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IV
Doriel Dienveh
Ragoteuse
Rumeurs ?
Quelles rumeurs ?
Tout ce que vous trouverez ci-après est vrai ! Garanti d’origine !!
Ultra-indéniable !!! Super vérifié !!!!
C’est d’ailleurs pour cela que ce guide est plutôt réservé au meneur
de jeu, celui qui croit qu’ailleurs on lui a tout dit.
Ces textes ont pour but de lui offrir quelques compléments au livre
de base, sous forme de légendes lues dans d’antiques parchemins, de
dialogues murmurés dans des taberges discrètes, de monologues cla-
més haut et fort par des inconscients.
Tous sont des sources de scénarios potentiels, des pistes d’intrigues
pour un MJ retors qui voudrait égarer ses joueurs. À lui donc de dé-
cider la part de vérité ou de mensonge qu’ils recèlent.
Mais attention à ne pas vous laisser embobiner ! Moi qui ai eu accès
au Coffre primordial qui protège les textes fondateurs, je peux vous
dire que le véritable but de ce guide est de préparer la conquête du
monde par les Hommes en noir ! Oui ! Ceux-là mêmes qui se cachent
sous le masque du Roi-Dieu.
Je vous aurai prévenu.
Rumeurs de taberge
Murs aveugles
« Mon ami Tororo le félys, qui passe ses nuits à courir sur les toits,
connaît des maisons si enclavées par les bâtiments qui les entourent
qu’on ne peut y accéder que par le haut.
— Tu veux dire que leur porte est sur le toit ?
— Oui madame !
— Et pour aller dans l’arrière-cour, il faut descendre dans le
Cloaque en passant par la trappe au fond de la cave, c’est ça ? »
Cloulson l’Onirique et Zoldane la Fabuleuse
« Dans certains coins de la ville, les immeubles sont tellement ser-
rés qu’il y a des quartiers entiers sans aucun accès à l’extérieur.
— Alors leurs habitants ne savent pas qu’on a changé de Roi-Dieu ?
— Sans doute que non.
— Ça va leur faire un choc quand Nin va faire raser tout ça pour
créer des charrières… »
Brève de taberge
« Méfie-toi…
… pénitent impécunieux qui arrive là, épuisé, pour fouler le sol de
la Ville sainte ! Si tu es sans le sou, cette ville est une sangsue qui te
pompera la moelle et les bourses. Ici, dans ce camp, on t’offre le gîte
et le couvert. Tu le crois ? Foutaises ! Mange ton pain blanc ! Bientôt,
sitôt passé la Porte, tu devras payer, payer et payer encore ! Et si tu
ne peux pas, on te confiera des travaux d’utilité publique : nettoyage
des temples, ramassage des ordures, vidage des poissons… Je le sais :
ce service obligatoire s’appelle “le saint-sueur”. »
Longue tirade déclamée par Agna V. en haut de la falaise de Vorn, devant
la première tente d’accueil du camp de la Longue Patience. On notera
qu’Agna n’a pu lancer cette imprécation qu’une seule fois.
Rumeurs en ville
L’atelier-boutique du souffleur de verre gnome Afled Nocht
« Il est fermé depuis au moins trois jours. J’ai vu son apprenti dé-
pêcher un apothicaire tôt hier matin. Il avait l’air préoccupé, il ne m’a
même pas acheté une oublie… »
Passifal, vendeur d’oublies
« Le verre de Nocht est réputé pour ses reflets verdâtres qu’on dit
hypnotiques. Afled ne fabrique que des carafes. Et nombreux sont les
gars de la Haute qui lui en achètent ! »
Thanord, voisin d’Afled
« Un fouineur est venu m’interroger ce matin. L’apprenti d’Afled
est mort chez lui. Du sable dans les mains. »
Isabelle de la taberge du Beau Drap
« Pour sûr qu’il avait un secret ! Nocht utilisait du sable d’Iphania. Même
qu’une rivière du Poisson d’argent venait inspecter chaque livraison… »
Renodre, souffleur de verre
Mille-feuilles
À Laelith, de nombreuses générations se sont succédé mais elles
ont laissé peu de vestiges architecturaux. Bien sûr, il y a quelques bâ-
timents très anciens mais, par manque de place, on construit presque
toujours sur l’ancien, par couches successives. Les maisons en en-
corbellement sont d’ailleurs un bel exemple de gain de place : on
rallonge le plancher du premier étage, celui-ci déborde sur la rue et
voilà quelques mètres carrés de gagnés.
À ce propos, on dit que le plancher en débord du Pensionnat des
oisillonnes laisserait échapper de temps en temps quelques antiques
pièces d’or. Cela explique peut-être les nombreux indigents qui
vivent dessous, les yeux au plafond. À moins que ce ne soit pour en-
trapercevoir entre les lattes ce que cachent les jupes des filles.
Dénuement et souffrance
Si les jardins du Dénuement ont si mauvaise réputation, ce serait
parce qu’ils auraient servi de mouroir lors de la grande épidémie de
187-189 A.R.D. Les malades, les mourants et même d’autres, encore
valides, y étaient conduits, enfermés et gardés de l’intérieur par des
condamnés de droit commun. Pour les nourrir, des guichets avaient
été aménagés dans une haute palissade construite en urgence. Le
taux de mortalité atteignit les 78 % avant que le mal ne s’éteigne.
Les quelques garde-malades/garde-chiourme qui survécurent
furent graciés. Les autres, les plus nombreux, rejoignirent la cohorte
des séquestrés, morts dans d’horribles douleurs. On dit que depuis,
prisonniers comme geôliers hantent toujours les lieux.
Rumeurs de la Prospérité
Disparitions x 3
La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans la
terrasse de la Prospérité : les trois Joliettes auraient disparu. On les
avait trouvées dix-neuf ans auparavant dans un panier en osier dé-
posé sur les marches de la chapelle du Convent céleste, des triplées
âgées de quelques jours. Élevées dans l’orphelinat du même nom,
elles avaient impressionné le quartier par leurs manières agréables.
Devenues grandes, les Joliettes avaient été recrutées par l’Acadé-
mie du bel art, où elles venaient d’achever leurs études. Elles de-
vaient jouer au Grand Théâtre dans la dernière pièce du professeur
Harex, dont le titre est toujours tenu secret. Les Joliettes auraient
été aperçues pour la dernière fois il y a trois nuits, dans l’échelle du
Marionnettiste…
Concurrence déloyale
« Depuis deux mois, semaine après semaine, un riche négociant
de la plaine des Oliviers rachète une à une les maisons qui bordent
l’échelle Pamphile, près de celle du Quatre Faces. D’abord toutes
celles du côté nord (douze), maintenant celles du côté sud (déjà quatre
sur seize). Il veut y installer un souk pour y vendre exclusivement les
produits des Plaines. Ben voyons ! C’est mieux qu’une ambassade !
Ça favorise le commerce, ça rapporte de l’argent et ça fait connaître
son pays.
Je me demande quel accord il a passé avec le baron Marigold, pro-
priétaire des lieux. En tout cas, c’est un bon moyen pour intoxiquer
les braves gens avec de la nourriture qui n’est pas de chez nous. Je dis
ça, je dis rien. »
Euphrosine, commerçante
Rumeurs du Nuage
Vrai savoir ou complot extraplanaire ?
L’hospice du Vrai Savoir est connu pour dispenser des soins psy-
chiatriques aux malades désargentés ou aux notables anonymes.
Depuis le début du règne de Teaphanerys IV, cette vénérable insti-
tution est suspectée de « reconditionner » les dissidents politiques
avec des traitements illégaux. Mais une rumeur centenaire faisant
de Sigis d’Estienne un être venu d’ailleurs a mené à une folle théo-
rie du complot « extraplanaire ». Parmi les érudits, et même certains
ecclésiastiques, il n’est pas rare d’en trouver qui prétendent que le
rétablissement mental des patients est temporaire, que le Vrai Savoir
manipule leurs esprits et qu’un jour, tous s’éveilleront pour prendre
Laelith. Car plusieurs anciens patients occupent des postes clés…
Temple en herbe
L’ordre monastique de Qirta la Très Élevée a entamé depuis dix ans
la construction dans les Jardins supérieurs d’un petit temple de l’air
qui lui est dédié. La construction en est lente, faute de moyens, au
point qu’en raison de ses murs toujours manquants, le petit édifice
est surnommé « Notre-Dame-des-courants-d’air ». Le chantier est
aussi freiné par les fréquentes altercations qui opposent l’abbé Eudes
Décimes à Sirgonia, jardinière en chef de la surintendance locale.
Mais on dit au temple du Nuage que les choses évoluent : les uns
claironnent que l’ordre aurait déniché un trésor en creusant les fon-
dations du transept, les autres murmurent que Sirgonia participe-
rait à un cours de magie opérative intitulé « Dominer la main de
l’Homme par les racines de la Nature ».
Rumeurs du Châtiment
Des lendemains qui chantent
« Mais que vont-ils faire de nous quand ils auront tout rebâti ?
– Un type que je connais a entendu parler les géomètres quand ils
exploraient le quartier. Ils vont nous faire passer des tests : ils ont
peur que le Châtiment soit entré dans nos têtes, un truc comme ça.
Alors ils vont voir si on est récupérable.
– Les prêtres du Crâne sont sûrement dans le coup, toujours les
doigts dans la tête des gens…
– Ils font un bâtiment spécial, une sorte de prison ou d’hôpital à la
frontière de la terrasse, je l’ai vu.
– Ils vont nous enfermer là-dedans et nous passer à la moulinette
de tests plus tordus les uns que les autres.
– Oui mais ceux qui réussiront, peut-être qu’ils leur donneront un
beau logement.
– Mais quel sera leur quota, et que feront-ils des milliers de
recalés ? »
Les Frappés
Si vous êtes chanceux – mais est-on chanceux quand on entre en
Châtiment ? – et que vous trouvez la place des Mille Parfums, vous
verrez passer chaque jour à l’heure de la converse, la procession des
Frappés. Ces douze moinillons traverseront la place tête nue et à pas
lents, en psalmodiant des prières d’un autre âge. Et tous les douze
pas, vous les verrez se frapper le front d’un grand coup de leur lourd
missel. C’est de cette antique tradition, abandonnée partout ailleurs,
que viendrait le nom du livre sacré du Temple du Crâne : le Frontal
Codex. C’est aussi peut-être à cause d’elle que certains prêtres du
Crâne ayant transité par cette terrasse ont cette tenace réputation
d’être « dérangés du ciboulot ».
Coup de pub
Il se murmure que Kahami Murat, le nouvel artiste en résidence
à l’hôtel de Guerlas, terminerait en secret un groupe sculpté à taille
réelle d’un incroyable réalisme. Il représenterait en une majes-
tueuse allégorie Fonvieille IV l’Immortel imposant les mains à une
lépreuse et à un scrofuleux, aux portes du Lazaret, un jour de sa-
ghiann. L’œuvre sera exposée dans dix jours au cœur des jardins
du palais du Roi-Dieu. La Garde pourpre se prépare à une journée
difficile : l’artiste, adepte de Shindetezör, affirme que les trente pre-
miers Laelithiens à toucher la robe d’albâtre du Quatre Fois Saint
seront immédiatement guéris de toutes leurs affections physiques et
mentales.
Rumeurs du Cloaque
L’hôtel de Biais
On murmure parfois le nom de l’étrange hôtel de Biais. Nul ne sait
où Il se trouve, mais quand vous avez besoin de quelque chose de
rare, précieux et moralement difficile à trouver, Il vous trouve tou-
jours. Maître Marteau apparaît et vous propose de vous y emmener,
en passant par les angles de la pièce dans laquelle vous vous trouvez.
Là, l’objet de votre désir (qu’il s’agisse d’une vengeance, d’un compo-
sant magique impossible à trouver ou d’un vœu irréalisable) est mis
aux enchères et vous êtes invité à y participer. Mais le prix…, à ce que
l’on dit, c’est en années de vie que vous le payez. Et plus ce que vous
recherchez est rare, plus le nombre d’années que l’on vous prend est
élevé.
Sculptures en sous-sol
À peu de distance de la surface (quelques dizaines de mètres quand
on connaît le chemin) se trouverait la Grotte du mouflon et de l’ours.
Ce lieu unique est, paraît-il, protégé par les Dieux de la surface car
nul être malfaisant n’y pénètre. Si vous y accédiez sans incident mor-
tel sur le parcours, vous y trouveriez les deux sculptures qui ont don-
né leur nom au site. Étonnamment, l’ours ne fait guère plus de cin-
quante centimètres de haut quand les cornes du mouflon culminent
à presque cinq mètres.
C’est quelque part, tout près de là, que Daïve le bâtisseur aurait créé
une réplique sculptée de quelques bâtiments de la rue des Abattoirs…
et d’autres non identifiés. Dans quel but ? Moi, je ne le sais pas.