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CLÉS DU SPORT

Le Taekwondo
Taekwondo
Avec le soutien du Ministère de la Communauté française.

Le taekwondo
par Gilles Goetghebuer, Olivier Beaufays et Anna Muratore / Agence Dumas
et Xavier Burre

Nous tenons à remercier pour leur relecture attentive : Eric Maréchal,


directeur technique de l’ABFT ; André Hérin, trésorier de l’ABFT
et Luc Sougné, président de l’ABFT et de l’UNBTU.

© Copyright 2004
Texto ASBL – Rue Chauve-Souris 106 – 4000 Liège

Tournesol Conseil SA – Editions Luc Pire


R É A L I S AT I O N
editions@lucpire.be – www.lucpire.be

M I S E E N PA G E S E T C O U V E R T U R E Aplanos

I LL U S T R AT I O N S Peter Elliott

IMPRIMERIE Chauveheid – Stavelot

ISBN 2-87415-451-2
D É P Ô T L É G A L D/2004/6840/81
t a e k w o n d o

P R É F A C E

Mon premier souhait, par la publication de ces livrets, est


de contribuer à la relance d’une nouvelle dynamique sportive en
Communauté française.
Le sport, dans toutes ses composantes, doit aujourd’hui se
situer au cœur de la vie sociale.
Parce que ses bienfaits sont nombreux et ses vertus enri-
chissantes, la pratique quotidienne du sport doit être encouragée.
C’est précisément l’objet de ces ouvrages : mieux faire
connaître pour mieux faire pratiquer.
Puissent leur diffusion et leur lecture permettre au plus
grand nombre de franchir le premier pas et d’apprécier le plaisir
d’une pratique sportive.

Bon sport à tous !

CLAUDE EERDEKENS
Ministre de la Fonction publique et des Sports
de la Communauté française

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t a e k w o n d o

Taekwondo

Une école
de la vie

intro
I N T R O D U C T I O N

Le taekwondo est un ensemble de techniques


de combat non armé d’autodéfense
qui comprend un mélange de coups de poing
mais surtout de coups de pied, sautés
ou non, ainsi que d’esquives
et de blocages.

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t a e k w o n d o

S
on enseignement peut débuter très tôt. Vers huit ans,
l’enfant éprouve souvent le besoin de se situer dans son
environnement social. Il cherche alors sa place et expé-
rimente de nouveaux comportements au sein de sa famille, à
l’école ou dans les clubs de sport. Souvent, son intérêt se porte
Taekwondo

vers les disciplines de combat qui parlent fort à l’imaginaire. Le


taekwondo exerce alors un charme indéniable, qui opère sur
l’enfant lui-même, mais aussi sur ses parents, rassurés par un
environnement sécurisant. Ce sport offre aux jeunes la possibi-
lité de canaliser une énergie débordante pour renforcer la
confiance en soi, développer la concentration, se fixer des objec-
tifs d’excellence et permettre l’instauration de nouveaux types de
relation. Chacun recherche ici l’estime et l’attention des autres et
offre la sienne en échange dans le cadre d’une relation particu-
lièrement riche et épanouissante. Dans le Macho Kyôrugui, par
exemple, les deux protagonistes travaillent de concert. L’un
exerce son geste d’attaque pendant que l’autre effectue sa
« parade » défensive. Bref, le taekwondo n’améliore pas seule-
ment la condition physique, il favorise les échanges de toutes
natures, quels que soient l’âge du pratiquant, son sexe ou son
histoire personnelle. Longtemps, l’enseignement du taekwondo
s’est accompagné de principes de vie comme la loyauté envers

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i n t r o d u c t i o n

son pays, ses amis, son conjoint ou sa famille. Aujourd’hui, ces


préceptes moraux ont été un peu laissés de côté pour ne pas lais-
ser prise aux critiques d’endoctrinement ou de sectarisme. Mais
il nous a semblé intéressant de rappeler les vertus prônées en
son temps par le général Choi Hong-Hi. Avec le recul des années,
elles paraîtront peut-être un peu mystiques. En même temps, on
ne peut pas concevoir l’édification d’un sport de combat sans
souligner l’importance de l’éthique.
p le Ye Ui (courtoisie) doit assurer une atmosphère sereine et
respectueuse dans le Do Jang (salle d’entraînement).
p le Yom Chi (intégrité), pour être honnête vis-à-vis de soi-
même et des autres et trouver les ressources nécessaires à
une bonne distinction entre le bien et le mal et pouvoir se
sentir honteux en cas de mauvaise action.
p le In Nae (persévérance). Mettre tout en œuvre pour atteindre
son but. Cela implique que tout élève devra puiser en lui la
force de persévérer afin de surpasser chaque épreuve ou
difficulté qui pourrait lui barrer la route.
p le Guk Gi (maîtrise de soi) est essentiel dans le Do Jang
mais aussi à l’extérieur, face aux événements quotidiens.
Perdre le contrôle de soi est toujours dangereux, en combat
comme dans la vie.

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t a e k w o n d o

p enfin, le Baekjul Boolgool (esprit invincible) permet à


chacun de se montrer courageux face aux épreuves impo-
sées par les autres. Les convictions personnelles se doivent
d’être solides et résistantes aux moqueries et suspicions.
Taekwondo

Si ces références ont quasiment disparu du taekwondo


moderne – du moins dans les pays occidentaux –, on a conservé
l’idée d’une pratique respectueuse qui implique par exemple de
ne jamais tirer un profit indu de sa force ou de son habilité. Un
combattant trop fort évitera toujours d’humilier son adversaire.

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i n t r o d u c t i o n

Si le combat s’avère inégal, l’entraîneur ou l’arbitre intervient de


toute façon pour mettre un terme à l’affrontement. Bref, quelle
que soit la voie qu’il emprunte, le taekwondo associe le dévelop-
pement des forces physiques autant que psychiques, l’apprentis-
sage des techniques de combat servant en somme de prétexte
pour un travail d’introspection qui permet souvent de mieux se
connaître et d’être donc mieux armé pour faire face aux
embûches qui, inévitablement, se dressent au cours de
l’existence.

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t a e k w o n d o

chapitre

1
Taekwondo

Un sport
sous influence

historique
H I S T O R I Q U E

Avant d’être une discipline sportive


reconnue, les ancêtres du taekwondo
ont permis au peuple coréen
de conserver une identité
nationale forte même en période
d’occupation.

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t a e k w o n d o

S
i l’on décide d’emprunter le chemin des origines
Taekwondo

mythiques de la discipline, on verra que celui-ci nous


emmène vers les moines bouddhistes du temple Shaolin
et notamment un certain Bodhidharma qui, il y a bien longtemps,
a mis au point un ensemble de techniques de combat qu’il ensei-
gnera plus tard à ses compagnons de prière. Cet art martial
devait leur permettre de se défendre en cas de conflit et d’être en
meilleure santé en temps de paix afin de poursuivre leurs
méditations plus assidûment encore. De nombreuses disciplines
partagent ce volet historique. Ou plutôt devrait-on dire ce volet
légendaire, tant il est difficile de parvenir à démêler le vrai du
faux de ces brumeuses origines. Ainsi, le lieu historique de
naissance de la discipline prête à discussion. Tout Coréen qui se
respecte clamera haut et fort que sa patrie est la mère du tae-
kwondo. Mais au vu des influences subies par ce pays coincé
entre le Japon et la Chine tout au long de son histoire, de
nombreux historiens doutent de l’origine purement coréenne de
la discipline. Il est en effet très difficile d’établir précisément les

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h i s t o r i q u e

apports respectifs de ces trois nations. Disons que des formes de


combat très similaires à la discipline que nous connaissons
aujourd’hui remontent au premier siècle avant notre ère. On a
retrouvé sur le plafond du Muyong-chong, un tombeau royal de
la dynastie Koguryo, des peintures représentant des personnes
sans armes qui s’exercent au taekkyun, l’ancêtre du taekwondo,
en utilisant à la fois leurs mains et leurs pieds. Ensuite, les
guerriers hwarangs du territoire de Sylla furent probablement
les premiers à développer ces techniques de combat et à les
répandre un peu partout dans le pays. Il faut savoir qu’à cette
époque la Corée est divisée en trois royaumes : Paekche (établi
en 18 avant J.-C.), Koguryo (37 avant J.-C.) et Sylla (fondé en
57 avant J.-C.), qui fait l’objet d’attaques continuelles de pirates
japonais. Ses souverains obtiennent alors l’aide du roi
Gwanggeto et de ses soldats de Koguryo pour entraîner des
troupes d’élite capables de bouter les assaillants hors de l’île.
Durant cette période, quelques guerriers de Sylla sont donc
sélectionnés pour recevoir un entraînement de qualité des
meilleurs maîtres de taekkyun en provenance de Koguryo. Ces
guerriers, qui se feront connaître quelques années plus tard sous
le nom de Hwarangs, sont conditionnés, dès leur plus jeune âge,
à endurer les épreuves les plus dures et à surmonter toutes les

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t a e k w o n d o

difficultés. Parallèlement, ils sont formés au maniement du sabre


et aux techniques de combat sans armes. Grâce à ces soldats de
choc, Sylla prendra de l’assurance, au point de faire de l’ombre à
ses puissants voisins. Le plus petit des trois royaumes finira par
contrôler l’ensemble du territoire, qu’il rebaptisera Koryo. Les
Taekwondo

Hwarangs fondent alors une Académie militaire chargée


d’accueillir les enfants de l’aristocratie et la fine fleur du régime
: le « Hwarang-do ». On y étudie le taekkyun mais aussi l’histoire,
la philosophie de Confucius, l’éthique, la morale bouddhiste et la
stratégie militaire. Les Hwarangs profitent de leurs nombreux
voyages, notamment en Inde et en Chine, pour parfaire leur
connaissance des peuples environnants. Ils accumulent des
données sur l’histoire, les religions, la géographie… Mais égale-
ment sur les techniques de combat ! Ces connaissances
nouvelles provoquent alors une floraison d’écoles plus ou moins
rivales : Tangsoo, Soobak, Kwonbup et bien sûr le Taekkyun,
toujours considéré par les Coréens comme le « père » des autres
mudos (arts martiaux coréens). D’abord réservées aux armées,
ces pratiques s’ouvrent progressivement à l’ensemble de la
population. Les plus jeunes comme les plus anciens sont initiés
à cette discipline qui perd alors progressivement sa vocation
purement militaire pour se transformer en un sport de détente,

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h i s t o r i q u e

une nouvelle forme de gymnastique. Certains souverains comme


le roi Uijong entreprennent de restaurer le côté martial du tae-
kkyun au détriment de son pendant « fitness ». D’autres font le
chemin inverse comme l’attestent des manuels d’époque expli-
quant la manière de favoriser l’essor d’une discipline récréative
la plus populaire possible. Il semble finalement que le taekkyun
se soit affadi dans son ouverture ludique à la fin du XIVe siècle,
au lendemain de la prise de pouvoir de la dynastie des Joseon.
On a retrouvé en tout cas des manuscrits décrivant de manière
très explicite d’autres formes de combat plus violentes : « Dans
les anciennes coutumes, il y avait quelque chose nommé gaksul
(ancien nom du taekkyun), où l’on s’affrontait à coups de pied
pour se faire tomber. Il y avait trois règles : les moins bons
frappaient les jambes, les hommes d’un bon niveau se devaient
de frapper les épaules, les meilleurs devaient frapper la tête.
Pour les gens d’autrefois, ce pouvait être un moyen de se venger
ou de gagner la femme qu’ils aimaient. »

Cette prolifération de formes de combat n’empêche toutefois


pas la Corée d’être la cible des grandes puissances de la région.
Au XVIIe siècle, elle doit ainsi accepter l’occupation chinoise.
Cette période coïncide avec la mise en œuvre d’un vaste chantier

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t a e k w o n d o

qui consiste à coucher par écrit l’ensemble des techniques et des


mouvements du taekkyun et du soobak dans un livre intitulé
Muye Dabo Tonji. Les maîtres de la discipline, qui prennent
probablement conscience du risque d’essoufflement, veulent
manifestement laisser une trace dans l’histoire du pays. Il faut
Taekwondo

dire que les troupes d’occupation possèdent également leurs


techniques de combat non armées qu’ils entendent probable-
ment substituer aux anciennes habitudes. Toutes ces influences
se retrouveront d’ailleurs dans la lente élaboration du tae-
kwondo moderne. Il nous faut à présent effectuer un petit bond
dans l’histoire de la discipline. Nous voici donc au XXe siècle.
Après la Chine, c’est au tour du Japon d’afficher ses volontés
hégémoniques sur la péninsule. En 1910, l’annexion pure et
simple du pays est reconnue par la communauté internationale.
Le Japon met alors en œuvre un programme d’éradication de la
culture coréenne en prônant notamment l’interdiction des arts
martiaux du cru. La langue coréenne elle-même se voit condam-
née. On décide de brûler tous les livres écrits en coréen et on
prévoit la peine de mort pour tout acte de désobéissance civile.
Paradoxalement, cette campagne de prohibition relance l’intérêt
pour l’ancien soobak, perçu comme une manière d’affirmer son
désir de résister à l’envahisseur. De nombreux Coréens s’orga-

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h i s t o r i q u e

nisent en groupes « underground » pour pratiquer les arts


martiaux dans d’anciens temples bouddhistes. Face à la rivalité
du kung-fu, du judo et surtout du karaté, introduits officiellement
en Corée en 1943, la discipline évolue à toute vitesse en puisant
certaines inspirations dans les autres arts. Il n’est d’ailleurs pas
rare de voir des pratiquants passer d’une discipline à l’autre. La
majorité des maîtres du futur taekwondo sont souvent formés
aux arts martiaux japonais. En août 1945 sonne l’heure de la
libération. Pour la Corée, cette période marque le réveil d’un
nationalisme tenu trop longtemps sous l’éteignoir. Un grand
nombre de nouvelles disciplines voient le jour, toutes dérivées
de l’ancien soobak et mâtinées d’arts martiaux importés du
Japon. Mais les divergences se creusent autour de l’exécution et
la codification des mouvements. Les quinze années suivantes
sont marquées par la création de nombreuses kwans (écoles) qui
s’autoproclament chacune seule dépositaire d’une authenticité
historique. Dans cet imbroglio total, quatre kwans réputées se
disputent finalement l’autorité suprême : la Chung Do Kwan, la
Jido Kwan, la Moo Duk Kwan et la Sang Moo Kwan. Finalement,
comme dans l’histoire de nombreux sports, c’est l’armée qui
finira par mettre tout le monde d’accord. Un homme joue alors un
rôle capital : le second lieutenant Choi Hong-Hi qui enseigne la

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t a e k w o n d o

pratique du soobak dans une base militaire nommée Kwan ju.


Que sait-on de lui ? Avant de s’engager comme instructeur dans
la toute nouvelle armée coréenne, il a reçu l’enseignement du
Gichin Funakoshi, un maître d’Okinawa à l’origine de l’implan-
tation du karaté au Japon. Funakoshi est également le fondateur
Taekwondo

de la prestigieuse école des « Pins qui ondulent sous le vent »


(Shotokan). Une référence ! Fort de ce prestige, Choi Hong-Hi
entreprend donc d’unifier les différentes pratiques coréennes,
persuadé que son expansion dans le monde passe immanqua-
blement par une mise en commun des différents savoirs. Il reçoit
pour cela la bénédiction de sa hiérarchie, jusqu’au plus haut
représentant du régime. En 1952, une démonstration d’art
martial coréen lui donne effectivement un formidable coup de
boutoir. Le président coréen Syngman Rhee assiste alors à une
performance de trente minutes réalisée par les plus grands
maîtres. Un certain Tae Hi Nam qui brise, sous ses yeux, une pile
de treize tuiles d’un simple coup de poing l’impressionne tout
particulièrement. Après une discussion avec le « casseur », Rhee
ordonne aux chefs militaires d’enseigner à tous leurs soldats cet
art martial. Sous quel nom ? Au début, on utilise l’ancien vocable,
soobak. Mais trop chargé d’histoire, celui-ci passe de mode. En
1955, on réunit tous les notables de la discipline dans le cadre

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h i s t o r i q u e

d’un vrai collège d’experts afin de déterminer le meilleur terme


possible pour nommer et englober les différents styles. Que
choisir ? Un nouveau nom ? Une contraction phonétique ?
Une référence historique ? Finalement le terme Tae Soo Do est
accepté par une majorité des dirigeants de kwans. Pas pour

longtemps. Deux ans plus tard, la dénomination change encore


lorsque Choi Hong-Hi, entre-temps devenu général, impose
taekwondo, qui fait référence au taekkyun et permet donc de
rester dans la tradition tout en affichant sa spécificité coréenne.
En effet, Tae signifie « donner un coup de pied », Kwon veut
dire « poing » et Do, littéralement « voie de l’esprit », inscrit la
discipline dans la lignée des autres arts martiaux.

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t a e k w o n d o

En 1960, Choi Hong-Hi est élu président de l’Association


nationale de taekwondo (Korea Taekwondo Association, KTA).
Comme il détient tous les pouvoirs, il oblige, par un décret du
gouvernement militaire, toutes les kwans à reconnaître son
autorité. Sans rivaux sur le plan intérieur, le taekwondo entre-
Taekwondo

prend alors une période de conquête internationale et s’implante


dans plusieurs pays d’Asie. Au Vietnam, il investit notamment les
fameuses Brigades du Tigre blanc. Une nouvelle démonstration
est organisée en juillet 1963 au siège des Nations unies. Quatre
professeurs restent à New York pour promouvoir sa pratique aux
États-Unis. Fin 1968, le taekwondo arrive en Europe sous l’ap-
pellation pompeuse de « super-karaté » ou « karaté volant ».
Petit à petit, la pratique du taekwondo, autrefois purement
coréenne, s’étend à l’ensemble de la planète. En 1966, Choi
Hong-Hi fonde la Fédération internationale de taekwondo (ITF)
dont il devient naturellement président, et il s’installe à
Montréal. Au pays, on se sent évidemment spolié par ce démé-
nagement hors des frontières historiques de la discipline. Par le
biais de son nouveau président Young-wun Kim, la KTA abolit ses
liens avec l’ITF et crée un nouvel organe, la Fédération mondiale
de taekwondo (WTF), qui reçoit aussitôt la reconnaissance du
gouvernement coréen. La rivalité entre l’ITF et la WTF perdure

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h i s t o r i q u e

encore aujourd’hui et prête à une véritable guerre d’influence


lorsqu’il s’agit de faire reconnaître sa légitimité. Le gouverne-
ment coréen décide alors de mettre le paquet : en 1972, il fait
bâtir à Séoul le Kukkiwon, un immense palais destiné à la
pratique du taekwondo. C’est là qu’un an plus tard, se déroule-
ront les premiers championnats du monde. Les autorités du pays
veulent en faire le centre mondial de la discipline, le seul orga-
nisme habilité à délivrer les dans (grades des ceintures noires).
Tout s’accélère lorsqu’en 1980, le CIO (Comité international
olympique) reconnaît le taekwondo comme discipline olym-
pique. Il obtient alors de figurer comme sport de
démonstration aux Jeux de Séoul (1988) et de
Barcelone (1992) avant de gagner en 1994 son
statut de discipline officielle et de faire sa
grande entrée, six ans plus tard, aux Jeux de
Sydney.

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t a e k w o n d o

En Corée, le sentiment de fierté est énorme, surtout par


rapport au Japon. Le karaté n’a en effet jamais accédé à pareille
reconnaissance, trop de dissensions internes limitant son déve-
loppement. Aujourd’hui, le taekwondo est présent dans cent
soixante pays répartis sur les cinq continents, et l’on estime que
Taekwondo

trente millions de personnes dans le monde pratiquent la « Voie


des pieds et des poings » aux origines
à la fois si lointaines et si proches.

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h i s t o r i q u e

Une ambassadrice de charme

Difficile de développer une discipline sans posséder de


locomotive. Le baron Pierre de Coubertin n’a pas réfléchi
différemment quand il a créé les Jeux olympiques de l’ère
moderne, lui qui voyait dans l’exaltation des grands cham-
pions un moyen d’encourager les gens à la pratique spor-
tive. Notre pays compte ainsi plusieurs taekwondoka
talentueux, notamment une jeune femme, Laurence Rase,
qui accumule les bonnes performances sur le plan inter-
national. Sa médaille de bronze aux championnats du
monde en 1999 ainsi qu’aux derniers championnats
d’Europe en font une des meilleures spécialistes de la
discipline. Laurence Rase a débuté le taekwondo à l’âge
tardif de quatorze ans mais ça ne l’a pas empêchée de se
faire très rapidement une place au soleil avec notamment
un titre de vice-championne d’Europe junior. Preuve que
le corps et l’esprit se marient parfaitement, la Liégeoise
d’adoption a enchaîné une licence en sciences politiques
et une autre en droit.

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t a e k w o n d o

chapitre

2
Taekwondo

Les six
visages

disciplines
D I S C I P L I N E S

Le taekwondo offre différents niveaux


de pratiques. Certains sont plus attirés
par la compétition ; d’autres par
les subtilités de cet art martial
d’une insondable richesse. Preuve
de cette richesse, les aspirants au premier
dan doivent effectuer six épreuves.

s
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t a e k w o n d o

Kyôrugui (combat libre)


Les combats se déroulent en « un contre un » sur une aire de
combat de douze mètres de côté. Un des participants endosse le
plastron rouge, l’autre le bleu afin que les juges puissent bien
différencier les compétiteurs. La plupart du temps, les combats
Taekwondo

se déroulent en trois reprises de trois minutes chacune avec une


minute de repos entre elles. Les organisateurs pourront toutefois
raccourcir la durée des reprises si les compétiteurs sont trop
nombreux. Même s’ils peuvent utiliser indifféremment les pieds
et les mains, les deux protagonistes utilisent surtout leurs pieds
qu’ils peuvent, contrairement aux mains, porter à la tête de leur
adversaire. Chaque coup rapporte des points s’il est suffisam-
ment appuyé et si l’attaquant reste sur ses jambes. Suivant les
cas, le duel se termine par le décompte des points, une expul-
sion, un abandon, voire par KO. En cas d’égalité, les trois arbitres
de chaise récompensent le combattant qui s’est montré le plus
entreprenant durant le combat.

Le taekwondo ne se limite pas à l’organisation de combats.


Son apprentissage se décline également en cinq volets de
pratique détaillés ci-dessous

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d i s c i p l i n e s

Ki-Bon
C’est le b.a-ba du taekwondo. Les pratiquants exécutent
toute une série de mouvements de base (blocage, coups de
poing, coups de pied) sans opposition.

Poom Sé
On les considère comme la « grammaire » du taekwondo. Il
s’agit d’une répétition très codifiée d’un ensemble de techniques
qui doivent être vécues comme un combat réel dont les adver-

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t a e k w o n d o

saires sont imaginaires. Chaque contre-attaque doit dégager une


impression d’efficacité et non apparaître comme une succession
de mouvements dont la finalité ne serait que purement esthé-
tique. Il existe huit Poom Sé avant d’atteindre la ceinture noire
(Taegeug Poom Sé), auxquels on a attribué un nom très imagé.
Taekwondo

Avant d’atteindre la Terre (Pal-Jang), il faut passer par le Ciel (Il-


Jang), le Lac (Yi-Jang), le Feu (Sam-Jang), le Tonnerre (Sa-Jang),
le Vent (Oh-Jang), l’Eau (Youk-Jang) et la Montagne (Tchil-Jang).
Pour les ceintures noires, il reste encore neuf autres Poom Sé
avant de parvenir au niveau suprême : Koryo, Keumgang,
Taebaek, Pyongweon, Sipjin, Jitae, Tcheongweon, Hansoo et
Ilyeo.

En compétition technique, entre trois et sept juges sont char-


gés d’apprécier cette épreuve qui se déroule en trois tours. Les
concurrents commencent par effectuer le Poom Sé qui corres-
pond à leur grade. Les candidats qui accèdent au second tour
choisissent ensuite un Poom Sé différent, pour peu qu’il se situe
dans une gamme comprise entre trois niveaux en dessous de son
grade et deux au-dessus. Enfin, les cinq ou six meilleurs candi-
dats arrivent au troisième et dernier tour qui récompensera les
trois premiers. Ils auront fait preuve d’une meilleure aisance

28
d i s c i p l i n e s

dans les gestes, la technique des mouvements enchaînés, le


dynamisme, la précision dans la simulation du toucher et la
concentration. Pour réussir un Poom Sé, il faut bien sûr démarrer
et terminer sur le même point et toujours en position prépara-
toire (Joumbi Seugi) mais aussi préparer les techniques en orien-
tant le regard dans la bonne direction, contrôler sa respiration,
alterner contraction et relâchement, approfondir chaque forme
avant d’apprendre la suivante.

Macho kyôrugui
Cette branche du taekwondo vise à améliorer la précision, la
technique, la vitesse et la connaissance des différents coups et
des enchaînements. Deux taekwondoka sont face à face et effec-
tuent un enchaînement de mouvements sur un, deux ou trois
pas. Les mouvements d’attaque et de défense sont codifiés et
répétés plusieurs fois de suite pour ancrer cette gestuelle à la
manière d’un pianiste qui effectue ses gammes. Ensuite, on
inverse les rôles.

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t a e k w o n d o

Gyeuk Pa (casse)
Même si elle continue de fasciner le grand public, cette disci-
pline est de plus en plus délaissée par les pratiquants. Il s’agit de
briser des planches, des briques ou tout autre matériau résistant
en utilisant la seule force de leurs mains et de leurs pieds.
Taekwondo

Actuellement, les fédérations mettent l’accent sur l’agilité plutôt


que sur la démonstration de force. La casse reste inscrite au
passage du premier dan mais les risques de se blesser sont assez
faibles. Les candidats sont invités à casser une planchette en
bois de sapin d’un centimètre d’épaisseur avec les pieds.

30
d i s c i p l i n e s

Hoshinsul (autodéfense)
L’essence même de tout art martial est d’apprendre à se
défendre, quels que soient le lieu et la situation. Dans le Do Jang,
l’étudiant en taekwondo devra être en mesure de faire face à
différentes attaques, effectuées dans le dos, de face ou de côté. Il
apprendra également à combattre des ennemis armés d’un
couteau, d’un bâton long ou court.

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t a e k w o n d o

Portraits d’étoiles

Les nations-phare du Taekwondo sont, bien sûr, la Corée du Sud


qui remporta 4 médailles aux derniers Jeux olympiques d’Athènes
(deux en or et deux en bronze), ainsi que la Chine (deux médailles
Taekwondo

d’or) et Taipei (deux médailles d’or et une médaille d’argent).


Suivent ensuite une série de pays se partageant les honneurs,
parmi lesquels la Grèce (deux médailles d’argent) et la France
avec les exploits de Myriam Baverel qui a remporté l’argent dans
sa catégorie + de 67 kilos et de Pascal Gentil qui s’empara du
bronze (+ de 80 kilos). Les deux Français se caractérisent par des
trajectoires étonnantes. Myriam Baverel a débuté dans le pati-
nage artistique avec – déjà! – l’idée de briller au firmament olym-
pique. À l’époque, on jugeait sévèrement ses prétentions, en
raison notamment d’une constitution robuste qui semblait mieux
adaptée aux disciplines de force qu’aux pirouettes sur la glace.
Elle s’orienta alors vers le Taekwondo qu’elle pratique en excluant
toute forme de hargne et d’acharnement. Je n’ai jamais
ressenti le plaisir de combattre, avoue-t-elle. Ce qui lui plaît
dans la discipline, c’est plutôt d’analyser chaque mouvement de
l’adversaire et de trouver instantanément la parade à la manière
d’un joueur d’échecs. Elle entend aussi défendre une certaine
image de son sport à l’écart des stéréotypes machistes. Pour moi,
la féminité c’est hyper important, explique-t-elle, avant
d’ajouter avec une pointe d’humour désabusée : je ne l’incarne

32
r a p p e l

en rien. Ensuite, elle se confie : j’ai toujours voulu être quel-


qu’un d’exceptionnel. Il semble que, grâce au Taekwondo, elle y
soit finalement parvenue. Quant à Pascal Gentil, il est devenu en
quelques années la première véritable star de la discipline avec
tout ce que cela implique d’apparitions publiques, d’interviews, de
plateaux télé et même de défilés de mode. Son discours s’inscrit
lui aussi dans ce contexte volontiers glamour. J’ai d’abord été
attiré par le côté esthétique du Takwondo, explique-t-il. Un
sport où il faut beaucoup de souplesse. Ensuite, j’ai décou-
vert l’arrière-plan spirituel, les valeurs comme le respect
du maître, de l’adversaire. C’est un peu le même rapport
qu’avec une femme: on est d’abord séduit par l’esthétique.
Ensuite on découvre sa sensibilité. D’origine martiniquaise, le
personnage ne se résume pas au statut d’icône publicitaire. Il
faut d’abord le considérer comme un athlète prodigieux (1m98 -
98 kilos) qui domine sa catégorie avec une déconcertante facilité.
Il fut notamment triple vainqueur de la Coupe du Monde (2000,
2001 et 2001) et deux fois champion d’Europe (1994 et 1998).
Seule la consécration olympique manque à son palmarès. Les
médailles de bronze conquises à Sydney et à Athènes lui laissent
d’ailleurs un fort parfum d’amertume. Dans un sport où l’issue
du combat dépend le plus souvent de la décision des juges,
il éprouve le sentiment que son style flamboyant n’est pas récom-
pensé à sa juste valeur. Beaucoup de spécialistes partagent
cet avis.

33
t a e k w o n d o

chapitre

3
Taekwondo

Le taekwondo
change la vie

santé
S A N T É

La philosophie orientale accorde


une grande importance au respect
des aînés, notamment ses parents
et ses professeurs, ainsi qu’à la parfaite
prise en considération des besoins
et des limites de son propre organisme.
On retrouve tout cela
dans l’enseignement
du taekwondo.

35
t a e k w o n d o

L
’instinct de survie qui se manifeste chez l’homme comme
chez n’importe quel animal nous amène parfois à lutter
pour préserver de façon plus ou moins symbolique notre
vie, nos richesses ou celles des autres membres du groupe social.
On retrouve ces comportements tout au long de l’histoire et
Taekwondo

même de la préhistoire. Ces perspectives d’affrontement forment


le terreau des nombreuses disciplines guerrières qui caractéri-
sent une société de la même façon que son organisation poli-
tique, sa langue ou ses modes d’expression culturelle. Certaines
de ces disciplines privilégient le maniement des armes : escrime,
tir, etc. D’autres, comme le taekwondo, mettent plutôt en avant
l’habileté des hommes dans le combat non armé. Aujourd’hui,
bien sûr, on ne résout plus ses conflits en assommant ses enne-
mis. À la place, on prône l’échange d’arguments et la recherche
de compromis. Mais ces règles élémentaires de civilités ne
doivent pas nous détourner de l’héritage précieux des arts de la
guerre transposés désormais dans un contexte sportif. Ainsi, le
taekwondo ne vise pas à former des bagarreurs de rue qui rêve-
raient de rétablir un monde où règnerait la loi du plus fort. Au
contraire ! Par l’exercice d’affrontements codifiés, il favorise la
prise de conscience des limites de la violence et laisse finale-
ment la place à l’élaboration de relations entre les individus

36
s a n t é

dans toute leur richesse et leur diversité. Sa pratique vise égale-


ment le maintien d’une bonne santé qui, dans l’esprit des maîtres
de la discipline, constitue notre bien le plus précieux. Chaque
taekwondoka se doit de prendre soin de lui-même et donc d’évi-
ter les situations inutilement dangereuses.

Tout cela participe de l’avènement d’une discipline qui


dépasse ses objectifs initiaux d’autodéfense pour nous atteindre
plus intimement et générer notamment cette sensation d’apaise-
ment, de sérénité et de bien-être que l’on ressent à la fin d’une
séance. Le taekwondo possède encore d’autres avantages. Il est
accessible à tous et peut se pratiquer de manière relativement
douce. L’enchaînement de postures d’équilibre, de gestes lents et
rapides et de sauts permettent de faire travailler tout le corps et
de développer vigueur et agilité. L’alternance des efforts dyna-
miques et statiques sollicite aussi très efficacement le système
cardiovasculaire. Le taekwondo s’érige ainsi en véritable sport-
santé avec des programmes adaptés en fonction de l’âge, du
passé sportif de la personne, de ses capacités, de ses disponibi-
lités et, bien sûr, de ses objectifs. La charge revient alors au
professeur de réunir tous ces paramètres dans une sorte d’équa-
tion qui définit les contours de la pratique. Pas facile !

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t a e k w o n d o

Heureusement, l’organisation rigoureuse du taekwondo dans le


monde lui assure partout un enseignement de qualité. Les étire-
ments constituent une autre facette importante de la pratique.
Au fil des semaines, on en arrive à redécouvrir son corps dans
une plus grande amplitude de mouvements. On apprend aussi à
Taekwondo

mieux gérer son attention et à fixer son regard sur les détails
réellement utiles à la prise de décision. On se sent plus réceptif.
Nos sens gagnent en acuité. Les réflexes sont mieux maîtrisés et
adaptés aux situations. Le taekwondo ne permet pas de change-
ment spectaculaire de la morphologie. Pas question de se trans-
former en montagne de muscles comme on le voit pour d’autres
disciplines axées essentiellement sur la force. Mais la muscula-
ture se transforme néanmoins. On devient plus tonique, moins
sujet aux blessures et à la fatigue. Enfin, les nombreuses flexions
du tronc nécessaires à l’exécution des coups, des enchaînements
attaque-blocage et l’amplitude des gestes effectués renforcent et
assouplissent la musculature érectrice de la colonne vertébrale,
trop souvent mal sollicitée dans la vie courante. Une pratique
douce du taekwondo est donc particulièrement indiquée aux
personnes souffrant de lombalgie. Le changement est même
spectaculaire chez les enfants ou les adultes qui avaient
tendance à adopter une attitude un peu voûtée. Cela se répercute

38
s a n t é

aussi dans la façon de marcher. On se sent mieux en équilibre sur


des jambes rendues plus robustes par l’exercice et, sans que l’on
s’en aperçoive vraiment, ce regain de dynamisme induit l’adop-
tion de nouvelles habitudes. On se rend à pied où à vélo là où on
avait l’habitude de prendre sa voiture. On grimpe les escaliers
plutôt que d’attendre l’ascenseur, etc. Ce nouveau mode de vie
affine la silhouette. Ventre, cuisses, hanches, tout se transforme.
D’autant que l’entraînement lui-même tend à normaliser le
poids. La pratique intense du taekwondo permet de dépenser
jusqu’à 400 calories par heure, soit un cinquième de ce que l’on
considère comme la dépense énergétique hebdomadaire de
base pour se maintenir en bonne santé. Enfin, la mixité qui
caractérise l’enseignement du taekwondo permet de faire des
rencontres et de se découvrir mutuellement en dehors des
circonstances convenues de la vie sociale.

39
t a e k w o n d o

chapitre

4
Taekwondo

Tenue
d’ascète

matériel
M A T É R I E L

Sport d’autodéfense ou discipline


de bien-être, le taekwondo est un art
martial qui se pratique sans arme.
L’équipement se limite donc au strict
minimum.

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t a e k w o n d o

Do Bok
On parle souvent de kimono pour désigner la tenue portée
par les adeptes des arts martiaux. Or, il ne faut pas confondre
cette tunique traditionnelle avec le Do Bok que porte les taek-
wondoka. Il s’agit d’une chemise qui s’enfile comme un T-shirt
Taekwondo

avec des très amples ouvertures sur les côtés. Lors des combats,
les protagonistes enfilent un plastron rouge ou bleu qui permet
à la fois de distinguer les lutteurs et d’amortir les chocs sur la
poitrine.

Ceinture (Ti)
La couleur de la ceinture détermine le grade. Cinq niveaux
sont à franchir : blanc, jaune, vert, bleu et rouge. Chacun de ces
grades est entrecoupé de barrettes intermédiaires. Cela fait donc
dix niveaux avant le passage à la ceinture noire et les fameux
dans dont le nombre n’est pas limité. Un grand maître en Corée
vient de passer son onzième dan. Un exploit quand on sait qu’il
faut toujours attendre un nombre d’années équivalent au dan
que l’on possède pour obtenir le droit de passer à l’échelon supé-
rieur. En d’autres termes, il faut patienter deux ans, avant de
présenter son troisième dan et donc dix ans avant d’obtenir la
onzième dan. Notez aussi qu’avant l’âge de seize ans, le taek-

42
m a t é r i e l

wondoka ne porte pas directement une ceinture noire. Elle est


entrecoupée par une ligne rouge.

Hogu (protection)
Pour plus de sécurité et pour ne jamais prendre la vie
d’un adversaire par inadvertance, le port de protections
est obligatoire en compétition. Malgré la violence de certains
coups portés, ces protections sont très efficaces. En réalité, les
KO sont extrêmement rares en taekwondo, même lors des
compétitions prestigieuses comme les derniers championnats du
monde ou d’Europe. Les protections portées à l’avant-bras
servent à se protéger en cas de blocage d’un coup porté avec
force. Notons que ces protections protègent les deux protago-
nistes, aussi bien celui qui donne le coup que celui qui le reçoit.
Les protège-tibias sont également importants car ces os encais-
sent de nombreux chocs dans l’exécution des fameux coups de
pieds volants. Enfin, bien que les coups directs dans les parties
génitales soient proscrits, les garçons comme les filles portent
des protections spécifiques à l’entrejambe.

43
t a e k w o n d o

chapitre

5
Taekwondo

Coller
une étiquette

règles
R È G L E S

Les différentes techniques de taekwondo


permettent d’atteindre septante
points vitaux. Les pratiquants doivent
donc se montrer très respectueux
du règlement sportif aussi bien
que de l’étiquette qui caractérise
ce sport.

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t a e k w o n d o

I
nitialement pratiqué par les moines, puis par des mili-
taires et la jeunesse dorée de l’époque médiévale, le taek-
wondo devait se découvrir un ensemble de valeurs
cardinales autour desquelles organiser sa pratique. Ce furent le
respect, l’honneur, le courage et la droiture. Tout cela est repris
Taekwondo

dans un code de conduite, parfois appelée « étiquette », qui


répertorie l’ensemble des comportements exigés de la part des
pratiquants : respect du maître et des adversaires, présentation
dans un Do Bok toujours impeccablement propre, etc. Cet état
d’esprit se niche jusque dans certains détails en apparence
anodins, comme celui de se couper régulièrement les ongles des
doigts et des orteils afin d’éviter tout risque d’éraflure lors des
combats.

Les combats aussi sont régis par un ensemble de règles


strictes. Ainsi les coups de poing ne sont autorisés qu’au niveau
moyen du corps, au-dessus de la ceinture et en dessous de la tête
et du cou. Pour être comptabilisé par les juges, le coup doit être
net, puissant et aboutir sur le plastron. Les coups de pied répon-
dent aux même exigences mais ils peuvent, en outre, être portés
au visage. Chaque coup asséné peut rapporter entre un et trois
points : un point pour un coup porté au tronc, deux pour un coup

46
r è g l e s

porté à la tête et un point de bonus si l’adversaire vacille. La


victoire revient évidemment au compétiteur qui aura obtenu le
meilleur score. Mais attention, certains comportements prohibés
peuvent entraîner une perte de points. Les règlements prévoient
ainsi toute une série d’avertissements ou de pénalités dans le cas
où, par exemple, l’un des deux combattants sort délibérément de
l’aire de combat, s’il fuit la confrontation en exposant sciemment
son dos à l’adversaire ou s’il tombe avant même d’être touché. La
même sévérité prévaut pour l’administration de coups interdits à
l’aide du coude, de la tête, du genou, du tibia. On sanctionnera
également les attaques sous la ceinture, les saisies et projec-
tions, les frappes dans le dos ou sur la nuque ainsi que tout
comportement indigne, comme marcher volontairement sur l’ad-
versaire tombé à terre, viser le visage d’un coup de la main ou de
frapper l’entrejambe avec préméditation. On écope alors d’un
Gyeung Go (avertissement) ou d’un Gäm Tzeum (sanction),
qui entraînent respectivement la perte d’un demi-point et d’un
point. Cependant, un seul avertissement ne fait pas régresser le
total. Le décompte commence avec un point de pénalité au mini-
mum. Si un compétiteur reçoit quatre points de pénalité, le
match s’arrête et le fautif perd automatiquement la partie.

47
t a e k w o n d o

chapitre

6
Taekwondo

L’art
d’esquiver

techniques
T E C H N I Q U E S

En compétition, un bon taekwondoka


évite d’être obnubilé par ses gestes
offensifs. Il prêtera autant de soin au
développement de techniques
pour annihiler les tentatives
de l’opposant qu’à ses propres coups
d’attaque.

49
t a e k w o n d o

Techniques d’attaque
Les coups peuvent être simples, répétés ou faire partie d’une
combinaison. Pour les membres supérieurs, on peut utiliser les
poings, le tranchant de la main ou le bout des doigts : pas en
combat. Mais ce sont généralement les coups de pied qui
Taekwondo

s’avèrent décisifs. On compte de nombreux coups de pieds


différents : de face ou de côté, circulaire ou marteau, retournés
ou sautés. La panoplie de possibilités est énorme et les enchaî-
nements de frappes du pied souvent très utiles pour emporter la
décision des juges.

L’esquive
Ces mouvements sont à la base du sport. Il s’agit bien
entendu d’éviter les coups grâce une attitude virevoltante qui
combine des mouvements du tronc et des déplacements rapides.
De ce point de vue-là, le taekwondo ressemble très fort à une
forme d’escrime où l’on utiliserait ses pieds en guise d’épée.

Techniques de blocage
Les magkis (mouvement de protection contre une attaque de
l’adversaire) sont rarement utilisés en compétition. Ils peuvent
toutefois être effectués sur place, en avançant ou en reculant, sur

50
t e c h n i q u e s

la droite ou sur la gauche. Une bonne maîtrise de cette gestuelle


de blocages s’avère essentielle à la fois pour se protéger des
impacts et pour s’ouvrir un champ de contre-attaque.

Techniques de contre-attaque
Comme leur nom l’indique, elles consistent à attaquer d’un
geste vif un adversaire qui porte un coup imprécis ou à anticiper
un mouvement en répliquant avant même que le coup
programmé n’ait atteint sa cible.

51
t a e k w o n d o

chapitre

7
Taekwondo

Cours
de langue

lexique
L E X I Q U E

Créé au XVe siècle, l’alphabet coréen Han Geul


est un système phonétique de vingt-quatre lettres
qui n’a pas plus de lien avec l’écriture chinoise
qu’avec l’alphabet latin. Les termes coréens cités
dans les différents ouvrages occidentaux sont,
par conséquent, rarement écrits de la même manière,
chacun tentant de reproduire le son coréen avec
son propre alphabet.

53
t a e k w o n d o

Le taekwondo
Tae : donner un coup de pied.
Kwon : donner un coup de poing.
Do : la voie.

Vocabulaire général
Taekwondo

Poom Sé : Ensemble codifié de techniques.

Gyeu Lou Gi : Combat.

Do Jang : Salle d’entraînement.

Sa Beum Nim : Maître ou professeur.

Jeja : Élève.

54
l e x i q u e

Hong : Rouge.

Tcheung : Bleu.

Dobok : Tenue.

Ti : Ceinture.

Hosinshul : Self-défense.

Commandements

Tcha Lyeut : Garde-à-vous.

Gyeung Nié : Saluez.

Joun Bi : Prêt.

Si Jak : Commencez.

Gué Sok : Continuez.

Ba Lo : Revenez.

Geu Mann : Arrêtez.

Gal lyeu : Séparez-vous.

55
t a e k w o n d o

Quelques parties anatomiques utilisées


dans la réalisation de techniques

Jou Meuk : Poing.

Sonn : Main.
Taekwondo

Sonn Nal : Tranchant de la main.

Pyeunn Sonn Queut : Extrémité des doigts.

Pal Koup : Coude.

Pal Mok : Avant-bras.

Bal : Pied.

Mou Leup : Genou.

Les niveaux de réalisation de la technique

Eul Goul : Haut.

Mom Thong : Moyen.

A Lé : Bas.

56
l e x i q u e

Caractéristiques de la technique

O Len : Droite.

Oenn : Gauche.

Ap : Avant.

Duit : Arrière.

Yeup : De côté.

Ann : De l’extérieur vers l’intérieur.

Ba Qat : De l’intérieur vers l’extérieur.

Eut Keu Leu : Croisé.

Bi Theu Leu : Mouvement de torsion.

Hê Tcheu : Mouvement de chaque côté.

Bann Dé : Même côté que la jambe avant.

Ba Lo : Côté opposé à la jambe avant.

Do Lyeu : Circulaire.

57
t a e k w o n d o

Né Lyeu : De haut en bas.

Toumio : Sauté.

Pyo Jeuk : Cible.


Taekwondo

Mondolyo : Rotation du tronc.

Le type de technique

Seu Gi : La position.

Mak Ki : Le blocage.

Ji Le Gui : Coup de poing.

Tzi Le Gui : Perçage.

Tchi Gui : Frappe.

Tcha Gui : Coup de pied.

58
l e x i q u e

Exemples de techniques

Ap Tcha Gui : Coup de pied direct de face.

Toumio Ap Tcha Gui : Coup de pied sauté direct de face.

Dol Yeu Tcha Gui : Coup de pied circulaire.

Mondolyo Dol Yeu Tcha Gui : Coup de pied circulaire après une rotation
du tronc.

Mom Thong Ba Lo Ji Le Gui : Coup de poing au niveau moyen côté opposé


à la jambe avant.

Ann Pal Mok Bi Theu Leu Mom Thong Mak Ki : Blocage au niveau moyen
avec la partie externe de l’avant-bras dans un mouvement de torsion.

59
t a e k w o n d o

Union nationale belge de Taekwondo


Bd Mettewie 65/7 / 1080 Bruxelles
3 02 426 54 68 / U lucsougne@hotmail.com
. www.abft.be
A D R E S S E S

Association belge francophone de Taekwondo


Taekwondo

Bd Mettewie 65/7 / 1080 Bruxelles


3 02 426 54 68 / U lucsougne@hotmail.com
. www.abft.be

Vlaamse Taekwondo Bond


H. Van Veldekesingel 150/73 / 3500 Hasselt
3 011 87 09 18 / U vtb@taekwondo.be
. www.taekwondo.be

Fédération Française de Taekwondo


et Disciplines Associées
Rue Saint-Antoine 25 / 69003 Lyon
3 33 (0)4 37 56 14 14 / U secretariat@fftda.fr
. http://www.fftda.fr

ADEPS
L’administration de l’éducation physique et des sports
est compétente pour tout ce qui touche au sport
en Communauté française : formation d’entraîneurs,
centres sportifs, stages, etc.

60
a d r e s s e s

ADEPS
Bd Léopold II 44 / 1080 Bruxelles
3 02 413 25 00
. www.adeps.be

BLOSO
Zandstraat 3 / 1000 Brussel
3 02 209 45 11
. www.bloso.be
(Le BLOSO est l’homologue néerlandophone de l’ADEPS.)

AISF (Association interfédérale du sport francophone)


Cette association de coordination des fédérations sportives
francophones, reconnue par la Communauté française,
s’est donné en partie comme mission d’offrir des réponses
concrètes et adaptées aux multiples questions des sportifs,
de leurs parents et de tous les acteurs du monde sportif.

AISF
Quai de Rome 53 / 4000 Liège
3 04 344 46 06 / U gus@aisf.be
. www.infosport.be

61
t a e k w o n d o

Taekwondo

62
VOIX DU SPORT

CLÉS DU SPORT

La collection Les Clés du Sport souligne la richesse


et la diversité de l’offre sportive en Belgique. Il existe
en effet des dizaines de fédérations et des centaines
de disciplines pour permettre à chacun de trouver son
épanouissement par le sport. Proposés en collaboration
avec le Ministère de la Culture, de la Jeunesse
et des Sports, ces ouvrages constituent un premier pas
sur le chemin de leur découverte et proposent, pour
chaque discipline, les informations de base sur l’histoire,
le matériel, les règlements, etc.
Une démarche résolument pratique et divertissante qui
donne une envie irrésistible de chausser ses baskets!

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