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DEA Mécanique-Matériaux-Structures-Procédés
CONCEPTS FONDAMENTAUX
DE LA
MECANIQUE DE LA RUPTURE
A. ZEGHLOUL
Chapitre I
INTRODUCTION
La rupture est un problème auquel l’homme aura à faire face aussi longtemps qu’il construira
des édifices ou fabriquera des structures. Ce problème est actuellement plus crucial avec le
développement de structures complexes lié au progrès technologique. Les avancées dans la
connaissance de la mécanique de la rupture permettent aujourd’hui et plus précisément depuis
le milieu du 20e siècle, de mieux prévenir le risque de rupture.
Cependant, beaucoup de mécanismes de rupture sont encore mal connus notamment lorsqu’on
utilise de nouveaux matériaux ou de nouveaux procédés. Le coût des ruptures catastrophiques
représente, d’après une étude économique du début des années 80, près de 4% du PNB dans
les pays industriels développés. On pourrait réduire ce coût d’environ 30% si on appliquait
correctement les concepts connus de la mécanique de la rupture et de 25% supplémentaires
par le développement des recherches dans le domaine de la rupture.
Dans le premier cas, le risque de rupture peut être évité dès lors que la structure est bien
dimensionnée avec un choix de matériaux adaptés et que les chargements sont correctement
évalués.
Dans le deuxième cas, la prévention de la rupture est plus délicate. Lorsqu’on utilise un
nouveau matériau ou un nouveau procédé, il y a souvent un certain nombre de facteurs que le
concepteur ne maîtrise pas toujours car la mise en œuvre de nouvelles techniques, bien
qu’elle procure des avantages, conduit inévitablement à des problèmes potentiels.
Un exemple bien connu du deuxième cas est la rupture de ce qu’on appelait les bateaux de la
liberté pendant la deuxième guerre mondiale. Ces bateaux, dont la coque était assemblée par
soudage et non par rivetage, coûtaient moins chers et étaient fabriqués plus rapidement. Ce
changement de procédé de fabrication qui constituait un progrès indéniable, conduisait
cependant à des ruptures catastrophiques qui se développaient dans les joints de soudure.
Aujourd’hui, la plupart des bateaux sont assemblés par soudage mais le progrès des
connaissances et l’utilisation des doubles coques en aciers plus adaptés permettent de mieux
maîtriser ce risque de rupture.
L’utilisation des matériaux polymères constitue dans certaines applications, un avantage par
rapport à d’autres matériaux, mais peut conduire aussi au deuxième cas de rupture. Ainsi par
exemple, les conduites en polyéthylène utilisées pour le transport du gaz naturel, facilitent les
opérations de maintenance car l’intervention sur ces conduites se fait sur une faible longueur ;
on pince le tuyau de part et d’autre de la zone d’intervention ce qui provoque localement
l’arrêt de l’écoulement du gaz, sans qu’il soit nécessaire d’arrêter tout le système. Cependant
ce nouveau procédé qui réduit incontestablement le coût de la maintenance, provoqua une
rupture du type 2 indiqué précédemment. Des fuites de gaz qui ont conduit parfois à des
endommagements importants apparaissaient régulièrement sur ces conduites. L’examen des
zones de fuite a montré que des fissures se développaient dans la partie pincée de la conduite ;
ces fissures initialement à l’intérieur de la paroi se propageaient sous l’effet de la pression du
1
gaz pour ensuite traverser la paroi et conduire à des fuites de gaz. Ces accidents ne
remettaient pas en cause le nouveau procédé de pinçage des conduites de polyéthylène mais
l’utilisation de nouvelles nuances de polyéthylène avec notamment une plus faible densité
réduisît ce risque de rupture qui était par ailleurs maîtrisé.
Certaines ruptures catastrophiques récentes sont à la fois de type 1 et 2. Ainsi par exemple
l’accident survenu sur la navette spatiale Challenger qui explosa en 1986 avec des passagers à
bord parce qu'un joint de bague dans un des propulseurs n'a pas bien répondu à la baisse de
température avec l’altitude. La navette utilise des technologies nouvelles ce qui peut conduire
à des défaillances de type 2 ; cependant avant la catastrophe, certains ingénieurs voulaient
retarder le lancement de la navette car ils suspectaient un problème potentiel dans les joints de
bague avec risque de rupture (type 1 donc dans ce cas).
Durant les dernières décennies, le développement de la mécanique de la rupture a
incontestablement conduit à une meilleure fiabilité des structures ; il est difficile d’estimer ce
que celà représente en termes de coût et surtout de vies humaines sauvées. Lorsque les
concepts de la mécanique de la rupture sont correctement appliqués, le type 1 de rupture peut
être évité et la fréquence des ruptures de type 2 peut aussi être réduite.
Eviter la rupture n’est pas en soi une idée nouvelle. Les concepteurs des structures de
l’Egypte des pharaons (pyramides) ou ceux de l’empire romain nous ont laissé des édifices
que l’on peut encore contempler ce qui prouve bien qu’ils avaient le souci d’éviter la ruine
des structures. Les matériaux utilisés avant la révolution industrielle étaient cependant limités
pour l’essentiel au bois de construction, à la pierre ou à la brique et au mortier. La brique et le
mortier sont relativement fragiles lorsqu’on les utilise en traction ; les structures anciennes
qui ont résisté au temps, étaient chargées en compression (pyramides, ponts romains…) et de
façon générale toutes les structures de l’époque qui précède la révolution industrielle étaient
conçues pour des chargements en compression. Il a fallu attendre la révolution industrielle au
début du 19e siècle, avec l’utilisation de l’acier dont les propriétés mécaniques permettaient
de concevoir des structures pouvant résister à des charges de traction. La comparaison des
anciens ponts romains avec les ponts modernes de structure métallique montre bien que les
premiers étaient chargés en compression alors que les seconds le sont plutôt en traction.
L’utilisation de nouveaux matériaux ductiles (acier et autres alliages métalliques) pour des
chargements en traction conduisit cependant à quelques problèmes ; des ruptures se
produisaient parfois pour des niveaux de charges bien inférieurs à la limite d’élasticité ; on a
dans un premier temps essayé d’éviter ces risques de ruptures en surdimensionnant les
structures, mais la nécessité d’alléger de plus en plus les structures et de réduire les coûts
conduisit au développement des recherches sur la mécanique de la rupture.
Les premiers essais de rupture ont été menés par Léonard de Vinci bien avant la révolution
industrielle, qui a montré que la résistance à la traction de fils de fer variaient inversement
avec leur longueur. Ces résultats suggéraient que les défauts contenus dans le matériau
contrôlaient sa résistance ; plus le volume est important (fil de fer long) plus la probabilité de
présence de fissure par exemple est importante.
Cette interprétation qualitative fût précisée plus tard en 1920 par Griffith qui établit une
relation directe entre la taille du défaut et la contrainte de rupture. S’appuyant sur les travaux
de Inglis, Griffith appliqua l’analyse des contraintes autour d’un trou elliptique à la
propagation instable d’une fissure ; il formule ainsi à partir du premier principe de la
thermodynamique, une théorie de la rupture. Selon cette théorie, un défaut devient instable et
conduit à la rupture lorsque la variation d’énergie liée à une propagation du défaut atteint
2
l’énergie spécifique du matériau. Cette théorie prédit correctement la relation entre la
contrainte de rupture et la taille du défaut dans les matériaux fragiles. Dans les matériaux
ductiles et notamment les alliages métalliques, l’avancée d’un défaut s’accompagne d’une
importante dissipation d’énergie due à la plastification qui se développe à l’extrémité d’une
fissure et la théorie de Griffith qui ne considère que l’énergie de création de surface ne peut
en rendre compte. Il a fallu attendre les travaux d’Irwin en 1948 qui proposa une modification
de la théorie de Griffith en incluant justement dans le bilan énergétique, l’énergie due à la
plastification, pour que l’approche de Griffith soit applicable aux matériaux ductiles.
La mécanique de la rupture passa du stade de curiosité scientifique à celui d’une discipline
scientifique largement utilisée dans l’ingénierie de la construction, après ce qui arriva aux
bateaux de la liberté lors de la deuxième guerre mondiale. Le principe de conception de ces
bateaux avec une coque entièrement soudée constituait un grand succès jusqu’au jour où un
de ces navires se fissura en deux parties entre la Sibérie et l’Alaska dans une mer très froide.
Une dizaine d’autres navires sur les 2700 en service, subira ensuite le même sort. Les
analyses des causes de rupture montraient que celles-ci étaient dues à la combinaison de trois
paramètres :
Dès l’instant où la cause des ruptures étaient clairement identifiée, des plaques en acier de
meilleure ténacité furent rivetées près des zones de forte concentration des contraintes pour
arrêter la propagation des fissures. On développa ensuite des aciers de forte ténacité et on
améliora le procédé de soudage ; c’est dans ces années après guerre qu’un groupe de
chercheurs dirigé par Irwin étudia en détail le problème de la rupture au laboratoire national
de recherche de la marine américaine.
Irwin considéra que les outils fondamentaux pour étudier la rupture existaient et proposa en
1948, une extension de l’approche de Griffith aux matériaux ductiles en y incluant le terme de
dissipation d’énergie due à l’écoulement plastique près des extrémités d’une fissure. Il
développa ensuite en 1956 le concept de taux de restitution d’énergie à partir toujours de la
théorie de Griffith mais sous une forme facilement exploitable par les concepteurs de
structures. En 1957, s’appuyant sur les travaux de Westergaard qui analysa les champs de
déplacements et de contraintes élastiques près de l’extrémité d’une fissure sous chargement
donné, Irwin montra que les déplacements et les contraintes au voisinage de l’extrémité d’une
fissure peuvent être décrits à l’aide d’un paramètre unique qui était relié au taux de restitution
d’énergie ; ce paramètre issu de la mécanique linéaire de la rupture, est le facteur d’intensité
des contraintes (FIC).
Les nouveaux concepts de la mécanique de la rupture furent ensuite utilisés pour montrer que
la plupart des ruptures dans les fuselages d’avions étaient dues à des fissures de fatigue qui
atteignaient une taille critique. Ces fissures prenaient naissance près des hublots dans les
coins qui constituent des zones de forte concentration des contraintes. Les ruptures qui se
produisaient dans les essieux d’engins roulants ou encore dans les rotors des turbines à vapeur
furent aussi expliquées grâce à l’application de ces nouveaux concepts. Le concept de FIC fut
également utilisé par Paris pour décrire la propagation des fissures de fatigue et
progressivement les courbes de propagation des fissures de fatigue proposées par ces auteurs
3
remplacèrent les courbes d’endurance pour une meilleure prédiction des durées de vie des
structures.
La période entre 1960 et 1980 vit une intensification des recherches sur la rupture avec deux
écoles qui s’affrontaient. D’une part les tenants de l’approche utilisant la mécanique linéaire
de la rupture et ceux qui s’intéressaient essentiellement à la plastification qui se développe à
l’extrémité d’une fissure. La mécanique linéaire de la rupture cesse d’être valable lorsqu’une
plastification importante précède la rupture . Pour tenir compte de l’effet de cette
plastification sur les champs de contraintes et de déplacements à l’extrémité d’une fissure,
plusieurs auteurs (Irwin, Dugdale et Barenblatt …) proposèrent ce qu’on appelle une
correction de zone plastique ; la taille de la fissure est alors augmentée de cette zone plastique
pour retrouver les champs de contraintes élastiques décrits par le FIC.
Wells, un des représentants de la deuxième école, proposa en 1961 le déplacement à fond de
fissure - ou CTOD « Crack Tip Opening Displacement » - comme paramètre alternatif à la
mécanique linéaire de la rupture ou plus précisément au concept de FIC, lorsque la
plastification devient importante comme c’est le cas dans les matériaux très ductiles. Plus
tard, Hutchinson, Rice et Rosengren (HRR) développèrent un nouveau paramètre appelé
intégrale J pour mieux décrire la répartition des contraintes dans les zones plastifiées (champ
HRR). Begley et Landes caractérisèrent la ténacité à l’aide du paramètre J et développèrent
une procédure standard pour l’utilisation de cette intégrale dans des cas pratiques. Shih et
Hutchinson proposèrent également une méthodologie pour utiliser l’intégrale J non seulement
pour décrire la ténacité mais aussi pour la relier à la taille du défaut et au champ des
contraintes appliquées. Shih établit par la suite la relation existant entre l’intégrale J et le
CTOD.
Les récents développements de la mécanique de la rupture montrent que si les recherches se
sont cristallisées sur l’effet de la plastification dans la période entre 1960 et 1980, on
s’intéresse actuellement plus aux comportements viscoplastique et/ou viscoélastique. Les
premiers se rencontrent à température élevée lorsque les phénomènes de fluage deviennent
importants alors que les seconds caractérisent les matériaux polymères de plus en plus utilisés
dans l’industrie. L’apparition des nouveaux matériaux composites nécessita également
l’utilisation des concepts de la mécanique linéaire de la rupture pour décrire leur
comportement.
Plus récemment encore, de nouvelles approches tentent de relier le comportement local à
l’échelle microscopique au comportement global lors de la rupture d’un matériau. Ces
approches micro-macro deviennent parfois nécessaires lorsqu’on atteint les limites
d’utilisation des autres approches plus classiques.
Le schéma figure I.1a compare l’approche classique pour le dimensionnement des structures
basée sur la limite d’élasticité du matériau σE à l’approche utilisant le concept de ténacité KC
issu de la mécanique linéaire de la rupture (MLR).
Dans le premier cas, on dimensionne les structures pour que les contraintes appliquées σ
restent inférieures à la limité d’élasticité (σ< σE). On utilise en général un coefficient de
sécurité pour prévenir tout risque de rupture fragile (σ< ασE avec α<1). Cette approche est à
deux variables σ et σE ; elle fait abstraction de l’existence d’éventuels défauts sous forme de
microfissures par exemple.
L’approche basée sur la mécanique linéaire de la rupture est à trois variables : la contrainte
appliquée, la ténacité KC qui remplace la limité d’élasticité et une variable additionnelle qui
est la taille du défaut. Il y a cependant deux approches alternatives de la mécanique de la
4
rupture : l’une utilisant le concept d’intensité des contraintes critique (ténacité du matériau) et
l’autre un critère d’énergie. Ces deux approches sont équivalentes dans certaines conditions.
On va les présenter brièvement avant de préciser les hypothèses qui les sous tendent et de
rentrer dans les détails des calculs qu’elles mettent en œuvre.
Contrainte Limite
appliquée d’élasticité
a)
Contrainte
appliquée
Taille du Ténacité
défaut
b)
Figure I.1 : Comparaison de l’approche classique (a) et de l’approche utilisant la MLR (b)
L’approche énergétique est basée sur le postulat suivant : l’extension d’une fissure qui
conduit à la rupture se produit lorsque l’énergie fournie est suffisante pour vaincre la
résistance du matériau : cette résistance se compose de l’énergie de création de surface, de
l’énergie de plastification de l’extrémité de la fissure, et éventuellement d’autres types
d’énergies dissipatives associées à la propagation d’une fissure.
Griffith fut le premier à proposer un critère d’énergie pour la rupture des matériaux fragiles,
qui fut ensuite étendu aux matériaux ductiles par d’autres auteurs : Irwin et Orowan.
L’énergie de Griffith notée G (qu’on appelle aussi taux de restitution d’énergie) est définie
par la variation d’énergie par unité de surface fissurée, associée à la propagation d’une fissure
dans un matériau linéaire élastique. La rupture se produit lorsque G atteint une valeur critique
GC ; GC est une mesure de la ténacité du matériau.
Pour une fissure de longueur 2a (figure I.2) dans une plaque de dimensions infinies (ce qui
équivaut à dire que la longueur de fissure est très petite par rapport aux dimensions de la
plaque dans la plan de chargement), constituée d’un matériau de module d’Young E et
soumise à une contrainte de traction σ ∞ , l’énergie de Griffith G par unité de surface fissurée
est donnée par :
G=
c h
π σ∞ a
2
Ι.1
E
5
Si on continue à augmenter la contrainte appliquée σ ∞ , la rupture se produira lorsque
l’énergie G atteint sa valeur critique pour une contrainte appliquée σ R . On a alors d’après la
relation précédente :
πσ 2R a
GC = Ι.2
E
On peut noter qu’à valeur de GC fixée, la contrainte à rupture σ R varie avec a −1/ 2 ; de même
à GC et σ ∞ fixées, la longueur critique de défaut aC est donnée par :
EGC
aC = Ι.3
c h
π σ∞
2
σ∞
2a
La figure I.3 illustre bien la différence entre l’approche classique qui fait abstraction de
l’existence d’une fissure (le critère de rupture est σ ∞ = σ E ) et l’approche par la MLR qui
prend en compte la présence de la fissure ( σ ∞ proportionnelle à 1 a ). La zone de non
rupture située sous les deux courbes représentant les approches précédentes, montre que de
part et d’autre de la longueur de défaut a0, on utilisera l’une ou l’autre des approches.
L’énergie de Griffith G est la force motrice dans un matériau dont la résistance à la rupture est
donnée par GC. Par analogie avec l’approche basée sur la limite d’élasticité où c’est la
contrainte qui joue le rôle de force motrice dans un matériau dont la résistance à la
déformation plastique est donnée par la limite d’élasticité σE.
Cette analogie est utilisée aussi pour illustrer le concept de similitude. La limite d’élasticité
d’un matériau mesurée à partir d’essais sur des éprouvettes de laboratoire est indépendante de
la taille des éprouvettes et peut donc être utilisée pour des structures de tailles différentes dès
lors que le matériau est raisonnablement homogène. Ce principe de similitude est une des
hypothèses fondamentales de la mécanique de la rupture : la ténacité d’un matériau (mesurée
6
par GC) est indépendante de la taille et de la géométrie de la structure fissurée. Cette
hypothèse de similitude reste valable tant que le comportement du matériau demeure linéaire
élastique.
Contrainte 1
à rupture σ ∞α
a
σ∞ =σE
La figure I.4 représente schématiquement les contraintes sur un élément centré sur un point M
repéré par les coordonnées polaires r,θ par rapport à une extrémité d’une fissure sollicitée en
mode d’ouverture ou mode I.
y σ yy
τ xy
σ xx
r
θ x
Ces contraintes s’expriment à partir d’un paramètre noté KI et appelé facteur d’intensité des
contraintes (FIC) en mode I, par les relations I.4 (annexe A) :
7
σ xx =
KI FG 1 − sin θ sin 3θ IJ
θ
2H 2K
cos
2πr 2
θF θ 3θ I
cos G 1 + sin sin J
K
σ yy =
2H 2K
I
Ι.4
2πr 2
KI θ θ 3θ
τ xy = cos sin cos
2πr 2 2 2
KI
σ ij = f ij (θ ) Ι.5
2πr
Des formules donnant le FIC KI pour différentes configurations de chargement existent dans
les manuels spécialisés. L’expression du FIC KI dans le cas de la figure I.2 est :
K I = σ ∞ πa Ι.6
K I2 2
K IC
G= et GC = Ι.7
E E
Dans l’approche basée sur le concept de FIC de la MLR, la rupture se produit lorsque le FIC
KI atteint la valeur critique KIC qui correspond à la ténacité du matériau. Dans cette approche,
le KI est la force motrice dans un matériau dont la résistance à la rupture est caractérisée par la
ténacité KIC. Le principe de similitude est supposé vérifié comme dans le cas de l’approche
énergétique. Les deux approches sont équivalentes (relations I.7) pour un matériau dont le
comportement est linéaire élastique.
La MLR permet le calcul de la durée de vie d’une structure soumise à des sollicitations
cycliques (phénomène de fatigue) ou sujettes à des effets de corrosion sous tension. La vitesse
de propagation des fissures est alors caractérisée par un paramètre tel que le FIC, et la taille
critique de défaut à ne pas dépasser est directement liée à la ténacité du matériau. Dans le cas
par exemple de la fissuration par fatigue des alliages métalliques, la propagation de fissure
da/dN est généralement représentée par la relation empirique de Paris :
da
dN
= C ∆K b g m
Ι.8
8
Les structures contiennent la plupart du temps des défauts de type fissure ; ces défauts,
souvent inhérents aux procédés même de fabrication des composants, étant inévitables, on
dimensionne les structures en tenant compte de leur présence et en veillant à ce qu’ils
n’atteignent pas la taille critique qui conduit à la rupture brutale : c’est le concept de tolérance
au dommage. La MLR fournit les outils nécessaires pour déterminer la taille critique du
défaut (relation I.3) et suivre sa propagation (relation I.8).
Considérons un défaut (une fissure de fatigue ou de corrosion sous tension) qui se développe
dans une structure et dont l’évolution de la taille en fonction du temps est représentée
schématiquement sur la figure I.5. Cette figure illustre bien le concept de tolérance au
dommage.
La longueur de fissure initiale a0 correspond généralement à la limite de détection des moyens
de contrôle non destructif, et la longueur critique est déterminée à partir du chargement
appliqué et de la ténacité du matériau. On prend un coefficient de sécurité de telle sorte que la
longueur admissible du défaut reste inférieure à la longueur critique ; la durée de vie de la
structure est alors déterminée en calculant le temps nécessaire pour que la longueur de défaut
passe de a0 à la longueur admissible.
Taille du
défaut Rupture
brutale
Durée de vie en
Longueur service
admissible
a0
Temps
9
- La mécanique dynamique de la rupture (MDR), linéaire ou non linéaire, pour les métaux
sollicités à grandes vitesses de déformation ; le comportement peut être aussi
viscoplastique dans ces conditions.
- La mécanique viscoélastique de la rupture (MVER) pour essentiellement les polymères
sollicités à des températures au dessous de la température de transition vitreuse.
- La mécanique viscoplastique de la rupture (MVPR) pour les polymères au dessus de la
température de transition, pour les métaux et les céramiques sollicités à haute température.
Considérons une plaque fissurée qui est chargée jusqu’à rupture. La figure I.6 est une
représentation schématique de la variation de la contrainte à rupture en fonction de la ténacité
des matériaux.
Pour les matériaux à faible ténacité où la contrainte à rupture varie linéairement avec le KIC
(relation I.6), la rupture fragile est le principal mécanisme qui gouverne la ruine de la
structure ; la MLR décrit raisonnablement bien ce genre de comportement. Pour des
matériaux à très haute ténacité, la MLR n’est plus valable et ce sont les propriétés
d’écoulement du matériau qui gouvernent le mécanisme de rupture ; on utilise alors une
simple analyse de chargement limite pour dimensionner les structures. Les matériaux à
ténacité intermédiaire constituent une transition entre les deux domaines précédents ; la
MNLR est généralement appliquée pour décrire le comportement dans ce domaine.
Contrainte
σ∞
à rupture
Analyse de 2a
chargement
MLR MNLR limite
Ténacité KIC
10
différentes géométries de structures fissurées sont soumises à la même contrainte σ ∞ loin de
la fissure ; il s’agit de problèmes plans et l’épaisseur n’intervient donc pas. La figure I.7a
représente une fissure de bord de très petite dimension par rapport à celles de la plaque qui
peut être alors considérée comme un milieu infini si on se place à l’échelle de la fissure ; la
plaque est constituée d’un matériau dont le comportement est linéaire élastique. La taille de la
fissure de la figure I.7b n’est plus négligeable et donc la largeur L de l’éprouvette est une
variable additionnelle par rapport au cas précédent. Le cas de la figure I.7c constitue la même
configuration de chargement que le cas I.6b mais le matériau est élastoplastique (élastique
plastique parfait) et donc deux autres variables vont s’ajouter : la limite d’élasticité du
matériau et la taille de la zone plastifiée qui se forme à l’extrémité de la fissure.
σ∞ σ∞ σ∞
L>>a L L
a a a
Zone
plastique
de taille rp
a) b) c)
Dans le cas de la figure 1.7a, les contraintes σ ij en un point repéré par ses coordonnées
polaires r,θ par rapport à l’extrémité de la fissure, seront représentées par une fonction de
type :
σ ij = f 1 (σ ∞ , E , υ , a , r ,θ ) Ι.9
σ ij E r
= F1 ( ∞ , , υ ,θ ) Ι.10
σ ∞
σ a
L’analyse dimensionnelle pour le cas de la figure I.7b où L est la variable additionnelle,
conduit à :
σ ij E r L
= F2 ( ∞ , , , υ ,θ ) Ι.11
σ ∞
σ a a
11
Dans le cas de la figure I.7c où deux autres variables - la limite d’élasticité du matériau σ E et
la taille de la zone plastifiée rp - vont s’ajouter, la même analyse donne :
σ ij E σ E r L rp
= F ( , , , , , υ ,θ ) Ι.12
σ∞ σ∞ σ∞ a a a
3
12
Chapitre II
• La rupture fragile s’accompagne de très peu de déformation plastique. Dans les alliages
métalliques, ce type de rupture est soit :
- transgranulaire : rupture par clivage ou par glissement dans un grain ;
- intergranulaire : rupture par glissement le long des joints de grains.
13
L’approche atomique consiste à étudier une rupture par clivage en considérant les forces des
liaisons atomiques
Le clivage opère par rupture des liaisons inter atomiques dans une direction perpendiculaire
au plan de rupture. La figure II.1 présente schématiquement ce type de rupture fragile (mode I
de rupture).
Les ruptures par clivage se produisent préférentiellement le long de plans atomiques bien
définis selon les matériaux. Les cubiques centrés clivent selon les plans (100) alors que les
cubiques faces centrés clivent difficilement.
Le calcul de la contrainte de liaison atomique nécessite de connaître la relation entre la force
appliquée et le déplacement des atomes autour de leur position d’équilibre. Cette force est la
somme d’une composante d’attraction (en 1 r 2 ) et d’une composante de répulsion (en
− 1 r 9 ) où r est la distance inter atomique. La contrainte de liaison est donc de la forme :
LF r I F r I O
σ = AMG J − G J P
2 9
MNH r K H r K PQ
0 0
II.1
où r0 est la distance d’équilibre ; l’évolution de cette contrainte est montrée sur la figure II.2
où la contrainte théorique de clivage σ C est indiquée.
r0
r
r
La déformation étant donnée par ε = log , le module d’Young E s’écrit donc :
rO
dσ IJ dσ IJ
E=
dε K r = r0
= r0
dr K r = r0
II.2
14
Soit en utilisant la relation II.1 :
E = 7A II.3
dσ r
La contrainte théorique de clivage σ C est définie par la condition = 0 soit 0 = 0,81
dr r
d’où :
E
σC ≈ II.4
14
On assimile parfois pour faire les calculs, la portion de courbe au delà de la distance
d’équilibre r0 à une sinusoïde (figure II.3).
σC
r0
r
α r0
(2α − 1)r0
LM π F r − 1I OP
N 2bα − 1g GH r JK Q
σ = σ C sin II.5
0
dσ IJ = σC
π
E = r0
dr K r = r0 2(α − 1)
II.6
L’énergie de cohésion par unité de surface que l’on note W est définie par : W =
soit
z ( 2α − 1) r0
r0
σdr ,
α −1
W=4 rσ II.7
π 0 C
15
Comme W = 2γ S où γ S est l’énergie de création de surface (le terme 2 vient du fait que l’on
crée deux surfaces lors de la rupture), on a donc :
α −1
γS =2 rσ II.8
π 0 C
σC
En éliminant α entre II.6 et II.8, on obtient γ S = r0σ C , soit :
E
Eγ S
σC = II.9
r0
Eb
Or l’énergie de création de surface est de la forme γ =
où b=r0 est le vecteur de Burgers
S
k
et k est une constante comprise entre 16 et 100, ce qui donne :
E E
≤σC ≤ II.10
10 4
La contrainte théorique de clivage donnée par II.4 ou II.10 est de 10 à 1000 fois plus grande
que les contraintes de rupture par clivage mesurées expérimentalement. La différence entre la
valeurs théorique et les mesures expérimentales s’explique par des mécanismes
d’amplification de la contrainte liés à la présence dans les matériaux de défauts sous forme de
fissure ou d’entaille aiguë qui concentrent les contraintes dans leur voisinage : la contrainte
locale σ L au voisinage d’un défaut est bien plus grande que la contrainte appliquée σ a
( σ L >> σ a ).
FG 2a IJ a F I
σ L ( A) = σ a 1 +
H b
= σ a 1+ 2
K ρ GH JK II.11
a
σ L ( A) ≈ 2σ a II.12
ρ
a
La facteur amplifiant la contrainte est le rapport K T = 2 appelé facteur de concentration
ρ
de contrainte.
Le facteur de concentration de contrainte KT peut devenir très grand pour des entailles aiguës
telles que des fissures.
16
σa
2b ρ A
2a
2a
Si on prend par exemple le rayon à fond d’entaille ρ de l’ordre d’une distance inter atomique,
la contrainte locale devient :
a
σ L ( A) ≈ 2σ a II.13
r0
Eγ S
σa = II.14
4a
Er0
En considérant l’expression de l’énergie de création de surface γ S ≈ , on a :
100
E ρ
σa = II.15
20 a
ρ
Si le rapport est suffisamment petit, on obtient des valeurs de la contrainte de rupture par
a
clivage σ a comparables aux résultats expérimentaux.
La relation II.14 est une estimation de la contrainte de rupture expérimentale par clivage car
l’hypothèse de milieu continu n’est plus valable lorsqu’on se place à l’échelle atomique. Des
simulations numériques où les liaisons entre atomes sont modélisées par des ressorts non
linéaires, montrent que cette contrainte de rupture par clivage est de la forme :
Eγ S
σa =α II.16
a
17
où α est une constante, proche de 1, qui dépend de la rigidité des ressorts simulant les liaisons
atomiques (α =1/2 dans la relation II.14).
Soit un matériau contenant une fissure de longueur a. (figure II.5) Une extension ∆a de cette
fissure s'accompagnera des variations d'énergie suivantes :
Dans la théorie initiale de Griffith qui s’applique à une rupture fragile, l’énergie ∆U
correspond à l’énergie nécessaire pour créer de nouvelles surfaces dans le matériau
( ∆U = ∆Wsép avec ∆Wsép l’énergie de séparation des surfaces). L’énergie de Griffith G est
rapportée à l’unité de surface ; elle est définie à partir de ∆U par :
∆U ∂U
G = lim = II.18
∆A→ 0 ∆A ∂A
où ∆A= e∆a est la surface fissurée lors de la propagation de la fissure sur la longueur ∆a dans
une éprouvette d’épaisseur e.
Généralement, on considère une épaisseur unité ( e = 1) et G rapportée à l’unité d’épaisseur est
alors donnée par :
∆U ∂U
G = lim = II.19
∆a → 0 ∆a ∂a
∂U
G= = 2γ S II.20
∂A
18
e
∆a ∆A
a a
1
∆x = 0 ⇒ ∆Wext = 0 ; Wélast = Fx , soit en introduisant la complaisance (c’est à dire
2
x
l’inverse de la rigidité) C = :
F
1
Wélast = CF 2 =
x2
⇒ ∆Wélast = −
x2 ∂ C FG IJ ∆a
2 2C 2C 2 ∂ a H K x
l'énergie élastique emmagasinée décroît.
FG x IJ = 0 , soit ∆ x = ∆ C
∆F = 0 ⇒ ∆
H CK x C
∆ Wext = F . ∆x =
Fx
. ∆C ≈ F G
2 F ∂ C IJ ∆a
C H ∂aKF
19
Wélast
1
= Fx =
F2
C d’où ∆Wélast =
F2 ∂ C FG IJ ∆a
2 2 2 ∂a H K F
∆U = ∆Wext − ∆Wélast =
FG IJ
F2 ∂ C
∆a , et l’énergie de Griffith s’écrit alors :
2 ∂a H K F
G=
F2 ∂ C FG IJ II.22
2 ∂a H K F
∆a ∆a
a a a
F x
a) avant chargement b) Force imposée c) Déplacement imposé
F F Propagation
F
Propagation ∆U
∆U
a a
a+∆a
a+∆a
∆x
x x
x x
Figure II.7 : Variation de la force lors d’une propagation de fissure à force imposée ou
à déplacement imposé
20
Remarque : Dans les relations II.21 et II.22, l'énergie de Griffith G a la même expression
mais elle provient de deux sources différentes :
- dans la relation II.21, c'est la diminution d'énergie élastique qui a servi à
propager la fissure (aire hachurée de la figure II.7a)
- dans la relation II.22, l'énergie élastique augmente mais le travail des
forces extérieures augmente de façon plus importante et c'est la différence
entre ces deux variations qui sert à propager la fissure (aire hachurée de la
figure II.7b).
Si on compare les deux aires hachurées de la figure II.7, il apparaît qu’elles diffèrent de la
1
quantité ∆F∆x qui est négligeable (infiniment petit d’ordre 2).
2
Les relations II.21 et II.22 sont rapportées à l’unité d’épaisseur. Dans le cas où l’épaisseur
« e » n’est pas égale à l’unité, il convient de modifier ces relations comme suit :
G=
FG IJ
F2 ∂ C
II.23
H K
2e ∂ a x ou F
La forme générale du champ des contraintes au voisinage de l’extrémité d’une fissure dans un
matériau dont le comportement est élastique et linéaire est de la forme :
∞ m
K
σ ij = f ij (θ ) + ∑ α m r 2 gij( m) (θ ) II.24
2πr m= 0
Les coordonnées (r,θ) sont repérées par rapport à l’extrémité de la fissure (figure II.8). Les
fonctions addimensionnelles f ij et gij dépendent du mode de sollicitation, et gij de l’état de
contrainte et de la géométrie du corps fissuré aussi.
y σ yy
τ xy
σ xx
r
fissure θ x
21
termes en 1 r , autrement dit que les champs de contraintes asymptotiques qui sont donc de
la forme :
K
σ ij = f ij (θ ) II.25
2πr
Ces champs asymptotiques peuvent être décrits à l’aide de l’approche de Westergaard (annexe
A). Selon le mode de sollicitation considéré - mode I, II ou III : figure II.9 - ils s’expriment à
l’aide des facteurs d’intensité des contraintes KI, KII ou KIII :
Mode III
Mode I
y
2a
Mode II
En mode I
R|σ KI FG 1 − sin θ sin 3θ IJ
θ
2H 2K
= cos
||
xx
2πr 2
θF θ 3θ I
cos G 1 + sin sin J
K
S|σ yy = I
2πr 2H 2 2K
II.26
|| τ xy =
KI θ θ
cos sin cos
3θ
T 2πr 2 2 2
En mode II
R|σ = − K sin θ FG 2 + cos θ cos 3θ IJ
2H 2K
II
|| xx
2πr 2
S| σ = K2πr sin θ2 cos θ2 cos 32θ
yy
II
II.27
T xy
2πr 2
En mode III
R|σ 13 =−
K III
sin
θ
S| 2πr
K III θ
2
II.28
|T σ 23 =
2πr
cos
2
22
Remarque : Lorsque la structure fissurée est sollicitée dans les 3 modes simultanément, on a
en appliquant le principe de superposition en élasticité linéaire :
Considérons maintenant le mode I seul par exemple. Lorsque θ=0, c’est à dire lorsqu’on se
place dans le plan de la fissure, au voisinage immédiat et en aval de l’extrémité de celle-ci, on
a d’après les relations II.26 :
KI
σ xx (θ = 0) = σ yy (θ = 0) = II.30
2πr
Le plan (x,y) de la fissure est donc principal pour le mode I. La figure II.10 est une
représentation schématique de la variation de σ yy (θ = 0) .
σ yy KI
Champ asymptotique
2πr
Champ réel
σ∞
r
Cette figure illustre la zone où la singularité domine c’est à dire lorsque la contrainte varie
1
comme (relation II.30). Au delà de cette zone, on retrouve les conditions limites loin de
r
la zone fissurée et la contrainte σ yy tend alors progressivement vers la contrainte appliquée
σ∞.
23
II.5 RELATION ENTRE LE FIC ET L’ENERGIE DE GRIFFITH
Pour les calculs, on considère une fissure élastique sollicitée en mode I (figure II.11).
σ (ya ) σ (ya + ∆a )
A A'
x
a r'
a + ∆a
b
σ y r ,θ = 0 = g KI
2πr
FG
2r λ* + 2 µ
R| λ = λ en déformations planes
IJ *
b g K
u y r ,θ = π = I
H avec S
K 2λµ
|T λ + 2µ en contraintes planes
λ = *
2µ π λ* + µ
ou
R| υ = υ en déformations planes
*
b g
u y r ,θ = π =
KI 2r
c h Sυ = υ en contraintes planes
1 − υ avec *
µ π |T 1 + υ *
bg
La force appliquée aux lèvres est σ y r edx avec r = x − a (figure II.11), ou σ y r dx si on bg
considère une épaisseur unité.
24
Le déplacement du point d'abscisse x considéré est uy (r') avec r ' = a + ∆a − x (fig. II.11).
z σ y (r )u y (r ')
z
2
a KI 1 − v* a + ∆a − x
a
∆W ' = − ∆U = 2 dx = . dx
a + ∆a 2 µ π a + ∆a
14442 −a 3
x 444
(I)
∆a dX
= X ⇒ dx = − 2 ∆a et
RS x = a ⇒ X =∞
x−a X T x = a + ∆a ⇒ X = 1
L'intégrale devient alors Ι = ∆a z
F dX IJ que l’on intègre par parties en posant :
X − 1G −
∞
(I)
H XK
1 2
R|α = X − 1 ⇒ dα = dX R|
L X − 1 OP − UV
z
∞
2 X −1 dX
S| dX 1
⇒ Ι = ∆a S M
||N14X24Q3 2 X X − 1 W
∞
|Tdβ = − X ⇒ β = X
2
T =0
1
K c1 − υ h
*
π
2
∞
Soit Ι = ∆a − Arctg X − 1 = − ∆a et ∆U = − ∆W ' = ∆a I
1 2 µ 2
d'où finalement :
GΙ = Lim
∆U
⇒ GΙ =
FG
K I2 1 − υ * IJ
∆a →0 ∆a µ 2 H K
2
En déformations planes : υ * = υ et G I =
KI
E
1− υ2 c h II.31
υ
2
KI
En contraintes planes : υ* = et G I = II.32
1+ υ E
Remarques : Des calculs similaires peuvent être effectués pour les modes II et III, en
considérant toujours une fissure de longueur a qui se propage de ∆a.
1- mode II :
Les champs des contraintes en aval et des déplacements en amont de l'extrémité de la fissure,
s’écrivent :
25
R| σ br ,θ = 0g = K II
|S xy
2π r
||u br ,θ = π g = K 2r c1 − υ h
II *
T
x
µ π
Les expressions étant les mêmes que pour le mode I, les mêmes calculs conduisent à :
2
R|G = K (1 − υ ) en déformations planes
2
II 2
K
(1 − υ ) ⇒ S
II
G II = II * E II.33
2µ || G = KE 2
II
T en contraintes planes
II
2- Mode III :
Les champs des contraintes en aval et des déplacements en amont de l'extrémité de la fissure
s’écrivent :
R| σ br ,θ = 0g = K III
|S yz
2π r
||u br ,θ = π g = K 2r III
3
T µ π
2
K III
G III = II.34
2µ
3- Cas général :
Dans le cas général, lorsqu'on a coexistence des trois modes de changement, l'énergie de
Griffith s'écrit :
G = G I + G II + G III soit G =
1
2µ
c hc h
1 − υ * K I2 + K II2 + K III
2
II.35a
En déformations planes : G=
1
E
c hc
1 − v 2 K I2 + K II2 + 1 + v K III
2
h b g II.35b
En contraintes planes : G=
1 2
E
K I + K II2 + 1 + v K III
2
b g II.35c
Dans les matériaux élastiques linéaires, les composantes des contraintes, des déformations et
des déplacements sont additives : c’est l’application du principe de superposition. Cependant,
26
il faut respecter certaines règles : ainsi par exemple deux contraintes normales selon la
direction x peuvent s’ajouter entre elles, mais une contrainte normale ne peut en aucun cas
s’additionner avec une contrainte de cisaillement. Il en est de même pour les facteurs
d’intensité des contraintes (FIC) : on ne peut additionner des FIC que s’ils concernent le
même mode de sollicitation (mode I, II ou III). On a ainsi :
K I( total ) = K I( A) + K I( B ) + K I( C ) +K
mais
K ( total ) ≠ K I + K II + K III
a a
L L
Les FIC K I sont connus pour les deux chargements de traction et flexion (manuels
spécialisés). Comme ils conduisent tous les deux à des sollicitations de la fissure en mode I, la
solution est :
K I( a ) = K I( b ) − K I( c ) avec K I( c ) = 0 ⇒ K I( a ) = K I( b )
Cet exemple illustre un résultat plus général : les contraintes de traction appliquées sur la
frontière d’un solide fissuré (cas de la figure II.13b) peuvent être déplacées sur les lèvres de la
fissure (figure II.13c) sans que cela change le FIC.
27
σ0 σ0
σ0 −σ 0
_
=
Figure II.13 : Détermination du FIC K I pour une fissure dont les lèvres
sont soumises à une traction σ 0 .
σ ∞ ( x)
σ ( x)
A B x
Supposons maintenant que le corps se fissure le long du plan A-B, et qu’il reste soumis à
σ ∞ ( x ) comme le montre la figure II.15a. Si on élimine le chargement σ ∞ ( x ) et qu’on
applique aux lèvres de la fissure le chargement σ ( x ) , le principe de superposition montre que
le FIC K I demeure inchangé. On a ainsi :
K I( a ) = K I( b ) + K I( c ) = K I( b ) puisque K I( c ) = 0
28
Il faut bien noter que le chargement σ ( x ) qui apparaît sur la figure II.15 est celui qui
s’appliquait sur le plan AB lorsque la structure n’était pas fissurée (voir figure II.14).
σ ∞ ( x) σ ∞ ( x)
σ ( x) −σ ( x )
= +
Lorsqu’on cherche à connaître le FIC K pour une structure fissurée, la valeur de K déterminée
ne s’applique que pour des conditions limites données : différentes conditions limites
conduisent à différentes valeurs de K pour une même géométrie de la structure. Cependant, la
géométrie étant fixée, la solution pour des conditions limites données contient suffisamment
d’informations pour déterminer le FIC K lorsqu’on change ces conditions limites.
Considérons deux conditions de chargement arbitraires pour une structure fissurée. Nous
supposons que la fissure est sollicitée en mode I, dans les deux chargements et que la solution
K I(1) pour le chargement (1) est connue.
Rice a montré, en considérant des intégrales indépendantes des contours d’intégration, que la
solution pour le chargement (2) s’exprimait en fonction de la solution (1) par :
LM T ∂u OP
N z ∂a z
E (1)
∂ui(1)
K (2)
= i
dΓ + Fi dA II.36
I
2 K I(1) Γ
i
A
∂a Q
où Γ et A sont respectivement le périmètre et l’aire de la surface fissurée, ui , Ti et Fi les
composantes, selon x et y, du vecteur déplacement, du vecteur contrainte sur le contour Γ et
des forces de volume. Le chargement (1) étant choisi de façon arbitraire, il s’ensuit que la
fonction :
E ∂ui(1)
h( xi ) = II.37
2 K I(1) ∂a
29
où xi sont les coordonnées x et y, est indépendante des conditions de chargement. La fonction
h, de dimension Longueur , est appelée fonction de poids.
Les fonctions poids sont des torseurs d’ordre 1, qui dépendent uniquement de la géométrie de
la structure fissurée. Dès lors qu’on connaît la fonction poids pour une géométrie donnée, on
peut calculer le FIC K I pour n’importe quelles conditions limites.
Le principe de superposition (§ II.6) montre que toute configuration de chargement en mode I,
peut être représentée par un chargement de traction p(x) appliqué directement sur les lèvres de
la fissure. Le K I pour une structure 2D, peut ainsi être déterminée , en l’absence de forces de
volume, à partir de l’expression :
KI = z
Γ
p( x )h( x )dx II.38
où Γ est le périmètre de la fissure et p(x) la traction qui s’appliquerait sur les lèvres de la
fissure (p(x) est égale à la contrainte de traction normale au plan de la fissure –c’est à dire à la
composante normale du vecteur contrainte- lorsque la structure n’est pas fissurée).
Le concept de fonction poids n’est pas restreint qu’aux seules structures 2D chargées en mode
I ou qu’aux matériaux isotropes. Il a été étendu au cas 3D par Rice, et à des chargements
mixtes (modes II/III) avec anisotropie des propriétés élastiques par Bueckner. Des études plus
récentes ont montré que ce concept pouvait s’appliquer à tous les matériaux linéaires
élastiques contenant un nombre arbitraire de fissures.
Pour les chargements mixtes, on définit des fonctions de poids pour chaque mode :
hI , hII et hIII . Comme le FIC peut varier le long d’un front de fissure 3D, il en est de même
des fonctions poids. La fonction poids est alors de la forme :
h J = h J ( xi , β ) II.39
z
K J ( β ) = Ti h J ( xi , β )dS
S
II.40
σ ∞z
Z ( z) = II.41
z2 − a2
30
σ∞
r
θ
a
2a
On se place pour les calculs dans le plan de la fissure, c’est à dire pour y=0. le FIC K I à
l’extrémité x=a, est défini par (voir annexe A) :
K I = Lim 2π ( x − a ) Z ( x ) II.42
x→ a
soit
K I = σ ∞ πa
Dans le cas où les dimensions de la plaque sont finies par rapport à la longueur de la fissure,
les effets de bord interviennent. La figure II.17 illustre ces effets. Les lignes de forces ont une
composante selon x dans le cas de l’éprouvette infinie. Lorsque l’éprouvette est de dimensions
finies, les conditions limites sur les bords de l’éprouvette imposent une composante nulle
selon x des lignes de forces, et conduisent donc à une intensification des contraintes plus
importante aux extrémités de la fissure.
Pour traiter ce problème des dimensions finies, Westergaard considéra une plaque infinie avec
une infinité de fissures, qui se répète de façon périodique sur une longueur 2L (figure II.18).
Westergaard rend compte de cette périodicité en introduisant des termes en sinus dans la
fonction Z(z). Cette fonction s’exprime :
σ∞
Z ( z) = II.43
F I
πa
1 − sin G J
F πz I
sin G J
H 2 LK H 2 LK
2 2
31
σ ∞z
Lorsque a<<L et z << L , on retrouve l’expression précédente Z ( z ) = .
z2 − a2
σ ∞
σ ∞
2L 2L
Fy
Fx
Figure II.17 : Lignes de forces dans une éprouvette fissurée de grandes dimensions et de
dimensions finies
σ∞ σ∞ σ∞ σ∞ σ∞
2L 2L 2L 2L 2L
2a
Figure II.18 : Fissures de longueur 2a, distantes de 2L dans une éprouvette infinie.
En se plaçant dans le plan de la fissure c’est à dire à y=0 et donc à z=x, le FIC à l’extrémité
x=a est défini par :
K I = Lim 2π ( x − a ) Z ( x )
x→ a
32
πa πx σ∞ σ ∞ sin x *
En posant a * = et x * = , on a Z ( x ) = =
2L 2L 1 − sin 2 a * sin 2 x * sin 2 x * − sin 2 a *
Soit
σ ∞ sin a * 1 1 σ ∞ sin a * πa
Z ( x) ≈
sin x * − sin a *
x→a 2
≈
2 ( x * − a * ) cos a *
et K I = σ ∞ 2 L tg
2L
que l’on met sous la forme :
KI = σ ∞ F 2 L tg πa IJ
πa G
1/ 2
H πa 2 L K (1*)
Une solution pour le K I du chargement précédent, plus précise, a ensuite été déterminée par
des calculs par éléments finis. Cette solution est de la forme :
K I = σ ∞ πa cos
LM πaOP −1/ 2
LM1 − 0,025FG a IJ 2
FG a IJ 4
OP
N 2LQ MN H LK + 0,06
H LK PQ (2*)
K I = σ ∞ πa f
FG a IJ
H LK
FG a IJ
où f
H LK est une fonction addimensionnelle qui dépend de la géométrie de la structure
fissurée et du chargement. La figure II.19 montre les variations du FIC K I données par les
a
deux relations (1*) et (2*). Les différences restent inférieures à 7% pour < 0,6 .
L
6 6
KI
σ ∞ πa 5 5
4 4
3
2* 3
2
1* 2
1 1
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
a
L
Figure II.19 : Comparaison des résultats des formules (1*) et (2*)
33
II.9 PROPAGATION BRUTALE DES FISSURES – TENACITE DES MATERIAUX
Etant donnés une fissure et un mode de sollicitation, l’expérience montre que la propagation
brutale de la fissure interviendra lorsque l’énergie de Griffith G atteindra une valeur critique
notée GC . Cette valeur critique GC correspond à une valeur d’intensité des contraintes notée
KC.
KC est relié à l’énergie critique GC par les formules établies précédemment (II.31 à II.33).
Dans le cas général, on a :
GC =
K Ι2C + K ΙΙ2 C
+
K ΙΙΙ2 C RS E ' = E en contraintes planes
T E ' = E c1 − υ h
avec 2
E' 2µ en déformations planes
Contraintes
planes
K IC K IC Fragile
Déformations
Ductile
planes
ε& A
K IC
Epaisseur Température
L’épaisseur influe sur l’état de contrainte. Dans les éprouvettes d’essais de faible épaisseur
(plaques), chargées en mode I dans leur plan, l’état de contraintes planes est prédominant et la
valeur critique du FIC en mode I est élevée, notamment dans les matériaux ductiles. Lorsque
l’épaisseur augmente, on observe une transition vers un état de déformations planes, le FIC
critique diminue et n’évolue plus au-delà d’une certaine épaisseur : c’est cette valeur
minimale stabilisée du K I C qui définit la ténacité du matériau.
Les mesures de ténacité sont faites sur des éprouvettes normalisées pré fissurées en fatigue.
Les normes ASTM d’essais imposent, pour une bonne mesure de la valeur stabilisée du K I C :
34
F K IJ
a , e, ( L − a ) ≥ 2,5G
IC
2
Hσ K E
L’influence de la température se caractérise aussi, dans les alliages métalliques tels que les
aciers, par une transition entre un domaine fragile à faible température où la ténacité est
faible, et un domaine ductile de forte ténacité aux températures élevées. La zone de transition
ductile fragile se déplace vers les températures plus grandes lorsque la vitesse d’essai ε&
augmente. Ce comportement rend très délicat le dimensionnement des structures lorsqu’il y a
des risques d’explosion, qui peut conduire à une augmentation brutale de la vitesse de
déformation de la structure (cas notamment des centrales nucléaires).
Le vieillissement des matériaux influe sur la ténacité de la même manière que la vitesse de
déformation. A mesure que les matériaux vieillissent, le domaine fragile s’étend au dépens du
domaine ductile avec translation de la zone de transition vers les températures plus grandes.
C’est pour cette raison que certaines vieux ponts de structure métallique sont fermées l’hiver
quand il gèle ; ils deviennent très fragiles (un peu comme le verre) et peuvent rompre à tout
moment.
G = Lim
∆U
= 2γ S avec
RS∆U l'énergie dépensée lors de l'extension ∆a
∆a → 0 e∆a
T2γ S l'énergie spécifique de création de surface
∆Wext = ∆Welast . + ∆U
∆Wsép peut devenir négligeable devant ∆Wplast dans les matériaux très ductiles.
35
L’extension ∆a de la fissure se produira donc lorsque l’énergie de Griffith atteint la valeur :
b
G = 2 γ S +γ P g avec 2γ P l'énergie spécifique de plastification
Cette extension de fissure peut être stable ou instable. Pour étudier la stabilité de la
fissuration, on pose pour une épaisseur unité de la structure :
∆U = R∆a II.44
G=
c h
π σ∞ a
2
, et GC =
πσ 2R a
à la rupture
E E
G, R G, R
σR σR
R
G G
GC σ 2∞ R
GC
σ∞ <σR σ 1∞
a a
a0 a0
36
déchirure ductile à fond de fissure. Au delà de σ 2∞ , la résistance à la rupture augmente ; ce
comportement s’explique par l’existence d’une zone plastique à l’extrémité de la fissure qui
concentre une énergie de résistance devant laquelle l’énergie nécessaire à provoquer les micro
ruptures à fond de fissure est bien plus faible.
dG dR
G = R et ≤ II.45a
da da
dG dR
> . II.45b
da da
La ténacité K I C d’un matériau et l’énergie critique de Griffith sont deux grandeurs qui
caractérisent la capacité d’un matériau à résister à la propagation d’une fissure. Le lien entre
ces deux grandeurs est bien établi en MLR. Le critère de K I C est également utilisé pour
définir une dimension critique de défaut dans les opérations de contrôle.
Les essais expérimentaux montrent que la ténacité dépend de l’épaisseur de la structure
(figure II.20) et augmente lorsque celle-ci diminue. Les calculs et les mesures montrent par
ailleurs que l’état de contraintes planes, prédominant dans les plaques minces, conduit à une
plastification bien plus importante que l’état de déformations planes qui prévaut dans les
structures épaisses ; la courbe R présente alors une allure du type de la figure II.21b très
marquée. Pour prévoir la rupture des plaques minces, on est donc amené à déterminer à la fois
la déchirure stable et le critère d’instabilité. Le concept de courbe R qui est aussi utilisé pour
relier l’accroissement ∆a de la fissure au FIC, permet de prévoir cette déchirure ductile qui
précède l’instabilité.
a - Déplacement imposé
37
b - Force imposée
Le principe de cette seconde méthode (figure II.22b) est similaire, mais au point K I C
l’instabilité de l’ensemble provoque la rupture brutale de l’éprouvette ; la détermination de la
partie supérieure de la courbe R est impossible lorsqu’on opère à force imposée.
KI, KR KR KI, KR KR
B
C K IC
A
a/L a/L
a0/L a0/L
La courbe R (ou KR) étant constante pour un matériau donné, à une épaisseur donnée, il est
intéressant de tracer cette courbe sur un graphique ayant pour ordonnée la contrainte à l’infini
σ ∞ . C’est la représentation la plus pratique pour les bureaux d’études. La figure II.23 illustre
le type de courbes obtenues.
σ∞ σ∞ K IC
Matériau σ∞ =
Matériau ductile πa
fragile
II III
II
I I
a a
(a) (b)
38
Le domaine I de la figure II.23a représente la montée en charge sans fissuration et le domaine
II correspond à la fissuration sous charge croissante. Le domaine III, observé lors d’essais sur
matériau ductile uniquement, illustre la fissuration en accélération sous charge constante.
La figure II.23b est une représentation schématique des courbes obtenues pour différentes
longueurs de fissures initiales. On détermine ainsi le lieu des points σ ∞ en fonction de la
K IC
longueur initiale de fissure, tel que σ ∞ = .
πa
Les structures en service sont généralement chargées avec des conditions limites qui se situent
entre le déplacement et la force imposés. Cette situation intermédiaire peut être représentée
schématiquement par un ressort monté en série avec la structure fissurée (figure II.24). La
structure est soumise à un déplacement ∆ X ; le ressort représente quant à lui la complaisance
du système (c’est à dire l’inverse de la rigidité). Un déplacement pur correspond à une
complaisance C nulle (ou rigidité infinie). Le chargement en contrôle de force implique un
ressort de très faible rigidité autrement dit C → ∞ .
∆X F
39
G=R
et
FG dG IJ dR
H da K ∆ X
=
da
∆ X = ∆ + C. F II.46
∆ X étant fixé, on a :
FG ∂∆ IJ da + FG ∂∆ IJ dF + C. dF = 0
d∆ X =
H ∂a K H ∂F K F a
ou
FG dF IJ LMC + FG ∂∆ IJ OP = −FG ∂∆ IJ
H da K N H ∂F K Q H ∂a K
∆X a F
II.47
FG ∂G IJ FG ∂G IJ
dG =
H ∂a K F
da +
H ∂F K a
dF
FG dG IJ FG ∂G IJ + FG ∂G IJ FG dF IJ
H da K ∆X
=
H ∂a K H ∂F K H da K
F a ∆X
FG dG IJ F ∂G IJ − FG ∂G IJ FG ∂∆ IJ LMC + FG ∂∆ IJ OP
=G
−1
H da K ∆X H ∂a K H ∂F K H ∂a K N H ∂F K Q
F a F a
II.48
FG dG IJ FG ∂G IJ
H da K ∆X
=
H ∂a K F
40
II.10.3 Modélisation des courbes R
b
R = β a − a0 g α −1/α
R = R0 + C1 (a − a 0 ) + C2 (a − a 0 ) 2
La représentation de Broek est plus simple, mais elle donne R=0 pour ∆a=0. Or il est prouvé
expérimentalement que pour ∆a=0, une valeur finie de R=R0 existe, à cause de la formation
d’une zone plastifiée avant le début de la fissuration. Partant de cette remarque, Mai a proposé
un modèle à trois paramètres :
R = R0 + Q(a − a 0 ) p
R
p B
∆a
41
II.11 ZONE PLASTIQUE A FOND DE FISSURE
La MLR prédit des contraintes infinies à l’extrémité d’une fissure aiguë (singularité en
1 / r ). Mais dans les matériaux réels, les contraintes à l’extrémité d’une fissure restent finies
car le rayon à fond de fissure n’est pas nul. Ces contraintes dépassent la limite d’élasticité du
matériau et la déformation plastique qui en résulte, conduit à une relaxation des contraintes à
l’extrémité de la fissure.
La MLR devient progressivement imprécise à mesure que la taille de la zone plastifiée qui se
forme à l’extrémité de la fissure, devient importante. Des corrections simples à la MLR sont
proposées lorsque cette taille reste raisonnable. Au delà d’une certaine plastification, le FIC
K n’est plus adapté à la description des champs des contraintes et des déplacements à
l’extrémité de la fissure. On utilise alors d’autres paramètres dont l’étude fera l’objet du
chapitre III.
Il est important de connaître la taille de la zone plastique à fond de fissure, compte tenu des
limites d’application de la MLR. Cette taille peut être estimée par deux méthodes :
l’approche d’Irwin et celle de Dugdale-Barenblatt. Les deux approches conduisent à des
corrections simples du FIC.
Le terme de zone plastique est usuellement utilisé pour les métaux. On l’utilisera par la suite,
dans un sens plus général, pour caractériser une zone de déformations inélastiques (métaux,
polymères…).
KI
σy =
2πr
Irwin considère, en première approximation, que la frontière entre zones élastique et plastique
correspond au lieu des points où les contraintes atteignent la limite d’élasticité du matériau.
Pour déterminer le rayon rE où cette frontière coupe le plan d’une fissure en contraintes
planes, on écrit alors σ y = σ E où σ E est la limite d’élasticité en traction simple, ce qui
conduit à :
rE =
FG IJ
1 KI
2
H K
2π σ E
La longueur rE est indiquée sur la figure II.26. On tronque tout simplement le champ des
contraintes à σ y = σ E , en faisant l’hypothèse que le comportement du matériau est élastique
plastique parfait.
Cette analyse fait cependant abstraction des forces non transmises représentées par l’aire
hachurée de la figure II.26. Pour tenir compte de ces forces, il convient d’assurer l’équilibre
entre les deux répartitions (élastique et élastoplastique) des contraintes. La taille rP de la zone
plastique doit être donc plus grande que rE . L’équilibre des forces entre les deux
configurations conduit à :
42
σy
Répartition
élastique
σE Répartition
rE élasto plastique
rP
Figure II.26 : Répartition des contraintes élastiques et élasto plastiques dans le plan de la
fissure et en aval de son extrémité
z0
∞
σ y dr = σ E . rP + z
rE
∞
σ y dr ⇒ σ E . rP = z 0
rE
σ y dr
rP = G
F IJ
1 KI
2
= 2rE II.49
π Hσ KE
La distribution des contraintes dans la répartition élasto plastique pour r > rP (figure II.26) est
obtenue par une translation sur la distance rE de la répartition élastique. Irwin rend compte de
cette translation en définissant un FIC effectif obtenu en augmentant la longueur de fissure de
rE . Ce qui revient à considérer non pas la longueur réelle a de la fissure mais une longueur
effective a eff = a + rE .
Ainsi dans le cas d’une fissure traversant une plaque infinie chargée en mode I, le FIC sans
correction K I = σ ∞ πa , devient après correction :
K eff = σ ∞
π (a + rE ) = σ ∞
L 1Fσ
πa M1 + G
∞
IJ 2
OP 12
II.50
MN 2 H σ E K PQ
II.11.2 Modèle de Dugdale-Barenblatt
43
élastique, exerce alors sur la zone plastique des contraintes de compression −σ E si on
suppose que le comportement du matériau est élastique plastique parfait.
−σ E
2a + 2 ρ ρ
La taille ρ de la zone plastique est ensuite calculée dans le cas d’une fissure traversant une
plaque infinie ( K I = σ ∞ π (a + ρ ) ).
Pour effectuer ce calcul, Dugdale et Barenblatt utilisent la fonction de Westergaard
préalablement déterminée par Irwin dans le cas du chargement indiqué sur la figure II.28a.
F F F
X X X
2a 2a
a) b)
Figure II.28 : Fissure chargée en mode I par une paire de forces F appliquée sur les lèvres
A la distance X du centre de la fissure
Cette fonction a pour expression dans le cas du chargement de la figure II.28a où F est une
force par unité d’épaisseur :
F a2 − X 2
Z ( z) =
π z− X b g z2 − a2
2 Fz a2 − X 2
Z ( z) =
c
π z2 − X 2 h z2 − a2
On calcule ensuite le FIC à l’extrémité +a, identique au FIC à l’extrémité -a, soit :
a
K I ( + a ) = lim 2π ( z − a ) Z ( z ) = 2 F
z→ a
c
π a − X2
2
h
44
Dans le modèle de Dugdale-Barenblatt, on est en présence d’un chargement réparti sur la
longueur ρ (figure II.27). Le calcul pour ce modèle du FIC (que l’on notera K I( DB ) ), à partir
des résultats obtenus précédemment se fait en remplaçant F par − σ E dx et a par a+ρ, et en
sommant ensuite sur x variant de a à a+ρ, ce qui donne :
K I( DB ) = −2σ E
a+ρ
π z
a
a+ρ dx
(a + ρ ) 2 − x 2
K I( DB ) = −2σ E
a+ρ FG a IJ
π
Arc cos
H a + ρK
Le calcul de la taille ρ de la zone plastique se fait ensuite par une application classique du
principe de superposition (figure II.29), ce qui conduit à :
σ∞ σ∞
−σE −σE
= -
K I( DB ) + σ ∞ π (a + ρ ) = 0
Soit :
a
= cos
πσ ∞FG IJ
a+ρ 2σ E H K
La taille ρ de la zone plastique devient très grande lorsque la contrainte appliquée σ ∞ tend
vers la limite d’élasticité σ E du matériau. A l’inverse quand cette contrainte est faible par
rapport à σ E , un développement limité simple de la relation précédente conduit à :
ρ=
π KI FG IJ 2
8 σE H K
45
Remarque : Si on compare le coefficient π 8 = 0,393 de la relation précédente au coefficient
1 π = 0,312 qui apparaît dans la relation II49, on constante que les approches d’Irwin et de
Dugdale-Barenblatt conduisent à des valeurs de la taille de zone plastique assez proches en
définitive.
σ ∞ πa
K eff = II.51
F πσ IJ
cosG
∞
H 2σ K
E
La relation précédente tend toutefois à surestimer la valeur du FIC. Burdekin et Stone ont
obtenu une estimation plus raisonnable pour le même type de modèle. L’expression du K eff
que proposent ces auteurs est :
8 F F πσ
Log G cosG
∞
IJ I
K eff = σ E πa −
π2 H H 2σ E K JK II.52
La figure II.30 compare l’analyse de MLR, en contraintes planes et sans correction de zone
plastique, avec les approches d’Irwin, de Dugdale-Barenblatt et de Burdekin et Stone qui
proposent un FIC K eff pour rendre compte de la modification du champ des contraintes
engendrée par la plastification à fond de fissure.
2
K eff
σ E πa II52
1.5
II51
1
II50
0.5
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
σ∞ σE
46
Le FIC K eff normalisé par σ E πa est reporté en fonction de la contrainte normalisée
σ ∞ σ E . Les corrections proposées deviennent significatives lorsque la contrainte appliquée
σ ∞ > 0,5σ E . Elles restent d’ailleurs assez proches entre elles tant que σ ∞ < 0,5σ E . Au delà,
la correction de Dugdale-Barenblatt devient excessive alors que celles d’Irwin et de Burdekin-
Stone restent équivalentes jusqu’à σ ∞ = 0,7σ E .
Les modèles précédents donnent des estimations de taille de zone plastique rP à θ = 0 , c’est
à dire rP (θ = 0) . Pour avoir rP (θ ) lorsqu’on fait varier l’angle θ , il faut appliquer un critère
de plasticité. Les deux critères les plus utilisés pour le calcul sont ceux de Von Mises et de
Tresca. Ces deux critères s’écrivent dans l’espace des contraintes principales :
Von Mises bσ 1 g + bσ − σ g + bσ
−σ2
2
2 3
2
3 −σ1 g 2
= 2σ 2E
Tresca Max dσ − σ i = σ
i j E
Le calcul de la forme de la zone plastique rP (θ ) par ces deux critères donne, en mode I :
i) en contraintes planes
rP (θ ) =
K I2 FG θ IJ FG 1 + 3 sin FG θ IJ IJ
cos 2
H 2K H H 2KK
2
Von Mises II.53
2πσ 2
E
rP (θ ) =
K I2 FθIF θI
cos G J G 1 + sin J
2
rP (θ ) =
K I2 FG θ IJ FG b1 − 2υ g 2 FG θ IJ IJ
Von Mises
2πσ 2
E
cos2
H 2K H + 3 sin 2
H 2KK II.55
R|r (θ ) = K 2
FθIF θI
cos G J G 1 − 2υ + sin J
2
si 0 ≤ θ ≤ 2 Arc sin(1 − 2υ )
H 2K H 2K
2
|S
I
2πσ
P 2
Tresca E II.56
|| r (θ ) = K 2
I
sin (θ )2
pour 2 Arc sin(1 − 2υ ) < θ ≤ π
T P
2πσ 2
E
Les formes des zones plastiques qui se forment à l’extrémité d’une fissure sollicitée en mode I
sont représentées sur la figure II.31. L’étendue de la zone plastifiée est plus importante en
contraintes planes qu’en déformations planes (avec υ = 0,3 ) , et ce pour les deux critères. Le
critère de Tresca conduit, en contraintes planes comme en déformations planes, à des zones
plastifiées légèrement plus étendues que celles prévues par le critère de Von Mises. Les
47
observations expérimentales des zones plastiques semblent cependant qualitativement plus
proches du critère de Tresca, notamment en contraintes planes.
rp
1 KI LM OP 2 CP
2π σ E N Q DP
0
-2
En mode II et III, on peut également déterminer les contours des zones plastiques en
considérant par exemple le critère de Von Mises qui s’écrit dans l’espace des contraintes non
principales :
dσ xx + σ yy + σ zz i − 3dσ
2
xx i
σ yy + σ yy σ zz + σ zz σ xx − τ 2xy − τ 2yz − τ 2xz = σ 2E
rP (θ ) =
K 2
II 2
PP II.57
2πσ 2E
MN +3cos FGH 2 IJK FGH 1 − sin 2 sin 2 IJK
2 θ 3θ
PQ
ii) Mode II en déformations planes
rP (θ ) =
K 2
II MM 2
PP II.58
2πσ 2E F θI 2 F θIF 2 θ 3θ I
MN−12υ sin GH 2 JK + 3cos GH 2 JK GH 1 − sin 2 sin 2 JK PQ
48
iii) Mode III
2
3K III
rP (θ ) = II.59
2πσ 2E
Les figures II.32 et II.33 représentent les contours de ces zones plastiques.
rp
LM OP
1 K II
2
N Q
2π σ E
0 DP
CP
-4
0
4
rp
LM OP
1 K III
2
N Q
2π σ E
49
II.12 ETATS DE CONTRAINTES OU DE DEFORMATIONS PLANES
La plupart des solutions classiques en MLR réduisent les configurations de chargement
étudiées à des problèmes bidimensionnels. Autrement dit, on considère qu’une contrainte ou
une déformation principale est nulle.
En général les conditions en aval de l’extrémité d’une fissure ne correspondent ni à l’état de
contraintes planes pur ni à celui de déformations planes pur. Il y a cependant certains cas où
l’approximation 2D donne des résultats tout à fait acceptables.
Considérons une plaque d’épaisseur e, fissurée et soumise à un chargement plan comme
indiqué sur la figure II.34. On suppose que la taille de la zone plastique est suffisamment
faible pour que l’analyse en MLR soit valable.
σy σx
r
σz
e Fissure
En l’absence de fissure, la plaque est en état de contraintes planes. Aussi les régions
suffisamment éloignées de l’extrémité de la fissure restent dans cet état de sollicitation.
L’extrémité de la fissure est chargée à des contraintes bien plus élevées que le reste du
matériau. Dans le plan de la fissure et en aval de son extrémité, les contraintes normales étant
élevées, le matériau aura tendance à se contracter dans les directions x et z ; cette déformation
est cependant restreinte par le matériau tout autour. La conséquence de cette restriction de la
déformation est le développement d’une triaxialité des contraintes près de l’extrémité de la
fissure. Pour r<<e, des conditions de déformations planes existent au cœur de la plaque, alors
qu’en surface (c.a.d. à peau de la plaque) le matériau est dans un état de contraintes planes.
La figure II.35a illustre schématiquement ce changement de l’état de sollicitation lorsqu’on se
déplace du cœur de la plaque vers la peau de celle-ci tout en restant près de l’extrémité de la
fissure (r<<e). Au cœur de la plaque, la contrainte σ z est maximale, alors que la déformation
ε z est nulle. A l’inverse, la contrainte σ z est nulle alors que la déformation − ε z est
maximale à peau de la plaque. Il existe une région près de la surface de la plaque où l’état de
sollicitation n’est ni l’état de contraintes planes ni celui des déformations planes.
50
σz r<<e −ε z σ z x
σz = 0,005
e
y x x
= 0,025
z e
x
= 0,125
e
Déformations
x
planes −ε z = 0,250
e
0 z 0,5 0 z 0,5
e e
a) b)
La figure II.35b montre l’évolution de la contrainte σ z lorsque x/e augmente, autrement dit
lorsqu’on s’éloigne de l’extrémité de la fissure. L’état de contraintes planes devient
progressivement prédominant.
L’état de contraintes à la frontière de la zone plastique dépend de la taille de cette zone
comparée à l’épaisseur de l’éprouvette. Pour les faibles tailles de zone plastique, l’état de
déformation plane existe à la frontière, mais lorsque la taille de zone plastique est proche de
l’épaisseur de l’éprouvette, l’état de contraintes planes devient prédominant.
La fissure étant de très petite dimension par rapport à celles de la plaque, les FIC en mode I et
II sont donnés respectivement par :
51
σ∞ σ∞
r
y
β r β r
n n
r
x
2a 2a
a) b)
Lorsque deux, voire trois modes de sollicitation sont présents, l’énergie de propagation G est
additive :
G = G I + G II +K
Cette équation suppose cependant que la fissure se propage en restant dans son plan. Ainsi
dans le cas de la figure II.36a, le taux de restitution d’énergie G s’écrit :
G = G I + G II = cos 2 β
cσ h πa
∞ 2
E'
L’égalité précédente reste vraie tant que la fissure ne dévie pas de son plan. La figure II.36b
est une illustration d’un autre scénario plus proche de la réalité. La fissure initialement
inclinée, aura tendance à se propager dans le plan où elle est beaucoup plus sollicitée, c’est à
dire à revenir en mode I. En d’autres termes, la fissure suit le chemin de propagation de
moindre résistance (ou le chemin de propagation de plus forte intensité des contraintes) et ne
reste pas nécessairement dans son plan initial.
Si le matériau est isotrope et homogène, la fissure se propagera de sorte que son énergie G
soit maximum. Nous allons exprimer l’énergie G en fonction de la direction de propagation
dans le cas d’une fissure sollicitée en mode mixte. Seuls les modes I et II seront considérés,
mais le raisonnement peut être étendu au cas plus général où les 3 modes sont présents.
52
Les champs de contraintes asymptotiques, à l’extrémité de la fissure, en modes I et II purs,
s’expriment (en coordonnées polaires – voir annexe A) respectivement par :
R|σ =
KI LM 5 cos θ − 1 cos 3θ OP
|| 2πr N 4 2Q
rr
2 4
K L3 θ 1 3θ O
S|σ θθ = I
M
2πr N 4
cos + cos P
2 4 2Q
II.61
|| τ K L1 θ 1 3θ O
2πr MN 4
= I
sin + sin P
T 2Q
rθ
2 4
R|σ K L 5 θ 3 3θ O
||
rr = II
M
2πr N 4
− sin + sin P
2 4 2Q
K L 3 θ 3 3θ O
S|σ θθ = II
M
2πr N 4
− sin − sin P
2 4 2Q
II.62
|| τ K L1 θ 3 3θ O
2πr MN 4
= II
cos + cos P
T 2Q
rθ
2 4
Supposons une propagation infinitésimale d’une fissure initialement inclinée d’un angle β par
rapport à la direction de chargement, selon le chemin indiqué sur la figure II.37a. En se
plaçant dans le plan de la fissure, on a en début de propagation, la situation représentée sur la
figure II.37b.
y x
a) b)
53
où K I et K II sont donnés par les relations II60 et les coefficients Cij s’expriment, en se
reportant aux relations II61 et II62, par :
R| C = 3 cos α + 1 cos 3α
||C = −43 sin2α −43 sin 32α
11
|S 12
4 2 4 2 II.65
|| C = 4 sin 2 + 4 sin 2
21
1 α 1 3α
|| C = 1 cos α + 3 cos 3α
T 4 2 4 2
22
k I2 (α ) + k II2 (α )
G (α ) = II.66
E
2
G (α ) / G (0)
β = 60
β = 45
1.5
β = 30
1
β = 15
0.5
β=0
0
-180 -120 -60 0 60 120 180
α
54
Les maximums de G (α ) à β fixé, correspondent aux points où k I est maximum et k II = 0 .
Ainsi, le maximum de l’énergie de Griffith est donné par :
k I2 (α *)
Gmax = II.67
E
K I (a eq ) = k I (α *, β , a ) II.68
soit :
a eq 2
= cos2 β ⋅ C11 (α *) + sin β cos β . C12 (α *) II.69
a
55
Chapitre III
La mécanique linéaire de la rupture (MLR) demeure une approche valable tant que le
comportement du matériau est élastique et linéaire, mais aussi lorsque la plastification à fond
de fissure reste confinée dans une zone de faible taille par rapport aux dimensions des fissures
et de celles de la structure fissurée. Il est quasiment impossible dans beaucoup de matériaux
de respecter les deux conditions précédentes et de décrire le comportement avec la MLR. Une
approche alternative s’avère nécessaire pour ces matériaux.
La mécanique élasto-plastique de la rupture (MEPR) ou mécanique non linéaire de la rupture
(MNLR) s’applique au matériaux ductiles lorsque le comportement reste toutefois
indépendant du temps (pas d’effets dynamiques ou de viscosité, absence de fluage…).
Comme pour la MLR, où deux paramètres équivalents (K et G) peuvent être utilisés comme
critère de rupture, deux paramètres caractéristiques de la MEPR sont présentés dans ce
chapitre. Nous verrons que ces deux paramètres - le déplacement à fond de fissure ou CTOD
(Crack Tip Opening Displacement) et l’intégrale de contour notée J - sont aussi équivalents
entre eux. Ils décrivent tous les deux, les conditions à l’extrémité d’une fissure (champs de
contraintes et de déplacements) et peuvent être utilisés comme critère de rupture. Les valeurs
critiques de J et du CTOD conduisent à des valeurs de la ténacité des matériaux à peu près
indépendantes de la géométrie des structures, même lorsque la plastification à l’extrémité des
fissures est importante. On verra également dans quelles conditions on atteint les limites de
ces approches à paramètre descriptif unique (J ou CTOD).
On s’est rendu compte dès le début des années 60, qu’il était difficile de caractériser avec la
seule MLR, la ténacité de certains matériaux tels que les aciers de structure. Les matériaux
étaient élaborés en recherchant une plus forte ténacité mais les concepts existants de la MLR
(K ou G) n’étaient pas applicables à cette classe de matériaux comme l’ont montré les essais
expérimentaux de Wells. L’émoussement de l’extrémité des fissures fut la principale
observation expérimentale de Wells. La figure III.1 illustre la différence de comportement
entre une fissure élastique et une fissure dont l’extrémité s’émousse du fait de l’écoulement
plastique.
Wells observa que l’émoussement de l’extrémité des fissures augmentait avec la ténacité des
matériaux. Cela l’a conduit à proposer l’écartement à fond de fissure comme mesure de la
ténacité. Ce paramètre est connu aujourd’hui sous le nom de CTOD.
L’analyse proposée par Wells tente de relier le CTOD au FIC K lorsqu’on est en régime de
plasticité confinée. Pour examiner cette approche on va considérer une fissure avec une faible
zone plastifiée comme indiqué sur la figure III.2. Irwin montra qu’une telle fissure se
comporte comme si elle était effectivement plus longue du fait de l’écoulement plastique à
fond de fissure. On peut alors estimer le CTOD en augmentant la longueur de fissure de ry, la
correction de zone plastifiée. Le CTOD est pris égal à l’ouverture de la fissure à la distance ry
en amont de l’extrémité ; le déplacement à cette distance est estimé à partir de la MLR qui
prévoit en mode I :
uy =
κ +1
KI
ry
avec
RS
κ = 3 − 4υ en DP
III.1
2µ 2π T
κ = (3 − υ ) / (1 + υ ) en CP
56
a) Fissure élastique b) Emoussement de l’extrémité
CTOD=2uy
ry
La longueur effective de fissure est a+ ry avec ry le rayon de zone plastifiée calculé d’après
l’approche d’Irwin :
ry =
FG IJ
1 KI
2
III.2
H K
2π σ E
57
4 K I2
δ = 2u y = III.3
π σEE
δ est le CTOD ou écartement à fond de fissure. Le CTOD peut être relié au taux de restitution
d’énergie G en utilisant la relation liant G au FIC K. En contraintes planes, on a :
K I2 4 G
G= ⇒ δ= III.4
E π σE
Ainsi, lorsqu’on est en régime de plasticité confinée où la MLR s’applique, le CTOD est relié
à G et au FIC KI. Wells postula alors que le CTOD est un paramètre approprié pour
caractériser le comportement à l’extrémité d’une fissure lorsqu’on atteint les limites
d’application de la MLR. Cette hypothèse s’est avérée correcte quelques années plus tard
lorsqu’on établit une relation unique entre le CTOD et l’intégrale de contour J introduite par
Rice (§ III.2).
Le modèle de Dugdale-Barenblatt peut aussi être utilisé pour estimer le CTOD (figure III.3).
−σ E
CTOD
8σ E a π σ∞ F F IJ I
δ=−
πE
Log cos
2 σE GH GH K JK III.5
F π σ IJ = 1 − 1 FG π σ IJ + 1 FG π σ IJ +K
cosG
∞ ∞ 2 ∞ 4
H 2 σ K 2H 2 σ K 4H 2 σ K
E E E
8σ a L 1 F π σ I 1 Fπ σ I OP = K LM1 + 1 F π σ I +KOP
2 4 2
M
∞ ∞ 2 ∞
δ= E
G J 12 GH 2 σ JK P σ E M 6 GH 2 σ JK P
πE M 2 H 2 σ K
+ + K I
N E EQ N E Q E
58
K I2
δ= III.6
σEE
La relation III.6 diffère peu de la relation III.3 (le terme 4/π est remplacé par 1).
K I2 G
δ= = III.7
mσ E E mσ E
Où m est un coefficient sans dimension qui vaut à peu près 1 en contraintes planes et 2 en
déformations planes.
Plusieurs définitions ont été proposées pour le CTOD. Les deux définitions les plus
communément utilisées sont représentées sur la figure III.4. La première utilise le
déplacement à l’extrémité de la fissure initiale c’est à dire de longueur non corrigée (figure
III.4a). La seconde définition, illustrée sur la figure III.4b, considère le déplacement à
l’intersection des deux cotés d’un angle droit issu du fond de la fissure émoussée. Cette
dernière définition, couramment utilisée dans les calculs par la MEF, a été suggérée par Rice.
On peut noter que les deux définitions sont équivalentes lorsque l’émoussement de l’extrémité
de la fissure est de forme semi-circulaire.
L’écartement à fond de fissure (ou CTOD) est une grandeur locale difficilement accessible
directement. La plupart des mesures en laboratoire utilisent des éprouvettes de flexion 3
points. Lorsqu’elles sont fissurées, ces éprouvettes tournent autour d’un point (centre de
rotation) qui demeure à peu près fixe tout au long du chargement.
59
V
V
a
a
L δ
r(L-a)
.
Figure III.5 : Modèle à centre de rotation ( ) fixe pour la mesure du CTOD.
δ V r ( L − a )V
= ⇒ δ=
r( L − a) r ( L − a) + a r ( L − a) + a
Le modèle à centre de rotation fixe a été ensuite amélioré pour tenir compte du déplacement
élastique qui précède l’émoussement de l’extrémité de la fissure. Les méthodes standards de
détermination du CTOD séparent les déplacements élastique et plastique. La figure III.6
montre un exemple type d’enregistrement de la charge en fonction de l’ouverture V de la
fissure.
Charge
VP
Ouverture V de la fissure
K I2 rP ( L − a )V P
δ = δ el + δ P = + III.8
mσ E E rP ( L − a ) + a
Le facteur de rotation plastique rP dans les procédures standards est pris égal à 0,44.
60
III.2 INTEGRALE J
Matériau élastique
non linéaire
Contrainte
Décharge dans un
Matériau élasto-plastique
Déformation
On voit bien sur la figure III.7 que les deux matériaux donnent la même réponse tant que les
contraintes augmentent de façon monotone. Cette réponse peut cependant ne pas être la même
lorsqu’on traite des problèmes 3D, mais dans beaucoup de cas l’assimilation des deux
réponses constitue une hypothèse acceptable. Ainsi donc l’analyse qui suppose un
comportement élastique non linéaire, peut être valable pour un matériau élasto-plastique en
l’absence de décharges. La théorie de la déformation de la plasticité qui propose une relation
unique entre les déformations totales et les contraintes dans un matériau, est équivalente à
l’élasticité non linéaire.
Rice a appliqué la théorie de la déformation pour analyser un solide fissuré. Il a démontré que
le taux de restitution d’énergie non linéaire noté J, peut être déterminé à partir d’une intégrale
de contour indépendante du contour d’intégration. Hutchinson, Rice et Rosengreen ont ensuite
montré que ce paramètre J caractérise de façon unique les champs de contraintes et de
déformations au voisinage de l’extrémité d’une fissure dans un matériau non linéaire.
61
L’intégrale J peut donc être considérée à la fois comme un paramètre d’énergie et un
paramètre d’intensité des contraintes, comme en MLR où le FIC K et l’énergie de Griffith G
sont deux paramètres qui décrivent de manière équivalente la répartition des contraintes.
Rice, en proposant l’intégrale J pour analyser les solides fissurés, montra que la valeur de
cette intégrale est égale au taux de restitution d’énergie dans un matériau non linéaire. Pour
bien comprendre la signification de ce paramètre, on va considérer comme au chapitre II, les
variations d'énergie qui accompagnent une extension ∆a d’une fissure dans un solide :
∆U = ∆Wsép + ∆Wplas
F
a
Propagation
a+∆a
x
x
L’aire hachurée de la figure III.8 correspond à l’énergie de propagation ∆U, c’est à dire la
différence entre l’énergie fournie et l’énergie élastique restituée après propagation de la
fissure sur une longueur ∆a.
Le paramètre J est défini pour une structure d’épaisseur e=1, par :
FG ∂U IJ FG ∂ z FdxIJ
x
z FGH
x ∂F IJ dx
J=
H ∂a K x
=−
H ∂a K
0
x
=−
0 ∂a K
x
III.10
62
Le signe moins provient du fait que l’énergie U correspond à l’aire sous la courbe (F, x)
comptée négativement de sorte que lorsque la longueur de fissure augmente on a une variation
positive de cette énergie.
K I2
Dans le cas d’un matériau linéaire, J = G = , où G est l’énergie de Griffith et E’=E en
E'
E
contraintes planes ou E ' = en déformations planes.
1− υ2
J= z FGH
Γ
wdy − Ti
∂ui
∂x
IJ
ds
K III.11
w= z ε ij
0
σ ij dε ij III.12
où σij et εij sont les composantes des tenseurs de contraintes et de déformations au point
courant sur le contour Γ.
Hutchinson, Rice et Rosengren (HRR) ont montré que le paramètre J caractérise les champs
de contraintes et de déformations (champs HRR) à l’extrémité d’une fissure dans un matériau
non linéaire. Pour décrire la loi de comportement, ils utilisent la relation de Ramberg-
Osgood :
63
ε = εe + ε p =
σ
+α
σEFG σ IJ n
III.13
E E Hσ K E
R| F JI
1
=k G J
n +1
|Sσ ij
H rK
1
III.14
||ε F JI
=k G J
n
n +1
T ij
H rK
2
Les calculs plus précis montrent que le champ HRR donné par la relation précédente, s’écrit :
R| F EJ IJ
1
n +1
σ =σ G σ~ ij (n,θ )
| H ασ I r K
ij E 2
S| E n
III.15
La singularité HRR présente la même anomalie que la singularité de la MLR : toutes les deux
prédisent des contraintes infinies lorsque r → 0 . Le champ singulier dominant dans une zone
près de l’extrémité d’une fissure, ne persiste pas en fait à l’extrémité même de la fissure où les
grandes déformations qui se développent causent un émoussement de la fissure, ce qui réduit
la triaxialité des contraintes. Les lèvres de la fissure étant libres, on a σ x = 0 quand r → 0 .
64
compte non plus les grandes déformations qui se développent près de l’extrémité de la fissure.
Cette analyse s’appuie sur la théorie des petites déformations, qui reste valable lorsque les
déformations plastiques n’excèdent pas 10%.
Les premiers calculs par éléments finis effectués par McMecking et Parks utilisant une théorie
des grandes déformations montrent que le champ HRR des contraintes ne peut plus décrire la
répartition des contraintes à l’extrémité d’une fissure lorsqu’on s’approche à une distance r
inférieure à 2.CTOD de l’extrémité. La figure III.10 compare schématiquement le champ
HRR aux résultats des calculs par éléments finis.
σy
σE Champ HRR
4
Calculs par la MEF
x
2.CTOD
Cette défaillance du champ HRR à décrire la répartition des contraintes lorsqu’on est trop près
de l’extrémité d’une fissure conduit à se poser la même question sur cette approche que sur
les limites de la MLR lors du chapitre précédent. Peut-on utiliser l’intégrale J comme critère
de rupture compte tenu de l’émoussement de l’extrémité d’une fissure ? La réponse est
similaire à celle du chapitre précédent. Tant qu’il existe une région entourant l’extrémité de la
fissure où le champ des contraintes est correctement décrit par les équations III.15, l’intégrale
J caractérise de façon unique ce champ et peut alors être utilisée pour quantifier la ténacité.
65
des plaques fissurées, utilisaient un ensemble de jauges de déformations collées sur un
contour entourant la fissure. Comme l’intégrale J est indépendante du contour d’intégration,
on choisissait un contour de collage des jauges de telle sorte que les mesures soient le plus
simples possible. Cette méthode était également utilisée pour les calculs par éléments finis où
l’on détermine les contraintes, les déformations et les déplacement le long d’un contour
généralement circulaire pour ensuite calculer l’intégrale J à partir de la relation III.11. Les
approches numériques modernes utilisent toutefois une extension virtuelle de la fissure qui
donne des résultats plus précis.
Cependant cette méthode de contour est impraticable dans beaucoup de cas.
L’instrumentation requise est coûteuse et elle devient acrobatique lorsque les structures sont
complexes. La méthode beaucoup plus appliquée actuellement utilise la définition du
paramètre J donnée par la relation III.10. La figure III.11 décrit le principe de cette approche.
F
∆
F a1<a2<a3<a4 a1
a2
a3
a4
a
-U
∆
∆1 ∆2 ∆3 ∆4
J a1 -U ∆1
∆2 dU
a2 −
da
a3 ∆3
a4 ∆4
∆ a
A partir d’une série d’éprouvettes de même géométrie et de même taille, on introduit des
fissures de différentes longueurs, obtenues généralement par essais de fatigue. Les variations
de la force appliquée F avec le déplacement ∆ sont ensuite enregistrées pour les différentes
longueurs de fissure. On trace à partir de ces enregistrements à ∆ fixé, l’énergie U, c’est à dire
66
l’aire sous la courbe (F,∆) comptée négativement, en fonction de la longueur de fissure a. De
ces tracés on déduit la pente des courbes qui correspond à la valeur de l’intégrale J donnée,
pour des éprouvettes d’épaisseur e, par :
1 ∂UFG IJ
J=
e ∂a H K ∆
III.16
La dernière courbe obtenue sur la figure III.11 est une courbe de calibration qui s’applique au
matériau, à la géométrie et à la taille des éprouvettes pour lesquels elle a était déterminée.
Cette méthodologie expérimentale nécessite donc un grand nombre d’éprouvettes pour
déterminer le paramètre J dans différentes configurations de chargement.
Rice a montré qu’il était possible de déterminer l’intégrale J dans certains cas, à partir d’un
seul enregistrement de la variation de la force F avec le déplacement ∆. Il utilise pour cela
l’analyse dimensionnelle en mécanique de la rupture, introduite dans le chapitre I.
Exemple
a 2b
FG ∂U IJ
L’intégrale J est définie par J =
H ∂A K F
avec dA = 2eda = −2edb et pour une épaisseur
unité on a alors :
J=
1
2 z FGH
F
0
∂∆
∂a
IJ
K F
dF = −
1
2 z FGH
F
0
∂∆
∂b
IJ
K F
dF III.17
67
Pour calculer J, il est nécessaire de connaître la relation entre la charge F, le déplacement ∆ et
les dimensions de la plaque. Si le comportement du matériau est décrit par la loi de Ramberg-
Osgood, l’analyse dimensionnelle permet d’écrire :
∆ = bf
FG F , a , σ ,υ ,α , nIJ E
Hσ b b E
E K
Où f est une fonction sans dimension. Pour des propriétés données du matériau, on ne
considère alors que la charge et les dimensions de la plaque comme variables. Le déplacement
peut être séparé en composante élastique et composante plastique, soit :
∆ = ∆e + ∆ p III.18
LMFG ∂∆ IJ + F ∂∆ I OPdF = K − 1 F ∂∆ I
J=−
1
2 z 0
F
MNH ∂b K GH ∂b JK PQ E ' 2 z GH ∂b JK
e
F
p
F
2
I
F
0
p
F
dF III.19
E
Où E ' = en déformations planes et E’=E en contraintes planes.
1− υ2
Si la déformation plastique reste confinée dans le ligament non fissuré de longueur 2b - entre
les deux extrémités des fissures - on peut considérer que cette longueur est la seule dimension
qui influencera la composante plastique ∆p du déplacement. C’est une hypothèse raisonnable à
condition toutefois que la fissuration de la plaque soit suffisamment profonde de sorte que les
contraintes moyennes dans le ligament non fissuré soient bien plus élevées que la contrainte
appliquée. On peut alors utiliser l’analyse dimensionnelle et écrire :
FG F IJ
∆ p = bH
H bK
Une dérivation partielle de cette relation par rapport à la longueur du ligament non fissuré et
par rapport à la force F respectivement, donne :
FG ∂∆ IJ
p FG F IJ − H ' FG F IJ F et FG ∂∆ IJ p FG F IJ
H ∂b K F
=H
H b K H b K b H ∂F K b
= H'
H bK
Ce qui conduit à :
FG ∂∆ IJ
p
=
1 LM
∆p − F
∂∆ p FG IJ OP III.20
H ∂b K F
b MN ∂F H K b PQ
En substituant III.20 dans III.19 et en intégrant par parties, on obtient :
J=
K I2
+
1 LM z ∆p
Fd∆ p − F∆ p OP
E 2b
2
N 0 Q
68
III.3 RELATIONS ENTRE L’INTEGRALE J ET LE CTOD
J = mσ E δ III.21
où m est une constante sans dimension qui dépend de l’état des contraintes et des propriétés
du matériau. La relation précédente est en fait vérifiée bien au delà des limites de validité de
la MLR.
x X
−σ E
CTOD δ 2uy
ρ Γ
J =σE z Γ
∂u y ( x )
∂x
ds
J = 2σ E z 0
ρ
z δ
du y ( X ) = σ E dδ = σ E δ
0
III.22
Cette relation est similaire à la relation III.6 établie précédemment en ne considérant que le 1er
terme du développement limité de Log(cos). Une telle hypothèse n’a pas été nécessaire pour
69
obtenir la relation III22. Ainsi le modèle de Dugdale-Barenblatt, appliqué à un matériau
fissuré, dont le comportement est élastique plastique parfait, sollicité en mode I et en
contraintes planes, prévoit m=1 à la fois dans des conditions élastiques et élastoplastiques.
On peut également montrer à partir du champ de déplacement HRR, qu’il existe une relation
du type J = mσ E δ entre le CTOD et l’intégrale J. Le champ de déplacement prévu par
l’approche HRR, est de la forme :
FG EJ IJ
n
ασ E n +1
ui = ru~i (θ , n) III.23
E H ασ I r K
2
E n
En utilisant la procédure, proposée par Rice, de détermination du CTOD indiquée sur la figure
III.14 il apparaît que :
δ
= r * − u x (r *, π ) ≈ u y (r *, π ) III.24
2
uy
r*
δ
ux
F ασ IJ FG J IJ
1 n
1
u =G
n +1 n +1
u~i (θ , n)
H E K Hσ I K
E
i r n +1
E n
IJ FG J IJ
n
FG ασ
1
n +1 1
n +1
r n +1 u~x (θ , n) + u~y (θ , n) = r *
H E K Hσ I K
E
E n
70
F ασ IJ
1
n +1
r* = G
n J
u~x (θ , n) + u~y (θ , n)
H EK
E n
σ E In
dn J
δ= III.25
σE
avec
L ασ nu~ (θ , n) + u~ (θ , n)sOP
1
2u~ bπ , n g M
n
E
dn =
y
NE x
Q y
III.26
In
Les figures III.15a et III.5b montrent l’allure des courbes dn en fonction de 1/n pour α=1. On
peut observer la forte influence de l’exposant d’écrouissage en contraintes planes comme en
déformations planes et l’augmentation de dn lorsque le rapport σE/E augmente.
1 1
dn dn
σσEE/E
/E
σE/E
0 0
0 1/n 0,6 0 1/n 0,6
En comparant les relations III.20 et III.25, il apparaît que dn = 1/m .Par ailleurs, comme le
prévoit le modèle de Dugdale-Barenblatt, dn = 1 pour un matériau non écrouissable ( n → ∞ )
en contraintes planes.
On voit bien qu’il existe une relation unique entre le CTOD et l’intégrale J. Ces deux
quantités équivalentes, sont des paramètres caractéristiques des conditions qui existent à
l’extrémité d’une fissure dans un matériau élastoplastique. La ténacité d’un matériau peut
donc être quantifiée à partir d’une valeur critique de l’intégrale J ou du CTOD.
71
L’analyse précédente qui s’appuie sur le champ de déplacement HRR pour démontrer la
relation qui existe entre le CTOD et l’intégrale J contient néanmoins une incohérence. En
effet, comme le montre la figure III.10, le champ des contraintes HRR dévie du champ réel
déterminé de façon plus précise par la MEF lorsqu’on s’approche de l’extrémité de la fissure à
une distance inférieure à 2 fois le CTOD. Or dans le calcul du CTOD précédemment effectué,
on se place à une distance moitié du CTOD donc dans une région où l’approche HRR ne
prévoit plus correctement la répartition des contraintes et notamment la relaxation des
contraintes. Cependant la solution CTOD obtenue par la MEF, plus précise, est similaire à
celle donnée par la relation III25. Ce résultat montre par conséquent que le champ de
déplacement HRR est raisonnablement précis même lorsqu’on se place dans une zone tout
près de l’extrémité de la fissure.
JR
dJ R
da Propagation
JIC Initiation
Emoussement
72
de cette courbe avec la droite obtenue. La valeur du CTOD correspondant au JIC c’est à dire
au stade d’initiation de la micro fissuration, est généralement notée δi.
E dJ R
TR = III.27
σ 2E da
E FG dJ IJ
Tapp =
σ 2
E
H da K ∆X
III.28
∆ X = ∆ + CF
FG dJ IJ F ∂J I F ∂J I F ∂∆ I L F ∂∆ I O
= G J − G J G J MC + G J P
−1
H da K ∆X H ∂a K H ∂F K H ∂a K N H ∂F K Q
F a F a
III.29
FG dJ IJ FG ∂J IJ
H da K ∆X
=
H ∂a K F
73
J = J R et Tapp ≤ TR III.30a
J, JR JR
F imposée
∆ imposé
a0/L a/L
74
F Propagation Chemin de chargement
a=a0
Retour élastique
a=a1
UD
Dans un matériau élastique, toutes les grandeurs y compris l’énergie de déformation, sont
indépendantes de l’histoire du chargement. L’énergie absorbée durant la propagation dépend
de cette histoire dans un matériau élastoplastique. La courbe de retour élastique sur la figure
III.18 représente, à a=a1, le comportement de la force en fonction du déplacement dans un
matériau élastique non linéaire. L’aire en dessous de cette courbe est l’énergie de déformation
UD. Cette énergie dépend uniquement de la force courante et de la longueur de fissure sans
aucun effet de l’histoire du chargement ; elle est donnée par :
U D = U D ( F , a) = FH z Fd∆IK
∆
0
III.31
a = a1
JD = −
FG
1 ∂U D
=
IJ
ηU D
H
e ∂a ∆ K
eb
III.32
où b est la longueur du ligament non fissuré. La relation précédente peut être décomposée en :
K I2 η PU D ( P )
JD = + III.33
E' eb
L’intégrale JD est généralement déterminée à partir de cette dernière relation parce qu’il n’est
pas nécessaire de procéder à une correction sur le terme élastique linéaire en termes de FIC
75
KI, dès lors que le FIC est calculable à partir de la charge et de la longueur de fissure
courantes. La courbe force-déplacement dépendant de la longueur de fissure, Le terme UD(P)
est calculé par une méthode incrémentale.
J f = 0,73σ E z
0
Ω
bdΩ III.34
J D = 0,73σ E bΩ III.35
Les deux expressions sont identiques lorsque la fissure demeure stationnaire c’est à dire
lorsque la longueur b du ligament reste constante.
Les résultats de calculs par la MEF dans une éprouvette de flexion 3 points constituée d’un
matériau écrouissable, indiquent que Jf et JD ont des valeurs quasiment égales lorsque la
progression de la fissure reste modérée. Les valeurs de J dépendent cependant du contour
d’intégration dans les matériaux élastoplastiques mais leur différence tend à s’estomper
lorsqu’on s’approche d’assez près de l’extrémité de la fissure.
Aucune des deux intégrales, Jf ou JD, ne peut prétendre décrire de façon précise les conditions
existantes à l’extrémité d’une fissure se propageant dans un matériau élastoplastique. En
l’absence d’un paramètre caractéristique unique, les courbes JR dépendront de la géométrie de
la structure. Les conditions de validité de l’intégrale J et la dépendance vis à vis de la
géométrie sont examinées dans ce qui suit.
76
III.5.1 Fissure stationnaire
La figure III.19 illustre l’effet de la plasticité sur la distribution des contraintes à l’extrémité
d’une fissure : pour la commodité de la présentation, on utilise une échelle Log-Log et on
norme la distance à l’extrémité de la fissure par une dimension caractéristique L. L correspond
à une dimension de la structure comme par exemple la longueur du ligament non fissuré.
Lorsqu’on atteint le régime des grandes déformations (figure III.19c), il n’y plus de paramètre
unique pour décrire les champs de contraintes, l’intégrale J dépend alors de la taille et de la
géométrie de la structure ; la zone dominée par J disparaît à son tour.
Dans certaines configurations notamment lorsqu’il s’agit de structures minces, on atteint très
vite les limites de validité du K comme du paramètre J, sauf si les charges sont vraiment
faibles. Il est difficile de caractériser par exemple le comportement d’une plaque mince
r
comportant une fissure traversante à l’aide d’un paramètre unique. Si y est l’axe de
r
chargement perpendiculaire au plan de la fissure, les contraintes dans la direction x dévient
très fortement pour cette géométrie des prévisions de la MLR du fait de l’existence de
contraintes de compression transverses T : la zone dominée par K est alors inexistante. Ces
contraintes T ont aussi un effet très significatif sur la distribution des contraintes dans la zone
plastifiée elle-même, et dès qu’elles sont suffisamment élevées, il n’est plus possible de
décrire le champ des contraintes dans cette zone avec un paramètre unique comme J.
77
HRR
K Logσ y
J −
1
n+1
1 MLR
−
2
GD
Plasticité confinée rS L
a) r
Log
L
HRR
Logσ y
J
MLR
GD
Conditions élastoplastiques rJ L
b) r
Log
L
HRR
Logσ y
GD
MLR
Grandes déformations
c) r
Log
L
Figure III.19 : Effet de la plasticité sur les champs de contraintes à fond de fissure
78
L’analyse dimensionnelle appliquée à la zone décrite par le FIC K, conduit à :
σ ij
= Fij
FGK I2
,θ
IJ pour 0 < r ≤ rS (θ ) III.36
σE H
σ 2E r K
où rS est le rayon de la zone dominée par le K, c’est à dire que sur le contour r=rS les
contraintes présentent une singularité en 1 r . Par souci de simplification, le contour rS est
présenté sous forme circulaire dans la figure III.19a mais en fait rS dépend de l’angle de
paramétrage θ donnant la position du point courant et il n’est donc pas nécessairement
constant.
Il faut noter que la singularité en 1 r est un cas particulier de la fonction Fij. Lorsqu’on
entre dans la zone plastifiée r=rJ dominée par le paramètre J - lié au paramètre KI en régime
de plasticité confinée par K I2 = E ' J - le prolongement de l’analyse dimensionnelle permet
d’écrire :
σ ij
= Fij
FG
E' J
,θ
IJ pour 0 < r ≤ rJ (θ ) III.37
σE H
σ 2E r K
La singularité des contraintes en − 1 (n + 1) qui correspond au champ HRR, est une
description particulière de la zone dominée par le paramètre J. L’existence de cette zone et
non nécessairement celle du champ HRR, requiert seulement que la relation précédente soit
valable dans ce qu’on appelle la « process zone », c’est à dire la zone où vont se développer
les mécanismes microscopiques d’endommagement qui conduiront à la rupture. La singularité
HRR est une solution possible du cas plus général où un paramètre unique, l’intégrale J, décrit
la distribution des contraintes à l’extrémité de la fissure. Les propriétés d’écoulement de
beaucoup de matériaux ne sont pas toujours représentables par la loi puissance du modèle
empirique de Ramberg-Osgood duquel découle le champ HRR. Même dans les matériaux
dont le comportement est raisonnablement décrit par ce modèle, le champ HRR est valable
dans une zone qui reste limitée ; les effets des grandes déformations à l’extrémité de la fissure
mettent souvent à défaut la singularité HRR, et les contraintes déterminées par des calculs aux
éléments finis sont alors en dessous des prévisions du champ HRR. Ce dernier effet peut être
compris en considérant l’approche analytique utilisée par Hutchinson, qui représente les
contraintes sous forme de séries infinies dont le terme prépondérant est proportionnel à
r −1 ( n +1) . Ce terme domine lorsque r → 0 , c’est a dire quand le champ HRR n’est en général
plus valable, mais les autres termes peuvent avoir des effets significatifs pour des valeurs
modérées de r.
79
élastique, elle ne modifie pas le comportement du matériau car les champs locaux ne
dépendent que des conditions courantes. Lorsqu’en revanche elle se propage dans un matériau
élastoplastique, les effets d’histoire ont une influence sur les champs locaux des contraintes et
des déformations. On peut par conséquent dans ces conditions considérer qu’il est difficile
d’utiliser le paramètre J quand la progression de la fissure s’accompagne d’une plasticité
significative.
La figure III.20 illustre une propagation de fissure contrôlée par J. Après la progression de la
fissure, le matériau en amont de l’extrémité de la fissure se décharge élastiquement car son
comportement n’obéit pas à la théorie de la déformation ; il se forme alors une zone de
décharge élastique. Le comportement du matériau immédiatement en aval de l’extrémité de la
fissure ne peut non plus être décrit à l’aide d’un paramètre unique, car les chargements sont
fortement non proportionnels. Pour utiliser malgré tout J comme paramètre caractéristique, il
faut nécessairement que les régions de décharge élastique et de chargement plastique non
proportionnel soient confinées dans une zone plus étendue dominée par le paramètre J.
Lorsque la fissure croît au delà de cette zone, la courbe R de résistance à la rupture ne peut
être caractérisée par un paramètre unique.
Décharge Chargement
élastique Plastique
Non proportionnel
Zone
∆a dominée par J
En régime de plasticité confinée, il existe toujours une zone dominée par le paramètre J parce
que les conditions à l’extrémité de la fissure sont caractérisées par le FIC qui dépend
uniquement des valeurs courantes de la charge et de la longueur de fissure. La fissure ne se
propagera pas au delà de cette zone, aussi longtemps que son extrémité et sa zone plastifiée
restent éloignées des bords de l’éprouvette d’essai.
σ ij FG
= Fij(1)
E' J
,θ
IJ III.38
σE Hσ 2E r K
80
(1) Emoussement
de l’extrémité
JR JSEE
JIC
(2) Initiation de
fissure
(1) (2) (3)
∆a
(3) Propagation
par succession
d’états
d’équilibre
Sillage plastique
σ ij FG
= Fij( 2 )
E' J
,θ ,
∆a IJ III.39
σE H σ Er
2
δi K
où δi est le CTOD initial et ∆a la longueur de propagation de la fissure. Quand la fissure s’est
propagée au delà de la zone d’influence de l’émoussement initial, un autre état d’équilibre est
atteint où les contraintes et déformations locales ne dépendent plus de l’extension ∆a de la
fissure ; on a alors :
σ ij FG
= Fij( 3)
E' J
,θ
IJ III.40
σE Hσ 2E r K
Les relations III38 et III40 peuvent prédire des conditions identiques dans la zone de
singularité élastique, mais dans la zone plastifiée le matériau a subit une histoire de
chargement différente de celle qui existait lors de l’émoussement de l’extrémité de la fissure ;
autrement dit F (1) ≠ F ( 3) quand r → 0 .
81
Pendant la propagation par succession d’états d’équilibre (SEE) , la fissure progresse jusqu’à
rupture en entraînant sa zone plastifiée ; il se forme alors comme le montre la figure III.21, un
sillage plastique autour des lèvres de la fissure. La courbe R est quasi horizontale ; J
n’augmente plus avec la propagation.
J R = J R ( ∆a ) III.41
En régime de plasticité confinée, c’est à dire lorsque la plastification n’envahit pas tout le
ligament non fissuré, un paramètre unique (K, J ou CTOD) caractéristique des conditions à
l’extrémité d’une fissure peut être utilisé comme critère de rupture indépendant de la
géométrie. Lorsque la plasticité est excessive, la caractérisation à l’aide d’un paramètre
unique n’est plus possible et la ténacité dépend alors de la taille et de la géométrie des
éprouvettes d’essais utilisées.
McClintock a appliqué la théorie des lignes de glissement (annexe B) pour estimer les
contraintes dans une variété de configurations où le ligament non fissuré est entièrement
plastifié. La figure III.22 résume quelques résultats de McClintock. Pour comparaison, le cas
du régime de plasticité confinée dans une structure infinie est également présenté sur la figure
III.22a : la contrainte normale maximum est d’environ 3σ E dans un matériau non
écrouissable dont le comportement est élastique plastique parfait. La figure III.22b illustre le
cas d’une plastification de tout le ligament non fissuré dans une éprouvette doublement
entaillée, sollicitée en traction (Double Edge Notched Tension – éprouvette DENT). Ce type
d’éprouvette maintient un haut niveau de triaxialité des contraintes en régime de plasticité
étendue, si bien que les conditions en pointe de fissure sont similaires au cas de la plasticité
confinée (figure III.22a). Une éprouvette simplement entaillée, sollicitée en flexion (Single
Edge Notched Bend – éprouvette SENB), conduira à une plastification du ligament non
fissuré suivant un autre chemin (figure III.22c) et à des contraintes maximum moins élevées
que dans le cas précédent : la contrainte maximum ne dépasse pas 2,5σ E . Enfin la figure
III.22d montre ce qui se passe dans une éprouvette entaillée dans la partie centrale, sollicitée
82
en traction (Central Cracked Tension – éprouvette CCT) ; il est difficile en régime de
plasticité étendue de maintenir une triaxialité significative dans ce type d’éprouvette.
σ (max)
y ≈ 3σ E
σ (max)
y ≈ 3σ E
σ (max)
y ≈ 2,5σ E σ (max)
y , σE
≈ 115
c) Plasticité étendue
éprouvette SENB d) Plasticité étendue
éprouvette CCT
Figure III.22 : Comparaison du cas de la plasticité confinée (a) avec trois configurations de
chargement dans des conditions de plasticité étendue (b,c et d)
Les résultats de la figure III.22 relatifs à un matériau non écrouissable, sollicité en régime de
plasticité étendue, indiquent que les contraintes à l’extrémité d’une fissure ne sont pas uniques
mais dépendent de la géométrie. Les approches traditionnelles de la mécanique de la rupture
admettent bien que les champs de contraintes et de déformations locales peuvent dépendre de
la géométrie, mais elles supposent en même temps que les champs locaux au voisinage
immédiat de l’extrémité d’une fissure ont des formes similaires dans toutes les configurations
83
de chargement dans un mode donné, de sorte qu’ils soient caractérisés par un paramètre
unique. L’hypothèse de l’existence d’un paramètre unique n’est manifestement pas valable
dans le cas du moins des matériaux non écrouissable, chargés dans des conditions de plasticité
étendue, parce que précisément les champs locaux dépendent de la configuration de
chargement. Aussi la ténacité, qu’elle soit quantifiée en termes de FIC K, de taux de
restitution d’énergie J ou de CTOD, doit aussi dépendre de la géométrie.
A géométrie fixée, la ténacité des matériaux peut également varier avec la longueur de fissure
a et la largeur de l’éprouvette utilisée L. La figure III.23 illustre schématiquement ce type de
variations sur une courbe JR. Lorsque le rapport a/L augmente, la courbe JR peut changer avec
une ténacité en particulier qui a tendance à diminuer.
JR
a/L
∆a
Figure III.23 : Influence du rapport a/L sur les courbes JR de résistance à la rupture
Tous les résultats examinés en début de ce paragraphe montrent bien qu’il est difficile de
caractériser à l’aide d’un paramètre unique, la distribution des contraintes en pointe d’une
fissure lorsque la plastification est importante. Certaines approches ont essayé d’étendre les
limites de validité de la mécanique de la rupture au delà de celles imposées par la description
84
à paramètre unique. La plupart de ces approches, que l’on va examiner, introduisent un
second paramètre pour mieux caractériser les conditions existantes à l’extrémité d’une fissure.
Williams a montré que les champs de contrainte à l’extrémité d’une fissure dans un matériau
isotrope et élastique, peuvent être exprimés à l’aide de séries infinies en puissance de r dont le
1er terme prépondérant correspond à la singularité en 1 r , le 2nd terme est constant, le 3e
terme est proportionnel à r … La théorie classique de la mécanique de la rupture néglige
habituellement tous les termes à l’exception du terme singulier. Cependant si les termes au
delà du second terme, en r1/2, r3/2… s’annulent à l’extrémité de la fissure, le second terme qui
lui est constant, garde sa valeur. Ce terme peut avoir une influence importante sur la forme de
la zone plastifiée et sur les contraintes en profondeur à l’intérieur de cette zone.
Pour une fissure dans un matériau élastique et isotrope, sollicité en mode d’ouverture sous
déformations planes, les deux premiers termes intervenant dans l’expression des contraintes
sont :
KI
LMT 0 0 OP
σ ij = f (θ ) + M 0
ij 0 0 PP III.42
2πr
NM 0 0 υT Q
où T est une contrainte uniforme qui correspond aux contraintes de compression transverses
évoquées lors de l’étude de la fissure stationnaire.
Pour évaluer l’influence de cette contrainte T, on construit un modèle simple circulaire obtenu
par découpage d’un disque entourant l’extrémité de la fissure. Les conditions limites sur les
bords de ce disque sont indiquées sur la figure III.24. On appellera par la suite le modèle
circulaire.
KI
σ ij = f ij (θ ) + Tδ 1i δ 1 j
2πr
85
Le champ des contraintes issu de la relation précédente est appliqué sur la frontière du disque
découpé autour de l’extrémité de la fissure. Une zone plastifiée se développe en pointe de
fissure, mais elle doit demeurer largement confinée dans le disque considéré pour s’assurer de
la validité des conditions limites imposées et de la solution élastique. Le modèle circulaire
permet en régime de plasticité confinée, la simulation des conditions existantes au voisinage
de l’extrémité d’une fissure et ce, indépendamment de la géométrie de la structure fissurée.
La figure III.25 est une illustration de résultats obtenus par la MEF dans un modèle
circulaire. Ces résultats exprimés pour différentes valeurs de T/σE montrent l’influence de la
contrainte T en profondeur dans la zone plastifiée. Le cas T=0 correspond à la limite du
régime de plasticité confinée lorsque le terme de singularité décrit tout seul les champs près
de l’extrémité. Les valeurs négatives de T (contraintes de compression) influent de façon
beaucoup plus significative sur la distribution des contraintes, que les valeurs positives de T.
5
Solution HRR
T
σE
σy 1
σE 0
-0,4
-0,8
-1
1
0 rσ E J 6
Il faut noter que la solution HRR n’est pas confondue avec T= 0. Le champ des contraintes en
profondeur à l’intérieur de la zone plastifiée peut être représenté par une série en puissance de
r dont le 1er terme correspond à la solution HRR. La figure III.25 montre que l’influence des
autres termes n’est pas négligeable lorsque T=0. Cependant la description à l’aide d’un
paramètre unique J reste valable dans les conditions examinées dans le paragraphe III.5.1.
T πa
β= III.43
KI
86
Dans une éprouvette infinie comportant une fissure traversante de longueur 2a et soumise à
un chargement en mode I sous l’effet d’une contrainte σ ∞ , β =-1. Autrement dit la contrainte
r
de traction σ ∞ selon l’axe y , conduit à des contraintes de compression transversales
r
T = −σ ∞ dans la direction x ce qui se traduit par une relaxation des contraintes significative
si l’on se réfère à la figure III.25.
Dans les éprouvettes d’essais en laboratoire (CCT, DENT, SENT, BENT), les solutions du
FIC KI peuvent se mettre sous forme polynomiale et la contrainte T est donnée par :
T=β
F aFG IJ
e πaL
f
L H K III.44
SENB
0
T πa SENT
β=
KI DENT
CCT
-1,5
0 a/L 0,8
87
Le rapport de biaxialité apparaît donc comme une indication qualitative de la triaxialité des
contraintes pour différentes configurations de chargement. La contrainte T peut aussi être
utilisée comme second paramètre caractéristique des champs à l’extrémité d’une fissure . Pour
une géométrie donnée, ce paramètre est déterminé à partir des relations III43 ou III44 en
utilisant le rapport β donné par la figure III.26 ; on peut ensuite estimer la distribution des
contraintes à partir des résultats de la figure III.25. Cette procédure a cependant ses limites
parce que T est un paramètre issu de l’élasticité et le calculer à partir de la relation III44 a peu
de sens en régime de plasticité étendue. L’évaluation des champs de contraintes en utilisant le
paramètre supplémentaire T est entachée d’erreurs dès que la déformation devient
importante ; cette procédure devient très approximative lorsque β<0,4.
d i
σ ij = σ ij HRR
d i
+ σ ij
Dif
III.45
On peut aussi définir ce champ de différence comme le complément au champ prévu pour
T=0, et écrire alors :
d i
σ ij = σ ij T =0
d i
+ σ ij
Dif
III.46
L’examen de la figure III.25 montre que des valeurs non nulles de la contrainte transversale T
conduisent à une modification de la répartition des contraintes avec une relaxation de celles-ci
lorsque T < 0. Ses résultats sont obtenus en aval de l’extrémité de la fissure c’est à dire pour
l’angle de paramétrage de la position θ = 0. Le champ de différence est cependant
relativement constant lorsque la position angulaire est comprise entre –π/2 et π/2. De plus les
composantes du champ de différence sont telles que :
π
dσ i
y Diff
b g
≈ σx Diff d i
>> σ xy
Diff
pour θ ≤
2
III.47
π
d i
σ ij = σ ij T =0
+ Qσ E δ ij pour θ ≤
2
III.48
Le paramètre Q peut être obtenu par soustraction de la solution obtenue à T = 0 du champ des
contraintes ; il est souvent défini par :
88
Q=
σy − σyd i T =0
à θ = 0 et
rσ E
=2 III.49
σE J
La figure III.25 montre que des valeurs négatives de Q correspondent à des valeurs négatives
de T. Les variations de Q avec T sont indiquées sur la figure III.27 pour différentes valeurs de
l’exposant d’écrouissage n.
0,5
0
n
3
Q 5
10
20
∞
-2
-1 0 1
T/σE
Ténacité J-Q
L’approche classique de la MLR suppose que la ténacité d’un matériau est constante. Avec la
théorie J-Q on introduit un nouveau paramètre Q dont dépend la ténacité ; on a donc :
J c = J c ( Q) III.50
La figure III.29 présente l’évolution schématique de la ténacité JC avec Q dans des matériaux
où la rupture se produit par clivage. La dispersion des résultats, obtenus dans des éprouvettes
SENB avec des profondeurs de fissures différentes, est telle qu’il faut parler de lieu de points
JC-Q plutôt que de courbe.
89
0
n=10
SENB, a/L=0,5
-0,5
-1
CCT, a/L=0,1
-1,5
10-4 10-3 10-2 10-1
J/aσE
300
SENB
Acier A515
200
JC, kPa m
100
0
-1,5 -1 -0,5 0
Q
Figure III.29 : Courbe de ténacité JC-Q pour une éprouvette SENB.
Néanmoins, ces résultats montrent que la valeur critique de J augmente lorsque le paramètre
Q diminue et devient négatif. Autrement dit, la ténacité tend à augmenter lorsque la triaxialité
des contraintes à l’extrémité de la fissure, mesurée par Q, diminue.
Comme la contrainte T donne également une indication sur le niveau de triaxialité des
contraintes, on peut tout aussi bien tracer une courbe de ténacité JC-T. Lorsque l’écoulement
plastique est modéré, les paramètres T et Q sont reliés entre eux (figure III.27), mais
l’approche utilisant la contrainte transversale T perd sa signification lorsque la plasticité est
très étendue.
90
La théorie de la mécanique de la rupture qui repose sur l’utilisation d’un paramètre
caractéristique unique, suppose que les valeurs de ténacité des matériaux déterminées par
essais en laboratoire peuvent être transposées aux structures industrielles. Les approches
utilisant deux paramètres telle la théorie J-Q implique quant à elles, que les éprouvettes
d’essais utilisées décrivent convenablement la triaxialité des contraintes près de l’extrémité
des défauts existants dans les structures en service ; autrement dit le paramètre Q à rupture, est
le même de sorte que les ténacités JC sont aussi égales. La figure III.30 illustre l’application
de la théorie J-Q aux structures. La courbe JC en fonction de Q est obtenue par calculs
utilisant la MEF ; on reporte ensuite sur le même graphe le lieu des points JC-Q obtenus sur
différentes éprouvettes d’essais. La rupture intervient lorsque la courbe JC-Q coupe le lieu des
points JC-Q. Il y a donc un ensemble de valeurs de ténacité possibles pour la structure étudiée.
JC
Il apparaît au vu des résultats précédents que la théorie J-Q est une approche descriptive et
non prédictive. Le paramètre Q quantifie la triaxialité des contraintes mais ne donne pas
d’indication en ce qui concerne l’effet de cette triaxialité sur la ténacité. Pour mieux cerner
l’influence de Q sur la ténacité, il faudrait un critère de rupture issu d’une approche micro
mécanique.
Ritchie-Knott-Rice (RKR) ont proposé un modèle pour décrire la rupture par clivage. Ce
modèle considère que la rupture se produit lorsqu’une valeur critique de la contrainte, notée
σ f , est atteinte à une distance caractéristique, notée rC . Quand on remplace le champ à T=0
par le champ HRR dans la relation III.48, on obtient :
d i
σ ij = σ ij HRR
+ Qσ E δ ij III.51
91
Si on se place dans le cas le plus endommageant c’est à dire lorsque la fissure est sollicitée en
r
mode I, la contrainte la plus élevée est selon l’axe de chargement y . Il y aura donc rupture
lorsque la contrainte σ yy atteint la contrainte critique σ f à la distance rC en aval de
l’extrémité de la fissure :
FG IJ F EJ IJ
1 1
σf EJ C n +1 n +1
= σ~ ij (n,0) + Q = G 0
σ~ ij (n,0) III.52
σE H
ασ 2E I n rC K H ασ I r K
2
E n C
JC LMσ F I OP n +1
J0
= 1− Q E
MN
σf GH JK PQ III.53
Cette relation montre bien que la ténacité dépend du paramètre Q. De plus elle prévoit la forte
influence de Q sur la ténacité, vu que la quantité entre crochets dans la relation précédente est
élevée à la puissance n+1.
On comprend bien que la ténacité d’un matériau puisse dépendre du mécanisme de rupture.
La forme de la courbe J-Q dépend alors aussi de ce mécanisme. L’équation III53 s’applique à
la description d’une rupture contrôlée par la contrainte comme c’est le cas du clivage dans les
métaux. Lorsque la rupture est contrôlée par la déformation, la triaxialité des contraintes a
moins d’effet sur la ténacité et donc le paramètre Q joue un rôle moins important. On suppose
alors pour décrire ce résultat que la rupture se produit quand l’endommagement atteint une
valeur critique à la distance rC ; l’endommagement étant quantifié par un paramètre Φ défini
par :
Fσ
Φ=G m IJ bε g
γ
1− γ
III.54
Hσ E K P
92
Lorsqu’on s’approche des conditions d’une rupture contrôlée par la déformation, la ténacité
diminue notamment quand Q est négatif, c’est à dire lorsque l’extrémité de la fissure est le
siège d’une relaxation des contraintes. L’écoulement plastique est alors plus important. On
peut donc dire, lorsque la rupture est contrôlée par la déformation que la ténacité diminue à
mesure que les contraintes en pointe de fissure se relaxent.
γ=1
2
γ=0,75
Jc
J0
1 γ=0,5
γ=0,25
γ=0
0
−1,5 −1 −0,5 0 0,5
Q
Figure III.31 : Influence du critère de rupture sur la ténacité JC-Q.
Critère de rupture
L’amorçage du clivage est décrit habituellement par une instabilité locale (au sens de Griffith)
d’une micro fissure formée au droit d’une hétérogénéité microstructurale telle qu’une
inclusion, une micro porosité... ; le bilan énergétique de Griffith est satisfait lorsqu’une
contrainte critique est atteinte au voisinage de l’extrémité de la fissure. La ténacité d’un
alliage qui rompt par clivage va alors dépendre de la taille et de la répartition de ces
hétérogénéités dans le matériau ; on comprend aussi dans ces conditions que d’une part il
existe un effet d’échelle et que d’autre part une forte dispersion des résultats puisse être
observée.
93
Le critère d’instabilité de Griffith considère que la rupture se produit lorsque la contrainte
normale atteint une valeur critique au voisinage de l’extrémité de la fissure ; la nature
statistique de l’amorçage du clivage - ou en d’autres termes la probabilité de présence d’une
hétérogénéité microstructurale de taille critique près de l’extrémité de la fissure – suggère de
considérer le volume de la process zone ou zone d’endommagement c’est à dire la zone près
de la pointe de fissure où les contraintes satisfont la condition de Griffith. La probabilité de
l’apparition du clivage dans un matériau fissuré peut alors être exprimée par une relation du
type :
F = F V (σ I ) III.55
σI
= f
JFG ,θ
IJ III.56
σE H
σ Er K
Selon la relation précédente, le champ de contraintes au voisinage de l’extrémité de la fissure
ne dépend que de J, (r,θ) étant les paramètres de position. Cependant, en présence de
relaxation de la triaxialité des contraintes, on atteint les limites de caractérisation de ce champ
par le paramètre J ; la contrainte principale, à (r,θ) fixés, est alors plus faible que celle
obtenue en régime de plasticité confinée.
b
r σ I σ E ,θ = g σE
J
b
g σ I σ E ,θ g III.57
b
A σI σE = g J2
σ 2E
b
h σI σE g III.58
avec
b
h σI σE = g 1
2 z
−π
π
b g
g 2 σ I σ E ,θ dθ III.59
94
Ainsi pour une contrainte σ I donnée, la section A(σ I ) est proportionnelle à J 2 en régime
de plasticité confinée. Sous des conditions de plasticité étendue, il y a perte de la triaxialité
avec relaxation des contraintes et on a alors une section A(σ I ) plus faible :
b
A σI σE =φ g J2
σ 2E
b
h σI σE g III.60
où φ est un facteur ≤ 1 quantifiant cette perte de triaxialité. On peut alors définir un paramètre
J effectif en plasticité étendue et écrire :
J 02
b
A σI σE = g σ 2E
b
h σI σE g III.61
J 1
= III.62
J0 φ
La valeur de J en plasticité confinée, c’est à dire J0, peut être considérée comme la force
effective qui gouverne le clivage, alors que J serait une force apparente. Le rapport de ces
deux quantités quantifie l’influence de la taille des échantillons sur leur ténacité lorsque la
rupture se produit par clivage. Considérons par exemple un échantillon qui rompt à
J C = 200 kPa m ; si le rapport J J 0 = 2 , une structure beaucoup plus grande faite avec le
même matériau rompra à J C = 100 kPa m car le volume sera plus important et compte tenu
de l’effet d’échelle évoqué auparavant, la probabilité de rupture sera plus élevée.
Effets tridimensionnels
Le modèle précédent qui repose sur une approche bidimensionnelle, ne considère que la
section où la contrainte principale est ≥ σ I . L’insuffisance de ce modèle réside
principalement dans le fait que c’est bel et bien le volume de la zone d’endommagement qui
contrôle la rupture par clivage. Ce volume fait intervenir l’épaisseur ou plus généralement la
longueur du front de fissure qui n’est pas nécessairement rectiligne. De plus, Il dépend de la
triaxialité des contraintes qui varie tout le long du front de fissure : une forte triaxialité
conduira à un volume plus important comme dans le cas bidimensionnel où la section est
aussi plus élevée.
Pour traiter le problème tridimensionnel on peut définir une épaisseur effective à partir d’un
cas bidimensionnel équivalent, de sorte que le produit de cette épaisseur effective par la
section du modèle 2D conduise au volume recherché. Considérons une éprouvette 3D,
chargée à une valeur donnée de J. Si on choisit une valeur σ I de la contrainte principale et
que l’on construit des contours 2D le long desquels σ = σ I , l’aire à l’intérieur de ces
contraintes variera tout le long du front de fissure car la triaxialité à cœur est plus forte qu’à
peau d’éprouvette (figure III.32). Le volume de la zone d’endommagement s’écrit :
95
σ yy
y x
z
e
eeff/2
0 z e/2
z e/2
V = 2 A(σ I , z )dz = eeff Ac (σ I )
0
III.63
L’épaisseur effective aura une influence sur la force contrôlant le clivage par un effet de
volume témoin, autrement dit lorsque le front de fissure est plus long, le volume considéré
sera plus important et donc la probabilité de rupture par clivage sera plus élevée. Cet effet
peut être caractérisé par une distribution à 3 paramètres des probabilités de Weibull. Cette
distribution conduit à une probabilité de rupture qui s’exprime par :
L eFK
F = 1 − exp M − G C − K min IJ 4
OP III.64
MN e H Θ 0 K − K min K PQ
Où e est l’épaisseur ou la longueur du front de fissure, e0 est une épaisseur de référence, Kmin
est la valeur seuil de la ténacité et Θ K correspond à 63% de la ténacité lorsque e=e0.
Considérons par exemple 2 éprouvettes fissurées avec des longueurs de front de fissure e1 et
e2, différentes. Si une valeur KC(1) de la ténacité est mesurée pour l’échantillon 1, la ténacité
de l’échantillon 2 peut être obtenue en égalant les probabilités de rupture dans la relation
précédente :
KC ( 2)
Fe I
= G J cK 1
1/ 4
h
− K min + K min III.65
He K 2
C (1)
Cette relation est un ajustement statistique de l’épaisseur qui permet de relier des données
obtenues pour des épaisseurs différentes.
96
Application du modèle
Comme dans l’approche J-Q, l’utilisation du modèle probabiliste nécessite une analyse par
calculs aux éléments finis détaillée de la structure étudiée. Les contours de contraintes
principales doivent être construits et les surfaces à l’intérieur de ces contours comparées à la
solution de référence T=0 obtenue par utilisation du modèle circulaire. On trace ensuite la
valeur de J0 en fonction de J : ce tracé est schématiquement représenté sur la figure III.33.
J0 a/L=0,5
J=J0
a/L=0,15
J0 critique
JC(1) JC(2)
J
Aux faibles niveaux de déformation, la courbe J0-J suit la première bissectrice J=J0 mais elle
s’en écarte dès que la déformation est importante. A J=J0 les champs de contraintes à
l’extrémité de la fissure correspondent à la solution Q=0 et la ténacité est peu influencée par
les conditions limites des échantillons testés. Lorsque les déformations sont plus élevées, J>J0
et la ténacité est artificiellement augmentée par la perte de la triaxialité des contraintes. Cette
perte intervient plus rapidement lorsque la fissure est moins profonde c’est à dire pour les
faibles valeurs de a/L. Ainsi l’éprouvette avec a/L=0,15 aura tendance à rompre à une valeur
JC(2) plus élevée que celle avec a/L=0,5.
La figure III.34 présente, dans des axes sans dimension, les variations de J0 dans le plan
moyen en fonction de la valeur moyenne de J dans l’épaisseur d’éprouvettes SENB avec
différentes valeurs du rapport L/e : longueur du ligament non fissuré sur épaisseur de
l’éprouvette. Ce type de courbe est issu de calculs 3D ; la courbe obtenue par analyse 2D en
déformations planes est également représentée sur cette figure. On s’aperçoit que les résultats
obtenus pour L/e =1 ou 2 se situent au dessus de ceux de l’analyse 2D. Lorsque L/e =4, la
valeur de J0 dans le plan moyen suit la solution 2D aux faibles déformations et passe en
dessous après. La nature 3D de la déformation plastique conduit apparemment à des niveaux
de triaxialité élevés dans le plan moyen lorsque la longueur du ligament non fissuré est
inférieure à l’épaisseur de l’éprouvette.
97
0,03
SENB ; a/L=0,5 Jmoy=J0 L/e=1
L/e=2
J0/bσE 2D - DP
L/e=4
0
0 Jmoy/bσE 0,05
1
SENB ; a/L=0,5
L/e=1
eeff/e L/e=2
L/e=4
0
0 Jmoy/bσE 0,05
Comme dans la figure précédente, on s’aperçoit que la triaxialité augmente lorsque L/e
diminue. Les 3 courbes atteignent un plateau à des déformations relativement faibles. Il faut
se rappeler que l’épaisseur effective est définie comme une mesure de la relaxation de la
triaxialité à travers l’épaisseur de l’éprouvette, comparée à la valeur de cette triaxialité dans le
plan moyen. Aux faibles déformations J ≈ J 0 mais la triaxialité évolue dans l’épaisseur de
l’éprouvette conduisant à une diminution du rapport eeff/e. Ce rapport est constant aux
déformations plus élevées (observation d’un plateau) indiquant que la relaxation est
proportionnelle pour les 3 rapports L/e .
98
Annexe A
La mécanique linéaire de la rupture (MLR), utilisable dans le cas de rupture fragile, est
basée sur la théorie de l’élasticité linéaire. Son développement est dû à Irwin qui,
s'appuyant sur les fonctions de contraintes introduites par Westergaard en 1939, donna
en 1957 la répartition des contraintes, en régime élastique, au voisinage immédiat de la
pointe d'une fissure. Parallèlement, Muskhelishvili publia en 1953 son ouvrage intitulé
"Some basic problems of the mathematical theory of Elasticity", dans lequel il donne le
champ des contraintes élastiques au voisinage d'une entaille ou d'une fissure.
Les équations fondamentales de la MLR sont introduites dans la présente annexe.
Les équations de comportement (ou loi de Hooke) peuvent être exprimées soit en
utilisant le couple des constantes élastiques (E, ν) (E = module d'Young, ν = coefficient
de Poisson) soit ( µ , λ ) ( µ = module de cisaillement et λ = coefficient de Lamé). Ces
constantes sont reliées entre elles par les formules :
R|µ = E R|v = λ
|S 2b1 + v g et
|S 2 bλ + µ g ⇒
v
=
λ
||λ = Ev || E = µ 3λ + 2µ E 2 µ 3λ + 2 µ b g
T b1 + v gb1 − 2v g T λ+µ
Les deux expressions de la loi de Hooke utilisant ces deux couples de constantes sont :
1+ υ υ
ε= σ − (traceσ ) I ou σ = 2 µε + λ (traceε ) I A.1
E E
εx =
1+ υ
σx −
υ
d
σx +σ y i εx =
1 LM
σx −
λ
σx +σ y d iOPQ
E E 2µ N 3λ + 2 µ
1 L
iOPQ
1+ υ υ
εx =
E
σx −
E
d
σx +σ y i εy =
2 µ MN
σ y −
λ
3λ + 2 µ
dσ x +σy
1+ υ 1
ε xy = σ xy ε xy = σ xy
E 2µ
A.2
A.1
b) - Etat de déformations planes ( ε xz = ε yz = ε z = 0 )
εx =
1+ υ
σx −υ σx +σy d i εx =
1 LM
σx −
λ
σx +σ y d iOPQ
E 2µ N 2( λ + µ )
1 L
iOPQ
1+ υ
εy =
E
σ y −υ σx +σ y d i εy =
2 µ MN
σ y −
λ
2( λ + µ )
dσ x +σy
1+ υ 1
ε xy = σ xy ε xy = σ xy
E 2µ
A.3
Remarques
2λ µ
* On passe des relations A.2 à A.3, en remplaçant λ par λ * = et µ inchangé,
λ + 2µ
λ* λ
en effet : =
c
2 λ +µ
*
h
3λ + 2 µ
On peut donc écrire la loi de Hooke pour les 2 états sous la forme :
R| LM λ* OP
hd iP
1
||ε x =
2µ
σx −
MN 2 λ *+ µ c σx +σ y
Q
|| 1 L
Mσ λ O
iPP
*
S|ε =
2µ M
−
2 cλ + µ h
dσ +σy Α.4
N Q
y y * x
|| 1
||ε xy =
2µ
σ xy
T
avec
λ *= λ en déformations planes
2λ µ
λ *= en contra int es planes
λ + 2µ
* Le passage de A.2 à A.3 peut aussi se faire, avec les variables E et v, en remplaçant :
λ* λ v
v par v = *
= soit v * =
2 λ +µ
*
3λ + 2 µ c h 1+ v
A.2
3λ * + 2 µ 2λ + µ
E' par E * = µ = 4µ
λ +µ
*
3λ + 2 µ
soit
E *=
b
E 1 + 2v g et
1 + v* 1 + v
=
b1 + v g 2
E* E
* Dans toute la suite, on ne traitera que l'état de déformations planes, sachant que pour
l'état de contraintes planes il suffira de remplacer λ par λ * [ou (v, E) par v * , E * . c h
I.2 - METHODES DE RESOLUTION UTILISANT LA FONCTION D'AIRY :
→
En notant X,Y les composantes de la densité des forces de volume f pour un état plan,
les équations d’équilibre s'écrivent en coordonnées cartésiennes :
RSσ x,x + σ xy , y + X = 0
soit
bσ x g
− V , x + σ xy , y = 0
A.5
|Tσ xy , x + σ y,y + Y = 0 d i
σ xy ,s + σ y − V , y = 0
avec
→
f = − grad V
→
où b g
V = V x, y
Remarque
σ z ,z + Z = 0
b
soit : σ z − V g ,z
= 0 , comme σ z ,z = 0 puisque σ = σ ( x , y ) , on a alors :
V, z = 0 ⇒ V = V (x, y ) et Z = −V, z = 0 .
R|σ − V = A
x , yy
S|σ − V = A
y , xx A.6
T σ = −A
xy , xy
A.3
Les équations de compatibilité pour un état plan s'écrivent :
ε x , yy + ε y , xx = 2ε xy , xy
b1 − v gσ − vσ yy + b1 − v gσ − vσ , xx = 2σ
x y y x xy , xy
b1 − v g∆b∆ Α + 2V g − d A + V i − cΑ + V h = −2Α
, yy , xx , xx , yy , xxyy
R| ∆b∆ Αg + 1 − 2v ∆V = 0
d’où
|S 1− v
ou A.7
||∆b∆ Αg + 2 µ
∆V = 0
T λ + 2µ
ν
⇒ En contraintes planes, les équations A.7 deviennent, en remplaçant v par ν * =
1+ ν
et λ par λ = 2 λ µ
*
(λ+ 2µ) :
R| ∆b∆ Αg + b1 − v g ∆V = 0
S|∆b∆ Αg + λ + 2µ ∆V = 0 A.8
T 2b λ + µ g
Remarques
* Les forces de volume, quand elles ne sont pas négligées, correspondent en général
aux forces de la pesanteur. Dans ces conditions, si on désigne par y la verticale
ascendante, on a :
→ → →
f = ρ g = −ρ g y
d'où
V ( x , y ) = V ( y ) = ρ gy + V0 et ∆V = 0 .
Autrement dit, les relations A.7 et A.8 se réduisent à une seule et unique équation :
∆ ( ∆ Α) = 0 A.9
Dans toute la suite, on ne considérera plus que l'équation A.9 et sauf indications
contraires, on négligera les forces de volume. Les équations A.6 deviennent alors :
σ x = Α , xx σ y = Α , xx et σ xy = − Α , xy A.10
A.4
II - EXPRESSIONS DE LA FONCTION D'AIRY A PARTIR DE VARIABLES
COMPLEXES :
A tout point M(x,y) du plan, on associe le complexe z = x+iy dont le conjugué est z = x − iy .
z+z z−z
x= et y=
2 2i
Toute fonction g ( x, y ) peut-être considérée comme fonction de z et z , que l'on notera par
abus de notation g (z , z ) .
( x, y ) ∈ Plan
→
g
g ( x, y )
( x, y )
→( z , z )
→
g
g ( z, z )
g , z = 2 (g , x − ig , y )
1
A.11a
g , z = (g , x + ig , y )
1
2
g ,x = g ,z + g ,z
A.11b
g , y = i( g , z − g , z )
Soient P(x,y) et Q(x,y), deux fonctions définies sur un domaine S du plan. La fonction g
définie par g = P + iQ est holomorphe dans S si :
g,z = 0
g , z = 0 ⇒ g , x + ig , y = 0
A.5
∂g
g'z =
1
2
c h
g,x + g,x = g,x ⇒ g '( z ) =
∂x
A.12
∂g
1
d i
g ' z = − ig , y − ig , y = − ig , y
2
⇒ g '( z ) = − i
∂y
∂ P ∂Q
∂ =
∂P ∂Q ∂P ∂Q x ∂ y
+i = −i + ⇒ A.13
∂x ∂y ∂y ∂y ∂ P
=−
∂Q
∂ y ∂x
P = ∆ Α est donc harmonique ; on peut donc considérer P comme partie réelle d'une fonction
analytique f telle que :
∂ P ∂Q
∂ =
x ∂ y
f ( z ) = P + iQ avec
∂ P
=−
∂ Q
∂ y ∂x
∂Q ∂Q ∂ P ∂P
dQ = dx + dy soit par intégration : Q = ∫ dQ = ∫ − dx + dy + cte
∂x ∂y ∂ y ∂x
1 ∂ p ∂q
Posons ϕ ( z ) =
4
∫ f ( z) dz = p + iq ⇒ P=4
∂x
=4
∂y
A.6
Il est aisé ensuite de montrer que ∆( Α − px − qy ) = 0 autrement dit que Α − px − qy est
harmonique.
On lui associe une fonction analytique χ ( z ) définie par : χ ( z ) = p1 + iq1 où
p1 = Α − px − qy soit Α = px + qy + p1 ou encore
[
Α = Re zϕ ( z ) + χ ( z )] A.14
Α=
1
2
[
zϕ ( z ) + χ ( z ) + zϕ ( z ) + χ (z ) ] A.15
Remarque :
∂Α ∂Α
∂x
+i
∂y
=2
∂Α
∂z
= ϕ ( z ) + zϕ ' z + χ ' z …..() ()
∂Α
Soit encore en notant f ( x , y ) = 2 :
∂z
Le Laplacien de A peut être calculé à partir de A.15 avec les règles de dérivation A.11 :
∂ ∂ Α ∂ ∂ Α ∂ ∂ ∂ Α ∂ Α ∂ 2Α
∆Α= + = +i −i =4
∂ x ∂ x ∂ y ∂ y ∂ x ∂ y ∂ x ∂ y ∂ z∂ z
soit
[ ( )]
∆Α = 2 ϕ ( z ) + ϕ ' z = 4 Re[ϕ '( z )] ………. A.18
L'équation A.18 déduite de A.15, montre que ∆A correspond à la partie réelle d'une fonction
analytique, elle est donc harmonique i.e. ∆(∆Α) = 0.
A.7
Inversement toute fonction biharmonique est de la forme A.15 où ϕ ( z ) et χ ( z ) sont des
fonctions holomorphes.
Les fonction ϕ ( z ) , χ ( z ) et ψ ( z ) sont appelées fonctions de Kolosov et Muskhelishvili.
λ λ + 2µ
2µ ε x = σ x − (σ +σ y)= (σ x + σ y ) − σ y
2(λ + µ ) 2(λ + µ )
x
et
λ λ + 2µ
2µ ε y = σ y − (σ +σ y)= (σ x + σ y ) − σ x
2(λ + µ ) 2(λ + µ )
x
λ + 2µ
2µ ε x = 2(λ + µ )∆Α − Α, xx
A.19
2 µ ε = λ + 2 µ ∆ Α − Α
2(λ + µ )
y , yy
∂p ∂q
Comme ∆Α = P = 4 =4 , l'intégration de A.19 conduit à :
∂x ∂y
(λ + 2µ )
2 µ U x = 2 λ + µ p − Α , x + α ( y )
A.20
2µ U = 2 (λ + 2µ )q − Α + β ( x )
y
λ+ µ ,y
λ + 2 µ ∂ p ∂ q
4 µ ε xy = 2 µ (U x , y + U y , x ) = 2 + − 2Α, xy + α ' ( y ) + β ' ( x ) = −2Α, xy or
λ + µ ∂ y ∂ x
∂ p ∂q
+ = 0 ⇒ α ' ( y) + β ' ( x) = 0
∂y ∂x
soit
α ' ( y ) = − β '( x ) = cte = C⇒ α ( y ) = cy + d 1 et β ( x ) = − cx + d 2
A.8
Les constantes d'intégration α ( y ) et β ( x ) qui n'interviennent pas dans le calcul des
déformations, correspondent à un déplacement rigide d'ensemble. Par la suite, sauf indications
contraires, on n'en tiendra pas compte.
2µ (U x + iU y ) = 2
(λ + 2µ )( p + iq ) − (Α + iΑ , y ) = 2
(λ + 2µ )ϕ (z ) − 2 ∂ Α
λ+ µ ,x
λ+ µ ∂z
soit en utilisant A.16 :
ϕ ( z ) − ϕ ( z ) − zϕ '(z ) − ψ (z )
λ + 2µ
2 µ (U x + iU y ) = 2
λ+ µ
d'où finalement :
() ()
2 µ (U x + iU y ) = κ ϕ ( z ) − zϕ ' z − ψ z ………….. A.21
λ + 3µ
avec κ = = 3 − 4v …………………….A.22
λ+ µ
Remarque : Pour un état de contraintes planes, prédominant dans les plaques minces
chargées dans leur plan, on obtient les mêmes relations que A.21 en changeant λ en
2λ µ v
λ *= et v en v * = , ce qui donne :
λ+ 2µ 1+ v
5λ + 6µ 3 − v
κ= = ………………… A.23
3λ + 2µ 1 + v
A partir de A.10 et de l'expression de la fonction d'Airy A donnée par A.15, on établit les
relations suivantes :
A.9
σ y + σ x = 2(ϕ ' ( z ) + ϕ '(z )) = 4 Re(ϕ ' ( z )) …………….. A.26
Remarque : Pour voir comment se transforment les relations A.21, A.26 et A.27
lorsqu’on utilise des cordonnées cylindriques par exemple, on effectue une rotation
d’angle θ autour d’un axe perpendiculaire au plan (x,y).
r r
eθ y
θ
r
er
θ r
x
Le champ des déplacements dans le nouveau système d’axes est donné par :
Hu K Hu K
θ y H − sinθ cosθ K θTu = − u sin θ + u cosθ
x y
b g e bg
2 µ ur + iuθ = e − iθ κ ϕ z − z ϕ ' z − ψ z d i d ij A.28
R|
|Sσσ r = σ x cos2 θ + σ y sin 2 θ + 2σ xy sin θ cosθ
= σ x sin 2 θ + σ y cos 2 θ − 2σ xy sin θ cosθ
|| θ
σ rθ = σ xy cos 2θ +
σ y −σx
sin 2θ
T 2
d
⇒ σ θ − σ r + 2iσ rθ = e 2iθ σ y − σ x + 2iσ xy i
La relation A.26 reste inchangée, alors que A.27 devient :
d
σ θ − σ r + 2iσ rθ = 2e 2iθ z ϕ '' z + ψ ' z bg b gi A.29
A.10
IV - EXPRESSION DU TORSEUR DES EFFORTS
Considérons un arc BC orienté de B vers C dans une plaque (figure ci-dessus où (x,y) est le
plan de la plaque)
y
r r
n n
C
α α
P α
P dy ds
dx
B
→
T P, n = σ n = ( X n , Yn )
→ →
r r
X n = t x.σ .n = σ x cos α + σ y sin α = Α, yy cos α − Α, xy sin α
soit r r
Yn = t y.σ .n = σ xy cos α + σ y sin α = − Α, xy cos α + Α, xx sin α
dy dx
Comme cosα = et sin α = − , les expressions de X n et Yn deviennent :
ds ds
d ∂ Α d ∂ Α
Xn = et Yn = − A.30
ds ∂ y ds ∂ x
→
• La résultante par unité d'épaisseur F : ( X , Y ) sur l'arc BC, est donnée par :
→ C → →
F = ∫ T P, n ds
B
soit
C C
X = ∫ X n ds et Y = ∫ Yn ds
B B
d'où
C C
∂ Α ∂ Α ∂ Α ∂ Α ∂ Α
X + iY = ∫ ( X n + iYn )ds = ∫ d
C C
−i = −i +i = −2i
B B
∂y ∂x ∂ x ∂ y B ∂ z B
A.11
soit finalement, compte tenu de l'expression de Α :
[ ( ) ( )]
X + iY = −i ϕ ( z ) + zϕ ' z + ψ z
C
B A.31
• Le moment résultant par unité d'épaisseur en un point O, des efforts s’exerçant sur l'arc
BC, s'écrit :
→ C → →
→
M = ∫ OP ∧ T P, n ds = (0,0, M ) avec
B
C ∂ Α ∂ Α
M = ∫ ( xYn − yX n )ds = ∫ − xd
C
− yd
B B
∂x ∂ y
∂Α ∂Α ∂ Α ∂ Α
x +y = Re( x + iy ) −i
∂x ∂y ∂x ∂ y
∂ Α
= Re2 z
∂z
{[ ( )]}
= Re z zϕ ' ( z ) + ψ ( z ) + ϕ z
[
M = Re χ (z ) − zψ ( z ) − z zϕ '( z ) B ]C
A.32
σ y + σ x = 4 Re[Φ( z )] A.33
[
σ y − σ x + 2σ xy = 2 zΦ '( z ) + Ψ ( z ) A.34 ]
Les fonctions ϕ et ψ introduites précédemment sont reliées à Φ et Ψ respectivement par les
relations :
ϕ ( z ) = ∫ Φ( z) dz et ψ ( z ) = ∫ Ψ (z )dz A.35
A.12
La relation A.33 montre que si Φ(z) est solution, Φ1 ( z ) = Φ( z ) + Ci avec C réel, l'est aussi.
ϕ 1 ( z ) = ϕ ( z ) + Ciz + γ A.36
où
γ = α + iβ est une constante complexe et ϕ 1 ( z) une primitive de Φ1 ( z) .
ψ 1( z ) = ψ ( z ) + γ ' A.37
où
γ ' = α '+iβ ' est une constante arbitraire du corps des complexes.
• Ainsi pour un état de contrainte donné, la fonction Ψ ( z ) est complètement définie alors
que les fonctions Φ( z ) , ϕ ( z ) et ψ ( z ) sont définies respectivement aux termes suivants près:
Ci , Ciz + γ et γ ' .
L'ajout de ces termes ne modifient pas l'état de contrainte. Cela signifie que l'on peut choisir
arbitrairement les valeurs de Ιm( ϕ ' ( z ) ) , ϕ ( z ) et ψ ( z ) en un point quelconque.
• Si le domaine D sur lequel sont définies les fonctions ϕ et ψ, contient l'origine, on peut
alors choisir arbitrairement les valeurs ϕ (0 ), ψ (0 ) et Ιm(ϕ ' (0) ) .
• Supposons maintenant que le champ des déplacements soit donné dans D. On a donc,
d'après la relation A.21 :
() ()
2 µ (U x + iU y ) = κϕ ( z ) − zϕ ' z − ψ z
ϕ 1( z) = ϕ ( z) + Ciz + γ et ψ 1( z) = ψ ( z) + γ '
C = 0 et κγ −γ '= 0 A.39
Soit :
κα − α '= 0 et κβ − β ' = 0
On peut donc choisir arbitrairement γ ou γ', c'est-à-dire si D contient l'origine, ϕ(0) ou ψ(0)
par exemple.
A.13
Remarque : Si on pose U 1 x = U x + U 0 x et U 1 y = U y + U 0 y , la relation A.38 conduit à :
( )
2 µ U 0 x + iU 0 y = (K + 1)Ciz + Kγ −γ '
soit
2 µU 0 x = −(K + 1)Cy + Kα −α '
A.40
2 µU 0 y = (K + 1)Cx + Kβ + β '
Les composantes U 0 x et U 0 y définies par les relations A.40 correspondent à celles d'un
déplacement rigide d'ensemble.
• Supposons que la résultante des efforts sur un contour donné soit connue, c'est-à-dire
d'après la relation A.31 :
ϕ ( z ) + zϕ ' ( z) + ψ ( z) imposée.
γ +γ '=0 L A.41
Im( ϕ ' ( 0) ) et ϕ ( 0) ou ψ ( 0)
ϕ ( 0) ou ψ ( 0) = 0 A.43
A.14
VI - EXPRESSIONS DES FONCTIONS ϕ ET ψ DANS UN DOMAINE BORNE ET
MULTIPLEMENT CONNEXE :
• Un domaine D borné du plan est simplement connexe, s'il est limité par un seul contour
fermé et simple C.
Exemples :
C C
D D
• Un domaine D est multiplement connexe s'il est limité par plusieurs contours Cj fermés
simples (qui ne se recoupent pas entre eux)
Exemples :
Cm+1
C2 C1
C2
C1 Cm
Lj r Cj
n
D
Remarque :
* Jusqu'à présent, on a toujours supposé que le milieu D, dans lequel on a établi les relations,
était simplement connexe.
A.15
En prenant Φ(z ) de la forme :
m
Φ( z ) = ∑ Α k log(z − z k ) + Φ * ( z ) A.46
k =1
Vérification :
Prenons une courbe fermée Lj, autour du contour Cj, orientée dans le sens positif (voir figure
précédente) et posons z − z j = re iθ
m
ϕ (z ) = ∫ Φ(z )dz + cste = ∑ [Α k (z − z k )log(z − z k ) − (z − z k )] + ∫ Φ * (z )dz + cste
k =1
k =1
bg b g b g b g b g
m m
ϕ z = z ∑ Α k log z − zk + ∑ Ck − Ak z k log z − zk − ∑ z − zk
k =1 k =1
+ fonction uniforme dans D
Finalement ϕ ( z ) s'écrit :
bg b g b g bg
m
ϕ z = ∑ Α k z + γ k log z − z k + ϕ * z A.47
k =1
avec
b g bzg = − ∑ bz − z g
m
Ak ∈ R , γ k = Ck − Ak z k un nombre complexe et ϕ *
k +
k =1
bg
fonction uniforme dans D ; ϕ * z est également uniforme dans D.
σ y − σ x + 2iσ xy = 2 z Φ ' z + Ψ z bg bg
A.16
La condition d'uniformité impose Ψ( z ) uniforme. Comme ψ ( z ) = ∫ Ψ( z )dz , on a comme
précédemment :
m
ψ ( z ) = ∑ γ 'k log( z − z k ) + ψ *( z ) A.48
k =1
avec
γ 'k∈ C et ψ *( z) uniforme dans D.
Examinons maintenant les conséquences de ces choix sur le champ des déplacements.
• (
Le champ des déplacements U x , U y est donné par : )
2 µ (U x + iU y ) = κϕ ( z ) − zϕ ' z − ψ z () ()
soit en utilisant les relations A.47 et A.48 :
2 µ U x + iU y
Lj
b g
= 2πi κ + 1 Α j z + κγ j + γ ' j A.49
La condition d'uniformité U x + iU y [ ] Lj
= 0 sur toute courbe fermée L j conduit à :
[
X j + iY j = −i ϕ ( z ) + zϕ ' ( z ) + ψ ( z ) ] Lj
Remarque :
→ →
* Compte tenu de l'orientation de n = next (orienté vers l’intérieur de L j - voir figure
précédente), il faut changer de signe d'où :
[
X j + iY j = i 2πiγ j − 2πiγ 'j ]
soit
X j + iY j = −2π γ j − γ 'j ( ) A.52
A.17
X j + iY j
γ j = −
2π (1 + κ )
A.51 et A.52 entraînent A.53
γ ' = κ X j − iY j
J 2π (1 + κ )
m
1
ϕ (z ) = − ∑ ( X k + iYk ) log(z − z k ) + ϕ * (z ) A.54
2π (1 + κ ) k =1
κ
bg b g ∑b X g b g bg
m
ψ z = − iYk log z − z k + ψ * z A.55
2π 1 + κ
k
k =1
Les formules établies précédemment restent valables dans toute portion bornée du domaine D.
Que deviennent les expressions des fonctions ϕ(z) et ψ(z), si on se place par exemple à
l'extérieur d'un cercle Ck de rayon R très grand, de sorte que tous les contours C j soient à
l'intérieur du cercle i.e. z j < R < z .
F zI
logb z − z g = log z + logG 1 − J = log z −
z 1F z I
− G J
2
+ .....
H zK z 2H z K
k k k
k
R|ϕ b zg = − X + iY log z + ϕ b zg **
A2.56
|S 2π b1 + κ g
X et Y sont les composantes de la résultante des efforts s’exerçant sur tous les contours Ck .
A.18
ϕ ** ( z ) et ψ ** ( z) peuvent être développés en série de Laurent dans ( D − Ck ) sous la forme :
∞ ∞
ϕ ** ( z) = ∑ a n z n et ψ ** ( z ) = ∑ a 'n z n
−∞ −∞
[ ]
La relation σ y + σ x = 2 ϕ ' ( z ) + ϕ ' ( z ) s'écrit alors :
σ y + σ x = 2 −
X + iY 1
−
X − iY 1
+ ∑ n a n z n−1 + a n z
2π (1 + κ ) z 2π (1 + κ ) z −∞
∞
( n −1
)
Quand z grand, les contraintes σ y et σ x doivent rester finies d'où :
∑ n(a
∞
n=2
n z n−1 + a n z
n −1
)= 0 ⇒ a n = an = 0 pour n ≥ 2
[ ]
La relation σ y − σ x + 2iσ xy = 2 zϕ ' ' ( z ) + ψ ' ( z ) doit aussi rester bornée lorsque z est grand.
X + iY
ϕ (z ) = − 2π (1 + κ ) log z + Γz + ϕ 0 ( z ) A2.58
ψ ( z ) = κ X − iY log z + Γ' z + ψ ( z ) A2.59
2π (1 + κ )
0
d1 d 2 d '1 d ' 2
ϕ 0 (z ) = d 0 + + +L ψ 0 ( z) = d ' 0 + + 2 +L
z z2 z z
ϕ 0 (∞ ) = ψ 0 (∞ ) = 0⇒ d0 = d '0 = 0
Remarques :
1 - Les réels B, B' et C' peuvent s'exprimer en fonction des contraintes à l'infini σ x∞ , σ y∞ et
σ ∞xy . On a en effet :
A.19
σ x∞ + σ y∞
σ +σ = 4 Lim[Reϕ ' ( z )] = 4Γ = 4 B
∞
x
∞
y
B= A.60
z →∞ 4
σ y∞ − σ x∞
B' =
σ y∞ −σ x∞ +2iσ xy∞ = 2Γ' = 2(B'+iC ') ⇒ 2 A.61
C'= σ ∞
xy
2 - Les réels B, B' et C' peuvent aussi s'exprimer en fonction des contraintes principales à
l'infini σ ∞I et σ ∞II (voir figures ci-dessous).
σ ∞I + σ ∞II
σ + σ = 4B
∞
I
∞
II ⇒ ⇒ B= A.62
4
σ ∞II − σ ∞I = 2e 2iα (B'+iC ') ⇒
1
(
B '+iC ' = σ ∞II − σ ∞I e −2iα
2
) A.63
r
r y
II σ ∞y σ ∞II σ ∞I
σ ∞xy α
α r
I σ ∞x
α r
x
Soit une plaque rectangulaire comportant un trou circulaire de rayon R (figure ci-dessous) ; R
est supposé très petit par rapport aux dimensions de la plaque. Lorsqu'on se place à l'échelle
du trou, la plaque peut être considérée comme un milieu infini.
A.20
σ θ + σ r = 2[ϕ ' ( z ) + ϕ ' ( z )]
⇒
σ θ − σ r + 2iσ rθ = 2e 2iθ [z ϕ ' ' ( z ) + ψ ' ( z )]
d'où :
()
σ r − iσ rθ = ϕ (z ) + ϕ ' z − e 2iθ [z ϕ ' ' ( z ) + ψ ' ( z )] A.64
Remarque :
X − iY d '1 d '2
ψ (z ) = κ log z +Γ' z + ψ 0 ( z ) avec ψ 0 ( z ) = + 2 +L
2π (1 + κ ) z z
X + iY d 1 2d 2
Φ ( z ) = ϕ ' ( z ) = − 2π (1 + κ )z + Γ − z 2 − z 3 +L A2.65
Ψ ( z ) = ψ ' ( z ) = κ X − iY + Γ '− d '1 − 2d ' 2 +L A2.66
2π (1 + κ )z z2 z3
∞
X + iY
Φ ( z ) = ∑ ak z −k avec a0 = Γ, a1 = − , a2 = −d1L
0 2π (1 + κ )
Ψ ( z ) = a' z −k avec a' = Γ' , a' = κ X − iY , a' = − d ' L
∞
∑0 k 0 1
2π (1 + κ )
2 1
z = Re i θ
()
σ R − iσ Rθ = Φ( z ) + Φ z − e 2 iθ
[zΦ' (z ) + Ψ(z )] avec −i θ
sur le trou
z = Re
A.21
∞ ∞
− e 2iθ z ∑ (− k )a k z − k −1 + ∑ a ' k z − k
−k
= ∑ a k z −k + ∑ a k z
0 0
∞
e − i kθ ∞
e i kθ e − i kθ
= ∑ a k k + ∑ a k k + R ∑ ka k k +1 − e 2iθ ∑ a ' k z
k
A.67
0 R 0 R R
∞
1+ k ∞
a a' ∞
a'
= ∑ k a k e −i kθ + ∑ kk e i kθ − a'0 e 2iθ − 1 e iθ − ∑ kk ++ 22 e −i kθ
0 R 0 R R 0 R
Si le chargement sur le trou circulaire est connu, les termes Α k seront connus.
a'2
♣k=0 ⇒Α 0 = a0 + a0 − avec a0 = a0 = Γ = B ∈ R
R2
soit
a'2
Α 0 = 2a 0 −
R2
a1 a '1
♣ Termes en ei θ ⇒ Α1 = − avec a '1 = −κa1
R R
a2
♣ Termes en e 2i θ ⇒ Α2 = − a'0 avec a' 0 = Γ '
R2
ak
♣ Termes en e i kθ (pour k ≥ 3) ⇒ Αk = ⇒ ak = Ak R k
Rk
1+ k a ' k +2
Termes en e − i kθ (pour k ≥ 1) ⇒ k ak − = Α−k
R R k +2
A.22
IX METHODE UTILISANT L’INTEGRALE DE CAUCHY
Soit L un contour simple, fermé et d’orientation positive, séparant le plan en deux domaines
disjoints D+ (intérieur à L et contenant l’origine) et D- (extérieur à L et contenant le point à
l’infini).
L
D-
D +
f(t) étant une fonction de la variable complexe donnée sur le contour fermé L, l’intégrale de
Cauchy notée F(z) est définie par :
1 f (t ) z ∈ D + ou D −
2πi ∫L t − z
F ( z) = dt avec et t∈L
mais z ∉ L
Remarques :
Si f(z) est holomorphe dans D+, elle peut se développer en série entière sous la forme :
∞
f ( z ) = ∑ a n z n et f
0
(n)
( z) =
n!
2πi zb
L
f (t )
t−z g n +1
dt
Si f(z) est holomorphe dans D-, elle peut se développer en série entière sous la forme :
∞
f ( z) = ∑
0
an
zn
et f (n)
( z) =
n!
2πi zb
L
t−z
f (t )
g n +1
dt
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = 0 pour z ∈ D − A.70
A.23
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = f ( z ) pour z ∈ D + A.71
n
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = − ∑
1
g i ( z) pour z ∈ D − A.72
n
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = f ( z ) − ∑1 g i ( z ) pour z ∈ D + A.73
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = − f ( z ) + f (∞) pour z ∈ D − A.74
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = f (∞) pour z ∈ D + A.75
n
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = − f ( z ) + ∑1 g i ( z ) + f ∞ ( z ) pour z ∈ D − A.76
n
1 f (t )
2πi ∫L t − z
dt = ∑1 g i ( z ) + f ∞ ( z ) pour z ∈ D + A.77
z = ω (ζ ) = Rζ
A.24
[
Α = Re zϕ ( z ) + χ ( z ) = ] 12 [zϕ (z ) + χ (z ) + zϕ (z ) + χ (z )]
On a vu que :
∂Α ∂Α
i ∫ ( X n + iYn )ds = i ∫ d −i
∂Α ∂Α
= ∫ d +i = 2
∂Α
() ()
= ϕ ( z ) + zϕ ' z + ψ z
∂y ∂x ∂x ∂y ∂z
r r
où ψ ( z ) = χ '( z ) et ( X n , Yn ) sont les composantes du vecteur contrainte T ( P, n ) .
En posant f = i ∫ ( X n + iYn )ds , on peut donc mettre la relation précédente sous la forme :
ϕ ( z ) + zϕ ' ( z ) + ψ ( z ) = f A.78
Cette relation écrite sur le contour L ( f donnée sur L) correspondra à une condition limite.
Remarques :
ϕ (ζ ), χ (ζ ),ψ (ζ ) K et ϕ 1 ( z ), χ 1 ( z ),ψ 1 ( z ) K
avec
ϕ 1 ( z ) = ϕ 1 (ω (ζ )) = ϕ (ζ ) et ψ 1 ( z ) = ψ 1 (ω (ζ )) = ψ (ζ )
d’où
dζ ϕ ' (ζ ) ω (ζ )
ϕ 1' ( z ) = ϕ ' (ζ ) = et zϕ1' ( z ) = ϕ ' (ζ )
dz ω ' (ζ ) ω ' (ζ )
zϕ 1' ( z ) = ζϕ ' (ζ )
La condition limite A.78 et sa forme conjuguée, vont donc pouvoir s’écrire pour τ sur le
cercle unité γ :
ϕ (τ ) + τϕ '(τ ) + ψ (τ ) = f A.79
ϕ (τ ) + τϕ '(τ ) + ψ (τ ) = f A.80
Pour résoudre le système des deux équations précédentes et déterminer donc les fonctions ϕ
et ψ , on envisage deux cas : ζ ∈ D + ou ζ ∈ D−
A.25
IX-3.1 Calcul à l’intérieur du contour L ( ζ ∈ D + )
En prenant les intégrales de Cauchy de la relation A.79 sur le cercle unité γ , on obtient :
1 ϕ (τ )
2πi γ τ − ζ z
dτ =
1 f
2πi γ τ − ζ
dτ − z
1 τϕ '(τ )
2πi γ τ − ζ
dτ −
1442443 144244
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ
3
z z
(1) (2)
ϕ étant holomorphe dans D+, le terme de gauche vaut ϕ (ζ ) d’après A.71. Les termes (1) et (2)
se calculent comme suit :
n
• ϕ (ζ ) = ∑a ζ
0
n
n
= a 0 + a1ζ + a 2ζ 2 + a 3ζ 3 + ..... ϕ '(ζ ) = a1 + 2a 2ζ + 3a 3ζ 2 + .....
2a 2 3a 3 1
soit ϕ '(τ ) = a1 + + + ..... car τ =
τ τ 2
τ
D’où (1) =
1
2πi z FGH
γ
a1τ + 2a 2 +
3a 3
τ
IJ dτ
+ .....
K τ −ζ
3a 3
Les termes a1τ et 2a 2 étant holomorphes dans D+ et les termes étant holomorphes dans
τ
D- , on a d’après les relations de Cauchy A.71 et A.75 :
(1) = z
1 τϕ ' (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ = a1ζ + 2a 2
F 1I
• Pour traiter le terme (2) on va poser u(ζ ) = ψ GH ζ JK ⇒ u(τ ) = ψ (τ ) ; la fonction u
D’où (2) =
1 ψ (τ )
z
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 u(τ )
2πi γ τ − ζ z
dτ = u( ∞) = ψ (0) d’après A.75.
ϕ (ζ ) =
1
z
f
2πi γ τ − ζ
dτ − ϕ ' (0)ζ − ϕ ' '(0) − ψ (0) A.81
A.26
et ϕ ' ' (0) =
1 f
πi γ τ 3zdτ .
Pour le calcul de ψ, on procède de la même manière en prenant les intégrales de Cauchy sur le
contour γ de la relation A.80, soit :
z
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 f
2πi γ τ − ζ
dτ − z
1 ϕ (τ )
2πi γ τ − ζ
144244
dτ − z
1 τϕ '(τ )
2πi γ τ − ζ
3 1442443
dτ z
(1) (2)
ψ étant holomorphe dans D+, le terme de gauche vaut ψ (ζ ) d’après A.71. Les termes (1) et
(2) se calculent comme suit :
(1) =
1 ϕ (τ )
z
2πi γ τ − ζ
dτ = ϕ (0) comme précédemment.
(2) = z
1 τϕ ' (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 ϕ '(τ ) dτ
2πi γ τ τ − ζ z
ϕ '(ζ ) a1 ϕ '(ζ ) a1
Or
ζ
=
ζ
+ 2a 2 + 3a 3ζ + ..... soit ≈
ζ ζ →0 ζ
et donc d’après A.73 :
(2)= z
1 ϕ ' (τ ) dτ
2πi γ τ τ − ζ
=
ϕ '(ζ ) − a1 ϕ '(ζ ) − ϕ ' (0)
ζ
=
ζ
ψ (ζ ) =
1
z f
2πi γ τ − ζ
dτ − ϕ (0) −
ϕ ' (ζ ) − ϕ ' (0)
ζ
A.82
En prenant les intégrales de Cauchy de la relation A.79 sur le cercle unité γ , on obtient :
1 ϕ (τ )
z
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 f
2πi γ τ − ζ
dτ − z
1 τϕ '(τ )
2πi γ τ − ζ
dτ −
1442443 144244
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ z
dτ
3
z
(1) (2)
Pour le calcul de (1) on a la fonction ϕ holomorphe dans D-, elle se met donc sous la forme :
a1 a2 a1 2a 2
ϕ (ζ ) = a 0 + + + ..... soit ϕ '(ζ ) = − − + ..... et ϕ '(τ ) = − a1τ 2 − 2a 2 τ 3 + ....
ζ ζ 2
ζ 2
ζ 3
A.27
d’où τϕ ' (τ ) = a1τ 3 − 2a 2τ 4 + .... qui est holomorphe dans D+ et donc :
Le terme (2) =
1 ψ (τ )
z
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 u(τ )
2πi γ τ − ζ z
dτ en introduisant la fonction u définie comme
F 1I
précédemment ( u(ζ ) = ψ GH ζ JK ⇒ u(τ ) = ψ (τ ) ) et qui est holomorphe dans D+ ; ainsi
le terme (2) est nul aussi d’après toujours la même relation A.70.
ϕ (ζ ) = −
1
z
f
2πi γ τ − ζ
dτ + ϕ ( ∞ ) A.83
Pour le calcul de ψ, l’application des intégrales de Cauchy sur le contour γ de la relation A.80,
conduit à :
z
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 f
2πi γ τ − ζ
dτ − z
1 ϕ (τ )
2πi γ τ − ζ
144244
dτ −
1 τϕ '(τ )
2πi γ τ − ζ
3 1442443
zdτ z
(1) (2)
Le terme (1) = z
1 ϕ (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ =
1 u(τ )
2πi γ τ − ζ z
dτ = 0 car u holomorphe dans D+ .
Le terme (2) = z
1 ϕ ' (τ ) dτ
2πi γ τ τ − ζ
avec :
a1 a2 ϕ '(ζ ) a 2a
ϕ (ζ ) = a 0 + + + ..... soit = − 13 − 42 +..... holomorphe dans D-
ζ ζ 2
ζ ζ ζ
ϕ '(ζ )
Donc (2) = − d’après A.74.
ζ
ψ (ζ ) = −
1
z
f
2πi γ τ − ζ
dτ −
ϕ ' (ζ )
ζ
+ ψ (∞ ) A.84
A.28
X APPLICATION : PLAQUE INFINIE COMPORTANT UN TROU ELLIPTIQUE
FG
z = ω (ζ ) = R ζ +
mIJ RS R > 0
H ζK
avec
T0 ≤ m < 1
γ le cercle unité dans le plan des ζ correspond - dans le plan des z - à l’ellipse L centrée sur
l’origine et dont les demi-axes sont :
2a
2b
Cercle unité γ
Ellipse L dans
dans le plan des ζ
le plan des z
Les équations A.79 et A.80 vont donc s’écrire sur le cercle unité γ :
1 τ2 +m
ϕ (τ ) + ϕ '(τ ) + ψ (τ ) = f A.85
τ 1 − mτ 2
1 + mτ 2
ϕ (τ ) + τ ϕ '(τ ) + ψ (τ ) = f A.86
τ2 −m
A.29
z
1 ϕ (τ )
2πi γ τ − ζ
144244
dτ +
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ
3 144244
dτ +
1
zτ2 +m
2πi γ τ (1 − mτ )
3 144444244444
2
ϕ '(τ ) z
dτ
=
1 f
τ − ζ 2πi γ τ − ζ
3
dτ z
(1) (2) (3)
a1 a2 a1 2a 2
ϕ (ζ ) = a 0 + + + ..... soit ϕ '(ζ ) = − − + ..... et ϕ '(τ ) = − a1τ 2 − 2a 2 τ 3 + ....
ζ ζ 2
ζ 2
ζ 3
D’où
1
z
τ2 +m
2πi γ 11−4444
mτ 2
(a1τ 2 + 2a 2 τ 3 + ....)
4244444
dτ
3τ −ζ
= 0 d’après A.70
Holomorphe dans D +
On obtient finalement :
ϕ (ζ ) = −
1
z f
2πi γ τ − ζ
dτ + ϕ ( ∞ )
123
=0
A.87
z
1 ψ (τ )
2πi γ τ − ζ
dτ =
1
2πi z
γ
f
dτ
−
1 ϕ (τ )
z
τ − ζ 2πi γ τ − ζ
dτ −
1 1 + mτ 2
τ 2
2πi γ τ − m
14444
z
ϕ '(τ )
4244444
dτ
τ −ζ
3
(1)
1 + mζ 2
Donc d’après A. (1) = −ζ ϕ ' (ζ ) et finalement la fonction ψ s’écrit :
ζ2 −m
ψ (ζ ) = −
1
z
f
2πi γ τ − ζ
1 + mζ 2
dτ − −ζ 2
ζ −m
ϕ ' (ζ ) + ψ (∞ )
123
=0
A.88
A.30
Les fonctions ϕ1 et ψ1 s’expriment dans un domaine infini et multiplement connexe (relations
A.58 et A.59) :
R|ϕ b zg = − X + iY log z + Γz + ϕ b zg 0
|S 2π b1 + κ g
1 1
T 2π b1 + κ g
1 1
σ ∞x + σ ∞y σ ∞y − σ ∞x
avec Γ=Γ= , Γ' = + iσ ∞xy
4 2
FG
z = ω (ζ ) = Rζ 1 +
m IJ ⇒ log z = log ζ + log R + log 1 +
FG m IJ
H ζ 2
K H ζ 2
K
FG
avec log 1 +
m IJ = m − 1 m 2
+ ....
H ζ2 K ζ 2ζ 2 4
ΓRm
⇒ Γz = ΓRζ +
ζ
b
z = ω (ζ ) ⇒ ϕ 1 ω (ζ ) = ϕ (ζ ) g et b
ψ 1 ω (ζ ) = ψ (ζ ) g
Les équations précédentes donnant ϕ1 et ψ1 se transforment donc en :
En dérivant ϕ (ζ ) on obtient :
A.31
En utilisant les relations A.89 et A.90 dans A.85 et A.86, il apparaît que ϕ 0 (ζ ) et ψ 0 (ζ )
satisfont aux mêmes conditions limites en remplaçant f par f0 dans A.85 et A.86 où :
f0 = f +
X + iY
log τ − ΓRτ +
1 τ2 +m X − iY
τ − ΓR −
FG
Γ' R
+κ
X + iY
log τ
IJ
2π 1 + κ a f τ 1 − mτ 2π 1 + κ
2
τ H a f2π 1 + κ K a f
soit après simplification :
f0 = f +
X + iY
log τ − ΓR τ +
FG τ2 +m
+
IJ
X − iY τ 2 + m Γ ' R
− A.91
2π H
τ (1 − mτ 2 ) K
2π 1 + κ 1 − mτ 2 τ b g
ϕ 0 (ζ ) et ψ 0 (ζ ) seront ensuite calculées à partir des relations A.87 et A.88 où f est remplacée
par f0 .
Exemples :
ϕ (ζ ) =
σ∞R FG ζ − m + 2 IJ ψ (ζ ) = −
σ∞R LM−ζ − 1 + (1 + m )(1 + m)
2
ζ OP
4 H ζ K et
2 N mζ m ζ 2
− mQ
La contrainte maximum au bord du trou elliptique de longueurs des grand axe 2a et petit axe
2b est alors donnée par :
FG
σ max = σ ∞ 1 + 2
a IJ
H b K A.92
a a
KT = 1 + 2 = 1+ 2 A.93
b ρ
ϕ (ζ ) =
σ∞R FG ζ − mIJ ψ (ζ ) = −σ ∞ R(1 + m 2 )
ζ
⇒ σ max = 2σ ∞
a
2 H ζK et
ζ −m 2
b
A.32
XI CHAMPS DES CONTRAINTES ET DES DEPLACEMENTS PRES DE
L’EXTREMITE D’UNE FISSURE - METHODE DE WESTERGAARD
En élasticité plane, les contraintes dérivent d’une fonction biharmonique : la fonction d’Airy,
qui s’exprime en utilisant les potentiels complexes ϕ ( z ) et χ ( z ) par :
A = Re z ϕ ( z ) + χ ( z ) et
RS σ y + σ x = 4 Re ϕ ' ( z)
Tσ y − σ x + 2iσ xy = 2 z ϕ ' ' ( z) + χ ' ' ( z )
Il s’ensuit donc :
x
x=-a x=a
Les lèvres L de la fissure étant non chargées, le vecteur contrainte est nul :
r r r
T ( M ∈ L,± y ) = 0 ⇒ σ y = σ xy = 0
On peut donc décomposer ϕ(z) en deux fonctions ϕ1(z) et ϕ2(z) telles que :
A.33
R| ϕ = ϕ + ϕ 1 2
|Sϕ ' = − zϕ2''− χ '' avec RSϕ (z) (et ses dérivées) imaginaires sur la fissure
1
T 2
Soit z
χ ( z) = − zϕ + ϕ 1dz ; la fonction d’Airy et les contraintes sont alors données par :
z
A = Re ϕ 1dz + y Im ϕ 1 + y Im ϕ 2 A.94
On peut donc considérer que le champ des contraintes σ est la superposition de deux
champs σ 1 et σ 2 dérivant des deux fonctions d’Airy :
z
AI = Re ϕ 1dz + y Im ϕ 1 et AII = y Im ϕ 2
εx =
1 LM
σx −
λ
(σ x + σ y )
OP et εy =
1 LM
σy −
λ
(σ x + σ y )
OP
2µ N 2( λ + µ ) Q 2µ N 2( λ + µ ) Q
• εx =
LM 1
Re ϕ '1 − y Im ϕ ' '1 +2 Re ϕ ' 2 − y Im ϕ '' 2 −
λ
(2 Re ϕ '1 +2 Re ϕ ' 2 )
OP
N 2µ 2( λ + µ ) Q
Soit
1 L µ λ + 2µ O
ε = x M
2µ N λ + µ
Re ϕ ' − y Im ϕ '' +
λ+µ 1 Re ϕ ' − y Im ϕ '' P
1
Q 2 2
A.34
∂u x
Par intégration de ε x = , on obtient :
∂x
ux =
1 µLM Re ϕ 1 − y Im ϕ '1 +
λ + 2µ
Re ϕ 2 − y Im ϕ ' 2
OP A.96
N
2µ λ + µ λ+µ Q
• εy =
LM
1
Re ϕ '1 + y Im ϕ ''1 + y Im ϕ '' 2 −
λ OP
(2 Re ϕ '1 +2 Re ϕ ' 2 )
N
2µ 2( λ + µ ) Q
Soit
1 L µ λ O
ε = y M
2µ N λ + µ
Re ϕ ' + y Im ϕ ' ' −
1
λ+µ
Re ϕ ' + y Im ϕ '' P
1 2
Q 2
∂
Et de même y Im ϕ '' 2 = (Im ϕ 2 − y Re ϕ ' 2 )
∂y
∂u y
Par intégration de ε y = , on obtient :
∂y
uy =
1 LM
µ
Im ϕ 1 + Im ϕ 1 − y Re ϕ '1 −
λ
Im ϕ 2 + Im ϕ 2 − y Re ϕ ' 2
OP
N
2µ λ + µ λ+µ Q
Soit
uy =
LM
1 λ + 2µ
Im ϕ 1 − y Re ϕ '1 +
µ
Im ϕ 2 − y Re ϕ ' 2
OP A.97
N
2µ λ + µ λ+µ Q
Remarque :
Les calculs sont effectués pour l’état de déformations planes. Pour obtenir les expressions
2λµ
correspondantes à l’état de contraintes planes, il suffira de remplacer λ par λ* = .
λ + 2µ
Dans une structure fissurée, la sollicitation (plane) que subit la fissure peut être décomposée
en un chargement symétrique et un chargement antisymétrique par rapport au plan de la
fissure.
A.35
y y
x x
2a 2a
σ x ( z ) = σ x ( z ) , σ y ( z) = σ y ( z ) et σ xy ( z) = −σ xy ( z )
ce qui conduit à la symétrie des fonctions ϕ '1 et ϕ ' 2 . Cette symétrie s’exprime par :
ϕ '1 étant imaginaire pur sur la fissure, sa contribution conduit à une discontinuité des
déplacements selon l’axe des y, autrement dit au mode I.
σ x ( z ) = −σ x ( z ) , σ y ( z) = −σ y ( z ) et σ xy ( z ) = σ xy ( z )
ϕ '1 et ϕ ' 2 sont alors anti symétriques c’est à dire telles que :
ϕ ' 2 étant réelle sur la fissure, sa contribution conduit à une discontinuité des déplacements
selon l’axe des x, autrement dit au mode II.
A.36
IX-2 Méthode de Westergaard
En reprenant la relation A.94, il apparaît que la fonction d’Airy A est la somme de deux
fonctions AI et AII pour les modes I et II avec :
AI = Re Z I + y Im Z I A.98
et
AII = y Im Z II A.99
Les contraintes et les déplacements se déduisent directement des relations A.95 à A.97 soit :
Pour le mode I
R|σ = Re Z − y Im Z '
x I I
S|σ = Re Z + y Im Z '
y I I
T σ = − y Re Z '
xy I
R| u = 1 L µ Re Z − y Im Z O = 1 + υ (1 − 2υ ) Re Z − y Im Z
|S 2µ MN λ + µ
x PQ EI I I I
||u = 1 LM λ + 2µ Im Z − y Re Z OP = 1 + υ 2(1 − υ ) Im Z − y Re Z
T 2µ N λ + µ
y
Q E
I I I I
Pour le mode II
R|σ x = 2 Re Z II − y Im Z' II
S| σ y = y Im Z' II
Tσ xy = − y Re Z' II − Im Z II
R|u = 1 L λ + 2µ Re Z − y Im Z O = 1 + υ 2(1 − υ ) Re Z − y Im Z
|S 2µ MN λ + µ
x PQ E
II II II II
|| u = 1 LM µ Im Z − y Re Z OP = 1 + υ (1 − 2υ ) Im Z − y Re Z
T 2µ N λ + µ
y
Q E
II II II II
A.37
IX-3 Facteur d’intensité des contraintes
• Pour donner la forme des fonctions de Westergaard, ZI par exemple (le raisonnement
est applicable au mode II aussi), on examine les conditions limites au voisinage des
extrémités d’une fissure.
2a
Les conditions limites sur les lèvres de la fissure non chargées, donnent :
RS σ = σ = 0
y xy
⇒ σ x = 0 compte tenu de la condition précédente.
Tpour y = 0 et z < a
Considérons la contrainte σ y . De part et d’autre des extrémités de la fissure, elle est soit
a
nulle, soit tend vers l’infini (car K T = 1 + 2 → ∞ dans le cas d’une fissure).
b
g ( z)
On choisit : Z I ( z) = avec la fonction g(z) réelle pour y=0 et finie pour z = ± a .
z2 − a2
Les conditions limites sont alors vérifiées puisque sur le plan de la fissure, on a :
1
imaginaire pur pour z < a ⇒ Re Z I = 0
z − a2
2
1
réel pour z > a ⇒ Re Z I z
→+a+
→∞
z − a2
2
z→ − a −
Les extrémités z = ± a jouent des rôles identiques. On ne considérera par la suite que
l’extrémité z = + a , en effectuant une translation de repère pour se mettre sur cette extrémité,
A.38
ce qui revient à faire le changement de variable ζ = z − a . La fonction de contrainte de
Westergaard s’écrit alors :
g1 (ζ )
Z I (ζ ) = avec g1 (ζ ) = α 0 + α 1ζ + α 2ζ 2 +K
ζ
α0
Au voisinage de l’extrémité de la fissure, c’est à dire lorsque ζ → 0 , on a : Z I (ζ )
ζ
≈
→0 ζ
En fait au lieu de considérer la constante α 0 , on définit une autre constante notée K I par :
D’où
KI
Z I (ζ )
ζ
≈ →0 2πζ
y σ yy
τ xy
σ xx
r
θ x
2πr 2H 2 2K
A.100
|| τ xy =
KI θ θ
cos sin cos
3θ
T 2πr 2 2 2
A.39
R| u = K I 2r FG µ + sin θ IJ
θ 2
2Hλ+µ 2K
cos
|S 2µ x
π
θ F λ + 2µ θI
A.101a
||u = K I 2r
sin G − cos J 2
T 2µ π 2H λ+µ 2K
y
En contraintes planes les relations donnant les déplacements deviennent en remplaçant λ par
2λ µ
λ *= :
λ + 2µ
R| u = K I 2r FG λ + 2µ + sin θ IJ
θ 2
2 H 3λ + 2 µ 2K
cos
|S 2µ x
π
θ F 4aλ + µ f θI
A.101b
||u = K I 2r
sin G − cos J 2
T 2µ π 2 H 3λ + 2 µ 2K
y
R|u KI 2r F + sin θ I
θ κ −1
2H 2 2K
= 2
|S x
2µ π
cos
A.101c
||u sin F − cos I
K 2r θ κ +1 θ
2H 2 2K
= I 2
T y
2µ π
λ + 3µ
avec : pour l’état de déformations planes κ= = 3 − 4υ A.102a
λ+µ
5λ + 6 µ 3 − υ
pour l’état de contraintes planes κ= = A.102b
3λ + 2 µ 1 + υ
ig ( z )
Z II ( z ) = est compatible avec les conditions limites.
z2 − a2
Soit
− iK II
Z II (ζ )
ζ
≈ →0 2πζ
avec K II = lim 2πζ iZ II (ζ )
ζ →0
A.40
R|σ = − K sin θ FG 2 + cos θ cos 3θ IJ
2H 2K
II
||
xx
2πr
K θ θ
2
3θ
S| σ = 2πr sin 2 cos 2 cos 2
yy
II
A.103
T
xy
2πr 2
R| u = K 2r sin θ FG λ + 2µ + cos θ IJ
II 2
|S 2µ π 2 H λ + µ
x
2K
||u = K 2r cos θ FG − µ + sin θ IJ
A.104a
II 2
T 2µ π 2 H λ + µ
y
2K
La relation A.104a établie pour l’état de déformations planes, s’écrit pour les deux
chargements plans considérés :
R| u = K 2r F + cos θ I
θ κ +1
2H 2 2K
2
|S 2µ
II
sin
x
π
A.104b
||u = K2µ cos F − + sin I
2r θ κ −1 θ
2H 2K
II 2
T y
π 2
Remarque :
• Dans le cas d’un chargement plan combinant du mode I et du mode II, on écrit tout
simplement :
K I − iK II K*
Z (ζ ) = Z I (ζ ) + Z II (ζ ) = ≈
ζ →0 2πζ
=
2πζ
K * = lim 2πζ Z (ζ )
ζ →0
R|σ =
KI LM 5 cos θ − 1 cos 3θ OP
|| 2πr N 4 2Q
rr
2 4
K L3 θ 1 3θ O
S|σ θθ =
2πr MN 4
I
cos + cos P
2 4 2Q
A.105
|| τ K L1 θ 1 3θ O
2πr MN 4
= I
sin + sin P
T 2Q
rθ
2 4
A.41
R|σ =
K IILM− 5 sin θ + 3 sin 3θ OP
|| 2πr N 4 2Q
rr
2 4
K L 3 θ 3 3θ O
S|σ θθ = II
M
2πr N 4
− sin − sin P
2 4 2Q
A.106
|| τ K L1 θ 3 3θ O
T rθ = II
M
2πr N 4
cos + cos P
2 4 2Q
2a
Le mode III est schématisé sur la figure ci-dessus ; les lèvres de la fissure se déplacent selon
r
une direction x 3 perpendiculaire au plan (x,y)
r r
Le champ des déplacements anti-plan est de la forme : u = u3 x 3 avec u3 = u3 ( x , y )
R| ε =
1
c h 1
u3,1 + u1,3 = u3,1
S|
13
Les déformations en HPP s’écrivent : 2 2
Tε
23
1
c h 1
= u 3, 2 + u 2 , 3 = u 3, 2
2 2
σ 13,1 + σ 23,2 = 0 ⇒ c h
µ u3,11 + u3,22 = 0 ⇒ ∆u3 = 0
La composante u3 du déplacement est donc harmonique. Elle peut être alors considérée
comme partie réelle ou imaginaire d’une fonction analytique. Deux choix sont possibles en
adoptant les notations de Westergaard (avec la fonction Z III homogène à une contrainte, Z III
homogène à une contrainte × longueur et donc il faut diviser par une contrainte pour avoir un
déplacement) et avec les conditions limites suivantes sur la fissure :
A.42
R|S σ 23 ζ→ 0
→ 0−
|Tσ 23 ζ→ ∞
→ 0+
Choix 1 Choix 2
1 1
u3 = Im Z III u3 = Re Z III
µ µ
K III iK III
Z III = Z III = −
2πζ 2πζ
Où K III est le facteur d’intensité des contraintes en mode de cisaillement anti plan ou mode
III.
Le calcul des contraintes et du déplacement donne avec les deux choix considérés :
||13
2πr 2
S| σ = K2πr cos θ2
23
III
A.107
||u = K 2r sin θ
III
3
T µ π 2
A.43
Annexe B
I – DETERMINATION DU CTOD
R|σ = Re Z − y Im Z '
x
S|σ = Re Z + y Im Z '
y B.1
T τ = − y Re Z '
xy
Z est une fonction de la variable complexe z=x+iy et la fonction Z’ qui intervient dans
l’équation ci-dessus est la dérivée de Z par rapport à z.
Les relations donnant les déplacements dans la direction y pour des chargements plans
s’écrivent :
uy =
LM
1 λ + 2µ
Im Z − y Re Z =
OP
1+ υ
2(1 − υ ) Im Z − y Re Z B.2
N
2µ λ + µ QE
2λ µ
Pour un état de contraintes planes (on remplace λ par λ * = avec µ inchangé)
λ + 2µ
B.1
uy =
1
4
LM
λ+µ
Im Z − y Re Z =
1+ υ 2
Im Z − y Re Z
OP LM OP B.3
N
2 µ 3λ + 2 µ E 1+ υ Q N Q
où Z est l’intégrale de Z par rapport à la variable z (annexe A).
La fonction de Westergaard s’écrit dans le cas d’une fissure de longueur 2a1 (figure
II.16) dans une plaque de grandes dimensions soumise à un chargement de traction
uniforme σ ∞ :
σ ∞z
Z ( z) = B.4
z 2 − a12
Les fonctions de Westergaard pour les chargements représentés sur les figures ci-
dessous (a1 = a+ρ ) sont données par :
F F
−σ E
X X
2 a1 2a + 2 ρ ρ
Z ( z) =
c
2 Fz
π z2 − X 2 h
a12 − X 2
z 2 − a12
et Z ( z ) = −
2σ E
π
z
z 2 − a12
z
a
a1 a12 − x 2
z2 − x2
dx
on obtient :
2σ E LM z FG a IJ − cot FG a z 2 − a12 I OP
Z ( z) = −
MN cos −1
Ha K
−1
Hz JK P B.5
π z 2 − a12 1 a12 − a 2
Q
Le calcul de la zone plastifiée qui se développe à l’extrémité de la fissure en utilisant le
modèle de Dugdale-Barenblatt donne (chapitre 2, § II.11.2) :
a
=
a
= cos
πσ ∞ FG IJ
a + ρ a1 2σ E H K
Le premier terme de l’expression B.5 de Z(z) ci dessus devient :
B.2
−
2σ E z
cos −1 FG a IJ = − 2σ E zπσ ∞
=−
σ ∞z
π z 2 − a12 Ha K π1 z 2 − a12 2σ E z 2 − a12
σ ∞z 2σ E LM z FG a IJ − cot FG a z 2 − a12 I OP
Z ( z) = −
MN cos −1
Ha K Hz
−1
JK P
z 2 − a12 π z 2 − a12 1 a12 − a 2
Q
soit après simplification :
2σ E Fa z 2 − a12 I
Z ( z) =
π
cot −1 GH z a12 − a 2
JK B.6
a
Et en posant k = , l’expression de Z(z) devient :
a1
2σ E Fk z 2 − a12 I
Z ( z) =
π
cot −1 GH z 1− k 2
JK B.7
2σ E
Z ( z) = zω 1 − aω 2 B.8
π
avec ω 1 = cot −1
LM k z 2 − a12 OP et ω = cot −1
LM 1 z 2 − a12 OP
MN z 1− k 2 PQ 2
MN a 1 1− k 2 PQ
Dans le plan de la fissure, y=0 (z réel) et le déplacement en contraintes planes est alors
donné d’après B.3 par :
2
u y = Im Z
E
Pour déterminer l’écartement à fond de fissure, on fait tendre z vers a ce qui conduit à la
relation III.5 du chapitre III :
B.3
8σ E a FG IJ
1 8σ E a F F
πσ ∞ IJ I
δ = 2u y ( z = a ) =
πE
Ln
H K
k
=−
πE
Ln cos GH GH
2σ E K JK B.10
2a1
2a
J = σ Eδ
K eff = JE
8 F F πσ I I ∞
K eff = σ E πa −
π2 GH GH 2σ JK JK
Log cos
E
B.11
II – INTEGRALE DE CONTOUR J
Γ*
A*
B.4
J* = z FGH
Γ*
wdy − Ti
∂ui
∂x
ds
IJ
K B.12
les différents termes intervenant dans cette expression sont donnés au § III.2.2.
J* = z FGH
A*
∂w
−
∂
∂x ∂x j
FG
∂u
σ ij i
H
∂x
IJ IJ dxdy
KK B.13
∂w ∂w ∂ε ij ∂ε ij 1 ∂ ∂ui ∂ ∂u j LM F I FG IJ OP
MN GH JK
= = σ ij = σ ij +
∂x ∂ε ij ∂x ∂x 2 ∂x ∂x j ∂x ∂x i H K PQ
Le tenseur des contraintes étant symétrique σ ij = σ ji , l’expression précédente peut se
transformer en :
∂w
= σ ij
∂ ∂ui FG IJ
∂x ∂x j ∂x H K
∂σ ij
Et compte tenu de l’équation d’équilibre = 0 , on a également :
∂x j
∂ FG∂u
σ ij i
IJ = σ FG IJ = ∂w
∂ ∂ui
∂x j H∂x K ij
H K ∂x
∂x j ∂x
J = J1 + J 2 + J 3 + J 4 = 0
B.5
Comme le long de Γ3 et Γ4 les intégrales sont nulles (Ti=0 et dy=0), on a :
J1 =- J2 B.14
Les deux intégrales sont opposées car les sens de parcours des contours sont inversés, et
donc l’intégrale J est bien indépendante du contour d’intégration entourant l’extrémité
de la fissure.
Γ2
Γ3
Γ1
Γ4
y Ti
a
x
A’ Γ’
Dans des conditions quasi statiques et en l’absence des forces de volume, l’énergie
potentielle est donnée par :
z
A'
z
E P = wdA − Ti ui ds
Γ ''
B.15
B.6
où Γ’’ est la portion du pourtour Γ’ sur laquelle s’exerce le chargement de traction Ti.
La variation d’énergie potentielle liée à une avancée virtuelle da de la fissure à Ti
constant le long de l’axe x, s’écrit :
dE P
da
= z
A'
dw
da
du
dA − Ti i ds
Γ'
da z B.16
Les déplacements ne variant pas sur la portion de contour Γ’- Γ’’, l’intégrale de contour
peut être prise sur tout le contour Γ’. Par ailleurs lorsque la fissure progresse de da,
l’axe x est rétréci de la même quantité da. Aussi, la dérivée par rapport à a peut
s’écrire :
d ∂ ∂x ∂ ∂ ∂
= + = −
da ∂a ∂a ∂x ∂a ∂x
dE P
z FGH ∂w ∂w IJ
∂ui ∂ui
z FG IJ
da
=
A'
−
∂a ∂x
dA − Ti
Γ'
∂Ka
−
∂ x
ds
H K B.17
avec
∂w ∂w ∂ε ij
= = σ ij
∂ ∂ui FG IJ
∂a ∂ε ij ∂a ∂x j ∂a H K
Le principe des travaux virtuels permet d’écrire :
z σ ij
∂ ∂uiFG IJ ∂u
dA = Ti i ds z
A'
∂x j ∂aH K Γ'
∂a
B.18
dE P
da Γ'
∂u
∂ a z
= Ti i ds −
A'
∂w
∂ a
dA z B.19
dE P
da Γ'
∂u
∂a z FGH
= Ti i − wn x ds
IJ
K B.20
J=−
dE P
da z FGH
∂u
= wdy − Ti i ds
Γ'
∂x
IJ
K B.21
B.7
IV –THEORIE DES LIGNES DE GLISSEMENT
ε zP = ε xzP = ε Pyz = 0
σ z=
1
2
d
σ x +σ y i σ xz = σ yz = 0 B.22
et
σ x +σ y +σ z
σm = =σz B.23
3
Le tracé du cercle de Mohr des contraintes dans le plan principal (x,y) donne (figure ci-
dessous) :
r
α
τ
r Pα
x
σxy Px
-2ϕ
σm σy
σ
σx C
-2ϕ Py
−σxy
r
Pβ y
r
β
Sur le cercle de Mohr, chaque point Pn(σ,τ) est représentatif de l’état de contrainte dans
r
une direction
r n . Pα et Pβ sont représentatifs de l’état de contrainte dans les directions
r
α et β correspondantes aux directions de cisaillement maximum. Si sur le cercle de
b g
Mohr, autrement dit dans le plan des contraintes on a l’angle CPx , CPα = −2ϕ ,dans le
r r
b g
plan physique on aura l’angle x, α = ϕ .
B.8
Les lignes de glissement constituent un réseau de courbes
r orthogonales α et β tangentes
r
en tout point aux directions de cisaillement maximum β et α .
Comme on considère un solide rigide plastique parfait, le critère de Von Misès impose,
losqu’on atteint le seuil d’écoulement plastique, que le cercle de Mohr ait un rayon
σE
constant égal à k = .
2
R|σ = σ − k sin 2ϕ
x m
S|σ = σ + k sin 2ϕ
y m B.24
T σ = k cos 2ϕ
xy
En appliquant ce résultat à une surface libre (telle que les lèvres d’une fissure) tangente
r
à une direction x ' , on a :
R|σ x' = 2k = σ E
S| σ y' = 0 B.25
T σ x'y' = 0
r
r τ α
y'
Surface libre r
x' r r σ
45° -45° y' x'
r r
β α
r
β
r r
Les deux directions α et β (figure ci-dessus) sont orientées de 45° par rapport à la
surface libre.
r r r r
Quand ϕ → 0, x → α et y → β et les équations précédentes deviennent :
RSσ m ,1 − 2 kϕ ,1 = 0
B.27
Tσ m,2 + 2 kϕ , 2 = 0
B.9
En intégrant ces relations, on obtient les équations de Hencky :
Ainsi lorsque les lignes de glissement sont rectilignes, l’état de contraintes est constant
le long d’une ligne.
Au voisinage d’une fissure sollicitée en mode I, le réseau des lignes de glissement
présente l’aspect suivant :
r σr
y
σθ = σr
θ r FG
σ y = 1+
π IJ σ
x B H 2 K E
π
σx =σE σx = σE
2
A C
α r r
β β α
fissure
Les zones A et C, où les lignes de glissement sont rectilignes, sont appelées zone
« diamant ». La zone B, située entre A et C, est appelée zone « éventail ».
Dans la zone diamant A, située sur les lèvres de la fissure qui constituent une surface
libre, les lignes de glissement sont inclinées de 45° par rapport aux lèvres de la fissure.
Il s’ensuit que l’état de contrainte dans cette zone est constant et s’écrit :
RSσ x= 2k = σ E
dans la zone A où
3π
≤θ ≤π B.29
Tσ y = σ xy = 0 4
3π
Ainsi le long d’une ligne α de la zone A, ϕ = , σ m = k et d’après les relations
4
précédentes :
σ m (ϕ = 3π 4) + 2 k
3π FG 3π IJ
4 H
= k 1+
2 K
= Cα dans la zone A
B.10
π
En appliquant ce résultat dans la 2e zone diamant C où ϕ = , on a d’après les mêmes
4
relations :
FG 3πIJ
= σ m (ϕ = π 4) + 2 k
π
H
Cα = k 1 +
2 K 4
Soit
b g
σ m (ϕ = π 4) = k 1 + π dans la zone C
R| σ x = k (1 + π ) − k = πk =
π
σE
|| 2
FG πIJ σ π
S|σ y = k (1 + π ) + k = (2 + π ) k = 1 +
H 2K
E dans la zone C où 0 ≤ θ ≤
4
B.30
|| σ xy = 0
T
Dans la zone éventail B, l’état des contraintes n’est pas constant. On a dans la zone B :
r
r α
β
ϕ = θ et
RS
r r
α = er
r r
T
β = eθ B
ϕ =θ
σ r = σ θ = σ m (θ ) et σ rθ = k
σ m (ϕ = θ ) + 2 kθ = Cα = k 1 +
FG 3π IJ
H 2 K dans la zone B
soit
FG
σ m (θ ) = k 1 +
3π
− 2θ
IJ
H 2 K dans la zone B
B.11
R|σ = σ θ = 1+
FG 3π
− 2θ
IJ
σE
S|
r
H 2 K2 dans la zone B où π ≤ θ ≤ 3π B.31
σ 4 4
|T σ rθ =k= E
2
Les relations B.29 à B.31 montrent que les contraintes au voisinage de l’extrémité d’une
fissure sont non singulières et ne dépendent que de θ.
B.12