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CHAPITRE II

REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES


RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX

II.1 Variance d’un système - Règle des phases de Gibbs


La variance d’un système est le nombre de paramètres intensifs que l’on peut faire varier
indépendamment les uns des autres sans provoquer la rupture de l’équilibre.

II.1.1 Grandeurs variables d’un système


On rappelle que si un système est formé de φ phases (α, β, γ, . . . , etc.) et que dans la phase
α un constituant i est présent avec un nombre nαi moles, alors la fraction molaire xαi de ce
constituant i dans cette phase est définie par :


xαi = Pn i
i=1 nαi

Avec ni=1 xαi = 1.


P
Et pour toutes les phases, on peut écrire :

α xαi
β
β xi
γ
γ xi
... ...

Pour n constituants indépendants dans une phase, il faut donc connaı̂tre (n − 1) composi-
tions (relations de concentrations). Dans φ phases, il faudra connaı̂tre φ(n − 1) relations de
concentrations (appelées variables de positions) sans oublier les 2 variables d’action (P et T) ;
soit donc un nombre total des variables = φ(n − 1) + 2, appelées grandeurs variables.

II.1.2 Grandeurs déterminées d’un système


Pour le potentiel chimique µi d’un constituant i, il doit être le même à l’équilibre dans toutes
les phases dans lesquelles il est présent. Il y a des relations restrictives. Par exemple, soit le
constituant i :

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β
— Si i est présent dans 2 phases α et β, alors 1 relation suffit : µαi = µi .
β γ
— Si i est présent dans 3 phases α, β, γ, alors 2 relations suffisent : µαi = µi et µαi = µi .
β γ
— Si i est présent dans 4 phases α, β, γ, δ, alors 3 relations suffisent : µαi = µi , µαi = µi , et
µαi = µδi .
— Si i est présent dans φ phases, il faudrait (φ − 1) conditions restrictives.
— Et pour n constituants indépendants présents dans φ phases, le nombre de relations
entre les constituants serait : n · (φ − 1) appelées grandeurs déterminées.
On peut ainsi définir autrement la variance : On appelle ”variance”, l’excédent des ”gran-
deurs variables” sur les ”grandeurs déterminées” :

V = [φ(n − 1) + 2] − [n(φ − 1)] (II.1)

Alors l’expression de la variance d’un système est :

V =n+2−φ (II.2)

Avec :

V : variance du système physique en équilibre. C’est le nombre de variables indépendantes ou le nomb


n : nombre d’éléments qui constituent le système.
2 : nombre de facteurs physiques qui interviennent dans l’équilibre (pression et température).
φ : nombre de phases en présence.

Le classement du système selon la variance : Cas particulier

V =0 Équilibre invariant
V =1 Équilibre monovariant
V =2 Équilibre bivariant
V =3 Équilibre trivariant

Table II.1: Classification des équilibres

Dans le cas d’un alliage binaire. Aussi, si on considère que la pression est fixée à la pression
atmosphérique, seule la température sera variante. On peut écrire alors :

V =2+1−φ (II.3)

Variance du système Phases État du système


Bivariant (V=2) φ=1 Composition et température varient
Monovariant (V=1) φ=2 Une seule variable (composition ou température)
Invariant (V=0) φ=3 Point d’équilibre en composition et température

Table II.2: Classification des systèmes en fonction de leur variance

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II.2 Diagramme d’un corps pur (n = 1, 1 ≤ φ ≤ 3)
II.2.1 Représentation graphique
L’ensemble des équilibres du système est représenté dans le plan en utilisant un repère
orthonormé où l’axe des abscices correspond à la température, et celui des ordonnés au
pression. Le graphe ainsi obtenu représente le diagramme de Clapyron.

Figure II.1: – Diagramme de Clapeyron.

Dans ce diagramme unaire, on a les domaines suivants :


— D(I) représente le domaine des hautes pressions et basses températures : c’est le do-
maine du solide.
— D(II) représente le domaine des hautes pressions et hautes températures : c’est le
domaine du liquide.
— D(III) représente le domaine des basses pressions et hautes températures : c’est le
domaine de la vapeur.

II.2.2 Disposition des courbes


V =n+2−φ=1+2−φ=3−φ
— Si aucune variable ne change, la variance est nulle (V = 0) : c’est un système invariant.
Il s‘agit d’un point invariant. C’est le point triple I (tout est fixé). Il correspond à un
équilibre à trois phases (φ = 3).
— Si une variable (P ou T) change, l’autre varie en fonction de ce changement, alors les
variations seront représentées par une courbe (V = 1). Ce sont les courbes AI, IB ou
encore IC.
— Si 2 variables fluctuent et les autres varient en fonction de cette fluctuation, alors les
variations seront représentées par une surface (V = 2). C’est le domaine du solide D(I),
ou du liquide D(II) ou encore du domaine vapeur D(III).

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Le point triple divise chaque courbe d’équilibre à deux phases en deux branches, dont l’une
correspond à des équilibres stables et l’autre à des équilibres métastables. L’angle délimitant
le domaine des équilibres stables d’une phase est toujours inférieur à 180°.
Le prolongement de chaque courbe au delà du point triple est situé entre les deux autres

Remarque
La courbe de vaporisation est limitée à haute température par un point appelé point critique
(le point c).

II.2.3 Application - Diagramme de phases du fer


Un diagramme de phase unaire typique du fer pur est présenté dans la figure II.2. Ici, les
phases solides sont sous formes de quatre variétés allotropiqaues α, γ, δ et ε. Toutes ces phases
sont énaniotropiques, c’est à dire que chacune d’elles a un intervalle défini de stabilité

Figure II.2: Diagramme de phases du fer.

II.3 Diagramme binaire (n = 2, 1 ≤ φ ≤ 3)


II.3.1 Définition
Un diagramme de phases binaire est une représentation graphique simple de l’ensemble des
états d’équilibre d’un alliage binaire constitué des éléments A et B. Il fournit, à une pression
donnée, en fonction de la température la nature, la composition chimique et les fractions
massiques des phases en présence pour un alliage de concentration déterminée.

II.3.2 Représentation d’un diagramme de phase


Pour une pression constante, l’ensemble des équilibres entre les différentes phases, existantes
dans un système binaire, peut être représenté dans un plan température-composition, où la
température (exprimée en degré Celsius ou Kelvin) est portée sur l’axe des ordonnées et la
composition (exprimée en pourcentage massique, atomique ou molaire) est portée sur l’axe
des abscisses. Une double graduation, fraction (ou pourcentage) molaire xB et massique wB ,
est fréquemment reportée sur chacun des axes horizontaux (voir figure II.3).

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Figure II.3: Représentation du diagramme de phases binaire.

Remarque
— Ne pas oublier que la relation entre xB et wB n’est pas linéaire :
wB
xB = (II.4)
wB + (1 − wB ) M
MB
A

xB
wB = MB
(II.5)
xB + (1 − xB ) M A

— Les deux axes xB = 0 et xB = 1 représentent respectivement les constituants A et B purs.


Une portion limitée d’un tel diagramme peut aussi être considérée. Les variations de
xB sont alors limitées à un intervalle dont les bornes sont nécessairement comprises
entre 0 et 1.
— Les courbes du diagramme de phases déterminent les limites de coexistence des phases
pour des valeurs connues de composition en élément B (C) et de la température (T).

II.3.3 Diagramme schématique


La figure II.4 schématise le diagramme de phases à l’équilibre d’un système binaire A-B
fictif. Il met en évidence des domaines monophasés, biphasés et triphasés en accord avec la
variance V = 3 − ϕ.
Les élément A et B présentent, chacun, deux formes cristallines notées Aα et Aα0 d’une part,
et Bβ et Bβ0 d’autre part.
Le diagramme présente sept phases différentes :
— ` : phase liquide ;
— α : solution solide primaire de B dans Aα ;
— α0 : solution solide primaire de B dans Aα0 ;
— β : solution solide primaire de A dans Bβ ;
— β0 : solution solide primaire de A dans Bβ0 ;
— γ : solution solide intermédiaire ;
— Am Bn : composé défini.

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Figure II.4: Diagramme d’équilibre du système binaire A-B.

Les domaines monophasés, auxquels il faut ajouter la verticale du composé Am Bn sont


hachurés. Tous les autres domaines sont biphasés, mis à part les horizontales sur les quelles
trois phases sont en équilibre.
La compréhension des équilibres de phases dans un système binaire nécessite la familiarité
avec certains termes spécifiques. Les points clés de cette terminologie sont les suivants :
— Solide → Solide : Représenté par la courbe de solvus, délimitant les conditions où deux
phases solides coexistent.
— Liquide → Solide : Caractérisé par la courbe de solidus, marquant la transition de la
phase liquide à la phase solide.
— Solide → Liquide : Défini par la courbe de liquidus, représentant les conditions d’équilibre
entre les phases solide et liquide.
— Liquide → Vapeur : Identifié par la courbe d’ébullition, déterminant les conditions de
passage de la phase liquide à la phase vapeur.
— Vapeur → Liquide : Exprimé par la courbe de rosie, indiquant l’équilibre entre la phase
vapeur et la phase liquide.

II.3.4 Règles facilitant la lecture des diagrammes


Soit le diagramme d’équilibres des alliages Ag-Si, et étudions plus précisément l’alliage avec
une teneur de 36.76 % Si à la température de 1200 °C.

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Figure II.5: Diagramme d’équilibre Ag-Si.

Règle de l’horizontale
A une température donnée, les compositions des phases liquide et solide en présence
sont données par les abscisses des points d’intersection de l’horizontal correspondant à
la température donnée, avec le liquidus et le solidus
Par exemple, pour l’alliage à 36.76 % Si, à la température de 1200 °C :

La phase liquide (Point H) contient 18.32 % de silicium


et la phase solide (Point K) contient 46.55 % de silicium.

N. B. : A 1200 °C , les compositions respectives des phases liquide et solide seront les mêmes
pour tous les alliages dont la teneur en silicium est comprise entre 18.32 % et 46.55 %.

Règle des segments inverses


La proposition en masse de la phase liquide, à une température donnée et pour un alliage
donné, est figurée par le segment OK touchant le solidus ; la proportion en masse de la phase
solide est figurée par le segment OH touchant le liquidus.
Le segment HK représente la masse totale de l’alliage,

OK OH
% liquide = × 100, % solide = × 100
HK HK
Pour l’alliage à 36.76 % Si, à la température de 1200 °C :

OK 46.55 − 36.76
Proposition de phase liquide : L = × 100 = × 100, soit 34.68 %
HK 46.55 − 18.32
OH 36.76 − 18.32
Proposition de phase solide : L = × 100 = × 100, soit 65.32 %
HK 46.55 − 18.32

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II.3.5 Utilisation pratique des diagrammes
Lorsque la solidification commence, le premier germe solide qui apparaı̂t aura pour compo-
sition s1 .
Au cours de la solidification la composition de la phase solide va évoluer de s1 à c, et celle
du liquide de c à l2 .
La dernière goutte liquide aura pour composition l2 .

Figure II.6: Evolution de la composition des phases.

II.3.6 Diagrammes faisant intervenir un équilibre à trois phases


Lorsque ϕ = 3, représentant la coexistence de trois phases, la formule de la variance (V)
prend une importance particulière :

V =n+p−ϕ⇒V =2+1−3=0
L’équilibre à trois phases, caractérisé par V = 0, est souvent graphiquement représenté sous
la forme d’un palier sur les diagrammes de phases.
Tous les diagrammes faisant intervenir un palier d’invariance se ramène à deux types
représentés sur la figure II.7

Figure II.7: Type des diagrammes faisant intervenir un équilibre à trois phases.

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Type eutectique
A partir de ce type, on peut avoir les quatre figures suivantes :

a/ 1, 2, 3 sont liquides :


L1 + L3 −→ L2

b/ deux liquides et un solide :


L2 + S −→ L1

C’est un cas qu’on trouve très souvent, il s’ap-


pelle : monotectique

c/ un liquide et deux solides : Il existent deux


cas :
*/ Soit :

S1 + S2 −→ L
C’est le cas eutectique

*/ soit

L + S2 −→ S1
C’est le cas metatectique

d/ trois solides :


S1 + S3 −→ S2

C’est le cas eutectoı̈de

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Type péritectique
A partir de ce type, on peut avoir les quatre figures suivantes :

a/ 1, 2, 3 sont liquides :


L2 −→ L1 + L3

b/ deux liquides et un solide : Il existent quatre


cas :
*/ Soit :

S −→ L1 + L2
C’est le cas syntectique

*/ soit

L2 −→ L1 + S

*/ soit :

S2 −→ S1 + L

*/ soit :

L −→ S1 + S2

c/ trois solides :


S2 −→ S1 + S3

C’est le cas péritectoı̈de

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II.3.7 Diagramme à combinaison chimique (existence d’une phase in-
termédiaire ou d’un composé défini)
Un diagramme à combinaison chimique stable Ax B y est représenté par les figures II.13 et
II.14 (a et b). Il peut être partager en deux parties : la première caractérise les alliages formés
par le composant A avec la combinaison chimique (domaine A - Ax B y ) qui joue le rôle d’un
composant à part et la deuxième caractérise les alliages formés à partir de la combinaison
chimique Ax B y et le composant B (domaine Ax B y – B).
Pour les alliages considérés, chaque partie du diagramme traduit la composition des
alliages à solubilité limitée à l’état solide avec formation d’un eutectique ou péritectique. Le
nombre de paliers augmente en fonction du nombre des phases intermédiaires.
Exemple de diagramme avec phase intermédiaire : Mg-Sn, Mg-Pb, . . .
Exemple de diagramme avec composé défini : MoO3 - MgMoO4

Figure II.13: Diagramme de phases des alliages formant une phase intermédiaire avec (a) à
fusion congruente et (b) à fusion non congruente.

Figure II.14: Diagramme de phases des alliages formant un composé défini avec (a)- à
fusion congruente et (b)- à fusion non congruente.

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Remarque
? Lorsque la combinaison chimique représente un composé non-stœchiométrique (oc-
cupe un certain domaine de concentration), alors la combinaison chimique est dite
phase intermédiaire (figure II.13). Par contre si le domaine de concentration est très
étroit autour d’une composition stœchiométrique, la combinaison chimique est dite
composé défini (figure II.14).
? Un diagramme présentant une combinaison chimique (phase intermédiaire ou com-
posé défini) comporte deux types différents de combinaison chimique :
— Phase intermédiaire (ou composé défini) à transformation congruente qui passe
directement à la phase liquide en augmentant la température ;
— Phase intermédiaire (ou composé défini) à transformation non congruente qui
passe par un domaine biphasé avant d’atteindre la fusion.
? Si la température de fusion du composé défini ou la phase intermédiaire est supérieure
à TA et TB , il y a obligatoirement un palier eutectique, le deuxième peut être eutectique
ou péritectique. Si sa température de fusion est intermédiaire entre celles des deux
éléments, il apparaı̂t par palier péritectique.

II.4 Etude particulière d’une transformation eutectique


Parmi les transformations citées, les transformations eutectiques et eutectoı̈de ont une
importance particulière, car elles conduisent à des microstructures de morphologies ca-
ractéristiques. Elles sont présentent dans de nombreux diagrammes binaires (Fe-C, Al-Si,
Cu-Zn, Pb-Sn, etc.).
Un tel diagramme est schématisé pour deux éléments A et B (Fig. II.15). Ce diagramme
présente tros domaines monophasés :
— le domaine liquide ` ;
— le domaine de solution solide primaire α de B dans A ;
— le domaine de solution solide primaire β de A dans B.

Figure II.15: Diagramme de phases à transformation eutectique.

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A la température TE , les alliages tels que x (s1 ) ≤ X ≤ x (s2 ) sont constitués des trois phases
α(s1 ), liquide, β(s2 ).
On définie l’équilibre eutectique isotherme :

liquide (E) α (s1 ) + β (s2 )

Dans ce qui suit, on décrit en détail les transformations subies par les alliages A-B, depuis
l’état liquide, dans des conditions de refroidissement lent de manière que l’état d’équilibre
thermodynamique soit constamment réalisé et qu’en particulier l’homogénéité chimique de
chacune des phases soit atteinte à chaque instant.

II.4.1 Alliages tels que 0 ≤ X ≤ x(s1 )


La vertical caractéristique de ces alliages ne traverse pas l’horizontal eutectique (fig. II.16).
Ils ne sont donc pas concentrés par la transformation correspondante. La description du
refroidissement est la suivante :
• T > Tc : l’alliage est constitué d’un liquide homogène de composition X.
• T = Tc : début de solidification. Les premiers cristaux ont une composition égale à
x(M0 ).
• Tc < T < T f : la fraction massique du solide croit au détriment de celle du liquide. Par
exemple, à la température T :

mα NP m MN
ωα = = et ω` = ` =
m MP m MP
Simultanément, la composition chimique des deux phases varie. Elles s’enrichissent
en B. La composition de la phase liquide suit le liquidus P0 PP1 , alors que celle de la
ssolution solide α suit le solidus M0 MM1 .
• T = T f : fin de solidification. Les dernières gouttes de liquide ont la composition x(P1 ).
L’intervalle Tc − T f s’appelle l’intervalle de solidification.
• T2 < T < T f : l’alliage est constitué d’une solution solide homogène de composition X.
• T = T2 : X est égale à la limite de solubilité de B dans A.
• T < T2 : l’éxcès de B donne naissance à une solution solide de β (de A dans B). Il y a
formation de cristaux de phase β en quantité correspondant à la règle des segments
inverses appliquée au domaine biphasé α + β.
L’apparition d’une nouvelle phase (en dessous de Tc ou de T2 ) se fait par des processus de
germination et de croissance qui dépendent des conditions de refroidissement réelles, et que
le diagramme de phases ne permet pas de préciser. Par ecemple, le diagramme de phases ne
peut en aucun cas prévoir la taille des grains de la solution solide α.
La même démarche peut être entreprise pour les alliages tels que x(s2 ) ≤ X ≤ 100%

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Figure II.16: Alliages tels que 0 ≤ X ≤ x(s1 ).

II.4.2 Alliages tels que x(s1 ) < X < x(s2 )


La vertical caractéristique de ces alliages ne traverse pas l’horizontal eutectique. Ils sont donc
concernés par la transformation correspondante.

A/ Alliages tels que X = x(E)


La composition de l’alliage est égale à celle du point eutectique (fig. II.17) : c’est l’alliage
eutectique qui, parmi tous les alliages A-B, demeure liquide à la température la plus basse.
La descreption du refroidissement est la suivante :

Figure II.17: Alliages eutectiques que X = x(E)


Microstructures eutectiques lamellaires et globulaires.

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• T > TE : l’alliage est constitué d’un liquide homogène de composition E.
• T = TE :deux nouvelles phases, α(s1 ) et β(s2 ) apparaissent simultanément par germina-
tion à partir du liquide suivant la réaction :

liquide E α (s1 ) + β (s2 )

Cette réaction est exothermique. Si l’on permet l’évacuation de la chaleur, il y a trans-


formation progressive du liquide eutectique, jusqu’à sa disparition totale. L’alliage est
alors entièrement solide et formé de deux phases α(s1 ) et β(s2 ), dans des proportions
telles que :
mα ES3 mβ S1 E
ωα = = et ωβ = =
m S1 S3 m S1 S3
Les deux phases α et β forment de très fins agrégats qui font des eutectiques de véritables
constituants biphasés. Les deux structures micrographiques les plus communément
rencontrées sont :
— la structure lamellaire ;
— la structure globulaire.
• T < TE : la composition et la quantité des deux phases α et β de l’agrégat eutectique
évoluent suivant les règles de l’horizontale et des segments inverses.

B/ Alliages tels que x(S1 ) < X < x(E)


Ces alliages sont appelés hypoeutectiques(fig. II.17). La descreption de leur refroidissement
est la suivante :
• T > TE + ε : l’alliage est biphasé. Il est constitué de cristaux de solution solide α de
composition (S1 ) et de liquide eutectique de composition (E), de fraction massique :

mα RE m S1 R
ωα(S1 ) = = et ω`(E) = ` =
m S1 E m S1 E
La phase α(S1 ) formée avant l’eutectique est dite proeutectique.
• T = TE : la solution solide proeutectique ne subit aucune transformation. Seul le liquide
eutectique va subir la transformation isotherme déjà décrite :

liquide E α (s1 ) + β (s2 )

Cette transformation est identique à celle de l’alliage eutectique E, mais elle n’affecte
ici qu’une partie de l’alliage. Cependant, dans l’eutectique, la proportion des phases
α(s1 ) et β(s2 ) est la même puisqu’il provient toujours du même liquide E
• T = TE − ε : l’alliage est biphasé. Il comporte des cristaux de solution solide α de
composition (S1 ) et des cristaux de solution solide β de composition (S2 ), de fractions
massiques :
mα RS3 mβ S1 R
ωα(S1 ) = = et ωβ(S3 ) = =
m S1 S3 m S1 S3
En appliquant ainsi la règle des segments inverses au domaine α + β, on ne fait pas la
distinction entre la phase α proeutectique et la phase α eutectique.
Il est cependant préférable, parce que plus conforme à la réalité physique, de dire qu’à la
température TE − ε, l’alliage est composé de deux constituants :

35
Figure II.18: Alliages hypoeutectiques .

— le constituant α proeutectique :
mαproeut RE
=
m S1 E
— le constituant α eutectique :
mαeut S1 R
=
m S1 E
Bien entendu, en ajoutant les masses de α proeutectique et eutectique, on retrouve la masse
totale précédente.
Le schéma micrographique de la figure II.18 montre bien l’intérêt de la séparation entre
constituant proeutectique et constituant eutectique.

C/ Alliages tels que x(E) < X < x(S2 )


Ces alliages sont appelés hypereutectiques. L’étude est similaire à celle menée pour les
alliages hypoeutectique, la phase proeutectique étant cette fois-ci β(S3 ) à la température TE .

II.5 Etude particulière d’une transformation péritectique


Par rapport au diagramme eutectique, les deux branches liquidus et du solidus sont situées
de part et d’autre de l’horizontale isotherme passant par le point P (point péritectique),

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intersection des deux liquidus. Ce type de diagramme, moins important que le diagramme
eutectique, est caractéristique des alliages Ag-Pb, Ag-Au, Cu-Sn, etc.
Un tel diagramme est schématisé figure II.19 pour deux éléments A et B. Il présente trois
domaines monophasés
— le domiante liquide ` ;
— le domaine de solution solide primaire α de B dans A.
— le domaine de solution solide primaire β de A dans B.

Figure II.19: Diagramme à transformation péritectique.

II.5.1 Alliages tels que 0 ≤ X ≤ x(s1 ) ou x(P) ≤ X ≤ 100


Le cas est identique à la solution unique ou à la partie équivalente du diagramme eutectique.

II.5.2 Alliages tels que x(s1 ) < X < x(P)


La vertical de ces alliages traverse l’horizontal péritectique. Ils sont donc concernés par la
transformation correspondante.

B/ Alliages tels que x(S1 ) < X = x(S3 )


le début de solidification jusqu’à la température TP est identique au cas précédent
• T = TP + ε : l’alliage est biphasé et les fractions massiques des constituants sont :

mα RP m S1 R
ωα(S1 ) = = et ω`(P) = ` =
m S1 P m S1 P

• T = TP : la réaction péritectique a lieu avec formation de phase β(S3 ). Mais comme la


proportion de liquide est trop faible pour que la transformation soit total, il reste un
excès de phase α(S1 ) non transformé en phase β(S3 ).
• T < TP : les deux phases α(S1 ) et β(S3 ) évoluent en quantité et composition, suivant les
mêmes règles.

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C/ Alliages tels que x(S3 <)X < x(P)
La solidification jusqu’à TP est toujours identique, et l’alliage, à T = TP + ε est constitué d’une
phase solide α(S1 ) et d’une phase liquide (P).
T = TP : la transformation péritectique a lieu. Mais cette fois-ci, le liquide est en excès. Il reste
donc en présence de β(S3 ) du liquide (P) non transformé.
T < TP : la solidification se poursuit. La quantité de phase solide s’accroı̂t en même temps
que sa composition évolue. On obtient une phase unique β ou bien deux phases α + β suivant
que la verticale de composition coupe ou ne coupe pas la ligne de transformation α + β/β.

II.6 Etude particulière d’une transformation monotectique


Le diagramme de phases correspondant (fig II.20) est caractérisé par l’existence d’un do-
maine à deux phases liquides non miscibles, parce qu’en général de masses volumiques très
différentes comme Cu-Pb. Le liquide ne devient homogène qu’à température suffisamment
élevée.
Dans le domaine à deux liquides, la construction de l’alliage se déduit de la règle de l’hori-
zontale.

Figure II.20: Diagramme à transformation monotectique.

A la température TM , les alliages tels que x(S1 ) < X < x(L2 ) sont constitués des trois phases
α(S1 ), liquide (L1 ), liquide (L2 ). On met en évidence l’équilibre monotectique :

liquide (L1 ) liquide (L2 ) + α (s1 )

A partir de cet équilibre, on peut raisonner sur ce diagramme de phases de la même façon
que pour les diagrammes à eutectique ou à péritectique.
Le même type de réaction peut avoir lieu entre trois phases à l’état solide, dans le cas de
l’existence d’une lacune de miscibilité fermée pour deux d’entre elles. On a alors une réaction
monotectoı̈de.

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II.7 Transformation de phases à l’état solide
II.7.1 Diagramme à transformation allotropique
Plusieurs métaux et alliages, à l’état solide, subissent de modification de phases lorsqu’on
varie la température. La figure II.21 illustre le cas d’un diagramme d’équilibre dont un
composant A présente deux variétés allotropiques Aα etAβ .

Figure II.21: Diagramme d’équilibre binaire avec transformation allotropique.

Observations
T1 : température de fusion du composant A ;
T2 : température de transformation allotropique Aα Aβ .
Après la solidification, tous les alliages du diagramme sont composés de la solution solide
homogène β. C’est une solution solide du composant A(Aα ) et du composant B.
La baisse de température transforme la variété du composant A en variété α. C’est pourquoi
le domaine délimité par les courbes ac et ab correspond à l’équilibre de deux phases (α + β).
Le réseau cristallin de la phase A diffère de celui de la phase Aβ .

II.7.2 Diagramme à transformation eutectoı̈de


Le mécanisme de la transformation eutectoı̈de est très ressemblant à la transformation eu-
tectique, mais au cours de cette transformation, c’est une phase solide qui se transforme
simultanément en deux nouvelles phases solides. La Figure II.22 illustre le cas d’un dia-
gramme d’équilibre à transformation eutectoı̈de, avec deux transformations allotropiques
correspondantes à chacun des composants du diagramme.

Aγ Aα et Aγ Aβ

Lorsque la solution solide γ de composition C atteint le palier isotherme, défini par le point
H, elle se décompose à température constante en donnant l’eutectoı̈de suivant la réaction :

γ α+β

39
Figure II.22: Diagramme d’équilibre binaire à transformation eutectoı̈de.

II.7.3 Diagramme à transformation péritectoı̈de


Le mécanisme de la transformation péritectoı̈de est très ressemblant à la transformation
péritectique, mais au cours de cette transformation solide, ce sont deux phases solides qui
se transforment simultanément en une nouvelle phase solide (voir Figure II.23).

α+β γ

Figure II.23: Diagramme d’équilibre binaire à transformation péritectoı̈de.

II.8 Diagramme de phases d’alliages réels


Les figures II.24 et II.24 donnent deux exemples de diagrammes de phases d’alliages indus-
triels.

40
II.8.1 Diagramme Cu-Sn
Il présente en particulier :
— de nombreuses phases intermédiaires ;
— des transformations péritectiques à 798 °C, 755°C et 415 °C ;
— une transformation eutectique à 227 °C ;
— des transformations eutectoı̈des à 586 °C, 582 °C, 520 °C et 350 °C ;
— des transformations péritectoı̈des à 640 °C et 590 °C.
En outre, à 640 °C intervient la réaction isotherme catatectique :

γ ε + liquide (58, 6 wt% Sn)

Figure II.24: Diagramme de phases Cu-Sn.

II.8.2 Diagramme Al-Zn


Il présente :
— une réaction eutectique à 382 °C ;

41
— une lacune de miscibilité fermée à l’état solide, associée à une réaction monotectoı̈de :

α (78 wt% Zn) β (99, 4 wt% Zn) + α (31, 6 wt% Zn)

Figure II.25: Diagramme de phases Al-Zn.

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