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Cet extrait de Candide est basé sur le constat de l'infamie de la traite négrière.

Il décrit de manière
authentique la cruauté des négociants. Au premier abord, le fait que le point de vue soit externe
tend à nous faire penser que le constat est neutre. L'étude de ce texte nous montre que c'est
Voltaire qui s'exprime à travers le nègre. C'est pourquoi on peut dénoter de l'ironie, notamment
quand Voltaire traite de la religion. Comme nous l'avons dit auparavant, le constat paraît neutre.
Pourtant la description très crue de la mutilation des nègres et du négoce de ceux-ci suscite un
sentiment de révolte et d'indignation chez le lecteur. Toutes les figures de style montrent une très
bonne organisation du texte. C'est pourquoi nous pouvons déduire que ce texte participe fortement
au combat de Voltaire contre l'intolérance et l'injustice.

L'émotion de Candide souligne l'horreur de l'état dans lequel se trouve l'esclave et cette horreur ne
peut inspirer que de la pitié. Voltaire fait ainsi appel à la sensibilité de son héros et à travers lui à
celle du lecteur.

a) Pourquoi dénoncer l'esclavage


- parce que l'esclavage est un traitement dégradant
- dégradation sur le plan social, l'esclavage est la propriété d'un autre homme.
- dégradation sur la plan moral et spirituel : la langue, la religion.

c) Dénonciation de l'esclavage qui est un système brutal et cruel parce qu'il exploite la
souffrance pour la plaisir de quelques privilégiés : "c'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe". Le texte de Voltaire étant lu par des Européens, cela a pour but d'éveiller la conscience du
lecteur sur les conséquences de ses propres actes.

Transition

Candide est donc le témoin visuel et auriculaire de la véritable condition


des Noirs. Ils ont une vie terrible et par l'exposition de cette vie, le jeune
homme se rend compte que tout ne va pas si bien dans le meilleur des
mondes possibles.

François-Auguste Biard, L'Abolition de l'esclavage dans les colonies


françaises en 1848, 1848

La prise de conscience

Le récit de l'esclave met à jour de nombreuses contradictions présentes


dans le monde. Touché par ces mots, Candide fait alors voir sa prise de
conscience au lecteur en critiquant ouvertement, et pour la première
fois du conte, la théorie optimiste défendue par son maître Pangloss.

Les contradictions du monde

L'évidence des contradictions mises à jour par l'esclave force Candide à


ouvrir les yeux. Citons-en quelques-unes :

 de la mère, il y a encore : « tu fais par là la fortune de ton père et


de ta mère. », alors qu'ils n'ont gagné qu'une somme misérable
pour la vente de leur fils ; c'est encore une manipulation, dont
l'esclave est conscient, puisqu'il répond lui-même par « hélas » ;
 les mensonges des prêcheurs sont rendus évidents par le récit de
l'esclave, qui interpelle directement Candide en disant : « [...] vous
m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents de manière
plus horrible. »

La fin de l'optimisme

Le début de l'extrait laissait déjà à penser une certaine évolution de


Candide. Au lieu de poser « Qui t'a traité ainsi ? », Candide demande : «
Est-ce M. Vanderdandur qui t'a traité ainsi ? », ce qui montre qu'il sait
désormais que les Hommes peuvent être méchants.

Mais le récit de l'esclave achève de le faire changer. Il utilise dans ses


dernières prises de parole un champ lexical qui rompt avec sa naïveté
du début : « abomination », « renonce », « Hélas », « rage », « mal ».

Surtout, le plus important est sans doute l'apostrophe qui vient clôturer
son écoute du poignant discours. Il invoque en effet son maître absent,
celui qui lui a enseigné sa posture vis-à-vis du monde : « Ô Pangloss ! ».
Il s'adresse à lui directement, comme le montre l'utilisation de la
deuxième personne du singulier (« tu », « ton »), et rompt avec son
enseignement : « il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. » Il va
même jusqu'à décrire l'optimisme de Pangloss comme une maladie, en
utilisant le mot « rage ».

Ça y est, Candide n'est plus candide ; il est désormais ouvert à


l'atrocité du monde, et y entre « en pleurant ».

Conclusion

Le chapitre 19 de Candide ou l'Optimisme est consacré à la


dénonciation de l'esclavage. En faisant faire à son personnage principal
une rencontre avec un Noir mutilé, Voltaire met à jour les dynamiques
mercantiles et inhumaines qui ont cours durant son siècle, grâce à la
complicité de beaucoup.

Mais c'est aussi l'occasion pour lui de faire basculer son héros de
l'autre côté : écoutant les dures réalités du monde dans lequel il
vit, Candide est désormais prêt à voir l'univers autrement que par le
prisme de l'optimisme borné.

Ouverture

On pourrait comparer ce chapitre de la prise de conscience avec le


chapitre 3 où, traversant un champ de guerre, Candide ne sait penser à
autre chose qu'à Cunégonde. Ce qui a changé grâce à ses voyages, c'est
son empathie, sa capacité à ouvrir les yeux sur le monde.

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