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Pour une autonomie radicale de

l’enseignement grammatical : une


argumentation phénoménologique
Philippe Monneret
philippe.monneret@sorbonne-universite.fr
http://philippemonneret.jimdofree.com

« Retour sur la grammaire scolaire. Discours et progression curriculaire » / Colloque ULB / 2


septembre 2023
Pour une autonomie radicale de
l’enseignement grammatical : une
argumentation phénoménologique
1) Argument phénoménologique : issu de la phénoménologie du langage merleau-pontyenne ;
idée de l’absence d’accès au plan métalinguistique dans la parole spontanée. Limites des
enquêtes et protocoles expérimentaux. Perspective d’une linguistique théorique.
2) Autonomie radicale de l’enseignement grammatical :
 Enseignement grammatical vs autres matières de la discipline français
(progression propre). Objectif : développement de compétences métalinguistiques
(vs orthographe, expression, compréhension, etc.). Modification de l’attitude
globale à l’égard de la langue qu’on parle.
 Enseignement grammatical vs la discipline français (rapports avec les sciences,
les mathématiques, l’enseignement des langues étrangères)
 Autonomie par rapport à l’activité langagière ordinaire (grammaire « en
laboratoire » vs conditions écologiques)
 Autonomie par rapport au savoir procédural : connaissances grammaticales
(savoir déclaratif vs inculture linguistique des populations). Cf. Chartrand (2012).
Chartrand, S.-G. (2012). « Quelles finalités pour l’enseignement grammatical à l’école? Une analyse des points de
vue des didacticiens du français depuis 25 ans ». Formation et profession, 20(3), 48-59.
http://dx.doi.org/10.18162/fp.2012.222
=> Notions centrales à interroger : réflexivité et métalangage (« discours grammatical »
présuppose métadiscours, métaénonciation, métalangue, etc.)
La linguistique théorique comme linguistique généraliste

Linguistique
théorique
Linguistique
descriptive
synchr. et diachr.
Pour une autonomie radicale de
l’enseignement grammatical : une
argumentation phénoménologique
1) Argument phénoménologique : issu de la phénoménologie du langage merleau-pontyenne ;
idée de l’absence d’accès au plan métalinguistique dans la parole spontanée. Limites des
enquêtes et protocoles expérimentaux. Perspective d’une linguistique théorique.
2) Autonomie radicale de l’enseignement grammatical :
 Enseignement grammatical vs autres matières de la discipline français
(progression propre). Objectif : développement de compétences métalinguistiques
(vs orthographe, expression, compréhension, etc.). Modification de l’attitude
globale à l’égard de la langue qu’on parle.
 Enseignement grammatical vs la discipline français (rapports avec les sciences,
les mathématiques, l’enseignement des langues étrangères)
 Autonomie par rapport à l’activité langagière ordinaire (grammaire « en
laboratoire » vs conditions écologiques)
 Autonomie par rapport au savoir procédural : connaissances grammaticales
(savoir déclaratif vs inculture linguistique des populations). Cf. Chartrand (2012).
Chartrand, S.-G. (2012). « Quelles finalités pour l’enseignement grammatical à l’école? Une analyse des points de
vue des didacticiens du français depuis 25 ans ». Formation et profession, 20(3), 48-59.
http://dx.doi.org/10.18162/fp.2012.222
=> Notions centrales à interroger : réflexivité et métalangage (« discours grammatical »
présuppose métadiscours, métaénonciation, métalangue, métalangage, etc.)
Pour une autonomie radicale de
l’enseignement grammatical : une
argumentation phénoménologique
1) Argument phénoménologique : issu de la phénoménologie du langage merleau-pontyenne ;
idée de l’absence d’accès au plan métalinguistique dans la parole spontanée. Limites des
protocoles expérimentaux. Perspective d’une linguistique théorique.
2) Autonomie radicale1.deL’argument
l’enseignement phénoménologique
grammatical :
2. Phénoménologie
 Enseignement grammatical vs autres dumatières
langage deet
la réflexivité
discipline français
(progressionlinguistique
propre). Objectif : développement de compétences métalinguistiques
(vs orthographe, expression, compréhension, etc.). Modification de l’attitude
globale à3. La notion
l’égard de métalangage
de la langue qu’on parle.
 Enseignement grammatical vs la discipline français (rapports avec les sciences,
Conclusion
les mathématiques, : conséquences
l’enseignement pratiques
des langues sur le
étrangères)
 Autonomie par rapport à l’activité langagière ordinaire (grammaire « en
métalangage grammatical
laboratoire » vs conditions écologiques)
 Autonomie par rapport au savoir procédural : connaissances grammaticales
(savoir déclaratif vs inculture linguistique des populations). Cf. Chartrand (2012).
Chartrand, S.-G. (2012). « Quelles finalités pour l’enseignement grammatical à l’école? Une analyse des points de
vue des didacticiens du français depuis 25 ans ». Formation et profession, 20(3), 48-59.
http://dx.doi.org/10.18162/fp.2012.222
=> Notions centrales à interroger : réflexivité et métalangage (« discours grammatical »
présuppose métadiscours, métaénonciation, métalangue, etc.)
L’argument phénoménologique
« Toute pensée vient des paroles et y retourne, toute parole est
née dans les pensées et finit en elles. Il y a entre les hommes et en
chacun une incroyable végétation de paroles dont les « pensées »
sont la nervure. - On dira - mais enfin, si la parole est autre chose
que bruit ou son, c'est que la pensée y dépose une charge de sens
-, et le sens lexical ou grammatical d'abord - de sorte qu'il n'y a
jamais contact que de la pensée avec la pensée -. Bien sûr, des
sons ne sont parlants que pour une pensée, cela ne veut pas dire
que la parole soit dérivée ou seconde. Bien sûr, le système même
du langage a sa structure pensable. Mais, quand nous parlons,
nous ne la pensons pas comme la pense le linguiste, nous n'y
pensons pas même, nous pensons à ce que nous disons. Ce n'est
pas seulement que nous ne puissions penser à deux choses à la
fois : on dirait que, pour avoir devant nous un signifié, que ce soit à
l'émission ou à la réception, il faut que nous cessions de nous
représenter le code et même le message, que nous nous fassions
purs opérateurs de la parole. La parole opérante fait penser et la
pensée vive trouve magiquement ses mots. »
M. Merleau-Ponty, Signes, « Préface », p. 25-26. 1960.
L’argument phénoménologique
Eléments contextuels
Merleau-Ponty (1908-1961)
La Structure du comportement, Paris, PUF, 1942
La Phénoménologie de la perception, Paris, NRF, Gallimard, 1945
Signes, NRF, Gallimard, 1960
Le Visible et l’invisible, 1964
L’Œil et l’esprit, Gallimard, 1960
La Prose du monde, Gallimard, 1969

Thèses sous-jacentes :
Phénoménologie : « retour aux choses-mêmes » ; étude rigoureuse de la
conscience
Critique de l’opposition sujet / objet ; corps / esprit ; intérieur / extérieur, etc. ; double
critique de l’empirisme et de l’intellectualisme : question du rapport du langage et de
la pensée (PhP)
Corporéité de la parole > enaction, cognition incarnée
Varela, F. J., Thomson, E., & Rosch, E. L'inscription corporelle de l'esprit: sciences cognitives et expérience
humaine (1993). Didier Bottineau.”Language and enaction”. Stewart,J., Gapenne,O.& Di Paolo,E..Enaction:
towards a new paradigm for cognitive science,MIT,pp.1-67,2008.
De la phénoménologie à l’ontologie : le concept de chair.
L’argument phénoménologique
« Toute pensée vient des paroles et y retourne, toute parole est
née dans les pensées et finit en elles. Il y a entre les hommes et en
chacun une incroyable végétation de paroles dont les « pensées »
sont la nervure. - On dira - mais enfin, si la parole est autre chose
que bruit ou son, c'est que la pensée y dépose une charge de sens
-, et le sens lexical ou grammatical d'abord - de sorte qu'il n'y a
jamais contact que de la pensée avec la pensée -. Bien sûr, des
sons ne sont parlants que pour une pensée, cela ne veut pas dire
que la parole soit dérivée ou seconde. Bien sûr, le système même
du langage a sa structure pensable. Mais, quand nous parlons,
nous ne la pensons pas comme la pense le linguiste, nous n'y
pensons pas même, nous pensons à ce que nous disons. Ce
n'est pas seulement que nous ne puissions penser à deux choses à
la fois : on dirait que, pour avoir devant nous un signifié, que ce soit
à l'émission ou à la réception, il faut que nous cessions de nous
représenter le code et même le message, que nous nous
fassions purs opérateurs de la parole. La parole opérante fait
penser et la pensée vive trouve magiquement ses mots. »
M. Merleau-Ponty, Signes, « Préface », p. 25-26. 1960.
Phénoménologie du langage
vs réflexivité linguistique
Evidence de la réflexivité du langage humain
Phénoménologie du langage
vs réflexivité linguistique
Evidence de la réflexivité du langage humain

-Condition de possibilité du métalangage en général


-Caractéristique sémiotique fondamentale :
« Même s'il ne s'agit là que d'une idée-limite et d'un contre-sens, même
si le sens d'une parole ne peut jamais être délivré de son inhérence à
quelque parole, il reste que l'opération expressive dans le cas de la
parole peut être indéfiniment réitérée, que l'on peut parler sur la parole
alors qu'on ne peut peindre sur la peinture […]. Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception, p.223
-Réflexivité et énonciation : deixis, performatifs, etc. La langue « se
réfère […] à une réalité qu’ [elle] constitue [elle-même] » Benveniste
(1962, p. 274)
-Récursivité
Phénoménologie du langage
vs réflexivité linguistique
Evidence de la réflexivité du langage humain

-Condition de possibilité du métalangage en général


-Caractéristique sémiotique fondamentale :
« Même s'il ne s'agit là que d'une idée-limite et d'un contre-sens, même
si le sens d'une parole ne peut jamais être délivré de son inhérence à
quelque parole, il reste que l'opération expressive dans le cas de la
parole peut être indéfiniment réitérée, que l'on peut parler sur la parole
alors qu'on ne peut peindre sur la peinture […]. Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception, p.223
-Réflexivité et énonciation : deixis, performatifs, etc. La langue « se
réfère […] à une réalité qu’ [elle] constitue [elle-même] » Benveniste
(1962, p. 274)
-Récursivité
=> paradoxe ?
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne
(expérience)
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne
(expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité
linguistique = épilinguistique)
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne
(expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité
linguistique = épilinguistique)

« Une distinction a été faite dans la logique moderne entre


deux niveaux de langage, le «langage-objet», parlant des
objets, et le «métalangage» parlant du langage lui-même.
Mais le métalangage n'est pas seulement un outil scientifique
nécessaire à l'usage des logiciens et des linguistes; il joue
aussi un rôle important dans le langage de tous les jours.
Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir,
nous pratiquons le métalangage sans nous rendre compte du
caractère métalinguistique de nos opérations ». (R.
Jakobson, Essais de linguistique générale, 1963, p. 217-
218).
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne
(expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité
linguistique = épilinguistique)

Rey-Debove : métalangage ; autononymie


Authier : « le fait métalangagier comme inhérent à la
pratique langagière, non seulement au plan structurel, ou à
celui des réalisations discursives, mais au cœur de
l’énonciation et du rapport humain au langage, y inscrivant à
la fois la distance d’une séparation »– le langage n’est pas «
un », ni le sujet qui l’habite, toujours à distance de »son dire,
et de lui-même ».
NB. Modalisation autonymique.
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Jacqueline Authier-Revuz,
La Représentation
du Discours Autre :
principes pour une
description (2020)

(1) ≪ Il fait beau ≫ est une phrase impersonnelle.


(2) ≪ Vouloir ≫ régit une subordonnée au subjonctif.
(3) Le français a perdu sa déclinaison au 14 e siècle.
(4) Je te dis qu’il va être élu.
(5) Il a été, je dois le dire, d’une grande légèreté.
(6) Son cri ≪ Il fait beau ≫ a retenti joyeusement.
(7) Je lui ai écrit pour le féliciter, mais il ne m’a pas répondu.
(8) Les propos du maire signifient qu’il va démissionner.
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne
(expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité
linguistique = épilinguistique)
« Rien ne dit d’ailleurs que notre activité cognitive et notre activité
épilinguistique soient correctement représentées par notre système de
représentation métalinguistique, au sens réaliste de «correctement », mais
nous sommes amenés à poser que les calculs renvoient à des opérations,
les simulent, sans plus. Y a-t-il plusieurs sortes de métalinguistique ? Je
serais tenté de répondre « oui », entre la glose (jugement d’équivalence),
les reprises, les ré-analyses (« quand je pose la question “Est-ce que tu
viendras ?”, ça veut dire que je veux savoir si tu viendras ou non »), les
jugements d’acceptabilité, les représentations à base métaphorique (par
exemple dans les phénomènes portant sur la temporalité), les
représentations de l’ordre du topologique, etc., il va (…) y avoir du
métalinguistique et non une métalangue ». (Culioli 1990 : 41)
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne (expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité linguistique =
épilinguistique)
Revoir la description phénoménologique
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne (expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)
MAIS : métalangage « naturel » (=> expérience de la réflexivité linguistique =
épilinguistique)
Revoir la description phénoménologique
MAIS
« Ainsi, en dépit du caractère circonscrit des manifestations de la réflexivité
énonciative, il convient de reconnaître le dire comme incessamment
traversé par le double clivage de ses hétérogénéités et de sa distanciation
interne : c’est qu’aucune parole ne serait possible sans la « protection »
qu’assure à l’énonciateur l’« oubli » salutaire de leur jeu incessant. Mais
cette méconnaissance, nécessaire au sujet parlant, faute de laquelle la
parole se verrait – pathologiquement – étouffée, recouverte par son auto-
représentation, n’a pas à être partagée au plan théorique par le linguiste. Il
peut, lui, – sans danger ! – reconnaître le fait métalangagier comme inhérent
à la pratique langagière, non seulement au plan structurel, ou à celui des
réalisations discursives, mais au cœur de l’énonciation et du rapport humain
au langage […] » (Authier 2020).
Phénoménologie du langage vs
réflexivité linguistique
Phénoménologie du langage : à la première personne (expérience) :
Réflexivité linguistique : à la troisième personne (science)

Il y a bien un métalangage naturel, spontané, mais qui ne se saisit pas


comme tel dans l’attitude naturelle

 Le discours grammatical, comme métalangage,


présuppose une rupture radicale avec l’activité
langagière naturelle
-Ce n’est pas une partie de l’activité langagière naturelle
-Nécessité d’une « dénaturalisation » de l’activité grammaticale (ex.
inhibition de la tendance à la motivation des termes grammaticaux :
complétive < complément ; pronom < nom : subjonctif présent
<présent, etc.)
=> Rupture entre ce type de métalangage et les autres types ?
La notion de métalangage

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
La notion de métalangage

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
Position culiolienne : métalinguistique vs épilinguistique

métalinguistique

épilinguistique

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
Scission du métalangage

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
Scission du métalangage

métalinguistique

épilinguistique

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
La notion de métalangage

Métalangage grammatical
Grammaire de L1
ML1 : Dans cette phrase, le déterminant « les » est au pluriel

L1 : Les vacances sont bientôt terminées

Métalangage ordinaire
Métalangage de L1
ML1 : Son cri ≪ Il fait beau ≫ a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage

Métalangage ordinaire

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage

Métalangage ordinaire

Méta-métalangage
de L1
MML1 : Selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage

Métalangage ordinaire Méta-méta-


métalangage de L1
MMML1 : Il a dit, je cite : « selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti
joyeusement
Méta-métalangage
de L1
MML1 : Selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage

Philipp Keller, « Cours d’introduction `a la logique et la philosophie du langage au semestre d’hiver 2003-2004 ».
chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/http://philipp.philosophie.ch/handouts/logique03-intro.pdf
La notion de métalangage

Métalangage défini à partir de l’autonymie

« Le métalangage naturel s'articule sur deux bases


lexicales fondamentales dont les unités types respectives
sont le mot codé (toute partie du discours, dont la
terminologie linguistique) et le nom autonyme, hors code,
de n'importe quelle séquence langagière, qui est l'icone
de son signifié, et n'a ni synonyme ni traduction. C'est
cette seconde base qui caractérise d'abord
le métalangage, car toute langue peut rapporter des
paroles, même sans employer de terminologie
linguistique, mais non l'inverse. »
J. Rey-Debove, « Les Logiciens et le métalangage naturel », HEL. 1979, p.
17.
La notion de métalangage

Métalangage ordinaire Méta-méta-


métalangage de L1
MMML1 : Il a dit, je cite : « selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti
joyeusement
Méta-métalangage
de L1
MML1 : Selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage
Métalangage grammatical

ML1 : Dans cette phrase, « le déterminant les » est sujet du verbe « être »

ML1 : Dans cette phrase, le déterminant les est au pluriel

L1 : Les vacances sont bientôt terminées

Métalangage ordinaire Méta-méta-


métalangage de L1
MMML1 : Il a dit, je cite : « selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti
joyeusement
Méta-métalangage
de L1
MML1 : Selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
La notion de métalangage
Métalangage grammatical

ML1 : Dans cette phrase, « le déterminant les » est sujet du verbe « être »

ML1 : Dans cette phrase, le déterminant les est au pluriel

L1 : Les vacances sont bientôt terminées


Le discours grammatical est un
métalangage
Métalangage ordinaire sans méta-métalangageMéta-méta-
métalangage de L1
MMML1 : Il a dit, je cite : « selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti
(donc pas un métalangage au sens logique,
joyeusement ni
au sens adopté chez Rey-Debove, Authier, etc.)
Méta-métalangage
de L1
MML1 : Selon Pierre, son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

Métalangage de L1
ML1 : Son cri « Il fait beau » a retenti joyeusement.

L1 : Il fait beau
Scission du métalangage

métalinguistique

épilinguistique

Authier-Revuz J., « La représentation du discours autre : un champ multiplement


hétérogène », Le discours rapporté dans tous ses états, Actes du colloque tenu à
Bruxelles, 8-11 novembre 2001, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 35-53.
Scission du métalangage
L’espace du métalinguistique « Sentiment linguistique
et sentiment de la langue
après Saussure : l’apport
de Gustave Guillaume »,
in Gilles Siouffi (dir.), Le
sentiment linguistique
chez Saussure (2021),
Degré de validité de la ENS Editions, p. 147-168.
connaissance linguistique
: fondé sur les échanges
avec les pairs dans les
sphères académiques
(attitude scientifique).
Sentiment Sentiment linguistique : évaluation
linguistique intuitive de la qualité des productions
linguistiques selon certaines normes
(grammaticales, sociales, esthétiques,
etc.). Spechgefühl.

Connaissance
linguistique Sentiment de la
langue

Sentiment de la langue : intuition de la « mécanique intuitionnelle », liée à


l’imagination scientifique et nourrie par les connaissances métalinguistiques
du linguiste, qui constituent les sources des processus analogiques dont le
« sentiment de la langue » provient (varie aussi selon la diversité des
systèmes linguistiques pris en compte)
Conclusion
Quelques conséquences pratiques
Le discours grammatical, comme métalangage, présuppose une
rupture radicale avec l’activité langagière naturelle
Dispositif : grammaire « en laboratoire »
La Grammaire du français du CP à la 6e
Dans chaque chapitre, une présentation en 6
étapes :
1. Définitions pour le professeur
Détaille les notions que le professeur doit maîtriser avant
de les enseigner.
2. Ce que les élèves doivent retenir et maîtriser
Les connaissances essentielles que les élèves doivent
acquérir.
3. Repères pour une progression
Rappel du programme et des repères de progression.
4. Démarches d’apprentissage
Indications pour introduire la notion et proposent. Critères
de manipulation
5. Sélection de corpus pour la séance
Cette partie propose d’abord les structures à privilégier ou
au contraire à écarter dans le cadre d’activités avec les
élèves. Elle signale ensuite les points de vigilance que le
professeur doit observer avant d’établir son corpus de
phrases.
Présentation du guide
La Grammaire du français du CP à la 6e (2022)

Exemple
Le groupe sujet :
la fonction sujet

Examen des
degrés de
prototypicité des
occurrences de la
catégorie à
l’étude
Présentation du guide
La Grammaire du français du CP à la 6e (2022)

Exemple
Chapitre 2
I. Le nom

Remarques sur
des cas
particuliers qui
peuvent présenter
des difficultés (non
souhaitées) pour
les élèves.
Conclusion
Quelques conséquences pratiques
Le discours grammatical, comme métalangage, présuppose une
rupture radicale avec l’activité langagière naturelle
Dispositif : grammaire « en laboratoire »

1. Activités grammaticales : d’abord séparées des autres activités sur la langue (reliées
ensuite).
2. Limitation des capacités descriptives de la grammaire scolaire (« connaissances
grammaticales » limitées).
2. Connaissance grammaticale = connaissances métalinguistiques (usage régulier du
métalangage).
3. Le développement des capacités métalinguistiques est rendu possible par le
développement des capacités de catégorisation grammaticale (identifier les natures et
fonctions des mots ou groupes de mots n’est pas un simple « étiquetage » ; connaissance
procédurale).
4. La routinisation des compétences métalinguistiques est une condition du développement
d’une raisonnement grammatical.
5. Cette routinisation requiert un travail régulier sur des exemples bien choisis (structures
prototypiques) : analyses et manipulations de la langue en laboratoire.
6. Cela suppose de la part des enseignant(e)s une aptitude à distinguer les cas prototypiques
des cas qui ne le sont pas (compétence professionnelle).
Merci de votre attention !

philippe.monneret@sorbonne-universite.fr
https://philippemonneret.jimdofree.com/
https://paris-sorbonne.academia.edu/PhilippeMonneret

44
Spada, N., & Tomita, Y. (2010). Interactions between type of instruction and type of
language feature: A meta‐analysis. Language learning, 60(2), 263-308.

45

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