Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DR Yann Tiberghien - Ils 233 Taient Tous Condamn 233 S
DR Yann Tiberghien - Ils 233 Taient Tous Condamn 233 S
www.lisez.com/presses-du-chatelet/47
E-ISBN 978-2-3819-5066-2
Copyright © Presses du Châtelet, 2023.
Au Pr Pujol
Au Pr Joyeux
Sommaire
Couverture
Page de titre
Page de copyright
Avertissement
Prologue
Témoignages
Sarah
Luigi
Maria
Sylvie
Margarita
Clara
Mario
Jacques
Lucienne
Victoria
Simone
Analyse et interprétations
L'annonce
La décision
L'engagement total
La maîtrise personnelle
L'apprentissage de l'amour
Le rapport au corps
La mort
L'avenir
Bibliographie
Remerciements
Promo éditeur
Avertissement
Nous sommes en 1933, Sarah voit le jour à Paris. Une petite fille qui
fait le bonheur de sa famille. Commerçants, ses parents lui offrent une
enfance protégée et la choient tant qu’ils le peuvent en cette période
difficile. Les Années folles sont déjà loin et la France s’enfonce
progressivement dans une crise politique et sociale, tandis que les
totalitarismes s’installent en Europe.
Sarah grandit heureuse, profitant chaque jour des joies de la rue
parisienne, qui tente de résister à la morosité. Pourtant, elle et sa famille
vont être rattrapées par les événements tragiques qui s’apprêtent à
bouleverser l’Europe. Sarah n’a que dix ans, sa vie va basculer.
Les lois du gouvernement de Vichy et l’arrivée des Allemands sur le
territoire français ruinent la quiétude de cette famille de confession juive.
La menace grandissant de jour en jour, ses parents doivent se résoudre à
prendre une décision radicale afin de mettre à l’abri leur fille, tandis
qu’ils tenteront, eux, d’échapper à la dénonciation tout en continuant de
travailler discrètement.
Sarah est envoyée dans le Centre de la France, où une famille la
recueille et s’engage à la protéger. Ses parents, ses grands-parents, ses
oncles et ses tantes n’auront pas cette opportunité.
À Paris, les déportations s’accélèrent. Commencent alors de longs
mois d’angoisse pour cette petite fille cachée, sans nouvelles de sa
famille, craignant chaque jour pour sa vie.
En août 1944, Paris est libéré. À la fin de la guerre, le monde découvre
l’horreur des camps de concentration et d’extermination. Les survivants
sont pris en charge et rapatriés.
Sarah peut enfin vivre au grand jour, et regagner la capitale, où elle a la
chance de retrouver ses parents, rescapés de l’enfer. Un soulagement
assombri bientôt par l’afflux de mauvaises nouvelles. Ses grands-parents
paternels ne reviendront pas, ses oncles et tantes non plus. La famille est
décimée. Au fil des semaines, la liste des amis que Sarah ne reverra
jamais s’allonge. Chaque jour, on apprend qu’un voisin, une
connaissance, un commerçant ne rentrera pas, lui non plus.
À douze ans, Sarah est le témoin de la détresse de ses parents. Le
traumatisme est immense, le sentiment d’injustice et de tristesse
permanent. Une colère indicible monte en elle, une colère qu’elle refoule
pour ne pas raviver les plaies de ses parents, mais qui ne l’abandonnera
jamais.
Et s’il faut continuer à vivre, la vie ne sera plus jamais comme avant.
À chaque repas de famille, à chaque fête religieuse, les photos de ceux
qui ne sont pas revenus trônent sur les buffets, on se remémore les
souvenirs heureux de l’avant-guerre.
Chaque film, chaque reportage sur la Shoah vient raviver la douleur.
Mais il ne faut pas s’effondrer, ressasser l’indicible cruauté. Il faut
surtout « réussir » sa vie, par respect pour ceux qui ont vu la leur enlevée.
Alors Sarah grandit et construit son avenir, coûte que coûte, malgré cette
souffrance qui ne la quitte pas.
Devenue jeune femme, elle se lance tête baissée dans les études, et
devient opticienne. Elle ouvre un magasin et y travaille sans relâche.
Quelques mois plus tard, elle rencontre Albert, un jeune homme charmant
dont elle tombe follement amoureuse. Sarah et Albert se marient et une
petite Léa naît de leur union.
Sarah travaille beaucoup, son affaire prospère. Albert, lui, grimpe très
vite les échelons au sein de l’entreprise qui l’emploie. Sarah
l’accompagne souvent durant ses nombreux déplacements professionnels.
Léa grandit. La famille se porte bien et mène une vie confortable, au
rythme soutenu des voyages d’Albert et de l’activité professionnelle de
Sarah.
Leur existence paraît enviable : réussite professionnelle et financière
agrémentée de nombreux séjours à l’étranger, une enfant en bonne santé.
Pourtant, Sarah garde au fond d’elle-même une angoisse qui parasite sa
vision du monde et la ronge. La petite fille cachée et meurtrie est devenue
une adulte inquiète cherchant à maîtriser le quotidien familial afin que
tout soit en ordre et qu’aucun événement ne puisse venir modifier une vie
désormais accomplie. En véritable « mère juive », elle veille à chaque
instant à ce qu’aucun aléa ne vienne perturber l’éducation de sa fille.
Quand, malgré ses efforts, cela se produit, un profond désarroi l’envahit.
Au fil des années, les tensions familiales s’accroissent. Albert est de
plus en plus absent, happé par son travail. L’adolescence de Léa ne laisse
aucun répit à l’anxiété de Sarah. La relation entre la mère et la fille est
tendue, les crises sont quotidiennes. Le stress de Sarah et sa colère
deviennent de moins en moins maîtrisables. De nouveau, son existence
va basculer.
Les mois s’écoulent, loin des cabinets médicaux. Par chance, Sarah ne
ressent aucun nouveau symptôme. Elle acquiert la conviction que son
combat contre le cancer l’a mise sur le chemin de l’essentiel, de la quête
de l’amour, l’amour des autres et l’amour de soi. Elle apprend, avec
sérénité, à maîtriser ses émotions, à négliger les événements extérieurs
sources de tension, et à faire preuve d’ouverture d’esprit. Elle accueille
désormais l’autre avec tolérance, abandonnant au fil du temps la colère et
la haine héritées de son enfance, des sentiments qui la détruisaient. Elle
découvre la joie de s’accepter telle qu’elle est, vulnérable, sans jugement,
et le réconfort d’apprendre à aimer son corps malgré le mal qui le ronge.
Si cette métamorphose comble son entourage, le sentiment de bien-être
de Sarah n’efface pas l’inquiétude de son époux et de sa fille quant à la
propagation inévitable des métastases, d’autant que l’échéance du
pronostic de survie approche. Mais rien ne vient compromettre l’équilibre
de Sarah, qui affiche un calme et une confiance en la vie inébranlables.
Cinq ans après son diagnostic, Sarah semble avoir déjoué les
pronostics des médecins. Elle apparaît rayonnante, apparemment en
pleine santé, et profite de la vie comme jamais elle ne se l’était permis
auparavant.
Pourtant, deux ans plus tard, une violente et persistante douleur à l’œil
droit vient interrompre l’accalmie des dernières années, et contraint Sarah
à reprendre le chemin d’un cabinet d’ophtalmologie.
Toutefois, les conclusions du médecin sont étonnamment rassurantes :
selon lui, il ne s’agit pas de sa tumeur. Sarah présente en revanche un
glaucome aigu à angle fermé entraînant une forte pression oculaire
interne. Un traitement lui est prescrit.
Hélas, les douleurs redoublent d’intensité. De multiples complications
provoquent une dégradation fulgurante de l’état de santé de Sarah et la
plongent plusieurs jours dans le coma.
À son réveil, elle convient d’un rendez-vous auprès du Dr Desjardins,
un éminent spécialiste de l’hôpital des Quinze-Vingts, à Paris. Abasourdi
par le parcours de soins choisi sept ans auparavant par Sarah, le médecin
envisage le pire et programme immédiatement une batterie d’examens.
Les résultats laissent le médecin stupéfait. Il ne cache pas son
étonnement.
Si l’examen anatomopathologique de l’œil atteste de la persistance du
mélanome sur la choroïde, celui-ci s’est totalement enkysté, empêchant
ainsi la formation et la propagation de métastases !
Et malgré la gravité du cancer diagnostiqué quelques années
auparavant et son pronostic fatal, Sarah est désormais hors de danger.
Une évolution inexpliquée et inexplicable en l’état actuel de la médecine.
Définitivement soulagée, Sarah attribuera sans surprise cette guérison à
l’intense travail personnel qu’elle a mené depuis le premier diagnostic.
Toutefois, face à la persistance de ses souffrances et à l’inefficacité des
traitements de sa douleur, le spécialiste la convaincra de la nécessité
d’enlever le kyste. Impatiente de poursuivre sa vie et de retrouver la
quiétude de son quotidien, Sarah acceptera finalement l’énucléation.
« Depuis que j’ai eu le cancer, j’ai agi, j’ai choisi, j’ai appris, j’ai
évalué et j’ai de nouveau choisi. Lorsque l’on vit en sourdine, la vie
semble moins essentielle, moins nécessaire et l’on se prépare
inconsciemment à la mort.
Mon cancer m’a apporté une grande ouverture d’esprit et une
possibilité de travailler sur mes croyances. Depuis ma maladie, je fais
preuve de beaucoup moins de sectarisme. Les humains vivent trop dans
le monde matériel de la possession, de l’avoir. Ils font preuve d’un
égocentrisme sans limites. Cette attitude provoque un déséquilibre à la
fois de l’humanité et de la planète. C’est pourquoi, au-delà d’une maladie
individuelle, le cancer est une maladie propre à l’ensemble de l’humanité.
Elle est due à sa façon de concevoir la vie.
En guise de conclusion, je dirais que je n’ai pas “attrapé le cancer” car
je sais que je suis en partie responsable de son apparition. Et comme j’en
suis responsable, j’ai la possibilité d’en inverser le cours. »
Lorsque j’ai rencontré Sarah, elle était à la tête d’une association à but
non lucratif, créée trois ans auparavant à son initiative, et elle organisait,
avec l’aide de bénévoles et de quelques salariés, des séminaires partout
en France. Ses conférences et ateliers, suivis par des centaines de
personnes, traitaient de la capacité de chaque individu à lutter contre
l’adversité. Ils avaient pour objectif de permettre à ses auditeurs de
libérer leur potentiel afin de découvrir par eux-mêmes les voies de leur
propre guérison. Sarah s’inspirait d’une méthode novatrice, très moderne
pour l’époque, venue des États-Unis, appelée le « training autogène »,
technique élaborée par le psychiatre et professeur de neurologie Johannes
Heinrich Schultz3, basée sur l’autodécontraction ou autohypnose :
« Le principe de la méthode du training autogène est d’induire, par des
exercices physiologiques et rationnels déterminés, une déconnexion
générale de l’organisme qui, par analogie avec les anciens travaux sur
l’hypnose, permet toutes les réalisations propres aux états
authentiquement suggestifs. […] Dans cet état volontairement provoqué,
il devenait possible, en période de crise physique ou psychique, d’induire
un état de calme et de détente, empêchant ainsi les mouvements
émotionnels de devenir pathogènes… »
Schultz disait de sa technique qu’elle permettait « une plongée à
l’intérieur de nous-mêmes ».
Ainsi, Sarah proposait des exercices afin d’induire chez les participants
un état psychologique et émotionnel leur permettant de prendre
conscience de leurs propres points de blocage. Les participants étaient
invités à confronter, sous le contrôle des intervenants, leurs expériences
avec celles des autres, d’exprimer leurs propres considérations sur la
maladie, sur la vie ou sur la mort, et de découvrir leurs points de
faiblesse, leurs blocages et éventuellement les croyances qui avaient
jusqu’alors guidé leur vie, et les avaient conduits vers la maladie.
« Tels sont les principes que j’ai acquis au contact du Dr Simonton et
j’aimerais qu’ils soient utiles à de nombreux cancéreux. »
Comme nous le verrons à travers les prochains témoignages, les
personnes ayant guéri d’un cancer à la suite d’une démarche personnelle
de soins sont très souvent animées par un fort désir de partager leur
parcours et d’aider d’autres malades du cancer, d’une façon ou d’une
autre. Ce fut l’objectif de Sarah en créant cette association.
1. Dans un souci d’anonymat, les prénoms, lieux et circonstances ont été modifiés.
2. Les références de tous les livres cités figurent dans la bibliographie en fin d’ouvrage.
3. Voir Bibliographie.
LUIGI
Il est 8 heures et, comme chaque matin dans la petite école de Paterno,
village de Sicile, Mlle Messina accueille les écoliers, qui prennent place
derrière leur pupitre en bois. La jeune institutrice s’apprête à démarrer la
leçon au tableau lorsqu’elle remarque l’absence de Maria. La petite fille
de onze ans, qui n’habite qu’à quelques mètres de l’école, n’a pourtant
jamais été en retard. Elle interroge ses camarades mais, ce matin, aucun
élève ne l’a croisée. Mlle Messina s’approche de la fenêtre, d’où elle
entrevoit le portail de l’école, et aperçoit soudain la petite fille en pleurs,
qui semble éprouver beaucoup de mal à marcher. Elle s’empresse d’aller
à sa rencontre. Maria s’effondre dans ses bras et se plaint d’une douleur
au genou droit. L’institutrice la console et la soutient jusqu’à la salle de
classe où elle l’aide à s’installer. Mais la douleur de Maria persiste et la
petite fille ne parvient pas à suivre la leçon. À l’heure de la récréation,
constatant l’enflure du genou et la peine de la petite fille, l’institutrice
décide de la raccompagner chez elle. La mère de Maria les accueille,
surprise de découvrir sa fille en larmes. Les deux femmes installent
Maria sur son lit.
Giorgia s’étonne de cette soudaine douleur dont Maria ne s’était pas
plainte au petit matin. Elle l’interroge quant à une possible chute mais
rien ne semble avoir pu provoquer le gonflement du genou. Désemparée
face à la souffrance de sa fille aînée, elle s’empresse d’appeler Nunzio,
son époux, qui quitte son bureau pour les rejoindre. Malgré son
apparence chétive, Maria est une petite fille en bonne santé, au
tempérament très calme, qui n’a pas pour habitude de se plaindre. Ses
parents appellent donc sans attendre le médecin du village. Après un
examen minutieux, ce dernier avoue ne pas pouvoir se prononcer et
recommande aux parents de conduire Maria à l’hôpital.
Un bilan complet est prescrit, l’équipe médicale soupçonne une
pathologie du cartilage ou une maladie infectieuse. Pourtant, les
ponctions successives du liquide synovial de l’articulation et les
différentes analyses ne confirmeront aucune des hypothèses. Mais une
radiologie dévoile une masse sur la partie supérieure du tibia droit de
Maria. Les médecins sont perplexes. Giorgia décide alors de consulter un
spécialiste à la clinique orthopédique de la ville voisine qui, après avoir
étudié les images radiologiques, lui fait part de son inquiétude. Maria doit
être hospitalisée afin qu’il puisse approfondir les investigations en
effectuant une biopsie. Giorgia décide de ne pas inquiéter davantage
Nunzio et évoque de simples analyses complémentaires. Elle ne pourra
cependant pas le préserver très longtemps. Les résultats des examens sont
sans appel. Maria est atteinte d’une tumeur maligne extrêmement grave,
un cancer des os très invasif nommé sarcome d’Ewing. À l’époque,
aucun traitement n’a prouvé son efficacité. Les médecins, consternés,
annoncent aux parents de Maria la nature de son mal et sa gravité : il ne
lui reste que trois mois à vivre. Seule l’amputation pourrait offrir à la
petite fille quelques semaines supplémentaires. Les parents de Maria sont
anéantis. Son père refuse catégoriquement l’amputation. Hors de question
d’imposer à sa petite fille un autre traumatisme. Maria est ramenée à la
maison.
Dès lors, Giorgia et Nunzio feront du bien-être de leur petite fille une
priorité, l’entourant de tout leur amour et la choyant au quotidien. Et si,
durant la journée, ils se montrent combatifs et dignes au chevet de leur
enfant, les nuits deviennent le refuge de leur immense désespoir. Nunzio,
accablé de tristesse, ne parvient plus à trouver le sommeil. Giorgia, elle,
prie le Seigneur jusqu’au petit matin, le suppliant de venir en aide à sa
fille. Et dans ce petit village où tout le monde se connaît, la nouvelle se
propage rapidement. Chacun tente alors d’apporter aide et soutien à la
famille. Le curé appelle les fidèles à prier pour Maria. Et régulièrement,
la communauté, très pieuse, se recueille autour de l’enfant affaiblie,
implorant une intervention divine. Mlle Messina, très affectée par le
drame qui frappe son élève, se remémore alors un sanctuaire dont elle
avait entendu parler quelques années auparavant, où des malades
incurables ont été miraculeusement guéris. Elle en parle à Giorgia et
Nunzio, qui ignorent tout de ce lieu. Néanmoins, il faut tout tenter. L’état
de Maria ne cesse de se dégrader et Lourdes devient alors l’ultime espoir
de la sauver.
Gagnée par l’optimisme, l’institutrice décide de prendre en main ce
projet, déterminée à ne pas laisser le coût élevé du voyage empêcher la
famille de se rendre à Lourdes. La jeune femme organise une collecte, le
curé en appelle à la générosité des fidèles lors de son homélie du
dimanche, et en quelques jours, la somme nécessaire au pèlerinage est
récoltée.
Margarita fait partie des témoins dont j’ai fait la connaissance après la
rédaction de ma thèse. Je l’ai en effet rencontrée à Paris, au cours d’un
séminaire de training autogène organisé par Sarah, dont nous avons relaté
la guérison miraculeuse dans un précédent chapitre. Au cours de ce
séminaire, chacun des cinq cents participants était invité, s’il le
souhaitait, à partager son expérience traumatisante et la façon dont il s’en
était sorti. Quand ce fut à son tour de témoigner, Margarita parla durant
plus de trois heures, sans que personne n’ose l’interrompre, tant son
histoire était à la fois effrayante et émouvante. En l’écoutant nous
raconter les souffrances qu’elle avait subies durant ses longues années
d’incarcération, nous étions tous bouleversés.
Un autre reproche fait aux médecins concerne leur attitude envers leurs
patients. Souvent, il leur est reproché leur manque d’empathie, mais aussi
un manque de respect. Un malade hospitalisé, interrogé par le
Dr Simonton, témoignait : « Qu’ils nous laissent parler, qu’ils frappent à
la porte avant d’entrer, qu’ils disent bonjour et au revoir et qu’ils nous
regardent dans les yeux quand ils nous parlent. »
De nos jours, la plupart des médecins se dérobent à la psychothérapie
informelle que pratiquaient communément les médecins d’antan.
Beaucoup s’en tiennent aux faits, à l’historique d’une pathologie, à la
mise en place d’un traitement, aux résultats d’examens, à l’évolution de
la maladie, sans prêter de sincère attention à leurs patients, aux émotions
de ceux-ci, à leur dignité.
« La médecine n’est pas seulement une science, c’est aussi l’art de
susciter une interaction entre notre propre individualité et celle du patient. »
Albert Schweitzer, médecin, prix Nobel de la paix
*
Si la médecine conventionnelle offre de grandes opportunités de soins
et ne doit en aucun cas être rejetée en bloc, elle ne devrait plus être
l’unique ressource des malades.
Toutes les méthodes de soins devraient être mises à disposition des
patients, du développement personnel aux dernières découvertes de la
médecine moderne.
Les processus de guérison devraient être explorés et étudiés selon une
optique nouvelle, afin de redonner sa vocation première à la médecine,
trop centrée sur la maladie et la mort, qui est de promouvoir la santé et la
vie.
Les médecins doivent de nouveau apprendre à faire connaissance avec
le malade en tant qu’être vivant souffrant, ressentant et pensant.
Pour toutes ces raisons, nos témoins ont décidé, à un moment crucial
de leur vie, de quitter l’institution hospitalière, le protocole établi par leur
médecin, et sont allés chercher des solutions ailleurs.
Les médecines alternatives
« Lorsque les principes des théoriciens ne coïncident pas avec les faits,
une attitude saine serait de croire les faits plutôt que les théoriciens. »
Dr Janine Fontaine
Une nouvelle ère doit voir le jour. La médecine devrait être une et
indivisible, et chacun devrait pouvoir utiliser la totalité de la gamme des
possibilités de guérir.
Les médecins devraient s’intéresser davantage aux médecines
alternatives, sans a priori, avec une vision analytique, critique et
constructive au titre de l’enrichissement de leurs connaissances. Les
charlatans disparaîtraient alors d’eux-mêmes. En effet, l’obscurantisme,
l’orgueil et l’absence d’ouverture ont toujours produit les effets inverses
de ceux désirés. Or, les chemins possibles de guérison, toutes thérapies
confondues, sont rarement transmis aux patients. Ils devraient pourtant
être incités à choisir leur médecine.
« Le traitement d’une partie du corps ne devrait pas être entrepris sans un
traitement du corps entier. Si le corps et l’esprit sont à traiter, vous devez
commencer par l’esprit. »
Platon
Ainsi, le point commun des parcours de nos témoins n’est pas d’avoir
été soignés et guéris grâce à un traitement alternatif. Tous l’ont affirmé :
ces méthodes se sont limitées à jouer le rôle de médium, d’intermédiaire,
de support à une démarche d’une tout autre nature qui les a conduits vers
la guérison.
Tous ont en effet entrepris de prendre en main leur santé, grâce à un
travail personnel d’introspection, de remise en question, entretenu par
une détermination sans faille. Un chemin qui, comme nous le verrons, les
a conduits vers une conception de la vie différente, une certaine
spiritualité à laquelle ils attribuent leur guérison.
« Beaucoup d’approches alternatives ont apporté leur contribution mais je
pense que la plus importante est cette miraculeuse expérience spirituelle. »
Dr Simonton
Voici donc les étapes du processus mené par nos témoins, identifiés
comme autant d’éléments déclencheurs de leur guérison.
La décision
Tous ont ralenti leur rythme de vie effréné, consacré moins de temps à
leur travail, modéré leurs activités. Ils ont appris à réorganiser leur
emploi du temps et se sont ainsi accordé du temps pour eux, pour se
détendre, se reposer, pratiquer régulièrement de l’exercice physique,
s’accorder des moments, des espaces d’expression affective, s’offrir des
espaces d’expression artistique…
Au fil du temps, un calme intérieur indéfinissable, une sérénité, une
capacité à se recentrer les ont gagnés. Pour beaucoup d’entre eux, ce fut
l’un des enseignements fondamentaux délivrés par le cancer.
Cette recherche de sérénité intérieure, de paix spirituelle procure à
notre système immunitaire un véritable coup de fouet, un message de vie.
Notre capacité de guérison physique en est, de façon significative,
transformée : l’énergie précédemment mobilisée par les conflits est
libérée et mise à la disposition de notre corps.
Et avec la sérénité, arrivent la gaieté, l’harmonie, le rire, le bonheur.
Nous avons d’ailleurs été particulièrement frappés par la joie de vivre
émanant de nos témoins !
Le temps ainsi gagné leur a permis d’accomplir, de façon plus efficace,
ce travail personnel.
Conscients des bénéfices obtenus en diminuant le stress – rappelons ici
qu’il est un facteur de risque au même titre que le tabac, l’alcool ou
l’exposition au soleil –, nos témoins ont diminué les contraintes, les
conflits, tout en laissant de côté les futilités. Ils ont appris à n’accorder de
l’attention qu’aux choses essentielles et à dédier leur vie à de hautes
aspirations.
Jacques : « Je privilégie maintenant la qualité plutôt que la quantité. »
La pensée du détachement et le moindre intérêt pour les biens
matériels ont joué un rôle déterminant :
Victoria : « Depuis ma maladie, je suis beaucoup moins attachée aux
choses matérielles. »
Jacques : « Cultiver le “non-attachement” et trouver le positif en toute
chose, là où il se trouve et non là où je pouvais souhaiter qu’il soit, m’a
fait le plus grand bien. »
Grâce à ces bouleversements, nos témoins sont parvenus à vivre dans
le temps présent et à profiter de chaque instant.
« Il ne s’agit pas d’ajouter des années à la vie mais plutôt de la vie aux
années. »
Alexis Carrel, chirurgien, prix Nobel de médecine
Vivre dans le présent
L’évidence aurait été de nous montrer, dès le début, tel que nous
sommes. Cela nous aurait permis d’éviter, à chacune de nos phrases, à
chacun de nos gestes, de faire naître un conflit entre notre être et notre
refus de l’accepter.
Nous nous serions sentis alors à l’aise, libres, capables d’inventer et de
réagir avec vivacité. C’est ce sentiment de plénitude que nos témoins sont
allés chercher à travers leur travail d’introspection.
Mais le chemin pour accéder à cette nature profonde est semé
d’embûches, et nécessite d’entrer en résistance car tout, dans notre
société et notre éducation, nous pousse à banaliser l’être que nous
sommes, à nous normaliser, nous fait rentrer dans un moule.
L’autre obstacle majeur se trouve en soi, dans la tendance très
répandue à se juger, se déprécier, se critiquer, se culpabiliser.
Très vite, nos témoins se sont donc engagés à s’accepter tels qu’ils
sont, à ne pas se juger, à se regarder, à aimer leur corps, même meurtri
par la maladie. Ils ont admis leur vulnérabilité.
Ils ont entrepris de s’aimer, d’apprendre à aimer cette part de leur être
que nous n’arrivons pas à exprimer, celle que les autres, trop souvent,
semblent ignorer. La part de nous-mêmes que nous cachons par timidité
ou parce que nous croyons nécessaire de nous comporter comme les
autres, en pensant que c’est ainsi qu’ils nous accepteront, nous aideront et
nous aimeront…
« Ce qui importe, c’est l’opinion que vous avez de vous-mêmes.
Trouvez la personne que vous êtes et cessez de jouer la comédie. Votre
profession, c’est d’être. »
Quentin Crisp, écrivain britannique
Afin de conserver leur nouvel élan vers la guérison, nos témoins ont dû
apprendre à se fixer des buts accessibles, pour éviter d’être confrontés à
un sentiment d’échec, dévalorisant et destructeur.
Chacun d’eux s’est fixé un objectif à atteindre, qui s’inscrivait dans le
nouveau chemin sur lequel il s’engageait, reflet du sens qu’il voulait
désormais donner à sa vie.
Cet objectif devait être en mesure de mobiliser tout son être.
En voici quelques exemples :
Lucienne : « Reprendre mes activités chrétiennes annonçant
l’avènement du Royaume de Dieu sur la Terre. »
Maria : « Me réaliser comme personne, et accomplir la volonté de
Dieu. »
Jacques : « Avancer, grandir vers un but : le retour à Dieu. Car je pense
que je suis, comme chacun de nous, une étincelle, une parcelle divine que
Dieu n’a pas lancée au hasard dans l’univers, mais a mise sur cette Terre
pour s’épurer, avec ses ressources personnelles, auprès des autres et dans
la nature. »
Victoria : « Pour aider d’autres condamnés, d’autres cancéreux à
trouver la voie. »
Rosalie : « Évoluer. »
D’autres nous ont confié désirer trouver la paix intérieure, apporter la
paix autour d’eux, transmettre la vie, apprendre à jouir de l’existence, à
vivre le moment présent, à aimer.
La définition de ces objectifs leur a permis de passer à l’action. Des
actes sont venus sceller leur engagement à vivre, et donc à guérir, et ont
affirmé leur confiance en eux, leur capacité à répondre à leurs besoins.
Dès lors, ils ont affirmé le contrôle de leur vie et regagné leur estime
d’eux-mêmes.
Si les bénéfices d’un tel processus sont immenses, le chemin à
parcourir pour y parvenir est parfois long et difficile, escarpé mais non
dénué de joie et de bonheur.
« Si je te faisais don de la perle noire du fond des mers hors des
cérémonials des plongées, en quoi t’augmenterais-je ? Tu ne t’augmentes
que de ce que tu transformes, car tu es semence. Il en est de toi comme de
la graine merveilleuse qui élève la terre au rang des Cantiques et l’offre au
Soleil. »
Antoine de Saint Exupéry
L’engagement total
Nos témoins ont tous fait preuve d’un engagement total et sans faille.
Ainsi, une fois leur objectif déterminé, ils ont dû s’astreindre à
maintenir une grande concentration en vue de l’atteindre.
Pour y parvenir, tous ont appris à discipliner leur esprit, à le ramener
sans cesse à la contemplation de leur but. À chaque instant, ils
s’interrogeaient : « L’action que je viens de réaliser est-elle en accord
avec le but que je me suis fixé ? M’aide-t-elle à réaliser ce que je veux
réellement pour moi et ceux qui m’entourent ? »
Leur engagement permanent envers le chemin entrepris fut
déterminant.
S’engager à guérir, c’est participer activement à sa prise en charge
thérapeutique, se montrer volontaire et non suiviste. Cette attitude permet
au patient, non pas d’attendre la guérison, mais au contraire de la faire
sienne, de la désirer plus que tout, d’être animé par la conviction que
celle-ci est déjà amorcée et deviendra réalité.
« L’espérance de guérison est déjà la moitié de la guérison. »
Voltaire
Tous ceux qui ont gagné leur combat contre la maladie présentent ces
mêmes caractéristiques : la conviction du bien-fondé de la méthode
choisie, un engagement total dans leur parcours de soins, sans jamais
laisser le doute les envahir. Cette adhésion à la méthode est à l’origine de
son efficacité, bien au-delà de la théorie et des moyens qu’elle propose.
Et cela est valable pour la médecine officielle. Si le traitement
conventionnel du cancer se révèle essentiel dans la lutte contre le cancer,
il nécessite une pleine adhésion à la fois du patient, mais aussi de
l’équipe soignante. Sans conviction d’atteindre la guérison, la capacité du
traitement à agir sera réduite.
Adhérer ou s’engager dans une voie doit être le résultat d’un choix
libre, mûrement réfléchi et consenti. Car les épreuves seront nombreuses.
Les deux obstacles principaux résideront dans le doute et la peur
d’échouer.
La peur, grand ennemi de l’Homme, pensée négative par excellence !
Si le patient envisage l’échec comme une issue possible à son
traitement, son effort mental pour atteindre le but est d’emblée contrarié,
frustré, et risque d’aboutir à l’opposé de l’objectif fixé.
La maîtrise personnelle dont ont fait preuve nos témoins est sans doute
l’attitude qui nous a le plus impressionnés.
Malgré le risque de perdre la vie, aucun d’entre eux n’a permis à
quiconque d’influer sur leurs décisions, ni à quoi que ce soit de perturber
le déroulement de la vie qu’il ou elle avait choisie.
Faire preuve de maîtrise personnelle signifie vivre sa vie comme une
expérience créative et non en réaction à des événements ou à des
personnes.
Voici les comportements, attitudes ou traits de caractère qui, selon
nous, témoignent d’une haute maîtrise personnelle :
Cette haute maîtrise personnelle dont font preuve tous nos témoins est
la conséquence du changement radical de leur mode de vie et de pensée.
Les épreuves de la vie deviennent une opportunité pour réaffirmer la
direction qu’ils ont choisi de donner à leur vie. Ils ne leur accordent, en
aucun cas, le pouvoir d’agir sur eux ou sur leurs décisions. Leurs
conséquences sont celles qu’ils choisissent de leur attribuer. Ainsi, nos
témoins se sont offert l’opportunité de se débarrasser de tout ce qui
pouvait les empêcher de vivre pleinement et intégralement la vie qu’ils
avaient choisie.
Car vivre en sourdine, comme ils le faisaient auparavant, c’est se
préparer inconsciemment à la mort.
Cette maîtrise personnelle, nos témoins l’ont obtenue grâce au long
travail d’introspection effectué, évoqué précédemment et qui leur a
permis de saisir leur nature profonde, et de la laisser s’exprimer au grand
jour, autrement dit d’être eux-mêmes.
Foi et croyances spirituelles
Les croyances faisant naître des soucis se fondent le plus souvent sur
notre propre interprétation des faits, plutôt que sur les faits eux-mêmes.
Toutes nos croyances, nos visions et nos conceptions sur le monde ont été
« engrammées » dans notre esprit, incorporées dans notre système
pendant notre enfance et notre adolescence. Ce système s’autoalimente
ensuite car nous prenons uniquement en compte les preuves qui
corroborent notre analyse et augmentent, en conséquence, notre
enfermement. Notre esprit sait bloquer toutes les choses auxquelles il
n’est pas encore prêt à faire face.
Pour conclure, nous affirmons ici que l’amour véritable est un message
de vie pour le corps en agissant tel un cercle vertueux.
Jacques : « J’ai découvert que c’était moi que je n’aimais pas assez, et
à partir de là, j’ai pu m’aimer, et sachant le faire, aimer mieux les autres
avec plus de tolérance. »
« Il n’existe pas de difficulté que l’amour ne puisse vaincre, pas de maladie
que l’amour ne puisse guérir, pas de porte que l’amour ne puisse ouvrir, pas
de ravin que l’amour ne puisse franchir, pas de mur que l’amour ne puisse
abattre, pas de péché que l’amour ne puisse racheter… Peu importe que le
problème soit profond et ancien, la perspective désespérée, l’écheveau
embrouillé, la faute grave.
Avec juste ce qu’il faut d’amour, tout s’accomplira. Si seulement, vous
pouviez aimer assez, vous seriez l’Être le plus heureux et le plus puissant du
monde… »
Emmet Fox, pasteur de la Science divine, pionnier de la Nouvelle Pensée
Si tout le monde s’accorde sur le fait que le cancer n’est pas une étape
normale, en ceci qu’elle interfère avec le courant de la vie régi par une loi
de croissance permanente et non de destruction, il reste très complexe de
définir la notion même de maladie.
Le monde médical la considère comme une rupture de l’état de santé.
Certains conçoivent la maladie comme une erreur d’aiguillage nous
éloignant de l’état de santé ou de l’état de nature. D’autres l’entrevoient
comme un processus normal de dégradation de la vie, en direction de la
mort.
Le cancer est alors considéré comme un accident de parcours, certes
malheureux, mais de plus en plus banal si l’on en croit les statistiques : le
cancer frappera un quart de la population.
Pour nos témoins, la maladie est tout autre. Le cancer est, selon eux, un
phénomène porteur de message. En effet, il leur a été impensable
d’imaginer que cette maladie ne serve à rien ! La Nature est douée
d’intelligence et n’agit pas sans raison.
Quelle est la nature du message délivré par la maladie ?
Quel rôle la maladie a-t-elle joué dans leurs vies ?
Pour notre part, il nous a paru essentiel d’interroger nos témoins sur le
sens qu’ils attribuaient à la maladie. Tous, à notre grande surprise, ont
répondu spontanément.
Pour certains, la maladie est un signal venant nous rappeler que l’on
est de passage sur Terre. Pour d’autres, les maladies seraient des épreuves
afin de changer le cours de notre vie. En effet, peu de personnes vivent à
la hauteur de ce qu’ils sont vraiment.
Pour l’ensemble de nos témoins, notre évolution personnelle doit nous
conduire vers une exaltation de nos qualités profondes et cachées.
Parfois, ce chemin a besoin de traverser cette « trituration » douloureuse
qu’est la maladie. Elle symbolise, pour un certain nombre d’entre eux, les
dilemmes de l’existence.
Hélas, la majorité des gens attendent de se trouver face à une
détérioration dramatique de leur existence pour mettre en œuvre ce
changement.
Les récits de nos témoins nous orientent donc vers une hypothèse :
La guérison ne vient pas de l’extérieur, mais naît des expériences
nouvelles, quelles qu’elles soient, qui nous offrent l’occasion d’apprendre
à prendre soin de notre santé. La maladie ne représente plus une calamité,
mais l’occasion d’élargir son champ de conscience, de transformer ses
habitudes, de ne plus être victime d’influences extérieures. En
choisissant, en pleine conscience et à chaque instant, la vie que l’on
souhaite vivre, et en acceptant les changements nécessaires, nous nous
sauvons.
« Quand on est tombé malade, il faut changer sa manière de vivre.
Il est clair que celle qu’on suivait est mauvaise en tout, en grande partie ou
en quelque chose. »
Hippocrate
S’engager dans la voie du changement est l’une des décisions les plus
difficiles à prendre, en raison de la peur qu’elle suscite. Un sentiment
légitime : les transformations nous propulsent sur un chemin inconnu,
dont on ignore les conséquences sur notre existence.
La patience reste le maître mot de ce processus. Le corps a besoin de
temps pour faire machine arrière et retrouver son état antérieur, l’esprit
aussi, pour modifier ses habitudes. Petit à petit, un nouveau système de
vie s’installe.
La peur laisse place à une vitalité, moteur de cette profonde refonte de
notre être.
Il est donc vital de modifier la croyance selon laquelle le cancer est une
punition, pour l’envisager comme un message.
Il est admis de tous que notre corps exprime les émotions que nous
traversons. La médecine reconnaît ainsi l’existence de maladies
psychosomatiques, autrement dit l’origine émotionnelle et psychologique
de symptômes physiques.
Cette relation de cause à effet devrait toujours être une grille de lecture
pour les médecins et pour les patients, même si elle bouscule les théories
apprises et nous entraîne sur un terrain inexploré où de nombreuses
questions restent encore sans réponse. Notre corps possède un langage :
le désordre, la rupture de son équilibre. C’est ainsi qu’il nous parle de
notre vie émotionnelle profonde.
Nos témoins ont saisi le message de leur âme, un message dénué de
culpabilité, d’échec ou de refus de vivre. Tous l’ont reçu comme un signe
d’amour : la maladie n’était plus annonciatrice de la mort, mais au
contraire l’occasion de reconquérir un équilibre stable. Une conception
nouvelle grâce à laquelle l’Homme peut naturellement vivre.
Interroger le rôle métaphorique de la maladie dans notre vie nous
permet de prendre le pouvoir sur cette dernière, et nous incite à
commencer un nouvel apprentissage.
Jacques : « La maladie m’a remis sur le chemin qui est le mien, celui
sur lequel je suis en harmonie intérieure pour pouvoir le retransmettre
aux autres. »
L’hypothèse officielle
La médecine repose sur l’idée que l’Homme est avant tout un corps
physique, fait de matière observable : « n’existe que ce que je vois, que
ce que je peux toucher, palper, disséquer… »
Ce principe matérialiste, qui régit en grande partie notre monde actuel,
est très rassurant. La médecine actuelle considère la tumeur cancéreuse
comme une prolifération de cellules. En conséquence, elle intervient en
l’agressant et en la détruisant grâce à des moyens, eux aussi, matériels :
bistouri (acier), particules radioactives (feu), substances antimitotiques
(poison). Une logique implacable et respectable (loin de nous l’idée d’en
remettre en cause la validité).
Toutefois, certains restent insatisfaits face à cette conception
matérialiste. Ils ont cherché à incorporer à ce système logique, une part
de mystère, de spirituel, de divin. Ce sont les croyants.
Certains de mes lecteurs seront athées. Un choix que je respecte. C’est
un droit fondamental, de récuser les réponses apportées par les religions
sur le sens de la vie, les raisons de vivre et la nature de la mort. La dignité
de leur vie et de leur destin leur permet d’affirmer avec fierté ne pas avoir
besoin de la consolation d’un Dieu compréhensif et accueillant.
D’autres, enfin, ont tenté de réconcilier les deux approches en
élaborant une conception matérielle du mystère de la vie. Depuis des
centaines d’années, les scientifiques ont ainsi cherché à localiser l’âme
dans le cerveau. Peut-être y arriveront-ils un jour, en affinant à l’infini le
pouvoir de l’IRM ou du scanner.
Dans certains pays d’Orient et d’Extrême-Orient, on observe les
mourants afin de surprendre l’âme du défunt, dont on ne connaît pourtant
pas la nature.
En Occident, des philosophes, penseurs ou psychanalystes ont tenté de
définir la notion d’esprit, d’intelligence, de théoriser le fonctionnement
psychique, les raisons de vivre de l’Homme. Ainsi sont nés les termes
d’« inconscient », de « conscient », de « subconscient ».
Freud, Lacan ou encore Jung ont profondément marqué notre société,
notre conception de l’Homme et de sa psyché. Leurs théories sont
aujourd’hui acceptées et reconnues, même si, faut-il le préciser, aucune
n’a jamais pu être prouvée scientifiquement, puisque ces notions sont
immatérielles, impalpables et subjectives.
Les hypothèses que nous vous soumettons dans les pages suivantes
font naître, elles aussi, des conceptions immatérielles, non démontrables
scientifiquement. Les voici.
Notre soma mental contrôle toutes les fonctions vitales de notre corps.
Si nous souhaitons nous saisir de cette force législative, métaphysique,
nous devons apprendre à diriger nos pensées afin de créer des conditions
favorables. Nos pensées sont actives et détiennent du pouvoir : ce sont
des graines. Lorsqu’elles sont constructives, notre soma mental y répond
en créant des conditions harmonieuses et un entourage favorable en toute
chose.
Pour y parvenir, il convient tout d’abord d’inscrire sur ce soma nos
volontés, avec autorité et conviction. Il se conformera à notre cadre et les
mettra à exécution dans notre corps physique.
Le résultat de nos actions dépendra, pour l’essentiel, de la manière
dont nous aurons pensé la réalité.
Et si notre soma mental se conforme à notre mode de pensée, veillons
alors à ne pas y imprimer des pensées négatives ou malsaines : « je ne
peux pas », « je ne connais pas », « je ne sais pas comment faire ». Il
s’appliquera à nous donner raison et à nous conforter dans notre position
d’impuissance. La limitation, la frustration va à l’encontre de notre bien-
être, et conduit à la congestion mentale et émotionnelle auxquelles font
suite les maladies. Il faut modifier ce mode de pensée, en répétant des
pensées constructives, harmonieuses, susceptibles de former de nouvelles
habitudes de vie saines. De façon progressive et imperceptible, ce nouvel
état s’inscrira sur notre soma mental.
Là où régnait l’impuissance, de nouvelles facultés naîtront !
Notre soma mental construit, ordonne et répare notre corps. Tel le plus
sage des maîtres ouvriers, il connaît le moyen de guérir tous nos organes.
Nous devons permettre à cette merveilleuse intelligence de s’exprimer.
Nous devenons ce que nous pensons.
Selon nous, le devoir éthique du médecin est – après avoir répondu aux
urgences – d’aider le malade à identifier les causes de sa maladie afin de
lui permettre de se libérer, c’est-à-dire d’admettre son histoire de vie et
de s’extraire du statut de victime.
La vraie réponse au cancer est d’apprendre à vivre mieux et à aider à
mieux vivre.
La personne malade devra prendre intimement conscience de son
fonctionnement, et admettre l’entièreté de son être au sein duquel circule
la vie, du corps à l’âme et de l’âme au corps.
« L’intérêt de la science depuis quelques siècles s’est porté sur la matière.
Mais la forme est aussi importante que la matière. Lorsque l’on veut
approcher le problème du cancer, on doit s’intéresser aux forces de la forme
(forces éthérées et formatrices). Alors s’impose à nous la recherche de
l’eurythmie dans l’anthroposophie (sagesse de l’Homme) qui permet
d’étudier de nouvelles formes de vie qui ne feront pas comme aujourd’hui du
cancer un compagnon de l’Humanité. »
Rudolph Steiner, fondateur du courant anthroposophique
Découvrez-le sur
https://www.editionsarchipel.com
www.facebook.com/editionsdelarchipel/
@editionsdelarchipel