territoires puis, en 2021,
le Département du Nord en
tant que directeur de projet
stratégie numérique. Pierre
Sitko est diplômé du CNAM
et de l’IAE de Lille.
Michael Beau
DSI France de Coca-Cola
Europacific Partners
Michael Beau
débute sa
carrière dans le
développement
chez Mars en
Angleterre, en 1998. Au fil
des ans, il monte en grade
et en responsabilités sur des
projets métiers divers et au
sein d’entités internationales
du groupe, jusqu’à devenir,
en 2021, Digital/IT global
senior leader de Mars Food.
En 2022, il rejoint Coca-Cola
Europacific Partners en tant
que directeur informatique.
Michael Beau est diplômé
de Polytech Lyon et de
l’Essec Business School.
mars 2023 23
talents vis ma vie

Sébastien Ponnelle, DSI de CFAO Healthcare Ce qui m’a attiré

« Voir mes collaborateurs se

chez CFAO
Healthcare

révéler est une belle La portée internationale du

groupe et le rôle grandissant

récompense »
d’une DSI attendue
pour sa contribution
à l’harmonisation des
process et son association

I
l aime la technologie et suit avec assi- avec les métiers.
duité et méthode l’actualité des start-up.
Mais il ne parle pas d’informatique avec Un sujet de
les métiers, du moins pas de prime
abord. « Cela surprend souvent. Mais pour moi,
préoccupation
ce qui compte, c’est de comprendre le business », Le recrutement de
s’explique Sébastien Ponnelle, DSI de CFAO nouveaux collaborateurs.
Healthcare, le spécialiste du médicament en Cette problématique est
Afrique, de la fabrication à la livraison dans les particulièrement vive en
officines de pharmacie. France comme en Afrique.
Il a pourtant mis du temps à pouvoir mettre
l’adage en application, lui qui, au sortir de Un projet en cours
ses études, a d’abord travaillé dans le retail...
en éprouvant des difficultés à en sortir. « En La mise en place de notre
France, on est vite catalogué dans un secteur nouvel ERP pour les chaînes
d’activité, regrette-t-il. Malgré des expériences logistiques en France et
de management très tôt dans ma carrière, relancer cette communauté, actrice dans le dans nos filiales. Il sera un
j’ai dû attendre plus de quinze ans avant d’en changement d’ERP. » élément essentiel de notre
changer, en faisant valoir mes compétences Son goût pour le management de proximité fonctionnement à venir
d’animation d’équipe et de vision stratégique, – il visite dès que possible ses collaborateurs et pour le développement
en plus de mon savoir-faire technique. » dans les différents pays – ne fait pas tout. des applications métiers.
Chez CFAO Healthcare depuis 2020, il est Son diplôme d’ingénieur (Epitech) lui procure
membre du Comex et reporte sans intermé- aussi la légitimité technologique dont un tel Une devise
diaire à la direction générale. Il faut dire qu’il projet a bien besoin. Cela implique la mise en
s’est vu confier un projet de taille : la mise en place d’un nouvel écosystème IT, comme la Ne pas cesser de s’amuser
place d’un nouvel ERP (Microsoft Dynamics) construction d’une architecture BI qui saura avec l’informatique. Il y a
sur des infrastructures qui basculent en mode exploiter aussi bien des data internes que, à de quoi faire avec tout ce qui
SaaS pour remplacer des AS/400 vieillissants. terme, des sources extérieures. Un joli terrain s’invente en permanence, et
Le tout implique une petite trentaine de pays, d’exploration pour Sébastien Ponnelle qui c’est aussi le meilleur moyen
pour l’essentiel en Afrique, mais aussi dans les compte avant tout sur ses collaborateurs pour d’avoir envie de continuer
Dom-Tom. « La situation est très diverse selon réussir : « On a beau avoir les moyens financiers à lancer des projets.
les implantations, avec des problématiques à et l’envie d’avancer, il faut des femmes et des
la fois techniques et humaines démultipliées. hommes motivés pour réussir. Mais il y a tel- Mon livre de chevet
Mais, du coup, le potentiel de synergies devant lement de bonnes surprises. Au fond, ce que je
nous est considérable. J’ai réuni pour la pre- préfère dans mon rôle, c’est d’aider des talents à Une biographie de Bono,
mière fois depuis 15 ans l’ensemble de mes DSI grandir et à se révéler au-delà des espérances. » le chanteur de U2. J’aime
de filiales au Maroc pour un séminaire, pour FRANÇOIS JEANNE découvrir et retrouver la
similarité du parcours de
personnes qui n’ont pas eu
peur de travailler dur avant
que la réussite n’arrive.
PARCOURS

Depuis 2020 2010-2012 manager chez Yum France Un trait de caractère

DSI de CFAO Healthcare CTO de Franprix-Leader
Price, Groupe Casino
2018 -2020
DSI du Groupe GPE 2004-2010
Responsable SI magasins
2012-2018
chez Optic 2000
Directeur Opérations
IT du Groupe InVivo 2001-2004
Field & RSC support
(Pizza Hut, KFC, etc.)
J’apprécie le mouvement,
1999-2001
dans ma DSI comme ailleurs.
Responsable SI siège
du Groupe Gitem Si je maîtrise le run, c’est le
build qui me passionne, et
FORMATION
dans les projets, la révélation
Diplôme d’ingénieur
des personnes plus que la
de l’Epitech
puissance de la technologie.

24 mars 2023  www.itforbusiness.fr


RECRUTEMENT
Et les cinq métiers
les plus recherchés
sont…
C’est un marronnier.
Chaque année, le cabinet
de recrutement Robert
Half dévoile, à l’occasion
de la publication de
son guide des salaires,
le palmarès des métiers
FORMATION
Meta et Simplon.co
multiplient les académies
du métavers
Meta, la maison-mère
de Facebook, Instagram,
WhatsApp et Messenger,
associée ici à Simplon.co,
entreprise sociale et
solidaire de formation au
numérique, ont annoncé
l’ouverture à Villeurbanne
d’une Académie du
métavers. Il s’agit de la
cinquième école de ce type
après celles de Montreuil,
d’Aulnay-sous-Bois, de
www.itforbusiness.fr 
de l’IT et du digital les plus
recherchés. En première
place de son Top 5, on
trouve pour cette édition
une fonction qui semblait
tombée en désuétude avec
la virtualisation du poste
Nice et de Marseille, et
en attendant celle de
Lyon. Cette formation
gratuite à destination des
personnes éloignées de
l’emploi prépare au métier
de concepteur développeur
spécialisé en technologies
immersives (réalité
virtuelle, augmentée et
mixte) et métavers. Après
une formation intensive
de trois à quatre mois,
les élèves enchaînent avec
une période en alternance
de 15 à 16 mois au sein
d’entreprises partenaires
comme bem.builders,
AKQA, Inetum ou SIA
Partners.
de travail : l’administrateur
systèmes et réseaux. Un
retour en force dû, entre
autres, à la généralisation
du télétravail et du travail
en mode hybride rendant
cette fonction support
de nouveau indispensable.
Les deux profils suivants
accélèrent la mise sur
le marché de services
ou produits innovants.
Comme son nom
l’indique, le QA tester
(Quality Assurance)
teste les fonctionnalités
d’un logiciel et détecte
de potentiels bugs.
Le product owner
s’assure, lui, que les
développements sont
conformes aux attentes
du métier en travaillant de
concert avec les équipes
techniques. On passera
vite sur la quatrième
place du sales executive
que l’on retrouve chez les
fournisseurs, pour évoquer
plutôt le 5e du classement,
FORMATION
Faciliter son insertion
professionnelle grâce à l’IA
Kesk’IA propose aux
étudiants en filière
informatique ou digitale
issus de quartiers populaires
de se perfectionner en IA
pour faciliter leur insertion
professionnelle. Proposé
par l’association Evolukid,
le programme démarre
par un bootcamp de
cinq jours pour consolider
leurs bases pédagogiques.
Ils devront ensuite
talents ressources
le responsable sécurité
des systèmes d’information
(RSSI). L’accroissement du
niveau de la menace le rend
particulièrement courtisé.
Sa rémunération oscille
entre 80 et 100 K€. Une
information d’autant plus
importante qu’alors que
34 % des DSI interrogés par
Robert Half estiment que
le phénomène de turnover
s’est accentué ces douze
derniers mois, le salaire
reste un critère majeur de
rétention. 40 % observent
que le nombre de candidats
acceptant des contre-offres
de leur employeur actuel
a augmenté au cours de
l’année écoulée.
développer un POC sur des
problématiques sociétales
ou environnementales de leur
ville d’origine. Les résultats
sont présentés à des experts,
des élus et des entreprises
partenaires. Les villes de
Trappes, Nantes ou Meaux,
les fournisseurs SAP et TCS
ou les entreprises utilisatrices
Société Générale, UPS
ou L’Oréal sont parties
prenantes de l’opération.
mars 2023 25
talents décryptage
Un an après avoir pris pied sur The Sandbox, l’assureur a ouvert son propre monde virtuel
pendant quinze jours en février. Fortement orienté recrutement, il visait à partager ses valeurs
et ses engagements RSE à travers un jeu répondant à tous les codes geeks.
Axa recrute
dans le métavers
A
lors que le métavers, ou
du moins son principal
porte-drapeau Meta, tra-
verse une période de doute
et de désenchantement, Axa France
persiste et signe. Un an après avoir
acheté une parcelle sur The Sandbox,
l’assureur a construit son propre
monde virtuel. Baptisé Axadia, il
accueillait ses premiers visiteurs
durant la deuxième quinzaine de
51 % des Français seraient prêts à participer à
une opération de recrutement dans le métavers
février. Dans cet univers immersif
en 3D, au graphisme proche des jeux
vidéo pixelisés de type Minecraft et
Roblox, l’utilisateur évoluait dans un
décor de western sur fond de pyra-
mide aztèque.
Au travers de cette expérience
ludique, l’internaute était invité à réa-
liser différentes épreuves. À la fin de
l’aventure, il pouvait, s’il découvrait le
niveau secret, mettre la main sur un
NFT, l’Axa Shield, un bouclier légen-
26 mars 2023 
daire, clin d’œil à la mission des assu-
reurs qui consiste à protéger les biens
et les personnes.
Tout au long de sa déambulation, le
visiteur était informé sur les métiers,
les valeurs et les engagements RSE
d’Axa France. L’objectif premier d’Axa-
dia était, bien sûr, lié au recrutement.
Dans le pavillon dédié, un compteur
égrenait le nombre de postes ouverts
en France (la société recrute quelque
800 profils tech par an). En jouant
sur l’effet « waouh ! », la compagnie
d’assurances entendait renforcer sa
stratégie de marque employeur auprès
des « early adopters » du Web3. À l’issue
de la saison, close le 1er mars, 25 parti-
cipants tirés au sort pouvaient conser-
ver leur NFT Axa Shield dans leur
« wallet ».
Renforcer la marque
employeur et poursuivre
l’expérience du métavers
Selon le principe du « play to give »,
l’expérience de jeu se voulait aussi
solidaire. Si 10 000 participants par-
venaient à mener l’aventure jusqu’à
son terme, 10 000 € étaient reversés
à l’association Emmaüs Connect qui
lutte contre l’exclusion numérique des
populations les plus précaires.
Avec cette expérience éphémère de
jeu immersif, Axa France poursuit son
expérience du métavers. Dans un pre-
mier temps, la société a cerné des cas
d’usage également RH, mais à vocation
interne. En 2022, le métavers a d’abord
servi d’espace de rencontre et d’inte-
raction pour animer sa communauté
Axa Tech, Digital et Data qui compte
plus de 2 000 personnes. En juin der-
nier, les collaborateurs ont ainsi été
invités à vivre deux jours en immer-
sion et à participer à des conférences,
des ateliers ou à un barbecue virtuel.
Axa ouvre la voie dans ce domaine.
Carrefour a, lui, vécu une expé-
rience mitigée, son espace de recru-
tement, renvoyant aux graphismes
de Second Life, ayant fait l’objet de
railleries sur les réseaux sociaux. Le
terrain semble pourtant favorable.
Selon un sondage Ifop commandité
par la start-up Hippolyterh, 51 % des
Français seraient prêts à participer à
une opération de recrutement dans le
métavers. Un chiffre qui s’élève à 69 %
chez les 18-24 ans et à 84 % au sein des
personnes en recherche active d’un
emploi.
Côté recruteurs, selon les promo-
teurs du métavers, les univers immer-
sifs présenteraient l’avantage, grâce à
la mise en avant des avatars, de favori-
ser l’inclusion et la diversité. La simu-
lation en ligne de situations de travail
permettrait par ailleurs d’évaluer des
compétences métiers ou comporte-
mentales (soft skills). Mieux que dans
la vraie vie ? n
www.itforbusiness.fr

Allopneus prend sa gestion omnicanale
en mains grâce au low-code
LES SIGNATURES DU MOIS
La Poste
Audaxis
Migration de Oracle vers
PostgreSQL dans un contexte de
très haute volumétrie pour un ERP
open source et pour un nombre
d’utilisateurs en forte croissance.
Stellantis
Kyndryl Bridge
Optimisation de la gestion temps réel
des infrastructures informatiques du
groupe, dans le cadre de la convergence
des plateformes des différentes
entités qui l’ont rejoint (14 marques).
www.itforbusiness.fr 
usages
L’Oréal
Ayolab
Mise en place d’une solution SaaS
d’identification des revendeurs
de la marque (autorisés ou pas)
sur les différentes marketplaces
et analyse de leurs performances.
Groupe Seb
Ekimetrics
Pilotage de la stratégie marketing
groupe et de ses investissements
média avec une solution de marketing
mix modeling basée sur la data science.
PAGE 32
Groupe Renault
Dassault Systèmes
Extension de l’usage de la plateforme
3DExperience avec un module de cost
intelligence basé sur l’IA de Netvibes pour
suivre les coûts d’approvisionnement
et anticiper leurs conséquences.
Equans
ITS Integra
Transfert dans un cloud privé puis
prise en charge de la gestion des
services managés d’une solution
de paie (Anael Paie d’Infor).
mars 2023 27
usages

Une base graphe

contre les fraudeurs chez
BNP Paribas
Personal Finance
L’établissement bancaire a exploité son historique
de données avec le SGBD Neo4J pour détecter des liens
indirects entre ses anciens dossiers. Il a ainsi pu mettre
en place un modèle prédictif et probabiliste qui aide
à détecter les fraudeurs en temps réel.

I
mplantée dans de nombreux pays, 90 jours, la fourniture de justificatifs n’est
dont la France, avec des marques pas requise. L’enjeu, quand on propose ce
comme Cetelem, la branche du genre de produit, est de ne pas pénaliser
crédit à la consommation du l’expérience client grâce à un processus
groupe BNP Paribas innove régulière- aussi rapide que possible, affranchi des
ment pour proposer à ses partenaires traditionnelles étapes de vérifications
commerciaux de nouveaux produits. Le bancaires et d’identité. Dès lors, ce type
paiement fractionné en trois ou quatre de paiement est plus sujet à la fraude.
fois sur les sites d’e-commerce en fait Il suppose de nouveaux moyens de lutte. »
partie. Son succès soulève de nouveaux
enjeux de sécurité, ainsi que le sou- Capitaliser sur les données
ligne Mehdi Barchouchi, responsable existantes pour établir des patterns
Innovation Data & Outils de la Direction Les systèmes de détection de fraude tradi-
des Risques France chez BNP Paribas tionnels établissent des liens directs entre
Personal Finance : « Le paiement frac- les données, telle l’identification d’un nom pour une approche basée sur un score de
tionné repose sur un process très rapide figurant sur une blacklist. En l’absence de risque.
avec peu de données collectées auprès du justificatif, le procédé est inefficace : rien Établie à partir de la combinaison d’une
client. Ne relevant pas de la loi sur le crédit de plus simple qu’un changement de nom multitude de facteurs, cette approche
à la consommation, le remboursement pour contourner le système. C’est pour- essaie de détecter des liens indirects
étant effectué dans un délai inférieur à quoi BNP Paribas Personal Finance a opté entre d’anciens et de nouveaux dossiers
en s’appuyant sur les traces laissées par
les fraudeurs. Typiquement, deux dos-
Pour mettre en place son système, BNP Paribas Personal Finance siers peuvent n’avoir aucune information
a mené de nombreuses expérimentations afin de vérifier la valeur en commun, mais en approfondissant
des liens indirects dans la lutte contre la fraude. le sujet, on constate qu’ils partagent une
même information avec un troisième.
« Le scoring fonctionne sur un mode pré-
Thomas Pettit
toto@hotmail.fr A Thomas Petit
toto@hotmail.fr B dictif et probabiliste partant du principe
que le fait que je sois relié de près ou de
4973 efcb 6ade ag49 4973 af2c 12dc ea31
+ 33 6 26 51 60 59 + 33 6 12 34 56 78 loin à une communauté de fraudeurs aug-
mente énormément mes chances d’être
moi-même un fraudeur », précise Mehdi
Thomas Petit
jojo@hotmail.fr
C Thomas Petit
mimi@orange.fr
D Barchouchi.
4978 ed6f 13cd 0e91 4978 ed6f 13cd 0e91
Dans un premier temps, la branche
+ 33 6 26 51 60 59 + 33 7 89 87 84 85 crédit s’est appuyée sur les données stoc-
kées dans ses bases relationnelles pour
détecter de potentiels liens entre ses
Connexion directe Deux applications ont partagé une ou plusieurs infomations anciens dossiers et identifier des modes
A-B / A-C / C-D sont directement connectés opératoires. « Le temps n’était pas une
Connexion indirecte Deux applications ne partagent rien, contrainte pendant la phase d’étude et cer-
mais chacune d’entre elles partagent une infomation avec une troisième taines requêtes SQL mettaient des heures
A-B-C-D sont toutes connectés / 2 sauts de A à D ou de B à C / 3 sauts de B à D à s’exécuter compte tenu de la multiplicité

28 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 Un risque accru de
fraude potentielle est
détecté avant l’étape
d’acceptation du contrat
de paiement fractionné.

Mehdi Barchouchi,
responsable innovation data
& outils de la Direction des
Risques France chez BNP
Paribas Personal Finance
« Nous avons utilisé
la technologie Neo4J
pour réaliser nos tests
et les résultats ont
été tellement bons
que nous l’avons
gardée pour le passage
en production. »

des facteurs à prendre en compte. Mais
pour faire de la détection en temps réel, la
base relationnelle n’était clairement pas la
bonne technologie. »
Combiner base graphe et ML pour
anticiper les risques de fraude
La connaissance acquise (patterns de
fraudes) pendant cette première phase
a donc été transposée dans une base
150
partenaires
caire est beaucoup plus réactif ainsi que commerciaux
l’explique Edouard Tabary, responsable concernés
de l’équipe innovation et data science au (paiements
centre de scoring BNP Paribas Personal
fractionnés)
Finance : « Il faut généralement attendre le
second paiement, soit un mois après l’ac-
ception du dossier, pour savoir que le client
est un mauvais payeur avec les moyens
30 %
traditionnels. Grâce au modèle ML, nous
de réduction
sommes aujourd’hui en mesure de prédire des fraudes

graphe, plus performante sur les requêtes
cherchant des liens entre de gros volumes
de données. « Quand nous avons débuté,
les acteurs n’étaient pas nombreux et
Neo4J avait le plus de notoriété. Nous
avons donc utilisé cette technologie pour
réaliser nos tests et les résultats ont été
tellement bons que nous l’avons gardée
pour le passage en production ».
En appui sur des outils internes, BNP
Paribas Personal Finance a développé
un modèle de machine learning (ML)
qui utilise les données de la base pour
calculer la probabilité de fraude : pour
chaque nouvelle demande de paiement
fractionné, il attribue un score de risque
qui guide ensuite la prise de décision.
Grâce à ce modèle, l’établissement ban-
4 ans
les comportements, et donc de détecter de
potentielles fraudes avant d’accepter le
contrat. »
Durée du projet
Un système évolutif qui a déjà avant le passage
permis d’éliminer 30 % des fraudes en production
Le projet est passé en production début
2022. Aujourd’hui, BNP Paribas Personal
Finance combine détection traditionnelle
et détection basée sur les liens indirects L’ENTREPRISE
dans un même processus. Plus efficiente,
cette vérification enrichie du score de Activité
risque a permis de réduire significative- Établissement bancaire
ment la fraude. « En refusant 2 % du volume Effectif
des demandes reçues, nous arrivons à
20 000 collaborateurs
capter 30 % de la fraude, preuve que notre
dispositif est efficace », se félicite Edouard Produit net bancaire
Tabary. MARIE VARANDAT 5,2 Md€

www.itforbusiness.fr  mars 2023 29

usages
Eramet
Sa « data foundry » produit
les modèles d’IA à la chaîne
Le groupe minier traque les gisements de productivité
et de réduction de son empreinte carbone dans la data.
Dans ce secteur, les champs d’application de l’IA sont
particulièrement vastes et le payback parfois très rapide.
G
roupe minier et métallur-
gique français, Eramet extrait
notamment du nickel, du
manganèse, du lithium, des
sables minéralisés et autres métaux qui
participent à la transition énergétique,
notamment dans la fabrication des
batteries. « Il faudra trouver autant de
métaux dans les dix à quinze prochaines
années que ce qui a été extrait depuis les
débuts de l’Humanité, résume Ludovic
Donati, directeur Transformation &
Performance Numérique du groupe
Eramet. Pour accompagner cette évolu-
tion, notre transformation digitale nous
permet de produire plus et de produire
mieux. Nous l’avons construite autour
de plusieurs axes : connecter la géologie
à l’économie ; lier le monde des matières
premières aux besoins de l’industrie et de
toutes les filières aval ; optimiser nos pro-
cédés par le big data et l’intelligence arti-
ficielle ; et enfin, assurer la traçabilité et la
qualité de nos produits depuis leur élabo-
ration jusqu’aux clients, dans le respect de
notre stratégie RSE. »
Une approche de recherche
de la valeur métier pragmatique
L’idée d’exploiter la data et l’intelli-
gence artificielle se concrétise en 2018,
avec une approche très pragmatique :
identifier des cas d’usage qui permet-
tront de démontrer l’utilité de ces tech-
nologies, puis capitaliser autour de ces
premières pistes pour monter une véri-
table équipe data. Le premier projet
concerne l’activité métallurgie. Il faut
en effet chauffer le minerai de man-
ganèse à plus de 1 500°C pour produire
des alliages qui servent ensuite à la pro-
duction d’acier. Ce processus industriel
consomme énormément d’énergie et
son empreinte CO2 est très élevée. « Pour
ce cas d’usage, nous avons développé des
algorithmes qui exploitent en temps réel
30 mars 2023 
les données produites par le processus de
production. À partir des capteurs placés
sur les fours, ces algorithmes fournissent
aux métallurgistes des recommandations
d’optimisation de leurs réglages, afin de
maximiser le rendement et de diminuer
la consommation d’énergie des fours.
Nous sommes ainsi parvenus à réduire de
2 à 4 % cette consommation, ce qui repré-
sente des montants énormes et réduit
aussi l’empreinte environnementale du
processus. » Un deuxième cas d’usage
déployé en Nouvelle-Calédonie porte
sur l’optimisation du mix énergétique
qui alimente la fonderie du groupe. Le
choix de la source d’énergie est modulé
en fonction de divers paramètres, dont la
météo, les réserves hydroélectriques ou
les énergies fossiles.
« Nous avons mené ces premiers pro-
jets avec plusieurs partenaires, dont
Capgemini Invent et des start-up, avec
pour but d’apprendre comment struc-
turer une équipe data et, de proche en
proche, atteindre la bonne taille et la meil-
leure organisation possible. Nous devions
notamment tenir compte du fait que
notre groupe a une empreinte en France
L’utilisation intensive des drones
pour alimenter le modèle d’un
jumeau numérique n’a pas été
retenue. L’empreinte CO2 du process
complet était trop élevée.
métropolitaine assez légère par rapport
à notre présence à l’international. » Peu à
peu, une « data foundry » est organisée.
Elle réunit aujourd’hui une quarantaine
d’experts du digital et de la DSI : des
chefs de projet, des designers UX et des
experts du design thinking, ainsi que
des data scientists et des développeurs
frontend / backend, des data engineers
et des experts cybersécurité venus de la
DSI. En parallèle, cette dernière a mis en
place une infrastructure data qui s’ap-
puie essentiellement sur les solutions
de Microsoft Azure Data Factory pour la
collecte des données issues du système
d’information, sur Databricks pour net-
toyer ces données, et sur Azure Web App
pour le volet restitution des résultats.
Après ces projets très industriels, les
domaines d’étude de l’équipe data vont
se diversifier. Outre la maintenance pré-
dictive sur la filiale ferroviaire au Gabon
afin d’accroître la capacité de transport
de la voie unique qui traverse ce pays
d’Est en Ouest, les data scientists vont
imaginer de multiples cas d’usage à par-
tir d’une nouvelle source de données, les
drones.
www.itforbusiness.fr
 LUDOVIC-DONATI
L’analyse des images des
drones, une source inépuisable
de nouveaux cas d’usage
Ainsi au Sénégal : Eramet y extrait
des sables minéralisés qui permettent
notamment la fabrication de pigments
pour les peintures. Une drague flottante
pompe du sable dont on extrait ensuite
les minéraux lourds qu’il contient (1 %
du volume), avant sa réinjection sur le
banc d’origine. « Ces bancs de sable sont
à re-végétaliser avant d’être restitués
au gouvernement. Nos data scientists
ont développé des algorithmes d’IA afin
de reconnaître les différentes espèces
d’arbres qui doivent être replantés après
l’exploitation. Les drones surveillent
ensuite la nouvelle végétation bien plus
facilement que des agents qui doivent
se déplacer au sol. Nous avons ainsi pu
remettre au Sénégal une partie des par-
celles qui ont été exploitées avec plus
d’arbres qu’avant l’exploitation. »
Des drones survolent aussi les mines
à ciel ouvert du groupe en Nouvelle-
Calédonie et au Gabon afin de réaliser
très régulièrement des relevés topogra-
phiques. Analysées par des algorithmes,
www.itforbusiness.fr 
L’optimisation de
l’exploitation des mines
à ciel ouvert à partir des
images de drones permet de
gagner quelques pourcents
sur la consommation de
carburant des dumpers, ces
camions géants à l’appétit
gargantuesque. Un gain
dont l’impact est immédiat. Ludovic Donati,
directeur Transformation
& Performance Numérique
du groupe Eramet
« Bien utilisés, le digital
et la data peuvent
être des leviers
complémentaires pour
remplir des objectifs
RSE extrêmement
importants dans
les secteurs minier
et de la métallurgie. »
ces images permettent d’évaluer les
niveaux de stocks de minerai et l’état
des routes empruntées par les énormes 40
dumpers. Cette information est pré-
personnes dans
cieuse pour l’optimisation du transport.
Mais attention à ne pas aller trop loin
la « data foundry »
dans l’usage du digital, souligne Ludovic
Donati : « Nous avions le projet de créer
un jumeau numérique et de faire voler les
20
drones tous les jours afin de l’alimenter. projets data & IA,
Cela représente énormément de données dont une dizaine
à traiter et c’est relativement coûteux. Or en production
3 à 12
nous n’avons pas nécessairement besoin
de traiter autant de données. Nous avons
fait évoluer ce cas d’usage en introdui-
sant une notion de “retour sur envi- mois (ROI par projet)
ronnement” sur le CO2 généré. » Pour le
responsable, il est important d’évaluer
l’impact carbone dès la phase d’étude
du cas d’usage afin de s’assurer que le L’ENTREPRISE
projet n’aura pas une empreinte car-
bone supérieure à ce qu’il pourrait per- Activité
mettre d’économiser. Néanmoins, dans Activités minières
une industrie dont les process sont très Effectif
électro-intensifs et demandent beau-
8 523 collaborateurs
coup d’énergie, le digital démontre très
rapidement ses vertus. CA (2021)
ALAIN CLAPAUD 3,67 Md€
mars 2023 31
usages
Allopneus
prend sa gestion omnicanale
en mains grâce au low-code
Le spécialiste de la vente en ligne de pneus a opéré une
véritable révolution en se dotant de la plateforme CRM de
Zoho. Modulaire et intégrée, elle propose des fonctionnalités
low-code qui ont permis à la société d’être autonome très
rapidement sur le développement de nouveaux services.
F
ondée en 2004, Allopneus s’est
progressivement taillé la part du
lion sur le marché de la vente en
ligne de pneus aux particuliers
et aux professionnels. En 2015, Michelin
acquérait 40 % du capital de la société
avant d’en prendre le contrôle total en
2022. Intégrée à la stratégie de vente en
ligne du géant français de la fabrication
de pneus, Allopneus reste une entité
autonome et un distributeur multi-
marques avec ses propres moyens logis-
tiques et informatiques.
Basée à Valence (26), la plateforme
logistique est montée en puissance avec
le développement de la société. Elle
dispose d’une capacité de stockage de
1,2 million de pneus avec près de 30 000
références, et sa capacité d’expédition
quotidienne peut atteindre 25 000 pneus.
« Côté relation client, en revanche, nous
étions un peu dépassés, avoue Maxime
Banjac, directeur du programme digi-
tal chez Allopneus. Dès 2016, nous avons
noté des insuffisances, notamment en
termes d’informations après-vente. » Plus
prosaïquement, Allopneus avait non
seulement du mal à traiter une volu-
métrie qui pouvait aller jusqu’à 50 000
appels entrants par mois en période de
pointe, mais aussi à gérer les différents
canaux utilisés par ses clients. Son centre
d’appel, opéré par 60 agents en interne,
arrivait difficilement à traiter 50 % des
demandes. Très artisanal, le mode opé-
ratoire ne permettait pas de prioriser les
demandes, de faire converger les infor-
mations ou encore d’avoir une vision
coordonnée et homogène. « Résultat, un
client pouvait appeler dix fois et avoir à
chaque fois un agent différent qui l’obli-
geait à répéter. Cette gestion devenait un
véritable problème en termes de qualité
de service, mais aussi de réputation d’en-
treprise », se souvient Maxime Banjac.
32 mars 2023 
Processus redondants, chevauche-
ments de responsabilités, outillage
inadapté à une gestion omnicanale,
applications développées en interne
devenues obsolètes... tant du point de
vue humain que technique, tout était à
revoir. « Nous devions agir sur plusieurs
fronts, confirme le directeur du pro-
gramme digital. Pour dé-saturer nos
plateformes téléphoniques, nous devions
donner plus d’autonomie à nos clients en
leur permettant d’interagir sur tous les
canaux, mettre une information perti-
nente à disposition pour éviter une partie
des appels… et surtout offrir à nos agents
une vision 360 et en temps réel, avec l’his-
torique des interactions, afin d’optimiser
leur productivité. »
tème d’information. De plus, ses fonc-
Une vision 360 et temps réel tionnalités low-code et son catalogue
des interactions avec les clients applicatif très riche permettaient d’enri-
Afin de s’aligner sur les bonnes pra- chir facilement la démarche. C’était clai-
tiques de la gestion client omnicanale, rement le meilleur compromis en termes
Allopneus a dès le départ opté pour de rapport qualité/prix que nous avons
une solution du marché embarquant trouvé sur le marché. »
des processus verticaux préétablis.
Éliminant les alternatives surdimen- Tous les processus ré-examinés
sionnées, trop chères ou trop complexes, avant transformation
la société a arrêté son choix sur Zoho et Dans un premier temps, Allopneus a
sa plateforme CRM en mode SaaS. Outre modernisé son installation télépho-
la centralisation des données client dans nique qui était, elle aussi, obsolète. La
une base accessible par l’ensemble des société a ensuite revu son organisation.
agents, Allopneus souhaitait également « Nous avons passé au crible tous les pro-
mettre en place un self-service pour ses cess existants, explique Maxime Banjac.
clients, avec la publication d’une docu- Certains d’entre-eux ont été éliminés,
mentation aussi complète que possible d’autres modernisés. C’est le volet du pro-
afin de limiter le nombre d’appels. « Dès jet qui a finalement demandé le plus de
le lancement du projet en 2017, nous temps, et aujourd’hui encore, soit près de
avons aussi envisagé l’automatisation de trois ans après les premiers déploiements,
certaines procédures et la mise en place nous continuons à rationaliser nos pro-
d’un chatbot, ce qui était plutôt novateur cessus. »
à l’époque, ajoute Maxime Banjac. Zoho En mobilisant deux personnes du
proposait l’ensemble des modules dans service client, accompagnées dans
une plateforme intégrée avec des API qui un premier temps par un partenaire
facilitaient l’intégration avec notre sys- Zoho, Allopneus a déployé sa solution
www.itforbusiness.fr

Autonomes grâce aux
fonctionnalités low-code
de leur plateforme CRM, les
équipes métiers d’Allopneus
ne cessent d’enrichir leur
gestion de la relation client.
Maxime Banjac,
directeur du programme
digital chez Allopneus
« Disposer d’une
plateforme CRM
exploitable par les
métiers constitue un
atout indéniable pour le
développement rapide
de nouveaux services
répondant réellement
aux besoins. »

100 %
des appels/
interactions traités
(50 000 par mois en
période de pointe)
en quatre mois. « Leur plateforme est teurs traitent les appels en une minute
tellement simple à maîtriser que nous
sommes vite devenus autonomes, y com-
en moyenne, contre trois auparavant.
Résultat, la plateforme téléphonique ne 40
pris sur les intégrations avec notre sys- sature plus et le taux de satisfaction des
opérateurs
tème d’information. Résultat, nous avons clients ne cesse d’augmenter. Au passage,
abandonné notre prestataire et réalisé la le modèle SaaS de Zoho a aussi permis
contre 60 avant
majorité du projet en interne », souligne à la société de basculer facilement ses déploiement

Maxime Banjac.
Des taux de satisfaction client
qui grimpent régulièrement
Assez rapidement, le projet a porté
ses fruits : dès le lancement en 2019, le
directeur du centre d’appel qualifiait sa
plateforme de « véritable révolution ».
Il pouvait mesurer en quasi-temps réel
le travail réalisé par ses équipes et leur
impact sur la satisfaction client. « Fort
de cette visibilité, il a pu réorganiser son
service : aujourd’hui, avec 20 agents en
moins, notre centre d’appel est beau-
coup plus efficace, car nos opérateurs
ont considérablement gagné en pro-
ductivité », poursuit Maxime Banjac.
Disposant d’une information agrégée
et accessible en temps réel de toutes
les interactions avec le client, les opéra-
1
agents en télétravail lors de la pandémie.
Toujours en quête d’améliorations,
Allopneus continue à capitaliser sur les
modules et les fonctionnalités low-code minute pour traiter
de sa plateforme. La société vient de une demande
mettre en place le scoring pour priori- client, contre trois
ser la gestion des appels en fonction du minutes auparavant
profil du client. Elle a aussi développé un
applicatif pour mieux suivre les livrai-
sons et gérer de façon proactive les évé-
nements susceptibles d’avoir un impact L’ENTREPRISE
sur la relation client. « L’écosystème Zoho
est très riche et la possibilité de dévelop- Activité
per en low-code ouvre de nombreuses Vente en ligne et
perspectives. Les projets ne manquent montage de pneus
pas. Tout ce travail pour optimiser notre Effectif
service client commence d’ailleurs à pro-
300 collaborateurs environ
fiter aux autres services de l’entreprise »,
conclut Maxime Banjac. CA
MARIE VARANDAT Environ 300 M€

www.itforbusiness.fr  mars 2023 33

usages
Corse Composites
Aéronautiques
modernise sa gestion
des achats
Fournisseur de pièces de haute technologie aux constructeurs
de l’aviation civile, CCA a révolutionné sa gestion des achats en
se dotant de la solution Oxalys. Parmi les objectifs poursuivis :
suivre chaque achat en mode projet et s’assurer du respect des
exigences de qualité par les fournisseurs.
N
ous sommes à la fois concep-
teur, certificateur et pro-
ducteur de nos pièces. Elles
viennent équiper les princi-
paux avions d’Airbus (A320, A330 Neo,
A350) et les derniers Falcon 10X et 6X chez
Dassault, entre autres », explique Jean-
Daniel Pietri, responsable achats de
Corse Composites Aéronautiques (CCA).
Des pièces aéronautiques de pointe, des-
tinées uniquement au secteur civil. Plus
précisément, CCA est spécialisée dans
les pièces d’aérostructure (la charpente
de l’avion) telles que les trappes de train
d’atterrissage avant, les éléments de voi-
lure et les pièces pour nacelles moteur
(carénage). Elles font très largement
appel aux matériaux composites qui
présentent l’avantage de la légèreté – un
poids deux à trois fois moindre que celui
de la tôle – pour une meilleure résis-
tance aérodynamique : « Sur un A350, la
moitié de l’avion est construit à base de
composites », illustre Jean-Daniel Pietri.
CCA réalise les assemblages de réfé-
rence de ces ensembles devant répondre
Le service achat en mode projet
L’application de gestion des achats
gère ceux-ci en mode projet.
Celui-ci peut être décrit en quelques
lignes ou sur plusieurs pages
pour les plus complexes. En tant
qu’acheteur ingénieur, Jean-Daniel
Pietri doit aussi pouvoir juger de
l’expertise aéronautique de ses
fournisseurs. Il doit notamment
vérifier leur capacité à fournir en
34 mars 2023 
aux exigences du secteur aérien et ses
contraintes aérodynamiques très fortes.
Ils peuvent s’avérer fort complexes : par
exemple, une seule trappe d’Airbus A350
implique l’achat de… 150 références.
Pour s’approvisionner, le groupe
CCA travaille avec un groupement de
sous-traitants (Pôle des industries aéro-
nautiques corses, PIAC), représentant
une soixantaine de personnes travaillant
exclusivement pour l’entreprise.
Si, en aval, CCA est réputée pour
la fourniture d’éléments pointus, en
amont, la gestion des achats était jusqu’à
récemment rudimentaire, et c’est un
euphémisme : « Nous avions notre cer-
veau et des tableaux Excel, plaisante à
moitié Jean-Daniel Pietri. Avec des pro-
cessus et des procédures clairement rédi-
gées tout de même », tempère le respon-
sable des achats, exigeant une formation
poussée au métier d’acheteur.
Reste que s’équiper d’un outil moderne
était devenu urgent. Déjà sur le plan
de la qualité : « Les procédures de tra-
vail exigeantes et les responsabilités qui
série, en analysant leurs processus
qualité, organisationnels, et leur
solidité financière. Son service
doit aussi valider le procédé de
production, forcément très strict
pour des pièces destinées aux
avions, ce qui implique des audits
de surveillance réguliers et des
vérifications des certifications
des personnels concernés.
nous incombent à CCA dans le choix et
la négociation des produits nécessitaient
un support plus robuste qu’un tableau
Excel. » Autre motivation, la recherche
d’une meilleure efficacité : « C’était
quand même dommage de voir les trois
ingénieurs du service achats perdre du
temps sur Excel au lieu de le consacrer
à effectuer des tâches à plus forte valeur
ajoutée », note Jean-Daniel Pietri.
La robustesse de l’éditeur
Oxalys scrutée en détail
CCA fait un appel d’offres sur la base de
ces deux besoins principaux. Le choix
se porte sur la solution Oxalys fin 2021.
Parmi les critères de sélection, l’aspect
économique bien sûr, ainsi que l’ergono-
mie, les fonctionnalités du produit, mais
aussi la solidité de l’éditeur. L’engagement
porte en effet sur plusieurs années, car
l’activité de CCA lui interdit de prendre
des risques à ce niveau. Dernier point,
la facilité de gestion de l’application,
que les utilisateurs peuvent prendre en
charge sans recourir à l’aide de l’éditeur.
Le projet démarre début janvier 2022.
Les phases de formation et de définition
de la maquette de recettes s’achève cinq
www.itforbusiness.fr

mois plus tard. S’en suivra une étape de
programmation par l’éditeur. Au pas-
sage, CCA active deux fonctionnalités
qui n’étaient pas présentes dans son
cahier des charges, mais bel et bien dis-
ponibles dans la solution d’Oxalys : l’édi-
tion de rapports de synthèse de projet et
la mise en place de KPI.
Les achats sont désormais gérés en
mode projet (voir encadré) avec un por-
tail accessible aux fournisseurs, où CCA
partage les données techniques, com-
merciales, contractuelles, etc. Cela offre
une fluidité et un partage de données
beaucoup plus simple que par mail. En
interne, une quarantaine de personnes
exploitent Oxalys, dans les services de
production, de développement, de qua-
lité et de supply chain. Cela concerne
l’achat de « commodités » (produits com-
posites, nids d’abeille, pièces de chau-
dronnerie, visseries aux normes aéro-
nautiques…) ; celui de consommables
(utilisés pour la production, mais qui
ne finissent pas sur l’avion) ; celui d’ou-
tillages ; ou encore ceux de prestations
intellectuelles et de services autour de
la production (énergie, maintenance,
nettoyage). À chaque achat correspond
www.itforbusiness.fr 
Plus de 150 pièces sont
à assembler et à acheter
auprès de fournisseurs
certifiés pour construire
une simple trappe d’avion.
Jean-Daniel Pietri,
responsable achats de CCA
« Nos procédures
de travail et les
responsabilités
qui nous incombent
dans le choix et
la négociation des
produits nécessitaient
de passer à un support
plus robuste qu’un
tableau Excel. »
un cahier des charges auquel les four-
nisseurs doivent répondre précisément.
Au travers de la plateforme d’achats,
les utilisateurs de CCA peuvent suivre
l’état d’avancement de leurs demandes,
9
et notamment si elles ont été acceptées
et par quel fournisseur. Opérationnelle
depuis septembre 2022, la solution a
d’ores et déjà séduit une vingtaine d’entre mois de projet
200
eux qui s’y connectent. L’objectif est d’y
rallier les 200 fournisseurs de CCA.
CCA apparaît comme un pionnier dans
le secteur aéronautique, qui va dans le fournisseurs
sens de l’histoire : « Airbus a demandé en concernés par
2018 à ses sous-traitants de se structurer le portail à terme
de manière plus robuste, pour absorber
des cadences de production plus impor-
tantes, qui vont passer de 1 000 avions par
an, tous programmes confondus, à près
L’ENTREPRISE
de 1 800 », révèle Jean-Daniel Pietri. Une
autre évolution intéressante est la diffu- Activité
sion progressive de ces bonnes pratiques Fournisseur pour
informatisées d’achat à de nouveaux l’aéronautique civile
services en interne : le département
Effectif
comptabilité, le service informatique,
le service RH… pour demander l’achat 350 collaborateurs (150
en France et 200 en Tunisie)
d’ordinateurs, de consommables ou une
prestation d’intérim. CA (2022)
PIERRE BERLEMONT 45 M€
mars 2023 35
usages

deux ans. La DSI a également apprécié

l’existence de l’entité Samsung Division
B2B. Enfin, la société de notation
EcoVadis a vérifié que l’A52 était compa-
tible avec les engagements GreenIT du
groupe.

Tous les terminaux iOS,
Android et Windows seront
à terme gérés sous Microsoft
Intune, qui ne sous-traitera
que la mise à jour du système
Android à la plateforme
Samsung Knox Suite.
Infrastructure d’administration :
Microsoft privilégié
Les utilisateurs ont ensuite eux-mêmes
migré les données de leur iPhone vers
leur appareil Samsung, sans aucune
perte de données, via l’outil Samsung
Smart Switch. « Le plus gros challenge n’a
pas été technique mais humain, avec un
effort important en termes de conduite
du changement et de gestion de la logis-
tique », note Julien Zagata.
Parallèlement, l’infrastructure d’ad-

Pierre Fabre
ministration – inventaire, déploiement
et mise à jour des applications et des sys-
tèmes – des terminaux mobiles et fixes

migre 2 000 smartphones

a été unifiée. Auparavant, les iPhone
et iPad étaient gérés sous WMware
Workspace One (ex-AirWatch), et les

de iOS vers Android PC sous Microsoft SCCM, remplacé par

Intune dans l’offre de l’éditeur. La DSI a
décidé de converger vers cette dernière.
Le groupe Pierre Fabre a migré la moitié de son parc de mobiles Tous les terminaux iOS, Android et
d’iOS vers Android sur des modèles Samsung, sans perte Windows seront donc à terme gérés sous
de données. L’administration de tous ses terminaux, fixes Intune. Samsung Knox Suite a été écar-
tée car elle est limitée à la gestion des
ou mobiles, sous iOS, Android ou Windows, a été centralisée. appareils de la marque. Seul son module
Knox E-Fota, dédié à la mise à jour de

E
n 2021, le groupe pharmaceu-
tique Pierre Fabre a décidé de
migrer vers Android les iPhone
des quelque 2 000 utilisateurs
sédentaires français. Pour des raisons
métiers, le millier de commerciaux
nomades, dont chacun possède un iPhone
et un iPad, restera lui sous iOS. Objectifs :
diversifier l’offre aux collaborateurs et
surtout réduire les coûts. « Même depuis
l’arrivée de l’iPhone SE, Android reste
moins cher tout en étant désormais très
mature », estime Julien Zagata, service
manager digital workplace.
Un choix Samsung guidé
par la pérennité du système
Parmi les critères de choix du fournis-
seur, figuraient en bonne place le sup-
port, la pérennité des terminaux aux
plans matériel et logiciel, et le rapport
qualité/prix. Le choix se tourne finale-
ment vers le Samsung A52 Enterprise
Edition, qui se démarque de sa version
grand public par un support prolongé :
Samsung garantit cinq ans de mises à
jour sécuritaires et trois montées de ver-
sions majeures. Le constructeur s’engage
aussi à produire le terminal pendant
l’OS, a été retenu et intégré à Intune.
En France, l’objectif économique a
été atteint malgré une dérive des coûts
de déploiement et de formation due à la
Covid. Il est désormais envisagé d’opé-
rer la même migration dans les entités
internationales du groupe. Jusqu’à 3 000
iPhone pourraient ainsi être abandon-
nés au profit d’Android. « Les filiales
sont autonomes, mais pourraient suivre,
au moins en Europe, dans une logique
de centralisation des achats », rappelle
Julien Zagata.
THIERRY LÉVY-ABÉGNOLI

L’ENTREPRISE
Julien Zagata,
service manager digital workplace chez Pierre Fabre Activité
« Le programme Android Enterprise Laboratoire pharmaceutique
de Google n’est pas forcément suivi Effectif
d’engagements fermes des constructeurs. » 9 650 collaborateurs
dont 57 % en France
CA (2021)
2,5 Md€

36 mars 2023  www.itforbusiness.fr


Comme toutes les entreprises qui
ont déployé des algorithmes d’IA ces
dernières années, Aramis Group doit
gérer leur performance dans la durée.
métier qui demande à l’équipe data de
réaliser un scoring ou une extraction,
« nous avons réuni les product managers
et engineer managers du site web et du
catalogue d’offres, les data scientists et
les data engineers ». Un véritable travail
d’équipe se met alors en place, favori-
sant la recherche d’un consensus pour
recréer de la valeur. « Nous avons ana-
lysé en équipe le parcours client et les
flux techniques pour identifier les pro-
blèmes, comprendre leurs causes racines
et rechercher les solutions. »
En terme organisationnel, ce chan-
gement d’approche n’a pas été sans
impact, car si l’équipe data doit jouer le
rôle d’owner de certains de ses produits,
ce positionnement n’est plus si naturel
dans le cas de produits très transver-

Aramis Group
saux. « Lorsqu’il s’agit de faire évoluer
une fonction de pricing par exemple, il
faut pouvoir échanger avec les équipes

en mode « produit » pour son IA

techniques, avec les acheteurs, avec les
équipes commerciales et avec le e-com-
merce. Sur ces problématiques très trans-
verses, nous avons eu besoin de créer un
La donnée et l’intelligence artificielle sont au cœur de rôle dédié, celui de data product mana-
l’activité d’Aramis Group. Pour plus d’efficacité et d’agilité, la ger. » Ce profil nouveau peut être assumé
plateforme de vente de voitures reconditionnées a récemment par un utilisateur métier déjà très impli-
fait évoluer son organisation de production de ses modèles. qué sur la data et qui souhaite évoluer,
ou par un data scientist très intéressé par
les fonctionnements d’un métier.

A
ramis vend des voitures recondi-
tionnées dans six pays d’Europe.
La data et les algorithmes sont
au cœur de l’activité du distri-
buteur. Ainsi, l’efficacité de l’algorithme
choisissant la présentation des résultats
d’une recherche impacte directement le
taux de transformation des sites et leur
performance commerciale.
Lorsque Anne-Claire Baschet, chief
data officer d’Aramis Group, prend ses
fonctions en 2019, elle note justement
une baisse de la transformation sur les
recherches effectuées sur le site Aramis
Auto en France. « Nous avons recherché
la source du problème. Il se trouvait que
l’algorithme mis en place deux ans aupa-
ravant, dont la sophistication et la puis-
sance n’étaient pas en cause, avait été
conçu en mode projet. C’est-à-dire avec
l’idée qu’il devait être maintenu tel quel
tant qu’il donnait des bons résultats… Ce
qui n’était plus le cas. »
Une recherche de consensus
Plutôt que de se lancer dans le déve-
loppement d’un nouvel algorithme, la
CDO décide de changer de stratégie
pour une approche produit, avec un
développement en continu, mené par
petites itérations. Plutôt que d’en rester
à un rapport client/fournisseur avec un
Aramis Group gère aujourd’hui un
portefeuille de 47 produits. Cette nou-
velle approche a aussi modifié la façon
dont ils sont conçus : les micro-services
sont désormais privilégiés et une revue
régulière des différentes API a été mise
en place pour piloter l’évolution des
temps de réponse de chacune d’entre
elles, les éventuelles défaillances et la
performance des modèles. L’approche
produit contribue ainsi à maintenir la
performance des modèles d’IA dans
la durée, en déclenchant de nouveaux
cycles d’apprentissage à chaque fois que
l’un d’entre eux commence à s’éloigner
de la performance initiale. ALAIN CLAPAUD

L’ENTREPRISE
Anne-Claire Baschet,
directrice Data et Produit d’Aramis Group Activité
« Nous ne pensons plus algorithmes Vente de voitures
au sens data science, mais services reconditionnées
complets et produits. » Effectif
1 800 collaborateurs
CA (2021)
1,36 Md€

www.itforbusiness.fr  mars 2023 37

enquête
Focalisées sur le développement et le perfectionnement
des modèles, la majorité des entreprises négligent
l’acculturation, la méthode et le suivi humain et technique
nécessaires pour viabiliser leurs IA sur le long terme.

Votre entreprise
est-elle prête
pour l’IA ?
L
es deux tiers des entre-
prises ont intégré l’intel-
ligence artificielle à leur
stratégie de développe-
ment. En 2021, 19 % y consacraient
déjà plus de 30 % de leur budget.
En 2024, elles seront 49 %. Issus
de l’étude « The Art of AI Maturity:
Advancing from Practice to
Performance » réalisée par
Accenture auprès de 1 600 diri-
geants dans le monde, ces chiffres
montrent l’intérêt des entreprises
pour l’IA. Toutefois, malgré cette
appétence et ces investissements
croissants, seulement 12 % des
entreprises arrivent à retirer de
la valeur de l’IA. De fait, la majo-
rité (63 %) en est encore au stade
de l’expérimentation, effleurant à Les études ne cessent de le des freins rencontrés aujourd’hui
peine le potentiel apporté par les montrer : la majorité des POC ne par les entreprises. Suivi, proces-
technologies de l’intelligence arti- passent pas à l’échelle. En cause, sus, contrôle, problèmes éthiques,
ficielle, et les entreprises restantes souvent, le manque de données. transparence et explicabilité… sont
(25 %) sont à peine plus avancées Sans data, pas d’IA. Mais aussi cen- autant de problèmes aujourd’hui
(voir encadré). trale soit-elle, la data n’est qu’un mal appréhendés par la majorité
d’entre elles et qui nécessitent à la
fois une organisation humaine bien
spécifique et de nouveaux moyens
techniques. Faute de quoi, l’IA res-
tera au stade expérimental ou,
Pierre Vivier-Merle, directeur Europe du centre pire, posera de sérieux problèmes
d’excellence Digital Business Transformation d’Insight
d’image, de conformité réglemen-
« Certains projets IA supposent de telles refontes taire ou encore de pertinence dans
de l’architecture data, et parfois même du les choix stratégiques.
système d’information, qu’ils finissent par ne plus
être rentables. Avant de se lancer, il faut vérifier Des données accessibles
tous les impacts d’une IA passée à l’échelle. » « Les données pour l’IA et le
machine learning ne sont pas seu-
lement les données structurées

38 mars 2023  www.itforbusiness.fr


usuelles auxquelles nous sommes
habitués, provenant de bases
de données relationnelles par
exemple. Ce sont aussi des don-
nées non structurées telles que du
texte, des images, des vidéos, etc.
Le volume est également très diffé-
rent et c’est pourquoi nous parlons
de big data dans le monde de l’IA.
Pour former des modèles, il faut
une très grande quantité de don-
nées », souligne Diego Lo Giudice,
vice-président et analyste prin-
cipal chez Forrester. Dans son
ebook « Vos données sont-elles
prêtes pour l’IA ? » publié en 2022,
le cabinet d’analyse va même plus
loin : « Si votre organisation conti-
nue de penser que la finalité de la
gestion des données consiste à les
www.itforbusiness.fr 
les anciens modèles de données
pour l’utilisation de l’IA, vous devez
en concevoir de nouveaux en les
pensant pour l’IA. »
En réalité, le modèle adapté
s’appelle DataOps et repose sur
une architecture décentralisée
des données, qu’on l’appelle data
hub ou data mesh. Il donne à l’en-
treprise la flexibilité dont elle a
besoin pour réunir les données
nécessaires au test et à l’entraîne-
ment des modèles.
La qualité prime
sur la quantité
De plus, les architectures décen-
tralisées vont souvent de pair avec
une gestion fédérée de la qualité
de la data : la propriété des don-
nées et la gouvernance sont géné-
Le passage d’un modèle en production
n’est que le début d’un long travail qui
va perdurer aussi longtemps que l’IA vivra
ralement transférées aux produc-
teurs. On évite ainsi les goulets
d’étranglement propres aux sys-
tèmes monolithiques centralisés
tout en obtenant des jeux de don-
nées fiables et cohérents.
Cette qualité des données est
d’autant plus indispensable qu’elle
peut compenser l’absence de
quantité. Avec son approche « data
centric AI », Andrew Ng, cher-
cheur américain dans le domaine
de l’apprentissage automatique et
de la robotique, défend l’idée qu’on
regrouper dans des bases de don- peut améliorer de façon significa-
nées centralisées, à les analyser tive les scores d’un modèle en tra-
et à générer de l’information de vaillant sur la qualité des données,
manière linéaire, considérez cela plutôt que sur la quantité. Au-delà
comme un signal d’alarme. […] de la réduction des coûts en stoc-
Plutôt que d’essayer de moderniser kage, en transformations et autres
Anne Sultan, associée Risk Advisory chez Deloitte
« Pour que l’IA soit un levier différenciant,
l’entreprise doit orchestrer technologies et talents
et faire collaborer des juristes, des stratèges,
des data scientists ou encore des profils IT plus
orientés SI, tout en adoptant une gestion par
le risque afin de prévenir les dérives du modèle. »
mars 2023 39
enquête

NIVEAUX DE
Achievers Builders
(champions de l’IA) (avancés en IA)
STRATÉGIE & SPONSORING
Sponsorship senior (le CEO et le Board soutiennent activement les initiatives IA)
Stratégie IA bien définie et alignée sur la stratégie business
Proactivité vs Réactivité (l’organisation a les ressources pour proactivement définir et démontrer)
Les équipes disposent d’outils AI et ML aisément accessibles
L’entreprise dispose d’un réseau de développeurs
DATA & IA
Build vs Buy : l’organisation développe ses propres applications IA (avec ou sans un partenaire)
Plateforme et technologie : l’organisation a déployé
les infrastructures cloud et data nécessaires à l’IA
Expérimentation data : l’organisation a amélioré son usage de l’expérimentation de la data
Gouvernance : l’organisation a mis en œuvre une gouvernance de la qualité de la donnée
Évolution de la gestion de la donnée : l’organisation a amélioré ses pratiques de gestion de la donnée
TALENTS & CULTURE
Formation obligatoire à l’IA : l’organisation impose différents
programmes de formation IA selon les postes
Compétences IA : l’organisation mesure régulièrement le niveau de compétences IA des employés
Culture de l’innovation intégrée : l’organisation a une culture
qui encourage expérimentation et idéation
Culture de l’innovation encouragée : l’organisation favorise
des états d’esprit et comportements innovants
Stratégie de talents IT : l’organisation a une roadmap pour embaucher, retenir des rôles IA
IA RESPONSABLE
IA responsable « by design » : l’organisation a industrialisé
une approche responsable de la data et de l’IA
Évolution vers une stratégie orientée donnée & IA responsable :
l’organisation a amélioré ses pratiques data et IA

17 critères pour évaluer votre maturité en IA Une IA contrôlée en

continu et en temps réel
Dans le cadre de son étude « The Art of AI Maturity: Advancing from Practice to Autre différence significative
Performance » (Maturité de l’IA : l’art de passer de la pratique à la performance), Accenture avec les approches BI, un projet
a établi une « check-list » pour mesurer et classer les entreprises selon leur niveau IA n’est jamais fini… Le passage
de maturité en IA. L’étude distingue quatre niveaux principaux : les AI Achievers (12 %) d’un modèle en production n’est
qui cochent la plupart des cases, les AI Builders (12 %) qui pêchent principalement que le début d’un long travail qui
sur l’acculturation, les IA Innovators (13 %) qui ont du mal à passer à l’échelle, et enfin les AI va perdurer aussi longtemps que
Experimenters qui représentent la majorité (63 %) et qui ne cochent encore aucune case. l’IA vivra. Aujourd’hui, on parle
même de MLOps, ensemble de
pratiques pour déployer et main-
tenir des modèles en production
traitements, cette approche per- Europe du Sud, « la notion de qua- de manière fiable et efficace.
met aussi de diminuer les risques lité en IA va au-delà de celle géné- L’enjeu ? Un modèle peut dériver
de sécurité (moins de données, ralement retenue pour la business à tout moment, qu’il soit victime
donc moins de brèches poten- intelligence, car les données doivent d’un hacking façon Tay (intelli-
tielles) et l’impact environnemen- aussi être représentatives d’un gence artificielle de Microsoft
tal, le big data coûtant très cher en échantillon, faute de quoi le modèle lancée en 2016 et pervertie par des
émissions de CO2. générera des biais. Trop focalisées posts), ou d’un développement qui
Enfin, ainsi que le souligne sur l’algorithme, les entreprises se n’a pas su anticiper des biais ou
Marion Gardais, directrice du rendent compte, quand elles veulent des aléas de la vie, ainsi que le sou-
centre d’excellence pour l’IA et la passer à l’échelle, que les données ligne Grégory Abisror, lead applied
data chez Capgemini pour la région requises ne sont pas disponibles. » intelligence chez Accenture : « La

40 mars 2023  www.itforbusiness.fr

MATURITÉ
Innovators Experimenters
(innovent avec l’IA) (expérimentent l’IA)
pandémie, par exemple, a pu
entraîner de nouveaux contextes
macroéconomiques qui impactent
votre entreprise. Les données évo-
luent, mais le modèle ne le sait pas.
Il faudra le réentraîner pour lui
permettre de s’adapter. »
Pour détecter d’éventuelles
dérives, l’IA doit être en perma-
nence monitorée. Cette super-
vision passe par la mise en place
d’indicateurs, seuils à partir des-
quels on estime que l’IA « dévie »,
et d’outils capables de générer des
alertes quand l’IA approche de ces
seuils. Beaucoup de mécanismes
de supervision reposent sur les
outils analytiques classiques,
mais on voit aussi apparaître des
IA pour contrôler d’autres IA, à
l’instar des « Prometheus Models »
élaborés par Microsoft pour
superviser, challenger et modérer
www.itforbusiness.fr 
Les contrôles de l’IA Bing en action
Bing reconnaît
un sujet sensible
et affiche un
avertissement
Les contrôles
Prometheus
s’aperçoivent
de la criticité de la
réponse générée
et l’interrompent
Bing indique
qu’il ne peut
pas continuer
et propose de
changer de sujet
le nouveau modèle linguistique l’IA Bing. Sur certaines questions
génératif d’OpenAI (GPT-4) inté- tendancieuses, l’IA commence à
gré à Bing. générer une réponse avant de s’in-
« Mesurer les dommages causés terrompre et de produire un mes-
par une IA conversationnelle qui sage expliquant que le sujet est
se doit d’être responsable reste un trop délicat pour poursuivre.
domaine de recherche difficile. Cette supervision en continu
C’est là qu’il nous a fallu le plus et en temps réel est d’autant plus
innover », reconnaît Sarah Bird, essentielle que la dérive peut sur-
responsable Responsible AI chez venir à tout moment dans la vie
Microsoft. « Le modèle Prometheus d’une IA, et entraîner des pertes
se fait passer pour un utilisateur financières directes (client mal
afin de mener avec Bing des mil- conseillé) et indirectes (atteinte
liers de conversations différentes, aux valeurs de la société et à
potentiellement dangereuses, pour l’image de marque). De plus, une
voir comment il réagit. Ainsi, nous IA pervertie est souvent une IA
sommes en mesure de tester en perdue : il faut réentraîner le
permanence notre système sur modèle en repartant de zéro. D’où
un large éventail de conversations l’intérêt d’identifier très vite les
avant même qu’un utilisateur réel dysfonctionnements avant que
n’y touche. » À l’usage, il apparaît l’IA ne soit plus récupérable.
évident que Microsoft a également Enfin, comme le précise Marion
un modèle Prometheus qui ana- Gardais, le pilotage de l’IA ne peut
lyse en temps réel ce que produit pas être que technique : « Il faut
José Sanchez, responsable
de l’ingénierie ML chez Axionable
« Huit entreprises sur dix n’ont pas de
méthodologie. C’est pourtant essentiel
et par là qu’il faudrait commencer
quand on envisage sérieusement
de tirer avantage de l’IA en entreprise. »
mars 2023 41
enquête

EXPERT Grégory Abisror, lead applied intelligence chez Accenture mais elles sont encore très en retard
sur la méthodologie et l’organisa-
Capitaliser sur les services cloud tion humaine, note José Sanchez,
pour bâtir sa chaine MLOps responsable de l’ingénierie ML
chez Axionable. Dans les grandes
entreprises qui mènent plusieurs
« La problématique de la de l’intégration. Ils permettent projets en parallèle avec diffé-
chaîne continue en IA est assez de couvrir l’ensemble de la rentes équipes, on constate sou-
complexe. Elle ne peut être chaîne, du DataOps au MLOps. vent une grande hétérogénéité de
résolue uniquement par le Cette intégration constitue un méthodes. Cela complexifie consi-
process. Il faut de l’outillage. facilitateur et permet d’accélérer dérablement la maîtrise de l’IA du
Au-delà de la chaîne CI/CD pour les projets, d’autant que point de vue de la transparence, de
l’intégration et le déploiement les services cloud présentent l’explicabilité ou encore du respect
continu des modèles, il faut aussi l’avantage de la scalabilité. des valeurs de l’organisation. »
des outils dédiés à l’exploration On peut reproduire cette Dans son ouvrage « Data Mastery –
et à l’entraînement des chaîne en interne, mais How data-powered organizations
modèles, puis à la gestion de l’inférence, c’est plus compliqué et probablement outperform their competitors »,
autrement dit au contrôle permanent moins rentable, car il faut des Capgemini suggère de commen-
et de chaque instant du cycle de vie infrastructures conséquentes pour cer par définir une charte IA :
du modèle. entraîner un modèle avec beaucoup « Alors que la réglementation ne
Beaucoup d’entreprises optent pour des de données. Or, certains modèles fournit que des orientations, il
services cloud qui présentent l’avantage ne sont entraînés qu’une fois par an… » appartient aux organisations de
définir leurs codes de conduite en
matière d’IA. » Cette charte doit
s’accompagner d’une gouver-
aussi des humains derrière les IA, l’IA de Bing, nous avons mobilisé nance, une équipe chargée de
à commencer par un “propriétaire” toute la force de notre écosystème superviser le respect des valeurs
dont le rôle est de s’assurer que Responsible AI. Des scientifiques, de l’entreprise, et des dispositifs
l’IA ne dévie pas dans le temps, des chercheurs, des éthiciens, des de communication pour gérer les
qu’elle n’engendre pas de biais et ingénieurs et des experts juri- problèmes éthiques auxquels les
qu’elle respecte la charte éthique diques et politiques ont travaillé collaborateurs et clients peuvent
de l’entreprise. » ensemble comme une seule équipe être confrontés. Le cabinet estime
afin de développer des approches que l’organisation autour de l’IA
Une IA éthique et responsable de mesures et des stratégies d’atté- doit reposer sur des processus qui
En réalité, la mobilisation de nuation des risques. » cadrent la conception et le déve-
l’humain doit même précéder le « Globalement, les entreprises loppement, comme l’intégration
développement de l’IA, ainsi que commencent à être plutôt bien systématique d’un humain dans
le souligne Sarah Bird : « Pour équipées sur la partie technique, la boucle pour surveiller l’IA sur
le long terme, ou des programmes
de formation destinés aux profils
techniques pour les sensibiliser
EXPERT Marion Gardais, directrice du centre d’excellence
aux différents aspects éthiques.
pour l’IA et la data chez Capgemini pour la région Europe du Sud
« Quelle que soit l’organisation
Moins stocker pour une IA plus durable mise en place, elle doit à la fois cou-
vrir un aspect préventif, à la source
de l’IA, et un monitoring poussé
« Malgré une certaine prise de des IA au plus proche des intégrant des instances juridiques
conscience, peu d’entreprises données sources. Or, pour dans la boucle. N’oublions pas que
se mettent en ordre de marche l’instant, “l’edge IA” est assez l’IA est aussi un sujet au niveau de
pour gérer la volumétrie peu utilisée. De la même façon, l’Union européenne avec la publi-
galopante des données. les entreprises auraient tout cation, prévue pour 2024, de l’IA
Or, le stockage massif intérêt à passer d’un modèle Act », souligne Anne Sultan, asso-
coûte cher à l’entreprise très autocentré – je centralise ciée Risk Advisory chez Deloitte.
et à l’environnement. et stocke tout en interne – En attendant cette réglemen-
Stocker à tout va n’a pas à un modèle collaboratif : on tation, les entreprises peuvent
de sens : il ne faut rapatrier se partage les données entre un d’ores et déjà se référer au livre
en central que les données dont on a groupe d’acteurs pour éviter la duplication. blanc « Intelligence artificielle.
vraiment besoin. Il est urgent d’intégrer Peu d’entreprises le font et principalement Une approche européenne axée
la composante green IT dans la data, pour des raisons business. La composante sur l’excellence et la confiance »,
notamment avec l’arrivée de la donnée durable est rarement prise en compte. » publié en février 2020 par la
connectée et de l’IoT. Il faut développer Commission européenne.
MARIE VARANDAT

42 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 radar

J’ai 10 ans…
Les Assises de l’Entreprenariat d’avril 2013 en avaient jeté les fondations, dans la foulée du
mouvement des Pigeons. La French Tech, formellement lancée au mois de novembre suivant,
fête cette année une décennie d’existence. Avec un bilan éloquent pour son « French Tech
Next40/120 » et ses 27 nouveaux entrants de l’exercice.

C
réé en 2019 par
la Mission French
Tech, le French Tech
Next40/120 2023
(portant sur l’année passée)
des 40 start-up les plus
prometteuses du moment, vient
de sortir. Outre ses – nombreux –
entrants, cette édition a encore
Thierry été marquée par des levées
Derouet de fonds conséquentes pour
Directeur Contentsquare (600 M€), Doctolib
de la rédaction (500 M€), Qonto (486 M€) ou
encore EcoVadis (477 M€). Près
de 500 fonds d’investissements
(475 exactement) ont participé
aux différents tours de table
de la promotion 2023 (dont
56 % d’européens).
Au-delà de ces chiffres,
il est aussi réjouissant de
voir ces start-up réaliser des
opérations de croissance externe
en rachetant des concurrents
directs en Allemagne comme
aux États-Unis. Car il ne faut pas
oublier que ces 40 entreprises
représentent 47 800 emplois
avec des perspectives plus
que prometteuses puisque
72 % d’entre elles ont au moins
doublé leurs revenus de 2019
à 2022.
Ces acteurs du digital ne sont
pas seulement des fers de lance
pour l’économie française.
En plus de lui donner du poids
dans un secteur d’avenir,
ils incarnent aussi une certaine
idée de la réindustrialisation
de la France qui veut l’appuyer
sur une industrie plus propre
et décarbonée et sur des leaders
qui portent haut les valeurs de
parité, d’inclusion et d’écologie.
Et si ces quelques chiffres
ne vous parlent pas, demandez
aux pionniers du logiciel français
– Bernard Liautaud, Denis Payre
ou Alexandre Dayon –, à l’origine
de Business Objects, première
entreprise française à s’introduire
au Nasdaq, l’importance d’un
tel réseau. Bon anniversaire. n

www.itforbusiness.fr  mars 2023 43

radar start-up

Cybi propose un GPS pour prévoir

mum d’efforts et le maximum de
résultats en termes de baisse de

les attaques informatiques

L’application Scuba anticipe les risques en comparant les sinistres
et scenarii référencés par les institutions en charge de l’internet
avec la cartographie du système d’information de l’entreprise. Un
plan d’action est alors proposé aux équipes en charge de la sécurité.
directeur général de Cybi.
Dans son principe, Scuba repère
les vulnérabilités du SI, analyse le
taux d’exploitation de celles-ci
sur le web par les attaquants,
regarde si cette vulnérabilité a été
constatée dans un scénario d’at-
taque identifié avec « succès » et
en tire un plan d’action avec des
niveau de risques pour l’entre-
prise. « Ensuite, en rythme de croi-
sière, un contrôle mensuel suffit à
une bonne hygiène informatique »,
ajoute Fabian Osmond. Ce rythme
est adaptable selon la criticité
business des départements de
l’entreprise, l’analyse peut donc si
nécessaire s’opérer quotidienne-
ment. À noter que Scuba n’intègre
pas d’agents dans le SI de l’entre-
prise afin de ne pas être intrusif,
et éviter que ces agents, aussi
sécurisés soient-ils, ne servent de
porte d’entrée aux attaquants :
c’est à l’entreprise d’alimenter la
plateforme avec les résultats des
scanners de vulnérabilités.
Cybi s’adresse à tout type d’en-

A
nticiper les cyberat-
taques et reproduire
L’objectif les chemins qu’elles
de Cybi est empruntent dans le sys-
de faciliter tème d’information : telle est la
la prise de première vocation de la start-up
décision des Cybi. Sa plateforme Scuba peut
RSSI, ce qui
être aussi utilisée « post mortem »,
passe par une
cartographie c’est-à-dire après qu’une société a
des risques de été attaquée, pour cartographier
cybersécurité les endroits du SI sur lesquels les
et un tableau hackers ont pu rebondir pour
de bord des exfiltrer des informations cri-
actions à tiques de l’entreprise.
enclencher Mais mieux vaut prévenir ! C’est
pour protéger pourquoi Scuba analyse les iti-
le SI. néraires d’attaque et propose des
plans de remédiation suivant un
ordre de criticité par rapport aux
faiblesses du SI. « Ce qui nous dif-
férencie sur le marché aujourd’hui,
c’est une aide à la décision pour
les équipes de cybersécurité. Elles
savent sur quoi concentrer leurs
efforts », résume Fabian Osmond,
pondérations qui définissent par
exemple les machines à patcher
en priorité. Cybi a développé pour
cela des logiciels propriétaires
puisant une multitude d’informa-
tions issues des autorités d’inter-
net telles que l’Anssi en France,
la Cisa américaine, etc. Ses algo-
rithmes corrèlent ensuite ces
informations avec les scanners
du SI de l’entreprise – éventuelle-
ment fournis par des partenaires
si celle-ci n’a pas l’outil adéquat –
pour établir une photographie des
risques. La valeur de Scuba est de
traduire en moins d’une heure le
résultat de ces scanners, grâce à
de l’intelligence artificielle et des
mécanismes automatiques d’ap-
prentissage, pour être capables
d’identifier les chemins d’attaque
et les plans de remédiation.
Le plan qui en résulte guide pas
à pas les équipes de cybersécurité,
avec comme philosophie le mini-
treprises : des administrations
aux établissements de santé, en
passant par les TPE, PME, ETI
ou grands groupes. La start-up
propose deux modèles de com-
mercialisation : une analyse « one
shot » rapide et limitée dans une
amplitude de temps ; une offre
d’abonnement avec des contrôles
récurrents. Une mise à jour est
produite chaque semaine, tirant
profit des commentaires des uti-
lisateurs et de la veille opération-
nelle des chercheurs du Loria. Les
premiers clients sont dans la région
de Nancy, Cybi souhaitant gar-
der une proximité pour sa phase
de démarrage. Mais la start-up a
déjà des pistes à l’international,
en Afrique et au Canada. À plus
long terme, c’est sur l’automatisa-
tion que Scuba veut progresser, au
niveau de la remédiation et de la
simulation des attaques en amont.
PIERRE BERLEMONT

Fabian Osmond, L’ENTREPRISE

directeur général de Cybi Création Siège Origine
« Nous nous différencions Vandœuvre- Loria et Université
en aidant les équipes de 2022 lès-Nancy (54) de Lorraine
cybersécurité dans leur prise Effectif Financement CA
de décision. Elles savent sur 7 collaborateurs NC NC
quoi concentrer leurs efforts. »
RÉFÉRENCES
NC

44 mars 2023  www.itforbusiness.fr

Meelo détecte la fraude
et le risque d’impayés
Grâce à l’intelligence artificielle et à l’open data, la start-up nordiste
permet aux entreprises de faire face aux risques d’usurpation
d’identité et de défaut de paiement, pour sécuriser les transactions
avec leurs clients.
A
À partir des près une première levée
informations de fonds de trois mil-
à renseigner, lions d’euros fin 2022, la
la version start-up nordiste Meelo
portail de
entend accélérer son développe-
Meelo indique
ment. Son marché ? « Nous pro-
si le client peut
être accepté, posons une solution pour contrer
devrait être la fraude et les impayés, de plus
refusé ou en plus fréquents, et ainsi sécuri-
nécessite ser l’acquisition ou la souscription
une analyse de nouveaux clients par les entre-
complé- prises », résume Laurent Kocinski,
mentaire. président et cofondateur de la
société. L’idée remonte au milieu
des années 2010. « Alors gérant
d’une franchise d’électroménager,
je voyais les clients se connecter
sur leur smartphone pour com-
parer les prix des appareils, mais
jamais pour trouver le meilleur
mode de financement, raconte-
t-il. À la cession du magasin, j’ai
pensé qu’une application mobile
Laurent Kocinski,
président et cofondateur de Meelo
« Notre technologie
d’intelligence artificielle,
en établissant un profil du
client en temps réel, permet
de repérer les éventuels
fraudeurs et de prédire
le risque d’impayé. »
www.itforbusiness.fr 
permettant d’obtenir un crédit ou
des facilités de paiement pourrait
trouver écho. »
Avec Mohamed Hadiri, un
ancien collègue chez Cofidis,
expert en risques préventifs,
ils décident ensemble de lancer
Meelo, en 2017. Mais comme « la
réussite d’une telle app nécessite
de gros budgets et d’importants
efforts commerciaux », les deux
hommes se tournent rapidement
vers le marché professionnel,
notamment le secteur de la distri-
bution qui se montre intéressé car
confronté à des risques d’usur-
pation d’identité et de défaut de
paiement. « Après Boulanger puis
plusieurs autres distributeurs, des
établissements financiers que nous
avions rencontrés au départ, sans
parvenir à les convaincre, sont
revenus vers nous. » Il faut dire que
Meelo promet aux entreprises
de diviser par dix le nombre de
fraudes et d’impayés, et par quatre
leur coût de gestion du risque.
Techniquement, grâce à l’intel-
ligence artificielle et à l’open data
(open banking, web scraping), la
solution vérifie en temps réel que
les données de contact du client
sont cohérentes avec son identité,
et que les documents remis (bulle-
L’ENTREPRISE
Création
2017
Effectif
20 collaborateurs Fonds propres, prêts
RÉFÉRENCES
Apple, Boulanger, Bymycar, Decathlon, Sofinco…
tins de salaires, papiers d’identité,
relevés bancaires, etc.) n’ont pas
été falsifiés. « Nous avons déve-
loppé nos propres algorithmes, en
Python, et nous nous appuyons sur
des spécialistes en reconnaissance
automatique tels que Finovox
ou Ariadnext », précise Laurent
Kocinski. Un score de fiabilité est
ainsi attribué au client, et en cas
d’écart par rapport à un « profil
moyen », le logiciel peut suggérer
des contrôles supplémentaires ou
une vérification « humaine », par
téléphone par exemple. Proposée
à travers une application SaaS
ou un « micro-service en API » à
connecter à un logiciel métier, la
solution est aussi disponible en
« batch » après envoi des fichiers
clients.
Son récent tour de table réussi
permet à la start-up de plani-
fier des améliorations : d’abord,
le développement d’un service
d’évaluation des entreprises,
en particulier des fournisseurs
du fait de la pression réglemen-
taire autour de la vigilance ;
ensuite, l’intégration d’un nou-
veau modèle mathématique basé
sur une représentation multi-
dimensionnelle des données ;
enfin, le lancement d’un service
de « tiers de confiance » pour les
acteurs de l’immobilier. Meelo
entend aussi se développer à l’in-
ternational, principalement en
Europe et en Asie, et recruter une
dizaine de collaborateurs dans les
prochains mois. De quinze réfé-
rences actuellement, le por-
tefeuille clients pourrait ainsi
doubler avant la fin de 2023, pour
approcher les 4 M€ de chiffre
d’affaires. THIERRY PARISOT
Siège Origine
Lille (Marcq- Création
en-Barœul) originale
Financement CA
1,8 M€
bancaires et de Bpifrance,
levée de fonds
mars 2023 45
radar start-up
Weytop veut
démocratiser le cloud PC
La start-up simplifie les architectures de VDI, après avoir
développé ses propres outils de streaming et d’hypervision
notamment, et en s’appuyant sur des partenaires pour adapter
sa solution aux différents métiers.
C
Un test gratuit e n’est pas l’idée de notre
est possible solution qui est nouvelle,
pour les c’est sa facilité d’intégra-
configurations tion et d’usage », explique
Essentiel et
d’entrée de jeu Vincent Sécher,
Avancé. Le
cofondateur de Weytop. Et effec-
coût mensuel
est ensuite tivement, si la start-up s’inscrit
d’environ 40 € dans la famille des logiciels d’in-
(Essentiel) à frastructure de virtualisation du
200 € (Expert). poste de travail (VDI, pour Virtual
desktop infrastructure) et de leur
déclinaison cloud (DAS, pour
Desktop as a Service), elle innove
en les démocratisant pour les plus
petites structures.
Ses associés et lui ont repéré
des obstacles freinant l’adoption
du VDI. Le premier venait de la
nécessité de disposer, côté client,
d’une infrastructure dédiée, on
premise ou dans le cloud avec
Vincent Sécher,
directeur associé et
cofondateur de Weytop
« Nous avons voulu simplifier
le parcours utilisateur
pour que les PME et les ETI
aient accès au VDI comme
les grandes entreprises. »
46 mars 2023 
du VMware Horizon ou du Citrix
CVAD. Amortir de tels investisse-
ments suppose un nombre d’utili-
sateurs conséquent. Ce sont donc
les grands comptes qui adoptent
principalement ces VDI. Ensuite,
les difficultés de réversibilité : par
exemple, une VM tournant sur
AWS ne peut ni être ramenée on
premise ni être transférée chez un
autre hébergeur. « Certains de nos
clients, de grandes entreprises du
secteur automobile par exemple,
refusent de placer leurs VM dans le
cloud pour éviter les risques de rup-
ture de connexion et pour ne pas
casser les chaînes de production »,
explique ainsi Vincent Sécher.
C’est pourquoi Weytop laisse à ses
clients et partenaires le choix du
lieu de stockage de leurs VM.
Côté outils, après avoir noté que
la plupart des fournisseurs de VDI
effectuent le streaming en RDP
(Remote Desktop Protocol), « ce
qui se traduit par une expérience
dégradée, nous avons décidé
d’opérer en WebRTC, avec un flux
de meilleure qualité capable de
supporter la 4K ». Pour obtenir ce
résultat, Weytop a développé son
propre streamer. « Nos premiers
clients dans le domaine du BIM
[Building Information Modeling,
L’ENTREPRISE
Création
2020
Effectif
9 collaborateurs Levée de fonds (janvier
RÉFÉRENCES
Bouygues, Greta Midi Pyrénées, Tollemer
NDLR] n’ont constaté aucune
rupture lors de l’exploitation de la
solution », affirme Vincent Sécher.
La start-up a également mis au
point un hyperviseur pouvant
embarquer indifféremment les
OS Windows, Linux et Android.
Weytop veut vulgariser l’accès
aux VM pour les petites structures
en particulier dans le cloud. « Nous
le promouvons pour des questions
de sécurité. Nous pouvons notam-
ment bloquer l’ensemble des ports
de la machine locale. Comme
aucun agent n’est présent, il suffit
de lancer le navigateur et après
tout se passe dans le cloud », décrit
Vincent Sécher. Cette frugalité
offre un autre avantage, celui de
prolonger la durée de vie des PC.
Weytop travaille aujourd’hui
avec deux cloud providers, Orange
et Bouygues Telecom. Au niveau
des machines, trois configura-
tions sont disponibles : Essentiel,
Avancé et Expert. La VM est
fournie sans système d’exploita-
tion : c’est le client qui charge son
propre OS, à partir d’une image
ISO par exemple, ou le provider.
Par ailleurs, dans le modèle indi-
rect de Weytop, ses partenaires
peuvent équiper les PC d’applica-
tions spécifiques, pour le secteur
de l’éducation par exemple. Ces
fonctionnalités pensées pour les
métiers constituent un axe de
développement pour la société.
Autre point d’amélioration prévu,
les outils d’administration et de
gestion destinés aux partenaires,
de sorte qu’ils puissent créer de la
valeur ajoutée, par exemple pour
paramétrer plus finement les
configurations des machines.
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dossier

Réussir sa stratégie
low-code
no-code
dans la durée

Plus que de simples solutions de développement

low cost, le low-code/no-code (LCNC) représente une
nouvelle étape dans la façon dont on va développer
les applications dans le futur. Moins de technologie,
plus d’IA : le développement ne sera plus limité aux
ingénieurs et va s’ouvrir à tous… à la condition que la
DSI parvienne à canaliser les initiatives des métiers.

48 mars 2023  www.itforbusiness.fr

www.itforbusiness.fr  mars 2023 49
dossier

Solution emblématique du low-code, Bubble.io est un outil

de développement visuel orienté sur la création d’interfaces
utilisateurs, mais aussi de workflows dont les capacités
permettent de créer des applications relativement complexes.

C
’est le phénomène du moment dans le sec-
teur du logiciel. Le no-code et le low-code
suscitent un énorme intérêt auprès des créa-
teurs de start-up, mais aussi des entreprises
de toute taille. La promesse de ces solutions est parti-
culièrement ambitieuse : créer des applications plus
rapidement – donc à moindre coût – et mieux, per-
mettre à tout un chacun de réaliser les applications
dont il a besoin, sans disposer pour autant des compé-
tences d’un développeur professionnel. Une évolution
perçue par beaucoup comme une bouée de sauvetage
face aux coûts des développements, au manque chro-
nique de développeurs, et au sempiternel surbooking
de la DSI. Vive les développeurs citoyens (citizen deve-
lopers) et l’autonomie des métiers !
En août 2021, le cabinet de conseil en stratégie
Gartner intégrait douze acteurs dans son Magic
Quadrant low-code (voir encadré). Le buzz autour
de ces nouvelles approches est tel que tout éditeur
de progiciel se doit désormais d’avoir une solution
On voit de plus en plus de PME
créer des applications extrêmement
ambitieuses sur des plateformes low-code
low-code, voire no-code, pour permettre aux utilisa-
teurs de créer eux-mêmes leurs écrans, leurs work-
flows et leurs « micro-applications ». SAP est donc
désormais aussi de la partie. Face aux perspectives
de croissance de ce marché, les offres pullulent. AWS
a dévoilé Application Composer, son propre outil de
développement low-code. Et les éditeurs de plate-
formes RPA (Robotic Process Automation) sont en
train de se positionner. Le clan no-code est lui aussi
actif. Derrière les plus populaires que sont AirTable,
Bubble, Notion, Flutterflow, Webflow, Make ou encore
Zapier, de nouvelles plateformes arrivent régulière-
ment sur le marché. Si bien que les DSI ont forcément
du mal à savoir sur quelle solution baser leur stratégie.
Des stratégies d’adoption bien différentes
Les entreprises qui se sont tournées vers le LCNC l’ont
fait avec des approches différentes. Julien Vacher,
fondateur de Phydius, un collectif de développeurs
no-code, souligne que ce sont les start-up qui furent
les premières à s’intéresser au no-code : « Développer
une application coûte très cher et il y a une pénurie
de développeurs sur le marché. Les start-up se sont
naturellement tournées vers le no-code afin de créer
rapidement et à peu de frais le MVP de leur future
application et ainsi convaincre les investisseurs d’aller
plus loin. »
De nombreuses PME et des grands comptes se
sont intéressés au low-code en tant qu’alternative au
développement traditionnel, afin de casser les coûts
de développement et de raccourcir drastiquement
les délais pour obtenir leurs applications. Ainsi, pour
développer la version 2 de son application mobile
SludgeAdvanced de traçabilité des boues d’épuration,
Suez est passée d’une approche classique au low-code
sur OutSystems. Zenioo est sans doute l’exemple le
plus extrême puisque ce nouvel entrant du secteur de

50 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 ▼ Cartographie des plateformes low-code

CHALLENGERS LEADERS

OutSystems
Mendix
Salesforce
Microsoft

ServiceNow

Appian
CAPACITÉ À EXÉCUTER

Oracle
Pega

Kintone Newgen
Quickbase Creatio
l’assurance a bâti sa plateforme de A à Z sur la solu-
tion low-code d’OutSystems (voir encadré p.52). Avec
une IT restreinte à deux personnes seulement et une
équipe de huit personnes chez un prestataire, l’inté-
gralité de la plateforme destinée aux courtiers d’as-
surance a été montée en quelques mois. Le service
a été lancé en avril 2021 et traite aujourd’hui 125 000
requêtes de tarifs par jour.
Si les applications no-code ont pu remplacer des SPÉCIALISTES VISIONNAIRES
feuilles Excel et des traitements manuels dans de
nombreux cas, on voit aussi de plus en plus de PME INTÉGRALITÉ DE LA VISION
créer des applications extrêmement ambitieuses sur
des plateformes low-code. Gartner estime que le marché mondial des technologies
Ainsi, en 2019, l’Agence Nationale pour l’Habitat low-code atteindra 26,9 Md$ en 2023, soit une progression
(ANAH) a choisi Pega pour déployer rapidement le de 19,6 % par rapport à 2022. SOURCE GARTNER, AOÛT 2021
service MaPrimeRenov avec un impératif gouver-
nemental de déployer ce nouveau service en moins
de huit mois. La rapidité de construction du service a deux ans, nous cherchions une solution pour créer
n’était pas le seul critère. L’enjeu était également de rapidement des workflows, car notre métier de fonds
pouvoir s’assurer d’une automatisation maximale du d’investissement est très processé, avec notamment des
processus, avec un nombre de demandes acceptées campagnes annuelles d’évaluation des process RH, etc.
multiplié par neuf après l’ouverture du service. Nous nous sommes tournés vers Simplicité car la solu-
Cette apparente simplicité du développement peut tion permet de créer très facilement des applications
aussi être un piège. Ophélie Gorizian, chef de pro- sur-mesure. Et cela de manière continue : nous pou-
jet Transformation Digitale chez Siparex, raconte vons modifier rapidement l’application en fonction des
son choix de la solution de l’éditeur Simplicité : « Il y demandes des utilisateurs ; la maintenance est facile. »

www.itforbusiness.fr  mars 2023 51

dossier

Échapper à l’usine à gaz et au « vendor lock-in »

Les plateformes LCNC n’affichent aucune
compatibilité entre elles, et il y a peu de
chances que ce soit un jour le cas
Après le succès de la première application, un second
projet est lancé pour gérer cette fois l’onboarding des
nouveaux collaborateurs. Mais il faudra quatre mois
pour que la responsable se décide enfin à lancer l’ap-
plication : « Nous ne savions pas où nous arrêter tant
les idées se multipliaient. Nous avons enfin sorti une
première version, puis effectué par la suite des modifi-
cations, sans souci. »
Du fait de la simplicité apparente des outils et
d’une promesse de coûts de développement plus
faibles, certaines PME développent d’énormes
applications sur-mesure extrêmement ambitieuses
et implémentant de très nombreuses fonctionnalités.
« Le vrai risque du no-code, c’est de voir les applica-
tions se transformer en usines à gaz, commente Julien
Vacher. La simplicité du développement fait que les
utilisateurs sont tentés d’ajouter de plus en plus de
fonctionnalités à leur application de base. Celle-ci n’est
pas pensée dans sa globalité dès le départ et devient
de plus en plus complexe dans le temps. » Ces applica-
tions tentaculaires posent à la fois une problématique
de maintenance, mais aussi de criticité et de dépen-
dance de l’entreprise vis-à-vis de l’éditeur qui héberge
la plateforme. « Ce sont des outils propriétaires, avec les
avantages et inconvénients de l’approche. L’avantage
pour la PME, c’est qu’elle se soustrait complètement
aux problématiques de sécurité qui sont entièrement
gérées par l’éditeur. Pour un grand groupe, une dépen-
dance forte à un éditeur no-code peut poser question. »
L’expert estime qu’un moyen d’échapper à ce « vendor
lock-in » est de s’appuyer sur différents outils no-code,
en fonction de la nature des applications. Il souligne
surtout la nécessité de travailler sur les structures
de données, afin de pouvoir ensuite les exporter et
reconstruire l’application chez un autre fournisseur si
l’éditeur venait à disparaître. La logique applicative ne
sera, elle, pas réutilisable : les plateformes LCNC n’af-
fichent aucune compatibilité entre elles, et il y a peu
de chances que ce soit un jour le cas.
Une nouvelle façon de traiter
la dette technique
Si le low-code est particulièrement intéressant
pour développer de nouvelles applications, pour
résoudre les problèmes exprimés par les métiers, il
peut aussi être utilisé par les DSI pour traiter l’ob-

TÉMOIN Hervé Larcher, CTO et directeur des projets stratégiques chez Zenioo
« Nous avons réalisé en trois mois ce qu’April Assurance a créé en trois ans »

« Zenioo a été créée en
2020. Mon challenge était
de construire la plateforme
complète en quelques mois
seulement. J’ai accepté le
défi à la condition d’utiliser
OutSystems, une solution
sur laquelle j’avais mené
plusieurs projets auparavant,
en particulier avec leur
partenaire Do It Lean.
Il ne s’agissait pas seulement
de construire une application,
mais la stratégie complète de
l’entreprise sur OutSystems.
Et l’ensemble de notre IT
est aujourd’hui porté par
cette solution low-code.
Notre plateforme se connecte
à celles des assureurs
et nous packageons des
offres pour les courtiers,
qui peuvent ensuite s’appuyer
sur notre plateforme si
eux-mêmes n’en ont pas.
Nous nous connectons
ainsi à une centaine de
services, pour faire de l’OCR,
du contrôle d’identité,
chercher des tarifs, vérifier
les souscriptions, et le tout
sur plusieurs marchés.
Je ne sais pas sur lesquels
nous serons dans deux
ou trois ans, et donc je
ne veux pas me préoccuper
de technique, ne pas avoir
à m’occuper d’hébergeurs,
de technologies d’interface
graphique, de sécurité...
Je veux uniquement
développer les applications. »

52 mars 2023  www.itforbusiness.fr

TÉMOIN Georges Berteloot, responsable du pôle
développement web et collaboratif en charge de l’offre RPA de CDC Habitat

Des outils différents selon les projets

formulaires relativement d’origine IBM et rachetée par Mais nous n’utilisons

« J’ai plusieurs plateformes
de développement à
ma disposition, avec
notamment du low-
code dans notre intranet
Jalios. Nos utilisateurs ont
la capacité de créer des
riches fonctionnellement
et de placer des workflows
au-dessus. En deux ans,
nous avons eu de l’ordre
de 12 000 demandes
et 58 workflows créés.
Néanmoins, nous avons
atteint la limite de l’approche
de par la complexité du
groupe : les différents métiers
ont du mal à formaliser leurs
besoins, et multiplient les cas
dont il faut tenir compte dans
la validation des formulaires,
et bien souvent cela aboutit
à du code supplémentaire.
Nous disposons aussi de
la technologie Domino Volt,
HCL Software. La politique
de licensing de l’éditeur nous
a poussés à l’adopter, mais
à chaque projet potentiel,
il manque une fonctionnalité
à Volt, comme par exemple
l’interconnexion à nos bases
de données. Il n’y a donc
guère que les développeurs
Domino qui l’utilisent
pour enrichir leurs bases
Domino avec du code.
En parallèle, nous avons
démarré le développement
de robots RPA sur UIPath en
mars 2021. Nos développeurs
en ont créé une quarantaine,
qui sont en production.
pas le Studio MX de UIPath,
qui s’adresse aux citizen
developers. J’estime que
si nous avons accumulé
une certaine expérience
dans le développement
de robots, nous n’avons
pas encore la maturité pour
laisser aux métiers le soin
de développer leurs propres
robots. Nous devons d’abord
identifier des référents
dans leurs rangs pour passer
à la phase suivante. »

solescence des applications. « L’un de nos clients, une

PME, avait une application très lourde, complexe à
faire évoluer et essentielle pour son fonctionnement,
explique Jean-Michel Durocher, CEO de l’éditeur
TimeTonic. L’obsolescence de cet applicatif rendait le
travail des équipes extrêmement difficile au quotidien.
Nous avons interfacé TimeTonic avec cet ERP et notre
approche “data first” nous permet d’accéder à toutes
les données fournisseurs, de facturation ou RH, pour
créer de nouvelles applications sur cet existant. »
Pega, un éditeur bien connu dans la gestion des
processus et de la relation client, s’est aujourd’hui
Nouvelle brique de la Power Platform de Microsoft, Managed
fortement positionné sur le low-code, avec notam-
Environments permet de gérer les multiples applications
ment un studio de développement ciblant les citizen créées par l’écosystème des citizen developers de l’entreprise.
developers. Romain Delalande, manager Solutions
Consulting Industry & Services chez Pega, sou-
ligne : « Nous constatons depuis 2015 la progression
des solutions low-code sur les applications cœur de de 50 % les retours arrière dans la supply chain. Six
l’entreprise, notamment dans le CRM et l’ERP. Des applications ont ainsi été consolidées en une seule »,
DSI choisissent Pega avec des objectifs de moderni- précise le manager.
sation de leur système d’information et de réduction
de la dette technique. Pega leur permet de construire Organiser des communautés
des processus métiers, de définir un parcours utilisa- de citizen developers
teur, puis de le porter sur différents canaux. Des DSI Comme le souligne Jean-Michel Durocher de
ont ainsi posé Pega par-dessus un vieil ERP ou un TimeTonic, il existe de multiples voies d’adoption du
vieux CRM pour délivrer une expérience utilisateur low-code, y compris dans un même groupe : « Nous
moderne tout en captant les données dans l’ancien sommes dans une quinzaine de divisions chez Engie.
système. » Parmi ses grands clients français, l’édi-
teur compte Orange Business Services qui a choisi
Pega il y a une dizaine d’années pour construire une Le low-code peut aussi être utilisé
application stratégique, la gestion de la préparation
et de la livraison de ses commandes. « Ils ont ainsi
par les DSI pour traiter l’obsolescence
amélioré l’automatisation des workflows et réduit des applications

www.itforbusiness.fr  mars 2023 53

dossier

TÉMOIN Blaise Corneloup, référent technique entretien courant

chez un bailleur social et citizen developer sur Power Platform de Microsoft

« J’ai réalisé un CRM technique complet »

d’activités en tant que d’un développeur, mais sur la Power Platform.

« Je suis entré dans mon
entreprise en tant que
gestionnaire technique,
essentiellement un travail
de terrain. Suite à une
promotion, j’ai pu intégrer
une autre direction et
m’occuper du pilotage
référent technique pour
les agences de proximité.
J’ai commencé à structurer
les choses avec SharePoint,
ce qui m’a finalement
conduit à développer
des applications pour
les agents de terrain avec
Microsoft Power Apps.
Il s’agissait d’une initiative
personnelle, je me suis
formé moi-même avec la
documentation Microsoft,
mais aussi avec beaucoup
de vidéos sur YouTube.
J’ai investi beaucoup
de temps personnel pour
monter en compétences.
Je n’ai pas la formation
je suis aujourd’hui capable
de réaliser des applications
pilotées par modèle de la
taille d’un CRM. À la base,
je faisais plutôt du no-code
puis, avec les applications
canevas de Power Apps,
je suis passé au low-code,
puis au easy-code. J’ai
finalement réalisé un CRM
technique complet. Et
je suis en train de créer un
extranet fournisseur qui est
en passe de devenir un projet
d’entreprise. Je m’intéresse
maintenant aux capacités
de l’intelligence artificielle
et aux dernières
nouveautés apparues
De base, je me limitais aux
données de mon service,
des données auxquelles
j’avais déjà accès, tout
en gardant à l’esprit que
les outils pourraient servir
à d’autres services. Ma
direction m’a donné accès
à des licences Premium,
mais je n’ai pas accès aux
écrans d’administration
de Microsoft 365. C’est tout
à fait normal. Et donc je
travaille en lien étroit avec
le service informatique,
et dès que j’ai une
demande, ils y répondent.
C’est un travail en bonne
intelligence avec eux. »

De nombreuses grandes entreprises ont lancé une

La plateforme Pega propose plusieurs studios de conception
d’applications : le premier est dédié à l’administration
de la plateforme. Trois studios low-code s’adressent
à différents publics : le Prediction Studio destiné aux data
scientists, l’Application Studio pour les citizen developers
et enfin le Developer Studio pour le travail simultané
des citizen developers et des développeurs IT.
Dans certaines, nous avons tout développé pour
eux. Dans d’autres, ils se sont appuyés sur un parte-
naire. Dans d’autres encore, ce sont les équipes elles-
mêmes qui ont travaillé sur l’outil. Ce qui leur manque
aujourd’hui, c’est une centralisation et une diffusion
encore plus large de la disponibilité de l’outil au sein
de la structure. »
démarche visant à faciliter l’adoption de ces outils par
ceux de leurs utilisateurs métiers qui ont l’appétence
de devenir citizen developers. Néanmoins, donner
accès à un outil spécialisé ou à la Power Platform de
Microsoft, dans le cadre des abonnements Microsoft
365, ne suffit pas pour garantir l’adoption de l’outil
par des utilisateurs métiers déjà mobilisés sur leurs
tâches quotidiennes. Il faut réellement créer des
communautés de pratiques, stimuler les utilisateurs
les plus motivés. Une pratique commune est d’iden-
tifier les utilisateurs les plus enthousiastes et d’en
faire les « héros internes », les référents qui iront prê-
cher la bonne parole dans leurs business units. « Nous
conseillons d’avoir des référents internes, ajoute Jean-
Michel Durocher. À partir du moment où l’on devient
autonome sur la solution, confier l’outil à un stagiaire
ou un prestataire temporaire n’est clairement pas une
bonne stratégie. Il faut confier une maîtrise complète
du projet à un éditeur intégrateur ou à un partenaire
qui sera chargé de la maintenance des applications
développées, voire de former des gens en interne afin
de capitaliser sur la valeur d’outils qui évoluent encore
très rapidement. »
Pour stimuler la création d’une communauté de
citizen developers, Danone a ainsi lancé un hacka-
thon s’appuyant sur les solutions data et LCNC de
Google et de Microsoft. Une initiative gagnante, consi-
dère Virginie Infanti, directrice de l’entité Business
Applications de Microsoft : « Il y a plusieurs façons
d’aborder le no-code. Cela peut être une stratégie d’en-
treprise qui part du service informatique afin de pous-

54 mars 2023  www.itforbusiness.fr

TÉMOIN Fethi Chtioui, manager de l’équipe Déploiement IT chez Boulanger
« Le low-code a aussi ses limites en termes de volumétrie
et de puissance de traitement »

un outil facile à maintenir. liés à un nouveau magasin. plus classique dans un

« L’audit du process
d’ouverture d’un nouveau
magasin a fait apparaître
plus de 70 étapes. Mon
objectif était de mettre
sous contrôle ce process
à un coût minimum et sur
J’ai découvert Bubble.io
que connaissait déjà l’un
de mes chefs de projets
et nous avons commencé
ensemble l’implémentation
de ce process. Une version
V0 de B-Deploy a rapidement
été créée puis, de mai à
juillet 2022, celle-ci s’est
peu à peu enrichie. Cette
première version m’a permis
de piloter finement les
étapes d’ouverture d’un
magasin, mais ne prenait pas
encore en compte la gestion
des budgets d’ouverture,
notamment tous les achats
de fournitures et de matériels
Je me suis tourné vers
une agence spécialisée en
no-code, Phydius, qui a pris
en charge ce développement.
Nous sommes très satisfaits
de Bubble, mais ce type
de solution low-code a
aussi ses limites en termes
de volumétrie et de
puissance de traitement.
La solution est extrêmement
intéressante pour maquetter
une application, puis la
développer de manière
deuxième temps. Cependant,
il s’avère que nous n’avons
pas eu à redévelopper
notre application à partir
du développement avec
Bubble.io, car la solution
tient ses promesses et
nous avons bien mis sous
contrôle nos ouvertures.
Le no-code a clairement
un potentiel pour développer
des petites applications. »

ser l’innovation auprès des métiers qui connaissent

mieux leurs propres problématiques. Cela peut aussi
venir directement des métiers, avec des experts qui
veulent résoudre leurs problèmes du quotidien de
manière plus rapide et agile. » La responsable évoque
le cas d’Ikea, où un collaborateur travaillant en maga-
sin a développé lui-même une application pour mieux
gérer ses stocks et ses commandes. Ce « champion »
du low-code a finalement rejoint les équipes IT.
Une solide gouvernance des usages s’impose
Tous les experts s’accordent sur l’importance du rôle
de la DSI dans la bonne adoption du LCNC dans l’en-
treprise. À la fois pour stimuler et assister la commu-
nauté des citizen developers, mais aussi pour accom-
pagner les usages et éviter une explosion cambrienne
des applications « maisons » impossibles à maintenir.
La mise en place d’une gouvernance du LCNC est un
passage obligé pour une DSI qui doit cadrer ces nou-
velles pratiques. Attention, toutefois, à ne pas se mon-
trer trop dirigiste et restrictif quant à l’usage de l’outil.
Un utilisateur peut toujours opter pour une solution
web s’il juge les contraintes et process fixés par la DSI
trop contraignants. L’approche la plus légère est de
créer un formulaire et un petit workflow pour per-
mettre à un utilisateur métier de déclarer l’application
qu’il souhaite créer, et ainsi d’obtenir, après accord de
la DSI, l’accès aux données qu’il requiert.
Pour Olivier Rafal, cofondateur de Wenvision, la
première phase de la mise en place d’une gouver-
nance consiste à acculturer les utilisateurs, à leur pré-
senter les outils mis à leur disposition et à expliquer
B-Deploy, l’application de pilotage de la création de nouveaux
magasins de l’enseigne Boulanger, a été entièrement
développée sur la plateforme low-code Bubble.
les cas d’usage de ces outils. « La DSI peut proposer
des modules de formation, susciter la création de com-
munautés de pratiques, avec un Product Manager IT
qui gère le déploiement de l’outil et assure un support
EXPERT Romain Delalande,
manager Solutions Consulting Industry & Services chez Pega
« Le low-code est un moyen d’être plus agile »
« Il ne faut jamais oublier que le low-code
est un moyen, mais pas une fin. C’est un
moyen d’être plus agile. Les entreprises
qui refont leurs applications avec Pega
pourront plus facilement modifier
les parcours utilisateurs, modifier les
règles métiers. C’est l’atout numéro 1
du low-code. Néanmoins, la fin n’est pas
de construire une application low-code,
mais bien d’obtenir des gains métiers. »

www.itforbusiness.fr  mars 2023 55

dossier

3 QUESTIONS À Virginie Infanti, directrice de l’entité Business Applications de Microsoft

« L’engagement de la DSI dans une approche low-code est absolument primordial »

Quelle organisation mettre
en place pour assurer
la pérennité du low-code
dans l’entreprise ?
Si la DSI considère que
le low-code fait partie de
sa stratégie pour innover,
alors elle va créer un centre
d’innovation applicative
pour assurer la pérennité
des développements. Cette
équipe va poser un cadre à
cette innovation, déterminer
les bonnes pratiques de
création d’une application,
assurer la montée en
compétence des employés,
s’assurer de la gouvernance
du dispositif. Mais aussi
faire circuler l’information
auprès des métiers pour
qu’ils mettent à profit l’outil
qui est à leur disposition.
Quel rôle doit jouer la DSI
dans cette organisation ?
De façon générale, dans
un grand groupe, la DSI doit
toujours être impliquée
dans un projet low-code/
no-code, ne serait-ce que
pour éviter la shadow IT. On
travaille en partenariat avec
tous les collaborateurs, et
ce que l’on fait en général,
c’est organiser un hackathon
avec des équipes qui se
créent au sein des métiers
ou même en transverse dans
l’entreprise afin de résoudre
un besoin métier bien précis.
En quelques jours, un MVP
peut être développé, et
présenté à un jury. Comme
il se tient sur un temps très
réduit, le hackathon permet
de focaliser les énergies.
On peut venir apporter
un coaching sur le volet
technique, et quand la
direction est investie, cela
peut générer une énergie
incroyable : cela permet
de mieux connaître les
points bloquants pour les
métiers et d’exposer cette
innovation et cette énergie.
L’application va ensuite être
développée avec la DSI.
De quels leviers dispose
la DSI pour imposer
ses vues auprès des
citizen developers ?
L’accès aux données est
une question clé et qui
fait que l’engagement de
la DSI dans une approche
low-code est absolument
primordial. Tous les éléments
de sécurité d’Azure sont
présents sur la Power
Platform et c’est la DSI
qui doit accorder l’accès
ou non aux données.
De nombreuses petites
applications ne nécessitent
pas un accès aux données,
mais lorsque c’est le cas, la
DSI doit accorder l’accès tout
en travaillant en binôme avec
le métier sur son application.

auprès des utilisateurs métiers, en même temps qu’il
“engage” des citizen developers. Son rôle n’est toutefois
pas d’assister chacun d’entre eux. » Dans ce modèle,
c’est la communauté de pratiques qui constitue le sys-
tème d’entraide entre ces collaborateurs.
Le consultant suggère de mettre en place une
matrice d’aide à la décision : « Une dizaine de questions
simples posées en amont vont permettre de décider si
l’application peut être développée par le citizen deve-
EXPERT Julien Vacher, fondateur de Phydius
« Encadrer les initiatives et éviter les abus »
« La création d’un centre d’excellence
interne de no-code est une très bonne
démarche. C’est le meilleur moyen
d’encadrer les initiatives et d’éviter
les abus. Le véritable levier pour les DSI
passe par les données, car c’est le
cœur des applications. C’est à la DSI
d’accorder les droits d’accès aux données
aux directions métiers, et c’est par
ce biais qu’elle va pouvoir contrôler
l’activité LCNC au sein des métiers. »
L’estimation dépend de la criticité
de l’application dans l’activité de
l’entreprise, des données manipulées
ou du niveau de complexité du projet
loper, ou si elle doit générer une demande de projet
auprès de la DSI. » Dans le doute, l’utilisateur métier
peut défendre son projet auprès de son référent local
et décrocher le « Go ». L’estimation dépend de la criti-
cité de l’application dans l’activité de l’entreprise, des
données manipulées ou encore du niveau de com-
plexité du projet. Une application qui va potentiel-
lement enfreindre le RGPD écopera d’un feu rouge,
tandis que l’automatisation d’un calcul technique en
remplacement d’une feuille Excel recevra certaine-
ment un feu vert. Certaines grandes entreprises ont
affiné l’approche et mis en place une véritable équipe
IT pour porter la communauté low-code. C’est le cas
de Toyota Motor North America (TMNA), dont les
employés ont déjà développé plus de 400 applica-
tions sur la Power Platform de Microsoft. Des milliers
d’employés ont été formés. Lorsque l’un d’eux veut
créer une application, il doit enregistrer son projet.
Sa demande va suivre un worflow d’approbation pas-
sant par son manager, les architectes, le juridique ou

56 mars 2023  www.itforbusiness.fr

 No-code ‒ Une nouvelle
génération d’outils numériques
Préfacé par le fondateur
de Bubble, l’ouvrage
d’Alexis Kovalenko, Erwan
Kezzar et Florian Reins
est le livre référence du
no-code. Il est accessible
tant aux informaticiens
qu’aux chefs de projets
web, aux créateurs de
start-up ou aux patrons
de PME qui chercheraient
un autre son de cloche que
celui de leur ESN habituelle.
Ce livre est une véritable
mine d’informations sur
le no-code : sa philosophie,
ses principaux acteurs,
mais aussi sa place dans
l’histoire de l’informatique.
Les lecteurs à la recherche
d’informations pratiques
sur les capacités de ces
outils, leurs principaux cas
d’usage, et l’organisation
à mettre en place pour
faire fonctionner une
stratégie « no-code ops »
y trouveront leur compte.
Édition Eyrolles,
Parution décembre 2022,
337 pages, 34 €

encore la cybersécurité. S’il ne décroche pas l’accord,
il pourra continuer à travailler sur son projet, mais ne
pourra pas partager son application avec ses collè-
gues. S’il décroche un « Go », l’application pourra être
partagée dans l’entreprise et le centre d’excellence lui
apportera un soutien technique. L’objectif de Toyota
est que 80 % des applications soient développées par
des citizen developers, éventuellement assistés par
les informaticiens sur les projets complexes. Ensuite,
l’utilisation réelle des applications est suivie en per-
manence par le centre d’excellence : celles qui sont
oubliées de tous sont décommissionnées ; celles qui
rencontrent du succès bénéficient d’un soutien plus
important. « Le cadre de gouvernance doit être adapté
à chaque entreprise, souligne Olivier Rafal. L’IT doit
s’impliquer, comme c’est le cas chez Toyota, mais elle
ne peut pas fournir un support à une telle application
si elle n’est pas mise dans la boucle dès l’émergence de
l’idée. »
Ce type d’industrialisation pointe le besoin d’ou-
tils de gestion du parc d’applications ainsi créées.
Microsoft a apporté un élément de réponse, lors
de la dernière conférence Ignite, avec l’annonce de
Managed Environments pour sa Power Platform. Nul
doute que tous les éditeurs vont devoir monter en
puissance sur ce type d’outils qui accompagneront les
entreprises dans le succès de leurs stratégies LCNC.
ALAIN CLAPAUD
EXPERT Olivier Rafal, cofondateur et directeur
du consulting et de la stratégie de Wenvision (SFEIR Group)s
« Plutôt que d’interdire le LCNC,
il faut le contrôler »
« Comme avec le phénomène de
la shadow IT, si les collaborateurs
ne trouvent pas dans l’entreprise
les outils dont ils ont besoin,
ils iront les chercher en dehors.
Les usages de ces technologies
vont se développer, et la DSI doit
se mettre en capacité de contrôler
cet essor dans son établissement.
Le but de celui-ci reste avant tout
de privilégier la performance,
l’autonomie et la prise de décision
des collaborateurs qui sont sur le terrain. Il faut les encourager
à prendre cette autonomie. Il faut mettre en place des outils
et un cadre de gouvernance pour le faire. La DSI elle-même
doit s’emparer de ce type d’outils pour certains cas d’usage.
Un informaticien n’est pas condamné à devoir écrire du code.
Ce type d’outil peut très bien faire l’affaire dans de nombreux
cas d’usage simples, avec de gros gains de productivité à la clé. »

www.itforbusiness.fr  mars 2023 57

agenda
Du 21 au 23 mars
Paris, Parc des Expositions
Documation
La vingt-neuvième édition du salon du management
de l’information et des processus documentaires se
tiendra en parallèle de Solutions RH et de e-Learning Expo.
De quoi nourrir la réflexion des décideurs sur les talents
nécessaires pour mener la transformation digitale de
leurs organisations, dont la première étape passe pour
beaucoup par une accélération de la dématérialisation.
documation.fr
solutions-ressources-humaines.com
Le 22 mars LIVE
The quest for Digital Sovereignty
Cet événement paneuropéen, à l’initiative de CIONET,
donnera la parole à un panel de décideurs parmi
lesquels Pierre Chastanet, chef de l’unité Cloud &
Software à la Commission européenne, ou le CEO
de Gaia-X Francesco Bonfiglio. En France, à l’issue
de la conférence plénière, IT For Business organisera
une table ronde avec le panel hexagonal.
cionet.com/cionet-france/events/ciofest
Le 19 avril Paris, Morning (IIe) LIVE
Applications, SI, collaborateurs :
comment piloter une
entreprise décentralisée ?
Avec des connexions aux applications métiers qui se multiplient
depuis l’extérieur de l’entreprise, les risques de sécurité
grandissent. Tandis que le VPN montre ses limites, comment
assurer la supervision du SI et limiter les risques ? Et quelles
contributions attendre des nouveaux outils collaboratifs,
en termes de productivité et d’efficacité pour l’entreprise ?
itforbusinesslesmatinales.fr
Les 19 et 20 avril
Paris, Parc des Expositions
Salon des Systèmes et Objets Connectés
L’ex-rendez-vous IoT/MtoM/Embedded revient sous une autre
appellation et avec un autre organisateur. Sous la pression
de la conjoncture énergétique et des pénuries diverses, portés
par d’imposantes avancées technologiques, ces systèmes
connectés ont le vent en poupe. Pour faire le point sur l’offre,
la standardisation et bien sûr les déjà très nombreuses
applications, un rendez-vous plus que nécessaire.
salon-systemes-objets-connectes.com
58 mars 2023 
Du 21 au 23 mars
Cannes, Palais des Festivals et des Congrès
IT and Cybersecurity Meetings
Un format original pour cette rencontre en terre
cannoise puisque les 2 500 à 3 000 visiteurs
sont invités à planifier leurs rendez-vous
en amont avec les acteurs de la cybersécurité,
du cloud, des réseaux et de la mobilité. Objectif,
limiter la perte de temps pour une meilleure
efficacité. Un concept de salon one-to-one à essayer.
it-and-cybersecurity-meetings.com
Du 5 au 7 avril
Lille, Grand Palais
Forum FIC Europe
Rendez-vous incontournable de la filière cybersécurité,
le FIC 2023 aura une saveur particulière pour les
participants cette année. Le secteur a en effet le vent
en poupe avec notamment des gouvernants qui se
mobilisent pour renforcer la souveraineté numérique
française. Mais il souffre aussi de tensions sur l’emploi,
faute de formations suffisantes en amont. La solution
viendra aussi des solutions présentées sur le salon.
forum-fic.com
Les 26 et 27 avril
Lyon, Eurexpo
Cinum Lyon
Première déclinaison des Carrefours de l’Innovation
NUmérique des Métiers à Lyon, avant Bordeaux en
septembre. Dans la capitale des Gaules, 2 500 visiteurs
décisionnaires (direction générale, commerciale,
production, marketing, gestion, RH, logistique...)
et porteurs de projet sont espérés pour échanger
avec les 100 exposants sélectionnés.
cinum-expo.fr
www.itforbusiness.fr

Les DSI qui ont pris
la parole dans notre
émission La Matinale
IT for Business
Aline Bourdin
DSI de Vinci Construction
Europe-Afrique
Maîtriser sa dette technique
Bernard Gavgani
DSI BNP Paribas
Retour d’expérience
Marie-Anne Clerc
DSI Malakoff Humanis
Réussir sa
transformation
Romaric Hatit
DSI Allianz France
Retour d’expérience
Olivier Heitz
DSI Bouygues Telecom
Optimiser le Time to
Market grâce au DevOps
Si vous souhaitez prendre la parole
dans notre émission La Matinale contactez
notre directeur des Rédactions et Contenus :
Thierry Derouet : tderouet@itforbusiness.fr
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INFOS ET INSCRIPTIONS
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Françoise Fauré
ffaure@canaltech.fr
06 62 44 98 47
Un événement
Prochaines
matinales
Mercredi 8 mars
Plateforme data : répondre
aux enjeux de votre activité
Mercredi 22 mars
RGPD et souveraineté des données
Avec notre partenaire
Mercredi 19 avril
Piloter une entreprise décentralisée
Mercredi 24 mai
Transformation digitale de la Supply Chain
Mercredi 21 juin
Conserver savoirs & compétences
au sein de l'entreprise
Mercredi 5 juillet
DevOPS, API, low-code/no-code :
construire une entreprise plus agile
Mercredi 20 septembre
Optimiser le contrôle des applications
et des données sur le cloud
Mercredi 18 octobre
Mise en pratique de la Green IT
Mercredi 15 novembre
API : les maîtriser, les sécuriser
et les mettre à jour
Mercredi 6 décembre
DRH & DAF, des accélérateurs
de la transformation numérique
Romain Duran Maxime Valles
rduran@choyou.fr mvalles@choyou.fr
06 03 25 37 27 06 23 51 11 09
opinions

partenaires opérationnels du business. Dans une écono-

mie où la technologie tient une place centrale dans la vie
Antoine des entreprises, les fonctions tech deviennent des facili-
tateurs et des catalyseurs d’innovation. De plus en plus
Gourévitch orientées vers la performance des stratégies digitales,
Directeur associé elles fournissent aux activités business un environne-
senior, BCG
ment à la pointe des nouvelles technologies, à la fois acces-

La fonction
sible et sécurisé. Nous n’en sommes qu’aux prémices de
la révolution portée par l’explosion des data. Il est donc
crucial d’investir de façon agressive dans le stockage et

tech à l’heure
les solutions d’analyse des données, la modernisation des
infrastructures et le déploiement de plateformes digitales
toujours plus agiles et évolutives. Pour remplir ce nouveau

de la grande
rôle à forte valeur ajoutée, la fonction tech doit pouvoir se
libérer de certaines tâches répétitives et automatiser des

transformation
process comme ceux du codage ou des tests de vulnéra-
bilité. Les avancées des technologies de l’IA offrent sur ce
point de nouvelles solutions. Autre axe de transformation,
les entreprises comptent de plus en plus sur des écosys-
tèmes élargis et diversifiés de prestataires technologiques,
plus ouverts aux start-up et aux sources externes d’inno-
vation. Ces écosystèmes sophistiqués sont plus complexes
à manager et supposent de nouvelles compétences pour

D
ans les entreprises, les responsables de la tech les experts de la tech. Mais ce n’est pas tout. La technologie
sont à l’aube d’une nouvelle ère. Avec le déve- ne vit plus cachée. De plus en plus soumise à des enjeux
loppement rapide des dernières technologies de responsabilité sociale et environnementale, elle devra
de rupture, de l’informatique quantique, en répondre aux défis de cybersécurité, de conformité régle-
passant par la percée spectaculaire de l’intelligence artifi- mentaire, et jouer un rôle décisif dans la transition éco-
cielle générative, les métiers de la tech vivent un moment logique. On le comprend, cette transformation marque
de vérité. Initiée par la révolution digitale, la transfor- une rupture culturelle, embarque des enjeux de gestion
mation des fonctions de l’IT doit aujourd’hui passer à la des ressources humaines et implique des investissements.
vitesse supérieure. L’accélération des innovations impose C’est aussi une occasion unique pour la fonction tech de
son rythme. L’adoption généralisée du cloud et la démo- sortir de l’ombre et devenir un moteur de la création de
cratisation du codage ouvrent ces outils aux non-initiés valeur. n
et libèrent la technologie de ses frontières traditionnelles.
L’IA, la réalité augmentée ou encore l’internet des objets
changent en profondeur les façons de travailler, d’inno-
ver, d’apprendre et de consommer, élargissant le champ
des possibles et offrant de nouvelles sources de croissance
encore sous-exploitées. Pour libérer le potentiel de ces
nouvelles technologies, les entreprises doivent réinitia-
liser les fonctions tech, repenser leur raison d’être, leur
périmètre et leur rôle au sein de l’organisation. Pour enga-
ger cette mutation, il faut agir sur plusieurs axes. Si la tech
s’impose désormais comme un partenaire stratégique au
plus haut niveau hiérarchique, il n’en est pas de même aux
échelons intermédiaires. Au cœur du réacteur de la per-
formance digitale, la tech doit infuser toutes les activités
business.
Or, les entreprises peinent encore à déployer durable-
ment les méthodes agiles. Pivot d’une nouvelle organisa-
tion du travail, la mise en place des équipes multidiscipli-
naires peut être optimisée en conditionnant l’évaluation
de la performance de ses membres aux résultats collec-
tifs, en renforçant leur autonomie et en maintenant leurs
relations dans le temps. Dans cet esprit de coopération, les
équipes tech ont tout intérêt à soutenir la démocratisation
grandissante des technologies. Le partage des compé- Les entreprises doivent réinitialiser
tences, la création de plateformes dédiées pour favoriser les fonctions tech, repenser leur raison
le développement des projets digitaux ou encore la mise
à disposition de « bibliothèques » d’applications : autant
d’être, leur périmètre et leur rôle
d’initiatives qui font des experts de la tech de véritables au sein de l’organisation

60 mars 2023  www.itforbusiness.fr


Josselin
Ollier
DSI du Groupe JJA
Le O de DOSI,
une lettre de trop ?
U
ne petite lettre pour la DSI, un grand pas pour
l’entreprise ? Il arrive que le DSI se voie augmenté
d’un O pour se transformer en « DOSI » (Directeur
de l’Organisation et des Systèmes d’Information).
Une lettre haute en symbole… Voici pourquoi.
Un changement de paradigme
Les directions générales ont négocié en l’espace de quelques
années un vrai virage, en se convainquant de l’importance
du système d’information et de la valeur « nécessaire »
qu’il peut, qu’il doit apporter dans l’accomplissement de
la stratégie de l’entreprise. À cet intérêt accru s’ajoutent de
fortes attentes vis-à-vis de la DSI : renforcer l’excellence
opérationnelle, développer des relations de proximité avec
les directions métiers, faire preuve d’agilité et de rapidité,
« simplifier » leur communication, actionner la valeur des
outils, du digital, de la data et, si possible, « faire plus avec
moins ».
En réponse, les DSI ont opéré leur propre mue, en deve-
nant business partners, centres de services, « usines » à
délivrer des projets au service des métiers avec un souci
constant de performance, de transversalité, d’urbanisation
et de sécurité.
La maîtrise d’ouvrage (MOA) et son management sont
devenus une question centrale pour la réussite des projets.
Ses succès sont conditionnés à une collaboration construc-
tive et responsabilisante avec la DSI, où chacun apportera
sa pierre à l’édifice.
C’est ainsi que sont nées les DOSI, impliquant une
concentration de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise
d’œuvre sous le même toit pour prendre en charge la
transformation des processus métiers, faire avancer les
programmes de transformation, mais aussi, sans l’avouer,
éviter les éventuels « écueils » et « blocages » au bon dérou-
lement des opérations.
Un cadeau empoisonné
Il y a dans cette disposition une forme d’hybris. Dans la
pratique, les DOSI évitent difficilement la situation déli-
cate où elles sont mises en porte-à-faux tout en devenant
juge et partie… un déséquilibre source de tensions pouvant
conduire à l’échec.
L’expérience montre d’ailleurs que cette situation
nourrit finalement une opposition entre la DOSI et des
www.itforbusiness.fr 
directions métiers, légitimement frustrées d’être ainsi
dépossédées d’une responsabilité qui leur incombe assez
naturellement. Les « blocages » ne tardent pas à revenir. À
force de vouloir être au-dessus des métiers, la DSI risque de
se mettre en dehors du jeu.
Le « O » du hors-jeu
L’acronyme arboré – DOSI ou DSI – n’est pas une priorité,
pour ne pas dire le sujet ! La vraie question est celle des
ingrédients qui font qu’une DSI maintienne sa perfor-
mance et sa modernité, qu’une DSI soit reconnue de ses
pairs, qu’une DSI comprenne les enjeux business et leurs
méandres fonctionnels, qu’une DSI sache anticiper les
choix technologiques d’avenir pour son entreprise.
La DSI est un trait d’union entre la stratégie de l’entre-
prise, les besoins fonctionnels des métiers, les outils et la
technologie, tout en sachant apporter de la méthode et
une capacité à challenger grâce à sa compréhension des
enjeux fonctionnels du métier.
Plutôt que de souhaiter détenir les clés de l’entreprise,
jusqu’à empiéter sur la responsabilité des métiers, la DSI
a tout intérêt à nouer une relation équilibrée en capitali-
sant sur toutes les compétences et forces vives. Elle ne sera
jamais au cœur de l’entreprise parce qu’elle concentre les
pouvoirs : elle EST au cœur parce qu’elle est un point de
rencontre incontournable, parce qu’elle est un facteur de
transversalité, au service de l’intérêt commun.
Alors DOSI ou DSI ?
Pour ma part, vous l’avez compris, DSI tout court me va
très bien. Fortes compétences fonctionnelles, « O » que oui !
Concentration des pouvoirs, « O » que non ! Dans les faits,
le « O » n’apporte aucune légitimité supplémentaire à la DSI
et peut même, dans certains cas, devenir contre-productif.
Le DSI n’a pas vocation à devenir commanditaire-
architecte-artisan, mais plutôt à mettre à disposition
sa vision, sa transversalité et ses expertises au service
de la réalisation de la stratégie et des projets associés.
Partenariat, responsabilités partagées et assumées,
écoute, entraide sont le meilleur terreau d’un succès par-
tagé avec les directions métiers.Ceux qui voudraient avoir
plus pourraient se noyer dans un verre d’« O »… n
mars 2023 61
libre antenne Frédéric Simottel
BFM Business
@simottel

La souveraineté
monte dans les
couches réseaux
Cela fait un moment qu’OVHCloud
a compris que la souveraineté
ne se limitait plus aux couches
basses du réseau. L’hyperscaler
français a décidé de monter
en gamme et va même jusqu’à
préparer sa propre alternative à
Microsoft Exchange en s’appuyant
sur les solutions de webmail de
Zimbra. Une offre devrait même
être conçue pour les grandes
organisations et ministères,
avec un niveau de sécurité visant
la certification SecNumCloud.
L’occasion de rappeler que même
si la lutte semble en grande
Au chevet des infrastructures partie perdue au niveau des
infrastructures face aux géants

critiques ukrainiennes américains, le combat pour la

Les fournisseurs IT américains sont
déjà très présents aux côtés des forces
ukrainiennes. Ils ne sont pas les seuls.
Gatewatcher, spécialisée dans les sondes
logicielles de détection de menace,
étudie le mode opératoire des forces
cyber russes afin d’identifier les points
à sécuriser dans les infrastructures
critiques « Le mode opératoire est souvent
le même, détaille Philippe Gillet, son
CTO, de retour d’un périple en Ukraine.
Quelques jours avant une offensive
terrestre ou aérienne, la lutte d’influence
démarre sur les réseaux : piratage
des chaînes de radio, de télévision,
confiance dans les couches
applicatives reste à mener.
des pages d’accueil de sites web, envois
massifs de fake news sur les réseaux Les coûts des
sociaux. Ces attaques peuvent cibler
une zone géographique très précise. » moteurs de
Puis vient la deuxième vague : tentatives recherche vont
de coupure des réseaux internet et
mobiles, des liens satellites, brouillage
s’alourdir
des communications, cyberattaques
sur les sites industriels, les hôpitaux,
les administrations. Parfaitement
orchestrées, ces attaques mettent
sous pression population civile
et forces militaires. C’est pourquoi
il est important de bien en comprendre
le déroulé pour mieux les combattre.

C’est une autre conséquence

de la révolution ChatGPT :
Next40 : les égos se rebiffent utiliser un moteur de recherche
en ligne va coûter de plus
À peine sortie, la nouvelle mouture du Next40 fait déjà grincer quelques dents. Certes, en plus cher en ressources.
entre les recalés de l’année et ceux qui disparaissent même de tout référencement, L’arrivée des interfaces
les mécontents sont nombreux. Mais derrière ces égos, une petite musique commence d’intelligence artificielle
à se faire entendre autour des critères de sélection. S’appuyer sur les seules levées générative chez Microsoft
de fonds et « taux d’hypercroissance » ne fait plus recette, d’autant que les chiffres et Google va en effet faire
d’affaires sont parfois difficiles à collecter. Peut-être serait-il temps de prendre exploser le besoin en puissance
davantage en compte l’évolution à la hausse ou à la baisse des effectifs, le nombre informatique. Les calculettes ont
ou la typologie des clients, et les perspectives de marché pour chacune des entreprises. déjà tourné. Selon John Hennessy,
le président d’Alphabet, le coût
de chaque recherche en ligne
serait ainsi multiplié par 10.
Retrouvez Frédéric Simottel dans l’émission Les Maama et autres acteurs
du marché travaillent déjà sur
Tech & Co Business, le magazine de l’accélération numérique des versions avec des IA bridées
Le samedi à 15h30 et le dimanche à 17h
et sur des modèles payants.

62 mars 2023  www.itforbusiness.fr

La cyber au cœur
des enjeux du numérique
CHEZ SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
LA CONTRIBUTION EST UNE
VALEUR QUE L’ON PARTAGE

Sophie
nov. déc. janv. févr. mars avr. mai juin juill. août sept. oct.

lun.

mer.

ven.

Sébastien
nov. déc. janv. févr. mars avr. mai juin juill. août sept. oct.

lun.

mer.

ven.

Loïc
nov. déc. janv. févr. mars avr. mai juin juill. août sept. oct.

lun.

mer.

ven.

Abdel
nov. déc. janv. févr. mars avr. mai juin juill. août sept. oct.

lun.

mer.

ven.

Yasmine
nov. déc. janv. févr. mars avr. mai juin juill. août sept. oct.

lun.

mer.

ven.

L’équipe IT recrute !
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