Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Les Ennemis
de
L'Art d'Écrire
>A,
Nouvei
i.e
Édition
DE
MM. F. BRUNETiÈRE, ÉMILE FAGUET,
ADOLPHE BRISSON, RÉMY DE 60URM0NT,
ERNEST CHARLES, 6. LANSON,
6. PÉLISSIER, OCTAVE UZANNE, LÉON BLUM
H. MAZEL, E. VERGNIOL, etc.
• LIBRAIRIE UNIVERSELLE
33, RUE DE PROVENCE. 33, PARIS
Fin d'une seïio de documents
en couleui
LES ENNEMIS + <*
DE L'ART D'ÉCRIRE
Ç>
OUVRAGES DU MÊME \UTEUR
Les Ennemis
de l'Art d'écrire
RÉPONSE AUX OBJECTIONS
DE
MM. F. Brunetlère, Emile Fagaet, Adolphe Brisson,
Résiy de Gourmont, Ernest Charles,
0. Lanson, 0. Pélissîer, Octave Uzanne, Léon Blum, H. Aiazel,
C. VergnloI, etc.
Q LIBRAIRIE UNIVERSELLE Q
G* 33, RUE DE PROVENCE, 33, PARIS #0
Droits de traduction et de reproduction
réservés pour tous pays, y compris la Suède, la
Nprwfcge, la Hollande ç}. te JJajiçiparfr.
M. –
Il. Mazel contre les ratures. La vraie théorie
des corrections. Est-on ou devient-on ori-
ginal ? L'excès du pittoresque. Mise au
point.
si
sieurs siècles de littérature.
le travail est inutile, si le style
ne s'enseigne pas, en quoi donc peut
bien consister l'art d'écrire? M. Brune-
tière nous l'a dit.
Voici textuellement sa déclaration.
Elle vaut la peine d'être retenue
« L'art d'écrire consiste en ceci
Dire tout ce que l'on veut dire, rien que
ce que l'on veut dire, comme on veut le
dire et comme il faut le dire. Ce qui
»
signifie que le seul moyen de Lien
écrire est d'écrire comme il faut écrire.
Après cela, si quelqu'un demande
encore
ce que; c'est que le style, il sera Lien exi-
geant.
Et ceci n'est point une plaisanterie
M. Brunetière est toujours sérieux. Il
ne s'est pas douté une minute que son
explication n'expliquait rien et qu'elle
finit même par être fausse, à force d'être
vraie car, enfin, un médiocre prosateur
peut avoir dit tout ce qu'il coulait dire,
rien que ce quil voulait dire et comme
il croyait qu'il fallait le dire et néan-
moins ce prosateur peut très bien avoir
écrit une page inexpressive, incolore et
banale. Cela se voit tous les jours.
Mais ce qu'il y eut de mémorabledans
la conférence de M. Brunelière, fut
ce sa
conclusion. Figurez-vous notre surprise,
quand nous l'entendîmes détruire lui-
même en quelques mots sa propre argu-
mentation et réduire à néant tout son
discours.
Pour s'excuser d'avoir cité des
exemples de mauvais style, il demanda
la permission de lire une page de prose,
qu'il présentait comme un modèle, et
qui est exquise, en effet. C'est un passage
de Flaubert, le portrait de la servante
médaillée au Comice agricole, dans
Madame Bovary. N'est-il pas extraordi-
naire de voir, en fin de compte, M. Bru-
netière, après avoir méprisé la théorie
du travail, contraint de prendre son plus
bel exemple de style chez l'auteur le
plus notoirement célèbre par son labeur,
écrî-
ses refontes et ses ratures, chez un
\-iin qui recherchait l'harmoniejusqu'à
fuir la moindre assonance, qui poussait
jusqu'à la manie la haine des répétitions;,
qui exigeait la suite la plus rigoureuse
dans les métaphores, qui supprimait
les qui et les que et prétendait qu'avec
de l'application et du goût on peut arriver
à avoir du talent'?
Peut-on se démentir plus brutalement?
Oui, nous avons vu ce spectacle, cette
contradiction vengeresse M. Brune-
tière proposant à noire admiration un
style qui est précisément, admirable,
parce qu'il a été écrit d'après les prin-
cipes que M. Brunctière venait de com-
battre. Car, il n'y a pus à dire, si ce
style a raison, c'est vous, monsieur
Bruneiibre, qui avez tort. Vous n'aviez,
d'ailleurs que l'embarras du choix
toutes les descriptions de Flaubert sont
aussi parfaites.
Et voilà comment, avec les théories
que vcus contestez, on a fait des chefs-
d'œuv-e auxquels vous êtes forcé de
venir rendre hommage.
XV
(i)Mars 1905.
verscllcmcnl compréhensif. Lettré, éru-
dit, philosophe et jo" -naliste, M. Faguet a
tout lu et s'assimile tout. Nous lui de-
vons les plus belles
études qui aient été
publiées de notre temps sur les grands
auteurs classiqucsdesdix-huitièmeeldix-
ncuvièrae siècles. A tous les points de
vue, son opinion m'était
donc précieuse.
Sur la nécessité du travail dans le
style, je constate avec plaisir que nous
sommes d'accord. Il y a des objections
de détails, des divergences, des restric-
tions mais, en principe, nous sommes
d'accord « On ne saurait dire trop, ni
même assez, écrit M Faguet, à quel
point le livre de M. Albalat est recom-
mandable et vénérable, combien il a
coûté d'efforts, de labeur, de patience,
d'énergie visuelle et d'énergie mentale;
combien aussi, tout compte fait, il est
utile. M. Albalat veut qu'on corrige
beaucoup et répète cent fois, sous di-
verses formes toujours heureuses, que
l'on n'a jamais assez corrige. En prin-
cipe, il a raison, et il est parfaitement
entendu qu'à tout écrivain de moyen
ordre, c'est-à-direàquatre-vingt-dix-neuff
sur cent, c'est-à-dire à quasi nous tous,
je donnerai très exactement le même
conseil. »
Je pourraism'arrèter là. Ces lignes ré-
sument notre ouvrage; c'est à ces quatre-
vingt-dix-neuf écrivains sur cent qu'il
s'adresse. L'aveu est d'autant plus si-
gnificatif, que personnellement M. Fa-
guet ne rature pas ou presque pas. Son
énorme production est à peu près tou-
jours spontanée. A peine prend-il le
temps de ponctuer ses phrases. Le stylo
de M. Faguet est l'instantanéité même;
c'est du style parlé par un homme de
beaucoup d'esprit. Je ne connais pas
deux exemples d'une pareille prompti-
tude d'inspiration.
Venons aux désaccords de détails:
« Mais, comme nous le verrons peut-
être, dit M. Faguet, ce sont précisément
les grands écrivains qui, je ne dis pas
toujours, mais assez souvent, n'ont pas
besoin de se corriger et perdent à se cor-
riger. » J'ai beau chercher, je l'avoue, je
ne vois pas quels sont ces grands écri-
vains. Ce n'est ni Malherbe, ni Guez de
Balzac, ni Voiture,ni Boileau,ni Bossuet,
ni Pascal, ni La Bruyère, ni Montesquieu,
ni Buffon, ni Rousseau, ni Chateaubriand,
ni Flaubert, ni même Racine, qui ne s'est
pas mal trouvé de faire difficilementdes
vers faciles, Je ne sais si tous ces au-
teurs n'avaient pas besoin de se corri-
ger. Du moins ont-ils cru en avoir be-
soin, puisqu'ils ont, en effet, énormé-
ment corrigé et que la valeur de leurs
œuvres démontre qu'ils n'ont pas perdu
à se corriger.
M. Faguet pense avec raison « qu'il
serait excessif de conseiller à tout le
monde de refaire sa page autant de fois
que Flaubert refaisait les siennes», parce
que tout le monde, en effet, ne se trouve
pas entravé par les difficultés initiales,
le bégaiement écrit, la puérilité des pre-
miers jets de Flaubert. Nous sommes
d'accord là-dessus. Nous avons seule-
ment conseillé à chacun de refaire son
style, selon ses moyens et ses aptitudes,
jusqu'à ce qu'on en soit satisfait, et je
crois que, dans cette mesure, le conseil
peut s'appliquer à tout le inonde. Flau-
bert avait une manière de travailler ex-
cepfionnelle; mais, quand je vois Mal-
herbe raturer sans cesse, Boileau se
remettre vingt fois sur le métier, Cha-
teaubriand refaire jusqu'à dix-huit fois
la infime page, je deviens rêveur, et je
me dis qu'il est très possible que tous
les grands écrivains aient à peu près au-
tant travaillé.
«
II y a des écrivains, dit M. Faguet,
qui se gâtent en se corrigeant, et il y en
a d'autres qui s'améliorent. Voulez-vous
que je dise tout de suite que plus nom-
breux sont ceux qui s'améliorent Je le
dirai; c'est ma conviction, encore que
les statistiques soient diablement incom-
plètes mais enfin je le crois. Seulement
il y en a aussi qui se gâtent en se corri-
geant. Et cela suffit pour nous ache-
miner vers un certain scepticisme, un
scepticisme relatif. »
Nous admettons ce scepticisme, à
condition qu'on le tienne, en effet, pour
tout ce qu'il y a de plus relatif, un peu
de doute, si l'on veut, ce que les théolo-
giens appellent une tentation contre la
foi.
On le voit, les objections de M. Faguet
«
Les rafales de Noël frôlaient les vitraux
de la basilique et ébranlaient les voûtes
de la -ieî. » – faisaient
« Ainsi,
dit M. Faguet,
les rafales ne que frôler les
vitraux, mais elles ébranlaient les voûtes.
Le phénomène est singulier. » Je ne
trouve pas. Il est très naturel, au con-
traire. Les rafales glissent sur un vitrail,
et leur ensemble ébranle (au figuré) l'édi-
fice. C'est ainsi que le vent secoue les
grands arbres et agite à peine un brin
d'herbe.
M. Faguet termine par ces mots son
étude pleine de déductions pénétrantes
« Donc
point de conclusion et point de
règle. M. Albalat a eu tort de trop con-
clure et de trop légiférer. » Mais non
il y a bel et bien une conclusion seule-
ment cette conclusion, M. Faguet ne l'a
pas mise à la fin, mais au commence-
ment de son article. Je l'ai citée dejà
et je la redis: « M. Albalat veut qu'on
corrige beaucoup et répète cent fois,
sous diverses formes toujours heureuses,
que l'on n'a jamais assez corrigé. En
principe, il a raison et il est parfaitement
entendu qu'à tout écrivain de moyen
ordre, c'est-à-dire à quatre-vingt-dix-
neuf sur cent, c'est-à-dire à quasi nous
tous, je donnerai très exactement le
même conseil. »
Nous voilà donc d'accord, et ceci est
bien la conclusion, non seulement de
M. Faguet, mais de nos trois volumes
d'enseignement.
XVI
Gourmont.
chet. Les auteurs et le goût. – Les beau-
tés littéraires. – La physiologie de M. de
55
IV. Un contradicteur inexact. L'imi-
tation condamnée. Opinions qu'on nous
prête. Imitation ou transposition?– Ce
que nous n'avons pas dit. Qu'est-ce que
sentir ? Deux sortes de styles. Théorie
de l'originalité. Le vrai style d'après
M. de Gourmont 71
spontané?
rique? – Vaines objections. – Théoriedes
mots ordinaires. Le style doit-il être
89
–
VI. M. de Gourmont et Taine. M. E.
Faguet et la théorie de Taine. La for-
mation littéraire de Taine. –Le témoignage
personnel tïe Taine. – Taine et î'enssigne-
mentdu style. io3
VIL– Homère et M. de Gourmont. – Ho-
cules.
mère « intraduisible ». L'imitation d'Ho-
mère. – Homère et la Chanson de Roland.–
Les erreurs de M. de Gourmont. – Invente-
t-on les descriptions ? Reproches ridi-
lon. Un défenseurgrincheuxdeFénelon.
Un mot de Louis Veuillot. Les œu-
vres banales peuvent-elles réussir ? t –
M. E. Faguet
D'accord avec Bossuet. – Télémaque et
J3g
IX. L'acharnement de M. de Gourmont.
Reproches risibles. Négation du tra-
vail. -Accusations fausses. Objections
sur Bossuet et sur Pascal. Opinion de
Vinet. Faussetés manifestes. Res-
pectons Stendhal. Encore le travail.
Les aveux de M. de Gourmont. 16»
X.
inspiration
Les inquiétudes de-
La critique des ratures
Léon Blum.
.ipologie de
io5
XI. –
Les minuties de M. Pélissier.
Une opinion plus autorisée. Les énor- –
Uzanne
mitésdeM. Uzanne. – Faussetés et naï-
vetés. – L'enseignement fantaisiste de
M.
Mise au point.
vraie théorie descorrections. Est-on ou
devient-on original ? –L'excès dupittores-
que.
XIV. – M. Brunetièreet l'art d'écrire, Une
231
Brunetière
perficielle.- L'art d'écrire, d'après M. Bru-
–
netière.
M.
M. Brunetière désavoué par
241
XV. – M. –
Emile Faguet et les ratures.
L'apothéose de la rature. Principes de
M. Emile Faguet sur le travail. Les ob-
jections de M. E. Faguet, Atténuations
et distinctions. George Sand et fcf Emile
–
Faguet. Les corrections de Chateau-
briand. Conclus 'on de M. Faguet. 263
XVIII. – Confessionpersonnelle,–Résumé de
295
Conclusion
notre enseignement.-Son utilité pratique. 3o5
Appendice 3i?
3i5
Original en couleur
NF Z 43-120-0