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...« C'est si grand M'amour cette union de nos deux âmes, si profond et si froid cette (sic)
abîme où je m'enfonce sans jamais rien attendre s'en rien étreindre de l'au-delà, et puis
quand je reviens toi tu es là et tes grands yeux me fixent et je te touche te reviens, tu es
tout ce qu'il y a de mieux et je t'étreins toi, toi tu es là, mais la mort elle aussi est là, oui
elle est là derrière toi... ».
« Mon chéri. Le chemin du baiser était beau n'est-ce pas. Et Satan fut si tentant... Mais
qu'est-ce que cela après avoir passé une nuit noire... noire ?... ou blanche ! Vraiment je
ne sais plus... Mais je redescends toujours seulette l'escalier qui a conduit au bonheur »...
... « Mon feu. J'aurai voulu vous téléphoner mais, je suis par trop nerveuse et je crains de
vous sentir anxieux. Je ne sais ce qui me donne ces idées. C'est peut être d'avoir trop
pensé - ou pas assez - puisque je ne sais... Je n'ai pourtant plus de force - oh tant pis - ce
n'est pas assez, j'aurai voulu savoir, savoir ce que tu penses, mon adoré... pardonnes tu
sais que je suis ton esclave et que tu es mon tout mais je veux encore plus, je voudrais
prendre toutes tes peines, souffrir à ta place je veux que tu sois heureux. Tu es fort,
beau, bon, il faut aussi que tu sois le maître et que tous te respectent comme je t'aime
»...
« Il pleut encore, ma chambre est sombre, le cœur dans un abîme ma raison se meurt »...
« Merci, André j'ai tout reçu... je ne veux pas te faire perdre le temps nécessaire à des
choses supérieures - tout ce que tu feras sera bien fait - que rien ne t'arrête - il y a assez
de gens qui ont mission d'éteindre le Feu... il est sage de ne pas s'appesantir sur
l'impossible »...
1
Breton à l'égard de la description, sa volonté de remplacer la description
littéraire par la photographie, pourtant il n'a pas jugé bon dans l'édition de
1928 de faire figurer une image de Nadja ; il a fallu attendre l'édition de
1962 pour voir apparaître une image de Nadja, mais singulière ;
photographie métonymique puisque les "yeux de fougère" valent pour
Nadja… Nadja mais incomplète et encore plus déréalisée du fait du
montage-photo… Encore plus déréalisée qu'en 1962… Nadja est déjà
morte…. Nadja est donc une sorte de fantôme… Elle échappe à ce qui
veut, essaye, prétend la fixer ou la figer…. Tout juste hante-t-elle le livre
de Breton… Nadja est à ce point passante que Breton n'a pas voulu la
saisir. En tous les cas, le parti pris de Breton "déréalise" Nadja, lui ôte son
corps, sa présence charnelle, sa présence terrestre, terrienne, son poids…
Nadja en devient légère, aérienne, oiseau sans aucun doute : "J'ai pris, du
premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme
un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent
momentanément de s'attacher, mais qu'il ne saurait etre question de se
soumettre" 112
2
Breton va meme plus loin dans l'épilogue du
journal des rencontres avec Nadja : pour lui, il y a un avant et un après
Nadja :"J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir (en italiques) le matin sur un
monde où les battements des ailes de l'espoir immense se distinguent à
peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je
n'avais vu encore que des yeux se fermer" 112
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à la fois libre et prisonnière (l'internement final de Nadja offrant
l'image la plus aboutie malheureusement de cet enfermement);
à la fois aérienne, légère et lourde;
à la fois ascendante et tombante. ("le monde de Nadja où tout
prenait si vite l'apparence de la montée et de la chute" 135) ("Je ne
voulais pas mourir mais j'éprouvais un tel vertige… Je serais certainement
tombée si on ne m'avait pas retenue" 82)
à la fois extraordinaire et banale ("les péripéties les plus
lamentables de sa vie" 135)
Cette double caractérisation de Nadja
-motive la brièveté et l'impossibilité de la relation de
Breton et de Nadja ("à vrai dire nous sommes nous jamais entendus" 134)
-motive l'imperfection de Nadja qui à ce titre ne fait
qu'annoncer l'X de la troisième partie
-diminue, réduit la culpabilité de Breton
-explique que la Femme idéale doit parler à l'esprit et au
cœur du poète. Nadja ne convenait à Breton qu'intellectuellement
a) Nadja erre
-c'est un motif qui va être récurent et qui caractérise on
ne peut mieux Nadja
-la rencontre initiale dans la rue : "venant en sens
inverse, en marchant, elle se rend…(64)
-la réponse à la question de Breton "Qui est-vous ?" et la
réponse de Nadja "Je suis l'âme errante" (71)
-son occupation du soir :"le soir, vers sept heures, elle
aime à se trouver dans un compartiment de métro" 68
-l'endroit où elle dîne : "mais là ou là, où je suis, voyons"
71
-la rencontre du 6 octobre : "Une des premières
passantes que je m'apprête à croiser est Nadja" (76)
-la rencontre du 7 octobre : "Soudain, alors que je ne
porte aucune attention aux passants, je ne sais quelle rapide tache, là, sur
le trottoir de gauche, à l'entrée de la rue Saint Georges, me fait presque
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mécaniquement taper au carreau. C'est comme si Nadja venait de passer"
(90)
-l'évocation bilan de Nadja : "je veux dire la créature
inspirée et inspirante qui n'aimait qu'être dans la rue, pour elle seul
champ d'expérience valable, dans al rue, à portée d'interrogation…" (113)
5
d) Nadja est difficile à comprendre, est énigmatique
e) Nadja "égarée
6
-Il apparaît rapidement qu'on attrape pas Nadja
aisément, qu'elle échappe à qui veut la fixer, la tenir, l'immobiliser. Elle-
Même semble le plus souvent "perdue". Bien entendu, ce thème de
l'égarement culminera dans la folie où Nadja se perd vraiment ; mais bien
avant, cette "chute" dans la maladie mentale, Nadja apparaît souvent
comme égarée…. Ne se définit-elle pas elle-même comme une "âme
errante", s'assimilant au fantôme qui, hantant tel ou tel lieu, n'a pas de
place à lui où reposer ; qui, hantant telle ou telle personne, n'a pas de
"personnalité" propre
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*Nadja est capable de rappeler le passé : on
remarquera que ce passé concerne des lieux (Paris) et surtout des
personnages (le plus souvent liés à la royauté). Plus précisément, c'est
l'errance dans Paris qui va faire revenir, remonter le passé lié à la royauté.
Par ses visions, ses intuitions, Nadja va ajouter à la réalité de Paris une
autre dimension
C'est le 6 octobre que Nadja, sur la place Dauphine, se
souvient, voit ce qui "s'est déjà passé sur cette place et qui s'y passera
encore" (81)
Le même jour, le passage devant la Conciergerie et un
commissariat de Police amène Nadja à s'interroger : "Moi aussi j'ai été en
prison ?. Qui étais-je ? Il y a des siècles. Et toi, alors qui étais-tu ?" (85)
Le même jour : "Elle se demande qui elle a pu être dans
l'entourage de Marie-Antoinette" 85
Le 12 octobre, lors du voyage en train au Vésinet : "En
passant devant le château (Saint-germain en Laye), Nadja s'est vue en
Mme de Chevreuse
5°
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de Nadja, des rencontres ultérieures (aucun des hommes qu'elle dit avoir
rencontré ne semble avoir exercé d'influence sur elle dans ce domaine).
Or, dès le début de sa rencontre avec Breton, on la voit s'intéresser aux
œuvres artistiques. Mais, faisons deux remarques :
-Nadja ou le diable
9
-le danger de la sexualité
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