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Université de M’sila

Département de Français
Matière : Etude de texte littéraire
Enseignante : BAKHTI.A
Niveau : 3L
Les mouvements littéraires et artistiques du XIX siècle :
2/ le réalisme :

- Définition et principes :

Le réalisme, courant de la seconde moitié du XIX siècle, cherche à représenter la réalité dans sa
banalité1. Ce mouvement apparait d’abord en peinture sous le pinceau de Courbet (l’Enterrement à Ornans
entre1849-1850), puis il s’étend au champ de l’expression littéraire. Le réalisme nait et évolue à la veille de
la Révolution de 1848. Il s’agit d’une société en pleine mutation, devient essentiellement matérialiste et
mène l’ascension d’un prolétariat important. D’un autre côté, les artistes se passionnent de plus en plus pour
les sciences et les techniques, notamment l’impact de la philosophie positiviste sur l’esprit réaliste.

Les écrivains réalistes, en réaction contre l’idéalisation du personnage romantique, cessent de raconter
des histoires d’amour passionné et commencent à décrire la réalité prosaïque du quotidien. Stendhal
dit, dans le Rouge et le Noir : « Un roman, est un miroir qui se promène sur une grande route (...) ». Les
réalistes cherchent à étudier les hommes par leurs comportements au sein de leur milieu social. Ils
évoquent tous les milieux sociaux : paysans, bourgeoisie, noblesse de province et aristocratie. Donc, c’est la
volonté de montrer le meilleur comme le pire de la société parisienne.

Balzac, le chef de file, dit dans la préface de la Comédie Humaine, qu’il veut : « faire concurrencer
l’état civil ». Balzac crée des personnages autant naturels que vrais. Il prône une écriture documentaire d’un
sociologue à fin de décrire les milieux évoqués. Dans le roman réaliste, notamment de Balzac, les
personnages correspondent au milieu où ils vivent. Il dit dans le Père Goriot : « le spectacle désolant que
présentait l’intérieur de cette maison se répétait-il dans le costume de ses habits, également délabrés » cette
cohérence entre le physique du personnage et le lieu dans lequel il vit fait du récit plus vrai que la nature
elle-même !

En plus de cette cohérence, s’attache au récit réaliste une abondante description. Celle-ci est souvent
une description interne. C'est-à-dire, une description faite selon le point de vu de personnage. Le jeune
Rastignac, dans le Père Goriot, découvre, ainsi que son lecteur, les lieux et le fonctionnement de la société
parisienne.

1
. l’écrivain Champfleury est le premier qui a utilisé le mot « réalisme » pour qualifier les œuvres de Gustave Courbet (1819-
1877)
1
Le roman réaliste se construit à partir d’une description minutieuse, des détails très précis (noms des lieux,
des dates, des sommes d’argent, détails très précis...) tous ces détails subjectifs renforcent l’identification du
lecteur au personnage et intensifie encore plus le phénomène du réalisme. Mais ce réalisme n’est qu’une
illusion de la réalité car les histoires racontées, même si sont inspirées des faits –divers, demeurent une
fiction.

Le roman réaliste : ( Gustave Flaubert)

Le réalisme s’oppose aux excès sentimentaux du romantisme. Il se développe à partir de 1850, avec le
second Empire et le triomphe du positivisme. Il prône le retour au réel, qu’il soit naturel, social ou
historique. Chez Flaubert, il se caractérise par la recherche de l’objectivité et la disparition du narrateur dans
le roman. La question du style fut une des préoccupations fondamentales des romanciers réalistes, en
particulier de Flaubert écrivant Madame Bovary : celui-ci cherche à décrire la réalité par l’impression
qu’elle produit sur les personnages ; les paysages reflètent alors leurs états d’âmes. Le regard extérieur du
narrateur tend à s’effacer.

Les thèmes :

Les sujets de prédilection traduisent la vision définitivement matérialiste de l’époque, qui exclue la
dimension humaine et spirituelle de l’univers de l’homme. : le pouvoir de l’argent, le monde de travail, le
déclin de l’aristocratie ; la condition féminine, les relations conjugales, le corps (érotisme ; souffrance) fin
de la pudeur ( Madame Bovary fait scandale). Aussi, le personnage « populaire » est la figure dominante
dans le roman réaliste.

Le positivisme :

Etymologie : De l'adjectif positif, venant du latin positus, mis, posé, placé, situé, exposé.

Le terme a été utilisé par Saint-Simon (1760-1825) et popularisé par Auguste Comte (1798-1857).

Le positivisme est le système philosophique fondé par Auguste Comte qui considère que l'homme ne peut
atteindre les choses en elle-même (leur être, leur essence) et que seuls les faits expérimentés ont
une valeur universelle. Il a pour but de codifier les connaissances dites "positives", celles qui découlent
directement de l'observation et de l'expérience et d'éliminer tout ce qui subit l'influence de
la métaphysique. Le positivisme établit une hiérarchie entre les sciences qui part de l'étude des corps bruts
et s'élève jusqu'aux corps organisés, aboutissant à la sociologie, qui ne se développera qu'à la fin du XIXe
siècle. Par sa vision du monde et ses méthodes, le positivisme est très proche des sciences naturelles.

La première systématisation du positivisme est développée par Auguste Comte dans son "Cours de
philosophie positive" (1830-1842). Il est assis sur une réflexion historique selon laquelle l'esprit humain et
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toutes les civilisations sont caractérisés par trois états qui sont comparés aux stades de l'évolution de
l'homme.

 théologique, ou fictif, dans sa jeunesse, où l'on pose la question du « qui ? »


 métaphysique, ou abstrait, dans son adolescence, avec la question du « pourquoi ? »
 positif qui correspond à l'âge de la science, dans sa maturité, avec la question du «comment ? »

L'esprit positif est orienté vers l'établissement de lois sur le modèle scientifique en remplacement
des croyances théologiques et des explications métaphysiques. L'étude des événements prime celle des êtres
et de l'essence. La science doit renoncer à la question du "pourquoi" des choses, qui est la recherche du sens
et de l'absolu, pour se concentrer sur le "comment" afin de décrire les lois de la nature dans le but d’être utile
à la société.

Exemples de valeurs positives : réalité, utilité, expérimentation, certitude, précision, organisation


sociale.
En limitant la science à la recherche des faits bruts et en excluant les "impénétrables mystères", le
positivisme est une philosophie agnostique qui ne se prononce pas sur la réalité du "monde extérieur" et
qui rejette dans l'inconnaissable les questions de l'origine, de cause et d'effet. Dans cette vision limitée et
statique de la science, le positivisme laisse à la métaphysique tout le champ de la psychologie, de
la généralisation et de la construction théorique.

Etude de texte Eugénie Grandet (1833), Balzac

« Le portrait du père Grandet »

Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de
circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules, son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole
; son menton était droit, ses lèvres n'offraient aucune sinuosité, et ses dents étaient blanches ; ses yeux
avaient l'expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basilic ; son front, plein de rides
transversales, ne manquait pas de protubérances significatives ; ses cheveux jaunâtres et grisonnants étaient
blancs et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d'une plaisanterie faite sur
monsieur Grandet. Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans
raison, pleine de malice. Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l'égoïsme
d'un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l'avarice et sur le seul être qui lui fût
réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière. Attitude, manières, démarche, tout en lui,
d'ailleurs, attestait cette croyance en soi que donne l'habitude d'avoir toujours réussi dans ses entreprises.
Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, monsieur Grandet avait-il un caractère de bronze.
Toujours vêtu de la même manière, qui le voyait aujourd'hui le voyait tel qu'il était depuis 1791. Ses forts

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souliers se nouaient avec des cordons de cuir; il portait en tout temps des bas de laine drapés, une culotte
courte de gros drap marron à boucles d'argent, un gilet de velours à raies alternativement jaunes et puce ,
boutonné carrément , un large habit marron, à grands pans, une cravate noire et un chapeau de quaker. Ses
gants, aussi solides que ceux des gendarmes, lui duraient vingt mois et, pour les conserver propres, il les
posait sur le bord de son chapeau à la même place, par un geste méthodique. Saumur ne savait rien de plus
sur ce personnage. Financièrement parlant, monsieur Grandet tenait du tigre et du boa : il savait se coucher,
se blottir, envisager longtemps sa proie, sauter dessus, puis il ouvrait la gueule de sa bourse, y engloutissait
une charge d’écus et se couchait tranquillement, comme le serpent qui digère, impassible, froid, méthodique.
Personne ne le regardait passer sans un sentiment d’admiration mélangé de respect et de terreur.

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