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Centre d’Information, de Formation

et d’Etudes sur le Budget

ANALYSE DES ALLOCATIONS BUDGETAIRES AUX


SECTEURS SOCIAUX
DESTINEES A LA REALISATION DES DROITS DE
L’ENFANT ET DE LA FEMME
DE 2012 A 2016

[Rapport final]

Août 2016
i
Cette étude de cas sur l’analyse des tendances des allocations budgétaires en
faveurs des secteurs sociaux orientées sur la réalisation des droits sociaux
économiques et culturels (DSEC) de l’enfant et de la femme dans les Budgets de
l’Etat de 2012 à 2016 s’inscrit dans le cadre des activités de Suivi des dépenses
publiques des secteurs prioritaires et du plaidoyer en vue de l’élargissement de
l’espace fiscal en faveur de ces secteurs pour assurer la pleine réalisation des droits
de l’enfant et de la femme initié par UNICEF – Burkina Faso.

L’étude a été réalisée par Dr. Sayouba OUEDRAOGO - Enseignant-Chercheur à


l’Université Ouaga2 ; Francis N. OUBDA, PhD – Spécialiste en Politiques Sociales
UNICEF ; Maturin KONE – Economiste, Expert en Finances Publiques.

Cette étude a été réalisée en partenariat avec le Centre d’Information, de


Formation et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB) une ONG exerçant dans le domaine
du Travail Budgétaire Appliqué au Burkina Faso et dans la sous-Région Ouest-
Africaine.

Des informations complémentaires sur l’étude peuvent être obtenues auprès de Mr.
Francis N. OUBDA, PhD – Social Policy Specialist au Bureau de l’UNICEF –
Ouagadougou.

01 BP 3420 Ouagadougou 01
Tel : (+226) 50 30 02 35
Mobile : (+226) 70 74 26 11
Email: foubda@unicef.org

ii
TABLE DES MATIERES

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ..................................................................................................v

LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................................... viii

LISTE DES GRAPHIQUES ...................................................................................................................... ix

LISTE DES ENCADRES .......................................................................................................................... xi

RESUME EXECUTIF ............................................................................................................................... xii

INTRODUCTION.................................................................................................................................... 1

1- ANALYSE DES RESSOURCES BUDGETAIRES ALLOUEES AUX SECTEURS DE L’ETUDE


ENTRE 2012 ET 2016 ............................................................................................................................. 5

1.1- RECETTES DU BUDGET DE L’ETAT ............................................................................................... 5

1.2- DEPENSES DU BUDGET DE L’ETAT .............................................................................................. 9

1.3- ALLOCATIONS BUDGETAIRES DES MINISTERES ETUDIES DE 2012 A 2016 ................................. 12

2- ANALYSE DES ALLOCATIONS BUDGETAIRES INTRA-SECTORIELLES : EAU ET


ASSAINISSEMENT, SANTE DE LA MERE ET DE L’ENFANT, INFRASTRUCTURES SCOLAIRES .. 17

2.1- ANALYSE DES DEPENSES PUBLIQUES DU SECTEUR EAU ET ASSAINISSEMENT ................................... 19

2.1.1- Cadre global d’intervention dans le domaine de l’eau et de


l’assainissement .............................................................................................................. 19

2.1.2- Analyse des dépenses budgétaires du secteur eau et assainissement ...... 22

2.1.3- Analyse de l’efficacité des dépenses publiques du secteur eau et


assainissement................................................................................................................. 37

2.1.4- Analyse de l’équité dans l’allocation des ressources en eau et


assainissement................................................................................................................. 47

2.2- ANALYSE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE (MATERNELLE ET INFANTILE).................................. 52

2.2.1- Cadre institutionnel de la santé au Burkina Faso ............................................ 54

2.2.2- Analyse des dépenses publiques du secteur de la santé.............................. 59

2.2.3- Analyse des dépenses publiques du ministère de la santé ........................... 65

2.2.4- Analyse des dépenses publiques de SRMNI..................................................... 69

2.2.5- Analyse des principaux indicateurs de santé maternelle, néonatale et


infanto-juvénile ............................................................................................................... 79

iii
2.3- ANALYSE DES DEPENSES BUDGETAIRES D’EDUCATION ................................................................ 85

2.3.1- La Stratégie nationale de développement et l’éducation ........................... 86

2.3.2- Le Programme Stratégique de Développement de l’Education de Base


(PDSEB) et la question des infrastructures scolaires ................................................... 87

2.3.3- Financement de l’éducation ............................................................................. 92

2.3.4- Dotations budgétaires du MENA ....................................................................... 94

2.3.5- Analyse de l’exécution des dépenses budgétaires du MENA ...................... 95

2.3.6- Comparaison entre le budget du MENA et celui du MDNAC ...................... 98

2.3.7- Analyse de l’accès à l’éducation ................................................................... 100

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ................................................................................... 103

iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ABG : Appui Budgétaire Général


ABS : Appui Budgétaire Sectorielle
ADE : Afrique Digne des Enfants
AELB : Agence de l’Eau, Loire Bretagne
AEP : Approvisionnement en Eau Potable
AEPS : Adduction d’Eau Potable Simplifiée
AME : Association des Mères Educatrices
AN : Assemblée Nationale
APE : Association des Parents d’Elèves
ASBC : Agents de Santé à Base Communautaire
ASC : Agents de Santé Communautaire
CADBE : Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant
CARMMA : Campagne Accélérée pour la Réduction de la Mortalité Maternelle en
Afrique
CAST : Compte d’Affectation Spéciale du Trésor
CBMT : Cadre Budgétaire à Moyen Terme
CDE : Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant
CDMT Cadre de Dépenses à Moyen Terme
CFE : Contribution Financière Eau
CHR : Centre Hospitalier Régional
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CID : Circuit Informatisé de la Dépense
CIFOEB : Centre d’Information, de Formation et d’Etudes sur le Budget
CMA : Centre Médical avec Antenne chirurgicale
CAMEG : Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques
CNE : Conseil National de l’Eau
COGES : Comité de Gestion des Etablissements Scolaires
COSPE : Cadre d’Orientation Stratégique pour la promotion de l’Enfant au Burkina
Faso
CSLP : Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté
CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale
CUS : Couverture Universelle de Santé
DAF : Direction de l’Administration et des Finances
DASS : Direction de l’Assainissement
DGAEP : Direction Générale de l'Approvisionnement en Eau Potable
DGAEUE : Direction Générale de l’Assainissement, des Eaux Usées et Excrétas
DGB : Direction Générale du Budget
DGESS : Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles
DGIRH : Direction Générale de l’Irrigation et des Ressources Hydrauliques
DGRE : Direction Générale des Ressources en Eau
DREA : Direction Régionale de l’Eau et de l’Assainissement
DREAHA : Direction Régionale de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de

v
l’Assainissement
EIPBF : Indicateurs du Paludisme au Burkina Faso
EPEM : Equivalents Points d’Eau Moderne
EPT : Education Pour Tous
ETFP : Enseignement Technique et Formation Professionnelle
F CFA : Franc de la Communauté Française d’Afrique
FCFA : Franc de la Communauté Française d’Afrique
FTI : Fast Track Initiative
GIRE : Gestion Intégrée des Ressources en Eau
IDH : Indice de Développement Humain
IOV : Indicateurs Objectivement Vérifiables
JMP : Joint Monitoring Programme
MAHRH : Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques
MARH : Ministère de l’Agriculture et des Ressources Halieutiques
MARHASA : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques, de l’Assainissement
et de la Sécurité Alimentaire
MATD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MCA : Millenium Challenge Corporation
MDE : Monde Digne des Enfants
MDNAC : Ministère de la Défense Nationale et des Anciens Combattants
MEA : Ministère de l'Eau et de l'Assainissement
MEAHA : Ministère de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l’Assainissement
MENA : Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation
MFB : Ministère des Finances et du Budget
MII : Moustiquaire Imprégnée d’Insecticides
MILDA : Moustiquaire Imprégnée à Longue Durée d’Actions
MINEFID : Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement
MOD : Maitrise d’Ouvrage Délégué
MS : Ministère de la Santé
ODD : Objectifs de Développement Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONEA : Office National de l’Eau et de l’Assainissement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OSC : Organisations de la Société Civile
PADS : Projet d’Appui au Développement Sanitaire
PAGIRE : Plan d’Actions pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PAPS : Programme Appui Politique Sectoriel Santé
PCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
PD : Paiement Direct
PDDEB : Plan Décennal de Développement de l’Education de Base
PDSEB : Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base
PETS : Public Expenditure Tracking Survey

vi
PN-AEPA : Programme National Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement
PNDES : Plan National de Développement Economique et Social
PNDS : Plan National de Développement Sanitaire
PNLP : Programme National de Lutte contre le Paludisme
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PREVISAR : Programme de Prévention VIH-SIDA et Santé de la Reproduction
PSN : Politique Sanitaire Nationale
PSSPSR : Plan Stratégique de Sécurisation des Produits de Santé de la Reproduction
PSSPSR : Plan Stratégique de Sécurisation des Produits de Santé de la Reproduction
PTF : Partenaires techniques et financiers
RDP : Revue des Dépenses Publiques
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SASDE : Stratégie Accélérée pour la Survie et le Développement du Jeune Enfant
SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable
SIDA : Syndrome Immuno Déficience Acquise
SNAT : Schéma National d'Aménagement du Territoire
SONU : Soins Obstétricaux et Néonataux d’Urgence
SP : Sulfadoxine Pyriméthamine
SP/PAGIRE : Secrétariat Permanent PAGIRE
SRMNI : Santé de la Reproduction, Maternelle, Néonatale et Infantile
SRMNI : La promotion de la Santé de la Reproduction, Maternelle, Néonatale et
Infantile
SSP : Soins de Santé Primaires
TAMA : Taux d’Accroissement Moyen Annuel
TPIg : Traitement Préventif Intermittent durant la grossesse
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population
UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l’Enfance
USAID : Agence des États-Unis pour le développement international

vii
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1- Taux de croissance des recettes totales, ordinaires et extraordinaires ........................ 8


Tableau 2- Poids relatifs des titres budgétaires sur la période 2012-2016 ....................................... 10
Tableau 3- Taux de croissance des dépenses prévues par titre de 2013 à 2016 ......................... 11
Tableau 4- Poids relatifs des dotations budgétaires des ministères étudiés dans
le budget national sur la période 2012-2016 .................................................................. 12
Tableau 5- Taux d’accroissement des allocations budgétaires des ministères
concernés par l’étude ........................................................................................................ 13
Tableau 6- Taux d’exécution des budgets des ministères étudiés .................................................. 16
Tableau 7- Taux de croissance des réalisations budgétaires des ministères
étudiés sur la période 2013-2015 ....................................................................................... 16
Tableau 8- Repères historiques liés au secteur eau et assainissement au
Burkina Faso ........................................................................................................................... 19
Tableau 9- Rappel des coûts initiaux des programmes sectoriels PN-AEPA
et PAGIRE ............................................................................................................................... 22
Tableau 10- Dotations budgétaires dans le domaine de l’eau et de
l’assainissement sur la période 2012-2016 ....................................................................... 23
Tableau 11- Dépenses publiques d’investissements dans le secteur
eau assainissement par sous-secteur : comparaison RDP 2016 et PN-AEPA............ 24
Tableau 12- Principaux PTF contribuant au PAGIRE ........................................................................... 26
Tableau 13- Exécution totale des dépenses d’eau et d’assainissement
(en milliards de FCFA).......................................................................................................... 29
Tableau 14- Dépenses eau et assainissement dans les autres ministères ...................................... 29
Tableau 15- Dépenses publiques totales de 2012 à 2015 (en milliards FCFA) ............................... 30
Tableau 16- Dépenses publiques eau assainissement par niveau
(en milliards de FCFA).......................................................................................................... 31
Tableau 17- Part des dépenses d’eau et d’assainissement par type de
financement dans le budget de l’Etat de 2012 à 2015 ............................................... 32
Tableau 18- Dépenses publiques eau et assainissement par source de financement
(en milliards de FCFA).......................................................................................................... 32
Tableau 19- Dépenses publiques eau assainissement par sous-secteur
(milliards de FCFA) ............................................................................................................... 34
Tableau 20- Evolution des dépenses en milieu rural par nature économique
(en milliards de FCFA).......................................................................................................... 35
Tableau 21- Evolution des dépenses par nature économique de l’ONEA .................................... 36
Tableau 22- Taux de réalisation cumulée des ouvrages d’AEP en milieu rural ............................. 40
Tableau 23- Nombre de personnes desservies AEP rurale ................................................................ 42
Tableau 24- Contribution des partenaires dans la réalisation des latrines familiales
en milieu rural ........................................................................................................................ 43
Tableau 25- Taux de réalisation physique du PAGIRE 2 par objectif ............................................... 44
Tableau 26- Accès économique et physique à l’eau potable ....................................................... 49
Tableau 27 - Actions prioritaires en matière de santé maternelle et infantile ............................... 57
Tableau 28- Parts des dotations budgétaires par classe fonctionnelle sur la
période 2011-2015 ................................................................................................................ 61
Tableau 29 -Parts des exécutions budgétaires par classe fonctionnelle sur la
période 2011-2015 ................................................................................................................ 62
Tableau 30 -Taux d’exécution des dépenses par classe fonctionnelle sur la
période 2011-2015 ................................................................................................................ 63
Tableau 31- Evolution des taux d’exécution des classes fonctionnelles sur la
période 2011-2013 ................................................................................................................ 64
Tableau 32- Dotations du ministère de la santé par titre de dépenses sur la
période 2010-2015 (en milliers F CFA) ............................................................................... 65
Tableau 33- Parts relatives des dotations budgétaires du ministère de la santé
par titre (en %) ...................................................................................................................... 66
Tableau 34- Taux de croissance des dotations budgétaires par titre (en %) ................................ 66

viii
Tableau 35- Taux d'exécution du budget du ministère de la santé de
2010 à 2015 (en %) ............................................................................................................... 68
Tableau 36- Catégories de dépenses publiques prises en compte en
matière de SRMNI................................................................................................................. 69
Tableau 37- Part du budget de lutte contre le paludisme dans le budget
total de la santé ................................................................................................................... 72
Tableau 38- Parts des contributeurs au budget de lutte contre le paludisme
de 2009 à 2014 ...................................................................................................................... 73
Tableau 39- Liste détaillée des prestations subventionnées et leurs tarifs ...................................... 76
Tableau 40- Evolution du coût total de la prise en charge des SONU et
accouchements eutociques (en milliards F CFA) ......................................................... 77
Tableau 41- Financement prévisionnel pour l’achat des produits de santé
de la reproduction ............................................................................................................... 79
Tableau 42- Liste des projets / programmes de développement répertoriés
dans le domaine de la santé en 2015 ............................................................................. 81
Tableau 43- Cibles, indicateurs et valeurs actuelles OMD et SCADD en
matière d'éducation ........................................................................................................... 86
Tableau 44- Programme, sous programmes, Objectifs, actions et IOV en
matière d’infrastructures ..................................................................................................... 88
Tableau 45- Nombre d'écoles, de salles de classes et effectifs des élèves ................................... 91
Tableau 46- Nature et état des murs de 2012 à 2015 ........................................................................ 91
Tableau 47- Ratio élèves/classe de 2012 à 2015 ................................................................................. 92
Tableau 48- Parts budgétaires selon les sources de financements des plans
d'actions de 2012 à 2015 .................................................................................................... 93
Tableau 49- Parts relatives du budget du MENA dans le budget de l'Etat .................................... 94
Tableau 50- Parts relatives des dotations par titres budgétaires du MENA
de 2012 à 2016 ...................................................................................................................... 94
Tableau 51- Taux de croissance des dotations budgétaires du MENA par titre
de 2011 à 2015 ...................................................................................................................... 95
Tableau 52- Evolution du taux d’exécution des titres budgétaires du MENA ............................... 96
Tableau 53- Parts budgétaires relatives des différents programmes des plans
d'actions du MENA de 2010 à 2015 .................................................................................. 96
Tableau 54- Parts budgétaires relatives des activités clés du programme
d'amélioration de l'accès à l'éducation de base ......................................................... 97
Tableau 55- Comparaison des parts budgétaires relatives du MENA et
MDNAC dans le budget de l'Etat entre 2010 à 2015 .................................................... 98
Tableau 56- Comparaison des taux de croissance budgétaires du MENA
et du MDNAC entre 2010 et 2015 ..................................................................................... 99
Tableau 57- Indicateurs clés du secteur de l’éducation ................................................................100

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1- Comparaisons annuelles des prévisions de recettes ordinaires


et extraordinaires de 2012 à 2016 ................................................................................. 5
Graphique 2- Comparaison de la dynamique des parts de prévision des recettes
ordinaires et extraordinaires sur la période 2012-2016 .............................................. 7
Graphique 3- Evolution des ressources et dépenses ............................................................................ 9
Graphique 4- Dynamique des parts des titres du budget national de 2012 à 2016.................... 11
Graphique 5- Comparaisons annuelles de l'évolution des budgets du MENA, MS,
MAHRH et MDNAC de 2012 à 2016 ............................................................................. 14
Graphique 6- Dynamique des dépenses exécutées des ministères étudiés sur
la période 2012-2015 ...................................................................................................... 15
Graphique 7- Schéma de mise en œuvre de l’AEP ........................................................................... 21
Graphique 8- Schéma de mise en œuvre du PAGIRE ....................................................................... 21
Graphique 9- Dotations budgétaires du ministère de l’eau et de l’assainissement .................... 23

ix
Graphique 10- Dépenses publiques du secteur eau assainissement par
sous-secteur en milieu rural ........................................................................................... 25
Graphique 11- Dépenses eau assainissement en milieu urbain par sous-secteurs ...................... 25
Graphique 12- Dépenses eau assainissement en milieu urbain sur financements
extérieurs et par sous-secteur ....................................................................................... 26
Graphique 13- Evolution comparée des dépenses du MEA et du MDNAC sur
la période 2012-2015 ...................................................................................................... 27
Graphique 14- Evolution comparée de la part du budget de l’Etat consacrée
à la santé, à l’éducation, à l’agriculture, et à l’eau assainissement ................... 27
Graphique 15- Dépenses publiques Eau et Assainissement en % du PIB ....................................... 28
Graphique 16- Evolution de la part des dépenses publiques (en % du budget
de l’Etat) ........................................................................................................................... 30
Graphique 17- Evolution des dépenses publiques du secteur Eau & Assainissement
par niveau ........................................................................................................................ 31
Graphique 18- Part des dépenses publiques eau assainissement par sous-secteur ................... 34
Graphique 19- Structure des dépenses publiques au titre du budget de l’Etat par
nature économique ....................................................................................................... 35
Graphique 20- Structure des dépenses sur ressources propres de l’ONEA par nature
économique .................................................................................................................... 36
Graphique 21- Proportion de cibles annuelles réalisées ................................................................... 37
Graphique 22- Accès à l’eau potable en Afrique en 2012 .............................................................. 38
Graphique 23- Accès à l’assainissement en Afrique .......................................................................... 38
Graphique 24- Evolution de l’accès à l’eau potable ........................................................................ 39
Graphique 25- Evolution de l’accès à l’assainissement .................................................................... 40
Graphique 26- Evolution du taux de réalisation physique AEP rural ............................................... 41
Graphique 27- Corrélation entre points d’eau réalisés et taux d’accès ....................................... 41
Graphique 28- Evolution du taux de réalisation des latrines familiales........................................... 43
Graphique 29- Evolution du taux de réalisation du budget du PAGIRE ......................................... 45
Graphique 30- Evolution du taux d’accroissement des dotations du secteur
de la santé sur la période 2011-2015 .......................................................................... 60
Graphique 31- Evolution du rythme de croissance des dépenses exécutées
au niveau du secteur de la santé sur la période 2011-2015 .................................. 60
Graphique 32- Evolutions des parts budgétaires consacrées au secteur de
la santé dans le budget total sur la période 2011-2015 .......................................... 61
Graphique 33- Evolution du taux d’exécution des dépenses publiques du secteur
de la santé sur la période 2011-2015 .......................................................................... 64
Graphique 34- Evolution des niveaux de dotation et d’exécution de la fonction
santé sur la période 2011-2015 ..................................................................................... 65
Graphique 35- Dynamique des titres budgétaires du ministère de la santé de
2012 à 2016 ...................................................................................................................... 67
Graphique 36- Evolution du taux d’exécution des dépenses d’investissement
du ministère de la santé sur la période 2012-2015 ................................................... 68
Graphique 37- Taux d’accroissement moyen annuel des titres de dépenses de
consommation ................................................................................................................ 69
Graphique 38- Evolution de la part des dépenses de SRMNI sur la période 2010-2015.............. 70
Graphique 39- Evolution du taux de décaissement des contributeurs à la lutte contre
le paludisme sur la période 2009-2014........................................................................ 73
Graphique 40- Evolution des dépenses prévisionnelles pour la prise en charge
des SONU et accouchements eutociques sur la période 2006-2015 (en milliards
F CFA) ................................................................................................................................ 77
Graphique 41- Evolution du rythme de croissance des dépenses prévisionnelles
pour la prise en charge des SONU et accouchements eutociques sur la
période 2006-2014 ....................................................................................... 78
Graphique 42- Dynamique des titres budgétaires du MENA de 2012 à 2016 ............................... 95
Graphique 43- Dynamique des exécutions budgétaires du MENA et du MDNAC
entre 2012 et 2015 ........................................................................................................100

x
LISTE DES ENCADRES

Encadré 1 - Vision, but, objectif et résultats de la PNDS 2011-2020 ................................................. 56

xi
RESUME EXECUTIF

La croissance économique du Burkina Faso s’est fragilisée face à l’acuité des


difficultés rencontrées par le pays au cours des deux dernières années. Après plus de
deux décennies de stabilité et de performance économique, la crise politique sans
précédent traversée par le pays en 2014 et 2015, conjuguée avec la baisse des
cours du coton et de l’or ont impacté négativement l’économie et les efforts de
réduction de la pauvreté. Ces chocs ont conduit à un ralentissement du taux de
croissance du PIB qui s’est situé à 4% en 2015 (même niveau qu’en 2009), plus bas
que la moyenne de la dernière décennie (autour de 6%).

Entre 2012 et 2016, les prévisions de recettes propres ont connu un accroissement
annuel moyen de 8,7%. En 2012, les prévisions de recettes ordinaires représentaient
58,1% des recettes totales contre 41,9% pour les recettes extraordinaires. Les recettes
ont baissé de l’ordre de deux points en pourcentage en passant de 16,5% du PIB en
2013 à 14,4% du PIB. Le taux de croissance des prévisions de recettes ordinaires est
compris entre -7,6% (en 2015) et 24,0% (en 2013) avec un Taux d’accroissement
moyen annuel (TAMA) de 8,7%. Il ressort que les taux de croissance des prévisions de
recettes ordinaires ont été erratiques entre 2012 et 2016. L’année 2012 a été propice
à la mobilisation des recettes propres. Avec un niveau de mobilisation des recettes
intérieures de 14% du PIB, le Burkina Faso est en net recul par rapport au passé
récent où la pression fiscale était de l’ordre de 17% et loin du critère de
convergence révisé de 20% fixé par l’UEMOA.
Quant aux recettes extraordinaires, leur taux de croissance a été compris entre -
40,0% (en 2015) et 26,5% (en 2014). Ces recettes ont été erratiques avec une seule
année de croissance positive (2014) et des années de croissance négative (2013,
2015 et 2016). Globalement, les recettes extraordinaires sont en baisse avec un
TAMA de -11,8% sur la période 2012-2016.

Les dotations relatives aux dépenses d’investissement tiennent la première place


dans le total des dépenses avec des parts relatives qui se situent entre 36,6% du
budget total en 2012 et 49,9% en 2013. Cependant, la baisse des ressources a
conduit à une compression des dépenses d’investissement, notamment des
dépenses d’investissement sur financement intérieur qui sont passées de 10% du PIB
à 6,5% du PIB entre 2013 et 2015. Au total, les dépenses d’investissement ont chuté
de 14% du PIB à 8% du PIB entre 2013 et 2015.

Le déficit budgétaire s’est établi à 2% moins que la norme de 3% fixée par l’UEMOA.
En dépit des efforts faits par le gouvernement de la Transition, l’engagement des
dépenses liées à la gestion de la sécurité dans le pays a entrainé l’accumulation de
nouveaux arriérés en 2015 auxquels il faut ajouter le reliquat des factures antérieures
à la période de la Transition. L’apurement dans les meilleurs délais de ces arriérés de
paiement dus aux petites et moyennes entreprises est une étape importante pour la
relance économique.

Par ailleurs, le ralentissement de l'activité économique a entraîné une baisse du


crédit au secteur privé et une faible pression sur les prix intérieurs. Le crédit au secteur
privé a diminué de manière significative de près de 16 points de pourcentage,
passant de 26,3% en 2013 à 10,9% en 2015. La masse monétaire a augmenté de 14%
seulement en 2015 contre 12% en 2014, tandis que les réserves des banques
commerciales ont augmenté de 25 milliards F CFA en 2014 à environ 69,2 milliards
FCFA. La contraction de la demande et la disponibilité des aliments

xii
consécutivement à l’application du mécanisme de contrôle des prix par le
Gouvernement ont eu pour effet de réduire le taux d'inflation qui est resté en
moyenne à 1,9% en 2015 (l’un des plus faibles des pays de l’UEMOA).

Durant la période 2012-2016, les parts relatives des dotations budgétaires du MENA
dans le budget total de l’Etat se situent entre 6,7% en 2012 et 12,6% en 2016.
Pourtant, les besoins en salles de classe pour l’année scolaire 2015-2016 se chiffrent à
4 000 salles de classes au minimum avec 3 769 salles de classes sous-paillotes pour
l’année scolaire 2014-2015. Les parts relatives des dotations de budget du ministère
de la santé sont comprises entre 5,8% en 2012 et 9,4% en 2015. Cependant, les
niveaux d’exécution des dépenses budgétaires du ministère de la santé et du
ministère en charge de la défense ont été presque voisins sur la période de l’étude
même si le budget du ministère de la santé a représenté presque le double (1,8 fois)
de celui du ministère en charge de la défense sur la période 2012-2016 en termes de
prévisions. En d’autres termes, la défense coûte autant au budget de l’Etat
burkinabè que la santé, en termes d’exécutions budgétaires.

Pour le ministère en charge de l’assainissement, les parts des dotations budgétaires


ont évolué entre 8,7% en 2012 et 11,2% en 2015. Par contre, les parts budgétaires du
Ministère de la défense et des anciens combattants se situent entre 4,2% en 2012 et
5,1% en 2015. Parmi les ministères étudiés, aucun n’a atteint un taux d’exécution de
80% en moyenne sur la période étudiée. Seul le MENA a pu obtenir 93,1% de taux
d’exécution en 2015, à la faveur de la transition politique.

L’eau et l’assainissement

Dans le domaine de l’eau et l’assainissement, la comparaison des dépenses


exécutées avec les dotations budgétaires indique, qu’en général, les taux
d’exécution ont été plus élevés pour le sous-secteur eau avec un taux estimé à 82%,
contre 76% pour le sous-secteur assainissement et 78% pour le sous-secteur GIRE. La
part des dépenses eau en milieu rural a représenté en moyenne 83% contre 16%
pour les dépenses assainissement. La performance d’ensemble pour l’assainissement
est plutôt faible avec des niveaux d’exécution de 49% pour l’urbain et de 47% pour
le rural. La part des dépenses sur financement extérieur en milieu urbain est restée
très élevée de l’ordre de 86% en moyenne alors que la part des dépenses
assainissement est restée autour de 13% en moyenne sur la période de l’étude.

En milieu urbain, plus de 20% des dépenses sur financements extérieurs sont allés à
l’assainissement.
La décomposition des dépenses par source de financement montre que le
financement du secteur eau et assainissement est essentiellement tributaire du
financement extérieur représentant 54,30% (150,66 milliards F CFA) des dépenses
exécutées sur la période 2012-2015 contre 45,70% (126,75 milliards) sur ressources
propres. L’instabilité institutionnelle du ministère en charge de l’eau et
l’assainissement à travers la vague de scission/fusion avec le ministère de
l’agriculture n’a pas été favorable à l’allocation des ressources propres de l’Etat en
faveur du secteur eau assainissement.

Par ailleurs, la performance globale a été moyenne sur l’ensemble de la période


(56% des cibles atteintes en moyenne) avec une tendance à la baisse à partir de
2013. Le défi du secteur quant à sa performance semble davantage se situer au

xiii
niveau de sa capacité à atteindre les résultats stratégiques attendus qu’à celle de
consommer les ressources mobilisées.

En zone urbaine, le taux d’accès à l’assainissement familial est passé de 17% en 2008
à 32% en 2014 et n’a pas permis l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). L'enquête intégrée de 2014 sur les Conditions de vie des
ménages révèle que (i) plus d'un ménage sur cinq des plus pauvres en milieu rural
(Q1 et Q2) continuent d’utiliser des sources d'eau non potable telles que rivières, lacs
et barrages ; (ii) 62,6% des ménages les plus pauvres (Q1 et Q2) pratiquent la
défécation à l’air libre tandis que 67,55% d'entre eux utilisent la nature, la rue,
l'intérieur des cours… comme principal mode d'élimination des excréments ; (iii) les
dépenses mensuelles pour l'eau des ménages les plus pauvres (Q1 ménages, sans
BP) est de 6,2% du total des dépenses mensuelles de consommation des ménages,
ce qui est en dehors de la gamme standard internationale de 3 à 5%. Toutefois, ce
ratio est inférieur à 5% pour les ménages les plus riches (Q4 et Q5, sans BP) et Q5
avec BP.

La santé de la mère et de l’enfant

Malgré les multiples efforts déployés, plusieurs problèmes assaillent toujours le


domaine de la santé au Burkina Faso dont principalement la forte charge de
morbidité et la surmortalité chez la mère et l’enfant, l’insuffisance quantitative et
qualitative des ressources humaines de même que des produits de santé,
l’insuffisance des infrastructures et des équipements, la gestion peu performante du
système d’information sanitaire et la faiblesse des financements.

Les dotations budgétaires du ministère de la santé ont représenté en moyenne 8,5%


du budget total de l’Etat au cours de la période 2012-2016 avec en moyenne 38,7%
de dépenses consacrées à l’investissement. Le niveau d’exécution des dépenses de
personnel est à 100,5%, tandis que celui des dépenses d’investissement est à
seulement 52,4% sur la période de l’étude.

Sur la période 2010-2015, les dépenses de santé de la reproduction, maternelle,


néonatale et infantile (SRMNI) ont évolué en moyenne de 14,5% par an en passant
de 7,55 milliards francs CFA en 2010 à 14,43 milliards francs CFA en 2015. En 2016, la
mise en œuvre des mesures de gratuité des soins est estimée à 20 milliards F CFA
pour le reste de l’année 2016, correspondant à 11,2% du budget total du ministère
de la santé.

En matière de lutte contre le paludisme au Burkina Faso, la part du budget consacré


à ce fléau représente en moyenne à peine 5% du budget de la santé. Elle était de
seulement 2,5% en 2010 et de 3,0% en 2014. La contribution de l’Etat à la lutte contre
le paludisme représente seulement 24,7% des dépenses totales contre 75,3% pour les
Partenaires techniques et financiers (PTF). Pourtant, le paludisme constitue encore de
nos jours un problème majeur de santé publique avec 6 970 700 cas enregistrés en
2012 dont 7 963 décès.

Le financement des produits de santé de la reproduction est pris en charge par les
PTF à hauteur de 61,4% contre 38,6% pour le budget de l’Etat. En matière de prise en
charge des produits relatifs au PTME, l’intervention de l’Etat représente à peine 10%.
Au niveau des besoins en intrants SONU, l’Etat ne supporte que 30% du budget
prévisionnel contre 70% de subventions nécessaires à la charge des PTF.

xiv
La problématique de la santé maternelle et infantile est théoriquement prise en
compte dans les documents de politiques et de stratégies du fait que tous les
documents de politiques et stratégies accordent une place de choix à l’atteinte des
OMD y relatifs. Dans la pratique, la question de la santé maternelle et infantile est
insuffisamment prise en charge dans la réalité des budgets dédiés à la question. Sur
la période 2012-2016, le financement des actions de santé maternelle et infantile
incombe à plus de 70% en moyenne aux PTF, le budget de l’Etat représentant à
peine 30% du financement. Par conséquent, la part du budget du ministère de la
santé dans le budget national est largement en deçà des 15% pour lesquels le
Burkina Faso s’est engagé en faveur de la SRMNI en accord avec la déclaration
d’Abuja. La prévalence de la malnutrition aigüe globale est de 10,4% et celle de la
forme sévère est de 2,2%. La prévalence de la malnutrition chronique est de 30,2%. Il
ressort alors qu’environ un tiers des enfants de moins de 5 ans (30,2%) souffrent de
retard de croissance dont 9,3% souffrent de forme sévère (SMART 2015, MSP).

Les infrastructures scolaires

Bien que l’Etat soit la plus grande source de financement, les parts budgétaires de
l’éducation de base dans le budget national ont été de 9,65% en moyenne sur la
période 2012-2016. En moyenne annuelle, le taux d’exécution des dépenses
budgétaires du MENA est de 79,5% sur la période considérée. Les parts relatives du
budget du MENA allouées aux dépenses d’investissements ont été comprises entre
18,86% en 2014 et 11,30% en 2015. La contraction des dépenses d’investissement
affecte la réalisation des infrastructures scolaires. Les besoins en salle de classe pour
l’année scolaire 2015-2016 se chiffrent à 4 000 salles de classes au minimum avec
3 769 classes sous-paillotes répertoriées pour l’année scolaire 2014-2015. Aussi, trois
quart (3/4) de la population active burkinabè (15-64 ans) est analphabète. Ce
secteur enregistre un taux d’exécution moyen de 79,5% sur la période, qui reste
toutefois loin du taux de 114% du ministère de la défense.

L’accès à l’éducation-formation reste insuffisant à tous les niveaux et ordres


d’enseignement, surtout au niveau secondaire. L’accès à l’éducation a connu une
amélioration non négligeable dans les différents segments de l’enseignement
général. Entre 2007 et 2013, le taux brut d’accès est passé de 77,4% à 92,8% pour le
primaire pour un taux d’achèvement de 59%. Malgré cette expansion, il est anticipé
qu’à ce rythme, le Burkina Faso n’atteindra la scolarisation primaire universelle
qu’après 2028. Cette évolution du taux d’achèvement du primaire exerce une
pression croissante sur les niveaux d’éducation secondaire dont la capacité
d’accueil reste largement insuffisante malgré une récente amélioration.

En somme, malgré un taux d’accroissement des dotations consacrées aux différents


secteurs de l’étude, celles-ci n’ont pas permis l’atteinte des OMD et ne permettront
pas d’améliorer significativement les conditions de vie des enfants et des femmes en
ce qui concerne les domaines de l’assainissement, de la santé de la mère et de
l’enfant et des infrastructures scolaires.

Aussi, les principales recommandations suivantes sont-elles faites pour permettre


d’améliorer la gestion des allocations budgétaires dans les secteurs analysés.

En ce qui concerne le domaine de l’eau et de l’assainissement :


- Capitaliser et adapter au mieux l’expérience du PN-AEPA ;

xv
- Veiller à corriger les iniquités constatées en matière d’allocation des
ressources en eau et d’assainissement ;
- Renforcer les instruments de gouvernance du sous-secteur eau et
assainissement.

En matière de santé de la mère et de l’enfant :


- Accroitre et maintenir les efforts en matière de dépenses consacrées à la
santé de la mère et de l’enfant ;
- Veiller à un meilleur suivi des dépenses nationales de santé ;
- Améliorer le taux d’exécution des dépenses de santé ;
- Nécessité d’une plus grande implication du gouvernement dans la prise en
charge de certaines natures de dépenses ;
- Eclater davantage les dépenses de santé non classées ailleurs en ce qui
concerne les sous-fonctions de la classification fonctionnelle.

Dans le domaine de l’éducation :


- Augmenter le budget de l’éducation, particulièrement le budget alloué aux
infrastructures scolaires et à l’enseignement post-primaire tout en mettant
l’accent sur la qualité ;
- Développer un plan prioritaire de résorption des salles de classes sous
paillotes ;
- Développer une stratégique dynamique et efficace de la forte responsabilité
des collectivités dans le financement et la gestion de l’éducation
conformément à la décentralisation et à la réalité de l’école ;
- Rendre efficace l’exécution budgétaire, surtout le budget alloué aux
investissements scolaires.

xvi
INTRODUCTION

CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Le Burkina Faso fait partie des pays à faible indice de développement humain. Sa
population est en grande majorité analphabète et confrontée au problème de la
pauvreté dont les groupes les plus touchés sont les femmes et les enfants. Afin de
lutter plus efficacement contre la pauvreté et les inégalités, et faire face à une
demande sociale sans cesse croissante, le gouvernement du Burkina Faso, en
collaboration avec ses principaux partenaires techniques et financiers, a élaboré et
mis en œuvre le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) sur la période
2000-2010. Au regard du bilan mitigé du CSLP en termes de réduction de la pauvreté
(43,6% en 2003 contre 46,7% en 2010), le pays s’est doté d’une Stratégie de
Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) pour la période 2011-
2015. Cette stratégie visait à réaliser une croissance économique forte (prévision de
croissance moyenne du PIB réel de 10% sur la période de mise en œuvre), soutenue
et de qualité, génératrice d'effets multiplicateurs pour une diminution de l’extrême
pauvreté. Sur la base des leçons ainsi apprises et en fonction de la vision des
nouvelles autorités mises en place à l’issue des élections couplées (présidentielle et
législatives) du 30 novembre 2015, le Burkina s’est doté d’un Plan National de
Développement Economique et Social (PNDES) pour la période 2016-2020. Ledit plan
ambitionne de transformer structurellement l'économie burkinabè, pour une
croissance forte, résiliente, inclusive et créatrice d'emplois décents pour tous.

L’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) atteste


qu’au cours de la période 2000-2015, le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays de la
sous-région, a réalisé d’importants progrès même si la plupart des OMD ne sont pas
atteints. Le Burkina Faso continue de ce fait à faire face à de nombreux défis
économiques et sociaux. Ces défis ont un grand impact sur les enfants étant donné
qu’ils composent une très grande proportion de la population.

Les secteurs sociaux occupent toujours une place importante dans les politiques de
développement et de réduction de la pauvreté du pays. En effet, les actions du
gouvernement ont mis l’accent sur les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé
et l’assainissement. C’est sans doute ce souci qui a amené le Gouvernement à
entreprendre les différentes réformes budgétaires depuis plus d’une décennie et qui
sont en phase d’expérimentation (Cadre budgétaire à Moyen Terme, processus
d’implantation du budget-programme…).

Après une décennie de performance économique remarquable, les indicateurs


macroéconomiques se sont détériorés depuis 2014 avec pour risque d’aggraver la
pauvreté et de creuser les inégalités sociales. Au cours de la décennie 2000-2013, le
taux de croissance économique réel s’est établi à 6% en moyenne au-dessus de la
moyenne des pays de l’UEMOA. Toutefois, plusieurs facteurs exogènes combinés à
une situation politique difficile ont conduit à un recul de la croissance économique.
La baisse de la croissance économique s’est soldée par des pressions budgétaires

1
du fait de la baisse drastique des ressources ayant conduit à une compression des
investissements et une accumulation d’arriérés de paiement.

La contreperformance économique, bien que réversible, est la résultante de


plusieurs facteurs dont la baisse importante des cours des principaux produits
d’exportation que sont le coton et l’or, l’instabilité sous régionale, les effets négatifs
de la maladie à virus EBOLA sur le tourisme. Cette situation a exacerbé certaines
faiblesses structurelles et budgétaires. L’augmentation des ressources a été
essentiellement tirée par l’aide extérieure. La faible attractivité du climat des affaires
a été une contrainte pour le développement du secteur privé, à l’exception du
secteur minier qui a connu des progrès notables.

Mais, en dépit des réformes et des efforts consentis par le pays, en particulier dans la
promotion des services sociaux de base (éducation, santé et assainissement), le
déficit persiste du fait, d’une part, de la forte demande consécutive à la croissance
rapide de la population et, d’autre part, à des possibilités d’offres très limitées. Ainsi,
le pays reste confronté au défi de la répartition équitable des ressources publiques
surtout en faveur des groupes sociaux les plus défavorisés (enfants, femmes et
handicapés). Aussi, le travail budgétaire appliqué mené par les Organisations de la
Société Civile (OSC) se déroule-t-il dans un contexte politique et institutionnel
ambivalent, caractérisé à la fois par l’ouverture et la fermeture du système, des
atouts et des faiblesses.

Au niveau des atouts, on peut mentionner, outre les réformes budgétaires en cours
depuis les années 90, l’accélération du processus d’implantation du budget
participatif, qui vise à aligner la gestion budgétaire sur les principes de la Gestion
Axée sur les Résultats (GAR). Il s’agit là d’une chance à saisir pour consolider le travail
budgétaire appliqué aux résultats, qui prend en compte les priorités des
administrations publiques (centrales et locales), en conformité avec les besoins des
populations. Aussi la nécessité de poursuivre les activités de recherche-action au
niveau des budgets locaux, tout en consolidant l’approche globale et le travail
entrepris au niveau du budget de l’Etat revêt une importance capitale. Mais en
pratique, la mise en œuvre des activités de recherche-action sur le budget se
heurtent à des réticences des pouvoirs publics et à la faible capacité des
Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui s’y engagent.

Pourtant, depuis l’amorce du processus de démocratisation, on a assisté à


l’émergence d’une société civile et de médias pluralistes, plus ou moins
indépendants du gouvernement. Mais, la société civile burkinabè se caractérise par
de nombreuses insuffisances, parmi lesquelles son déficit de capacités
institutionnelles. La grande majorité des OSC manque en effet de capacités
d’analyse des budgets. Celles qui se sont lancées dans le travail budgétaire
appliqué se heurtent au problème de l’analphabétisme des populations, à
l’incivisme fiscal et à la méconnaissance des principes budgétaires. Les citoyens ne
sont pas en effet informés de la manière dont se déroule le processus budgétaire, et

2
ne sont pas toujours conscients des droits et devoirs consacrés par les textes à cet
égard.

Au vu de ce contexte, l’Unicef en partenariat avec les acteurs au développement


(gouvernement, OSC, PTF) s’est engagé résolument à faire en sorte que la chaine de
la dépense publique soit le plus efficace et le plus transparent possible afin d’assurer
aux enfants et aux femmes du Burkina Faso un environnement où leurs droits socio-
économiques sont les mieux garanties. C’est dans cette optique qu’il a entrepris la
réalisation de la première enquête PETS1 dans le secteur de l’éducation afin de
rendre les dépenses publiques dans ce secteur plus efficaces et plus efficients. Cette
approche qui permet de suivre pas à pas le flux des ressources à tous les niveaux de
l’administration (centrale, déconcentrée et décentralisée) afin de pouvoir quantifier
la part des ressources budgétaires qui parvient effectivement aux écoles a été
essentiellement motivée par les constats faits sur le faible impact de l’accroissement
des dépenses publiques sur les résultats du secteur.

La présente analyse budgétaire s’inscrit toujours dans cette vision d’amélioration de


l’accès des populations les plus vulnérables aux services sociaux de base. Elle fait
une analyse des ressources budgétaires allouées aux secteurs de l’éducation
(particulièrement à l’enseignement primaire), de la santé et de l’assainissement
entre 2012 et 2016 tout en les contrastant avec celles allouées au secteur de la
défense, afin d’améliorer l’accès des populations les plus vulnérables (notamment
les femmes et les enfants) aux services sociaux de base.

L’objectif est de renforcer l’efficacité des programmes de lutte contre la pauvreté


par le suivi-évaluation des ressources budgétaires allouées par l’Etat aux secteurs
sociaux prioritaires afin de garantir l’effectivité de certains droits sociaux (droits à la
santé, à l’éducation, et à l’assainissement) aux femmes et aux enfants.

METHODOLOGIE

Après avoir pris connaissance du contenu des TDR, une séance de cadrage a eu
lieu avec le commanditaire (UNICEF) de l’étude et le Centre d’Information, de
Formation et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB). Ce cadrage a permis d’avoir une
compréhension commune des TDR et aussi de s’accorder sur les produits attendus et
les autres commodités. A la suite de cette rencontre de cadrage, une collecte des
données secondaires auprès des différentes structures ministérielles a été réalisée.
Cette collecte de données a été suivie d’une revue documentaire et une analyse
des données collectées afin d’élaborer le présent rapport.

L’analyse s’est focalisée sur les dotations budgétaires et les dépenses budgétaires
exécutées en se référant à la fois au budget objet et à la classification fonctionnelle
des services de l’Etat. En outre, selon les dotations budgétaires, il n’a pas été possible
de prendre en compte des dépenses inter ministérielles allant aux secteurs de

1 Public Expenditure Tracking Survey

3
l’étude pour les calculs des dotations budgétaires revenant aux ministères ciblés
dans le cadre de la présente étude. Néanmoins, ces dépenses inter ministérielles
sont comprises dans les dépenses globales du budget de l’Etat (la part relative des
dotations budgétaires des ministères étudiés dans le budget de l’État intègre les
dépenses interministérielles au dénominateur pour ce qui est du budget national ;
mais au numérateur, les allocations budgétaires des ministères ne les intègrent pas).

Les comparaisons budgétaires entre le Ministère de la Défense Nationale et des


Anciens Combattants (MDNAC) et les ministères concernés par l’étude (MENA, MS et
Ministère en charge de l’eau) se sont plus focalisées sur les dotations budgétaires
globales de ces ministères plutôt que sur les rubriques de dépenses qui ont fait l’objet
d’analyse particulière dans la présente étude. Cela est dû au fait qu’il était difficile
d’obtenir des dépenses destinées aux achats des armes de la part du ministère de la
défense et des anciens combattants.

PLAN DU RAPPORT

Structuré en deux grandes parties, le présent rapport d’analyse budgétaire


contient six (6) chapitres que sont :
(i) les recettes du budget de l’Etat ;
(ii) les dépenses du budget de l’Etat ;
(iii) les allocations budgétaires allouées aux ministères étudiés ;
(iv) les allocations intra sectorielles à l’eau et l’assainissement ;
(v) les allocations intra sectorielles à la santé de l’enfant et de la mère ;
(vi) les allocations intra sectorielles à la réalisation d’infrastructures
scolaires pour l’éducation.

4
1- ANALYSE DES RESSOURCES BUDGETAIRES ALLOUEES AUX SECTEURS DE
L’ETUDE ENTRE 2012 ET 2016

1.1- RECETTES DU BUDGET DE L’ETAT

1.1.1- Recettes ordinaires et extraordinaires sur la période 2012-2016

Les prévisions de recettes totales du Burkina Faso sont passées de 1 602 548 400 000 F
CFA en 2012 à 1 611 911 518 000 F CFA en 2016. Entre 2012 et 2016, les recettes
totales ont connu un taux d’accroissement annuel moyen de 0,1% seulement.

La structure des recettes montre deux (2) composantes principales : les recettes
propres (ou recettes ordinaires) et les recettes extraordinaires. La comparaison
annuelle de ces deux catégories de recettes montre des variations dans le temps. En
effet, la figure 1 ci-dessous présente les recettes ordinaires et les recettes
extraordinaires. En volume, les prévisions de recettes propres ont continuellement
augmenté de 2012 à 2014, puis ont connu une baisse de 7,6% en 2015, compte tenu
de la particularité de cette année (transition politique, tentative de coup d’état
ayant occasionné des pertes de ressources propres). De 931 603 094 000 F CFA en
2012, ces recettes ont atteint 1 148 042 820 000 FCFA en 2015 et 1 256 833 000 000 F
CFA en 2016. Entre 2012 et 2016, les prévisions de recettes propres ont connu un
accroissement annuel moyen de 8,7%.

L’augmentation des recettes propres est plus que celles des recettes totales et
montre les effets des stratégies de mobilisation des ressources internes en vue de
respecter les critères de convergence de l’UEMOA. Il n’en demeure pas moins que
cette augmentation des recettes propres ne devrait pas négliger l’esprit d’équité
dans la contribution des populations à la mobilisation des ressources internes propres
pour le financement du développement. L’absence d’équité dans la collecte des
recettes propres serait source de mouvements sociaux qui conduiraient à une faillite
des politiques de développement s’appuyant sur le financement des ressources
internes au regard des conditions difficiles qui remettent en cause les droits humains
élémentaires.

Graphique 1- Comparaisons annuelles des prévisions de recettes ordinaires et


extraordinaires de 2012 à 2016
1,400,000,000
1,200,000,000
1,000,000,000
800,000,000
600,000,000
400,000,000
200,000,000
-
2012 2013 2014 2015 2016

Recettes ordinaires Recettes extraordinaires

Source : construit à partir des données budgétaires de la DGB/MINEFID

5
Quant aux prévisions de recettes extraordinaires, elles sont passées de 670 945 306
000 F CFA en 2012 à 368 458 305 000 F CFA en 2015 et à 355 078 512 000 F CFA en
2016. Les prévisions de recettes extraordinaires, contrairement aux recettes propres
qui ont connu une dynamique d’augmentation plus ou moins constante durant la
période de l’étude, ont évolué en dents de scie avec une tendance globale à la
baisse au cours de la période de l’étude.

La croissance économique du Burkina s’est fragilisée face à l’acuité des difficultés


rencontrées par le pays au cours des deux dernières années. Après plus de deux
décennies de stabilité et de performance économique, la crise politique sans
précédent traversée par le pays en 2014 et 2015, conjuguée avec la baisse des
cours du coton et de l’or ont impacté négativement l’économie et la réduction de
la pauvreté. En effet, après avoir atteint les 1200$US dans les années 2009, le cours
de l’or est à son niveau le plus bas depuis 2013 avec une baisse de près de 30%. Les
subventions accordées par certains pays (Etats Unis d’Amérique) et la constitution
d’importants stocks par la Chine ont contribué à la chute des cours du coton durant
ces dernières années. Les producteurs de coton ont été exposés aux variations des
cours mondiaux. Ces chocs ont conduit à un ralentissement du taux de croissance
du PIB qui s’est situé à 4% en 2015 (même niveau qu’en 2009), plus bas que la
moyenne de la dernière décennie. La croissance a été tirée par le secteur primaire
grâce à la relative bonne pluviométrie et le secteur tertiaire. Toutefois, la contribution
du secteur secondaire a été moindre par rapport aux années précédentes du fait
des grèves sur les sites miniers et l’arrêt momentané de certaines usines.

Figure 1- Evolution de la croissance économique

10.0% 0.025

8.0% 0.020

6.0% 0.015

4.0% 0.010
Economic growth (%)
2.0% Moyenne mobile (5 dernières années) 0.005
Standard deviation (5 dernières années)
0.0% 0.000
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Source: macroeconomic report, World Bank – 2016.

Le solde du compte extérieur s’est fortement dégradé du fait de la forte contraction


de la demande induite par la baisse prononcée des cours des matières premières
sur les marchés internationaux. Les prix des principaux produits d'exportation que
sont le coton et l’or ont baissé respectivement de 8% et 28% depuis 2013. Les
exportations en valeur n’ont augmenté que de deux points en pourcentage du PIB
(23,5% en 2015 contre 21,8% en 2013) sous l’effet combiné de l’augmentation des
quantités produites et de l’appréciation du FCFA par rapport au dollar américain. En
outre, les importations ont baissé de manière significative (près de 6 points en
pourcentage suite à l’attentisme des opérateurs privés au regard des incertitudes du
climat politique et à la baisse du prix des produits pétroliers). La récente crise de
l'Ébola dans les pays de la sous-région a eu un impact négatif sur le tourisme. Au

6
total, le déficit du compte courant s’est fortement contracté de 11% du PIB en 2013
à seulement 4% du PIB en 2015 et a été financé par les flux d’aides extérieures.

1.1.2- Dynamique des recettes ordinaires et extraordinaires

La figure 2 présente l’accroissement de l’écart entre les prévisions de recettes


ordinaires et celles des recettes extraordinaires. En effet, en 2012, les prévisions de
recettes ordinaires représentaient 58,1% des recettes totales contre 41,9% pour les
recettes extraordinaires. L’écart entre ces deux types de recettes s’est
progressivement agrandi jusqu’à ce que les recettes ordinaires représentent 3,5 fois
les recettes extraordinaires en 2016. Cela montre la part importante des prévisions de
recettes ordinaires, représentant 78,0% des prévisions de recettes totales en 2016.

Graphique 2- Comparaison de la dynamique des parts de prévision des recettes


ordinaires et extraordinaires sur la période 2012-2016
100.0%

80.0%

60.0%

40.0%

20.0%

0.0%
2012 2013 2014 2015 2016

Part des recettes ordinaires Part des recettes extraordinaires

Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

Comme le montre le graphique ci-dessus, l’écart entre la part des prévisions de


recettes ordinaires et la part des prévisions de recettes extraordinaires a commencé
à s’intensifier depuis 2014, date qui coïncide avec les perturbations socio-
économiques au niveau du Burkina Faso. Toute chose qui montre que la stabilité
socio-économique est un facteur important de confiance des partenaires étrangers,
et donc un facteur de développement.

Dans tous les cas, il est appréciable de constater que les recettes propres ont
progressivement augmenté sur la période 2012-2016, exception faite de l’année
2015, année de fortes perturbations socio-économiques au niveau du Burkina Faso,
ayant entrainé une sorte de grippage de la machine économique. La baisse des
recettes intérieures est une contrainte majeure pour la réalisation des objectifs de
développement. Avec un niveau de mobilisation des recettes intérieures de 14% du
PIB, le Burkina est en net recul par rapport au passé récent où la pression fiscale était
de l’ordre de 17% et loin du critère de convergence révisé de 20% fixé par l’UEMOA.
La poursuite et l’approfondissement des réformes fiscales dont l’élargissement de la
base taxable et la lutte contre la fraude et la corruption sont nécessaires pour le
retour à la soutenabilité budgétaire mise à mal par l’accroissement des dépenses
courantes dont les salaires. Aussi, serait-il important pour le nouveau gouvernement
de poursuivre dans la lancée de la mobilisation des ressources ordinaires pour une
mise en œuvre optimale du PNDES sur la période 2016-2020. Cela doit se faire entre
autres par : (i) la maitrise des exonérations fiscales pour mieux limiter les manques à

7
gagner sur les différents types d’exonérations fiscales et mieux lutter contre la fraude
fiscale ; (ii) la poursuite de l’informatisation du système de recouvrement par
l’instauration de la facture normalisée pour les moyennes entreprises en vue
d’assurer une meilleure collecte de la TVA ; (iii) la mise à jour de la base de données
des contribuables notamment celle des petites et moyennes entreprises ; (iv) la
gestion et la lutte contre la fraude et le faux.

1.1.3- Taux de croissance des recettes totales, ordinaires et extraordinaires

Le rythme de croissance des différentes prévisions de recettes est varié et disparate.


En effet, le taux de croissance des prévisions de recettes totales a été positif durant
la période 2012-2016. Il se situe entre -18,3% (en 2015) et 13,2% (en 2014). Après avoir
connu une croissance entre 2012 et 2014, les prévisions de recettes totales ont baissé
à partir de 2015 pour atteindre un taux de croissance positif en 2016. Néanmoins, le
Taux d’accroissement moyen annuel (TAMA) des prévisions de recettes de 0,1% est
positif durant la période de l’étude et demeure entièrement expliqué par les
recettes propres, les recettes extraordinaires ayant au contraire baissé sur la période.

L’irrégularité des taux de croissance des prévisions de recettes totales s’explique par
le rythme d’évolution des prévisions de recettes ordinaires et extraordinaires, elles-
mêmes liées au contexte sociopolitique difficile de 2015. En effet, La baisse drastique
des importations consécutive à un contexte politique difficile, combinée à la fraude
fiscale ont entrainé une contreperformance dans le recouvrement des recettes et
une contraction des dépenses d’investissement. Les recettes ont baissé de l’ordre de
deux points en pourcentage en passant de 16,5% du PIB en 2013 à 14,4% du PIB. Le
taux de croissance des prévisions de recettes ordinaires est compris entre --7,6% (en
2015) et 24,0% (en 2013) avec un TAMA de 8,7%. Il ressort que les taux de croissance
des prévisions de recettes ordinaires ont été erratiques entre 2012 et 2016. L’année
2012, a été propice à la mobilisation des recettes propres.

Quant aux recettes extraordinaires, leur taux de croissance a été compris entre -
40,0% (en 2015) et 26,5% (en 2014). Ces recettes ont été erratiques avec une seule
année de croissance positive (2014) et des années de croissance négative (2013,
2015 et 2016). Globalement, les recettes extraordinaires sont en baisse avec un
TAMA de -11,8% sur la période 2012-2016.

Les différents taux de croissance des recettes sont contenus dans le tableau 1. Il
ressort que le taux de croissance des recettes totales est plus tributaire de celui des
recettes ordinaires que de celui des recettes extraordinaires. Toutefois, bien que les
recettes ordinaires soient en augmentation au cours du temps, les recettes
extraordinaires ne sauraient être négligeables dans le financement des activités de
développement au Burkina Faso. En outre, ces ressources sont plus destinées au
financement des investissements dont les effets sont déterminants sur les conditions
socio-économiques de la population et de la croissance économique à cause des
effets d’infiltration des retombées de l’investissement.

Tableau 1- Taux de croissance des recettes totales, ordinaires et extraordinaires


TAMA 2013 2014 2015 2016 Moyenne
Recettes ordinaires 24,0% 7,6% -7,6% 9,5% 8,7%
Recettes extraordinaires -27,7% 26,5% -40,0% -3,6% -11,8%

8
TAMA 2013 2014 2015 2016 Moyenne
Recettes totales 2,4% 13,2% -18,3% 6,3% 0,1%
NB: TAMA = taux de croissance moyen annuel
Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

1.2- DEPENSES DU BUDGET DE L’ETAT

1.2.1- Parts relatives des titres budgétaires au niveau national sur la période 2012-
2016

Les dotations relatives aux dépenses d’investissement tiennent la première place


dans le total des dépenses avec des parts relatives qui se situent entre 36,6% du
budget total en 2012 et 49,9% en 2013. Après les dotations de dépenses
d’investissements, les dotations de dépenses de personnel suivent avec des parts
budgétaires annuelles comprises entre 16,4% du budget total en 2012 et 26,6% en
2015. Les dotations de dépenses de personnel ont progressivement augmenté pour
être un peu plus au-dessus du quart (1/4) des dépenses totales du budget de l’Etat.
Ainsi, les dépenses de personnel tendent à être suffisamment élevées ces dernières
années, notamment depuis l’avènement de la crise sociopolitique de 2011.
Pourtant, ce n’est qu’une faible proportion des burkinabè qui bénéficient de salaires
au niveau de la fonction publique, la majorité des populations bénéficiant
principalement des investissements effectués dans le cadre du titre 5, encore faut-il
qu’ils soient réalisés convenablement et dans les domaines les plus pertinents pour le
développement économique. La baisse des ressources a conduit à une compression
des dépenses d’investissement (confère graphique ci-dessous) notamment des
dépenses d’investissement sur financement intérieur qui sont passées de 10% du PIB
à 6,5% du PIB entre 2013 et 2015. Au total, les dépenses d’investissement ont chuté
de 14 % du PIB à 8% du PIB entre 2013 et 2015.

Graphique 3- Evolution des ressources et dépenses

Evolution des ressources et dépenses (en Evolution des dépenses exécutées FCFA
milliards de FCFA) (base engagement)

1700 Total revenues


1500 Total Expenditures net of loan
1300
1100
900
700
500
300
100
2010 2011 2012 2013 2014 Source : Données définitives BOOST (2005-2013) et données provisoires
2014 et 2015 du circuit Informatisé de la Dépense.

Source: Données CID

9
Le déficit budgétaire s’est établi à 2% moins que la norme de 3% fixée par l’UEMOA.
En dépit des efforts faits par le gouvernement de la Transition, l’engagement des
dépenses liées à la gestion de la sécurité dans le pays a entrainé l’accumulation de
nouveaux arriérés en 2015 auxquels il faut ajouter le reliquat des factures antérieures
à la période de la Transition. L’apurement dans les meilleurs délais de ces arriérés de
paiement dus aux petites et moyennes entreprises est une étape importante pour la
relance économique.

Par ailleurs, le ralentissement de l'activité économique a entraîné une baisse du


crédit au secteur privé et une faible pression sur les prix intérieurs. Le crédit au secteur
privé a diminué de manière significative de 16 points de pourcentage, passant de
26,3% en 2013 à 10,9% en 2015. La masse monétaire a augmenté de 14% seulement
en 2015 contre 12% en 2014, tandis que les réserves des banques commerciales ont
augmenté de 25 milliards de FCFA en 2014 à environ 69,2 milliards de FCFA. La
contraction de la demande et la disponibilité des aliments consécutivement à
l’application du mécanisme de contrôle des prix par le Gouvernement ont eu pour
effet de réduire le taux d'inflation qui est resté en moyenne à 1,9% en 2015 (l’un des
plus faibles des pays de l’UEMOA).

A la suite des dépenses de personnel, celles des transferts courants occupent la 3 ème
position avec des parts relatives comprises entre 17,6% en 2013 et 36,6% en 2012.
Cette forte augmentation des dépenses de transferts est consécutive à la crise
sociopolitique de 2011.

Le tableau suivant contient les différentes parts relatives des titres budgétaires au
niveau national.

Tableau 2- Poids relatifs des titres budgétaires sur la période 2012-2016


2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne
Titre 1 4,0% 4,9% 6,1% 7,7% 10,2% 6,6%
Titre 2 16,4% 19,3% 23,6% 26,6% 26,5% 22,5%
Titre 3 6,1% 6,3% 6,5% 7,5% 7,3% 6,7%
Titre 4 36,6% 17,6% 20,2% 18,9% 19,0% 22,5%
Titre 5 36,6% 50,0% 43,1% 38,8% 36,6% 41,0%
Titre 6 0,3% 1,9% 0,5% 0,4% 0,4% 0,7%
Total 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Titre 1 : Amortissement, charge de la dette et dépenses en atténuation des recettes ; Titre 2 : Dépenses de personnel ; Titre 3 :
Dépenses de fonctionnement ; Titre 4 : Dépenses de transferts courants ; Titre 5 : Dépenses d’investissements ; Titre 6 : dépenses de
transferts en capital
Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

1.2.2- Taux de croissance des titres des dépenses du budget total de 2012 à 2016

Sur la période 2012-2016, la plupart des titres de dépenses de l’Etat connaissent des
hausses et des baisses simultanées en matière de dotations. Il convient de noter par
contre que les dotations de dépenses de personnel connaissent, pour leur part, un
accroissement continuel ; seul le rythme de croissance a tendance à changer d’une
année à l’autre. L’accroissement des dotations de dépenses de personnel en 2014,
qui se situe à 19,5%, est largement au-dessus de la moyenne annuelle qui est de
13,0%. Cette situation pourrait être due à l’accroissement des avantages multiples
accordés au ministère de la défense nationale et des anciens combattants et au

10
ministère de la sécurité. Toutefois, il reste que le respect de la norme sous régionale
(critère UEMOA) doit être surveillé pour éviter une forte dégradation des autres
critères.

Par ailleurs, il est à relever la forte baisse des dotations du titre 4 de 55,1% en 2013 qui
serait liée à la non reconduction des avantages octroyés aux militaires à la suite de
la crise sociopolitique et militaire de 2011. On note aussi un taux de croissance
exponentiel des dotations du titre 6 avec 487,3% en 2013. Cette forte croissance
s’expliquerait par la rubrique « Restructuration des entreprises (Transfert capital
entreprise publique non financière et Capital institutions financières) ».

Le tableau suivant présente les taux de croissance des différents titres budgétaires
prévus. Il ressort que sur la période 2012-2016, les taux de croissance moyens annuels
(TAMA) sont compris entre -16,4% pour le titre 4 et 24,2% pour le titre 1.

Tableau 3- Taux de croissance des dépenses prévues par titre de 2013 à 2016
2013 2014 2015 2016 TAMA
Titre 1 14,5% 20,1% 20,0% 44,0% 24,2%
Titre 2 9,5% 19,5% 7,3% 8,2% 11,0%
Titre 3 -4,0% 1,6% 9,4% 5,5% 3,0%
Titre 4 -55,1% 12,3% -10,9% 8,8% -16,4%
Titre 5 27,7% -15,8% -14,4% 2,3% -1,5%
Titre 6 487,3% -73,5% -21,8% -2,1% 4,5%
Total -6,6% -2,3% -5,0% 8,5% -1,5%
Titre 1 : Amortissement, charge de la dette et dépenses en atténuation des recettes ; Titre 2 : Dépenses de personnel ; Titre 3 :
Dépenses de fonctionnement ; Titre 4 : Dépenses de transferts courants ; Titre 5 : Dépenses d’investissements ; Titre 6 : dépenses de
transferts en capital
Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

1.2.3- Dynamique des titres du budget national sur la période 2012-2016

Sur la période 2012-2016, la plupart des dépenses de l’Etat ont connu des tendances
variées et diversifiées. Si les titres 2 et 5 ont eu des tendances haussières comme le
montre la figure ci-dessous, les tendances des autres titres de dépenses ont été plus
ou moins à la baisse.

Graphique 4- Dynamique des parts des titres du budget national de 2012 à 2016
60.0%
50.0%
Parts relatives

40.0%
30.0%
20.0%
10.0%
0.0%
2012 2013 2014 2015 2016
Titre 1 Titre 2 Titre 3 Années
Titre 4 Titre 5 Titre 6

Titre 1 : Amortissement, charge de la dette et dépenses en atténuation des recettes ; Titre 2 : Dépenses de personnel ; Titre 3 :
Dépenses de fonctionnement ; Titre 4 : Dépenses de transferts courants ; Titre 5 : Dépenses d’investissements ; Titre 6 : dépenses de
transferts en capital
Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

11
1.3- ALLOCATIONS BUDGETAIRES DES MINISTERES ETUDIES DE 2012 A 2016

1.3.1- Poids relatifs des budgets des ministères étudiés (MENA, MS, MAHRH/MEAHA,
MDNAC) dans le budget national

Le secteur de l’éducation de base et de l’alphabétisation reste toujours confronté à


des défis énormes en termes d’infrastructures scolaires (salles de classe, logement
pour enseignants etc.). Par exemple, les besoins en salle de classe pour l’année
scolaire 2015-2016 se chiffrent à 4 000 salles de classe au minimum. Cette insuffisance
d’infrastructures fortifie davantage la multiplication des écoles sous-paillotes qui
constituent un obstacle réel à l’atteinte des objectifs dans ce secteur car de
nombreux parents refusent d’inscrire leurs enfants à l’école au regard des mauvaises
conditions de travail dans les classes. Pour l’année scolaire 2013/2014, le nombre de
salles de classes sous-paillotes s’est situé à 3 769 salles. En outre, on enregistre 16,3%
de salles de classes en mauvais état en 2013/2014. Cette proportion est en hausse
de 2,9 points par rapport à 2012/2013.

Face à ces défis majeurs, il est évident qu’une dotation budgétaire de 12,6% en 2016
du budget total, même en accroissement par rapport à 2015, ne serait pas à mesure
d’adresser efficacement ces contraintes quand on sait surtout que les dépenses de
personnel et de fonctionnement occupent plus de la moitié du budget de ce
secteur. En effet, il est à noter que durant la période 2012-2016, les parts relatives des
dotations budgétaires du MENA dans le budget total de l’Etat se situent entre 6,7%
en 2012 et 12,6% en 2016.

Quant aux parts relatives des dotations de budget du ministère de la santé, elles sont
comprises entre 5,8% en 2012 et 9,4% en 2015 du budget total de l’Etat. Cette
proportion parait limiter face aux enjeux sanitaires (paludisme, Ebola, grippe aviaire,
etc.). Pour le ministère en charge de l’assainissement, les parts des dotations
budgétaires ont évolué entre 8,7% en 2012 et 11,2% en 2015. Par contre, les parts
budgétaires du Ministère de la Défense et des Anciens combattants se situent entre
4,2% en 2012 et 5,1% en 2015.

Le tableau suivant présente les parts budgétaires relatives des dotations des
différents ministères étudiés.

Tableau 4- Poids relatifs des prévisions budgétaires des ministères étudiés dans le
budget national sur la période 2012-2016
2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne
MENA 6,7% 8,1% 9,7% 11,1% 12,6% 9,6%
MS 5,8% 7,3% 9,4% 9,4% 8,8% 8,2%
MEAHA 0,0% 4,8% 4,1% 0,0% 0,0% 1,8%
MAHRH 8,8% 4,2% 4,6% 11,2% 8,8% 7,5%
MDNAC 4,2% 4,4% 4,9% 5,1% 4,6% 4,6%
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : fait sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

12
1.3.2- Taux de croissance des dotations budgétaires des ministères étudiés entre
2013 et 2016

L’analyse du taux de croissance des dotations budgétaires traduit une évolution en


dents de scie pour tous les ministères concernés sur la période 2012-2016. Toutefois,
l’importance de cette évolution varie d’un secteur à l’autre. On note qu’en 2013, le
MAHRH a eu un taux de croissance négatif de -55,5% due à une forte baisse des
dotations de dépenses d’investissements, compte tenu de la fin d’un certain nombre
de projets / programmes d’investissement. En moyenne, même si les dotations
budgétaires de l’Etat dans son ensemble ont baissé sur la période, les dotations des
ministères concernés par l’étude ont par contre connu un accroissement sur la
période, sauf pour le MAHRH.

Tableau 5- Taux d’accroissement des allocations budgétaires des ministères


concernés par l’étude
2013 2014 2015 2016 TAMA
MENA 13,4% 16,9% 9,2% 22,9% 15,5%
MS 16,6% 26,1% -4,6% 1,7% 9,3%
MEAHA -17,8% - -
MAHRH -55,5% 7,6% 132,1% -15,3% -1,5%
MDNAC -2,7% 8,8% 0,3% -2,0% 1,0%
ETAT -6,6% -2,3% -5,0% 8,5% -1,5%
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : fait, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

En 2016, le taux de croissance négatif est relevé au niveau du MAHRH, consécutive


à une forte croissance de 132,1% en 2015 avec la réunification du ministère en
charge de l’agriculture et de celui en charge de l’eau et de l’assainissement. De
même, il faut remarquer que le taux de croissance des dotations du MDNAC est
également à la baisse en 2016 en se situant à -2,0%. Hormis le MENA, dont le taux
d’accroissement moyen annuel des dotations budgétaires est supérieur à 15,5%,
aucun autre ministère concerné par l’étude a un taux d’accroissement annuel
moyen de ses dotations qui se situe à deux chiffres.

Cette situation traduit la modestie des ressources allouées aux secteurs concernés
face à des défis de plus en plus importants. La persistance à la hausse de l’incidence
de la pauvreté et le rang qu’occupe le pays au dernier classement du PNUD de
l’IDH (185 sur 187) traduit bel et bien la précarité dans laquelle vit près de 47% de la
population burkinabè dont plus de la moitié sont en milieu rural avec pour corolaires
un faible niveau d’accès aux services sociaux de base, la persistance des
contestations et une forte demande sociale de plus en plus croissante d’une
jeunesse en proie au chômage, à la drogue etc.

1.3.3- Comparaison des dotations budgétaires entre les ministères

L’analyse des dotations budgétaires montre que le ministère en charge de


l’agriculture enregistre les plus fortes allocations budgétaires en valeur absolue
durant la période 2012-2016. Il est suivi par le ministère de l’éducation nationale et
de l’alphabétisation (MENA) et le ministère de la santé (MS) en termes de volume. Il

13
est à noter qu’au cours de la période de l’étude, les volumes des dotations
budgétaires du MENA, du MS et du ministère en charge de l’agriculture sont
sensiblement égaux. Cela pourrait entrevoir l’importance accordée à ces ministères
au regard des engagements contractés par l’Etat en matière de santé et
d’éducation. Toutefois, l’importance du ministère en charge de l’agriculture pour les
populations burkinabè commande que sa part budgétaire soit beaucoup plus
importante. Pourtant, pour l’année 2016, le ministère en charge de l’agriculture a
reçu une dotation moins importante que celles des deux autres ministères cités.

En termes de poids budgétaire, le MDNAC occupe la quatrième place avec des


dotations budgétaires comprises entre 82 934 955 000 F CFA en 2013 et 90 467
172 000 F CFA en 2015. Les dotations budgétaires de ce ministère consacrent une
grande part destinée au titre des dépenses du personnel. Le graphique ci-dessous
présente une situation comparative des budgets alloués aux ministères étudiés.

Graphique 5- Comparaisons annuelles de l'évolution des budgets du MENA, MS,


MAHRH et MDNAC de 2012 à 2016
300000000
MENA
200000000
MS
100000000 MAHRH

0 MDNAC
2012 2013 2014 2015 2016
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : construit à partir des données budgétaires de la DGB/MINEFID

En ce qui concerne les parts relatives, aucun de ces ministères n’a pu obtenir une
part budgétaire d’au moins 10% en moyenne sur la période 2012-2016 en termes de
dotations. En effet, seul la dotation budgétaire du MENA a pu atteindre 12,6% du
budget de l’Etat en 2016. En 2012, la dotation budgétaire du MENA ne représente
que 6,7% du budget de l’Etat. Pour le MS, les parts relatives des dotations
budgétaires ont été dans l’intervalle de 5,8% en 2012 et 9,4% en 2015. En 2016, le
budget du MS ne représente que 8,8% du budget de l’Etat. La part la plus
importante des dotations budgétaires du MAHRH dans le budget de l’Etat a été
atteinte en 2015 avec 11,2%, à la faveur de la transition politique et suite à la
réunification des ministères en charge de l’agriculture et de l’eau et l’assainissement
après deux ans de séparation. Durant la période 2012-2016 les dotations budgétaires
du MDNAC sont restées plus ou moins constantes en termes de part budgétaire dans
le budget global de l’Etat avec une moyenne de 4,6% sur la période.

De manière générale, il faut noter que c’est en 2015 que les parts relatives des
dotations budgétaires des différents ministères étudiés ont été les plus importantes
dans le budget total de l’Etat. Cette situation est certes liée à la baisse des dotations
budgétaires de 2015 (-5,0% par rapport à 2014), mais il faut reconnaitre que les
efforts ont été mis sur les secteurs prioritaires socio-économiques.

14
En dépit de ces efforts, il ressort clairement que les budgets alloués aux secteurs
sociaux sont insuffisants par rapport aux besoins réels de la population et de la forte
demande sociale d’une population en majorité très jeune.

Les études macroéconomiques ont en outre démontré que les périodes de


croissance soutenue de la production nationale par unité de production vont de
pair avec des améliorations en matière d’instruction, de nutrition, de santé et de
mobilité (voir Schultz, 1998). Elles ont administré la preuve qu’il existe, tant dans les
pays industriels que dans les pays en développement, une corrélation positive entre
l’investissement qu’une nation effectue dans l’éducation, et sa croissance
économique (Haddad, et al, 1990). Les modèles de croissance endogène affirment
que l’investissement dans le savoir pourrait avoir un taux de rentabilité constant,
voire croissant, car il y a plus de chances qu’une base de connaissances plus large
engendre davantage d’innovations à l’avenir.

1.3.4- Dynamique des réalisations budgétaires des ministères étudiés

Les niveaux de réalisations budgétaires des ministères étudiés ont connu des
variations diverses sur la période 2012-2015. Si les réalisations budgétaires du MS et du
MDNAC ont varié en dents de scies sur la période 2012-2015, les réalisations
budgétaires du MENA ont constamment augmenté sur la période. Par contre, celles
du MAHRH ont au contraire une diminution constante pour atteindre leur plus bas
niveau en 2015 avec moins de 40 milliards F CFA d’exécution sur une prévision totale
de 198,3 milliards F CFA.

Graphique 6- Dynamique des dépenses exécutées des ministères étudiés sur la


période 2012-2015
200,000,000

150,000,000 MENA

100,000,000 MS
MAHRH
50,000,000
MDNAC
-
2012 2013 2014 2015
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : construit à partir des données budgétaires de la DGB/MINEFID

Il est fort remarquable de constater que les niveaux d’exécution des dépenses
budgétaires du ministère de la santé et du ministère en charge de la défense ont
été presque voisins sur la période de l’étude. Si en 2012, les dépenses réalisées du MS
sont au-dessus de celles du MDNAC, en 2015, les réalisations du MDNAC sont au-
dessus de celles du MS. Pour les deux années du milieu (2013 et 2014), les dépenses
exécutées des deux ministères sont presque identiques. Pourtant, en termes de
dotations, le budget alloué au MS a toujours été de loin supérieur au budget alloué
au MDNAC. Le budget du MS a représenté presque le double (1,8 fois) de celui du
MDNAC sur la période 2012-2016 en termes de prévisions. Toutefois, en termes de
réalisations, les deux ministères exécutent presque les mêmes niveaux de budget

15
dans la réalité. En d’autres termes, la défense coûte autant au budget de l’Etat
burkinabè que la santé, en termes de réalisation budgétaire.

En moyenne, les dépenses exécutées ont représenté 71,6% des dotations


budgétaires pour l’ensemble du budget de l’Etat sur la période 2013-2015. Parmi les
ministères étudiés, aucun n’a atteint un taux d’exécution de 80% en moyenne sur la
période étudiée. Seul le MENA a pu obtenir 93,1% de taux d’exécution en 2015, à la
faveur de la transition politique. Le MAHRH a même connu son taux d’exécution le
plus bas depuis plus d’une décennie en se situant à 16,9% seulement, même pas le
quart des dépenses prévues. Pourtant, en 2015, les dotations budgétaires étaient
favorables en termes de part budgétaire. Dans le même temps, le budget du
MDNAC est exécuté à plus de 100% en moyenne annuelle sur la période 2013-2015,
dont 131,7% en 2015, le taux d’exécution le plus élevé.

Tableau 6- Taux d’exécution des budgets des ministères étudiés


2012 2013 2014 2015 Moyenne
MENA 84,1% 72,9% 67,8% 93,1% 79,5%
MS 83,2% 77,1% 51,1% 69,3% 70,2%
MAHRH 58,1% 50,4% 50,7% 16,9% 47,4%
MDNAC 100,0% 125,0% 100,7% 131,7% 114,4%
ETAT 63,3% 78,2% 74,9% 70,2% 71,6%
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : fait sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

La situation du faible niveau d’exécution des dépenses publiques laisse penser à


toutes les difficultés qui entravent la bonne mise en œuvre de la dépense telles que
les lenteurs administratives, les difficultés de passation des marchés publics, la
lourdeur des procédures d’exécution de la dépense…

Sur la période 2013-2015, le rythme d’accroissement des dépenses exécutées a été


variable d’un ministère à l’autre. Si pour le MENA et le MS, le taux d’accroissement
moyen annuel des dépenses exécutées est positif avec respectivement 17,0% et
5,3% sur la période de l’étude, le MAHRH n’a connu que des taux d’accroissement
négatifs du budget exécuté d’une année à l’autre sur la période 2013-2015. Si fait, le
taux d’accroissement moyen annuel des dépenses exécutées au sein de ce
ministère ressort à -31,4% sur la période 2013-2015.

Tableau 7- Taux de croissance des réalisations budgétaires des ministères étudiés sur
la période 2013-2015
2013 2014 2015 TAMA
MENA -1,7% 8,7% 49,9% 17,0%
MS 7,9% -16,3% 29,3% 5,3%
MAHRH -51,7% -12,0% -24,0% -31,4%
MDNAC 21,7% -12,4% 31,0% 11,8%
ETAT 15,5% -6,5% -10,9% -1,3%
MS= Ministère de la Santé ; MENA= Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ; MAHRH = Ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques ; MDNAC= Ministère de la Défense Nationale et des
Anciens Combattants
Source : auteur, sur la base des données budgétaires de la DGB/MINEFID

16
2- ANALYSE DES ALLOCATIONS BUDGETAIRES INTRA-SECTORIELLES : EAU ET
ASSAINISSEMENT, SANTE DE LA MERE ET DE L’ENFANT, INFRASTRUCTURES
SCOLAIRES

17
Analyse des allocations budgétaires et progrès en matière
d’alimentation en eau potable et d’assainissement

18
2.1- ANALYSE DES DEPENSES PUBLIQUES DU SECTEUR EAU ET ASSAINISSEMENT

2.1.1- Cadre global d’intervention dans le domaine de l’eau et de l’assainissement

Malgré les efforts du Gouvernement du Burkina Faso dans les politiques de


développement et les réformes sectorielles ainsi que les investissements relativement
importants dans le secteur de l’eau et l’assainissement sous l’impulsion du
« Programme National d'Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement pour l’
atteinte des OMD (PN-APEA) » et du « Plan d’Action pour la Gestion Intégré des
Ressources en Eau (PA-GIRE) », l’ accès des pauvres aux services améliorés d'eau et
d'assainissement n'est toujours pas effectif dans les zone rurales, les petites villes et les
zones péri-urbaines. Cela est certainement dû à un ciblage inefficace des
populations et des zones devant être desservies mais aussi à une politique de
sécurisation de l’eau (connaissance, mobilisation, distribution et protection) non
efficiente. L’absence d’un environnement habilitant pertinent et contraignant,
intégrant la dimension «Pauvreté» dans les politiques sectorielles, les stratégies, les
programmes et plans d'investissements de même que dans les mécanismes de
régulation et de redevabilité, semble être la raison fondamentale de cette situation.

L’analyse du cadre d’intervention du domaine de l’eau et de l’assainissement vise à


mettre en évidence les instruments qu’utilise ou devrait utiliser l’Etat pour rendre plus
performante son action dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, la dépense
publique ne constituant qu’un des leviers de cette action.

Pour cadrer le contexte d’intervention dans le secteur eau et assainissement au


cours de ces quinze (15) dernières années, les points de repères suivant sont rappelés
dans le tableau ci-dessous.

Tableau 8- Repères historiques liés au secteur eau et assainissement au Burkina Faso

2002 Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques


(MAHRH)
Création d'une Direction Générale de l'Inventaire des Ressources
Hydrauliques (DGIRH), en charge de la GIRE
Et d'une Direction Générale de l'Approvisionnement en Eau Potable
(DGAEP) en charge de l'AEP et de l'Assainissement
Création du Conseil National de l'Eau
2003 Adoption du PAGIRE (2003-2015).
Création du SP/PAGIRE, rattaché au cabinet du MAHRH
2005 Rattachement du SP/PAGIRE à la DGIRH
2006 Fusion de la DGIRH et de la DGAEP en une DGRE (Direction Générale des
Ressources en Eau)
Adoption du PN-AEPA (2007-2015)
2007 Création Agence de l'Eau du Nakanbé
2008 Création d'une Direction Générale de l'Assainissement

19
2010 Formulation et Démarrage de la phase 2 du PAGIRE (2010-2015)
Rehaussement de la position du SP/PAGIRE, rattachement au SG du
MAHRH
Démarrage de l'ABS au PN-AEPA
Décision du MAHRH d'exécuter les crédits délégués aux régions via les
Agences de MOD
Saison de pluie exceptionnelle entrainant des inondations et perturbant
l’exécution des activités sur le terrain
2011 Crise politique suite à une mutinerie d'une partie de l'armée
Création du Ministère de l'Agriculture et de l'Hydraulique
2012 Mise en place des 4 autres agences de l’eau (signature convention
constitutive, nomination DG)
2013 Ministère de l'Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l'Assainissement
(MEAHA)
Mise en place tardive du budget (2ème semestre) suite aux difficultés liées
à la séparation avec l'Agriculture
2014 Arrêt de l'exécution des crédits délégués via les agences de MOD, pleine
responsabilisation des DREAHA
Insurrection populaire, mise en place d'un gouvernement de transition
Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques, de l’Assainissement
et de la Sécurité Alimentaire (MARHASA)
2016 Ministère de l'Eau et de l'Assainissement
Source : auteur, sur la base des informations du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Selon le document de politique et stratégies en matière d’eau (1998), l’un des


principes qui guident l’action de l’Etat dans le secteur est celui de la subsidiarité. Ce
principe consiste à définir et à mettre en œuvre les politiques à l’échelle
géographique appropriée. Autrement dit, les questions qui peuvent être résolues
localement doivent être décidées et gérées localement.

Dans le cadre de ce même document, l’Etat s’est aussi fixé comme objectif «
d’améliorer les finances publiques en allégeant le poids du secteur de l’eau par un
partage équilibré des charges entre les partenaires concernés : les pouvoirs publics,
les collectivités et les usagers ».

Ces principes ont été traduits dans les documents opérationnels : le Plan d’Action
pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE, 2003-2015) et le
Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Assainissement (PN-
AEPA, 2007-2015). Les schémas institutionnels de leur mise en œuvre sont représentés
ci-après.

20
Graphique 7- Schéma de mise en œuvre de l’AEP

Ministère en charge de l’Eau (MEA)

Opérateurs privés : prestations de service pour études et


 Définition et suivi de la politique et des stratégies sectorielles
 Mobilisation des ressources nécessaires
PTF : financement, assistance technique

travaux, gestion déléguée du SPEA


DREA ONEA
 Mise en œuvre et suivi de  Développement et
la politique et des gestion du service public
stratégies sectorielles E&A en milieu urbain
 Appui-conseil aux  Appui-conseil aux
collectivités collectivités

Collectivités locales (Régions, Communes)


 Maitre d’ouvrage du Service public E&A
 Supporte une partie des charges d’exploitation du SPEA

Usagers
 Supportent la quasi-totalité des charges d’exploitation en milieu
urbain
 Supportent une partie des charges d’exploitation en milieu rural
 Contribution à l’investissement en milieu rural

Source : auteur, sur la base des informations fournies par le dispositif du PN-AEPA

Graphique 8- Schéma de mise en œuvre du PAGIRE

Ministère en charge de l’Eau (MEA)


Opérateurs privés : prestations de service pour études et
 Définition et suivi de la politique et des stratégies sectorielles
 Mobilisation des ressources nécessaires
PTF : financement, assistance technique

Secrétariat Permanent PAGIRE


 Coordination et suivi-évaluation du PAGIRE
 Mobilisation des ressources nécessaires

5 Agences de L’Eau
Directions Centrales RE
travaux

 Gestion de l’eau niveau bassin  Cadre institutionnel et


 Appui aux CLE et aux maitres règlementaire
d’ouvrages pour la protection  Système d’information RE
des RE

Comités locaux de l’eau : Etat, collectivités, usagers


 Gestion et protection des RE niveau sous bassin

Usagers
 Contribution financière à la connaissance et à la protection des RE à
travers les principes préleveur-payeur, pollueur-payeur

Source : auteur, sur la base des informations fournies par le dispositif du PN-AEPA

21
2.1.2- Analyse des dépenses budgétaires du secteur eau et assainissement

2.1.2.1- Les coûts initiaux du PN-AEPA et du PAGIRE sur la période 2007-2015

Les documents de politique sectoriels PN-AEPA, PAGIRE, avaient été préparés suivant
une approche programme. Un cadre programmatique a été donc retenu et mettait
en lumière les ressources à mobiliser dans le secteur pour permettre l’atteinte des
OMD à l’horizon 2015.

Les coûts initiaux du PN-AEPA et du PAGIRE avaient été estimés à 565,36 milliards de
FCFA sur la période 2007-20152 dont 543,8 milliards FCFA pour le PN-AEPA et 21,66
milliards pour le PAGIRE au titre de sa 2ème phase. Cela représentait près de 367,2
milliards de FCFA pour l’eau potable, 115,3 milliards pour l’assainissement et 21,66
milliards pour le PAGIRE, soit respectivement 65%, 20 % et 4% du coût total pour
l’ensemble du secteur.

Le coût du PN-AEPA pour le milieu rural avait été estimé à hauteur de 406 milliards de
FCFA dont près de 367,2 milliards au titre de l’eau potable et 115,2 milliards pour
l’assainissement. Quant au milieu urbain, le coût du programme s’élevait à 137,8
milliards de FCFA dont 86,9 milliards pour l’eau potable et 50,9 milliards pour l’urbain.

Tableau 9- Rappel des coûts initiaux des programmes sectoriels PN-AEPA et PAGIRE

Programmes dans le secteur eau et Coût total estimé au En % du total


assainissement départ pour la période
2007-2015 (en milliards de
FCFA)
Evaluation des coûts initiaux des programmes du secteur eau assainissement (PN-AEPA et
PAGIRE)
Eau potable (infrastructures) 367,2 65%
Assainissement (infrastructures) 115,3 20%
Gire 21,66 4%
Cadre unifié, imprévus 61,2 11%
Total sectoriel 565,36 100%
Evaluation détaillée des coûts du programme PN-AEPA
Milieu rural
Eau potable (infrastructures) 280,3 69%
Assainissement (infrastructures) 64,4 16%
Cadre unifié, imprévus 61,2 15%
Total milieu rural 405,9 100%
Milieu urbain
Eau (infrastructures) 86,9 63%
Assainissement (infrastructures) 50,9 37%
Total milieu urbain 137,8 100%
Source : auteur, à partir du document du PN-AEPA, 2006.

2
Ce montant ne prend pas en compte les ressources de la première phase du PAGRE qui portaient sur la
période 2003-2009

22
Le plan de financement du PN-AEPA et du PAGIRE prévoyait le recours à cinq
principales sources de financement : (i) les ressources nationales à travers le budget
de l'Etat (ii) les contributions des collectivités territoriales, (iii) le produit de la
contribution financière des usagers et (iv) l’aide extérieure à travers des conventions
de financement avec les partenaires au développement et aussi (v) le recours à des
fonds privés. Le plan de financement prévoyait une contribution à hauteur de 7,9%
de la part du budget national, 83,8% de la part des PTF, 6,8% de la part des ONG du
secteur AEPA et 1,5% de la part des populations bénéficiaires.

L’une des particularités du modèle de programmation utilisé dans le cadre du PN-


AEPA, est qu’il s’agit d’une programmation basée sur le plan d’investissements
devant permettre de réaliser les différents ouvrages prévus. Les affectations
budgétaires correspondant aux coûts initiaux indiquaient 69% pour les travaux neufs,
6% pour les réhabilitations, 10% pour les études-contrôle-animation-IEC, et 5% pour le
cadre unifié d’intervention.

Tableau 10- Dotations budgétaires dans le domaine de l’eau et de l’assainissement


sur la période 2012-2016

2012 2013 2014 2015 2016


Titre 2 7 403 856 000 5 631 243 260 5 631 243 260 5 631 243 260 5 631 243 260
Titre3 852 295 993 764 462 033 764 462 033 764 462 033 764 462 033
Titre4 4 078 763 516 3 960 408 582 3 960 408 582 3 960 408 582 3 960 408 582
Titre5 166 092 302 816 93 520 591 757 93 520 591 757 93 520 591 757 93 520 591 757
Total 178 427 218 325 103 876 705 632 103 876 705 632 103 876 705 632 103 876 705 632
Source : auteur, sur la base des données du CID/MINEFID
Titre 2- Dépenses de salaires
Titre 3- Dépenses de fonctionnement
Titre 4- Dépenses de transferts courants
Titre 5- Dépenses d’investissement

Les dotations budgétaires par titre de 2012 à 2016 du ministère de l’eau et de


l’assainissement montrent une évolution erratique de façon globale. Le titre 5 qui
bénéficie de la grande part d’allocations a connu une baisse importante de -41,7%
entre 2012 et 2013, ceci s’expliquerait entre autres par la scission du ministère
intervenue courant 2012. De 2013 à 2016 cette allocation est restée constante. Les
autres tires n’ont pas connu de changement majeur après 2013. On note toutefois
de façon globale que la scission a eu un impact négatif en 2012 au niveau du
budget de ce ministère.

Graphique 9- Dotations budgétaires du ministère de l’eau et de l’assainissement

200,000,000,000

150,000,000,000 Titre 2
Titre3
100,000,000,000
Titre4
50,000,000,000
Titre5
0
2012 2013 2014 2015 2016
Source : construit à partir des données des Lois de finances

23
La comparaison des dépenses exécutées avec les dotations budgétaires indique
qu’en général, les taux d’exécution ont été plus élevés pour le sous-secteur eau
avec un taux estimé à 82%, contre 76% pour le sous-secteur assainissement et 78%
pour le sous-secteur GIRE.

Le montant total des investissements au titre du secteur eau potable et


assainissement est estimé à près de 333,92 milliards de FCFA. En comparant ce
montant avec le plan d’investissement initial prévu pour le PN-AEPA, qui s’élevait à
482,5 milliards de FCFA, on en déduit qu’environ 70% du plan de financement initial
a pu être mobilisé au profit du sous-secteur eau potable et assainissement en
considérant rien que la période 2012 à 2015.

La répartition des montants investis3 par sous-secteur est présentée au tableau ci-
après. On note que la bonne performance globale du secteur eau potable est
attribuable principalement à l’ONEA qui présente des taux d’exécution par rapport
au budget d’investissement initial de près de 148% pour ce sous-secteur. La
performance d’ensemble pour l’assainissement est plutôt faible avec des niveaux
d’exécution de 49% pour l’urbain et de 47% pour le rural.

L’allocation intra sectorielle indique également que l’eau potable a bénéficié


d’allocations importantes qui dépassent les niveaux prévus dans le PN-AEPA. Les
allocations au profit de l’assainissement sont aussi substantielles, sauf pour le milieu
urbain qui a alloué moins au secteur assainissement comparativement au milieu
rural. L’assainissement n’est donc plus le parent pauvre du secteur comme par le
passé. Ces résultats indiquent des avancées considérables par rapport à 2008 où les
dépenses d’investissement consacrées au sous-secteur assainissement étaient
d’environ 5% seulement.

Tableau 11- Dépenses publiques d’investissements dans le secteur eau


assainissement par sous-secteur : comparaison RDP 2016 et PN-AEPA

Investissements en matière Taux de


Total 2008-2014 PN-AEPA 2007-2015
d’AEPA mobilisation
En % du En % du
total total
Montant Montant
sous- sous-
secteur secteur
AEPA milieu rural
Assainissement 30,58 17% 64,4 19% 47%
Eau 150,15 83% 280,3 81% 54%
Total milieu rural 180,72 100% 344,7 100% 52%
AEPA milieu urbain
Assainissement 24,82 16% 50,9 37% 49%
Eau 128,4 84% 86,9 63% 148%
Total milieu urbain 153,2 100% 137,8 100% 111%
Total général (rural et urbain) 333,92 482,5 69.2%
Source : auteur, à partir des données CID, ONEA, et documents d PN-AEPA

3
Il convient de préciser que les données financières sur les investissements considérés dans la revue portent sur les investissements dans
leur ensemble consacrés au secteur (y compris, les bâtiments, et autres formes d’investissements

24
En milieu rural, les dépenses publiques eau et assainissement se sont établis à 21
milliards de FCFA en 2012 et sont passées à 24 milliards après un pic de 33,2 milliards
en 2015. La part des dépenses eau en milieu rural a représenté en moyenne 83%
contre 16% pour les dépenses assainissement.

En ce qui concerne le budget de l’Etat, les dépenses assainissement se sont situées


en deçà des 20% de 2012 à 2013. Elles sont remontrées à près de 20% à partir de
2014, et ont même dépassé 30% entre 2014 et 2015. Au niveau des régions, on note
que les dépenses totales en matière d’assainissement sont globalement restées en
deçà de 20%.

La structure par sous-secteur des dépenses au titre des financements extérieurs y


compris ABS, suit globalement, la même tendance observée au niveau des
dépenses totales du sous-secteur avec un poids élevé pour l’eau et une part
consacrée à l’assainissement qui reste en dessous des 20% sur toute la période.

Graphique 10- Dépenses publiques du secteur eau assainissement par sous-secteur


en milieu rural

100
80
60
40
20
0
2012 2013 2014 2015

Eau Assainissement

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA, et documents d PN-AEPA

L’évolution des dépenses eau assainissement en milieu urbain indique une part
prépondérante des dépenses consacrées à l’eau potable.

Graphique 11- Dépenses eau assainissement en milieu urbain par sous-secteurs

100%
95%
90%
85%
80%
2012 2013 2014 2015

Eau Assainissement

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA, et documents d PN-AEPA

Les dépenses ONEA consacrées à l’assainissement n’ont pas beaucoup progressé


sur la période. Pour l’assainissement, les dépenses sont passées de 4,7 milliards de

25
FCFA en 2012 à 4,5 milliards en 2015. Pour l’eau, les dépenses sont passées de 20,7
milliards de FCFA en 2012 contre 35,4 milliards de FCFA en 2015.

Graphique 12- Dépenses eau assainissement en milieu urbain sur financements


extérieurs et par sous-secteur

100%

50%

0%
2012 2013 2014 2015

Eau Assainissement

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA, et documents d PN-AEPA

La part des dépenses eau en milieu urbain est restée très élevée de l’ordre de 86%
en moyenne alors que la part des dépenses assainissement est restée autour de 13%
en moyenne.
En milieu urbain, plus de 20% des dépenses sur financements extérieurs sont allés à
l’assainissement.

Le sous-secteur de la GIRE a reçu au total sur la période 2008 à 2014, près de 11,7
milliards de FCFA. Les dépenses exécutées annuellement sont en moyenne de 1,67
milliards de FCFA par an sur la période.

Les dépenses consacrées au sous-secteur GIRE ont varié entre 0,6 et 3,2% en
pourcentage du secteur eau potable et assainissement dans son ensemble. Ce ratio
rapporté au total des dépenses d’investissements du secteur eau potable et
assainissement et GIRE donne un chiffre de 3,4%. La planification initiale avait estimé
un niveau de dépenses pour la GIRE à hauteur de 4% du total des investissements4.
On note donc qu’un effort réel a été fait par le gouvernement et les partenaires
techniques et financiers pour accroître le niveau des financements réalisés pour la
GIRE.

Tableau 12- Principaux PTF contribuant au PAGIRE

Année Total Etat (%) Source de financement pour la GIRE (%) Total
(milliard DANIDA CFE* PD* AELB* MCA* Autres
s FCFA)
2011 2,86 9,42% 59,56% 28,02% 3,00% 100%
2012 2,46 22,17% 66,89% 8,19% 2,75% 100%
2013 4,20 27,35% 47,09% 3,01% 9,32% 10,75% 2,48% 100%
2014 5,77 13,60% 54,07% 2,49% 4,41% 0,58% 22,61% 2,24% 100%
2015 2,58 28,77% 37,93% 10,70% 9,70% 1,02% 11,88% 100%
*AELB : Agence de l’Eau, Loire Bretagne, MCA : Millenium Challenge Corporation, PD : paiement direct
par les PTF qui financent la GIRE, CFE (contribution financière Eau)
Source : auteur, à partir des données des rapports PAGIRE

4
Ce montant avait considéré uniquement le coût de la 2ème phase de la GIRE.

26
2.1.2.2- Comparaison des dépenses du ministère de l’eau et de l’assainissement et
celles d’autres ministères

L’analyse comparée du niveau des dépenses publiques par rapport aux autres
secteurs n’a été possible que pour les dépenses sur ressources propres de l’Etat
compte tenu des difficultés dans la maîtrise des données relatives aux financements
extérieurs. L’intérêt d’une telle analyse n’est pas de comparer les niveaux absolus de
dépenses publiques dans les secteurs au centre des priorités de développement du
pays mais d’examiner l’évolution des dépenses qui leur sont allouées.

Les dotations budgétaires du ministère en charge de l’eau sont nettement au-dessus


de celles de la défense sur la période 2012 à 2016. En 2012, les dotations du MEA
représentaient près du double de celles de la défense, mais après la scission, celles
du MEA ont enregistré une baisse sensible de 48% pour rester constante de 2013 à
2016. Celles de la défense enregistrent une légère baisse sur toute la période revue.

Graphique 13- Evolution comparée des dépenses du MEA et du MDNAC sur la


période 2012-2015

150,000,000,000
100,000,000,000
50,000,000,000
0
2012 2013 2014 2015

MEAHA MDNAC

Source : auteur, à partir des données du CID/MINEFID

Les dépenses du ministère de l’eau et de l’assainissement sont restées constantes sur


la période 2012-2015 et supérieures à celles de la défense. Les dépenses du ministère
de la défense ont fluctué durant la période avec un pic en 2013 pour décroitre
jusqu’en 2015. Le pic de 2013 s’explique essentiellement par l’accroissement des
charges de personnel consécutives à la crise socio-politique de 2011 et en prélude
au projet de révision constitutionnelle.

Il ressort globalement que le secteur eau et assainissement est celui dont la part
dans le budget de l’Etat a stagné sur toute la période.

Graphique 14- Evolution comparée de la part du budget de l’Etat consacrée à la


santé, à l’éducation, à l’agriculture, et à l’eau assainissement

15
10
5
0
2012 2013 2014 2015

ministere eau et assainissement ministere Sante


Ministere Education ministere Agriculture

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA, et documents d PN-AEPA

27
La part estimée du ministère en charge de l’eau et de l’assainissement n’a guère
dépassé 1% du budget de l’Etat sur la période. Elle a été en moyenne de 0,57% sur la
période. La part de l’agriculture est à 7,30%, celle de la santé à 3,81% et celle de
l’éducation à 8,92%. Les autres ministères (santé, éducation, agriculture) enregistrent
une tendance nette à la hausse de leur part dans le budget de l’Etat entre 2013 et
2014, avant de régresser en 2015. La baisse enregistrée à partir de 2014 s’explique
essentiellement par la crise socio-politique que le pays a traversée et qui a conduit à
l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a énormément affectée la
situation économique du pays. Ces évolutions confirment la faiblesse des ressources
qui ont été allouées au titre du budget de l’Etat sur ressources propres au secteur
eau et assainissement.

Les dépenses publiques en matière d’eau et d’assainissement au Burkina


apparaissent relativement élevées comparées à celles d’autres pays. Les données
les plus récentes en matière de dépenses publiques en faveur du secteur eau et
assainissement sont celles de l’enquête de pays GLASS de 2013-2014. Ces données
montrent que le Burkina Faso arrive en 3ème position sur une échelle comparative de
5 pays à faible revenu avec une estimation de dépenses publiques en pourcentage
du PIB de 0,79%. Le Burkina se classe même devant le Sénégal pourtant répertorié
dans le groupe des pays à revenu intermédiaire.

Graphique 15- Dépenses publiques Eau et Assainissement en % du PIB

Pays à faibles revenus

MADAGASCAR 0.13
ETHIOPIE 0.37
NIGER 0.67
BENIN 0.79
BURKINA 0.79
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9

Pays à revenus supérieurs et intermédiaires, tranche inférieure

0.37
GHANA 0.46
0.46
SENEGAL 0.64
0.89
LESOTHO 1.78
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2

Source : OMS, Résultats Glass 2014.

La comparaison de la situation du Burkina Faso avec celle de pays à revenus


intermédiaires comme le Maroc, ou la Tunisie mérite d’être commentée compte
tenu des différences de niveaux de développement. Le faible niveau
d’investissements publics de l’Etat dans le domaine de l’eau potable et de
l’assainissement dans ces pays, correspond à une évolution normale du rôle de l’Etat
dans le secteur. Dans ces pays, l’Etat a déjà réalisé depuis longtemps les

28
investissements nécessaires et mis en place le cadre réglementaire approprié pour
une intervention du secteur privé afin de se consacrer à sa fonction de régulateur du
secteur. La situation de ces pays pourrait donner une indication de la trajectoire
possible pour le Burkina avec en vue une intervention plus forte du secteur privé.

2.1.2.3- Les dépenses exécutées dans le secteur eau et assainissement

Le tableau ci-dessus nous donne un aperçu des dépenses du secteur eau et


assainissement dans le budget de l’Etat sur la période 2012-2015.

Tableau 13- Exécution totale des dépenses d’eau et d’assainissement (en milliards
de FCFA)

2012 2013 2014 2015 TOTAL


Dépenses publiques 75,62 76,38 65,58 59,84 277,42
Dépenses Secteur totales
eau et eau Dépenses publiques 32,69 35,14 34,65 24,27 126,75
assainisse assainisse totales sur ressources
ment ment propres
Dépenses publiques 42,93 41,24 30,92 35,57 150,66
totales sur fin. extérieur
Source : données CID et données DGCOOP pour Budget Etat, données rapports de suivi budgétaire
pour ONEA

La décomposition des dépenses par sources de financement montre que le


financement du secteur eau et assainissement est essentiellement tributaire du
financement extérieur représentant 54,30% (150,66 milliards) des ressources
dépensées sur la période 2012-2015 contre 45,70% (126,75 milliards) sur ressources
propres. Le mode de financement des partenaires se font en général sous forme
d’Appui Budgétaire Sectoriel (ABS) et de transferts.

Tableau 14- Dépenses eau et assainissement dans les autres ministères

Dépenses Ministère Budget hors fin ext. 2012 2013 2014 2015 TOTAL
MARH Budget ministère MARH 90,66 137,85 121,14 87,57 349,65
Dépenses (hors financement
eau extérieur)
assainisse MENA Budget ministère 129,36 136,38 167,69 127,53 560,96
ment pour éducation (hors
les autres financement extérieur)
Ministères MS Budget ministère de la 75,24 46,74 35,80 32,85 190,63
santé (hors financement
extérieur)
Source : données CID, et données DGCOOP pour Budget Etat, données rapports de suivi budgétaire
pour ONEA.

Au regard de la nature transversale du secteur, certains ministères comme le MENA,


la Santé et l’Agriculture et les ressources halieutiques effectuent également des
dépenses en matière d’eau et d’assainissement dans les écoles et les structures
sanitaires. Le ministère de l’éducation est celui qui effectue le plus de dépenses en

29
matière d’eau et d’assainissement au regard du nombre important des écoles au
niveau national suivi du ministère de l’agriculture et des ressources halieutiques.

Les résultats indiquent que le niveau actuel des dépenses publiques dans le secteur
est assez substantiel. Elles se sont établies à 277,87 milliards FCFA sur la période 2012-
2014, soit 133,95 milliards au titre des ressources propres et 143,91 milliards au titre des
financements extérieurs. Elles ont connu une baisse régulière à partir de 2013.

Tableau 15- Dépenses publiques totales de 2012 à 2015 (en milliards FCFA)

2012 2013 2014 2015 Total


Dépenses publiques totales sur ressources 32,69 35,14 34,65 31,47 133,95
propres

Dépenses publiques totales sur financement 42,93 41,24 30,92 28,82 143,91
extérieur
Dépenses publiques totales 75,62 76,38 65,58 60,29 277,87
Source : auteur, à partir des données CID, et ONEA

La part du budget de l’Etat (hors dette, hors transferts en capital), consacrée aux
dépenses eau assainissement a connu une augmentation constante de 2008 à 2011,
en passant de 3% à 4,5% avant de baisser à 2% en 2014. Cette évolution est
principalement le fait des dépenses sur financement extérieur. Les dépenses sur
ressources propres sont restées assez stables et n’ont guère dépassé le niveau de 1%
du budget de l’Etat sur la période.

L’instabilité institutionnelle du ministère en charge de l’eau et assainissement à


travers la vague de scission/fusion avec le ministère de l’agriculture n’a pas été
favorable à l’allocation des ressources propres de l’Etat en faveur du secteur eau
assainissement. Les données indiquent que la part du budget du Ministère de l’Eau
et de l’Assainissement (MEA) sur ressources propres varie sur la période 2012-2015
entre 2,1% et 3,4% en % du budget consolidé sur ressources propres du Ministère en
charge de l’agriculture et de l’hydraulique.

Graphique 16- Evolution de la part des dépenses publiques (en % du budget de


l’Etat)

4.00

2.00

0.00
2012 2013 2014 2015

Part des dpenses eau et assainissement dans le budget de l'Etat


Part des dpenses eau et assainissement dans le budget de l'Etat hors fin ext

Source : auteur, à partir des données CID, et ONEA

L’analyse de la structure des dépenses publiques indique que l’essentiel des


dépenses a été allouée au niveau central et à l’ONEA. Les dépenses exécutées sur

30
le budget de l’Etat (hors régions et transferts aux communes) est passé de 22,32
milliards de FCFA en 2008 à 12,55 milliards en 2014. Les dépenses exécutées par
l’ONEA ont quant à elles évolué de 25,47 milliards de FCFA à presque 40 milliards en
2014. On constate donc une nette montée en puissance de l’ONEA sur la période et
une régression des dépenses au titre du budget de l’Etat.

Le niveau déconcentré et décentralisé n’a pas réussi à prendre son envol. En effet,
les dépenses allouées aux régions (estimation des dépenses salariales, de
fonctionnement et d’investissement réalisées par les régions), ont à peine atteint 11
milliards de FCFA, en situation de régression sur la période. Elles sont passées de 9,10
milliards de FCFA en 2012, à 6,76 milliards de FCFA en 2015. Les transferts de
ressources aux communes sont passés de 4,26 milliards de FCFA en 2012 à 3,47
milliards en 2015.

Tableau 16- Dépenses publiques eau assainissement par niveau (en milliards de
FCFA)

2012 2013 2014 2015


Ministère (hors régions et transferts communes) 21,97 18,36 12,55 10,37
Régions 9,10 10,60 8,47 6,76
Transferts aux communes 4,26 4,70 4,08 3,47
Fonds permanent 0,12 0,37 0,49 0,37
ONEA 40,17 42,35 39,98 34,75
Total général 75,62 76,38 65,58 55,72

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA

Les transferts aux communes, qui ont démarré à partir de 2009, ont également eu
tendance à baisser à partir de 2013, en se situant à 3,47 milliards FCFA en 2015
contre 4,70 milliards FCFA en 2013. Les fonds transférés aux communes prennent en
compte non seulement les transferts faits au titre du ministère en charge de l’eau et
de l’assainissement mais aussi les transferts faits au profit de l’éducation et de la
santé5 pour la réalisation d’ouvrages d’eau et d’assainissement (forages et latrines).

Graphique 17- Evolution des dépenses publiques du secteur Eau & Assainissement
par niveau
50

40

30 2012

20 2013
2014
10
2015
0
Ministère (hors régions Régions Transferts aux Fonds permanent ONEA
et transferts communes
communes)
Source : auteur, à partir des données CID, ONEA

5Les transferts au titre de l’éducation et de la santé ont été estimés à partir des arrêtés dans le secteur eau et
assainissement en estimant la valeur des ouvrages d’eau et d’assainissement devant faire l’objet des réalisations dans le
cadre des ressources transférées dans ces secteurs.

31
Le taux d’exécution en moyenne sur la période est proche de 80% pour les dépenses
publiques totales. Les taux d’exécution sur ressources propres s’établissent à près de
95% pour les dépenses publiques. Les dépenses publiques totales sur financement
extérieur présentent un taux d’exécution moyen de l’ordre de 72%.

On note une réalisation importante par comparaison avec le budget initial prévu
pour le PN-AEPA. En effet, les dépenses totales pour le secteur se sont situées à
467,86 milliards FCFA. Les dépenses totales d’investissements pour les sous-secteurs
eau et assainissement se sont situés à 333,92 milliards contre 482,5 milliards pour toute
la période dans le document du PN-AEPA. Ce qui représente presque 70% de taux
de réalisation par rapport au budget initial du PN-AEPA.

2.1.2.4- L’analyse des dépenses d’eau et d’assainissement par source de


financement

Le secteur eau et assainissement bénéficie de plusieurs types de financement à des


proportions différentes. Le tableau ci-dessous donne la situation des dépenses du
secteur par source de financement.

Tableau 17- Part des dépenses d’eau et d’assainissement par type de financement
dans le budget de l’Etat de 2012 à 2015

2012 2013 2014 2015


Part des dépenses d’eau et d’assainissement 3,2% 3,0% 2,3% 2,1%
dans le budget Etat
Part des dépenses d’eau et d’assainissement 0,8% 0,6% 0,7% 0,4%
sur ressources propres dans le budget de l’Etat
hors financement extérieur
Budget Part des dépenses sur ressources propres 21,6% 21,2% 28,3% 22,4%
Etat

Part des dépenses sur financement extérieur 78,4% 78,8% 71,7% 68,27%

Part de l'ABS dans les dépenses d’eau et 23,7% 25,4% 28,7% 23,42%
d’assainissement du budget de l’Etat
Source : auteur, à partir des données CID, ONEA

Le tableau ci-dessus montre que le financement du secteur est essentiellement


assuré par les ressources extérieures qui représentent au moins les ¾ du budget, suivi
de l’appui budgétaire sectoriel et des ressources propres de l’Etat qui viennent en
troisième position.

L’aide extérieure a représenté une contribution centrale au développement du


secteur sur la période mais on note toutefois une tendance à la baisse de la part des
financements extérieurs dans le financement du secteur.

Tableau 18- Dépenses publiques eau et assainissement par source de financement


(en milliards de FCFA)

2012 2013 2014 2015


Dépenses publiques totales eau et assainissement 75,62 76,38 65,58 61,21
Dépenses publiques totales sur ressources propres 32,69 35,14 34,65 32,47

32
2012 2013 2014 2015
Dépenses publiques totales sur fin extérieur 42,93 41,24 30,92 28,74

Dépenses totales eau assainissement budget Etat 46,99 46,22 32,31 29,73
Dépenses totales eau assainissement budget Etat sur 10,17 9,81 9,15 8,47
ressources propres
Dépenses totales eau assainissement sur financement 36,82 36,40 23,16 21,26
extérieur

Budget global ONEA sur ressources propres 22,40 25,01 25,08 22,17

Total général ONEA fin extérieur + transferts Etat 17,76 17,34 14,90 13,72
Total ONEA 40,17 42,35 39,98 35,89
Source : auteur, à partir des données CID, et rapports d’exécution budgétaire ONEA

L’analyse des dépenses publiques par source de financement indique que les
dépenses publiques sur ressources propres ont enregistré une baisse continue sur la
période 2012 à 2015 en passant de 32,69 milliards de FCFA en 2012 à 32,47 milliards
en 2015. Les dépenses sur financement extérieurs ont aussi régulièrement baissé sur la
même période en passant de 42,93 milliards de FCFA en 2012 à 28,74 milliards en
2015. La part des dépenses sur ressources propres a représenté près de 20% en
moyenne sur la période.

L’analyse détaillée montre des situations beaucoup plus contrastées dans


l’évaluation de la part des financements extérieurs au titre du budget de l’Etat et
ceux concernant l’ONEA.

Au niveau du budget de l’Etat, les dépenses eau assainissement restent


dépendantes du financement extérieur qui en 2012 a représenté 36,82 milliards de
FCFA contre seulement 10,17 milliards pour les ressources propres de l’Etat. En 2015,
les dépenses financées par l‘extérieur étaient à 21,26 milliards de FCFA contre 8,47
milliards pour les dépenses sur ressources propres.

Au niveau de l’ONEA, la répartition des dépenses indique une part importante des
dépenses sur ressources propres de l’ONEA et une moindre dépendance des
financements extérieurs. Elles sont passées de 22,40 milliards de FCFA en 2012 à 22,17
milliards en 2015 marquant une tendance générale à la baisse durant la période.
Quant aux dépenses sur financement extérieur, elles ont également enregistré une
baisse sur la période 2012-2015, en passant de 17,76 en 2012 à 13,72 milliards de
FCFA en 2015.

Il convient également de noter qu’une grande partie des financements mobilisés


par l’ONEA sont au titre de la dette publique. Toutefois, le service de la dette est
plutôt maitrisé dans son évolution. La charge de la dette a régulièrement baissé et
est passée de 08% en 2012 à 3 % en 2014. Le service de la dette (amortissement,
intérêts payés) est passé de 17% à 15% en 2015.

33
2.1.2.5- L’analyse par sous-secteur

L’analyse des dépenses par sous-secteur a été confrontée au problème de


désagrégation de données par sous-secteur pour le milieu rural. Le problème tient
au fait que les lignes budgétaires dans le budget de l’Etat ne font pas toujours une
distinction nette entre les allocations en faveur des différents sous-secteurs. Un
exercice de désagrégation des données budgétaires par sous-secteur en utilisant,
lorsque cela s’avérait nécessaire, la clé de répartition utilisée par la DGRE6 a été
effectuée.

Les résultats indiquent que les dépenses publiques en matière d’eau et


d’assainissement ont été principalement allouées au sous-secteur eau. Les dépenses
du sous-secteur eau sont passées de 63,6 milliards de FCFA en 2012 à 52,72 milliards
en 2015. Les dépenses du sous-secteur assainissement ont représenté 9,7 milliards en
2012 et ont atteint 10,1 milliards en 2014 pour décroitre à 9,17 milliards en 2015. Les
dépenses pour la GIRE sont passées de 2,3 milliards FCFA en 2012 pour augmenter
en 2013 à 2,5 milliards avant de décroitre à partir de 2014 jusqu’en 2015 pour s’établir
à 1,4 milliards en 2015.

Tableau 19- Dépenses publiques eau assainissement par sous-secteur (milliards de


FCFA)

2 012 2 013 2 014 2015


Assainissement 9,7 9,4 10,1 9,17
Eau 63,6 64,5 53,9 52,72
Gire 2,3 2,5 1,6 1,4
Total 75,6 76,4 65,6 63,29
Source : auteur, à partir des données CID, ONEA

Globalement la part des dépenses consacrées au sous-secteur eau a représenté en


moyenne 80% sur la période. Les dépenses consacrées au sous-secteur
assainissement ont représenté entre 11 et 17% sur la période de l’étude. Les
dépenses consacrées au sous-secteur GIRE ont varié entre 0,6 et 3,2%.

Graphique 18- Part des dépenses publiques eau assainissement par sous-secteur

100
80
60
40
20
0
2012 2013 2014 2015

Eau Assainissement GIRE

Source : auteur, à partir des données CID, ONEA

6 La DGRE utilise une clé de répartition standard pour la désagrégation des données budgétaires en donnant une pondération de 80% pour
l’eau et une pondération de 20% pour l’assainissement. L’avantage d’une telle clé est qu’elle permet de pouvoir désagréger les données
financières des projets et programmes entre les sous-secteurs eau et assainissement. L’usage d’une telle clé peut toutefois surévaluer les
dotations sous sectorielles notamment pour ce qui concerne le sous-secteur assainissement.

34
2.1.2.6- L’analyse par nature économique

L’analyse par nature économique des dépenses publiques d’eau et


d’assainissement s’est limitée au cas des dépenses en milieu rural et des dépenses
en milieu urbain.

L’analyse par nature économique des dépenses en milieu rural indique que
l’essentiel des dépenses est dédié aux investissements. Les dépenses de
fonctionnement et de personnel constituent une part marginale des dépenses
totales. Ainsi en 2014, les dépenses totales pour le milieu rural (budget Etat, hors
dépenses ONEA), s’établissaient à 25,60 milliards FCFA, et seulement 640 millions
étaient consacrés au fonctionnement et 1,48 milliards FCFA aux dépenses de
personnel.

Tableau 20- Evolution des dépenses en milieu rural par nature économique (en
milliards de FCFA)

2012 2013 2014 2015


Dépenses de personnel 0,41 0,51 1,48 1,27
Dépenses de fonctionnement 0,13 0,39 0,64 0,38
Dépenses de transferts courants 0,51 0,41 0,39 0,25
Dépenses d’investissements 34,42 32,72 23,10 21,12
Total 35,46 34,03 25,60 23,02
Source : auteur, à partir des données CID

La structure des dépenses par nature économique montre qu’en moyenne 5,8%
seulement des dépenses sur ressources propres sont consacrées au personnel, 2,1%
au fonctionnement, 5,6% aux dépenses de transferts et 84,5% aux investissements sur
ressources propres.

Graphique 19- Structure des dépenses publiques au titre du budget de l’Etat par
nature économique

50.00%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
2012 2013 2014 2015

Personnel Fonctionnement Transferts Investissements

Source : auteur, à partir des données CID/MINEFID

L’analyse de la composition des dépenses par nature économique en milieu urbain


est basée sur la structure des dépenses de l’ONEA. On note globalement que les
dépenses ont évolué à la hausse sur la période 2012-2015 mais avec un
ralentissement des dépenses d’investissement à partir de 2013. Les dépenses de
personnel ont représenté en moyenne sur la période 2012-2016, 7,7 milliards de FCFA,
contre 11,1 milliards pour les dépenses de fonctionnement et 21,4 milliards de FCFA
pour les dépenses d’investissement.

35
Tableau 21- Evolution des dépenses par nature économique de l’ONEA

2012 2013 2014 2015


Personnel 6,66 7,63 8,31 8,17
Fonctionnement global 10,13 10,71 12,14 11,27
Investissements 23,37 24,01 19,53 18,58
Total global 40,17 42,35 39,98 38,02
Source : auteur, à partir des données des rapports de suivi budgétaire ONEA

La structure des dépenses sur ressources propres de l’ONEA montre qu’en moyenne
16% des dépenses sur ressources propres sont consacrées au personnel, 27% au
fonctionnement et 57% aux investissements. L’ONEA consacre par ailleurs un
montant substantiel de ses dépenses à l’entretien. Ces dépenses ont représenté en
moyenne 10,2 % des dépenses d’investissement du milieu urbain.

L’analyse de la structure des dépenses en milieu urbain montre que l’ONEA s’est
donné les moyens humains et techniques pour remplir sa mission.

Graphique 20- Structure des dépenses sur ressources propres de l’ONEA par nature
économique

50.00%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
2012 2013 2014 2015

Personnel Fonctionnement global Investissements

Source : auteur, à partir des données des rapports de suivi budgétaire ONEA

La comparaison avec le cas du milieu rural est sujet à caution car en milieu rural,
l’option retenue est complétement différente. Il reste toutefois que le cas de l’ONEA
peut donner la mesure des ressources à développer par le secteur au plan humain
et matériel pour faire face aux défis de la gestion efficiente du système d’eau et
assainissement en milieu rural.

Le Rapport CSO 2 de AWCSO (2011) avait estimé pour le Burkina Faso, à environ 18
millions USD par an les ressources nécessaires pour financer les coûts d’exploitation et
de maintenance (O&M). Cela représente pour le milieu rural 8 millions USD pour
l’hydraulique rurale, et 2 millions pour l’assainissement et pour le milieu urbain, 7
millions pour l’hydraulique urbaine et 1 million pour l’assainissement urbain). Il
apparait que le Burkina Faso est loin de ces objectifs pour ce qui concerne le milieu
rural.

36
2.1.3- Analyse de l’efficacité des dépenses publiques du secteur eau et
assainissement

La mise en place de l’ABS a été accompagnée d’une matrice de performance


sectorielle permettant le calcul de la tranche variable annuelle à allouer par
chaque PTF. Elle est constituée en grande partie par les indicateurs du PN-AEPA
complétés par quelques indicateurs ou mesures du PAGIRE.

Comme le montre le graphique ci-après, la performance globale a été moyenne sur


l’ensemble de la période (56% des cibles atteintes en moyenne) avec une tendance
à la baisse à partir de 2013. Les années 2013 et 2014 ont été marqué par deux
évènements pouvant expliquer cette tendance : (i) la mise en place très tardive du
budget 2013 et des nouvelles équipes dirigeantes suite à la scission du Ministère de
l’Agriculture et de l’Hydraulique, (ii) l’insurrection populaire de 2014 qui a perturbé la
finalisation des activités dans le dernier trimestre.

Graphique 21- Proportion de cibles annuelles réalisées

Proportion de cibles annuelles réalisées


67% 63% 75%
100% 47% 45% 38%

0%
2009 2010 2011 2012 2013 2014

Secteur

Source : matrices annuelles de performance sectorielle

Toutefois, si l’on tient compte du fait que les cibles ont été mises à jour chaque
année sur la base des performances antérieures et des ressources disponibles, on
devra conclure à une performance globale plutôt limitée malgré les circonstances
atténuantes. Cela est particulièrement vrai pour les indicateurs « taux d’accès à
l’eau potable en milieu rural », « Nombre de nouvelles latrines améliorées réalisées en
milieu rural » et « Taux d'accès à l'assainissement familial en milieu urbain (%) » dont la
cible annuelle n’a été atteinte qu’une seule fois sur les 7 dernières années.

Cette situation ne semble apparemment pas être liée à la capacité d’absorption


des crédits par les structures étatiques puisque les indicateurs « Taux d'exécution du
BPO rural (partie budget de l'Etat, dont ressources extérieures inscrites) » et « Taux
d’exécution du budget d’investissement de l’ONEA » affichent chacun une
moyenne globale de 90% sur la période. Non plus aux processus de marchés publics
étant donné que l’indicateur retenu « Taux d'exécution du plan de passation des
marchés Eau et Assainissement en milieu rural (DGRE, DGAEUE, SP/PAGIRE, Directions
Régionales, AE) » affiche une très bonne moyenne de 89% sur la période où il a été
suivi (à partir de 2012).

De ce fait, le défi du secteur quant à sa performance semble davantage se situer au


niveau de sa capacité à atteindre les résultats stratégiques attendus qu’à celle de
consommer les ressources mobilisées.

37
L’Afrique est le continent qui souffre le plus du manque d’eau au regard de sa
position géographique et des effets du réchauffement climatique. En effet, le
graphique ci-dessous nous donne un aperçu de l’accès à l’eau potable en 2012 sur
le continent africain. En effet, 328 million de personnes en Afrique ont obtenu accès
à une source d’eau potable améliorée depuis 1990. Le nombre de personnes ayant
accès à une connexion d’eau courante à domicile est passé de 147 millions en 1990
à 279 millions en 2012. Pour réaliser l’objectif des OMD pour l’eau potable, 215 million
de personnes doivent obtenir accès entre 2010 et 2015. Malgré une amélioration en
accès à l’eau potable de 56%de la population en 1990 à 68% en 2010, le nombre de
personnes qui dépendent d’une source d’eau potable non améliorée a augmenté
de 279 millions en 1990, à 344 millions en 2012. En 2012, 117 millions de personnes
puisent de l’eau de surface pour leurs besoins en eau potable.

Graphique 22- Accès à l’eau potable en Afrique en 2012

Source : Africa AMCOW Sonapshot – 2012

Dans le domaine de l’assainissement, la situation n’est guère reluisante. En effet, en


ce qui concerne l’accès à l’assainissement de base en Afrique, le progrès a été
limité. Le graphique ci-dessous nous donne la situation de l’accès à l’assainissement
en Afrique par région. La couverture a augmenté seulement de 35% en 1990 à 40%
en 2012, équivalent à 189 million de personnes ayant obtenu accès. Avec une
croissance de population de presque 400 million de personnes depuis 1990, la
population sans accès à un assainissement amélioré a augmenté de 200 million de
personnes, pour atteindre 612 million en 2012. Avec une population urbaine
multipliée par deux entre 1990-2012, plus d’une personne sur quatre utilisent des
installations sanitaires partagées ou publiques. En 2012, une personne sur cinq en
Afrique pratique la défécation à l’air libre, contre une sur trois en 1990.

Graphique 23- Accès à l’assainissement en Afrique

38
Source : Africa AMCOW Sonapshot – 2012

Pour sa part, le Burkina Faso ne sera pas en mesure d’atteindre, d’ici 2015, l’objectif
qu’il s’est fixé pour le secteur de l’eau potable : 59 pourcent est le taux d’accès en
2008 pour un objectif de 79 pourcent en 2015. Par contre, les chiffres du Joint
Monitoring Programme (JMP) suggèrent que, avec un taux d’accès de 76 pourcent,
le Burkina Faso avait déjà dépassé en 2008 le taux de 72 pourcent correspondant
aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière d’eau
potable. Si le rythme des réalisations se maintient jusqu’en 2015, le pays dépassera
donc largement cet objectif (cf. figure ci-dessous). Notons cependant que les
définitions et les méthodes de calcul du JMP diffèrent de celles du PN-AEPA, ce qui
explique cette différence dans les estimations.

Graphique 24- Evolution de l’accès à l’eau potable

Source : rapport AMCOW-2012

Pour l’assainissement, les statistiques gouvernementales et du JMP concordent :


avec un taux situé autour de 10 pourcent en 2008, le pays ne pourra pas atteindre
l’objectif sectoriel de 55 pourcent en 2015. Le graphique ci-dessous illustre cette
situation.

39
Graphique 25- Evolution de l’accès à l’assainissement

Source : rapport AMCOW-2012

Selon les données des rapports bilan annuels du PN-AEPA7 le secteur a pu réaliser en
moyenne 78% de sa programmation cumulée de 2007 à 2015 exprimée en
Equivalents Points d’Eau Moderne (EPEM)8.

Tableau 22- Taux de réalisation cumulée des ouvrages d’AEP en milieu rural

Programmé Réalisé % réal


Boucle du Mouhoun 1 763 1 760 100%
Cascades 1 427 885 62%
Centre 598 859 144%
Centre-Est 1 656 1 807 109%
Centre-Nord 1 795 1 365 76%
Centre-Ouest 2 083 1 600 77%
Centre-Sud 1 547 1 428 92%
Est 2 527 1 595 63%
Hauts-Bassins 1 496 1 069 71%
Nord 2 372 1 780 75%
Plateau-Central 1 513 1 336 88%
Sahel 3 436 1 950 57%
Sud-Ouest 1 297 815 63%
Total EPEM 23 511 18 248 78%
Source : tableau réalisé à partir des données de l’enquête 2012, du SRH de la DGRE.

L’évolution annuelle de ce taux au niveau national est présentée dans le graphique


ci-après.

7
Il y a une divergence entre les chiffres des rapports annuels 2007, 2008 et 2009 avec le récapitulatif présenté dans le rapport 2014. Nous
avons retenu cette dernière source.
8
1EPEM= 1 PEM (forage équipé de PMH ou puits moderne) et dessert 300 personnes selon les normes nationale. 1 Borne Fontaine (BF)
correspond à 1,7 EPEM car elle dessert 500 personnes en milieu rural selon les normes nationales.

40
Graphique 26- Evolution du taux de réalisation physique AEP rural

99% 93% 96%


92%
71% 76%
63% 65%
53%

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Source : auteur, à partir des données de l’enquête 2012, du SRH de la DGRE

Si l’on considère que 2007 et 2008 voire 2009 correspondent à la fin des projets et
programmes initiés avant l’ère du PN-AEPA, ce graphique montre que la dynamique
du PN-AEPA n’a véritablement commencé à prendre corps et à impacter
positivement les performances sectorielles qu’à partir de 2012.

En ce qui concerne l’impact de ces réalisations sur le taux d’accès, le graphique ci-
dessous indique une certaine corrélation de 2007 à 2012 puis une stagnation du taux
d’accès malgré l’important volume d’EPEM réalisés de 2013 à 2015. Cela suggère
que la réduction du nombre de village n’ayant aucun accès à l’eau au fil des
années implique une plus forte exigence en termes de ciblage des sites
d’intervention pour éviter un suréquipement des villages déjà couverts.

Graphique 27- Corrélation entre points d’eau réalisés et taux d’accès

EPEM réalisés et taux d'accès


3,000 80.0%
2,500
60.0%
2,000 EPEM
1,500 40.0%
Taux d'accès
1,000
20.0% Linear (EPEM)
500
- 0.0%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Source : Auteur, à partir des données de l’enquête 2012, du SRH de la DGRE

En termes de personnes desservies, si l’on considère qu’un EPEM alimente


théoriquement 300 personnes, les taux d’accès issus de la base de données INO
indiquent une efficacité plutôt moyenne des réalisations faites. En effet selon le
tableau ci-après, le nombre de personnes supplémentaires desservies (selon l’INO)
entre 2007 et 2015 ne représente que 61% du potentiel de théorique de desserte des
points d’eau réalisés. En d’autres termes, un point d’eau ne dessert en moyenne que
184 personnes contre 300 selon les normes nationales.

41
Tableau 23- Nombre de personnes desservies AEP rurale

EPEM Pop théorique Pop suppl. Efficacité


communautaire desservie par desservie 2006-
s réalisés les EPEM 2015 (INO)
réalisés
Boucle du Mouhoun 1 585 475 500 408 423 86%
Cascades 742 222 500 159 520 72%
Centre 748 224 300 63 392 28%
Centre-Est 1 570 470 900 265 737 56%
Centre-Nord 1 185 355 500 271 533 76%
Centre-Ouest 1 254 376 100 261 831 70%
Centre-Sud 1 417 425 200 223 069 52%
Est 1 438 431 400 264 726 61%
Hauts-Bassins 884 265 100 223 425 84%
Nord 1 657 497 200 283 785 57%
Plateau-Central 1 167 350 200 137 005 39%
Sahel 1 787 536 200 311 289 58%
Sud-Ouest 655 196 600 94 636 48%
Total 16 089 4 826 700 2 968 371 61%
Source : Tableau réalisé à partir des données de l’enquête 2012, du SRH de la DGRE.

Cette situation semble être la résultante de deux principaux facteurs :

o Les imperfections de l’outil de calcul du taux d’accès à l’eau potable en milieu


rural. Son audit est en cours et devrait apporter les éclairages et ajustements
nécessaires.
o Le mauvais ciblage des sites d’intervention : faible appropriation des outils de
programmation existants, mauvaise gouvernance, volonté de certains
partenaires de se cantonner dans une zone d’intervention donnée, etc.
L’approche programmatique mise en place à travers le PN-AEPA avait entre
autres pour objectif d’atténuer ces phénomènes. Ce chantier reste visiblement
d’actualité.

La région du Centre qui présente le plus faible taux d’efficacité est caractérisé par
un nombre important de points d’eau réalisés par des acteurs non identifiés, donc
probablement non maitrisables (voir figure ci-après). Le MEA ou les projets sous sa
tutelle n’y ont pas eu une grande influence. On notera aussi le fort taux des
ouvrages réalisés sous la responsabilité des communes.

La Région de la Boucle du Mouhoun qui présente le plus fort taux d’efficacité (86%)
est plutôt dans une situation inverse à celle du Centre avec une prédominance des
réalisations sous contrôle du MEA.

Au niveau de l’assainissement, le principal indicateur suivi dans le cadre des OMD


est le taux d’accès des ménages aux latrines. L’enquête nationale réalisée en 2010 a
montré un niveau très faible (0,8%) de cet indicateur. Il était de ce fait difficile
d’envisager l’atteinte des OMD. La matrice de performance sectorielle a sur cette
base définie des cibles réalistes à partir de 2012 qui ont toutes été atteintes chaque

42
année. Le taux d’accès est passé de 3,1% en 2012 à 12% en 2015. Paradoxalement
les cibles annuelles relatives au nombre de latrines réalisées n’ont pas été atteinte de
2009 à 2013. Ce qui indique qu’aucun lien ne semble avoir été établi entre les taux
d’accès visés et le nombre de latrines à réaliser. Selon les chiffres du rapport bilan
PN-AEPA 2015, 184 505 latrines familiales ont été subventionnées de 2007 à 2015
contre un besoin OMD estimé à 395 118 soit un taux de 47%.

Graphique 28- Evolution du taux de réalisation des latrines familiales

100%
80%
60%
40%
20%
0%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Source : rapports annuels PN-AEPA

Un traitement des données partielles issues des rapports bilan du PN-AEPA dans 4
régions (Est, Boucle du Mouhoun, Plateau Central, Centre)9 montre que les ONG ont
joué un rôle majeur dans la réalisation des latrines familiales dans le cadre du PN-
AEPA. L’Etat et les projets sous sa tutelle n’ont réalisé que 21% du nombre total de
latrines sur la période.

Tableau 24- Contribution des partenaires dans la réalisation des latrines familiales en
milieu rural

Réalisation latrines familiales 2008-201510


Est BdM PC Centre Total %
ABS/Etat 2 006 2 492 1 143 3 890 9 531 18%
Projets sectoriels - 1 785 - - 1 785 3%
Projets autres secteurs 14 - - - 14 0%
ONG 10 794 11 854 16 175 587 39 410 73%
Communes 1 342 202 834 1 379 3%
Autres 685 80 179 804 1 748 3%
Total 13 500 16 553 17 699 6 115 53 867 100%
Source : rapports annuels CRP

Malgré ce rôle plutôt modeste de l’Etat en matière de financement direct de la


réalisation de latrines familiales, il faut reconnaitre que sa mobilisation en faveur de
l’assainissement familial a été sans précédent dans le cadre du PN-AEPA. Cette forte
mobilisation a certainement eu un impact sur la dynamique observée au niveau des
ONG. La question de fond réside au niveau de l’efficacité des instruments de
financement utilisés par l’Etat.

9
Seulement 4 régions sur 13 ont répondu à la demande de la DGRE de mettre à notre disposition les rapports bilan
régionaux depuis le début du PN-AEPA.
10
Sauf 2012 pour la région de l’Est pour laquelle le rapport bilan 2012 ne figure pas dans le lot transmis à la mission.

43
En zone urbaine, le taux d’accès à l’assainissement familial est passé de 17% en 2008
à 32% en 2014 n’atteignant qu’une seule fois (en 2009) la cible annuelle retenue
dans la matrice de performance sectorielle. Cette contre-performance interpelle du
fait que : (i) les cibles étaient mises à jour chaque année en fonction de l’expérience
et des moyens disponibles, (ii) ces cibles ne visaient plus les OMD jugés trop
ambitieux et non atteignables dans le contexte du Burkina.

Il ressort d’un rapport de capitalisation de l’expérience de l’ONEA en matière


d’assainissement autonome que « l’ONEA peine à assurer un paiement diligent des
factures des artisans ainsi qu’à leur professionnalisation ; il a du mal à planifier
judicieusement ses activités, à accroître le volume de ses ressources propres pour
financer les activités du PSA et à pérenniser les effets positifs de l’animation11 ».

Face à ce constat, l’ONEA a initié deux actions majeures pour améliorer l’efficacité
de sa stratégie : (i) Démarrage en 2013 du transfert de l’assainissement aux
communes à travers un projet pilote sur ressources ABS, (ii) Réalisation en 2014 d’un
audit organisationnel de la Direction de l’Assainissement (DASS). L’objectif est de
focaliser la mission de la DASS sur l’assainissement collectif et l’appui-conseil aux
communes pour l’assainissement autonome.

Au niveau de l’assainissement collectif, il ressort des rapports bilans du PN-AEPA que


les avancées sont assez modestes. Bien que l’objectif de réalisation du réseau
d’égout soit à 67% en fin 2015 par rapport à l’objectif visé en 2015, l’objectif de
raccordement des abonnés au réseau n’est qu’à 51%. Il semble que les objectifs
initiaux ont été quelque peu optimistes.

Le système de suivi-évaluation du PAGIRE a mis en place à partir de 2012 un outil


d’évaluation du niveau de réalisation physique des activités programmées sur
chaque objectif spécifique. Le résultat semble indiquer un niveau satisfaisant de
réalisation annuelle de la plupart des objectifs spécifiques avec une courbe
ascendante au niveau de l’objectif global.

Tableau 25- Taux de réalisation physique du PAGIRE 2 par objectif

Objectifs général et spécifiques Responsable 2012 2013 2014 2015


OG : Assurer la gestion intégrée des 73% 74% 81% 88%
ressources en eau (GIRE) au Burkina Faso à
l’horizon 2015 au profit du développement
socio-économique
OS1 : Gérer de manière concertée les DGRE/Agences 71% 82% 82% 90%
ressources en eau des bassins de l’Eau
hydrographiques du pays à travers les
agences de l’eau
OS2 : Assurer l’opérationnalisation du DGRE 65% 62% 71% 97%
cadre politique juridique et financier de
gestion des ressources en eau à l’horizon
2015

11
Field note sur la stratégie de promotion de l’assainissement autonome, ONEA/PEA BM, Février 2011.

44
Objectifs général et spécifiques Responsable 2012 2013 2014 2015
OS3 : Assurer le suivi et développer la DGRE 71% 54% 79% 89%
connaissance des ressources en eau au
bénéfice des usages à travers le Système
National d’Information sur l’Eau
OS4 : Assurer la coordination et le suivi du SP/PAGIRE 87% 83% 86% 80%
processus de la GIRE à travers
l’opérationnalisation du SP/PAGIRE
Source : rapports annuels du PAGIRE

La performance budgétaire a plutôt évolué en dents de scie comme le montre le


graphique ci-après. L’année 2010 constitue une phase transitoire avec
l’achèvement de la phase 1 du PAGIRE au premier semestre et le démarrage de la
mise en œuvre de la seconde phase au semestre 2.

Graphique 29- Evolution du taux de réalisation du budget du PAGIRE

100% 84%
77% 72%
80% 59%
60%
40%
20%
0%
2012 2013 2014 2015

Source : rapports annuels du PAGIRE

L’analyse de la performance par acteur montre que le SP/PAGIRE a été plus


performante dans l’exécution de son plan de travail et budget (affichant 82%
d’exécution de sa programmation budgétaire sur la période 2010 à 2015) que les
autres structures d’exécution comme la DGRE et les Agences de l’Eau dont les taux
sont respectivement de 56% et de 58%.

Les principales contraintes observées concernent :

o La lourdeur des procédures de passation des marchés avec souvent des


marchés qui sont restés dans le circuit pendant plus d’une année. C’est le cas
des marchés relatifs aux études complémentaires sur la CFE, au SDAGE du
Nakambé, à la restructuration des CLE du Nakambé… ;
o Les longs délais dans le processus de signature de décrets et d’arrêtés. C’est le
cas de la signature des arrêtés d’approbation des conventions constitutives des
agences de l’eau qui ont été introduits en 2011 et dont les signatures ne sont
intervenues qu’au dernier trimestre 2012
o La lenteur dans la conduite des activités liées soit à la défaillance des
prestataires ou à la lenteur de la réaction de l’administration par rapport à
l’examen des produits fournis par les prestataires ;
o L’insuffisance de ressources humaines dans les structures qui réduisent leurs
capacités d’action ;

45
o La lourdeur des procédures administratives et financières internes à la DGRE pour
la mise à disposition des ressources au profit de ses services techniques.

Par ailleurs, les agences de l’Eau ne bénéficient pas encore pleinement de leur
statut de GIP faute de disposer de la totalité du personnel administratif et financier
(DAF, Contrôleur financier, comptable public) indispensable pour exécuter le
budget et passer les marchés en toute autonomie à l’image des Etablissements
Publics de l’Etat. Seule l’Agence du Nakambé remplit ces conditions depuis avril
2015.

En conclusion, au niveau de l’eau potable, les investissements réalisés ne semblent


pas avoir eu l’impact escompté au niveau du taux d’accès en milieu rural. En plus
des investigations à mener pour parfaire l’outil de calcul du taux d’accès, il y a lieu
de doter le secteur des instruments de gouvernance lui permettant d’améliorer
l’efficacité du ciblage des sites d’intervention. Les actions nécessaires sont déjà
planifiées dans le Programme Gouvernance Eau et Assainissement.

Des préoccupations émergent quant à la qualité des ouvrages réalisés du fait des
taux de panne constatés dès les premières années de mise en service. Il serait
indiqué de réaliser un audit des installations concernées ainsi que des conditions de
leur réalisation afin d’en déceler les véritables causes. Mais on peut d’ores et déjà
supposer que cela soit en grande partie liée à une inefficacité/faiblesse dans
l’exercice de la fonction de maitre d’ouvrage.

Malgré l’important volume de réhabilitations réalisées dans le cadre du PN-AEPA, le


niveau de pannes enregistré sur les AEPS/PEA reste préoccupant. Il est recommandé
de revisiter la stratégie nationale de gestion de ces systèmes avec comme première
étape un audit approfondi de la viabilité et de la gestion des installations existantes.
Cette stratégie devra aussi définir un dispositif intégré de suivi et de régulation du
service public de l’eau en milieu rural et semi-urbain.

En matière d’assainissement, il n’était de toute évidence pas possible d’atteindre les


OMD compte tenu du contexte de départ. La dynamique du PN-AEPA a toutefois
permis de mettre en lumière l’importante contribution des ONG ainsi que les
difficultés de l’Etat et même de l’ONEA à jouer le rôle d’opérateur dans la réalisation
de l’assainissement familial. Cette expérience devra être capitalisée dans le
nouveau programme AEUE post 2015 pour placer l’Etat davantage dans un rôle de
régulation, de fédération et d’impulsion de la dynamique des autres intervenants
(Collectivités, ONG, privé).

Au niveau de la GIRE, en plus de la complexité du processus, les performances ont


été contraintes par la faiblesse du positionnement des structures GIRE au sein de la
DGRE. En effet, la DGRE qui était en charge de la majorité des résultats du PAGIRE
ne semble pas avoir accordé une priorité suffisante aux activités y relatives tout au
plus pendant la phase 2. Cela pourrait être dû à l’immensité de son mandat qui
couvrait l’eau potable, la GIRE et les aménagements hydrauliques. Ce mélange
entre les fonctions de gestion et d’usage de l’eau n’était, dans tous les cas, pas
conforme aux principes de la GIRE.

La mise en place des Agences de l’Eau dans les 5 espaces de gestion s’est réalisée
assez tardivement, en particulier pour les 4 dernières. Leur niveau d’opérationnalité

46
ne leur permet pas encore (excepté l’agence du Nakambé) de développer
pleinement leur potentiel en matière de décentralisation de la gestion de l’eau. Ce
processus est toutefois engagé et devra être accompagné en droite ligne avec les
actions programmées dans le programme GIRE post 2015.

2.1.4- Analyse de l’équité dans l’allocation des ressources en eau et assainissement

De façon spécifique, l’iniquité dans l’accès aux services d’eau et d’assainissement,


d’une part, et la problématique de sécurisation de l’ eau et de prévention/gestion
des divers conflits d’usage d’ eau, d’ autre part, sont amplifiés par les faits suivants:
(i) en milieu rural (où vivent 90 % des pauvres) : les fréquentes perturbations dans la
délivrance des services d'eau potable, l'augmentation du nombre de forages et de
réseaux d’adduction d’eau potable simplifiés (AEPS) en pannes. En effet, le rapport
de performance du secteur de décembre 2015 révèle que 16% des 937 AEPS et
11,3% des 48 699 forages équipés de pompes à motricité humaine sont
dysfonctionnels ; (ii) en milieu urbain sous gestion de l'ONEA : le taux de croissance
urbaine élevé (5,2% par an) a induit une expansion significative des zones
périurbaines à habitats spontanés où vivent les populations à très faibles revenus.
Celles-ci font recours aux points d'eau non potable ou aux revendeurs d'eau à des
prix 2 à 3 fois plus élevés que ceux pratiqués par l’ONEA qui n’était pas, jusque-là,
préparé à offrir des services adéquats d’eau et d’ assainissement dans ces zones qui
exigent des solutions stratégiques spécifiques ; (iii) en matière de sécurité de l’eau :
l'intégrité des écosystèmes est mise à rude épreuve par les effets combinés des
changements et variabilités climatiques et des activités anthropiques qui impactent
négativement les ressources en eau déjà limitées (progression des zones arides du
Nord vers le Sud ; comblement des cours et retenues d’eau ; pollutions d’origines
diverses; conflits d’usages…). Cette situation impose de travailler à assurer
davantage l'intégrité des écosystèmes et une meilleure protection et gestion des
ressources en eau frontalières et transfrontalières (Organismes Régionaux de bassins
fluviaux).
Le document de programme du PN-AEPA évoque l’équité (i) en recommandant de
cibler prioritairement les régions ayant les taux d’accès les plus faibles pour l’AEP
rural, (ii) en mentionnant comme l’un des objectifs pour le milieu urbain « la
réduction des disparités régionales du taux d’accès à l’eau potable et à
l’assainissement ». Cependant, aucune cible spécifique n’a été fixée en termes
d’objectif à atteindre en fin de programme. Ce n’est qu’en cours de mise en œuvre
(2011) qu’un indicateur « d’équité » a été défini, avec l’objectif de réduire le nombre
de communes ayant un taux d’accès à l’eau potable inférieur à 65%.

Le tableau ci-dessous donne la situation d’accès à l’eau potable et à


l’assainissement en fonction du milieu.

Tableau 26- Accès à l’eau potable et à l’assainissement en milieu urbain et rural


Sous-secteur Indicateurs* 2015 2020 2025 2030
Eau Taux d’accès à l’eau :
- Zone rurale 66% 76% 88% 100%
- Zone urbaine 89% 93% 97% 100%
Assainissement Réduction du taux des sanitaires à l’air libre 80% 53% 26% 0%
dans les zones rurales
Taux d’accès à l’assainissement :
- Zone Rurale 9% 40% 70% 100%

47
Sous-secteur Indicateurs* 2015 2020 2025 2030
- Zone urbaine 32% 55% 78% 100%
*Selon le Plan d’Actions National du WSS SDG adopté par l’atelier national des décideurs (Juillet – Novembre
2015)

Malgré les progrès substantiels, le secteur de l'eau et assainissement continue de


faire face aux défis majeurs. On note des inégalités dans l'accès aux services d’eau
et d’assainissement (accessibilité physique et financière), affectant notamment les
populations rurales et urbaines les plus pauvres. En effet, le taux d’accès varie entre
zones urbaines et rurales, de 90 % à 65 % pour l'eau et de 34% à 12% pour
l'assainissement avec des coûts d'accès à l'eau potable plus élevés en milieu rural,
où la pauvreté est prédominante, par rapport à l'urbain (environ deux fois).

Les ménages les plus pauvres ont un accès limité aux services d’eau et
d’assainissement. L'enquête intégrée de 2014 sur les Conditions de Vie des Ménages
révèle que (i) Plus d'un ménage sur cinq ménages les plus pauvres en milieu rural (Q1
et Q2) continuent d’utiliser des sources d'eau non potable telles rivières, lacs et
barrages ; (ii) 62,6% des ménages les plus pauvres pratiquent la défécation à l’ air
libre (Q1 et Q2) tandis que 67,55% d'entre eux utilisent la nature, la rue, l'intérieur des
cours… comme principal mode d'élimination des excréments ; (iii) les dépenses
mensuelles pour l'eau des ménages les plus pauvres (Q1 ménages, sans BP) est de
6,2% du total des dépenses mensuelles de consommation des ménages, ce qui est
en dehors de la gamme standard internationale de 3 à 5%. Toutefois, ce ratio est
inférieur à 5% pour les ménages les plus riches (Q4 et Q5 sans BP) et Q5 avec BP.

Par ailleurs, la forte augmentation de la demande en eau liée à une forte croissance
démographique et à une rapide urbanisation cause d’énormes défis. En effet, les
projections démographiques à moyen et à long termes indiquent que la population
du Burkina Faso pourrait plus que doubler d'ici 2025 et être multipliée par cinq ou six
d'ici à 2050.

Aussi, du fait de l’absence d’indicateurs sur l’économie de l’eau (Croissance,


Pauvreté, autres impacts), il y a urgence d’un compromis entre les usages divers et
croissants de l'eau (agriculture, élevage, énergie, industries, approvisionnement en
eau potable,…) en vue de mieux prévenir et gérer les conflits d’usages intra et
transfrontaliers, en matière d’eau.

Graphique 30- Progression du taux d’accès à l’assainissement familial en milieu rural

Progression taux accès assainissement familial-rural

Sud-Ouest
Plateau-Central
Hauts-Bassins
Centre-Sud
Centre-Nord
Centre
B du Mouhoun
0 5 10 15 20 25

Source : Rapport PN-AEPA 2015

48
Les régions du Sahel, du Centre-Sud et de la Boucle du Mouhoun sont celles qui ont
connu les plus faibles progressions. Les déterminants de cette situation n’ont pas pu
être appréciés en l’absence d’un nombre significatif de rapports annuels régionaux
du PN-AEPA qui auraient permis d’analyser l’équité dans l’allocation des ressources.

L’enquête multisectorielle continue réalisée par l’INSD en 2014 ne fait apparaitre


aucune différence notable entre le taux d’accès économique à l’eau potable
(82,8%) et le taux d’accès physique (83,9%) à l’échelle nationale. Toutefois, l’écart
entre les 20% plus pauvres et les 20% plus riches est plus grand (22,7%) pour l’accès
économique comparativement à l’accès physique (14,9%). Ce qui confirme
l’influence de la capacité économique dans l’accès au service.

Tableau 27- Accès économique et physique à l’eau potable

National 20% des plus 20% des plus


pauvres riches
Accès physique à l’eau 83,9% 76,6% 91,5%
potable12
Accès économique à l’eau 82,8% 69,9% 92,6%
potable13
Source : INSD, enquête multisectorielle continue, novembre 2015.

Les conditions initiales pour bénéficier d’un point d’eau potable constituent par
ailleurs une source d’iniquité et d’inefficacité. En milieu rural dans l’optique de
susciter une plus forte appropriation des points d’eau par les bénéficiaires, une
contribution initiale de 150 mille francs par PEM et de 400 mille francs par BF est
demandée au village avant toute intervention. Cela est problématique à plus d’un
titre :
o Une telle contribution n’est pas demandée en milieu urbain pour la construction
de bornes fontaines
o Aucune étude n’a prouvé que cette contribution financière joue un rôle
déterminant dans l’appropriation des ouvrages.
Dans le contexte de l’approche fondée sur les droits humains où les anciens
bénéficiaires deviennent des détenteurs de droits et usagers du service public de
l’eau, cette contribution financière initiale devra tout simplement être abolie.
Au niveau de l’assainissement, la politique de subvention des ouvrages familiaux du
fait qu’elle n’est pas ciblée sur une catégorie précise de la population, crée de fait
une iniquité entre ceux qui en bénéficient et ceux qui devront réaliser leurs ouvrages
par leurs moyens.

12
Il s’agit de la proportion des ménages qui mettent moins de 30 minutes pour accéder à une source d’eau
utilisée pour boire ou d’une source d’eau potable
13
Cet indicateur répond à la question : Quelle est la source principale d’approvisionnement en eau de boisson ?

49
Principaux enseignements de l’analyse de l’équité

La stratégie visant à assurer l'accès universel et durable à l’eau et à l’assainissement


doit reposer sur des institutions fortes (publiques, privées et associatives) et sur des
innovations majeures en termes d'options technologiques, de mécanismes de
financement, de promotion de partenariats gagnant-gagnant, de gestion des
services et de communication. Par ailleurs, la planification locale des services d’eau
et d’assainissement initiée dans le cadre de la mise en œuvre du PN-AEPA s’avère
sans conteste l'approche la plus appropriée pour : (i) renforcer le processus de
décentralisation du fait que les collectivités locales sont désormais maîtres
d’ouvrages et autorités délégantes pour la gestion des services d’eau et
assainissement ; (ii) réduire les inégalités aux niveaux local, régional et national ; (iii)
mieux identifier et cibler les pauvres au niveau local et ; (iv) servir de plaidoyer pour
influer les politiques nationales et le financement des programmes opérationnels .
Ainsi, l'engagement fort des principales parties prenantes (Gouvernement,
Municipalités, Partenaires Techniques et Financiers, Secteur Privé, Secteur Financier
et Bancaire, Instituts de Recherche & Formation, Société Civile et Communautés de
base) s’avère nécessaire.
Les instruments et processus mis en œuvre dans le cadre du PN-AEPA n’ont pas
permis d’améliorer significativement l’équité dans l’accès aux services d’eau et
d’assainissement.
Au niveau de la réduction des disparités régionales en milieu rural, les données
disponibles semblent suggérer une plus grande efficacité de l’Etat dans le ciblage
des sites d’intervention comparativement aux autres acteurs. Dans ce contexte,
l’enjeu pour le secteur serait d’amener les autres intervenants à davantage inscrire
leurs réalisations dans le respect des objectifs sectoriels, en particulier ceux relatifs au
développement harmonieux des territoires.
En ce qui concerne l’accessibilité financière, on devra travailler à l’aboutissement
des initiatives visant la mise en place d’une politique tarifaire volontariste pour le
milieu rural et semi-urbain. Il pourrait aussi être utile de concevoir un dispositif de suivi
de l’accessibilité financière aux services d’eau et d’assainissement afin de mieux
orienter les actions publiques.
Pour surmonter les nombreux défis, le Gouvernement pourrait améliorer la
gouvernance du secteur, finaliser et adopter la nouvelle politique nationale de l'eau,
les stratégies et les programmes opérationnels élaborés dans le contexte des ODD
(2016-2030) et entreprendre des activités de mobilisation de fonds.
Les progrès significatifs et pertinents réalisés par le Burkina Faso dans la préparation
de l'agenda post-OMD (ODD/ 2016-2030) constituent une lueur d'espoir pour ces
groupes cibles.

50
Analyse des allocations budgétaires et progrès en matière de santé
de la mère et de l’enfant

51
2.2- ANALYSE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE (MATERNELLE ET INFANTILE)

Le Burkina Faso est l’un des pays à fort taux de natalité avec une moyenne de 6
enfants par femme en âge de procréer. Avec un tel accroissement
démographique, les services publics appuyés par le privé n’arrivent pas à couvrir les
besoins de la population. Le Burkina Faso a mis en œuvre depuis 2001 une politique
volontariste de développement de l’offre sanitaire et de stimulation de la demande
à travers la Politique Sanitaire Nationale (PSN) adoptée en 2000. L’évaluation des
résultats atteints a permis au Gouvernement d’adopter une nouvelle politique
nationale de santé en 2011 et un deuxième Plan National de Développement
Sanitaire (PNDS II) sur la période 2011-2020 dans le but d’accélérer l’atteinte des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et relever les défis principaux
dans le secteur tout en s’inscrivant également dans la SCADD et dans le Schéma
National d'Aménagement du Territoire (SNAT).

Les réformes mises en œuvre par le Burkina Faso depuis 2001 avec le PNDS I et
ensuite dans le cadre du PNDS II, ont produit des résultats tangibles. Les ressources
publiques affectées au secteur de la santé ont permis d’accroître quantitativement
et qualitativement les offres des formations sanitaires. Elles ont bénéficié d’opérations
importantes de recrutement et de formation d’agents de santé ayant contribué à
augmenter de près de 15% entre 2006 et 2014 des formations sanitaires remplissant
les normes minimales en personnel avec une cible de 90% en 2014. Aussi ces
ressources publiques ont- elles permis de rapprocher les formations sanitaires des
usagers. En effet, les ménages voient réduite la distance moyenne à parcourir pour
rejoindre une formation sanitaire publique. Le rayon d’action des formations
sanitaires est passé de 7,83km en 2006 à 6,9km en 2014 avec une cible de 6,5km en
2014.

Des progrès ont été enregistrés dans l’offre de santé avec un développement de
l’offre du paquet minimum d’activités standard dans tous les Centres de Santé et de
Protection Sociale (CSPS) fonctionnels, la hausse de l’utilisation des services avec un
accroissement des nouveaux contacts, l’amélioration des couvertures vaccinales.
Enfin, les services de prévention de l’infection à VIH et la prise en charge des
personnes vivant avec le VIH(PVVIH) se sont nettement améliorés. Des programmes
spécifiques ont été développés en faveur des groupes vulnérables comme les
mères, les enfants. La disponibilité des médicaments et consommables médicaux
s’est également améliorée. La déconcentration de la Centrale d’achat des
Médicaments Génériques et des Consommables Médicaux (CAMEG) a contribué à
une accessibilité accrue des médicaments. Les indicateurs d’impact connaissent
également une amélioration évidente liée essentiellement à la qualité des
infrastructures sanitaires et aux prestations offertes. Les conditions rendant mortelles
l’épidémie du paludisme sont réduites pour la couche la plus vulnérable notamment
les enfants et les femmes.

Malgré les efforts consentis et les résultats atteints dans certains domaines de la
santé, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) n’ont pu être réalisés
à fin 2015 et le secteur de la santé reste confronté dans son ensemble à des défis
majeurs. La démographie galopante, notamment dans les zones rurales, est une
contrainte additionnelle pour l’atteinte des ODD en 2020. Le pays connait une
tradition épidémiologique marquée par des maladies transmissibles et non
transmissibles. Ces maladies mettent à rude épreuve la santé des populations avec

52
leur corollaire de morbi-mortalité. La collaboration intra-sectorielle et intersectorielle
insuffisante (entre les sous-secteurs publics et privés) ne permet pas d’assurer une
couverture convenable des maladies transmissibles et non transmissibles qui
touchent plus les populations rurales. Le système de santé au Burkina Faso a besoin
d’être renforcé afin de lever les goulots d’étranglement qui entravent l’amélioration
du système de santé dans son ensemble.

Au titre des mesures fortes retenues par le nouvel exécutif au sortir des élections
couplées (présidentielle et législatives) de fin 2015, figure la gratuité des soins pour la
mère et les enfants de moins de cinq (5) ans. Il s’agira, selon les ambitions du
Gouvernement, de renforcer et rendre plus accessibles les soins de santé à une
certaine catégorie plus vulnérable d’enfants et de femmes. Cette mesure, qui a
démarré par trois (3) régions du Burkina Faso (Centre, Hauts-Bassins et Sahel)
pendant deux mois (avril et mai 2016) se justifie par le fait que ces dernières ont,
selon le Gouvernement, un mauvais niveau des indicateurs comme l’indice de
pauvreté, les mortalités maternelle et néonatale. Depuis le 1er juin 2016, la gratuité
des soins pour la mère et les enfants de moins de cinq (5) ans est entrée en vigueur
sur toute l’étendue du territoire burkinabè.

Selon le RGPH (2006), les quotients de mortalité infanto-juvénile se situent dans les
régions du Centre, des Hauts Bassins et du Sahel respectivement à 80,2‰ ; 133,4‰ et
153,0‰. En 2013, le nombre de décès néo-natal (enfants de 0 à 28 jours) est de 219
pour la région du Centre, 331 pour la région des Hauts Bassins et 129 pour la région
du Sahel, pour une moyenne nationale de 34,9 (Annuaire MS, 2013). Le nombre de
décès de femmes en couche, toutes causes confondues, s’élevait à 158 dans la
région du Centre, 121 dans la région des Hauts Bassins et 117 dans la région du Sahel
en 2013. Ce qui représente respectivement 20,9% ; 16,0% et 15,5% des cas totaux de
décès de femmes en couche. A eux trois, ces régions cumulent ainsi plus de 52% des
décès maternelles en 2013. La région du Sahel présente ainsi le taux de mortalité de
parturientes le plus élevé avec un niveau de 303,1 pour 100 000 parturientes
(Annuaire MS, 2013). Les taux de létalité dus au paludisme sont de 1,7% pour les
enfants de moins de 5 ans et 0,4% pour les femmes enceintes dans la région du
Centre. Ces taux sont respectivement de 3,8% et 0,4% dans la région des Hauts
Bassins et de 3,9% et 0,3% dans la région du Sahel.

La problématique de la santé maternelle et infantile se pose toujours avec acuité


particulière au regard de la vulnérabilité de cette frange de la population, et surtout
des taux de mortalité infantile, infanto-juvénile et maternelle, relativement élevés par
rapport aux normes internationales, et ce malgré les progrès réalisés ces dernières
années. La situation de la santé de la femme reste marquée par une morbidité et
une mortalité maternelles élevées (PNDS 2011-2020).

Comment les questions de santé en général, et de la santé de la reproduction,


maternelle, néonatale et infantile (SRMNI) en particulier sont-elles prises en compte
dans les dépenses publiques de l’Etat ? Cette section du rapport apporte des
éléments de réponses à ces questions en analysant les dépenses publiques du
secteur de la santé en général et de la SRMNI en particulier. Auparavant, le cadre
institutionnel de la santé est décrit.

53
2.2.1- Cadre institutionnel de la santé au Burkina Faso

Lors du Sommet des Chefs d’Etat à Abuja en 2001, les Etats africains s’engageaient à
accorder 15% de leur budget national au secteur de la santé. En se fondant sur le
principe que la santé est un droit basique pour les populations, le gouvernement
burkinabè a pris des engagements, à travers la Stratégie mondiale pour la santé de
la femme et de l'enfant, à développer et mettre en œuvre un plan sur les ressources
humaines pour la santé. En 2011, au cours de la conférence de Ouagadougou sur le
Planning familial, le gouvernement burkinabè s’est engagé à (i) atteindre un
accroissement de la prévalence contraceptive de 2,7 points par an, (ii) réduire d’au
moins 50% les prix des produits contraceptifs, (iii) augmenter de 15% chaque année
la dotation de la ligne destinée à l’achat des produits contraceptifs sur le budget de
l’État.

Suite au sommet de la Planification Familiale (PF) à Londres en 2012, le Burkina Faso


s’est engagé à augmenter les ressources allouées à la PF dans les budgets de l’État,
à suivre régulièrement la disponibilité des produits contraceptifs à tous les niveaux. En
soutenant la Campagne Accélérée pour la Réduction de la Mortalité Maternelle en
Afrique (CARMMA), l’initiative conjointe de la Commission de l’Union Africaine et de
l’UNFPA pour la réduction de la mortalité maternelle de 75% d’ici 2015 dans les pays
africains, le gouvernement s’est engagé à mener des discussions sur les politiques, le
plaidoyer et la mobilisation sociale pour susciter un engagement politique et pour
augmenter les ressources en faveur de la santé maternelle. Adoptés au Sommet sur
le développement durable le 25 septembre 2015, les Objectifs de Développement
Durable (ODD) visent à mettre fin à la pauvreté, à lutter contre les inégalités et
l'injustice, et à faire face au changement climatique d'ici à 2030. Le troisième
objectif de développement durable est relatif à la bonne santé et au bien-être des
populations de la terre. En matière de santé, les ODD s’engagent audacieusement à
enrayer l’épidémie de sida, la tuberculose, le paludisme et d’autres maladies
transmissibles d’ici 2030. Le but visé est que chacun dispose d’une couverture
maladie universelle et ait accès à des vaccins et médicaments sûrs et efficaces.

Engagé depuis 2001 dans un vaste programme de développement sanitaire basé


sur une nouvelle orientation de la politique sanitaire du Burkina Faso, le ministère de
la santé met en œuvre la politique nationale de santé du Gouvernement à travers le
Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) qui tient compte de plusieurs
années d’expériences accumulées depuis l'adoption de la stratégie des Soins de
Santé Primaires (SSP) et qui actuellement couvre la période 2011-2020. L’objectif
général du PNDS 2011-2020 est de contribuer à l’amélioration de l’état de santé des
populations. Pour atteindre cet objectif général, huit orientations stratégiques ont
été retenues à savoir (i) le développement du leadership et de la gouvernance dans
le secteur de la santé ; (ii) l’amélioration des prestations de services de santé ; (iii) la
promotion de la santé et la lutte contre la maladie ; (iv) le développement des
ressources humaines pour la santé ; (v) le développement des infrastructures, des
équipements et des produits de santé ; (vi) l’amélioration de la gestion du système
d’information sanitaire ; (vii) la promotion de la recherche pour la santé ; (viii)
l’accroissement du financement de la santé et l’amélioration de l’accessibilité
financière des populations aux services de santé.

La Politique Sanitaire Nationale (PSN), adoptée en 2010, est mise en œuvre à travers
le PNDS. Du diagnostic du secteur de la santé, préalable à l’élaboration de cette

54
politique, neuf (09) problèmes prioritaires ont été mis en évidence. Il s’agit de : (i) une
collaboration intersectorielle insuffisante et une faible performance du système de
santé en termes de gouvernance et de prestations de services ; (ii) un état de santé
de la population caractérisée par une forte charge de morbidité et une surmortalité
chez la mère et l’enfant ; (iii) une qualité et une sécurité sanitaire des aliments peu
satisfaisantes ; (iv) des ressources humaines caractérisées par leur insuffisance en
quantité et en qualité et leur gestion peu performante ; (v) des produits de santé
(médicaments, consommables, vaccins, produits sanguins) caractérisées par leur
insuffisance en qualité et en couverture des besoins ; (vi) des infrastructures, des
équipements et une logistique caractérisés par leur insuffisance en couverture et en
maintenance ; (vii) une gestion peu performante du système d’information sanitaire ;
(viii) une recherche pour la santé insuffisamment coordonnée et une faible utilisation
des résultats pour la prise de décision ; (ix) un financement insuffisant de la santé et
une gestion peu rationnelle des ressources allouées.

Le Burkina Faso a également adhéré à la position commune africaine pour une


« Afrique Digne des Enfants » (ADE) et au plan d’actions pour un « Monde Digne des
Enfants » (MDE). Ce qui l’engage à veiller non seulement à leur prise en compte mais
aussi à leur mise en œuvre à travers les grandes orientations de la politique nationale
de développement.

Il ressort ainsi que la situation de la santé maternelle et infantile apparait comme


préoccupante malgré les progrès enregistrés. En effet, selon le diagnostic établi,
l’état de santé de la population est caractérisé par une forte charge de morbidité et
une surmortalité chez la mère et l’enfant. Le ratio de mortalité maternelle, qui était
de 48414 pour 100 000 naissances vivantes en 1998, est passé à 307,315 naissances
vivantes en 2006. Le taux de mortalité infantile est de 91,7 pour 1000 naissances
vivantes et celui de la mortalité infanto-juvénile de 141,9 pour 1000 naissances
vivantes. Les principales causes de la mortalité maternelle sont les hémorragies
(rupture utérine, hémorragie de la délivrance), les infections, l'anémie ou encore les
complications de l'hypertension artérielle. A ces causes s'ajoutent des facteurs
aggravant tels que le faible pouvoir d'achat de nombreux ménages (surtout en
milieu rural), les ruptures de stock des kits opératoires qui retardent les interventions
chirurgicales ou encore la pénurie de sang dans les banques d'urgence. Le taux de
prévalence contraceptive globale est estimée à 16,2%, la fécondité de femmes
demeure assez forte avec en moyenne 6 enfants par femme ou encore des
pratiques néfastes qui perdurent telles que l'excision, le rapt des filles ou les mariages
précoces/forcés. Il ressort donc que la mère et l’enfant constituent les groupes les
plus vulnérables de la population.

Au regard de ces préoccupations, la nouvelle PSN élaborée en 2010 et le PNDS


2011-2020 accordent une place de choix à l’amélioration de la santé maternelle et
infantile afin de favoriser l’atteinte des ODD en la matière. La prise en compte de la
santé maternelle et infantile dans la PSN et la PNDS est perceptible à deux niveaux.
D’abord au niveau des fondements de cette politique, qui reposent sur les
engagements internationaux relatifs à la mère et à l’enfant, plus particulièrement la
santé maternelle et infantile. Il s’agit notamment de :

- la déclaration du millénaire pour le développement ;

14
EDS, 1998
15
RGPH, 2006

55
- la convention relative aux droits de l’enfant ;
- la convention relative à la lutte contre toutes les formes de discriminations à
l’égard des femmes ;
- la plate-forme de Beijing ;
- la déclaration du forum mondial de Bamako sur la recherche pour la santé, le
développement et l’équité.

Ensuite, la prise en compte de la santé maternelle et infantile est perceptible


également au niveau des indicateurs d’impact de la PNDS 2011-2020. Ainsi, pour
mesurer l’atteinte de l’objectif général de la PNDS qui est de « contribuer à
l’amélioration de l’état de santé des populations », sept (07) indicateurs ont été
définis dont quatre (04) concernent la santé maternelle et infantile. Cela montre que
la santé maternelle et infantile est au cœur de la PNDS.

Encadré 1 - Vision, but, objectif et résultats de la PNDS 2011-2020


Vision Un meilleur état de santé possible à l’ensemble de la population à
travers un système de santé national performant

But Contribuer au bien-être des populations

Objectif Contribuer à l’amélioration de l’état de santé des populations

Impact Les impacts de la mise en œuvre du PNDS sont :


une réduction du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans de
184 pour 1000 naissances vivantes à 54,69 pour 1000 en 2020 ;
une réduction du ratio de la mortalité maternelle de 484 pour 100 000
naissances vivantes à 242 pour 100 000 naissances vivantes en 2020 ;
une réduction du taux de mortalité néonatale de 131 pour 1000
naissances vivantes à 91,6 pour 1000 en 2020 ;
les létalités liées aux maladies telles que le paludisme, la tuberculose et
le VIH/SIDA seront réduites respectivement de 65,9%, 51,5% et 94,4% par
rapport à leur niveau de 2011 ;
le taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans
passerait de 29% en 2011 à 23% en 2020.
Source : PNDS 2011-2020

Aussi, une analyse des orientations stratégiques montre une prise en compte de la
santé maternelle et infantile dans les documents de planification stratégique et
opérationnelle. Sur les huit (08) objectifs stratégiques, il y a un objectif qui porte
notamment sur la question de la santé maternelle et infantile. Il s’agit de l’orientation
stratégique 2 « Amélioration des prestations des services de santé ». Cette
orientation comporte un seul objectif spécifique « Accroître l’utilisation des services
de santé et de nutrition de qualité en faveur de la population en général et des
groupes spécifiques en particulier. Des cinq (05) axes d’intervention de cet objectif
spécifique, deux concernent la santé maternelle et infantile « Renforcement de
l’offre de santé de qualité en faveur de la santé de la mère et de l’enfant » et
«Renforcement de l’offre de services de nutrition de qualité ». A cette fin, plusieurs
actions prioritaires sont proposées.

56
Tableau 28 - Actions prioritaires en matière de santé maternelle et infantile
Orientation stratégique 2 : Amélioration des prestations des services de santé
Objectifs Axes Actions prioritaires
spécifiques d’intervention
2.1- 2.1.2 poursuivre le repositionnement de la planification
Accroître « Renforcement familiale ;
l’utilisation de l’offre de poursuivre la mise en œuvre de la PCIME au niveau
des santé de de l’ensemble des CSPS et au niveau
services qualité en communautaire ;
de santé et faveur de la assurer une offre de soins de santé de la
de nutrition santé de la reproduction à tous les niveaux du système de
de qualité mère et de santé ;
en faveur l’enfant » assurer la permanence des soins d’accouchements,
des de soins obstétricaux et néonataux d’urgence de
groupes base dans les CSPS et complets au niveau de
spécifiques l’ensemble des structures de référence ;
en poursuivre la mise en œuvre de la PTME/VIH ;
particulier poursuivre la mise en œuvre des TETU dans toutes les
structures de référence ;
assurer une prise en charge efficace de la santé du
nouveau-né.
2.1.3 renforcer la surveillance et la prise en charge
Renforcement nutritionnelle des enfants ;
de l’offre de promouvoir les pratiques appropriées de
services de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ;
nutrition de renforcer la lutte contre les carences en
qualité micronutriments ;
renforcer la lutte contre les maladies chroniques non
transmissibles liées à la nutrition ;
améliorer la mise en œuvre du PMA nutrition dans
les structures d’offre de soins ;
renforcer l’offre des services à base communautaire
en matière de nutrition ;
renforcer la coordination intra sectorielle et la
collaboration intersectorielle en matière de nutrition.
Source : PNDS 2011-2020

Dans le domaine spécifique de la planification familiale, le Plan Stratégique de


Sécurisation des Produits de Santé de la Reproduction (PSSPSR) 2009-2015 est une
base de référence pour répondre aux contraintes et difficultés de financement,
d’offre, d’utilisation et de la coordination des services. Ce plan vise à assurer une
disponibilité pérenne et une utilisation rationnelle des services en santé de la
reproduction. Elaboré en 2009, le PSSPSR s’exécute sur la base d’un budget de 52
480 971 509 FCFA16 dont le montant se répartit entre l’achat des produits de
contraceptifs, les kits IST, les produits anténataux, les moustiquaires, les produits SONU,
les produits PTME, les produits pour les infections opportunistes, les produits pour la
Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME). Ce document se
complète par un Plan de communication en santé de la reproduction visant à

16
Ministère de la santé, Plan stratégique de sécurisation des produits de la santé de la reproduction 2009-
2015.

57
réduire « la faible capacité des acteurs dans le domaine de la conception des
messages et supports d’IEC et d’améliorer l’accès des populations à des
informations de qualité en matière de santé de la reproduction »17.

Elaboré en février 2008, le Cadre d’Orientation Stratégique pour la promotion de


l’Enfant au Burkina Faso (COSPE 2008-2017) traduit la volonté des autorités burkinabè
d’inscrire résolument les préoccupations liées à la survie, à la protection et au
développement de l’enfant dans la stratégie nationale de développement. Cet
engagement fait suite à la ratification en 1990 de la Convention des Nations Unies
relative aux Droits de l’Enfant (CDE) à la ratification en 1992 de la Charte Africaine
des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE) et à la participation du pays au
Sommet Mondial pour les enfants. En application des conclusions du Sommet
mondial pour les enfants, plusieurs Plans d’actions national pour la survie, la
protection et le développement de l’enfant, dénommé PAN/Enfance ont été
élaborés et mis en œuvre.

Annoncées par le nouveau gouvernement le 2 mars 2016, les mesures de


renforcement de l’assise communautaire du système de santé burkinabè et de
facilitation de l’accessibilité financière des soins au profit des enfants de moins de 5
ans et de la femme ont vu leur chronogramme et modalités de mise en œuvre
adoptés le 16 mars 2016. Le gouvernement du Burkina Faso, sous l’autorité du
Président, a ainsi décidé en Conseil des Ministres, de la gratuité des soins chez les
enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, des accouchements et des
césariennes, et du dépistage des cancers du sein et de l’utérus, à compter du 2 avril
2016. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont largement reconnus comme
des groupes prioritaires, d’abord sous l’impulsion des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), et dorénavant inscrits dans l’objectif de la Couverture
Universelle de Santé (CUS) dans le cadre des ODD. La mise en œuvre des mesures
de gratuité se fera, selon le Gouvernement, de façon progressive jusqu’à couvrir
l’ensemble du territoire national. Ces mesures ont démarré avec trois (3) régions du
Burkina Faso (Centre, Hauts-Bassins, Sahel) pendant deux mois (avril et mai 2016) et
sont effectives depuis le 1er juin 2016 sur toute l’étendue du territoire national.

On peut donc conclure que la santé maternelle et infantile est une question majeure
de la PSN, de la PNDS et du Gouvernement en termes d’engagements et de
prévisions. Toutefois, en matière de réalisations, il ressort, selon le rapport de l’analyse
initiale de situation de la santé néonatale et infantile18, que des faiblesses demeurent
en termes de couverture géographique, notamment au niveau de la CPN, de la
planification familiale, de l’assistance à l’accouchement et la vaccination, au
niveau de la promotion de l’allaitement ainsi que dans le domaine de la lutte contre
le paludisme.

D’une manière générale, les faiblesses liées au continuum de soins s’expliquent par :

- une faible implication des communautés dans les activités de planification


familiale et de consultation prénatale ;

17
Revue de la Feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, Rapport provisoire,
juin 2012.
18
UNICEF, Rapport de l’Analyse initiale de situation de la santé néonatale et infantile dans le cadre des fonds
français MUSKOKA au Burkina Faso, Décembre 2012.

58
- l’insuffisance de compétences des agents pour l’offre de planification
familiale et de consultation pré natale dans les structures de soins ;
- l’insuffisance dans la gestion des produits contraceptifs et des intrants de la
consultation pré natale ;
- l’insuffisance de la qualité de la surveillance du travail, de l’accouchement et
des suites de couches immédiates ;
- l’insuffisance de matériel de réanimation du nouveau-né et des ventouses
dans les CSPS ;
- la répartition inégale des ressources humaines ;
- l’insuffisance d’information et de conseils sur les pratiques familiales clés ;
- l’insuffisance dans l’offre des soins du postpartum pour la mère et le nouveau-
né ;
- l’absence de prise en charge du nouveau-né au niveau communautaire.

Les différents rapports et évaluations des PAN/Enfance mis en œuvre révèlent


qu’avec l’appui des partenaires au développement, notamment l’UNICEF,
d’importants efforts ont été accomplis en faveur de l’enfant burkinabè. En dépit des
efforts accomplis, il y a cependant lieu de constater avec réalisme que les défis à
relever restent encore énormes. En effet, les visions dessinées depuis le Sommet
mondial pour les enfants sont encore loin d’être réalisées du fait des insuffisances
suivantes : (i) près de la moitié des enfants d’âge scolaire n’ont pas accès au
système scolaire ; (ii) certains enfants scolarisés ont tendance à abandonner l’école
pour se retrouver dans des sites miniers ; (iii) les enfants sont encore victimes de
nombreuses violences, d’abus sexuels, de trafic, des pires formes de travail, de
l’impact de la pauvreté et de plusieurs maladies ;(iv) la pandémie du VIH/SIDA vient
noircir ce tableau déjà sombre. Bref, l’enfant burkinabé ne jouit pas encore
pleinement des droits qui lui sont reconnus.

2.2.2- Analyse des dépenses publiques du secteur de la santé

Dans le cadre de la présente étude, le secteur de la santé est délimité à partir de la


classification fonctionnelle du budget de l’Etat. Cette classification considère
comme dépenses du secteur de la santé toutes les natures de dépenses relatives à
la santé des populations, qu’elles relèvent du ministère de la santé ou d’autres
ministères et institutions.

Sur la période 2012-2016, la part des dépenses du secteur de la santé dans les
dépenses totales de l’Etat ont représenté en moyenne 7,1%, un peu moins de la
moitié des points de pourcentage du taux de 15% recommandé au sommet des
Chefs d’Etat à Abuja en 2001.

Les dotations budgétaires du secteur de la santé ont connu un rythme d’évolution


en dents de scie entre 2012 et 2016. D’un niveau de 101,74 milliards francs CFA en
2011, les dotations budgétaires au secteur de la santé se sont situées à 135,51
milliards francs CFA en 2015, après des montants de 119,67 milliards F CFA en 2012,
67,37 milliards francs CFA en 2013 et 146,15 milliards francs CFA en 2014. Ce qui
donne un rythme d’accroissement instable sur la période. En moyenne géométrique,
les dotations de dépenses du secteur de la santé ont augmenté de 8,3% sur la
période 2011-2015.

59
Graphique 31- Evolution du taux d’accroissement des dotations du secteur de la
santé sur la période 2011-2015

150.0%

100.0%

50.0%
Taux
0.0%
2011 2012 2013 2014 2015
-50.0%

-100.0%
Source : construit à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

En ce qui concerne les niveaux d’exécution des dépenses publiques du secteur de


la santé, le rythme d’évolution a été plus ou moins à l’image des dotations en
passant d’un taux de +5,0% en 2011 à -7,1% en 2015. En moyenne géométrique, les
dépenses du secteur de la santé qui ont été exécutées au cours de la période 2011-
2015, ont augmenté de seulement 0,26%.

Graphique 32- Evolution du rythme de croissance des dépenses exécutées au


niveau du secteur de la santé sur la période 2011-2015
30.0%

20.0%

10.0%
Taux
0.0%
2011 2012 2013 2014 2015
-10.0%

-20.0%
Source : construit à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

Les dotations budgétaires du secteur de la santé représentent en moyenne une part


de 7,4% des dotations budgétaires totales sur la période 2011-2015. Quant aux
niveaux d’exécution, ils sont en moyenne de l’ordre de 7,0% sur la même période.
Ces proportions sont nettement en deçà des objectifs de la déclaration d’Abuja
(2000) qui veulent que 15% du budget de l’Etat soit consacré aux dépenses de
santé.

60
Graphique 33- Evolutions des parts budgétaires consacrées au secteur de la santé
dans le budget total sur la période 2011-2015

Evolution de la part des Evolution de la part des


dotations réalisations
10.0% 10.0%
8.5% 8.4% 8.4% 8.2%
8.0% 7.2% 8.0% 7.2% 6.9%
6.4% 6.6%
6.0% 6.0%
4.3%
4.0% 4.0%

2.0% 2.0%
0.0% 0.0%
2011 2012 2013 2014 2015 2011 2012 2013 2014 2015
Part dotations Part exécutions
Source : construits à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

Les graphiques ci-dessus indiquent clairement, tant en termes de dotations


budgétaires ou en termes d’exécution des dépenses publiques de santé, que les
parts budgétaires consacrées au secteur de la santé n’ont jamais atteint 10% sur la
période 2011-2015. La part maximale constatée de part et d’autre a été celle de
2011 avec 8,5% pour les dotations et 8,2% pour les réalisations. Ces constats laissent
croire que les efforts en faveur du secteur de la santé sont plus ou moins plafonnés
autour de 8% depuis 2011.

En moyenne, sur la période 2011-2015, les parts les plus importantes en termes de
dotations budgétaires sont consacrées à la classe 4 « Affaires économiques »
(35,1%), la classe 1 « Services Généraux des administrations publiques » (27,3%) et à
la classe 9 « Enseignement » (15,6%). Ces trois classes partagent ainsi à elles seules
près de 3/4 des dotations budgétaires globales. La classe 7 « Santé » ne vient qu’en
4ème position avec une part moyenne de 7,4% sur la période étudiée, largement
inférieure à 15%. Au sein du secteur de la santé, les parts budgétaires les plus élevées
sont consacrées aux services n.c.a. (non classés ailleurs) avec 46,5% des dotations
du secteur de la santé. Suivent ensuite les services hospitaliers et les services de santé
publique avec des moyennes annuelles respectives de 24,2% et 20,9% du budget du
secteur de la santé. Le poids considérable des services n.c.a. implique la nécessité
de veiller davantage à une meilleure sous classification des catégories de dépenses
publiques à l’intérieur du secteur de la santé.

Tableau 29- Parts des dotations budgétaires par classe fonctionnelle sur la période
2011-2015
2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne
Services généraux des administrations
1 publiques 24,4% 31,9% 30,9% 26,9% 22,2% 27,3%
2 Défense 5,2% 4,6% 5,9% 4,9% 4,9% 5,1%
3 Ordre et sécurité publics 2,5% 2,3% 3,0% 2,8% 4,3% 3,0%
4 Affaires économiques 34,1% 33,6% 35,7% 35,5% 36,5% 35,1%
5 Protection de l'environnement 0,8% 0,5% 0,4% 1,6% 0,9% 0,9%

61
2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne
6 Logement et équipements collectifs 2,8% 1,9% 1,2% 2,4% 2,6% 2,2%
7 Santé 8,5% 7,2% 4,3% 8,4% 8,4% 7,4%

71 Produits, appareils et matériels médicaux 0,8% 4,4% 6,0% 0,6% 0,1% 2,4%
72 Services ambulatoires 8,6% 7,5% 9,4% 0,0% 0,0% 5,1%
73 Services hospitaliers 17,6% 21,1% 37,5% 23,2% 21,2% 24,2%
74 Services de santé publique 22,9% 17,8% 14,9% 25,5% 23,6% 20,9%
75 R-D dans le domaine de la santé 0,7% 0,6% 1,1% 1,3% 1,0% 0,9%
76 Santé n.c.a. 49,4% 48,6% 31,1% 49,4% 54,2% 46,5%

8 Loisirs, culture et culte 1,6% 2,1% 1,9% 0,7% 0,7% 1,4%


9 Enseignement 17,5% 13,8% 15,1% 15,5% 16,2% 15,6%
10 Protection sociale 2,5% 2,1% 1,6% 1,3% 3,2% 2,1%
Source : calculs faits à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

De même, en ce qui concerne les niveaux d’exécutions budgétaires, les parts les
plus importantes sont relevées au niveau des classes fonctionnelles 1, 4 et 9 avec
respectivement 32,0%, 27,7% et 17,6% de parts d’exécution annuelles moyennes sur
la période 2011-2015.

Tableau 30 -Parts des exécutions budgétaires par classe fonctionnelle sur la période
2011-2015
2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne
Services généraux des administrations
1 publiques 31,2% 39,6% 34,6% 25,2% 29,4% 32,0%
2 Défense 6,9% 5,9% 7,0% 6,8% 6,9% 6,7%
3 Ordre et sécurité publics 2,8% 2,8% 3,2% 3,0% 3,6% 3,1%
4 Affaires économiques 26,7% 23,3% 26,2% 33,4% 29,0% 27,7%
5 Protection de l'environnement 0,2% 0,1% 0,2% 1,4% 0,9% 0,6%
6 Logement et équipements collectifs 1,7% 1,4% 1,0% 1,8% 1,5% 1,5%
7 Santé 8,2% 7,2% 6,4% 6,6% 6,9% 7,0%

71 Produits, appareils et matériels médicaux 0,3% 3,0% 4,8% 0,7% 0,1% 1,8%
72 Services ambulatoires 10,3% 9,6% 7,7% 0,0% 0,0% 5,5%
73 Services hospitaliers 24,3% 24,9% 24,6% 24,5% 28,6% 25,4%
74 Services de santé publique 7,1% 7,8% 6,1% 15,6% 22,3% 11,8%
75 R-D dans le domaine de la santé 0,9% 0,8% 0,9% 2,1% 1,7% 1,3%
76 Santé n.c.a. 57,1% 54,0% 55,9% 57,1% 47,3% 54,3%

8 Loisirs, culture et culte 1,6% 2,6% 2,2% 0,8% 0,9% 1,6%


9 Enseignement 17,6% 14,8% 17,5% 19,7% 18,2% 17,6%
10 Protection sociale 3,2% 2,3% 1,6% 1,3% 2,7% 2,2%
Source : calculs faits à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

Il convient de remarquer que la part budgétaire du secteur de la santé en termes


d’exécution, qui est de 7,0% en moyenne sur la période 2011-2015, est supérieure à
celle de la Défense de seulement 0,3 point de pourcentage en moyenne.
Autrement dit, en matière d’exécution budgétaire, la classe 02 « Défense »

62
consomme presqu’autant de ressources publiques que le secteur de la santé.
Pourtant, en matière de prévision budgétaire, le secteur de la santé reçoit en
moyenne7, 4% des prévisions globales de dépenses contre 5,1% pour la Défense. Ce
phénomène est lié en partie au fait qu’en matière d’exécution budgétaire, le
secteur de la santé est généralement plus exposé aux impératifs de la conjoncture
budgétaire que celui de la défense.

En effet, comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous, le taux d’exécution


du budget de la défense est en moyenne de 98,1% sur la période 2011-2015. Ce qui
n’est pas le cas pour le secteur de la santé dont le taux d’exécution des dépenses
budgétaires est en moyenne de 76,5% sur la période considérée. Exception faite de
l’année 2013, le taux d’exécution des dépenses publiques de santé n’a jamais
atteint 80% sur la période 2011-2015. En 2014 et 2015, ce taux est à peine égal à 55%
tandis que celui de la Défense est d’au moins 95%, en dépit d’une baisse relative des
niveaux d’exécution des dépenses de l’ensemble des classes fonctionnelles pour ces
deux dernières années. Cette situation est liée au processus de la fin tumultueuse de
l’année 2014, qui a connu un phénomène d’attentisme de la part des acteurs
économiques et à la conduite de la transition politique, au cours de laquelle la
tendance était plus à une gestion courante des affaires sans plus.

Tableau 31 -Taux d’exécution des dépenses par classe fonctionnelle sur la période
2011-2015
2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne
Services généraux des administrations
1 publiques 95,9% 96,7% 92,6% 65,9% 89,1% 88,1%
2 Défense 99,2% 99,4% 99,4% 97,6% 94,9% 98,1%
3 Ordre et sécurité publics 82,8% 93,2% 86,0% 75,5% 57,3% 79,0%
4 Affaires économiques 58,7% 53,9% 60,6% 66,4% 53,6% 58,7%
5 Protection de l'environnement 17,2% 24,4% 35,7% 60,5% 65,1% 40,6%
6 Logement et équipements collectifs 46,4% 56,0% 66,3% 50,8% 38,6% 51,6%
7 Santé 72,4% 77,6% 122,7% 54,8% 54,9% 76,5%

71 Produits, appareils et matériels médicaux 28,7% 52,3% 98,2% 66,7% 100,0% 69,2%
72 Services ambulatoires 86,1% 99,2% 99,8% 95,0%
73 Services hospitaliers 100,0% 91,3% 80,5% 57,7% 73,8% 80,7%
74 Services de santé publique 22,4% 34,0% 50,3% 33,6% 52,0% 38,4%
75 R-D dans le domaine de la santé 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
76 Santé n.c.a. 83,6% 86,2% 220,9% 63,3% 48,0% 100,4%

8 Loisirs, culture et culte 74,9% 97,6% 97,9% 84,8% 81,5% 87,3%


9 Enseignement 75,2% 84,0% 95,9% 89,9% 75,8% 84,2%
10 Protection sociale 94,5% 86,7% 85,8% 71,4% 56,7% 79,0%
Source : calculs faits à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

En règle générale, la Défense est la classe fonctionnelle qui connait le taux


d’exécution des dépenses le plus élevé sur toute la période de l’étude. Ainsi, les
prévisions budgétaires sont plus ou moins exécutées entièrement au niveau de cette
classe fonctionnelle. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les autres classes
fonctionnelles, compte tenu des difficultés d’exécution des dépenses liées au retard
dans la mise œuvre des activités, à la lenteur des procédures administratives, aux

63
difficultés de passation des marchés publics, et en partie à l’insuffisance
d’organisation de certains acteurs impliqués dans la gestion budgétaire.

Graphique 34- Evolution du taux d’exécution des dépenses publiques du secteur de


la santé sur la période 2011-2015
150.0%
Pourcentage

100.0% Taux réel


Taux souhaité
50.0%

0.0%
2011 2012 2013 2014 2015
Source : construit à partir des données de la classification fonctionnelle du budget, MINEFID

Le taux d’exécution le plus faible (54,8%) a été relevé en 2014 et le plus fort (122,7%)
en 2013. Le faible taux d’exécution du budget du secteur de la santé en 2014 est
expliqué presque par l’ensemble des sous classes du secteur de la santé et
particulièrement par la faiblesse du niveau d’exécution des rubriques « services de
santé publique » et « Services n.c.a » comparativement aux autres années.

Tableau 32- Evolution des taux d’exécution des classes fonctionnelles sur la période
2011-2013
2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne
7 Santé 72,4% 77,6% 122,7% 54,8% 54,9% 76,5%
Produits, appareils et matériels
71 médicaux 28,7% 52,3% 98,2% 66,7% 100,0% 69,2%
72 Services ambulatoires 86,1% 99,2% 99,8% 95,0%
73 Services hospitaliers 100,0% 91,3% 80,5% 57,7% 73,8% 80,7%
74 Services de santé publique 22,4% 34,0% 50,3% 33,6% 52,0% 38,4%
75 R-D dans le domaine de la santé 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
76 Santé n.c.a. 83,6% 86,2% 220,9% 63,3% 48,0% 100,4%
Source : calculs faits à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

En général, sur la période 2011-2015, la rubrique « Services de santé publique » est la


plus faiblement exécutée avec un taux moyen annuel de 38,4%. Ce qui indique que
les services de santé publique exécutent moins de la moitié de leurs dotations
budgétaires compte tenu des difficultés de fonctionnement qu’ils connaissent. Le
niveau élevé d’exécution de la rubrique « Santé n.c.a. » de 100,4% en moyenne sur
la période étudiée, en dépit des baisses de 2014 et 2015, indique que cette dernière
rubrique semble faire l’objet d’attention particulière notamment au niveau des
services de santé. Le niveau d’exécution de 220,9% en 2013 laisse croire que la
prévision budgétaire n’a pas été bonne ou qu’il y a eu beaucoup d’imprévus au
cours de cette année.

Sur la période 2011-2015, les niveaux d’exécution des dépenses budgétaires du


secteur de la santé ont toujours été en deçà des dotations, exception faite de
l’année 2013 où le niveau d’exécution s’est situé au-dessus de la dotation. Toutefois,

64
il faut noter que ce niveau d’exécution est en net recul de 10,9% en 2013 par rapport
à son niveau de 2012.

Graphique 35- Evolution des niveaux de dotation et d’exécution de la fonction santé


sur la période 2011-2015
200,000,000,000

150,000,000,000
En F CFA

100,000,000,000

50,000,000,000

0
2011 2012 2013 2014 2015
Dotations Réalisations
Source : construit à partir des extractions de données de la classification fonctionnelle du budget,
MINEFID

Les allocations budgétaires pour les dépenses de la santé y compris les appuis
multiformes des partenaires techniques et financiers ont montré des limites quant au
financement de la santé. En effet, les besoins de financement du secteur de la santé
sont immenses au Burkina Faso pour assurer un meilleur accès des populations péri
urbaines et rurales aux soins de santé de qualité. Le financement insuffisant de la
santé et une gestion peu rationnelle des ressources allouées ont eu comme
conséquences une faible qualité des soins, un poids élevé des dépenses de santé
dans les dépenses des ménages ainsi qu’une forte morbidité et une surmortalité chez
la mère et l’enfant.

2.2.3- Analyse des dépenses publiques du ministère de la santé

Sur la période 2012-2016, les dotations budgétaires du Ministère de la Santé (MS) sont
passées de 118,75 milliards F CFA à 179,38 milliards F CFA entre 2012 et 2016, soit un
taux d’accroissement moyen annuel de 11,4% sur la période. Les dotations
budgétaires du ministère de la santé ont représenté en moyenne 8,5% du budget
total de l’Etat au cours de la période 2012-2016, la part la plus importante ayant été
relevée en 2015 avec 9,4% du budget de l’Etat. Quant à la part la plus faible de la
période concernée par l’étude, elle a été relevée en 2012 avec 7,4% du budget de
l’Etat.

Tableau 33- Dotations du ministère de la santé par titre de dépenses sur la période
2010-2015 (en milliers F CFA)
2012 2013 2014 2015 2016
Dépenses de 35 339 474 40 271 999 45 311 535 56 608 391 63 385 650
personnel (Titre 2)
Dépenses de 10 434 193 9 315 953 13 102 591 13 577 169 12 723 360
fonctionnement (Titre
3)
Dépenses de transferts 30 110 552 33 282 101 37 805 934 31 415 394 43 116 890
courants (Titre 4)
Dépenses 42 869 160 55 560 944 78 309 315 64 851 662 60 154 630
d'investissement (Titre
5)

65
2012 2013 2014 2015 2016
Total budget santé 118 753 379 138 430 997 174 529 375 166 452 616 179 380 530

Budget Etat 1 602 548 400 1 769 041 290 1 894 727 820 1 936 908 210 1 914 321 710

Part Santé / Etat 7,45% 7,8% 9,2% 8,6% 9,4%

Source : calculs faits à partir des données des lois de finances 2012-2016

Les dépenses du ministère de la santé sont constituées en moyenne de 38,7% de


dépenses d’investissement, qui constituent la part la plus importante sur la période
2012-2016. Cette catégorie de dépenses est suivie par les dépenses de personnel
(30,8% en moyenne) et les dépenses de transferts courants (22,8% en moyenne). Les
dépenses de fonctionnement pour leur part ne représentent qu’un poids de 7,1% en
moyenne dans l’ensemble des dépenses du ministère de la santé sur la période
2012-2016.

Tableau 34- Parts relatives des dotations budgétaires du ministère de la santé par
titre (en %)
2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne
Dépenses de personnel (Titre 2) 29,8 29,1 26,0 34,0 35,3 30,8
Dépenses de fonctionnement (Titre 3) 8,8 6,7 7,5 8,2 7,1 7,7
Dépenses de transferts courants (Titre 4) 25,4 24,0 21,7 18,9 24,0 22,8
Dépenses d'investissement (Titre 5) 36,1 40,1 44,9 39,0 33,5 38,7
Total 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Source : calculs faits à partir des données des lois de finances 2012-2016

Les dotations budgétaires du ministère de la santé ont plus ou moins évolué en dents
de scies sur la période de l’étude avec une baisse de croissance enregistrée en 2015
et un ralentissement du rythme de croissance constaté en 2013. En 2013, le
ralentissement du rythme de croissance des dotations étaient principalement liée
aux dépenses de fonctionnement qui ont connu une baisse de 10,7%. La baisse de
croissance notée en 2015, est liée à celle des dépenses de transferts courants et des
investissements, respectivement de l’ordre de 16,9% et 17,2%. En 2016, le rythme de
croissance a fortement ralenti en s’établissant à +7,8% pour une moyenne annuelle
de 12,8% sur la période. Cette situation est liée tant à la baisse des dépenses de
fonctionnement (-6,3%) qu’à celle des dépenses d’investissement (-7,2%).

Tableau 35- Taux de croissance des dotations budgétaires par titre (en %)
2012 2013 2014 2015 2016 TAMA
Dépenses de personnel (Titre 2) 23,2 14,0 12,5 24,9 12,0 19,8
Dépenses de fonctionnement (Titre 3,3 -10,7 40,6 3,6 -6,3 5,5
3)
Dépenses de transferts courants 20,0 10,5 13,6 -16,9 37,2 10,8
(Titre 4)
Dépenses d'investissement (Titre 5) 42,5 29,6 40,9 -17,2 -7,2 10,1
Total 26,4 16,6 26,1 -4,6 7,8 12,8
Source : calculs faits à partir des données des lois de finances 2012-2016

66
Sur la période 2012-2016, hormis les dépenses de personnel qui ont augmenté de
manière continue, toutes les autres catégories de dépenses ont connu des baisses
relatives. Les baisses les plus remarquables ont été constatées en 2015, notamment
pour les dépenses de transferts courants et les dépenses d’investissement du
ministère, comme le montre le graphique ci-dessous.

Graphique 36- Dynamique des titres budgétaires du ministère de la santé de 2012 à


2016

100,000.00
80,000.00
Titre 2
60,000.00
Titre 3
40,000.00
Titre 4
20,000.00
Titre 5
-
2012 2013 2014 2015 2016
Source : construit à partir des données des lois de finances 2012-2016

Le Taux d’Accroissement Moyen Annuel (TAMA) des dotations budgétaires du


ministère de la santé s’est situé à 12,8% sur la période étudiée. Malgré la forte baisse
des dépenses de santé en 2015, leur part dans le budget total a été relativement
importante au cours de la période avec 8,6%, nettement au-dessus des parts de
2012 (7,4%) et 2013 (7,8%). Ce qui indique ainsi une baisse générale des différentes
dotations budgétaires faites aux ministères en général et par conséquent du budget
de l’Etat pour l’année 2015 en particulier. Ce phénomène est principalement lié au
contexte de la transition amorcée en novembre 2014, à la suite de l’insurrection
populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Pour la mise en œuvre des mesures visant à renforcer et à rendre plus accessibles les
soins de santé à une certaine catégorie plus vulnérable d’enfants et de femmes, un
coût estimatif de 20 milliards de F CFA pour le reste de l’année 2016 a été prévu. Le
renforcement de la santé communautaire « se fera à travers le recrutement de 16
000 Agents de Santé à Base Communautaire (ASBC) qui œuvreront en collaboration
avec les agents de santé pour contribuer à la résolution des problèmes de santé des
populations », a précisé le ministre de la santé.

En théorie, on note que la question de la santé des populations, qui relève du


domaine social, est demeurée prioritaire pour le Gouvernement, du moins en termes
de dotations, tant en 2015 – en dépit du contexte difficile lié à la transition politique –
qu’en 2016, avec la prise en mains des affaires politiques par le nouvel Exécutif issue
des élections couplées présidentielles et législatives.

De manière pratique, en termes de niveau d’exécution du budget du ministère de la


santé sur la période 2012-2015, il ressort que le taux d’exécution le plus élevé a été
enregistré en 2012 avec 82,7%. Ce taux, à l’image de celui des autres années,
cache de fortes disparités. Le niveau d’exécution des dépenses de personnel est à
100,5%, celui des dépenses d’investissement, qui sont essentielles à la croissance, est
à seulement 52,4%. Sur la période 2012-2015, ce niveau d’exécution des dépenses
d’investissement a été le plus élevé, les autres étant en dessous de 46%. En 2014 et

67
2015 par exemple, le taux d’exécution des dépenses d’investissement est ressorti à
seulement 8,5% (2014) et 26,5% (2015). C’est dire que depuis 2012, le taux
d’exécution des dépenses d’investissement est très faible au niveau du ministère de
la santé. En moyenne, sur 100 F CFA prévus pour être investit, pas plus de 34 F CFA
ont été réellement dépensés en termes d’investissement par le ministère de la santé
sur la période 2012-2015.

Tableau 36- Taux d'exécution du budget du ministère de la santé de 2010 à 2015 (en
%)
2012 2013 2014 2015 Moyenne
Dépenses de personnel (Titre 2) 100,5 96,2 107,6 83,7 97,0
Dépenses de fonctionnement (Titre 3) 98,2 98,3 72,9 91,6 90,3
Dépenses de transferts courants (Titre 4) 99,7 100,0 65,5 93,9 89,8
Dépenses d'investissement (Titre 5) 52,4 45,8 08,5 26,5 33,3
Total 82,7 77,1 51,4 64,0 68,8
Source : calculs faits à partir des données du ministère

Comme le montre le graphique ci-dessous, hormis l’année 2012, les dépenses


d’investissement ont toujours été exécutées en dessous de 50% des prévisions sur la
période 2012-2015.

Graphique 37- Evolution du taux d’exécution des dépenses d’investissement du


ministère de la santé sur la période 2012-2015
60.0%

40.0%

Taux
20.0%

0.0%
2012 2013 2014 2015
Source : construit à partir des données du ministère de la santé

L’année 2014 a été la « pire » année d’exécution du budget du ministère de la


santé, avec seulement 51,4% au total, dont 8,5% pour les dépenses d’investissement
sur la période 2012-2015. Autant dire que presqu’aucun investissement n’a été fait
en 2014 au niveau de la santé pour aider à l’amélioration des conditions de santé
des populations. Ainsi, sur une prévision totale de 78,4 milliards de F CFA, seulement
6,63 milliards F CFA ont été dépensés. Pourtant, dans le même temps, les dépenses
de personnel ont été exécutées à un taux de 107,6%. En 2015, le taux d’exécution
des dépenses d’investissement est à seulement 26,5%. Cette situation, même si elle
est liée au phénomène d’attentisme constaté par les acteurs économiques et à la
phase de la transition politique, dénote un manque de volonté politique pour la
conduite des actions d’envergure et pour la mise en œuvre d’une stratégie
« inflexible » d’investissement dans le secteur de la santé. Si fait, la santé qui est dite
prioritaire, est en fin de compte brimée et relayée au second plan dans la réalité.

Le taux d’accroissement moyen annuel (TAMA) des dépenses exécutées au niveau


du ministère de la santé se situe à seulement 2,8% sur la période 2012-2015. Cette
moyenne cache de grandes disparités. Tandis que les dépenses de personnel et de

68
fonctionnement exécutées en termes de consommations budgétaires croissent
annuellement de 11,1% et 7,1% respectivement, les dépenses de transferts courants
et d’investissements diminuent respectivement de 0,6% et 7,9% en moyenne par an,
sur la période de l’étude.

Graphique 38- Taux d’accroissement moyen annuel des titres de dépenses de


consommation
20.0%

10.0%

0.0%
Titre 2 Titre 3 Titre 4 Titre 5
-10.0%
TAMA
Source : construit à partir des données du ministère de la santé

En termes relatifs, la part des dépenses exécutées du ministère de la santé dans les
dépenses totales effectuées par l’Etat est en moyenne de 7,5% sur la période 2013-
2015, la part la plus importante ayant été relevée en 2015 (8,1%) et la plus faible en
2014 (6,5%). En moyenne, on note ainsi que les dépenses exécutées au niveau du
ministère de la santé sont en dessous de la barre de 10% des dépenses totales de
l’Etat.

2.2.4- Analyse des dépenses publiques de SRMNI

La promotion de la Santé de la Reproduction, Maternelle, Néonatale et Infantile


(SRMNI) est une question préoccupante pour les Etats à travers le monde en général
et pour le Burkina Faso en particulier. C’est dans ce sens que le pays s’est engagé,
sur le plan international, africain et national, à accorder à la santé maternelle,
néonatale et infantile toute l’importance qu’elle mérite en termes d’actions. La
récente mesure de gratuité des soins de santé pour les enfants de 0 à 5 ans et pour
la mère va principalement dans ce sens. La mise en œuvre de cette mesure vise à
renforcer et à rendre plus accessibles les soins de santé à une certaine catégorie
plus vulnérable d’enfants et de femmes.

2.2.4.1- Analyse des dotations budgétaires de SRMNI en général

En triant les dépenses publiques faites dans le cadre du ministère de la santé


conformément à la nomenclature budgétaire de l’Etat, il a été possible d’identifier,
autant que faire se peut, les lignes budgétaires entrant dans la composition des
dépenses de SRMNI. Le tableau suivant donne les catégories de dépenses
identifiées dans ce sens.

Tableau 37- Catégories de dépenses publiques prises en compte en matière de


SRMNI
Section Chapitre Article Parag. Catégories de dépenses SRMNI
21 61139 63 639 ACOUCHEMTS & SOINS OBSTRÉTICAUX URGENCE
21 61141 63 639 JOURNÉES NATIONALES DE VACCINATION
21 63128 63 639 CHU PÉDIATRIQUE CHARLES DE GAULLES

69
Section Chapitre Article Parag. Catégories de dépenses SRMNI
21 65142 SUBVENTION CONTRACEPTIFS
21 65143 GRATUITÉ DES SOINS PRÉVENTIFS
21 67133 63 639 FDS APPUI PROG/SANTÉ PERS. VULNÉRABLES
21 67201 63 639 AIDE ENFANTS ENCÉPHAL. ET PERS. AGÉES
21 69103 63 639 CENTRE NL D'APPAREILLAGE ET D'ORTHOPÉDIE
21 69104 63 639 CENTRE NL DE LUTTE CONTRE TUBERCULOSE
21 69106 63 639 CENTRE NL RECH. - FORMAT° SUR PALUDISME
21 99120 63 639 FONDS NAT. LUTTE CONTRE LES ÉPIDÉMIES
21 3216 23 233 Construction de magasins (PEV)
21 3217 62 629 Programmes sociaux
21 3218 62 629 Communication en matière de santé de reproduction
21 3203 62 629 Assistance aux groupes vulnérables/Santé
21 3222 62 629 Droit en SR & accès aux services de reproduction
21 3223 62 629 Promotion comportement moindre risque en RS
21 3224 62 629 Disponibilité services de santé maternelle
21 23 233 Construction CHU CDG (Pavillon Néonatal)
21 3232 62 629 Renforcement Capacités Nationales de Prévention et
Traitement de la Fistule
21 3233 62 629 Renforcement du Système National de Sécurité et
Approvisionnement Pt SR
21 3235 62 629 Renforcement des capacités en matière de SONU Pt3
Source : auteur, à partir de la nomenclature budgétaire de l’Etat, lois de finances des années 2012 à
2016

Sur la période 2010-2015, les dépenses de SRMNI ont évolué en moyenne de 14,5%
par an en passant de 7,55 milliards francs CFA en 2010 à 14,43 milliards francs CFA en
2015. Ce qui correspond à une part annuelle moyenne de 7,9% des dépenses du
ministère de la santé sur la période considérée. La part des dépenses SRMNI dans les
dépenses totales du ministère de la santé s’est élevée à plus de 14% en 2011, liée
principalement à l’accroissement des dépenses d’assistance aux groupes
vulnérables qui se sont situées à 6 661 159 000 francs CFA compte tenu de la
subvention PAM.

Graphique 39- Evolution de la part des dépenses de SRMNI sur la période 2010-2015
20.0%

15.0%
Pourcentage

10.0%
Part
5.0%

0.0%
2010 2011 2012 2013 2014 2015

Source : construit à partir des données des lois de finances 2010-2015

70
En 2014, la part des dépenses SRMNI dans les dépenses totales du ministère de la
santé s’est contracté à un niveau de 3,4%, liée à la baisse drastique des dépenses
publiques d’assistance aux groupes vulnérables/Santé.

En 2016, la mise en œuvre des mesures de gratuité des soins a, selon les estimations
faites par le Gouvernement, un coût estimatif de 20 milliards F CFA pour le reste de
l’année 2016. Ce qui correspondrait à une part de 11,2% du budget total du
ministère de la santé, le plus important de la période 2012-2016. Toutefois, cette part
serait en dessous de celle de 2011, qui a connu une forte contribution du PAM.

Le renforcement de la santé communautaire « se fera à travers le recrutement de 16


000 Agents de Santé à Base Communautaire (ASBC) qui œuvreront en collaboration
avec les agents de santé pour contribuer à la résolution des problèmes de santé des
populations », a précisé le ministre en charge de la santé lors de la conférence de
presse du 31 mars 2016 sur la question. Chaque ASBC percevra mensuellement une
prime de 20 000 F CFA, montant pourvu par l’Etat, le Fonds mondial et les
communes. Cela donne un montant total de 19 200 000 000 F CFA pour les 5 ans.
Dans le volet amélioration de la santé maternelle et infantile, il y a la mise en place
effective des mesures de gratuité des soins chez les enfants de moins de 5 ans et la
femme.

Entre autres maladies et prestations éligibles à ces mesures de gratuité, il y a le


paludisme, les diarrhées, les infections respiratoires aigües, la malnutrition aigüe, les
affections néonatales, la crise d’asthme, la crise de drépanocytose, les principales
urgences chirurgicales chez l’enfant de moins de 5 ans. Sont offerts gratuitement
chez la femme, le fer, l’acide folique, les tests urinaires, la prévention du paludisme,
le traitement des infections urinaires et de la pneumonie, les accouchements, les
césariennes, les laparotomies pour grossesse extra utérines et rupture utérine, les
fistules obstétricales.

La femme de plus de 20 ans bénéficie sans frais de la prévention et du traitement in


situ des lésions précancéreuses du col de l’utérus, de l’auto examen des seins et
l’examen systématique des seins de toute patiente consentante. Toutefois, aux kits
pas toujours complets ou adaptés se substitueront les ordonnances pour la prise en
charge gratuite.

2.2.4.2- Le programme de lutte contre le paludisme

Au Burkina Faso, le paludisme constitue encore de nos jours un problème majeur de


santé publique avec 6 970 700 cas enregistrés en 2012 dont 7 963 décès, selon les
responsables du ministère de la santé. Ces statistiques représentent par rapport aux
autres pathologies, 52,3% des motifs d’hospitalisations, 45,9% des motifs de
consultations et 36,4% de décès enregistrés durant la même période. Ainsi, près de 4
burkinabè sur 10 meurent de suite du paludisme. Pour renforcer la lutte contre cette
maladie endémique, le Burkina Faso a élaboré un plan stratégique dont le but est
de « réduire la morbidité de 75% par rapport à 2000 et la mortalité du paludisme à
un niveau proche de zéro au Burkina Faso d’ici la fin de 2015 ». Le Ministère de la
Santé espère, à travers ce plan stratégique, « renforcer le contrôle de la maladie,
dans un contexte de coordination des actions des partenaires et de renforcement
du leadership national ». Créé en 1991, le Programme National de Lutte contre le

71
Paludisme (PNLP) est la structure de coordination des actions de la lutte contre ce
fléau, première cause de mortalité au Burkina Faso.

Le Burkina Faso a engagé plusieurs fronts contre le paludisme avec la création en


2009 du Centre de recherche de vaccin sur le paludisme à Nanoro (Centre-ouest) et
la distribution gratuite depuis quelques années de moustiquaires imprégnées.
Toutefois, des inquiétudes demeurent par rapport au fléau du paludisme,
notamment en ce qui concerne les femmes enceintes et les enfants de moins de 5
ans, personnes les plus vulnérables. De même, certaines difficultés jalonnent la mise
en œuvre des stratégies de distribution des moustiquaires imprégnées et des soins de
prise en charge du paludisme à domicile, compromettant du même coup l’atteinte
des objectifs. Parmi ces difficultés, on peut citer les ruptures d’ACT (combinaisons à
base d’artémisinine) constatées chez certains Agents de Santé Communautaire
(ASC), chargés de la prise en charge à domicile des cas de paludisme simple, et les
insuffisances dans la mise en œuvre de la campagne de distribution des MILDA.

Tableau 38- Part du budget de lutte contre le paludisme dans le budget total de la
santé
2010 2011 2012 2013 2014 2015 Moy.
Budget MS (en 100 882,58 93 960,94 118 753,38 138 430,99 174 529,38 166 452,62
milliers F CFA)
Budget paludisme 2 473,17 4 300,02 5 690,67 29 890,93 5 230,12
(en milliers F CFA)
Part (%) 2,5 4,6 4,8 21,6 3,0 7,3
Source : calculs faits à partir des données du ministère de la santé

En réalité, le budget destiné à la lutte contre le paludisme au Burkina Faso


représente à peine 5% du budget de santé en moyenne. Cette part a été rendue
importante grâce à une forte croissance du budget de lutte contre le paludisme en
2013, avec l’intervention du Fonds mondial paludisme de l’ordre de 21,215 milliards F
CFA, représentant près de 71% du financement total du budget de lutte contre le
paludisme au Burkina Faso en 2013. Cette forte augmentation du budget de lutte
contre le paludisme est liée au démarrage du programme national de distribution
des moustiquaires imprégnées, financé en grande partie par le Fonds mondial
paludisme. Au total, 9 273 776 MILDA ont été achetées par le Fonds mondial et 350
000 MILDA achetées par l’USAID. Hormis l’année 2013, la part du budget de lutte
contre le paludisme dans le budget de santé a toujours été en dessous de 5%. Elle
était de seulement 2,5% en 2010 et de 3,0% en 2014.

Pourtant, comme les statistiques sanitaires le font ressortir, le paludisme est la


première cause de mortalité dans la plupart des pays en voie de développement, et
près de 4 décès sur 10 au Burkina Faso sont de suite de paludisme. A ce titre, une
analyse de Planète Burkina indique que la situation sanitaire au Burkina Faso est
déplorable. La pauvreté, la rareté et le manque de qualification des structures
médicales, certaines traditions ancrées dans la culture et la faiblesse de l'instruction
font que des fléaux en cours d'éradication dans d'autres pays d'Afrique font encore
des ravages au Faso. Méningite, paludisme, choléra, fièvre jaune, tuberculose ou
SIDA déciment annuellement une partie de la population. A eux seuls, le SIDA, le
paludisme, le choléra (et autres maladies diarrhéiques) et la syphilis font plus de 80
000 morts chaque année selon les chiffres de l'OMS.

72
En moyenne, l’Etat burkinabè a contribué pour le financement du budget de lutte
contre le paludisme à seulement 24,7% contre 75,3% pour les Partenaires Techniques
et Financiers (PTF). Parmi les partenaires contribuant au financement du budget de
lutte contre le paludisme, a toujours figuré l’UNICEF avec une part moyenne annuel
de 1,4% sur la période 2009-2014. La contribution la plus importante de l’UNICEF a été
notée en 2011 avec une part de 3,3% du budget total de lutte contre le paludisme.

Tableau 39- Parts des contributeurs au budget de lutte contre le paludisme de 2009 à
2014
2009 2010 2011 2012 2013 2014 Moyenne
Etat 27,2% 22,3% 22,2% 33,3% 11,5% 31,3% 24,7%
UNICEF 1,7% 1,2% 3,3% 0,1% 0,8% 0,9% 1,4%
Plan Burkina 0,1% 0,6% 1,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3%
OMS 4,3% 15,5% 4,1% 0,3% 0,0% 1,1% 4,2%
Fonds mondial paludisme 0,0% 0,0% 0,0% 42,5% 71,0% 27,5% 23,5%
Autres partenaires 66,6% 60,3% 69,1% 23,8% 16,6% 39,1% 45,9%
Total 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Source : calculs faits à partir des données du budget PNLP

De même, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a toujours contribué au


financement du budget de lutte contre le paludisme avec une part de 4,2% en
moyenne sur la période 2009-2014. Sa contribution la plus importante a été notée en
2010 avec 15,5% du budget total de lutte contre le paludisme. Il faut remarquer que
la part du Fonds mondial paludisme est presqu’aussi égale à celle de l’Etat en
seulement trois ans d’intervention.

Par rapport aux montants décaissés, on note que les principaux contributeurs au
budget de lutte contre le paludisme ont tous décaissé à 100% leur part en 2012. Une
telle coïncidence laisse penser que l’année 2012 a été une année « ajustée » en ce
qui concerne les données budgétaires en matière de lutte contre le paludisme, à
moins que les décaissements n’aient servi en même temps de dotations.

Graphique 40- Evolution du taux de décaissement des contributeurs à la lutte contre


le paludisme sur la période 2009-2014
150.0%
100.0%
50.0%
0.0%
2009 2010 2011 2012 2013 2014

Etat UNICEF Plan Burkina OMS FMP

Source : construit à partir des données du budget PNLP

Comme il est possible de le constater sur le graphique ci-dessus, Plan Burkina et


l’UNICEF ont connu un faible décaissement de leur contribution respectivement en
2010 et 2013. Ce qui donne des taux de décaissement de 6,3% et 7,8%
respectivement pour Plan Burkina et l’UNICEF en 2010 et 2013.

73
Deuxième enquête sur le paludisme d’envergure nationale réalisée au Burkina Faso
après celui de 2010, l’Enquête sur les Indicateurs du Paludisme au Burkina Faso(EIPBF)
201419 présente plusieurs indicateurs clés produits à partir de données collectées. Elle
a été réalisée sur les treize régions administratives20 qui composent le Burkina Faso
ainsi que le milieu urbain et rural, la ville de Ouagadougou et les autres villes.

Les résultats préliminaires de cette deuxième enquête indiquent que dans


l’ensemble, près de 9 ménages sur dix (90%) possèdent au moins une Moustiquaire
Imprégnée d’Insecticides (MII) comme moyen de prévention contre le paludisme. A
la faveur de la campagne nationale de distribution des moustiquaires, le
pourcentage de ménages ayant au moins une MII est légèrement plus élevé en
milieu rural qu’en milieu urbain (91% contre 87%). À l’exception de la région Est du
pays où le pourcentage de MII possédé est très bas (78%) à cause certainement de
sa spécificité de zone moins palustre, le niveau de possession de MII varie de 84%
dans le Sud-Ouest à 96% dans le Centre-Est et le Centre-Nord. Dans l’ensemble, le
nombre moyen de MII possédés par les ménages est de 2,4. Ce nombre moyen de
MII par ménage est 2,4 en milieu rural contre 2,2 en milieu urbain. Selon la région, le
nombre moyen de MII atteint 1,8 dans la région Est contre 2,8 dans le Plateau-
Central.

Au-delà de l’objectif des campagnes de distribution, l’OMS recommande que


chaque ménage ait, au moins une MII pour deux personnes afin d’atteindre une
couverture universelle. À l’issue de l’EIPBF 2014, il a été constaté que près d’un
ménage sur deux (49%) dispose d’au moins une MII pour deux personnes. En milieu
urbain, ce niveau atteint 56% contre 47% pour le milieu rural. Dans tous les cas, la
norme recommandée par l’OMS n’est pas atteinte dans le cas du Burkina Faso,
malgré les efforts considérables de distribution gratuite de MII en 2013.

Le rapport préliminaire de l’EIPBF 2014 poursuit en indiquant que la population


burkinabé semble être bien sensibilisée sur l’utilisation des moustiquaires. Dans
l’ensemble de la population des ménages, près de sept personnes sur dix (69%) ont
dormi sous une moustiquaire quelconque la nuit précédant l’enquête et, dans
presque la même proportion, sous une MII (67%). En fonction de la région, le
pourcentage de personnes ayant dormi sous une MII passe d’un minimum de 60%
dans le Centre et dans le Sud-Ouest à un maximum de 79% dans le Centre-Est.
Comme attendu, le pourcentage de personnes ayant dormi sous une MII est aussi
plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain (69% contre 62%).

Pour mieux appréhender l’utilisation des MII, l’EIPBF 2014 a calculé le pourcentage
des personnes vivant dans un ménage qui en possède au moins une et qui ont
effectivement dormi sous une MII la nuit précédant l’enquête. Les résultats montrent
que, dans les ménages disposant d’au moins une MII, 74% de la population de ces
ménages (69% en milieu urbain contre 75% en milieu rural) ont dormi sous les
moustiquaires la nuit précédant l’enquête. Ce taux d’utilisation est très élevé dans
les régions du Centre-Sud (84%), du Centre-Est et de l’Est (81%). Il est plus faible dans
les régions du Centre, du Centre-Ouest et du Nord (68%).

19
INSD, PNLF, ICF International, Enquête sur les Indicateurs du paludisme au Burkina Faso, Rapport préliminaire
(draft), Février 2015.
20
Il s’agit des régions suivantes : Centre, Boucle du Mouhoun, Cascades, Centre-Est, Centre-Nord, Centre-
Ouest, Centre-Sud, Est, Hauts Bassins, Nord, Plateau Central, Sahel et Sud-Ouest.

74
Concernant particulièrement les enfants de moins de cinq ans, les résultats montrent
que 77% d’entre eux ont dormi sous une moustiquaire quelconque la nuit précédant
l’enquête. Ce pourcentage varie très peu par âge passant de 78% parmi les enfants
âgés de moins de deux ans à 74% parmi ceux de 4 ans. Le pourcentage est le plus
élevé en milieu rural (78%), dans le Centre-Est (88%) et parmi les ménages des
quintiles moyens (80%). Selon le sexe, le pourcentage est le même (77%). Quant aux
femmes enceintes, il ressort des résultats que 80% d’entre elles ont dormis sous une
moustiquaire quelconque la nuit précédant l’enquête.

En matière de Traitement Préventif Intermittent durant la grossesse (TPIg), une des


méthodes pour prévenir le paludisme au cours de la grossesse et qui consiste en la
prise de deux doses de Sulfadoxine Pyriméthamine (SP) au cours des consultations
prénatales, on note rigoureusement que selon les recommandations de l’OMS,
seulement 28% des femmes enceintes ont déclaré qu’elles ont pris au moins une
dose de SP/Fansidar et dont au moins une dose a été reçue au cours de visites
prénatales et prises en présence de personnel de santé lors de l’EIPBF 2014.
Seulement 27% des femmes enceintes ont reçu deux doses ou plus, et la même
proportion pour trois doses ou plus, dont au moins une dose au cours de visites
prénatales et prises en présence de personnel de santé. Selon le milieu de résidence,
32% des femmes enceintes du milieu rural ont déclaré qu’elles ont pris au moins une
dose de SP/Fansidar et dont au moins une dose a été reçue au cours des visites
prénatales et prise en présence de personnel de santé contre 15% pour celles du
milieu urbain. Par région, le pourcentage le plus faible se rencontre dans le Hauts
Bassins (8%) et le plus élevé dans la Boucle du Mouhoun (56%). Le pourcentage varie
selon les quintiles de bien-être économique d’un minimum de 13% chez les femmes
enceintes des ménages les plus riches à un maximum de 35% parmi celles vivant
dans des ménages de quintile moyen.

2.2.4.3- La prise en charge des SONU et accouchements

Principal document de référence pour les actions de lutte contre la mortalité


maternelle et néonatale, le Plan d’accélération de Réduction de la Mortalité
Maternelle et Néonatale au Burkina Faso a été élaboré dans le cadre de la feuille de
route proposée par l’Union africaine qui a pour but de guider les Gouvernements
dans le développement des plans nationaux pour accélérer la réalisation des OMD
en ce qui concerne la santé maternelle et infantile.

L’innovation de cette approche est d’offrir une opportunité de mettre en commun


des ressources provenant des partenaires, de faire le choix pour les interventions à
base factuelle, rentables et réalisables même dans des situations de ressources
limitées.

Le Plan en question était prévu pour être mis en œuvre sur la période 2006-2015 et
vise à contribuer à l’atteinte des OMD par l’accélération de la réduction de la
mortalité maternelle et néonatale. Dans le cadre de ce plan, l’Etat s’est engagé à :
- rendre disponibles et accessibles les SONU de qualité dans 80% des formations
sanitaires de premier niveau et les SONU de qualité dans 100% des structures
de référence (CMA, CHR, CHU) du secteur public ;
- augmenter le taux d’accouchements assistés de 50% à 80% ;
- augmenter le taux de prévalence contraceptive de 20% à 30% ;

75
- accroître la participation des individus, de la famille et des communautés
dans la mise en œuvre des programmes de santé maternelle et néonatale.

Les stratégies définies pour y parvenir vont de l’assistance qualifiée à


l’accouchement et la mise en œuvre des Soins Obstétricaux et Néonataux
d’Urgence (SONU), à la planification familiale, et au renforcement de la
participation communautaire. Adoptée en mars 2006 et mise en place par Décret
n°2006-185/PRES/PM/MS/MFB/MATD du 2 mai 2006 portant institution d’une
subvention sur les coûts des accouchements et des soins obstétricaux et néonataux
d’urgence dans les formations sanitaires publiques de l’Etat, la stratégie SONU avait
pour objectif global de réduire la mortalité et la morbidité maternelles et néonatales
par la réduction significative des coûts financiers directs des services
d’accouchements et de prise en charge des urgences obstétricales au Burkina Faso.
Ainsi, la mise en œuvre de la stratégie nationale de subvention des SONU et des
accouchements devait permettre de limiter l’impact du paiement des soins sur le
revenu des ménages démunis et de contribuer à l’amélioration de la prise en
charge des accouchements et des SONU. Cette subvention permettrait en principe
d’améliorer l’accessibilité financière aux soins et de contribuer fortement à la
réduction de la mortalité infantile de deux tiers et la mortalité maternelle de trois
quarts d’ici 2015 conformément aux OMD.

Tableau 40- Liste détaillée des prestations subventionnées et leurs tarifs


Prestation Montant à payer par les
bénéficiaires (en FCFA)
Au niveau CMA et au niveau CHR/CHU
Accouchement eutocique 900
Accouchement dystocique 3600
Accouchement CMA 900
eutocique CHR/CHU 1800
Accouchement dystocique 3600
Complications de l’accouchement 3600
Prise en charge de pré éclampsie et des crises 3600
d’éclampsie
Soins intensifs au nouveau-né (pour souffrance cérébrale 3600
aiguë, infection néonatale, détresse respiratoire et
hypothermie)
Aspiration manuelle intra utérine 3600
Césarienne 11000
Laparotomie (GUE et RU) 11000
Source : Ministère de la santé

Selon les prévisions, le coût total de prise en charge des SONU et accouchements
eutociques est, à l’absolu, en progression continue au cours de la période 2006-2015
comme le relève le tableau ci-dessous.

76
Tableau 41- Evolution du coût total de la prise en charge des SONU et
accouchements eutociques (en milliards F CFA)

Années 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Prestation SONU 0,61 0,78 0,96 1,14 1,34 1,48 1,62 1,78 1,94 2,10

Accou. Eutociques 1,06 1,22 1,39 1,57 1,75 1,84 1,94 2,04 2,15 2,26

Total 1,67 2,00 2,35 2,71 3,09 3,31 3,56 3,82 4,09 4,36
Source : Ministère de la santé

Ce sont ainsi au total 30,96 milliards F CFA qui sont prévus pour couvrir la prise en
charge des SONU et accouchements dans le domaine de la santé de la mère sur la
période 2006-2015. Une part importante de ce financement est prise en charge sous
forme de subvention par l’Etat et ses partenaires.

Graphique 41- Evolution des dépenses prévisionnelles pour la prise en charge des
SONU et accouchements eutociques sur la période 2006-2015 (en
milliards F CFA)

0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

SONU EUTO.

Source : construit à partir des données du Ministère de la santé

Ces efforts devraient permettre de réduire de façon significative la mortalité


maternelle qui passerait de 484 pour 100 000 naissances vivantes en 2005 à 341 pour
100 000 naissances vivantes en 2010 et 122,05 en 2015, soit une réduction de 74,78%
d’ici fin 2015. Ce résultat permettrait d’atteindre l’objectif de réduction de 3/4 de la
mortalité maternelle par rapport à son niveau de 1990 conformément aux OMD (la
mortalité maternelle évoluera de 566 en 1990 à 122 pour 100 000 naissances vivantes
en 2015, soit une réduction de 78,5%).

Toutefois, contrairement au tableau et au graphique ci-dessus rendant compte de


l’évolution des dépenses prévisionnelles de prise en charge des SONU et
accouchements eutociques, leur rythme de croissance est plutôt dans une
tendance baissière sur la période 2006-2015 comme le relève le graphique suivant.

77
Graphique 42- Evolution du rythme de croissance des dépenses prévisionnelles pour
la prise en charge des SONU et accouchements eutociques sur la
période 2006-2014
30.0%
Pourcentage

20.0%
10.0%
0.0%
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

SONU EUTO.

Source : construit à partir des données du Ministère de la santé

Cette tendance à la baisse du rythme de croissance des dépenses destinées à la


prise en charge des SONU et des accouchements eutociques indique clairement
que les objectifs en la matière ne pourront pas être atteints compte tenu de
l’augmentation continue du nombre de femmes en âge de procréer, doublée d’un
fort taux de fécondité maternelle (6 enfants en moyenne par femme en âge de
procréer).

A ces limites structurelles, il faut ajouter le déblocage tardif des subventions SONU
par l’Etat, les ruptures conjoncturelles et répétitives des stocks de produits
nécessaires, obligeant les patients à payer au-delà des montants prévus
indépendamment des subventions. Selon le rapport des enquêtes parlementaires
dans le secteur de la santé21 en ce qui concerne particulièrement les subventions sur
les accouchements et les SONU, l’examen des différents documents et pièces
justificatives qui ont été collectés ainsi que des entretiens réalisés ont permis de
constater les difficultés suivantes : (i) le déblocage tardif des subventions par l’Etat,
(ii) la remise tardive des chèques aux structures bénéficiaires, après le déblocage
des fonds, (iii) l’utilisation d’une partie des ressources allouées aux SONU à d’autres
fins, (iv) l’absence de pièces justificatives pour certaines dépenses et (v) la double
comptabilisation de certaines dépenses ainsi que la mauvaise tenue de
comptabilités.

En termes de financement des produits de santé de la reproduction, 61,4% des


prévisions sont prises en charge par les PTF contre 38,6% par le budget de l’Etat. En
matière de PTME par exemple, l’intervention de l’Etat est quasi inexistante avec à
peine 10% de prise en charge des produits y relatifs. Au niveau des besoins en
intrants SONU, l’Etat ne supporte que 30% du budget prévisionnel, les 70% de
subventions nécessaires étant à la charge des PTF.

21
Assemblée Nationale, Rapport sur les subventions publiques dans le secteur de la santé, Février 2012

78
Tableau 42- Financement prévisionnel pour l’achat des produits de santé de la
reproduction

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Moyenne


MONTANT PRODUITS PF 1 602 640 099 1 795 388 143 2 006 179 600 2 236 145 960 2 487 557 635 2 760 764 135 3 058 185 067
ETAT 641 056 040 807 924 664 1 003 089 800 1 229 880 278 1 492 534 581 1 794 496 688 2 140 729 547
PARTENAIRES 961 584 059 987 463 479 1 003 089 800 1 006 265 682 995 023 054 966 267 447 917 455 520
Part Etat 40,0% 45,0% 50,0% 55,0% 60,0% 65,0% 70,0% 55,0%
Part Partenaires 60,0% 55,0% 50,0% 45,0% 40,0% 35,0% 30,0% 45,0%
MONTANT PRODUITS IST 79 117 251 71 499 529 63 333 478 54 592 420 45 248 552 35 272 902 24 635 277
ETAT 19 779 313 25 024 835 28 500 065 30 025 831 33 936 414 29 981 967 24 635 277
PARTENAIRES 59 337 938 46 474 694 34 833 413 24 566 589 11 312 138 5 290 935
Part Etat 25,0% 35,0% 45,0% 55,0% 75,0% 85,0% 100,0% 60,0%
Part Partenaires 75,0% 65,0% 55,0% 45,0% 25,0% 15,0% 0,0% 40,0%
MONTANT PRODUITS CPN 467 645 352 493 340 969 521 369 146 553 122 283 583 805 464 611 788 002 641 542 972
ETAT 420 880 817 444 006 872 469 232 231 497 810 055 525 424 918 550 609 202 577 388 675
PARTENAIRES 46 764 535 49 334 097 52 136 915 55 312 228 58 380 546 61 178 800 64 154 297
Part Etat 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0%
Parts Partenaires 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0%
MONTANT BESOINS INTRANT SONU 1 100 363 714 1 142 369 754 1 357 674 174 1 210 308 116 1 243 005 475 1 458 664 816 1 312 755 276
ETAT 114 236 975 271 534 835 363 092 435 497 202 190 729 332 408 787 653 166
PARTENAIRES 1 100 363 714 1 028 132 779 1 086 139 339 847 215 681 745 803 285 729 332 408 525 102 110
Part Etat 0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 30,0%
Part Partenaires 100,0% 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 70,0%
MONTANT TOTAL PRODUITS PTME 1 197 280 375 1 335 877 242 1 538 440 997 1 772 159 929 2 032 382 870 2 309 782 588 2 478 581 949
ETAT 133 587 724 153 844 100 177 215 993 203 238 287 230 978 259 247 858 195
PARTENAIRES 1 197 280 375 1 202 289 518 1 384 596 897 1 594 943 936 1 829 144 583 2 078 804 329 2 230 723 754
Part Etat 0,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 10,0% 8,6%
Part Partenaires 100,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 90,0% 91,4%
TOTAL 4 447 046 791 4 838 475 637 5 486 997 395 5 826 328 708 6 391 999 996 7 176 272 443 7 515 700 541
Total Etat 1 081 716 170 1 524 781 070 1 926 201 031 2 298 024 592 2 752 336 390 3 335 398 524 3 778 264 860
Total Partenaires 3 365 330 621 3 313 694 567 3 560 796 364 3 528 304 116 3 639 663 606 3 840 873 919 3 737 435 681
Part Etat 24,3% 31,5% 35,1% 39,4% 43,1% 46,5% 50,3% 38,6%
Part Partenaires 75,7% 68,5% 64,9% 60,6% 56,9% 53,5% 49,7% 61,4%
Source : calculs faits à partir des données du Plan SPSR 2009-2015

2.2.5- Analyse des principaux indicateurs de santé maternelle, néonatale et infanto-


juvénile

Pour la plupart des indicateurs de santé, le Burkina Faso connait des chiffres pires
que les autres pays de la région. Néanmoins, les grandes campagnes de
vaccination ou de traitement financées par les organisations internationales ont
permis de faire presque disparaître des maladies telles que la poliomyélite,
l'onchocercose (cécité des rivières) ou la trypanosomiase (maladie du sommeil).

La morbidité et la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile demeurent un


problème majeur de santé publique dans plusieurs pays en voie de développement
dont le Burkina Faso. Ces dernières années, des stratégies et initiatives internationales
et nationales ont été lancées en vue d’intensifier et de mieux coordonner les efforts

79
pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 4, 5 et 6 liés
à la santé. Il s’agit notamment de la Stratégie Mondiale pour la santé des Femmes et
des Enfants du Secrétaire Général des Nations Unies, de la Campagne Africaine de
Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA), de l’élimination virtuelle
de la transmission du Virus d’Immunodéficience Humaine(VIH) de la mère à l’enfant.
Par ailleurs, l’expérience de la mise en œuvre de la Stratégie Accélérée pour la
Survie et le Développement du Jeune Enfant 2009-2015 (SASDE) vise la mise en
œuvre d’un paquet intégré d’interventions ayant un grand impact sur la survie des
enfants. Ce paquet comprend la supplémentation en vitamine A, le déparasitage,
la réhydratation orale et la promotion de l’allaitement exclusif, la prévention de
l’anémie chez les femmes enceintes et les enfants. Il prend aussi en compte la
promotion de moustiquaires imprégnées, le dépistage et la prise en charge précoce
de la malnutrition modérée et sévère.

Le tableau ci-dessous donne la tendance des indicateurs clés du secteur de la santé


de 2010 à 2014.

2010 2014
Taux de d’accouchement assisté par du personnel 76,0 %() 86,2%
médical
Taux de mortalité maternelle (100.000 NV) 307,3
Taux de mortalité néo-natale pour 1.000 naissances 28/1000NV
vivantes
Taux de prévalence contraceptive 15% EDSIV 22% (EMC)
Enfants complétement vaccinés 81%EDSVI 98,7%
Prévalence VIH 1,22% 0.92%
Prévalence de la malnutrition aigue 10,2% 8,2%
SMART 2011 SMART 2015
Source : annuaire statistique de Santé du Burkina année 2010 / EDSIV

Selon le Cadre d’orientation stratégique pour la promotion de l’enfant22, les résultats


obtenus par le Burkina Faso au regard de l’objectif de réduction de deux tiers de la
mortalité infantile et juvénile entre 1990 et 2017 sont encourageants. Le rayon
d’action moyen théorique des Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) a
ainsi été réduit de 9,4 km en 2000 à 7,5 km en 2008 et 6,5 en 2013. En ce qui
concerne le taux de mortalité infantile, les résultats sont nettement significatifs ; le
taux est passé de 114,6‰ en 1990 à 105,3‰ en 1998 et à 81‰ en 2006. Cette
évolution correspond à une réduction d’environ 2,1% par an entre 1990 et 2006. A ce
rythme, il faudrait néanmoins attendre environ 2026 pour voir réaliser l’objectif de
38,2‰ visé en 2017 (soit 11 ans de retard).

Cependant, le taux de mortalité infanto-juvénile reste très élevé. Estimé à 184 pour
1000 naissances vivantes en 2003, il est à 129 pour 1000 en 2010 mais il reste
malheureusement encore loin de l'objectif de 2015 de 61/1000. S’agissant de la
mortalité juvénile, le taux est passé de 127‰ en 1998 à 111‰ en 2003 et 84‰ en
2006. Quant à la mortalité maternelle, qui était de 484/100.000 en 1998, elle a évolué
en baisse passant en 2010 à 341/100.000. 70% des enfants meurent encore de
maladies évitables le plus souvent à domicile et les enfants des familles les plus
pauvres ont un risque de mourir avant l’âge de 5 ans avec un taux de 50% plus élevé
que ceux des familles les plus riches (EDS 2003). Les principales causes directes de

22 Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale, COSPE 2008-2017, septembre 2008

80
mortalité des enfants de moins de cinq ans demeurent la malnutrition (35%), les
infections respiratoires aigües (21%), le paludisme (20%), les maladies diarrhéiques
(19%) et les causes néonatales (3%) (Distribution des causes de décès parmi les
enfants de moins de 5 ans (OMS, 2008).

La malnutrition est l’un des principaux problèmes de santé publique qui affecte
sérieusement les enfants dans les pays en développement en général et au Burkina
Faso en particulier. La malnutrition affecte de manière irréversible le développement
physique et cognitif des enfants conduisant ainsi à des taux plus élevés d'abandons
scolaires, à une performance scolaire réduite et aux gains à vie inférieurs. Au Burkina
Faso, la prévalence de la malnutrition aigüe globale est de 10,4% et celle de la
forme sévère est de 2,2%. La prévalence de la malnutrition chronique est de 30,2%. Il
ressort alors qu’environ un tiers des enfants de moins de 5 ans (30,2%) souffrent de
retard de croissance dont 9,3% souffrent de forme sévère (SMART 2015, MSP).

Examinés par âge et sexe des enfants, les taux d’insuffisance pondérale, de retard
de croissance et d’émaciation sont plus élevés chez les garçons que chez les filles et
ce quel que soit l’âge (EDS, 2010). Aussi, la malnutrition affecte de façon plus
significative les enfants issus des ménages plus pauvres et des mères de plus bas
niveau d’éducation. Sur le plan géographique, la prévalence de la malnutrition
aiguë se trouve à un taux supérieur au seuil de 10% dans 9 des 13 régions du pays
témoignant des enjeux résiduels importants en matière de sécurité nutritionnelle des
jeunes enfants (ENN, 2011).

En 2015, on dénombre plus d’une trentaine de projets et programmes de


développement œuvrant dans le domaine de la santé. Ces différents projets et
programmes sont répertoriés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 43- Liste des projets / programmes de développement répertoriés dans le


domaine de la santé en 2015
N° Projet / Programme
d’ordre
01 Acquisition de moyens de transport
02 Acquisition Equipement Hospitaliers
03 Acquisition équipements spécifiques
04 Appui au secteur de la santé-SIDA
05 Appui institutionnel au CNLS/IST
06 Appui monde associatif et communautaire
07 Appui plan stratégique renforcement transfusion sanguine
08 Assistance groupes vulnérables / Santé
09 Construction bureaux ECD
10 Construction d’Immeubles
11 Construction de CSPS
12 Droit en Santé de la Reproduction et Accès aux services de reproduction
13 Programme Appui Politique Sectoriel Santé (PAPS)
14 Programme d'appui à la mise en œuvre CSLS II
15 Programme de construction diverses
16 Programme de Prévention VIH-SIDA et SR (PREVISAR)
17 Programmes sociaux / Consolidation filet social
18 Programmes sociaux / Plan de Riposte aux Epidémies

81
N° Projet / Programme
d’ordre
19 Programmes sociaux / Promotion santé dans les communes
20 Programmes sociaux / Unité de dialyse
21 Projet Appui au Développement Sanitaire Centre-Sud
22 Projet Appui au Développement Sanitaire Plateau Central
23 Projet Appui au renforcement de la couverture sanitaire et lutte contre la
maladie
24 Projet d’Appui au Développement Sanitaire (PADS)
25 Projet d'appui à la mise en œuvre du CSLS
26 Reconstruction et équipement CHR
27 Réfection / Réhabilitation Bâtiments administratifs
28 Renforcement capacité en matière de SONU Pt3
29 Renforcement des capacités nationales de prévention et traitement de la
fistule
30 Renforcement des CMA
31 Renforcement du MS en moyens de transport
32 Renforcement Systèmes Nationaux Sécurité et Approvisionnement Pt SR
33 UNFPA/SIDA
Source : loi de finances 2015

Parmi les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) soutenant ces différents projets et
programmes de développement, le cas du Fonds des Nations Unies pour la
Population (UNFPA) mérite d’être souligné. Il s’agit d’une organisation internationale
de développement dont l’intervention au Burkina Faso vise à réduire la pauvreté
pour faire en sorte que toutes les grossesses soient désirées, que tous les
accouchements soient sans danger, que tous les jeunes soient protégés du VIH et du
Sida et que toutes les filles et toutes les femmes soient traitées avec dignité et
respect.

L'UNFPA a mis en œuvre des actions de renforcement des capacités pour améliorer
l'accès et l'utilisation des services de qualité pour la santé de la mère et du nouveau-
né. Il s'agit, par exemple de la mise en œuvre de programmes généraux de
formation des sages-femmes avec pour cibles essentielles les écoles de formation de
base dans le domaine de la santé de la reproduction / santé maternelle et les
associations professionnelles de la santé et de régulation du métier de sage-femme
et maïeuticien.

Pour y parvenir, l’UNFPA soutient plusieurs activités dont :

- L'approche IFC : collaborer avec les Individus, la Familles et les Communautés


pour améliorer la santé maternelle et infantile dans les régions du Centre Est et
du Centre Nord et son extension aux régions de l'Est, du Sahel et des
Cascades. L'UNFPA promeut l'approche IFC car, dans certaines régions, cette
approche n'est pas encore connue. Le Fonds appuie par conséquent la
diffusion du cadre d'orientation de l'approche et le renforcement des
capacités des ONG, des Directions Régionales de la Santé et des districts.
- L'Ecole des Maris : l'UNFPA soutient l'implication des hommes dans la gestion
des problèmes de santé de la reproduction.

82
- Le partenariat avec les acteurs des plateformes multifonctionnelles : afin de
promouvoir la santé de la reproduction.
En dépit de cette multitude de partenaires, il faut dire que la faible gouvernance
dans le secteur a limité les résultats surtout en faveur des plus pauvres. Dans un
contexte de rareté des ressources, le taux de déperdition des allocations
budgétaires entre le niveau central et le milieu rural a été estimé en moyenne à 15%
selon la dernière étude PETS réalisée par l’UNICEF en 2013. Cette situation
s’expliquerait en partie par un système d’information sanitaire dont la gestion est peu
performante. Les conséquences de cette situation est la faible performance du
système de santé et les prestations de services de qualité insuffisantes pour les
populations en milieu rural. Les malades continuent de parcourir en moyenne 6 km
pour atteindre un centre de santé primaire. A cela s’ajoute les insuffisances des
ressources humaines en quantité et en qualité ainsi que leur gestion peu
performante.

Aussi, l’accès aux médicaments génériques par les populations à faibles revenus est
menacé par les problèmes de solvabilité de la Centrale d’Achat des Médicaments
Essentiels Génériques(CAMEG). En effet, les récentes analyses et audits de la CAMEG
ont révélé une situation financière difficile de la structure marquée par des
problèmes de solvabilité (dette extérieure très élevée) avec pour conséquence des
risques de perte de crédibilité et des difficultés pour couvrir les besoins en produits de
santé (médicaments, consommables, vaccins, produits sanguins).

Par ailleurs, la démographie galopante impacte sur la réduction significative de la


pauvreté. En effet, la population du Burkina Faso a été multipliée par quatre depuis
l’indépendance en dépit d’une forte émigration. Elle pourrait à nouveau être
multipliée par près de 3 ou 4 d’ici 2050 en se situant entre 40 et 60 millions
d’habitants contre 15 millions aujourd’hui. Cette croissance démographique rapide
est le résultat d’une baisse importante de la mortalité et du maintien d’une forte
fécondité (5,4 enfants par femme en moyenne). Le futur démographique du Burkina
Faso n’est pas figé. Il peut être influencé à 10 ans, 20 ans d’échéance par des
politiques résolues et des actions appropriées. Il conviendra de mieux intégrer la
variable démographique dans toutes les politiques de développement et ce, de
manière cohérente, avec des objectifs harmonisés et fiables. En particulier, le PDSE
devrait considérer la maîtrise de la croissance démographique comme un axe
majeur de sa stratégie. Ceci pourra être renforcé au moyen d’une Déclaration
courte de Politique de Population, assortie d’outils efficaces de plaidoyer.

83
Analyse des allocations budgétaires et progrès en matière
d’éducation

84
2.3- ANALYSE DES DEPENSES BUDGETAIRES D’EDUCATION

Le Burkina Faso a consenti d’énormes efforts pour promouvoir son éducation de


base à travers la mise en œuvre effective du Plan décennal de développement de
l’éducation de base (PDDEB) durant la période 2002-2011. Le système
d’éducation/formation se caractérise par des progrès significatifs de l’enseignement
primaire au cours des 15 dernières années, bien que les objectifs du millénaire ne
soient pas atteints. Ces progrès ont essentiellement porté sur l’accès alors que les
performances sur la qualité de l’éducation, en termes d’apprentissages scolaires,
restent en deçà des attentes. De 2000-2001 à 2012-2013, le taux brut de scolarisation
et le taux d’achèvement du primaire sont passés respectivement de 44% à 81% et
de 25% à 59%. En ce qui concerne la qualité, les résultats récents de l’évaluation
PASEC 2014 indiquent que 43% et 41% des élèves, respectivement en lecture et en
mathématiques, achèvent le cycle primaire sans acquérir les compétences requises.

L’expansion quantitative a été possible grâce à l’allocation conséquente de


ressources et la mise en œuvre de certaines réformes dans le cadre de l’exécution
du programme décennal principalement axé sur l’éducation de base. Ces progrès
de l’enseignement primaire exercent sur les niveaux d’éducation post-primaire une
pression de plus en plus forte, aggravée par une forte croissance démographique.
De ce fait, les défis du secteur pour les années à venir consisteraient à maintenir
l’effort au niveau de l’enseignement primaire, tout en prenant en compte les
questions liées à la qualité et à augmenter les allocations pour les niveaux
d’éducation post-primaires y compris l’Enseignement Technique et la Formation
Professionnelle (ETFP) et l’enseignement supérieur afin de répondre à la demande
croissante observée à ces niveaux et satisfaire les besoins de l’économie en
ressources humaines qualifiées.

En plus de ces contraintes, l’insuffisance d’infrastructures d’accueil constitue une


réalité certaine et prive actuellement un grand nombre d’élèves-certifiés de
poursuivre leurs études secondaires. Cette situation s’ajoute au besoin crucial
d’infrastructures qui se chiffre actuellement à 4 000 classes pour ajuster l’offre
éducative à la demande manifestée au niveau de l’enseignement primaire.

Ce déficit d’infrastructures constituerait une limite à la demande éducation. En effet,


l’insuffisance d’infrastructures scolaires pour accueillir les élèves en âge de
scolarisation pourrait être une source principale de démotivation sociale de la
population à l’égard de l’école dans un contexte où près de 47% des burkinabé sont
sous le seuil de la pauvreté.

Pourtant, l’accroissement de l’offre éducative à travers l’augmentation des


infrastructures scolaires (salles de classes, latines, forages, etc.) influencerait le niveau
d’acquisition du capital humain qui constitue un facteur important pour la
croissance économique et le développement durable.
Ainsi, les documents de politique de développement global du pays et ceux des
stratégies de promotion du secteur de l’éducation ont placé l’essor des
infrastructures scolaires comme une condition nécessaire pour consolider le capital
humain.

85
Les points examinent la place des infrastructures scolaires dans la Stratégie de la
Croissance Accélérée pour le Développement Durable (SCADD)23 et le Programme
Stratégique de Développement de l’Education de base (PDSEB).

2.3.1- La Stratégie nationale de développement et l’éducation

Le développement du capital humain est considéré comme un levier de la


croissance durable. En effet, le capital humain accroît la capacité à concevoir et
mettre en œuvre une bonne politique économique. Par ailleurs, la qualité de la
politique économique est fortement influencée par le niveau de capital humain.
L’investissement massif dans les ressources humaines permet d’accroître la
productivité globale des facteurs. C’est pourquoi, le Gouvernement burkinabè, à
travers la SCAAD, s’engage à poursuivre le renforcement de la couverture sanitaire,
scolaire et sociale. Des investissements importants devront être dirigés dans le
renforcement du savoir, de la promotion de l’enseignement et la formation
technique et professionnelle ainsi que la promotion de l’emploi.

Pour l’acquisition du capital humain, l’éducation constitue une des composantes


principales. Son développement passe par une stratégie d’accroissement de l’offre
éducative ainsi que de la demande éducative. Dans le contexte burkinabè, la
demande d’éducation primaire est si importante au regard de l’engouement des
parents à envoyer leurs enfants à l’école et surtout de la forte croissance
démographique que l’offre éducative se trouve limiter pour y répondre.

Ainsi, dans la perspective de la poursuite des ODD en matière d’éducation, le


Gouvernement, avec le soutien des PTF, a mis en œuvre un vaste programme de
construction d’infrastructures scolaires. L’accroissement de l’offre éducative se
fonde sur la SCADD. Les ODD et la SCADD ont des indicateurs et des cibles communs
en matière d’éducation.

Le tableau n° 27 suivant contient les cibles, les indicateurs et leur niveau actuel ainsi
que leurs valeurs espérées en 2015 en matière d’éducation selon les OMD et la
SCADD. Il ressort de l’examen de ce tableau n°27 que certaines valeurs cibles (taux
brut de scolarisation, taux net de scolarisation, taux d’achèvement au primaire, taux
d'alphabétisation des 15-24 ans, femmes et hommes) seraient difficilement atteintes
par le Burkina Faso en 2015.

Tableau 44- Cibles, indicateurs et valeurs actuelles OMD et SCADD en matière


d'éducation

Objectifs ODD Cibles Indicateurs Niveau actuel Cible Cible


Année Valeur OMD SCADD
en 2015 en 2015
Objectif 4 : Cet objectif vise 4.1- Taux brut de 2013/2014 83,0 100 100
Garantir une à faire en sorte scolarisation (TBS)
éducation de que toutes les 4.2- Taux net de 2013/2014 64,4 70 70
qualité et des filles et tous les scolarisation
possibilités garçons suivent (TNS)
d’apprentissage un cycle
tout
23 au long de complet
A partir de 2016, la SCADD a fait place à la Politique Nationale de Développement Economique et Social
la vie pour tous
(PNDES). d’enseignement
primaire et
secondaire 86
gratuit d’ici
2030.
Objectifs ODD Cibles Indicateurs Niveau actuel Cible Cible
Année Valeur OMD SCADD
en 2015 en 2015
4.3- Taux 2013/2014 57,6 100 75,7
d’achèvement
au primaire (TAP)
4.4- Taux 2007 39,30 60 60
d'alphabétisation
des 15-24 ans,
femmes et
hommes

Objectif 5 : Rendre 5.1. Indice de 2013/2014 1,005 1 1


Parvenir à accessibles à parité
l’égalité entre tous les soins de
les sexes et santé en
autonomiser matière de
toutes les sexualité et de
femmes et les procréation,
filles ainsi que
donner aux
femmes le droit
aux mêmes
ressources
économiques
telles que les
terres et la
propriété, sont
des cibles
primordiales
pour réaliser cet
objectif
Source : fait sur la base des informations des informations OMD et SCADD

2.3.2- Le Programme Stratégique de Développement de l’Education de Base


(PDSEB)24 et la question des infrastructures scolaires

Le PDSEB est la stratégie sectorielle du Burkina Faso dans le domaine de l’éducation


de base. Il s’inscrit dans la logique de la gratuité de l’enseignement de base
publique et l’obligation scolaire de la tranche d’âge de 06 à 16 ans conformément
à la loi 013-2007/AN, portant loi d’orientation de l’éducation au Burkina Faso.

La mise en œuvre du PDSEB devrait permettre au Burkina Faso d’atteindre


l’Education Pour Tous (EPT) ainsi que les Objectifs de Développement Durable (ODD)
se rapportant à l’éducation à l’horizon 2021. Il contribuera au développement des
différents sous-secteurs de l’éducation de base formelle et non formelle (préscolaire,
primaire, post primaire, alphabétisation-formation et EFTP) dans une cohérence
d’ensemble à l’évolution du système éducatif global du Burkina Faso.

Dans l’enseignement primaire, le choix stratégique 2 du PDSEB vise la « réalisation de


l’enseignement primaire universel en 2021 dont 75,1% de taux d’achèvement
primaire en 2015 avec une équité fille/garçon ». A cet effet, les infrastructures

24
Le PDSEB a succédé le Programme Décennal de Développement de l’Education de Base

87
scolaires sont primordiales pour accueillir les élèves à travers une augmentation de
l’offre éducative pour atteinte des objectifs fixés. Afin d’opérationnaliser ces
objectifs, le programme 1, « Développement de l’Accès à l’éducation de base
formelle », vise à « développer des infrastructures et à recruter le personnel
nécessaire à tous les niveaux pour accueillir le public cible concerné en constante
augmentation et aussi respecter le ratio élèves/maître de 56 ».

Tableau 45- Programme, sous programmes, Objectifs, actions et IOV en matière


d’infrastructures

Programme Sous Objectifs Actions Indicateurs


programmes spécifiques objectivement
vérifiables
Développem Sous- Objectif Construire et équiper  Normes de
ent de programme 1 spécifique 1 des CEEP sécurité et
l’Accès à : : Accroître progressivement, d'inclusion
l’éducation Développem la capacité notamment en zone respectées
de base ent et gestion d’accueil rurale avec l’appui des  % CEEP privés
formelle des des centres communautés locales : passe de 49% à
infrastructures d’éveil et la couverture de 49,5% en 2015 et
d’accueil à d’éducatio l’éducation préscolaire 50% en 2021;
tous les n qui est de 3% en 2010  Nombre
niveaux préscolaire reste très faible d’enfants dans
comparativement à la les CEEP de 69
moyenne africaine qui 363 en 2011 porté
est de 17%. Pour à 216 571 en 2015
permettre à un grand et 512 146 en
nombre d’enfants 2021
d’âge préscolaire
d’être inscrits dans les
structures d’éducation
préscolaire, l’Etat et ses
partenaires poursuivront
la politique d’offre
éducative préscolaire
notamment dans les
milieux rural et semi
urbain où le secteur
privé n’est pas assez
présent. Cette politique
d’amélioration de
l’offre éducative se
traduira par la
construction d’une à
deux salles de classes
complémentaires avec
équipements pour
abriter les CEEP,
prioritairement pour les
enfants de 4 à 5 ans.
Ainsi le nombre de
CEEP construits et
équipés passera de 105
en 2011 à 914 en 2015
soit environ neuf fois le
nombre à réaliser au

88
Programme Sous Objectifs Actions Indicateurs
programmes spécifiques objectivement
vérifiables
cours de la période
pour atteindre 3 804
CEEP en 2021. Les
normes de construction
seront revues pour tenir
compte des défis du
changement
climatique et de la
vaste demande sociale
Réhabiliter ou
réfectionner les
infrastructures
existantes défectueuses
: il est prévu au regard
des données
disponibles que 20%
des structures existantes
seront réfectionnées ou
réhabilitées à partir de
2012.
Faciliter l’accès des
enfants à besoins
éducatifs spéciaux à
l’éducation préscolaire
: deux structures
d’éducation spéciale
pour enfants à
handicap profond
seront construits et
équipés.
Objectif Elaborer et mettre en  Nombre d’élèves
spécifique 3 œuvre la stratégie de pris en charge
: Elargir le réalisation des dans les écoles
réseau infrastructures primaires par an
scolaire du éducatives qui prendra  Taux brut
primaire en compte les risques d’admission =
suivant la de catastrophes telles 100% ;
carte que les inondations et  Existence de la
éducative les vents stratégie
violents ;  Nombre de salles
Construire et équiper à construire : 37
les classes : Cette 072 soit 3 707
action concerne la salles en
construction en moyenne par an
moyenne de 3 707 dont 547 au titre
salles de classes par an des résorptions
dont la résorption des classes sous
annuelle de 547 salles abris précaires
de classe sous abris par an;
précaires. Il est  Nombre de salles
également prévu réhabilitées par
l’électrification de an est de 200
toutes les classes soit en salles de classes

89
Programme Sous Objectifs Actions Indicateurs
programmes spécifiques objectivement
vérifiables
énergie solaire, soit en au cours de la
énergie période
conventionnelle selon  Normes de
les cas. Les nouvelles sécurité et
classes seront réalisées d'inclusion
dans les zones non- révisées et
inondables. Les écoles respectées ;
à risque seront  Le ratio élèves /
préalablement classe passe de
identifiées et un plan 56 au cours de la
opérationnel de période ;
transfert de site sera mis  % d'écoles hors
en œuvre. Des digues normes
de protection et des spécifiques aux
canaux d’évacuation risques ;
seront réalisés autour  Nombre d’écoles
des écoles situées dans réhabilitées par
des zones inondables. an ;
Un fonds ou une ligne  Nombre d'écoles
budgétaire à risque
conséquente sera pré- identifiées
positionné pour faire  Nombre de salles
face aux situations et latrines
d’urgence. réhabilitées et
Réhabiliter les salles de remises aux
classe : Le PDSEB devra normes (digues
procéder à la de protection,
réhabilitation de 200 canaux
salles de classe par an d'évacuation,
entre 2012 et 2021 etc.) ;
Pré-positionner un  Nombre de
dispositif de gestion des régions ayant des
urgences sur les sites dispositifs de pré-
retenus par le positionnement
CONASUR : des (tentes et
dispositifs appropriés équipements
(tentes, locaux scolaires) pour les
d’emprunt, matériel situations
didactique et d'urgence ;
fournitures scolaires)  Les écoles
seront disponibles dans passent de 14,5%
les stocks d’urgence au au privé à 10% à
niveau des magasins compter de 2010
régionaux  Nombre
d’enfants inscrits
au privé pré
scolaire
Source : PDSEB

L’exécution du programme permettrait d’accueillir les 4 179 681 enfants prévus en


2021 dans les salles de classes par la réalisation de 37 072 nouvelles salles de classe
au moins à raison de 3 707 salles par an en moyenne. Ce qui correspond à des défis

90
à relever en termes de délais de réalisation des infrastructures, mais aussi de
mobilisation de ressources suffisantes pour faire face aux besoins.

En effet, l’évolution des écoles et des salles ainsi que celle de l’effectif des élèves
témoignent que les résultats attendus de la mise en œuvre du PDSEB seront
difficilement atteints.

Le tableau suivant présente l’évolution de certains indicateurs (écoles, salles de


classes et effectifs des élèves) de l’enseignement primaire de 2012 à 2015.

Tableau 46- Nombre d'écoles, de salles de classes et effectifs des élèves

Années Nombres d'écoles Nombre de Effectifs des élèves


salles de
classes Nombre
Publiques Privées PUB+Priv (Pub+priv) d'enseignants Garçons Filles Total

2011/12 9 266 2 279 11 545 43 661 48 592 122 532 1 118 999 2 344 031

2012/13 9 886 2 508 12 394 47 709 53 505 1 276 330 1 190 049 2 466 379

2013/14 10 425 2 779 13 204 50 444 50 582 1 337 654 1 256 370 2 594 024

2014/15 10 939 2 892 13 831 55 098 54 610 1 395 418 1 311 385 2 706 803

Source : DGESS/MENA

Dans l’enseignement primaire, le nombre d’écoles est passé de 10 796 en 2010/2011


à 13 204 en 2013/2014, soit un taux d’accroissement de 22,3% en quatre ans. Ce
nombre est de 13 830 en 2014-2015. Malheureusement, la forte croissance du
nombre de classes l’a été au détriment des matériaux utilisés et cette situation est
dénoncée par la population aussi bien à travers l’enquête d’opinion que dans le
rapport d’évaluation du PDDEB. Annuellement, il y a plus de 3 000 salles de classe
sous paillote et plus de 6 000 salles de classe avec des murs en mauvais état. Pour
l’année scolaire 2015/16, le nombre de salles de classe sous paillote est ressorti à
4 000. Cette situation accentue les besoins de salles en plus des besoins
supplémentaires pour les nouveaux élèves.

Le tableau suivant montre la situation des matériaux des murs des salles de classe
construits ainsi que leur état.

Tableau 47- Nature et état des murs de 2012 à 2015

Années Nombre de salles de classe ayant les murs Nombre de salle de classe
en: dont les murs sont

Dur Semi Dur autres Indét. Bons Mauvais Autres


dur + paillote

2011/12 36 006 3 671 3 973 11 36 414 7 174 73

2012/13 39108 4086 4 488 27 39 569 8 022 54

91
2013/14 41 603 4 326 4 341 174 42 038 7 876 530

2014/15 45 131 4 924 4 886 157 45 962 8 681 455


Source : DGESS/MENA
Indét. = Indéterminé

En outre, le ratio élèves par classe au niveau du primaire demeure toujours élevé et
est loin des recommandations de l’EPT. Le tableau suivant présente les valeurs de ce
ratio durant la période d’étude.

Tableau 48- Ratio élèves/classe au niveau du primaire de 2012 à 2015

Années Ratio élèves/classe


2011/12 54
2012/13 52
2013/14 51
2014/15 50
Source : DGESS/MENA

Ce ratio est toujours élevé au niveau national. Parfois, on rencontre plus de 100
élèves par classe, surtout dans les centres urbains. Ces classes à large effectif jouent
sur la qualité de l’enseignement.

L’insuffisance des infrastructures scolaires est parfois liée au problème de


financement où de retard dans la réalisation des infrastructures, au manque de
qualité d’un nombre important de nouveaux bâtiments ou à l’absence ou encore la
précarité des infrastructures éducatives.

2.3.3- Financement de l’éducation

Les sources de financement du secteur de l’éducation sont multiples et variées. Les


acteurs intervenant dans le financement de l’éducation de base au Burkina Faso
sont l’Etat, les PTF, les projets, les ONG et associations, les collectivités, les opérateurs
privés et les ménages.

Durant la période de 2012 à 2015, l’Etat reste le plus grand financier du secteur de
l’éducation de base. Les ressources allouées par l’Etat sont au-delà de 80% du total
des financements des plans d’actions annuelles. Elles sont dans l’intervalle [80,9% ;
90,5%]. Le tableau suivant donne les parts budgétaires des plans d’actions selon les
sources de financements de 2012 à 2015.

Les parts relatives du financement extérieur à travers le CAST, le FTI, les projets, ONG
et associations se situent dans l’intervalle [9,5% ; 19,1%] des budgets annuels des
plans d’actions du MENA. A partir de 2012, on note une évolution progressive des
parts de financement autres que ceux de l’Etat de 9,5% à 19,1% en 2015. Cette
situation est appréciable, mais soulève des inquiétudes du fait que la grande partie
de ce financement extérieur est destinée à la réalisation des infrastructures scolaires.
Et l’Etat semble ne pas avoir la maîtrise totale de ces ressources financières parfois
soumises à des conditionnalités pour leur consommation.

92
Pour les collectivités, la collecte des données statistiques ne fait pas ressortir leurs
financements dans les plans d’actions annuels du MENA. Pourtant, avec le transfert
des compétences de l’éducation de base du MENA aux communes, ces dernières
sont les acteurs incontournables du développement de l’éducation. En effet, elles
reçoivent les ressources transférées de l’Etat pour l’acquisition des fournitures
scolaires, du matériel spécifique et la réalisation des constructions nouvelles et
réhabilitations. En outre, ces communes interviennent dans l’éducation de base en
injectant leurs ressources propres. L’intégration des dépenses budgétaires des
collectivités locales dans les plans d’actions du MENA permettrait d’avoir une bonne
vision des efforts financiers consentis par les structures décentralisées.

Le tableau suivant présente les parts budgétaires des différentes sources de


financement de l’éducation de base au niveau des plans d’actions de 2010 à 2015.

Tableau 49- Parts budgétaires selon les sources de financements des plans d'actions
de 2012 à 2015

Sources 2012 2013 2014 2015


ETAT 90,5% 88,8% 84,4% 80,9%
FTI 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
CAST 8,3% 9,0% 10,2% 14,4%
Projet, ONG et Associations 1,2% 2,1% 5,4% 4,7%
Collectivités 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Total 100% 100% 100% 100%
Source : calculs faits sur la base des plans d’actions

Dans le financement de l’éducation, certaines difficultés sont présentes. En effet, le


financement du secteur de l’éducation se caractérise par :

- les faibles ressources propres allouées au secteur de l’éducation : malgré les


efforts de l’Etat pour augmenter le budget de l’éducation, les ressources
allouées restent insuffisantes au regard du gap qui sépare le Burkina Faso des
objectifs fixés par la communauté internationale en matière d’éducation pour
l’année 2015. Le seuil de 20% du budget représente un minimum alors qu’il
semble être considéré dans le cas du Burkina Faso comme une limite
supérieure. Même si les 20% du budget national étaient accordés, ils
resteraient toujours insuffisants pour combler le retard du pays en matière
d’éducation. Il faudrait que le Burkina Faso affecte 44% des ressources propres
pour espérer atteindre l’EPT et les OMD de l’année 2015 ;
- la réduction progressive de l’aide extérieure allouée à l’éducation ;
- l’inexistence d’un mécanisme de recouvrement et de financement pérenne
du secteur de l’éducation qui mettrait à l’abri des aléas de la conjoncture
économique grâce à l’affectation d’un pourcentage de recettes annuelles
sûres de l’Etat ;
- la faible implication des communautés et du secteur privé productif dans le
financement de l’éducation.

93
Ces caractéristiques du financement se reflètent au niveau des dotations
budgétaires du MENA.

2.3.4- Dotations budgétaires du MENA

Bien que l’Etat soit la plus grande source de financement, les parts budgétaires de
l’éducation de base dans le budget national n’ont jamais atteint 11%. Le tableau
suivant confirme cette situation.

Tableau 50- Parts relatives du budget du MENA dans le budget de l'Etat

Année 2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne


MENA 6,68% 8,11% 9,70% 11,14% 12,61% 9,65%
Source : calculs faits sur la base des lois de finances 2012-2016

En moyenne, la part relative du budget du MENA dans le budget de l’Etat a été de


9,65% sur la période 2012-2016. Ces parts budgétaires ont été continuellement
croissantes sur ladite période. Toutefois, ces parts sont en déca de la norme de 15%
souhaitée.

Par ailleurs, les dotations intra-MENA montrent que plus de 50% du budget vont aux
dépenses de personnel (titre 2). Les dépenses d’investissements (titre 5) occupent la
deuxième position des dépenses du MENA. Durant la période 2012-2016, les parts
relatives du budget du MENA allouées aux dépenses d’investissements ont été
comprises entre 18,86% en 2014 et 11,30% en 2015. Ces dotations budgétaires pour
les dépenses d’investissements ont baissé de 2012 à 2013 avant de remonter en 2014
avec un niveau de 18,9% pour encore baisser en 2015 avec une valeur de 11,3%.

Le tableau suivant présente les parts relatives des dotations budgétaires par titre du
MENA de 2012 à 2016.

Tableau 51- Parts relatives des dotations par titres budgétaires du MENA de 2012 à
2016

2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne


Personnel (Titre 2) 67,50% 70,03% 60,32% 69,41% 63,90% 66,23%
Fonctionnement (Titre 3) 5,72% 5,42% 4,63% 4,14% 7,49% 5,48%
Transferts courants (Titre 4) 9,00% 24,50% 16,19% 15,16% 11,77% 15,32%
Investissement (Titre 5) 17,77% 13,40% 18,86% 11,30% 16,84% 15,63%
Total 100,00% 113,35% 100,00% 100,00% 100,00%
Source : calculs faits sur la base des données de la DGB/MINEFID

La baisse erratique des dépenses d’investissements joue sur la réalisation des


infrastructures scolaires. En effet, les infrastructures scolaires sont réalisées par les
dotations des dépenses d’investissements. L’examen des taux de croissance des
dotations budgétaires du MENA par titre, conforte cette situation. Durant la période
de l’étude, à l’exception des années 2014 et 2016, les dotations des dépenses
d’investissements ont eu des taux de croissance négatifs. Cela laisserait voir que les
réalisations d’infrastructures scolaires ne bénéficient pas d’une grande importance
lors des allocations budgétaires. L’insuffisance de salles de classes s’expliquerait de

94
la faiblesse des ressources budgétaires allouées aux dépenses d’investissements. Le
tableau suivant contient les taux de croissance des dotations budgétaires par titre
du MENA de 2013 à 2016.

Tableau 52- Taux de croissance des dotations budgétaires du MENA par titre de 2011
à 2015

2013 2014 2015 2016 TAMA


Personnel (Titre 2) 3,75% 14,12% 25,62% 13,10% 13,88%
Fonctionnement (Titre 3) -5,17% 13,12% -2,51% 122,57% 23,52%
Transferts courants (Titre 4) 172,06% -12,42% 2,18% -4,58% 23,46%
Investissement (Titre 5) -24,62% 86,59% -34,63% 83,16% 13,92%
Total 11,78% 14,46% 8,39% 18,61% 15,46%
Source : calculs faits sur la base des données des lois de finances 2012-2016

L’observation du rythme d’évolution des dotations des titres budgétaires révèle que
seules les dépenses de personnel connaissent une tendance haussière régulière. Les
dotations des autres titres budgétaires ont été erratiques d’une année sur l’autre.
Autrement, le budget du MENA augmente en valeur absolue à cause des dotations
des dépenses de personnel. La figure suivante présente les différentes évolutions des
dotations budgétaires par titre du MENA de 2012 à 2016.

Graphique 43- Dynamique des titres budgétaires du MENA de 2012 à 2016

80.00%
Pourcentage des parts

60.00%
Titre 2
relatives

40.00%
Titre 3
20.00%
Titre 4
0.00%
Titre 5
2012 2013 2014 2015 2016
Années

Source : construit sur la base des données des lois de finances 2012-2016

2.3.5- Analyse de l’exécution des dépenses budgétaires du MENA

L’examen de l’exécution des dotations budgétaires du MENA durant la période


2012-2015 montre que le pourcentage d’exécution du budget annuel n’a jamais
excédé 94%. En moyenne annuelle, le taux d’exécution des dépenses budgétaires
du MENA est de 79,5% sur la période considérée. Autrement, selon les critères de
performances d’exécution budgétaire, le MENA exécute moins efficacement son
budget. Situation paradoxale du fait que l’Etat consacre annuellement moins de
12% de son budget au MENA. Les faibles pourcentages d’exécution budgétaires
s’expliqueraient-ils par des faibles capacités du personnel chargé de la gestion ou
seraient-ils liés à des événements indépendants ?

Les faibles parts budgétaires de l’Etat allouées au MENA et les faibles pourcentages
d’exécution budgétaires de ce ministère durant la période 2012-2016 influenceraient

95
les réalisations d’infrastructures scolaires. En effet, en plus des taux de croissance
négatifs des dépenses d’investissements, ces dernières ont des pourcentages
d’exécution faibles de l’ordre de 66,0% en 2012 et de seulement 35,2% en 2015. Les
pourcentages d’exécution des dotations budgétaires au titre des dépenses
d’investissements sont les plus faibles par rapport aux autres titres de dépenses
budgétaires du MENA. Cet état de fait est difficilement explicable : moins de
ressources budgétaires sont consacrées aux dépenses d’investissements avec une
faible partie de ces ressources budgétaires réellement consommée pour les
réalisations des infrastructures scolaires.

Tableau 53- Evolution du taux d’exécution des titres budgétaires du MENA

2012 2013 2014 2015 Moyenne


Salaires (Titre 2) 86,3% 37,1% 40,7% 114,8% 69,7%
Fonctionnement (Titre 3) 94,6% 125,9% 140,1% 78,5% 109,8%
Transferts courants (Titre 4) 96,9% 100,0% 111,6% 40,6% 87,3%
Investissements (Titre 5) 66,0% 189,2% 99,1% 35,2% 97,4%
MENA 84,1% 72,9% 67,8% 93,1% 79,5%
Source : calculs faits sur la base des données de la DGB

L’effectif des élèves ne cessant d’augmenter, compte tenu du taux d’accroissement


de la population, cela amplifie les besoins en infrastructures scolaires,
particulièrement les salles de classes. L’insuffisance des salles de classes aurait des
effets négatifs sur les conditions de travail des enseignants ainsi que sur celles
d’apprentissage des élèves. La conjugaison de ces effets aboutirait à une faible
qualité des apprentissages et surtout à une inflexion de la demande scolaire si la
situation perdure.

Les budgets des plans d’actions sont destinés aux financements de quatre
programmes : (i) l’amélioration de l’accès à l’éducation de base, (ii) l’amélioration
de la qualité et l’efficience de l’éducation de base, (iii) le développement de
l’éducation non formelle et (iv) l’amélioration de la gestion, du pilotage et du
renforcement des capacités. Mis à part l’année 2012, le programme 1 a connu la
part budgétaire la plus élevée au cours de la période de l’étude. Malheureusement
les parts budgétaires des programmes 2 et 3 sont faibles ; toutes choses qui jouent sur
la qualité de l’éducation de base, entrainant de faibles résultats à l’issue des
examens et tests éducatifs.

Le tableau suivant présente les parts budgétaires des différents programmes des
plans d’actions du MENA de 2010 à 2015.

Tableau 54- Parts budgétaires relatives des différents programmes des plans
d'actions du MENA de 2010 à 2015

Programmes 2012 2013 2014 2015


1. Amélioration de l'accès à l'éducation de base 20,80% 67,54% 67,26% 66,92%
2. Amélioration de la qualité et l'efficience de 9,73% 8,75% 9,62% 8,30%
l'éducation de base
3. Développement de l'éducation non formelle 3,42% 3,60% 2,85%
4. Amélioration de la gestion, du pilotage et 69,47% 20,29% 19,52% 21,93%
renforcement des capacités

96
Programmes 2012 2013 2014 2015
Total 100% 100% 100% 100%
Source : calculs faits sur la base des plans d’actions

La réalisation des infrastructures scolaires fait partie du programme amélioration de


l’accès à l’éducation de base. L’augmentation des parts des ressources budgétaires
de ce programme à partir de 2013 est une volonté affichée pour trouver des
solutions à l’accès à l’éducation de base. L’insuffisance des infrastructures scolaires
est l’une des difficultés d’accès à l’éducation. C’est pourquoi la construction
d’infrastructures éducatives est une priorité.

Pourtant, l’examen des parts budgétaires du programme 1 relève qu’à partir de


2013, les dotations budgétaires au profit de la construction d’infrastructures scolaires
sont à la baisse. Ce qui montrerait que la volonté politique ne se traduit pas par des
dotations budgétaires conséquentes afin d’augmenter le nombre de salles de
classes. L’importance est actuellement accordée à la mise à niveau des
enseignants de qualité. L’indisponibilité d’infrastructures éducatives ne jouerait-il pas
sur la qualité des apprentissages même si les enseignants sont qualifiés.
L’enseignement est un tout indissociable et la qualité des enseignements est la
résultante de la conjugaison de plusieurs facteurs d’input dont les infrastructures
éducatives.
En outre, les enseignants auront des conditions difficiles de travail si les classes
construites sont larges ou bien si les enseignements sont réalisés sous des classes
précaires (paillotes, arbres, etc.).

Le tableau suivant contient les parts budgétaires des activités du programme


d’amélioration à l’accès à l’éducation de base. Ce tableau montre que la
construction d’infrastructures éducatives bénéficie de moins de ressources ces trois
dernières années. Autrement, il y a une discordance entre la volonté politique et les
engagements budgétaires.

Tableau 55- Parts budgétaires relatives des activités clés du programme


d'amélioration de l'accès à l'éducation de base

Activités clés 2012 2013 2014 2015


Construction infrastructures éducatives 54,73% 16,34% 21,70% 13,97%
Réhabilitations des infrastructures éducatives 1,71% 0,68% 0,56% 0,19%
Electrification d'infrastructures scolaires et viabilisation 0,00% 0,00% 0,32% 0,26%
de CET et CFP
Appui aux activités des sous projets communautaires 0,00% 0,00% 0,00% 0,01%
Equipement des salles de classe 2,82% 2,09% 2,56% 2,96%
Etude suivi et contrôle des travaux des infrastructures 0,08% 0,07% 0,00% 0,13%
éducatives
Sensibilisation à la scolarisation des filles 0,00% 0,00% 0,00% 0,09%
Maintien des filles dans le système éducatif 1,07% 0,31% 0,41% 11,07%
Sensibilisation et maintien à l'alphabétisation et à 21,31% 0,00% 0,00% 2,67%
l'éducation non formelle
Infrastructures et approvisionnement en vivres 18,18% 20,06% 14,34% 11,07%
Appui à l'éducation des enfants à besoins spécifiques 0,10% 0,00% 0,00% 0,02%

97
Activités clés 2012 2013 2014 2015
Mise à disposition d'enseignants qualifiés 0,00% 59,55% 59,28% 55,45%
Amélioration de l'état hygiène, santé et nutrition des 0,00% 0,14% 0,13% 0,19%
élèves
Lutte contre le VIH/SIDA 0,00% 0,00% 0,02% 0,03%
Développement de l'éducation parentale 0,00% 0,00% 0,07% 0,07%
Dynamisation de la participation des APE/AME/COGES 0,00% 0,00% 0,00% 0,03%
Promotion de la formation professionnelle 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
Soutien technique et financier à l'enseignement privé 0,00% 0,77% 0,60% 1,80%
Total 100% 100% 100% 100%
Source : calculs faits sur la base des données des plans d’actions / MENA

2.3.6- Comparaison entre le budget du MENA et celui du MDNAC

L’examen du budget du MENA et de celui du MDNAC pourrait relever des priorités


accordées à chaque ministère au regard des dotations budgétaires et des
pourcentages d’exécutions. L’éducation primaire fait partie des ODD. Mais, la crise
militaire et sociale de 2011 et les tentatives de modifications de l’article 37
constitueraient des priorités de premier plan qui influenceraient les dotations
budgétaires.

2.3.6.1- Comparaison des parts budgétaires relatives du MENA et MDNAC dans le


budget de l'Etat de 2010 à 2015

La comparaison des parts budgétaires relatives des budgets du MENA et MDNAC


montre que :
- les dotations budgétaires du MENA sont entre 6,68% en 2012 et 12,61% en 2016
du budget de l’Etat durant la période de 2012-2016 ;
- les dotations budgétaires du MDNAC sont comprises entre 4,19% en 2012 et
5,13% en 2015 du budget de l’Etat.

Cela montre que théoriquement, le MENA bénéficie de plus de ressources


budgétaires que le MDNAC. Néanmoins, cette situation est à relativiser dès qu’on
prend en compte le public bénéficiaire.
Par ailleurs, les parts relatives des budgets du MENA et du MDNAC dans le budget de
l’Etat ont évolué en dents de scie.
Le tableau suivant présente les parts relatives des budgets du MENA et du MDNAC
durant la période 2012 -2016.

Tableau 56- Comparaison des parts budgétaires relatives du MENA et MDNAC dans
le budget de l'Etat entre 2010 à 2015

2012 2013 2014 2015 2016 Moyenne


MENA 6,68% 8,11% 9,70% 11,14% 12,61% 9,65%
MDNAC 4,19% 4,36% 4,86% 5,13% 4,63% 4,64%
Source : calculs faits sur la base des données de la DGB/MINEFID

98
2.3.6.2- Comparaison des taux de croissance budgétaires entre le MENA et le
MDNAC de 2010 à 2015

La comparaison des taux de croissance budgétaires du MENA et du MDNAC montre


des situations diverses.
Le taux d’accroissement moyen annuel (TAMA) des dotations budgétaires du MENA
est nettement supérieur à celui du MDNAC durant la période 2012-2016. En effet,
alors que le TAMA des dotations budgétaires du MENA est de 15,5% sur la période de
l’étude, celui du MDNAC est de 1,0%. Alors que les dotations budgétaires du MENA
ont connu un rythme de croissance progressif, celles du MDNAC ont évolué en dents
de scie avec des baisses en 2013 et 2016, respectivement de 2,7% et de 2,0%.
Le taux d’accroissement de -2,7% en 2013 au niveau du MDNAC s’expliquerait par le
non reconduction des avantages ponctuels dont le personnel de ce ministère a pu
bénéficier en 2012 à la suite de la crise socio-militaire de 2011.

Le tableau ci-dessous contient les taux de croissance budgétaires du MENA et du


MDNAC entre 2013 et 2016 ainsi que les taux moyens annuels de croissance (TAMA)

Tableau 57- Comparaison des taux de croissance budgétaires du MENA et du


MDNAC entre 2010 et 2015

2013 2014 2015 2016 TAMA


MENA 13,4% 16,9% 9,2% 22,9% 15,5%
MDNAC -2,7% 8,8% 0,3% -2,0% 1,0%
Source : calculs faits à partir des données de la DGB/MINEFID

2.3.6.3- Comparaison de la dynamique des exécutions budgétaires entre le MENA


et le MDNAC de 2012 à 2016

L’examen de l’évolution des réalisations budgétaires montre une hausse continue du


budget exécuté au niveau du MENA de 2012 à 2015. Pour ce qui est du budget du
MDNAC, les dotations budgétaires ont connu une évolution en dents de scie avec
une forte croissance du niveau d’exécution des dépenses budgétaires en 2015.

Le graphique ci-dessous présente la dynamique des exécutions budgétaires du


MENA du MDNAC entre 2012 et 2015.

99
Graphique 44- Dynamique des exécutions budgétaires du MENA et du MDNAC entre
2012 et 2015

200,000,000

150,000,000

100,000,000 MENA
MDNAC
50,000,000

-
2012 2013 2014 2015

Source : construit sur la base des données de la DGB/MEF

Contrairement aux dotations, le TAMA des réalisations budgétaires montre que


l’écart entre le MENA et le MDNAC est en moyenne de 5,2 points de pourcentage
sur la période 2012-2015.

2.3.7- Analyse de l’accès à l’éducation

Le secteur de l’éducation et de la formation s’est développé de façon segmentée


sans une vision cohérente et holistique. Les insuffisances du système d’éducation et
de développement des compétences sont la conséquence d'un déficit de vision et
de leadership au niveau national. Cette vision doit établir la relation entre le
développement des compétences (qualité des ressources humaines) et la
croissance économique. Elle consisterait à articuler les objectifs de transformation de
l'économie burkinabè pour éliminer ou réduire, à un horizon donné, les risques
systémiques liés à : (i) une dépendance d'une agriculture de subsistance qui
n'évolue pas et (ii) une économie de rente sur laquelle le pays n'a pas d'emprise. Le
système burkinabè d’éducation/formation se développe d’une manière
déséquilibrée et cloisonnée qui affecte son expansion quantitative, sa qualité et sa
pertinence. La priorité accordée à l’éducation de base (plus de 60% du budget du
secteur contre moins de 5% à l’Enseignement Technique et Formation
Professionnelle) au cours des vingt (20) dernières années s’est traduite par un
déséquilibre du système au détriment du niveau post-primaire d’éducation, y
compris la formation professionnelle et l’enseignement supérieur.

Le tableau ci-dessous nous donne un aperçu des indicateurs clés du secteur de


l’éducation.

Tableau 58- Indicateurs clés du secteur de l’éducation

Période 2013 2014 2015


G F T G F T G F T
Taux Brut de Scolarisation du 81,6 81,0 81,3 82,8 83,2 83,0 83,6 83,9 83,7
Primaire (%)
Taux d’Achèvement du Primaire 59,3 59,7 59,5 55,7 59,7 57,6 56,6 60,4 58,4
(%)
Taux Brut de Scolarisation du 39,0 34,4 36,7 41,9 38,4 40,2 ND ND ND
premier cycle du secondaire (%)

100
Période 2013 2014 2015
Taux Brut de Scolarisation du 17,2 10,6 13,9 15,9 9,8 12,8 ND ND ND
second cycle du secondaire (%)
Proportion d’élèves du 4,0 3,7 3,9 3,4 3,2 3,4 ND ND ND
secondaire inscrits dans l’ETFP (%)
Nombre d’étudiants pour 100.000 Error! 277 443 ND ND ND ND ND ND
habitants Hyperlink
reference
not valid.
Source : MENA et MESSRS

L’accès à l’éducation-formation reste insuffisant à tous les niveaux et ordres


d’enseignement, surtout au niveau secondaire. L’accès à l’éducation a connu une
amélioration non négligeable dans les différents segments de l’enseignement
général. Entre 2007 et 2013, le taux brut d’accès est passé de 77,4% à 92,8% pour le
primaire pour un taux d’achèvement de 59%. Malgré cette expansion, il est anticipé
qu’à ce rythme, le Burkina Faso n’atteindra la scolarisation primaire universelle
qu’après 2028. Cette évolution du taux d’achèvement du primaire exerce une
pression croissante sur les niveaux d’éducation secondaire dont la capacité
d’accueil reste largement insuffisante malgré une récente amélioration.

Par ailleurs, l’offre actuelle d’enseignement secondaire est largement inférieure à la


demande sociale d’éducation. Le niveau de couverture de l’enseignement
secondaire est faible même s’il s’améliore. Entre 2007 et 2013, le taux brut de
scolarisation est passé de 21% à 37% pour le premier cycle du secondaire, et de 6% à
14% pour le second cycle. Seulement une faible proportion des élèves du
secondaire ont accès à l’enseignement technique et la formation professionnelle :
en régression, cette proportion est passée entre 2007 et 2013 de 25% à 15%. L’offre
d’enseignement secondaire s’amenuise face au rythme d’augmentation du
nombre d’enfants achevant le primaire: il est passé de près de 76 000 en 2000 à près
de 285 000 en 2010 (du simple au quadruple). Si cette tendance se maintenait, le
nombre d’enfants achevant le primaire et candidats au niveau secondaire
atteindrait près de 700 000 en 2028 (soit près de neuf fois plus par rapport à la
situation de 2000). En dépit des progrès, ces niveaux restent encore faibles au regard
de la situation dans les pays comparables. Ces données indiquent bien la pression
qui pèse sur les niveaux d’enseignement post-primaire. Il semble donc nécessaire
d’ajuster la capacité de ces niveaux de l’enseignement secondaire à répondre à la
demande sociale pressante dans des normes minimales de qualité.

En somme, à tous les niveaux, le système d’éducation-formation est peu performant


en termes d’apprentissages scolaires et de formation professionnelle de ressources
humaines compétentes. Le déficit de qualité et pertinence du système d’éducation-
formation se traduit par un faible niveau des apprentissages scolaires et des
compétences ainsi que leur inadaptation par rapport aux besoins des secteurs de
l’économie. Le constat de ce déficit amenuise tout l’intérêt de la participation
scolaire et le lien entre l’éducation-formation et la croissance économique. En effet,
de récentes études25 ont montré que la relation entre l’éducation-formation et la
croissance économique est liée non pas au nombre d’années de participation

25
Eric A. Hanushek and Ludger Wößmann, «The Role of Education in Economic Growth». World Bank Policy Research Working Paper 4122,
February 2007.

101
scolaire, mais plutôt aux acquis cognitifs. La contreperformance du système
d’acquis scolaires, de compétences et de pertinence résulte d’une combinaison de
facteurs parmi lesquels la disponibilité et la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières, la qualité des moyens mis en œuvre et les choix de
politiques éducatives. De manière générale, l’implication du secteur privé dans les
cycles de formation est marginale et les programmes de formation sont
généralement obsolètes et inadéquats.

Le système éducatif est caractérisé par une faiblesse structurelle de la gestion


administrative et pédagogique. On observe de grandes différences dans les moyens
mis à disposition des établissements et les résultats scolaires produits. Ce qui traduit
une faible corrélation entre ces deux aspects : certains établissements reçoivent des
ressources suffisantes mais enregistrent de mauvais résultats. Une des causes de ce
dysfonctionnement est la gestion centralisée du système ainsi que le manque
d’autonomie conférée aux responsables locaux dans la gestion des établissements.

Au regard de cette situation, des mesures devraient être mises en œuvre pour
réduire les disparités et les iniquités. Il s’agira entre autres :
 que toute la communauté éducative travaille dans le même sens pour améliorer
prioritairement le niveau des apprentissages scolaires à tous les niveaux. A cet
effet, un plan de communication touchant et mobilisant tous les acteurs
(communautés, parents d’élèves, élèves, enseignants, gestionnaires, etc.) est
nécessaire. Cette communication pourrait utiliser des messages basés sur les
résultats d’évaluations existants.

 Il est impérieux d’améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources mobilisées


pour davantage de résultats. Les résultats scolaires en termes de réussite et
d’apprentissages scolaires sont produits au niveau des établissements scolaires.
Par conséquent, les ressources mobilisées doivent être transférées et gérées au
niveau des établissements scolaires par les acteurs locaux et les communautés.
Le Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement devra réviser ses
outils en vue de transférer directement les ressources au plus près des
établissements. Il est nécessaire de créer au préalable un environnement
favorable à la bonne gestion des ressources en s’appuyant sur les COGES
(Comité de Gestion des Etablissements Scolaires) par la formation des acteurs
impliqués et le développement d’outils adaptés. L’approche peut être testée au
départ dans une région.

 L’amélioration de la gestion administrative permettrait d’étendre l’offre


d’éducation. Une des contraintes à l’expansion de l’offre d’éducation est le
manque d’enseignants qualifiés. Une évaluation rapide de l’administration,
surtout dans les centres urbains permettrait un redéploiement des enseignants
vers des zones déficitaires. Pour plus d’équité et pour faciliter le transfert des
enseignants dans les zones difficiles, un type de bonification peut être imaginée.

102
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

L’accroissement des recettes propres, de manière plus que proportionnelle à celles


de l’ensemble des ressources à partir de 2013, a permis de porter le taux de pression
fiscale du Burkina Faso autour de 17% en 2014. La faiblesse du rythme de croissance
des recettes extraordinaires ces dernières années semble être une conséquence de
la rupture de l’équilibre macro-budgétaire et de la stabilité politique intérieure
consécutive aux remous socio-politiques des années 2014-2015, accentuée par le
choc du phénomène de migration constaté en 2015 dans les pays européens.
L’accroissement des recettes propres devra prendre en compte l’aspect d’équité
non seulement dans la contribution des populations à la mobilisation des ressources
internes pour le financement du développement, mais aussi dans la redistribution
des revenus de la croissance. Les ressources minières peuvent faire davantage
l’objet d’attention en matière de rétribution des facteurs de production. Aussi, serait-
il important pour le nouveau gouvernement de poursuivre dans la lancée de la
mobilisation des ressources ordinaires pour une mise en œuvre optimale du PNDES
sur la période 2016-2020 à travers une bonne maitrise des exonérations fiscales, la
poursuite de l’informatisation des services de recouvrement, la mise à jour de la base
des contribuables et la conduite d’actions fortes en matière de lutte contre la
fraude, la corruption et le faux.

Empêtrées dans un phénomène « boule de neige », les dépenses publiques,


notamment celles du titre 2 (dépenses de personnel) ont tendance à croitre plus vite
que les autres natures de dépenses. Les dotations de dépenses de personnel ont
progressivement augmenté pour être un peu plus au-dessus du quart (1/4) des
dépenses totales du budget de l’Etat en 2015. Dans le même temps, les dépenses
d’investissement ont chuté de 14 % du PIB à 8% du PIB entre 2013 et 2015. En dépit
des efforts du gouvernement de la Transition, l’engagement des dépenses liées à la
gestion de la sécurité dans le pays a entrainé l’accumulation de nouveaux arriérés
en 2015 auxquels il faut ajouter le reliquat des factures antérieures. Le ralentissement
de l'activité économique à partir de 2014 a entraîné une baisse du crédit au secteur
privé et une faible pression sur les prix intérieurs. Toutefois, la contraction de la
demande et la disponibilité des aliments consécutivement à l’application du
mécanisme de contrôle des prix par le Gouvernement ont eu pour effet de réduire
le taux d'inflation qui est resté en moyenne à 1,9% en 2015 (l’un des plus faibles des
pays de l’UEMOA).

Sur la période 2012-2016, les parts relatives de dotations budgétaires aux secteurs
étudiés (éducation, santé, eau et assainissement) sont en deçà des engagements
nationaux et des normes internationales convenues, compromettant dès la prévision
les objectifs assignés audits secteurs. Alors qu’il est recommandé de doter le secteur
de l’éducation d’au moins 15% des dépenses du budget de l’Etat, le MENA reçoit en
moyenne 9,6% des dotations budgétaires de l’Etat sur la période 2012-2016, la part la
plus importante ayant été notée en 2016 (12,6%). Ces allocations ne permettent pas
au MENA de prendre en charge les défis énormes en termes d’infrastructures
scolaires (salles de classe, logement pour enseignants etc.). Par exemple, les besoins
en salle de classe pour l’année scolaire 2015-2016 se chiffrent à 4 000 salles de classe
au minimum. Les parts relatives des dotations de budget au ministère de la santé
sont comprises entre 5,8% du budget total de l’Etat en 2012 et 9,4% en 2015. Cette
proportion parait limiter face aux enjeux sanitaires (paludisme, Ebola, grippe aviaire,
etc.).Quant aux dépenses publiques allouées au domaine de l’eau et de

103
l’assainissement, elles s’établissent à peine à 5% du budget de l’Etat transformant les
objectifs d’accès à l’eau potable et à l’assainissement en de simples vœux pieux.

En termes de réalisations budgétaires, les données montrent que la défense coûte


presqu’autant au budget de l’Etat burkinabè que la santé, le budget du MDNAC
étant exécuté à plus de 100% en moyenne annuelle sur la période 2013-2015, dont
131,7% en 2015. Parmi les ministères étudiés, aucun n’a atteint un taux d’exécution
de 80% en moyenne sur la période étudiée. Seul le MENA a pu obtenir 93,1% de taux
d’exécution en 2015, à la faveur de la transition politique.

En dépit des efforts et investissements relativement importants dans le secteur de


l’eau et l’assainissement sous l’impulsion du PN-APEA pour l’atteinte des OMD et du
PAGIRE, l’accès des pauvres aux services améliorés d'eau et d'assainissement n'est
toujours pas effectif dans les zones rurales, les petites villes et les zones péri-urbaines.
Ce qui dénote un ciblage inopérant des acteurs dans le domaine ainsi qu’une
capacité à atteindre les résultats stratégiques attendus. Les ménages les plus
pauvres ont toujours un accès limité aux services d’eau et d’assainissement.

Avec une moyenne de 4 enfants par femme en âge de procréer, les services publics
appuyés par le privé n’arrivent pas à couvrir les besoins de la population en matière
de santé. Malgré les efforts consentis et les résultats atteints dans certains domaines
de la santé, les OMD n’ont pu être réalisés à fin 2015 et le secteur de la santé reste
toujours confronté dans son ensemble à des défis majeurs. La démographie
galopante, notamment dans les zones rurales, est une contrainte additionnelle pour
l’atteinte des ODD en 2030. Le pays connait une tradition épidémiologique marquée
par des maladies transmissibles et non transmissibles. Ces maladies mettent à rude
épreuve la santé des populations avec leur corollaire de morbidité et de mortalité.
La nouvelle mesure de gratuité des soins de santé aux mères et aux enfants de moins
de cinq ans suscite beaucoup d’espoir pour une remontée franche des indicateurs
de santé pour ces groupes cibles, les plus vulnérables en matière de santé publique.

L’expansion quantitative en matière d’éducation a été rendue possible grâce à


l’allocation conséquente de ressources et la mise en œuvre de certaines réformes
dans le cadre de l’exécution du PDDEB et du PDSEB, principalement axés sur
l’éducation de base. Pour les années à venir, les défis du secteur consisteraient à
maintenir l’effort au niveau de l’enseignement primaire, tout en prenant en compte
les questions liées à la qualité de l’enseignement et à augmenter les allocations pour
les niveaux d’éducation post-primaires y compris l’Enseignement Technique et la
Formation Professionnelle (ETFP) et l’enseignement supérieur. Ce qui permettrait de
répondre aisément à la forte demande d’éducation observée à tous les niveaux et
de satisfaire les besoins de l’économie en ressources humaines qualifiées.

Sur la base des résultats et constats, les principales recommandations suivantes sont
faites.

Dans le domaine de l’éducation

Recommandation 1- Augmenter le budget de l’éducation, particulièrement le


budget alloué aux infrastructures scolaires et à l’enseignement post-primaire tout
en mettant l’accent sur la qualité.

104
Durant la période 2012-2016, les parts relatives des dotations budgétaires du MENA
dans le budget total de l’Etat se situent entre 6,7% en 2012 et 12,6% en 2016. Le seuil
de 20% du budget recommandé à allouer à l’éducation de base représente un
minimum alors qu’il semble être considéré dans le cas du Burkina Faso comme une
limite supérieure. Même si les 20% du budget national étaient accordés, ils
resteraient toujours insuffisants pour combler le retard du pays en matière
d’éducation. Il faudrait que le Burkina Faso affecte 44% des ressources propres pour
espérer atteindre les ODD en 2028. Il est évident qu’une dotation budgétaire de
12,6% ne serait pas à mesure d’adresser efficacement les contraintes du fait que les
dépenses de personnel et de fonctionnement occupent plus de la moitié du budget
de ce secteur. En outre, le système d’éducation/formation se caractérise par des
progrès significatifs de l’enseignement primaire au cours des 15 dernières années,
bien que les objectifs du millénaire ne soient pas atteints. Ces progrès ont
essentiellement porté sur l’accès alors que les performances sur la qualité de
l’éducation, en termes d’apprentissages scolaires, restent en deçà des attentes.

Les progrès quantitatif de l’enseignement primaire exercent sur les niveaux


d’éducation post-primaire une pression de plus en plus forte, aggravée par une forte
croissance démographique. De ce fait, les défis pour les années à venir
consisteraient à maintenir l’effort au niveau de l’enseignement primaire, tout en
prenant en compte les questions liées à la qualité et à augmenter les allocations
pour les niveaux d’éducation post-primaires y compris l’Enseignement Technique et
la Formation Professionnelle (ETFP) et l’enseignement supérieur afin de répondre à la
demande croissante observée à ces niveaux et satisfaire les besoins de l’économie
en ressources humaines qualifiées. En effet, tant dans les pays industriels que dans les
pays en développement, il existe une corrélation positive entre l’investissement
qu’une nation effectue dans l’éducation et sa croissance économique (Haddad, et
al, 1990).

Recommandation 2- Développer un plan prioritaire de résorption des salles de


classes sous paillotes.
Le secteur de l’éducation de base et de l’alphabétisation reste toujours confronté à
des défis énormes en termes d’infrastructures scolaires (salles de classe, logement
pour enseignants, latrines, etc.). Les besoins en salles de classe pour l’année scolaire
2015-2016 se chiffrent à 4 000 salles de classe au minimum. Cette insuffisance
d’infrastructures fortifie davantage la multiplication des écoles sous-paillotes qui
constituent un obstacle réel à l’atteinte des objectifs dans ce secteur car de
nombreux parents refusent d’inscrire leurs enfants à l’école au regard des mauvaises
conditions de travail dans les classes. En outre, les enseignants auront des conditions
difficiles de travail si les classes construites sont larges ou bien si les enseignements
sont réalisés sous des classes précaires (paillotes, arbres, etc.).

L’insuffisance des infrastructures scolaires est parfois liée au problème de


financement ou de retard dans la réalisation des infrastructures, au manque de
qualité d’un nombre important de nouveaux bâtiments ou à l’absence ou encore la

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précarité des infrastructures éducatives. L’insuffisance des infrastructures scolaires est
l’une des difficultés d’accès à l’éducation. Face à cette situation, il est nécessaire
de développer un plan prioritaire de résorption des salles de classes sous paillotes.

Recommandation 3- Développer une stratégique dynamique et efficace de la forte


responsabilité des collectivités dans le financement et la gestion de l’éducation
conformément à la décentralisation et à la réalité de l’école
L’Etat reste le plus grand financier du secteur de l’éducation de base. Les ressources
allouées par l’Etat sont dans l’intervalle [80,9% ; 90,5%] des financements des plans
d’actions annuelles. Les parts relatives du financement extérieur à travers le CAST, le
FTI, les projets, ONG et associations se situent dans l’intervalle [9,5% ; 19,1%] des
budgets annuels des plans d’actions du MENA. Pour les collectivités, la collecte des
données statistiques ne fait pas ressortir leurs financements dans les plans d’actions
annuels du MENA. Pourtant, avec le transfert des compétences de l’éducation de
base du MENA aux communes, ces dernières sont les acteurs incontournables du
développement de l’éducation. L’intégration des dépenses budgétaires des
collectivités locales dans les plans d’actions du MENA permettrait d’avoir une bonne
vision des efforts financiers consentis par les structures décentralisées.

Les résultats scolaires en termes de réussite et d’apprentissages scolaires sont


produits au niveau des établissements scolaires. Par conséquent, les ressources
mobilisées doivent être transférées et gérées au niveau des établissements scolaires
par les acteurs locaux et les communautés. Le Ministère de l’Economie, des Finances
et du Développement (MINEFID) devra réviser ses outils en vue de transférer
directement les ressources au plus près des établissements. Il est nécessaire de créer
au préalable un environnement favorable à la bonne gestion des ressources en
s’appuyant sur les COGES (Comité de Gestion des Etablissements Scolaires) par la
formation des acteurs impliqués et le développement d’outils adaptés.

Recommandation 4- Rendre efficace l’exécution budgétaire, surtout le budget


alloué aux investissements scolaires
L’examen de l’exécution des dotations budgétaires du MENA durant la période
2012-2015 montre que le pourcentage d’exécution du budget annuel n’a jamais
excédé 94%. En moyenne annuelle, le taux d’exécution des dépenses budgétaires
du MENA est de 79,5% sur la période considérée. Les exécutions des dépenses
d’investissement, en plus de leurs taux de croissance négatifs durant la période
d’étude sont faibles avec des niveaux de l’ordre de 66,0% en 2012 et de seulement
35,2% en 2015.

Autrement, selon les critères de performances d’exécution budgétaire, le MENA


exécute moins efficacement son budget. Situation paradoxale du fait que l’Etat
consacre annuellement moins de 12% de son budget au MENA. Il faudrait exécuter
efficacement le budget du MENA en résolvant les faibles capacités du personnel
chargé de la gestion ou des événements indépendants.

En outre, toute la communauté éducative devrait travailler dans le même sens pour
améliorer prioritairement le niveau des apprentissages scolaires à tous les niveaux et
à améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources mobilisées pour davantage de
résultats.

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En matière de santé de la mère et de l’enfant

Recommandation 1- Accroitre et maintenir les efforts en matière de dépenses


consacrées à la santé de la mère et de l’enfant
La santé des populations constitue toujours une préoccupation majeure au Burkina
Faso car elle est une condition nécessaire du développement économique et social.
La problématique de la santé maternelle et infantile se pose avec acuité au regard
des taux de mortalité infantile (91,7 pour 1000 naissances vivantes en 2014), infanto-
juvénile (141,9 pour 1000 naissances vivantes en 2013) et maternelle (307,3 pour
100 000 naissances vivantes en 2014), relativement élevés par rapport aux normes
internationales. Les dépenses de santé ont représenté en moyenne 7,1% du budget
total de l’Etat au cours de la période 2012-2015, pour une norme recommandée de
15% (Abuja).

Recommandation 2- Veiller à un meilleur suivi des dépenses nationales de santé


Les dépenses de Santé de la reproduction, maternelle, néonatale et infantile
(SRMNI) ont évolué en moyenne de 7,9% des dépenses du ministère de la santé sur
la période considérée. Le paludisme pour sa part constitue toujours un problème
majeur de santé publique avec 6 970 700 cas enregistrés en 2012 dont 7 963 décès
(MS, 2013). Ces statistiques représentent par rapport aux autres pathologies, 52,3%
des motifs d’hospitalisation, 45,9% des motifs de consultations et 36,4% de décès
enregistrés durant la même période. Ainsi, près de 4 burkinabè sur 10 meurent de
suite du paludisme. Les nouvelles mesures de gratuité de la santé pour les enfants et
les mères devraient aider à améliorer la situation à condition que les règles prescrites
soient respectées.

Recommandation 3- Améliorer le taux d’exécution des dépenses de santé


Si, en termes de prévision, les dotations consacrées au ministère de la santé sont près
de deux fois supérieures aux dotations du ministère en charge de la défense, en
termes de réalisation, l’état dépense en réalité autant pour la santé que pour la
défense. C’est dire que le taux d’exécution des dépenses en matière de santé des
populations est relativement bas, avec une moyenne de 70,2% sur la période 2012-
2015 contre 114,4% pour le ministère en charge de défense. Des mesures de
mitigation des difficultés liées à l’exécution du budget (lenteurs administratives,
lourdeur des procédures d’exécution…) devraient être mises en œuvre et une plus
grande anticipation observée. A ce sujet, l’expérience du ministère en charge de la
de la défense pourrait servir d’exemple de bonne pratique en la matière.

Recommandation 4- Nécessité d’une plus grande implication du gouvernement


dans la prise en charge de certaines natures de dépenses
L’analyse des dépenses de santé a indiqué qu’une grande partie de certaines
d’entre elles sont principalement supportées par les Partenaires techniques et
financiers (PTF). C’est particulièrement le cas pour la prise en charge de la santé de
la reproduction, des SONU et de PTME pour lesquels respectivement 61,4% ; 70% et
90% des dépenses sont à la charge des PTF. Si les nouvelles mesures de gratuité des

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soins de santé pour la mère sont adossées en grande partie à ces catégories de
dépenses de santé, c’est dire que le Gouvernement devra davantage s’impliquer
dans une plus grande prise en charge de ces natures de soins de santé.

Recommandation 5- Eclater davantage les dépenses de santé non classées ailleurs


en ce qui concerne les sous-fonctions de la classification fonctionnelle
L’analyse de la classification fonctionnelle des dépenses de santé révèle que celles
non classées ailleurs représentent un important volume des dépenses de santé
(54,3% en moyenne des dépenses exécutées sur la période 2011-2015). Le taux
d’exécution de ces dépenses est en moyenne de 100% sur la période de l’étude.
Une telle rubrique contient probablement diverses natures de dépenses de santé
publique qu’il conviendrait d’éclater davantage pour plus de transparence en
matière de gestion budgétaire des dépenses publiques.

Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement

Recommandation 1- Capitaliser et adapter au mieux l’expérience du PN-AEPA


Depuis 2005, le PN-AEPA a été mis en œuvre dans le cadre de l’appui budgétaire
sectoriel au niveau du sous-secteur eau et assainissement. De bons résultats ont été
atteints même si beaucoup de défis restent encore à lever, notamment en ce qui
concerne le volet assainissement. Aussi, en la matière, l’expérience du PN-AEPA
devra-t-elle être capitalisée dans le nouveau programme AEUE post 2015 pour
davantage placer l’Etat dans un rôle de régulation, de fédération et d’impulsion de
la dynamique des autres intervenants (Collectivités, ONG, secteur privé).
De plus, les outils de programmation budgétaire du PN-AEPA devront être revus pour
les aligner sur l’approche budget programme prévue dans le cadre de la mise en
application des directives UEMOA, qui ont déjà fait l’objet d’un début de
transposition à travers la loi n°073-2015/CNT du 06 novembre 2015 portant loi
organique relative aux lois de finances.

Recommandation 2- Veiller à corriger les iniquités constatées en matière


d’allocation de ressources d’eau et d’assainissement
L’analyse budgétaire des dépenses du sous-secteur eau et assainissement a indiqué
une iniquité de répartition des ressources : 80% des ressources sont investis en milieu
urbain contre 20% en milieu rural. Pourtant, c’est au niveau du milieu rural qu’il est
noté une forte incidence de la pauvreté. A ce titre, une plus grande équité entre le
milieu rural et le milieu urbain devra être promue. Entre autres mesures, l’abolition de
la contribution financière initiale demandée aux populations en milieu rural afin de
limiter les inégalités en matière d’accès au service.
Par ailleurs, une attention doit être accordée aux allocations intra sectorielles afin de
poursuivre les efforts pour élever le niveau des allocations en faveur des sous-
secteurs GIRE et assainissement notamment l’assainissement familial qui a un impact
considérable sur le bien-être des populations et améliorer leur niveau d’exécution

Recommandation 3- Renforcer les instruments de gouvernance du sous-secteur eau


et assainissement
A tous points de vue, il ressort que l’insuffisance de résultats dans le secteur de l’eau
et de l’assainissement est plus liée à la capacité du cadre institutionnel à atteindre

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les objectifs fixés qu’à sa capacité à absorber les ressources mobilisées, l’ensemble
des financements ayant été exécuté. Ce qui confirme l’urgence du renforcement
des instruments de gouvernance sectorielle pour améliorer l’efficacité du ciblage
des interventions et la réduction des disparités.
Dans le même sens, il conviendrait d’assurer une répartition équitable des ressources
entre les sous-secteurs eau et assainissement et entre milieu rural et urbain afin
d’améliorer l’accès des couches les plus vulnérables à l’eau et a l’assainissement

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