Vous êtes sur la page 1sur 10

Physique année 2016-2017

Mécanique quantique

1 Conformations de la molécule d’ammoniac et inversion


1.1 Analyse du mouvement en mécanique classique
1. Les positions d’équilibre correspondent aux valeurs de x a)
pour lesquelles V ( x ) est stationnaire ; sur le graphe de la fi-
gure 2, on observe trois positions d’équilibre : x = 0, b et −b .
Les positions d’équilibre stable correspondent aux minima d’éner-
gie potentielle ; sur le graphe de la figure 2, E
on observe deux positions d’équilibre stables, x = b et x = −b
x1 x2
et
une position d’équilibre instable, x = 0 . b)
On utilise les graphes énergétiques ci-contre, en comparant
l’énergie E à l’énergie potentielle ; le mouvement n’est possible
que dans une région où E − V ( x ) = Ec > 0, d’où les conclu-
sions suivantes : E
* si E < V0 , pour une position initiale dans le puits de
gauche (figure 1a, la hauteur des segments verticaux entre V(x) x'1 x'2
et E représente l’énergie cinétique), par exemple en x1 sans vi-
c)
tesse initiale, la particule se met en mouvement car x1 n’est pas
une position d’équilibre ; lorsqu’elle atteint x2 , sa vitesse s’an-
nule ; elle ne peut alors que repartir vers x1 puisque x2 n’est E
pas une position d’équilibre ; elle arrive en x1 avec une vitesse
nulle, puis repart à nouveau ; la particule a alors un mouve-
ment oscillatoire éternel dans le puits de gauche ; son énergie
cinétique passe par un maximum en x = −b. x"1 x"2
* si E < V0 , pour une position initiale dans le puits de
droite (figure 1b), on obtient de la même façon un mouvement F IGURE 1 – Analyse qualitative du
oscillatoire entre les abscisses x1′ et x2′ ; la particule oscille alors mouvement à partir d’un graphe éner-
éternellement dans le puits de droite. gétique
* si E > V0 , la particule oscille éternellement pour toute
position initiale comprise entre x”1 et x”2 ; son énergie cinétique s’annule en x”1 et en x”2 ; elle atteint sa
valeur maximale en x = b et x = −b, elle passe par un minimum local en x = 0 ; la particule oscille alors
en passant continuellement d’une conformation D à une conformation G et vice-versa.

L’inversion de la molécule est donc possible pour E > V0 .


−→ −−→ −
→ −→
2. F = − gradV = − dV
dx e x = F e x ; elle est donc nulle en tout point où V est stationnaire, i.e. pour x = 0,
b ou −b.

3. On vérifie que V ( x ) est une fonction paire, que V (0) = V0 et que V (b) = V (−b) = 0. Sa dérivée est :
( 2 )
dV 4V x
= 20 x − 1
dx b b2
Elle s’annule bien pour pour x = 0, b ou −b ; comme dV
dx est positif pour x > b et négatif pour 0 < x < b,
V ( x ) passe bien par un maximum local en x = 0 et par un minimum pour x = ±b.
( )
−→ −−→ x2
4. F = − gradV = F −
→ 4V0
ex , avec F = − dV
dx = − b2 x −1 =F.
b2

5. a) xe = b.
b) m ẍ = F (2e loi de Newton), d’où, en faisant apparaître ξ (t) :
(( ) )
4V0 ξ 2 8V 8V
mξ̈ = − 2 (b + ξ ) 1+ − 1 ≈ − 20 ξ ⇒ ξ̈ + 02 ξ = 0
b b b mb

8V0
en effectuant un développement limité au premier ordre en ξ/b ≪ 1. On pose ω1 = mb2
et on déduit
ξ (t) = A cos(ω1 t) + B sin(ω1 t), avec ξ (0) = A = ξ 0 et ξ̇ (0) = Bω1 = 0, donc ξ (t) = ξ 0 cos(ω1 t) .

1
Physique année 2016-2017

√ √
mmb2
Ce mouvement a pour période T1 = = 2π 2π
ω1= πb = T1 . Application numérique : T1 =
8V0
2V0

2,5×1,67372×10−27
π × 38, 7 × 10−12 2×0,25 ×1,602176621×10−19
= 2, 8 × 10−14 s= T1 .
c) p x (t) = m ẋ (t) = −mω1 ξ 0 sin(ω1 t) = p x (t) .
px
d) x (t) = b + ξ 0 cos(ω1 t) et p x (t) = −mω1 ξ 0 sin(ω1 t)
constituent l’équation paramétrique de la tajectoire
de phase, qui est une ellipse centrée au point (b,0),
inscrite dans un rectangle de largeur 2ξ 0 et de hau-
teur 2mω1 ξ 0 , et décrite dans le sens horaire (figure 2
ci-contre). 2mω1ξ0
e) On obtient des trajectoires de phase (figure 3 x
ci-dessous) du même type pour les différentes va- O b
leurs de ξ 0 et, de manière analogue aussi autour de
la position d’équilibre stable x = −b ; lorsque l’éner- 2ξ0
gie augmente, les trajectoires de phase ne sont plus
elliptiques ; pour E = V0 , la trajectoire de phase est F IGURE 2 – Trajectoire de phase au voisinage de
singulière en x = 0 ("pointue" en O), puisque la vi- la position d’équilibre x = b
tesse s’annule alors en ce point ; pour E > V0 , les tra-
jectoires de phase englobent les trois positions d’équilibre, ce qui est cohérent avec l’analyse qualitative
de la première question : la molécule s’inverse alors périodiquement.

px
E < V0
E = V0

x
-b O b

E > V0

F IGURE 3 – Portrait de phase du système

6. A est de l’ordre de l’aire du rectangle dans lequel s’inscrit la trajectoire de phase de la figure 2 ci-
dessus, i.e. :
√ √
8V0 2 2mV0 2
A≈ 2ξ 0 × 2mω1 ξ 02 = 4m ξ = 8 ξ0 ≈ A
mb2 0 b
A est homogène à une énergie multipliée par un temps ; elle s’exprime donc en J.s dans le système
international. √
Application numérique : A ≈ 8 × 2 × 2, 5 × 1, 7 × 10−27 × 0, 25 × 1, 6 × 10−19 × 10−2 × 38, 7 × 10−12 ≈
6.10−35 J.s≈ A .
Cette valeur doit être comparée à h̄ ; comme A < h̄, la mécanique classique n’est pas adaptée pour traiter
le mouvement de l’atome d’azote ; il faut faire appel à la mécanique quantique.

7. Pour obtenir l’inversion à partir de l’énergie minimale, il faut fournir l’énergie V0 , qui constitue une
barrière de potentiel. Pour que cette barrière soit franchie grâce à l’agitation thermique, il faut que k B T >
V0
V0 , i.e. T > ; numériquement, T > 2200 K .
kB

1.2 Étude quantique de l’inversion


8. On injecte la fonction d’onde stationnaire dans l’équation de Schrödinger :

( )
E h̄2 d2 φ −i E t h̄2 d2 φ
φ( x )e−i h̄ t = − h̄ + V ( x ) φ ( x ) e −i h̄ t ⇒
E E
ih̄ −i e + ( E − V ( x )) φ( x ) = 0, d’où :
h̄ 2m dx2 2m dx2
d2 φ 2m( E − V ( x ))
2
(x) + φ( x ) = 0
dx h̄2

2
Physique année 2016-2017

9. a) Un "état localisé dans un domaine" est un état pour lequel la fonction d’onde est nulle en tout point
extérieur à ce domaine.
b) Pour | x | < x0 et | x | > x0 + ℓ, V est infini ; si φ était non nulle, le produit V φ divergerait dans
l’équation de Schrödinger, qui ne serait pas satisfaite.
c) Les conditions aux limites expriment la continuité de la fonction d’onde sur les bords des puits :
φ A (− x0 − ℓ) = 0 = φ A (− x0 ) et φ B ( x0 ) = 0 = φ B ( x0 + ℓ)) .
d) La condition de normalisation pour un état localisé dans le puits A est :
∫ +∞ ∫ − x0
|ψ A |2 dx = | φ A ( x )|2 dx = 1
−∞ − x0 −ℓ

∫ x0 +ℓ
puisque la probabilité de présence est nulle en dehors du puits. De même | φ B ( x )|2 dx = 1 .
x0

10.
d2 φ A
a) L’équation de Schrödinger indépendante du temps s’écrit dans ce domaine : dx2
+ 2mE φ A = 0,
h̄2
d’où la forme de la solution : φ A ( x ) = A1 sin (k( x + x0 )) + B1 cos (k( x + x0 )), avec 2 2mE
k = 2 , A1 et A2

étant deux constantes a priori complexes. On écrit les conditions aux limites :

φ A (− x0 ) = B1 = 0

nπ n2 π 2 h̄2
φ A (− x0 − ℓ) = − A1 sin(kℓ) = 0 ⇒ kℓ = nπ (n ∈ N∗ ), d’où k n = et E A,n =
ℓ 2mℓ2
On calcule la constante A1 en utilisant la condition de normalisation :
∫ − x0 ∫ − x0 ( nπ ) √
2ℓ 2
| φ A ( x )| dx = | A1 |
2 2
sin 2
( x + x0 ) dx = | A1 | = 1 ⇒ | A1 | =
− x0 −ℓ − x0 −ℓ ℓ 2 ℓ

2 iθ
donc A1 = e , θ étant une constante réelle arbitraire que l’on choisit nulle.

En définitive :
√ ( nπ )
2
φ A,n ( x ) = sin ( x + x0 ) avec n ∈ N∗
ℓ ℓ
b) On change x0 en − x0 pour trouver les solutions φ B,n ( x ) :
√ ( nπ )
2 n2 π 2 h̄2
φ B,n ( x ) = sin ( x − x0 ) avec n ∈ N∗ et EB,n =
ℓ ℓ 2mℓ2
π h̄ 2 2 2
c) Les énergies obtenues dans les deux puits sont les mêmes ; pour une énergie donnée En = n2m ℓ2
,
il y a donc deux états différents possibles : un état localisé dans le puits A et un état localisé dans le
puits B ; ce niveau d’énergie est donc dégénéré.
E A,n ′
d) L’état de la particule à l’instant t′ est décrit par ψ A,n ( x, t′ ) = φ A,n ( x )e−i h̄ t et cette fonction
d’onde est nulle dans l’intervalle [ x0 , x0 + ℓ], donc la probabilité de trouver l’atome d’azote dans l’inter-
valle [ x0 , x0 + ℓ] est nulle. Le modèle utilisé ne permet pas de rendre compte de la possibilité d’inversion
de la molécule d’ammoniac.

11. Comme V est infini pour x ∈ [ x0 + ℓ, +∞[, la fonction d’onde est nulle pour x > x0 + ℓ, donc
φ B ( x0 + ℓ) = 0. Dans le domaine x0 6 x 6 x0 + ℓ :


d2 φ B 2mE 2mE
2
+ 2 φ B = 0 ⇒ φ B ( x ) = B sin (k( x − x0 − ℓ)) + B′ cos (k( x − x0 − ℓ)) avec k =
dx h̄ h̄

φ B ( x0 + ℓ) = 0 ⇒ B′ = 0 ⇒ φ B ( x ) = B sin (k( x − x0 − ℓ))

De même : φ A ( x ) = A sin (k ( x + x0 + ℓ)) dans le domaine − x0 − ℓ 6 x 6 − x0 , A étant une constante.

3
Physique année 2016-2017

12. Dans le domaine − x0 < x < x0 , l’équation de Schrödinger devient :



d2 φ C 2m(V0 − E) 2m(V0 − E)
− φC = 0 ⇒ K =
dx2 h̄2 h̄

13. Pour les états symétriques, A = B et C2 = 0. La continuité de φ en x = x0 donne les équations


suivantes : − A sin(kℓ) = C1 cosh(Kx0 ) et Ak cos(k ℓ) = C1 K sinh(Kx0 ).
Il y a deux inconnues A et C1 , deux équations de continuité et une condition de normalisation ; il y a
donc une relation de compatibilité : −k cot(kℓ) = K tanh(Kx ), qui aboutit à une quantification de k, donc
de E.

14. Pour les états antisymétriques, B = − A et C1 = 0. Les équations de continuité sont : A sin(kℓ) =
C2 sinh(Kx0 ) et Ak cos(k ℓ) = C2 K cosh(Kx0 ), d’où la condition de quantification : k cot(kℓ) = K coth(Kx0 ).

15. Dans le domaine − x0 < x < x0 , la solution symétrique, en cosh, ne s’annule pas, alors que la solution
antisymétrique , en sinh, s’annule au voisinage de x = 0. La largeur de confinement de la particule est
donc légèrement plus faible dans le cas de l’état antisymétrique, donc l’énergie est plus élevée que pour
l’état symétrique, ce qui explique que δE > 0.

16. a) Le facteur 1/ 2 assure la normalisation de la fonction d’onde, puisque :
∫ x0 +ℓ ∫ x0 +ℓ
sym
| φ1 ( x )|2 dx = 1; | φ1anti ( x )|2 dx = 1
− x0 −ℓ − x0 −ℓ
∫ x0 +ℓ ∫ x0 +ℓ
∗sym
( x ) φ1∗anti ( x )dx = 0 =
sym
et φ1 φ1 ( x ) φ1anti ( x )dx
− x0 −ℓ − x0 −ℓ
∫ x0 +ℓ
1
donc | φG ( x )|2 dx = (1 + 1) = 1
− x0 −ℓ 2
b) Dans le domaine x0 < x < x0 + ℓ, les fonctions d’onde sont pratiquement opposées, et donc elles
se compensent ; par contre, dans le domaine − x0 − ℓ < x < − x0 , les fonctions d’onde sont quasiment
identiques, donc elles se renforcent ; dans le domaine − x0 < x < x0 , les deux fonctions sont quasi-
ment nulles. En définitive, la fonction φG ( x ) (donc la probabilité de présence) est non nulle à gauche, et
pratiquement nulle partout ailleurs ; la molécule est donc en conformation G.
c) On tient compte de l’évolution de chaque état stationnaire de la superposition :
( ( sym
) ( sym
))
1 sym E E
ψ( x, t) = √ φ1 ( x ) exp − 1 t + φ1anti ( x ) exp − 1 t
2 h̄ h̄

d) La densité de présence de la particule est :

( ( ))
1 ( )2 ( )2 sym
( E1anti − E1 )
sym sym
|ψ( x, t)| =
2
φ1 ( x ) + φ1anti ( x ) + 2φ1 ( x ) φ1anti ( x ) cos t
2 h̄

h
La densité de probabilité de présence varie donc de façon périodique à la période T0 = .
δE
e) Pour t = T0 /2 :
(( )2 ( )2 )
1 sym sym 1 ( sym )2
|ψ( x, T0 /2)|2 = φ1 (x) + φ1anti ( x ) − 2φ1 ( x ) φ1anti ( x ) = φ1 ( x ) − φ1anti ( x )
2 2

C’est maintenant la différence des fonctions d’onde symétrique et antisymétrique qui intervient ; la fonc-
tion d’onde résultante est pratiquement nulle partout, sauf dans le puits de droite ; la molécule est donc
dans la conformation D.
On a vu que les états G ou D étaient stationnaires dans le cas de la barrière de potentielle infinie ; lorsque
la barrière n’est pas infinie, on obtient une oscillation entre les deux conformations grâce à l’existence
d’une onde évanescente non nulle au niveau de la barrière ; c’est bien ce qui caractérise l’effet tunnel : la
particule a alors la possibilité de traverser la barrière.

17. a) Le maser fonctionne à partir de l’interaction entre les molécules et le champ électromagnétique, qui
met en jeu, entre les deux niveaux d’énergie concernés, trois processus : l’absorption, l’émission stimulée
(ou induite) et l’émission spontanée ; l’amplification nécessite une inversion de population obtenue par

4
Physique année 2016-2017

pompage, de façon à entretenir une population plus élevée dans le niveau d’énergie le plus haut, et ainsi
favoriser l’émission stimulée ; le milieu amplificateur est bouclé sur une cavité résonante qui joue le rôle
de filtre en fréquence. Le système est amorcé si le gain est supérieur aux pertes ; en régime permanent,
on oberve une saturation du gain.
δE −5 ×1,60×10−19
b) Application numérique : f = = 9,85×10
6,63 ×10−34
= 2, 38 × 1010 Hz= 23, 8 Ghz= f . C’est
h
le domaine des micro-ondes (la longueur d’onde est de 12,6 mm).

Vous aimerez peut-être aussi