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Le mari de merde,
nouvelle littéraire,
par Olivier Mathieu
1
Tous les noms de cette nouvelle sont des noms de pure fantaisie.
Ce mariage aurait ainsi duré moins d’un an. Il fallait un
courage certain pour recommencer à vivre, ainsi que Pietro
Bocher l’avait fait pendant vingt ans, voire toute sa vie, en exil,
en cavale, comme un paria, sans domicile fixe, en refusant de
travailler, sans le moindre argent, souvent sans manger, riche
en tout et pour tout d’une petite valise - et pour avoir fait ce
qu’il avait fait.
Quand il avait rencontré Virginie, il était clochard. Ils
étaient passés devant Monsieur le Maire. Pietro Bocher avait
songé:
- A dire vrai, le jour de ma naissance sera surtout, si tout
va bien, celui de ma mort.
Les amis de Virginie, des « tolérants », n’avaient pas
étudié les questions que Pietro Bocher soulevait, et auxquelles
ils lui reprochaient de répondre d’une façon qui choquait leur
ignorance, leur lâcheté ou leur conformisme. Ces preux
sycophantes avaient tout de suite averti Virginie, les idées de
son mari étaient « nauséabondes ». Diantre. Ils devaient avoir
l’odorat des plus délicats. La meilleure amie de Virginie, qui
s’appelait Julie Vaginet, tout un programme, s’était scandalisée.
C’était évidemment une jeune fille vertueuse, Julie Vaginet,
comme son nom l’indiquait.
Olivier Mathieu
2
L’expression italienne « vaffanculo » (la traduction littérale serait vaguement grossière : « va te faire enculer »)
correspond en vérité à l’expression française « va te faire foutre ». En Italie, d’ailleurs, tout récemment, la Cour
de Cassation a prononcé une sentence qui a établi qu’il ne s’agit nullement d’une insulte, mais d’une interjection
depuis longtemps entrée dans le langage courant.