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Cours de Microéconomie, Année Universitaire 2023-2024, FC/GEA1 INTEC SUP

Chapitre 1 : Les préférences et La théorie de l’utilité

Objectifs

Les étudiants doivent être capables à la fin de ce cours :

 Définir les concepts suivants : le consommateur ; le panier du consommateur ; la


rationalité du consommateur ; la contrainte budgétaire ; l’optimum du consommateur ;
le Taux Marginal de Substitution (TMS) ; la courbe d’indifférence.
 Maîtriser les hypothèses sur la rationalité et celles sur la psychologie du consommateur
ainsi que celles relative à la fonction d’utilité ;
 Savoir représenter dans un plan les différents types de courbes d’indifférences associés
aux préférences étudiées ;
 Déterminer le Taux Marginal de Substitution (TMS) et l’interpréter ;
 Déterminer les quantités optimales (par conséquent savoir déterminer les quantités
demandées).

Définitions de quelques concepts

Le consommateur : est défini comme toute entité économique qui peut être un individu ou un
ménage ou une tribu qui prend des décisions de consommation. Ces décisions consistent à
choisir des combinaisons de biens et ou de services auxquelles il a accès dans le but de satisfaire
des besoins finals.

Le panier du consommateur : représente l’ensemble des biens et ou de services que le


consommateur peut acquérir.

La rationalité du consommateur : suppose que le consommateur est toujours capable de


classer les différents paniers de biens auxquels il a accès afin de pouvoir déterminer quel est le
panier préféré. Ce classement est en réalité un classement subjectif1.

Le consommateur ‘’rationnel’’ dans son processus de satisfaction de ses besoins est toujours
soumis à deux catégories de contraintes qui sont :

 L’ensemble de consommation : est une contrainte imposée par la nature biologique et


ou physique des biens et ou des services accessibles.
 L’ensemble de budget : cette 2e contrainte est imposée par l’environnement économique
et institutionnel. La contrainte « ensemble de budget » intègre le revenu du
consommateur et les prix des biens auxquels il a accès.

1
C’est-à-dire un classement « personnel ».

1
1. Rationalité et psychologie du consommateur

1.1. Rationalité du consommateur

Supposons qu’on présente trois paniers de biens à un consommateur. Notons ces paniers A, B,
C.

La rationalité du consommateur est établie si 3 principales hypothèses sont remplies à savoir :

Hypothèse 1 : la comparaison ou la complétude

Elle suppose que le consommateur est capable face à deux paniers ou bouquets de biens ou
services A et B à n’importe quel moment de dire seulement une des trois propositions : soit il
préfère le panier A au panier B soit le panier B au panier A soit il est indifférent aux deux
paniers.

𝑨 ≻ 𝑩 𝒐𝒖 𝑩 ≻ 𝑨 𝒐𝒖 𝑨 ∼ 𝑩

Hypothèse 2 : la réflexivité

La réflexivité suppose que tout panier est au moins identique à lui-même.

𝑨∼𝑨

Hypothèse 3 : la transitivité

Elle suppose que si le consommateur fait face à trois bouquets ou paniers de biens (services) A,
B et C ; quand il dit : préférer le panier A au panier B et le panier B au panier C ce qui va le
conduire à préférer le panier A au panier C. Intuitivement aussi s’il est indifférent entre les
paniers A et B et entre B et C donc il sera aussi indifférent aux paniers A et C.

𝑨 ≻ 𝑩 𝒆𝒕 𝑩 ≻ 𝑪 => 𝑨 ∼ 𝑪

 C’est la réunion de ces 3 hypothèses qui constituent la rationalité du


consommateur.
1.2 La psychologie du consommateur :
Dans le but de comprendre davantage les choix que fera l’homo oeconomicus, il
opportun de discuter de sa psychologie. Pour cela, trois hypothèses sont élaborées afin
de compléter celles qui ont été déjà discutées (supra) dans le but d’établir la rationalité
du consommateur.
Les hypothèses relatives à la psychologie du consommateur sont :
Hypothèse 1 : égoïsme
Les consommateurs sont supposés égoïstes. Ce qui suppose que chaque consommateur
ne se préoccupe que de son utilité ou de sa satisfaction et ne fait ses choix qu’en ayant
en tête cela.
Hypothèse 2 : La non saturation ou non satiation
Cette hypothèse suppose que le consommateur préfère toujours un panier qui contient
plus de biens ou services préférés au panier qui en contient moins.

2
Hypothèse 3 : La convexité des préférences
Cette troisième préférence permet d’affirmer que le consommateur préfère un panier
composé de mélange de biens et services par rapport aux paniers comportant de biens
ou services uniques.

2. Maximisation de l’Utilité

L’utilité peut être définie comme étant la capacité d’un bien ou d’un service à satisfaire un
besoin.

2.1. La fonction d’utilité totale2

La fonction d’utilité d’un consommateur donne l’utilité totale générée par la consommation des
biens qui constituent le panier.

La mesure de l’utilité en unités hypothétiques est appelée « Util », donc une unité d’utilité est
un util.

NB : la fonction d’utilité totale est croissante jusqu’à atteindre son niveau maximal puis
commence à décroitre sans être négative.

Si La fonction d’utilité du consommateur est notée 𝑈. En supposant que les consommateurs ne


peuvent accéder qu’à des paniers de deux (2) biens notés 𝑥 𝑒𝑡 𝑦.

Dans ce cas la fonction d’utilité s’écrira : 𝑈(𝑥, 𝑦)

 Propriétés mathématiques de la fonction d’utilité

Fonction d’utilité est croissante cela veut dire mathématiquement que :

𝜕𝑈(𝑥, 𝑦) 𝜕 2 𝑈(𝑥, 𝑦)
> 0 𝑒𝑡 <0
𝜕𝑥 𝜕𝑥 2

2
Il existe principalement deux sortes de fonctions d’utilité qui sont les fonctions d’utilité additives et les fonctions
d’utilités multiplicatives.
Un exemple de fonction d’utilité additive : 𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑥 + 𝑦 et un exemple de fonction d’utilité multiplicative :
𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑥𝑦
3
Représentation graphique de la fonction d’utilité totale

𝑈(𝑥, 𝑦) 𝑈0

O 𝑥, 𝑦

Figure 1: représentation graphique de la fonction d'utilité totale

2.2. Le principe de l’utilité marginale décroissante

L’utilité marginale d’un bien ou d’un service est la variation d’utilité totale générée par la
consommation d’une unité supplémentaire de ce bien ou service.

Pour une fonction d’utilité totale 𝑈(𝑥, 𝑦) les utilités marginales générées respectivement par
𝑥 𝑒𝑡 𝑦 devient :

𝜕𝑈(𝑥, 𝑦) 𝜕𝑈(𝑥, 𝑦)
𝑈𝑚𝑥 = 𝑒𝑡 𝑈𝑚𝑦 =
𝜕𝑥 𝜕𝑦

Les utilités marginales étant décroissantes ; nous déduirons mathématiquement ce qui suit :
𝜕𝑈𝑚𝑥 𝜕 2 𝑈𝑚𝑥 𝜕𝑈𝑚𝑦 𝜕 2 𝑈𝑚𝑦
> 0 𝑒𝑡 > 0 𝑒𝑡 > 0 𝑒𝑡 >0
𝜕𝑥 𝜕𝑥 2 𝜕𝑦 𝜕𝑦 2

Le principe de l’utilité marginale décroissante stipule que chaque unité supplémentaire


consommée d’un bien ou d’un service augmente moins l’utilité totale que l’unité précédente.

La courbe représentative d’une utilité marginale indique en quoi l’utilité marginale dépend
de la quantité de bien ou service consommé.

Représentation de la fonction d’utilité marginale du bien 𝑿

4
𝑈𝑚𝑥

Point de satiété

O 𝑥

Figure 2: représentation de la fonction d'utilité marginale

2.3. Utilité Cardinale vs Utilité Ordinale

Les premiers économistes néo-classiques (William Stanley, Jevons, Léon Walras et Carl
Menger), à la fin du 19e siècle, admettent que l’utilité d’un consommateur est mesurable. Selon
ce courant de pensée si la consommation d’un bien X apporte (par exemple 10 utils) et que celle
du bien Y (apporte 2 Utils) cala peut conduire à conclure que le bien X apporte 5 fois plus
d’utilité que le bien Y. Donc l’utilité est dite Cardinale.

La valeur de l’utilité U n’a pas au plan économique une signification assez importante. Mais ce
qui importe c’est la possibilité pour le consommateur disposant les différentes valeurs de U en
fonction des paniers disponibles de procéder à un classement des paniers en fonction de ses
préférences. C’est ce principe d’ordonnancement des paniers disponibles des uns par rapport
aux autres qui confère à l’utilité U la notion d’utilité Ordinale en opposition à une utilité
Cardinale3 qui met l’accent sur la valeur intrinsèque de l’utilité U.

Le principe de l’utilité ordinale est donc la simple classification des préférences du


consommateur. Le principe de base de l’analyse de l’utilité ordinale est de reformuler la théorie
du choix du consommateur en termes de préférences du consommateur. Il suffit simplement
que le consommateur soit capable d’ordonner rationnellement ses préférences. Il dispose alors
d’une nouvelle mesure de son utilité : une mesure ordinale.

3
Historiquement, le concept d’utilité initialement développé par les marginalistes était basé sur la possibilité
d’obtenir une mesure exacte et en niveau absolu de la satisfaction de l’individu. Dans la théorie de l’utilité
cardinale on considère que la valeur de la fonction d’utilité pour un panier mesure la satisfaction que retire le
consommateur de ce panier. Dans ce cas si l’on a U (X) = 2U (Y), (avec U (Y) > 0) alors cela voudrait dire que le
consommateur aime deux fois plus le panier X que le panier Y.
Tandis qu’avec une utilité ordinale tout ce que cela implique est le panier X est préféré au panier Y (c’est-à-dire
X ≻ Y).
5 exacte de la satisfaction des individus. De plus cela
Naturellement il est illusoire de vouloir trouver une mesure
n’est pas nécessaire pour étudier les choix des consommateurs.
3. L’expression de la courbe d’indifférence (CI)

2.1. Définition

Chaque niveau de satisfaction peut être traduit par une valeur attribuée à la fonction d’utilité
qui peut être représentée par une courbe et cette courbe porte le nom de courbe d’indifférence.

La courbe d’indifférence ou appelée courbe d’iso-utilité est donc par définition le lieu
géométrique où un ensemble de combinaisons de paniers donne le même niveau de
satisfaction ou d’utilité au consommateur.

La courbe d’indifférence est l’ensemble des combinaisons de deux biens ou services pour
lesquelles le consommateur est indifférent.

Supposons un univers à deux biens. Le panier A est composé des biens 𝑥 𝑒𝑡 𝑦. Le panier
𝐴(𝑥; 𝑦) représente un panier accessible au consommateur.

Soit U(A) l’utilité apportée par la consommation du panier A.

𝑈(𝐴) = 𝑈(𝑥; 𝑦) si 𝑈(𝐴) = 𝑈 une valeur constante en utils.

Dans une telle situation il va exister un ensemble de combinaisons de (𝑥; 𝑦) qui va concourir
invariablement à l’obtention du même niveau d’utilité 𝑈.

En explicitant 𝑦 en fonction de 𝑥 nous aurons l’expression de cette courbe qui est appelée courbe
d’indifférence.

𝒚 = 𝒇(𝒙, 𝑼)

En supposant que l’hypothèse de la convexité des préférences est vérifiée ; nous pouvons
intuitivement constater qu’une baisse de la quantité du premier bien (𝑥) doit être compensée
par une hausse de celle du second si le consommateur veut garder le même niveau d’utilité 𝑈
et vice versa.

 Donc nous pouvons inférer que la relation entre les biens 𝒙 et 𝒚 est décroissante.

Représentation graphique de la courbe d’indifférence associée à un niveau d’utilité 𝑼

(Nous admettons que les préférences sont convexes)

6
ഥ)
𝑦 = 𝑓(𝑥; 𝑈
𝑦

𝑂 𝑥

Figure 3: Représentation de la courbe d'indifférence.

 Un ensemble de plusieurs courbes d’indifférences présentées dans le même plan porte


le nom de carte d’indifférence.

2.2. Les propriétés des courbes d’indifférence

A partir des hypothèses discutées pour assoir la rationalité et le contexte psychologique des
consommateurs dans le présent chapitre nous pouvons dégager 4 principales propriétés relatives
aux courbes d’indifférences qui sont :

Propriété 1 : les courbes d’indifférences ne se coupent jamais.

Propriété 2 : plus une courbe d’indifférence est éloignée de l’origine, plus elle indique un
niveau d’utilité totale élevé.

Propriété 3 : les courbes d’indifférence sont inclinées vers le bas ou sont décroissantes.

Propriété 4 : les courbes d’indifférence sont convexes.

NB : seules les courbes d’indifférence représentatives des biens ordinaires4 satisfont aux 4
propriétés présentées ci-dessus.

 Les propriétés 1 et 2 sont quand même communes à toutes les formes de courbes
d’indifférence quelle que soit la préférence des consommateurs vis-à-vis des biens
consommés.

4
X et Y sont des biens ordinaires dans la fonction d’utilité d’un consommateur si le consommateur exige davantage
d’unités de X en compensation d’une moindre quantité de Y et vice versa ; ce qui aboutit à un taux marginal de
substitution du consommateur décroissant. Les biens ordinaires sont les biens appelés aussi des substituts
imparfaits.
7
2.3. Cas particuliers de courbes d’indifférences

La fonction d’utilité du consommateur peut être fonction de biens ou services qui ne sont pas
toujours des biens ordinaires (des substituts imparfaits). Si du point de préférence des
consommateurs les biens ou les services ne sont pas des biens ordinaires les courbes
d’indifférence de telles préférences ne satisferont pas toutes les 4 propriétés citées ci-dessus.
Par conséquent elles auront d’autres formes.

Les biens ‘’substituts parfaits’’

Dans un tel cas les biens constitutifs du panier sont parfaitement équivalents (identiques) pour
le consommateur. Ces biens sont toujours interchangeables. Le consommateur est donc prêt à
substituer un bien à l’autre mais à un taux constant.

Ce qui compte pour le consommateur est la quantité totale des biens contenus dans le panier
accessible.

Exemple : deux variétés d’huiles de cuisine (à supposer qu’elles aient la même qualité).

La forme générale des courbes d’indifférence associées à de telles préférences sont des droites
comme représenter dans la figure ci-dessous.

ഥ)
𝑦 = 𝑓(𝑥; 𝑈

O 𝑥
Figure 3: Courbes d’’indifférences de biens "substituts parfaits".

Le consommateur est prêt à échanger une quantité α du bien X contre une quantité β du bien Y.
la fonction d’utilité prend alors la forme générale suivante :

𝑈(𝑥, 𝑦) = αx + βy , où α et β sont des paramètres positifs mesurant la valeur que le


consommateur attribue aux biens X et Y. Les CI sont des droites parallèles dont la pente est
– 𝛼/ 𝛽 .

NB : 𝑼(𝒙, 𝒚) est une fonction d’utilité additive.

8
Les biens ‘’Compléments parfaits’’

Pour des biens qui sont des compléments parfaits, le consommateur utilise le panier dans lequel
les biens sont dans des proportions bien définies ; donc la quantité de chaque bien est fixée pour
sa consommation.

Ce sont des biens dont leur consommation se fait simultanément et en proportion fixe.

Exemple : une paire de chaussures (rapport de 1 pour 1). Dans ce cas, le nombre de paires
complètes sera la valeur minimale du nombre de chaussures gauches (x) et de celui de
chaussures droites (y).

La fonction d’utilité a donc la forme suivante :

𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑀𝑖𝑛(𝑥, 𝑦).

D’une manière générale, une fonction d’utilité décrivant les préférences pour les biens
strictement complémentaires s’écrit :

𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑀𝑖𝑛(𝛼𝑥, 𝛽𝑦) , où α et β sont des paramètres positifs indiquant les proportions dans
lesquelles les biens seront consommés.

Les CI sont des droites perpendiculaires.

3 2

O X O X
1 2 3 1 2
Proportion fixe de 1 pour 1 (cas des chaussures). Proportion fixe différente de 1 pour 1.

5
Figure 5: courbes d'indifférence de biens parfaitement complémentaires .

5
Les trois types de courbes d’indifférence (les préférences ordinaires (les fonctions Cobb-Douglas) ; les
préférences parfaites ; les préférences complémentaires) sont généralisés par les fonctions CES (Constant
𝑥𝛿
Elasticity of substitution). Les fonctions CES sont présentées de manière générale sous les forme𝑠 𝑈(𝑥, 𝑦) = +
𝛿
9
Les biens ‘’neutres’’

Ce sont les biens qui n’apportent aucune utilité au consommateur. Ce dernier ne s’en préoccupe
pas du tout. En d’autres termes consommer ledit bien n’impacte aucunement l’utilité du
consommateur.

Y Y

I3 I1 I2 I3

I2

I1

O X O X
X est un bien neutre Y est un bien neutre

Figure 6: représentation des courbes d'indifférences de biens neutres

La désutilité (nuisance)

Ce sont des biens pour lesquels l’utilité marginale est négative. Le consommateur les préfère
moins que beaucoup. Un exemple de ce type de bien est la pollution.

Y I3

I2

I1

Le bien X est une nuisance X

Figure 7: Représentation de la désutilité (nuisance) d'un bien

𝑦𝛿
𝛿
𝑜ù 𝛿 ≤ 1, 𝛿 ≠ 0. Ou 𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑙𝑛𝑥 + 𝑙𝑛𝑦. Nous pouvons constater si 𝛿 = 1 la fonction CES devient une
fonction de biens parfaitement substituables et si 𝛿 = −∞ la fonction prendra la forme de fonction de biens
parfaitement complémentaires.
10
A≈B. Mais pour accepter B, le consommateur souhaite plus de bien Y.

4. Le Taux Marginal de Substitution (TMS)

Ce concept joue un rôle central dans l’analyse du comportement du consommateur.

4.1. Définition

Soit le panier A= (𝑥; 𝑦) accessible au consommateur.

Supposons que le consommateur décide de compenser (remplacer ; substituer) la perte d’une


unité du bien 𝑦 par l’augmentation d’une certaine quantité du bien 𝑥 tout en gardant le même
niveau d’utilité donc rester sur la même courbe d’indifférence.

Le concept qui permet d’obtenir ce rapport est le taux marginal de substitution (noté TMS).

Le TMS entre deux biens est donc par définition : le taux auquel un consommateur accepterait
de renoncer à une unité d’un bien pour obtenir une certaine quantité d’un autre bien, sans
modifier son niveau de satisfaction.

Autrement dit, le TMS entre deux biens 𝑥 et 𝑦 est égal à la quantité de bien 𝑥 qui est nécessaire
pour compenser la perte d’utilité consécutive à une diminution d’une unité de la consommation
du bien 𝑦 ou vice versa.

4.2. Calculs de la valeur du TMS

Le TMS représente, en valeur absolue, le coefficient directeur (ou la pente) de la tangente à la


Courbe d'Indifférence au point considéré.

Economiquement, ce rapport est le taux d’échange (ou rapport d’échange) pour lequel le
consommateur est indifférent entre l’échange et le statu quo.

Aussi, de manière générale, on a l’habitude de l’exprimer en valeur absolue.

Dans le présent exposé c’est la perte d’une unité du bien 𝒚 qui doit être compensée par
l’augmentation d’une certaine quantité du bien 𝒙 ; cette situation de substitution est notée
𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚

 Si les biens 𝑥 et 𝑦 sont en quantités discrètes ; le 𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 devient :

∆𝒚
𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 = −
∆𝒙
 Si le bien 𝑦 peut être écrite sous une forme de fonction continue du bien 𝑥 ; en d’autres
termes si 𝑥 et 𝑦 sont en quantités continues ; le 𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 est exprimé comme suit :

11
𝝏𝒚
𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 = − = 𝑐𝑠𝑡𝑒6
𝝏𝒙

𝑺𝒊 𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 = 𝜶 Cela signifie que le consommateur est prêt à remplacer une unité du bien 𝑦
pour obtenir 𝜶 unité (s) du bien 𝑥 tout en ayant le même niveau d’utilité.

 Détermination graphique du TMS


Le Taux Marginal de Substitution (TMS) pour un panier constitué de deux (02) biens est égal
à la valeur absolue de la pente de la tangente7 à la courbe d’indifférence en ce point.

∆𝑦 < 0

𝐵 𝑈(𝑥, 𝑦)

𝑂 𝑥
∆𝑥 > 0

Figure 6: Calcul du TMS graphiquement par la pente arc.

Calculons la pente arc à la courbe 𝑈 au point B.

∆𝒚
la pente = | |
∆𝒙
Cette valeur est négative d’où il faut prendre sa valeur absolue quand elle doit être prise pour
la valeur du 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 .

∆𝒚
𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 = |∆𝒙| = 𝑐𝑠𝑡𝑒

La décroissance du TMS

6 ∆𝒚 1
Si les variables ne prennent que des valeurs discrètes le TMS sera : 𝑇𝑀𝑆𝑥𝑦 = − ∆𝒙 = 𝑐𝑠𝑡𝑒 ; 𝑇MSx, y = TMS
y,x
7
Il existe deux façons de calculer la pente d’une courbe. La pente point et la pente arc. Dans notre exposé nous
allons utiliser la pente arc (le lecteur intéressé peut se référer à la documentation traitant le calcul des pentes).
12
Dans le cas général (cas des biens ordinaires ou des substituts imparfaits), le TMS prend des
valeurs décroissantes tout au long de la Courbe d’Indifférence. Cette décroissance du
𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 explique la convexité des Courbes d’indifférence par rapport à l’origine du repère.

4.3. Valeurs du TMS et préférences du consommateur

Cas des biens ordinaires ou des substituts imparfaits :

Si les biens 𝑥 et 𝑦 sont des biens ordinaires ce qui suppose l’existence de courbes d’indifférence
convexes ; le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 existe et il est décroissant le long de la courbe d’indifférence.

Sur la figure 6 par exemple le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 au point A est supérieur à celui calculé au point B.

Cas des biens parfaitement substituables :

Si du point de vue des préférences des consommateurs les biens 𝑥 et 𝑦 sont considérés comme
des substituts parfaits le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 est constant le long de la courbe d’indifférence associée aux
biens.

Pour des fonctions d’utilités totales additives du type 𝑈(𝑥, 𝑦) = αx + βy; le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 est égal
à 𝛼/ 𝛽 (qui représente la valeur absolue de la pente de la courbe d’indifférence associée à la
fonction d’utilité.

Cas des biens parfaitement complémentaires ou des compléments parfaits

Si les biens sont des compléments parfaits le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 n’a aucun sens et ne peut avoir de
signification économique car la substitution n’est pas envisageable entre les biens.

4.4. Relation entre utilités marginales et Taux Marginal de Substitution

ഥ un niveau constant d’utilité obtenu par la consommation du panier A=(𝑥 ;𝑦) dont la
Soit 𝑈
fonction d’utilité totale est 𝑈(𝐴) = 𝑈(𝑥; 𝑦).


𝑈(𝐴) = 𝑈 (𝑥; 𝑦) = 𝑈

En calculant la dérivée partielle totale de la fonction d’utilité totale 𝑈 (𝐴) en fonction des
variables explicatives 𝑥; 𝑦 nous obtiendrons l’expression qui suit :

𝜕𝑈(𝑥) 𝜕𝑈(𝑦)
𝑑𝑥 + 𝑑𝑦 = 0
𝜕𝑥 𝜕𝑦

Après transformation, l’expression devient :

𝑑𝑦 𝑈𝑚𝑥
− = (𝛼)
𝑑𝑥 𝑈𝑚𝑦

Dans la mesure(𝑖𝑛𝑡𝑢𝑖𝑡𝑖𝑣𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡) où 𝑑𝑦 < 0 , l’expression (𝛼) aura forcement une valeur


positive. Nous pouvons aisément constater que la partie gauche de l’expression est bel et bien
le 𝑇𝑀𝑆𝑥,𝑦 .

13
De là nous pouvons conclure que dans une économie à deux biens le rapport des utilités
marginales des deux biens égalise le Taux marginale de substitution.

𝑼𝒎𝒙
𝑻𝑴𝑺𝒙𝒚 =
𝑼𝒎𝒚

 Une autre façon de calculer le 𝑻𝑴𝑺𝒙𝒚 à n’importe quel point de la courbe


d’indifférence consiste à calculer le rapport des utilités marginales en ce point !!!

5. Choix optimal du consommateur et les fonctions de demandes :

Après avoir présenté les préférences du consommateur ; les contraintes auxquelles les
consommateurs sont soumis quand elles prennent des décisions de consommation. Il est temps
maintenant de traiter la question essentielle du choix optimal du consommateur.

L’optimum est la combinaison de biens qui procure au consommateur la plus grande utilité
possible au consommateur sous les contraintes de l’ensemble de consommation et de
l’ensemble de budget.

5.1. Le programme objectif du consommateur

Le consommateur supposé ‘’rationnel’’ aura toujours comme objectif de chercher à toujours


maximiser son utilité totale 𝑈(𝑥; 𝑦) sous les contraintes de consommation et de budget.

Les contraintes

 L’ensemble de consommation :

Il représente l’ensemble des biens de l’économie que le consommateur peut physiquement et


ou biologiquement se procurer.

 L’ensemble de budget :

Cette catégorie est plus économique que celles de l’ensemble de consommation. Les biens ont
un prix et la richesse du consommateur (son revenu net disponible) allouée à la consommation
est limitée. La combinaison de ces deux effets donne aboutit à la contrainte de l’ensemble de
budget ou encore appelée contrainte budgétaire.

En supposant que le consommateur a accès aux biens 𝑥 et 𝑦 qui sont en quantités 𝑥 𝑒𝑡 𝑦. Et ces
biens sont offerts sur un marché aux prix respectifs 𝑃𝑥 𝑒𝑡 𝑃𝑦 et que le consommateur
« rationnel » dispose d’un revenu (ou sa richesse totale) noté 𝑅.

Dans ces conditions la contrainte budgétaire ou l’ensemble de budget sera écrite :

𝑹 = 𝑷𝒙 𝒙 + 𝑷𝒚 𝒚

L’équation associée à la contrainte budgétaire devient :

14
𝑹 𝑷𝒙
𝒚= − 𝒙
𝑷𝒚 𝑷𝒚

𝑹
𝑷𝒚

𝑹 𝑷𝒙
𝒚= − 𝒙
𝑷𝒚 𝑷𝒚
𝒙
O 𝑹Τ𝑷𝒙

Figure 7: représentation graphique de la contrainte budgétaire

NB : de la figure 7 nous constatons que tout panier présent dans la zone grise (le triangle)
est accessible au consommateur ; car inférieur ou égal à la contrainte budgétaire. Tandis
que tout panier situé en haut de cette contrainte lui est inaccessible.

A partir de ces éléments le programme objectif du consommateur ‘’rationnel’’ peut être


modélisé comme suit :

Max [𝑼(𝑨)] = 𝑼(𝒙 ; 𝒚)

𝑷𝒙 𝒙 + 𝑷𝒚 𝒚 = 𝑹
Sous contrainte : { 𝒙≥𝟎
𝒚≥𝟎

5.2. Résolution mathématique du programme objectif du consommateur

Résoudre le programme de maximisation du consommateur se résume à la résolution d’un


problème d’optimisation sous contrainte ou la recherche d’un ‘’extremum lié’’.

Une des méthodes de résolution préconisées est la méthode de Lagrange 8 appelée aussi méthode
du lagrangien.

8
Joseph Louis Lagrange (1736-1813), mathématicien et astronome français. Né à Turin.

15
La méthode de Lagrange consiste à former à partir de la fonction objectif (ici 𝑈(𝐴)] = 𝑈(𝑥, 𝑦)
et de la contrainte qui doit être nulle une nouvelle fonction 𝐿(𝑥, 𝑦, 𝜆 ) telle que :

𝑳(𝒙, 𝒚, 𝝀 ) = 𝑼(𝒙; 𝒚) + 𝝀(𝑹 − 𝑷𝒙 𝒙 − 𝑷𝒚 𝒚)

Les conditions d’optimalité dans une situation d’extrema liés sous contraintes sont de deux (02)
ordres qui sont :

 Les dérivées premières partielles de 𝐿(𝑋1 , 𝑋2 , 𝜆 ) doivent toutes être nulles (conditions
nécessaires) ou conditions du premier ordre.
𝜕𝐿
= 0 (1)
𝜕𝑥
𝜕𝐿
= 0 (2)
𝜕𝑦
𝜕𝐿
{ 𝜕𝜆 = 0 (3)
 Le déterminant de la matrice Hessienne bordée de la fonction 𝐿(𝑥, 𝑦, 𝜆 ) doit être positif
(conditions suffisantes) ou conditions du 2e ordre.

𝜕2𝐿 𝜕2𝐿 𝜕2𝐿


𝜕𝑥 2 𝜕𝑥𝜕𝑦 𝜕𝑥𝜕𝜆
| 𝜕2𝐿 𝜕2𝐿 𝜕2𝐿 |
H (𝑥, 𝑦, 𝜆) = 𝜕𝑦𝜕𝑥 >0
| 𝜕𝑦 2 𝜕𝑦𝜕𝜆 |
𝜕2𝐿 𝜕 2𝐿 𝜕2𝐿
𝜕𝜆𝜕𝑥 𝜕𝜆𝜕𝑦 𝜕𝜆2

La résolution des équations issues des conditions du premier ordre permet d’obtenir les
quantités optimales du consommateur qui maximisent son utilité 𝑈(𝑥, 𝑦) compte tenu des prix
du marché et de sa richesse ou revenu alloué à la consommation.

Ces quantités sont notées : 𝑥 ∗ 𝑒𝑡 𝑦 ∗ elles sont généralement fonction des prix
𝑃𝑥 𝑒𝑡 𝑃𝑦 des deux biens et du revenu 𝑅.

𝒙∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹) et 𝒚∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹)

L’optimum est atteint en ce point noté 𝐸 ∗ (𝑥 ∗ ; 𝑦 ∗ ).

NB : A l’optimum tout le revenu du consommateur est consommé pour l’achat des biens du
panier.

5.3. Résolution économique du programme

Les mêmes quantités peuvent être obtenues ou encore le consommateur peut atteindre le panier
qui maximise son utilité en procédant au raisonnement suivant :

Son optimum est atteint quand son taux psychologique d’échange des deux biens qu’est le
𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 égalise le taux objectif d’échange fourni par le marché qui est le rapport des prix des
deux biens sur le marché. En d’autres termes l’équilibre est atteint par le consommateur quand

16
le taux auquel il veut échanger les deux biens l’un contre l’autre est égal au taux auquel il peut
réellement les échanger sur le marché.

Dans la mesure où nous sommes arrivés à la conclusion (supra) que le 𝑻𝑴𝑺𝒙,𝒚 est égal au
rapport des utilités marginales ; nous pouvons écrire à l’optimum que :

𝑼𝒎𝒙 𝑷𝒙
𝑻𝑴𝑺𝒙𝒚 = =
𝑼𝒎𝒚 𝑷𝒚

Cette expression porte le nom de la règle de consommation optimale surtout quand elle est
écrite sous la forme suivante :

𝑼𝒎𝒙 𝑼𝒎𝒚
=
𝑷𝒙 𝑷𝒚

De cette expression les quantités optimales sont obtenues et identiques à celles obtenues par la
résolution mathématique.

Elles sont : 𝒙∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹) et 𝒚∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹)

5.3. Résolution graphique du programme

Elle aboutit aux mêmes quantités optimales que dans les deux précédentes résolutions.
Elle consiste à tracer dans un plan la contrainte de budget et les courbes d’indifférences
associées aux différents niveaux de satisfaction procurés par les différents paniers accessibles.
A l’équilibre 𝐸 ∗ (𝒙∗ ; 𝒚∗ ), la droite de budget du consommateur sera tangente à la courbe
d’indifférence ce qui va permettre de trouver l’utilité optimale associée au panier optimal
concerné.

𝑹 𝑷
𝐸∗ 𝒚 = 𝑷 − 𝑷𝟏 𝒙
𝟐 𝟐

𝑦∗

𝒙
𝑂 𝑥∗

Figure 8: Détermination graphique de l'optimum du consommateur.

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𝒙∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹) et 𝒚∗ (𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 , 𝑹) sont les quantités des biens que le consommateur demande
en fonction des prix des biens et de son revenu.

Elles représentent les fonctions de demande des biens qui maximisent l’utilité du
consommateur.

6. La fonction d’utilité directe et la fonction d’utilité indirecte

6.1. La fonction d’utilité directe

Elle est exprimée en fonction des quantités optimales demandées par le consommateur. En
d’autres termes elle s’obtient en remplaçant les quantités optimales obtenues après la résolution
du programme objectif du consommateur.

Si 𝒙∗ et 𝒚∗ sont les quantités optimales obtenues ; l’utilité directe devient : 𝑼(𝒙∗ , 𝒚∗ ).

6.2. La fonction d’utilité indirecte

La maximisation de l’utilité du consommateur sous la contrainte budgétaire est dépendante du


niveau de revenu net dont il dispose et aussi du niveau des prix des biens sur le marché. Cette
dépendance est reflétée par l’utilité indirecte du consommateur.

Notons par 𝑽 cette utilité.

𝑽 devient fonction du revenu net du consommateur ; des prix des biens 𝑷𝒙 , 𝒆𝒕 𝑷𝒚 .

𝑽(𝑹, 𝑷𝒙 , 𝑷𝒚 )

8- Références bibliographiques

Ouvrages

AZIZI, K., & YARHFOURI, A. (2000). Economie Politique Tome 1: Analyse


Microéconomique. Imprimérie Najah Jadida.

KRUGMAN, P., & WELLS, R. (2008). Microéconomie (éd. 2e). (L. Baechler, Trad.) Bruxelles,
Belgique: De Boeck.

MATHIS, S., & KOSCIANSKI, J. (2002). Microeconomic theory an Intergrated Aproach.


New Jersey, Etas-Unis d'Amérique: Prentice Hall.

NICHOLSON, W. (2004). Microeconomic theory Basic principles and extensions (éd. 9e).
Mason, Ohio, Etas-Unis d'Amérique: Thomson South-Western.

WALDMAN, E. D. (2004). Microeconomics. Boston, Etats-Unis d'Amérique: Pearson Addison


Wesley.

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