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COURS D’ÉLOQUENCE ET

D’ART ORATOIRE
Niveau :Licence, Master 1 et 2
MELLI NYAMSI
I. Introduction

Pourquoi est-il important d’être éloquent et de savoir prendre la parole en public?


La réponse à cette question est toute simple: tout le monde rencontre un jour ou
l’autre une situation où les compétences en art oratoire s’avèrent nécessaires. Cela
peut être en société, à l’école, dans la vie personnelle ou professionnelle.
Le discours humanitaire ne déroge pas à cette réalité car étant une véritable
vitrine de sa pratique, il est aujourd’hui devenu un enjeu stratégique au cœur du
dispositif des organismes. Que ce soit pour adresser des plaidoyers auprès des
bailleurs, défendre des causes, faire adopter des projets ou interagir avec des
bénéficiaires, la communication revêt un caractère central pour l’acteur
humanitaire et de développement.
Dès lors que l’importance de cet exercice est reconnue, il devient important d’en
cerner les contours et ressorts à travers les concepts qui le constituent et le
définissent. Nous pourrons par la suite explorer ses outils et ses techniques. Les
étudiants futurs humanitaires pourront donc à terme avoir une compréhension
plus claire de l’art oratoire et sauront s’en servir pour préparer et délivrer un
discours.
II. L’art oratoire et son histoire
A. Qu’est-ce que l’art oratoire ?

1. Définition de l’art oratoire

C’est l’aptitude à parler avec éloquence et à persuader un


auditoire.
C’est un dérivé pourrait-on dire de la rhétorique grecque.
« L’Art Oratoire est un art, en ce sens qu’il propose une
dimension esthétique du discours ; mais aussi parce qu’il
requiert l’apprentissage d’une méthode et donc d’une
technique. L’Art Oratoire n’est pas inné, il s’apprend ».
2. Concepts associés à l’oratoire

Rhétorique :
Art de bien parler, la rhétorique peut être considérée
comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique
oratoire. C’est l’ensemble des procédés et techniques à
suivre pour bien composer des discours et les mettre en
œuvre. Elle est une science qui s’apprend.

Éloquence :
Aptitude à s'exprimer avec aisance, c’est la capacité
d'émouvoir. Elle désigne davantage un talent naturel.
B. Une histoire de l’art oratoire

1. La rhétorique antique (environ 5 siècle av. J.C)


e

Les origines grecques


Dans l’antiquité, la faible diffusion des écrits due aux
limites techniques a favorisé l’essor de la transmission
orale. La rhétorique devient un art majeur et même un
métier avec les sophistes tels Protagoras(env 490-420 avant J.-C.)
et Gorgias(environs 480-375 avant J.-C) qui sont payés pour
enseigner l’art de la parole aux jeunes athéniens.
C’est Aristote (384-322 avant J.-C.) qui va spécifier l’art oratoire
et sera suivi par Cicéron.
La systématisation et la vulgarisation romaines

C’est à rome que cet art connaîtra le succès et sera


codifié avec de grands orateurs tels que Caton l’Ancien
(234-149 avant J.-C.) ou les frères Gracques (Tiberius et Caius Gracchus, au

IIè siècle avant J.-C.), tous deux capables de passionner et

soulever la foule.
Mais le plus célèbre fut sans aucun doute Cicéron (Marcus
Tullius Cicero, 106-43 avant J.-C.).

Quintilien (30-96 après J.-C.); ouverture d’une école de


rhétorique très réputée.
2. Les orateurs modernes

Le siècle des lumières


Période de grandes révolutions dans plusieurs domaines, il voit aussi l’émergence
de nouveaux artistes de la rhétorique tel l’ L’abbé Nicolas-Charles Trublet (1697-1771)
qui va beaucoup travailler sur le domaine et sera même commenté par Rousseau.
Mais les orateurs les plus célèbres de cette époques sont comptés parmi les
révolutionnaires français. On peut nommer Robespierre, Danton…pour ne citer
que les plus connus. Ils étaient célèbres de par leur aptitude à haranguer les foules
et les faire adhérer à leurs idées.
Les contemporains

Du début du vingtième siècle jusqu’à nos jours, le profil des orateurs n’a cessé d’évoluer.
 Des révolutionnaires et leaders politiques tels que Patrice Lumumba, Fidel Castro ou encore
Malcolm X sont passés à la postérité grâce à leur capacité à tenir en haleine leurs auditoires
durant des heures et à susciter en ces derniers des idées et désirs.
Toutefois, depuis quelques décennies, est né un nouveau type d’orateur qui, même s’il ne
porte pas d’idées révolutionnaires, n’en séduit pas moins les foules; il s’appelle chef
d’entreprise, expert en marketing, conférencier, slameur…etc. Il existe même désormais des
compétitions d’éloquence où les protagonistes rivalisent de talents.
Tout ceci apporte un diversité nouvelle dans le paysage de l’art oratoire et l’enrichit d’autant
plus.
III. Les types de discours

A. Le discours politique
Il s’agit des propos
tenus par les
professionnels et
acteurs de la scène
politique. Il sert à
rallier le plus grand
nombre de personnes
à ses idées, à un
programme
B. La plaidoirie
La plaidoirie est
l’exposition orale des
prétentions du plaideur
(généralement par
l’avocat)
elle sert à défendre une
cause devant un
auditoire de personnes
décisionnaires.
C. La conférence
C’est le discours
public sur une
question, un sujet
important et dans
un domaine précis.
Le conférencier est
généralement
expert du domaine
dans lequel il va
discourir.
D. Les arts scéniques
Il s’agit ici d’orateurs spécialisés dans le divertissement, même
s’ils peuvent traiter de sujets graves.
Les slameurs sont l’illustration parfaite de ce que l’on peut
susciter comme émotions juste en usant de mots.
IV. Les modes de communication

A. Les modes
d’expression
1. L’expression
corporelle
C’est un mode
d’expression non
verbal, c’est-à-dire
qui n’utilise pas les
mots. Elle se fait à
travers la gestuelle et
la posture. L’auditoire
la perçoit par la vue
A. Les modes d’expression
2. L’expression orale
C’est la production de paroles qui sont perçues par l’ouie
de son auditoire. Elle est l’outil principal de l’orateur.
B. Les niveaux de langage

1.Le langage soutenu


C’est un niveau de langage qui implique l'utilisation d'un
vocabulaire plus riche, de structures de phrases plus
complexes, de figures de style plus élaborées et
l'utilisation de modes et de temps de verbes qui sont
normalement peu employés. C’est un langage élitiste.
2.Le langage courant
Il est neutre et permet de maintenir un bon niveau
d’expression avec une bonne grammaire et un
vocabulaire riche, sans toutefois entrer dans un parler
hermétique. C’est le langage de la vie courante en société.
Il est idéal pour les exposés.
B. Les niveaux de langage

3. Le langage familier
Utilisé dans la vie courante dans les conversations
non formelles. C ’est un langage relâché qui ne
s’embarrasse pas syntaxes élaborées.
4. Le parler argotique
C’est une variété linguistique spécifique à un groupe
social ou socio-professionnel, qui permet de se
différencier des non-initiés.
V. L’axe du discours

Il s’agit essentiellement de
l’esprit du discours de l’orateur;
il doit se déterminer au travers
d’un questionnement:
A. Qu’est-ce que je veux faire passer comme
message?

La réponse à cette question nous


permet de circonscrire le cadre du
discours
B. Qu’est-ce que je veux que mon auditoire retienne?

Le meilleur des auditoires ne retiendra


réellement que 20% de ce qui sera dit.
C. Qu’est-ce que je veux susciter chez mon public ?

Le discours doit susciter une émotion à


l’auditoire, il est donc important pour
l’orateur de savoir jouer avec les émotions de
son public.
D. Qu’est-ce que je veux que mon public fasse ?

L’orateur doit pouvoir déclencher chez


son auditoire une prise de décision ou
un changement de perception.
VI. La prestation oratoire

La prestation oratoire doit se préparer


et elle doit répondre à certaines
exigences
A. La préparation de la prestation

1.La gestion du trac


Cette émotion est une réaction soudaine de
l'organisme. Elle désigne communément la peur,
l'angoisse irraisonnée que l'on éprouve au moment
de paraître en public.
Même si chacun peut avoir ses méthodes pour la
gérer, il est important de bien préparer son sujet et
faire des exercices de respiration.
2. La posture
Il s’agit ici de savoir se placer et occuper
l’espace lors d’une prestation orale.
Eviter de rester figé en prenant possession
de son espace de prestation.
3. La gestuelle
Tout comme la posture, elle participe de
l’expression non verbale et reste
déterminante. Toutefois il ne faut pas trop
en faire
4. Le regard
Il faut construire une relation visuelle avec
son auditoire. Il faut éviter d’avoir un regard
fuyant.
B. Le déroulé

1. La phrase d’attaque
C’est un élément déterminant, il permet de
rentrer dans son propos et donne le ton de la
prestation.
Il peut s’agir d’un fait historique, d’une donnée
statistique ou simplement d’une blague…il faut
toutefois éviter de la faire trop longue.
2. L’introduction
Elle se rédige en dernier et doit être
connue par cœur, même si le discours
est lu.
3. La voix et l’intonation

Un bon orateur doit faire sonner sa voix afin


de la rendre audible mais sans crier.
L’intonation doit être modulée en fonction
de ce qu’on dit et de l’émotion qu’il veut
transmettre.
4. La diction et le débit
Il est absolument nécessaire d’avoir une bonne
diction car l’auditoire doit entendre distinctement les
mots qui sont prononcés. Des exercices existent pour
la travailler.
Quant au débit, il doit être réduit afin de ne pas
perdre l’auditoire, mais pas trop lent non plus de
peur de l’endormir.
5. La conclusion
Il faut la construire et éviter de clôturer sur des
phrases telles que « Merci pour votre attention »…
La conclusion constitue le dénouement de votre
prestation, elle doit éveiller les esprits en y
imprimant la substance du discours; toutefois, il faut
moins dire pour beaucoup mieux le dire.
Tout comme l’introduction, il faut la connaître par
cœur.

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