Analyse d'une série politique - The Boys

Vous aimerez peut-être aussi

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 24

LCOMU 2605 : Analyse des séries télévisées

The Boys (Groupe ‘série non réaliste’)

Alice Otten (VISU2MC)


Marion Struelens (TRAD2M)
Mélina Monnet (MULT)
Moïse Despinoy (COMU2M1)
Antonin Denille (élève libre)
Nicolas Biebuyck (CORP2M)
Mathilde Foret (VISU2MC)

« [S]ans méchants, pas d’aventures possibles » nous dit François Jost (2015, p.178)
dans sa théorie des « nouveaux méchants », qui peuplent de nombreuses séries américaines et
font bouger « les lignes du Bien et du Mal ». C’est sans aucun doute ce qui caractérise la série
américaine The boys, qui a été créée en 2019 par Eric Kripke, scénariste, producteur et
réalisateur américain qui avait réalisé précédemment plusieurs séries comme Supernatural
(2005-2020) ou Revolution (2012-2014). La série se base sur une saga de comics parue dès
2006 portant le même nom et qui a été écrite par Garth Ennis, scénariste britannique réputé
pour son approche violente et toujours teintée d’humour noir. Si la première saison a séduit de
nombreux spectateurs, la deuxième et troisième saison ont confirmé le succès de cette série
réunissant de nombreux fans qui attendent impatiemment la sortie de la quatrième saison,
prévue pour la fin 2023.

Le scénario nous plonge au sein d’une société dans laquelle des super-héros, engagés
par la firme Vought, sont chargés de protéger la population américaine. Si la série semble surfer
sur la vague des sagas Marvel et DC Comics, elle s’en éloigne largement en proposant une
relecture caustique des super-héros, qui se révèlent corrompus et prêts à tout pour assouvir leur
soif de pouvoir et d’argent. Produite par la plateforme Prime Video, The Boys s’inscrit à la fois
dans le registre de la comédie noire et de la satire. Particulièrement critique envers les États-
Unis, cette série non réaliste propose néanmoins une analyse de systèmes bien ancrés dans la
réalité. Ainsi, le star-système1, intrinsèquement lié à la politique dans la série, y est décortiqué

1« Dans le monde du spectacle, Organisation de la production, de la diffusion et de la promotion basée sur le culte
de la vedette » (Le Petit Robert, 2018). Nous étendons cette définition au fonctionnement global de la société

1
pour nous présenter une version cynique de ses abus tels que la corruption, la manipulation ou
encore le chantage, sous la couverture de « super-héros » qui font plutôt pencher la balance
vers des « super-méchants ».

Cette critique du culte de la vedette questionne également de nombreux sujets


sociétaux. Le lobbying, le racisme, l’égalité des sexes, la violence ou encore le patriotisme sont
quelques exemples des thèmes qui sont abordés dans la série et qui démontrent que The Boys
est politique, bien qu’elle ne mette pas en scène un chef d’État par exemple. Selon Marlène
Coulomb-Gully et Jean-Pierre Esquenazi,

le politique se reconnaît notamment à travers la formation d’espaces publics comme lieux


d’une réflexion politique. Quand une fiction a pour base un univers politique, on peut
dire qu’elle traite de la politique. Quand sa lecture ou sa “spectature” ouvre un espace de
réflexion politique pour un public, elle entre dans le domaine du politique (Coulomb-
Gully et Esquenazi, 2012, p.10).
Les super-héros étant « généralement compris comme des figures métaphoriques » (Sepulchre,
2013, p.159), The Boys rejoint le domaine du politique, par cette utilisation de la métaphore
(notamment), dont la lecture politique agit comme « un potentiel du texte fictionnel »
(Coulomb-Gully et Esquenazi, 2012, p.10). Toutefois, la série traite également de la politique,
bien que cela puisse paraitre un peu flou dans la première saison. En effet, si l’absence du
président américain (il est cité quelques fois, mais on ne le verra pas) et les rares personnages
politiques stricto sensu pourraient nous éloigner d’un univers réellement politique, il n’en
demeure pas moins que la compagnie Vought fonctionne comme un lobby accaparant
progressivement les rênes du gouvernement. La politique du lobbying s’oppose ainsi à la
politique « traditionnelle », et ce grignotage du pouvoir de la part d’une multinationale permet
d’en démontrer les conséquences : chantage, violence, agressions sexuelles, meurtres...

Afin d’analyser la portée politique de la série The Boys, nous avons choisi de nous
pencher sur certains épisodes des trois saisons. Pour la première saison, nous analyserons
l’épisode 2, qui illustre bien les mécanismes de corruption avec le piège d’un sénateur par un
métamorphe, et l’épisode 4, qui dresse un parallèle implicite entre le personnage de
Homelander et Georges W. Bush. Dans la deuxième saison, nous privilégierons l’épisode 7,
qui met en scène un attentat au cours d’une audience contre Vought, et l’épisode 8, qui en
démontre les conséquences politiques. Enfin, nous examinerons deux épisodes de la troisième
saison, à savoir l’épisode 1, mettant en évidence la montée en puissance des Boys, et
l’épisode 8, qui exemplifie à l’extrême les mécanismes d’accès au pouvoir ainsi que la montée

Vought dans la série, qui fonctionne selon cette logique, en attestent les nombreuses scènes d’interview des super-
héros, de stratégie promotionnelle et même de tournages cinématographiques.

2
du totalitarisme. Nous avons choisi des épisodes dans les trois saisons afin de prendre en
considération l’évolution du récit et des personnages, mais aussi particulièrement l’évolution
du totalitarisme, incarné entre autres par le personnage Homelander. Certains éléments présents
dans d’autres épisodes seront toutefois exploités pour contextualiser nos propos. Notre travail
se structurera en trois parties. Nous analyserons d’abord les différents lieux présentés dans la
série, qui ont une connotation politique explicite ou implicite. Ensuite, nous aborderons
quelques personnages, également en lien avec la politique. Enfin, nous nous pencherons sur
quelques thèmes récurrents qui participent à l’affirmation que The Boys est bien une série
politique.

Des lieux politiques selon trois niveaux

Dès les premiers épisodes de la saison 1, nous découvrons que la série se déroule aux
États-Unis et que la majorité des actions se situent à New York où les Sept et les Boys vivent,
travaillent, interagissent… Au même titre que la plupart des personnages, qui ne sont pas des
politiciens au sens propre du terme, la plupart des lieux dans The Boys ne sont pas des lieux de
pouvoir traditionnels. De nombreux éléments permettent toutefois de les identifier comme tels.

L’un des lieux les plus importants est la salle de réunion des Sept, qui se trouve dans
un des derniers étages supérieurs d’une immense tour surplombant la ville, avec l’inscription
« Vought » ainsi que le chiffre 7. Érigée juste à côté de l’Empire State Building, la tour Vought
fait paraitre ce dernier bien plus petit. De plus, les nombreux plans de la tour se font en contre-
plongée, ce qui lui confère un attribut de domination visuelle supplémentaire. Cette
omnipotence physique se caractérise par une omniscience implicite : du fait de sa position dans
le paysage new-yorkais, la tour Vought s’élève aussi métaphoriquement comme une instance
qui a une vue sur tout et qui peut, par conséquent, anticiper les actions d’autrui 2. Cette
domination physique se retrouve également à l’intérieur du bâtiment, puisque la répartition des
étages se fait selon une hiérarchie ascendante. En effet, si le bureau du CEO se situe au dernier
étage, et qu’il faut la permission de celui-ci pour y accéder, le bureau des Sept se situe en
dessous, tandis que les autres employés se répartissent les étages inférieurs. Une hiérarchisation
classique que l’on retrouve dans la plupart des institutions publiques et privées actuelles. Quant
aux niveaux du sous-sol, ils servent plutôt de laboratoires ou de geôle (Queen Maeve dans la
saison 3). Dès les premiers épisodes, l’aménagement et la décoration de la salle des Sept
reflètent la richesse du groupe, car bien qu’ils soient relativement sobres (un grand bureau en

2Le mot désigne également, dans la réalité, un constructeur aéronautique américain (Vought Aircraft Industries).
Coïncidence ou non, c’est un terme qui a une connotation « aérienne » et visuelle.

3
forme de V, des chaises, des écrans de contrôle aux murs), les matériaux sont luxueux,
modernes, et les grandes baies vitrées offrent une luminosité naturelle conséquente. Toutefois,
ce modernisme se mélange à des touches anciennes, avec les énormes colonnes d’inspiration
antique entourant la partie centrale ainsi que la statue murale représentant les sept super-héros.
L’ajout d’éléments architecturaux et artistiques de style antique dans le bureau des Sept confère
à ces derniers une dimension d’autorité et de stabilité, en faisant référence aux lieux de pouvoir
antiques, jusqu’à élever les super-héros au rang de divinités. La taille de la tour, le système de
hiérarchie interne ainsi que les références à l’Antiquité dans les bureaux démontrent
physiquement la mégalomanie de la multinationale, et les actions que Vought perpétuera au fil
des saisons démontreront d’ailleurs un pouvoir supérieur aux politiciens eux-mêmes. De plus,
la forme de la pièce des Sept connote implicitement le fameux « bureau ovale » de la Maison-
Blanche, puisqu’il est de forme ovale également.

D’autres lieux se rapportent aux personnages secondaires, comme le bureau de Madelyn


Stillwell, vice-présidente de Vought (S1), celui du secrétaire de la défense Robert A. Singer
(S2E8), ou encore le Bureau Fédéral des Affaires de Superhumains ou FBSA3 (S3). Dans le
bureau de Madelyn Stillwell (S1), l’aménagement de la pièce est certes luxueux, mais il dénote
avec le bureau des Sept, par la présence de mobilier d’agrément (canapés), de fleurs, et de
photos ainsi que d’articles encadrés de sa famille et des super-héros, en particulier Homelander.
Cette décoration plus personnalisée démontre que cet espace n’est pas uniquement destiné à la
vie professionnelle, mais qu’il est également le lieu de certaines intrigues privées, comme la
relation entre Homelander et Madelyn Stillwell. Le bureau du secrétaire de la défense (S2E8)
est luxueux, et s’aligne sur les bureaux traditionnels des politiques dans les séries politiques
(ou non), grâce à la couleur crème sur les murs, aux peintures d’hommes illustres décorant les
lieux, ou au drapeau américain présent derrière le bureau. La lumière naturelle entre peu, et est
en partie remplacée par des lampes qui donnent au lieu une ambiance feutrée, plus propice à
une potentielle opacité en termes politiques. C’est également un lieu qui rejoint le bureau de
Madelyn Stillwell, car la fonction privée est intégrée à la fonction professionnelle : une armoire
à cravates est en effet présente dans la pièce, ainsi qu’un miroir. La scène qui présente cette
pièce (S2E8) est d’ailleurs l’occasion pour le secrétaire de la défense de mettre sa cravate tout
en parlant devant ses interlocutrices. Enfin, le FBSA se démarque par sa clarté et sa structure
en open-space qui invite à la transparence, au sens littéral comme au figuré. On peut en effet
observer des murs blancs, parfois décorés de photos de la leader du parti et de drapeaux du
FBSA, des grandes fenêtres apportant de la lumière naturelle, ainsi que des portes vitrées

3 Federal Bureau of Superhuman Affairs.

4
séparant l’open-space des bureaux individuels, y compris le bureau de Victoria Neuman
(S3E1). Ce dernier, qui se situe au même étage, est plus grand que les autres bureaux
individuels, décorés avec quelques photos de sa famille, des cadres contenant des œuvres
artistiques, et il dispose d’une table ronde avec quatre chaises, utilisée principalement en tant
que table de repas (S3E1). À l’instar de tous les autres, son bureau est séparé par des vitres, et
cet élément (combiné à ceux précédemment cités) démontre une volonté de transparence entre
elle et ses employés, presque même de lien familial, ainsi qu’une tendance à une hiérarchisation
horizontale. Il faut cependant nuancer ces éléments, au regard de la nature et des actions de
Victoria Neuman en privé. C’est en effet une Supe, qui n’hésite pas à utiliser son pouvoir pour
tuer des gens et arriver à ses fins. Il y a donc un contraste entre ce que le personnage politique
montre en public (bureaux de la FBSA) et ce qu’il est réellement4.

Concernant les différentes planques des Boys, elles contrastent fortement avec le
quartier général des Sept. En effet, les différents lieux où s’installent les Boys sont souvent
décorés chichement, vétustes, et ne montrent aucun signe de richesse. Les lieux de vie du
groupe se caractérisent également par un éclairage peu présent et artificiel. Il s’agit d’ailleurs
souvent de caves ou d’endroits souterrains. Ces espaces métaphorisent le statut des Boys :
ceux-ci incarnent la rébellion, ils sont bien souvent hors-la-loi, et forment l’opposition qui se
manigance en secret pour lutter contre le pouvoir en place. À l’opposé des positions
idéologiques de Vought, les Boys se retrouvent également dans une opposition spatiale :
Vought en hauteur, les Boys sous terre. Notons que si les Boys adoptent un mode de vie
clandestin (S1, S2), ils se déplacent aussi très souvent, contraints de changer d’endroit afin
d’échapper à leurs détracteurs, comme les Sept (S1, S2, S3) ou le gouvernement (S2). Le fait
que la tour Vought reste le lieu de pouvoir immuable dans la série, alors que les planques des
Boys changent à de multiples reprises, oppose une fois de plus ces deux mondes, entre pouvoir
en place et opposants à ce pouvoir. Si un lien évident avec la résistance contre le pouvoir
politique mis en place de manière générale s’établit au fil des saisons, et en particulier dans la
deuxième saison, lorsque le spectateur apprend que Stormfront a un passé nazi, il est également
possible de faire un parallèle de la situation des Boys avec celle de Julian Assange. Fondateur
de WikiLeaks (www.wikileaks.org), Assange n’a pas cessé de se déplacer et de se cacher (dans
plusieurs pays, contrairement à la série) pour échapper aux conséquences des publications de

4 Les paroles de Victoria Neuman envers Hughie (S3E1) sont d’ailleurs assez ironiques, au vu de l’attentat qu’elle
a commis auparavant pour asseoir son pouvoir : « Hughie, you and I built this place. And we did it the right way,
without been covered in blood and guts ». Cette référence à la scène dans laquelle Victoria Neuman est recouverte
du sang des personnes qu’elle a tuées fait également écho avec la vie de Hughie, qui dès le premier épisode de la
saison 1 se retrouve couvert du sang de sa compagne. Dans l’épisode 2 de cette même saison, il se retrouve encore
recouvert du sang de Translucide, cette fois-ci parce qu’il a poussé sur le bouton pour le faire exploser. La suite
ne fera que reproduire ce schéma d’un Hughie régulièrement recouvert de sang.

5
son organisation. Ces publications, qui révèlent entre autres des crimes de guerre, de la
corruption et diverses violations des droits de l’homme dans plusieurs pays (les « leaks »), sont
très proches des découvertes des Boys sur l’entreprise Vought dans la série. Si Assange est
recherché par les États-Unis pour avoir notamment publié des informations compromettantes
sur la guerre en Irak et en Afghanistan, les Boys sont recherchés parce qu’ils risquent de
compromettre les Sept (mais pas que) en possédant des informations que le gouvernement ou
la population n’a pas. C’est le cas de la création des super-héros ainsi que des super-terroristes,
des agissements de Homelander, ou encore de l’arrivée de Soldier Boy (S3).

Si Vought détient le pouvoir, les Boys détiennent cependant les informations


susceptibles de mettre ce pouvoir à mal. Cette détention d’informations leur donne de facto un
certain pouvoir, et cela se traduira dans la saison 3 par la mise à disposition d’un bureau par le
FBSA. Cette « acquisition » matérielle d’un espace qui leur est dédié évoque ainsi l’importance
que l’équipe prend en termes de résistance. Celui-ci, situé dans l’un des derniers étages d’un
immeuble triangulaire (S3E1), se démarque des planques précédentes par une lumière
naturelle, bien que relativement faible par rapport aux autres lieux évoqués. Cette lumière qui
provient des grandes fenêtres ne semble toutefois pas suffire, puisque des lampes sont
également allumées, tant au plafond qu’au moyen de lampes de chevet (S3E1). Cette élévation
de la condition des Boys, tant au figuré (ils ne sont plus hors-la-loi, mais « employés » par le
FBSA) qu’au littéral (étage élevé dans un immeuble), démontre certes une montée en puissance
politique de l’opposition, mais elle reste partielle, en attestent les lampes artificielles qui
rappellent leur vie clandestine, le désordre qui règne dans le bureau ou encore l’état vétuste des
murs et des meubles.

Enfin, dans tous les espaces cités, la télévision est un élément constant, qu’elle soit
présente dans le bureau du secrétaire de la défense, celui de Victoria Neuman ou même les
différentes planques des Boys. Cet aspect est important, puisque les médias jouent un rôle
nécessaire dans la série. Ils soutiennent en effet le fonctionnement du star système et
conditionnent le regard de la population.

Ainsi, bien que The Boys soit une série non réaliste et qui ne présente pas l’apparence
d’une série politique, on retrouve trois niveaux bien distincts. Le premier niveau, le plus élevé,
représente le pouvoir en place, et les personnages vivant dans l’opulence et le luxe, la tour
Vought. Le second niveau relativement plus neutre présente des protagonistes qui évoluent
dans un milieu où la notion de hiérarchie est moins marquée, c’est-à-dire le FBSA. Enfin, le
troisième niveau montre la résistance qui s’organise dans des lieux plus modestes et toujours

6
changeants, se situant au niveau du sol ou même des sous-sols, reflétant les actions en
couverture des boys, qui agissent dans l’ombre contre le pouvoir.

Des « méchants héros » ?

Comme nous l’avons déjà souligné, très peu de personnages politiques (à proprement
parler) et récurrents sont présents dans la série The Boys, à l’exception de Victoria Neuman,
qui devient un personnage important à partir de la saison 25. Il s’agit davantage de groupes qui
jouent des rôles politiques. De cette manière, il est possible de diviser les personnages
principaux en deux catégories : les Sept de Vought6 et les Boys. Les personnages du premier
groupe détiennent peu à peu le pouvoir politique, et certains d’entre eux désirent l’étendre à un
niveau international en manipulant les citoyens, tandis que ceux du second groupe se rebellent
face au pouvoir de Vought, et se battent, du moins dans la première saison, pour la justice, bien
que celle-ci semble fortement liée à des intérêts personnels7. Les Boys jouent dès lors un rôle
d’opposants à la politique imposée par Vought. Ainsi, au sein de ces deux groupes, il ne s’agit
pas vraiment de personnages strictement individuels, mais plutôt de « héros multiples »
(Sepulchre, 2017). Ce n’est plus « une succession de héros solitaires, mais bien [une]
configuration où plusieurs personnages remplissent simultanément l’actant sujet. Le groupe
prend donc la place du personnage principal » (Sepulchre, 2017, p.137). En effet, dans The
Boys, les groupes d’appartenance des personnages tendent à primer sur le personnage
individuel (recherche de célébrité pour les Supes, recherche de justice pour les Boys), bien que
des divergences au sein de chaque groupe apparaissent au fil des épisodes, en particulier dans
la saison 3, notamment avec la démission de Starlight ou la détention de Queen Maeve. Cette
divergence est également observable dès la saison 1 selon une vision genrée. En effet, au sein
des Sept, une distinction s’établit entre les femmes (Starlight, Queen-Maeve) et les hommes
(Homelander, The Deep, A-Train, Black Noir, Translucide). Starlight se rend rapidement
compte de la réalité du métier, qui, à son grand dam, ne semble pas être la protection des
citoyens (S1E2), tandis que Queen Maeve se rend compte des dérives de ses collègues
masculins, jusqu’à parfois y participer, sans toutefois les approuver. Elle finira d’ailleurs par
se retourner contre Vought (S3).

5 Le secrétaire de la défense, Robert Singer, est également un personnage politique dans la série (il est d’ailleurs
démocrate), mais il n’apparait que sporadiquement.
6 On pourrait également inclure dans ce groupe les personnages secondaires récurrents faisant partie de Vought,

comme Madelyn Stillwell (S1) ou Ashley Barrett (S1, S2 et S3).


7 Hughie veut venger la mort de sa compagne tuée par A-Train, Butcher désire ardemment tuer Homelander à qui

il impute la mort de sa femme, Frenchie semble d’abord motivé financièrement, etc.

7
Au contraire, les hommes apparaissent comme des êtres dénués de morale et
d’empathie, comme Deep (« L’homme-poisson ») qui contraint Starlight de lui faire une
fellation sous peine de la virer (S1E1) ou Homelander qui convainc Queen Maeve de ne sauver
personne lorsque leur tentative de sauvetage d’un avion vire au fiasco (S1E4). Les femmes ne
sont cependant pas toutes des personnages « positifs »8. Stormfront, dans la saison 2, est ainsi
une partisane de l’idéologie nazie. Cependant, bien qu’elle utilise des moyens modernes pour
communiquer (réseaux sociaux), elle demeure l’incarnation de la femme du passé (elle reste
attachée à la domination masculine par exemple, S2E4), s’opposant dès lors aux autres
personnages féminins de la série. Enfin, si Victoria Neuman prône des valeurs plutôt éthiques,
elle n’hésite toutefois pas à éliminer toutes les personnes qui lui font obstacle.

Si la plupart des personnages conservent leur qualité de héros multiple au cours des
trois saisons, avec l’opposition « Boys versus Supes », il ne s’agit pas pour autant de
personnages monolithiques, c’est-à-dire qui se réfèrent « à un seul modèle durant tout le récit »
(Sepulchre, 2017, p.15), mais bien de personnages évolutifs, en ce qu’ils changent « tellement
durant le récit qu’[ils passent] d’un archétype à un autre » (Sepulchre, 2017, p.150). En effet,
Starlight, stéréotype de la jolie blonde à l’air un peu naïf, est d’abord terrifiée à l’idée de quitter
Vought, accomplissant tout un tas de tâches qui la déplaisent. Elle devient pourtant au fil des
saisons de plus en plus affirmée, attachée fermement à ses valeurs, et décidant même de
démissionner (S3E6). Homelander, stéréotype de la star masculine beau gosse et puissant, qui
est présenté dès le début comme un vrai « méchant » (meurtre du maire, S1E1), oscillera
constamment entre cette cruauté et ses émotions (son fils, Stormfront, Soldier Boy, etc.).
Butcher, stéréotype de la grosse brute qui finit par devenir une version de Homelander dans le
camp des « gentils », est représenté comme un personnage en lutte avec ses sentiments pour
Becca (S1, S2), Ryan (S2, S3) ou Hughie (S1, S2, S3). Des flashbacks de son passé malheureux
semblent également lui donner des circonstances atténuantes pour ses actions.

Outre ces multiples facettes, la plupart (si ce n’est pas tous) des personnages dans The
Boys sont inspirés de personnes réelles, d’autres personnages de fiction, ou endossent le rôle
de phénomènes plus globaux. Ces trois éléments peuvent également se combiner, ce qui rend
les personnages beaucoup plus complexes qu’ils ne le sont au premier abord.

Certains personnages sont ainsi inspirés de personnages réels. C’est notamment le cas
de Victoria Neuman, membre du Congrès qui agit contre les Supes, et qui expose des idées
politiques plutôt progressistes. Ce personnage est inspiré de Alexandria Ocasio-Cortez,

8 Il faut toutefois nuancer ce terme, puisque comme nous l’avons précisé, Queen Maeve et Starlight n’agissent pas
toujours selon leurs valeurs.

8
représentante des États-Unis du parti démocrate. De nombreuses caractéristiques communes
les rassemblent : leur progression dans les médias, leur position en politique, leur âge, leur
volonté de lutter contre l’injustice… Cependant, bien que l’actrice jouant Victoria Neuman
(Claudia Doumit) avoue une certaine ressemblance avec la représentante, elle refuse toutefois
de dire que le personnage en assume tous les traits (Megarry, 2020). Il faut en effet garder en
tête que The Boys reste une fiction, et que les parallèles à des personnages réels sont toujours
à nuancer. Dans la série, Victoria Neuman est en effet une Supe, et son pouvoir consiste à faire
éclater des têtes, ce qu’elle n’hésite pas à mettre en œuvre pour asseoir son pouvoir. Il est
également intéressant de constater que si ce personnage dans la série est féminin, il est question
d’un « Victor Neuman » dans la bande dessinée. Cette féminisation d’un personnage permet
sans doute de nuancer le rôle souvent secondaire des femmes dans beaucoup de séries
politiques.

Homelander est également inspiré du réel, et particulièrement de certains présidents


américains. Celui qui joue le rôle du leader des Sept n’est certes pas un personnage politique
en tant que tel, mais il l’incarne par son charisme, son influence, ainsi que sa force de
persuasion, bien souvent insufflée à ses détracteurs par des menaces de mort. Filmé
régulièrement en contre-plongée et situé en hauteur par rapport aux autres personnes (par
exemple à la fin de l’épisode 4 de la première saison), Homelander apparait comme un puissant
leader, dominant le paysage, à l’instar de la tour Vought (le personnage est d’ailleurs souvent
situé sur le toit d’immeubles), et il se montre de plus en plus populaire auprès d’une certaine
tranche de la population9. Il n’est ainsi pas anodin que ce personnage soit comparé à Donald
Trump par le créateur de la série et pensé de la sorte dès le début de sa production (Hiatt, 2022).
De plus, Homelander adopte un comportement capricieux et n’hésite pas à dire qu’il « peut
faire ce qu’il veut »10, faisant écho aux paroles de Trump en juin 2019 sur plusieurs médias,
qui affirmait haut et fort que la Constitution lui donnait le droit de faire tout ce qu’il voulait
(Brice-Saddler, 2019).

Fait étonnant, dans la série, le président des États-Unis n’apparait jamais à l’écran au
cours des trois saisons, et il n’est cité que quelques fois, comme dans l’épisode 8 de la saison
2, lorsque le secrétaire de la défense parle à Grace Mallory : « One, the President doesn’t like
you. He used the word standoffish. And two, he’s decided. He’s declaring a national emergency
bypassing the FDA and authorizing compound V for use by law enforcement and first

9Principalement des Blancs de classes sociales moyennes ou basses.


10« I’m the Homelander. And I can do whatever the fuck I want » (S1E2), ce qu’il répétera aussi dans le dernier
épisode de la deuxième saison, en train de se masturber sur le toit d’un immeuble.

9
responders ». Mais si Trump est évoqué par Eric Kripke, la série compare aussi implicitement
Homelander à Georges W. Bush, notamment dans l’épisode 4 de la première saison. Le
discours utilisé par Homelander rejoint en effet une partie de celui de Bush prononcé au Ground
Zero après les attentats du 11 septembre 2001. Le discours dans The Boys s’énonce comme
suit :

Un homme en contrebas : We hear you Homelander!


Homelander : And I hear you brother! I hear you! And the world hears you! And very,
very soon, my friend, whoever did this to us will hear from all of us!
Que l’on peut comparer à une partie du discours de Georges W. Bush :

Un homme dans la foule : We can’t hear you!


Bush : I can hear you! [applaudissements] I can hear you, the rest of the world hears
you. And the people [cris d’encouragement] And the people who knocked these buildings
down will hear all of us soon!
(CBS News, 2011).
Cette référence au discours de Bush, qui va jusqu’à recopier les répétitions langagières du
président, est ainsi à mettre en parallèle au contexte de l’épisode en question : Homelander a
provoqué, bien qu’involontairement, la chute de l’avion qui était pris en otage par des pirates,
mais il affirmera publiquement que ce sont ces derniers qui ont causé la mort de dizaines de
passagers, que lui et Queen Maeve n’ont pas pu être là à temps, et qu’il convient dès lors de
riposter, voire même d’intégrer les Sept à l’armée. Plus tard dans la série, on apprendra
également que c’est Homelander qui a créé des « super-terroristes » en administrant du
composé V aux ennemis des États-Unis, afin de justifier l’accès de Vought dans l’armée et
étendant dès lors son pouvoir à l’international. Cela reflète une critique assez cinglante des
États-Unis sous Bush, mais également du système interventionniste qui a été (et est sans doute
encore) adopté dans ce pays.

Outre les présidents des États-Unis, le personnage de Homelander est également


propice à d’autres comparaisons politiques plus anciennes. On peut en effet trouver des
ressemblances entre le super-héros et le roi français Louis XIV. En effet, au cours de son
intervention à la Believe Expo (S1E5), le super-héros tient un discours qui fait écho au mythe
incarné par le Roi Soleil. Face à une foule de fervents croyants, il prononce le discours suivant :

Because I believe that what God wants me to do is get on over there, find the filthy
bastards that masterminded this, whatever cave they’re in, and introduce them to a little
thing called God’s judgment! That’s what I think! Sounds like the American thing to
do! Sounds like the right thing to do. But no. No, no, no, no, no. Apparently, I got to

10
wait for Congress to say it’s okay. I say I answer to a higher law. Wasn’t I chosen to
save you? Is it not my God-given purpose to protect the United States of America? […]
Psalm 58:10 “The righteous shall rejoice when he sees the vengeance and he will bathe
his feet in the blood of the wicked”.

Ce discours nous permet de faire le lien avec la monarchie de droit divin exercée par les rois
français, et plus particulièrement par Louis XIV. Ce régime est en effet défini comme « la
justification d'un pouvoir non démocratique par le choix de Dieu. Ce choix est souvent exprimé
par l'affirmation d'une généalogie, d'une “race choisie” » (Wikipédia, 2023). Des termes qui
rappellent également un autre régime politique des années 40...

Les personnages de The Boys ont donc des liens avec des personnes de la vie réelle,
mais d’autres liens peuvent être faits avec des personnages de fiction, d’où un phénomène de
« transfictionnalité ». Cette notion définie par Richard Saint-Gelais concerne « le phénomène
par lequel au moins deux textes, du même auteur ou non, se rapportent conjointement à une
même fiction, que ce soit par reprise de personnages, prolongement d’une intrigue préalable
ou partage d’univers fictionnel » (Saint-Gelais, 2011, p.7). Dans la série, les super-héros sont
inspirés et parodient d’autres super-héros de DC Comics ou Marvel. Par exemple, Homelander
s’inspire de Superman, Queen Maeve de Wonder Woman, A-Train de Flash et Quicksilver, ou
encore Starlight de Stargirl (De Guilhermier, 2022). Un super-héros peut ainsi comporter des
caractéristiques de plusieurs super-héros à la fois, en atteste A-Train, mais aussi Homelander,
qui, certes, arbore la majorité des traits de Superman, mais combine également certains attributs
de Captain America (déjà parodié par Soldier Boy dans la saison 3), avec sa cape représentant
le drapeau américain, ou simplement la connotation patriotique qui est associée au personnage.
Le groupe des Sept est également une référence aux sept membres fondateurs de la Ligue de
Justice d’Amérique de l’univers DC. La transfictionnalité ne s’arrête toutefois pas aux seuls
personnages, puisque les références à d’autres fictions peuvent impliquer cette fois-ci les
actions des personnages. C'est le cas, notamment, de la référence implicite à une scène du film
American History X (Kaye, 1998), lorsque Blue Hawk est accusé d’avoir tué un Afro-
Américain dans la rue en lui faisant « bouffer le trottoir tellement fort qu’il l’a abîmé » (S3E3).

Si les personnages de la série sont inspirés de personnes réelles et/ou de personnages


fictifs, ils représentent également des phénomènes plus globaux. Starlight évoque ainsi le
phénomène MeToo, en dénonçant publiquement la violence sexuelle qu’elle a subie de Deep
(S1E5). Même le personnage de Deep peut être perçu, sous certains aspects, comme une
allégorie de la lutte écologique : malgré sa volonté et ses efforts pour sauver les animaux
marins, qui aboutissent d’ailleurs toujours à un échec (S1E4 par exemple), tout le monde se

11
moque de lui, et Deep lui-même admettra qu’il a été engagé pour la « diversité ». Ce dernier
élément laisse aussi sous-entendre les débats sur le Greenwashing et les « mesurettes » prises
par les politiques. Homelander, quant à lui, est vu comme le symbole d’une Amérique
interventionniste comme nous l’avons expliqué, puis celui de la montée du totalitarisme. Un
régime totalitaire se définit comme un « régime à parti unique, n’admettant aucune opposition
organisée, dans lequel le pouvoir politique dirige souverainement et tend à confisquer la totalité
des activités de la société qu’il domine » (Le Petit Robert, 2018). Ici, le pouvoir politique n’est
pas le gouvernement, mais Homelander, qui tiendra les rênes de Vought après l’arrestation de
son CEO, Stan Edgar. Si Ashley Barrett est élue officiellement CEO par la suite, elle obéit au
doigt et à l’œil du super-héros. De plus, son refus de toute opposition est particulièrement mis
en évidence dans le dernier épisode de la saison 3 : Homelander n’hésite pas à tuer, devant une
foule d’admirateurs, un homme qui crie « Fuck you fascist ».

Notons également que le personnage de Homelander a suscité (et suscite sans doute
encore) des débats enflammés. Sur le site Reddit par exemple, de nombreux internautes ont
échangé des salves de commentaires sur le statut positif ou négatif de Homelander. Les
partisans de l’extrême droite américaine se montraient « choqués » qu’on puisse attribuer le
rôle de « méchant » à ce personnage, qui selon eux, reste un héros avec des failles (Cladec,
2022), ce qui semble attester la thèse de Jost (2015) sur les « nouveaux méchants » des séries
américaines. Le fait qu’il s’agisse de personnages évolutifs et non monolithiques, comme nous
l’avons vu, y compris pour la plupart des « méchants », ne range pas les personnages mauvais
du côté de l’anti-héros, « soit […] un être falot, un homme sans qualités, soit […] [uniquement]
guidé par le Mal » (Jost, 2015, p.87), mais bien du côté de ce que Jost appelle les « nouveaux
méchants », qui ne sont pas « dépourvus de toute vertu » (Jost, 2015, p.123). C’est ainsi le cas
de Homelander, personnage ambivalent, au nom paradoxal (« Le Protecteur » en français), qui
oscille entre une cruauté sans limites (exposée à travers toutes les saisons) et des motivations
affectives. Se croyant orphelin, élevé dans un laboratoire et n’ayant reçu aucune marque
d’affection dans son enfance, Homelander tente par tous les moyens de retrouver ce qui lui a
manqué ; il entretient d’ailleurs une relation « maternelle » avec Madelyn Stillwell dans la
saison 1. Dans la saison 2, Homelander, ayant appris l’existence de son fils, essaie, bien que
maladroitement, de créer des liens avec lui. Dans la saison 3, il apprend que Soldier Boy est
son père, et tente de se faire accepter par ce dernier, ce qui se soldera par un échec. Même son
de cloche du côté de Victoria Neuman. Son ambition de se débarrasser des super-héros qui font
plus de mal que de bien ne l’empêche pourtant pas de tuer ni de s’allier avec Homelander, qui

12
semble le pire de tous. De nouveau, la famille rentre en jeu, puisque Victoria Neuman agit aussi
pour protéger sa propre fille, à qui elle administrera d’ailleurs du composé V (S3E4).

Ce lien familial, justifiant parfois les pires atrocités, semble lier les « méchants » entre
eux, et fait écho avec l’analyse de Jost sur l’importance de la famille pour la plupart des
méchants11. Homelander et Victoria Neuman, pour ne citer qu’eux, doivent finalement faire
face « à ce mouvement paradoxal de l’attraction-répulsion [des super-héros]. On les adore tout
en les détestant » (Sepulchre, 2013, p.164). Même les personnages sans super-pouvoir, qu’il
s’agisse des « héros » ou des personnages secondaires, empruntent des caractéristiques
typiques du « nouveau méchant ». Ainsi, Butcher, le leader des Boys, est décrit comme une
brute n’hésitant pas à tuer et à torturer pour assouvir sa soif de vengeance. Pourtant, c’est l’un
des personnages principaux qui lutte contre les « méchants » super-héros12. Ashley Barrett,
d’abord assistante de Madelyn Stillwell, devient dans la saison 3 CEO de Vought. Son
ascension fulgurante est rendue possible parce qu’elle est manipulable et obéit aux ordres de
Homelander (ce qui démontre d’ailleurs l’intérêt du pistonnage dans les hautes sphères),
craignant pour sa vie et s’arrachant les cheveux à cause du stress. C’est un personnage
ambivalent, qui oscille constamment entre manque d’empathie et empathie. Même Hughie,
présenté (souvent par Butcher lui-même) comme un personnage fragile et empathique, utilise
la violence pour arriver à ses fins (il tue d’ailleurs Translucide dès l’épisode 2 de la saison 1),
et va jusqu’à s’injecter lui-même du composé V. Starlight relèvera d’ailleurs son comportement
(S3E6) : « I thought the drugs had fuck you up Hughie, but…This is you. This is all you »13. En
cela, les (futurs) méchants de The Boys « ne sont pas nés méchants, ils le sont devenus » (Jost,
2015, p.14). Cette utilisation presque abusive des « nouveaux méchants » selon la théorie de
Jost dans la série démontre également un certain pessimisme et une perte de confiance de la
part des scénaristes envers la société et les institutions américaines, qui ne parviennent plus à
protéger la démocratie, et, in fine, la population. Même le super-héros qui porte le nom de
« Protecteur » est aux abonnés absents quand il s’agit de sauver le monde ! La contamination

11 Jost a notamment analysé les séries Deadwood, Dexter et Breaking Bad, montrant l’importance de la famille, y
compris pour méchants, et qui « témoigne d’abord du rôle clé qu’elle a dans la société américaine », en ce que le
fondement de la démocratie des États-Unis repose sur la notion de « communauté » (Jost, 2015, p.93). Les
bourreaux, c’est-à-dire les méchants qui représentent la pure incarnation du Mal, sont représentés comme des êtres
sans attaches familiales, ce qui les distingue des « nouveaux méchants ».
12 On peut d’ailleurs retrouver un top 10 assez amusant sur le site Topito des « personnages de The Boys classés

du plus connard au moins connard », avec Butcher en dernière position qualifié de « salaud gentil mais salaud
mais gentil mais salaud quand même » (Galouise, 2020).
13 Les paroles de Translucide adressées à Hughie ne sont d’ailleurs pas gratuites : « You’re not the hero of the

story » (S1E2). Paroles qui pousseront peut-être Hughie à en faire toujours plus pour devenir ce fameux « héros ».

13
de caractéristiques négatives au groupe de résistants démontre également une perte de
confiance dans les citoyens eux-mêmes…

De nombreux thèmes politiques

The Boys aborde évidemment toute une série de thèmes, reliés de près ou de loin à la
politique. Nous en avons déjà abordé certains au travers de nos analyses de lieux et de
personnages. Après avoir analysé le thème global de la série (super-héros), nous nous
focaliserons sur les thèmes traditionnellement impliqués dans la politique, en lien avec les
épisodes choisis.

Le postulat initial de la série, celui des super-héros, est évidemment déjà en soi une
décision chargée de sens politiquement parlant. Énormément de super-héros, Marvel ou DC
par exemple, ont été créés en réaction à des événements politiques contemporains de leurs
créations. Par exemple, le personnage de Captain America a été créé lors de la seconde guerre
mondiale en réaction à la montée du nazisme, mais aussi dans un but de propagande pour
« vendre » la guerre aux Américains (Sostaric, 2019). Bien d’autres super-héros ont d’ailleurs
été créés à la fin des années 30. Dans The Boys, Captain America est représenté (et parodié)
par le personnage de Soldier Boy, même si l’on peut retrouver des traces du héros patriote par
excellence dans Homelander. Par définition, les super-héros possèdent des « super-pouvoirs »
(c’est-à-dire des capacités extraordinaires), se parent la plupart du temps de costumes « voyants
et qui dévoilent la musculature de leurs propriétaires », et possèdent « une double identité dont
l’une est secrète » (Sepulchre, 2013, p.158). Représentation d’une espèce supérieure ou
dominante, les super-héros de The Boys nous démontrent pourtant la vacuité de ce concept, car
ils ne sont pas supérieurs par nature, mais ont été rendus supérieurs par l’utilisation du fameux
« Composé V » développé par Vought. Cette information démontre ainsi que les Hommes sont
égaux et ne sont rendus supérieurs que parce qu’on les a désignés comme tels. Nous pouvons
par conséquent comparer cet élément aux hommes et femmes politiques de la vie réelle : bien
qu’étant des êtres humains comme tous les autres, leur fonction leur permet d’être considérés
comme des êtres supérieurs.

Si le thème des super-héros est présent dans tous les épisodes, d’autres thèmes plus
spécifiques et surtout politiques parcourent la série. Ainsi, dans le deuxième épisode de la
saison 1, la corruption politique est mise à l’honneur, avec le chantage d’un sénateur de la part
de Madelyn Stillwell. Afin d’avoir le soutien des électeurs pour élever les Sept au rang de la
défense nationale, et considérant le sénateur comme un obstacle à cet objectif, la vice-
présidente de Vought envoie un métamorphe séduire le sénateur sous la forme d’une jolie

14
serveuse. Lorsque ce dernier, au lit avec le politique, lui a bandé les yeux, il reprend sa forme
naturelle (un homme) et se photographie avec le sénateur dans une position suggestive, sans
que celui-ci ne se rende compte de la situation. Plus loin dans l’épisode, Madelyn Stillwell fera
chanter le sénateur au moyen de la photo prise, arguant que l’homosexualité est rédhibitoire
pour les électeurs de l’État que le sénateur représente (Oklahoma). Elle parviendra donc à
optimiser son objectif politique via la manipulation et la corruption d’un membre politique.

Cet épisode est également l’occasion d’aborder le thème de la violence visuelle, qui est
cependant présente dans tous les épisodes de la série. La dernière scène montre Hughie dans
l’obligation de faire un choix : tuer Translucide pour sauver sa peau et celles des Boys, ou le
laisser s’enfuir, risquant dès lors de lourdes représailles. La première option est préférée par le
personnage, et la mort de Translucide (à qui les Boys ont inséré une bombe… dans son rectum)
par explosion est explicite : sang et tripes jaillissent et tapissent les murs ainsi que Hughie.
L’affiche « Keep your hands clean » avec un bébé taché de sauce tomate fait d’ailleurs un clin
d’œil ironique à la scène. Comme évoqué, la série n’est pas avare en effets gores, ni en scènes
sexuellement explicites d’ailleurs, ce qui lui vaut d’être interdite aux moins de 16 ans en France
et aux moins de 18 ans presque partout ailleurs (IMDb, s.d.). Toutefois, à l’instar de l’affiche
dans l’épisode cité, qui crée un effet comique, ces différents moments de violence explicite
sont très souvent tournés en ridicule par la série, et nous font comprendre que la véritable
violence du propos se trouve ailleurs. Si le sang et les boyaux giclent dans chaque épisode 14,
c’est principalement l’abus de pouvoir, la corruption, la manipulation ou encore la loi de la
terreur qui finissent par procurer un sentiment amer chez le spectateur. Si ces agissements ont
lieu dans bureaux aux murs immaculés et à la décoration soignée (Madelyn Stillwell, Victoria
Neuman, etc.), leurs conséquences à court et moyen terme sont tout sauf pacifiques. L’excès
d’hémoglobine n’est qu’un des nombreux symptômes de l’abus de pouvoir et de la corruption
des structures politiques. Ainsi, dans The Boys, la violence graphique est une façon d’illustrer
la violence du monde politique, qui parait dans certaines séries beaucoup plus lisse, notamment
en masquant les scènes de meurtre ou en minimisant les quantités de sang.

Dans l’épisode 4 de la saison 1, d’autres thèmes sont développés, comme le terrorisme,


que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer avec la prise en otage d’un avion et le crash qui
en a découlé. Le parallèle au discours de Bush et le contexte de la série font évidemment penser
aux théories complotistes selon lesquelles le 11 septembre aurait été orchestré par les États-
Unis eux-mêmes. Le thème du terrorisme est également présent dans d’autres épisodes, comme

14L’une des premières scènes de la série donne d’ailleurs le ton, avec la mort de la compagne de Hughie, percutée
par A-Train et littéralement éclatée en des milliers de fragments.

15
la scène de l’attentat du septième épisode de la saison 2 : lors d’une audience organisée par
Victoria Neuman contre Vought, plusieurs têtes des personnes présentes explosent
brusquement. La panique s’empare de tous les témoins, qui tentent de fuir cette attaque. Si cette
tuerie est perpétrée par Victoria Neuman, comme le spectateur l’apprendra dans le dernier
épisode de la deuxième saison, dans le but de discréditer les super-héros, les conséquences en
sont à l’exact opposé. Au lieu de suspecter Vought (Victoria Neuman utilisera d’ailleurs le
terme de « coup d’État »15), le gouvernement autorise l’utilisation du Composé V pour les
autorités (S2E8). Un « coup économique » pour Vought, qui vend les doses à cinq millions
l’unité. La multinationale a ainsi saisi l’opportunité du complot raté de Victoria Neuman pour
étendre son pouvoir16. Si le thème du terrorisme est évoqué, ce n’est pas dans une connotation
américaine d’attaques provoquées par des ennemis extérieurs aux États-Unis, mais plutôt dans
son sens terminologique : « Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique
(prise, conservation, exercice du pouvoir…) ou idéologique » (Le Petit Robert, 2018, p.2539).
Le vrai terrorisme dans The Boys provient donc de l’intérieur du pays, et même dans la politique
elle-même.

Ce terrorisme est également étroitement relié au thème du patriotisme, qui occupe une
place prépondérante dans la société américaine. Incarné principalement par Homelander, qui
arbore les couleurs nationales de son pays sur son costume, le traitement du patriotisme dans
The Boys est tout sauf glorifié. Vecteur de mensonge et de manipulation des foules, il n’est
présent que pour être mis à mal, il reste un sentiment de surface. Élément de propagande, le
patriotisme est utilisé dans les discours des personnages pour manipuler plus facilement la foule
et masquer la vérité.

Un autre thème, récurrent dans la série, est mis en avant à la fin de l’épisode 4 (S1) : la
communication. Cet aspect est développé à travers les médias, en particulier la télévision.
Comme évoqué plus haut, l’objet « télévision » se retrouve dans tous les espaces professionnels
(et privés) des personnages ; il fait partie intégrante de leur vie quotidienne, qu’ils soient eux-
mêmes sur l’image ou bien assis devant l’écran. Ce moyen de communication est associé
intrinsèquement à la manipulation dans la série. Si les super-héros se retrouvent souvent face à
la caméra pour des interviews, avec un beau sourire de façade, celui-ci s’efface très vite
lorsqu’ils ne sont plus dans le champ. Ce changement brusque des expressions du visage met
en exergue la vision relayée par les médias, d’une part, et la réalité, d’autre part, souvent

15« coup » (S2E8).


16Il faut toutefois préciser que Victoria Neuman étant la fille adoptive de Stan Edgar, le CEO de Vought (S1, S2),
ce « coup d’État » peut avoir été perpétré au nom de la multinationale. La série est cependant peu claire sur ce
point, et comme exposé dans la saison 3, Victoria Neuman évincera Stan Edgar de son poste.

16
beaucoup plus sombre. Ainsi, Homelander s’empresse d’accaparer les journalistes présents sur
place pour modifier publiquement les réelles causes du crash de l’avion, et ce à son avantage.
Les médias télévisuels représentent donc le principal moyen de communication envers les
citoyens, et ils sont totalement déconnectés de la réalité de terrain. À l’instar du patriotisme,
les médias représentant des moyens de manipulation des citoyens très efficaces pour les
politiques.

L’épisode 8 de la deuxième saison est également l’occasion de mettre en évidence le


thème des armes à feu, sujet à de nombreuses polémiques aux États-Unis. Dans l’épisode cité,
la première scène s’ouvre sur un reportage télévisé qui explique aux élèves comment se
protéger en cas d’attaque d’un super-terroriste en classe. Homelander, qui en fait la promotion,
explique que les professeurs sont autorisés à avoir une arme en classe pour protéger les élèves,
ce qui, évidemment, contraste fortement avec la pensée occidentale européenne. Dans l’épisode
7 de la même saison, la première séquence implique un homme, obsédé par les discours de
Stormfront et Homelander, qui tue un caissier avec une arme à feu, croyant avoir affaire à un
super-terroriste. Ces scènes, couplées à d’autres, questionnent la légitimité du port d’armes aux
États-Unis, qui reste une question assez sensible. Comme l’explique le sénateur piégé par
Madelyn Stillwell (S1E2), le commerce d’armes « fait tourner l’Amérique », et elles
représentent l’une des dernières choses que les États-Unis fabriquent encore. Mais c’est aussi
ce commerce qui ouvre des portes aux tueries de masse, très fréquentes dans de nombreux
états... En outre, dans la série, Vought agit comme une police privée : elle décide elle-même
quels crimes doivent être punis. La police en tant que telle n’est pas très présente dans The
Boys, ce qui laisse supposer l’importance de Vought pour gérer les délits et crimes de la
population. Les dérives occasionnées par les Sept démontrent ainsi les dangers de la
privatisation des institutions, qui tend à augmenter dans nos sociétés.

Enfin, nous avons déjà abordé précédemment l’un des thèmes qui prend de plus en plus
de place au fil des épisodes : le totalitarisme. Si dans la saison 1, Madelyn Stillwell maintient
les rênes et essaie de poursuivre un objectif plutôt économique (Vought reste après tout une
multinationale), malgré de nombreuses dérives, la saison 2 monte d’un cran, avec l’arrivée
d’une nazie au sein des Sept (Stormfront). La saison 1 allait déjà très loin en termes de
corruption et de violence ; la saison 2 force le trait, et le couple Stormfront/Homelander obtient
de plus en plus de succès auprès de la population, tout en perpétrant de nombreux crimes sur
le côté. Que dire de la saison 3 ? Le dernier épisode de cette saison est révélateur de l’angoisse
de plus en plus soutenue d’une montée des extrémismes dans le monde. À côté du meurtre du
candidat putatif à la vice-présidence ordonné in fine par Victoria Neuman afin de prendre sa

17
place, la dernière scène se ferme sur l’assassinat, cette fois-ci public, d’un opposant à
Homelander par ce dernier, sous les yeux de son fils Ryan, et sous l’acclamation de ses
partisans. Cette scène pose évidemment beaucoup de questions quant à la saison 4 (Homelander
sera-t-il puni ? Comment vont réagir les politiques ? Les citoyens ?), mais elle montre
également que la relève est assurée : on remarque en effet un léger sourire sur le visage de
Ryan. Ainsi, la violence du régime totalitaire, déjà supportée par la foule, convainc également
les plus jeunes.

Conclusion

Comme nous l’avons démontré, The Boys est une série politique. Certes, elle ne
l’aborde pas frontalement, c’est-à-dire au moyen de personnages principaux qui travaillent
dans la politique stricto sensu, comme c’est le cas dans les séries The West Wing ou Borgen
par exemple, mais elle utilise la figure des super-héros pour la critiquer ouvertement et
dénoncer les dérives du lobbying. Il est d’ailleurs étonnant que la série soit produite par Prime
Video alias Amazon, l’une des plus puissantes multinationales du monde… En lien avec
l’actualité américaine, The Boys décortique les mécanismes d’accès au pouvoir et surtout les
mécanismes de manipulation du peuple. La politique est perçue de façon très négative. Les
institutions traditionnelles du gouvernement sont représentées en majorité comme totalement
inaptes à la protection de ses citoyens, facilement corruptibles et dépendantes d’entreprises
privées (sénateur dans la S1, secrétaire de la défense dans la S2). Leur présence rare à l’écran
le démontre. Malgré tout, Victoria Neuman semble sauver la donne, en incarnant un
personnage politique fort et progressiste, du moins jusqu’à la fin de la saison 2, mais elle se
révèle finalement aussi corrompue que les Sept. Les multinationales (ici Vought) sont élevées
au rang de Mal absolu, prêtes à tout pour influencer les décisions politiques en leur faveur et
engranger un maximum d’argent. Même les opposants au régime de Vought ne sont pas
épargnés. À l’instar des « nouveaux méchants » comme Homelander ou Victoria Neuman, les
Boys deviennent de plus en plus violents au fil des saisons, et vont jusqu’à se transformer eux-
mêmes en Supes (S3). D’ailleurs, dès le début, le groupe exerce finalement du vigilantisme,
« qui est le fait d’exercer la loi en dehors de toute procédure judiciaire, parce que les institutions
légales sont considérées comme inefficaces » (Jost, 2015, p.73). Mais c’est au prix d’intégrer
complètement ou partiellement les traits des méchants théorisés selon Jost. Celui-ci explique
que « ces nouveaux méchants ont tous en commun de remettre en cause une part du rêve
américain », ajoutant que « Le Mal dont ils sont porteurs est aussi le symptôme d’une perte de
confiance dans ce rêve écorné par l’Amérique d’aujourd’hui » (2015, p.14).

18
La vision très pessimiste de la politique dans The Boys participe sans aucun doute à une
perte de confiance du rêve américain, mais peut-être aussi plus largement à une perte de
confiance dans la société occidentale de manière générale. La montée du populisme et les
remises en question de certains droits humains dans de nombreux pays, dont les États-Unis
(pensons à la révocation du droit à l’avortement en 2022), inquiètent, et le tableau de plus en
plus noir de la politique dressée dans la série en est un parfait exemple.

Liste des références

Brice-Saddler, M. (2019, 23 juillet). While bemoaning Mueller probe, Trump falsely says the
Constitution gives him ‘the right to do whatever I want’. The Washington Post.
https://www.washingtonpost.com/politics/2019/07/23/trump-falsely-tells-auditorium-
full-teens-constitution-gives-him-right-do-whatever-i-want/

CBS News. (2011, 7 mai). From CBS News archives: Bush visits ground zero days after 9/11
[video]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=FvHqJzlFZAk

Cladec, L. (2022, 20 juin). The Boys : l'extrême droite américaine séduite par certains
personnages de la série. AlloCiné.
https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18710988.html

Coulomb-Gully, M. et Esquenazi, J.-P. (2012). Fiction et politique : doubles jeux. Mots. Les
langages du politique, (99), 5-11. https://doi.org/10.4000/mots.20680

De Guilhermier., M. (2022). The Boys : 10 références aux super-héros Marvel et DC dans la


série Prime Video. Allociné. https://www.allocine.fr/diaporamas/series/diaporama-
18710569/

Droit divin. (2023, 26 mai). Dans Wikipédia.


http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Droit_divin&oldid=204635801

Galouise, P. (2020, 7 octobre). Top 10 des personnages de The Boys classés du plus connard
au moins connard. Topito. https://www.topito.com/top-personnages-the-boys

19
Hiatt, B. (2022, 17 juin). Yes, Homelander on ‘The Boys’ Is Supposed to Be Donald Trump.
RollingStone. https://www.rollingstone.com/tv-movies/tv-movie-features/boys-penis-
homelander-trump-billy-joel-season-3-1369258/

IMDb. (s.d.). The Boys (2019-) Parents Guide.


https://www.imdb.com/title/tt1190634/parentalguide

Jost, F. (2015). Les nouveaux méchants : Quand les séries américaines font bouger les lignes
du Bien et du Mal. Bayard.

Megarry, D. (2020, 29 octobre). The Boys star confirms her character is based on AOC – sort
of. Dexerto. https://www.dexerto.com/tv-movies/the-boys-star-confirms-her-
character-is-based-on-aoc-sort-of-1442189/
Saint-Gelais, R. (2011). Fictions transfuges : La transfictionnalité et ses enjeux. Seuil.
Sepulchre, S. (2013). Super-corps, super-technologie, super-monstre. Hulk ou l’inquiétante
mise en garde. Dans C. Lobet-Maris et N. Grandjean, Corps et technologies : penser
l’hybridité (p.155-175). Peter lang.

Sepulchre, S. (2017). Le personnage en série. Dans S. Sepulchre (dir.), Décoder les séries
télévisées (2e éd., p.115-162). De Boeck Supérieur.

Sostaric, M. (2019, juillet). The American Wartime Propaganda During World War II: How
Comic Books Sold the War. Australasian Journal of American Studies, 38(1), 17–44.
https://www.jstor.org/stable/26926687

Star-système. (2018). Dans Rey, A. et Rey-Debove, J. (dir.), Le Petit Robert : dictionnaire


alphabétique et analogique de la langue française (p.2429). Le Robert.

Terrorisme. (2018). Dans Rey, A. et Rey-Debove, J. (dir.), Le Petit Robert : dictionnaire


alphabétique et analogique de la langue française (p.2539). Le Robert.

Totalitaire. (2018). Dans Rey, A. et Rey-Debove, J. (dir.), Le Petit Robert : dictionnaire


alphabétique et analogique de la langue française (p.2578). Le Robert.

20
Annexes

Lieux

Différentes
Salle de réunion Bureau de M. Bureau of
planques des
des Sept Stillwell superhero affairs
Boys
Lieux (politique, généraux,
pouvoir)
réel/fictif fictif fictif fictif fictif
situation QG des Sept (New
Localisation idem New York fictif
géographique York)
lieu de tournage Toronto idem / /
logo
symbole 7 +
Extérieur (présence d'élément parti/drapeaux aucun signe
"Vought" sur la idem
politique : drapeau, affiche...) (moins pro politique
tour
amérique p-e)
statues
Intérieur (présence d'élément drapeaux (moins aucun signe
représentant les
politique : drapeau, tableau...) que chez Vought) politique
Sept
connotation/dén
// temple antique bureau classique
otation
moderne (avec
touches
moderne/ancien moderne ancien
anciennes
#colonnes)
riche (moins que
riche/pauvre riche riche Vought de pauvre
nouveau)
Architecture ouvert (large
intimiste/ouvert intimiste
du lieu fenêtre)
fortement
sobre pas décoré
décoré/sobre
lieu très animé,
bureau triangle : gens engagés,
Homelander siège bureau plus toujours en bas,
symbolique à la pointe tour horizontal, représentent la
(en haut-> victoria au même révolution
pouvoir) niveau que ses
employés

21
discours sur les
lieux
enracinement :
isolé/proche
représentation
du lieu
lieu de tournage
Place qu'occupe le lieu dans la important important début
important
série dans la S1 S3
Évolution du lieu au cours de la toujours des lieux
série sales, des caves,...

Personnages

Voir tableau Excel “Grille d’analyse - Personnages”.

Thèmes

Grand thème Sous-thème S1 S1, S2 S2,


, ép. , ép.
ép 4 ép 8
.2 .7
Relations Famille x x
sociales Amis x x
Vécu personnel x x
Relation (couple, célibataires, etc.) x x
Relations professionnelles x x
Sexualité x
Politique Géo-politique x x
Parti politique x
Elections x
Engagement politique x x
Gouvernement x
Institution
Personnages politiques x x
Communication politique/discours x x
Loi x
Environnem Ecologie (lutte)
ent Urbain / Ville x x
Campagne / Rural
Faune
Flore
Pollution
Désastres écologiques
Climat

22
Infrastructures x
Spiritualité Vie après la mort
Réincarnation
Etats surnaturels x x
Créatures
Pratiques spirituelles & religieuses x
Magie
Symboles x
Représentants religieux / Chefs de culte x
Religion x
Ethique Meurtre x x
espionnage x
Vol x
Violence physique x x
Violence morale & psychologique x
Addictions
Violence discriminatoire (sexisme, racisme, etc.)
Déviances sexuelles x x
Armes x
Lutte contre les discriminations
Non-respect de la loi x x
Histoire Faits-réels
Faits fictifs x x
Personnages historiques
Lieux historiques (reconstruction ou non) x
Symboles historiques x x
Socio- Education x x
Culturel Culture
Artistique
Evènements x
Polémique x
Médias x x
Subsides / Budgets
Personnalités x
Médiation
Pouvoir Complots / Intrigues x x
Coups d'état / Prise de pouvoir
Négociations
Trahisons x x
Corruption x x
Autoritarisme / Totalitarisme x
Démocratie
Elections
Rivalité x
Alliance / Coopération x
Résistance

23
Instance policière/gendarmerie
Propagande x
Economie Crises économiques
Système capitalsite x x
Système communiste
Corruption x
Pauvreté
Richesse x x
Taxes
Tax shelter
Dettes
Domaine bancaire
Classes sociales
fête x
alcool x
prostitution
orgies x

1 Quelle est la thématique/sous-thématique que je


vois apparaître dans ma série politique ? ( = le
tableau)

2 Est-ce que cette thématique (celle(s) qui est/sont


importante(s) dans ma série) est liée à un
personnage en particulier, à plusieurs personnages,
à un lieu, … ? Ex : cette thématique est abordée que
chez les personnages d’un milieu social élevé,
pourquoi ?

3 Que dit/disent ce(s) personnage(s)/ce(s) lieux à


propos de la thématique qui lui est reliée ? (Càd le
discours qui est tenu sur la thématique).

4 Dans ce discours, quels sont les mots qui ressortent


ou les symboles que je vois à l’image qui permettent
de rendre visible la thématique et l’orientation du
discours ? Ex : une arme à feu qui me permet de dire
qu’on est dans la thématique des armes à feu/de
l’éthique et que le personnage est POUR le port
d’armes à feu.

24

Vous aimerez peut-être aussi