Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
I- Historique
II- Généralité sur l’analyse de valeur
I- Position du problème
II- Une démarche en 7 étapes
Partie n°1 :
Etude théorique
d’analyse de valeur
I- Historique
C'est par l'approche historique que nous aborderons l'analyse de la valeur. Au lendemain
de la Seconde Guerre Mondiale, en 1947, L. D. MILES, sous l'impulsion de R.S.
MACNAMARA, Directeur de General Electric, amorce les premiers travaux d'Analyse de la
Valeur avec un petit groupe de travail. Très encourageantes, ces premières études sont vite
généralisées. Elles abordent simultanément les notions de performances et de coûts, en
recherchant des optimums.
La démarche de l'Analyse de la Valeur commence à se formaliser et c'est vers 1955
qu'elle est introduite en Grande-Bretagne et au Japon, où elle s'intègre au concept de qualité
qui gagne les entreprises.
Vers 1958, les grandes entreprises françaises s'intéressent à l'Analyse de la Valeur pour
renforcer leur place sur les marchés mondiaux. En 1970, un développement méthodologique
important conduira en 1978 à la création de l'AFAV (Association Française pour l'Analyse de
la Valeur). Quatre normes seront ensuite publiées en 1984/1985. Des projets de normes
européennes et ISO concernent actuellement la démarche, mais aussi la certification des
animateurs et experts. En juin 2000, l'AFAV a apporté une contribution importante avec la
norme européenne EN 12 973 relative au management par la valeur.
II- Généralité sur l’analyse de valeurs
2- D’autres définitions
- Valeur d’utilité = satisfaction du besoin/dépenses : La valeur d’utilité se définit en
comparant les «utilités » de chaque objet.
- Valeur de rareté : la rareté nous fait privilégier certains objets et cette caractéristique à
une influence certaine sur le prix.
- Valeur d’échange: valeur sociale se mesurant par la quantité d’argent à donner en
contrepartie de l’acquisition de l’objet (marché de l’occasion).
- Valeur d’estime : ensemble de propriétés, d’attraits qui font désirer un produit (bijou,
luxe).
- Valeur d’usage: somme des valeurs ci-dessus évaluation extrêmement délicate.
- Valeur d’un produit: jugement porté sur le produit sur la base des attentes et des
motivations de l’utilisateur exprimé par une grandeur qui croit lorsque, toutes causes égales
par ailleurs, la satisfaction du besoin de l’utilisateur augmente et/ou que la dépense afférente
au produit diminue. (NFX 50-150)
- De concevoir, au coût le plus faible, un produit parfaitement adapté aux besoins des
utilisateurs ;
- D'améliorer la qualité d'un produit sans en augmenter le coût et sans réduire le niveau
des services rendus ;
- De rechercher des solutions créatives qui répondent uniquement au besoin du client et
qui permettent de faire des économies.
- L'analyse de la valeur est caractérisée par l'utilisation de méthodes participatives qui
permettent de traduire le besoin du client, non pas par un produit mais par des fonctions utiles.
Le produit et sa valeur sont ainsi définis sur la base de ces fonctions qui satisfont au mieux le
besoin du client.
- La recherche du meilleur rapport "qualité / coût" permet ainsi de répondre à un double
objectif de satisfaction et de compétitivité.
Clarifier les Quantifier les Remettre en question Travailler en équipe Capitaliser les
objectifs enjeu x l’organisation, les expériences
Utiliser les synergies
méthodes de travail, la
Délimiter l’étude Calculer les issues des différences Travailler avec des
man ière de penser
coûts des de culture et de méthodologies
Raisonner en
fonctions, des Utiliser les capacités compétences structurantes
fonctions à remplir
solutions créatives du groupe et
avant de raisonner Animer les actions
des individus
en solutions Chiffrer la
Favoriser
Valeur apportée Raisonner en termes
Analyser les risques l’appropriat ion des
de système et
stratégiques, solutions par les
d’échanges entre sous-
techniques, memb res du groupe,
systèmes et
économiques donc leur imp lication
environnement
La valeur produite peut se définir comme le rapport entre le prix de vente du produit et
les ressources consommées pour le mettre à disposition :
5- Le coût cible
Le coût cible est déterminé par différence entre le prix de vente futur et le profit
souhaité. Pour être opérationnel le coût cible d'un produit doit être décomposé en sous-
ensembles.
- Les méthodes paramétriques établissent une relation entre le coût du produit et certains
paramètres simples (poids, volume...).
- Les méthodes analytiques sont fondées sur une analyse technique du produit et un
chiffrage des coûts de ces différents éléments.
III- Champs d’application
L’analyse de la valeur peut s'appliquer dans toutes les entreprises, dans l'ensemble des
services, et dans tous les secteurs économiques.
L'Analyse fonctionnelle :
Le produit correspondant au besoin du client est défini en termes de fonctions. Ces
fonctions sont valorisées afin de déterminer la valeur qui est définie comme le rapport entre la
satisfaction du client et le coût du "produit".
Le plan de travail :
Pour mener à bien une étude d'analyse de la valeur, il est nécessaire de respecter un plan
de travail strict. Ce plan de travail comporte sept phases distinctes qui seront présentées au
paragraphe "Mode opératoire".
Le travail de groupe :
C'est un groupe pluridisciplinaire de 6 à 8 personnes qui est la véritable structure
opérationnelle de l'action d'analyse de la valeur.
L'analyse de la valeur suit un plan de travail en 7 phases qui doivent être respectées.
La démarche est progressive et prend en compte les résultats des phases amont. Mais
elle est aussi itérative, en ce sens que chaque phase peut être remise en cause par celles qui la
suivent.
Elle repose par ailleurs sur un groupe de travail pluridisciplinaire qui constitue la
structure opérationnelle de l'action d'analyse de la valeur. Ce groupe est animé par un chef de
projet.
Pour chacune des 7 étapes de l’AV ont été développés des outils méthodologiques en
règle générale simples et puissants.
Cette phase a pour but de définir les objectifs poursuivis dans le cadre de la démarche
d'analyse de la valeur.
Cette phase à pour but de rassembler et de formaliser les données internes et externes
relatives à l'objet de l'étude (besoin à satisfaire) et à son environnement.
- Le besoin à satisfaire ;
- Le marché visé ;
- La concurrence ;
- Les avantages et inconvénients du produit actuel et des produits concurrents ;
- L'historique du produit ;
- Les techniques disponibles ;
- Les coûts ;
- Les contraintes (normes, réglementations...) ;
- Les insatisfactions des clients...
L'objectif de cette phase est de rechercher les fonctions principales et secondaires qui
satisfont les besoins, puis à les traduire en fonctions techniques.
Ces différentes fonctions sont formalisées au sein du cahier des charges fonctionnel.
Élargir les possibilités du produit, c'est à dire lui rajouter des fonctionnalités : cette
optique répond à un besoin plus large, augmenté la valeur du produit, mais conduit également
à augmenter son coût.
Réduire les possibilités du produit, c'est à dire lui ôter des fonctionnalités : cette optique
conduit à réduire la valeur du produit sans garantie de diminuer pour autant son coût.
Phase 4 : Rechercher des solutions
D’identifier les solutions techniques qui répondent le mieux au Cahier des Charges
Fonctionnel.
Recenser l'ensemble des fonctions d'un produit en vue d'élaborer le cahier des charges
fonctionnel du produit
Principe Identifier le milieu extérieur au produit, c’est à dire tout ce qui est en contact
direct ou virtuel avec lui, Faire apparaître les relations entre le produit et le milieu extérieur,
Identifier à partir de cette analyse les fonctions que doit satisfaire le produit.
Maison de la Qualité
VII- Exemples d'application
Voici 2 exemples d'application simples mettant en valeur les gains obtenus, les
améliorations du produit vues par le client, et les conséquences pour l'entreprise en matière de
gestion des composants :
Exemple 1
Part Achats 48 % 43 %
Séries environ 200 à 300 par
mo is Temps de fabrication 3 heures ½ heure
kF No mbre de co mposants 32 18
Fonctionnalités + De sécurité
+ De confort
+ D’ergonomie
+ De co mpacité
+ De design
Exemple 2
2- Inconvénients
- Méthode très analytique, assez lourde à mettre en œuvre
- Nécessite une forte implication des acteurs
- Nécessite une parfaite maîtrise de la part de l'animateur
Partie n°2 :
Etude de cas : Réalisation
d’un meuble d’écoute
Introduction
Dans une approche générale, on peut dire que 10 à 20% des coûts du projet sont utilisés
en conception et conduisent à engager des décisions concernant 70 à 80% des dépenses totales
du projet. Cet écart entre l'argent réellement dépensé en conception et les moyens engagés par
les décisions, donne une idée des risques en conception.
Les dépenses liées à la réalisation du projet sont importantes et elles correspondent à un mo ment où les
décisions restant à prendre sont faibles.
I- Position du problème
Nous vous proposons de présenter de façon plus détaillée les sept phases, en utilisant un
exemple industriel simple, que l'on appellera meuble d'écoute et que l'on développera dans
une PME de 10 personnes qui utilise l'Analyse de la Valeur depuis plus de sept ans.
Cet exemple a eu pour résultat un produit, qui, d'un point de vue commercial, a un
succès auprès des clients prévus.
Il a été également le support d'une coopération étroite entre cette entreprise de 10
personnes et une société allemande de 1 000 personnes, coopération qui avait pour objectif de
mettre en place l'analyse de la valeur sur l'étude d'un produit dans une entreprise de 1 000
personnes, en utilisant l'approche allégée mise au point dans la PME de 10 personnes.
Cette entreprise est spécialisée dans la conception et la fabrication de matériels pour les
activités en classe de maternelle et en crèche depuis plus de dix ans.
- On ne connaît pas de produit concurrent. Seul un produit a été réalisé par l'entreprise et
est actuellement diffusé par le catalogue.
- Suivant le prix de vente, la décision d'achat appartient à l'institutrice, au directeur
d'école ou à la commission scolaire de la mairie. Actuellement, il n'y a pas de décision sur le
prix de vente.
- Les problèmes de sécurité et d'ergonomie seront à envisager de façon prioritaire, car
l'appareil fonctionne avec de l'électricité (220 V). Les enfants de 4 à 5 ans utilisent le matériel
de façon très autonome sur des séquences horaires de 10 minutes environ par histoire écoutée.
C'est l'une des phases les plus importantes et qui concerne surtout le rôle et la pertinence
du groupe de travail et de son animateur. D'un point de vue normatif, cette phase est déclinée
en cinq étapes :
- Recenser ;
- Caractériser ;
- Ordonner ;
- Hiérarchiser ;
- Valoriser.
Nous aborderons les milieux extérieurs avec un brainstorming réalisé avec le groupe de
travail. Une analyse rapide du cycle de vie concerné permettra de compléter le brainstorming.
- Ici nous retrouverons : l'enfant, l'instituteur, la mairie, la salle de classe, les parents.
On peut identifier jusque 30 à 40 éléments concernés.
- Il s'agira ensuite de les regrouper en familles, en veillant à ne pas mettre des éléments
de l'objet d'étude en milieux extérieurs.
- Le matériel : qui comporte le casque, le répartiteur et le magnétophone.
- L'instituteur : à 99.9% des institutrices
- L'enfant utilisateur : un groupe de 4 ou 5 enfants de 3 à 5 ans, fonctionnant de façon
autonome pendant 15 minutes environ.
- La salle et les autres activités
- L'espace d'utilisation du meuble
- Les parents et la mairie, qui sont en partie des décideurs.
Ainsi, six milieux extérieurs ont été retenus et caractérisés.
Définir les fonctions : Il reste à recenser les fonctions, mais définissons d'abord ce qu'est
une fonction. Elle correspond à une action de l'objet d'étude ou de l'un de ses constituants
exprimés en termes de finalité. Elle s'exprime par un verbe à l'infinitif et des compléments.
Dans la méthode des milieux extérieurs, les compléments correspondent aux milieux
extérieurs.
Les différents milieux extérieurs conduisent donc à identifier de nombreuses fonctions.
Chaque association de l'objet d'étude, avec un ou deux milieux, donne une fonction possible
que le groupe retiendra ou non. Une fonction est retenue si l'on s'engage à rechercher des
solutions afférentes donc à y mettre les moyens financiers associés.
Phase 3/Etape 2 : Analyse des fonctions et des coûts/ Caractériser les fonctions
Nous allons aborder l'étape 2 de la phase 3, cette étape consiste à renseigner chaque
verbe avec trois attributs :
- D'abord, un critère qui constitue un moyen de mesure associé au verbe de la fonction
- Ensuite, un ou plusieurs niveaux qui correspondent à des grandeurs renseignant le
critère
- Enfin, la flexibilité, notée de 0 à 3, qui indique le côté impératif pour 0 à indicatif pour
3, du niveau associé au critère. La flexibilité 1 est relative à une attente forte et 2 moins forte
sur le niveau.
Par exemple, pour le critère "temps de mise en œuvre", on peut mettre le niveau : < 1
minute - flexibilité 0, le niveau : <30 secondes - flexibilité 1.
Cela veut dire que l'on souhaite vivement un temps de mise en œuvre de 30 secondes et
que l'on n'acceptera pas de temps supérieur à 1 minute.
Sur le meuble d'écoute pour la fonction F1, on note le critère "temps de changement
d'un casque" : moins de 10 secondes = flexibilité 0 (donc impératif) et inférieur à 5 secondes
avec la flexibilité 1, c'est-à-dire une forte attente sur cette valeur.
Le critère "capacité de rangement" donne un niveau 3 à 4 cassettes et livres et une
flexibilité de 3 car on attend des propositions. Pour l'instant, il n'y a pas de côté très impératif.
Une analyse fonctionnelle avec 8 ou 10 fonctions peut donner 50 à 100 critères et
niveaux associés avec leur flexibilité. On obtient alors le cœur du cahier des charges
fonctionnel.
Phase 3/Etape 3 : Analyse des fonctions et des coûts/ Ordonner les fonctions
Il s'agit d'ordonner les fonctions recensées par le groupe de travail, sur un axe
pourquoi/comment. Les fonctions du côté "pourquoi" sont considérées comme stratégiques et
porteuses de sens, celles du côté "comment" sont plus opérationnelles.
Cette étape se réalise avec le groupe de travail. Elle est pilotée par l'animateur qui doit
faire envisager plusieurs propositions d'arbres fonctionnels. Un arbre fonctionnel correspond à
un profil de produit.
Ordonner les fonctions appliquées au meuble d'écoute
Phase 3/Etape 4 : Analyse des fonctions et des coûts/ Hiérarchiser les fonctions
Cette étape consiste à donner un poids relatif aux différentes fonctions. L'objectif est de
déterminer l'importance de l'attente pour chaque fonction. On procédera à un vote pondéré en
comparant les fonctions deux à deux. L'animateur propose au groupe de comparer F1 et F4.
Le groupe choisit la fonction jugée la plus importante, puis il attribue un poids relatif valeur
de 1 à 3 : par exemple, F4 veut dire F4 plus important, avec un poids relatif de 2.
L'animateur conduira l'animation pour tous les cas de comparaison, en procédant de
façon aléatoire. S'il n'y a pas consensus sur une valeur, on peut réaliser un deuxième vote de
confirmation.
Le meuble proposé facilite le rangement certes, mais les enfants ne se voient pas, ne
peuvent pas communiquer, ni former un groupe actif. Le sens global est à revoir. L'analyse
détaillée des coûts par fonction, dont nous verrons la mécanique plus loin (phase 5), met en
relief un certain nombre d'écarts entre ce qui est souhaité et ce qui est réalisé sur le produit
actuel.
Pour le meuble d'écoute : nous avons utilisé des standards des métiers du bois avec
une détermination de volume de bois et un prix, qui comprend le façonnage et l'assemblage,
dans la mesure où il n'y a pas de pièces (quincaillerie) spécifiques.
Nous arrivons à un prix de 268,6 francs qu'il faudra multiplier par un coefficient (2,2 à
2,6), prenant en compte le transport, la mise au catalogue et la commercialisation.
Maintenant que la solution est définie et que des coûts sont disponibles, nous disposons
de moyens pour comparer les attentes sur les fonctions, les choix et réalisations sur le produit.
Cette étude s'effectue avec le TAF (Tableau d'Affectation des Coûts et des Fonctions).
- Le tableau est divisé en colonnes, correspondant aux différentes fonctions.
- Sur les lignes, nous aborderons des sous-ensembles techniques et leurs coûts. Un sous-
ensemble technique comprend plusieurs pièces et éléments d'assemblage. Un produit doit être
divisé en un nombre restreint (moins de 10 si possible) de sous-ensembles.
- Le remplissage du tableau s'effectue en trois temps avec les membres du groupe de
travail : on regarde si le sous-ensemble contribue ou non à chaque fonction et on évalue
l'importance de cette contribution.
* On transforme ces contributions en pourcentage de façon à avoir 100%.
* On note le prix équivalent au pourcentage en prenant en référence le coût estimé du
sous-ensemble.
- La somme des coûts par fonction donnera une évaluation du coût de réalisation de la
fonction sur le produit analysé.
Application du TAF au meuble d'écoute
Exemple simplifié avec trois fonctions et quatre sous-ensembles :
* Le choix des sous-ensembles est réalisé à partir de grandes fonctionnalités techniques
:
- Les éléments participant au transport
- Les emplacements pour le rangement (livres et magnétophone)
- Le cache et l'habillage qui donne l'esthétique générale
- Les supports de casque
* Le remplissage consiste à aborder les différents cas.
Phase 6 : Le bilan prévisionnel et proposition de choix
C'est une étape importante où l'animateur et les membres du groupe de travail
constituent un dossier argumenté à présenter au décideur, porteur du projet.
Les éléments avancés pourront concerner les éléments et motifs de sélection, en
particulier les choix concernant les critères, les différentes fonctions, mais surtout le double
histogramme qui met en vis-à-vis les choix sur les fonctions et le résultat sur le produit retenu.
Bilan prévisionnel appliqué au meuble d'écoute
Le double histogramme proposé est fictif (sur le produit réel, les écarts existent mais
sont moins importants que ceux proposés dans l'exemple).
Cependant, des écarts significatifs peuvent exister. Ils sont le fait de dérapages de
conception, qu'il sera nécessaire de réajuster avant une industrialisation ; ou ils peuvent
résulter d'une globalité satisfaisante qui, lorsqu'on fait une projection sur les fonctions, donne
des visions déformées qu'il est nécessaire de rediscuter.