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Dans cette étude, nous verrons que les principales confessions de foi, catéchismes et
autres standards doctrinaux historiques des chrétiens réformés d'Europe continentale
datant de la Réformation des XVIème-XVIIème siècles promeuvent la théonomie (c'est-à-
dire la doctrine biblique & protestante du Sola Scriptura appliquée en droit).
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1. LA CONFESSIO GALLICANA (1559)
[... Dieu] a établi des royaumes, républiques et toutes autres sortes de principautés
[… et] à cette cause a mis le glaive en la main des magistrats pour réprimer les
péchés commis, non seulement contre la Seconde Table, mais aussi contre la
Première. [...]1
Nous affirmons donc qu'il faut obéir à leurs lois et règlements, payer taxes, impôts
et autres charges, et consentir à cette obéissance d'une bonne et franche volonté –
1
Olivier Fatio et al., Confessions et catéchismes de la foi réformée, Éditions Labor & Fides, Genève
(Romandie), 1986, p. 127 sur 374.
quand même ils seraient infidèles [ex. : Cyrus le Grand en Antiquité] – pourvu que
la souveraineté absolue de Dieu demeure entière2.
Ainsi, nous réprouvons ceux qui voudraient rejeter toute hiérarchie [= anarchistes],
établir la communauté et le mélange des biens [= communistes] et renverser
l'ordre de la justice [= absolutistes].
Mais, à notre époque, ces articles, tels qu'ils ont été rédigés, prennent une
signification ambigüe en dépit des excellentes choses qu'ils contiennent. Les États
contemporains, en effet, situent volontiers la source du droit en eux-mêmes
[plutôt qu'en l'Éternel et sa révélation écrite], tendent de plus en plus vers le
totalitarisme et confisquent à leur profit monstrueux des libertés qu'ils ont
cependant vocation de défendre3.
2
Collectif, Confession de La Rochelle : Soyez toujours prêts, Éditions Kerygma, Aix-en-Provence (Bouches-
du-Rhône), 1998 (1988), p. 67 sur 79.
3
Pierre Courthial, Commentaire sur la Confession de foi de La Rochelle, Société des compagnons pour
l’Évangile, Paris, 1979, p. 127 sur 127 (oui).
4
Collectif, Confession de La Rochelle..., op. cit., p. 23.
Cela étant dit, la Confessio Gallicana ne se contente pas d’affirmer la normativité des deux
Tables du Décalogue en droit pénal. Selon l’article 5 de ce standard doctrinal, c’est toute
la Bible qui doit être prééminente, et cela dans l’ordre social en entier :
Cette Parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au
service de Dieu et à notre salut ; il n’est donc pas permis aux hommes, ni même
aux anges, d’y rien ajouter, retrancher ou changer. Il en découle que ni
l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les
jugements, ni les arrêts, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions,
ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Écriture Sainte, mais qu’au
contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d’après
elle5.
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2. LA CONFESSIO BELGICA (1561)
La Confession de foi belge ou Confession de foi des Pays-Bas (1561) fut rédigée par le
réformateur & martyr Guy de Brès (1522-1567) à Tournai (Hainaut). Elle exprime la foi
chrétienne des communautés réformées pédobaptistes presbytériennes wallonnes,
flamandes, néerlandaises et frisonnes. L'article 36 de la Confessio Belgica stipule :
Non seulement leur office [= des magistrats] est de prendre garde et veiller sur la
police, mais aussi de maintenir le sacré ministère, pour ôter et ruiner toute
idolâtrie et faux service de Dieu ; pour détruire le Royaume de l'Antéchrist
et avancer le Royaume de Jésus-Christ, faire prêcher la Parole de l'Évangile
partout, afin que Dieu soit honoré et servi de chacun, comme il le requiert par sa
Parole6.
5
Ibid., p. 78-79.
6
Philippe Lacombe et al., « La Confession belge – Confessio Belgica », Confessions de foi et catéchismes de la
Réforme, https://sites.google.com/view/cfcreforme/confession-belge, consulté le 5 mars 2020 (≠ Kerygma).
Voici une analyse de l’article 36 de la Confessio Belgica par le théologien réformé
néerlandais Willem Ouweneel :
Ce texte dit sans équivoque qu'il appartient à la mission donnée par Dieu au
gouvernement [civil] de promouvoir « le Royaume de Christ », et de faire
avancer « la prédication de la Parole de l'Évangile partout », afin que Dieu puisse
être honoré par tout un chacun. En outre, la version modifiée rédigée par le
Synode de l'Église chrétienne réformée [= Christelijke Gereformeerde Kerk (CGK),
aux Pays-Bas] en 1958 dit toujours que les autorités civiles accomplissent leur
mandat « afin que la Parole de Dieu puisse être diffusée librement, que le
Royaume de Jésus puisse progresser, et que chaque pouvoir anti-chrétien soit
résisté » [...]. Ceci inclut les puissances anti-chrétiennes qui dominent la plupart
des États-nations autour du globe. La Confession belge ne reconnaît aucun
domaine neutre à cet égard7.
7
Willem Ouweneel, The World Is Christ’s : A Critique of Two Kingdoms Theology, Ezra Press, Toronto
(Ontario), 2017, p. 16.
gouvernement [civil], après tout, n'est pas une entité « mondaine », mais un don
de « notre Dieu miséricordieux »8.
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3. LE CATÉCHISME DE HEIDELBERG (1563)
Le Catéchisme de Heidelberg (1563) fut rédigé par les théologiens & professeurs Caspar
Olevianus (1536-1587) et Zacharias Ursinus (1534-1583) sous la supervision et avec la
collaboration du Prince-Électeur Frédéric III le Pieux (1515-1576), Comte palatin du Rhin.
Ce standard doctrinal exprime la foi chrétienne des communautés réformées
pédobaptistes presbytériennes allemandes, néerlandaises et hongroises/transylvaines. Sa
question-réponse 50 énonce :
Réponse 50 : Pour marquer, que Jésus-Christ est monté au Ciel, afin que de là, il se
fit connaître pour le Chef de son Église chrétienne, par lequel le Père gouverne
toutes choses9.
Ces termes nient implicitement que Christ, le Logos Sarkos (le « Verbe incarné »),
est seulement Roi au-dessus d'un domaine spirituel, l'Église ; il est celui « par lequel
le Père gouverne toutes choses ». Le Catéchisme réfère ici à Matthieu 28:18 (où
Jésus, en tant qu'homme ressuscité, dit « tout pouvoir m’a été donné dans le Ciel
8
Clarence Bouwman, The Overflowing Riches of My God : Revisiting the Belgic Confession, Pro Ecclesia
Publishers, Nedlands (Australie-Occidentale), 2008, p. 207 sur 214.
9
Philippe Lacombe et al., « Le Catéchisme de Heidelberg », Confessions de foi et catéchismes de la Réforme,
https://sites.google.com/view/cfcreforme/confession-belge, consulté le 7 mars 2020 (≠ Kerygma).
et sur la Terre » [S21]) et Colossiens 1:18 (« il est la tête du corps qu’est l’Église ; il
est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le
premier » [S21]).
C'est le même individu ayant accompli la purification des péchés qui exerce
maintenant l'autorité suprême à la droite de Dieu (Hébreux 1:3-4). C'est l'homme
ressuscité « Jésus-Christ qui est monté au Ciel, a reçu la soumission des anges, des
autorités et des puissances et se trouve à la droite de Dieu » (1 Pierre 3:21-22 [S21]).
C'est simplement faux d'affirmer que l'homme glorifié Jésus-Christ est Roi au-
dessus d'un « Royaume de Dieu » dans le sens limité de l'Église visible, mais pas au-
dessus d'un domaine temporel. Éphésiens 1 rend très clairement cette distinction
fautive : Dieu « a tout mis sous ses pieds [de Christ] et il l’a donné pour chef
suprême à l’Église qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous »
(Éphésiens 1:22-23 [S21]). Celui qui est la tête du corps – l'Église – est la même
personne qui, en même temps, est la tête au-dessus de « toutes choses ». [...]
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4. LA CONFESSIO HELVETICA POSTERIOR (1566)
La Confessio Helvetica Posterior ou Confession helvétique postérieure (1566) fut rédigée par
le réformateur & prédicateur Heinrich Bullinger (1504-1575) à Zurich. Ce standard
doctrinal fut formellement adopté par les Églises réformées pédobaptistes presbytériennes
10
Willem Ouweneel, The World Is Christ’s..., op. cit., p. 15.
de Suisse, de Hongrie-Transylvanie et de Pologne-Lithuanie. De plus, il fut officiellement
approuvé par les Églises réformées correspondantes du Palatinat, de France et d’Écosse.
Dans son préambule, ce texte confessionnel reproduit et endosse l’Édit de Thessalonique
(380) de l'Empereur romain Théodose Ier le Grand (346-395), qui est éminemment
théonomique :
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5. LES CANONS DE DORDRECHT (1619)
Les Canons de Dordrecht (1619) furent adoptés par le Synode de Dordrecht (1618-1619), une
assemblée délibérante de théologiens ayant à la fois les caractéristiques et les attributs :
12
Ibid., p. 304-305.
d'Angleterre, ainsi que quelques observateurs (l'ambassadeur de la Principauté
d'Anhalt, le messager de la congrégation réformée néerlandaise de Londres, etc.).
L’un des principaux fruits du Synode de Dordrecht a été de mettre par écrit les
Canons (ou décisions) de Dordrecht, qui ont d’ailleurs été rédigés en néerlandais,
en français et en latin, puis traduits plus tard en plusieurs langues. Contrairement
aux confessions de foi du XVIème siècle qui ont été rédigées par des individus, ce
texte a été écrit par une assemblée ecclésiastique. En 1620, au Synode national
d’Alès, les Églises réformées de France ont reçu et approuvé ces Canons
comme étant conformes à la Parole de Dieu. Tous les pasteurs et anciens
devaient prononcer publiquement le « serment d’approbation » prévu à cet effet.
[...] Les Canons de Dordrecht sont ainsi structurés selon ces cinq points. Chacun de
ces cinq points est d’abord expliqué par une [première] série d’articles qui exposent
positivement la doctrine orthodoxe, puis par une deuxième série d’articles qui
réfutent et rejettent les erreurs arminiennes, cette deuxième série d’articles portant
le nom de « rejet des erreurs »13.
Voici une analyse de l’article 3:4:4 des Canons de Dordrecht par le théologien réformé
néerlandais Willem Ouweneel :
14
Collectif, Canons de Dordrecht : Le solide fondement, Éditions Kerygma, Aix-en-Provence (Bouches-du-
Rhône), 1998 (1988), 104 p.
15
Willem Ouweneel, The World Is Christ’s..., op. cit., p. 17-18.