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Olivier Mathieu A Été Élu À L'académie Française
Olivier Mathieu A Été Élu À L'académie Française
Prologue en vers.
*
Au plus grand nombre je déplais,
Car je semble tombé des nues,
Rêvant de terres inconnues
D'où j'exile les gens trop laids.
Chapitre I
Discours introductif: remerciement d'Olivier Mathieu à ses paires (?),
pour l'avoir élu, le 7 avril 2011, au fauteuil laissé vacant par le décès
de M. Maurice Druon. Ce qui offrira l'occasion de rappeler les
tentatives précédentes d'Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, afin
d'asseoir la sienne (?) parmi les Quarante.
"Académiciens, académiciennes!"
Cette introduction est clairement inspirée par le fameux "Français! Françaises!"
de Mongénéral. Académiciens! Académiciennes!
Académiciens! Académiciennes!...
"Académiciens! Académiciennes!"... Ciel, que dis-je? Quel homme politique
dirait encore : "Français! Françaises" ? Non! Il dirait (comme je l'ai entendu dans la
bouche des prestigieux successeurs de Mongénéral), il dirait: "Françaises! Français!"
Commencer par les dames est très important. C'est plus politiquement correct.
Et c'est censé rapporter davantage électoralement. Ne disons plus : "Messieurs
Dames!", mais : "Dames Messieurs!"... Ou, de mieux en mieux :"Mesdames
Sieurs!"...
Rouge de honte, donc, je me corrige : Académiciennes! Académiciens!
Le 7 avril 2011, à moins que ce n'ait été (poisson d'avril) six jours auparavant,
et que personne d'autre que moi ne s'en soit aperçu, voilà qu'enfin, vous m'avez élu à
l'Académie française.
Voilà qu'enfin, on doit dire : Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, a été élu à
l'Académie. Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, est académicien. Olivier Mathieu, dit
Robert Pioche, est un "immortel". Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, est au nombre
des Quarante.
Voilà qu'enfin, vous m'avez convié à m'asseoir parmi vous, voilà qu'enfin vous
consentez que je vous apostrophe: membres de l'Académie, mes paires!
Mes paires! Mes pairs! Académiciennes! Académiciens! Mon émotion est à son
comble. Après tant de tentatives malheureuses, voilà que vous avez récompensé ma
légendaire persévérance.
Déjà, en 1990, j'avais escompté que vous m'offriez votre accueil sous les
lambris du Quai de Conti, mais vous m'aviez préféré (et j'avais largement applaudi à
votre choix) Madame Hélène Carrère d'Encausse qui, depuis lors, est devenue (après
Maurice Druon) le Secrétaire perpétuel de la noble assemblée.
Plus tard, en 2003, au terme d'une lutte épique, je dus m'incliner, pour
seulement dix-huit voix de différence, afin que pénètre à l'Académie un romancier
tel que Valéry Giscard d'Estaing. Et, ici encore, je partageai votre choix et m'exaltai
de votre décision: cette consacration littéraire était évidemment indispensable et je
fus tenté, un instant, de renoncer au modeste suffrage que j'avais quant à moi reçu,
afin de l'offrir à Celui qui, dans ma jeunesse, décidait avec tant de brio et de charisme
des destins immortels (eux aussi) de la France. Oui, je le confesse. Que Valéry
Giscard devienne immortel avec seulement 19 voix, tandis que Robert Pioche devait
se contenter d'un dix-neuvième d'immortalité, m'a donné mauvaise conscience. Je
regrette que, par ma faute, M. Giscard n'ait point reçu vingt voix. Cela aurait fait plus
rond, plus unanime. Mais il est trop tard, hélas, pour revenir en arrière.
Qui ne se souvient des moments historiques et tragiques où le président
Giscard, assis à son bureau devant les caméras de télévision, prononça des adieux
larmoyants aussi touchants qu'inoubliables, en ces jours de mai 1981 où la presse
française (de droite) évoquait plus ou moins l'entrée imminente des chars soviétiques
dans Paris, à la suite de l'élection de François Mitterrand? Cet instant terrible et
formidable, cette page noire de notre histoire (je parle de M. Giscard abandonnant la
France à son mitterrandien destin) fut heureusement effacée quand M. d'Estaing fut
plébiscité (malgré la voix qu'obtint Robert Pioche) par l'Académie. J'en remerciai les
Dieux du Destin, et en fus infiniment heureux et fier pour lui.
En 1981, qui n'a senti l'amertume du président Giscard et de l'idée qu'il se
faisait d'une France – "l'entreprise France", vous vous souvenez? - soudain privée de
lui? En 2003, ce fut son retour, la revanche, son entrée dans l'immortalité littéraire
après l'immortalité politique d'un inoubliable septennat, voire dans l'immortalité tout
court. D'ailleurs Mitterrand, qui savait pourtant écrire, n'aura jamais été académicien.
Na!
En décembre 2003, il y eut des gens pour s'élever contre le fait qu'un
académicien ait choisi de voter pour Robert Pioche et non, comme il aurait été plus
que logique, pour Giscard. Quelques jours plus tard, ainsi, dans le numéro du 18
décembre 2003 du "Figaro Magazine", l'un de nos penseurs français, M. Philippe
Bouvard pour le nommer, s'en prit avec son intelligence coutumière à Robert Pioche.
Il eut bien raison. Monsieur Bouvard est un journaliste d'un grand courage, son
humour est sans égal, c'est un écrivain d'immense talent et un philosophe exquis. Que
dis-je? Bouvard est tout simplement l'un des phares de la pensée universelle de tous
les temps. Je fus confus qu'une telle autorité risque de souiller sa plume immaculée
pour s'en prendre à ce vaurien de Robert Pioche.
Ces dernières années - et puisque le règlement académique, qui est infiniment
démocratique et je m'en réjouis, prévoit que "toute personne" puisse le faire, sans
qu'il soit seulement nécessaire d'exercer la profession d'écrivain - j'ai déposé mon
humble candidature face à des géants de la littérature et de l'histoire. Chaque fois, j'ai
accepté ma défaite et, mieux encore, je l'ai comprise.
Quand M. Max Gallo, ainsi, se présenta et (à mon grand et éternel bonheur)
triompha, ma candidature ne fut pas seulement prise en considération. C'était curieux.
J'avais eu le droit de poser ma candidature en mars 2007 et voilà que, deux mois plus
tard, je n'avais plus ce droit. Le refus de ma candidature du 31 mai 2007, oui, fut d’un
caractère absolument particulier, unique en son genre, puisque je possède le courriel
de l’Académie française m’indiquant aimablement que ma candidature serait
annoncée en séance, le 29 mars 2007. On peut donc dire que ma candidature a été
rejetée lors de cette séance du 29 mars 2007. Sur ordre de qui ?
Broutilles... Je pris mon mal en patience. J'admis, très volontiers, que bien des
considérations exigeaient que je ne fusse élu qu'après les dames (par exemple
Madame Simone Veil) et les messieurs qui furent mes adversaires lors de ces
diverses élections.
Chapitre II
Quelques exemples.
On pourrait citer, parmi bien d'autres, ces indécrottables "tchalèn'ge" et
"désolé", qui sont des calques nés d'une anglomanie étroite de journalistes. Si vous
avez du temps à perdre, branchez-vous sur n'importe quel feuilleton de la télévision et
attendez le moment, qui ne saura tarder, où l'un des protagonistes dira, pour tout et
pour rien, un "désolé" qui ne signifie nullement qu'il soit désolé, mais seulement que
le dialogue a été traduit mot à mot d'un "sorry" anglais ou, s'il s'agit d'une "oeuvre du
cru", qu'il a été intégré par le cerveau d'un dialoguiste "français"...
Tous nos écrivains de talent ne furent pas de la brillante Académie, et certains
tout simplement parce qu'ils étaient déjà morts depuis longtemps à sa naissance ;
j'aime à comparer les styles, les lexiques des uns et des autres, la richesse et la
luxuriance d'un Alcofribas Nasier, d'un Léon Marchenoir ou d'un Ferdinand Bardamu
qui sont parmi les gloires de notre littérature, et de notre prose poétique et jubilatoire.
Et je dois dire, même si je n'ai pas l'heur de plaire à mes contemporains, ce qui
ne me tracasse pas trop d'ailleurs, que l'enflure des mots ou les périphrases
contemporaines sont de la roupie de sansonnet à côté du vocabulaire, des
vocabulaires de ses géants. "Y a où rire", comme disait Céline en haut breton, il y a
de quoi rire (de tristesse ou de colère?) devant les néologismes affligeants qui font
par exemple des aveugles des "non-voyants". Mes auteurs, eux, appellent un chat un
chat, en tout respect pour les mots et les individus, en toute franchise et sans
pudibonderie. Et ne sont pas des "non-pensants" pour ça.
Et "y a où pleurer" lorsque "social" veut dire que tout va mal, que les gens sont
mis à la porte d'une entreprise (mesures sociales) ou sont en grève (conflit social).
Autres euphémisme, ceux qui font de lâches et criminels bombardements de civils (et
de militaires aussi) des "frappes chirurgicales ratées, à dégats collatéraux".
Mes auteurs ont également un second talent, celui de l'extrême richesse
lexicale et expressive. Ils sont donc, en leurs oeuvres, à l'opposé du langage
contemporain des media, et de la réclame en particulier, qui est d'une dramatique
pauvreté, d'une telle bassesse ou d'une si incommensurable niaiserie et vacuité.
Comment ne pas rire devant des expressions quotidiennes, galvaudées à hue et à dia,
telles (j'en oublie) : "c'est une véritable révolution dans la lessive", "ce but (d'un
match de foot-ball) est historique", "il joue à l'ancienne", "je vous vends du pain
traditionnel" (que je n'ai jamais connu lorsque j'étais enfant), "c'est un rap
emblématique de toute une jeunesse", "c'est un rendez-vous mythique", "le concept
en est simple et les opérateurs ne manquent pas", et pour finir les "atypique", "hors-
norme", "rebelle" et "provocateur": parlant d'individus qui sont tout sauf provocateur,
rebelle, hors norme et atypique. Et ce n'est là qu'une petite partie des jargons
contemporains et "chébrans".
La langue française, encore, m'est étrangère à cause de l'hilarante habitude que
semblent avoir les Français de faire suivre la moindre de leurs phrases, comme
l'éminente linguiste (?) Vanessa Paradis, par un "quoi" ou par un "hein"!
Ce "quoi" est appelé à remplir, en quelque sorte, les phrases très courtes de mes
très aimés compatriotes. Vu que leurs phrases sont de plus en plus vides, ce fameux et
seyant "quoi!" y ajoute, au moins dans leur esprit et dans leurs intentions, un
important concept. Enfin, c'est ce que je suppose, quoi!
La langue française ne va pas bien, si j'en juge par les fautes de français – qui
me font sursauter - des plus éminents journalistes de la télévision ou de la presse
écrite - lamentablement écrite.
- Chpa sépatété kwa!
Le Français moderne, après avoir produit l'effort de prononcer une phrase aussi
complexe, a le cerveau pressé comme un citron, jusqu'au dernier de ses
extraordinaires neurones. Il a épuisé les ultimes de ses ressources langagières et
intellectuelles. Sa dialectique a donné le meilleur d'elle. Chpa sépatété kwa!
Je m'amuse, quelquefois, à interroger des gens de mon entourage. Les réponses
qu'ils hasardent me permettent hélas de conclure qu'il y a cent ans, ils n'auraient pas
obtenu leur certificat d'études primaires. Les journalistes, les présentateurs de télé
prennent des airs intelligents, on sent qu'ils abondent en sens critique, et puis ils
balancent : "Après que tel ministre soit allé"... Nul ne les reprend, nul ne hausse le
sourcil. Peu, très peu de téléspectateurs doivent encore s'apercevoir de l'horreur que
l'un ou l'autre vient de proférer. Après que, pour qui l'ignorerait, exige l'indicatif.
Un de mes amis m'affirme que son épouse (qui - selon certaines sources -
publierait aux PUF, Presses Universitaires de France) n'est pas en mesure de
conjuguer par écrit les verbes auxiliaires français, à tous les temps et tous les
modes, sans des erreurs grossières.
Mieux encore, cet ami me prétend que sa moitié, toujours elle, lui envoie des
lettres qui contiennent de véritables perles. Par exemple, "Avant qu'il n'est" au lieu
de: "Avant qu'il n'ait". Et que de telles fautes se retrouveraient également dans les
correspondances de la directrice de thèse de cette épouse, directrice de thèse qu'il
surnomme humoristiquement: "une fontaine d'illettrisme". Horresco referens...
Je possède, si quelqu'un ne me croyait pas, des photocopies des prouesses
orthographiques de ces dames (dont j'aurai évidemment la bonté de ne pas citer les
noms, sauf - naturellement - si elles y tiennent). Je me dis que si une universitaire
française, titulaire d'un nombre incalculable de doctorats, et une directrice de thèse,
ne savent point conjuguer le verbe "avoir", les choses ne doivent guère aller mieux
dans les nouvelles générations, et pas davantage parmi leurs enseignants. (Je crois
qu'il est question, ou qu'il a parfois été question de faire passer des examens de
français aux immigrés. Je me demande sérieusement s'il ne faudrait pas penser à en
faire passer d'abord aux Franchouillards "de souche").
Que faire (je suis toujours dans le domaine de la réalité et non du roman)
lorsque j'entends une directrice d'école (maternelle) me dire : "Je fais des fautes". Ce
qu'elle veut dire, c'est qu'elle fait des fautes non pas dans l'écriture de mots
compliqués ou rares, mais dans l'analyse logique d'une phrase française simple, et
qu'elle ne sait pas conjuguer des verbes courants, et qu'elle est incapable de voir ses
erreurs. Je me souviens du temps où elle préparait son concours d'entrée à ce qui
s'appelait autrefois l'École normale, qui comme son nom l'indique relevait juste de la
norme courante de l'enseignement. Et je me dis : "Mais comment a-t-elle réussi ce
concours ? Et si tous les enseignants étaient de son acabit?" Las! Comment corriger
des erreurs qui remontent à la petite enfance ?
Que faire encore, me dit un ami, qui lui-même reconnaît faire des fautes
d'orthographe (surtout depuis qu'il se fie un peu trop à son correcteur d'orthographe
d'ordinateur, me précise-t-il, comme l'élève qui ne connaît plus ses tables et ne sait
plus compter qu'avec l'aide d'une calculette et encore moins faire une règle de trois ou
du calcul mental), lorsqu'une enseignante, à qui il avait demandé les devoirs du jour
pour son fils malade (c'était à la fin des années 80),lui donna la copie où se trouvaient
des perles du genre de : "conjuguer : je pleurs, tu pleurs, il pleurt".
Que faire enfin, me dit ce même ami, lorsqu'un professeur principal de
collège ne cesse de répéter : "Lorsque les élèves auront acquéri ceci et cela" ?
On n'en est pas ici au niveau de problèmes liés à "l'évolution" de toute langue,
mais dans un mal bien plus profond. Or, à qui en vouloir quand, du haut en bas de la
société, les Français abandonnent leur langue et leur culture? Celles-ci sont davantage
respectées par certains "étrangers", comme j'en ai parmi mes amis.
Face au drame d'une langue, jadis appelée langue française, qui meurt peu à
peu (traduisons : qui crève avec une extraordinaire rapidité), ne serait-il pas utile que
les académiciens, tout comme moi bien entendu, se soumettent publiquement à une
dictée?
Ne faudrait-il pas qu'ils montrent le bon exemple? Ne faudrait-il pas qu'ils
fassent comprendre aux jeunes gens, et au public, que les dictées sont un important
instrument didactique? Et qu'ils connaissent sur le bout des doigts - puisqu'ils sont
académiciennes et académiciens - au moins les règles les plus élémentaires de la
grammaire française?
La dictée à laquelle je désirerais respectueusement vous soumettre –
Académiciennes! Académiciens! - ne serait pas celle de Mérimée. Elle ressemblerait
encore moins aux dictées que quelques épiciers de la littérature (enfin, de ce que l'on
appelle, de nos jours, "littérature") s'amusaient à proposer, il y a quelques années, à la
télé. De telles initiatives me semblent vaines. Elles donnent l'impression que savoir
sa langue serve à gagner du fric au cours d'un jeu télévisé. Le vainqueur de telles
pitreries passe sans doute, quand il fait retour dans sa ville ou son quartier, pour un
génie des temps modernes. Ses proches s'extasient: il a répondu aux questions les
plus épineuses ! Miracle! Alleluia!
Or, savoir le français ne devrait pas susciter tant de clameur ou d'admiration.
Clameur et admiration qui renseignent, justemement, sur le fait que le grand public
(jadis, on aurait dit : le peuple) n'a plus aucune connaissance de sa propre langue! Le
français, comme plusieurs autres langues européennes, sera d'ici quelques décennies
une langue morte, mille fois plus morte que le latin. (Et, ceci soit dit entre
parenthèses, si le latin fut la première langue d'Europe, s'il donna à l'Europe son
unification linguistique, la dernière langue d'Europe qui mourra sera l'italien. En
Italie, en effet, maintes raisons veulent que les enfants emploient encore le subjonctif
imparfait, et sachent - certes, plus ou moins! - lire et écrire. On ne peut en dire autant,
je le déplore, de la France).
Ce qui est scandaleux, à mon avis (j'ai reçu une éducation intellectuelle et
littéraire semblable à celle qui avait cours il y a environ deux cents ans), est que des
journalistes, des écrivains (et, pourquoi pas, des académiciennes et des
académiciens!) soient incapables d'employer la langue française.
Voilà quelque chose sur quoi l'Académie française ne peut me donner tort, j'en
ai la certitude. Songeons-y. Est-ce que vous appelleriez un plombier, si vous aviez
une fuite d'eau chez vous, tout en sachant que ce plombier n'a pas suivi une formation
de plombier? Est-ce que vous vous feriez opérer par un médecin privé de titres, ou
qui aurait d'ores et déjà tué une centaine de ses patients?
Pourquoi et comment, dès lors, beaucoup de gens écoutent-ils des émissions de
télévision, ou lisent-ils des livres ou des journaux emplis de fautes d'orthographe ou
de syntaxe? Ils ne confieraient pas les tuyaux de leurs cuisines à des plombiers
maladroits ou incompétents. Ils ne feraient pas construire une maison par un maçon
qui confondrait un tournevis avec un marteau. En revanche, ils accordent leur
confiance à des journalistes, à des écrivains, à des "Prix Goncourt", j'en passe et j'en
oublie, qui sont - je les en suspecte, je les en accuse, je les défie de démontrer que je
me trompe - incapables de distinguer un subjonctif d'un indicatif.
Je doute d'une façon absolue que ces gens aient une connaissance profonde,
mais je doute surtout qu'ils aient une connaissance superficielle de maintes
orthographes de passés simples, de subjonctifs présents, de subjonctifs imparfaits.
Voilà un monde – le monde moderne – où les intellos sont non pas l'unique,
mais la première et principale catégorie de gens qui ne possèdent pas les bases les
plus élémentaires pour exercer décemment leur métier ou leur profession...
Ils prétendent penser et donner à penser, mais ne savent pas écrire.
Un pauvre type de ma connaissance, qui se dit journaliste et écrivain (il se dit
aussi, je crois bien, "esthète" ou philosophe!) m'écrit (rarement, par bonheur) des
courriels qui témoignent avant tout d'un fait indéniable: c'est qu'il est incapable
d'établir la moindre différence entre un futur et un conditionnel.
- "Je te le dirais", m'écrit-il....
En vérité, ce qu'il veut exprimer, c'est qu'il me le dira.
Mais, textuellement, il m'écrit qu'il me le dirait.
Je retrouve une telle orthographe prodigieuse chez des dizaines (oui, des
dizaines) de personnes que je connais ou que je croise. Essayez de demander, si ça
vous amuse, à vos interlocuteurs, s'ils viennent d'employer un futur ou un
conditionnel. Vous serez stupéfaits. A condition cependant - naturellement - d'avoir
une vague idée, quant à vous, sur la question.
Je dis que le "peuple français", dans sa majorité, perd - aussi bien dans le
langage oral qu'écrit - la distinction entre le futur et le conditionnel. Et ce n'est là que
l'un des aspects du drame. Si vous employez un subjonctif imparfait, ou un futur
antérieur de l'indicatif, votre interlocuteur risque d'éclater de rire, ou d'ouvrir des
yeux vides et ronds, ou de croire que vous vous payez sa tronche.
Académiciennes! Académiciens!
Voilà la raison de la proposition de dictée d'Olivier Mathieu alias Robert
Pioche, comme vous avez pu l'apprendre dans le "Figaro Magazine" : "Le farfelu
Robert Pioche sera-t-il élu, lui qui a proposé à l'Académie une épreuve de dictée,
chaque académicien battu s'engageant à voter pour lui?"...
Académiciennes! Académiciens!
Certains d'entre vous - académiciennes, académiciens ! - sont en quelque sorte
issus de l'immigration, ce sont des "Français de la deuxième (ou de la troisième)
génération". Moi aussi. Et si, donc, certains d'entre vous ne sont pas nés en France,
ou n'ont pas eu le français pour langue maternelle, je ne doute néanmoins pas une
seconde de votre désir immense de vous soumettre, vous et moi - moi qui suis né
immigré en France, moi qui suis un Français de la seconde génération, moi qui suis
né avec une carte d'identité belge - à une telle dictée.
Comme vous le savez, on révise les voitures. On révise les avions. On révise
les extincteurs. Vous ne voudriez pas habiter dans un immeuble dont les extincteurs
ne fonctionnent pas. Dans certains pays d'Europe, on refait passer le permis de
conduire aux personnes de plus de quatre-vingts ans. Etant académiciens, vous avez
forcément l'amour de la langue française. L'amour et la défense de la langue française
sont votre raison d'exister. Révisons les académiciens! En effet, pourquoi pas?
Et voilà, je vous le redis, pourquoi – académiciennes et académiciens! – vous
allez accepter, j'en suis certain, cette dictée que l'on appellera, et qui restera à la
micro-histoire littéraire comme "la dictée de Robert Pioche".
Certains risquent de penser que je me sois adressé à vous - Académiciennes!
Académiciens! - en ces termes :
– "Nous pourrions nous livrer à un troc. Je vous enseigne le français, et vous
me rétribuez mes leçons par une voix, lors des élections académiques. Si je
vous enseigne le français en général et l'ortographe en particulier, vous
m'élisez ".
Phrase A.
"Nous nous sommes repenti, parce qu'ils se sont parlés".
Phrase B.
"Nous nous sommes repentis, parce qu'ils se sont parlé".
Phrase C.
"Nous nous sommes repentis, parce qu'ils se sont parlés".
Phrase A.
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédé sur la route, et que nous avons vus
passer".
Phrase B.
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédés sur la route, et que nous avons vu
passer".
Phrase C.
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédés sur la route, et que nous avons vus
passer".
Phrase B.
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédé sur la route, que nous avons vu
passer sur l'avenue, sous les arbres que nous avons vu abattre".
Phrase C.
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédés sur la route, que nous avons vus
passer sur l'avenue, sous les arbres que nous avons vus abattre".
Phrase A.
"Que de fautes ce pécheur a commises! Hier encore, il a vu des roses et il en a
achetées, pour les offrir à Madame Dupont qui, pourtant, est mariée. Le peu de
volonté qu'il a montrée, de la sorte, nous a découragés. Visiblement, le peu de leçons
que le professeur lui a données ne lui ont pas été utiles!"
Phrase B.
"Que de fautes ce pécheur a commis ! Hier encore, il a vu des roses et il en a acheté,
pour les offrir à Madame Dupont qui, pourtant, est mariée. Le peu de volonté qu'il a
montrée, de la sorte, nous a découragés. Visiblement, le peu de leçons que le
professeur lui a donné ne lui ont pas été utiles!"
Phrase C
"Que de fautes ce pécheur a commises! Hier encore, il a vu des roses et il en a acheté,
pour les offrir à Madame Dupont qui, pourtant, est mariée. Le peu de volonté qu'il a
montré, de la sorte, nous a découragés. Visiblement, le peu de leçons que le
professeur lui a données ne lui ont pas été utiles!"
Phrase A.
Quelque difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous.
Phrase B.
Quels que difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous.
Phrase C.
Quelques difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous.
Phrase B.
Quelques douleurs qui vous affligent, ayez confiance en votre médecin.
Phrase C.
Quelle que douleur qui vous affligent, ayez confiance en votre médecin.
Phrase A.
Quelles que soient les conséquences, il faut agir.
Phrase B.
Quelques soient les conséquences, il faut agir.
Phrase C.
Quelque soient les conséquences, il faut agir.
Phrase A.
L'esclave romp ses entraves.
Phrase B.
L'esclave rompd ses entraves.
Phrase C.
L'esclave rompt ses entraves.
Phrase A.
Si je vaincs, il vainc aussi!
Phrase B.
Si je vainc, il vainc aussi.
Phrase C.
Si je vainc, il vainct aussi.
Phrase B.
Vous dites et vous redisez des choses que vous contredites tout de suite.
Phrase C.
Vous dites et vous redites des choses que vous contredisez tout de suite.
Phrase A.
Je couds une robe et, de la sorte, je résouds mon problème
Phrase B.
Je cous une robe et, de la sorte, je résous mon problème.
Phrase C.
Je couds une robe et, de la sorte, je résous mon problème.
Phrase A.
Les enfants se sont lavés, nous nous sommes parlés et Simone s'est blessée le bras.
Phrase B.
Les enfants se sont lavés, nous nous sommes parlé et Simone s'est blessé le bras.
Phrase C.
Les enfants se sont lavé, nous nous sommes parlé et Simone s'est blessée le bras.
Phrase A.
Quand les maisons se sont écroulées, Simone s'est écriée de frayeur, et quant à nous,
nous nous sommes religieusement tus.
Phrase B.
Quand les maisons se sont écroulé, Simone s'est écrié de frayeur, et quant à nous,
nous nous sommes religieusement tu.
Phrase C.
Quand les maisons se sont écroulées, Simone s'est écriée de frayeur, et quant à nous,
nous nous sommes religieusement tu.
Une seule phrase est entièrement correcte. Laquelle? A, B ou C?
Phrase A.
Exceptée la table que j'ai faite faire, vous pouvez tout emporter.
Phrase B.
Excepté la table que j'ai faite faire, vous pouvez tout emporter.
Phrase C.
Excepté la table que j'ai fait faire, vous pouvez tout emporter.
Phrase A.
Ce peintre a peint de petits amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vécu de folles
amours jusqu'à sa vieillesse. Cependant, il disait que le plus beau de tous les amours
est l'amour maternel.
Phrase B.
Ce peintre a peint de petites amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vécu de folles
amours jusqu'à sa vieillesse. Cependant, il disait que la plus belle de toutes les
amours est l'amour maternel.
Phrase C
Ce peintre a peint de petites amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vécu de fols
amours jusqu'à sa vieillesse. Cependant, il disait que le plus beau de tous les amours
est l'amour maternel.
Phrase A.
On a frappé à la porte. Simone s'écrie : "Quels sont ces gens?"... On fait
connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quels braves gens", dit-
elle, "quelles braves et bonnes gens! Quels bons et braves gens!"
Phrase B.
On a frappé à la porte. Simone s'écrie : "Quelles sont ces gens?"... On fait
connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quelles braves gens",
dit-elle, "quelles braves et bonnes gens! Quelles bons et braves gens!"
Phrase C.
On a frappé à la porte. Simone s'écrie : "Quels sont ces gens?"... On fait
connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quels braves gens", dit-
elle, "quels braves et bonnes gens! Quels bons et braves gens!"
Une seule phrase est entièrement correcte. Laquelle? A, B ou C?
Phrase A.
Simone s'est imposé des sacrifices, particulièrement le jour où elle s'est absenté et
s'est blessé un pied. Mais elle ne s'était nullement trompé, et ni elle ni sa soeur ne se
sont repentis de leur choix.
Phrase B.
Simone s'est imposée des sacrifices, particulièrement le jour où elle s'est absentée et
s'est blessée un pied. Mais elle ne s'était nullement trompée, et ni elle ni sa soeur ne
se sont repenties de leur choix.
Phrase C.
Simone s'est imposé des sacrifices, particulièrement le jour où elle s'est absentée et
s'est blessé un pied. Mais elle ne s'était nullement trompée, et ni elle ni sa soeur ne se
sont repenties de leur choix.
Phrase A.
Ne penses-tu pas que Robert Pioche a raison de déposer sa candidature? Non, je ne
crois pas qu'il ait raison.
Phrase B.
Ne penses-tu pas que Robert Pioche ait raison de déposer sa candidature? Non, je ne
crois pas qu'il ait raison.
Phrase C.
Ne penses-tu pas que Robert Pioche a raison de déposer sa candidature? Non, je ne
crois pas qu'il a raison.
Phrase A.
Il ne fait pas de voyages. Plus exactement, il ne fait pas des voyages trop longs.
Phrase B
Il ne fait pas de voyages. Plus exactement, il ne fait pas de voyages trop longs.
Phrase C.
Il ne fait pas des voyages. Plus exactement, il ne fait pas des voyages trop longs.
Phrase A.
J'espèrerai.
Phrase B.
J'espêrerai.
Phrase C.
J'espérerai.
Phrase A.
J'emploirai.
Phrase B.
J'emploierai.
Phrase C.
J'employerai.
Phrase A.
Je voudrais que vous appuyez.
Phrase B.
Je voudrais que vous appuiez.
Phrase C.
Je voudrais que vous appuyiez.
Phrase A.
Papa voudrait que nous étudions.
Phrase B.
Papa voudrait que nous étudyons.
Phrase C
Papa voudrait que nous étudiions.
Phrase A.
Le brouillard s'est résolu en pluie.
Phrase B.
Le brouillard s'est résolvé en pluie.
Phrase C.
Le brouillard s'est résous en pluie.
Phrase A.
Vous médites de lui, parce que vous le maudisez.
Phrase B.
Vous médisez de lui, parce que vous le maudites.
Phrase C.
Vous médisez de lui, parce que vous le maudissez.
Phrase A.
Nous conclurons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluions.
Phrase B.
Nous concluerons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluions.
Phrase C.
Nos concluerons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluyons.
Phrase A.
Y avait-il du pain? Non, il n'y en n'avait pas.
Phrase B.
Y avait-il du pain? Non, il y en n'avait pas.
Phrase C.
Y avait-il du pain? Non, il n'y en avait pas.
Phrase A.
Y eut-il des accidents ce jour-là sur l'autoroute? Oui, il y en n'a eu.
Phrase B.
Y eut-il des accidents ce jour-là sur l'autoroute? Oui, il y en n'a eut.
Phrase C.
Y eut-il des accidents ce jour-là sur l'autoroute? Oui, il y en a eu.
Phrase A.
Ces clairs-obscur sont des chefs-d'oeuvre.
Phrase B.
Ces clair-obscurs sont des chef-d'oeuvres.
Phrase C.
Ces clairs-obscurs sont des chefs-d'oeuvre.
Phrase A.
Les femmes de la ville toute entière étaient toutes peureuses.
Phrase B.
Les femmes de la ville tout entière étaient toutes peureuses.
Phrase C.
Les femmes de la ville toute entière étaient tout peureuses.
Phrase A.
On voyait des robes bleues, des robes gris foncé; et des cheveux blonds, et des
cheveux châtain clair.
Phrase B.
On voyait des robes bleues, des robes grises foncées; et des cheveux blonds, et des
cheveux châtains clairs.
Phrase C.
On voyait des robes bleu, des robes gris foncé; et des cheveux blond, et des cheveux
châtain clair.
Phrase A.
Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donnés mes parents et, surtout, la vie de
sacrifices à laquelle s'est vouée ma mère.
Phrase B.
Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donné mes parents et, surtout, la vie de
sacrifices à laquelle s'est voué ma mère.
Phrase C.
Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donnés mes parents et, surtout, la vie de
sacrifices à laquelle s'est voué ma mère.
Académiciens! Académiciennes!
Comme vous le voyez, nous sommes réellement, ici, au niveau du certificat
d'études primaires d'il y a cent ans.
Je serais curieux, infiniment curieux de savoir combien de personnes, prises au
hasard dans la rue, ou parmi les lecteurs du présent texte, trouveront mes exemples
(j'insiste, élémentaires) difficiles voire épineux, ou auront une hésitation.
Inventons une phrase de quelques mots: "Insensé que je suis! C'est un homme
que j'estime. Je crois qu'il a raison, mais je suis ce que je suis. Oui, je ne parle que de
moi, mais je me suis montré tel que je suis!"
Je serais curieux de savoir, dans la phrase qui précède, combien de personnes,
membres de l'Académie ou pas, sont encore capables de dire en une minute la nature
et la fonction grammaticale des divers "que". Pour vous aider: que pronom relatif,
que conjonction, que "restrictif"...
Je serais curieux de voir l'expression qui se peindrait sur les visages de mes
contemporains, y compris des universitaires chargés de doctorats, face à des
questions de ce genre :
- Les verbes intransitifs ont-ils des formes verbales passives?
Ou :
- "Envoyer" est-il un verbe régulier? A quel "groupe verbal" appartient-il?
Ou :
- A quel groupe appartiennent les verbes "avoir" et "s'en aller"? Au premier
groupe des verbes en -er, au deuxième des verbes en - ir, ou au "troisième groupe",
celui de la conjugaison irrégulière ou morte?
Ou :
- Combien de modes verbaux y a-t-il en français?
Vous aurez de la chance si quelqu'un vous répond : six.
- Et pouvez-vous les indiquer?
Vous aurez de la chance, beaucoup de chance, si quelqu'un vous répond:
indicatif, conditionnel, impératif, subjonctif, infinitif, participe. Vous aurez de la
chance si quelqu'un vous indique, parmi ces modes, lesquels sont personnels ou
impersonnels. Ce que je savais à quatre ans.
Ou :
- Pouvez-vous me dire ce qu'est un verbe transitif et un verbe intransitif?
Pouvez-vous me citer un verbe transitif direct? Un verbe transitif indirect? Des
exemples de verbes à la fois transitifs et intransitifs?
Guère d'espoir, enfin, si vous demandez si tel ou tel temps fait partie des temps
simples, composés, primitifs ou dérivés.
Je serais curieux de demander à l'improviste - tiens, par exemple au dernier
Prix Goncourt, Monsieur Houellebecq, en m'adressant à lui avec défèrence ça va sans
dire - ce qu'est un substantif déverbal.
Vous me direz que de telles questions sont inutiles.Je suis d'accord avec vous.
Je vous dirai que pour les intellos modernes, c'est inutile: la plupart des temps
verbaux, pour eux, sont totalement morts et très probablement absents de l'ensemble
de leurs ouvrages, livres, enfin feuilles de papier imprimé réunies ensemble. Au
demeurant, livres indigestes, ennuyeux, vides, quand d'autres sont, pire, pédants,
jargonneux, ou carrément illisibles. Tendance que l'on retrouve dans toute la poésie
contemporaine et aussi dans tant d'ouvrages dits scientifiques : généralement dans les
sciences "légères", autrement exprimé : les sciences humaines.
Je serais curieux, question de secours, de demander à nos élites de conjuguer
le passé antérieur de l'indicatif, ou le conditionnel passé, ou le subjonctif plus-que-
parfait de tel ou tel verbe. Par exemple :
- Peux-tu me conjuguer le subjonctif imparfait de "mouvoir"? De "coudre"? De
"suffire"?
Ou (la chose n'a strictement aucune difficulté, mais la formulation "subjonctif
plus-que-parfait" va effrayer votre interlocuteur):
- Peux-tu me conjuguer le subjonctif plus-que-parfait de "convoquer"?
Ou :
- Peux-tu me conjuguer le passé antérieur de l'indicatif du verbe "assujettir"?
Essayez encore plus simple (vous aurez des surprises) :
- Peux-tu me conjuguer par écrit le conditionnel présent du verbe "appuyer"?
Ce sont là des choses élémentaires, dont la simplicité fait rougir. Des choses
que savaient, il y a cent ans, les fils des paysans et des ouvriers de France. Or, je mets
ma main au feu que de banales questions de ce genre mettraient en difficulté
énormément des grands écrivains français du XXIe siècle.
Demandez à vos enfants, à vos parents, à vos copains, à vos proches :
- Peux-tu me conjuguer le passé antérieur de l'indicatif, le subjontif plus-que-parfait
du verbe être? Quel est l'infinitif passé, le conditionnel passé, le gérondif du verbe
finir?
Si votre interlocuteur s'embrouille dans "être" et dans "finir", vous n'aurez
d'autre possibilité que d'admettre qu'il ignore le français. Et que, s'il emploie ces
formes, il les emploie sans savoir ce qu'elles représentent grammaticalement. Il ne
maîtrise pas, pour exprimer une (éventuelle) pensée, toute la palette que lui offre sa
propre langue. Un peu comme un chanteur d'opéra qui ne saurait pas lire une partition
(aujourd'hui, c'est très courant: voyez Pavarotti). Un peuple qui ne sait plus parler ne
sait plus penser.
Je suis certain que la grande majorité de vos interlocuteurs vous démontreront
que les Français aujourd'hui n'ont plus une connaissance formelle élémentaire (j'ai
dit: formelle et élémentaire) des verbes être, avoir, parler ou finir. Et si vous ne
trouvez pas ça grave...
"Les choses sont très simples", aurait dit feue ma maman, et je le redis avec
elle. Si quelqu'un a hésité, plus haut, si quiconque a hésité à répondre en une et une
seule seconde, après lecture, "la phrase correcte est celle-ci", alors ce quelqu'un ne
sait pas le français, et est un illettré.
"Illettré", je reprends de la définition du Littré le sens premier : "Qui n'est pas
lettré, qui n'a point de connaissances en littérature. C'est un homme illettré. Il est tout
à fait illettré". Et du Robert le troisième sens : "qui est partiellement incapable de lire
et d'écrire." En revanche un "analphabète" est "qui ne sait ni lire ni écrire", sans
jugement de valeur ici, parce que pour diverses raisons l'analphabète n'a jamais
fréquenté les bancs de l'école, jamais appris à lire et à écrire, ce qui existe encore de
nos jours en France. Mais la définition de l'illettré que je préfère ("vieillie", disent les
dictionnaires) est celle du Trévoux : "qui n'a aucune connaissance des Belles
Lettres".
Heureusement, j'en conviens démocratiquement, personne n'est obligé de
savoir le français. Je ne demande pas cela, non, à mon plombier. Je lui demande de
s'y entendre en plomberie. Mais, vu que je refuserais de me faire opérer par un
médecin qui ne saurait pas trop si le coeur se trouve à la place de l'estomac, ou le foie
à celle du cerveau, je serais tenté d'émettre des doutes quant aux qualités de l'écrivain,
du journaliste, de l'universitaire, de l'intello qui se serait trompé dans mes petits
exercices ludiques et, au fond, sans nulle difficulté réelle. Parce que si quelqu'un ne
sait pas écrire, il ne sait pas ce qu'il dit. Il ne sait pas penser. Et s'il ne sait pas penser,
il est curieux de voir tant de livres de tels "maîtres à penser" dans les vitrines des
"bonnes librairies", tant de livres auxquels ses copains "critiques littéraires"
consacrent des recensions apologétiques copiées sur la "quatrième de couverture".
Curieux monde, vraiment, que le monde éditorial, où sept livres sur dix ne sont pas
écrits par ceux qui les signent. Où une majorité de livres sont signés par des illettrés,
encensés par d'autres illettrés, avant de finir entre les mains de malheureux et
innocents écoliers, ou du public des acheteurs-consommateurs...
Et c'est pourquoi, chères académiciennes, chers académiciens, dans l'hypothèse
où vous ne sortiriez pas triomphalement de mes minuscules questions (et des
élémentaires dictées, peaufinées à votre intention, que je tiens amoureusement à votre
disposition), vous auriez l'humilité de vous démettre de votre fauteuil, ou de supplier
pour qu'une procédure d'expulsion soit entreprise contre vous. Afin de choisir des
professions manuelles dans lesquelles, j'ose l'espérer, vous excellerez.
Quant à moi je jure, si je connais moins bien le français que mes collègues de
l'Académie, de me faire animateur de télé.
Ma dictée, ce n'est pas qu'aux académiciens qu'il faudrait la proposer, voire
l'imposer. Mais à tout intellectuel proclamé.
J'ai tant de souvenirs de mes années de journalisme... Tiens, vers 1983, une
directrice de publication me fit lire un article d'elle. J'y lus les mots : "Maître queue".
Je lui fis remarquer que, à moins d'un lapsus freudien, elle avait confondu
"queue" et "queux". Je pensais alors l'entendre me dire qu'il s'agissait d'une "faute
d'inattention".
- "La faute d'inattention", disait ma maman, "est le prétexte et l'excuse des
imbéciles. Il n'existe pas de fautes d'inattention".
Non, ma directrice de publication ne chercha pas l'excuse de "l'inattention".
Elle protesta:
– Mais enfin, Olivier!
Elle prétendait avoir raison... C'est très amusant, le nombre de gens qui
commettent une faute et qui, quand je la leur fais remarquer, protestent. Tel célèbre
crétin a dit, m'assurent-ils, la même chose à la télé ou à la radio... Je n'en doute
nullement! Or, ce n'est pas - par exemple - parce que Monsieur Dechavanne, le 6
février 1990, parlait de "Sallustre" que Salluste, même illustre, doit désormais
s'appeler Sallustre...
Pour en revenir à Maître queue, voilà comment j'enseignai à cette dame
(soucieuse de défendre "l'identité" non seulement de la France mais - modestement -
de l'Europe entière) à ne pas confondre une queue et un cuisinier. A démonstration du
fait que lorsque l'on s'est trompé ou que l'on a hésité une fois, on risque de récidiver.
Les choses bien ou mal apprises dans la petite enfance restent ancrées.
J'ai épouillé de leurs fautes d'orthographe et de syntaxe des dizaines de livres
(que j'ai rédigés et que d'autres ont signés), et des centaines voire des milliers
d'articles que mes petits collègues, dans tant de rédactions, me soumettaient avant de
se présenter en tremblant devant le rédacteur en chef...
Tout au long des vingt dernières années, je n'ai cessé de me délecter des
articles, des livres, des courriels où l'homme moderne, avec une infinie fierté, tire
visiblement son orgueil de me faire savoir ce qu'il est : un illettré.
Les fachos sont particulièrement des génies (sic). Ils "défendent la France" et
ne savent pas le français. Ils "défendent" l'Europe... dont ils ne parlent pas une seule
langue. C'est cocasse. Un crétin, depuis vingt ans, affirme ainsi qu'il "apprécie Arno
Brecker". En vérité, ce crétin - qui n'a aucune connaissance artistique, littéraire ou
autre - n'apprécie nullement Arno Breker. Mais voilà, "apprécier Arno Breker" (quitte
à ne l'avoir jamais rencontré, et à ne rien savoir de l'artiste) fait "très chic" dans
certains micro-milieux. Ce qui est encore plus amusant est que depuis vingt ans, mon
crétin orthographie le nom de Breker : "Brecker". Il le confond sans doute avec le
joueur de tennis Boris Becker?
Etonnant, le nombre de gens qui m'écrivent des choses comme : "C'est toi qui
le fera", et qui sont très étonnés d'apprendre (mais, le front plissé par l'esprit critique,
commencent par le mettre en doute) qu'il faut : "C'est toi qui le feras".
Etonnant, le nombre de gens qui m'écrivent des choses comme : "soit-disant",
et qui sont très étonnés d'apprendre qu'il faut : "soi-disant".
Etonnant, le nombre de gens qui m'écrivent des choses comme : "après que tu
sois venu", et qui sont très étonnés d'apprendre qu'il faut : "après que tu seras venu".
Etonnant, cet écrivain de mes amis, directeur de revue, éditorialiste,
philosophe, chef d'une "école" philosophique (diantre!), qui m'a écrit il y a quelques
années : "que nous soyions", et qui a été très étonné d'apprendre qu'il faut :
"soyons"... Chef de je ne sais quelle nouvelle école, mais incapable - lui comme les
autres - d'orthographier le verbe être...!
Etonnant, voire absolument stupéfiant, le nombre de gens (et qui, plus est, de
braves gogos qui se proclament "anti-américains"!) qui, sur l'enveloppe de leurs
lettres, rédigent: "Mr Olivier Mathieu", alors que je ne suis ni anglais, ni américain,
eux non plus, et que nous nous trouvons en France. Et que, en français, "Monsieur"
s'abrège en : "M." et pas en "Mr" (Mister). "Mr", c'est l'abréviation... anglo-
américaine. Les crétins "anti-américains", qui sont américanisés jusqu'au trognon,
devraient l'apprendre.
Etonnant, absolument étonnant, le nombre de gens qui ignorent que le "X" de
Bruxelles se prononce comme deux S (-ss), ainsi que celui d'Auxerre. Ils prononcent
BruCSelles. Mais, si l'on prononçait BruCSelles, il faudrait prononcer 60:
"soiCSante"...
Etonnant, absolument étonnant, absolument consternant, le nombre de gens qui
m'écrivent : "la gente féminine", à la place de: "la gent féminine"!
Est-il donc possible de ne pas réusir à enseigner cela aux élèves de "l'école
gratuite et obligatoire", dans les vingt ans de supplice qui vont de la maternelle
jusqu'au baccalauréat voire au doctorat?... C'est possible!!! L'Education Nationale
française a été capable (depuis au moins soixante ans) de ne l'enseigner à personne
puisque je reçois de mes correspondants, intellos et universitaires français, des
courriels qui manifestent leur ignorance de l'orthographe des impératifs et des
troisièmes personnes du singulier du présent de l'indicatif. Puisque je reçois d'eux,
chaque semaine, des courriels qui manifestent leur ignorance profonde et
irrémédiable de l'orthographe de tous les temps et de tous les modes de tous les
verbes de tous les groupes! Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, vous dites?...
Je renonce, la plupart du temps, à expliquer quoi que ce soit. Je ne peux pas
suppléer - à moi seul, et en cinq minutes - aux vingt ans qu'ils ont sacrifiés en suivant
l'enseignement parfaitement inutile, parfaitement délétère, parfaitement abrutissant,
parfaitement analphabétique quant à la forme et parfaitement décervelant quant à la
substance, des écoles et des universités de France. Mongénéral avait compris les
Français, mais les Français, eux, n'ont pas compris leur Bled.
Récemment, j'ai signalé à un autre génie (sic) une grossière faute de français,
sur son site. Loin de me remercier, il me répondit que "cela n'avait aucune
importance". Et que, d'ailleurs, cette faute "n'interdisait pas de comprendre son texte".
(Il avait raison : ledit texte était d'une telle crétinerie que n'importe quelle andouille
devait en saisir l'insanité). J'ai entendu cela des milliers de fois, au cours de ma vie :
l'orthographe "n'a aucune importance". Ce qui compte, c'est de "se faire comprendre".
Probablement, mes contemporains se comprennent, donc, en jarvillant : Chpa
sépatété kwa!
Il est toujours amusant et suave d'observer ceux qui ont à la bouche la défense
de "l'identité nationale". Je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils veulent ou ce qu'ils
pourraient "défendre", dès lors que le français qu'ils baragouinent, ou qu'ils
gribouillent, est un champ de bataille sur lequel gisent toutes les règles, qu'ils ont
massacrées, de l'orthographe et de la syntaxe.
Je n'arrive pas à comprendre, quand je lis trois pages des "grands écrivains"
actuels, publiés par les "grandes" maisons d'édition, et qui reçoivent pour ça des prix
"littéraires" (et le chèque qui va avec), où diantre ils puisent le talent nécessaire à
démontrer en trois pages leur absence de style et leur absence de pensée, leur
ignorance totale et absolue de l'orthographe, de la morphologie, de la syntaxe ou de
la ponctuation françaises. Les "grands romans contemporains" de ces immenses
maîtres du barbarisme et du solécisme sont des anthologies vivantes de l'illettrisme.
Les lettrés du monde moderne sont des illettrés!
Une langue meurt : la langue française. Qui parle encore français? Plus
personne... Certaines langues meurent, d'autres naissent ou renaissent. Le phénomène
historique récent le plus remarquable et digne d'éloges fut la reconstruction, après
1948, de la langue hébraïque dans l'Etat d'Israël. Je suis rarement un partisan de la
politique étrangère de cet Etat. Je ne suis pas d'accord avec maints épisodes dont ont
à souffrir les populations palestiniennes des "territoires occupés". Mais tel n'est pas
le sujet, ici. La cohérence me pousse à féliciter l'Etat juif au moins pour une chose :
ses dirigeants ont compris qu'un pays, qu'une culture ne peuvent survivre sans une
langue. Cet aspect de défense de la langue, je le vois en Israël; je ne l'ai jamais vu,
ou je ne le vois plus nulle part en France. Ni à l'Académie française, ni dans le jargon
des histrions snobinards et incultes de la télé, ni chez les enseignants provenant de
Mai 68. Ni chez les enfants de mes (rares) amis "franchouillards", lesquels causent
aussi mal voire encore plus mal que dans les "cités" de banlieue. Une chose que je
constate, en effet, est que les jeunes immigrés - ceux qui étudient, naturellement -
parlent souvent mieux le français que les fils à papa de maints petits bourgeois. C'est
un phénomène significatif. Si la langue française crève, ce n'est nullement à
l'immigration, c'est d'abord à l'abandon des études gréco-latines, au laxisme soixante-
huitard, à l'américanisation, à la télévision et à l'informatique (Internet, le partage de
l'ignorance!) qu'elle le doit.
Je répète. Elle le doit à l'instauration démagogique et contre-productive du
collège unique et pour tous, à l'abaissement de niveau programmé, au refus des
parents et des enseignants d'imposer un effort aux chères "têtes blondes" dans
l'apprentissage de la langue, et plus généralement à l'américanisation qui abaisse et
uniformise, à la télévision délétère et vulgaire, aux gadgets "modernistes" qui
banalisent la médiocrité. Il s'agit, il faut le dire franchement, de la démission de toute
une société qui n'a plus la fierté de sa langue et de ses langages, et plus généralement
de sa culture, dont les formes savantes et populaires sont moribondes. Ou pour le dire
autrement, dont les arts liés comme jamais à l'argent sont devenus grotesques et bas.
Les premiers surpris du lamentable niveau de notre École et de notre culture sont les
francophones et francophiles de l'Est de l'Europe.
Il serait quasi banal d'insister sur les responsabilités de la télévision (et de la
radio). Il y a encore cent ans, toute nouveauté langagière venait du peuple, montait du
peuple. Une faute de français, prononcée par un inculte ou par un ignorant au fond
d'une province, n'avait aucun écho. Elle ne se reproduisait pas à une vitesse
vertigineuse. Comme toute amélioration et toute régression, elle devait subir
l'examen, qui était réellement démocratique, du grand nombre. Aujourd'hui, les
choses ont changé. Des millions d'individus - notamment le matin, à l'heure qui était
jadis celle des pensées les plus belles - allument leur télé, ou leur radio, et subissent
un véritable bombardement cacophonique.Ce bombardement non seulement les prive
de leurs propres pensées, leur ôte toute capacité de choix, leur fait oublier les vertus
du silence propice à la réflexion, mais propage la même faute de français, en un seul
instant, "en temps réel" comme on cause, partout à la fois. L'usage, aujourd'hui, le
bon et le mauvais usage ne proviennent plus du peuple, ils ne montent plus du "bas".
L'usage se précipite du "haut", il descend des fausses élites. Hier, il fallait des années,
voire des décennies pour qu'un bouleversement de langage ait lieu, et qu'un usage se
forme. Aujourd'hui il suffit d'une seconde, d'une seule seconde pour qu'un mauvais
usage, pour que quelque chose qui n'est pas un usage s'introduise dans toutes les
consciences, et dans toutes les mémoires. La télévision et la radio imposent
dictatorialement de faux usages, de mauvais usages. Un seul présentateur de
télévision est en mesure de diffuser massivement une erreur de français, erreur qui
n'est nullement née d'un usage mais seulement et exclusivement de son ignorance à
lui. Et, les présentateurs se copiant les uns les autres et une émission étant
parfaitement identique à une autre, les hommes modernes - quelque télévision qu'ils
allument, quelque radio qu'ils écoutent - sont soumis 24 heures sur 24 à un feu nourri,
à un mitraillement incessant de paroles, d'expressions, de tournures grammaticales
impropres; d'américanismes qui ne sont que des calques abusifs d'expressions
anglaises et qui, à ce titre, sont contraires à la sémantique, à la morphologie, à la
syntaxe de notre défunte et aimée langue française; de subjonctifs fautifs;
d'abréviations laides et stériles; d'argots privés de bases étymologiques ou
historiques. Toutes choses qui sont le contraire de l'usage. Résultat, les différences
linguistiques provinciales disparaissent. Une seule phrase de mauvais français,
prononcée dans un studio à Paris par un illettré, diffuse ses métastases et son mauvais
exemple partout, de Lille à Perpignan, de Brest à Nice. "L'usage" a été exterminé,
nié, détruit. Ce que l'on appelle désormais "usage", c'est celui des journalistes qui,
consciemment ou non, volontairement ou non, influencent les jeunes gens et
analphabétisent le peuple. Or c'est à cet "usage"-là que se réfère, à la fin, l'Académie.
La faute de français, répandue par des journalistes que je dis criminels, parce qu'ils se
rendent coupables de crimes contre la langue française, est à la fin "légalisée",
autorisée et légitimée par l'Académie française. La faute de français est d'abord
bombardée par les télés, puis, "entrée dans l'usage", elle est académisée...
Je préférerais, à tout prendre, que la langue française soit remplacée - je
persiste et je signe: remplacée - par l'arabe, par exemple, plutôt qu'elle ne devienne
une caricature indécente et pathétique de ce qu'elle fut, ou un jargon phonétique
américain. Il n'est que logique, historiquement, de voir s'imposer et dominer les
langues des peuples dynamiques et en expansion. La langue française, elle, n'est plus
ni dynamique ni en expansion. Les Français, au moins au point de vue du langage,
ont abandonné le champ de bataille, ils ont livré les donjons aux assaillants. Ou alors,
ils s'enferment dans des "tours d'ivoire" qui ne les protègent nullement, tout au
contraie, de la contamination du langage parlé comme du langage écrit. Si la langue
française est remplacée, donc, par l'arabe, alors elle restera l'apanage d'un petit
nombre; elle ne sera plus forcément parlée, mais, en tant que langue écrite, elle
pourra éventuellement demeurer intacte. En revanche, si sa contamination actuelle
continue, sa mort finale est imminente.
L'Histoire enseigne qu'un Etat et un système politique ont besoin pour survivre,
entre autres, d'une langue. Mais aussi qu'une langue peut survivre, dans certains
milieux ou comme langue savante, sans Etat et sans système politique. C'est pourquoi
je trouverais parfaitement logique que l'on parle marocain en France, dans cent ans.
Mieux vaut bien parler marocain que mal causer français. Je ne crois pas, en
revanche, à une langue qui serait à moitié française et à moitié ceci ou cela, et encore
moins à moitié française et à moitié américaine car, dans de tels métissages
linguistiques, tout le monde y perd. Est grandement digne d'estime, selon moi,
l'immigré marocain, tunisien, algérien qui lutte - à juste titre - pour la sauvegarde de
sa propre langue. Je ne crois pas en revanche à une langue, le français actuel, qui
meurt et que ni les Français, ni leurs autorités politiques et académiques ne défendent
réellement. En vérité, dès aujourd'hui, la langue française n'existe plus.
Tableau qui démontre que le plus grand nombre des consonnes françaises ne sont jamais (7
consonnes : H, J, K, Q, V, W, Z) ou pratiquement jamais ou rarement (4 consonnes : B, D, G, M)
géminées; dans un grand nombre de cas, ces consonnes sont simples en français quand elles sont
géminées en italien, et réciproquement (D, V).
Ce tableau est dédié aux très puissants génies qui ont inventé "combattif" (avec deux T); bien que
le français n'aime pas redoubler les consonnes; et bien que n'existe aucun mot finissant en "attif"!
Italien Français
La consonne B est soit géminée, soit simple. La lettre B, en français, n'est pratiquement
jamais géminée. Quand l'italien a deux "b", le
français n'en a qu'un (italien "pubblico", français
"public"). Quand l'italien a un seul "b", le
français en a deux (italien "abate", français
"abbé")
La consonne C est soit géminée, soit simple. La consonne C est soit géminée, soit simple (au
demeurant, "cc" se prononce généralement "cs",
comme dans "accent")
La consonne D est soit géminée, soit simple. On trouve très rarement "DD" en français. Au
demeurant, généralement, quand un mot italien a
un seul "D", le français en a deux. Quand un mot
italien a deux "D", le mot français correspondant
n'en a qu'un ("addio" / "adieu").
La consonne F est soit géminée, soit simple. La consonne F est soit géminée, soit simple.
La consonne G est soit géminée, soit simple. La consonne G, en français, est très peu sovent
géminée.
La consonne H n'existe pratiquement pas en Aucun mot français ne contient les lettres "HH"
italien. qui se suivent.
La lettre J n'existe pratiquement pas en italien. Aucun mot français ne contient les lettres "JJ"
qui se suivent.
La consonne K n'existe pas en italien. Aucun mot français ne contient les lettres "KK"
qui se suivent.
La consonne L est soit géminée, soit simple. La consonne L est soit géminée, soit simple.
Mais le redoublement du L ne se prononce que
dans trois mots (mille, ville, tranquille)!
La consonne M est soit géminée, soit simple. La consonne M est soit simple, soit
(relativement rarement) géminée. Elle est
notament géminée dans les mots commençant
par "- com".
La consonne N est soit géminée, soit simple. La consonne N est soit géminée, soit simple.
La consonne P est soit géminée, soit simple. La consonne P est soit géminée, soit simple,
sans conséquences phonétiques particulières.
La consonne Q est soit géminée, soit simple. La consonne Q n'est jamais géminée. Elle est
toujours suivie d'un "U", sauf en fin de mot
(cinq, coq...).
La consonne R est soit géminée, soit simple. La consonne R est soit géminée, soit simple.
La consonne S est soit géminée, soit simple. La consonne S est soit géminée, soit simple.
La consonne T est soit géminée, soit simple. La consonne T est soit géminée, soit simple,
mais, selon moi, ou en certaines occasions, avec
des conséquences phonétiques. De plus, il
n'existe aucun mot s'achevant par "-attif".
Ou, miex encore, par "- ttif".
La consonne V est soit géminée, soit simple. La consonne V n'est strictement jamais
géminée. Quand l'italien a deux "V" (avventura),
le français en a un seul (aventure).
La consonne W, qui ne fait d'ailleurs pas partie, La consonne W n'est jamais géminée.
historiquement, de l'alphabet italien, entre
exclusivement dans des paroles anglaises ou
allemandes.
La consonne Z est soit géminée, soit simple. La consonne Z n'est jamais géminée. Sinon en
de rarissimes paroles étrangères.
Académiciens! Académiciennes!
J'éviterai de vous dire ce que je proposerais si j'étais au pouvoir, ou Ministre de
l'Education, ou Ministre de la Culture, ou seulement... académicien.
J'éviterai de vous dire que je supprimerais la télévision, vu que l'idée de
supprimer la télévision semblera une absurdité à la plupart des lecteurs de ces lignes.
Il n'y a pourtant rien d'absurde à proposer de supprimer quelque chose qui existe
depuis moins de cent petites années, dont l'absence n'a pas interdit des millénaires de
civilisation. Mais dont l'existence a provoqué des dommages irréparables, à travers la
diffusion d'une sous-culture globalisante. Sans parler d'éventuelles (ou pas si
éventuelles qe ça) expériences de messages subliminaux, ou des conséquences
physiologiques que peuvent avoir ou avoir eu les ondes sur les cerveaux humains.
J'éviterai de vous dire, tout pareillement, comment je réformerais - à tout le
moins - cette télévision. Et comment je réformerais le système éducatif (en
commençant notamment par rétablir les humanités gréco-latines).
Bref, j'éviterai de vous dire comment, en cent ans, en commençant à former
(chose oubliée depuis des dizaines d'années) les instituteurs et les professeurs, on
pourrait rendre à la langue française sa dignité, après une profonde purge de ses
américanismes et de l'illettrisme dont elle est aujourd'hui victime.
J'éviterai de vous dire les mesures politiques - au sens le plus large de ce mot -
qu'il conviendrait évidemment d'adopter et d'imposer. Mesures éducatives; élitisme et
méritocratie; qualité de l'enseignement; formation de moins d'intellectuels, mais
formation de meilleurs intellectuels; revalorisation du travail manuel et agricole.
En vérité, mes mesures ne sont nullement utopiques. Elles sont simplement
irréalisables. Il n'est pas possible, en effet, y compris au meilleur des médecins, de
soigner ou de guérir un malade qui ignore son état de maladie ou le confond avec
l'exellente santé.
Je dirai donc, à tous ceux que j'entends déjà hululer que "ce n'est pas possible",
qu'il a été possible à ma mère de m'élever sans m'imposer le supplice de
l'apprentissage de la langue, de la non langue anglaise; sans m'imposer le supplice de
l'apprentissage des mathématiques modernes; sans m'imposer le supplice, fût-il
hilarant, de divers baratins; sans que j'allume, toute mon enfance puis toute ma vie
durant, une télévision.
Je dirai qu'il a été possible à ma mère de m'enseigner à lire et à écrire, les deux
choses les plus difficiles qui soient; il a été possible à ma mère (laquelle, en outre,
n'était pas riche, mais pauvre) de m'élever à la maison et de faire en sorte que je ne
sois pas un illettré. Il a été possible à ma mère de faire, pour un enfant, ce qu'il n'a pas
été possible de faire, à des centaines de ministres de l'Education, pour des générations
entières. Or si cela a été possible à ma mère, cela aurait pu se produire non seulement
pour un enfant, moi; mais pour deux enfants, pour dix enfants, pour cent enfants,
pour mille enfants.
Cela n'a visiblement pas été possible. Il est donc inutile à qui que ce soit de se
plaindre, désormais. Il est inutile aux fachos "identitaires", notamment, de se
lamenter: puisque leurs parents les ont envoyés à l'école: à l'école du Système qu'ils
étaient censés ne pas aimer, rejeter voire combattre. Et puisque, maintenant, ce sont
eux qui, à leur tour, envoient leurs progénitures dans le moule éducatif de ce
Système. Qu'ils continuent donc à publier leurs revues malingres et leurs journaux de
"défense de l'identité française", qui ont avant tout en commun avec les fanzines
soixante-huitards les fautes d'orthographe et de français.
Voilà tout ce qu'il y a dans la proposition de Robert Pioche de vous soumettre,
académiciens, publiquement, sous les yeux du public, à ma dictée. Vous refuserez,
c'est certain. Vous refuserez en disant, vieille chanson, que vous ne voulez pas céder à
une "provocation". Mais qu'on le veuille ou non, ma proposition de dictée est
historique. Vous vous défilerez, académiciens, un par un, parce que vous avez peur.
Il y a quelques années, Umberto Eco, l'un des "grands intellectuels" italiens
actuels, démontra, au moins en une occasion, qu'il ne savait pas employer le
subjonctif. La chose fut dénoncée par un article du professeur Giuliano Bonfante.
Lequel était quant à lui un éminent linguiste dont peu connaissent le nom, sinon dans
des milieux circonscrits. Je n'ai pas de raisons de croire que les choses aillent mieux
en France qu'en Italie. Je n'ai pas de raisons de le croire, pour chacun d'entre vous,
académiciens, tant que vous n'aurez pas le courage d'accepter ma proposition.
Ma proposition est historique, oui, parce que je n'ai pas connaisance que
quiconque, jamais, ait "osé" proposer une dictée aux quarante "Immortels" de son
époque. Ma proposition est historique parce que quelqu'un, demain, devra noter que
quand cela advint, et quand donc un joyeux luron du nom de Robert Pioche proposa
une "dictée de langue française aux académiciens", cela dut signifier quelque chose
sur l'état de la France, et de l'Académie française, et de la langue française!
Vous refuserez, mais soyez attentifs à ce que la postérité ne comprenne les
vraies raisons de votre dérobade. La postérité risque de rigoler parce que, d'une façon
ou d'une autre, vous aurez repoussé - un par un, chacun d'entre vous - mon invitation
à un tel "duel" intellectuel.
Vous aurez fait semblant d'ignorer l'existence de ma proposition de dictée. Vous
fuirez, mais vous laisserez à chacun le soupçon que cette dictée de Robert Pioche
aurait démontré que les académiciens d'aujourd'hui, les faiseurs de dictionnaire, les
dicteurs de modes, les tireurs de ficelles des milieux éditoriaux, les Prix Goncourt
(distribués comme des cacahuètes dans les cinémas) ne connaissent pas leur propre
langue. Et je vous assure - vous tous, que vous soyez académiciens, journalistes,
intellos, "écrivains" - que j'ai pour vous d'autres questions que celles - élémentaires -
dont j'ai parsemé mon si plaisant discours d'aujourd'hui.
C'est vous, écoliers, écolières de France et des lycées de province et de
banlieue (vous qui lirez ces lignes, vous à qui vos profs reprochent de ne pas avoir
d'orthographe, cette orthographe qu'ils sont incapables de vous enseigner parce qu'ils
en ont encore moins que vous), qui devriez rigolez et faire savoir autour de vous :
- Les adémiciens ont refusé la dictée de Robert Pioche!... Sépatété kwa!
Ou encore :
- L'idée de la dictée de Robert Pioche aux académiciens, c'est une idée tété!!!!
Elèves des lycées de France, proposez vous aussi à vos "profs de français" de
les soumettre à une dictée!
Et vous, académiciennes, académiciens - et vous, "auteures" et auteurs - cette
élémentaire révision de notre bonne vieille grammaire ? Chiche?...
Académiciennes! Académiciens!
Je ne suis pas académique.
Qu'entends-je par là? J'entends par là que "l'académisme", en peinture ou en
littérature, est quelque chose de relativement déplorable. Encore qu'il y ait eu de bons
écrivains "académiques".
Car c'est dans les époques "d'académisme" que naissent aussi les grands génies
et les vrais novateurs. C'est d'un "terreau" d'écrivains académiques que naissent les
écrivains non académiques!
Aujourd'hui, l'académisme, c'est la fausse avant-garde. C'est l'académisme de
ceux qui ne peuvent plus rien détruire parce que, avant de détruire, il faut savoir
construire. Parce que, avant de songer à appartenir à une avant-garde, il faudrait faire
ses preuves académiques!
Picasso, qui a eu du succès quand il commença à faire n'importe quoi, savait
initialement peindre. Mais aujourd'hui, l'académisme des gribouilleurs des galeries
"d'art" (grands Dieux!) consiste à déverser au hasard leurs pots de peinture sur
d'innocentes toiles. Le public se pâme devant tant de hardiesse et de beauté... Et des
collectionneurs d'art (sic! sic! sic!) achètent ça, payent ça des milliers de dollars!...
Les plus grands génies de la musique composent des oeuvres faites de silence; les
peintres exposent des toiles vierges... On attend (ou l'on n'attend plus) le premier livre
fait de pages blanches...
Aujourd'hui, les "écrivains" sont - et restent - des nullards et dans
l'académisme, et dans l'avant-garde. Aujourd'hui, règne partout la médiocrité. On se
"cultive" non plus en lisant des livres, mais en cliquant sur Google, où le premier
venu peut écrire n'importe quoi sur n'importe quoi et sur n'importe qui. Moins on lit
de livres, et plus on en écrit. Médiocrité de "l'académisme", médiocrité de "l'avant-
garde". L'académisme et l'avant-garde ont copulé; ils ont accouché d'une infinie
médiocrité.
Aujourd'hui, les "écrivains" enregistrent leurs livres sur des cassettes, qu'ils
confient ensuite à leurs "nègres" littéraires. Aujourd'hui, les vitrines des "bonnes"
librairies sont remplies de livres plagiés et/ou mal écrits, recopiés sur Internet, écrits à
chier.
Hier encore, la France avait des écrivains. Les uns étaient fascistes, les autres
communistes, d'autres apolitiques. Peu importe. Abel Bonnard savait écrire, Drieu
La Rochelle savait écrire, Céline savait écrire, Aragon savait écrire. La
Collaboration eut de grands écrivains, et d'autres qui étaient nuls. Le C.N.E., Comité
National d'Epuration qui mit par exemple Céline, Giraudoux et Jouhandeau à l'Index,
compta dans ses rangs des écrivains, ou des écrivains proclamés, dont tout souvenir
est effacé. Pourtant la Résistance, elle aussi, eut quelques bons écrivains. Maurice
Druon, ainsi, a laissé une oeuvre intéressante à plus d'un titre.
En 2011, l'écrivain de "droite" et celui de "gauche" sont peut-être de droite ou
de gauche (si cela a encore un sens pour eux, grand bien leur fasse), mais ils ne sont
certes écrivains que dans leur imagination ou dans celle de quelques milliers (ou
millions) de gogos abusés par la propagande de la publicité. Qui sait encore écrire? Et
écrire pour dire quelque chose? Ecrire quelque chose qui ne soit pas "commercial",
qui ne soit pas démagogique, qui ne participe pas directement ou indirectement des
célébrations de mémoires de plus en plus foireuses, qui ne soit pas à la fois
individualiste et grégaire? Quelque chose qui ne pue pas d'illettrisme, de mensonge,
de banalité, de conformisme? Des livres peu épais, à larges interlignes, qui ne disent
rien ou si peu de vrai, rien de beau...
Droite? Gauche? Tiens! Ces mots vagues me rappellent Romain Motier, au
temps (1947) où il publia son Traité de l'Intolérance (page 174) : "La séparation des
deux camps est facile à établir. On est de gauche quand on a supprimé la ponctuation,
la grammaire et même l'orthographe. On est de droite quand on préfère Racine à M.
Gumpel, dit Éluard et Voltaire à M. Martin-Fauchier."
De nos jours, Romain Motier n'aurait plus qu'à constater que la gauche et la
droite n'ont plus de réalité tangible, si ce n'est dans d'infimes détails. Qu'en tant que
mots, elles ont perdu tout sens ; tout sens commun plus exactement. Que partout et
en tout, en gauche, en centre et en droite, la décadence est patente. Que le
"modernisme" et le "progrès" ont vaincu. Mais qu'avant toute chose, la "modernité" a
vaincu l'Homme en ses vraies valeurs, ses vrais élans, sa vraie culture. En son
humanité même. Fait patent. Romain Motier ajoutait: "On est classé patriote quand
on est de gauche, traître et espion quand on est de droite."
Mes chers confrères académiciens, je vous laisse seuls juges de décider, en
cette année 2011, où se trouveraient les espions... et les traîtres à la cause académique
"françoise"!
Chapitre III
Je dois le relever: ce fut Maurice Druon qui, en tant que Secrétaire perpétuel de
l'Académie, m'écrivit (et cela, notons-le, à la fin de 1990, année pour moi assez
turbulente) pour me faire part de ce que ma candidature à l'Académie - c'était la
première en date - avait été enregistrée. J'ai conservé sa lettre, en souvenir.
Maurice Druon, dans le paysage intellectuel contemporain, me fut et me reste
littérairement sympathique. Il laisse une oeuvre. Il aima la langue française; il écrivit
- en général - de bons livres; et surtout, en quelques occasions, il manifesta un
courage certain (et fort rare de nos jours). Enfin, alors qu'il approchait du terme de sa
longue existence, ce fut Maurice Dron qui se montra, disons, le plus perplexe, ou le
plus hostile à la candidature (décembre 2003) de celui qui obtint dix-neuf voix contre
ma toute petite voix à moi, j'ai nommé M. Valéry Giscard d'Estaing.
A ce point, si quelque historien, dans l'avenir, ou si quelque curieux se
demande (combien de fois ne m'a-t-on pas posé la question?) qui fut l'académicien
qui vota pour Robert Pioche (alias Olivier Mathieu) en décembre 2003, les paris
restent ouverts.
Un tout petit bulletin portant mon nom dans l'urne, deux petits bulletins dans
l'urne, trois petits bulletins, ... vingt petits bulletins... de petits bulletins qui seraient
amusants, surprenants (voire scandaleux aux yeux de certains) vu les temps que nous
vivons, qui seraient anticonformistes et surtout littérairement mérités... On verra d'ici
peu, le 7 avril 2011, si plus de zéro académicien a le courage, la témérité ou l'envie
d'unir la facétie au littéraire, en votant pour Olivier Mathieu. On verra si un ou
plusieurs académiciens, retrouvant un instant - qui sait? - l'ironie et la verve de leurs
jeunesses, désirent faire à la fois une "bonne blague" et une chose infiniment sérieuse:
voter pour Olivier Mathieu.
Chapitre pénultième.
Olivier Mathieu n'est nullement le "candidat inconnu" que décrivent
certains journalistes...
Où Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, et Robert Pioche, dit Olivier
Mathieu, élus à l'Académie française, mettent un point final à leur
discours de réception. Poisson d'avril (premier avril 2001).
Académiciennes!Académiciens!
Je vous remercie de m'avoir élu parmi vous, ce 7 avril 2011, au trentième
fauteuil, en remplacement de M. Maurice Druon.
Ce fut un véritable plébiscite. Diantre! Olivier Mathieu, lis-je sur Internet, a été
élu à l'unanimité? Lui qui n'était jusque-là qu'un dix-neuvième d'académicien, il
n'espérait pas tant! Un dix-neuvième d'académicien qui, d'un coup de baguette
magique, devient un académicien complet!
Les académiciens, face à l'urne et dans le secret de leur conscience, n'ont pas
eu la moindre hésitation. Le bruit en avait couru dans Paris, le premier avril. D'une
voix unanime, les académiciens ont clamé, avec des intonations pour ainsi dire
bibliques : "Olivier Mathieu! Olivier Mathieu parmi nous!"
Vous m'avez réclamé à grande voix. Votre amour pour moi est sans limites.
Maintenant, je le sais.
Académiciens, voilà que vous vous souvenez, enfin, des innombrables
occasions au cours desquelles je rencontrais certains d'entre vous, à la fin des années
80 du siècle passé, au restaurant "Voltaire". Nous y mangions ensemble, vous
souvient-il? Quelquefois, c'était en compagnie d'un richissime assureur et armateur
qui se piquait de littérature et aux romans (si j'ose dire) duquel je consacrais des
articles qui feignaient d'être élogieux. Il en était ravi, le pauvre homme.
Académiciens! Voilà que, parmi vous, la mémoire doit être revenue à ceux que
je croisais, place Saint-Sulpice, ou aux Editions du Rocher, ou dans le salon du comte
Jacques de Ricaumont... Pas mal d'entre vous me connaissaient, en ce temps-là,
académiciens! Faut-il vous dire jusqu'à quelle date précise?...
Vous et moi, chers académiciens, nous collaborions par exemple à la "Nouvelle
Revue de Paris" dirigée par M. Michel Bulteau et placée sous le haut patronage de
Jean Mistler, de l'Académie française. Je suis apparu, si vous avez bonne mémoire, au
sommaire des numéros 5, 6 et 8 tandis que, dans le numéro 7, Michel Bulteau voulut
bien dire tout le bien qu'il pensait de ma réédition des "Modérés" de l'ancien
académicien Abel Bonnard, réédition qui venait de sortir aux éditions du Labyrinthe
dirigées par Alain de Benoist.
J'ai publié, sur mon site, la couverture du numéro 8 de la "Nouvelle Revue de
Paris". Allez voir. Oui, quels beaux souvenirs j'ai du "Voltaire" et de la revue qui, ces
années-là, lançait Houellebecq: il suffira aux curieux d'en retrouver des collections, je
ne m'y attarderai pas davantage - aujourd'hui.
Après vingt années pendant lesquelles vous avez semblé perdre tout souvenir
de moi, académiciens, voilà que vous m'avez élu et j'en ai les larmes aux yeux!
Je suis académicien.
Je signerai, désormais : de l'Académie française.
On dira, sur mon passage : mais c'est l'académien Olivier Mathieu!...
Mais c'est O-li-vier-Ma-thieu-de-l'A-ca-dé-mi-e-fran-çai-se!!!
J'aurai ma table (cela me sera fort utile, je ne mange pas tous les jours à ma
faim), au "Voltaire": la table des académiciens.
Tous les jeudis, je vous rendrai visite, sous la Coupole, et on s'amusera
follement. Moi qui suis SDF, cela me sera fort utile, un toit... Tiens, académiciennes
et académiciens, puisque vous m'avez élu, je vais élire moi aussi domicile quai de
Conti. Mon fauteuil sera aussi mon lit et ce sera bonnard et je vous parlerai d'Abel.
A-ca-dé-mi-ci-en. Je suis académicien!
J'aurai, à la place de l'épée que vous désirez m'offrir, une pioche, je me le
permets. J'aurai un habit vert (cela me sera fort utile, moi qui suis en hardes, un habit
neuf). Je publierai chez les immenses éditeurs. J'aurai l'immense prix Goncourt,
comme mon confrère à la "Nouvelle Revue de Paris", l'immense Houellebecq!
Les immenses journalistes diront, si le vent tourne, que je suis un génie. Je serai
immensément flatté. Je suis élu et j'irai chez Sarko, le garant de l'Académie, pour
recevoir - ainsi le veut le règlement! - son immense bénédiction à mon entrée sous
la Coupole! Je serai immensément flatté.
Et si vous ne m'élisez pas, bien des académiciens sauront d'avance, ainsi, le
nom d'un candidat - Olivier Mathieu - qui briguera, tout en leur souhaitant longue vie,
leur fauteuil. Parfois, je déclarerai "avoir aboli l'Académie" (comme je l'ai proclamé
après ma candidature refusée contre M. Max Gallo); parfois, j'adresserai mes
"félicitations" au vainqueur (comme je l'ai fait vis-à-vis de Mme Simone Veil);
parfois, je proposerai "une dictée" aux académiciens.
Et gageons que mon esprit, qui a été nourri par mes maîtres à penser - parmi
lesquels Jaroslav Hašek et Lucien, les pères de Chveik et de Ménippe - me suggérera
encore mille autres délicieuses et hilarantes facéties mémorables et charmantes.
Je parie que, chaque fois, quelque encyclopédie et quelque journal s'en feront
l'écho. Ah! Il faut en faire, des efforts, pour briser la loi du silence, pas vrai?
Et, ma foi, il y aura bien dix personnes en France pour rire avec moi, et ce sera
déjà beaucoup. Le sens critique et le sens de l'humour se font rares. Comme sont
rares ceux qui ont encore la capacité, la sensibilité, le courage de comprendre qui sont
ou furent les derniers, les tout derniers, les ultimes, les vrais provocateurs. Une
certitude : Jean-Edern Hallier, qui s'amusait beaucoup à poser devant l'Académie en
habit vert, et qui en d'autres circonstances avait mis en scène son propre enlèvement,
aurait apprécié mon "auto-couronnement", aujourd'hui premier avril 2011, à
l'Académie.
Qui sait si, dans l'avenir, chaque premier avril, il ne se trouvera pas quelques-
uns de mes amis pour rappeler l'épisode de ma farceuse (non) élection?..
Je propose de faire du premier avril "le jour anniversaire du poisson d'avril
académique d'Olivier Mathieu".
Voici ce qu'écrivait Maurice Druon. Son texte est fort fameux. Vous le trouverez
facilement aussi sur Internet. (C'est un article publié dans le journal Le Figaro du
24/02/2004). Extraits.
"Le langage est le meilleur, le plus immédiat révélateur du caractère des individus.
C'est à son parler que l'on reconnaît, tout de suite, le timide, l'autoritaire, le vantard,
le généreux, l'égoïste. Mais le langage est tout aussi révélateur de la mentalité
générale d'un peuple. Les Français ne respectent plus leur langue parce qu'ils ne
sont plus fiers d'eux-mêmes ni de leur pays. Ils ne s'aiment plus, et ne s'aimant
plus, ils n'aiment plus ce qui était l'outil de leur gloire".
"Le professeur de collège qui a marqué, dans le coin d'une rédaction, «Ne fais pas le
malin avec ton passé défini» méritait les galères. Responsables sont les manuels, où
les questions sont formulées sans respecter l'inversion de la proposition
interrogative : «Tu as fait quoi ? Tu es allé où ?» Démagogie, démagogie. Que le
maître ne s'étonne pas si, à parler le langage de la cour de récréation et à toujours
tutoyer l'élève, celui-ci finit par lui répondre : «Tu m'emm...»
"L'élocution, la prononciation, la diction sont des enseignements oubliés. Où es-tu,
Quintilien, dont les préceptes servirent de base, pendant tant de siècles, à la formation
de la jeunesse ? On apprenait autrefois à parler comme on doit écrire ;
aujourd'hui, on apprend à écrire comme on ne doit pas parler. Les nouvelles
générations bredouillent, et même les jeunes acteurs sont souvent inaudibles".
"La télévision, pour sa part, est responsable de la perte de la «politesse de la
langue». Les émissions dites «de société» sont la plupart du temps des bouillies de
paroles où l'on touille ensemble la vulgarité, le pédantisme, les énormités
grammaticales, les formulations inachevées, les faux-sens, les liaisons malheureuses
et l'obscénité. Et c'est là ce qu'on a osé appeler l'école parallèle !"
"La maladie égalitaire, conséquence du pire défaut français, l'envie, et moteur de
toutes les révolutions, sanglantes ou non, exige qu'on aligne tout sur le bas. On a
commencé par couper les têtes ; on a continué en rasant les fortunes ; on en est
maintenant à décapiter le langage".
"Il faudrait, pour arrêter ce fléau, un grand sursaut national. Il faudrait une volonté
prioritaire des pouvoirs publics, à tous étages, à partir du plus haut. Il faudrait qu'un
mouvement d'opinion naquît et s'amplifiât. Il faudrait que des comités de restauration
du français se formassent dans chaque ville, région ou département. Il faudrait que les
candidats aux élections fussent sommés d'inscrire la défense de la langue dans leurs
programmes. Il faudrait que se constituassent dans les deux assemblées des
intergroupes pour le français. Il faudrait que les ministres fussent accablés
d'interpellations. Il faudrait que soient imposés, dès la maternelle, des méthodes, des
horaires, des exigences qui rendent place première à l'enseignement de la langue. Et
en plus, ce serait sans aucune incidence budgétaire !"
"Il faudrait qu'une commission des manuels écartât ceux qui préconisent les
relâchements. Il faudrait que les instituts de formation des maîtres fussent réformés.
Il faudrait que dans le secondaire fussent dispensés des cours d'étymologie
grecque et latine afin que les lycéens, et particulièrement ceux des filières
scientifiques, apprissent le sens des mots. Il faudrait que les familles où l'on sait
encore à peu près parler fassent des remontrances aux maîtres dont la parole se
laisse aller. Il faudrait que les directeurs de journaux, accablés de courriers signalant
toutes les fautes commises dans leurs colonnes, engageassent des correcteurs plus
compétents et plus vigilants. Il faudrait que le Conseil supérieur de l'audiovisuel, doté
de pouvoirs spéciaux, plaçât des observateurs du langage auprès des chaînes de radio
et de télévision, et pût distribuer éloges et blâmes publics, allant jusqu'à interdire de
soutiens publicitaires les émissions trop offensantes pour l'honnêteté de la langue."
"Mais il faudrait, d'abord, pour tout cela, que les Français se remissent à aimer
la France. Si chevillée que soit en moi l'espérance, il y a des moments où je me
prends à en douter".
Fin de ces citations de Maurice Druon.
Relisons.
"Il faudrait qu'une commission des manuels écartât ceux qui préconisent les
relâchements. Il faudrait que les instituts de formation des maîtres fussent réformés.
Il faudrait que dans le secondaire fussent dispensés des cours d'étymologie grecque
et latine afin que les lycéens, et particulièrement ceux des filières scientifiques,
apprissent le sens des mots. Il faudrait que les familles où l'on sait encore à peu près
parler fassent des remontrances aux maîtres dont la parole se laisse aller. Il faudrait
que les directeurs de journaux, accablés de courriers signalant toutes les fautes
commises dans leurs colonnes, engageassent des correcteurs plus compétents et plus
vigilants. Il faudrait que le Conseil supérieur de l'audiovisuel, doté de pouvoirs
spéciaux, plaçât des observateurs du langage auprès des chaînes de radio et de
télévision, et pût distribuer éloges et blâmes publics, allant jusqu'à interdire de
soutiens publicitaires les émissions trop offensantes pour l'honnêteté de la langue."
(Maurice Druon).
De deux choses l'une : ou bien Maurice Druon savait mal employer le
subjonctif, ou alors qui a retranscrit ce texte ignore tout de la langue française, et a
donc ajouté des fautes non imputables à Maurice Druon. Je serais curieux,
vraiment très curieux de le savoir...
Dans ce texte, l'auteur privilégie le subjonctif imparfait. Il emploie "il faudrait"
dans la proposition principale puis le subjonctif imparfait (le premier est "écartât").
Dès lors, on ne comprend pas pourquoi il a employé partout - dans le
paragraphe cité - le subjonctif imparfait mais, en une et une seule occasion
("fassent"), le subjonctif présent. (Dans les autres paragraphes, idem, c'est un
mélange incessant de subjonctifs imparfaits de subjonctifs présents).
Je suis un partisan du subjonctif imparfait. Pour cette raison, je souhaite qu'il
soit employé oui, mais correctement. L'emploi du subjonctif imparfait, ici, est-il
correct?...
Si l'on a une principale : "Il fallait qu'une commission des manuels", on doit
avoir ensuite : "écartât ceux qui préconisent les relâchements". Et cela, parce que "il
fallait" (verbe essentiellement impersonnel, à l'imparfait de l'indicatif) est un temps
du passé. La concordance des temps veut donc ce subjonctif imparfait: écartât.
Or, ici, Maurice Druon emploie, dans la principale, "il faudrait", qui est un
temps non pas du passé, mais du présent (c'est un conditionnel présent).
ON DOIT ECRIRE :
Il fallait (imparfait, indicatif) qu'une commission écartât...
Il fallut (passé simple, indicatif) qu'une commission écartât...
Il a fallu (passé composé, indicatif) qu'une commission écartât...
Il avait fallu (plus-que-parfait, indicatif) qu'une commission écartât...
Il eût fallu (passé antérieur "deuxième forme", indicatif; avec un sens de mode
conditionnel et un accent circonflexe sur le "u") qu'une commission écartât...
Il aurait fallu (conditionnel passé) qu'une commission écartât...
Certes, on me renverra aux observations - qui sont diverses des miennes - de
Grevisse, sur l'emploi des modes et des temps (§ 869 du Bon usage, 12e édition), qui
admet dans certains cas l'imparfait du subjonctif hors de toute concordance des
temps.
Il n'en reste pas moins que, en italien moderne - je dis bien en italien - ces
phrases de Maurice Druon seraient correctes. En italien, oui, on aurait le conditionnel
(il faudrait) suivi d'un subjonctif imparfait (écartât). Mais - y compris, s'il le faut,
contre Grevisse - je maintiens quant à moi qu'en français, on doit écrire: "Il faudrait"
[ou "il faudra"] qu'une commission des manuels écarte (subjonctif présent) ceux qui
préconisent les relâchements"!
Il n'y a guère de raisons à "admettre" l'imparfait du subjonctif "hors de toute
concordance des temps", sinon à nier cette concordance des temps. Maurice Druon
avait parfaitement - sur le fond - raison dans ce qu'il disait ici, mais il employait d'une
façon des plus douteuses, des plus ampoulées aussi, le subjonctif imparfait et la
concordance des temps.
Si l'académicien Druon se trompait, imagine-t-on comment ça cause dans les
banlieues? Comprend-on mieux le nombre de "bloggers" qui annoncent, sur leurs
blogs (leurs blogs pathétiques), qu'ils "se moquent de l'orthographe"?... Ils ne se
moquent nullement de l'orthographe! Ils l'ignorent de A jusqu'à Z. Ils ignorent
l'orthographe; ils ignorent la grammaire; ils ignorent tout!
Olivier Mathieu n'aura nullement déposé des "candidatures fantaisistes" à
l'Académie. Olivier Mathieu est certainement un écrivain moins fantaisiste, un
connaisseur de la langue française moins fantaisiste, un candidat moins fantaisiste
que beaucoup d'autres. Tant d'autres...
Chapitre ultime.
Les phrases correctes, dans mes tout petits exercices élémentaires à l'usage des
académiciennes et des académiciens, et des autres, sont:
Phrase correcte:
"Nous nous sommes repentis, parce qu'ils se sont parlé".
Phrase correcte:
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédé sur la route, et que nous avons vus passer".
Phrase correcte:
"Nous avons salué les soldats qui se sont succédé sur la route, que nous avons vus passer sur
l'avenue, sous les arbres que nous avons vu abattre".
Phrase correcte:
"Que de fautes ce pécheur a commises! Hier encore, il a vu des roses et il en a acheté, pour les offrir
à Madame Dupont qui, pourtant, est mariée. Le peu de volonté qu'il a montré, de la sorte, nous a
découragés. Visiblement, le peu de leçons que le professeur lui a données ne lui ont pas été utiles!"
Phrase correcte:
"Quelque difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous".
Phrase correcte:
"Quelles que soient les douleurs qui vous affligent, ayez confiance en votre médecin".
Phrase correcte:
"Quelles que soient les conséquences, il faut agir".
Phrase correcte:
"L'esclave rompt ses entraves".
Phrase correcte:
"Si je vaincs, il vainc aussi!"
Phrase correcte:
"Vous dites et vous redites des choses que vous contredisez tout de suite".
Phrase correcte:
"Je couds une robe et, de la sorte, je résous mon problème".
Phrase correcte:
"Les enfants se sont lavés, nous nous sommes parlé et Simone s'est blessé le bras".
Phrase correcte:
"Quand les maisons se sont écroulées, Simone s'est écriée de frayeur, et quant à nous, nous nous
sommes religieusement tus".
Phrase correcte:
"Excepté la table que j'ai fait faire, vous pouvez tout emporter".
Phrase correcte:
"Ce peintre a peint de petits amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vécu de folles amours
jusqu'à sa vieillesse. Cependant, il disait que le plus beau de tous les amours est l'amour maternel".
Phrase correcte:
On a frappé à la porte. Simone s'écrie : "Quels sont ces gens?"... On fait connaissance. Une heure
plus tard, Simone est convaincue. "Quels braves gens", dit-elle, "quelles braves et bonnes gens!
Quels bons et braves gens!"
Phrase correcte:
"Simone s'est imposé des sacrifices, particulièrement le jour où elle s'est absentée et s'est blessé un
pied. Mais elle ne s'était nullement trompée, et ni elle ni sa soeur ne se sont repenties de leur choix".
Phrase correcte:
"Ne penses-tu pas que Robert Pioche a raison de déposer sa candidature? Non, je ne crois pas qu'il
ait raison."
Phrase correcte.
Il ne fait pas de voyages. Plus exactement, il ne fait pas des voyages trop longs.
Phrase correcte.
J'espérerai:
Phrase correcte.
J'emploierai.
Phrase correcte.
Je voudrais que vous appuyiez.
Phrase correcte.
Papa voudrait que nous étudiions.
Phrase correcte.
Le brouillard s'est résous en pluie.
Phrase correcte.
Vous médisez de lui, parce que vous le maudissez.
Phrase correcte.
Nous conclurons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluions.
Phrase correcte.
Y avait-il du pain? Non, il n'y en avait pas.
Phrase correcte.
Y eut-il des accidents ce jour-là sur l'autoroute? Oui, il y en a eu.
Phrase correcte.
Ces clairs-obscurs sont des chefs-d'oeuvre.
Phrase correcte.
Les femmes de la ville tout entière étaient toutes peureuses.
Phrase correcte.
On voyait des robes bleues, des robes gris foncé; et des cheveux blonds, et des cheveux châtain
clair.
Phrase correcte.
Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donnés mes parents et, surtout, la vie de sacrifices à
laquelle s'est vouée ma mère.
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- Encyclopédie du QUID, au sujet de la voix que j’ai obtenue, en décembre 2003, contre M.
Giscard ;
- « Olivier Mathieu, dit Robert Pioche », article paru dans le journal « ELEMENTS »
(numéro de juin 2008).
- Article de Stéphane HOFFMANN, en 2009, dans "LE FIGARO MAGAZINE" (ce texte
se trouve aussi, naturellement, sur Internet). "Le farfelu Robert Pioche sera-t-il élu, lui qui a
proposé à l'Académie une épreuve de dictée, chaque académicien battu s'engageant à voter
pour lui?"...
- Article de M. Moudenc paru assez récemment dans le journal "Rivarol", confirmant que
c'est à tort que la mort d'Olivier Mathieu a parfois été annoncée (en 2006). N.B. Cet article
de M. Moudenc recense la biographie d'Oivier Mathieu, "Olivier Mathieu dit Robert
Pioche, le dernier romantique", écrite par M Jean-Pierre Fleury, docteur en sociologie de
l'Université de Nantes (400 pages).
- Pour finir, signalons la parution (février 2011), aux éditions des Petits Bonheurs, d'un livre
d'Olivier Mathieu, "Mon coeur hors du temps". Sur les rabats de ce livre, la candidature d'Olivier
Mathieu à l'élection du 7 avril 2011 est rappelée, et, tout pareillement, le présent texte est annoncé
(les lecteurs des Editions des Petits Bonheurs en auront donc été les premiers informés).