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Le droit d’asile au Maroc :

Procédure de détermination du statut de réfugié et


interaction UNHCR – Autorités marocaines

Session intensive sur le droit de la migration et d’asile –


première édition – Oujda. 23 – 27 novembre 2020

Pr. Mohamed AMARTI


FSJES-OUJDA
Directeur de la clinique juridique: Migration et
droits de l’homme
Plan de la présentation
I
• Éléments introductifs: Contexte de la
migration et de l’asile au Maroc

II
• Protection des réfugiés au Maroc:
Textes nationaux et internationaux

III
• Eléments sur la procédure de
détermination du statut de réfugié

IV
• Interaction de l’UNHCR et des
autorités marocaines
I/ Contexte de la migration et d’asile au Maroc
 Le Maroc pays d’émigration, de transit et d’immigration

 Une terre ancienne d’immigration et d’accueil mais une intégration


tardive de cette donnée historique dans la conscience collective.
 Proche de l'Europe avec deux enclaves espagnoles sur son territoire.
 Stabilité politique dans un environnement régional perturbé,
générateur de flux migratoires et des opportunités limitées pour
l’insertion socio-économique des migrants.
 Effets de la politique migratoire européenne: Le Maroc est devenu un
pays de transit et d’installation durable:
‒ Un flux migratoire mixte.
‒ Une immigration de travail régulière.
‒ Nombre relativement important d’étudiants ressortissants de pays d’Afrique
francophone.
‒ Migrants en situation irrégulière (« en transit » souvent depuis plusieurs
années)
‒ Réfugiés et demandeurs d’asile.
 Adoption d’une nouvelle politique d’immigration et d’asile depuis
2013 et la mise en place de plusieurs commissions chargées de:

‒ La reconnaissance du statut de réfugié ( commission ad-hoc)

‒ La régularisation administrative du séjour des étrangers en situation

irrégulière ( deux opération de régularisation )

‒ La mise à niveau du cadre juridique et institutionnel de l’asile, de la

migration ( projets de lois : asile , traite , entée et séjour des étrangers )


 Réouverture du BRA en septembre 2013 et mise en place d’une
commission ad hoc composée de plusieurs ministères.
‒ La commission a siégé en 2018 et 2020 mais a suspendu ses réunions depuis Mars
2020 (situation sanitaire Covid19)
‒ Le HCR est présent pendant les auditions en qualité d’observateur.
‒ Rôle:
√ Auditionner les réfugiés « statutaires » de l’UNHCR.
√ Valider le statut de réfugié par les autorités marocaines.
√ 754 réfugiés ont obtenu un titre de séjour des autorités avec mention « réfugié »
√ Un nombre de personnes auditionnées n’ont pas été reconnues au tant que réfugié
mais ont obtenu un simple « récépissé » d’audition.
√ Selon le HCR 1.363 réfugiés syriens statutaires ont été auditionnés et 857 réfugiés
d’autres nationalités.
√ Les auditions ont été suspendues entre mars 2017 et décembre 2018.
 Adoption de la stratégie nationale d’immigration et d’asile
(SNIA)– 2014

‒ Prévoit la mise en œuvre de 11 programmes principaux ( domaines de

l’éducation, culture, jeunesse et loisirs, santé, logement, assistance sociale et

humanitaire, formation professionnelle, emploi, gestion des flux migratoires

et lutte contre la traite , coopération et partenariats, cadre règlementaire,

gouvernance, communication…)

‒ Prévoit également l’amendement de la loi 02.03 et la préparation d’un projet

de loi relatif à l’asile.


Quelques données (partielles) des recensements de la
population( Etrangers)
 Le Maroc pays d’émigration: importance du nombre de marocains résidents à l’étranger.
• Nombre des MRE (janvier 2019): 4,8 millions selon la DACS du MAEC.
 Pays d’immigration mais présence étrangère minime: + de 86.000
 Proportion d’étrangers selon données HCP (Décembre 2017)
• 0,25 % sur la population totale.
- 22.545 (Pays subsahariens)
• 40% (33.615) Européens.
- 11.142 (du Maghreb)
• 41,6 % (34.966) Africains:
• 15,2 % (12771) Pays d’Asie.
• 3,2 % (2.649) autres continents.
 Population sous mandat du HCR au Maroc (31 octobre 2020)
• Réfugiés: 7.790
• Demandeurs d’asile: 4.668
• Total: 12.658
II/ Protection des réfugiés au Maroc: textes
nationaux et internationaux
Le droit Marocain
 Constitution de 2011 :
Préambule:
- Attachement aux droits de l’homme universellement reconnus
- Bannissement de toute discrimination.
- Primauté des conventions internationales ratifiées et publiées sur le
droit interne.

Titre II: libertés et droits fondamentaux notamment:


article 30: § les conditions d’extradition et d’octroi du droit d’asile sont
définies par la loi.

 Décret du 29 Aout 1957 fixant les modalités d’application de la


convention de Genève sur le statut des réfugiés au Maroc.(CG51)
 Loi 02-03 : relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume
du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières.

 Autres dispositifs législatifs:


- Code de la famille.
- Loi relative à l’état civil.
- Code du travail.
- Loi 27-14 sur la lutte contre la traite des êtres humains.

 Circulaires et arrêtés ministériels


- Education nationale.
- Santé.
- Intérieur.
- Travail et affaires sociale.
 Instruments internationaux spécifiques aux réfugiés

 Adhésion du Maroc à la convention de Genève relative au statut des


réfugiés de 1951 et ratification en 1971 du protocole de New-York de 1967.

 Ratification, en 1974 de la Convention de l’organisation de l’unité africaine


de 1969, régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en
Afrique.

 Le Maroc ayant quitté l’OUA en 1984, n’a pas dénoncé selon le droit des
traités son adhésion à la convention de 1969.
III/ Éléments sur la procédure de détermination
du statut de réfugié
 Signification de la (DSR) en droit des réfugiés

-Une procédure par laquelle une instance gouvernementale ou le haut


commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) cherche à déterminer
si une personne, qui a déposé une demande d’asile ou a exprimé d’une autre
manière son besoin de protection internationale est effectivement un réfugié.

-Une personne ne devient pas un réfugié en vertu d’une décision de


reconnaissance prise par les autorités du pays d’accueil ou le HCR mais est
reconnue parce qu’elle est réfugié.

-La décision de reconnaissance est déclaratoire de la qualité de réfugié: elle


reconnait et confirme officiellement que la personne concernée est un réfugié.
 Détermination du statut de réfugié: passage obligé?

-Une procédure nécessaire pour mettre en œuvre les obligations des États
conformément à la C.G.51 et/ou du protocole de 1967.

-La mise en œuvre des engagements des États parties impliquent qu’il
doivent déterminer qui est un réfugié.

-Les États doivent donc mettre en place des procédures nationales


permettant de déterminer si une personne particulière relève ou non de la
définition du réfugié énoncée dans la C.G. (art premier – section A –
paragraphe 2)

-Le HCR, dont la fonction principale est la protection internationale des


réfugiés, peut avoir besoin, pour exercer son mandat, de déterminer si une
personne est un réfugié qui relève de sa compétence.
 Autorités chargées de procéder à la détermination du
statut de réfugié
-Responsabilité première incombe aux autorités nationales du pays dans
lequel les personnes demandent l’asile.

-Les autorités ont l’obligation d’identifier les personnes qui correspondent à


la définition du réfugié et de leur accorder la protection internationale dont
elles ont besoin et les droits liés au statut de réfugié.

-Les Etats parties à la C.G. et/ou au protocole de 1967, doivent procéder


eux-mêmes à la (DSR), mais dans certaines situations et contextes le HCR
effectue sa propre (DSR) afin d’établir pour lui-même si des personnes ou des
membres d’un groupe déterminé sont ou non des réfugiés relevant du mandat
de protection internationale du HCR. (Statut de 1950)
- Ce cas de figure peut exister dans divers contextes:
 Etats non parties à la C.G.

N’ont pas adopté de procédures


nationales de l’asile

 Etats parties à la C.G. mais : Procédures nationales existent


mais manifestement inadaptées

Déterminations fondées sur une


interprétation erronée de la C.G.

 Mise en place de solutions durables / la réinstallation.


IV/ La reconnaissance du statut de réfugié au Maroc: Interaction UNHCR –
autorités marocaines
 Absence d’un système national d’asile au Maroc

- Le bureau des réfugiés et apatrides (BRA) instauré par le décret de 1957: une instance
« dormante », qui exerce ses compétence d’une manière sporadique et au gré des circonstances.

- Rôle supplétif du HCR dans la procédure de (DSR) – en attendant l’adoption d’une procédure
nationale d’asile.

- L’intervention du HCR dans la reconnaissance du statut de réfugié dans le contexte marocain


s’appuie sur:

√ Le statut du HCR (1950) – fonction de protection internationale.


√ Convention de Genève (1951) art 35 ( coopération des autorités nationales).
√ Depuis 2007 sur l’accord de coopération avec le Maroc.
- La prise en charge de la (DSR par le HCR pendant cette période transitoire n’implique pas la
reconnaissance systématique par les autorités du statut de réfugié accordé par le HCR.
Conclusion (1/2)
 Législation marocaine actuelle sur l’asile se fonde essentiellement sur:
‒ Un décret de 1957 trop court et peu développé.
‒ Une loi sur l’entrée et le séjour (02-03) non spécifique à l’asile.
‒ Certaines dispositions législatives qui ont une incidence sur le droit des
étrangers.
‒ Art 30 de la constitution qui mentionne l’asile mais ne reconnait pas
explicitement aux étrangers le droit d’asile sur le territoire.

 « Un droit de l’asile » lacunaire, insuffisamment protecteur, inadéquat,


incompatible avec les obligations conventionnelles du Maroc.

 Une jurisprudence insuffisamment développée en matière du contentieux


des étrangers et particulièrement en matière d’asile et de protection des
réfugiés.
Conclusion (2/2)

 Mettre fin aux atermoiements qui retardent depuis quelques années l’adoption
d’une loi relative à l’asile et aux « conditions de son octroi » ( art 30
constitution).

 Procéder à la modification substantielle de la loi 02.03.

 Harmoniser les textes législatifs et réglementaires régissant certains aspects de


la condition et du statut juridique des étrangers ( code du travail, loi sur les
associations, loi sur l’état civil …) avec les conventions internationales
pertinentes.

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