MONTEIL Éléments de Phonétique Et de Morphologie Du Latin PDF

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FAC • FERNAND NATHAN. FAC
18, rue Monsieur-Io-Prince - PARIS VI-
1191.111 1
COLLECTION FAC

LATIN M. PACAUT (Lyon) :


• Les ordres monastiques et religieux
p. MONTEIL ( Dijon) : au Moyen Age.
AVANT-PROPOS
• ~léments de phonétique et de mor- A. OLlVESr (Ai,,) et A. NOUSCHI (Ni«) :
~-----------------------.
phologie du latin• . , • La France de 1848 à nos jours.
N. PIROVANO.WANG (Nia) : DEPARTAMENTO DE
• L'Asie orientale de 1840 à nos jours.
LETTRES P. GUILLEN (Rabal) : CLASICAS
• L'Allemagne de 1848 à nos jours.
P. BRUNELL. R. PI.AZOLLES, P. SELLIER
' . (Paris) :
•. Le commentaire composé (2. vol.). GÉOGRAPHIE
J. MOREAU (Anlm) :
• La contraction de textes aux examens G. VIERS (Touloult) :
et concours. • ~Iéments de Géomorphologie. Il est difficile de prévoir, à l'heure où sont écrites ces lignes, quel
• ~léments de Climatologie. sort l'avenir réservera aux études gréco-latines. Mais il est clair que
LANGUES VIVANTES A. LACOSTE d R. SALANON (Ni,,) : ces disciplines seront vouées à une totale disparition si, sous le pré-
• IDéments de biogéographie.
J. TEYSSIER (Bordtau,,) : E. DALMASSO (Stra,bourg). R. GUGLIELMO
texte d'étudier les civilisations antiques, on néglige d'accorder la
• Anglais moderne et anglais ancien. (Paris) .1 M. ROCHEFORT (Paris) : priorité à la connaissance approfondie des langues, clef de toute
• éléments de science économique à
]. CHAUVIN. ] .• L. CHEVALIER. C. LACOTTE. l'usage des géographes, t. 1. documentation et de tous les textes.
B. LOING. F. M.c nlAIL (Ca",) :
• Britaln observed, XXth century (2. vol.) Il est clair, également, que la pédagogie de ces langues doit être
ÉCONOMIE considérablement rénovée. L'enseignement grammairien, encombrant
HISTOIRE l'esprit de nos étudiants d'une infinité de « règles» jamais sues, a
J. RrNAUDO .1 R. COSTE (Pari,) : multiplié les arbres et masqué la forêt. Il en résulte pour nos contem-
A. NOUSCm (Ni,,) : • Initiation aux sciences économiques
• Initiation aux sciences historIques. (2. vol.). porains l'impression confuse que la langue latine, définie comme une
• Le commentaire de textes et de • L'épreuve d'économie aux examens et collection de difficultés, n'a jamais pu être une langue vivante sem-
documents historiques. concours.
blable à celles que nous connaissons, et n'a dù constituer, pour ses
J. HARMAND (Cltrln.nd.Ferrand) N. CAMPION. R. COSTE tl J.lUNAUDO (Pari,) :
• Les Celtes. • Initiation aux textes et documents usagers même, qu'un instrument incommode car trop complexe
économiques. à maîtriser. A une pédagogie fondée sur de telles conceptions il
convient, de toute évidence, de substituer le plus possible un appren-
tissage rationnel de la langue, visant moins l'engrangement de détails
isolés qu'une prise de conscience lucide des structures d'ensemble.
En un mot, la perspective grammairienne doit céder le pas à la pers-
pective linguistique.
Il existe, entre ces deux perspectives, une diITérence profonde
que nous résumerons comme suit: la grammaire prétend, parmi les
usages que l'on observe, sélectionner certains seulement, qu'elle
impose et érige en normes de la correction et du bien dire. Lorsqu'il
s'agit d'enseigner à un non-initié une langue nouvelle, elle prolonge
cette attitude d'une autre, qui consiste à procéder des catégories de
la langue connue pour définir des catégories équivalentes dans la
langue à apprendre; elle institue ainsi des « règles» de traduction, en
perdant de vue que chaque langue possède ses catégories et son sys-
tème propres, intelligibles à son seul niveau. La linguistique est, à
C l'l.ditionl Fernand Nathan 1970.
l'opposé, l'attitude scientifique et objective qui, négligeant les
. contingents et les prétentions normatives , consiste à étudier
aspects
spécifiquement une langue en tant que système d'expression.
Cons.cient qu'une initiation linguistique doit être apportée à
nos étudiants dès le début de leurs études supérieures (et il serait
meilleur encore qu'elle leur fût apportée plus tôt), nous avons consacré PRBLIMINAIRES
ce bref ouvrage ~ux composantes concrètes (phonèmes et morphèmes)
de la langue latme. Nous espérons consacrer ultérieurement un ou-
vrage s.emblable aux. fonctions syntaxiques en cette même langue.
Des eXlgen~es matérielles nous ont placé dans l'obligation d'être
bref et conCIS, et nous regrettons d'avoir dû sacrifier plusieurs déve-
loppements, au cours de l'exposé phonétique notamment. Nous
espérons cependant apporter aux étudiants une première initiation
suffisamment claire pour que leur soit facilitée la pratique ultérieure Le lecteur de cet ouvrage (et du suivant plus encore) en assimilera
d'ouvrages plus complexes et plus complets. mieux le contenu s'il est informé des conditions dans lesquelles s'est
constituée la linguistique moderne, et des objectifs qui sont les siens.
La linguistique moderne est née, à la charnière des XIX e et
xx e siècles, de la réflexion lucide de savants divers, en général formés
à l'école historico-comparative, mais que laissait insatisfaits le point
de vue étroit des comparatistes d'alors. Parmi ces savants, une place
prééminente revient à A. Meillet (1862-1937) et F. de Saussure
(1857-1913). Le premier a surtout produit, sans esprit systématique,
des articles et ouvrages où l'intuition et le bon sens, rayonnant de
toutes parts, remettaient en cause les idées reçues. Le second, en
revanche, a été le théoricien dont les idées, admises ou combattues,
sont à la source de presque toute la linguistique d'aujourd'hui.
Professant à l'université de Genève, depuis 1903, un cours de « lin-
guistique générale », Saussure était surpris par la mort en 1913 sans
avoir eu le loisir de publier le résultat de ses recherches. Par bonheur
trois de ses étudiants, à partir des notes prises lors des leçons du
maître, pouvaient publier en 1915 le Cours de linguistique générale
de F. de Saussure, véritable acte de fondation de la linguistique en
tant que science. C'est pourquoi il est indispensable de connaître les
positions saussuriennes fondamentales. On en trouvera ci-après un
bref résumé.
Le langage humain juxtapose trois aspects: physiologique (émis-
sion et perception de sons); psychologique (conception et expression
d'une pensée); social (communication à autrui de cette pensée). Il
serait toutefois illusoire de poser que le total physiologie + psycho-
logie + sociologie constitue la science du langage. Le langage n'est
pas la somme, mais le produit, original, de ces facteurs. En tant que
tel, il doit faire l'objet d'une science spécifique, que l'on pourra
approcher par le jeu progrcssif de quatre distinctions successives :

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1. Langage et langue. Le langage est la faculté, commune à tion sans la parole, et ne peut être appréhendée qu'à travers les
tous les membres connus de l'espèce humaine, de communiquer à témoignages de la parole.
leurs semblables des contenus de pensée grâce il des signaux sonores
tour à tour émis et captés. Mais~ si cette faculté est une, il existe une 3. Signifiant ct signifié. Dire que la langue est un système
multiplicité de langues, vivantes ou mortes. Une langue consiste en d'éléments signifiants conduit à définir ces éléments, ou signes lin-
l'usage particulier que fait de la faculté de langage une communauté guisliques. Pour Saussure, le signe linguistique consiste en l'asso-
humaine donnée, grâce à la pratique d'un code déterminé de signes ciation d'un concept et d'une image acoustique; c'est-à-dire en un
linguistiques. Chaque communauté peut avoir son code, difTérent schème de sons éveillant dans la pensée un concept. Transposons
de celui des autres; et un même contenu de pensée, en dépit de l'unité schème de sons en signifiant, concept en signifié: le signe linguistique
de la faculté de langage, pourra s'exprimer selon une multiplicité de apparaît comme la liaison étroite d'un signifiant et d'un signifié.
codes, de langues, propres chacune à une communauté particulière, Au signe linguistique, Saussure reconnaît des qualités diverses :
et inintelligible aux autres sinon au terme d'une initiation. En un G. Il est arbitraire. Un même concept se présente dans diverses
mot, le langage est amorphe, et son utilisation passe nécessairement langues allié à des signifiants divers; et l'on ne peut prévoir comment
par le recours à une langue. Il en découle que la linguistique devra
se nommera tel objet dans une langue que l'on n'aura point encore
étudier la langue, ou les langues, pour atteindre à travers elles les
caractères spéci fiques du langage. apprise. La langue possède sur la forme du signi fiant un pouvoir
discrétionnaire. Que le latin nomme mensa ce que le français nomme
2. Langue et parole. La langue, définie comme code, conven- lable est un fait contre lequel nul ne peut rien; et chaque usager de
tion d'expression, est en fait un système de référence, transcendant la langue reçoit des générations qui l'ont devancé un héritage de
et idéal, qui existe à l'état immanent et virtuel dans la conscience de signes qu'il ne peut modifier, et dont il serait même absurde de mettre
l'usager. Mais de même qu'un juge devant connaître d'un délit ne en cause la légitimité.
fait point usage pour sanctionner ce délit du code juridique dans sa b. Le signifiant a un caractère linéaire. Les sons qui le constituent
totalité, et choisit, de ce code, les articles applicables à la situation se succèdent dans un ordre déterminé à travers le temps. Cela tient
du moment, de même l'usager de la langue ne fait point appel à tout au fait que les organes phonateurs de l'homme ne sont point aptes à
instant, pour communiquer à autrui sa pensée, à la totalité du code produire conjointement deux sons distincts.
d'expression constituant la langue. L'acte concret par lequel, à un c. Le signe linguistique est immuable, si on le considère du moins
moment déterminé, l'usager exprime sa pensée et se réfère à la langue, à l'intérieur de limites chronologiques point trop écartées. L'usager
ne fait intervenir, au terme d'un choix, que certaines expressions ne peut en efTet modifier à sa guise le signe hérité. Ainsi, si nous
syntaxiques, certains vocables, certains phonèmes peut-être, parmi voulions, de bof (bœuf), par altération du phonème initial, faire vof
tous ceux que la langue met à sa disposition virtuelle. Cet acte concret (veuf), nous réaliserions un signifiant déjà afTecté à l'expression d'un
et restrictif a été par Saussure nommé la parole. Mais cette parole autre signifié; si, disposant les phonèmes dans un ordre dilTércnt,
ne se borne pas à présenter un aspect partiel de la langue; solidaire now; en faisions fob, cette séquence ne serait plus un signifiant, car
de la réalisation concrète de l'acte par un individu, elle se grossit de elle ne correspondrait en notre langue à l'expression d'aucun signifié .
tous les accidents ou distorsions qu'impose à la langue la personnalité . C'est seulement dans des limites chronologiques écartées que nous
de l'usager. Car, sans même parler de troubles ou défauts articula- pouvons observer une mutabilité du signe linguistique; soit par
toires, il n'y a pas deux individus qui réalisent de façon absolument altération du signifiant (lat. bouem > fr. bœuf); soit par évolution du
identique une même séquence d'une même langue. Il en découlera concept signifié (viande, qui signifiait initialement « nourriture Il,
que le linguiste devra prendre pour objet d'étude non la parole, a pris en français le sens de u chair Il); soit par altération conjointe
élément instable tributaire d'options individuelles et de réalisations des deux (lat. necare, « mettre à mort» > fr. noyer). Cette mutabilité
occasionnelles, mais, une fois de plus, la langue et la langue seule, s'explique, dans ce cas, par des circonstances extra-ordinaires (inva-
comprise comme système structuré des éléments signifiants. II sions, révolutions, cataclysmes) qui mettent en suspens le contrôle
convient toutefois d'observer que, de même que le langage n'est exercé par les usagers sur la conservation du signe, et au terme
appréhendé qu'à travers les langues, la langue est vouée à l'abstrac- desquelles un signe nouveau se trouvera constitué, que la communauté
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linguistique, de nouveau atabilitée, regardera de nouyeau comme première n'est pas tel élément de la langue, mais la langue, et c'est
immuable. à partir d'elle que, par analyse, on peut remonter aux éléments. De
plus, la langue est Corme, non substance; l'essentiel en elle n'est pas la
4. Synchronie el diachronie. Le signe linguistique apparais- matérialité des éléments composants, mais la relation unissant entre
sant, selon les limites chronologiques considérées, comme immuable eux ees éléments. Ces idées ont été à l'origine du mouvement structu-
.ou mua bic, un problème sc trouve posé. Pour le présenter clairement, raliste, né en 1928 des Propos ilions présentées au 1er Congrès Inter-
C Saussure a été conduit à symboliser par deux national de Linguistique par un groupe de savants russes, parmi
axes pàpendiculaires ces deux aspects contra- lesquels R. Jakobson et N. Troubetzkoï. Le premier efTort de ces
A B dict.oires. Sur un axe horizontal A-B seront « structuralistes » a abouti à la naissance de la phonologie, science qui
repérês les rappo~ts constatables entre faits sc propose d'étudier non la matérialité des sons émis par l'appareil
coexistants au niveau d'une époque donnée phonateur de l'homme (tâche qu'assume la phonélique), mais les
D (synchronie). Sur un axe vertical C-D seront relations et combinaisons distinctives grâce auxquelles un nombre
repérés les changements concernant à travers réduit de sons permet, dans une langue donnée, d'édifier une presque
le temps des points particuliers de la langue, abstraction faite de leurs infinité de signifiants complexes et distincts. Mais le système des sons
-rapports avec les autres éléments de la langue (diachronie). Pour n'est pas le seul qui se prête à une étude structurale, et son exemple
Saussure, ces deux axes définissent deux approches, synchronique et est ici cité comme le premier où la méthode structurale ait été appli-
diachronique, de la langue, absolument distinctes et hétérogènes : quée avec succès. Au dessus du phonème, le morphème; au dessus du
vouloir les pratiquer conjointement reviendrait à tomber dans une morphème, le mot; au dessus du mot, l'énoncé sont Lout aussi suscep-
radicale confusion. Il est de plus implicitement admis que la syn- tibles d'être ainsi étudiés. Il convient toutefois de noter qu'en l'état
chronie, plus que la diachronie, doit retenir l'attention du linguiste. actuel des choses le succès a été surtout notable au niveau des unités
Même dans le cas d'une langue de civilisation comme le français, dont inférieures.
les monuments littéraires illustrent à travers des textes l'évolution, Retenons en tout cas des positions structuralistes une leçon
une immense· majorité d'usagers utilise avec aisance le système de essentielle: Une langue est un système structuré de signes; un énoncé
signes constituant la langue sans avoir de l'évolution diachronique de est une forme dont l'analyse entraîne la réduction à des éléments
ladite langue la moindre notion. Cette cçmception saussurienne est en formels de niveau inCérieur; chaque unité ainsi obtenue ne doit être
très nette opposition avec la tendance purement historique qui avait étudiée et n'a de sens que dans la mesure où elle sert à édifier une unité
triomphé au XIX e si"6Clcj notamment dans l'école allemande des néo- supérieure. Déterminer de tels éléments et leurs rapports réciproques
grammairiens. . constituera l'objet d'une linguistique « structuraliste )).
Résumons en quelques mots ces points essentiels: tandis que la Mais la notion de struclure risque de demeurer abstraite, et à
diachronie concerne individuellement les signifiants ou des portions certains égards inopérants, si on ne lui adjoint une autre notion, celle
de signifiant, la synchronie concerne, à un moment déterminé de de fonction. Il ne faut point perdre de vue que tout élément de la
l'histoire, l'organisa tion d'ensemble des signi fiants dans leurs rela tions langue, signe ou composante d'un signe, collabore à un résultat final:
réciproques. Tandis que l'étude diachronique peut faire appel à une la signification. Ces éléments sont non seulement en rapport entre eux,
langue a) pour expliquer des faits observables en une langue b) ct mais assument chacun pour sa part une portion de fonction signi-
s'accomoder ainsi des méthodes comparatives, l'étude synchronique fiante, déterminée et précise, qu'il convient de mettre exactement en
examine la langue qui en fait l'objet comme un organisme autonome lumière. Une vraie linguistique structurale .doit donc être aussi
excluant tout corps étranger. La linguisLique, qui prend p.our objet· fonctionnelle, et c'est pour avoir volontairement méconnu cc fait que
la langue, conçue comme système synchronique de signes, doit donc telle école a finalement abouti à une impasse .
être avant tout synchronique.
Le terme de « structure), n'apparaît pas dans le Cours de Saussure
(fait dont est peut-être responsable la façon dont son contenu nous
a été transmis). Mais une idée saussurienne se fait jour nettement: Cet exposé de quelques notions simples ct aisément assimilables
le système a la primauté sur les éléments qui le composent ;la donnée aidera, nous l'espérons, l'étudiant novice à comprendre certains

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points de vue à partir desquels seront parfois abordés les problèmes.
Mais il convient aussi d'affirmer que cet ouvrage ne s'inscrit sous
l'obédience d'aucune école. Un souci d'efficience et de clarté sera le
seul critère guidant dans chaqùe occasion notre choix d'une méthode de
présentation; et nous acceptons par avance le grief d'empirisme si nous
atteignons en fin de compte le but didactique que nous nous fixons.
Il nous apparaît en elTet que prendre vis-à-vis des écoles une
certaine distance est, à la date où nous composons cet ouvrage, une
nécessité. f;tre informé des méthodes et des résultats de la linguis- SITUATION LINGUISTIQUE DU LATIN
tique la plus actuelle est une chose; feindre par principe d'ignorer les
acquisitions capitales d'une linguistique plus ancienne en serait une
nutre. Nous vivons en elTet à une époque où des préoccupations un
moment oubliées retrouvent leur actualité et reprennent vie à la
lumière même des méthodes plus récentes; et l'on voit quelquefois Le latin est, comme le grec ou le sanskrit, un membre de la famille
se combler des fossés que l'on avait cru d'abord infranchissables. de langues dites « indo-européennes »; appellation très vague certes,
Saussure, nous l'avons vu, jugeait inconciliables les deux points mais traditionnelle et commode, due à la circonstance géographique
de vue synchronique et diachronique; attitude explicable par réaction que toutes ces langues (avant du moins les ~randes co~oni~ation? des
devant une époque, par un souci de méthode et de tactique aussi . Mais, temps modernes) étaient parlées sur une aIre (parfOls dlscontmue)
une fois acquis certains succès éclatants du structuralisme, n'a-t-on s'étendant de la Péninsule Indienne à l'Atlantique . Ces langues
point vu la phonologie, purement synchronique au départ, atteindre ne nous sont pas toutes connues par des docum~nts remontan~ à la
des résultats séduisants en se faisant diachronique l? N'a-t-on point même époque; elles présentent entre elles des .dl~éren~es; maIs a. u -
vu, inversement, tel illustre comparatiste, venu d'horizons où régnait delà de ces dilTérences apparaissent de façon slgmficatlve des traIts
l'étude diachronique, demander au structuralisme un renfort d'inspi- communs. signalant entre elles une parenté génétique.
ration et un renouvellement des méthodes diachroniques 27 C'est Un e~emple classique nous permettra de mieux comprendre cette
pourquoi ce manuel ne négligera ni des perspectives historiques et situation. Il est bien connu que les langues dites romanes (italien;
comparatives, susceptibles de faire mieux comprendre, même d'un espagnol; catalan; provençal; français; roumain, etc ...) sont issues ,
point de vue synchronique, des situations observées en latin; ni des par suite d'altérations particularisantes, du latin de ~asse époq~ e .
explications de phonétique, susceptibles elles aussi d'apporter la Mais, à supposer même qu'une catastrophe eût ab oh tout v.est~ge
clarté. Nous nous elTorcerons seulement de ne jamais perdre de vue concret de la langue latine, un faisceau de correspondance~ slgm fi-
deux notions essentielles : la langue est système, et ses éléments catives observées au niveau des langues romanes permettraIt encore
assument des fonctions. Le plus grave des reproches adressés par de déceler l'origine commune de ces langu es. Ainsi, les noms de
Saussure à l'étude diachronique était de prendre pour objets des élé- nombre, solidaires de signi fiés très particuliers, présentent en fran-
ments de langue isolés les uns des autres. La diachronie moderne peut çais, italien, espagnol, des formes de toute évidence apparen~ées :
échapper à ce grief en suivant à travers le temps l'évolution non plus deux due dos· trois, tre, tres; quatre, quallro, cuatro; cwq, cwque,
d'éléments isolés, mais de systèmes linguistiques dont l'économie, cinc;; ne~f, n~ove, nueve ; etc ... Il n'est pas ju.squ' à un~ ~ingularité,
de palier chronologique en palier, comme un organisme vivant, le fait que le nombre un distingue seul masc~lm et fém~n.m dans les
parait dilTérenle mais toujours cohérente 3. trois langues, qui n'apporte un précieux témOlgnage pOSItIf. Avec les
langues indo-européennes, nous nous trouvons exac~ement dan s . la
l. V. A. Martinet, Économie des changements phonétiques, Traité de pho- siLuation où nous serions avec les langues romanes SI aucun vestIge
nologie diachronique. Berne, 1955. concret du latin n'avait subsisté.
2. V. J. Kurylowicz, L 'apophonie en indo-européen. Wroclaw, 1956. On nomme traditionnellement « indo-européen» la langue com-
3. E. Benveniste (ProbUmes de linguistique générale, p. 23), constate
qu'est. (réintroduite) aujourd'hui en linguistique la notion d' évolution, en mune à partir de laquelle des altérations parLicularisantes ont abouti
sp6ciflant la diachronie comme la relation entre des systèmes successifs '. aux langues indo-européennes connues. On ne possède sur cette langue,

12 13
qui n'a sans doute jamais été notée par écrit, aucun document concret. multiplicité des correspondances observées entre les langues, elle
Sur ses usagers, l'archéologie n'a pu et ne saurait apporter beaucoup ne peut être approchée qu'à travers la reconstruction, fort délicate
de précision, puisqu'en l'absence de textes écrits on ne peut savoir et nécessairement partielle. Songeons· à ce que nous connaîtrions du
quelle langue utilisaient les possesseurs d'objets exhumés. L'anthro- latin si nous ne pouvions appréhender celte langue qu'à travers la '
pologie se heurte à la même difficulté. En fin de compte, la notion comparaison des langues romanes, si insuffisantes pour nous faire
d'indo-européen est purement linguistique; elle ne vaut que pour connaître ne fût-ce que le ·bas-latin 1 Disons que, de l'indo-européen,
désigner une langue, conçue comme l'inconnue d'une série d'équations nous reconstituons le sqUelette et non la chair. Rappelons toutefois
linguistiques. Entre des langues telles que latin, grec, sanskrit, s'obser- que pour Saussure la langue est forme beaucoup pl1,ls que substance_
vent, comme entre les langues romanes, des séries de correspondances. Cette considération nous permettra d'affirmer que, de,1'indo-européen
Ainsi, pour les noms de nombres, Ires, TP&~C;, lrâya~; qualluor, ttTIlXpEC;, si difficilement connaissable, nous · avons chance, moyennant lIne
caluâra~; quinque, 7téVT&, panca; seplem, É:7tTeX, sapla; etc ... Pour les méthode rigoureuse, d'atteindre eilcore l'essentiel.
noms de parenté, paler, 7t1XTI]P, pilar-.. genilor, YEVé't"WP, janilr-; Si la notion d'indo-européen est essentiellement linguistique, il
màler, fL-YjTIJP, màldr-; etc... La distance géographique ou chronolo- ne serait pas inutile au linguiste de connaître quelque peu le milieu
gique excluant entre ces langues l'emprunt, la spécificité des notions concret dans lequel a été parlée cette langue 1. L'archéologie ct
exprimées excluant le hasard, seule subsiste comme explication l'anthropologie étant, pour les raisons plus haut exposées, impuis-
raisonnable une commune origine. Insistons cependant sur un point: santes à nous renseigner, c'est de la linguistique même que le linguiste
si la ressemblance constatée d'une langue à l'autre pour des mots de pourra obtenir quelque lumière. Onobsel've ainsi que les noms d'ar-
même sens peut attirer l'attention, et éveiller le soupçon d'une ori- bres méridionaux, lorsqu'ils présentent dans les langues des formes
gine commune, cette ressemblance peut être trompeuse, car elle apparentées, échappent au jeu normal des correspondances phoné-
n'exclut pas radicalement l'hypothèse de l'emprunt, ou même de la tiques affectant les mots d'origine indo-européenne; ainsi, du latin
coïncidence fortuite. La vraie certitude naU de la correspondance, qui au grec, ce phénomène s'observe dans les couplGs ficus 1<I\)XO"; pïnus 1
consiste à établir qu'à tel élément d'une langue a) correspond tou- 1ti't'Üc;; pïrus 1&moc; <*<xcm(a)-oc; (?)- Il apparaît dès lors que ces mots
jours (sauf exceptions elles-mêmes explicables) tel élément, non tou- ont été séparément empruntés à une troisième langue par le grec et le
jours ressemblant, d'une langue b). Ainsi, entre latin {éd et grec latin, qui leur ont fait subir chacun une altération particulière à date
t6ljXIX la ressemblance n'est point totale; entre con-di-lus et <lUV-e&-TOC; relativement récente. Inversement, les noms d'arbres septentrionaux,
nous n'observons, au niveau de la syllabe centrale (radical), que des bouleau ou hêtre (lat. (àgus = gr. <p~yoç); ou d'animaux septentrio-
différences. Mais tout s'éclaire si nous savons qu'un phonème i.-e. naux (lynx, ours, saumon), présentent d'une langue à l'autre des
dh, toujours représenté en grec par e, aboutit en latin à { ou d selon correspondances normales, montrant qu'ils dérivent chacun d'une
qu'il est initial ou intérieur; et qu'une voyelle brève en syllabe inté- appellation indo-européennne commune. On 'cst dès lors en droit de
rieure ouverte aboutit normalement en latin à ï devant occlusive penser que les usagers de l'indo-européen étaient des peuples nor-
dentale. C'est la tâche de la grammaire comparée que de déceler et diques, vivant dans les plaines septentrionales d'Europe ou d'Asie
codifier de telles correspondances, qui permettent de remonter par- occidentale. A quelle époque? La langue indo-européenne historique
fois à un archétype, et de se faire une idée de ce que fut l'indo-euro- .la plus anciennement attestée se situant vers le milieu du Ile millé-
péen 1. naire A.C., il est vraisemblable, compte tenu du laps de temps indis-
Il convient d'ailleurs, à ce propos, d'insister sur un fait impor- pensable aux migrations, que se situe au plus tard au Ille milllmaire
tant. La langue dite indo-européen, conçue comme archétype des la période où les peuples indo-euroréens ont connu une (hypothé-
langues indo-européennes concrètement appréhendées, a sans doute tique) communauté. On peut observer encore que le mouton, le bœuf
existé, mais n'est pour nous qu'une vue de l'esprit. Postulée par la domestique, le cheval, le porc, le bronze (mais non le fer) ont des
noms issus d'appellations indo-européennes communes, nous laissant
entrevoir chez le peuple primitif des activités pastorales et métallur-
1. Sur l'indo-européen en général, on peut se reporter à J. Vendryes et
E. Benveniste, les lallgues inrlo-européeTl1les, dans Les langues du monde, p. 1
sq. (2~ éd. Paris, 1952); ou J. Manessy, L'indo-européen, dans Encyclopédie
de la Pléiade, Le Langage, p. 1240 sq. 1. Sur ces probl~mcs, voir J. Mancssy, op. ci!., p. 1263 sq.
14 15
r 1

1 \ Cette diaspora est assurément le facteur primordial de l'éclate-


giques. ~nfin, une organisation sociale 1 apparaît à travers les noms ment en dialectes, destinés à devenir langues autonomes, de l'indo-
d'uI1e ~lll.té supérieure,. la tribu (~ite 'loula dans les langues occiden- européen primitif. Mais les migrations, à elles seules, n'expliquent
ot:les,. wdc- dans les dIalectes onentaux; les noms lri-bu-s du latin, pas tout. II est d'abord très vraisemblable qu'une population dépour-
(j)u-/"1j du gre,c, peu~en~ représenter des innovations parallèles); vue d'organisation centralisatrice, émiettée en tribus et clans, n'avait
cepe~ldant qu une u~lté mr~neure, la maisonnée (* domo- J, possède à
jamais accédé à une unité linguistique aussi poussée que celle que
sa te~e un ~her, lat~n domL-nu-s, skr. dâmu-na-~J. La famille, unité nous observons dans des États modernes. II est certes possible qu'en
supéneure a la maIsonnée, et fondée sur la communauté de sanO' dépit des migrations de clans ait subsisté, comme on l'observe de
poss~~e elle aussi un nom indo-européen commun (lat. genus, gr. y&vo~: nos jours chez les Tziganes et Gitans, le sentiment d'appartenir à une
skr. Jana~, etc ... ), de même que les individus qoi la composent dé si-
gn~s par une série tr~s cohérente de (( noms de parenté:>' ». Il de~eure
communauté ethnique et linguistique. Mais un teI mode de vie, s'il
permettait de conserver presque intact, au moins pour un temps, · . r.
qu au-de~sus. de .l,a tr~bu ~'apparaît le nom d'aucune unité supérieure le système général de la langue, devait favoriser la formation de
ou. o~~allls~t~on etatlque . Il semble que les peuples indo-européens variantes linguistiques, de dialectes. De plus, comme en toute société,
pnmltIfs n aIent connu aucune forme de centralisation; et l'émiette- à des classes de rang, d'âge, peut-être de sexe, pouvaient correspon-
ment en 1t6À&tç des populations grecques paraît continuer l'émiette- dre, plus ou moins sensibles, des difIérences de langage. Surtout, cet
oment ind?-européen en tribus et clans. Selon A. Meillet (La mélhode indo-européen que le XI Xe siècle traita en archétype immuable et
comp~ralLUe ... , p. Hl), « dès qu'un chef se sent capable de grouper autour
figé fut dans son usage concret un idiome comme les autres, soumis à
de .lm des hommes entreprenants, il part pour quelque région où il l'évolution diachronique. II se peut dès lors que le visage difTérent
pUIsse tr?u~er le mo?,en de !llener sa vie propre et autonome ». Il présenté à date historique par deux langues indo-européennes A et B
se~ble amSI que. la dwspora Illustrée à date historique par la coloni-
soit dû en grande partie au fait que, utilisant au départ deux dia-
sa~lOn ?recque aIt. sa source en une propension indo-européennneà la
lectes difTérents Xl et x", les ancêtres indo-européens des futurs usa-
ml~ratlOn, elle-meme fondée sur un besoin d'autonomie. Une civili-
gers de ces langues s'étaient de surcroît séparés du noyau primitif
satIOn. pastorale, avec ses transhumances, appelait de façon quasi- à des époques différentes, emportant avec eux des états de langue
ment méluctable ces traits de mœurs. diachroniquement différents. Ajoutons enfin un dernier point :
l'ethnie indo-européenne, formée de groupes épars, a pu dès la plus
1. Sur ~a division de la société indo-européenne en trois classes (guerriers, haute antiquité voisiner avec des populations hétérophones, dont les
prêtres, artisans-producteurs), .o~ se réfèrera aux travaux de G. Dumézil;
n~tam'!1ent Jupller Mars QUirinus (4 vol., Paris, U}41-1948); L'idéologie
peuplades, elles-mêmes éparses, s'enchevêtraient parmi les peu-
trlparllie des Indo.-Européens (Paris, 1958); ct, surtout, L'hérilage illdo-euro- plades indo-européennes. Quelque vif qu'ait pu être le sentiment de
péen d Rome (ParIS, 1949). 0
. relever d'une communauté linguistique, des influences ne pouvaient
2. Les ~oms du père ('pHsler-: l,at. pater, gr. T[<xTijp, skr. pilar-, etc ... ); manquer de s'exercer, dans les deux sens, d'une langue à l'autre. Une
de l~ mère.( meH2~er~: lat. nlàler,. gr. fL<XTI)P, skr. malar-, etc ... ); du fils (' SW-llU-,
ou sw-yu. skr. sunub, gr. crétOIS u~uç, etc ... ); de la fille ('dhughI1 2 Icl': skr. circonstance d'ailleurs devait rendre inéluctables de tels mixages :
duhl-lar-, gr. 6u.yciTI)p, etc ... ); du frère (' bhreH 2 Ier-: lat Iraler, skr. bhrdlar-, etc ... ); les lndo-européens, que l'épopée grecque comme l'histoire nous
de la sœur ( swe-sor: lat. soror, skr. svasar-, etc .. .), sont indo-européens montrent batailleurs, et dont la mythologie comportait une classe
communs ..Le nom grec du frère et d~ la sœur (cil3tÀq>6ç, of) «né du même sein »); de dieux guerriers; qui de plus savaient comme nouS l'avons vu tra-
I~ nO"m .latIn du fils et de la fille (fi/lUS, -a, « nourrisson li) résultent d'innova-
vailler le bronze et s'en faire des armes, devaient largement recourir
o l!~nS dlversemen~ mol~vées au niveau de ces langues. Pour la belle-sœur,
lmd.o-européen dlsposall de deux appellalions, selon qu'elle était la sœur du à la guerre pour s'approprier des territoires de pâture. Ces conquêtes
~a~1 ilat. glos , gr. Y<XÀ6wç, sl~ve commun 'zu[ava), ou l'épouse du frère (lal. pouvaient asservir aux populations indo-européennes d'autres popu-
IGmtrlc-ls~ gr. dVCl"t"€P-tÇ); de m\)me, les noms 'daywer- conservé dans skr devar- lations, auxquelles s'imposait ensuite la langue des vainqueurs; et,
gr. ~oméflqlle 8iif)p, lat. lèllir, :lnCiell lacuir (avec 1 dialectal: v. p. f>8), dési~ dans ces bouches étrangères, l'indo-européen devait subir des altéra-
gnalt non le beau-frère en général, mais le frère du mari. Les noms du mari de la tions d'autant plus sérieuses que l'élément féminin, majoritaire dans
sœu~, et du frère de l'épouse, devaienl de même posséder des appellations
spéCifiques. ce qui subsistait des populations vaincues et annexées, servait d'inter-
, 3. Sur toutes ces q~eslions est ~nnoncé un ouvrage fondamental, que nous médiaire dans la transmission de la langue aux enfants, même de
n avons pu conn.allre . E. Benvemste, Le vocabulaire des inslilutions indo- souche indo-européenne. Ainsi ont dût s'exercer des substrats nom-
européennes, Paris.
17
16
Il
bre ux et div ers, don t nou s ne pou
von s mêm e pas mes ure r l'im por
fau te de con naî tre non seu lem ent tan ce,
les lang ues , mai s jus qu' au nom inég ale, les tex tes les 'p1~s ~rc hai ues pou van t rem ont er à la c~ar­
de A ~ Plu s tard le san slü il cfas
ces peu ples , irré méd iab lem ent
me nt de l'Hi stoi re.
abo lis lon gte mp s ava nt le com
men ce- \
1
nièr e des Ile et ~,e. ~Illllcnt~~~
~air ~ 'écr ite plu tôt que par l ép- , d, fl.xéc
l'I-qur
est une lan gue lalc lsee et 1 e
Rés umo ns-n ous : ém iett em ent
eth niq ue, abs enc e de con tinu ité com me veh icul ,
e
d 1 nsé e et de'1 a sCie .
nce
par ùes O'rammalnen~
. 0
géo gra phi que , var ian tes dial ecta e a pe 1 't lanO 'ue (( parfalL e n, S, opp ose nL
les et, déjà , difT éren ciat ions dia (don t PaIll1)I, III . C)
., c sA Au san s (fI ,
niq ues , son t les fact eur s init iau chr o- . . .. , 0
." t ' nt d'ab ord dév clop pee •

abo liss ant pro gre ssiv eme nt le sen


x à par tir des que ls une dias
por a, les prâ knt s, 1ang ue,s vul gair es qUI, s e dalecum s sou s
tim ent de la com mu nau té eth niq form e non -ecr ite, et don t les prem O enLs con serv és rel110n Len L
et ling uist iqu e, fav oris ant et acc ue '. 1 A C C'e st l)eu iCrtS,t de ces prâ krit s que dér
élér ant peu t-êt re l'év olu tion diac env iron au HIC siec -e re ive nt,
niq ue des éta ts de lan gue emp hro - e ' ' d " 'tud es nom .
orté s par les mig rate urs , fais ant à trav ers une 1on gue hist oire ct es VICISSI bre us es, la l1luILI-
ven ir enfi n des sub stra ts, a per inte r- , d' rses du gro upe ITI( o-a rye n, 1
mis d'ac qué rir la situ atio n obs tud e de lan gue s app are nté es
au déb ut de l'èr e his tori que : erv ée par lées acL uell eme nt dan s la pen S IIV~ndi e nne
~~I
une mu ltip lici té d'id iom es app msu e
mai s dist inct s. Il est ind ispe nsa are nté s, " ,.
ble d'én um ére r les prin cipa les " ' r item ent app aren Lee s nux l.whr 11f "
lang ues , dan s l'or dre chr ono log de ces 4, > " L es lanO 'ues Iran Ien nes , et 0
iqu e où se situ ent les doc um ent J\ (' L 'a\'(',,\.i(l"r ~
S
'11 "
plus anc iens per me ttan t de les s les ind ienn es, son t con nue s a' par t: du l cr ml ena!1T ," "
con naî tre. ~ d) r re "-acré des Par sis, ,
est la lang ue de l'Av~sta, (o~ donL la
1. Le hitt ite, util isé ver s le mil .' Zen 't IV et- qui com pik par
ieu du Ile mil léna ire A.C . sur compOSitIO n e'tal' t attn bue e a .,or . oas re, " '
{:('.riL il
pla teau ana toli en, nou s est con le dat e réce nte , com por te des patr (1 -li - ou po~ mcs ) qUI .' \ "
du siècle à Bog haz -Ko y (TurqUl~
nu par des tex tes exh um és au
déb ut , t'o tles eSte~aa~a~I\le siècle A ,C, ; .1 . 1 .1 -
), sur le site de l'an tiqu ver s la tra d 1 Ion ra le peu ven rem on l'<I"Cs-
cap ital e des sou ver ain s hitt ites e Hat tus as, . 't d' 1 t d l'Es t iran ien, Le Vie .
. Ces doc um ent s, not és en syll tlqu e par ai. rep os, er sur un la ec e e UX-l'crs!',
cun éifo rme akk adi en et, pou r aba ire ire des Ach émé nid es, est en rev 1
des mo ts cou ran ts, au mo yen lan gue ofHclelle de 1 emp anc le un d' ,la
gra mm es, ont été inte rpré tés en d'id éo- . d
1916 par le sav ant tch èqu e Hro lecl e du Su d - 0 ues t·, nou s en con nais son s e s ech ant illo ns par d es Ins-
qui a iden tifié com me ind o-e uro
pée nne la lan gue util isée . Des
zny , crip tion s eun éifo rme s rela tan t t' de Cyr us le Gra nd, 0 anu '
s
hiér ogl yph iqu es, de mo ind re inté tex tes des ac lO,n s (III C s PC ,) es t con
rêt pou r le ling uist e, ont con nu
ver s ct Xer xès . Plu s tar d '. a. 'l'é que sassal1l d e
po " ,
nu le
1930 un déb ut d'in terp réta tion deu x var ian tes, par the ct mo n
de la par t de P. Meriggi. peh lvi, que l'?n ,a ,dl~tl.ngudé epn ye -
lang ues qui par aiss ent app are nté Des ersa n mo der ne , A ce staù e, la lan gue
es au hitt ite, not am me nt le lou ce derl1ler a 1 ong me u
son t enc ore en cou rs d'in terp réta
tion .
vite , ~:~s~6'à fort eme nt mêl ée d'él éme nts . ' .
sem itiq ues " '
J .' ue
2. Le gre c anc ien, jus qu' à une
dat e réce nte, ne pou vai t rev end 6. Les lang ues ltah qu? ,s (osq C ' Som brie n, latm , fah squ e, cLc , .. )
que r com me mo num ent le plu i- son t aus si con nue s au 1er SIe cIe \1 s nouS rcv ien dro ns plu s
s recu lé que l'ép opé e hom ériq ue, A. . ur e e ,
les pas sag es les plu s anc iens don t
peu ven t rem ont er ver s 800 -70 en déta il.
et don t la con sign atio n par écr it 0 A.C.,
est plu s tard ive enc ore . Dep uis 5. Par mi les lang ues celt iqu es,
. 1 " ou celL,lquc COll. L'\1lcn , L',1 1
grâc e au déc hifT rem ent gén ial de
Mic haë l Ven tris (t 196 5), on con
1953, le ~a~ ols\ nsc ripL ion s du Nor ù dl:

est con nu par de trop rare s et
le grec à par tir de 140 0 A.C. env
iron , par les doc um ent s (( my cén
nai t t~p b reve~se) remonLanL aux troi
l'Ita li e et de la Gau le (sur t,ou s
not és en gra phi e syll abi que (typ
e dit Lin éair e B, ou LB) . Le
ien s )
, " 1 t h a,r , onn a C'~sL seulr.menL à par
grec , derl1lers SICC es p r , écé dan t l'er L
e c re lenn e. tir
qui de 1400 A.C. à nos jou rs, .
n'a jam ais cessé d'êt re util isé du v e sièc le P.C . que Ion con ît 1 doc um ent s insu !am :s en no La-
pén insu le hell éniq ue, est de tou
tes les lan gue s ind o-e uro pée nne
dan s la
, na .~s l l'on con naîL la liLLéraLure
don t l'hi stoi re s'ét ale le plu s larg s celle tion oga mlq ue, e t'a par tir du. Vlll C d"slec e que
eme nt dev ant nos yeu x. Il a con It' . sula deu x ram cau x : ll~ gal:'1 'Iqll(:
de surc roît , dan s l'A ntiq uité et nu il. landai~e. Le ce .lque m'É cos se) lre se IVls e en ,
dan s sa pha se mo der ne, des var et le briLLoniqu: (gal~ois; c(),rrnq~I
dial ecta les sur lesq uell es nou s ne ian tes (Irl and ais et gaé liq\ le d . e "b Lon I':
pou von s nou s éten dre ici. disp aru ver s la rm du xVl ll s" d'A rmo nqu e, llnporLc S\l1 l(
re
2. Les lang ues ind ien nes vie nne con tine nt ver s le VIe S.).
nt ens uite dan s cett e énu mér atio
chr ono log iqu e. Le san skr it véd iqu
e, lan gue reli gieu se du bra hm ani
n ,.
7. louL es les auLres . ' 1 0' es ne sonL con nur s Cju " '" t'j, '"
par att mêl er, com me la lan gue
hom ériq ue, des cou che s d'an cien
sme ,
net é
\ \ , '
chr etie nne . A"
ano u '
IOSI, les lan gue s 1ger.man lqu
. ' .
cS
ne sonL
a 1';IrL\1 dl
,
CO III"j
"
' :;; !I" ;.
l,

arLir du Ile siècle P.C . pou r 'p Lions sca ndl llav cs , c c~ 'L '
18 P es IOSen au
Hl

,'"
IVe siècle que l'évêque Wulfila (ou Ulfila) traduisit la Bible en gotique, unique, l' ({ indo-iranien commun ». De même, toutes les langues slaves
à des fins d'évangélisation. Outre le gotique ougermani.que ori.ental d~rivent -d'·u-n--« -st-ave G~n1-mH-n- »., tH-i-mème--a-ppa-r-eriU!" -a-u -«-baltique
(disparu), on distingue un germanique septentrional ou norois, dont commun )), un palier plus ancien, le ( balto-slave commun» ayant
l'éclatement a produit les langues scandinaves (islandais, danois, précédé la séparation des deux rameaux. Cette méthode linéaire a
norvégien, suédois); et un germanique occidental, ou westique, subdi- produit des résultats probants, mais a peut-être eu le tort de sc fon-
visé en haut-allemand (ancêtre de divers dialectes, dont celui qui devait der sur les faits les plus saillants, laissant inexpliquées des correspon-
devenir l'allemand moderne); bas-allemand (auquel se rattachent dances de détail, parfois singulières et d'autant plus troublantes,
le néerlandais et le l1amand), dont certains dialectes sont à la base entre des langues non-directement apparentées. C'est pourquoi une
du vieil-anglais importé en Grande-Bretagne et développé sur place. autre méthode, connue sous le nom de Wellenlheorie ou (( théorie des
ondes », a été défendue en Allemagne par J. Schmidt et le romaniste
8. Au VIle siècle est connu le tokharien, utilisé dans le Turkestan U. Schuchardt : chaque altération de la langue primitive, chaque
chinois, et comportant deux variantes : le « tokharien A ll, et le innovation conférant un caractère particulier à la langue nouvelle,
« tokharien B », ou koutchéen. est considérée à part, et conçue comme se propageant à partir du point
9. Au IX e siècle est connu, par des traductions de l'Évangile où elle a pris naissance, à la manière d'une onde sismique. Une ligne
l'arménien, langue qui a subi une très forte érosion phonétique, et isoglosse symbolisera sur la carte l'étendue propre de chacune de ces
que note scrupuleusement un alphabet en partie dérivé du grec. innovations; et une multiplicité de faits diITérents, propagés à partir
d'épicentres diITérents, enchevêtreront leurs isoglosses. Une telle
10. Au IXe siècle est également connu le slave, grâce à la traduc- théorie a l'avantage de rendre justice à chaque fait particulier, mais
tion des Évangiles eITectuée vers 866, pour un prince de Moravie, aussi l'inconvénient de rendre à la limite impossible un classement
par deux moines grecs, mais d'origine slave (ils étaient nés à Salonique) des langues indo-européennes en fonction de leur parenté génétique.
Cyrille et Méthode. Le dialecte slave de leur traduction est celui de C'est pourquoi, malgré certaines lacunes, nous resterons dans l'exposé
Salonique, ct reste connu sous l'appellation de vieux-slave ou slavon qui suit fidèle aux conceptions de Meillct, sans négliger pour autant
d'église. Les langues slaves se divisent en un groupe méridional, dont un fait qui attirait l'attention de ce savant: certaines particularités
relevait le vieux-slave, et auquel appartiennent aujourd'hui le bul- du latin, par lesquelles il se sépare nettement des autres langues, ne
gare, le serbo-croate, le slovène; un groupe occidental dont relèvent se retrouvent que dans des langues occupant la périphérie orientale
le tchèque et le polonais; un groupe oriental enfin, dont relèvent le du domaine indo-européen, comme si une mer agitée par des ondes
russe et l'ukrainien. Aux langues slaves sont étroitement apparentées avait laissé des épaves du même navire sur deux de ses rives diamé-
les langues baltiques, connues par des gloses du XIVe siècle et des caté- tralement opposées. Peut-être convient-il de se représenter comme suit
chismes luthériens du XVIe siècle. Elles comprennent, outre le prussien les faits: les peuples qui il date historique occupent la périphérie de
disparu du XVIIe siècle, le lette et le lituanien encore usités de nos jours. l'aire indo-européenne sont peut-être ceux qui, ayant quitté le noyau
primitif de l'ethnie indo-européenne il l'époque la plus ancienne, ont
Énumérer des langues apparentées ne suffit pas; il faut aussi, emporté avec eux un état de langue caractérisé par des archaïsmes
par un classement judicieux, déterminer leur mode et leur degré ensuite perdus par la communauté, cl donc ignorés des émigrants
d'apparentement. Sur la façon de procéder, deux théories se sont ultérieurs; poussés ensuite, en une direction centrifuge, par les vagues
opposées, qu'il convient d'exposer brièvement. suivantes d'émigrants, ils ont ainsi entraîné jusqu'aux extrémités
La méthode la plus familière aux linguistes de formation fran- du domaine indo-européen ces archaïsmes, promus au rang de singu-
çaise, particulièrement illustrée par Meillet, consiste à déterminer, larités linguistiques, et qui ont pu jouer, en telle langue, un rôle
entre l'indo-européen « commun » et les langues historiques, des important.
paliers intermédiaires, correspondant à des stades où tels groupes de
langues, déjà détachés de la communauté primitive, n'ont pas encore
définitivement éclaté pour produire les idiomes historiquement attes-
tés. Ainsi, des langues aussi étroitement apparentées que celles de Le latin, dont nous abordons à présent l'étude, nous est connu
l'Inde et de l'Iran ne peuvent avoir divergé qu'à partir d'une langue à partir du 1er millénaire A.C.; mais nous n'avons sur lui des docu-

20 21
communautés, probablement aussi l'action de subst:ats, avaient
ments abondants qu'à partir environ de 240 A.C. Avant le milieu du développé des particularismes locaux, dont l'évolu,tlOn natur:elle
me siècle, nous n'avons sur lui que de trop rares t.émoignagnes épi- _<l~ la 1a ng.tlc->_a...-c.c..éléT_é.e:.:.p:a:r:::lc~iraos- p9H~~l'és-H-l-t-ant--tles- IDv-asrons
graphiques: ins:cri.ption (Ü~ ta Fib.ule de PûnesJe l, ·€{ui'-peutremonte-r et de l'éclatement de l'Empire, allaient faire les langues romancs.
aux' environs de 600, et présente des archaïsmes peut-être mêlés de Mais le passage du latin, même altéré, à une langue romane n'a pas
dialectismes; inscription de la Pierre noire du Forum 2, la plus ancienne pu être instantané; jamais une génération. d'usagers de ~a .lan gue
des inscriptions romaines, qui peut remonter à la 1re moitié du VC siè- latine n'a eu le sentiment de parler un latm nettement dlstmct de
cle, et dont le texte, fort lacunaire, est de ce fait d'interprétation celui de ses pères, et constituant en fait une langue nouvelle ..C'est
malaisée; enfin, inscription gravée sur le vase improprement dit « de pourquoi on ne peut appréhender de façon nette la fin du latm en
Duenos 3 ll, qui parait remonter au IVe siècle; et dont le texte, bien que tant que langue parlée.
lisible et complet, n'est pas moins d'une extrême difficulté. Si l'on considère le latin dans son extension non plus chronolo-
Connu dans de telles conditions, le latin souffre, pour son étude gique, mais géographique, un fait attire l'atte~tion : cet~e langue,
historique et comparative, d'un handicap certain par rapport aux qui a couvcrt une partie de l'E~rope et de ~'AffIque, et qUi, a:e~ l~s
langues d'attestation plus ancienne, in do-iranien ou, à plus forte langues romanes exportées en diverses parl1es du. monde, est a 1 ~:)fl­
raison, grec et hittite. On notera d'ailleurs que les autres langues ita- gine d'un immense empire linguistique, est partie de presque rIen.
liques nous sont elles aussi connues par des documents relativement Le latin n'est au départ que l'idiome d'une petite communauté. de
récents, et de plus très fragmentaires; et si l'osque a pu servir d'expres- souche indo-européenne, venue se fixer (vers le début du 1er mIllé-
sion à un début de littérature, nous n'avons de cette dernière aucun naire A.C.?) dans une petite contrée d'Italie, le Latium. Cett~ la~gue
témoignage textuel, à la différence de ce qui s'est passé pour le latin n'est, à date ancienne, ni seule ni privilégiée. La péninsule Ital.lque,
après 240. De tous les parlers italiques autres que le latin, seul l'om- antérieurement à la conquête romaine, paraît avoir connu un émiette-
brien, avec les Tables Eugubines, est connu par un texte étendu, mais ment linguistique extrême . Parmi les langues qui ont l~is~é ~~s textes,
d'interprétation très difficile, et qui pour de nombreux détails reste certaines n'étaient nullement indo-européennes : amSI 1 etrusquc,
obscur. probablement importé de l'Orient égéen ou asianique, et qui, en ?ép~t
A partie de la fin du me siècle, le latin nous est connu par une de la publicité faite récemment autour de travaux pseudO-SCienti-
abondante littérature, dont notre tâche n'est point de faire l'histo- fiques, reste à ce jour dépourvu d'interprétation. D'a~tres langues
rique. Comme langue écrite, le latin n'a plus cessé, jusqu'à une date étaient indo-européennes, sans pour autant appartenir .au .group~
parfois proche de nos jours, d'être employé en des usages littéraire, italique: ainsi le gaulois, au Nord; le messapien, parler lllyr,lCn qUi
juridique, diplomatique, ou liturgique. Comme langue parlée, il est avait franchi l'Adriatique, et que nous font connaître d.es ms~r~p­
délicat de déterminer la date à laquelle le latin a cessé d'être usité. tions trouvées en Apulie; le grec surtout, importé cn Italie ~énd\O­
Les informations dont nous disposons ne concernent guère que la nale et en Sicile. Enfin, un ensemble de langues plus étrOitement
langue écrite, tout au plus teintée, à basse époque et durant le haut apparentées constituaient le « groupe italique », d'origine indo-euro-
Moyen Age, de vulgarisme et de barbarisme. Il ne fait aucun doute péenne : osque de Campanie; ombrien; dialectes « centrau.x » (m~rru­
que dans les provinces de l'Empire romain la distance séparant les cin vestin marse pélignien, etc ... ); latin; falisque, parfoIs conSidéré
. co~me for~e dial~ctale du latin, mais qui est en fait une langue auto-
1. Le texte (gravé en caractères grecs, de droite à gauche) est: l\1 anios: nome; vénète parlé au Nord dans les vallées alpestres, naguèr? c~nsi­
med: whe: whaked: Numasioi. Soit, en latin classique: Atanills me (ecil Nume- déré comme dialecte illyrien, mais identifié comme langue Ital1que
rio. On notera: a). La notation de { par le digramme wh (digamma + h); apparentée au latin depuis les travaux d? M. Lejeune . Un: LeJle
b). Le redoublement dans la forme verbale (aoriste); c). Les finales anciennes -ed
(3 e pers. secondaire) et oi (dat. sing. thém.).; d). En nn, t'ahsence de rhotacisme situation ne permeLLait nullement de préVOir la rutur~ ~xtensLo~ du
(et d'apophonie intérieure) dans le nom Numasioi. V. Ernout, Tex/es lalins latin, qui ne bénéficiaiL au départ ni d'un n~~~re ~onsld;rabl; ? u~a­
archaïques, nO 1. gers ni du prestigc attaché à une ~angue. de cl~llisatlOn. C est llllsto~re
2. Voir Ernout, ibid., nO 2; une tentative d'interprétation a été proposée de Rome et de la conquête romame qUi explique la rortlll1~ du latlO,
par G . Dumézil (L'inscriplion archaïque du Forum el Cicéron, De Divinalione,
II, 36, dans Mélanges J. Brelon, 19;)1; et Sur l'inscription du Lapis Niger,
langue de la puissance politique qui de proche en proche Imposa sa
R.E.L., 36, 1958, pp . 109 sq. domination à l'Italie antique, puis à l'Occident. Devenant langue
3. Voir Ernout, ibid., nO 3.
23
22
une langue occidentale, dont les usagers antérieurs ont véhiculé avec
officielle ?e l'administration, du droit, du commerce, et de plus en eux des archaïsmes, Véhiculés de même par les ancêtres des usagers
plus au~sl langue de culture, le latin se trouva imposé de fait à des !:ti-diomesor ientulHi;.
-ID!lli!~a tIoHs~on t_ks_p.ade.rs, llu:enLr.a~alés-à-I':état--d44iome-s-lœaux - '-- -0';~t.~~pe-;dant avec les langues occid~ntales. que le at~n pr~sente
promis de façon plus ou moins 'rapide à l'abolition. ' les' affinités les plus remarquables. Certams traits du latm lUI sont
Il ~onvient enfin de situer le latin sur un dernier plan pour no communs avec l'osco-ombrien et le ' celtique: apparition d'une con-
1«: plus I~portant : celui de l'~pparentement linguistique. Cette que~~ sonne -rdans les désinences médio-passives'; uLilisation, dans les for-
llon ,a éte abondamment traitée par Meillet, qui lui a consacré les mations de subjonctif, d'un morphème -a-; appel, pour former le géniLif
C~lapltres !I, et l,Il ~es Dialec~e~ 1, ainsi que les quaLre chapiLres ini- singulier de la flexion nominale thématique, à une désinence -ï;
llaux de 1 EsquLsse : Ses posItIons, devenues classiques, peuvent être caractérisation par une même désinence -bllo (lat. -bu-s) de quatre cas
résumées comme SUit. du pluriel nominal (daLiC; ablatif; instrumental; locatif); nombreux
A se f~,nderL d'abord, sur quelques traits d'ensemble, considérés LraiLs de vocabulaire enfin. C'est plus particulièrement avec les lan-
co~me P?r men s pour.l éLalonnage des. langues indo-européennes, le gues italiques qu'en dépit de certaines div~rgences (formation de
l?tm es~ a ranger parmi les langues occidentales: il conserve intacte l'infinitif actif) le latin présenLe' le plus de traits communs: transfor-
1 Occlusive, le (cenlu~),.au l,ieu de la palataliser comme le font les mation en spirantes sourdes des sonores aspirées indo-europé~n?es;
langues t ).onen
'J tales (dites , ' du nom que, reveAt en skr . 1e nom b re,'
,çalam débilité des consonnes finales; tendance à l'abrègement des émiSSions
« cen I l , ~ cons;r~e ~IS.tlI~CtS( comme l~ celtique et le grec) les tim- vocaliques; syncrétisme, dans la flexion nominale, ent~è. ablatif,
~ers v~caliques e, 0, a; Il Ignore .l'a,ugment verbal; il ne connaît plus instrumental, et locatif; introduction - comme en grec, maIS mdépen-
l opta~If comme mode verbal distinct du subjonctif. Toutefois et damment _ de la désinence pronominale *-si5m au génitif pluriel
mal~re ce,t~e app~rt~nan~e occidentale, le latin présente certaines de la flexion nominale en -a; flexion verbale à deux thèmes, in{eclum
partlculan~es de detall, q~1 ne ?e r~ncontrent par ailleurs q~e dans des et per{eclum; création d'unimparCait en -:bha (lat. ama-ba-nl, os.
langues
3 onentales
1d (sur l explicatIOn
' possible ' v . p . 21) . A'lUSI,. 1a (u-{a-ns); grand nombre enfin de correspondances lexicale~ (lat.
e pers, p. ~ perfect~m actif en -ëre, archaïsme utilisé par les poètes cëna = os. /cersnu ; lat. manus = ombr. acC. pl. man{; lat. medlcus =
par co:nmodlté métn:rue, n'a 'd'équivalent qu'en hittite (-ir) et os. mediss; lat. probe = os. pru{e; etc ... ). On voit ainsi comment se
tokhanen (tokh. A : -ar; tokh. B : -are). La caractérisation du perfec- présentent selon Meillet les strates jalonnant la genèse du latin: il
t,um ~ar.une consonne -w- (ama-v-ï), quelle que soit la nature de a existé une communauté italique utilisant comme idiome un « ita-
l e~p~lcatlOn retenue (v.. ~: 3~2 ~q.): ne se retrouve qu'en skr. (jaJnau = lique commun )l, dont sont issues les langues ita~iq~es. Le~ tra.i~s
gnoul), tokh. ,A (prakwa,(( J'a~ pflé »), et hittite (si -un s'analyse en par lesquels le latin se sépare des autres langues Italiques (l~fi~ltlf i
-w- + n). L élément -IS- qUI apparatt au perfectum notamment en -se; futur en -bo; généralisation au perfectum de la cataténstlque
devant. mo:phène co~.mençant par dentale (-is-li, is~se), apparaît , -w-) ont dû se stabiliser postérieurement à l'éclatement de. cette co~­
dans l~s mem~s. conditions en hittite, et se retrouve peut-être aussi munauté italique, les traits par lesquels il s'en rapproche faisant partie
~~ ~édlque (~arz~.ta ~ vous av:z. traversé» 3). Le nom du chemin ilerf inversement de cet héritage commun. La communauté italique pro-
lllnzs, afTuble en lat.lU .de l~ Vieille flexion hétéroclitique, a un corres- cède elle-même du fractionnement d'une communauLé linguistique
po~dant ex~ct en hittite (1IarfinnaJ). Enfin, toute une série de mots' plus ancienne, la communauté italo-celtique. Il est ensuite iI?po~sible
latlUs, expnmant des notions fondamentales, est pourvue de cor- de déterminer avec une suffisante certitude un nouveau palier, mter-
respon?ants exa?ts dans les langues orientales. Ainsi, avec le seul médiaire entre l'italo-celtique et l'indo-européen, malgré des traits
sanskr.lt, on .releve. les correspondances bibil/pibali; vïvusfjïvah' qui rapprochent l'italo-ccILique tantôt, du germanique, tanLôt du
rcxfraJ-; doml11usfdamuna~, etc ... Il apparaît ainsi que le latin e'st balto-slave; ,
Ce schème de Meillet n'a pas été parLout accepté, cl des savant
1. Abrév~al~on pour Les dialecles indo-européens, Paris, rééd. 1950. italiens notamment ont tenté de lui opposer d'autres explications.
1952~' AbrévlaLion pour EsqUisse d'une hisloire de la langue latine, Paris Ge éd. Ainsi G. Devoto (Ilalogreco e ilaloccllico, dans Silloge Ascoli, 1~'2~;
t H 3. Toutefois, 1a.l rQ per~ .. p1.larimab reposanl sur * lerIl-melos (racine * terU- Gli anlichi ilalici, 1~31; Sloria della lingua di noma, 1040), faisant
Ir 1- de Jal. lrans), Il est !olslblo.deposer, pour tarifia, un prototype *lerlI-sle'o intervenir des données d'archéologie préhistorique. fournissant matière
, cxc uant le morphème -lS-. l'

24
( ,i ( r
:" r,onLrovr,rse l, ct de toute façon peu aptes (v. p. 14) à résoudre
:' n ·'rn!Jlp.lllp' linglli~tiqu(', a cru pouvoir nier toute unité italique, et . considérable des Latins aux Étrusques concerne l'alphabet, que les
dlJ Illl~llle wup italo-cdtique . G. BonCante (DialeLLi indoeuro~ Étrusques eux-mêmes avaient emprunté aux Grecs occidentaux, .en
-lV~~-:-IJ.eL V . E.is.ani -~~ludt- su.[-Ia- -preisto-ria dette ingue indoeuropee, l':'a.d.a.ptant.aux ·hesG.l.mKte~ul' ~~-~"1( ·éirtlSqtte , ))1-cn
E).,.l) "ilL raiL lin appel ~ystématJque et extrême à la « théoric des connu par les textes et abe~édalre~, n HUIt pomt to~?lement adéq~at
ond :· " "l , lIianL t()uL~ unité int(!rmédiaire entre indo-européen et aux exigences de la notatIOn latme, et f~t :emame par les Latms
1;ILilt. I,rujl()';"nL une vi~ion des faiLs rendant caduc au départ tout (comme d'ailleurs par les autres peuples Italiques). Les rappor~s de
dTorL de straL~graphie. Av?~ M. Lejeune, qui a présenté la criLique plus en plus étroits !:}ui s'instauraient avec les Grecs leur permirent
dl: <:cs r:()IICI:jl LI.ons (La posliwn du laLin sur le domaine indo-européen, de recourir en grande partie à l'exemple des alphabets grecs de
Méllil/T'iai des I:.ïudes Lalines, 1944, p. 7-31), nous resterons pour noLre Grande-Grèce.
l'art "<ld(: à l'enseignement de Mcillet; ce qui n'exclut nullement la Les langues du groupe italique o~t ~galement !ourni ~u latin des
r"dlf'l'I:II<: d'!lInr'nagements Je sa doctrine. Notamment, plllLôL que de éléments de vocabulaire. Les mots amsi empruntes se denonce~t le
l'O;;'T IIIW " na Lion li italique unitaire, qui avant d'éclaLer aurait parlé plus souvent par des LraiLements phonéLiques sur les~!uels .Ie ~a.tm se
1111(' langll<' IlIliLaire commune, on peut songer à des populaLions déjà sépare des autres langues: traitement dcs sonores aspirées ~nterIeures
Ji;;Lilldl!s, mais vivant en voisinage étroit, parlant des langues très par des spirantes sourdes {ou" h (rü{us,. en Cace de ruber~ Ln{erus.' cf.
proc!t(!s qu'aurait rendues plus semblables encore des influences skr. u.d!iara~; veho, cf. gr. (f)oxoc;); traitement en occlu~lves labiales
réciproques. De Lelles interactions ont pu se produire au cours des des anciennes labio-vélaires (bas, ' alors que la forme latme atten.due
lIIi:;raLions vers l'Italie, ou sur le territoire italique même. L'unité serait ·uüs; popina, en Cace de coquina; etc ... ). Toutes ces q~e,stlOns
" .iLalo-ccILique '~ a pu consister, à un niveau antérieur, en une sym- ont été remarquablement étudiées par A. Ernout (Les clemenLs
blo:-;e de populaLlOns toutes semblables. Une telle interprétation revient dialeclaux du vocabulaire latin. Paris, 1909).
:'1 eonserver l'essentiel des positions de Meillct, en prêtant simplement Ulle influence extrêmemènt considérable a été excerée sur le
au LcrnlC! d' Il unité)) une acception un peu plus l:1che. latin par le grec. Cette influence, liée en très g:an?e partie au pres~ige
Nous meLLrons un terme à ceLLe Il situation linguistique du latin )) culturel du grec, s'est exercée sur le vocabulaire mtellectuel et. ph1l0-
r, n é~oql~ant brièvement les inIluences qui, il date proto-historique, sophico-scientifique, notamment à partir de Lucrèce et. Cicéron,
Ou hlstonque. se sont de façon manifeste exercées sur cette lanO'ue. grands vulgarisateurs en,milieu latin ~e la pensée grecque. C~t ~mm,e.nse
OuLl'e l'inOuence de langues autochtones ayant précédé ~ur le chapitre, dont ' est en général avertI le I~cteur, ne peu~ ICI qu etre
LCl'riLoire iLalien l'arrivée des Indo-européens, qui a dû laisser surtout indiqué . Mais antérieurement à cette pérIod? le grec a .Influé sur le
des noms d'animaux ou végétaux méridionaux (v. p. 15), on doit latin, dès une époque parfois reculée, pUisque. certal~s .voca~l~s
lllenLionner en premier lieu l'influence étrusque (les Etrusques ont empruntés à cette langue conservent -w- intervocalique .(al~sl AchwL;
e
du VIle ail v s. dominé l'Italie centrale, y comprise la Rome des Tar- oUva). et que d'autres supposent un stad~ où, cp, ?, X. etale~t ~ncore
quins). L'ignorance où nous demeurons de la langue étrusque ne per- en grec des occlusives (dont le latin né~lige 1 aS~lratlOn; am~1 dans
nlcL pas de mesurer de façon exacte cette influence. Il semble qu'elle ampora, dracuma, adaptés de gr. rX[J.cpOpEUC;, OPC(X[J.I)). A ce.tte epoqu.e
ait concerné en grande partie le vocabulaire, et explique l'introduction ancienne (dont la Comédie latine propose une Image se:nble-t-II
en la Li n de noms propres (des types Porsenna, Sisenna, V ivenna; ou fidèle) les emprunts au grec paraissent concerner surtout la vie é~o.no­
AuIIlS, Camillus, Cœlius); des noms de divisions sociales (les trois mique et le négoce (mina, LalenLum, dracuma); le trafic maritIme
Lribus des Lucercs, Ramnes, TiLies); des noms de métiers (subulo, (naula; ancora; gu bernare); la vie de plaisir, in terpré~é~ a u re~ar?
« jouclI r de fl û te l); hisLrio, Il acteur ))), de fonctions scrviles (veriw; de la frugalité romaine comme trait de mœurs hellem~ue (al~sl,
sCllrra; eL, sr.lon E. Benveniste, d'une façon qui nous convainc parasiLus; cinaedus; hilarus; malacus; tous termes attestes da.ns la
rnoin~, scrvus); ou militaires (salelles; peut-être miles; la finale de Comédie dePlaute). Certains suffixes fréquents en I?rec se .sont mtro-
CI:S IlIl)t~ aurait été ellsuiLe étendue il e'lues). Mais la deLLe la plus duits dans le latin populaire; ainsi, dans les f~rmaLlOns ~~rbales, -(Cw .
a été adapté en -isso; d'où les verbes graecLssarc; alllcLssarc; moe-
1. \ ' (Ji,. "tJ ss i • .<111' ces Ifilcsi iOIlS, du rnl~mc aul.ell!', OrÎgÎnÎ Îndocuroflcc, chissare; pl1rpurissari; etc... '.
' Il,, l' . 1II. D'autres langues encore ont exercé sur le.I~~In .une m~uence,
Avant les apports germaniques au roman, les cIVilisatIOns Orientales
2li
27
( l ! ( 1 r ( \ r
aVt.lltUlo prel,c au latm,. d?~ la. fin de la République, des termes dési-
gna?t des él.éments.de clvlhsabon exotique. Déjà avant elles, le gaulois
avait four?,1 au latm ?~s vocables désignant des parties de vêtement
___ (brac~, déJa chez Luclh~s)L9.es arm_eL4T.aesum, -cnez-César et Val'fon)- I-
des prêces Qe cIiarronnene (carrus, déjà chez Sisenna . carruca . racda : i
carpenlum, chez Tite-Live). De tels emprunts cordme on ~eut s"
attendre, furent particulièrement nombreux dans la période gall:-
romaine.

ANALYSE ET TERMINOLOGIE LINGUISTIQUES

Tout énoncé exprimé en une langue est susceptible d'analyse, et


n'a de signification que par là; cela s'explique en raison même de la
nature du langage humain, qui est articulé. Là réside en efTet la
difTérence capitale observable entre langage humain et ce qu'au terme
déjà d'une impropriété on nomme parfois langage animal. Si un chien
par exemple est capable d'émettre un cri manifestant sa satisfaction,
ou sa douleur, ou son hostilité, ce cri demeure au stade d'un message
global, qui ne se décompose point en unités signi fiantes fonctionneIle-
ment assemblécs, comme le ferait, en langage humain, l'énoncé « jc
déteste cet individu parce qu'il s'est montré brutal envers moi ». Même
l'embryon de langage plus complexe que l'on a pu observer dans la
société des abeilles reste loin en dcçà du langage humain, dans la
mesure où, ne se référant jamais qu'au même signi fié, il nc se laisse
pas décomposer en unités vraiment autonomes 1; il n'est pas, dirons-
nous, articulé .
Appliquée au langage, la notion d'articulation ne se ramènera
point pour nous à la signification qu'on lui prête vulgairement, celle
de prononciation distincte et correcte d'un énoncé, que peuvent per-
mettre d'acquérir ou de perfectionner des leçons de prononciation ou
d~ diction. Par articulation, le linguiste entend une tout autre chose:
il s'agit d'un emploi des sons de la langue sciemment enchaînés dans
un ordre déterminé et distinctif, produisant le signifiant correspon-
dant au sens que l'on désire exprimer. Par exemple, en français, à
partir des trois sons m, a, l, trois articulations difTérentes permettent
d'édifier trois signifiants difTérents, mal, lam(c), alm(e). Ainsi,
l'articulation suppose le choix des sons, le choix de leur arrangement,

1. Voir E. BENVENISTE, Communicalion animale el langage humain, dans


Problèmes de Linguislique Générale, pp. 56-62.

21J
r r
et bien sûr le choix du sens que par leur combinaison adéquate on se
propose de communiquer.
dont la succession consciente en un ordre déterminé permet de
~'est dans. une large mesure la nature a ~iculée du langa~La constituer \:ln messa.ge lingj.listique comf>Jexe 1 ;et_ it il -à- justeht.œ_
-Pe;nù~fa-VE»'~s-r~eS"Structura es CIe la linguistique moderne. insisté sur la double arliculalion, de l'énoncé en monèmes, du monème
~eme SI la terminologIe et les définitions que nous proposerons ulté- en phonèmes, montrant que ce caractère articulé il deux niveaux
neur~me~t .comme .adé,quates. à la linguistique indo-européenne sont est ce qui confère à la langue cette extrême soupless~, gr âce il l~quclle,
parfoIS dlfTerentes, il n est pOint inutile de connaître la terminologie mettant en jeu un petit nombre d'éléments matérIels, elle n est pas
p~oposé? par cert~in~ ling~istes modernes pour rendre compte des moins un instrument d'expression à peu près salis lilllite. E. Benve-
d:vers IlIveaux de 1 articulation. On s'aperçoit tout d'abord qu'au niveau niste tout aussi soucieux d'analyser la langue en éléments de niveau
d une langue donnée .Ies sons per~ettant l'édification des signifiants difTé~ent, mais désireux au surplus de hiérarchiser ces (;Iéments
SO?t en nombr? rela.tlveme.nt rédUit. On peut les inventorier par une compte tenu des fonetions spécifiques qu'il.s assument, a proposé de
method~ comblnatol.r~, qUi consiste à expérimenter dans une chaîne son côté une distinction en lexèmes (expnmant des noLlons), mor-
parlée ~I leur appan~lOn, leur suppression, ou leur permutation, est phèmes (correspondant à des classes ou sous-classes f?rmell.es), pho-
susceptible de produire .un sens ou de mod.ifier le sens. Les phono- nèmes, et mérismes (ces derniers correspondant aux traits qUi, dans le
?gues .ont n~mmé p/~onemes ces ?o~S contnbuant à la signification; phonème, peuvent être isolés comme distinctifs) 2 . Cette seconde
Ils dO.lvent etre rad.lcaleme~t distIngués d'autres sons, que peut classification nous paraît à la fois plus précise, et plus proche de la
pro.dUlr~ ct que ~.rodUit efT~ctIvement l'appareil phonateur de l'homme, classification traditionnelle en radical et suffixes que nous aborderons
maiS qUi, lorsqu Ils apparaIssent.dans un.énoncé d'une langue donnée, ultérieurement, tout en insistant plus que cette dernière sur la hiérar-
ne s~nt ~ut~e chose que des brUits gratUits ou accidentels, dépourvus chisation fonctionnelle des divers niveaux .
?e role s.lgmfiant. On devra remarquer que le système de phonèmes Tous les éléments jusqu'ici obtenus par l'analyse entrent comme
I~ventonés dans une langue ne vaut que pour cette langue. Les pho- composantes en des unités supérieures, mais ne présentent pas moins
nemes en :fTet peuvent d'une langue à une autre varier en nombre une individualité, sinon parfois une autonomie, dans la mcsur~ où
e.t e? qualIté; un son qui dans une langue A présente une fonction ils s'articulent l'un après l'autre, et non en même temps. Il eXiste,
slgmfian~e peut en ~tr? .dépourvu dans une langue B. Telle langue, fort diITérents, des éléments jouant un rôle tout aussi distinctif, mais
comme 1 étrusque, n utIlIse pas comme trait distinctif la sonorité des qui ne peuvent être réalisés et se percevoir ind~pendamment d? la
consonnes oc~lusives., et ne connaît pas de « phonèmes» b, d, g; alors réalisation d'un autre élément. Ils correspondent a ce que A. IVlartmet
que le français expr!me d~ux notions difTérentes par roz (( rose ») et nomme {ails prosodiques 3, ou, d'un seul mot, prosodèmes. Parmi ces
ros (( rosse ,» ), un sU:Jet ~atm p~ononçant *roza exprimait simplement, faits peuvent être classés, par exemple, les oppositions de durée voca-
au terme d une réalIsatIon mOins correcte, ce qu'il exprimait en pro- lique. Si, dans une langue comme le français, l'allongement de la
nonçant rosa.
durée des voyelles dans joli! renforce l'articulatio.n et dén?te c~lez
La ~otion .d'articulation n~ s'~pplique pa.s seulement aux phonè- le locuteur un état psychologique (le ravissement), Il ne modifie nI le
mes, m?IS aU~SI aux éléments slgmfiants de mveau supérieur obtenus sens de l'adjectif ni même celui de l'énoncé qui se réduit ù lui .. En
~ar artIculatIOn des phonèmes. Certains de ces éléments sont ce que d'autres langues, comme le latin, une opposition de durée vocalIque
1 on appell~ couramment des mots. Ainsi, l'énoncé le chien dorl s'arti- pourra être distinctive soit sur le plan mo~phologique (legi~us « n~u.s
cule en troIs mots, que l'on peut identifier grâce à des permutations lisons )) / lëgimus « nous avons lu ))), SOit sur .le plan I~xlcal (lellLs
(~ar e~ . , et ~espectivement, a.vec un, cheval, couri), permettant « léger» / lëuis « lisse »). De même relève des faits p:osodl~ues le ton
d obtemr ?es .en.oncés tout aussI complets et corrects, mais de sens (à distinguer de l'intonation), qui consiste en une InLenslté, ou une
chaque fOIS dlfTerent. On s'aperçoit toutefois que les mots ne sont élévation plus grande, ou une inflexion particulière, d'une voyelle déter-
pas les seuls éléments signifiants que permette d'atteindre cette minée du mot. Il existe des langues, comme le chinois, où une même
rr:~thode. La distinction entre l'an blà (l'âne blanc) et l'anes blii1
(1 an esse blanche) est assurée pa~ l'apparition, dans le second énoncé, 1. Voir A. MARTINET, Éléments de linguistique générate, ch ap . IV; cl La
des éléments -es et -1. A. Martinet a proposé de nommer monèmes linguistique sYllchronique, chap . ID'. . ..
tous les éléments supérieurs aux phonèmes et obtenus à partir d'eux, 2. Voir Coup d' œit sur le dévetoppement de la llngUlstlque, dans Problèmes
de Linguistique générale, p. lB-31, el nolammenl 23 . .
30 3. Voir Étéments, p. 77 sq.; Linguistique synchrontque., p. 31 sq.

31
syllabe, constituée des mêmes sons .
recevoir des tons dilTérents ( . 'bal rtlculés dans--le même ordre, peu L
e+1cs . .. . varIa es en nom b · ..w4t les' . (ür-is J du voleur). D'une façon générale, dans les langues indo-euro-
-- - d-hrlmesj, et, constituant ch - -f' r e . n. -cp-o-qm-s pennes, t6 - · oTp-ir6-IlÙ~s- Ile :pre-c&l-cnt-point 1e-raffie-al: -0n ne saurai1;
de ce fait autant de notions qu'ell aque .~IS un mot dlstmct, désigne tout à fait considérer comme des morphèmes les préfixes observés
indo-européennes, c'est la variatio; l:ço; de tons. Dans les langues dans des noms (ë-loquenlia) ou des verbes (ex-imo); la plupart
peut présenter une valeur distinct" ~ ~c~ du ton dans. le mot qui d'entre eux sont en eITet connus à l'état libre comme adverbes ou
v6(.Loç « loi)) ct vo,,6ç « divisl'o n te ' t l~e'l mSI, le grec attIque oppose prépositions; et ceux qui ne répondent point à cette définition (ainsi
, .- . rn ona e Il' ,,'
e t "ofLOÇ cc coupant ))' etc E fi ' ofLoÇ cc morcea u découpé » po- dans pono < ·po-sino, po-sui; ou crë- dans crë-do) sonL considérôs
, '" n m on peut a USS1.
prosodiques l'intonation, dilTérente du t d annexer aux faits par les Latiris comme porLion inLégrante du radical. C'es L bien pluLôt
concerne non des mots Ou p r r d on ans la mesure où elle
ens.emble; et où ses oPposition: ~~sv. le 7 ot ,. ~ais l'énoncé dans son à la suite du radical qu'apparaissent ct sc rangent les morphèmes:
ils apportent, dans un ordre déterminé, une série de spécificaLions
loglqu.e ou lexical, mais syntaxi ue a e~n e: oll1 .sur l?s ~lans morpho- qui confèrent au mot cons idéré la possibiliLé de s'intégrer, dans un
une dllTérence d'intonation d' f q 1 pressIf. Amsl, en français emploi et une fonction précis, à l'énoncé. Ils possèdent donc une
matif, ct il pleul? interrogat/r l~igu; es deux énoncés il pleul, affir~ {onclion aclualisanle, puisqu'ils permettent à une notion d'être tra-
ans
rence d'intonation établit un' d!fTé ces ceux exemples, la difTé- duite en acte de parole. D'une façon générale, les morphèmes se
. . ,
d u sIgnIfie, e 1 rence assez 'bl .
une autre intonatio l i ' senSI e au nIveau
ne fait qu'ajouter à l'affirmat~~ f e~l:, montan~e puis. descendante,
succèdent dans un ordre de spécification croissante. C'est donc à
partir de la fin du mot que l'on a chance, par clivages successifs,
P~y~hologique (désapPointement etUI al~t I~ m) anIfestatlOn d'un état d'obtenir le maximum de précision analytique.
aInSI qu'avec l'intonation nous . assl u e. d.u locuteur. On voit Le premier morphème que, pratiquée dans ce sens, laisse appa-
où les faits de langue, du ressor~~~lfi~~n~ la hmlt? e.xtrême et ténue raître l'analyse est la désinence. Elle peut être isolée lorsque, à l'inté-
ment des faits de parole d oU ste, sc dlstmguent malaisé- rieur d'un paradigme flexionnel, on voit un élément final de mot
. . , u ressort de l" d' 'd
dlstmcte correspondant aux d ' m IVI u, une zone peu permuter avec d'autres selon l'emploi qui est fait du mot. Ainsi, la
.
é tudlée) Omames de l'e . . t'
et des faits de style. xpresslVI e (encore mal distinction d'emploi entre lat. dominu-s (nom.) et dominu-m (acc.)
se marque par la permutation -si-m. Dans la flexion du présent verbal,
.. la distinction des personnes (legi-s, legi-l, legi-mus, legi-lis) se mani-
feste de même par une permutation de désinences (qui, on le remarque,
Les faits ct les points de vue ci-d peuvent ne pas se borner à un phonème unique). On peut, en limitant
la possibilité d'analyser et h'é h~sSUS exposés nous ont montré aux langues indo-européennes flexionnelles la portée de cette définition,
l'énoncé ou le moL. Mais ils on~ rarc Is~r les. éléments constituant
1 dire que la désinence esll'élémenl final de mol donlla permulalion avec
des attitudes possibles devant ulne Via eur genérale, et déterminent
' " que que angue que c 't U d'aulres élémenls de même nalure enlraîne dans le flexion nominale un
p.1~s partIcuherement considérée comm . e SOI. ne langue 1 changemenl de cas, el dans la flexion verbale un changemenl de personne.
Clslon et une spéeification plus' dedie latm, appellera une pré- 1 Le fait que certaines désinences soient aITectées au singulier ct d'autres
· ".
1a 1mgUlstlque gran es ans l'anal A
mdo-européenne traditionnell ' yse.. ce propos,
forgé une terminologie analytique qui 1 . d"e s est. depUIS longtemps
! au_ pluriel; qu'elles diITèrent de l'actif au passif; des temps primaires
aux temps secondaires; de la flexion Lhématique à la flexion athéma-
peut aider utilement le linguiste si 'o~m r etre a.UJourd'hui caduque, tique, n'introduit que des considérations accessoires, ne mettant po~nt
replacer dans une perspective pl' dP end som de la repenser et en question cette définition fondamentale. InsisLons sur un pOint
AI" . us mo erne
a dlstlllCLlon proposée ar E B '. important: au terme de désinence est liée l'affirmation d'une foncLion
morphèmes correspond en gros IP d' t: ~nvelliste entre lexèmes et morphologique; le Lerme fillule, souvent enployé, n'a qu'une accepLion
p hè mes. Il est rare qu'un mot d' a 1IS IllCtlOn . entre ra d'lcaux ct mor- phonétique, et sert il repérer la posiLion d 'un phonème ou groupe de
' 1 .
a un exème ou radIcal Ce pou une '~I
angue IOdo-euro é
penne .
se réduIse
rra et..re e cas en 1 t '
tell cs que fer (cc porte »,. impératif) d phonèmes dans le mot (ainsi le -s de legiUs est en position finale , ou
ou {ûr (cc v a m pou~ e~ formes à la finale; il ne constitue pas pour autant la désinence, qui est -lis).
ces formes sont elles-mêmes extraites d o!eur 1) ,no~matlf). Mais On renoncera dans tous les cas au vocable de terminaison, qui fleurit
autres formes s'accompagnent de mor ~ paradlg~e.s flexIOnnels où les dans des manuels élémenLaires ou vieillis, ct qui est fauLeur d'indis-
32 p èmes (amsl, {er-le, cc portez »;
tinction.

33
9 l 1i

-~SÏJ:l..IMee--et
11 est parfois plus difficile que nous ne l'avons laissé croire de
remarquera enfin, au mveau m~:e GaS-différents, UOffl-,t".a-t-if -el
déterminer la frontière exacte en cc- qui prêcëëre-:- . ~ du latin, d'es--f-a'i~s a?pa~em-
o
.hcu~lI le~e
- - --ftff·tsr':,- J-e'-tatin es passé par un stade où l'ace. pl. et le gén. pl. de
n ts -Afns1 au neutre , bsence de desIncnce,
dominus étaient respectivement • domino-ns et • domino-som,. la 'nnmt , nt; Lous les autees pa: a sc di,tingu enl
accusatif, s oppose d eetle eacaelenstique, ne 'au du
p;é~~~a7~ ~C;;::n el~ ~n ~ Il ~~~~~~~r~ u~::'e~ ~epOC ,1 a
démarcation entre les éléments était alors des plus nettes, Mais
l'évolution phonétique a [ait de la première forme dominos, cependant p
at~ m~'~ne explIcta~l~ edl 'inanimé dans la préhls-
mais , u 1 de l' a lee
qu'une inf1uence analogique faisait de la seconde dom in arum. Dans I sYngularitë fossile,
cette dernière, la désinence est encore distincte, mais l'allongement a ln, de la feXlOn
genèse i' n ominale et le sta u
t ute la partie du mot (no~ .ou
de la voyelle -15- apparaît avec une valeur identique de caractérisation
t ire indo-européenne. .
du gén. pl.; dans la première forme, la voyelle _15_ prend le relais de o r'
Une OIS 1"dentifiée la déSInence,
lé le 0 lhème. S a première "déflmtiOn
L
ve;t''i~S('~ég~ti~e eOmple\:~?I~
la consonne -n- disparue, et la désinence de dominüs inclut dès lors
"1 récède est appe e té de sa déSInence. e
la seconde partie de la voyelle longue, théoriquement répartie Sur : il est le mol " d'DO" donnée pee-
deux éléments morphologiques distincts. II y a plus, cL si l'on consi-
pe~t d~~~~ auquell'ad~~nclwn
cs a 'me de theme (0,,," " ce qu. esl P, e foemec quelque eho,se)
dère la série domin-üs, domin-orum, domin-is, on constate que les noi:::.em,e à pactie de laquelle on teut,
éléments permutant selon la fonction du mot conduisent à considérer :n
~~En~ ~efait , la notion de theme n~aes~ p a~~le~~:~ ~'a ;~;
'te à se représenter une sorte de Slglll . te et actuelle dans 1 enoncé,
comme tout entière désinentielle la voyelle _0_, qui appartient aux
désinence confe;eea leu e n éga live qu' i1 pa,ail ho
deux premières formes, mais non à la troisième, et participe dès lors
thème ne présente pas n I.mpo .
à la permutation. Une telle analyse correspond vraisemblablement A date ancienne, en indo-europee~," . dre n'importe quelle désmence .
au sentimenL implicite des usagers latins; elle contredit cependant q Il fo
rme et ne se laisse pas a Jom 'L qui dans la séquence
l'analyse précédente dominli-s/dominli_m, qui laissait la voyelle li <6 ue e t ' , d'alternances voc all'ques" eXls e,l' ou deux voca l'IS mes

the~e +su~cc~
étrangère à la permutation. Cela prouve que l'analyse peut procéder un, sys em:sinence exclut deux vocahsm;s p ems, ositif du thème se
sils A date historique, 1 aspeft Pé at eadieal + rnoe-
l ' le lhème est un eong Dm ~
par paliers successifs. Mais insistons surtout Sur le point suivant: s'il d
convient certes de tenir compte du sentiment des usagers à daLe eédu.ts, , d la notion
sig~1 I:~ rapport avec des spéci~cal~~do~s
anifeste dlfTeremmen . 'fi t où l'expressIOn e .
classique, le linguiste et comparatiste n'a Souvent aucun mal, en P
mhème(s) constituant un

(lex::~, ~~n;"'le thème f'cls: (dans, f'''';:~e~~~;:'meIl esten,elativernenl


reconstituant un stade plus ancien de la langue, il se procurer des
faits une vision parfaitement nette. " dical) est assuree . _) lalm 1 e
11 peut se faire que des mots d'une langue indo-européenne ne ~~~ fai';. assoetie de l'exp,,,,wn de lè~~: ne s'inlmalenl ~as ent" le
'à date histOrique des ~orph th' e Une formatIOn verbale
présentent point de désinence. Cette situation est attendue pOur des
invaeiants (adveehes, peépositions) échappant aux eategoeies de pee- rare qu . édifier un em. beau-
eadieal el la désmenee poue f 't est dite ,adlcafe. Les noms, )
Sonne ou de cas. Mais des formes relevant de ces catégories peuvent
apparaître sans désinence: ainsi {cr, {ur (v. supra). En faiL l'absence (ainsi !Cgo, lëgi) o? s;~~:~(r~eedcr~i:):; rëx; lëx; nex~' et quelques autrr!' ,
coup plus mes (ams, fail sonl dits noms-,a"n", , lti 'Iicilé
où l'on constate le mc~e.
de désinence est dans ces mots une apparence . L'opposition casuelle
fur/{ur-is laisse apparaître une permutation zéro/-is, tout Comme trait fort apparent . la mu lA' ,
L thème se caracterIse par un . d'un même mot. mS.I,
l'opposi tion dux (du"-s) 1due-Is se ha duit poc la peem u ta bon -s 1_ Is. 1
' des f oemes
e qu'il peut revêtir dans
touehee , (qu. n e fait point'intervenir
la flexIOn" 1-
un verbe latin tel que l.ange)re, ~sente des thèmes lang-, lelLf' d~ngt~ë'
La langue est en efTet un système d'oPpositions distinctives; et
,-s, lang'ba-m) poue le se~ m ,c~nt;
l'absence de désinence positive uans {ur l'oppose aUssi distinctement
à fur-is que la désinence positive de duk-s oppOse cette forme à duc-is. lle supplétimse des e:emes _pean
L
-ba- (dans lang-a, lelLa- , l ad 1 thème des morphemes J.o
II est donc plus exact de dire que dans fur la désinence existe, et
qu'elle est constituée par zéro. 11 va de soi que cette notion de dési- 1 ange , 1 présence ans e L ' ce niveau
Cc fail s' expliq ue pae a t el" isolés pae l'ana,lyse e , ad' -mus ct
p~u~;~: enle~" ~'élémenl
~
nence zéro ne vaut qu'au niveau d'une langue comporLant par ailleurs au cadieal, qu. Ainsi, la eonfeontabon
des désinences positives; dire d'un mot français tel que « enfant» eneo", la pecmu a ,
dii-t;'-cm laisse apP?m.tl"
d ns le second mol seul, en t
~ieal) ct la désinence, un é~é?,~~ ~ou;
1',-
qu'il est de désinence zéro serait absurde, notre langue ne faisant appel
~\ da (qui se révélera etre e ra baIes {ëcis-sè-lis et {ecLs- LS, "t
Si nous comparons les ~~rmes vé~~ment
à aUCun morphème commutable pOur opposer des fonctions nominales.
34 T eo~statons dans la peem.ece un
-së- que ne comporte pOIn
35
l,

I~ s~_~?nde. II ~st d~ plus aisé de se rendre comp-te que les éléments qui a--fa-i-t--tlate-Ljl-'-éla-rgissemen-t .désigne--u-B-()-l6.f-fHm,t-suppMment~ire,
al!.lsl. .!.solés, re~pectJvement d.or- et ~së- contr·i-bueni à rexpression,______JtLd,Ou.ul. li.>.<o....
u."'.>-.l-'<>dJtit il un seul. ph-enèrne -et . . OU-l"--VU du -G€ .r-é- \lO~hq.u--'-C---~-ï
..:....----d-c-mra"'?ces sp~eIlI~ues, ct sont solidaires de fonctions précises : zéro, qui sc surajoute parIois à un thème (ce dernier étant à cc mveau
le prem.ler s~rt a édIfl,er un thème de nom d'agent, le second un thème défini comme une entité racine + un, et un seul, suffixe). Un tel
de, subjonctIf prétént. C?S éléments que permet d'isoler l'analyse, élargissement pourra être de fait un élément'par ail,leurs attc~Lé comme
qUI ne ,sont POl~t des désmenees, n'expriment point comme le radical suffixe, mais que la présence dans le theme d un prernle~ suffixe
de notIOns, maIs sont solidaires cependant de fonctions spécifiques réduira à la fois au degré vocalique zéro eL au rôle d'élargissement
seron~ nomm~s sufTixes. Dans la pratique, on donne aussi parIois c~ (v, p, 127). 11 conviendra donc, quan~ on parl~ra d'é.largisserncn.t, ,de
nOm a des éle.men~ dépourvus de fonction. Ainsi, l'opposition senex veiller particulièrement il l'adéquatIOn, termll~ologlq~e, en dlstm-
(~~nek-s)~sen-ls laIsse apparaître au nominatif un élément -ek- qui guant soigneusement, il deux niveaux dlachromques dIflérents, deux
n_l~tr~du~t, aU,cune nu~nce de sens particulière il ce cas. Les formes réalités difIérentes,
reels-h, reels-lIs, renous lIvrent un thème reeis- difTérent du thème rëe- Une fois identifiés, par analyses successives, les morphèmes? nous
attesté p~r la 1 p~rsonne rèe-i; la confrontation des deux thèmes parvenons enfin à un élément apparemment irréductible, ?xpnmant
permet d Isoler un -IS- dépourvu de fonction, toutes ces formes étant la notion fondamentale à laquelle les morphèmes apportaIent seule-
avec o~ ~ans lui, des indicatifs-perfectum. En réalité, nous somme~ ment des précisions annexes. Cet élément e,s t le rad,ieal. ~n examen
encore ICI en présence de fossiles linguistiques, La séquence -elc- de plus poussé montre qu'il n'est pas nécessaIrement mvanable, Dans
senex e~t probablement le résidu, conservé devant -S, d'un ancien les formes fëe-i, fae-io, eon-flc-io, eonfee-lus, nous n'observon~ 'pas
groupe I-e -eJJ 2- (v. p. 64) phonétiquement disparu aux autres cas' moins de quatre radicaux, dont les variations tantôt sont condltlOn-
et I~ la~gue ,ne peut, ,à date historique, trouver à ce résidu accidentel nées par la structure phonétique du mot (ain,si pour -fre-, -(ce-) ,et
de JustJ.ficatlOn fonc~lOnnelie. Quant à -is- de rëe-is-li, il est lui aussi tantôt conditionnent une opposition morphologIque (fiie-ffëc- J, Va,na-
un fossIle, tout. aussI dépour~u de, fonction expressive, mais auquel bles au niveau d'une langue, les radicaux sont à plus forte raison
la langue a. asslgn~, p~r une mgémeuse « utilisation des restes », un variables d'une langue à l'autre, Si l'on sait que le, sens de «, fai:e »
rôle phonétIque: Il éVite le contact direct entre radical et désinence procède pour facio de celui de « accomplir (un sacnfice) », IUI-meme
au,,: pers,onnes où ce contact, compte tenu de la nature des phonèmes développé il partir de « placer, déposer (sur l'autel une ofIrande) »,
désmentIels, eût entrainé un accident phonétique, Si l'on excepte on n'a aucune peine à constater que fëe-i est le correspondant e~act
c:s cas de « 'ps~udo-,suffixes », nous poserons que tout suffixe authen- de grec ~-Ehp,-()(; mais en grec -8't)Y..- alterne avec un ~utre, radlca,l,
tIque est solIdaIre d une fonction. -8e;- (dans é-Ele;-{1.e:v), Le rapprochement, ai~si, nous enselWlC a la fOIS
De c~ que. nous avons défini comme suffixes il convient de distin- que -Y.. de -8't)x- est un élément facultatIf d~ns ce radIcal ~que ,le
g~er,les e,tarql~semenls, ,Cette notion intervient dans la linguistique latin a seul généralisé dans la flexion de fae-LO); et qu.e la dIversIté
d. aUJourd hUI a d~ux mveaux, et reconnaître ceux-ci éliminera des de ces radicaux doit pouvoir s'expliquer, et se ramener a une formule
rIsques de confusIOn, A date historique, un élargissement est un commune.
élément, la plupa~t du temps réduit il un seul phonème, qui sans Nous voici conduits il rechercher l'inconnue d'une équation
présen~er d~ fonctIOn pa~ticulière clarifie par sa présence et facilite linguistique. Nous poserons cette inconnue sous une f?rme ',dl~eIIc,
I~ nexlO~ d ~n mot. Amsl, en grec, le nom de « l'oiseau » présente à susceptible d'alterner avec des formes 'dh~Hc (de voca!J~me dl~crent)
1 ac~usa~If smg. les f,~rmes Op\lL-\l, ou op\lL-8-()( (attique), OP\lL-X-()( ou 'd1lIl 1 (sans aucune voyelle: nous dIrons de vocalIsme zero, ou
(donen) t ~es deux dermeres, en face de la première, laissent apparaître réduil). A partir de ces formes, et nous appuyant sur ùes correspon-
un « élargIssement » -0- ou -X-· En latin, un élément du même ordre dances (v. p. 14) duernent établies, nous consiùérerons d~l, comme le
apparaît d,ans g~n. sing. eom-t-l-ls, « du compagnon »; on s'aperçoit phonème indo-européen expliquant El grec (en toutes poslLlOns) et {_
~ue s_ans 1 égarglssement, -l- une forme • eom-i-is eût évolué vers un latin (à l'initiale de mot seulement); le groupe eH 1 (voyelle + con-
eornlS dans I~q,uel le radIcal. -i- « aller » et la désinence -is- se fussent sonne laryngale) comme aboutissant à ë (fcc-fO'fJY..-) dans les deux
superp?sés .. SI 1 Ol~ opère mamtenant au niveau indo-européen et non
plus hIstOrIque, 1 élargissement apparaît comme un tout autre élé-
1. Voir Origines de la Formation des noms en indo-européen (Paris, 1()36),
ment. Dans la terminologie arrêtée par E. Benveniste en un ouvrage
p, 153. Voir aussi ci-dessous, p. 124 sq,
36
37

n'
langues; et Hl' dans la forme à vocalisme zéro, comme responsable
(par---vocalisalion, et prise de deux timbres vocaliques diITérents d'une
langu.e-à l'autre-) d-es !orJXLe_s-fiH*&.:.. En-fin-, saenant t'J:ttC""-dh-irrtéri-eu""-- -
de mot produit en latin d, nous pourrons expliquer il. partir de • dhIJ 1
le verbe con-de-re « placer ensemble, fonder )), au-delà d'un intermé-
diaire ·con-da-se, dans lequel ii est devenu if après que s a subi le
rhotacisme (v. pp. 60 et 96). De même, la formc non-cncore utilisée
·dhoH1- expliquera (oH 1 évoluant cn latin vers a) une forme telle que
acc. sacer-da-l-em « celui qui place les oITrandes (sur l'autel) )). Ainsi,
à découvrir l'inconnue de l'équation linguistiquc initialement posée,
nous gagnons d'accroître lcs termes de cette équation, en découvrant
comme étymologiquement apparentées à (acio les formes con-de-re
et sacer-da-lem, rapprochement qui au seul niveau latin ne s'imposait
nullement à nos yeux.
Cette inconnue que nous avons posée sous trois formes « alter- PREMIÈRE PARTIE
nantes )) ·dheHd·dhoHd·dIzH1-, avec unc alternance vocalique llol
zéro, est ce que nous nommerons une racine. Nous insisterons sur
trois aspects essentiels de celle-ci : 1° elle procède de la reconstruction
(les langues se bornant à nous fournir des radicaux); 2° elle présente GENÈSE ET DESCRIPTION
un caractère abstrait, non seulement parce qu'elle est tirée (abs-lra-
here) par induction des formes concrètes que sont les radicaux, mais
DU SYSTÈME PHONIQUE LATIN
encore dans la mesure où nous ne prétendons pas reconstituer sous sa
forme eITectivement réalisée dans la parole la séquence plus haut
posée; 3° en eITet, la langue étant forme avant d'être substance, nous
prétendons seulement nous procurer un schème explicatif. En un
mot, cette racine, que nous attribuons avec toutes les réserves et
nuances susdites à l'indo-européen, est comme l'indo-européen lui-
même (v. p. 14) une vue de l'esprit, rendue nécessaire par une
exigence scienti fique.
Résumons en deux définitions la très importante distinction
entre radical et racine:
La racine esl le schéma reconslilué de la slruclure indo-européenne
de l'élémenl signifianl d'un mol.
Le radical esl la (orme concrèle sous laquelle apparall à dale hislo-
rique, dans un mol donné d'une langue donnée, comple lenu d'un conlexle
phonélique el morphologique donné, l'élémenl que nous avons appelé
racine.
Sur la structure de la racine, étudiée par E. BenvenisLe, nous
aurons l'occasion (v . p. 124 sq.) d'apporter les précisions utiles.

38
CHAPITRE PREMIER

PRODUCTION ET CLASSIFICATION DES SONS;


LA SYLLABATION

Pour interpréter et étudier de façon profitable le système phono-


logique du latin, et les transformations au terme desquelles il a été
obtenu, il est indispensable de posséder sur la production des sons
utilisés par la langue, et sur les critères de leur classification, quelques
notions simples 1.
Les vibrations sonores qui de la bouche du locuteur se propagent
jusqu'à l'oreille de l'auditeur sont produites par l'air expiré des pou-
mons, lui-même mis en vibration par divers organes phonateurs. Le
premier de ces organes que rencontre sur son passage la colonne
d'air expiré est le larynx, au niveau duquel se trouvent quatre «cordes
vocales )) (en réalité, des membranes se faisant face deux à deux).
Entre elles et la paroi postérieure du larynx est ménagée une ouverture
nommée glolle, dont l'aperture peut être modifiée par des mouvements
musculaires. Si elle est ouverte lors du passage de l'air expiré, cet air
demeure matière brute; si, par une fermeture convenablement réglée
de la glotte, cet air fait vibrer les cordes vocales, il se transforme
en voix. Certains phonèmes qui seront produits par des organes
situés en aval du larynx, et n'auront pas fait intervenir les vibrations
des cordes vocales, seront dits sourds. Seront au contraire sonores (ou
uoisés) ceux qui, même si d'autres organes interviennent ensuite dans
leur réalisation, s'accompagnent de ces vibrations.
Au sortir du larynx, l'air expiré, pour gagner l'extérieur, peut
emprunter soit la cavité buccale, soit les fosses nasales, soit les deux
à la fois. Du point de vue de la phonation, les langues utilisent surtout
la première voie (phonèmes oraux); la seconde voie n'est qu'exception-
nellement utilisée seule par les langues; il existe en revanche très

1. On lrouvera un exposé plus délaillé dan s le remarquable Trailé de


phonélique de M. GnAMMONT (Paris, 1933), auquel sonl emprunlés plusieurs
poinls do ce chapilre.

41
&Q

couramment des consonnes ou voyelles nasales produites par une


De ce qui pr~cède, on peu_t retenir, pour tenter .de classer ~e.s
- ealonne- ~'air s'écha~pant pa~ les deux voies. C'e~t le voile du palais,
phonème~ d 'une l~ngue" troi~ pre_miers critères: 10 la V~IX,_ ou sononle,
_ _ _-"{}-~u « J!a~a-lUll.o~)l--Q:ll4-1ors.q.u.' i1~st r.clevé, ffi-te-r4it--à-f-air-cxpÎl é l'a ccès'- - - - -
selon qu '"i1- y a ou non vlbratron-ctcs COI d~s vocales ~ aperl?rc, ~O?
des Coss~s nas~les (d'où phonème oral); et qui, s'abaissant de façon
que le résonateur buccal est plus ou moms ouver~; 3 0 le pOlnl d arlt-
appropriée, oriente vers les fosses nasales tout ou partie de l'air
expiré (d'où phonème nasal). culalion, selon que, à l'intérieur de l'espace compris entre le l~rynx et
les lèvres la résonance a lieu au niveau d'un organe détermmé.
L'air qui s'oriente, en totalité ou en partie, vers la cavité buccale
Les deux premiers de ces critères permettent de distinguer ?eux
y renco~tre des organes divers, qui peuvent jouer un rôle dans la
grandes catégories de phonèmes: les voyelles, ouvertes et toujours
productIOn de phonèmes: le voile du palais d'abord, dont les mouve-
sonores; les consonnes, fermées et non-nécessairement sonores. En
men~s d'ou~erture ou de fermeture peuvent s'accompagner de bruits;
fait, les voyelles peuvent être plus ou moins ouvertes, les consonnes
palals?ur (a l'avan~), contre lequel l'air pourra par frication produire
plus ou moins fermées; mais la plus ouverte des consonnes est encore
un br~lt; langue, qUi ~eut se masser il l'avant, il l'arrière, ou au centre,
plus fermée que la plus fermée des voye~les. 1\insi, en français, les
prodUisant chaque /OIS une poche de résonance difTérente; et qui
consonnes y (dans av, « ail ») et W (dans Wt, « OUI ))) son~ plus .~ermées
peut, de surcrott, s mterposer entre d'autres organes pour en modi-
que les voyelles i (ai, dans « ahi donc! ») et u . (dans Ut « OUle ))); la
fier l'aperture; dents, qui peuvent être plus ou moins resserrées'
marge étant ici ténue entre les deux catégOries, on pourra parler,
lèvres enfin.' qui présentent les mêmes possibilités. Selon la positio~
à propos de y et w, de semi-voyelles.
?ans la cavité buccale de l'organe sollicité, on distinguera, de l'arrière
Les pl us fermées des consonnes (et donc de tou~ le~ phonèmes)
a l'avan~, des phonèmes vélaires (voile du palais); palalaux (palais
sont les occlusives, ainsi nommées parce que leur réalisatIOn suppose,
dur); prepalalaux. (avant du palais dur, à la base des dents); denlaux;
au moins à un stade, la fermeture complète d'un organ~ phonateur.
~ablO~denlaux (utilisant. conjointement incisives supérieures et lèvre Les organes susceptibles d'une telle fermeture complete ~~nt les
mférIeure); enfin, labzaux. La langue intervient surtout dans la
lèvres les dents et le voile du palais (parfois le larynx, utJ!Jsé par
production de phonèmes dits « liquides» (l, r). II convient enfin de
ne pas négliger le rôle du maxillaire inférieur, qui, par ses mouve-
cert.ai~es langues, comme l'arabe); on distinguera donc des occlus~ves
labiales, denlales, vélaires (accessoirement, laryngales). Les OCclUSI~~S
ment,;, ~uvre plus ou moins la cavité buccale, et règle ainsi l'aperture
peuvent être sonores ou sourdes, et un gra~d nombr~ de langues utili-
propre a c~aque phonème. De ce qui précède, on peut retenir que
sent à des fins distinctives les deux séries (certames autres, nous
c'est au niveau oral que l'homme dispose du plus grand nombre
l'avons vu p . 30, ne connaissant que l'une). Les o?clusives sou~des,
d'organes ou auxiliaires de la phonation. En jouant sur le rôle de ces
ainsi que le prouve l'expérimentation en lab~ratOlre, sont .touJours
organes, et souvent en les associant dans la production d'un même
articulées avec plus de force que les sonores (qUi pour cette raIs~n sont
son, il est. ainsi capable en principe de produire un très grand nombre
parfois appelées douces); cette différence est imputable au fait que,
de sons dlfTérents, parmi l~squels, ainsi que nous l'avons vu (p. 30),
dans le cas de la sonore, une certaine énergie a été dépensée pour
une langue. d?nn~e ne r~tlendra comme I?honèmes,. ou sons pourvus
mettre en vibration les cordes vocales, énergie que n'a pas eu à
de v~leur dlstmctlve, qu un nomb.re restremt. L'habitude de produire,
dépenser la sourde. Cette difTérence d~it ê.tre notée, car ?lle explique
et d entendre, un nombre restremt de ces phonèmes entraîne chez
en latin certains traitements : sonOriSatiOn des occlusIVes sourdes
l'usager d'une langue, dès le plus jeune âge, un phénomène d'accou-
finales (p. 57); perte des occlusives sonores. finales ap~ès voyelle
tumance, rendant inconscients de sa part les multiples mouvements
longue (p. 58). Précisons enfin que les Occlusives, prodUites pa~ la
requis pour la phonation. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle
brusque ouverture d'organes fermés , ou la b:usque fern:etu.re d or-
ces mouvements ne sont jamais parfaits, donc jamais identiques'
ganes ouverts (v. ci-dessous), ne peuvent vOir leur réalisa LIOn pro-
mais l'auditeur est plus sensible à l'opposition distinctive des pho~
10nrYée : ce sonL des inslanlanées.
nèmes entre eux qu'à la perfection matérielle d'un phonème en soi'
o Toutes les consonnes qui ne sont pas des occlusives sont des
et l'on nomme vulgairement « accent )) (personnel, provincial, étran~
conslricliues ou spiranles, le son qui leur correspond n'étant produit
ger, etc ... ) cette imperfection dans la réalisation, qui n'alLère cepen-
ni avec les organes complètement ouverts (comme pour les voyelles),
dant pas de façon complète et irrémédiable le caractère disLinctif d'un
phonème. ni avec les mêmes organes complètement Cermés (comme pour les
occlusives), mais avec des organes entr'ouverts; position qui entraîne
42
43
s
1
1-'
un frottement contre eux de l'air expiré. L'échappement de l'air peut
I~ sem~le d alll~urs q~e l'us.a.; er q.ud~s_ $_OJl.S jn9.j~i~:Lll_el§
être, dans ce cas, progressif; et c'est pourquoi ces consonnes sont des , . e ces s llabes soient plus immédiate:
syllabes. qUl
continues. !&L Ç.ünstri:cthzes pwV6Jlt. être, comme t - o'Cctusives, .!!1~~~~enslbles. a la COns.Clcn.CC ar "exem le que es cn ures a p a-l5ê-
sourdes ou sonores; ces dernîères étant encore ici, et pOur la même
raison, plus débiles. Du point de vue du lieu d'articulation, on dis-
tiques ont souven_ su~c
°t
l~s composent : ob~e~;: ~es écritu~es syllabiques, dont cert~ines,
, I n e sont encore usitées de nos Jours.
tinguera les bilabiales, produites avec les lèvres entr'ouvertes (ainsi
comme le devanagan de Id dl" rs types. Certaines se réduisent
w dans fr. « oui Il); les labio-dentales, produites avec la lèvre inférieure
Il existe des syllabes : p us;:u. d'autres comportent consonne
ramenée contre les incisives supérieures (ainsi f du français); les à une voyelle (e, dans lat. te-duca ) 'Ile + consonne (ei); d'autres,
inter-dentales, produites par l'échappement de l'air entre les dents
+ voye II e (l a-ce-re, d'au res , voye
v - ).

(V i-) Il arrive qu'au heu dune


. ,
verticalement rapprochées (ainsi, s et z du français); les prépalatales, consonne + voyelle + consotnne ca~e'-susla' voyelle deux (ou même
ou « chuintantes », produites par l'échappement de l'air entre les dents b erve avan ou apI ' '"
consonne on 0 s " ,' f Brest). Parfois, au heu dune
plusieurs) consonn es (~I~~l dans (1 \ clau-dere) . Il peut se faire enfin
serrées, mais non obturées par la langue (f de fr. fa « chat »); les
spirantes vélaires (ainsi, Il « aspiré »); laryngales; etc ... Les liquides voyelle, apparaît une dlp ongu~ a, consonne' celle-ci fait partie
sont à leur manière des constrictives, 1 étant produit par le frotte- ' d 1 Ile apparaIsse une ,
qu'au heu e a v0'.fe , 1 lan ues indo-européennes, et sans
le plus souvent (aInSI dans l e\. ~es sonantes (v. p. 51); excep-
ment de l'air contre les parois latérales de la langue, r par le frotte-
ment de l'air contre la surface supérieure de la langue.
doute en indo-e~r~péen) de a s 71: a artient à une autre catégorie,
Enfin, au-delà de la catégorie limitrophe des semi-voyelles (v. tionnellement (amsI dans fr. psi 1) e 'b~rté de rendement très faible;
supra), nous trouvons les voyelles, phonèmes toujours sonores, et Laissant de côté cette dermère pOSSI l , 't 'tre dans certains
. . " t ue la sonante pou val e
et antIc~pant en precls~n \stitut d'une voyelle, nous dirons que la
toujours plus ouverts que la plus Ouverte des consonnes. Selon que
l'air expiré emprunte ou non en partie la voie nasale, les voyelles
cas, en mdo-européen, e su d T morte toujours une voyelle ou
peuvent être nasalisées (ainsi, à, ë, dans fr. « blanc », « pain »), ou
purement orales. Les voyelles se difTérencient entre elles par leur
syllabe. du p~ini de ~ue
un point vocalIque, qUl peu e re, a~ ': lf, ~~is ~'est pas toujours et nécessaire-
. d' ' . d'une consonne.
ment, prec~ e ou SUl~1 l"
point d'articulation (ainsi, de l'avant à l'arrière, s'étagent i, e, a, 0, u
. 'on la chaine parlée se décompose en
Du pozni de vue e em~~~uv~rture suivis de mouvements de
[noté ou] du français); et aussi par leur degré d'aperture (entre a,
très ouvert, et i, u, très fermés , on trouve en français, d'aperture
une série de mouvements Cha~une de ces séquences ouver-
moyenne, e et 0). On constate Souvent dans le système vocalique des fermeture, des organes ph~nate~rs. correspond à l'émission d'une
ture + état ouvert ~ erme .u:e va à son tour se préciser. La
diverses langues que la voyelle dont le point d'articulation est médian
syllabe. Cette consta~atlOn e7plr~i
est la plus ouverte; que celle(s) dont le point d'articulation est ue
it suppose trois phases : mise
situé aux extrémités avant ou arrière présente(nt) l'aperture la plus que qu
réalisation d'un phoneme h t 1 . sdourée plus ou moins prolongée,
faible. Le jeu conjoint de la variation d'aperture et de la variation . t' d organes p ona eurs, . . b d
en pOSI IOn es Il '1 . tent en cette posItIOn; a an on
dite ienue, penda~t. laque e 1 ~er:sutre ui permettra la réalisation
du point d'articulation entraîne la variation de ce que l'oreille perçoit
enfin de cette ~osltlOn (p~ur ~ trois' ~hases existent toujours au
comme le timbre vocalique, les voyelles aiguës étant celles d'avant,
les voyelles graves celles d'arrière. Produites par le passage prolongé du phonème sUivant). MalS SI ces d nt pas toutes trois à une
de l'air à travers les organes ouverts, les voyelles sont des phonèmes l'é . ' Iles ne correspon e , ,
continus, et certaines langues peuvent de ce fait utiliser à des fins stade de "missIOn, e nous n'entendons ni la mise en pOSitIOn
réalité auditive. D e la voyelle, dette position mais seulement la
des organes ni l'abandon par eux t e ~ons selon Ids cas, la première
distinctives l'opposition entre voyelles dites brèves et voyelles dites
tenue. De la consonne, n?u~ edn en. 't.' 1 de la syllabe cap- (dans
longues. Ces phonèmes peuvent être également modulés, ce qui
en traîne pour le chan teur la possibilité de vocaliser, et, dans l'usage ' " h se AInSI e c Inl la
ou la trolslerne
l ) nouspa . . d' la troisième phase : les organes
lat. cap- ~s ,
linguistique, la faculté de prononcer les voyelles avec des hauteurs n'enten ons que . , é t
, , ' . té placé en posItion ferm e, son
dilTérentes; ces oppositions tonales peuvent, nous l'avons vu (p. 31 sq.), (ici, le voile du pal~ls), apres aVOIr ~ de l'air expiré, II y a. dans ce
présenter en certaines langues une valeur distinctive.
déplacés et desserres sous la pou~eel 'yllabe considérée sera diLc
cas explosion, et la. con,sonn~ c ,e ~ro~ssante puisque l'air expiré
Dans la chaîne parlée, les phonèmes d'une langue, consonnes ou
explosive. Elle sera aUSSI de en~l~n de plus e~ plus forte jusqu'au
voyelles, sont émis en une Succession d'unités articulatoires, les
44 exerce sur les organes une poussee
45
lat .de-emo>démo); soit par fermet.ure de la pre~ière ,vo;e~~~
moment où il les desserre. En revanche, de la consonne p de cap-lus, (.'. 0 6 évolue en plusieurs d1alectes ve.r.s- e~OÇ, .ou ._- -
nous ne percevons que la première phase, correspondant à la mise amSl r. _ <: Ç . ·t avec la consonne e un groupe Ou
en p-l-ace __d~!LQrganesr- la..-to.~-Eftti--vient -cnsuiteêtanY e pTû'S'Soüven t la semi-voyell? y, qUl'2~O~stl ~eeule consonne apparaît: elle est ~lors
d'aperture crOlssan~~ . ~~ be (lat pa-Ier). 3 0 Deux, ou plUSieurs
~----;-

imperceptible. Ce que nous entendons en fait, c'est l'interruption de


l'échappement de l'air provoquée par la fermeture des lèvres se initiale de la deux1eme s~ al . osent des problèmes de répar-
'ssent Des ors se p
mettant en position pour la tenue de p. C'est là un bruit d'impLosion, c?~sonnes apparal . llabi ue asse entre les deux consonnes
et p de cap-lus sera dit impLosif. La fermeture des lèvres qui l'a produit bbon syllabique. L~ ~oup; sy les :ou;es de deux occlusives (ac-lus),
ayant été rendue possible par la décroissance de la poussée exercée dans le cas des gémm es, ~ns ar constrictive + occlusive (cas-Ius(
par l'air expiré, p implosif sera de surcroît un phonème de tension ct dans les groupes fo~mes p tricLive peuvent soit être réparbs
décroissante. Nous arrivons ainsi à la constatation que voici: dans Mais les gro~f~s oc(~~u~~Oeu~ ~~~salors hJtérosyllabique), soit fo~~er
un mot tel que fr. cac-lus, nous entendons deux consonnes c qui nous sur deux sy a es . , erture croissante initial de la deuxleme
paraissent semblables, et qui sont, de fait, phonoLogiquemenl le un groupe exploSif dt aPalors taulosyllabi~ue). Le grec homérique,
même phonème; mais qui correspondent en réalité à deux phases syllabe (le grou~e es 'd' omme hétérosyllabiques les groupes
très dilTérentes de l'émission. Notons à ce propos qu'une consonne comme le sansknt, consl ere c . la poésie attique les traite indiITé-
dont on perçoit successivement et distinctement l'implosion, puis occLusWC
. + r 1 m n (sonan t es),
" , im éraLÏfs métriques, comme hétérosyll~ lques,
b'
l'explosion, est chose rare certes, mais existe. Les deux phases mise en remment, selon les p llabi ues (mx:r-p6ç ou 7W.-'t"POÇ). En
place des organes et déplacement des organes en sont toutefois répar- ou, plus fréq~em~ent, taut~~i ue; à l'imitation de la Comédie
ties sur deux syllabes; d'où l'impression d'entendre deux fois la latin, la verslficatlO~ ~es.~ , p~u ~rès toujours comme tautosylla-
même consonne (ainsi dans ap-peL-Lo); c'est ce que l'on nomme N.ouvelle de~r~re:sieses orèa~e: ~lassiques, par imitation pa:tielle de
couramment une géminée. On observera encore que, le début de la biques (pa- .), (t ~ l'hexamètre grec) les traitent SOlt comme
syllabe (explosion) correspondant à une ouverture progressive des l'usage homérique e e . ( at-ris et a-Iris).
organes, la fin (implosion) à un resserrement des organes, la dynamique hétéro-, soit comme taut~~yllablq~~s lafin déter~iner la syllabation
même de la parole tend à grouper les phonèmes initiaux de la syllabe On peut, c~ez un po\e ~r~~s vers fa'isant intervenir la quanlilé
par ordre d'aperture croissante, les phonèmes terminaux par ordre grâce .à la s~a~s~~?, J~i;y~tr: distinguée de la quantité voca~ique, à
d'aperture décroissante (ainsi dans Bresl). Toutes ces considérations syllabtque. e e d mais ne correspond pas toujours ct
nous permettent de comprendre la définition de Grammont: Une laquelle. elle p~u~ cor~:s~~~te râ~ convention acoustique, une consonne
syllabe esl ... une suite d'apertures croissanles suivie d'une suile d'aper- nécessalremen. ar U t ' fTublée de la quantité zéro; une
lures décroissanles 1. initiale den sYlll~~e s;l~;beo~;~~r~o~jours une brève qu'il s'agisse d'une
On distingue traditionnellement deux catégories de syllabes : conso~ne .ma e é u d'une constrictive continue. Il en découle
O
ouverles, si elles se terminent par voyelle; fermées, si elles se terminen t occlUSive mstantan e t d a brève si elle comporte une voyelle
par consonne. Quelle que soit l'origine de ces appellations, elles cor- qu'une syllabe .0ul~erC~:a~rt: une voyelle longue. Mais une syllabe
respondent à une réalité : une syllabe se terminant par voyelle est brève, longue S1 e e mfme si elle comporte une voyelle brève, la
une syllabe où l'on ne perçoit pas le mouvement de fermeture des fermée vaudra longue 'aJ'outant à la brève représentant la
, é tant la consonne s
organes, qui correspondrait à la consonne implosive, absente de cette breve repr sen d ' t d' lors à ce que vaille trois brèves la syllabe
syllabe. voyelle. On s'atten rai es Il longue' ellc vaut en fait deux brèves
Au point de jonction de deux syllabes, trois situations peuvent ferm é e c omportant une , '11
voye e ,
latine ou grecque (eL sans douLe m 0-
. d
l
se présenter : 10 Aucune consonne n'apparaît (fr. cha-os); aucun (soit une longue), 10éreté e ble-t-il insensible à la disLincLion
é e) ayant , sem, b' '1
bruit d'implosion ou d'explosion n'étant perçu, on a l'impression euro? en/~ b' (tout au moins au niveau vocalique ct sylla Ique; 1
que les organes ne se referment pas entre les deux syllabes; d'où ce '2 breves reves la mesure des pieds constituant le vers).
que l'on nomme hialus (lat. hiare, « être béant »). Deux syllabes en en va autreml~nt é~~~~ comme les syllabes, sujeLtes à varier en quan-
hiatus tendent généralement à n'en faire qu'une, soit par contraction Les voye. es, ' e de savoir quel rôle linguistique joue dans
tité, le problemde sec~~sla variation de quantité. Il est aisé de s'aper-
1. Voir M. GRAMMONT, Trailt! de phonélique, p. 99. chacun de ces euX
47

\ ...
cevoir qu'un même mot pe t h
s~lla~ations différentes faisa~t' v~~7:r ~a a~~:~tft~ ~ey7Is~b :ecev~ir . de.s
pa-Iris et pai-ris dési n t t ' . Ique . amsl ,
o-vem 0 - -- - i '-- J~L ~11_ ill1J1l11rs-
(. «-l~ _n..l."e-- l)--'- ('H-t-e- uo-rr-- l' Se - ~-
---P" T , '1 ~ 1 . . e-m l -
d dU e-ml- a-sl-~um, la orme emii « il achète Il demeure au-delà
It ces eux ~yll.abatIOns, reconnaissable et porteuse du mê~e se
var~~fï~~:îta~~~~ . que .lat . quantité s~llabique, n'entraînant dans ~:~ CHAPITRE II
. . . e varIa IOn concomItante du sens est du int
vue dlmg~lstIque dépourvue de rôle positif et signi'fiant. II P;'e de
pas e meme, nous l'avons vu d T ' n va
l'opposition e-miibovemlë-miib~v:~ (~flo:~~~~: ~~ 6~:~t:,~; ;ocali~ue : LES CONSONNES,
t n
bœutf !') entraîne une variation à la fois morphologiquele: s~~=~é
Ique, e Joue un rôle positif du p . t d r" - DE L'INDO-EUROPÉEN AU LATIN
dès lors que l'opposition des qua~~~té e vue "mgUIstIque. Nous dirons
1 l' . . 1 S voca l Iques est du ressort de 1
a~gue, oppOSItIOn des quantités syllabiques du ressort du a
qUI, ~ng.age~nt seulement la matérialité de la chain l' t rythme, A. L'ÉTAT INDO-EUROPÉEN
aSSOCIatIOn a un sens, est lui-même du ressort . e par ee e non.so~
geons toutefois point les faits de syllab f .~f la parole. Ne. negh- Tel qu'il nous apparaît au terme de la reconstruction, le système
~~P~~~~~ud' exp~~qtue~ la transformation a~~~;i~~eseJZ~te~t~~~~lss~~:- phonologique indo-européen manifeste un remarquable déséquilibre:
si, dans sa phase la plus ancienne, il paraît n'avoir possédé que deux
pre IS orlque comme au niveau latin. '
voyelles (v. p. 86), il a, dans le même temps, possédé un nombre
extrêmement considérable de consonnes. Cette répartition doit être
interprétée en relation avec la structure même des racines et thèmes
indo-européens, où les voyelles n'assumaient par leur alternance que
des distinctions morphologiques, l'expression des notions proprement
dites étant le fait des consonnes. Ainsi, une racine du type· len-Ilon-I
in-I exprimait sous ces trois formes la même notion de « tendre Il;
mais l'échange de n contre par exemple m entraînait une série· lem-I
lom-Ilm- de sens tout dilTérent, « couper )l.

A l'intérieur même du système consonantique, un nouveau


déséquilibre pouvait s'observer : à une unique constrictive sourde,
la sifflante s, s'opposaient d'assez nombreuses sonantes, et de très
nombreuses occlusives.
L'indo-européen distinguait phonologiquement les occlusives à
"trois niveaux d'occlusion: labial, dental, vélaire; et utilisait, non tou-
jours, mais fréquemment, à des fins distinctives, l'opposition sonore 1
sourde. Cela nous donne une série d'occlusives simples, b, p; d, 1;
g, /c. Une série d'occlusives plus complexes était réalisée avec émis-
sion conjointe d'un souflle vélaire; c'est la série des aspirées bh,
ph; dh, lh; gh, /ch (à noter cependant que, dans cette série, la sourde
paraît avoir connu une fréquence bien moindre que la sonore 1).
1. On peul conslaler que les sourdes-aspirées sonl alleslées essenlielle-
menl sur le domaine in do-iranien ; el cerlains linguisles, comme J. Kurylo-
wicz, onl vu en elles des phonèmes secondairemenl développés sur une aire
dialeclale délerminée. 11 semble cependanl que les sourdes aspirées ne soienl

49
;
Une autre sé' d'
d'u
,
ne, OCClUSIves était réal' '
1-'
_____ ~;r;p~:l~~r-tsei~:m;.n:..e~ in..:er~den~al;
:?;set ~es~r~:~:!o~cccon~oint~ soient des consonnes plus ouvertes que les deux autres, et, de pl us,
sonores, va leur permettre de devenir artificiellement un substitut
Identifié et ét bl' ' ft' , g h-, nt- a même été - - luswes_G_~
a 1 par E Benv ' t
accompagnait d'un arr',
' assez récemme t
enls e, Enfin, une série ' . ~ ,
-a:e Ia----voyelle manquante, c"'esFà=chre un -cntre-cte syllabe, 'o-ù
sive vélaire' d' '1 ondls,sement des lèvres l'ém" dl~blO-velalre °dyklo-> lat. diclus; °ghwto-> gr, Xi)-t·6ç. Nous avons choisi, par
h' ' ou es phonemes gW /, ID w ISSlOn une occlu- commodité, l'exemple de y et w, semi-voyelles Lrès ouvertes; mais
p onemes paraissent avoir sa d' c, g h, gID'h, Beaucoup de toutes les autres sonantes se comportent de façon il peu près semblable,
connu d' l" d ' ns oute p ' ces
~~;~ainsd .~~anl; p~-e~:~~~~~r~i~:~~bl!ii~~~ Il ~:t ,e~~~fse~r~b,~~7~P'~::;~, les moins ouvertes se bornant seulement, par exagération de leur
propre aperture, il développer il leur côté un point vocalique, au liell
es Iscernables qu
ont échappé à 1 ' r
l ' r au niveau des 1
e uS,leurs phonèmes rel tangues des
' de se vocaliser elles-mêmes : ainsi, °ln-Io > "lOn-la> lat. lenlus;
l'articulation co~~:~Oen~LltutlOnh ln~istons surto~~::r ~~ ce~ ~érie~
*ghr-Io-> °ghOr-to-> gr. XC(p't'6ç, lat. horHirï. Nous définirons dès
lors comme suit les sonantes : Une sonanle élait en indo-européen
~ul,tiples, il ne s'agisSai~ c~si!t. o~emes mettait en jeu de;~~ a: SI une constriclive sonore à laquelle sa sonorité el son aperlure relalivemenl
dlstmctes, mais de la prod Pt' d un enchaînement d'art' 1 gt' nes considérable conféraienl, dans les cas de vocalisme réduil, le pouvoir de
d'u 1 uc IOn en u n ' ICU a Ions
, n seu et unique phonème d ' e meme unité d'articulat' constiluer enlre deux consonnes plus fermées un point de plus grande
signes par lesquels on a cout~moet~ en bloc d,e valeur distinctive l ~n, ouverlure, équivalant à une voyelle el permellanl la syllabation. L'indo-
vent nulIement, à cet égard . d . e symbolIser ces phonèmes 'd ~s européen a connu de façon certaine les sonantes y ct w (semi-voyelles);
L'uniqU'ffi " m ulre en erreur ne OI-
e SI ante mdo ' r et 1 (liquides); n et m, réalisées au niveau oral avec occlusion (respec-
normalem t -européenne était '
~ssimilant:ndes~~~:èl~~rf~~~;~e~O:~é~ dans la ~:erol~ntse~~:~~:~~iO~ tivement dentale et labiale), mais auxquelles l'échappement partiel
de l'air par la voie nasale confère un caractère constrictif. A ces
IOn sonore n'entraînant" vlronnants, Mais la ' sonantes attestées encore dans les langues historiques, il convient,
apparaît comme simple Ja~aIS de modification du si~nifll~ononcJa­
malgré les réticences aujourd'hui injustifiées de certains linguistes,
comme un phonème dist~nacrtlante combinatoire de la Sourde aes~nore
v'md ' , "non d'ajouter la série des sonantes laryngales, que seul le hittite a par-
" ?-européen possédait enfin u ' tiellement conservées il date historique; ces laryngales, auxquelles
q~ ~,convlent sans plus attendre de dé~e ,sér~e de sonanles, catégorie la tradition a conféré l'appellation impropre de schwas (notés <1),
Cl m Iquer)) et * ghew- « verser»' mIr. oient des racines ° d k seront dans cet ouvrage notées H, conformément il un usage de plus
tue~tddes sylIabes normales. A' l~udJ?eerfé Vocalique plein elles co;;ti- en plus développé. Leur dénombrement pose encore aujourd'hui des
en III o-européen le l' c 1 verbal en l ' -

;~:i%~~:~~::;~~~~:f~:ll~~g:*:~2~~/~~:~~:~~~i~~?S]~
problèmes; on peut seulement dire qu'elles comportaient au moins
trois phonèmes difTérents.

SUIvante t fait décroître l'a t e d aperture croissant la p s,


u voye Il per ure avant ' , consonne n. LES OCCLUSIVES, DE L'INDO-EUnOPÉEN AU LATIN
lo~: i ~. La ?r~?onciation des grou es ~eme que one soit apparue
mposslble SI n Intervenait l'e éd' p ~ykl- et glzwl- serait d'
1
xp lent SUIvant' le f 't es , Le système très complexe des occlusives indo-européennes n'est

,
pas confinées au domaine . d ' . ' aI que y et w demeuré en aucune langue historique tel que la reconsLruction permet
vél-lha • tu sais ") en fournitl~e~-~ranlen; et le grec (Cf, oro-o", e de le poser. Parmi ces langues le latin est une de celles où la sim pli fi-
gent ne subsiste pas moin xem,Ples, Leur caractère . ~ . face de skr, j
cation est allée le plus loin.
traitement, déjà soupçons'é Une partIe au moins d'entre effc?n,ddlre. et Contin-
laryngale devant vo ell n. p~r Saussure, d'un grou e es s ~XplIque por le
parait s'expliquer à pYa t~' dAmsl , la désinence -Iha de gP OCrCluS lve Sourde + 1. Les occlusives à explosion sifflante, dont la comparaison
l r Ir e -IH e (v 27 rec 0 0-0", sI permet de reconstituer peu d'exemples sûrs, n'ont laissé en laLin
, Le grec, qui traite difTér 2 • p. 5 J. ' (r. vél-lha, ;:
Ju~mes k + W (corn arer emment le phonème le ID et le aucune trace, Un exemple intérieur de mot est fourni par le nom de
pren dre nettement co~scienc~E~t.) < 'Ieyk O, et tTtITOÇ <' ek groupe de pllO-
ID_
l'ours, ursus, dans lequel la non-assimilation de s à r dénonce un grou pe
semblable les deux réalités h e ce !ail. Le latin, en reVan jWo-), 'permet de
p onologlques anciennes (lin c le, traIte de façon récent; il convient en efTet de poser un plus ancien "orlesos, où les
50 quo, comme equo-s). continuait k' attesté par gr . .xpx.'t'oç, skr. tksa~; la disparition de k
51
,.,
,• 1 ,.
t
I
entre cûnsûnnes n'a laissé du phûnème ancien que l'appendice simant. dh> {: re-mina, {e-cundus,. figura, pngo; {éci, sûnt respective-
A l'initiale, les Cûrmes heri « hier» et humus « le so.I », en face de gr. ment bâtis sur les racines *dheII I « allaiter »; "dheyglz- « mûdeler,
_ _ _-,,-Oéç, yOwv'XOoc l).<1.Mç, .supposent -Dûn ma-i &----UR-e EH'me s-imp-l-i-fi--é pétrir w;--rflre-H 1 u----p-I-a-cc:r-», u-e l'i')-ft--reti'ouve dans -gF-.-~, ,.. --À.uç;-
gh (cûmme d'ailleurs gr. X!X[J-cxt) : la simplificatiûn remûnte semble-t-il -re:i:xoç<*8e:i:xoç; . d6lj[J-L, é8ljxoc. .
au dialecte indû-eurûpéen sur lequel repûse le laLin. A la finale, la gh> h: ainsi, à skr. haryaLi, gr. XO:Lpe:L, cûrrespûndent horlOr,
seule cûnsûnne de cette série était en indû-eur. l', qui, selûn E. Ben- horlor; à gr. X~v cûrrespûnd (h)anser Il ûie l) (ûù h a ,cessé d'être nûté
veniste ûpérant à partir des dûnnées hitLites l, auraiL cûnstitué la en raisûn d'une Causse étymûlûgie rattachant ce mût a anas « canard ,n);
désinence d'ablatif singulier; simplifiée en -s dans tûutes les langues un thème *gh'yem- (apparenté au thème *gheym- de gr. Xe:t[J-<Ùv)
autres que le hittite, elle n'apparaîL même pas sûus celte fûrme en
explique de même lat. Iziems.
latin, dûnt aucun « ablatif» singulier ne cûntinue directement l'ablatif
indû-eurûpéen. N. B. Le traitement {de gh intial, ûbservé dans un certain nom-
bre de mûLs latins ({el, « bile )); (ovea « Cûsse »; {undo « vers~r )); etc ... ,
2. Les sourùes aspirées paraissent avûir éLé elles aussI ms- en face des cûrrespûndants grecs XOÀ~, Xdlj, xl~f)<ù),. trahl.t un em-
tables dès l'indû-eurûpéen, ûù elles pûuvaient parfûis, semble-t-il, prunt dialectal, nûn à l'ûscû-ûmbrien (qui traite lUi .aussi en h gl!
cûnstituer de simples variantes dialectales de la sûurde simple (v. initial), mais aux parlers latins campagnards de Sa~me e.t de Pré-
p. 49, nûte 1). Le latin repûse sur un dialecte qui les avait tûLalement neste. V. A. Ernûut, Élémenls dialeclaux du vocabulaire laLI11 , p. 69).
assimilées à des sûurdes simples: ûn a ainsi scindo en face de gr. <T'..(t~<ù b) A l'iniliale de mol devanl sonanle, ûn retrûuve les mêmes trai-
(" skheyd-); sperno en face de gr. crcpupav « cheville du pied », skr.
tements: bh> {: {raler, fluo (en Cace de gr. cppOCTI)P, cpÀÛ~~); dh>{:
sp!lUrdli « il heurte du pied ». La désinence de 2 c persûnne du par- forum <"dhwefor-, thème de v. sI. dvoro « enclûs)l, apparente au thème
Calt, -lha (gr. oIcrOoc<*foi:ô-Ooc; skr. viii-Ilia), apparaît en latin sous la
"dhw-r- de gr. Oupo:.
Cûrme -1 ï <" -la-i (ûù -i est une adjûnctiûn latine).
On remarquera aussi que, en face de skr. slhdgali « il cûuvre )) c) A l'intérieur enlre voyelles s'ûbservent les traitements suivants:
("s-lheg-), ni lat. le go ni gr. cr'réy<ù ne présenLent l'aspiratiûn. bl! > b: nebula en Cace de gr. ve:<plÀ't), skr. nabha~; civi-bus
N. B. Un mût tel que cachinnus « éclat de rire )l, en face de gr. <"keywi-bho-;li-bi <"le-bhey. Sur le h surprenant de mihi, v. p. 222.
xocxoc~<ù, présente un ch purement graphique (influence du grec). dh> d: con-dilus en Cace de gr. crUv-8e:-roç; medius en face de gr.
fLlcrcroÇ<*fLe:8-yaç skr. madhyaf:i. .
3. Les sonores asph'ées ûnt également disparu du latin, mais dh> b s'ûbserve aussi dans le cas particulier que cûnstItue le
ûnt cûnnu des traitements variés cl cûmplexes. Certains d'abûrd vûisinage de u ûu r: lïbe'r, riiber, aber, en face de gr. l-Àe:u8e:poç,
avaient pu, antérieurement à tûute évûluLiûn, faire l'ûbjcl d'une l-pu8p6ç, oùOo:p. De même, verbum repûse sur *wcfordlz-, suppûsé par
dissimilatiûn qui, en des mûts ûù apparaissaiL a près elles une secûnde ' le germanique.
aspirée, les ramenait à l'ûcclusive simple (Iûi de Grassmann). Ainsi,
dh> {: ce trûisième traiteme~t. s'ûbserve dans des. dûublcls
le germanique suppûse des thèmes "bhardlza- « la barbe )) eL * ghredh-
(ra{us, sifilare, dûublets de riiber, slbdare) et dans certams a.utres
« marcher », alûrs que les Cûrmes laLines barba et gradior repûsenL sur
mûts (scro{a « truie )); va{er «( rusé )); clc ... ), tûus em rru~ tés a des
les Cûrmes dissimilées "bardha- et * gredh-.
dialectes italiques (qui peuvent être du grûupe ûscû-ûmbnen, où ce
Celles que n'avaient pûint simplifiées de telles dissimilatiûns ûnL
traitement est attesté. V. Ernûut, op. cil., p. 76 sq.).
évûlué vers l'élat latin de la façûn suivante:
gh> g: figura, ligurio, en Cace de gr. ·tÛxoç< *~e:i:xoç, ),dx<ù· .
a) A l'iniliale de mol devanl voyelle: gh>h: dans veho (gr. oxoç) cl lra~o (germ. d~a~an); ce Lralte-
bh> {: fera, {mur, fui cûrrespûndent respectivement à gr. cplp<ù, ment, semblable à celui de l'ûsque, trahit sembie-t-iii emprunt de ces
<Pl)crL, 7tl-cpüxoc, et skr. bhdrami, bhali, bhcivali. deux mûts par le latin.
d) A l'inlérieur après sonanle, ûn retrûuve les mêmes traitements: b
1. Voir E. BENVENISTE, Éludes hilliles el indo-européennes, dans B .S .L. dans nimbus cûmme dans nebula; g dans fingo, cûmme dans figura,.
50, 1 (1954), pp. 29-43, et notamment p. 32-33.
ango, en face de gr. 111/...<ù.
52
53
1
1

e) A l'inlérieur devant ·consonne sonore, notamment sonante : 4. Les labio-vélaires n'ont pas complètement disp~ru du
• -dh-ro et • -dh-lo; suffixes Cormant des noms d'instrument (gr. ~&pcx.Opov, latin; mais l'évolution phonétique a considérablem~Il:t rest~eln t leur
_ _ _ _)'çv~-eÀOy), abou~iss:.!!l.~ resQ~ytive!ll~I1t à.-=..Prl:lm_ (lg_llsï-brum et ------..cf-réqttenee-; eertaines~ -w-wns~-4U'en des pos1Îwns hlen dét.e.z:-
-bulum (std-bulum). bh, de même, aboutissait à b; on notera, devant minées.
nasale, l'assimilation ultérieure de b dans seamnum <' seab-nom
<·skabh-no- (skr. skabhn&li « il étaie »). a) Les labio-vélaires sonores ne se conservent ~n ~ant que. telles
qu'après consonne sonore ct devant voyelle : ainSI d~ns lngue.n
C) A l'inlérieur devanl consonne sourde, le résultat de l'évolution <' r:!g Wen (gr. ci.û~v) ; unguil <'11 e long "'-, thème dontle vocahs~e ~édUit
est régulièrement une· occlusive sourde : vee-lus; lrae-Ius; serip-Ius • (H)ng W- se retrouve dans skr. akld~ « frotté )). Enco.re faut-Il ajouter
(ct ombr. seri(las, nom. Cern. pl.). Devant dentale, dh produit avec la que d~vant 0 l'appendice ~abio-v~laire n'est plus sentI, et que ,la forme
consonne suivante un groupe évoluant vers ss ((ossus <' bhodh-Io-), qui ungua, explicable par 1 analogie des autres personnes, n est que
se simplifie après voyelle longue (fis us <. bheidh-lo-) , traitement sem-
graphique. .'
blable à celui des autres dentales (v. p. 79). Partout ailleurs, les lablO-vélalres sonores évoluent en des
Tous . les traitements ci-dessus énumérés, abstraction Caite des phonèmes simples: _ . • ID- ._ , •
Cbrmes empruntées, reviennent à constater le Cait suivant : comme A l'iniliale devanl voyelle gW>w: VLVUS< 9 l-WO- (skr. JLVa~,
tous les autres dialectes italiques, le latin traite par des constrictives racine 'gWy-(elo)H de gr. ç'f)v (( vivre)), ~(oç, ((vic ))); venia < .glDem -
sourdes les anciennes sonores aspirées indo-européennes initiales de ya (cr. gr. ~1X[Vw < gU> Om-ya); vora-re (gr..~6plX.' ~t6pwcrxw; rac. :g_W or-
mot; à la difTérence des autres dialectes italiques (exception faite du H -r 9 wr-oH -). On s'attendrait dès lors a vOir évoluer vers vus le
vénète), le latin traite par des occlusives sonores· ces mêmes aspirées n;m sing .• ; "'aw-s du nom du bœuf (gr. ~oüç, skr. gâu~). Le traite-
à l'intérieur du mot, avant ou après consonne sonore, ou entre ment observé dans bas, conforme à ce que l'on observe en os~o­
voyelles. Il est probable que s'est produite en ces positions, en latin ombrien, implique donc un emprunt dialecta~ (V. Ernout, op. ~ll.,
et vénète, une sonorisation de la constrictive sourde, cela à un niveau p. 123). Notons que les deux traitements w (latl~) ~t b .(osco-~m?r1en)
postérieur à l'italique commun. La raison ·de cette sonorisation a pu s'expliquent par l'influence prépondéra~te et asslmll~tr1ce de 1 élemcIl: t
être l'influence des phonèmes sonores environnants; la raison de l'occlu- constrictif labio-vélaire dans le premier cas, de 1 élément occlUSif
sion imposée à la constrictive sonore ainsi obtenue a pu être, moins (attiré par l'autre vers l'avant) dans le second cas.
sûrement déjà, un besoin de renforcer un phonème doublement débile
A l'iniliale devanl sonanle (liquide), g Wperd son appendice la bio-
(puisque spi~ant et sonore). Quant aux étapes qui ont conduit I~s
vélaire: glans<'gWlH 2 - (gr. ~&ÀIXVOÇ); gravis < 'gWrO w- (gr. ~"pûç
occlusives sonores-aspirées de l'indo-européen à des constrictives
sourdes dans tous les dialectes italiques (y compris le latin, avant
<' 9 wOrw-); grlilus <' g Wr11-lo- (osque brdleis, nom. pl.).
certaines sonorisations), elles sont encore mal élucidées. Divers prin- En posilion inlérieure inlervocaliqu~, .l'influence o,uvr.ante .de
cipes d'explication ont été proposés à ce jour, comportant tous des l'appendice labio-vélaire (élément .co~str1ctlf) desserre. 1 artlc~l~tJon
difficultés 1. occlusive ct nous obtenons w; amsl dans flu(w)o< bhlwg -0 (cf.
fluelus, gr. cpMÇw<'bhlwgW-yo); [ïvo<'dheygw- o, refait ensuite en
1. Le meilieur résumé de la question se trouve être, en français, le compte
rendu. par M. Lejeune (B.S.L., 50, 2, pp. 64-68) de l'article de O. SZI::~HmENYI, bh > ph, dl! > lh, gh> leh (assourdissem~lfit de l'élé.ment ?cclusif, sous l'influ.encc
The developmenl 0/ lhe indo-european media aspiralae, dans Archiuium Unguis- du soume sourd qui l'accompagne). C est à partir de la que 1 élément ~plrant
licuml, l. IV (1952-1953), pp. 27-53;. 99-116; etl. V, pp. 1-21). aurait imposé il l'autre son mode d'arliculalio~; d'o~ le passa~e à.des spirantes
Selon Hartmann, le soume spirant accompagnant la réalisation occlusive sourùes : ph> 1; III> f>; leh > x. Ce slaùe, acquIs au nlveau de 1 I.tallque commun,
dans· les phon~mes bh, dh, gll, aurnit par assimilation de mode d'articulntion expliquerait. le t.raitement. osco-omLrien (trait.c~ent., par, spirante sour,ue en
entralné le passage il des constrictives sonores 'li, (f, Jr. C'est ultérieurement que toules positions). Quant. :Ill I:llm (auquel II faut aJourd hu! ad}omdre Ic vén~l.e),
serait intervenu, à l'initiale seule en latin, mais on toute position en osco- il auraiL procédé, à l'intérieur du mot, à une re-sonOriSatIOn, accompagnee
ombrien, un assourdissement de ti, cr; jJ1 respectivement en / (spirante sourde d'une régression au stade occlusif; d'où />b, p>b ou d, x>g . .
bilabiale), p (spirante sourde interdentale), x (spirante sourde vélaire). On Enfin, A. Martinel (Word, VI, pp. 26-11), d'accord avec Ascoll pour ~oser
constatera cependant que cet assourdissement n'est pas expliqué. une première évoluLioll de Lype dh> Ih, attribue .1.t UI.I développernent,.I:lll~ de
L'explication d'Ascoli, bien que plus ancienne, parait préférable, et c'est l' « intensité init.iale » (mais voir p. 91) la consolidatIOn en lat.m, à 1 mtérlcur
à elle que se rallie O. Szemerenyi. Elle consiste à. poser un premier slade du.mot, de la spirante sourde en occlusive sonore.
55
!
1

(ïgo sous l'influence analogique de (ïxi. Si legùmen doit bien être mis c) La [abio-vélaire aspirée atDh doit être examinée à part
en rapport avec gr. À€!hv90ç « pois chiche li (Hésychius), il faut admet- A l'inlérieur, son traitement se confond avec celui de aOD .- ainsi,
-tFe--tlft---~le~-ùmen eü -tt-- atH'ait a-bsorbé-J!appendtce labio-vétaire~----­ euh c voycHcsïg~n-:-nitt-is-~!.&nig-!~s-fcr.--w-...acc.-~tX )-; i-elli-s cc lé.g.cr.ll_
avant toute évolution de l'élément occlusif. <" Hll-egtDh- (gr. È:Àcxcpp6ç). Après consonne sonore: ninguil.
1nlérieur devanl consonne sourde, g ID perd son appendice et A l'iniliale devant voyelle, l'action conjointe de tou tes les
s'assimile à l~ sourde, d'où k; ainsi dans unclus, fluclus, fluxi, fixi (v. composantes avait dû produire un souffie sourd labio-vélaire h"
supra les racines).
(h comme < gh; comme < g tD J, qui s'est ensuite assimilé en une
r,
ID

b) Les la bio-vélaires sourdes,


- plus solides , se maintiennent en des constrictive articulée il mi-distance de ft et de w: ainsi dans {ormus
positions où la sonore disparaissait: « chaud» <"gIDhejor-mo- (germ. warmo; gr. Oe:Pfl6ç, Oipoç = slu.
I!(ira~); -{elldo (dans de-{endo, of-fendo) <"g'Vhen- (gr. Odv<ùjcp6voç)1.
A l'iniliale devanl voyelle, kID demeure: ainsi dans quis <*lelDi-s
(gr. 'nç); qualiuor < le '"ejolwor-es (gr_ ion. ·dcrcre:pe:ç). On observe 5. Les occlusives simples. Elles se sont, en raison même de
toutefois la disparition de l'appendice la bio-vélaire devant les voyelles leur simplicité, généralement bien conservées; et le latin possède
0, u, qui l'absorbent: cola < "ktDel-a (gr. éol.7t€ÀOflCXL); collum < *letDol-
encore, le plus souvent intacts, les phonèmes b, p, d, l, a, Ic.
s-o-; cür < quar (attesté). Plus surprenante est la perte complète de A date ancienne, le est noté au moyen de deux signes distincts, C
l'occlusion dans les formes ubi < * k tDu-bi (cf. ali-cubi); uler < "le IDo_
lero- (gr. 7t6Te:POÇ); ul < "/ctDu-la (ombr. puz). Est-ce le désir de
(forme évoluée de r,
<, que l'étrusque, dépourvu de sonore, avait
afTecté à la notation d'une sourde) et Q (qoppa, emprunté à l'alphabet
~aint~~ir ou r?stituer l'a~pendice labio-vélaire qui explique cette grec occidental ancien, qui le tenait lui-même de l'alphabet phéni-
disparItIOn (Meillet-Vendryes, p. 70)? Il est également possible que cien). La répartition était la suivante: C servait il noter, devant
l'articulation très postérieure de u ait gêné l'occlusion, soit ici
voyelles e, i, un le prépalatal; Q notait inversement, devant voyelles
l'abaissement complet du voile du palais.
0, u, un le postpalatal. Mais ces deux prononciations, conditionnées
En posilion inlervocalique, k tD demeure: ainsi dans sequilur par la région articulatoire du phonème suivant, n'entraînaient jamais
<*sele tD - (gr. t7te:TCXL); re-lïqui < "loi/c" - (gr. Ài-ÀoL7tcx); ne-que. Ici des variations du signifié, et ne constituaient donc que des variantes
encore, on observe la disparition de l'appendice devant 0 et u: sec- combinatoires d'un phonème unique, que nous symbolisons par le.
undus, sec-ülus (de sequor, sequï); oculus < "olelD--<>lo-. Dans les formes Si nous faisons abstraction des changements conditionnés (assi-
telles que sequor, loquor, le maintien de l'appendice est artificiel et milations, dissimilations, accidents divers), les occlusives indo-
graphique (analogie des autr~s personnes). Nous avons déjà vu (p. 27) européennes n'ont connu d'altérations spontanées qu'en une position
que des formes du type popLna (à côté de coquina) sont dialectales: en latin: la finale absolue du mot. Deux circonstances expliquent leur
l'osco-ombrien, en cette position, traite en labiale la consonne labio- faiblesse en cette position: leur caractère implosif (l'implosion, pro-
vélaire (Ernout, op. cil., p. 218 1 ). duite par la fermeture des organes après l'afTaiblissement de l'expira-
Après consonne, kID se maintient: squalus; quis-que. Le traite- tion, est plus faiblement sentie que l'explosion, produite par l'éruption
ment p dans quippe, doublet de quid-que (gr. homo T(7tTe: < TLÛ-7te:); brutale de l'air); leur caractère final de mot (car le mot a une dyna-
nem-pe, doublet de nam-que (cf. pro-pe, < * pro-le IDe); etc ... , est dialectal. mique propre, qui en latin va décroissant de l'initiale il la finale).
On observe donc les altérations suivantes :
Devanl consonne sourde, le" perd son appendice: secla (de sequor);
coclus (de coqua); relictus; proximus <* prolcfD-somo-. On examinera a) Les occlusives sourdes anciennes se sonorisenl en fin de mol
à part le cas de quïni « allant par cinq» <*letDenlelD-snoi (où -s- est (or la sonore est plus faible que la sourde: V . p. 43). Aim;i, la désinence
analogique de sënï < *seles-noi) : la sonore n subséquente a réentratné verbale -l (3 e pers. sing. secondaire active) apparaît, sous la form e -d
une sonorisation de k~s d'où -gznoi; ct tout le groupe, assimilé dans FheFha/ced (fibule de Préneste) et {eced (vase « de Duénos li). A
en -(zJz-, a plus tard disparu (v. p. 104).
1. Le laLin traite de la même façon le groupe le + w (deux phonc'!mes) 1. En latin, le groupe gh + w (analysable en deux phonèmes distincts )
et la laoio-vélaire Ir" (phonc'!me unique); ainsi dans le nom du cheval cquos ou est traité de la même façon que ri "'h, phonème unique. i\insi dans fera « bête
equus (prononcé ecus), en face de skr. dçua~; gr. Irmoç. sauvage» <. ghwcr- (lituanien zueris).

56 57
date IlÏstorique, le -1 de {ecil, {ecerunl, legebat, legebanl, procède d'une
réfection analogique (v. p. 276).
1. s ancien disparaît devant con8onn~ so~o.re .aut~e que r.
Ainsi, il l'initiale, dans nurus (gr. vu6ç, skr. sn~~a); rzlVLl flLng~Ll, iv.h.a.
~----b-J---b!s-o~tius ives sonores anciennes isparaissenl en fin de mol niwil me co . !L!Lope: - S'] - , ,flmIs'. st .s'. S ocus
après voyelle longue. Ainsi, acc. sing. mëd (fibule de Préneste, vase (eux-m~mes issus de sUis, sllocus). A l'intérieur, la dlspantIon de s
({ de Duénos ))), ab!. sing. senlenliad (S.C. des Bacchanales, 185 A.C.), s'accompagne d'un « allongement compensatoire )) de, la .voy.elle
sont devenus il date classique më, senlenlia. précédente si elle était antérieurement brève (sur. 1 exphcat!on,
Après voyelle brève, les occlusives sonores finales paraissent se v. p. 105). Ainsi, dans sïdo <"si-sdo (gr. L~W); ïdem ~·Is-dem; egcnus
maintenir; mais on doit sc demander dans quelle mesure des formes <" eges-no- (cf. eges-las); ahënus <"ayes-n~- (skr. aya~ « bro~zc! ».
telles que ad, apud, sed, quid, et même illud, aliud, sont bien auto- Dans tous les cas la disparition de s s'explIque par une sonons~LI?n
nomes et non proclitiques (cc qui reviendrait à refuser à -d de ces devant la conson~e sonore; sonorisation qui, équiva~ant à. un afTaIbhs-
formes la qualité de finale). sement (v. p. 43), précipite le relâchement de l'artIculatiOn.
L'étude des occlusives simples permet de relever par ailleurs
quelques détails moins importants : 10 d a été altéré en 1 dans un 2. Devant r, d'articulation assez. v~isine ~v. ~n{:.a, § 4),
certain nombre de mots : lacruma (emprunt il gr. Mxpu-!J.!X); s il date ancienne sc renforce en une constnctIve p qUi -:- a ,1 l~a.g~ de
solium « siège» en face de sedëre; olëre « sentir » en face de odor (gr. celle que produisait dh: v. p. 5~, n. 1) - éV,~lue e~sUIte, a"1 IDltIale,
OOWOCt); lingua <"deng llJ- (ir!. lenge); etc ... Ces mots manifestent, vers {. Ainsi dans frigus <" srzg- (cf.. gr: pLyOÇ, e:PPLyCt :: ,e-sr-). A
semble-t-il, une influence sabine (Ernout, op. cil. p. 80). 2 0 d a été l'intérieur cette constrictive p se sonorIsaIt, ct aboubs~alt a b (tout
altéré en r dans arbiler < ad-; ar-fuisse (S.C. des Bacchanales). comme ceile que produisait dh). On a ainsi, ,sur la ra?l~e, "'œrH 2-s-
Fait dialectal? Peut-être convient-il d'invoquer, dans la suite de ces j* kreH2-s~ « tête» de skr. çirsan, g~. xÉPCtç, .Xp~VLO\l, l"e d_erl\.~.e ~erebrum
mots, les phonèmes dentaux l, ss, qui ont pu exercer une influence <.* ceres-ro-m; crabra' « frelon )) (a grosse tete) < cr~s-ron, ?t,. sur
dissimilatrice (comme dans meridie < "medi-die). 3 0 Enfin, à date {unus, le dérivé funebris < "{unes-ri-s: A la fin~le, I~ traIteme~~ lllust~é
post-classique (1 er siècle P.C.), un début de constriction a afTecté b par uër « printemps» <"wes-r (cC. g:. ~Ctp) s explique par Ilmpossl-
intervocalique; le fait est décelable grâce il des inscriptions où v bilité, en cette position, de répartIr sur d~ux .syllabes un groupe
est noté b, et inversement. br <sr: le traitement appliqué est alors celUi qUi afTecte s devant les
autres sonores (v. supra). Ce traitement, par perte de s e,t allongement
compensatoire, est également d? r~gle dans les mots, ou ~e. grou~e sr
B. LA SIFFLANTE S, DE L'INDO-EUnOPÉEN AU LATIN a été constitué à dale récenle; aIDSI dans les composes dlrlgo, dlrcLO,
etc ... , issus de "dis-rega, "dis-rua.
Déjà faible en raison de sa nature constrictive, et sujet à s'afTaiblir
davantage par tendance à relâcher encore son articulation, s indo- 3. Après liquide r,l, la siffiante s. sc. sonorise en z, "ct s'as~imile
européen s'est en latin, comme en grec, altéré ou efTacé en certaines ensuite à la consonne qui précède. AmSI dans ferre < {e~-se, v.eUe
positions. Au surplus, il convient de distinguer nettement en latin <"vel-se. Après nasale,s se maintient, que la nasale disparaisse
(comme en grec) cette siffiante ancienne d'une siffiante forte constituée (dominos <-on-s; më(n)sis) ou que sc développe une consonne
plus récemment, par traitement surtout des groupes consonnantiques épenthétique (em-p-si; hiem-p-s).
ls, ds, li, dl (v. p. 78 sq.).
Le latin conserve s ancien il l'initiale devant voyelle (sequor, 4. A l'intérieur, en position intervocalique, s s'ét~it dans un
seplem, senex, en face de gr. é!7tO!J.!XL, é:7tT!X, é:voç « du mois dernier »). premier temps sonorisé en z sous.l'inllueIl:ce des voyellc~ enVlr?nnante~.
De m(~mc, devant occlusive sourùe, initiale (spondeij, slü, scirzdü, en Cette sonorisa Lion le rapprochait, du pomt de vue arLlculaLOIre, ù.c r ,
face de gr. O"7tÉVôw, O"TrfÇ, O"x.(~w), ou intérieure (praeslo, augësco, produiL en laLin (comme, semble-L-il, en ~ndo-e~ropécn) par des Vibra-
etc ... ). La même conservation s'observe après occlusive sourde, ou tions de l'extrême bout de la langue (r dit « apIcal »). De plus en plus,
assourdie par assimilation il s (ainsi dans rep-sï; dïxï; rëxï <" regsai).
Sur les assimilations de consonnes devant s, v. p. 78. Hors des 1. Un l10llemenl ùu même orùre a exislé il ~ne ce~laine époque e.n rr~nçais
positions susdites, s subit en latin des altérations diverses médiéval, ainsi que le monlre le doublet chatre/chaIse; en françats, c.est r
qui avail 6volué en z.
58
59
les deux articulations devaient se rapprocher; et, en latin classique, tion de la langue contre un tel danger, ont rest~uré -5 fin~l,. et lui
--~f--*--FlI:Gt<~'&m0-»--Ge .s-mt,er~i.q.u.e est-.un..1ait -clc.p.uis..-1.Uuwu.t:.UcJfll'' -_ _ __ .cmLmê.rn.e-.conféré une telle vi ueur lie ce honeme se mamtlendra
acquis. Le phénomène paraît en effet s'être produit dans le cours comme désinence de cas sujet (a-fr. li murs) Jusque ans es angues
du IVe siècle A .C. La graphie, dont les tendances sont généralement romanes.
conservatrices, avait maintenu s lors même qu'il était prononcé r, et
c'est Papirius Crassus (dictateur en 339) qui passe pour avoir le pre- C. LES SONANTES DE LA SÉRIE LAflYNGALE
mier renoncé, pour l'orthographe de son nom, à la forme Papisius.
Cette réforme orthographique devait être étendue aux actes publics La reconstitution de ces phonèmes, et leur réinsertion dans le
par Appius Claudius Caecus, consul en 307 et 296 . Les exemples de système phonologique ind~-européen, o~t apporté, une vérita~le
rhotacisme sont en latin extrêmement nombreux: crU <' es-e-li, à côté révolution dans la grammaire comparée mdo-europeenne, Le lab~,
de esl <' es-li; üro, à côLé de ils-lus; herï <' ga Iles-ci (loca Lif) en face comme les autres langues, a bénéficié de ce renouveau, ct la (( thé~rle
de gr. xOtç (acc. adverbial, sans désinence). D'une façon générale, laryngale )) a récemment apport? à plusieurs ,probl~mes une ~ol~tlOn
tous les infinitifs actifs en -re (à côté de es-se, fuis-se); tous les sub- ingénieuse ou élégante. Il conVient, avant d examm~r le detal~, de
jonctifs imparfaits en -re-m (à côté des es-se-m, fuis-se-ml comportent faire un bref historique de la série de découvertes qUl ont penDIs de
un rhotacisme de s. Le rhotacisme a cependant épargné certains mots, reconstituer ces laryngales.
notamment des composés, où le locuteur désireux de clarté recons- En 1878 , dans son Mémoire sur le syslème. primitif ,
des voyelles
.
tituait la forme du simple (ainsi de-sino); certains composés, au sur- dans les langues indo-européennes, Saussure, se hvrant a un raIsonne-
plus, ont dû être constitués postérieurement à l'époque où s évoluait ment structural (anticipant d'un demi-siècle par rapport à son époque),
en r. On doit également observer que jamais le rhotacisme n'a concerné émettait le postulat suivant : l'alternance ii/ii observée dans les
les géminées (ainsi, quaesa s'expliquera par un désidératif 'quais-s-a de flexions du type gr, 'cpli-'n>qH)crL/cpii-lL!;\I, * cprx-v'n, serait de même natu re
quaera < 'quais-a; de même, viso <' vïd-s-o en face de video). Les mots que l'alternance t.cr-/cr- observée dans t.cr-'n{* cr-ê.'1'n > dor . t.~·n, att.
empruntés à d'autres langues ont également échappé au rhotacisme dcrL; ou qUe l'alternance eL/L de )..,ebt-wv/)..,m-wv. Il en résulteraIt que ëi.
pour diverses raisons: des termes tels que poesis, philosopllia ont dû repose sur un groupe ancien cA, et ii sur le second élément A seul
être empruntés au grec postérieurement au rhotacisme; même à (degré réduit), vocalisé entre consonnes (comme l'est y dans ),m-wv).
l'époque où se manifestait la tendance au rhotacisme, la conscience Cet A est selon Saussure, une voyelle se comportant comme une
qu'il s'agissait de termes étrangers devait de toute façon les préserver. sonante s~it un tt coefficient sonantique » de la voyelle d, La consé-
quence 'logique de ce raisonnement devai t consister à considérer
5. A la finale absolue après voyelle, s a été conservé de façon toute voyelle longue indo-européenne alternant avec une brève comme
artificielle. En cette position, la tendance était au desserrement de s en reposant sur un groupe, plus ancien e + coefficient sonantique de
un sou me sourd h, lui-même voué à n'être plus perçu. De fait, certaines voyelle. Ainsi, les longues ë, a, 0, de 'r18"1)lLL, (,cr'roc/,u, Ô(ÔWlLL, s' opposant ~ux
inscriptions des Ille et Ile siècles A.C. ne notent point -s final (Cornelio, brèves de 'rlOelL!;\I, Lcr'riilLe'l, ôlôolLev, reposeraIent sur des groupes anciens
Fourio, pour Cornelius, Furius). Chez les poètes anciens, il arrive cE eA, cO. Cette idée, que Saussure hésita à formuler totalement,
que -s final, devant initiale consonantique du mot suivant, ne fasse m~is que Moller n'eut point ~e peine à dégager de sa t~éorie , ne f~t
point position (ainsi: Nos silmü(s)/Romd/nï quï/fütmils/dnle Ril/dînï, point à l'époque prise au sérieux. En efTet, l,a gramma~r~ com~are,e
Ennius, Annales 377). Devant initiale vocalique, la métrique ancienne d'alors dominée par l'école allemande des Neo-grammamens, s enh-
tient généralement compte de -s; mais une form e telle que polisscl sait da~s un positivisme étroit, se bornant à identifier dans la brève
(Plaute, Miles, 884), procédant de poli(s) (e)sscl par hyphérèse des séries skr. janLlar-, lat. genllor, gr. yev€-rwp; dildh, dèilus, ôO'r6ç;
(élision inverse de l'initiale du verbe tt être », enclitique), suppose etc ... (et cela en dépit d'une alternance possible aV,ec ?es voyell es
nécessairement la non-prononciation de -s. Une telle situation présen- longues: xcx'crl-YV'f)-'roç; ÔlÔW~L;; et.c ... ) ~ne t( v?yelle .redulte,» ou tt ,de
tait pour la langue un danger dans la mesure où, -m final étant lui timbre indéterminé»; termlOologle qUl suffit a maOlfester 1 absurdIté
aussi débile (v. p, 76), une opposition aussi essentielle que dominus/ de cette soi-disant explication.
dominum, civi-s/civi-m, était menacée d'abolition. L'analogie des 11 fallait attendre le déchilTrement du hittite pour voir rendre
formes du type dux eL miles <'milel-s, et sans douLe aussi une réac- justice à Saussure. Le hittite possède une (ou plusieurs) consonne(s)

60 61
que l'on translittère /J, et qui (la valeur des signes cunéiformes étant trois phonèmes des laryngales indo-européennes. Cette triparti tion
co~n~e p~r l'e~ploi qui en est fait dans la notation d'autres langues) ne rend pas compte intégralement des faits hittites, qui paraissent
_ _ _-..::d:.;:o=.lt_etre Id~IttJJiéJu~omme une constr-iGti.. _ l-a-F-y-nga-l~re.-=-_------~eX-ÏsteIlGC--d-c--l-My~Q l .

mlers temps, des efTorts fure~t tentés (notamment par Hrozny, et, possible que dès une époque ancienne des laryngales aient perdu
plus tard, Pedersen) pour vOIr dans ce h une ancienne occlusive Il sur une grande partie du domaine indo-européen certains de leurs
afTaiblie. Mais, (outre que k indo-europée; demeure de toute évidence traits distinctifs, pour ne plus constituer que trois phonèmes distincts.
stable en hittite) les étymologies sur lesquelles se fondait cette inter- C'est peut-être la raison pour laquelle la classification de Kurylowicz,
p~ét~tion ne devaie~t p.as rési~te~. à un examen plus poussé. Aujour- dans l'ensemble, rend compte des faits non seulement grecs, mais
d hUI, la se~le explIcatIOn qUI s Impose comme pertinente est celle aussi latins, dont voici le détail 2 :
que proposmt en 1927 Jerzy Kurylowicz : le !J du hittite représente
sou~ une forme non-altérée le « coefficient sonantique )) dont Saussure 1. Précédé de voyclle, cl suivi dc COllSOllllC occlusive, H
avaIt eu la géniale intuition, et que toutes les autres langues connues forme avec la voyelle prédécente une diphtongue qui, dans toutes les
? date historique on,t altéré et perdu. On ne manquera pas d'évoquer langues autres que le hittite, produit une voyelle longue (le faiL doit se
a ce pr~pos le précedent de la planète Neptune, dont les calculs de produire en indo-européen récent, après le détachement du rameau
Le Verner déterminèrent l'existence et la position avant même que hittite de la communauté). Ainsi:
la lun~tte de Galle n'en permît l'o~servation concrète. Saussure, par
son raIsonnement structural, fournIt en l'occurrence l'équivalent du a) eH l > ë: {ë-c-i = ~-e'1)-xlX (rac .• dheI1 1 - « placer ))); de même, le
calcul mathématique, le hittite constituant plus tard la lunette. suffixe *-yeHl- d'optatif se retrouve sous la forme -yë- en laLin et grec:
lat. arch. siës= EL'1)ç <*es-yë-s.
Bien qu.e le hittite possède avec !J un signe unique, celui-ci doit eHz > a: sla-re = LO"'r,xfLL (rac .• sleH z-); {a-Iur = cp,xn, aIl. Cjl'1)O"L (rac.
noter en fal~ des laryngales .di.fTérentes, car l'indo-européen en a bheHz-)·
possé?é plusIeurs, troIs au mmlmum. Ces trois laryngales ont été cH3 > 0: po-culum, gr. 7tWfLlX « boisson » (rac .• peH3-« boire ))).
IdentIfié~s par Kurylowicz d'après leur traitement en grec, langue en
ce domame la plus révélatrice. Ainsi, les trois types grecs d'alter- b) Lorsque H est précédé par la voyelle 0, la diphtongue 011
nance 'rW1'JfLt/'rWe:fLEV; (O"'r,xfLt/(O"'rlXfLEV; OLO<.ùfLt/OLOOfLEV, permettent de poser produit toujours 0, quelle que soit la coloration propre de la laryn-
d?s~lternances plus anciennes eHI/HI; eH 2/H 2; eH3/Ha (et il apparaît gale. Ainsi
amsl que les symboles Hl' H2' H3' ne font que se substituer dans ce schè- OHl> 0: sacer-do-I-em (rac. *dhoHc « placer )), au vocalisme 0
me.au,: « coefficients sonantiques)) E, A, 0 de Saussure). De plus, la nominal).
racme I~d.o-européenne ne commençant jamais par voyelle (v. p. 125),
et le hIttIte conservant fréquemment des laryngales à l'initiale de
1. Il semble que le hittite ait possédé deux laryngales de pouvoir colorant
mot, on peut poser que tout radical commençant dans un état récent e, dont l'une a été conservée, l'autre ayant disparu avant les premiers textes.
par voyelle 1 a en fait perdu à l'initiale une laryngale' ce qui revient C'est à ces deux phonèmes (que nous symboliserons El et E 2 ) que correspond
à po?er, à l'initiale, I~s faits su!vant~: e<Hle-; a<'H 2e-; 0< H 3e-. le Hl de Kurylowicz. Le hittite a de même possédé deux larynr;ales de pouvoir
Amsl se trouve établIe la classIficatIon (dite « de Kurylowicz ))) en colorant a, l'une conservée (Ad. l'autre disparue antérieurement aux premiers
textes (A 2 ) ; ici encore, II 2 de Kurylowicz correspond à la somme Al + A 2 •
1. Il .convie~t ? ce propos de ne pas se fonder sur le témoignage d'une Enfin, au traitement par 0 observé en grec, le hittite oppose un traitement a
la~g~l~ unique. ~Insl grec. o!llex, f1to~ex~, présentent à date historique un radical tantôt avec conservation, tantôt avec disparition de la laryngale (baslai « os »
à Initiale vocalique; mais la comparaison respectivement de lat. Uidi, skr. = gr. ocrnov; mais arnuzi • il s'élance» = gr. op'JUcr~). Ici encore, il semble que
vida; et d? I.a~. sequor, skr. saçale, montrent que le grec, et lui seul, a perdu une H, de Kuryloxicz corresponde à deux laryngales distinctes. Il reste que la
consonne 1I1111ale non-Iaryngale, respectivement w ou s. classification de Kurylowicz suffit à expliquer les faits observés hors du hittite.
On peut penser que le hittite seul avait conservé distinctes deux séries de iaryn-
?n constatera en re,,:anche qu'à. lat. ago correspondent gr. &YC.l, skr. ajali,
~I.c ... , toutes formes qUI nous II1vltent à poser un radical ·ag- au niveau
°
gales (Ev Al! 1 ; E2' A2' 02) que les autres groupes dialectaux avaient confon-
dues.
II1do~européen récent. Dalls ce cas précis, nous sommes fondés à poser, pour 2. L'exposé le plus complet des faits latins explicables à travers la « théorie
expliquer cet état récent, une racine' H 2eg- à initiale consonnantique laryn- Inryngale • est dû à Calvert Watkins, dans l'ouvrage collectif Evidence for
gale.
/aryngea/s, The University oC Texas, 1960.
62 63
'l. gr. X6.>7t"f) «poignée li en face de lat. cip- i (rac. • gene!...'·bus <' -yH ,-bh".). Ultérieurement cst intervenue une inno-
~_
/" loH traitement
~ême " , prcn drcdans
OfI3> 0: do-num _ gr .d vation nouvelle, consistant il bâtir la flexion toute entière sur le thème
. r au parE- Ul- ?~i_ 0ans
e vocalisme
• du cette
d' 1format.ion .JH)miRa.
. ' _ _ _ _ _~rn_-::rt,=-c,..;·rn--~
I e:-_ -- - - --l..
,,-uurenu au nominatif; d'ou les form,' g,_r, ,", gene-·- - -
formation' nominale,. ra ,ca, caractén,t'quc des /,l,-iba" ct, ... On peut pcn,er, de même, que les nombreux adjectif,
oH, (qui produit 0 dans gr
t;:':'~ e~
' f ' en -iiz du la tin (,apiiz, di,."" etc ... ) doivcnt leur thOmc cn -iik- " un
a ce de .".', (rac. • bhel oH,l ancicn. nomina li r • -eH ,-s, qui eût dû normalcmen t produire • -ill,-,
:~Ir"::
doi t lui aussi prod u ire en la
(même si tua tion pour pl u,icurs 'I::;u:;;î.nq ue d' excm pie, ,ûrs (cf. • ,enek-,),
-if/c-s) a secondairement mai, où un
fixé mixage
le timbreanalogiq
-ii- de uc-,If,
(. -ur
la voyelle.>Ainsi,-eH,·, >
le type
c Lorsque le phonème précédant fI est u . 1 fiigiix pourrait être un ancien *fugçx influencé parle timbre vocalique
abou~i:s:~71d~~y~/~d~_ou w~
)
leés groéupes yI-l et .wH ainsi constitués de fiiga.
p en r cent * _respectIvement à i et u- ' A'mSI. s-I-mus
_ < * s-yll (cfeuro 4. A l'initiale al,solue devant voyelle II disparaît, en colo-
&t 11-&'1 <. eS-I-men);
. vi-la < *g y1:13_ (f
ID c. gr.' ~UlOÇ < * IDyelI
1 c)·. fgr.
(1 -. rant la voyelle suivante si cette dernière était e. Ainsi, en face ùe
scansIOn
(e/o-. ancICnne), lü-lare < *bhwfI _ (r k b' '! * 3-'
c. s r. ltavalL< bltcw(H)- U1 hittite fJanl-i « sur le front » (locatif), lat. anle, gr. à.\I-rt s'expliquent
à partir de * H 2enl - i ; en face de hitt. fJarhis « brillant », ar[J- du la Lin
et du grec (dans ar[J-cnlum, &.py6ç, apyupoç) s'expliquent à partir de
,. 2, I-récédé de voyelle et suivi de sonantc fI di ", ., fI'l,erg-; en face de hitt.lJaslai « os », gr. oa'n:o'l et· Lat. üs (qui parait
1 mdo-européen par une sorte d'élision .f ' sparmssalt des
en cette position. Ainsi, le suffixe -1 H ~ f'ra-p~e toutes, les sonantes
JU! ne _point comporter 1) s'expliquent à partir de *IIacs-(I)-.
sous la forme -ya dans les t·.Y 2 e emmm, que 1 on rencontre
par IClpes grecs (MyouO"IX < *1 1 fI)
perd sa laryngale en latin devant la désinen d' eg-?-n -y 2 ' 5. A l'initiale absolue devaut consonne, (le\Lx cas sont ~
nl-y (fI )-m > -nlim > -nlem, cette dernière c~o-m ~ccusa tif: *lcg-e-
phone du masculin le eni-cm < -nl- r~e .e~enan.t homo- distinguer :
que des formes commegsiëm _ 'P. De ce qUi precede, Il ressort a) Devant occlusive, le traitement n'est pas assuré. Si l'on pose que
la voyelle longue leur ayant
autres personnes.
:t;C7<J
é
cH
l> ne sont pas phonétiques,
en ue en vertu de l'analogie des
lat. ago, .gr.&'(CJ}, reposent sur 1oH2eg-, l'adjectif verbal · en -to, qui
suppose à: date ancienne un vocalisme radical réduit, devrait reposer
que * I12'c-lo-. Cette forme explique-t-elle lat. iiclus <" ag-los , gr. ocx't"6ç?
. 3. Précédé de voyelle et suivi de -s H . L'influence analogique de l'indicatif n'est pas à exclure, cela dès une
net 1, un traitement spécial consistant en ' da c~nnu, selon A. Marb-
gale en une occlusive vélair~ -k- Ainsi surun ur~lsse:nent de la laryn-
époque fort ancienne.
son passée» (hitt. sana gr l'l ) 1 1 t· Ut
theme sen~eH 2- « lunai-
où le groupe * eH _ de~ant o~ci e. a m a ormé un ~énvé sena-lu-s,
b) Devant sonante, le traitement est en revanche assez nette-
ment établi. On constate notamment qu'une laryngale attestee par
par -a-' mais pa2r ad' t' uSIve. connait un traitement normal le hittite, ct vocalisée en grec (voyelle naguère · nommée « prothé-
, , Jonc IOn au meme th' d' d' .
on obtient un nominatif animé • sen-eI-I _ e,m,e~ne* esmence -s, tique) », ne laisse en latin aucune trace. Ainsi, en face de hitt. fJuvanl-
(sur lequel est refait secondairement le J:;i:é ou lab;- )se~efc-s, senex
< * Il''we- « le vent ll, et gr, èt.f·fj-p.t « sou mer », le latin présente vcnlus,
~açon, l'adjonction d'une désinence -s à d set~~C- us. e ~a même Sachant qu'aucune racine indo-européenne ne commençait par r,
nous devrons supposer un II à l'initiale de racines telles que * Il lr-
yH 2- devait produire une finale * -'ifc- es .emes termm6s par
certaines langues et dont les m' s, efTectIveme~t connue en (c/o)u-dh- « rouge» et * H 3r-e[J- « diriger»; d'où gr. ÈpuOp6ç, OpCyUl;
•t . ' su Ixes gr -tx-6-ç lat LCUS t lat. riibe r , re[Jo. A la limite, nous pourrons supposer un I-I à L'initiale
~ r? ISSU~ par t~ématisation secondaire.' Cette rinale' :-Llc-s' peé~~en de tous les thèmes où, devant sonante, le grec présente une voyeIJe
atm refaite en -Lfc-s ({ël-ix genelr-ïx etc) l" fi a en
cas de la flexion où de~ant 1 '. ..: sous m uence des autres que ne présente pas le latin (€À&Ue&pOÇ, 0: (J-tÀYUl, etc ... , en face de lat.
, occ USIve -yH 2- produisait -ï- (type liber, mul[Jco); il conviendra toutefois de distinguer les rares cas où
la voyelle initiale du grec peut représenter un ancien préverbe (type
51, l,1.pp.
Voir A. MARTINET ,Le
42-55. ou c p1e senex-senalus elle. sufllxe n k, dans B.S .L.
o-v(-v~-[l.~ en face de a-vocatç, à-V~O"Ul).
65
64
d'un appendice labio-vélaire. Symbolisons Hz par A, et H3 par A",
la sonante-laryngale se vocalis c uSlvcs cas de vo~alismc réduil),
6, Enlre consonnes oc l ' (
~tous poset:0ns dès lors deux traitements :
H il d ' e norma lement. Tandis qu' n II
_ _ __ 2' 3' pro Ulsent par l~uF v ..alis t' . .-t.ro:. . e grec l' eA" + consonne (Ou zéro) > 0: do-Z:'Tr1i < eA"'=I-; oela

l
d
î1iéren 't'(- E-(.Le:v L-a - - ô ' ô ·· 3 mn 15 voye.\les de timbre
voyelle de timbre' uni;:r~' : L- O-(.Le:v), elles produisent en latin une <. olcleA "'.
eA'" + voyelle><Ï"'> âw: oclâvus < ·okleA "'-0- (thématisation
* HI> a: (a-c-Ius < *dhH rk-; ca lus < *k
< lee/oH IP-) , ra-lus < * (H )ril 1 {~ _,
- ' de oelà).
H lP- (cf. cepl, XW'TC'Y),
H >a: ;ld-Ius ( r 0- c, re-rt,<:(I1)reHe), Si la voyelle précédant A'" est une voyelle de transition, le résul-
2
(gr. rprx-'t'6-ç) <. bIzIi2-1~~: a't'rx-'t'o-ç, skr, sllll-la~) < ·sIH 2-10-; {ii-I-eor tat n'est point modifié:
oA'" + consonne> à: gr. a't'pw-'t'6-ç <. slroA "'-10- (cL germ. slrau-
H 3 >a: da-lus (gr, ôo-'t'6-ç)<·dil3-10-
Lorsque a <H se trouve plae-é e li b ' , jan).
ultérieurement à date l' t ' n s":f a e mténeure, il pourra oA'" + voyelle>â"'>âw: lat. slrâv-i<·slroAID-ai.
liS onque subir l'apoph ' ( \
, , '
amSI, dans geni-Ior <. gena- <.
(cf. gr. ôrx(.L-V-ci-(.LEV). g l'
enH _'
d _
CI
.ollle _ v. p. JG);
oml-lor< doma-< ·domH 2-
Il convient dès lors d'interpréter slrâ-Ius (en face de a't'pw't'6c;)
comme analogique de slrâvi (analysé slrâ-vi); et, inversement, (g )novi
(contre • gnâvi <. gn 0A ID-ai, forme attendue) comme analogique de
7. Entre consonnes, un grou e H
p - 1y- a ouhl ~\ ,l, par des inter-
b ..- (g)nà-lus<*gn oAw-lo-. Malgré la nécessité de recourir fréquemment
médiaires Ht y (dégagemen t d;
(élision de H devant la vo ell un~.v0":fe le de_ ~ranslbon) puis iy> ï à l'analogie pour rendre compte des formes eITectivemcnt attestées
dh~yali c( il suce du lait J;<*~jlCI_~n_sl_d)a~s{dLUs<·~hH-y-:(Cf.Skr. dans les langues, le principe défini par A. Martinet apporte une expli-
traitement dans 7t~-aL (c bOl's J) ('Impl Y' e grec presente( le •même
cation simple et séduisante à de nombreux faits qui demeuraient
_ é r aor) <. H a
d e 7tW-(.Lrx, 7tl-7tw-xrx), et traite de m" . _ P _ a-Y- rac. peJ-I - jusque là irrationnels.
pab!Jur). Le latin, qui connait poure~ef~Iw en u (7tUp cele feu J); cf: hitt. 9 bis. Corollaire. Le latin présente, pour da-re « donner JI, des
pas d'ex. sûr de ce dernier traitem en t . u un autre nom, ne presente formes de subjonctif archaïque duim, duam. Elles s'éclairent si, en
application des vues de M. l\'lartinet, on pose ·d(A) "'-ï-, ·d(A)ID-â-:
8. Après consonne occlusive t d tandis que l'élision devant voyelle frappe la portion laryngale du
européen s'élidait parfois e ,e evant voyelle, II dès l'indo-
' e pr ~e .ente d'U!le
.. ' n marquant la consonn é' d phonème, l'appendice labio-vélaire demeure articulé. On expliquera
aspiratiOn, que n'atteste jamais le 1 t' 0
genus = "(lvoç (. gen-(H y-os) . 1 U- a ~~'l ~ o~tlent amSl, cn latm, de même cypriote ouftivOL, optatif d'un *ôuf -a.VW < • d( A) "'- °nà (u
(.Lwv<.lel-H -). l ' 0 0< 0 no< Ij-n-(H 2)-o; cf. 't'EÀrx- étant une voyelle de transition secondairement introduite dans le
2 groupe dw-); une autre forme, ooftvcu, peut procéder de *Of-ÉVrxL par
Le verbe bibo pose un problème L f r . .
montre que latin et falisque ont ro~édeé a Isque ,pl~pa:f0 «, Je boirai J) introduction analogique dans le radical de la voyelle 0 de ~ôo(.Lé:V,
consonnes à partir d'un • '-b - ~ . b' p~r assimIlatIOn mverse des ôo-'t'6-ç.
bali<.pi-p(Ha)-e-li. On /~x ~'i Pl- Li qUi corresp?ndait à skr, pi-
rait dès l'in do-européen exe
Le cas d d .
é
l il
la sonore par 1 mfluence qu'au-
rc e 3 s~nore avant son élision.
10. A la finale absolue, les traitements paraissent identiques à
ce qu'ils sont dans le reste du mot, à équivalence du phonème précé-
e Ulm, duam sera exammé ci-dessous (9 bis). dant H. Le groupe -eHz est attesté dans les formes lriginlii, qua-
draginlii, etc ... ; -J-I 2 produit -cl des neutres pluriels types lempld,
9. Si le traitement des grou es - H - genera (-eIl2/-II2 étant à date ancienne un suffixe de collectif), -CIIl
pas établi par des exemples sUffis;mm e tl , eH 2- devant ,voyelle n'est
-eH - a fait l'objet d'une sédu' t en.m ~ombreux et surs, le groupe est peut-être attesté dans les thèmes nominaux en -yë- type malcrië-s;
M. aA. Martinet 1. H , selon ce :;;nufst erpr~tation de la part de
et dès lors le doublet maleria pourrait reposer sur -yI-Il (avec, en ce
3 cas, une prononciation analytique, non-diphtonguée). Le groupe -eH 3
caractéristiques articulatoires q g Ii e, aurait présenté les mêmes
ue 2' avec en plus la production se rencontre sernble-t-il à la finale de oelo, ego (très LûL scandé ego: v. p.
re
94); et fournit peut-être la désinence -0 de 1 personne sing. ver-
vale; H ne parait pas attesté en latin à la finale absolue.
1. Voir Economie de& changements phonétiques (Derne, 1955), pp, 212-234. s
€J7
66
11. A la question des laryngales il convient enfin d'annexer le
b) A l'initiale absolue devant occlusive ou s. Ainsi, dans uslus
problème des phonèmes autrefois· désignés .(improprement) par
<*(1I 1 )ws-lo-, en face de üri5<*(H 1 )ews-i5.
1( sonantes longues ll. li s'a_ git là ~'u~~ tc.r~}.!l~ogie ~!!!Rru_ntée2 ~a
grammaire sanskrite, le sanskrit opposant des sonante de deux c) A la finale absolue, on attendrait -u < w dans les neuLres du
quantités, par exemple r et f. En fait, ces « sonantes longues II consti- type genu, cornu; mais la scansion parfois longue de ces formes pose
tuent, entre deux consonnes, d'anciens groupes sonante + H: un problème (v. p. 198).
ylI> ï, wH> ü, déjà étudiés (l, cl, étaient d~jà des exemples de 2. w se Inaillticllt intact dans lcs positions suivantcs :
tels groupes. On peut en citer d'autres, formés à partir de sonantes
diverses : a) A l'initiale absolue devant voyelle. Ainsi dans uello < * wegh-
rH>lat..-ra-. Ainsi, sur 'une racine *glDer-H- « louer, exalter» (gr. (f)oxoç, pamphylien fe;Xhûl); uïdï<*weid-j ueslis<*wes- (gr.
(skr, grnâli « il loue II < * g IDr-n-eH-li) est formé, avec vocalisme radi- e:t(.La. < * wes-mIJ); uolo < * wel- (gr. (f )t:Àmç).
cal réduit, un adjectif verbal *glDr-H-lo-,. d'où lat. grcïlus (et grcïlia), b) En position intervocalique devant voyelle longue, même si
osque braleis, skr. gürléz~. . les deux voyelles encadrant w sont de même timbre. Ainsi dans aua-
lH> lat. -la-. Ainsi, à gr. yrJ:J...a.x'r-oç < * gIH 2k-l- le latin répond rus; seuërus; diuïnus. Des formes telles que audiï sont analogiques
par laci-is « lait» < * (g )lcïci-. De même, sür la racine * lel-ll ~- de 're;Àa.(.L~v de audi(w)imus, où w a normalement disparu (v. 3, b).
est formé l'adjectif verbal *il-H 2-1o-; d'où lat. (1) Uïius, gr. 'rÀ1j'réç. c) Après consonne liquide intérieure: servï; salvï (d'où réfection
nH> lat, -ncï-. Ainsi, sUr. la racine * gen-1I 1- de genLior, gr. ye:vÉ'rûlp, de servos, salvos, v. 3, cl.
skr. jânilar-, est formé un adj. verbal * gn-H 1-10-,. d'où lat. (g )ncïlus;
d) Après s, une voyelle u de transition de dégageait à l'intérieur du
gr. xa.cr(-yv1j'roç, skr~ jald~.
groupe sw. Ainsi dans su(w)cïvis < *swcïdw- (gr. &.ouç); su(wjësco
Il semble que dans ces groupes, et en prenant pour exemple
<*swëdh- (gr. ~Ooç «habitude »). A l'intérieur, le même traitement
la forme dernière citée, l'évolution se soit produite comme suit :
apparatt dans consu(w)ëludo. Dans toutes ces formes, w, bien que
Une voyelle de transition s'est glissée dans le groupe nlI l (d'où
prononcé, n'est point noté de façon distincte, une habitude graphique
*gn O Hdo-) à un stade où H tendait déjà, dans le parler ancêtre du
du latin faisant de V (signe unique pour u et w) le représentant glo-
latin, vers la prononciation a,. le groupe OH a ainsi pu évoluer ulté-
bal du groupe -uw-.
rieurement en a.
Dans les groupes sonante + Ha, on attendrait en latin que °H3 N.B. 1. Les formes sex (gr. dor. HO, së (gr. hom (f)ë:) paraissent
évolue en 0 (v. ci-dessus, 9); et c'est en eITet ce qui se produit dans en latin reposer sur des thèmes anciennement dépourvus de w.
(g)nolus <* gnOHa-lo-.Les formesslralus < * slrOHa-lo-,. gncïrus <* gnOHa- N.B. 2. Le traitement particulier de mcïvolo <* magz-volo <
ro- doivent peut:'être leur -cï- à l'analogie, respectivement de' slravi *mag(i)s-volo s'explique à la fois par la longueur du mot et le senti-
(v. 9) et *gncïvi, lui-même refait en (g)novi d'après (g)nolus et
ment durable de la composition.
(g)nosco < * gn-eHa-. .
e) Après le, le groupe kw étant par le latin (ct le celtique) traité
D. LA « SEMI-VOYELLE» W comme équivalant à la labio-vélaire k UJ • Ainsi dans equos (celt. epo-)
en face de skr. dçva~, gr. L7t1tOÇ (v. p. 50, n. 1).
D'articulation bilabiale assez faible (moins cependant qu'ell
grec), cette sonante a subi en latin divers traitements. Réservant le f) Des cas précédents, où la conservation de west phonétique,
cas où west second élément de diphtongue, nous résumerons ces on distinguera les cas où le maintien de west analogique: v. ci-dessous .
traitements comme suit: 3. Eu rcvanchc, w disparaît, cn latin, cn plusicUl's posi-
1. w se vocalise cn u Cil cel'taincsposiliollS : tions :
a) Entre deux consonnes. Ainsi dans e-duc-are (* dwk-) en face a) A l'initiale absolue devant liquide: lana < * (ll)wlcïna (hiLt.
de düc-is < * dewk-; fu-lurus < * bhw- ,. (cf. gr. <pu'r6ç, <pGmç) en face de !Julana); radix<*wrddix (gall. gwraidd); etc ...
skr. bMvali (* bhew-( 1I)-); pu-lus « petit garçon)) paraît de même b) Entre deux voyelles ùe même timbr~, pourvu que la seconde
représenter *pw-, degré réduit de * pelow-( dans puer < * pow-ero-s). soit brève. Ainsi daus dïlis<.dï(u)ilis,. audïsli<audï(u)isli; delëras
68 69
<delë(u)eras. Une forme telle que ciuls est demeurée à la fois par semblablement sur *dwi- apparenté au thème de duo (prononcé
rdu cl'une proHonciation monosyllab-iflue ~GÏs- e-t pal'--8naJeg-Ï-e- d€ ~du-w-O}-r ma-is.-..œtte-f.or~ est- r.éduite à wï- _dès J'indo.:oe.w:o:péen _:
ciui, ciués, etc ... (v. 2, b). crétois fï:xa:n" a,:,estique visaili, etc ...
c) Devant voyelle J, en toute position hors de l'initiale absolue N.B. 2. A l'intérieur, dans un mot tel que suauis < s"wad-wis,
(v. 2, a). Ainsi dans suror<'s(w)OSo,.<'swe/os-r; som nus < 's(w)op- la coupure syllabique a permis une assimilaLion d'un autre type:
no-; deus<*deywo- (skr. déva~); Mürlis<Mëùwrlis, attesté. Des dw> ww (ensuite simpli fié a près voyelle longue).
formes telles que diuus, prauus, gnauus, etc .. . , sont analogiques de
diui, praui, etc ...
d) Dans les groupes -owe-. Ainsi, dans nünus <* nowen-o-s; moLus E. LA « SEMI-VOYELLE» Y
<' mowe-lo-s. Le même traitement s'applique à -w- non-étymologique
et produit par une labio-vélaire, comme on le voit par volum <* vowe- En dehors des cas où elle fonctionne comme deuxième élément de
lo-<'(H)wogWh-e-lo- (ombrien vufeles « vülis »; autre vocalisme, diphtongue (v. p. 107 sq.), elle subit en latin les traitements suivants:
'11 1ew-g( W)h_, dans gr. EUX0(J-CH). 1. Vocalisation en r. Elle s'observe à l'initiale absolue devant
N.B. On remarquera que devant voyelle autre que 0 ou e, notam- consonne : i-ler< * (Hl)y-ler (degré réduit de * II1ey-, dansï-re,
ment devant l, la syncope de la voyelle suivante faitde-w- un deuxième gr. d(J-L); à l'intérieur entre consonnes: fldes<*bhydh- (degré réduit
élément de diphtongue. Ainsi dans prüdens<' prow(l)dens; brüma de * bheydh-, dans fido, gr. 1td6u»; à la finale absolue après consonne,
<' brew (l )ma; pauper < * paw (r )paros ; naufragium <niïw(l )fra- où une évolution ultérieure fait en latin passer -l à -e (anl-l>anle:
gium; etc ... v. p. 103).
e) Enfin, w bilabial disparaît après consonne labiale, par confu- 2. Disparition. Elle s'observe en latin uniquement à l'intérieur
sion articulatoire des deux phonèmes. Ainsi, dans les futurs en -bo et entre voyelles. Ainsi dans les Nom. PI. animés de thèmes nominaux
<'-bhw(I-l)-o; les imparfaits en -bii-< 'bhw(l1)-a- (v. p. 327); en -y (civës < *ciuey-es; cf. gr. 1t6ÀELÇ< *1tOÀ€y-EÇ); dans les verbes
les formes aperio, opaio, issues de ' ap-werio, * op-werio. Après f, itératifs-causatifs en ~eo < *-eyo (type moneo, en face de skr. miin-
dans forum < 'dhwo,.- (v. s\. dvorll), et fons (si l'on accepte l'étymo- ayali); dans les subjonctifs de type amem < ' ama-yë-m.
logie ' ghw-onL-s de Curtius : rac. ' ghew- de xt (f)u» la disparition de w Ce traitement étant constant, il en résulte que tout -y- inter-
pourrait être imputée à la présence de u suivant; mais c'est bien f vo~alique apparaissant en latin historique doit noter une géminée
qui l'explique dans {teri < ' bhw- i yer- (le traitement de fu(w)am -yy-, ainsi que d'ailleurs en témoigne la scansion de certains mots,
s'expliquant, lui, par dégagement d'une voyelle de transition: * bh"w-.) où une syllabe longue ne s'explique que par « position n. Ainsi,
miiior< *miig-yos- (cf. miig-nu-s; gr. (J-tya:ç); pëior<'ped-yos-; cüius
4. Il convient enfin de signalel' le traitement pal'liculi('r (issu probablement de * lc lO o-syo-s: v. p. 229); toutes formes pro-
des groupes dw-, lw- initiaux. Une assimilation progressive de point noncées en fait * miiyyo,., , peyyor, *CUyyllS.
d'articulation les ayant fait passer respectivement à bw-, pw-; et -w-
disparaissant dès lors après labiale, ces groupes aboutissent finalement 3. Partout ailleurs, y se conserve en latin. Ainsi, et contrairement
à b-, p-. Ainsi dans bonus <' dweno-s; bellus <' dweno-lo-s; bellum < à ce qui se passe en grec, à l'initiale de mot devant voyelle: iugum
dwellum; bis <' dwi-s; paries < *lwar- (liLlve,.iu « embrasser, enclore »). (gr. ~uy6v, skr. yugam, hitL illkan); iecllr< 'y~lcW-r (gr. ~1ta:p, skr.
yalql); iüs « le droit » <' yews (skr. y6~); etc ...
N.B. 1. Le nom de nombre vïginlï « deux dizaines» repose vrai- Après consonne, deux prononciations possibles du groupe con-
sonne + y entraînent des clTets difTérents :
1. Cerlains (ainsi A. ErtN OU T, J~'lémel//s dialcelau.Y uu vocalJlllail'e lalin, a) Une voyelle -ï- de transition sc dégage enLre la consonne et y.
pp. 4 ~) -51) pl'oposenl un lrailemenl difl'él'enl : d a ns le groupe -owe-, une syn-
cope de -e- enlraînerail dans un premier Lemps une diphlongue -ou-, qui évo- Ainsi dans siem (prononcé 'siyem); diés ('diyes); cieo ('ci!Jeo);
luerail ensuile vers -6- selon un lruilcmenl non laLin, mais d1aleclal (v. p. 110), quia (*quiya); hiems (' hiyems); ou, à l'intérieur, dans capio ('capiyo)
Il nous paraîl bien difficile d'admeUre le caraclère dialeclal de formes lelles dubius ( < * -bit (w )-i!Jo-) ; validior (-' idiyor); medius ( <' medh-iyo-s ;
que nanus, mo/us, uo/us ... cf. osque me{tu, gr. (J-tcr(a)oç); etc ...
70 71
b) Aucune voyelle de transi tion ne se dégage ~ Le groupe CQ.nsonne a) Entreconsonnes_:
~~~n~p~s,wb~neus~~tio~point~artiw~t~n~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
ct de mode d'articulation) qui eIitI:'aine une géminée _yy_. Ainsi [>or: mors < *morl(i)-s<*m[-li-s (skr. m[lih); morlulls réfec-
dy > yy (simplifié à . l'initiale) dans lupiler, louis < * dyew- (en face de tion d ' après ur-uus d'un * morlus < * m[-lo-s (gr. éol. (fl)ôp6't"oç); ;orlus <
diem < *diyë-(w)-m); peioris (notant *peyyor-) <*ped-yos-es (en faco *p[-lw-(gaul.-rilu-,dansAuguslo-rilu-m«lepassage=guéd'Au guste)l).
. '11 En face de uerlo <*werl-o, l'adjectif verbal devait être initialement
d u t rmtement lustré par ualidior<*ualid'yos, avec voyelle de tran-
uorsus < *w[l-lo-s; les formes uorlo, uersus, traduisent des nivellements
Sl'tl'on)
. .
De me'me gy (assl'ml'lé d' bo d
,- -
d) b t't'
a r en - y- a ou 1 a -yy- ans
d
maior (notant * mayyor) <* mag~yos; ou dans aio « je parle» (notant ~:~o:~:~:.s du vocalisme radical, par extension analogique dans les
*ayyo) < * ag-yu (cf. ad-agium, prononcé * ad-ag-'yum) . Le groupe -sy-
parait avoir eu le même traitement dans cuius (notant * cuyyus) l> 01: mollis < * mld (w) i-s (skr. m[dû~; gr. &-fl<XÀM-vw, et, avec
<*/c"'o-syo-s.(v. p.229); mais ce mot est unique en son genre, et le un autre élargissement, fl<XÀOax6ç); pulsus<*pld-lo- (en face de pello
type N umerLUS, parallèle, procède d'une prononciation * N umas'yos < * peld-o); p e/'culsus < - * lcld-Io- (en face de per-cello < * keld-o).
(cf., sur la Fibule de Préneste, Numasioi). b) A l'initiale absolue devant consonne.
* r>or>~r:ursus<*orksos<*[k'o-s (gr. &px't"oç, skr.tksa~); uma
F. LES LIQUIDES L, R < ork-sna< (l-IJTk- (cf. arca «cofTre»<*H 2erk-; orca« tonneau Il
< * l-I 20rlc-).
Produites par . le frottement de l'air expiré contre les parois 1>01> ul: ulmus<*olmo-<*Jmo- (ceU. *limo-, d'où irl. lem
latérale (1) ou supérieure (r) de la langue, elles se caractérisent par « orme »).
la simplicité de leur articulation, qui leur confère une grande stabi- c) A la finale absolue après consonne.
lité.
~>or>llr: iecllr<*yek'"-[ (gr. ~7t<Xp, skr. ydkr-l-, où -t- est un
La surface latérale de la langue présentant une assez grande
élargissement); femur, sans étymologie, connue, présente sans doute
étendue, 1 a pu, selon les cas, s'articuler plus à l'avant ou plus à
le même traitement. A noter que i-Ier, bien que fléchi selon le même
l'arrière. Il s'articulait plus à l'avant devant voyelle r,
ou e, ou con-
système « hétéroclitique » (v. p. 148), ne repose pas sur *i-1r mais
sonne 1; plus à l'arrière devant ~, J, ~, li, ou toute consonne autre
sur * i-Ier (hitt. ilar). '
que 1; cette variation de point d'articulation s'expliquant par antici-
pation articulatoire devant phonème d'avant ou phonème d'arrière. . On observe, dans les exemples qui précèdent, tantôt la conserva-
Les latins avaient conscience de deux prononciations difTérentes de l, tIOn de 0, tantôt le passage à Il de la voyelle. Le détail des faits
qualifiant de pinguis « gras» 1 d ' avant, d'exilis «( maigre» 1 d'arrière; n,'est pas enti~rement expliqué, et peut-être 0 et Il ne sont-ils pas de
terminologie à laquelle les phonéticiens modernes ont substitué celle tlmb~e ,très dlfTére~t. On c?n~tate cependant que i5 (articulé un peu .
de 1 palatal (l d'avant) et de 1 vélaire (l d'arrière) . La qualité de plus a 1 av.ant que u) s~ mamtIent devant 1 palatal (mollis), et après w
palatal ou de vélaire, qui doit être prise en considération lorsqu'on (~orSLls; .slmple graphie peut-être, car uu- devrait être noté par un
étudie le traitement de la voyelle précédant l, n'a pratiquement signe unique U-, et dès lors une même graphie VRSUS pourrait se
aucune incidence sur le traitement de 1. On remarquera au demeurant lire * vursus ou ursus). Quant à morluus, c'est peut-être sous l'influence
que cette variation de point d'articulation, conditionnée par le point dissimilatrice de sa finale -u(w)us qu'il a gardé -0-, analogiquement
d'articulation du phonème suivant l, . ne s'accompagne d'aucune conservé dans mors. .
valeur distinctive au niveau du' signifié; ce qui revient à dire que
1 palatal et 1 vélaire constituent deux variantes combinatoires d'un 2. Hors dcs positions susdites, r et 1 se conservent en latin.
seul et même phonème, 1. Notamment:
Les traitements de 1 et r en latin sont de deux sortes: a) A l'initiale absolue devant voyelle: le go (gr. Àéy<ù); linquo
1. Vocalisation. Elle se manifeste par le dégagement, devant (gr. Àe:btw); rego < * (1I3 )r-eg- (gr. opéyw); ruber <* (Hl)r-w-dh- (gr.
la liquide, d'un poi'nt vocalique qui en italique a pris le timbre o. è:puOp6ç ).
On observe cette vocalisation: b) En position intervocalique: fero (gr. <pépw); uolo<*wel-o.
72 73
r r
c) Après toute consonne. On assiste parfois à l'assimilation à -1- a) Entre consonnes.
(dont se manifeste ainsi la grande stabilité) de la consonne précé- 7J>en:mens<*menl(i)-s<*mt}-ti-s (skr. mati~); lenlus<*ltJ-to-
_ _dente. Ainsi dans les groupes dl> U (sella<* sed-la' longus <:;; * dloR- ---~(gr. 't"1X't'0çJ; et avec passage e lâl;long-rnqu-us, prop-lnqu-us <"-t}'k "'0-
gus? cf. vx. sI. dlugu) ; ll- initial produit de même dl, d'où li- (lalus < (cf. gr.7tvo-, &ÀÀoO-IX7t6t; 1.
*lliilus <*Ua-Io-s <*UoH2-10-) ,.cependant qu'à l'intérieur, notamment
m> em: cenlum < * (d)cem-Io- <* dlcT[l-lo- (gr. ~-xlX't"6\1, skr. çaLam);
dans le suffixe *-llo- formant des noms d'instrument, l'évolution est
venlu"m (est). <* gIDT[I-Io- (skr. a-gam-am « je vins)); got. qiman «venin;
ùiITérente : -*llo- passe d'abord à -*'clo- (recul du point d'articula-
gr. - ~1X't'6t;, myc. -qo-Io < * g 1Df!l-10-).
tion de l'occlusive devant 1 vélaire); d'où -*'t'lo, et enfin -*culu- (po-
culum<*po-llom,. de même specla-culum, etc ... ). b) A l'initiale absolue devant consonne.
d) Devant toute consonne. Ici encore la solidité des liquides se tJ> en: inguen <* enguen <*t'g lOen (gr. ~O~\I);. préfixe privatif
manifeste par l'assimilation après elles de la consonne suivante. Ainsi, in- <* en- < *1}- dans de très nombreuses formatlOns (zn-cerlas, zn-Icger,
rs> rr (ferre < *fer-se); ls > li (velle < * vel-se),. ln> li (collis < *"ol- etc ... ). Le passage de e à i est mal expliqué; on l'observe devant n
n-: cf. lit. kalnas; lolio<*lol-n-o); ld>ll (pelio<*peldo: cf. pul- en plusieurs langues (grec arcadien t\l pour È\I; -fLLVot; pour -fLEVOt; au
sus < *pld-lo- ; cella <* keld-o: cf. -culsus <* kld-to. On notera que, -lt- participe médio-passif). L'influence analogique de for~es telles que
étant stable en latin (cf. altus), le thème meli- du nom du miel ne peut i-gnarus (* in-gnarus > * i!J-!J!Jarus, v. infra, avec mOUIllure dégagée
représenter *mell- (cf. gr. !JlÀ(-'t"-Ot;), mais autre chose (*mel-n, ancien de !J!J) a pu également jouer.
thème neutre? Explication proposée par E. Benveniste, Origines ... , Pour T[I-initial, on ne dispose pas d'exemples sûrs.
p. 8).
c) A la finale absolue après consonne:
e) Enfin, à la finale absolue. Si -1 est peu attesté en cette place
-n > -en: Ainsi, dans toutes les formations suffixées en -men < -* mt}
(sai, sol sont pratiquement les seuls exemples de -1 anciennemenl
(gr. -~IX); type ceria-men, leva-men, etc ... A not~r que novem, <l:ui a
final), -r est bien attesté, notamment dans les noms d'agent en -lor,
subi l'influence analogique de decem, est un anCIen * noven,. malS ce
ct les infinitifs médio-passifs archaïques en -ier (imilarier, figier, etc ... ). dernier (à la différence de gr. ÈWÉ(f)IX) ne repose pas sur *newt},
On aura soin de distinguer de ces exemples ceux où -r procède d'une mais sur *newen, comme le montre nonus < *nowcn-o-s.
extension au nominatif de -r-<-s- aux cas obliques (arbor, à côté de -m>-em: Ainsi, decem<*dek'!l (gr.oÉxlX, arc. oÉxo). Toutes les
arbos). forme; en -em d'acc. sing. des thèmes consonantiques (type düc-em,
ration-cm) entrent dans cette catégorie.
G. LES NASALES N, M
2. Disparition de n, m. Elle s'observe en deux positions.
Constrictives dans la mesure où, lors de leur réalisation, une a) n, m, par desserrement de leur · articulation occlusive, ~ispa­
partie de l'air expiré emprunte la voie nasale, elles ne sont pas moins, raissent devant les siffiantes s ct f, avec allongement compensatoIre de
par leur réalisation au niveau oral, des occlusives,' respectivement la voyelle précédente (v. p. 104). Cette disparition est 'conj~intement
dentale(n) et labiale (m). Dès l'indo-européen, dans les groupes attestée par le traitement des langues romanes; par le témol~age de
nasale + sonante, seule la deuxième sonante se vocalisait (*mr-li-, Quintilien (Inslitution Oratoire, l, 7, 29); et par les graphIeS des
*m1}-li-, d'où lat. mors, mens; et non *T[lr-li-, *T[ln-ti-). A date histori- inscriptions anciennes: cosol, cesor, mesis, pour consul, censor, mensis,.
que, hors des positions qui dans les structures indo-européennes entrai- cofeci, iferi, pour confeci, inferi. Dans la graphie classique, la nasale,
naient la vocalisation, le latin traite les nasales en consonnes pures bien que non-prononcée, est notée, sous l'influence de divers facteurs:
et simples. Trois ordres de traitement doivent être distingués en sentiment de l'unité du paradigme (legens, d'après legenl-is,. d'après 1
latin: 1
1. Il esl possible loulefois que le -i- présenlé par les formes latines j..
1. Vocalisation. Elle consiste en un dégagement ancien d'un longinquus, propin'lUUS, eLc ... , soi~ d'origine i~do-européenne : cf. le ly~e
point vocalique devant la nasale, qui prend en italique le timbre e. hiltile man-in/cu « silué à courle dlslance ». VOir E. BENVENISTE, Études htl-
Cette vocalisation s'observe: lites ct indo-européennes, dans B.S.L., 50, pp. 29-43, nolamment 41.

74 75
( r ! '
lziem-is, hiem-s, où le souci de prononcer le -m- Il parfois entrainé le lus). La disparition de s devant nasale, déjà évoquée (v. p. 59), ne
dégagement d'un p parasitaire: hiemp-s (v. p. 81); sentiment de concerne pas à proprement parler le traitement de n, m.
--- l'étymol~gle~de J.!l. compositi91L(Ln-sW_~;in~spicio; .În-:.s ciens ;_etc ~). 1
b) A la finale après voyelle, m, d'articulation bilabiale, et solli- H. ASSIMILATION ET DISSIMILATION DES CONSONNES
citant donc des organes mous, connait, en cette position cc implosive
absolue », une grande débilité. On sait que dans la métrique classique Nous avons, jusqu'ici, examiné surtout la transformation des
-m final fait position devant consonne, mais devant initiale vocalique sons de l'indo-européen au latin, dans ce qu'elle a de régulier et de
du mot suivant n'empêche point l'élision (Virgile, En. l, 3 : müll(um) constant. Mais, au niveau même du latin, certains sons, stabilisés
ïlle). Dans certaines inscriptions anciennes, notamment C.LL.P, 9 : dans la langue comme phonèmes au terme de eette évolution, connais-
épitaphe de L.C. Scipion) -m final n'est même pas noté après voyelle. sent encore dans la parole des altérations en certaines positions j
En réalité, il avait gardé une faible articulation qui explique qu'il altérations dues au fait que ces phonèmes subissent dans leur réalisa-
fasse encore position devant consonne, et que la graphie classique tion l'influence de phonèmes voisins, situés avant eux ou après eux.
prenne soin de le noter. Cette prononciation devait être encore assez Nous avons déjà par la force des choses recouru parfois aux term.es
sensible pour que les Latins aient gardé le sentiment de la désinence d'assimilation et dissimilation. Il convient à présent de les défimr.
d'accusatif.
c) A la finale après voyelle longue, -n, comme -d (v. p. 58), 1. L'ASSIMILATION
dis parait ; mais alors que des graphies anciennes ou archaïsantes
attestent encore -d, -n a définitivement disparu avant les premiers L'assimilation est un processus par lequel une ou plusieurs
textes. Cette disparition de -n s'observe presque exclusivement dans caractéristiques articulatoires se communiquent d'un phon~me à. un
les substantifs en -on (type ordo < * ordon) et -lion (type ralio < *ralion), autre, les rendant plus ou moins semblables dans leur artIculatIOn.
où n demeure attesté, à l'intérieur, aux cas obliques (ordin-is, ration- Ce processus relève en fait du dynamisme de la parole: d'une façon
is). qui échappe à notre conscience lucide, nos organes phonateurs se
mettent en condition pour réaliser correctement, dans un groupe de
3. Dans toutes les autres positions, le latin conserve les nasales; phonèmes, celui qui réclame le plus d'eITort; cette trop ~rande
notamment: concentration devant l'effort fait que le phonème le plus falble du
groupe est lui-même affecté d'une force articulatoire qu'il n~
a) A l'initiale devant voyelle (novus = gr. vU oc;; màter = gr. (1.aT1jp). 1
demandait pas, et qui a pour eITet de l'altérer. C'est pourquol
b) Entre voyelles (domàre, cf. gr. M(1.-v-a(1.~; teneo). l'assimilation, selon une formule de Grammont (Trailé de phonétique,
p. 185), est une application de la cc loi du plus fort ». On appelle 1
c) Devant consonne autre que siffiante. Devant dentale, m
régressive l'influence assimilatrice exercée sur un phonème précédent
s'assimile en n (con-tu-li); devant labiale, n s'assimile en m (im-
par un phonème suivant, et progressive l'influence exercée sur un
pello). Devant occlusive vélaire, m, n, reculent leur point d'articula-
phonème suivant par un phonème précédent.
tion et deviennent une nasale vélaire 1) (notée y dans gr. ayye:Àoc;, ayx~),
L'assimilation étant orientée et régie par la c( loi du plus fort Il,
qui ne comporte aucune valeur distinctive, et constitue une simple
tout revient à déterminer quelles sont, pour un phonème, les posi-
variante combinatoire de n.
tions plus fortes ou plus faibles. Il va sans dire que les phonèmes
d) Après consonne. La consonne précédente, labiale ou dentale, explosifs, produits par une éruption brutale de l'air expiré, seront
s'assimile régulièrement à la nasale (somnus<*s(w)op-no-; penna< plus forts que les phonèmes implosifs, produits par une fermeture des
*pcl-na). On notera plus particulièrement le cas du groupe gn (ou cn> organes rendue possible par l'affaiblissement de l'expiration~ Mais
gn, par ex. dans * delc-no- > * deg-no > dignus) qui par assimilation on peut encore distinguer d'autres degrés. Parmi les phonèmes exp!o-
réciproque des deux éléments évolue en 1)1); cette géminée continue, sifs, les plus forts seront ceux qui suivent une tenue fermement mlse
à l'intérieur, à être notée gn (ainsi dans ignis, dignus, cognosco, etc ... ), en place, donc ceux qui font suite à une syllabe fermée (comme l
cependant qu'à l'initiale, elle se simplifie et est notée n (nàtlLs < gnà- dans cap-lus). Parmi les phonèmes implosifs, les plus forts seront
76 77

..
ceux dont l'~mplosion amène une tenue fermement mise en place, contrôle peu ou prou la réflexion. Le sujet qui écrit n'est même pas
donc ceux qUI dans le mot précèdent une consonne explosive (comme p toujours conscient des assimilations consonantiques qu'il pratique
~~!l~_c~ -lll~~ De, to~t c~J~_jLrJ;sul~~. ilue_l~on p_eut Langer_daDS-.UIL
dansJa_pa.role..._Ainsi_s.~explique_~le . sentiment .raisonnLde .la composi-
ordre de force decrOissante les pOSitIOns suivantes : 1° Explosive tion venant s'ajouter) que l'on ait pu écrire obluli, subfero, etc., ce
a?rès CO~s~~lI~e. (l dans cap-lus); 2° Explosive après voyelle (l dans que l'on prononçait opluli, suffero, etc.
Lalus) ~u a 11mbalc absolue (l dans lam); 3° Implosive devant consonne Si l'assimilation régressive est la plus notable, l'assimilation
~x~losIVe (p dans c~p-lus); 4° Implosive non-suivie d'explosive, c'est- progressive n'existe pas moins; mais elle n'apparaît que dans le cas
a-.dlre, dans la pratique, finale absolue (l dans legil). Un tel classement où le phonème implosif, rendu faible par cette position, comporte
laisse prévoir que l'assimilation du plus faible au plus fort doit le par ailleurs des éléments de force susceptibles de lui faire imposer sa
p.lus comm~nément s:exercer dans le sens régressif. De cette assimila- loi au phonème explosif qui vient après lui. De tels phonèmes sont
bon régreSSive, le latm fournit des exemples nombreux: nécessairement ceux dont la réalisation est particulièrement aisée, et
notamment, en latin, les liquides l et r. On note ainsi des formes ferre
1. Assimilation régressive de sonorité. Ainsi dans ad-luLi > dlluli . < *fer-se; velle < *vel-se; torreo < *lors-eo; collum < *le Wols-o- (germ.
*nub-si> nup-si; *leg-lo- > léc-lus (sur la voyelle longue. v. p. 105): hals). Mais cette assimilation est elle-même tenue parfois en échec
Inversement, *delc-no- > dig-nus (sur l'évolution ultérieure de gn par la nécessité de reconnaître clairement les composantes morpho-
v. p .. 76),; *~is~do > *siz-do .(d'où sido). Un groupe implosif peut logiques du mot. Ainsi, à la 2 e pers. sing. de l'indicatif, on trouve
parfoIs s aSSimiler tout entlCr : *eles-duco> *egz-duco > *ez(z)-duco fer-s (de fero), et non fer < *ferr, qui paraîtrait ne point comporter
(d'où é-duco). de désinence, et serait. homophone de l'impératif (thème nu).
2. Assimilation régressive de point d'articulation. Ainsi Il convient enfin de signaler des cas où l'assimilation n'est ni
*com-luli > con-luli; *ad-gero > ag-gero; ad-bibo> *ab-bibo (que l~ uniquement régressive, ni uniquement progressive, mais s'effectue,
gl'aphie continue à noter -db-). à des stades divers de l'évolution, dans les deux sens. De ce processus
complexe relèvent les traitements dw- > b, et lw- > p, déjà étudiés (v.
3. Assimilation régressive de mode d'articulation. Ainsi *scab- p. 70); le traitement g1) > g1» 1)1) (v. p. 76). Le plus important de ces
no->scam-num; *mU-si> *mfssi>mfsi; *sed-la > sella *milel-s traitements, non-encore examiné, est celui qui fait passer à une gémi-
> miles ' née -ss- un groupe ancien de deux occlusives dentales consécutives.
Ce traitement ne se rencontre qu'à l'intérieur du mot, et n'affecte
. ~. *Assimilation régressive de sonorité et de point d'articulation: pas les formes où le contact des deux dentales est récent (composés
AlOsl ad-cedo > ac-cedo; *ob-cano> oc-cino. du type at-lingo; formes comportant une géminée expressive, comme
peut-être mil-LO). Il affecte en revanche les formations anciennes,
6. Assimilation régressive de sonorité et de mode d'articulation: telles notamment que les adjectifs verbaux en -lo-. On a ainsi missus
a~nsi *s (w)op-no- > som-mus; sub-fero > suf-fero; *ad-senlior > as-sen- < •mil-lo-s; casus, ésus < *ciid-lo-s, *éd-lo-s (avec simplification de
lwr. -ss- < -dl- après voyelle longue, sur laquelle v. p. 105); pulsus, per-
5. Assimilation régressive de point d'articulation et de mode culsus < • pld-lo-s, *lcld-lo-s; etc. Le traitement en -ss- concerne,
aussi bien que -li- ou -dl-, les groupes comportant une ancienne aspi-
d'art~c~lati*o.n : ~ ob-s-l~nd? > oslendo;* ec-fero > ef-fero; *com-rapio >
rée dh; ainsi dans fossus < • bhodh-lo-s. Dans ce cas, la conservation
cor-npw; Ln-ngo> Ir-ngo,. *ad-rapio > arripio; etc.
d'une voyelle radicale brève (fossus, contre ca(s)sus: v. p. 83 et 105)
indique que le traitement s'est effectué à une époque où les anciennes
On peut dire en bref que l'assimilation régressive est un phéno-
sonores aspirées s'étaient muées en sourdes (v. p. 54, n. 1). Nous consta-
mène très général, dont les formes écrites ne permettent pas de mesu-
tons ainsi que les formes type al-linga et type fossus nous fournissent
rer toute l'ampleu~. Solidaire de la réalisation orale, mettant en jeu
deux jalons chronologiques extrêmes pour situer l'évolution en -ss-
des forces musculaIres que ne contrôle point la raison l'assimilation
d'un groupe ancien -li- ou dl-. Quant au processus de l'évolution, il peut
n'a point son équiva~ent dan~ l'écriture, qui ne sollicite point des
être résumé comme suit : Dans un groupe hétérosyllabique -ill-, la
mouvements musculaires aussI complexes que la phonation, et que
79
78
meridie < medïdic (attesté à Préneste), avec un passage d> r qui évo-
t?nue, e~tre ~ne conso~ne implosive et une consonne explosive iden- que le traitement (sans doute dialectal) de ad- dans ar-fuis~e,. a~-
tIques, n a pomt été mamtenue avec un soin suffisant. Il en est résulté _ _---'b=-=iter ('y:,-p-,_5_8J _:e.QllLI~sJi.q).üd~s_et - nasales, _onobserve.. : d~s:,-~hsslml­
e~tre les dents i,nsuffis~mment obturées, l'~~~~_n:t!m-t . contrôlé- - - lations l-l en r-l (du nom de Pales est dérivé celui des Partita); des
~---,d un-s{)ume:-e~rré-;-qlfl prodïlisal.t, ,en ' cette région articulatoire) dissimilations n-n en r-n (car-men, ger-men, issus de • can-men, • gen-
un. -s- paraSI~al.re. Le groupe ~l't- amSI obtenu a vu ensuite l'articu- men, sous l'influence de -n final). Pour les nasales, on observe une assez
l~tIOn c~n.strIctIve se commumquer par assimilation aux deux occlu- bizarre dissimilation m-m en f-m (par transposition en constrictive
SIves vOIsmes, d'où -ss-. labiale non-nasale de la labiale nasale, constrictive par son articu-
<?n cons.tate ainsi que l'assimilation a altéré dans la parole) avec lation nasale); ainsi dans formica < ·mormica (gr. !LUP!L'1)cJ Dans
parfOIS fixatIOn .dans la langue de la forme altérée, un grand nombre hibernus < •himer(i)nos (gr. xe;~!Le;p~'16ç), la constrictive h- exerçant un
de ~ots. O~ dOIt dès lors se demander comment la langue) système effet dissimilant qui se combine à celui de la seconde nasale n, la
p,récls de sIgnes d~nt. le.s oppositions ont valeur distinctive, a pu dissimilation produit non f, mais une labiale à la fois non-nasale et
s.accommoder de 1 assImIlatIon. On s'aperçoit en fait que l'assimila- non-constrictive, b. Pas plus que dans le cas de l'assimilation, on ne
tIon a to~c~é des consonnes en des positions et en des mots tels qu'au- note d'exemples où la dissimilation ait eu pour efTet de supprimer des
cune VarIatIOn de sens n'était entraînée par la variation d'articulation oppositions distinctives de sens.
frappan.t l~ consonne. On remarque même que, dans les rares cas où
une varIatIo~ d~ s~ns,. ou une obscurité morphologique, devait en être
la rançon, 1 asslmIlatlOn a été évitée grâce à une surveillance plus 1. L'ÉPENTHÈSE
grande exercé~ p~r le locuteur sur le fonctionnement de ses muscles Comme l'assimilation et la dissimilation, elle constitue un acci-
ph.onateurs. Amsl, la for~e. non:assimilée fer-s a été prononcée pour dent phonétique intervenant dans la parole. A leur difTérence, elle
~vlter, ~ar UI~e ,pr?nOn?latIOn ferr> fer, une confusion avec fer, ne se borne pas à modifier la qualité d'un phonème, mais introduit
Impé~atIf (qUI n a JamaIS eu de -s final) 1. Ce détail souligne combien dans le mot une consonne supplémentaire, qui, pour être au demeurant
l'esprIt du locuteur sait, lorsqu'elle est menacée) préserver l'intégrité connue de la langue, n'ajoute pas moins au mot un élément articula-
de la langue dans ce qu'elle a de pertinent.
toire de plus . '
L'épenthèse apparatt à la limite de deux syllabes, entre une
LA DISSIMILATION consonne implosive et une consonne explosive, dans des cas où,
l'implosive étant menacée d'assimilation ou de disparition, le locuteur
A la difTérence de l'as~imilation, la dissimilation concerne non des fait efTort pour en maintenir l'articulation. Soient par exemple des
P?onèmes en c?ntact) malS des phonèmes d'un même mot séparés par formes • dëm-si (perIectum de dëmo); * excm-lo- (dérivé de eximo).
d ~utres phone~es.' et pré~entant soit une articulation identique, Leur évolution naturelle serait ·demsi>·dêsî (v.p. 75), ·exem-lo->
SOIt des caractérIstIques artIculatoires communes. Selon l'explication .exello- (v. p. 78). Mais le locuteur estime indispensable la conser-
de ~ram~ont, lors de la préparation dans le cerveau des mouvements vation de m, seule capable de maintenir le rapport sémantique avec
artIculatoIres, une plus grande attention est portée à l'un des deux dëmo, eximo . Cette conservation entratne cependant une difficulté
phonè~es. (généralement le second), entraînant UIie négligence dans articulatoire, dans la mesure où l'enchatnement -ms-, -ml- suppose
la réahsatIon de l'autre. La dissimilation, pas plus que l'assimilation un brusque relèvement du voile du palais au moment précis où
ne crée ?,es sons nouveaux; elle se ramène simplement (ce qui soulign~ s'achève l'émission de la nasale . Conscient de cette difficulté, le locu-
en elle 1 Importance du facteur psychique) à la production d' « un son teur, relevant trop tôt le voile du palais, scinde de ce fait en deux
pour un autre JI.
La dissi~i~ation, comme dans la plupart des langues, a en latin
~ne .portée lImItée. Elle concerne presque uniquement les nasales et
1 segments l'émission de m: un segment qui conserve sa nasalité; un
segment qui, perdant sa nasalité, est réduit à une articulation b,
purement orale; d'où, par assourdissement devant s, demp-si. On
liqUldes, les exemples pour les occlusives se réduisant pratiquement à 1 attendrait, devant l, la conservation de b, d'où *exemblum (cf.
sim(u)lare> fr. sembler). Le p de exemplum fait difficulté, etl'analogie
1. Pour le verbe uolo, la ze pers. sing. ·uel-s> ·uel s'esl vu préf'rer sans d'une forme telle que exemptus (de toute façon impuissante. à expli-
doule pour la même raison, une forme uis < ·wei-si, bnlie sur une au~ro ~acine.
81
80
r r r
quer lemplum, < *tem-lo-, ou des formes du type aulumpnus, con- li. SIMPLIFICA1'ION DES GEMINÉES
tempno, attestées par des graphies vulgaires) ne constitue pas une
_ _ _ expJi~ tio~dé9~~te. Un groupe- de consonnes géminées n'est- autre- cho'se4 v:-j). 46)
qu'une même et unique consonne dont sont successivement perçues
deux phases articulatoires, correspondant à un bruit d'implosion, puis
J. SIMI'LIFICATION DES GROUPES DE TROIS CON- d'explosion. En de nombreuses langues, en raison d'un afTaiblissement
SONNES ,\
spontané de l'implosion, on observe une tendance à ne plus produire
Si l'épenthèse a eu pour efTet de constituer des troupes de trois que le bruit explosif; ce qui revient à substituer à la consonne géminée
consonnes, de syllabation aisée puisque les deux premières (dans lemp- une consonne simple. Cette tendance, nettement perceptible en grec
lum, emp-tus) constituent une séquence d'aperture décroissante, (v. M. Lejeune, Trailé de phonélique yrecque, § 302), a également
il a pu se faire inversement que des groupes anciens de trois GonSOnnes L afTecté le français, qui ne comporte plus aujourd'hui de géminées que
facultatives ou dialectales. En latin, la tendance à la simplification
se simplifient, en perdant une consonne d'articulation malaisée.
Nous ne ferons point intervenir ici les exemples qui entrent dans les des géminées se manifeste, mais son application est restreinte à un
cas réguliers: disparition de nasale devant s (co (n)-slare > Ir. coû- cas particulier: celui où le groupe géminé faisait suite à un élément
ter), de dentale devant s (a(d)-spiro). Deux cas dès lors retiendront vocalique équivalant prosodiquement à deux brèves (soit voyelle
longue, ou diphtongue).
notre attention :
Comparons, pour comprendre les faits, les formes mIs-sus et
1. La consonne intérieure est -S-. La présence, entre deux *cds-sus < *cèid-Io-s. Toutes deux comportent une première syllabe
consonnes, de cette constrictive relativement ouverte, interdit une de quantité longue. Mais tandis que dans le premier cas la syllabe,
syllabation normale par groupement des phonèmes dans un ordre comportant une voyelle brève, est redevable à sa structure fermée
d'aperture croissant ou décroissant. Dans de telles conditions, la de la quantité longue, il apparaît que dans le second cas la syllabe,
consonne initiale du groupe - qui peut être résistante dans des comportant une voyelle longue, peut changer de structure sans
conditions normales - s'assimile à -s-, et constitue avec elle un groupe nécessairement changer de quantité. Il en découle que * cds-sus
constrictif, qui devant consonne se simplifie. Ainsi b, résistant dans peut simplifier sa géminée, et devenir cd-sus, sans aucune modifica-
sub-sislo, s'assimile à s dans *subs-cipio> su(s)scipio; k, résistant tion du rythme quantitatif, alors qu'une réduction de m'is-sus à
dans dixï (= *dik-sïJ s'assimile dans, *eks-düco> *eyz-duco > *e(z)z- *ml-Sus défigurerait le schème rythmique de ce mot, En simpli-
duco> é-düco (v. p. 104); r, résistant et assimilateur dans ferre < *fer- fiant les géminées après voyelles longues et diphtongues, et après
se, s'assimile dans *ler-slis> *le(s)stis. Le résultat final est, dans tous elles seules, le latin a satisfait deux tendances contradictoires : la
les cas, la perte de la consonne initiale du groupe. tendance à réduire l'efTort articulatoire d'une part; la tendance
d'autre part à maintenir reconnaissable le rythme d'un mot donné,
2. Une occlusive se trouve placée entre r, l, n, d'une part; une élément essentiel pour une oreille latine, en vertu d'un atavisme indo-
autre consonne d'autre part. En position implosive, le bruit de sa européen.
fermeture se trouve comme réduit par la fermeture (incomplète, Cette simplification des géminées après voyelle longue ou diph-
mais déjà amorcée) correspondant à l'articulation de la constrictive tongue est en latin classique régulière et générale; et l'on s'étonne dè
'\

1
précédente r, l , n. Le résultat est que le bruit d'implosion corres- voir échapper à la règle un petit nombre de formes, qui font pro-
pondant à l'occlusive n'est plus perçu. Ainsi dans sarmen-lum blème. Ainsi, on connaît des formes (telles que mïlle; uïlla < *woik-s- 1

< * sarp-mentum; corculum < * cord-culum; fulmen < * fuI y-men ; quer- la; stella) où l'étymologie, ou l'apex d'inscript.ions anciennes, indiquent
,i
nus « de chêne li < * querc-no-; quinlus < * quinc-lo-. Parfois, l'analogie une voyelle longue devant -ll-. On a parfois expliqué la géminée par
au sein du paradigme a rétabli (de façon au moins graphique) la le désir de noter un -1- palatal, analogique de celui que présentent
consonne intérieure. Ainsi dans unc-lus (d'après unyuo); arx, faIx (devant -i-) les formes de même famille m ïlia, u Uicus, ou slëlio « lézard
(d'après les cas obliques arc-is, falc-is). Les cas de cunc-tor, cunc-lus, constellé ». Mais cette explication ne saurait s'appliquer à des formes
isolés dans la langue, s'expliquent mal. telles que corolla < * coron-( a) la; ou üllus < * oin( 0 )-lo-s, dépour-
vues de parèdres en -li-; non plus qu'elle ne rend compte des flotte-

82 83
ments graphiques camëlusfcamëllus ~ crocodïlusfcroco~ïllus; loquëla,
querëlafloquëlla, querëlla. Il est possIble que, plus simple~ent, la
- - -grapnie par -11- géminé ait constitué n prucédé, faculbatI:f- da-ns
certains mots mais stabilisé dans d'autres, pour rendre sensIble au
lecteur la quantité longue de la syllabe comportant une voyelle
longue. C'est probablement le même souci qui se manife~te à tra.:ers CHAPITRE III
les flottements graphiques du type ba.cafbàcca; lïleraflLile~a; !Liusf
lillus; etc 1. Enfin, il ne fait point de doute que la gémmatIOn a
constitué en latin un procédé expressif, observable dans des termcs LES VOYELLES
caressants (alla « papa »; mamma « sein » et II. maman »; etc.), ou
dépréciatifs (gibbus « bossu»; lippus « c.hassieux »; c:c). C'es!, pro- DE L'INDO-EUROPÉEN AU LATIN
bablement une gémination de ce genre qUi, en fa~e de lu-plier < dyew-
paler (ancien vocatif), se rencontre dans lüp-pcler.
A. L'ÉTAT INDO-EUROPÉEN

CONCLUSION Nous avons déjà signalé (p. 49) l.a pauvreté du système vc;>ca-
lique indo-européen. Il convient à présent d'examiner de plus près
Le latin, à date historique, et, pour p~endre un exemple, à l'épo- cette question.
que classique, possède, par rappo~t à. l'mdo-européen, un. système La grammaire comparée traditionnelle, dont les résultats étaient
consonantique considérablement slmphfié. Il comporte trOIS occlu- acquis à la fin du XIXe siècle, attribuait à l'indo-européen di~ voyelles,
sives sonores (b, d, g, notées B. D. GJ, toutes exclues ~e. la finale ~e correspondant à cinq timbres difTérents, afTectés chacun de deux
mot (dcs formes telles que ab, sed, étant en fait prochtIques); trOIS A B quantités; soit la liste: a, ii; e, ë; r, ï; 0,0;
occlusives sourdes, p, l, k (notées P, T, C ou Q: v. p. 57), ! étant seul C il, Ü. La suite de l'exposé deviendra plus
réquent à la finale absolue (3~ personnes -;erbales actI,:es);. deux -!'-
l claire si l'on symbolise sous forme graphi-
labio-vélaires, g'" (attestée umquement a~res consonne ~nténeure) .>t.. ..x. que cet ensemble de voyelles. En repérant
et k'". Alors que l'indo-européen p.ossédalt. une seule. ~lm~nte, le o. e
latin en conn ait deux: s (noté S), qUi ne persIste en poslt~on m~erv~­
-- d'après une ligne A-B les points d'articu-
o
..x..
lation, d'arrière à l'avant; d'après une lignç
calique que sous forme de géminée (ou d'ancienne gémmée slmph- a C-D les degrés d'aperture, de zéro à l'aper-
fiée); f (d'abord noté FH, c'est-à-dire wh! sur.la fibule de Préneste; ture maximale, on obtient le schéma triangulaire ci-contre. Si cette
ensuite, par simplification, F), exclu de l'mtérIeur de mot (,sa~f dans présentation traditionnelle des faits peut encore aujourd'hui être à
quelques termes empruntés à des parlers camp~gnards ou a d autres la rigueur admise à la condition que l'on accepte de se placer à un
langues italiques). Le latin conserve les s.e~m-:oyelles y. (noté l), point de vue de description non-structurale, et d'envisager le stade
exclu, lorsqu'il n'est point géminé, de la pOSItIon mtervocahque; et w ultime de développement atteint par l'indo-européen avant son total
(noté V), disparu en plusieurs posit.ions. Rcste~t ~nfin (toutes les éclatement, elle n'est pas moins, au regard de la linguistique actuelle,
laryngales indo-européennes ayant dIsparu) les hqUldes r, l (n~tées inadéquate.
R, L) ct les nasales m, n (not~es M, N). On c.onst~te, que .ce systeme,
apparemment encore assez rl.che, est en réahté, SI 1 on ~lCnt compte 1. Exam.inons d'abord les voyelles brèves. Deux remar-
des positions interditcs à plUSIeurs phonèmes, d'une relatIve pauvreté. ques très importantes s'imposent:
1. On a observé que celte gémination de la consonne se produisait e~ règle a) Si l'on considère une langue qui, telle le grec, a très peu modifié
générale après la voyelle portant le ton (v. ~. 1~6). Certains ont aussI posé le système vocalique indo-européen, on s'aperçoit que les plus vicilles
que l'introduction de la géminée s'accompagnait d un abrègem~nt de .la ~oy?lle racines indo-européennes apparaissent sous trois formes; ainsi la
longue précédente. La scansion étanl impropre fi nous renseigner, Il n eXiste
en fail aucun indiee sérieux de cel abrègement. racine *wey-d-f*woy-d-f*wy-d- ((f)dooc;, (f)o!oex: (f)LOW',I)j la racine

84 85
• bhey-d!z-/" hhoy-dh-/" bhy-dh- (m;(06l 1tl1tOLEl<x, 1t&1tLOwv); la racine une voyelle a, d'où 1tCX~ç<·1tIXf-L~-Ç. Dérivés de la même racine, avec
" g!zew-/" ghow- t ghw- X.t (f )6l, X,O (f )~, x,u't'6c;); la racine • dhl'-ehh-f* dhr- le sens péjoratif de cc trop petit, négligeable )), on note plusieurs
o.b!z-/*dh[-bh- ('t'pl:CP6l, -ç-pocp6c;, 't'l6p<X~~L); la racine "ientlon-tin- ('t'&ty'6l adjectifs afTu-blés · cle- ee--même-u-veeal-isme (l-"». gr. <x5po-ç, q:>cxüÀoç~
---<'~*'t'&V-y6l; 't'6voc;; 't'<X't'6c;)j elc::--:-ïÏ apparatt ainsi clairement qu'une racine lat. parvus < "paw-ro-; paucus; paulus; etc ... Meillet avait de très
(ou un quelconque élément morpholo,gique du mot) ne peut, si elle est bonne heure noté le caractère familier et, souvent, dépréciatif de ces
au vocalisme plein, comporter de voyelle que if ou 0, chacun de ces formations en a, auxquelles appartiennent en latin plusieurs adjectifs
vocalismes étant d'ailleurs solidaire d'une fonction morphologique
(e caractérisant des formations de présent verbal, ° des formations
exprimant des infirmités : cascus, flaccus, mancus, etc... Si l'on
considère au surplus que ce cc vocalisme a » est d'un faible rendement,
de parfait verbal ou des noms). Il apparaît tout aussi nettement on peut conclure qu'il constitue un vocalisme expressif, substitué à e
que i, Il, qui apparemment jouent le rôle de voyelles dans (F)L~WV, ou 0, vocalismes normalement attendus. Il s'agit dès lors d'un voca-
1t&1tL6wv, x,U't'6ç, sont structuralement sur le même plan qu~ oc de 't'cx't'6ç, ou lisme non ancien, mais secondairement plaqué sur un vocalisme e ou 0
pcx de 't'l6p<X/-L/-LCXL, reposant eux-mêmes sur tt, r, dans des cas . où la ancien. Bien que la démonstration du fait soit, dans l'état actuel de
racine est au vocalisme . zéro. Une évidence s'impose aillsi : r, Il, de notre information, impossible, on s'est avec quelque vraisemblance
(F)L~wv, x,u't'6ç, sont promus au rôle apparent de voyelles parce que demandé si a n'aurait pas été initialement un vocalisme inconnu de
le radical, dans une conjoncture morphologiquement explicable, ne l'indo-européen, et ensuite introduit dans certains éléments de voca-
comporte pas de vraie voyelle. Ce qui, en eITet, dans une forme telle bulaire indo-européen sous l'influence de substrats étrangers (v.
que (f)L~wV, alterne avec e/o, c'est zéro. D'un point de vue structural, p. 17). Il s'agirait, dans cette hypothèse, d'un cc vocalisme d'impor-
y/i de ·wey-d-/wi-d- est un élément consonantique collaborant à tation )); ce qui expliquerait le très faible rendement observé au total
l'expression d'un concept. (v. p. 49), non un élément vocalique pour ce vocalisme.
caractérisant sur le plan morphologique le terme exprimant ce Résumons nous: 'i, Il, étant des consonnes travesties en voyelles;
concept. D'un . mot. nous dirons que e, 0, sont en indo-européen des a étant une sorte de corps étranger dans le vocalisme indo-européen,
voyelles de slalut plein.; l, Il, des formes vocaliques occasionnelles' des
consonnes y, w, dans des cas où, slrucluralemenl parlanl, la vraie
°
on peut affirmer que deux voyelles et deux seulement, ct 0, consti-
tuaient d'un ' point de vue structural le système des voyelles brèves
voyelle esl zéro. en indo-européen.
b) La voyelle if pose de son côté un problème. Précisons tout
2. ExanlÎnons DlaÎnlenant les voyelles longues de l'indo-
d'abord, à ce sujet, que nous examinons ici « if indo-européen )), et
européen. Toutes, à l'examen, se révèlent de formation secondaire
non les diITérentes voyelles if qu'ont pu léguer aux langues historiques Il
une laryngale vocalisée (gr. tO''t'èX.(J.&Vj lat. diilus) , une sonante voca- !
a) Les plus anciennes d'entre elles paraissent avoir procédé d'un
lisée (gr. 't'<X't'6ç, ~<X't'6ç), un phènomène d'anaptyxe (lat. maneo < * mOnë-), allongement de voyelles brèves dans des circonstances morphologiques
etc... ' . déterminées. .
Sous réserve de cette précision, on constate parfois dans les Lorsqu'une racine produisait conjointement des formations ver-
langues indo-européennes qu'un if aITecte dans des conditions surpre- bales et des formations nominales, la formation nominale, notamment
nantes certains mots dérivés de racines par ailleurs connues avec les dans le cas des noms-racines (v. p. 35), était caractérisée par l'allon-
vocalisme normaux e/o/zéro. Le a de ces mots ne s'oppose pas à e, 0, gement de la voyelle radicale. Ainsi rëx (skr. raja-) en face de rego;
ou zéro, dans des conditions morphologiquement définissables: Il ne lëx en face de Lego. .
constitue pas une altération de e, 0, ou zéro, dans des conditions phoné- Dans les dérivés nominaux dont le thème se terminait par liquide

sans raison apparente, la place d'une voyelle if ou °


tiquement définissables. On a seulement l'impression qu'il occupe,
normalement
attendue. C'est ainsi que le latin atteste a dans magnus, en face des
ou nasale, l'adjonction au nominatif singulier d'une désinence -s
avait pour elTet de constituer un groupe de consonnes instable dès
l'indo-curopéen. La langue, désireuse d'éviter des accidents phoné-
radicaux mcg- de gr. /-LÉy<xç et skr. mâha-. Inversement tandis que tiques préjudiciables il sa clarté, reccurait donc il un procédé difTérent:
lat. puer (prononcé· puwer) procède d'un plus ancien * pow-ero-, le nom absence de désinence, et allongement de la voyelle prédésinentielle,
grec de l'cnfant, dérivé de la même racine * pe/ow- cc petit )J, comporte qui devenait ainsi la marque casuelle. Ainsi s'expliquent en grec les
86 87
Au terme de cet examen, il apparatt qu'aucune voyelle longue ne
voyelles longues de 7tocTIjp, ow't'wp, ~ye:!lwv, en faee de la brève des cas
faisait initialement partie du système vocalique indo-européen. ·Toutes
obliques (7trl't'€P-OC, ow't'op-oc, -Ijye:!l6v-oc). En latin, la longue ainsi cons-
les voyelles longues qu'a pu connaître l'indo-europé.e n avant son défi-
---w' tuée-s~t-maintenue - dans les thèmes-à-n.a~le (où-Ia nasale-a disparu
nitif éclatemenCétaient parrapport aux voyelles-brèves e caractère
après voyelle longue: ralio-[n; v. p. 76). Dans les thèmes à liquide,
secondaire. On peut même affirmer que les voyelles longues les plus
la longue s'est abrégée au nominatif (genilor), mais postérieurement
nombreuses, reposant sur d'anciennes diphtongues à second élément
à l'époque où l'analogie l'avait étendue aux cas obliques (genilor-is),
laryngal, ont été constituées alors qu'avait commencé la diaspora,
qui en fournissent ainsi une attestation indirecte.
postérieurement en tout cas à l'époque où le dialecte ancêtre du hittite
On remarquera que, dans les deux types d'allongement ci-dessus
avait conquis son autonomie.
décrits, la longue doit s'interpréter comme une marque morpholo-
gique obtenue par transformation d'une voyelle brève préexistante.
Une telle voyelle longue est donc, par rapport à la brève, secondaire. B. DE L'INDO-EUROPÉEN AU LATIN
b) Plus récentes encore sont les longues qu'a possédées l'indo-
européen au terme de la résolution de diphtongues à deuxième élé- Occupant dans les structures de la langue des places inégalement
ment laryngal. Nous retrouvons ainsi les faits expoMs p. 63 sq. : importantes; constituées à · des époques diverses :ear ~es procédés
ë < *eHdfëci, cëpi, siës < *dheHl-' * keHl-' * (H) s-yeH 1-) ; il < *eH 2 différents, les dix phonèmes ïndo-européens f, ~, a, 6, a,
en dépit
(siare, fari<*sieH 2-, *bheH2-); o<*eH3 (donum<*deH a-); des précisions susdites, ne constituaient pas m.oins, du point de vue
o < 011 (saccrdoiem < *dhoHl)' Rappelons de même la constitution de lelJr qualité phonétique, des voyelles. C'est de ce point de vue
d'une voyelle longue ï < *yH (uïuus < *g1lJyH_; *sïmus < (H}s- que nous allons dorénavant les considérer dans leur évolution. Avant
yH 1- ) ; d'une voyelle longue ü (lüius < *lwH 2- .' cf. skr. lauili « il est d'observer, au niveau latin, le stade ultime de leur transformation, il
sain» < *lewH-ii; gr. <ioc(f)Ot; < *iwH2-WO-; fülare < *bhwH-}. convient de noter, dans la période intermédiaire, deux faits impor-
Rappelons aussi que la résolution des soi-disant « sonantes longues » tants.
a dû, dès cette époque, aboutir dans certains dialectes indo-européens
à des groupes incluant une voyelle longue. Le hittite conservant 1. Les voyelles longues placées devant sonante elle-même suivie
encore des laryngales, la constitution de voyelles longues par résolu- de consonne se sont abrégées. Ce phénomène, connu sous le nom de
tion de diphtongues à second élément laryngal remonte à un stade « loi d'Oslhoff» (du nom du néo-grammairien allemand qui le mit en
de l'indo-européen postérieur à l'époque où le hittite s'était détaché évidènce), peut s'expliquer ainsi: la séquence voyelle longue (égalant
de la communauté. deux brèves) suivie de sonante (valant une brève) constituait devant
c) Enfin, à un stade plus récent encore (les faits ci-dessous consonne une diphtongue valant trois brèves. Une inaptitude audi-
tive à percevoir la différ~nce rythmique entre et vv a dû entratner
V'.JV
décrits concernant la flexion thématique, de type récent), l'indo-euro-
péen s'est donné quelques voyelles longues au terme d'une contrac- l'impression, puis le fait, que la voyelle longue se réduisait à une
tion de deux voyelles brèves. Ainsi, le subjonctif indo-européen se brève. Ainsi, une séquence * klawd- était perçue, puis ltéàlis.é.e, klawd-
formait par adjonction au thème d'indicatif d'une voyelle brève (d'où lat. claudere). Une telle réduction s'observe avec quelques
variantes dans toutes les langues indo-européennes anciennes. Le
cIo (voir, en face de 2 e pers. indic. * es-si> lat. es, la 2 e pers. subj. fait qu'elle ait eu lieu en grec postérieurement à la chûte de s inter-
*es-e-si > lat. cris, devenu indicatif futur). A partir d'un thème
vocalique (v. M. Lejeune, Trailé de phonélique grecque, § 200) indique
d'indicatif thématique, on obtenait des subjonctifs du type 2 e pers.
cependant que la loi d'Osthoff ne ~emonte point à l'indo-européen,
*lege-e-si (d'où lat. legës, devenu indicatif futur; gr. À€Y7lt; < *Àe:yt)-e:Lt;,
où s'amorçait toutefois, vraisemblablement, la tendance ensuite
avec désinence -e:Lt; propre au grec). Au datif singulier des thèmes
concrétisée individuellement par chacune des langues issues du
nominaux thématiques, il est vraisemblable qu'il faut poser, à l'origine
cloisonnement dialectal. En latin, la loi d'Osthoff exerce son effet
de la finale -oi de gr. MYe:> et lat. Numasioi (fibule de Préneste)
dans certains radicaux: claudere < *'daw-d- (cf. clcïuis); Jüs- (de
> N umcrio, une ancienne séquence * -iJ-ei, ajoutant à la voyelle
Jils palcr, Jupiler) < *dyew-s < *dyëw-s. De même dans certains élé-
thématique la désinence -ci du datif indo-européen. De même, la
ments morphologiques : amani-em, deleni-em, en face de amare,
dés. -0 d'instrumental thématique doit reposer sur *-iJ-e.
88
89
dclërc. En latin comme en grec (v. M. Lejeune, ibid.), la loi d'Ostho/T c. ÉVOLUTION DES VOYELLES AU NIVEAU LATIN
a cessé de jouer à date récente, comme le montre üllus < * oin(0 )-lo-s
(où ü, voyelle longue récente, précède un groupe II < ni lui-même A ce niveau seront indistinctement étudiés tous les. p.hünèmes _de
é-cerrt). L:rd-ésuétude de la « loi phonétique comme son entrée en
)J, nature vocalique hérités par le latin, quelle qu'ait été leur genèse dans
application, mettent en évidence l'inégale aptitude, manifestée à la période antérieure.
travers les âges par les organes humains, à saisir ou produire des A la di/Térence d'une langue comme le grec, remarquablement
seuils de perception. conservateur sur ce point, le latin a notablement altéré le système
vocalique dont il a hérité. Si certaines de ses tendances s'observent
2. Au cours de la même période s'étendant entre l'indo-européen aussi dans les autres langues italiques, c'est le plus souvent au cours
et le latin, le dialecte qui devait produire le latin, sans voir se créer des . de sa propre histoire que se situent les évolutions les plus importantes.
timbres vocaliques nouveaux a connu un accroissement notable de Si l'on excepte celles qu'explique l'influence exercée sur les voyelles
voyelles brèves. Certaines, déjà étudiées, reposent sur la vocalisation par des phonèmes voisins (changements conditionnés), les principales
de laryngales (v. p. 96) ou sur le développement de points vocaliques altérations se ramènent à un affaiblissement des voyelles intérieures
auprès de sonantes dans des cas de vocalisme réduit (v. p. 73 et 75). et finales. -
1 •
Une catégorie non-encore étudiée de voyelles ' brèves récentes est Cet aITaiblissement a été parfois expliqué par un accent initial
constituée par les voyelles dites d'appui, de transition, ou d'anaptyxe, d'intensité qui, dans la préhistoire du latin, et en des circonstances
développées dans certains groupes de consonnes. peu claires, serait venu se surajouter au ton, accent de hauteur hérité
En latin, les voyelles d'anaptyxe se sont introduites uniquement de l'indo-européen (et frappant selon les cas une syllabe intérieure ou
dans les groupes consonne + sonante suivie de voyelle; situation initiale: légens, legénlem. v. p. 146). L'accent d'intensité, qui aurait
nettement distincte de celle qui, entre consonne, entraînait pour une par contraste rendu moins intenses les syllabes non-initiales, peut
sonante la nécessité de se vocaliser (v. p. 51). Le développement cependant être légitimement mis en doute. On est sûr qu'il n'a existé
de la voyelle d'anaptyxe paraît s'expliquer, en des cas où le locuteur en indo-européen qu'un accent de hauteur, au témoignage des langues
redoutait une assimilation consonantique indésirable, par un souci ultérieures; et le traitement des langues romanes, comme le témoi-
d'articuler distinctement les deux consonnes en exagérant la tenue; gnage des grammairiens latins, ne permet d'attribuer au latin que ce
une éruption d'air incontrolée pouvait alors provoquer, accidentelle- même accent de hauteur musicale. Il faudrait donc admettre que
ment, une émission vocalique qui, séparant désormais les deux l'instauration, comme la disparition, d'un accent d'intensité initiale se
consonnes, supprimait tout risque d'assimilation. C'est ainsi que sont toutes deux situées dans une période du latin sur laquelle le
*fak-li- a évité la prononciation *fag-li- en devenant *faJ(Jli- d'où linguiste ne possède aucune information. C'est pourquoi, plutôt que
facilis. Le même phénomène s'observe dans *po-Ido-m (issu de -*[[0-: ce très conjectural accent d'intensité, on peut invoquer un phénomène
v. p. 74) devenant * po-J(Jlo-m, d'où pociilum. La constrictive issue plus .général : la dynamique du mot, peu ou prou sensible en toutes
de dh devait être au stade sourd lorsque s'est développée la voyelle u les langues, et que les langues italiques illustrent de façon remarquable.
de -bulum dans sUi-bulum < *-dholo. Il est difficile, en syllabe intérieure, Dès lors que l'on fait intervenir la dynamique du mot, l'évolution des
de déterminer quel fut initialement, avant que ne l'ait altéré l'apo- voyelles latines s'éclaire à la lumière des principes suivants:
phonie (v. p. 96 sq.), le timbre .pris par la voyelle d'anaptyxe. En
syllabe initiale, les quelques voyelles d'anaptyxe que l'on observe, 1. Une voyelle est d'autant plus solide que son émission est pro-
dans des groupes nécessairement tautosyllabiques, sont en général longée. Il en découle, et le fait se vérifie, que les longues (même si dans
de timbre a: ainsi dans manë-re < * mOnë-re (verbe d'état à vocalisme
radical réduit) ; ciinis < *" "'On-es (gr. xuv-6ç, où la voyelle de transition,
sous l'influence de l'appendice labiovélaire, a pris le timbre a);
la réalité articulatoire elles n'équivalent pas à deux brèves mises bout
à bout) sont plus stables que les brèves.

caro (n) < * Ko r-on (rac. * Ker-IKr- «. couper»; cf, gr. Èx.cXP1)v); parenles < 2. A durée prosodique égale, c'est-à-dire à égalité de durée audi-
*parr H3)-elo-nl- (gr. 7top6v-re:ç; rac. * pr-(cIo )H3 « produire » de gr. livemenl perçue, les voyelles les plus fermées sont arliculées plus brèves
7tÉ7tp<.ù't'(]'L). Le timbre 0 observé dans dom are < *dOmii- (gr. 3«(1.-V-a-(1.L, que les voyelles les plus ouvertes. Ainsi, i de fIdes, équivalant dans la
o<XtJ.cX<.ù) peut s'expliquer par l'analogie de domi-lor < * domH 2-1or. métrique à il de diilus, est en fait plus bref, donc plus faible.
90 91
3. A durée prosodique égale, une même voyelle, dans la même absolue, où elle termine le mot ~ératifs ambula, delé, audi; pre.::....
position, est articulée d'autant plus brève que le mot est plus long. mjères personnes activ~_s düco, audto; adverbes instrumentaux de
Ainsi, Il est plus bref dans ddiurus que dans ddiur; plus bref dans dalur 'fype--rdr-o,-iillroj"efq. Une voyelle longue devenue rmale après la
que dans ddi. L'ouïe humaine, dont la sensibilité est discontinue et chûte d'une consonne -n (type J'p.li,o_ [n: v. p. 76) ou -d (senlenlià [d,
procède par seuils, ne perçoit pas la plupart du temps cette différence maièrLlTa,IJuppf[ë1-:-domino [d, magislralü [d; v. p. 58) se conserve
de durée articulatoire. Il arrive quelquefois cependant que soit franchi de même. Enfin, demeurent stables en syllabe finale les voyelles lon-
un seuil auditif. Ainsi, le latin a senti que, par rapport aux polysyllabes,
la voyelle brève d'un monosyllabe était articulée plus longue; d'où
gues suivies de -s (ambulas, aud riïs , palerfamilias; delés, audiés;
poss ïs-;7axts;arb7is'; honos; etc ... ) ; ce dernier point s'explique peut-être
l'impression auditive d'une longue, qui explique l'allongement observé du fait que -s final, à l'époque où s'abrégeaient les voyelles longues
en latin des monosyllabes autonomes, porteurs d'un accent: ainsi das devant les autres consonnes (v. ci-dessous), avait une prononciation
(mais non dal v. p. 104), en face de da-lis. très affaiblie (v. p. 60), plaçanl,_2!~tiq~~!llent la voyell ~,J.~l!g!1_~
position -finale absolue (le- renforcement ultérieUr-ode ' -s se situant à
4. A durée prosodique égale, une voyelle est articulée d'autant un'e épO(lliè'-üù --avait- cessé d'agir la tendance à abréger la voyelle
plus brève que l'on s'éloigne de l'initiale du mot. Cette brévité est longue suivie de consonne).
particulièrement sensible à la finale, où elle peut confin.er à !a non- Hors des positions ci-dessus exposées, c'est-à-dire en syllabe
prononciation de la voyelle (apocope observée en certams dialectes finale devant consonne autre que [-n, [-d, -s, la tendance à l'affai-
grecs; chute des brèves finales en latin: v. p. 103). En syllabe inté- blissement des voyelles finales (v. p. 92, 4) se traduit par un abrè-
rieure, elle est responsable en latin des faits d'apophonie et de syncope
g~In~~~_~_e la voyelle lon~~~" qui commence à se. manife~tver dans. ~a
(v. p. 96 sq. et 99 sq.). métrique de---Plaute~èCdevlent constant par la sUite: audwm, audwl,
-audidr( ë'o ntre a udûis); fugem, fugel, imiter (contre fugés); possrm,
5. A durée prosodique égale, une voyelle est plus stable en syllabe
possït (contre possïs); honor, (contre honos).
fermée qu'en syllabe ouverte. Une syllabe fermée, qui vaut prosodi-
De plus, deux accidents phonétiques particuliers peuvent rame-
quement une longue, se comporte en effet comme une syllabe à voyelle
ner à la quantité brève une longue que sa position dans le mot devait
longue, dont a été ci-dessus (§ 1) signalée la stabilité. De fait, une normalement préserver. Ce sont.:
voyelle brève en syllabe fermée intérieure ou finale s'abrège moins
qu'en syllabe ouverte (v. p. 98), et ne subit qu'exceptionnellement
1. L'biatus L'absence d'implosion précédant la tenue, d'explo-
la syncope. sion succédant à làTëlfüè-;-ont" poùr(~ffèt'en"ce-ca:s-aer-ëriaï';e' peu sensi-
Nous pouvons à présent aborder le détail des faits latins.
ble ladite tenue, et, du même coup, de ne plus marquer distinctement
le point où cesse l'émission de la voyelle en hiatus. Dès~~ l'ém~~ion
1. LES VOYELLES LONGUES d'une longue en hiatus n'est plus .perçue comme prolongée, et c'est
une Drève qu'enre'glslrë-iît les organes de l'ouïe. L'abrègement en hia-
Les voyelles longues héritées par le latin (c'est-:à-dire les voyelles tüscstùn ' plï~nomêneco'uranedans es'langues, et d?n t le grec four-
longues indo-européennes qui n'étaient point tombées sous le coup de nit, inégalement selon les dialectes, de très nombreux exemples.~Les
la loi d'OsthoIT) se sont, si l'on excepte des cas particuliers d'accident latins, qui en ont été conscients, le formulent sous la forme « vocalis t[ ,<.~ / 1
phonétiques (abrègement en hiatus; abrègement iambique), conser- an le vocalem corripilur ». De fait, les textes les p~us anciens attes~ent ~~
vées en syllabe non-finale. On a ainsi, en syllabe initiale, maler, fari déjà de façon constante cet abrègement en hiatus, des scansIOns
(en face de gr. fLO:'TI)P, <piifLL); féci, plénus (en face de gr. ~01jxoc, 7tÀ1jp~ç); telles qu~@.i...fij:.imus,.füerim (~!2-ute, . Ennius); réi,. fidéi (Lucrèce),
vïginli, vivus (en face de gr. dialectal fi:xoc't'L, skr. jïva~); donum, ne constituant que des artifices métriques d'allure archaïsante.
(g)nosco (en face de gr. ôwpov, yLyvWcrxW)j fülare (en face de gr. E<pÜV, D'un autre ordre d'explication rë lèvenCles sca-nsions-iIÙïïS-;-is!ïus,
n€<püxoc). On a de même, en syllabe intérieure, constare, confëci, convïva, qui procèdent d'une contamination entre les désinences- dë- génitif
cognosco, sacerdotem, refütare; toutes formes où la voyelle longue a -ï (domin-ï) et -ius (cuius). Un' problème particulier est posé par
persisté jusqu'à basse époque. En syllabe finale même, la voyelle les' formes fïo, fïunt, fïes, fïam, toujours scandées en latin classique
longue héritée peut se maintenir dans certains cas. Ainsi à la finale avec ï (contre fïerem, f'ieri). Peut-être l'analogie de fïs, avec ï dans
92 93
un monosyllabe accentué (v. p. 104), s'est-elle imposée aux seules c.omme l'attestent de leur côté les langues romanes (v. A. Dauzat,
formes dissyllabes du verbe, la raison de ce clivage nous échappant. Phonélique el grammaire hislorique de la langue (ran~aise, p. 21).

2. L'abrè!Jement iambique. Il convient ici de distinguer deux II. LES VOYELLES BRÈVES
ordres de faits: un abrègement phonétique_~_~.!!~~}~..tai.ns cas; d'autre
part, des licences ët artrfices-rriet~fques~~~~veloppés par analogie des Leur traitement en latin dépend, séparément ou conjointement,
cas où-l'abrègenŒiit-éta~Plionétique (v. L. Nougaret, Trailé de de l'application des principes exposés p. 91 sq., et d? ~'infl~ence exercée
mélrique laline, §§ 209-214). Nous ne considérerons ici, cela va sans par le voisinage phonétique (changements condItIOnnes).
dire, que le premier ordre de faits.
1. En syllabe initiale la voyelle brève, encore relativement
L'abrègement iam~igl!e, connu des grammairiens latins sous le
nom de -brevisTbrevians, est un procédé qui, reposant 'ù la fois sur une forte se conserve en rècrle générale. On a ainsi, en syllabe ouverle,
ago, dliler (gr. &YCJ), *rxÀ-Yo~c,> aÀÀoc,); {ero, !ego (gr. <ptp~, Àty~); dr~a-re,
assimilat1onquarïtitativ~ et sur la tendance des voyelles finales à
~-'-afTaiblir~r""édùisaitau r ythme'uvâës-m'ots -'de"rythme initialement v- l'iqu-idus (gr. ÔLJ<.~, ÀL7twv); uvis (gr. OfLC,); loga (vocahsn;.e v nommai) j
'Cëtte""{c 101 )) a dû connaître sa pleine application à l'époque des Comi- iiigutn, {iilurus, {illil~s (gr. ~uy6'1, <p\J-t'6c" xu't"~rx): On va de me*me.} en syllabe
fermée, agrum, aCrLS (gr. aypoc" &xpoc;) j eslls, veclus < wegh-lo- _(gr.
ques, dont la métrique l'illustre abond-:ùnment:" Maisson efTet a par
~(m;, pamph. feX?CJ)); d'iclus < •dylc-lo-, {Iclus < * dlzyyh-lo- (cf. gr. 'n:~xoc;,
là 'suite cessé, avant même l'époque classique, ct l'analogie de formes
osque (ei/zus < • dheygh-); doclus, oelo (gr. oX'"t"CJ)); diiclus < *dwk-lo-
comme ama-le, honor-is, que n'avait point touchées cette loi, a entraîné
la réfectiOïi<Ië-fo'rmesscandées am a, hOnos. Cette analogie n'a cepen- (cf. düco < *dewk-o), iislus <:: (*H1)ws-l?- (cf. ü~o,.gr. e:uCJ),< *H1ews-).
Toutefois, sous l'influence de 'phonemes VOlsms, la voyelle peut
dant point touché les formes qui n'entraient point dans un paradigme,
subir des altératlün.:;'-êci"ndItlOnnees. Amsl : ~
comme les adverbes bene, mèile ( < benë, mèilë),. ou des formes fléchies
relevant d'un paradigme très particulier (ego < ego ne pouvait être a) e deviùnt (} par assimilalion d'arrondissement labial dev~n~ w
influencé par më,. Hbr < l'ibï ne pouvait l'être par lë). (novus, novem <*newo-, *newen-: cf. ~r .. '1Éfo~, l:~ârx);. par ass!m~la­
N.B. 1. On a parfois expliqué le -a du Nom Sing. de la première tion de labialité devant m lui-même SUlVI de 0 (homo, ISSU de hemo
déclinaison (type (amilia) par l'analogie de mots (type rosa < *roso.?) conservé dans nëmo < *ne-Mmo; on opposera, devant m suivi de
où il pourrait provenir d'un abrègement iambique. On pourrait, voyell~ d'avant, le trai~ement s~milis, < ~semol~-: cr. gr. b~rx~6c,
aussi bien et mieux, invoquer l'analogie d'acc. {amiliam, où devant < *somOlo-); par assimilatlOn de pomt d arllculatlOn devanll velaIre .
-m une voyelle longue d'abrégeait nécessairement, indépendamment (volo < *wel-o; contre velim, viJllem).
du rythme du mot. On peut se demander aussi s'il ne convient pas de b) e devient 0 après w, et devant consonne suivie de o. Ainsi dans
partir de formes i.-eur. *-11 2 (vocalisme prédésinentiel réduit: cf. bonus < *dweno-,. soror < *sworor < *swe-sor. Devant Il, ou consonne
gr. M~oc), au lieu de *-eH 2 (vacalisme prédésinentiel plein: cf. gr. suivie de voyelle d'avant le traitement est difTérent : bellus, bene
~lLtpoc ).
«*dwen-e), où if s'est maintenu.
N.B. 2. On explique aussi par un efTet de la loi des mots iambiques
les scansions sero de Virgile (Buc., VIII, 43); velo d'Horace (Sal., l, 1, c) è' devient 'i devant m suivi' de i (similis < *semOli-), et devan~?J?J
104), quï-expliqueraient-'à-leur tour, par analogie, dixeru (Horace, noté gn. Ainsi, on a dignus < * deg-no- < * delc-n~- (?f: decel); peuvt-etre
Sat., l, 4, 104) et laudo (Juvénal, Sat., III, 2). Mais Ovide présente signum repose-t-il sur *sele-no- (c. ma~qu.e par mCISlon )~ (c.r. secare).
avec constance des scansions ergo, esla, N o.so, que n'explique ni Les grammairiens, et l'apex des mscnpbons, semble?t m.dlquer que
directement ni par la voie analogique la loi des mots iambiques, et le i ainsi obtenu était de quantité longue; elle peut s expliquer par le
qui paraissent plus simplement manifester, dès le début de l'époque dégagement par 1j?J d'une lfouillure palatale 1 (cf., dans les mêmes
impériale, un aITaiblissement à la finale absolue de voyelles longues conditions, gr. y~vO[.Lrx~ < yt'('lo[.LOC~).
jusque là résistantes (v. p.92,4). On sait qu'à basse époque cet
aITaiblissement des voyelles longues gagnera l'intérieur du mot, 1. On peut aussi penser à une rugil.iy~ nasalisalio~l de -i- d,eyant '1JtJ-.
Celle quantité longue de la voyelle devaIt etre facullallye, le traItement des
bouleversant le rythme quantitatif (v. A. Meillet, Esquisse.".,~p. 242 sq.), langues romanes (fr. seinu) supposant, avec brève, si!]num.
94 95
d) 11 devient Il devant m par tendance il s'arrondir plus devant l demeure i, car cette voyelle, sous peine de disparaître tout à fait
consonne bilabiale. Ainsi, humus < • g'hom- (gr. XOov-6c;); (h) umerus (syncope: v. p. 99 sq.), n'a pas la faculté de se fermer plus encore.
< ·omOso- (skr. dmsa~, gr. w(J.oc;< ·omsos). On a ainsi rellquus < ·_li/c lll- ; ciu-~cus (cf. gr. 7toÀ~'t'-'(Kk).
e) Certains (ainsi Niedermann, Phonélique hislorique du Lalin, il, dans les mêmes conditions, devrait demeurer il. On est surpris
§ 28) considèrent que 0 passe à e après w, dans une syllabe fermée se de le voir glisser vers l'avant, d'où r, dans capllis < . capul-es; cornlger
terminant par s ou r. En fait, le passage de vorsus à versus doit s'expli- < •cornil-gero-; manlca < * mana-ca. On peut penser que capal (seul
quer autrement (v. p. 73). Quant à vesla < vosler (en face de nosler substantif latin en-ut) a vu ses cas obliques influencés par le type des
où 0 est conservé), il paraît devoir s'expliquer non par les phonèmes autres thèmes en -l, miLil-is, equil-is; que corn'iger a subi l'influence·
suivant 0, mais par celui qui le précède: w aurait ici exercé (comme de Lan'i-ger, palm'igel', squam'i-ger, tous mots où 'i repose sur Ci. M an'ica
dans velare < volare; verrere < vorrere) une action dissim~lante, exacte- enfin a pu être inl1uencépar lun'ica.
ment inverse de l'action assimilante manifestée dans le type bonus
< •dweno-. II semble ainsi que w se comporte différemment selon qu'il B. DEVANT CONSONNE LABIALE b, {, ou m, le timbre de la voyelle
est (dweno-) ou n'est pas (vorrere> verrere) précédé de consonne. fermée avait dû se fixer initialement en l ou a selon q!1e la consonne
,
1 labiale était elle-même suivie de voyelle d'avant ou d'arrière. On avait
f) 'i devient e devant r: sero « semer» < ·si-s(H1)-0 (cf. së-men 1 . ainsi in-cïpio, mais oc-cilpo (*in-cdpiyo, *ob-capo); decilma, mais
< ·seHe ; silius <·sHI-Io-). La conservation de l dans d'ir'imo '< ·d'is- 1 ex'imius (* deccm-a; * ex-c/!1-iyo-); inlumus (* inlo-mo- cf. gr. è'l,,6c;),
cmo, d'ir-'ibeo < ·d'is-(h)Cibeo, s'explique par réaction étymologique. mais inlimilas. De mêmë, 'i demeurait dans ponl'i{ex, mais déplaçait
g) il devient semblablement 0 devant r: {ore < . fa-se (cf. (a-iurus) ; vers l'arrière son point d'articulati(m dans leslamonium (cf. lesli-s);
{oras cc dehors Il = gr. Oupcxc; (dans Oupcx~e <Oopcxc;-oe). Cet accroissement inversemen t, il se mainLenait dans lacrilma, mais déplaçait vers
d'aperture vocalique devant r s'explique par le caractère apical et l'avant son point d'articulation dans quod-LLbel < -lilbel.
très ouvert de cette liquide en latin (v. p. 59). En fait, si un tel clivage a pu rendre compte initial ement des faits,
l'analogie, et certaines dissimilations, ont largement remodelé ces
2. En syllabe intérieure ouverte. En cette position, la voyelle faits à date classique. Dans un paradigme où l'on devait avoir intiimus,
subit, en règle générale, un affaiblissement qui se manifeste par sa mais inl'im i, une forme sèulement devait être appelée à se main-
fermeture, entraînant elle même un changement de timbre. Ce phé- tenir. Dans fini-lamus, l'influence des voyelles 'f. précédentes incitait
nomène, connu sous le nom d'apophonie, ne souffre comme excep- à prononcer -l'imus. Dans l'ensemble, le timbre 'i a tendu à se répandre
tions que les exemples où l'analogie a restitué le timbre primitif de au détriment de 11, qui a mieux résisté dans les formes (type oplumus)
la voyelle (v. p. 99). Fréquemment, le point d'articulation de la où la syllabe précédente comportait elle-même une voyelle d'arrière.
voyelle affaiblie se fixe à l'avant (I) ou à l'arrière (a) en fonction On comparera aussi les destins fort dissemblables de ·leg-o-mos >
de l'attirance exercée sur elle par d'autres phonèmes du mot (chan- Leg-rmus, et * ab-s-o-mos > absumus (une influence semblable il celle
gements conditionnés). de Leg-I-lis ayant manqué ù cette deuxième forme, influencée en revan-
che par le simple samus).
A. DEVANT OCCLUSIVE VÉLAIRE OU DENTALE, OU NASALE
DENTALE, la fermeture de la voyelle s'observe à l'état pur, et le C. DEVANT w, la voyelle, subissant par assimilation un arrondis-
timbre obtenu est r. Ainsi : sement labial, passe normalement à il. Ainsi ab-lii(w)o, di-liivies (* ab-
Lavo, *dis-luü-); monili, docili< *mone-wai, *doccwai; *deni1(w)o
cI> l: ad'igo < •ad-ago; confiteor < •con-{dleor; etc ... L'exception
de concr1lio < •conqucIlio s'explique par l'influence exercée sur la voyelle < * de-novod.
par l'appendice la bio-vélaire de la consonne précédente (d'où ·con- D. DEVANT L, le point d'articulation de la voyelle fermée était
q lII ulio, puis concalio). attiré vers l'avant 0) dans le cas de 1 palatal, vers l'arrière (il) dans
e> 'i: dirlgo < • dis-rego; coLLigo < • con-Lego; dim'idius <. dis- ,. le CilS de 1 vélaire (v. p. 72). On a ainsi ins'ilio < • in-s('ilio, mais exl1lo
medius. < * ex-cIlo; SicrLia, mais SicilLus (gr. LLKe:I,(CX, LLKl).oc;); simUis, mais
0> 'i: hom'inis < •homon-es; illco < •in-slLocod. simiilare (* semOl-); Cal'il-iria, mais caliilus; etc ...
96 97
1 ( 1
E. ENFIN, DEVANT r (ancien ou obtenu par rhotacisme de s), , se mainticnt clans ad-dlclus, re-llclus, où l'iullucIlce cles Connes
la prononciation relativement ouverte de la liquide (v. p. 96, f) simples a peut-être joué.
explique des traitements particuliers :
u, dans ad-duclus, ad-uslus, appelle la même remarque.
a ne se ferme que d'un degré, et prend le timbre e: imperare
< < * red-dare.
* in-parare; reddere Tous les faits concernant le traitement des voyelles brèves
e conserve son aperture et son timbre: Legere < "Ieg-e-se. latines en syllabe intérieure, que nous désignerons en bloc sous l'appel-
lation de « faits apophoniques )l, relèvent d'une sorte de dynamique
o conserve son aperture, mais se trouve attiré vers l'avant par la phonatoire, et devraient dès lors exclure les exceptions. Les exceptions
prononciation apicale de r; on obtient ainsi le timbre e: onerare apparaissent précisément lorsque, à l'application d'une tendance
< * onos-are (cf. onus); generare < * genos-are (cf. genus); lemperare aveugle, · se substitue la volonté du locuteur de traiter la langue en
< *lempos-are (cf. lempus). Il convient cependant de noter que système rationnel. On voit alors se produire des faits d'analogie, qui se
rien ne garantit absolument dans ces formes un 0 ancien, et l'on ramènent à trois catégories:
peut poser (avec alternance -"e/os du suffixe de nom d'action) "genes-
are, "ones-àre (cf. gr. "'(&\lto.;, -ou.; < "'(t\ItO"-). De toute façon, des formes Rég1'cssions étymologiques: ëlegans (en face de ëligere « choi-
telles que lemporis, arbOris s'expliquent par l'analogie de lempus, arbôs. sir ») conserve e pour éviter qu'une forme *eligans n'évoque le verbe
i, au contact de r, s'ouvre en e: ciner'is < * cinis-is (gr. x6\1~c;); !lgare « lier Il.
fa cere , capere < *cap'i-se, *fad-se; lëgerim < *lëg-'is-ï-m.
u s'ouvre demême, et se trouve attiré vers l'avant par r apical;
Scntimcnt dc la composition, qui revient à conserver dans
d'où e: socero (datif) < *swekuroi (gr. ~xuP<il). un composé la forme du mot simple: ainsi se-parare, com-parare, dont
le trairement est difTérent de celui qu'on observe dans im-perare,
On remarque ainsi que e ne s'est point fermé davantage; que 'i sémantiquement plus évolué,
et u se sont même ouverts. La nature du phonème r a donc conditionné
un changement allant à l'encontre de la tendance (à l'afTaiblissement, Sentiment enfin de l'unité paradigmatique, déjà signalé à
donc à la fermeture) constatée dans tous les autres cas. propos de lemporis, leporis, arboris, et qui a pour efTet de maintenir dans
une forme sujette à s'altérer le vocalisme d'une forme non-menacée.
3. En syllabe intérieure fermée, la voyelle brève, plus résis-
tante en cette position (v. p. 92, 5), se ferme au maximum d'un degré . 4. Syncope de voyelles brèves intérieures" La syncope est un
(sauf en des cas particuliers de changements conditionnés), et parfois phénomène dont la cause initiale est identique à celle qui provoquait
même se maintient. On observe les faits suivants : l'apophonie : un aITaiblissement de la voyelle intérieure en diminue
li produit e: confeclus < * con-faclus ; inceplus < * in-caplus ; decerpo la durée d'émission. Mais, tandis que cet abrègement se traduisait
< * de-carpo. Le u de insulsus < * in-salsus; adullus < * ad-iillus est dans le cas de l'apophonie par une fermeture de la voyelle (d'où
imputable à l'influence de l, vélaire dans ces formes. Le 'i de alt'ingo < altération du timbre), la syncopé abaisse la durée de l'émission voca-
*ad-liingo, effr'ingo < *ec-frango, s'explique de même par la présence lique au-dessous du seuil de perception acoustique. Ainsi, du point
de ng (devenu, comme gn, 1J!), et dégageant peut-être une mouillure: de vue auditif, la: voyelle n'est plus perçue; et, devenant locuteur,
v. p. 75, b; et 76). l'auditeur ne cherche plus à réaliser le phonème qu'il ne perçoit plus.
e se maintient : con-seclari; con-servus (l'influence du simple
La syncope est un phénomène assez capricieux. Moins commune
n'ayant peut-être pas eu à s'exercer). en latin qu'en osque, elle devait être plus fréquente dans la langue
familière ou vulgaire que clans la langue soutenue (on sait ainsi qu' Au-
6 produit u dans venus-lus, robuslus, ebur-nus; mais l'influence guste taxait de pédante la prononciation calidus, au lieu de la forme
des simples venus, robur, ebur explique sans doute ce timbre. Dans caldus syncopée). II semble aussi que certaines séquences morpholo-
les mots hones-las, lempes-las, il faut vraisemblablement partir de giques, comme les suffixes -b(u)lum, -c(u)lum, aient été au gré du
la forme -es (et non -os) du suffixe dans le thème de base. On ne dispose sujet prononcées avec ou sans syncope. Délaissant ces cas de syncope
donc point d'exemple sincère du traitement de o. occasionnelle', nous examinerons ci-dessous les cas où la syncope
98 99
s'observe avec 'constance, ~t fixe d'ans la langue des formes définitives. , en ceUeposition. Ainsi, ampulla < "'ampdr(d)-ld; fémella < ·femfn(a)-
C'est en syllabe ol.Jverte que se rencontrent presque tous' ces cas: la; gemellus <.* gemtn (0 )-lo-s ; porcellus < · porcil (0 y-los ~où deux
formations diminutives se superpos-a ient); {abeUa< -·{abula-ld.
A. APRÈS LA ,SONANTE W, BILABIAL~ ARRONDIE, la prononciation
de i, supposant un étirement ,latéral des lèvres, présentait quelque D. DE M~ME, UN MOT DE QUATRE SYLLABES OU PLUS, commen-
difficulté. ,Cette incompatibilité articulatoire a provoqué la chûte de r çant par trois syllabes 'brèves, perd la seconde ou la troisième de ces
~
dailsdes mots de trois syllabes bu plus, à la conditions que r ne' porte l voyelles brèves, la voyelle portant le ton étant préservée. On a ainsi
point l'accent. On observe ainsi la chute de r post-tonique dans claudo perte de la deuxième voyelle dans ofTicina < ·op(l)f'tctna; iüniores
< •clâwi-do; prlldens <. •pro-uï.dens; auceps < ·duï.-ceps; raucus < • < • iuv(e)n-L(y)Ores. Mais, la deuxième voyelle portant le ton, c'est
,rauL-cùs; brüma<· bréur-ma (ancien superlatif iéminin de breuis). On la troisième qui disparaît dans salullus < •salar- (0 )-los,. uitellus
observe de même, la chute de ,r pré-tonique dans nau{ragium < •naur-' < *ull€l(o)-los.
fragium 1; gaudëre <',. gaurd-ire (cf. gau/sus < •gau'td-lo); audëre < •
au'tdire. L'analogie a quelquefois étendu la syncope à des formes où N.B. Il est abusif de parler de syncope à propos de abrcio, conLcio,
la voyelle syncopée eût porté l'accent: ainsi gén. ,pl. • aut-cï.p-um a 'été issus de • ab-yac-iyo, * con-ydc-iyo. Dans ces formes, prononcées * ab-
entratné à aucip-um par auceps. Inversement, l'analogie a parfois pro- yicio, ·con-yicio, le même signe l notant indistinctement, y et i,
tégé la voyelle brève. Ainsi, à côté de caldus, calï.dus a survécu, et une habitude graphique latine consiste à noter yi par 1 non-répété.
au'tdus n'a point ~té altéré, sans doute grâce à l'influence exercée par
l'abondante série des adjectifs en -'tdus (type ar-'tdus, hum-'tdus, où r N.B. 2. Il est tout aussi erroné de présenter con-culio comme issu
n'était point menacé). par syncope de ·con-qu(d)lio. L'explication exacte de cette forme a
été indiquée p. 96, '2°, A.
B. EN SYLLABE PÉNULTIÈME OUVERTE, une voyelle brève (et du Nqtons pour finir que la syncope est, en syllabe fermée, très
même coup post-tonique en cette position) disparaît après voyelle rare, et peut être illusoire. Seslerlius < ·sëm('t)-es-lerlius (littéra-
longue + sonante; ou diphtongue + sonante; ou voyelle brève + lement : cc dont le troisième as est une moitié », c.-à-d. « [pièce] de
deux sonantes. On observe ainsi des formes corolla < ·cordn(d)la; deux as et demi li) est uri mot très employé, parfois par des bouches
üllus < ·oin(o)-lo-s; surgo < ·sur-r(e)go; porgo < ·por-r(e)go (à côté étrangères (terme de négoce), de forme très usée; et de sens -
deporrrgo, refait); forceps < ·{6rn1(0)-cap-s « ce qui prend les objets oublié. Fauslus, aussi bien que sur ·fawes-lus (cf. !tonis-lus) peut
chauds li. Cette syncope s'explique sans ,doute en 'r aison de la longue reposer sur ·fawus-lus (cf. onus-lus), et s'~xpliquer dès lors par perte
émission précédente de phonèmes sonores, qui a pu donner l'impres- de w devant u/o (v. p. 70). Enfin, la forme ioveslod = illslo, lue sur l~
sion d'une syllabe 'anormalemenlprolongée, rendant, par un contraste Pierre Noire du Forum, inviterait à poser iüslu~ < ·iow(e)s-lo-; cette
brutal, plus sensible la brévité de la voyelle suiv~nte. . forme toutefois a chance de jouer graphiquement sur l'étymologie
On notera que l'analogie a étendu la syncope a des formes q~l, populaireiqui rattachait iüs, iüs-lus, au radical de Iouem, lovis; d'o~
dans le paradigme, eussent dû porter le , ton sur la :voyelle a~ohe. la graphie • ioves-lo-s invitant à comprendre lCfelevant de Jupiter » 1.
Ainsi, sur-r( é) gimus, {orm( 6)-cipem sont deve,nUs' surgLT!1us, for~Lpem,
sous l'influence de surgo, forceps . .Inversement, l'analoglC a mamtenu 5. En syllabe finale, on s'attend à voir la voyelle manifester,
des voyelles brèves , que leur position exposait à la syncope. , Ainsi, e'n 'vertu du principe défini p. 92, ilO 4, une grande débilité. Celle-ci
sor'icis, Wcis, fïl'icis, ont conservé 't sous l'influence de, sorex, ïlex, sc vérifie en fait; mais elle est limitée en latin par deux ordres de
filix., Porr'tgo, à côté de porgo, s'est maintenu spus l'mfluence de faits : solidité relative de la voyelle en syllabe fermée; importance
porrigere, forme normale (porgere étant analogique de porgo). morphologique de la fin de mot dans une langue flexionnelle. L'ana-
C. UN MOT DE QUATRE SYLLABES OU PLUS, dont les trois dernières logie vient aussi parfois restaurer une voyelle menacée. Il arrive,
sont brèves, perd communément la voyelle pénultième, post-tonique dans certains cas, que l'on doive tenir compte conjointement de tous
ces facteurs.
1. On a proposé d 'cxpliquor naufragium sans syncope, à parlir de 'llau-
f rag'-J 'nau , représenlanllo lhème 'naw- de gr. VIXÜ-C;,

slcr.• nau{/, elc ... Mais le l. Le rapprochement lal. iaS « justice» et skr. yol.z invile à poser un
composé lalin a dû êlre formé sur le lhème • tlaUL- de naul-s. prototype i-eur. 'yews, d'où serait dérivé iü~-lu-s < ·yews-Io-s.
100 101
A. EN SYLLABE FERMÉE, la voyelle, en règle g6u6rale, se main- On obtient ainsi, outre les formes ci-dessus, acer < * acrLs; ceLer < * ceLe-
tient, parfois au prix d'un abrègement, manifesté par sa fermeture. rLs; vigiL < * vigiLLs. Il convient de noter cependant : a) que cette
Ainsi: disparition ne frappe jamais les séquences -ri/os, -Lr/ds -après syllabe
a devient e: remex < * rem-ag-s; auceps < * avi-cap-s; aurifex comportant une voyelle longue (vërus, mirus, cLarus, pürus~' fidëLis,
< * auro-fale-s. On constate que dans tous ces mots la voyelle est suivie civilis, naluraLis). b) Que l'obéissance à un paradigme a maintenu
de deux consonnes, le type libicen < * li bi-can,. passer < passar (dia- la voyelle aux cas obliques (agriim, acrLs), la langue, par ce procédé,
lectal) fournissant des exemples pour consonne unique. Les accusatifs accédant à une clarté oppositionnelle plus grande.
type familidm, avec conservation de d, peuvent ou reposer sur -am,
B. EN SYLLABE OUVERTE, le traitement consiste en une dispa-
ou être analogiques du nominatif famiLia (v. infra).
rition ou une conservation de la voyelle, dont les modalités sont
.e devient i devant consonne simple: feced (vase « de Duénos ))), complexes.
refaIt en *fecel, produit fecii; * duc-es, *consuL-es aboutissent à duc-is,
consuL-is (génitif); * Leg-e-Ies > Legilis,. * oin(0 )-decem > undecim. Dans a se maintient. Si le nominatif de type famifia peut recevoir des
les mots du type auspex < * avi-spek-s, et les mots du type miLes interprétations diverses (v. p. 94), il ne fait point de doute que
< *miLet-s, obses < *obsed-s (où la géminée, demeurant sensible devant lemplèi, genera, ild (skr. ili) ont un èi non-issu de longue, et reposant
initiale vocalique du mot suivant, conservait à la finale un caractère sur -I-I 2 • En face de ila, la perte de èi dans ut < * qulèi fait difficulté;
loujours fermé), la voyelle, devant deux consonnes, s'est maintenue. généralisation d'une forme élidée?
o devient a: types dominas < -os, lempLam < -omo e se maintient artificiellement dans les formes où il a valeur
il persiste : mana-s; fruclii-s. désinentielle (vocatifs type domine; instrumentaux type consuLe;
Le cas de i est plus complexe. Comme a, i se conserve dans le impératifs type sisle), mais tombe dans les cas où la langue n'éprouve
cas général, d'où les types duLcis, fideLLs, etc ... Mais il disparaît dans point le besoin d'une marque morphologique. Ainsi, les impératifs
la séquence -lis, peut-être, entre consonnes dentales, par saut articula- monosyllabes dic < *dice, düc < *düce (en face de sisle, adde) ne sont
toire du même au même. On a ainsi mors < * morlis (skr. mrli~); pas plus obscurs que es, fer, formes athématiques où n'a disparu
mens < * menlis (skr. mali ~) ; pars < * parLis ; ars < * arLis ; fors « hasard )) aucune voyelle. On peut s'étonner de la conservation de if en des
< "forlis; pons < "ponlis; mons < .. monlis 1. L'analogie a cependant formes comme iLle, iste, et, surtout, dans les indéclinables, où la
voyell~- n~ constitu~ par définition aucune marque morphologique.
maintenu i au génitif de ces mots (et la langue, par ce procédé, a
acquis une distinction morphologique entre nominatif et génitif, qui, à En faIt, e est parfOIS tombé, comme le montrent les doublets dein,
l'époque où une forme unique type morlis correspondait aux deux cas proin, d~ de inde, proinde,. et des scansions monosyllabiques 'i nd(e),
faisait défaut). De même, le neutre type forle est responsable du main~ und(e), lsl(e), qUlpp(e) sont attestées chez les Comiques. La conser-
tien de Ldans les adjectifs type forlis « courageux >1. On mettra enfin à vation de e dans les autres cas peut s'expliquer par des faits de phoné-
part le traitement observé dans les mots du type index, iüdex < * -drle-s. tique syntactique: à partir de séquences du type iLLe'st (iLLe esl), proinde
S'agit-il d'un renforcement de L en e devant deux consonnes finales? slaluit (syllabé· proindes-Ialuil), les formes iLLe, proinde se seraient
On peut aussi invoquer l'action analogique d'autres noms d'agent de généralisées. Peut-être aussi ces formes recevaient-elles à l'occasion
.\
forme composée, type au-spex, où e est ancien. De la même façon, une prononciation atone qui, faisant d'elles des proclitiques, retiraient
comes < *com-L-t-s (cf. ire, i-ter) a pu subir l'influence du type miles. à e le statut de voyelle finale.

N.B. Un cas partiéulier concerne la perte de r et 0 dans les groupes


ra disparu régulièrement dans les désinences verbales primaires
*-mi, *-si, *-li, devenues ainsi semblables aux désinences secondaires
finaux -rLs, -ros, -ILs, et peut-être -Los (famuL < famuLus?). Dans ces
*-m, *-s, *-1 (v. p. 273). On a, de même, post < * posH; fac < *fad.
groupes, la voyelle est absorbée par la liquide, très sonore; et les
On observe en revanche un renforcement de r en e dans les -mots où
groupes -rs, -Ls finaux, évoluent vers -r(r), -L(L), avec, dans le cas de -r,
la voyelle constituait une marque morphologique exigeant son
développement d'un point vocalique (*agros > *agr > * a[fr, d'où ager).
maintien. Ainsi dans les neutres type duLce,. certains impératifs
1. Dans les formes cilllS, SIIIS, la finale -lis a élé mainlenue, sans doule type cape < *capi. Le traitement de r dans anle < *anli (en face de
pour éviler des monosyllabes brefs· CilS, ou • sis . posl < * postr) s'explique mal.
102 103
Lc traitemcnt de 0 en syllabe finale ouverte n'est pas assuré, et, Même résultat lorsque z procède d'un groupe de consonnes assimilé et
en face de gr. ÉltOU < * sek ,oe-so, la t. sequere (im pér.) peu t reposer simplifié: mala < * ma (z)z-la < *magz-la < *maks-la (cf. max-Wa);
sur *seque-se (et non -sa). On ignore de même le traitement en cette palus < *pag-slo- (d. gr. ÈmiYYJv) sëdecim < *seks-decem.
p'osit~on de il, les neutres du type cornu, genu, où l'on attcndrait une Les deux cas ci-dessus évoqués d'allongement compensatoire
brève, étant en fait de quantité peu sûre (v. p. 198). s'expliquent au terme d'un processus psycho-sensoriel : lors même
que n'est plus réalisée la consonne implosive qui rendait longue la
III. ALLONGEMENT DE VOYELLES BRÈVES syllabe, l'auditeur, conservant en l'esprit les chème rythmique du
La tendance latine à' l'affaiblissemcnt des voyelles brèvcs n'em- mot, continue à sentir une syllabe longue; quantité qui, en l'absence
pêche .poïnt parIois la voyelle brève de subir un allongement. Il de la consonne, ne peut être dorénavant assumée que par la voyelle,
s'agit dc cas très par:ticulicrs,que voici: ainsi allongée.

A. DANS LES MONOSYLLABES AUTONOMES, donc port~nt lc ton, D. LE LATIN A ENFIN CONNU UN CAS PLUS COMPLEXE D'ALLONGE-
et constituant à eux seuls (contrairement aux proclitiqucs et encli- MENT. Soit, en face d'un indicatif lat. aga, gr. ~'Y(ù, une forme d'adjec-
tiques) un mot phonique, la voyelle a été allongée si elle était brève. tif verbal * ag-la-s. Cette forme, dès l'indo-européen sans doute, était,
Sur l'cxplication de ce fait, v. p . 92, 3. On observe ainsi les quantités par assimilation, réalisée * aklos (gr. cX.xT6ç). Mais il s'est produit,
mé, lü, nos, das, en face de gr. Ile:; cru, lat. liiquidem; skr. na~; lat. dans la préhistoire du latin, une réfection analogique, qui d'après la
damus, dare. Dans certains mots, cette tendancê à l'allongemenl du sonore dc aga a tendu à rétablir une prononciation * aglos. Une telle
'1p,onosyllabe sc heurtait à la tcndance inverse à l'abrègement d'une séquence n'était phoniquement réalisable que si les vibrations glot-
voyelle longue dcvant consonne finale autre qu.e-s (v. p. 93). C'est tales sonorisantes se superposaient exactement à l'occlusive vélaire,
ainsi que, devant nasalc, la voyelle n'a pas été rallongée dans sIm et cessaient instantanément à la tenue devant l'explosive t. La diffi-
< *sim; rem < *rë(y)m. Devant -l, Plaute hésite parfois entre deux culté de cette interruption a incité le locuteur à faire cesser trop tôt
quanti lés (d~l, seII) , mais les poètcs postérieurs attestent constam- les vibrations glottales, et même à les décaler, en les réalisant avant
menlla brève. Devant liquide -r, -l, les formes sai, Lar, par (en face de l'occlusive vélaire. Cette dernière redevenait ainsi sourde, et les vibra-
sc'ilis, lc'iris, paris) ont subi l'allongement. En face de gr. cpwp, le ü tions glottales ne faisaient que prolonger l'émission vocalique précé-
de fur « voleur II (qui ne corrcspond pas directement à la voyelle dente, d'où aclus. On a, de la même façon, liiclus, paclus, fraclus (en
grecque 0) s'explique si ~'on pose un enchalnement * for> *for (abrè- face de tango , pango, frango),. leclus, rëclus, iëclus (en face de lego,
gement» *filr > fur (allongcment du monosyllabe). Même explication rego, tego). Le même résultat a été obtenu dans le cas de -dl- > -tt- (puis
pour cür < quor. -5S-) : ainsi, on a casum, ë5US,{usus, issus de * cad-lo-, * cd-lo-, * fud-lo (cado,
edo, fu(-n-)do) 1. Hors de l'adjectif verbal en -lo-, du supin en -lu-,
B. EN SYLLABE INITÎALE, INTÉRIEURE, OU FINALE, une nasale, en et des noms d'agent en -lor, ce traitement ne se retrouve guère que
disparaissant devant sim ante (v. p. 75), a allongé « par compensation»
la voyelle précédente si elle était ' brève. On a ilinsiles accusatifs
pluriels types dominos< *-o-ns~' civ.Îs < *':'-ns,. manüs',< *-il-ns. C'est 1. On doit cependant relever des exceplions. Ainsi, SeSsum <' Sed-tu-
une voyelle longuequ"attcstent les' langues romanes dars lë(n)sa> surprend d'autant plus qu'aurait pu intervenir en renfortl'infiuenceanalogique
du perrectum séd-i, avec voyelles longue. Le cas de c~ssum, en face de cëdo,
fr. loise; -ë(n)sis (stiffi~e servan('à former des' noms d'habitants»fr. est diITérent. Si l'on maintient la vieille étymologie due à Brugmann (v. Walde-
-ois,. et la consonne n ,apparaît 'dès lors connhe une 'graphieconser- Bormann, s. v. cedo), on ex plique le thème d'inrectum à partir d'un ancien
vatrice. 'ce-sd-o (racine 'selod- de gr. ollQç, + particule séparative cl-l, le perfectum
cessï s'expliquant phonétiquement à partir de 'cl-sd-s-ai (avec perte, ou assi-
C~ EN LATIN, DEVANT CONSONNE SONORE', S siest sonorisé, puis a bilation, de d dans le groupe -sds-) . Le sup in cessum peut dès lors s'expliquer
disparu (v. p. 59), en allongeant «( par'. compensation, Il la voyelle soit par l'analogie de cessi, soit à partir do • cl-sd-lu-, où s aurait, dans le groupe
-sdl- passé à -sll-, empêché la re-sonorisation de d. Une autre étymologie
précédente si elle était brève. On a ainsi ïdcm < * izdem < .. Is.-dem; rapprochant céd-o < 'lee111-d- de cdd-6 <"cH1-d-, reviendrait à expliquer ctssi à
sido < *s'i-sd-o (gr: L~(Ù); pono < *pi5-s(i)no; a(h)ënus < *aes-no (lat. partir d'un autre thème, 'Ie( 111 )-ed-s- j cessum, dès lors, no serait plus explicable
aes); egi!n~s -< * eges-nQ- (cf. eges-las) ; prëlum < * pres-Lam (cf. pres-si:). que par l'analogie de c~ssï.

10~ 105
dans m{i.ûmus < * mag-somos (sur lequel se manifestait l'inl1uence de En indo-européen, une consonne s'interposant toujours (v. p. 125)
mag-nus) 1. entre deux voyelles, la langue ne mettait théoriquement jamais en
Les quelques exceptions à ce traitement, en des formes où l'on contact deux phonèmes vocaliques susceptibles de recevoir une arti-
pourrait l'attendre, ont toutes une explication. Formé sur la racine culation diphtonguée; de telles diphtongues n'ont pu apparaître que
*bhlwg tD
fluclus n'a pas été refait en *flug-lo- car l'indicatif flu(w)o
-,
postérieurement à la chute de consonnes intervocaliques (comme dans
ne fournissait point d'exemple d'une occlusive sonore. En face de lat. aes < *a(y)es). Toutefois, au prix d'une extension de sens, on a
{odio < * bhodh-, {ossus n'a point été refait en *{od-lo- car, à l'époque coutume d'appeler diphtongues en indo-européen toute séquence
où se plaçaient ces réfections, les deux aspirées de la racine passaient voyelle + sonante suivie de consonne, cela en vertu de la propriété ,
par le stade de spirantes sourdes. Dans les formes (issus, slr'iclus, (ictus "
qu'avaient les sonantes de se comporter accessoirement comme
(en face de {'in do , slr'ingo, (in go ), 'i. est resté bref peut-être parce que substituts de voyelles (v. p. 51).
cette voyelle, la plus fermée donc la plus brève, était la plus éloignée Au niveau des langues historiques, la situation s'est considéra-
du seuil perceptif correspondant au sentiment d'une longue. Le désir blement modifiée. Tout d'abord, les diphtongues à deuxième élément
d'éviter une amphibologie avec {isus (de (ido) a p.:mt-être aussi joué laryngal sont, dans toutes les langues autres que le hittite, devenues
dans le cas de {'issus. des voyelles longues (v. p. 63). De plus, les sonantes r, i, n, m,
notamment en latin, sont progressivement devenues de pures con-
IV. TRAITEMENT DES DIPHTONGUES sonnes, et ont cessé d'apparaître comme des sonantes. Seules les semi-
Le traitement des diphtongues a eu pour effet en latin de venir voyelles y et w conservent à ce niveau les propriétés proprement
grossir le contingent des voyelles longues. Pour en comprendre le sonantiques, et sont, de ce fait, aptes à constituer un second élément
détail, quelques précisions sont indispensables. de diphtongue. Quant au premier élément, il peut être, dans une
Une diphtongue ne constitue point une suite de deux voyelles; langue distinguant deux quantités vocaliques, lui-même long ou bref.
ce qui impliquerait deux centres de syllabe, donc deux syllabes De fait, si les langues indo-européennes attestent surtout des diph-
(séparées en ce cas par un hiatus). Une diphtongue, du point de vue tongues à premier élément bref, il faut tenir compte de certains cas
de la syllabation, équivaut à un unique centre de syllabe, donc une où la diphtongue présente au premier élément une longue. Cela nous
voyelle. La différence avec une voyelle simple se ramène à cette amène à poser qu'au seuil de son histoire une langue comme le latin
définition que nous empruntons à Grammont (Trailé de phonélique, pouvait posséder en droit les diphtongues suivantes: di, ai; li, ei;
p. 109) : une diphtongue est une voyelle qui change de timbre au Di, oi; du, au; eu, eu; ou, ou.
cours de son émission. En vertu même des structures de la syllabe Comme le grec, le latin n'a finalement conservé aucune diphtongue
(v. p. 45 sq.) les deux timbres successifs ne peuvent correspondre à à premier élément long. En premier lieu parce que, dès l'indo-euro-
deux apertures égales; de fait, la diphtongue est, le plus commu- péen, une sonante disparaissait phonétiquement devant une autre
nément, formée d'éléments rangés dans un ordre d'aperture décrois- sonante, ce qui, à l'accusatif, réduisait à urie voyelle longue les
sant. diphtongues de mots tels que *dye(w)-m, *re(y)-m, *glDo(w)-m;
d'où lat. diem, rem; gr. Z~v, dor. ~wv; ombrien hUm « bœuf Il. En
1. On a parfois mis en doule, dans son ensemble, le caraclèro phonétique second lieu parce que, dans toutes les autres séquences phoniques
du lrailemenl • dg-lo-s >aclus, • cdd-lo-s > casus, en expliquanl syslématique- à l'intérieur du mot, la loi d'Osthoff (v. p. 89), abrégeant le premier
menl la longue de l'adjectif verbal (ou des noms d'agenl el d'action en -lor, élément de la diphtongue, la ramenait au cas le plus commun de
-lio, -lu-s, elc ... ) par l'analogie d'aulres formes du paradisme verbal. Ainsi,
ëSUS, {asus, UiSUS, elc ... , s'expliqueraienl par l'analogie de éd-i, {ad-i, uid-i, elc ... diphtongue à premier élément bref. Dès lors ne pouvaient parvenir au
L'exislence de lels perfeclums à voyelle longue a sûremenl exercé une action niveau historique que des diphtongues à premier élément long situées à
adjuvanle; mais des couples du lype ce-cld-ilciisUS, pe-plg-ilpac-lu-s, le-llg-il la finale absolue. Mais ces diphtongues, équivalant en droit à trois
làc-Iu-s, elc ... semblenl prouver que l'allongemenl de la voyelle s'esl produil brèves, ont elles mêmes été ramenées, par le latin comme par le grec,
à l'adjectif verbal indépendammenl de loule influence analogique. On pourrail
cerles songer à expliquer le lype l/ictus par l'analogie du lype /ictus, qui devrail à la valeur de deux brèves (v. p. 89), cela au terme de deux processus
sa voyelle longue (amis non son timbre) à l'analogie de ég-i. L'exislence d'un possibles: a) le premier élément a pu être abrégé, le second se conser-
couple {éc-il{dclus, sans influence analogique, rend bien aléaloire une lelle vant (type lat. Dianai, datif, devenant Dianae). b) Le deuxième
supposition. élément a pu disparaître, le premier conservant sa quantité longue
106 107
(typo gr. À6y'll, o6~q:, où iota « souscrit li est la notation conservatrice dans C.I.L.P, 1891 : couraueront; IX, 3574 courare). Cette diph-
du 2e élément disparu j lat. dialectal dat. Dianii,. lat. classique domino tongue a ensuite confondu son évolution avec celle de ou ancien (v.
< - oi (datif). ci-dessous), abou tissant à la voyelle longue ü. On obtient ainsi les formes
Quant aux bien plus nombreuses diphtongues à premier élément cüra, cürare < ·coisa-; ünus < ·oi-no-s (cf. gr. homo oL-fo-ç); hüc <
bref (anciennes, ou obtenues par l'abrègement du 1er élément), le latin • hoi-ce; pünicus (gr. WOI.VLXf:C;); pünire < .. poin- (emprunt au grec
les a,à date historique, progressivement perdues, les transforma'Ilt 7tOLvf)); etc ...
li i en voyelles longues. Le processus de cette évo- Lorsque la diphtongue oi était précédée de w, une dissimilation
lution, parfois complexe, consiste en une suite préventive interdisait le passage de • woi- à • wou-; oi évoluait alors
.-
o e d'assimilations (d'aperture ou de point d,'arti- en sens inverse, le premier élément glissant vers l'avant pour rappro-
~ culation). Pour suivre avec profit le détail des cher son point d'articulation de celui du second; d'où la diphtongue ei,
a faits, il est bon de se reporter au graphique évoluant erisuite, comme ei ancien, en ï. On obtient ainsi, en face de
ci-contre, où se trouvent repérés verticalement les degrés d'aperture, gr. (f)OLOIX, lat. u ïdï; de même, bien qu'un vocalisme e ne soit pas
horizontalement les points d'articulation. exclu au départ, les formes latines uïcus, uïnum, en face de gr.
fOLXOC;, fOLVOC;, reposent plus vraisemblablement sur des prototypes à
1. ,En syllabe initiale, les évolutions sont les suivantes : initiale "woi-.
Enfin, un troisième traitement est attesté dans quelques mots,
a) ai devient ae, le second élément s'assimilant au premier, et où oi a simplement subi une assimilation d'aperture du second
s'ouvrant d'un degré. On obtient ainsi, en face de gr. IXL8W, ÀIXL(f)6c;, terme au premier; d'où oe, groupe vocalique de deux élé!llents d'aper-
<JXIXL(f)6c;, lat. aedes, laevus, scaevus. De même, quaero repose sur ture identique (moyenne). On a ainsi foedus « traité » (en face de gr.
• quaiso. La graphie des inscriptions permet de situer fin me s./début 7t~-7tOLO-IX, et S.C. des Bacchanales foideratei = foederati); poena,
ne S. cette évolution. Plus tard, en latin campagnard d'abord puis, emprunt à gr. 7tOLV~ (mais dérivés impünis, pünire); moenia (mais
au début de l'Empire, en latin urbain, la diphtongue ae évoluera elle- dérivé münire, et, formé sur le même radical, mürus < •moi-ro-s);
même (par assimilation réciproque des deux éléments) vers ë ouvert, Poenus, Poenulus (mais adj. pünicus). On notera que tous ces vocables
supposé par le traitement des langues romanes (fr. ciel < •cËlum < cae- relèvent du lexique judiciaire (poena), diplomatique (foedus, Poenus),
1um; quiert < .. querit <quaeril). guerrier ou épique (moenia), c'est-à-dire de lexiques traditionnels et
b) La diphtongue ei, encore notée comme telle dans le S.C. des archaïsants. La graphie oe conservée dans ces formes doit correspondre
Bacchanales, de graphie archaïsante, a été traitée par assimilation à une prononciation qui à date ancienne a dû avoir cours.
On constate d'ailleurs que certains mots, présentant à date
réciproql}c des deux éléments. Le premier élément se fermant légère-
ment, le 'second .s'ouvrant légèrement, il en est résulté d'abord une classique le traitement ü de oi, se rencontrent dans des inscriptions
prononciation ç long fermé, notée par e dans certaines inscriptions. archaïques avec la graphie oe. Ainsi C.LL., 12,672,677,678: coerauere;
Une légère fermeture ultérieure a entraîné la prononciation ï, qui 670 : moerum = mürum. On a parfois déduit de ces graphies que oe
est celle du latin classique. On a ainsi dïco <·deico (gr. odx-vüfLL); représentait entre oi et ü le stade intermédiaire de l'évolution. Mais
ïre<·ei-se (gr. d-fLL); fïdo.<·bheydh- (gr. 7td8w); etc ... le groupe oe, formé de deux éléments d'aperture moyenne, pouvait
difficilement évoluer en ü; et son traitement le plus clairement attesté
c) La diphtongue oi est encore notée comme telle dans certaines est 0 (ainsi molus < •mo (w )elo-s; uolus < • uo (w )elos; non < noenom,
inscriptions archaïques ou archaïsantes; ainsi, en face de pélignien attesté < ·n(e) oinom). Il est dès lors légitime de poser en latin ancien
coisatens « cürauerunl )l, on lit dans C.I.L., 12, 1529, coirauil = lat. deux évolutions distinctes de oi : l'une en ou> ü, l'autre en oe; les
class. cürauil. Le S.C. des Bacchanales présente de même oinuorsei graphies archaïques coerauere pour cürauerunl doivent illustrer une
= lat. class. üniuors ï. Ultérieurement, la diphtongue oi a connu une hésitation de la langue entre deux traitements, dont un seul devait
pluralité de traitements. triompher.
Dans le cas le plus général, le second élément, dont le point d'arti-
culation était fort éloigné de celui du premier, a, tout en gardant la d) au est, semble-t-il, demeuré longtemps stable : paucus,
même aperture, glissé vers l'arrière; d'où la diphtongue ou (attestée taurus, augere, en face de gr. 7tIXÜPOÇ, 't"c<üpoç, IXÙÇIX,VW. Toutefois, par
108 109
assimilation réciproque d'aperturc entrc les deux éléments, le latin cu> ou > ü ,'con-düco; in-iüsius, comme à l'initiale, et sans qu'il
campagnard avait développé une prononciation 0, ensuite introduite soit indispensable d'invoquer la forme simple.
dans le parler populaire urbain. On a ainsi sodes « s'il te plaib < '*se(y)
audes; lolus, doublet de laulus,. et une prononciation' Clodius pour 3. En syllabe finale, le premier élément de la diphtongue
Claudius revenait au temps de Cicéron à afficher des goûts populaires. subissait de même, en tant que voyelle brève en syllabe finale fermée,
Cette prononciation, dès l'époque cicéronienne, fut combattue par les une altération. D'où :
puristes, dont le zèle excessif introduisit la prononciation au même ai> ei > i,' ros is < * -ais,. pepuli, leluli < * pc-pOL-ai, *lc-Iol-ai (ces
dans des mots op' 0 était. é~ymologique (ainsi, plodere, de. *pl-e/~d­ formes, où a apparaît devant 1 apparemment palat~l, ont un l en. f~it
« frapper »~ devint plaudere). . vélaire: v. p. 275). Dans les formes type rosae (datIf), rosae (gémtIf),
e) eu, au niveau de. l'italique commun, était devenu ou par le traitement difTérent de -ai s'explique par la chronologie de ces
a~similation de point d'articulation du pre.mier élémçnt au second; formes : dat. rosae < * rosai présente une ancienne diphtongue à
puis 0!1, en latin, devait passer à ü (v. ci-dessous). On a ainsi üro.. premier élément long, récemment abrégé; rosae < *rosa-i (génitif) est
<*euso (gr. ei5Cù); rüdi<*ghewd~ (gr. Xé(F)Cù); lücem<*lewk- (i~r. une ancienne forme à finale dissyllabique (v. p. 168) récemment
À!;fux6c;) etc ... Sur la forine Locina « déesse des enfants voyant le jour » passée à une prononciation diphtonguée.
(à côté de Lücina), de la racine *lewk- « lumière», v. ci-après. L'adjectif ci> i ,'consul-i < -ci,. lïbï < llbi (mot iambique) < *le-bhei,. nO-
liber « libre », vraisemblablement apparenté à liberi « enfants' (libres?) », bi-s < -bhei-s.
. pose un problème. Le rapprochement avec gr. È-ÀeuOepoc; semble oi > ei > i,' nom. pl. domin-i < *domin-oi (cf. gr. MYOL); dat. pl.
s'imposer compte tenu des formes 'vénète louderobos « pour les enfants ))', domin-is < -ois,. locatif domi < -oi? (gr. otxOL); mais une désinence -ei
pélignien loufir « libre ». Comme le latin, le falisque [l]oifirla « afTran- (gr. Dtd) n'est point exclue.
chie )), loifirlalo « liberlalis » atteste une diphtongue en i, expliquant ï
latin. S'agit-il, sur un domaine particulier, d'une assimilation ou >' oi eu > ü,' senalüs (génitif) < * senalew-s.
(d'où ci> ï) due. à la constrictive dentale suivante, issue de dh? ou n'est point attesté autrement que com~e étape intermédiaire
issue de -cu.
f) ou, enfin, a subi une assimil:).tion réciproque des deux éléments
en un ij très fermé, qui' ensuite a pu évoluer en' deux sens.: en latin
urbain, mie fermeture supplémentaire entrainait la prononc"Ïation ü V. LES CONTRACTIONS VOCALIQUES
(über en face de gr. oùOocp; bpbus < *glDou-bho-s); inversement, en
Bien qu'elles jouent en latin un rôle peu considérable, il co~vien~
latin campagnard, une légère ouverture entraînait la prononciation 0 "
de les examiner brièvement, dans la mesure où elles ont contnbué a
bos, bobus < * 9 lDou-,. LocÎna, (à côté de Lücina); iolus < *loulo-s;
la création de voyelles longues.
robur < * (Ill) r-cw-dh (cf. ÈpuOp6c;, ÈpeuOCù).
D'une façon générale ne posent point de problèm~ deux voyel!es
2. En syllabe intérieure, la diphtongue, équivalant à voyelle de timbre identique qui se contractent, quelle que SOIt leur quantIté
brève suivie de consonne, voyait son premier élément soumis à initiale. Ainsi, ce produit ë (cives < *cive(y)es)' monërc.< *mone~
l'apoph'onie (v. p. 96 sq.). Ce point précisé, les traitements s'expliquent (y)e-se),. ël produit ë (flëram < * flë(w)lram),. lé prodUIt e (degl
aisément: < * de-ëgi) ,. 00 produit 0 (nolo < * no-(v )olo; quorsus < quo-(v)orsus)J
00 produit 0 (copia < * co-opia) ,. ïï prod uit i (nil < n'ih'il; b imus < * bl-
ai>ci (cf.con-fec-lus) > ï: ainsi, on a conquïro <: *con-quaiso; h'imus),. n produit i (d ïlior < * di (v) ïlior ) ,. 'li produit i (gralïs < gra-
concido < * con-caido)' exislimo < * ex-aislimo (cf. aeslimare); illïdo < * l'lis) .
in-laido (cf. lacdo),. etc ...
Entre voyelles brèves de timbres difTérents, le latin n.'ofTr~v qu~
ci> ï,' con-rido; ~on-dico, comme à l:initiale. peu d'exemples de contractions. On observe une contractIon oc> 0
oi>ci> i: rcliqui < *re-"(le)loiqu-ai (cf. gr. ÀéÀOLTtet). dans les formes molus < *mo(u)elos; uolum < *uo(u)elum; nonus
au> eu> ü :con-clüdo < ':'claudo; accüso < * ad-causo,. il/ülus <
< *no(u)cn6s 1; et peut-être dans les adjectifs en -osus, si ce suf-
*in-laulus. 1. Voir cependant, p. 70, note 1.
110 111
1
\

fixe, d'origine peu cluire, repose bien sur *-o(w)cnl-lo- (cC. gr. -b(F)e:LC; vocalisation de sonanles; voyelles d'anaplyxe); en perdant des· brèves
< -*o-Fe:v-r-c;). anciennes (allongées; ou disparues: par syncope intérieure; par chute
La contraction brève + longue de timbres différents produit à la finale absolue); surtout, en modifiant très considérablement le
généralement une longue de même timbre que la voyelle longue du timbre. des voyelles brèves conservées (par apophonie en syllabe
groupe primitif. On a ainsi dës < *dd-(y)ë-s; sUs < *sLa-(y)ë-s (cf. gr. intérieure et finale;. et sous l'influence conditionnantc de ph~nèmes
OL-OO("t)C;; t-a-roc("t)C;). Dans les formes du type moneâs < * mone-â-s, la non- voi'sins). Il en résulte que l'origine des voyelles brèves n'est jamais
contraction s'explique probablement par souci de préserver la clarté sûre dès l'abord. Du même coup se trouve ruinée la valeur morpho-
du thème. logique de certaines alternan.ces autr?fois e~sentielles (v. p. l~).
La contraction d'un groupe longue + brève produit générale- Envisagé au niveau claSSIque et d un pomt de vue synchromque,
ment (après que la longue s'est abrégée en hiatus, d'où désormais deux le vocalisme latin se trouve, pour les raisons ci-dessus rappelées, assez
brèves) une voyelle longue présentant le timbre de la première voyelle peu clair. Le latin possède encore, comme l'indo-européen récent,
du groupe ancien. On a ainsi dëgo < * dë-dgo dëbco < dë-hiibco. Une · une liste théorique de dix voyelles (J, ~, f, 6, 11);. mais, d'un point de vue
forme telle que dëdmo (rare) n'a point subi la contraction pour éviter une fonctionnel, leur jeu se trouve cons~dérablement limité. Les brèves
amphibologie avec dëmo < * dë-emo (fréquent). On observe par ailleurs la notamment, sauf dans les cas de reconstruction analogique, présentent
contraction ad> 0 dans cogo < * co-dgo. en syllabe iiltérieure (ouverte ou fermée), ou finale, un timbre condi-
Dans les groupes de deux voyelles longues anciennes, la première tionné, de façon quasiment mécanique, par la position et l'environne-
s'abrégeait en hiatus, et le groupe brève plus longue rentrait dès lors ment phonétique; et il va sans dire que la valeur dis~i~c~ive des timb~e~
dans un cas examiné ci-dessus. On a ainsi amës < *amâ-(y)ë-s; se trouve du même coup effacée.: Seule la syllabe mlbale (malgré, ICl
ama < *amâ-(y)o. Les formes du type deleâs < *delë-âs appellent la encore, quelques cas d'altération conditionnée) offre aux voyelles b.r~ves
même remarque que le type moncas. latines la possibilité de .manifester plus constamment des opposlbons
distinctives. Les voyelles longues, dont le timbre est plus rarement
VI. CONCLUSION altéré, assument de ce fait des Conctions distinctives plus importantes.
Si l'on confronte à l'état indo-européen l'état latin du vocalisme, Grâce à leur maintien se trouve d'autre part sauvegardée, dans une
un point attire très vivement l'attention: à une hiérarchie structurale assez large mesure, une opposition distinctive fondée sur la quantité.
nette et stricte des phonèmes vocaliques s'est substituée une sorte Mais ce type d'opposition longue/brève ne présente en latin qu'un
d'anarchie et de confusion. De fait, envisagé sous l'aspect diachro- assez médiocre rendement. Le trait distinctif qui sépare le plus
nique, le vocalisme du latin présente, aux yeux de qui n'est point nettement voyelles brèves et voyelles longues correspond finalement
averti des principes et détails de son évolution, une opacité extrême, surtout à un clivage entre voyelles de ,timbre (le plus souvent) condi-
qui découragerait à ce stade de rechercher des structures. En effet : tionnant, et voyelles de timbre (le plus souvent) conditionné. Ce
maintien de l'opposition quantitative est de ce point de vue, dans la
1. Le latin, malgré la résistance des anciennes voyelles longues, langue, important, et joue un rôle de ré~istance dans l'évolution du
a considérablement modifié leur nature, leur répartition, et, en fin de phonétisme latin. Cc n'est sans doute pas un hasard si, en bas latin, la
compte, leur portée. Il a en effet abrégé des voyelles longues (par perte des oppositions quantitatives a donné le signal d'une nouvelle
loi d'Osthoff; en hiatus; à la finale devant consonne autre que s; série de bouleversements.
plus tard même à la finale absolue). Inversement, il s'est donné des
voyelles longues nouvelles (dans les monosyllabes toniques; par
allongement compensatoire; par traitement des diphtongues; par
contraction de brèves anciennes). Ces innovations ont évidemment
pour effet de remettre en question dans la langue le rôle morpholo-
gique de ces longues.

2. Le latin a bouleversé plus encore le système de ses voyelles


brèves: en se donnant des brèves nouvelles (abrègement de longues;
112 113
CHAPITRE PREMIER

GÉNÉRALITÉS

1. LA CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE
Les mots du latin et des langues indo-européennes, comme de
toutes les langues en général, se répartissent en classes diverses
(variables parIois d'un groupe linguistique à un autre), différant
entre elles par la forme, la fonction, ou ces deux éléments conjoints.
Du point de vue morphologique le latin et les langues indo-européennes
anciennes sont des langues de type flexionnel; ce qui n'exclut pas
pour autant la présence de mots insensibles à la flexion. Un premier
clivage laisse ainsi apparaître une classe de formes fléchies d'une part,
d'autre part une classe d'invariants. Ces derniers, en nette minorité
dans les langues historiques, paraissent avoir deux origines distinctes:
les uns apparaissent comme d'anciennes formes fléchies, émancipées
du paradigme flexionnel, et promues par figement au statut d'éléments
autonomes; d'autres, moins nombreux, paraissent, aussi loin que l'on
remonte, ne jamais avoir fait partie d'un paradigme flexionnel. Il peut
s'agir, dans ce dernier cas, de formes qui dès une époque ancienne
se seraient extraites d'un paradigme, par la suite aboli, dont elles
seraient devenues la seule survivance. Peut-être certaines remontent-
elles à une époque, plus ancienne encore, où un embryon de système
flexionnel coexistait avec des formes isolées.
A date historique, le latin et les langues indo-européennes an-
ciennes comportent une immense majorité de formes fléchies. La
grammaire traditionnelle les répartit en diverses classes dites « parties
du discours» : substantifs, adjectifs, pronoms, verbes. Plus simplement,
on englobe sous l'appellation de noms l'ensemble substantifs + adjec-
tifs. Le pronom constituant une catégorie très particulière, peu cohé~
rente, concernant un nombre restreint de mots, et sur laquelle nous
reviendrons en temps opportun (v. p. 217 sq.), les deux classes qui, dans
les langues indo-européennes, méritent de retenir l'attention, et qui
117
à elles seules englobent la presque totalité du lexique, sont le verbe et nissant le verbe comme seulement prédicat n'est donc pas suffisant,
le nom. . puisque cette définition ne dit pas en quoi le prédicat verbal se
Ces deux classes sont à notre esprit si familières que leur distinc- distingue du prédicat nominal. Cette distinction, nous le verrons, se
tion nous apparaît comme un trait nécessaire de structure linguistique, ramène à l'existence de notions annexes qu'introduit le verbe (voix,
et que leur définition nous semble superflue. Tout au plus dit-on temps, aspect, mode, personne), mais qui toutes, nous le verrons aussi,
communément que le nom désigne des objets ou exprime des qualités, ne sont pas nécessairement exprimées conjointement avec le verbe.
le verbe exprimant, lui, des actions ou procès. En fait, si la classe Sur le plan lexical, la difficulté à distinguer verbe et nom est tout
' nominale, de fonction essentiellement appellative, ne soulève pas aussi réelle. En français, « marche » peut être indiITéremment nom
d'insurmontable difficulté, la notion de verbe est fort délicate à (<< chaussure de marche »), ou forme verbale d'impératif (<< Lève-toi,
appréhender. Les Grecs, qui ont désigné par OVO(.LCXTCX les noms et et marche »); dans un énoncé du type « en avant, marche! », nous
~VT-(ÙVU(.L(CXL les pronoms, n'ont su désigner les verbes que du terme ne distinguons pas nettement si ce mot est verbe, ou nom (cf. « demi-
fort imprécis de p~(.LCXTCX « des mots D, se montrant sensibles à leur tour, repos! »). L'usager du chemin de fer identifie un nom dans « en
qualité ·non-appellative, mais incapables d'en saisir et résumer l'aspect voiture! li, tandis que le marin-pêcheur interprète comme impératif
positif. A travers le terme verba, calque latin du mot grec (au même le cri « embarque li de son patron. De tels exemples mettent en lumière
titre que nomina et pro-nomina, calques de èv6(.LCXTCX et ~\IT-(ÙVU(.L(CXL), le fait suivant: dans une langue aussi sensible que le français à la
l'appellation de « verbe li hérite de toute l'imprécision du vocable grec. distinction nom / verbe, le critère lexical est insuffisant, et l'indis-
Cette difficulté à définir le verbe tient au fond à une ambiguïté irré- tinction des deux classes se manifeste dès que n'est plus marquée la
ductible : nettement distinct du nom par la forme, le verbe indo- caractérisation morphologique du verbe. Au niveau des langues
européen n'est pas par sa fonction fondamentalement distinct du nom. indo-européennes anciennes, des faits du même ordre se constatent
Envisagé d'un point de vue logique, tout énoncé se ramène, à parfois. D'une façon générale, une même racine peut servir de base de
propos d'un sujet, à l'affirmation d'un prédicat; le sujet (comme dérivation à des formations nominales et verbales conjointement; et,
nous disons « sujet de conversation ») étant la donnée première, ce employées comme prédicat, ces formes ne manifestent leur nature
dont on parle; le prédicat, de son côté, étant ce que l'on dit; soit, à nominale ou verbale qu'au terme d'un examen morphologique. Il y a
propos d'un sujet, l'énoncé d'une proposition précise. Une séquence plus, et le verbe indo-européen comporte dans sa flexion des éléments
du type « ce spectacle est beau» comporte les deux termes sujet + nominaux. Nous entendons par là non seulement les formes dites
prédicat, et constitue un énoncé de type normal et courant. Une « nominales », toutes étrangères à la catégorie de personne (mais qui
séquence du type « beau 1 » peut constituer un énoncé, si du moins, ont parfois servi à constituer des périphrases à valeur personnelle :
nous laissons comprendre de quoi nous parlons: le spectacle qui est là gr. m:cpuxwç ~X(ù; lat. amatus est, plus tard lectum habeo); mais bien
sous nos yeux. Enfin, une séquence « ce spectacle », réduite à ce qui des formes très anciennement personnelles, dont la désinence évoque
pourrait être un sujet, ne constitue nullement un énoncé, puisque ce parfois nettement des formations nominales (v. p. 273).
sujet, dont rien n'est dit, reste virtuel. De ces remarques il découle La répartition entre noms et verbes ne reflétant ni une distinction
qu'un énoncé, pour être complet, peut dans certains cas se passer logique nette ni une distinction sémantique irréductible, nous sommes
d'un sujet exprimé; mais que, inversement, un énoncé privé de conduits à nous demander si cette distinction est nécessaire et a
prédicat ne peut, de ce fait, prétendre être un énoncé. Il apparaît donc toujours existé 1 • A la première de ces questions on répondra en consta-
que l'expression d'un précicat est l'élément fondamental de tout tant dans les langues actuellement parlées dans le monde une tendance
énoncé. générale à opposer une clas::ie nominale et une classe verbale; mais
A la distinction sujet/prédicat ne correspond pas sur le plan dans le détail, il apparaît que d'une langue à une autre la frontière
morphologique une répartition aussi nette. Le nom peut être sujet entre les deux classes emprunte des tracés assez différents, qui mettent
(<< le professeur parle »), ou prédicat (<< mon père est professeur »). Le . en évidence l'arbitraire de cette démarcation. A la deuxième question,
verbe, lui, est toujours prédicat (( mon père travaille li). Ainsi, à la on répondra en rappelant qu'aucune langue, connue à travers l'his-
bivalence fonctionnelle du nom s'oppose l'univalence du verbe. Mais
la constatation essentielle est que, à égalité de fonction, le prédicat 1. Sur celle question, voir A. Martinet, La linguistique synchronique,
peut être soit nominal soit verbal. Opposer le verbe au nom en défi- p. 195 sq.

118 119
toire même la plus longue, ne permet d'appréhender un processus contrairement au nom, apparattl'c en fonction de prédicat (un énoncé
par lequel une structure à deux classes (nom/verbe) se serait substi- du type Il le professeur, c'est lui Il n'étant qu'une refonte expressive
tuée à une structure à classe unique, ou, plus précisément, dépourvue du tour « c'est lui qui est = il est le professeur Il). C'est sans doute le
de classes. Si, dans le verbe indo-européen, certains traits morpholo- caractèrc sémantiquement vide du pronom qui explique que lui soit
giques peuvent laisser entrevoir une époque très reculée où l'opposi- refusée la fonction de prédicat. II apparaît en tout cas que le pronom
tion nom / verbe n'était point tranchée, ces traits ne sc manifestent, est un élément très particulier, qui assume syntaxiquement une partie
à date historique, qu'au regard expert du linguiste, et suscitent, il seulement des fonctions connues du nom, et qui, pour le sens, ne reçoit
faut le souligner, plus de questions qu'ils n'apportent de certitude. de contenu que par référence à un nom, exprimé dans l'énoncé ou
La méthode comparative ne permet pas d'affirmer qu'en indo-euro- suggéré de quelque façon. A cet égard, l'appellation grecque d'&'vTül\IU-
péen commun la situation, au moment de l'éclatement en dialectes, !l(<X « substitut de nom Il est encore trop lâche, puisque le pronom ne
ait été bien diITérente de ce qu'elle est dans les langues historiques. peut que dans certains cas se substituer à un nom.
Tout porte au contraire à penser que l'indo-européen, en l'état de son Sur le plan morphologique, cette curieuse classe pronominale
évolution que reflètent ces langues, connaissait une opposition morpho- possède un statut assez particulier. Dans des langues modernes
logique solide entre verbe et nom. Le hittite même, dont les structures comme le français ou l'anglais, elle constitue un Hot d'archaïsme,
verbales sim pli fiées ne reflètent pas nécessairement une phase ar- dans la mesure où elle conserve des distinctions de type casuel (fr.
chaïque de l'indo-européen, et peuvent recevoir d'autres explications, je, me, moi; il, le, lui; qui, que, quoi, lequel; etc ... ; ang!. he, him;
n'autorise pas une révision de cette vue traditionnelle. who, whom). Dans les langues indo-européennes anciennes, et plus
Tout ce qui précède revient à nous placer en présence d'un fait: encore en indo-européen (comme le fait apparaître la comparaison
le latin, et les autres langues indo-européennes, connaissent sur le plan des langues), la flexion pronominale diITère notablement de la flexion
morphologique deux classes de termes (noms / verbes), qui ne se nominale, à la fois par ses désinences et par la répartition de celles-ci
distinguent de façon nécessaire ni sur le plan logique, ni sur le plan dans le paradigme. II faut ajouter que la classe pronominale consistait
lexical, mais qui obéissent, chacune pour sa part, à deux systèmes en une juxtaposition de catégories (anaphoriques, démonstratifs,
de flexion dans l'ensemble fort diITérents. Nous sommes là en présence personnels, indéfinis, plus tard relatifs); situation qui non seulement
d'un fait de langue, arbitraire comme l'est par ailleurs le signe lin- altérait la cohérence de la classe, mais multipliait, d'une catégorie à
guistique selon Saussure (v. p. 9), et qui n'a de portée qu'en tant l'autre, les difTérences morphologiques. Cette assez grande variété
que fait de structure dans une famille linguistique déterminée. Une morphologique de la classe pronominale a eu en certaines langues
fois en présence de cette bi-partition, dont la genèse (à quelques (notamment en grec, et plus encore en latin) une conséquence impor-
suppositions près) nous échappe, nous constatons qu'à chaque classe tante. Au terme d'échanges analogiques dans les deux sens, les deux
est associée l'expression de catégories particulières : genre, nombre, flexions nominale et pronominale se sont rapprochées, et le système
cas, associés à la classe nominale; personne, [nombre, difTérent dans flexionnel issu de cette interaction s'est avéré dans l'ensemble plus
sa nature du précédent J, mode, aspect, temps, voix, associés à la classe simple et cohérent. Le détail des faits sera exposé ultérieurement.
verbale. Le caractère rationnel ou fortuit, nécessaire ou contingent, de Enfin, l'indo-européen a connu une dernière distinction, à
ces associations, fera l'objet, le moment venu, d'examens particuliers. l'intérieur même de la classe nominale, entre substantif et adjectif.
Outre l'opposition nom / verbe, l'in do-européen connaît une Le substantif est un appellatif (de personnes, d'objets, de notions:
opposition, moins importante, entre nom et pronom. Entre ces deux « Pierre Il, « enfant Il, « livre Il, « science Il), qui par excellence mérite
classes apparaît, sur le plan lexical, une nette diITérence : au nom, d'être désigné du terme « nom Il. L'adjectif est, lui, un élément de
appellatif, le pronom s'oppose comme dépourvu de tout contenu statut ambigu, qui signale un substantif comme illustrant concrète-
sémantique. En français, un énoncé « apporte moi çà Il n'est clair ment une qualité abstraitement conçue. Ainsi, une « verte prairie Il
que si un geste désigne l'objet dont « çà Il n'exprime point l'identité; est une prairie définie comme possédant la verdeur, et, en même
ct, en l'absence de ce geste, « çà Il demeure vide de contenu (à moins temps, actualisant cette qualité. C'est pourquoi, à la diITérence des
que, par la question « quoi? )), on ne se procure la précision « cc substantifs « prairie Il, ou « verdeur Il, l'adjectif « vert(e) » ne se conçoit
livre Il). Sur le plan syntaxique, le pronom (qui peut, comme le nom, que dans son association avec un substantif, dont il est un élément
être sujet, ou régime déterminatif d'un verbe ou d'un nom) ne peut, satellite, et auquel il est, dans la grammaire de la plupart~des langues,

120 121

=
« accordé ». Il est rarc qu'un adjecLif échappe ù ceLLe Lutelle du SlIUS- La llexion indo-européenne, comme l'immense majorité des autres
tantif, sauf dans les cas · où, selon la terminologie courante, il est langues flexionnelles, fait une part considérable à la permutation
« substantivé »; mais on constate alors que « le vert (du poireau)), « les des désinences ajoutées au thème (v. p. 148). Ce procédé, dans cer-
tricolores (sont victorieux) » désignent sous cette forme des êtres ou taines familles de langues, présente une extrême simplicité. Dans
objets, ct cessent d'être fonctionnellement des adjectifs. Dans la les langues notamment de type agglutinant, à un radical invariable
fonction proprement adjectivale, ne faisant qu'ajouter à la notion peuvent s'ajouter, en nombre variable (parfois assez considérable),
désignée par le substantif des précisions annexes, que l'on peut et dans un ordre qui n'est pas toujours fixe, des éléments morpholo-
supprimer sans altérer l'économie générale de l'énoncé (type: « Le giques exprimant chacun une nuance spécifique. Ainsi, en turc, à
[grand] soleil [radieux] inondait le [ petit] jardin [silencieux] »), partir d'un radical se v- « aimer », on peut bâtir les formes sev-mek
l'adjectif est du domaine de ce que la linguistique actuelle a nommé « aimer » (in finitif) ; sev-er « il y a amour» = 3 e pers. « il aime»; sev-er-
« expansion de l'énoncé» (v. A. Martinet, Éléments de linguistique im « il y a amour de ma part» = 1re pers. « j'aime ». En introduisant
générale, p. 127 sq.). Seule la fonction de prédicat (type: « le jardin la négation me, on obtient des formes sev-me-er « il n'aime pas ll;
est silencieux »), relativement moins fréquente, voit accéder l'adjectif sev-me-er-im « je n'aime pas ». De même, à partir de ev « maison Il
à un rôle fonctionnel plus important. (radical nu = nominatif), on peut bâtir les formes ev-den « hors de la
Pour des raisons qui tiennent à la nature de l'adjectif, l'indo-euro- maison » (ablatif); et, avec la marque 1er du pluriel, les formes ev-1er
péen a associé au substantif cet élément satellite du substantif, et « les maisons»; ev-1er-den « hors des maisons»; etc ... Par opposition à
constitué une unique classe dite « nominale ». Entendons par là qu'à un système morphologique aussi clair, l'indo-européen se caractérise
l'adjectif ct au substantif sont appliqués les mêmes principes flexion- par une beaucoup plus grande complexité.
nels, ct dévolus les mêmes paradigmes. Souvent, au moyen de deux En premier lieu, les désinences îndo-européennes n'expriment
suffixes fondamentalement apparentés, -ya «. -yH2) et -yo- (la point isolément une unique valeur; -me/os, désinence verbale, signale
différence entre eux se ramenant à une opposition -H 2 , exprimant la conjointement la Ire personne et la pluralité; -ns, désinence nominale,
collectivité ct l'abstraction, /-0, exprimant l'individualité), les langues signale conjointement le cas accusatif et la pluralité. En second lieu,
ont conjointement tiré d'une même base deux dérivés, respectivement une même séquence phonique peut correspondre selon les cas à deux
nom abstrait et adjectif (ainsi, gr. &vopdct « courage viril » et &VOpELot; désinences distinctes; ainsi, -es, désinence nominale, peut signaler soit
courageux »), le féminin de l'adjectif présentant souvent la même un génitif singulier, soit un nominatif pluriel animé. L'ambiguïté
forme (et procédant de la même suffixation) que le nom abstrait. naissant de cette polyvalence n'est tolérable que si elle est supprimée
Bien que le latin n'illustre point ce processus, ct quelle qu'en soit grâce à des éléments supplémentaires de signalisation. De fait, la
l'explication, il souligne encore l'étroitesse du rapport conceptuel qui morphologie indo-européenne appelle une troisième remarque : la
unit au substantif l'adjectif. flexion, outre les désinences, met en jeu des alternances, qui affectent
conjointement le thème et la désinence. Ces alternances peuvent
II. LES PROCÉDÉS MORPHOLOGIQUES. porter sur le timbre des voyelles (e/o); la présence ou l'absence de
voyelle (vocalisme plein/vocalisme réduit); elles peuvent aussi, plus
Le latin, comme les autres langues indo-européennes anciennes, rarement, se manifester par une permutation de consonnes (type -r/n:
est une langue de type flexionnel. Ce qui signifie que les rapports alternance consonantique); elles peuvent enfin concerner la place du
syntaxiques entre les membres de l'énoncé sont exprimés, en grande ton (alternances tonales: v. p. 146). A la différence du type aggluti-
partie sinon en totalité, par la forme même que· revêtent les mots. nant, ce type de flexion fait place, à côté de la variation externe
Il en résulte qu'un même mot, à quelque classe (nominale, prono- (désinences), à la variation interne (alternances). La variation interne
minale, ou verbale) qu'il appartienne, peut sans changer de sens a probablement, à date très ancienne, tenu un rôle prépondérant sinon
revêtir des apparences diverses, correspondant chacune à un emploi exclusif; et la tendance générale des langues historiques a consisté
déterminé dans l'énoncé. Les procédés morphologiques utilisés pour à réduire toujours davantage ce rôle au profit de la variation externe.
assurer cette variation formelle ou, en d'autres termes, cette flexion, Bien que le latin ait particulièrement illustré cette tendance, il con-
se ramènent en indo-euopéen à un nombre déterminé de types, qui vient, pour comprendre les faits tels que l'évolution les a fixés, de
ont tendu, pour les langues italiques notamment, à se simplifier. procéder à une description préliminaire des faits indo-européens.
122 123
1·_.~
l

Les alternances (vocaliques, consonantiques, ou tonales) ne se donc, structuralement, être reconstituées sous les formes 'bheH,-,
bornaient pas en indo-européen à régir le rapport morphologique du *gneH3-'
thème à la désinence, mais rendaient compte également de la structure
radicale. La racine en effet, à côté de son aspect sémantique (expres- 2. II n'existe pas une catégorie particulière de racines (! dissylla-
sion d'une notion), présente un aspect morphologique positif, dans biques ». Dès lors qu'est reconnue la nature sonantique (donc conso-
la mesure où elle n'est point un élément amorphe dont la forme est nantique) de -<) (en réalité H, constrictive laryngale), les racines de
livrée au hasard, mais un élément lui-même structuré en fonction forme * gen;)- = * genH c (ye:v€-rwp, genilor) ou * an<J = * H 2 enH C (ocve:(lOç,
de principes stricts. On doit à E. Benveniste (Origines de la formalion animus) apparaissent de structure exactement semblable (cons. + voy.
des noms en indo-européen, p. 147 sq.) d'avoir mis en évidence ces + 2 cons.) à celle de • leyh: ID_ « laisser», • bheydh- « persuader» (7td6w,
structures. fido) , ·werg- « travailler » ((f)~pyov), toutes considérées comme
Avant les travaux de ce linguiste, l'alternance radicale était un monosyllabiques.
rait reconnu, mais décrit en termes qui en obscurcissaient irrémédia-
blement la portée. On distinguait d'une part des racines « monosylla- 3. Allant plus loin dans son analyse, E. Benveniste isole, dans
biques» : * bher-« porter» (la t. fero); * es-« être » (es-se) * bha-« parler» les formes quadrilittères ci-dessus posées (. leyk VI_, • bheydh-, • werg-,
((ari); *leyk Vl-« laisser» (re-lïqui). D'autre part des racines dites • genH 1-' etc ... ), une séquence initiale trilittère (. ley-, • bhey-, * wer-,
« dissyllabiques », dont la particularité consistait à se terminer (eu • gen-, etc ... ), qui constitue à proprement parler la racine, les éléments
égard à la terminologie alors en vigueur) par une « voyelle réduite D venant après elle étant des affixes. La racine indo-européenne esl
-a (v. p. 61): *gem- (lat. genilor); *ana- (gr. ocve:(loç, lat. animus); ainsi fondamenlalemenl une séquence lrilillère de slructure cons. + voy.
etc ... Cette classification était très peu stricte dans la mesure où la + cons., susceptible bien sûr, dans le cas de vocalisme réduit, de
première catégorie englobait des racines de structure apparemment devenir bilittère, et de ne comporter alors que deux consonnes. Les
différente: cons. + voy. + cons. (* bher-) ; voy. brève + cons. (* es-) ; consonnes initiale et finale de racine peuvent relever de tous les
cons. + voy. longue (* bha-) ; 2 cons. + voy. longue (* gno-) ; cons. + ordres consonantiques que comporte le système phonologique indo-
voy. + 2 cons. (* leyk ID_). On ignorait de plus à l'époque que l'élément européen (sonores et sourdes; aspirées et non-aspirées; occlusives,
. -~ terminant les racines « dissyllabiques » constituait en fait une constrictives, sonantes), à quelques restrictions près cependant: la
consonne (constrictive laryngale: v. p. 61 sq.). Enfin, on méconnaissait racine ne peut pas comporter deux consonnes identiques (*ded-,
l'enseignement saussurien (qu'allait confirmer la découverte des ·mem-, • H 1eH1- ne sauraient donc former des racines); elle ne peut
laryngales hittites) selon lequel une voyelle longue indo-européenne associer une consonne sourde et une sonore aspirée (les types ·lebh-,
procède d'une ancienne diphtongue à second élément sonantique • !.edh-, etc ... sont donc exclus); enfin, elle ne peut commencer par r-.
(v. p. 62). L'immense mérite de M. Benveniste a été, à un moment De ce dernier point il résulte que tout radical présentant à date
devenu favorable, d'appliquer judicieusement les ressources d'un historique r- initial a en fait perdu (du moins s'il est d'origine indo-
esprit classificateur. Son enseignement peut se résumer comme européenne) un élément consonantique qui à date ancienne précédait
suit: . r. Cette consonne disparue peut être de nature variable : w (f)p(~G(,
lat. (w)radix); s (pÉw< ·srew-: cf. skr. sravali; lat. repo< ·srep-);
III. LA THÉORIE BENVENISTIENNE DE LA RACINE ET ou encore, en latin, H (rego < •H 3 reg-; riiber < •H 1rwdh-: cf. gr.
DES TI-IÈMES ÈpuOp6ç). Lorsque, à date historique, un radical d'origine indo-
européenne présente une initiale vocalique, il convient, ici encore,
1. Toute voyelle longue indo-européenne qui ne procède point de restituer une ancienne consonne initiale disparue. Cette consonne
d'un allongement nominal ou d'un allongement au nominatif, tous (qui en grec peut être s, w, y, ou lI) ne peut être en latin que H.
deux de caractère secondaire (v . p. 87), repose sur une ancienne On restituera ainsi • H 1es- la racine de es-se, es-l « être»; • Ii 2eg- la
diphtongue eH ou oH. Considérée au stade antérieur à l'évolution racine de ago; etc ...
de ces groupes, la langue ne connaît comme voyelles que if et (5 (v.
p. 86); et toute alternance se ramène au type if/o/zéro. Des racines Corollaire. Les consonnes indo-européennes, bien que nom-
communément posées • bh{i- « parler» ou • gno- « connaître» doivent breuses (v. p. 49), étaient nécessairement en nombre fini; et toutes
124 125
1 1 • 1 .1 i
.~u: ~ COrll~Hl1aISOnS possibles,. compt.e tenu au surplus des incompa- comme un élément bilillère voy. + cons. "( et non l'inverse), susceptible,
tibIlités signalées, nc pouvaieNt édifier qu'un nombre restreint de au vocalisme réduit, d'apparaître sous forme de consonne seule.
racines. Le nombre des notions à exprimer étant supérieur au nombre
des racines possibles, la langue comportait de très nombreux exemples 6. Enfin, au groupe racine + suffixe, peut éventuellement s'ad-
d'homonymie. Ainsi, l'indo-européen a connu au moins trois racines joindre un troisième élément, l'élargissement. Ce dernier n'apparaît
"gen-, signifiant respectivement « naître » (genus, gens, genilor),. jamais hors des cas où la racine a déjà reçu un suffixe, et sa présence
« connaître » (gno-seo, gna-rus),. « courber » (genu, gr. y6vu). Il a est donc liée à celle d'un suffixe, qu'il suit en règle générale (sauf
connu au moins deux racines "dem-, signifiant respectivement «domp- dans le cas de l'infixe nasal caractérisant certains présents verbaux).
ter» (M(J.V,x(.l.L, dom are) et «construire " (oÉ(.I.Cù, 06 (.I.oç, domus); dêux L'élargissement est un élément consonantique ou parfois vocalique
racines "pel- signi fiant l'une « puissant li (1t"6crtç, oe: ((.1. )cr-1t"6't7)ç; Iâ:t. (la voyelle thématique), toujours monolillère, et ne connaissant de ce
polis, polesl < pol(e) . est), I:autre « voler Il (1t"ho(.l.oct, penna> "pel-na); fait aucune alternance entre un « degré plein " et un « degré réduit ».
etc ... Ces homonymIes, qUi ne pouvaient pas ne pas être gênantes, De l'ouvrage de E. Benveniste il ressort toutefois que l'élargissement
ont été dépassées par le recours à la suffixation. peut être dans certains cas un élément ailleurs connu en fonction
de suffixe, mais qui, s'ajoutant dans le cas considéré à un suffixe
.4. A côté en e~et de la racine trilittère, l'indo-européen a connu pré-existant, se trouve figé sous une forme monolittère (vocalisme
aussI une catégOrIe de suffixes primaires,. c'est-à-dire de suffixes réduit), non-alternante, et répondant dès lors à la défmition et au Il
1

qui, bien avant que les langues historiques ne développent elles- statut de l'élargissement.
mêmes des suffixes nouveaux (en rendant productives de mots Nous avons jusqu'ici énuméré les éléments morphologiques sou-
nouveaux des séquences finales de mots anciens), avaient pour rÔle mis à l'alternance, mais n'avons pas encore examiné le fonclionnement
de s'associer directement à la racine, pour constituer avec elle un des alternances. Ce fonctionnement est lié à quelques principes: 1\
1
sémantème plus étoffé. Sur le plan de la signification, ces suffixes
répondaient à .un double besoi.n : a) Dans le cas de racines homonymes, 1. Un thème indo-européen, nominal ou verbal, ne comporte
des suffixes différents pouvalent chacun devenir solidaire d'un sens en principe jamais deux éléments de même nature. Les cas où l'on
distinct. Ainsi, aux trois racines· gen-, de forme semblable mais de relève deux suffixes ou deux élargissements sont toujours imputables
sens différent, pourront s'accoler trois suffixes déneutralisateurs' à l'innovation d'une langue, postérieurement à l'époque de commu-
d'où les formes ·gen-Hl- « naître li (ye:vé-"t"Cùp), ·gen-Ha- « connaître ~ nauté. Au niveau proprement indo-européen ne sont possibles que
(gno-sco < •gn-eHa-), • gen-w- « courber Il (genu), chacune clairement trois types de thèmes: racine seule (. es- dans ècr-,t"L, lat. es-t; • pe/od-
porteuse d'un sens distinct. De même, si • pel- correspond à deux dans 1t"6o-oc, ped-em); racine + suffixe (.o ge/on-w- dans y6vu, genu);
racines de sens distinct, les formes suffixées • pe/ol-y- (1t"6crLÇ, pol [e] est) racine + suffixe + élargissement (.ody-ew-s dans gr. Ze;uç, lat. Diüs
et ·p(efo)lH c (1t"e:crOÜ(.LOCL) confèrent aux deux notions distinctes deux (Fidius), /üs (paler).
expressions formelles dépassant l'ambiguïté de la forme purement
2. Deux éléments consécutifs ne doivent jamais comporter le
radicale. b) De plus, la suffixation permet d'introduire des nuances 1
même vocalisme, et, ici encore, les cas où l'on note une contravention
dans l'expression d'une notion par une racine. Ainsi, dérivées de la
racine • ser- « faire mouvement Il, les trois formes différemment suf- à ce principe s'expliquent par des innovations de date post-indo-
fixées • ser-gh- (~PXO(.l.OCL), • ser-p- (~p1t"Cù, lat. serpo), • ser-w-fsr-ew européenne. L'application stricte de la règle, telle qu'elle existe à
date ancienne, ne permet de construire que deux types de thèmes :
(péfCù .« cou~er Il; skr. srcivali) expriment, chacune pour sa part, trois
modalités dIfférentes du mouvement. De même, de *wel- « vouloir Il Thème 1 : racine à voenlisme plein + sullixe à vocalisme
(vola) sont dérivées trois formes ·wel-d- ((f)éÀoo(.l.OCL « appeler de ses l'éduit. Relèvent de ce type les thèmes • gen-H1- (ye:vé-"t"Cùp, geni-.lor);
vœux »); ·wel-p-/wl-ep- ((f)ÉÀ1t"O(.LOCL, lat. (w) lep-os , (w)lep-idus)'
• ser-p- (~p1t"-Cù, serp-a); • wel-p- ((f )~À1t"O(.l.OCt); etc ...
"wel-Hl-/-wl-eHl- (gr. dor. (f)Àljv « vouloir Il), exprimant des nuance~
diverses de la volonté. De même encore, de • sew- « dormir )1, sont Thème Il ; racine à vocalisme réduit + sullixe ù vocalisme
dérivées les formes • sew-p-/sw-ep-/sw-p- (Ü1tVOç, somnus < •swop- plein. Relèvent de ce type les thèmes· gn-eH1- (yv~-crLOÇ, xcx:crf.-yv'l')-'t"oç)j
no-s) et ·sew-d- (e;uoCù). Sur le plan morphologique, le suffixe se définit .osr-ep- (lat. repo); .owl-ep- (lepas, lepidus<wlep-); etc ...
126 127
1
1

Corollaire 1. Dès lors que deux vocalismes réduits consécutifs du premier suffixe. Ainsi (les désinences se comportant en tout. point
ne peuvent cocxister, l'élargissement, toujours par définition au comme des suffixes ou élargissements), un thème II "dy-ew- supporte
degré réduit, ne peut s'ajouter au suffixe (lui-même au vocalisme aisément l'adjonction d'un élargissement -s (d'où Z&ÙÇ, lat Diüs,
réduit) d'un thème l; il ne peut s'ajouter qu'au suffixe (au vocalisme l üs (paler)); mais l'adjonction d'un nouveau suffixe -clos entraîne
plein) d'un lhème II. la réduction de *dy-ew-os à "dy-w-os (d'où gr. ~~(f)-6çj le lat. lovis
< *dyew-es procède d'une réfection ultérieure). L'adjonction de l'élé-
Corollaire II. L'élargissement étant toujours lié il la présence ment morphologique entraînant cette réduction se situe, selon E. Ben-
d'un suffixe, l'identification d'un élargissement entrainera l'idcntifi- veniste, à une date indo-européenne, mais récente. Elle est aussi la
cat~on d'un suffixe, constituant lui-même, par son adjonction à la marque d'une dérivation exclusivement nominale au départ. On peut
racme, un thème II. Ainsi, la comparaison 7û\~eOç/nÀYjp~ç/plënus fait dire que le lhème III esl une forme de lhème II syncopée au lerme
apparaître des élargissement dh, r, nj il en résulte que plë- est un d'une dérivalion récenle, manifeslanl au surplus un élal non-aulonome,
thème I~ "pl-eH.c , La comparaison entre lat. pleclo Il tresser )) et gr. mais conditionné, de la séquence radicale. .
mxCJ) faIt. de meme a~p.araitre, dans la première forme, un élargisse- Carastéristique essentiellement de formations nominales, le
ment -l-; Il en résulte ICI cncore que "pl-e1c- est un thème II. Compa- thème III apparaît aussi, à date historique, dans des formations
rons cnfin lcs deux thèmes II "pl-eH1 - et "pl-ck- : il apparait que verbales. Ces formations, selon E. Benveniste, sont toutes influencées
la même racinc" pl- au vocalisme réduit, exprimant fondamentalement à des titres divers par des formations nominales. Cela est évidem-
l'idée de « multiplicité ", se différencie en dcux notions, Il foule" et ment exact des dénominatifs; et si lat. fug-are, dic-are, attestent un
(! assemblage D, au terme de deux suffixations différentes. Un rappro- thème III "dy-k- ou "bhw-g-, c'est que ce dernier est normal dans les
chement devient dès lors possible avec deux autres thèmes, formés noms" drca (gr. oLX'/) ), fuga, dont ont été tirés ces verbes. Le thème III
par l'adjonction d'un troisième suffixe: thème 1 pelol-w- (1toÀu-ç\ nominal s'explique tout aussi aisément dans certaines formes préci-
théme II pl-ew- (lat. plüs). sément « nominales li du verbe; ainsi dans l'adjectif en - "lo- (mor-
phème constitué de deux élargissements: -l-o-). Dans certains cas,
Corollaire III. De ce qui précède, il ressort que, d'un point le thème III observé dans des verbes ouvre des perspectives diffé-
de vue ~ratique, doivent être considérées comme thèmes 1 les séquen- rentes et plus nouvelles. Il ·semble ainsi que, devant les désinences de
~es radIcales cons. + voy. + 2 cons. ("ser-p-, "ser-gh-, *wel-p-, pluriel (Tt-O&-[WI) et de moyen (Tt8&!J.CXL), le vocalisme réduit radical des
qen-Hd, en comprenant dans cette catégorie les séquences cons. + flexions athématiques implique une origine nominale des désinences
dIphtongue + cons. ("ley-k VJ_ de ,,&en-w, re-lïqu-i; "bhey-dh- de (et des formes verbales dans leur ensemble) correspondant à ces caté-
n&eOCJ) , fïdo; "dhey-gh-de nL;(Oçj "bhew-dh- de 7tE;ù8-0!J.oc~). De la même gories. L'aoriste radical thématique à vocalisme réduit (type l-Àm-ov, Il
façon, devront être considérées comme thèmes II les séquences 2cons. ~-(F)Lo-ov) peut lui aussi impliquer une origine nominale de l'aoriste.
+ ,!oy. + cons. (" sl-eH2- de !-O'TCX-!J.L, slii-re; "gn-eH3- de y~-yv~-O'XCJ), Il va sans dire que les doctrines, ci-dessus rapportées, de M. Ben-
gno-~co~ "sr-ep,- de r~po; "wl-ep- de lep os , lepidus; etc ... ). Le cas très veniste engagent la plus ancienne couche indo-européenne que per-
partlcuher de 1 élargIssement nasal infixé dans un thème II de présent mette d'atteindre la méthode comparative, renforcée même à bien
verbal n'entre point ici en considération, et sera examiné en son des égards de la méthode structurale. Il va sans dire aussi qu'il
temps. s'agit dans tous les cas beaucoup plus de principes directeurs que de
règles absolues, applicables indistinctement et sans discernement à
3. Outre les thèmes 1 et II, l'indo-européen a connu aussi un l'interprétation de tous les niveaux des langues historiques: celles-ci
thème III, caraclérisé par le double vocalisme réduil de la racine el ont, par le jeu de l'analogie et des mixages, considérablement modifié
du suffixe. Cctte structure, contrevenant à la règle selon laquelle l'état ancien. Les positions proposées en 1935 par E. Benveniste
d,eux .éléments de vocalisme semblable ne peuvent se succéder, n'ont pas moins l'avantage de faire nettement saisir les structures
s exphque selon E. Benveniste au terme d'une altération récente: fondamentales à partir desquelles se sont différenciées et constituées
lorsque, à un thème II, venait s'ajouter un élément morphologique les structures historiquement constatées dans les langues. Elles
supplémentaire (nouvel élargissement, ou nouveau suffixe) cette fournissent aussi, et c'est là pour une science un apport non-négli-
adjonction entraînait, par une sorte de syncope, la perte de la ~oyelle geable , une terminologie commode.
128 129
Outre les aILernllnces vocaliques, sur lesquelles nous nous som-
mes, par la force des choses, étendus, l'indo-européen faisait place
aux alternances consonantiques et tonales. Ces deux types d'alter-
nances trouvent eux aussi dans la perspective benvenistienne un
éclairage nouveau. Les alternances consonantiques consistent, dans
le cours de la flexion (notamment nominale), en une permutation CHAPITRE II
d'élargissements ou suffixes ayant valeur distinctive. C'est ainsi qu'en
grec la flexion du type ~1t(x.p/-(1.:roç oppose à des cas « directs » en -exp <r
des cas obliques en -ex["t'- > tz. A date indo-européenne, ce type flexion- LE NOM EN LATIN:
nel parait avoir connu un assez grand rendement, et joué même un CATÉGORIES NOMINALES
rôle essentiel dans le flexion rudimentaire de certains inanimés.
Quant à l'alternance tonale, elle peut s'interpréter par référence à ET MÉCANISMES FLEXIONNELS
l'alternance vocalique dans les thèmes l, II, III. A une époque où
seule une séquence morphologique du mot comportait un vocalisme
plein, l'élévation tonale de la voix ne pouvait coïncider qu'avec cet Le nom ~classe englobant le substantif et l'adjectif (v. p. 121),
unique élément vocalique ("sér-p-/sr-ép-), et se trouvait à ce niveau "ne se borne p~s à assumer l'appellation lexicale d'~ne notion, ,et peut
conditionnée. Lorsque, par suite des mixages analogiques plus tard se faire le véhicule, notamment dans les langues fleXIOnnelles, d exp~es­
survenus, plusieurs points vocaliques sont apparus dans un même si ons annexes. Dans la flexion latine, héritière en cela de la flexIOn
mot, le ton, diversement placé au terme de ces mixages, a pu recevoir indo-européenne, le nom se voit ainsi adjoindre les catégories de genre,
valeur distinctive; d'où les couples gr. v6floc;, / vOfl6ç; "t'6floc;, j"t'Ofl6c;, (dont nombre, et cas,
un membre est sûrement, d'un point de vue morphologique posté-
rieur à l'autre: v. E. Benveniste, op. cil. p. 172). Mais, les' usages I. LE NOMBRE
concernant le ton ayant été d'une langue à l'autre considérablement Cette catégorie est, en indo-européen, commune au nom, au pro-
modifiés (la plupart du temps dans le sens d'une limitation et d'u"ne
nom, et au verbe. Pas plus que l'opposition n~m/verbe ell~ n:e, prés~nte
mécanisation des variations), il est malaisé de reconstruire avec
au niveau des langues un caractère nécessalr~. La senslblhté, d u~e
précision le système, s'il y en a eu un, des alternances plus anciennes.
langue à la notion de nombre est ,un simple faIt de str?cture l!ngUls-
En ce domaine, la description des usages manifestés par les langues
historiques prime une aléatoire reconstitution 1. tique, arbitraire comme tous les fal,ts de. ce genre: Assu~ement, 1 ~bser­
vation du monde extérieur nous faIt VOIr des objets umques, ou mclus
dans des séries de deux, trois, quatre, etc ... individus. Mais. l'expres-
1. Voir, sur l'ensemble de ces problèmes, J. Kurylowicz L'accentuation sion de ce nombre objectivement constaté peut .être lexlCalement
des langues indo-européennes, Wroclaw, 1952. ' dévolue à des sémantèmes spécifiques, que nous déslgno~s par « noms
de nombres )J, ou « numéraux )J. Sur un plan morp~ologlqu~, au~une
nécessité réelle n'impose la catégorie de nom~re; Il est meme Irra-
tionnel d'opposer un/plusieurs, et de "n:e pomt oppo~er deux/plu-
sieurs, trois/plusieurs, etc ... Une oppOSItion morphologIque de ?oI?-
bres est si peu indispensable que des langues, telles que le chmols,
l'ignorent presque totalement. , "
En indo-européen, verbe, pronom, et nom, avaIent en comm';ln
trois nombres: singulier, duel, pluriel. Le prono~ et le nom connaIS-
saient de surcroît un quatrième nombre, le collectif, confondu dans la
morphologie verbale avec le s~ngul~er (d'où l'acco:d, encore "constat~
en grec attique, d'un verbe smguher av~c un sUjet co~lectIf type .
"t'eX ~<j)ex "t'p€x&~), L'existence, à côté du plurIel, d'un collectif, correspon-

131

"------ " - - -
dait à une distinction conceptuelle entre pluralité analytique et nure « hommes et bétail » au duel (le duel étant ici affecté à l'expres-
dénombrable d'une part, pluralité synthétique et indénombrable sion, attestée en d'autres langues, d'un groupe indissociable de deux
d'autre part. C'est ainsi que l'anglais distingue deux adverbes, many catégories, dont chacune peut être constituée de plusieurs individus).
et much, et que le français distingue d'une part « mille hommes », 2). Quant au latin, il conserve la forme de duel au nominatif masculin
d'autre part « l'humanité », « le genre humain », ou « la foule ». On et inanimé des noms de nombre dao et ambo, parfois aussi à l'acc. duo)'
constate cependant qu'en nos langues modernes cette distinction a mais un ace. pl. duos est attesté; et le féminin, plus tous les cas obli-
une expression lexicale, et non morphologique. Quant au duel, com- ques à tous les genres, reçoivent des désinences de pluriel. On a cru
mun au verbe, au pronom, et au nom, son existence choque notre trouver aussi des vestiges de duel dans quatre inscriptions anciennes
mentalité, dite moderne, en fait modelée par l'usage des langues d'au- de Rome, Préneste, et Lanuvium (C.I.L. 12 , 30; 59; 61; 2442), où des
jourd'hui. En fait, l'indo-européen était plus économe de formes que formes en -0 (Pomplio, MeLilio, CesLio, RebinioJ sont sujet de verbes au
ne l'étaient naguère encore des langues amérindiennes et austra- pluriel (dedron = lat. class. dederunl; dedëre J. Certains (dont A. Ernout,
liennes attestant un triel. On a voulu interpréter le duel indo-euro- Recueil de LexLes latins archaïques, nO 21 à 24) voient en ces formes
péen comme caractéristique d'une « mentalité primitive ». C'est d'anciens nominatifs pluriels thématiques en -os, où -s ne serait pas
oublier que les correspondances linguistiques permettent d'attribuer noté (v. p. (0). Mais C.I.L. 12, 59, atteste à côté de ces formes en -0
à l'indo-européen non seulement les noms d'unités, mais ceux des la forme magislere = lat. class. magislri, manifestement afTublée de la
dizaines et des centaines, autorisant à penser que ce peuple Cl primitif» désinence plus récente -ei < -oi. Les formes en -0 peu 'lent être dès lors
savait compter jusqu'à 999. C'est oublier aussi que l'attique, le plus soit des duels (MeLilio: .« les deux Metilius »), soit, plus vraisemblable-
intellectualisé des parlers grecs, est celui qui a conservé le plus long- ment, un singulier générique en -os (comme nous disons «les Durand»).
temps le duel. L'existence du duel est un simple fait linguistique, De toute façon, de tels vestiges du duel, authentiques ou supposés,
correspondant tout au plus à une conception du nombre concrète- ne présentent en latin aucune portée synchronique. Le latin ayant
ment solidaire des objets décomptés, comme elle l'est chez les enfants par ailleurs éliminé presque totalement le collectif, assimilé soit à un
non-encore promus à la conception abstraite et mathématique du singulier de première déclinaison, soit à un pluriel inanimé (décelable
nombre. Quand nous parlons de « paire de souliers », « trio d'anches », seulement aux cas « directs »), cette langue, à date historique, ne
a quadrette de boules », « douzaine d'huitres », « quinze de France », connaît plus comme vivante qu'une opposition binaire singulier/
etc ... , nous nous abandonnons, aujourd'hui encore, à la même ten- pluriel. .
dance concrétisante qui à date plus ancienne a pu stabiliser le duel
comme catégorie linguistique. II. LE GENRE
Il n'est pas moins exact que le duel a tendu à disparaître dans
toutes les langues indo-européennes. L'indo-iranien et le grec l'ont Cette catégorie, tout aussi arbitraire que celle du nombre, est
progressivement aboli au cours du 1er millénaire A.C.; le celtique et le plus délicate (car moins concrète, en dépit des apparences) à appré-
germanique n'en présentent plus, dès les plus anciens textes, que des hender. Une langue comme le chinois peut se passer de genre; tout
traces; le hittite et l'arménien, peut-être sous l'influence d'un substrat un groupe de langues africaines multiplie au contraire les genres,
identique, l'ont perdu avant les premiers documents connus. Q~ant exprimés par des préfixes « classificateurs »; les langues sémitiques
aux langues italiques, elles n'en présentent plus que des vestlges, étendent au verbe cette catégorie; etc ... Parmi les langues occiden-
perceptibles seulement au regard du linguiste; et la non-concordance tales modernes, certaines possèdent un neutre, dont le français se
d'un dialecte à l'autre prouve que le duel a été perdu séparément par passe sans regret, considérant en revanche comme essentielle la dis-
chaque langue, postérieurement au stade de communau~é italique. tinction masculin/féminin. En fait, cette distinction (qui ne devrait
Ces vestiges se ramènent à peu de chose: 1) . L'osco-ombrlCn connait pas s'appliquer aux notions abstraites et aux êtres asexués) pourrait
pour le nom de nombre « deux» des formes uniquement de pluriel s'exprimer uniquement par des lexèmes, comme dans les couples
(os. Lui; ombr. dvei <*dwoi); mais l'ombrien atteste (Tables Eugu- « cheval »/« jument », ou « mésange mâle »/a mésange femelle ». Quant
bines VI a 30, 32, 39) une séquence veiro pequo, interprétée parfois à l'usage syntaxique qui nous fait accorder le nom d'objets asexués
comme acc. pl. (G. Bottiglioni, Manuale dei DialetU !lalici, § 30), avec des adjectifs de forme difTérente (a un beau tableau »/a une belle
d'autres fois (ainsi Wackernagel, K. Z. 43, p. 295) comme une tour- table»), il nous permet de déceler, au-delà d'une répartition naturelle
132 133
eoclasses de sexe, une répartition, fondée sur un usage arbitraire, en le pluriel neutre emprunte les formes, aux cas Il directs ", de l'ancien
classes d'accord: Nous distinguerons donc nettement un genre naiurel collectif.
d'une part, un genre grammatical d'autre part. Quant à la distinction, au sein du genre animé, entre masculin et
Les structures linguistiques de l'indo-européen comportaient féminin, elle est des plus ténues, en dépit de la classification en deux
deux genres : inanimé, et animé, ce dernier se subdivisant en deux sexes des êtres animés. Cette distinction est parfois négligée en indo-
sous-classes: masculin, et féminin. Il semble qu'à date très ancienne européen, et, dans à peu près toutes les langues historiques, on ren-
l'inanimé se soit opposé à l'animé par des traits morphologiques : contre des appellations identiques du sujet mâle et du sujet femelle;
moins grande sensibilité à la flexion (dont un vestige demeure, à date la signalisation du sexe s'efTectue alors soit grâce à un lexème d'appoint
historique, l'identité de forme pour le nominatif et l'accusatif « neu- (lat. bos mas/bos femina), soit grâce à l'accord syntaxique avec un
tres Il); recours, dans une flexion ainsi embryonnaire, à des alternances pronom ou adjectif (gr. 0 x(X)..àç r.1t7tOç/~ x(X),:~ L1t7tOÇ; x(X/,àç IlvfJPCù1tOç/
d'élargissement (type -r/-n: v. p. 123). Mais, par la suite, la flexion x(XÀ~ èivOpCù1toç; lat. bonus canis/bona canis; hic bos/haec bos). Il fautnoter
inanimée a reçu aux cas obliques les mêmes caractéristiques désinen- en eITet qu'en indo-européen, comme par la suite en grec et latin,
tielles que l'animé; et, aucune flexion spécifique ne lui étant réservée, aucun type flexionnel ne correspond à un genre spécifique: * paler-
l'inanimé a perdu, ailleurs qu'aux cas « directs Il, toute autonomie « père l) se fléchit comme *miiier- « mère ll; lat. dominus (masc.) comme
morphologique. Sur le plan lexical, on s'attendrait à trouver une fagus (fém.); scriba (masc.) comme puella (fém.). En fait, la distinc-
répartition naturelle, l'inanimé devant englober tous les noms d'objets tion morphologique du genre ne s'observait en indo-européen que dans
dépourvus de vie ou de sexe, et eux seuls. En fait, de nombreux noms deux cas semble-t-il: 1). Pour les noms d'agent, dont le féminin, dérivé
d'êtres inanimés échappaient au genre inanimé, dans la mesure où du masculin, se signalait par l'adjonction au thème d'un suffixe
certaines notions (eau, feu, terre, etc ... ) pouvaient être conçues tantôt "-yeH 2 /-yH 2 (d'où -yii/-ya, ou- ï). Ce suffixe se retrouve en latin dans
comme matière inerte (gr. UÔCùp, 1tÜp, 7téôov, etc ... ), tantôt, comme source les formations en -ïx, -ir-ïx (gene-irïx, merelrïx) , et, lui-même suffixé
d'énergie et de production (lat. aqua; ignis = skr. Agni < * egni-; par -no-, dans les formations en -ï-na (reg-ï-na; d'où gall-ïna, etc ... ).
humus = gr. X6wv) 1. La même distinction conceptuelle peut expli- 2). Pour les adjectifs, ou du moins certains d'entre eux: lorsqu'un
quer, au terme de la dérivation, la répartition en deux genres de masculin relevait de la flexion thèmatique en -e/o-, il était morpho-
termes tirés d'une même base: entre les animés tels que ve:UC)Lç, 7toblCfLÇ, logiquement possible de construire un féminin correspondant en
[luclus, aclus, et les inanimés VE:uf.L(X, 7tOL~f.L(X, [lumen, agmen, la répartition substituant à la voyelle thématique -e/o- un suffixe -eH2 /-H 2 (d'où
parait correspondre à un clivage dynamique/non-dynamique. Inverse- les. couples gr. cX.y(X06ç/&.y(Xe~; lat. bonus/bona). On constate que, dans le
ment, si l'inanimé n'englobait pas tous les noms d'objets non-vivants, cas de l'adjectif comme dans celui du nom d'agent, le féminin est
il englobait semble-t-il des noms d'êtres vivants: dans ce cas, l'usage finalement caractérisé par. le morphème -eH2 /-H 2 , le suffixe -y-eH 2
de l'inanimé revenait à refuser à ces êtres animés la reconnaissance étant à -y-o- (suffixe de dérivation par ailleurs connu) exactement ce
d'une personnalité active, d'une autonomie juridique, ou simplement qu'est -eH2 à -0-. La voyelle thématique ayant semble-t-il comporté
la jouissance de la raison. On observe ainsi que sont souvent désignés une valeur individualisante, et -eH2 étant par ailleurs. connu comme
par des neutres les esclaves (cX.vôpcX7tOÔOV, mancipium); des femmes, sou- suffixe de collectif, il apparaît ainsi que l'opposition masculin/fémi-
vent courtisanes (YUVlôLOV, scorium); des enfants (1t(XtÔLOV, 1t(xLMpLOV), nin, dans les' cas où elle existait, 'était en indo-européen du même type
d'où l'usage de l'inanimé pour l'expression de diminutifs (EùpmlôLov), à que l'opposition individuel/collectif (bono-s/bon-a comme lemplo-m/
l'origine peut-être dépréciatifs. Nous dirons que d'une façon générale lempl-ii). La linguistique indo-européenne n'a pas encore expliqué
l'inanimé s'employait pour dépersonnaliser un individu vivant, de façon satisfaisante cette identité formelle entre féminin ct collec-
l'animé s'employant en revanche pour conférer, à un objet inanimé tif, qui n'aura pas moins pour conséquence d'assimiler souvent en
ou à un concept non-personnel, une personnalité arbitraire. Cette latin historique d'anciens collectifs à des féminins. singuliers (v. p. 137).
valeur dé-personnalisante du neutre le rapprochait à certains égards Constatons donc simplement la nature secondaire du féminin, obtenu
du collectif (v. p. 132); et ce n'est pas un hasard si, à date historique, par dérivation à partir. du masculin aussi bien dans le· cas des noms
d'agent que celui des adjectifs. Notons aussi que, dans une deuxième
1. Voir A. MEILLET, La catégorie du genre et les conceptions indo-euro- .période, un mix~ge dev.ait ~'efIectuer, introduisant le suffixe -yeH2/yHz
piennes, dans Linguistique historique et linguislique générale, Opp. 211-229. dans les formatIOns adJectIvales (gr. ~(xpE:~(x> -tf-y(X), et, inversement,
134 135
le suffixe -eII2 , dans les noms (lat. equa). Sur les raisons qui initialement vue synchronique cette flexion ignore le neutre. Surtout, un ensemble
ont incité l'indo-européen à dériver du masculin certaines formes de d'indices montre que le neutre, d'un point de vue conceptuel, cesse
féminin, on ne peut faire que des hypothèses; parmi elles, nous signa- d'être compris par les usagers du latin comme une catégorie claire et
lerons celle de A. Martinet (Le genre féminin en indo-européen: utile. Passons sur les cas où un double pluriel, animé et neutre, répond
examen fonclionnel du problème, B.S.L., LII, 1, pp. 83-96), séduisante, à un singulier animé (type lacerli/lacerla; loci/loca; ioci/ioca; sibilil
mais qui demeure hélas une hypothèse. sibila); cette situation peut attester un vestige de la distinction
A date historique, le latin fait partie des langues, les plus nom- ancienne pluriel/collectif. Mais on constate dès les premiers textes
breuses (seule exception notable: le hittite), qui conservent les trois littéraires un usage éventuel du masculin pour le neutre : caelus
genres îndo-européens : inanimé (dit « neutre »), masculin, féminin 1. (Ennius, 474 Vahlen) pour caelum; dorsus (Plaute, Miles 397) pour

~\
D'un point de vue synchronique, l'opposition animé/inanimé est en dorsum; forus (Lucilius, 145 Müller) pour forum; etc ... Surtout, on
latin morphologiquement décelable aux cas directs (civis, civem/ constate que le neutre n'a point été légué par le bas-latin aux langues
mare; domini, dominos/lempla) 2; mais aux cas obliques l'opposition romanes; et des formes telles que fr. brasse, cervelle, feuille, joie . !
masculin/neutre est neutralisée tant du point de vue syntaxique que (féminin) su pposen t des prototypes * cerebella, * bracchia, * foUa,
morphologique (boni domini comme pulchri lempli; boni civis comme * gaudia, tous anciens neutres pluriels assimilés, de par l'ambiguïté de
magni maris), seule subsistant une opposition masculin + neutre/ leur finale (lempla comme familia), à des singuliers de la flexion en -a 1.
féminin. La seule opposition importante est en fait l'opposition mas-
culin/féminin, insensible morphologiquement au niveau du substantif III. LES CAS
(naulae comme filiae; dominï comme fagI; palris comme malris;
fruclüs comme manüs; etc ... ), insensible de même au niveau de cer- Une langue peut être flexionnelle au niveau du verbe (tel est le
tains adjectifs (suavis, etc ... , pour les deux genres), mais sensible au cas, dans une mesure non-négligeable, pour le français actuel), et ne
niveau d'autres· adjectifs (bonus/bona), et susceptible dès lors, à l'être pas au niveau du nom, ou inversement. La catégorie de cas est
travers le phénomène d'accord, de conférer à l'opposition masculin/ liée strictement à la notion de flexion nominale. Une langue est
féminin une expression syntaxique (boni palris/bonae malris). C'est casuelle lorsqu'on constate en cette langue des changements partiels
en somme le recours d'un même adjectif à deux flexions différentes de la forme de mêmes noms, changements réglés selon des principes
selon les exigences de l'accord qui maintient présente à la conscience constants et systématiques, de telle sorte qu'entre une forme donnée
d'un usager latin l'existence d'une opposition linguistique des genres. et une fonction donnée se manifeste un rapport de solidarité, relevant
Une telle situation n'est point de nature à faire du genre en latin de la structure de la langue considérée.
une catégorie solide. De fait, l'histoire du latin, si elle manifeste un La terminologie concernant les cas nous a été léguée par le latin,
maintien de l'opposition masculin/féminin, laisse apparaître une où casus constitue la traduction littérale, mais peu explicite, du grec
désuétude progressive du neutre. Dès une époque ancienne, la 5 e décli- 1C't'WcrLC; « chute )). L'application de ce terme à la catégorie linguistique
naison (de formation récente par rapport aux autres) ne comporte de cas paraît procéder en grec d'une métaphore empruntée au jeu de
point de neutres. Il en va de même de la Ire déclinaison, mais pour dés: tout comme un joueur tient dans sa main un cube, virtuellement
une raison différente: cette flexion est constituée d'anciens collectifs porteur de six valeurs différentes, dont une seule sera réalisée par le
en *-(e)H'l, qui, après avoir fourni l'expression plurielle de l'inanimé, coup de dés (1C't'WcrLC;), l'usager d'une langue tient dans son esprit un
ont été par le latin assimilés à des singuliers; il reste que du point de signifiant virtuellement passible de formes différentes, dont une seule,
compte tenu des exigences syntaxiques de l'énoncé, sera réalisée dans
la parole. Par la suite la grammaire grecque a distingué une e:ù0ûlX
1. II convient de voir là une répartition grammaticale ct non na/urelle:
le latin plus encore que l'indo-européen tend à considérer comme de genre
animé des objets dépourvus de vie. La répartition de ces « Caux animés » 1. Dos exemples plus anciens de tels faits sont attestées par les doublets
entre les genres masculin et féminin souligne encore davantage le caractère caemen/a, -ae « ciment. (Ennius) à côté de caemen/um; menda, -ae « défaut
surtout grammatical du genre en latin. physique» à côté de mendum; ramen/a, -ae « raclure (Plaute), à côté de ramen-
2. Encore faut-il tenir compte de quelques cas où le neutre a reçu par exten- Lum; rapa «rave» (Columelle) à côté de rapum. Une valeur dépréciative attachée
sion la Corme du genre animé: adjectifs de typo a/rox, audax, dives; participos souvent au féminin explique sans doute que ganea « taverne, mauvais lieu"
de type efTlciens, prudens <. pro-videns. ait, dès après-,- Plaute, évincé l'ancien ganeum.

136 137

"
, ,
-
7t't'WO"LC;; « coup droit
II (d'où lat. ciisus reclus « cas direct lI), et d'autres malri, tantôt à celui de bonii maire. Il apparaît ainsi que la conscience
dites 7tÀOCyLOCL « coups obliques» (d'où lat. ciisus obliqui « cas
7t't'WO"&LC;; d'un cas autonome se maintient clairement aussi longtemps qu'elle
obliques »). Plus tard encore chaque 7t't'wcnc;; a reçu un nom particulier: est distinctement sanctionnée au niveau singulier ou pluriel d'un
OVO(LOCO"'t'LX~ (lat. nominalivus); OChLIX't'LX~ (c cas de l'objet mis en cause paradigme, fût-il unique. Le nombre des cas latins ne correspond donc
cc (lat. accusaiivus); y&VLX~ « cas exprimant l'appartenance à un genre» pas au nombre de formes présentées, au singulier ou au pluriel, par
(lat. genilivus); OO't'LX~ cc cas servant à donner» (lat. daiivus). L'intro- le paradigme le plus riche (aucun ne présente plus de cinq formes difTé-
duction d'un cas servant à interpeller (x.À"1)"LX·~, lat. vocalivus) a été rentes); il correspond seulement au plus grand nombre de fonctions
plus tardive encore. Les grammairiens latins ont dû ajouter à cette morphologiquement distinguées, constatable en des séquences de
liste un ablalivus, que ne possédait point le grec. Ainsi s'est créée la deux noms accordés, relevant de paradigmes différents.
terminologie traditionnelle que nous utilisons communément. Cette méthode d'identification, fondée sur la combinaison des
S'il est généralement facile de déceler le caractère casuel d'une paradigmes, laisse toutefois subsister un problème. Si l'on est en droit
langue, il est souvent moins facile d'inventorier les cas dont elle dis- de reconnaître parfois derrière une forme unique d'un paradigme deux
pose, notamment dans les langues indo-européennes, de type non- cas correspondant à deux fonctions distinctes, a-t-on inversement le
agglutinant (v. p. 123). Ainsi, en latin, un cas unique s'abrite derrière droit de considérer comme deux cas deux formes distinctes ne corres-
des formes aUae (agi, boni cons ulis (génitifs singuliers), aUarum (ago- pondant à aucune fonction? Le nominatif, le vocatif, servent en latin
rum, bonorum consulum (génitifs pluriels), car à formes différentes ces à nommer ou interpeller des êtres, mais sont étrangers à l'énoncé
séquences morphologiques ne sont susceptibles de répondre qu'à une proprement dit l et donc dénués de fonction. La tradition qui les
fonction syntaxique. Inversement, des séquences bono domino, inclut dans le paradigme casuel ne se fonde que sur un critère : ces
(acilës versüs, peuvent correspondre à des cas différents (datif/abla- formes se présentent les premières à l'esprit lorsqu'on évoque le signi-
tif; nominatif/accusatif), car d'autres syntagmes exprimeraient par fiant désignant l'objet aperçu ou conçu. A-t-on, d'autre part, le droit
des formes distinctes les deux fonctions dont l'expression morpho- de traiter comme casuelles des formes autrefois incluses dans un
logique se trouve ici neutralisée. Cette situation observée en latin paradigme, mais ensuite figées en un emploi adverbial 2 ? La tradi-
s'explique du fait que les désinences latines expriment conjointe- tion revient à ne voir des cas ni en des formes telles que anle (= hitt.
ment le nombre et le cas; que certaines peuvent être communes à fJanti, locatif cc sur le front »), ni en d'autres comme reclë, ancien instru-
plusieurs cas; ct qu'il existe en latin des paradigmes flexionnels diffé- mental dont la forme alternait avec reclo, demeuré casuel. En fait,
rents. Pour identifier ces paradigmes, il faut déterminer des groupes la nature non-casuelle de anie s'explique par le fait que cette forme
homogènes de noms, caractérisés chacun par un système défini n'est point associée à d'autres dans un paradigme complet; la nature
d'éléments flexionnels. La présence en latin d'une pluralité de para-
digmes nominaux est un élément essentiel, préservant la clarté de la 1. Le vocatif, qui atLire l'attention de l'interlocuteur sur l'énoncé à lui
langue. Lorsqu'en effet deux cas sont de forme identique au niveau adressé, n'est point en fait inclus dans cet énoncé: on peut le comparer au
d'un paradigme donné, l'accord ou le voisinage d'un autre nom de numéro d'appel téléphonique, gr:1ce auquel un message peut êlre acheminé
vers son destinataire, mais qui n'est point portion intégrante de ce message.
fonction semblable, relevant d'un paradigme différent, permet seul Quant au nominatif, généralement défini comme « cas du sujet », il se comporte
l'identification du cas. Ainsi, poelae, qui pris en soi peut être datif bien plulôt comme un appellatif simplement surajouté à l'énoncé. En effet,
singulier, génitif singulier, ou nominatif pluriel, apparaîtra comme un la structure de l'énoncé indo-européen se caractérise par l'expression conjointe
génitif dans suavis poelae; comme un datif dans suavi poelae; comme du sujet et du verbe: ambulal « il se promène ». L'énoncé du lype puer ambulal
un nom. pl. dans suaves poelae. Consules, qui pris en soi peut être ne fait qu'accoler au sujet proprement dit une éLiquette précisant son identité:
« il se promène, sc. l'enfant ». On évoquera, à ce propos, les multiples emplois
nominatif ou accusatif pluriels, apparaîtra comme nominatif dans du nominatiC (absolu, pendant, etc ... ), où ce cas se comporle en Cail comme un
boni consules; comme accusatif dans bonos consules. Aucun paradigme corps étranger dans l'énoncé.
de pluriel ne distingue nominatif et vocatif; datif et ablatif; mais la 2. Tel est le cas du locatif type Romae, domi, ruri: trop peu de mots
déneutralisation de ces cas s'opère conceptuellement, pour peu que le comportent une Corme de ce genre, au demeurant permutable avec le tour
prépositionnel in (parva) domo, etc.; Il en résulte que la Corme de locati!
sujet se réfère au paradigme de singulier: ainsi, boni patres sera consi- apparall comme une variante, hors-paradigme et Cacultative, de l'ablatif,
déré tantôt comme le pluriel de bonus paler, tantôt comme celui de forme authentiquement paradigmatique, parce qu'apparaissant pour tous
bone paler; bonis malribus sera assimilé tantôt au pluriel de bonae les noms.

138 139
non-casuelle de reclë est duo au fait que cette forme, ne qualifiant plus récente, où les désinences. s'ajoutaien~ à un t~.èIlle toujours
jamais un nom (à la différence de recto), s'isole de ce fait de la catégo- terminé par -e ou -a (voyelle dIte « thématIque »);,1 md'o-européen
rie nominale et s'extrait du paradigme. On constate ainsi que la liste ne connaissant comme voyelles quo ces deux phonemes (v. p. 86),
traditionnelle des six cas latins repose sur un compromis, dans lequel on peut dire que le paradigme thématique était celui des thèmes voca-
la notion de paradigme a joué un rôle important. liques el d'eux seuls. 20 Le paradigme «athématique », I.e plus ancien, où
les désinences s'ajoutaient à un thème ne se termmant pas par e
ou a. Tout phonème autre que lIa étant en indo-européen u~e consonne,
IV. DE L'INDO-EUROP};;EN AU LATIN : ~VOLUTION DU
SYSTÈME CASUEL
le paradigme athématique était donc, par ,défi..niti?n, celul d.e .lou,s les
thèmes consonantiques, et d'eux seuls. Eni fmt, Il. se SU?dIVlsaIt en
L'indo-européen, dont le latin est issu, apparaît au terme de la sous-catégories, qui devaient historiquement se dlffér~ncIer : thèI?es
reconstruction comme une langue ayant possédé huit cas. A date en * -eIl2 des collectifs, fournissant aussi (pour une raIson peu claIre)
historique, seul le sansl{rit a conservé intact ce nombre de cas. La le féminin des adjectifs dont le masculin était thématique (v. p. 135);
plupart des autres langues ont réduit l'effectif casuel: le grec classique thèmes en *-y ou *-w, semi-voyelles, qui devaieI?t co~server plus
n'a plus que cinq cas, le latin classique six cas. Le latin tardif, sur longtemps que les autres les alternances prédésmentlClles; enfin,
lequel reposent les langues romanes, avait encore simplifié ce système, tous les autres. Rappelons aussi que les pronoms, et notamment les
et ne comportait plus que deux cas; cette opposition binaire, héritée démonstratifs souvent accordés dans l'énoncé à des noms, possédaient
dans un premier temps par les langues romanes, a été ensuite abolie une flexion ed partie différente de celle des noms, et dont l'influence
dans toutes ces langues, les seuls vestiges d'un système casuel . ne devait se manifester dans l'évolution ultérieure de la flexion nominale.
s'observant plus qu'au niveau pronominal. D'une façon générale, Les huit cas indo-européens (nominatif, vocatif, accusatif,
là-même où les oppositions casuelles n'ont pas été abolies, les langues génitif, datif, ablatif, instrumental, et locatif) se retrouv~ient en prin-
indo-européennes manifestent historiquement une tendance à réduire cipe aux trois nombres singulier, pluriel, et duel. En faIt, .le duel ne
le nombre de leurs cas. connaissait (et n'a, en tout cas, laissé dans. les langues qUI leconser-
C'est pourquoi certains linguistes ont pensé (ainsi L. Hjelmslev, vent) qu'un paradigme très rudimentaire à deux formes. Si nous
La catégorie des cas. Acta Jullandica, VII, 1, 1935) que les huit cas concentrons notre attention sur les seuls singulier et pluriel, mainte-
indo-européens constituaient eux-mêmes le reliquat d'un système nus en latin, plusieurs remarques s'imposent, que facilitera la consul-
plus ancien et infiniment plus riche, comparable à celui de certaines tation du tableau ci-dessous (v. p. 142), où sont rassemblés les princi-
langues caucasiennes (comme le tabassaran), où l'on compte jusqu'à paux paradigmes indo-européens avec leurs variantes. Dans ce tableau
quarante-huit cas. Aujourd'hui, les indo-européanistes tendent pour figurent entre crochets les formes désinentielles qui, affectant seule-
la plupart à une interprétation différente: la flexion indo-européenne ment une partie de l'aire indo-européenne, n'ont pas été retenues par
à huit cas, bien que sa genèse nous échappe pour l'essentiel, serait née le latin.
d'un état moins complexe (dont la flexion inanimée constitue un ves- Ce tableau laisse apparaître des caractéristiques remarquables.
tige). Des affixes divers (devenus ce que nous appelons « désinences Il) Plusieurs cas (génitif et ablatif singulier athématiques; instrumental
auraient progressivement affecté thèmes nominaux et pronominaux; pluriel athématique + datif et ablatifs pluriels de toutes les flexions)
et l'absence de parallélisme entre flexion nominale et pronominale, sont de forme identique. La désinence - * es de nominatif pluriel
à travers le phénomène de l'accord (comparable àce quiaétévu p.138), athématique est de même homophone d'une forme possible de
aurait entraîné la conscience de huit cas différents. Mais ce système génitif singulier athématique. De telles identités de forme sont ainsi
à huit cas était morphologiquement fragile (v. ci-dessous, p. 143). toutes semblables à celles que nous signalions dans la flexion latine;
En quelque sorte, le système casuel indo-européen aurait atteint, la conscience de la distinction casuelle se fonde encore ici sur les
dans la dernière phase de communauté, un nombre maximal de huit mêmes critères : accord entre deux noms de paradigme différent, ou
cas, de nouveau réduit ensuite par les langues historiques, selon des accord entre nom et pronom; transposition mentale aussi d'un singu-
modalités propres à chacune. lier en pluriel ou d'un pluriel en singulier (v. p. 138). Mais il y a plus,
Le système indo-européen à huit cas s'ordonnait en deux para- et nous constatons le caractère flottant de plusieurs éléments dési-
digmes essentiels: IOLe paradigme « thématique lI, constitué à date nentiels: -*silu au locatif pluriel; -*bholi, -*moli au dat, abl.pluriel,
140 141

---....--
..... -':"
-
l' •
...'" et au singulier instrumental. On constate même, dans le cas de l'ins-
.0::
oC>
trumental, une insensibilité au nombre de . la désinence, indifférem-
~
~ ,~
0"'0 ....
.~ ~E .., ment utilisée au singulier et au pluriel. Le système morphologique
1 l'
-... 1
, , des cas indo-européens paraît ainsi résulter d'une convergence de
:ë! hasards beaucoup plus que d'une tendance vraiment organisatrice.
,
oC>
C'est pourquoi ce système, viable à la rigueur au prix d'une constante
.-'" '" ,., , o '
:::!
:;:;-
gymnastique d'accords et de transpositions, a été souvent modifié
par les langues. La modification a pu s'opérer en latin de deux façons:
+ + +
en ut
.n \:
oc,)
\:
-1-
00.
~ .. +- ~ .
+vi
.0:: ~
oC> 0

-1-,
E +
.n
10 Deux fonctions distinctes, auxquelles correspondaient en indo-
européen des formes indistinctes (ou insuffisamment distinctes), ont
\:
o
0 \: 0 ~ \: pu se voir affecLer en latin des formes parfaitement distinctes. 2 0 Des
c,)
c,)
o
c,)
c,) 0
c,) o(,)
distincLions de forme héritées de l'indo-européen n'ont plus paru
o~
correspondre à des distinctions de fonction indispensables, et la dis-
, , tinction formelle s'est trouvée abolie. Le second processus porte
.,, El El .~ ... '"s::: r:
::lE
o , .--.
~)~.~
:::s
:;:;- traditionnellement le nom de syncrétisme. Nous désignerons le pre-
... .,
'C),
, , >'0
,
~ ~ mier du terme de discrélisme.
';S
, ± ';:1
f ...
." ~, ';:1
, El
,
.0::'
.c:> ....:. 1
'::s:
'tÏ
. 1El ,, );:3;
1":::
1
El'
.... ::l ,
';:1';:1 , ';:1 l. Le discrétisme se manifeste en latin dans les cas suivants:
,0 ,
...'"
~,

.,..,
~.,

ÔO a) Le latin a fait en sorte qu'au génitif et à l'ablatif soient affectés


, , .~, ~ E
, , au singulier, comme cela. se produisait déjà au pluriel, des formes
::"::,,
...... :::s

.- ....
'C),
A :;:;- différentes dans tous les paradigmes. On ne connaît pas avec certi-
, I~'" ~
A
..... .
,,
-1- ... ..... ~, "- .~

, ' :gi 'tÏ


1 tude les désinences de ces deux cas dans la flexion thématique indo-
, ,
'::"
::'"
.... ::l
,0
,~'
......
~
.. ~
1 européenne. Mais le latin présente, comme tout le groupe italo-
celtique, un génitif thématique type uir-i; et il s'était donné, par
c::- ;:--
.... emprunt de la désinence pronominale, un ablatif thématique en-a-do
:r:.;.~
,
Dans les syntagmes nom + adjectif associant le paradigme théma-
.~ ~
'I:! 1·
, 1 l' ,

""" V
'I:! 'I:! tique au paradigme en -a < -"eH2 , on obtenait les formes: génitif
V'I:!
::l
o ...
'tÏ ,
Il;!
, , 'tÏ
"_
'tÏ
"_
.,
1
'I:!
"allas fagi; ablatif "allas fagad. L'analogie des finales amenait alors
,<;s ,
, la constitution de formes nouvelles : gén. * alla-i fagi; abl. * alla-d
,g 'I:!
1

fagod (puis, par analogie de quantité, fagod); d'où (v. p. 161 sq.) les
formes classiques : gén. allae fagi; abl. alla fag~. Le type * allad
:::s fagôd avait, dans l'intervalle, entraîné des formes • bonad pupp id,
:;:;-
* bonod arcüd, procurant ainsi aux flexions en -y et -w des ablatifs
::i V pupp i, arcü, eux-mêmes distincts du génitif. Seule la flexion athéma-
tique des autres types a. échappé à cette réfection, se donnant en
revanche (v. ci-dessous, p. 144) un ablatif en -if (düc-e), ensuite réin-
troduit dans une partie des thèmes en -y (ciu-e). Mais le résultat
final demeure le suivant: le latin a possédé au terme de ces réfections
en un ablatif singulier distinct du génitif, comme il l'était primitive-
ci ul
.....; ui
tJ)
<
's
0
...:
...,.
If)
s
o
ct!
c,)
o
::l
(,)
(,)
ment au pluriel.
t) Z ....
\:
Z > -( b) Dans la flexion athématique, le latin avait hérité d'une dési-
nence -es, commune au génitif singulier et au nominatif pluriel; la
142 143
los
généra lisatio n au nom. pl. de la forme -ës, issue de *-cy-cs dans
les *allais {agois > allis {agïs. De son cOté, l'instru menta l * alla-bl
e sembla ble, le même * allais fagois.
t~èmes en -y, a permis à la langue de se procur er une opposi tion gén. {agois produi sait, par un mixag
e
sIn!?/n om. pl. fondée sur l'oppo sition de quanti té vocaliq ue. Mais
la Cette forme, recouv rant désorm ais deux cas, était dès lors étendu
nce du
désme nce -es tendai t à deveni r aussi la désine nce comm une de l'acc. à l'ablat if (initia lement *alla-bhos (ago-bhos) sous l'influe
singul ier et de l'adjec tif, où une forme unique corres ponda it à
vé trois
pl. dans une grande partie de la flexion athém atique : le latin a retrou en -bhos
alors une indisti nction formelle nom. pl./acc . pl., moins gênant e cas. Dans la flexion athém atique , où une même forme
vertu
toutefo is (si l'on en croit les nombr eux exemp les observ és en d'autre s recouv rait déjà ablatif et instrum ental, le locatif , toujou rs en
les trois cas ancien s.
langue s, grec notam ment). Enfin, le latin avait hérité, dans la flexion de l'analo gie, s'align ait; d'où bonis ducibu s pour
ent Le cas de syncré tisme ci-dess us décrit est le plus impor tant,
en -a < -*eH 2 , de formes type rosas, corres ponda nt indisti nctem aît
fi un gén. sing. ou un nom. pl. La langue est passée par un stade où mais n'est pas le seul observ able en latin. A date histori que appar
entre nomin atif et vocati f.
les deux cas devena ient distinc ts, grâce à l'empr unt au nom. pl. de un nouve au proces sus de syncré tisme,
paradi gme ne disting uait au pluriel ces
la désinence pronom inale; d'où rosai. L'intro ductio n ul Lérieur e au Dès l'indo- europé en, aucun
très
gén. sing., de la désine nce théma tique -ï (d'où* rosa-ï, puis
r~sai, deux cas, et, au singuli er, la flexion athém atique latine avait
nt le nomin atif, en étenda nt au premie r la dési-
rosae), a malen contre useme nt ruiné cette distinc tion laborie useme tôt aligné le vocati f sur
-
conqu ise: lat. classiq ue rosae présen te la même ambiv alence (accrue nence -s dans les mots (type dux) où le nomin atif lui-mê me la présen
ier
d'une homop honie avec le datif) que présen tait à date ancien
ne la tait. Seule la flexion théma tique laissai t appara ître, au singul
forme rosas. seulem ent, une forme autono me de vocati f (domin e). La statist .. ique,
dlstmc
.
tlOn
et l'exem ple des autres flexion s, montr ant que cette
f
2. L~ syncré .tismc s'obser ve en latin, dès une époque ancien ne, (peu impor tante sur le plan fonctio nnel) ne s'impo sait pas, le vocati
atif, la forme
sur un pomt très Impor tant: la réunio n en une même forme des
trois théma tique a progre ssivem ent cédé la place au nomin
de ce
cas indo-e uropée ns ablatif , instrum ental, et locatif . Si nous prenon s deus, utilisée dès l'époq ue classiq ue pour les deux cas, étant
s, les deux cas datif
u~ syntag me asso~iant deux noms accord és releva nt de paradi gmes syncré tisme l'exem ple le plus ancien . Par ailleur
résulta nt lui-mê me d'un
dlfTérents, r.es~e~t~vement thém~tiqu~ et en -a < *-eI-I 2 , ce syntag
me et ablatif (ce dernie r pris au sens latin, et
to~tes les flexi?n s,
se présen taIt InItIal ement au smguh er sous les formes suivan tes : syncré tisme) étaien t au pluriel sembla bles dans
rs paradI gmes (domm o;
Ablati f: *~llas {agod; Locat if: *allai {agoi; Instru menta l: alla {ago. et, au singuli er, identiq ues dans plusieu
rer
Une réfectIon des finales par analog ie récipro que produi sait ensuite puppï ; manü, v. p. 201). Une telle situati on parais sait préfigu
bas latin, un syncré tisme a bien
ablatif *allad {agod, puis {agod; locatif *allai {agoi. Enfin, une
évo- un syncré tisme de ces deux cas. En
:
lution phoné tique norma le (perte des occlus ives sonore s finales après eu lieu, mais condit ionné par la valeur du datif, et non par sa forme
de l'accus atif prépos itionne l (dare librum
voyel.le longu e: v. p. 58; chute d'un 2 e élémen t de diphto ngue
à le datif a dispar u au profit
syn-
premIe r élémen t long: v. p. 107) entraî nait pour les trois cas une forme palri ->- dare librum ad patrem ). C'est de même pour des raisons
la les) que le génitif latin a dispar u à basse épo-
alla {ago alignée sur la forme initial ement d'instr ument al. Dans taxiqu es (et non formel
erit l'ablat if prépos itionne l (liber Petri --+ liber de Peiro) .
flexion athém atique , un locatif type *duc-l évolua it phoné tiquem que au profit de
e~ duc-e (v. p. 103), s'align ant sur la forme qui était déjà celle
de On consta te finalem ent que discrét isme et syncré tisme ont pu
-
l:mstru menta l. Dès lors uri syntag me bonus dux présen tait au singu- avoir, pour mobile initial des change ments formels, l'évolutio.n phoné
gmes en
her les formes suivan tes: locatif bono duce; instrum ental bono
duce; tique, ou l'influe nce analog ique réciproq.ue de deux paradI
o-
.*
ablatif bo~o duc-es. Cette derniè re forme, sous l'influe nce conjug uée des syntag mes accord és, entraI nant parfOIS des conver gences morph
on peut .trou-
de l'adjec tIf (prése ntant pour les trois cas une forme unique ) et des logiques. A l'origin e du discrét isme et du syncré tisme
deux cas voisins (déjà syncré tisés), cédait fi son tour, et s'align ait sur ver aussi des raisons fonctio nnelles (obser vables dans les syncré tIsmes
cas,
la forme duce:. la flexion athém atique connai ssait dès lors , à son tour , . tardifs datif/a ccusat if; génitif /ablati f). Dans la plupar t des
ont joué conjoi ntemen t, la
u~e f orme umque pour trois cas au singuli er. Au
pluriel , des méca- raisons formelles et raisons fonctio nnelles
ment fi des fins de plus claire
msmes sembla bles ont produi t le même résulta t. Au locatif
, un langue utilisa nt plus ou moins habile
synt~~m~ *alMsi {agoisi produi sait d'abor d, par mixage , *allaisi économie les proces sus évolut ifs sponta nés. Ainsi, si un jeu d'ana-
{agolsl, d où, par chute phoné tique de la voyelle brève finale (v. p.
103), logies a procur é au latin ancien des formes distinc tes pour génitif
145
144
r des changements passifs, conditionnés par la forme du mot, et ne
e~ ablatif (pris au. se?s indo-eu~opéen),. c~tte distinction morpholo- la conditionnant point.
gIque .corr~spondalt a un besom de dlstmguer deux fonctions . S'
!'ablatlf labn continue indistinctement ablatif, locatif et instrume~ta: 2. Les alternances vocaliques, partiellement conservées par
mdo-e~rop~ens, c'est que la distinction fonctionnelle' de ces trois cas le latin au niveau verbal, ont été, dans la flexion nominale, presque
apparaIssaIt dans la plupart des énoncés inopérante : un syntagme entièrement abolies. Souvent, cette abolition est la conséquence d'une
tel que fugnare equo « combattre à cheval )) pouvait se commprendre simple ct normale évolution phonétique. Ainsi, l'opposition de quan-
com~e mstru~ental (( avec un cheval ))), locatif (( sur un cheval ))), tité prédésinentielle, qui, en l'absence de désinence, pouvait à date
ou meI?e abla.bf (( du. haut d'un cheval )), ou « grâce à un cheval ))). ancienne opposer nominatif et vocatif (gr. 7t(J.'t'"~p/mx:rep), a été ruiné par
Les troIS fonct~ons ancIennes ont été en somme fondues en une fonction l'abrègement latin d'une voyelle longue (levant consonne finale autre
nouvelle et umque, la fonction sociative. que -s (v. p. 93) : le latin ne peut compcrter une forme" patër, mais
seulement pater. De même, un paradigme ancien" homo[nf-on-es,
V. LES M~CANISMES DE LA FLEXION LATINE. avec alternance longue/brève du nominatif aux autres cas, se trou-
vait ramené par la loi des mots iambiques à un paradigme hOmo/
Par rapport à l'indo-européen, la flexion nominale du latin ne hom'in-is, où l'alternance de timbre n'était plus que passive, et condi-
se caractérIse pas s~ulement par une réduction du nombre des cas tionnée par l'apophonie. D'autres fois, c'est l'analogie qui a nivelé
et un .remodelage mterne des distinctions casuelles (discrétisme' l'alternance ancienne. Dans les thèmes en -r ou -n ("oralor, "ralion),
syncrébsm~). Elle se. caractérise aussi par une réduction du nombr; le nominatif, en l'absence de désinence -s, avait été caractérisé par
d.es mécamsmes flexlO.nnels. : des alternances vocaliques, consonan- un allongement de la dernière voyelle (v. p. 88); la généralisation
tIques, tonales,. et désmenbelles, conjointement utilisées par l'indo- de cette longue aux autres cas a valu au latin les formes oralor-is,
européen, le latm ne conserve comme procédé vivant que les dernières rali on-Îs, connues comme classiques. Le paradigme ralio[ n J/-on-is
~outes les au~res ont été abandonnées, ou n'apparaissent plus qu,à comporte dès lors une longue non-alternante à tous les cas; quant à
1 état de vesbges. oraLOr, qui subit l'abrègement de la longue devant -r fina) , il conserve
apparemment, en face de oralor-is, une alternance (inverse de celle
1. Les alternances tonales. En indo-européen récent au terme qu'avait initialement connue ce mot). Mais cette alternance ne pou-
probablement de mixages (v. p. 130), le ton avait acquis 'la faculté vait être par le sujet parlant interprétée comme active, le latin . se
d~ frapper. une voyel.le déterminée du mot, le critère de ce choix trouvant dans la nécessité de ne présenter, devant -r final, qu'une
n étant pomt phonétIque, mais morphologique. Il en résultait que voyelle brève. Au-delà de ces évolutions phonétiques et analogiques,
la place d':1 ton dans le mot considéré était révélatrice de sa valeur il convient en fin de tenir compte de l'interprétation apportée par
morphologIque .. A cette situation, dans des circonstances qui restent le sujet parlant à certains faits. Une alternance de type paler/palr-is
obscur~s, le latm en a substitué une autre, où la place du ton est (-er/-r), comme nous le montre la grammaire comparée (gr. 7toc-rYjp/mx:rp-
mécamquement réglée par le rythme et la structure syllabique du 6c;), était ancienne. Elle n'était pas moins du même type que l'alter-
mo.t : le ton frappe en latin la syllabe pénultième si elle est longüe nance du type acer/acr-is, où l'usager identifiait sans doute le nominatif
(SOIt comme comportant un~ voyelle longue, soit comme se terminant comme issu de acr(i)s, et de forme conditionnée. On peut finalement
par consonne: v. p. 47); SI la syllabe pénultième est brève · le ton dire que, dans l'ensemble, les alternances vocaliques ne jouent plus
frappe alors l'antépénultième. A cette « règle )) les seules ex~eptions aucun rôle dans la flexion du latin. Le linguiste opérant diachronique-
sont ~es .monosyllabes t?niques, dans lesquels le ton ne peut frapper ment est parfois amené à constater le maintien d'une alternance dans
qu~ 1 u~lque syllab~ eXistante; et les dissyllabes qui, ne comportant des mots paler/palr-is; caro(nJ/carn-is, etc ... Au niveau synchronique,
pomt d antéI,>énulbème, portent toujours et nécessairement le ton ces formes sont assimilées soit à d'autres, où la soi-disant alternance
sur la. pénult~ème, quelle qu'en soit la quantité. Cet usage nouvelle- est phonétiquement conditionnée; soit, plus simplement, à des mons-
ment lI~trodUlt. ~ar I.e" l~tin n',a point pour eITet de rendre fixe le ton: tres singuliers, imposés seulement à l'usager par l'arbitraire de la
les sérIes rcHLOfralLOms; dom'inosfdominorum laissent apparaître
1:
dans c?urs de la flexion, des déplacements du ton. Mais il ne s'agit
langue.
plus la d alternances actives, dotées d'un pouvoir distinctif: ce sont 147
146
3. Les alternances consonantiques enfin, qui dès l'indo-euro-
péen récenl constituaient semble-t-il un procédé archaïque, el qui
n'affectent à dale latine que peu de mols (iecur/iecin-is,. iler/ilin-is;
femurlfemin-is) , ont loules lendu à être éliminées, au terme de réfec-
tions analogiques: iler-is dès Naevius, femor-is dès Plaute, iecor-is chez
Cicéron. Parfois, la langue a fait des deux affixes un usage conjoint, CHAPITRE III
el bâti des formes hybrides: il-in-er (Lucrèce), d'où ilineris,. iec-in-or-
is (Celse). Ces formes ne font que souligner, devanl un type de flexion
exceptionnel et incompris, l'étonnement el l'embarras de l'usager.
Cet étonnemenl devait être plus grand encore devanl la flexion senex/ LA FLEXION THÉMATIQUE
senis, elle-même sujelle à des réfeclions (senic-ës chez PIaule), et
qui, partàitemenl ralionnelle au niveau indo-européen (. sen-eH 2- S /
·sen-(H 2 )-es : v. p. 64 et 183). paraissail comporter au niveau lalin
une inexplicable alternance -ek-/-zéro-.
Cette flexion, déjà constiluée en indo-européen, se caractérisait
dès ce niveau par des innovations remarquables : abandon complet
4. Les alternances désinentielles sont en fin de comple le des alternances tonales; abandon presque complet des alternances
seul procédé flexionnel hérité de l'indo-européen el demeuré vivant vocaliques (seule alternance conservée : le vocatif singu~ier prése~te
en latin. Ces désinences, au terme d'altéralions phonétiques, de un thème se lerminant par e, contre 0 aux autres cas); mlroducllOn
nivellemenls analogiques, parfois d'un recours à des morphèmes à la finale du thème d'une voyelle e/o, dile « thématique ll, qui facili-
nouveaux, ont subi de l'indo-européen au latin, el encore au niveau lait l'identificalion de la désinence, reslée le seul indice morpholo-
latin, des motifications considérables. Exprimant conjoinlement le gique de flexion. Celte flexion, de plus, parait avoir dès l'indo-euro-
nombre et le cas, souvent communes à plusieurs cas, parfois difficile- péen emprunté aux pronoms démonstratifs certains éléments désinen-
menl isolables du thème, elles n'ont jamais constilué un système tiels, probablemenl à la faveur de syntagmes qui associaient en les
simple el pleinement clair dès l'abord. Elles n'ont pas moins été, au accordant un démonstratif et un nom.
prix de recoupements enlre les paradigmes, le seul élément permel- La flexion thématique s'appliquait, '?dès l'indo-européen, indif-
lanl au locuteur la conscience el l'usage d'une flexion. Leur étude féremment à des subslantifs el des adjeclifs. Les substantifs
délaillée sera maintenant abordée au niveau de chaque paradigme. pouvaient être indifféremment inanimés ou animés, el, dans ce
dernier cas, masculins ou féminins. Mais, dans le cas de l'adjectif, seul
l'inanimé et le masculin relevaient de la flexion thématique, le thème
de féminin étant fourni par la flexion en -a < *-(e)H 2 (v. p. 135).
C'est pourquoi, dans la pluparl des langues et notamm~n.t en latin,
la flexion thémalique, toul en conservanl quelques fémmms (alvus,
colus, humus, + divers noms d'arbres), a tendu à devenir une flexion
non-féminine, el donc, comple tenu de la progressive dégénérescence
du neulre, une flexion surlout masculine. De la sorle, le masculin a
tendu à trouver (sans jamais réaliser lotalement celle tendance)
une expression morphologique qui lui soit propre.
1. FORMATION DES THÈMES
Flexion récente au niveau même indo-européen, la flexion
thématique ne comporle pour ainsi dire pas en latin de noms-racines l,
1. Un substantif lei que humus (en face de gr. x8wv, skr. gén. ',sm-dJ.&)
apparatt comme résultanl d'une lhémalisalion secondaire.

149
r
et à peu près pas de thèmes primaires, mais presque exclusivement d'instruments dérivés de verbes: flâg-rum; fulc-rum; etc ... Toutefois,
des thèmes secondaires, laissant apparaître des suffixations. Les dans les noms d'instrument, le suffixe -ro est le plus souvent précédé
principaux suffixes formant des thèmes thématiques sont les suivants: d'un élargissement dental-l- ou -dh-,. d'où les séquences *-lro- ,. • -dhro- >
lat. -brum, gr. -9pov, On a ainsi arâ-lrum = gr. &po'rpov; claus-lrum;
1. Un suffixe -10- a fourni diverses forlDations : mulc-lrum; ras-lrum; s pec-Irum; etc .. ; crï-brum; lavâ-brum; can-
delâ-brum; etc ...
a) Substantifs dérivés de verbes, tels que lumulus « enflure II
(d'où « tertre »), et des noms d'agent tels que {igulus « pétrisseur» b) Dans des adjectifs : câ-rus; ra-rus; sé-rus; vé-rus,. mi-rus;
(d'où « potier»), legulus « cueilleur ». On remarque une série parallèle pro-cërus, sin-cërus (issus de pro-, sin-, + * cérus < *le(r )ë-ro-: cf.
d'inanimés fournissant des noms d'instruments: spcc-ulum, lorc-ulum, cré-sco). A cette série appartiennent aussi, avec une finale altérée
vinc-ulum, prëlum < *pres-lom. Précédé d'élargissements -1 ou -dh, le (v. p. 102), les adjectifs macer = gr. {J-1Xx.p6c:;; ruber = epu9-p6c:;; miser;
suffixe, -10 entre dans des suffixations plus complexes _·Uo> lat. sacer; in-Iey-er; etc ... Analysable en -r-o-, le suffixe pouvait présenter
-culum (v. p. 74), -·dhlo- > -bulum (v. p. 90), fournissant des noms au premier élément le vocalisme plein (-er/-or: cf. p. 175 sq.); d'où une
d'instrument: poculum, ferculum, cubiculum, etc ... ; slâbulum, pabu- séquence -ero-, qui a pris valeur oppositionnelle (v. p. 210 : l'individu
lum, venâbulum, etc ... qualifié était présenté comme possédant à l'exclusion de tout autre la
qualité exprimée par l'adjectif). On a ainsi [[ber = eÀe:û9-e:poc:; « libre»
b) Adjectifs dérivés de verbes : bibulus, crëdulus, lremulus, (par oppos. aux esclaves); sup-erus, opposé à inf-erus (cf., apparentés
etc. 1 ... à ces adj., les adverbes super, infra). Le plus souvent, la séquence
c) Diminutifs, de substantifs ou d'adjectifs. Ceux qui étaient -ero s'ajoutait elle-même à un élargissement dental; d'où -lero, pré-
tirés d'un thème lui-même thématique présentaient une finale -illus sentant la même valeur, et observable dans dexler = oe#'t"e:poc:;;
(-olus) :ânu-lus; calu-lus; servo-lus. Elle a pu s'étendre à d'autres sinis-Ier, magis-Ier, minis-1er, nos-1er, vos-1er, u-Ier ( < ·le 1D o-Iero-) = 7t6-
mots (adulescenl-ulus), cependant que l'évolution normale d'un 't"e:poc:;, etc ...
ancien *ok 1D-lo- produisait oculus. Par ailleurs, les dérivés diminutifs
de thèmes en -no et -ro (bellus < * dweno-lo-s ; gemellus < * gemeno-lo-'s ; 3. Un suffixe -mo produisait les formations suivantes :
puellus < * puero-lo-s ; misellus < * misero-lo-s ; agellus < * agro-los) pré-
a) Des substantifs anciens, tels que animus = gr. &ve:{J-oc:;; culmus
sentaient une finale -ellus, devenant parfois -illus (li = 1palatal), qui à «sommet », d'où « épi de blé, chaume» (cf. ex-cellere, collis, ht. alld.
son tour se montrait productive (nov-ellus). Enfin, le sufHxe :..10
halm); fümus « fumée» = skr. dhümu~.
s'ajoutait parfois, dès l'italique commun, à un autre suffixe, -Ico
(cr. osque zicolom < *die-ko-lo-, lat. diecula); d'où une finale latine b) Surtout des adjectifs. Certains apparaissent nettement comme
-culus, qui (l'influence de oculus s'ajoutant) a fourni des substantifs des adjectifs verbaux: al-mus, doublet de al-lus (cf. alere); formus =
masculins (homun-culus; müs-culus), ou inanimés (opus-culum, germ. warmo, gr. 9e:p{J-6c:; (à côté de 9épE0"9IXL « se chauffer »); fïrmus
corpus-culum), et des adjectifs (brevi-culus, molli-culus, etc ... ), s'in- de même peut-être un ancien adj. verbal du verbe « étayer» conservé
troduisant même dans des adverbes quantitatifs (plus-culum). par skr. dhiiruyali « il maintient ». Mais le suffixe -mo est surtout
attesté en deux fonctions, comme ordinal et comme morphème de
2. Un suffixe -ro s'observe dans les formations suivantes superlatif. Procédant par thématisation (de valeur individualisante)
de l'élargissement -m observable dans des noms de nombre (sep-
a) Dans des substantifs anciens, tels que agcr = gr. &ypoc:;; lem = .€7t't"oc < •sepl-T[l; decem = OÉX.IX < •dele-T[l) le suffixe -mo quali-
vesper = (f )lG7tEpOC:;; aper = X-OC7tpoc:;; laurus = 't"IXÜpo c:;, gaul. larvos; fiait l'i'ndividu qui produit le total du nombre; c'est-à-dire qu'il
vir < *wï-ro-; substantifs auxquels s'ajoutent des noms neutres fournissait un ordinal: lat. seplimus, decimus < *-omo; d'où pri-mus.
La valeur ordinale produisait elle-même (v. p. 212) la valeur superla-
1. En fait, les substantifs type flgulus et les adjecWs type crëdulus cons- tive, qui s'observe dans summus < *sup-mo-; dë-mus; suprë-mus (à
tituent une unique catégorie de noms d'agent ({igulus « qui pétrit»; crëdulus
c qui croit »), vestiges en latin d'une ancienne classe de participes en -'10,
côté de supra); et, avec une voyelle de transition (* _Omo), dans min-
dont le tokharien A présente des vestiges. imus, inf-imus. Associé à un autre suffixe, -*10, -*mo constitue une

150 151
, 1

séquence -*lo-mo, d'où lat. -limus (in-Limus, cf. inlUs, gr. è\l't"6ç; ~cx.mÀe:(F)-tcx.. Le latin, ajoutant le suffixe -no à l'élément î < -yH z,
ul-Limus; op-limus; fini-limus; et, par analogie, legi-limus). De a constitué une séquence -ï-no-, évoluant normalement en -înus,
même, une association *-so-mo produit en latin -simus (maximus ; comme dans vïc-ïnus (incluant le thème de gr. otxtcx.). Par ailleurs
miserrimus < ° miser-so-mo; etc ... ), lui-même associé à un suffixe existait une séquence -ina < -yH 2-nH 2 , constituant des féminins
intensif -is- (v. p. 213) dans les très fréquents superlatifs en -is-simus. (reg-ïna). L'ensemble de ces formes présentait une finale -ïnus qui,
isolée, est devenue productive d'adjectifs nouveaux, dérivés de noms
4. Un suffixe -no était lui-même productif de plusieul's d'animaux (capr-ïnus , su-ïnus, porc-ïnus) ou d'autres thèmes
formations : (sup-inus). Substantivés certains de ces adjectifs désignent des
êtres humains : liberl-fnus, sobr-inus< * s(w )osr-ïnus; etc ...
a) On l'observe dans un certain nombre de mots anciens. Ainsi,
dans des substantifs, le plus souvent inanimés (somnus = gr. i)7tVOç 0) Ajouté à des thèmes se terminant par -es, le suffixe -no
a peut-être été personnalisé, v. p. 134), et généralement en rapport constituait une séquence -es-no produisant en latin -enus (ahënus
avec un verbe: do-num; damnum < * dap-no-m (gr. ocx.7t&V7)); reg-num; < * ayes-no; egënus < * eges-no-- : cf. eges-las). Cette finale a été
scam-num; ~érie à laquelle appartiennent aussi probablement fanum étendue à quelques mots: lerr-enus « de terre )1; ali-ënus « d'autrui »;
( < *dhH1-s-no? cf. 't"LOévIXL) et signum ( < *sec-no-m « incision »?). On ser-enus « du soir»; peut-être à des adjectifs plus rares et curieux
connaît aussi des adjectifs anciens en -no, eux aussi, parfois, dérivés (s irb ënus « qui bredouille »).
de verbes: pie-nus (7tlfL7tÀ7)fLL); pla-nus (gr. 7te:Àcx.\l6ç) di g-nus < * delc-no- ; e:) On s'attendrait de même à ce que la finale -ünus de lri bü-nus
mag-nus; etc ... Mais le suffixe -no apparaît le plus souvent joint à se soit montrée productive. Mais les autres adjectifs en -ünus
d'autres éléments, que cette association soit ancienne, ou ait été à date (op-porlü-nus; im-poriü-nus) procèdent bien, eux aussi, de thèmes
latine stabilisée par l'analogie. en -u.
b) Les suffIxations complexes où -no a été à date latine associé à c) Aux formations précédentes, de niveau latin, il convient
d'autres éléments sont variées; il convient de considérer la nature du d'ajouter celles dont l'origine est plus ancienne, et remonte parfois
thème dont a été tirée la formation en -no. à l'indo-européen.
IX) L'adjonction de -no à un thème déjà thématique amenait la cx.) Ajouté à un thème déjà suffixé par -lo (v. ci-dessous), le
constitution d'une finale -o-no-, évoluant en latin en -ïnus (fagï-nus; suffixe ~no entraînait une finale -lo-no-, d'où lat. -anus. Elle a servi à
domï-nus, s'il faut bien partir de * domo-no- et non * domu-no-: cf. constituer surtout des adjectifs relatifs au temps: cras-Linus, diü-linus,
skr. damuna~). Cette finale, devenant productive, a servi à former des malü-linus, vesper-linus, et quelques autres.
noms tels que frax-ïnus, murr-Lnus, etc ... ~) L'adjonction de -no à un thème déjà suffixé par -ero- (v. ci-
~) L'adjonction de -no à un thème se terminant par -a < -*eH 2 dessus) produisait une séquence -*ero-no-, d'où en latin -er(i)nus, puis
produisait normalement des adjectifs de type roma-nus, africa-nus. La -ernus (syncope). On a ainsi des formes super-nus; hïbernus < ° gheym-
finale -anus, s'extrayant de ces formations, est devenue productive, ero-no (gr. Xe:tfLe:p6ç, à côté de Xe:tfLéptoç, d'où Xe:t[J.E.pL-v6ç, que ne doit pas
en premier lieu d'adjectifs à valeur locale (suggérée par les formes reproduire exactement le mot latin); plus tard, cette finale s'est
initiales de type roma-nus). On a ainsi Camp-anus, Luc-anus, pag- étendue à hodi-ernus, puis roman ° mod-ernus. L'association de -*no
anus, urb-anus. Par la suite, ces adjectifs paraissant revêtir une valeur à -Olero- (v. ci-dessus) produisait de même -oUro-no, d'où lat. -lernus.
inclusive (urb-anus « relevant de la Ville »), la finale -anus a étendu On a ainsi ex-ler-nus, in-1er-nus, et les adjectifs se référant au temps
son champ d'emploi à des termes comme hum-anus « relevant de hes-lernus (cf. her-ï < * a"hes-ei), aelernus < *aiwo-Ieronos (cf. aevum).
l'espèce humaine »; veler-anus « relevant de la vieille classe »; puis Par ailleurs, le croisement d'un vieil adverbe * noclor (cf. gr. \lUX't"Ülp)
dec-anus « affecté à un groupe de dix Il. La finale -anus a même fini avec noclü (lui-même issu de l'analogie de diü) avait produit une
par fournir des formations patronymiques: Aemili-anus, Iuli-ànus; base * noclür, d'où a été tiré noclurnus (dont l'analogie en retour
Oclavi-anus, etc. explique diü-rnus).
y) En indo-européen, certains dérivés collectifs se formaient au y) Enfin, sous la forme -n-o ou (avec vocalisme plein du 1er élé-
moyen de -*yH 2 , qui apparaît sous la forme -ya dans gr.l(F.)otx-tlX, ment) -en-o, le suffDœ s'était dès l'indo-européen ajouté à un élar-

152 153
r
gissement -m-, d'où *-m-en-o/-mno. La première de ces deux formes il servait à constituer une séquence *-en-lo (que l'on retrouve, non-
rend compte en grec des nombreux participes médio-passifs en -fLE:VOÇ. thématisée, dans le « suffixe» *-enl de participes)~ Cette séquence se
Les formes latines du type alu-mnus (aLere) , Verlumnus (verlo), trouve dans lat. cru(w)-enlus « sanglant» = lituanien kruvinlâs;
auxquelles s'adjoint peut-être aulumnus, représentent -mno, plutôt cependant que la forme viol-enlus (à côté de l'athématique violens
qu'une forme -meno syncopée (cf. ama-min i = -fLE:VO~ ou -fL&VO:~, sans < -enl-s) sécré tai t une finale -olenlus, -ulenlus, que le la tin a rendue
syncope). productive : corp-ulen-lus; lüc-ulenlus; poc-ulenlus jlem-ulenlus ;
lruc-ulenlus, etc ... A côté de * -en-lo, une séquence plus complexe était
5. Un suffixe -lo, fort important en indo-européen, carac- constituée par -m-en-lo-. Le latin, qui avait hérité des dérivés inani-
térise en latin diverses formations. Selon une formule de E. Ben- més en -men/-minis (type leg-men) a tendu à développer au détriment
veniste (Noms d'agenl el noms d'aclion en indo-européen, p. 167), il de ceUe formation des inanimés en -menlum < -men-lo- (type sedi-
exprime « l'accomplissement de la notion dans l'objet », valeur qui se menlum). Ces deux séries de dérivés ont été remarquablement étudiées
retrouve dans tous les dérivés qu'il afTecte. par J. Perrot (Les dérivés lalins en -MEN el -MENTUM. Paris, 1961).
Enfin, le suffixe -lo paratt entrer dans la composition de la finale -osus
a) Le suffixe -lo se rencontre d'abord dans une foule d'adjectifs d'une foule d'adjectifs latins (herbosus, formosus, venlosus, etc ... ).
verbaux, types amd-lus, delë-lus, lee-lus, audi-lus, etc ... , cette situa- Cette séquence -osus n'est pas encore aujourd'hui clairement inter-
tion se retrouvant en grec, comme dans toutes les autres langues indo- prétée. L'une de ses explications possibles pourrait être un ancien
européennes. En latin, on rencontre, de plus, des adjectifs dérivés de *-o-wenl- (cf. gr. -o-f&v-r-ç : Iiv&fL6(f)&~ç) lui-même suivi de -10; d'où
noms, où l'actualisation de la notion confine à une valeur possessive: -*o-wenl-lo.
barbalus « qui a une barbe l); logdlus « qui a une toge )J. De même dans
sarcindius, cendlus; crini-lus, pelli-lus, lurri-lus; cornü-lus, verü-lus 6. Un suffixe -do, largement parallèle au précédent (au
« qui a un dard»; hones-lus, funes-lus, onus-lus, venus-lus « qui a de départ tout au moins), a joué en latin (mais non en grec) un rôle
l'honneur, du deuil, de la charge (= «chargé »), de la séduction ». Dans considérable.
certains cas, le pluriel adjectival avait dû être, sous sa forme collective, a) Il a fourni en latin une série d'adjectifs verbaux se rattachant
substantivé; et à partir de ce pluriel neutre on a refait un singulier à des verbes d'état en -ë-re. Tous ces verbes se caractérisaient au pré-
inanimé: saliclum « ce qui a des saules ) ) = « saussaie»; veprë-lum « ce sent par un thème en -ë, morphème exprimant l'état et issu de *-eHI'
qui a des épines )) = « hallier )). De cette dernière formation, où -ë- L'adjectif en -do s'ajoutait à ce morphème au vocalisme réduit 1; d'où
appartient au thème primitif, a été tirée une finale -ëlum qui a produit une séquence *-Hl-do > lat. *-iido-, d'où par apophonie -tdus. On a
des noms de lieux plantés d'arbres: fic-ëlum, frulic-ëlum, fraxin-ëlum, ainsi, en face de verbes luceo, palleo, placeo, limeo, etc ... , des adjectifs
pin-ëlum popul-ëlum, querc-ëlum, etc ... L'analogie de certains de ces lüc-idus, pall-idus, plac-idus, lim-idus, etc ... La comparaison avec
mots a à son tour produit bu-cëlum « endroit pourvu de bœufs» = lacilus « qui se tait» (dérivé comme eux d'un verbe d'état, laceo), fait
« pacage n, et, d'un mot gaulois lucca « bœuf séché », le dérivé lucc-ëlum apparaître qu'à la difTérence de -lo, exprimant l'accomplissement
« conserve de bœuf )). Signalons enfin que le latin a possédé quelques effectif de la notion dans l'objet, -do exprime plutôt une aptitude
substantifs animés en -lus dérivés d'un adjectif; ainsi, lïberlus, dérivé permanente et virtuelle à cet accomplissement (limidus, aridus: «sujet
de liber, peut être au terme d'une réfection à partir de liberlds sur le à la peur, à la sécheresse ))). Secondairement, la finale -tdus a tendu à
modèle de hones-lds / hones-lus. devenir autonome, et a servi à constituer des . adjectifs nouveaux,
b) Le suffixe -lo servait dès l'indo-européen à constituer des dérivés soit de thèmes verbaux quelconques (lurb-idus, rap-idus,
ordinaux, du type gr. olxtx--roç, « le dixième )) étant l'individu qui cup-idus), soit même de thèmes nominaux (gel-idus j süc-idus Il doué
actualise la notion « dix ». Le latin possède en quinlus, sexlus, de tels de suc )); etc ... ).
ordinaux; mais cette formation (contrairement à ce qui se passe en b) Parallèlement à la séquence *-en-lo (v. ci-dessus) a existé,
grec) est moins productive que -mo (v. ci-dessus). . sans doute dès l'indo-européen, une séquence *-(e/o)n-do, qui a fourni
en latin de nombreux adjectifs verbaux en -ndus (rol-undus; sec-
c) Enfin, le suffixe -lo, dès l'indo-européen, entrait en des séquen-
ces suffixales plus complexes. Associé à un suffixe -en de noms d'action, 1. Sur une aulre explication possible, v. p. 294.

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,------~~--~~--~~~~--~~~~~~~~.~~~~~~?~
---. - -
..
J
undus; imila-ndus; dele-ndus; etc ... ), improprement dits futurs (v. -lieus (dans rus-lieus, dornes-lieus) et -alieus (asia-licus). Il semble
p. 345 sq.). Selon M. Benveniste, ce morphème exprime foncièrement que -lieus n'ait pas une origine latine (du moins ne connaît-on pas de
l'idée d'un assujettissement à la notion verbale (rolundus (( sujet à mot latin expliquant -l- par la forme primitive de son thème), et on
tourner» ou «( voué à tourner ll). Il convient d'ajouter que, dès une l'a soupçonné d'être un emprunt au grec (type &cr't"-Lx6ç, l~(Ù-'t"LX6ç)
époque fort ancienne, -ndus avait été souvent employé en relation à une époque où les emprunts au grec afTectaient la langue courante
avec les thèmes· bhü- (( devenir Il et ·lcü- K se gonflèr, concevoir ll; d'où (v. p. 27). La forme -alieus procède de l'adjonction de -treus à des
des séquences -bundus et -cundus, devenues suffixes productifs (types mots (via-lieus) dont le thème était en -a.
cuncla-bundus; erra-bundus; vaga-bundus, etc ... ; fë-eundus, verë-
cundus, etc ... ). 9. Enfin, le latin a connu un suffixe -yo qui, ainsi qu'en
toutes les langues indo-européennes, s'est montré extrêmement pro-
7. Le latin a connu un suffixe -wo, que les autres langues attes- ductif. En latin, il sert à former :
tent avec moins de constance que -lo et -do. En fait, ce « suffixe Il
-wo a pu procéder de la thématisation de thèmes se terminant par a) Des adjectifs, dérivés de noms de personne communs (mere-
H3 = A ID (v. p. 67). C'est le cas pour l'ordinal oclavus (v. ibid.), lricius, palrius, d'où, par croisement, palrieius) ou propres (Marlius,
d'où, par analogie, pri-vus (doublet de pri-mus: cf. privare, et prïvi:" Oclauius, Venerius, etc ... ); ainsi que de thèmes divers (noxius, de
gnus « né en premier lieu ll). De même, les adjectifs verbaux gnavus noxa; anxius, de angor < •ang-(efo)s; etc ...
< * gn" H 3-os; v ïvus = skr. jiva~ < •g lJJyH 3-0-s; arvos « labourable Il
< . H ZerH3-os (cf. gr. «po--rpov). De même encore flavus < * bhleH3-os b) Des substantifs, quelquefois anciens adjectifs substantivés
(à côté de fulvus < . bhJH3-os). Par la suite, la finale -vus a pu se (soeius « qui suit », cf. sequor); plus souvent inanimés désignant des
répandre dans des adjectifs exprimant la couleur (hel-vus, gilvus), métiers ou états : arlifie-ium, hospil-ium, haruspie-ium, exil-ium,
et, sous une forme _Owo > lat. -u(w)us, dans de nouveaux adjectifs etc ... ; ou des actions: acdifie-ium, saerifie-ium, eloqu-ium, aduLlcr-ium;
tiré de verbes (ingen-uus, perspic-uus, rclic-uus, etc ... ). etc .. .
Le latin a, par ailleurs, connu une série assez remarquable et Souvent, le suffixe -yo se trouvait associé à d'autres sufilxes :
productive caractérisée par une finale -ïuus (capl-ïuus, fugil-ïuus, e) Dès l'indo-européen s'était constitué.e une séquence -ey(y)o,
lasc-ïuus, grad-iuus, etc ... ), fournissant entre autres choses les noms soit à partir de thèmes thématiques (-l-yo) , soit à partir de thèmes à
des cas (nominalïuus, etc ... ). Il n'y a aucune indication à tirer d'une laryngale (·-eH-yo > ·-eyyo). Le latin en a tiré une finale -eus que
graphie capleiuei = eaplïui, où ci est une notation récurrente de ï; l'on rencontre surtout dans des adjectifs exprimant la matière (aureus,
il est plus vraisemblable que toute la fmale -ïvus est analogique de aencus, lapideus, etc ... ); par extension l'aspect de la matière (niveus,
vi-vus, et de certains de ses composés (redivïvus «( rené ll, ( ressuscité ll, roscus, etc ... ); enfin, un comportement évoquant un matériau ou
a pu entraîner nal-ïvus « né II ou reeidïvus (( qui rechute II et, chez modèle (virgin-eus, augusl-eus, etc ... ). Ce suffixe -eus, rattaché à
Celse, ( qui revit ll). difTérentes finales de thèmes, a lui-même produit des variantes -ne us
(ilig-neus, salig-ncus, d'après lign-cus); -aeeus (gallln-aeeus, d'après
8. Le latin a, de même, hérité d'un suffixe -Ico, qui se présente un prototype non-identifié, sans doute dérivé d'un mot en -ax tel que
essentiellement sous les formes plus complexes -'ieus (publ-Leus) et fornax); -aneus (praceidaneus, praesenl-aneus, d'après des adjectifs
-ïeus (posl-ïeus, umbil-ïeus). Ces deux formes ont été expliquées par en -anus refaits en -aneus?); etc ...
A. Martinet (v. p. 64) comme procédant d'une thématisation, dès
l'indo-européen récent, de formes athématiques -'ilc-sf-ïk-s < *-yH 2-s b) Le suffixe -go doit entrer dans la composition de la finale
(où le flottement quantitatif résulterait de l'analogie: v. p. 64 sq.). De -arius, dont l'origine est au niveau latin indiscernable, et qui peut
fait, les formes en -ko, en latin comme dans les autres langues, expri- reposer (comme semblerait l'indiquer la comparaison des autres dia-
ment l'appartenance, et -iko apparaît même (cf. dies dominïfdics lectes italiques: osque salcrcïsias = lat saerariae) sur ·-astyo. Mais
dominlea) comme équivalant à la désinence -ï < *-yH 2 de génitif cette séquence clle-même n'est point claire (qu'est-cc que le thème -as
occidental (v. p. 162). auquel aurait été ajouté -yo? Est-ce, comme l'a prétendu Buck, une
En latin, la forme -"feus a connu deux variantes plus complexes: finale de gén. sing. de thème en -a? 1). Il est toutefois très vraisem-
156 157
1

blable que les Latins voyaient en -cïrius une finale -ius semblable à II. LE PARADIGME THeMATIQUE EN LATIN
celle qui s'expliquait par -yo.
Le suffixe -arius s'observe dans trois séries de formes: des adjec- L'étude des formes fait apparaître les faits suivants :
tifs, dont le nombre a tendu à croître en bas-latin (auxili-arius,
febru-arius, vin-arius, etc ... ); des noms masculins, désignant souvent 1. Nominatif singulier. La finale -o-s héritée de l'indo-européen,
des spécialistes de certaines techniques (lapidarius « tailleur de semble avoir évolué vers -us à la fin du me siècle; au début du Ile siè-
pierres»; carbonarius « charbonnier»; legionarius, etc ... ), et qui doi- cle le Sénatus Consulte des Bacchanales (186) ne connaU plus que -us,
vent être d'anciens adjectifs substantivés; enfin, des substantifs -os' se rencontrant encore en quelques inscriptions archaïsantes. Par
inanimés, désignant très fréquemment des récipients ou contenants la suite -os n'est conservé dans la graphie qu'après V; on sait que
(arm-arium, libr-arium, pan-arium, vin-arium, etc ... ), et qui ont chance ce sign~ notait indistinctement u et v, et que l'écriture. latine avait
eux aussi d'être d'anciens adjectifs ~ubstantivés. pour usage de ne point répéter ce signe; dès lors, de~ graph1C~ SAI-. VOS
SERVaS avaient pour intérêt d'éviter les graphIeS amphIbologIques
c) En fin, le suffixe -yo servait à dériver des adjectifs (et, par
SALVS (sa/vus et salus), SERVS (servus et serus);. . .
substantivation de ceux-ci, des substantifs en général inanimés) à
Un problème plus important était po~é p~r ~ artIcula~lOn faIble
partir de thèmes de noms d'agent. Ainsi, de noms en -Lor (praelor,
de -s final, noté dans les plus anciennes InSCrIptIons, maIs souvent
senalor, etc ... ), se tiraient des adjectifs praclor-ius, senalor-ius, etc ... ,
négligé des inscriptions postérieures au « vase de Duénos ,», av.ant. de
et des substantifs type praelorium « demeure du préteur », audilorium i
reparaitre régulièrement aux alentours de 150 A.C. Sur 1 e~phcatIon
« salle des auditeurs Il. L'analogie devait étendre cette dernière finale (.
de ces faits, v. p. 60. Sur le nominatif des mots en -ro-, v. CI-dessous.
à des mots tels que len-lorium, lerri-lorium, etc ... De même, sur des 1
noms d'agent en -mo(n) (type gr. ~'Ye;-fLwv) le latin avait, dès une
2. Vocatif singulier. Il était en indo-européen caractérisé par
époque ancienne, dérivé des noms d'action, ou d'état juridique, en
le thème nu terminé par la voyelle thématique de timbre -c. Cette
-monium, qui étaient demeurés dans la langue (ainsi ali-monium,
voyelle était en latin sujette à disparaître en position finale de mot
vadi-monium) lors même que le mot en -mo(n) (*alimo[n, ·vadimo[n)
(v. 103), et a efTectivement disparu dans, les thèmes en. -ro, type
disparaissait. L'analogie a étendu leur finale à des termes nouveaux
magister < -cre. Si l'on réserve le cas des themes en -yo (v. CI-dessous),
qui (tels malri-monium, tesli-monium) ont été dérivés de substantifs,
tous les thèmes autres que ceux en -ro conservent à date historique -e
excluant toute idée initiale d'agent. Citons pour finir un type curieux
final sans doute en raison de son rôle caractéristique dans la flexion.
de dérivation: de libi-cen < -can était normalement tiré libicinium
Il c~nvient d'ailleurs de préciser que, le vocatif étant pour cette
« état de joueur de flûte »; toute la finale -cinium, dans laquelle
flexion absent des inscriptions anciennes, nous le connaissons unique-
n'était plus reconnu le radical de canere, est devenue productive, et
ment par des textes littéraires ou postérieurs, qu'a pu toucher une
a servi à former des noms de métier semi-argotiques : lalro-cinium,
. leno-cinium, liro-cinium, etc ... normalisation graphique. . , .
Le vocatif de type domine a cependant tendu a dIsparaître de la
Après cet examen détaillé des mots et des thèmes fléchis en latin
selon le type thématique, nous pouvons aborder l'étude du para- langue latine, mais pour une autre raison: .cas appe~latif comx:ne le
digme. nominatif, il a subi la concurrence de ce dermer. DéJa a date ancIenne
une forme du type magisler était commune aux deux cas, e~ deus
supplantait dans l'usage * dee, disgracieux et sujet à contractIon. ~l
est très vraisemblable qu'à date post-classique le recul du vocatIf
devant le nominatif a été rapide dans la langue parlée, la langue écrite
ne rendant compte qu'avec parcimonie et retard de celte .év~luti~n.
Dans les thèmes en oro, là du moins où le suffixe ne SUIVaIt pOlDt
1. La séquence "-syo- ou ·-slyo- évoque plutôt le groupe ·-s-yo qui a en
une voyelle longue (v. p. 103), l'absorption de -0- entre r et s (,:. p. 102)
indo-ouropéen roumi la désinence du géniliC singulier pronominal. Un adjectif entrainait au nominatif les évolutions * pueros > puer; * maglsleros >
tel que sacra-rius qualifIo « ce qui est du ressort du sacré "; el arma-rium magisler; etc ... ; tout comme la .chute de -e final f~isait de *puer~,
désigne littéralement. le (local) des armes ". *magislere, les formes puer, magLster. Le résultat étaIt, pour ces the-
158 159
----_ .._------.-- [ 1

mes, ~ne lorme ~nique pour le~ deux cas. Ce phénomène a eu lieu 4. Nominatif-accusatif sin!Julicr inanimé. Le type lemplum
posténeurement a 500 A.C. (on ht saleros esed = sacer eril sur la Pierre (comme gr. owpov) remonte à une finale indo-européenne *-o-m. La
Noire du Forum), mais antérieurement au rhotacisme (il n'affecte flexion thématique se singularise à cet égard, en ne se contentant
pas des formes telles que umerus < * omes-o; cf. skI'. amsa~). Il a, au point (comme le font toutes les autres) d'un thème nu. On a pu penser
dex:ne~rant! épargné les thèmes dissyllabiques (erus, ferus, merus), que, dans cette flexion récente, le neutre avait subi un début d'ani-
qUl nsqualent de se trouver réduits à des monosyllabes auxquels mation, qui à l'accusatif lui aurait permis d'emprunter la forme de
répugne le latin. L'exception de vir < *viro-s s'explique par l'influence l'animé; une régression vers le statut de neutre aurait alors entrainé
de levir « beau-frère », et, plus généralement, des noms de parenté en -er (sur le modèle des autres flexions, qui présentent aux deux cas une
(paler, fraler, etc ... ). forme unique) l'extension au nominatif de la forme en *-o-m . Mais
tout cela est indémontrable et l'on a parlé aussi de « nasale mobile
N..
B.: On s'attendrait à voir la finale *-lo-s traitée comme *-ro-sj-re. indo-européenne n, qui aurait produit par ailleurs le -v « éphelcys-
En falt, on manque d'exemple sûr; et le doublet famul de fàmulus tique n du grec. Il pourrait plus simplement s'agir d'un affixe, degré
peut représenter une ancienne forme non-thématisée (cf. osque famel). réduit de *-ejom, qui en sanskrit renforce (dans des formes mam,
Le vocatif ~~s thèmes en *-yo pose un problème particulier. Une lvam: v. p. 221) des thèmes de pronom personnel. Cette particule
forme d.e type fLlte, attendue, est attestée exceptionnellement (Livius *-(ejo)m pourrait être parallèle à *-(ejo)d qui caractérise le nominatif
Androlllcus), et procède sûrement d'une réfection, les formes cons- accusatif neutre des démonstratifs (v. p. 221 et 228).
tamment attestées étant de type [ilï, Caecilï, PubU, Valeri, etc ...
Ces for:nes en .-i ne sauraient procéder, compte tenu du traitement 5. Génitil sin!Julicr. La grammaire comparée ne permet pas
phonétlque latm, d'un plus ancien -ie. En fait elles constituent un une reconstitution exacte de ce cas dans la flexion thématique indo-
foss.ile athéma~ique dans un groupe de mots ré~emment promus à la européenne, de caractère récent, où s'ébauchait une distinction
flexlOn thémat~que : le latin ancien présente, en effet, à côté des formes génitifjablatif (v. p. 143). Les langues du groupe oriental font appel
de.venues cl,asslques alius, Caecilius, Mercurius, des athématiques ali-s, pour former leur génitif aux désinences pronominales *-syo, d'où
. a.lL-d (Lucr~ce, l, 263; ~ 107; IV, 635; et cf. ali-1er); Caecilis (inscrip- *-o-syo (indo-iranien; grec); ou *-so, d'où *-0-50 (grec). Parmi les
t~on f~néralre); Mel'curls (C.I.L., 12, 563). Reste à expliquer la quan- langues italiques, l'osco-ombrien a une finale -eis, empruntée aux
tlt~ -l. de ,la finale d~ tels. vocatif~. Elle peut être analogique de [ilï, thèmes en -y (gén. *-ey-s: V. p. 199). Quant au latin, il présente une
qUl lm meme, peut s expl~~uer SO.lt. com~e ancienne forme en *-yH 2 finale -i, notée -ei dans quelques inscriptions. En fait, il ne s'agit là
(et doublet des lors de filLa 1, fémmm); SOlt comme influencé (dans la que d'une graphie, appliquée par récurrence à la notation de -i
séquence mi fiU) par le -i de mi < * mejoi (gr. (lOLj v. p. 222). ancien, à une époque où ei, passé à la prononciation i, était encore
noté par le digramme (d'où l'extension de ce dernier à toute nota-
, . 3. ~c~usatü sin!Julicr •. En i~do-européen, la désinence -m tion de ï). Les inscriptions latines anciennes qui notent le plus scru-
s aJoutalt ,a la v?yelle thématlque, d où une finale -om, qui a évolué puleusement les diphtongues (ainsi, le S.C. des Bacchanales, de
vers -um a la meme da~e, et dans les mêmes circo~stances que -os> 186 A. C.) présentent toujours -i au génitif. Cette désinence se
-us. Après w, la graphlC -om est conservée plus longtemps (saluom retrouve en celtique: irlandais ogamique maqi « du fils n; irl. fir « du
seruom, caluom, equom). A l'accusatif, les thèmes en -ro ne subissent mari » postulant *wir-i. En latin comme en celtique, cette voyelle -i
poin~ d'altération (agrum = ~ypov; magislrum; en face de ager, n'est précédée d'aucune voyelle thématique. ,1
maglsler). A la finale, la consonne -m (moins faible toutefois que -s . Ce morphème -i, longtemps obscur, a été mis par 'Vackernagel
d'où son n.on-r~nr?rcemen~ : v. p. 76) n'a quelquefois point été noté~ (Mélanges Saussure, p. 125 sq.) en rapport avec des périphrases
dans des mscnptlOns anCIennes. Ainsi, C.I.L., 12, 8, 9 : Honc oino sanskrites (milhunt-karoli « il accouple n; Icrcchri-bhcivali « il est
ploir:ume .cosenlionl R[omai]jDuonoro oplumo fuise viro ... ; soit, en pénible n) où, aux verbes karoli « il fait n, bhdvali « il devient n, s'adjoint 1
lat. classlque : Hunc unum plurimi consenliunl RomaejBonorum une sorte d'adverbe d'estimation en -i. Le latin possède de même des
oplumum fuisse virum. périphrases avec facere ou fieri, type magni facere « tenir pour consi-
dérable n; compendi facere « faire l'économie de n, « tenir pour négli-
1. cr., de m()me, libi-cen à côté do libido geable n; etc ... ; et, avec une forme de génitif inattendue (la forme
160 161
normale serait en -üs), sumpli faccre « dépenser ». Le lalin ainsi (cl
sans doute, avec lui, le celtique) aurait hérité d'une série d'adverbes 8. AhlalÜ singulier. Il procède en latin de la confus.ion ror~elle
d'estimation en -i, finale ensuite étendue au génitif, susceptible d'ex- (et, en grande partie, fonctionnelle : v. p. ~46) de. troIS cas m~o­
primer l'estimation ou le prix. On peut aller plus loin, et penser que européens: instrumental, ablatif, locatif. Sur 1 évolutIOn de ce dermer
ces adverbes en -ï présentaient une finale figée d'adjectif en -!JO, sous. vers -0, v. ci-dessus. ; , .
la forme collective -·!JH 2 • Si l'on accepte l'explication (v. p. 64) qui En indo-européen, l'instrumental pouvaIt se former pa~ 1 adj O?C-
fait de gr. -tx6ç, lat. -'fcus une forme thématisée de -'fk-s < *-!J1l2-s, la tion d'une désinence -e (lat. consul-el à la voyelle th~matIqu~; d où
coexistence d'expressions par -i et -'fcus (diës dominiJdiës domin'fca) •-o-e, produisant -0; ou • -l-l, p~oduisant -è. Le latm a hé~Ité ~ de~
est de nature il renforcer cette hypothèse. On constate également que deux formes, faisant de -0 (par aIlleurs attesté dans le grec :<ù,
OU't'<Ù,

les noms en -!Jo (type (ilius, Valerius) présentent à date ancienne et, avec -ç adverbial, dans le type xaÀwç) une final.e nommale; e_t
un génitif en -i, et non -'fi (les formes (ili-i, Valeri-ï, apparaissent de -ë (attesté en grec dans dol'. IDj) une finale adverbIale (type rccle,
seulement avec Lucrèce, et se généralisent au 1er S. P.C.). Certains oplumë, etc ... ). . ,. d 1
ont pensé que -i procèderait de la contraction de -'fi, la forme non- Quant à l'ablatif, il e~pruntaIt dès 1 mdo-euro~é~n, , ~ns_ a v

contracte reparaissant ensuite en vertu de l'équation domin-usJdomin-i flexion thématique, la désmence -d des dé~onstratIfs, d ou o~,
= (ili-usJ(ili-ï. Il est plus simple de considérer que les formes en -!JO devenant en latin -ad sous l'influence analogIque des thèmes en -a.
avaient dès le départ un génitif en ·-yH2 , simplement constitué La consonne -d ayant disparu après voyelle longue ,vers la fi~. du
par une variante du suffixe -!J0 -' Ille s. (v. p. 58), il est resté une forme -0: semblabl.e a celle de I.Ins-
trumental (et du locatif, issu de -oi). Cer~ame~ ~raph!es consen.:at:lces,
6. Le datil singulier. En indo-européen, la désinence -ci, se notant -d postérieurement même à sa dIsparItion, 1 ont par!oIs md_ù-
contractant avec la voyelle thématique -0-, produisait une finale -oi ment étendu à des formes en réalité instrumentales: rcclcd, cerled,
(gr. MyCùt, puis My<p), encore conservée par l'osque (hrirlrii = IlOrlo), sur des inscriptions.
et, en latin, sur la Fibule de Préneste (Numasioi). Par la suite, le
latin a phonétiquement (v. p. 107) réduit à -0 cette diphtongue à 9. NomiuaLf-vocatif pluriel. En indo-européen ce.s d.e~x ca~, de
premier élément long.
forme semblable, présentaient une désinence -es, qUI, J~Inte a la 1
1 \
7. Le locatif singulier. Le latin présente un petit nombre de voyelle thématique, produisait *-o-es, d'où :-os. Cette ~ésI~ence ~st 1 '1
mots où le locatif est en -i, le plus grand nombre se caractérisant par
une finale -0, semblable à celle de l'ablatif (et de l'instrumental). Cette
situation est le résultat d'une évolution historique.
En indo-européen, la désinence proprement dite, -i, s'ajoutait à
conservée par le sanskrit, l'osque (N~ulan~s = No!anl), 1 omb~Ien
(prinuuatus « [c[Jati »); ces deux dermers dIalectes 1 éten~an~ meme
au pronom (iüsc < ·c!J0s-ce « U»). Inversement, le grec ~des,1 époque
homérique, et peut-être dès le mycénien, dont la I?ra~h~e n apprend
ij
la voyelle thématique de timbre l, ou a. On obtenait ainsi soit une rien) a étendu au nom la désinen~e du dém~nstratIf. ( o~ My,,?ç deve-
finale -ei (attestée dans gr. &xe'i:, dor. ne'i:; en osque; en ombrien, où nant, par analogie des finales, ot ÀoYOt). Le l~tIn, de meme.' a faIt p~sser
elle se réduit à -è; en latin, dans les adverbes hic, illic < * -ei-ce); • illoi dominos à * illoi dominoi, à une date mconnue (mal.s posLéneure
soit une finale -ai (attestée dans gr. orxo~, dor. ~~Ot; lat. adverbes hüc, à l'éclatement de la communauté italique). La finale -Ol a. pu par ~a
illüc < ·-oi-ce: v. p. 109). Dans la flexion nominale latine, un élément suite évoluer en -oe (pilumnoc poploe dans ~e C~an.t .des SalIens), malS
nouveau est intervenu, la forme -ai (sous l'influence du locat. -iii des plus souvent en -ci (oinuorsei uirei = unwerSL Ulrr dans le ?C. des
thèmes en -ii) ayant été allongée; d'où -oi, évoluant ensuite (comme Bacchanales), qui lui-même a évolué vers -ë (C.l.L.l2, 9; plolrume =
le datif) en -o. Quant à la forme-li, que ne touchait point cette inno- ' . '. v . P. 160) puis -i. Les noms en -!JO ont normalem~nt
p 1urrmL. t des
d
vation, elle est demeurée jusque vers la fin du me s. dans les inscrip- formes en • -iyoi, d'où -l'i. On trouve sporadiquement au .our ..e
tions (formes Ladinei, Delei, Lanuuiei, septumei), poùr devenir ensuite Rome des formes épigraphiques en -eis (C.l.L.12, 584 : MmuclCls
-i (animi, belli, domi, uesperi, etc ... ). Certaines locutions (arch. die Rufeis; ibid, 1531 (150 A.C.) Verluleieis), ou en -es.< -el~ (C.~.L.J2,
seplumei = lat. class. die proxumi; meridie < . mcdi die) accordent un 1444 : coques, ma[Jislercs). Elles reposent sur u~ an?Ien ~OL.S, qUI 'peu~
locatif à une forme d' « ablatif 11, en vertu de l'équivalence formelle soit provenir d'un croisement entre -.os et -Ol, SO!t adJomdre a -Ol
obtenue dans le type en -oi (in lemplo, comme e:x lemplo). une consonne -s analogique de la fleXIOn athématIque.
162
163
10. Accusatif pluricl aniIné. Il repose sur l'indo-européen raison de sa commo.dité métrique. Écrit en langue conservatrice, le
*-o-ns, qui a phonétiquement évolué en -os. Les autres dialectes S.C. des Bacchanales (186 A.C.) évite encore d'employer -orum pour
italiques présentent des formes parallèles: osque -uss (feihuss (( muros » les noms, réservant cette désinence aux pronoms (eorom sociom).
< *dheigho-ns), ombr. -uf. Mais -orum a définitivement triomphé dans la prose classique; et pour
Cicéron les formes deum, meum, virum, etc ... ne sont plus au gén. pl.
11. Nominatif-accusatif pluriel inanimé. L'indo-européen que des archaïsmes (Oralor, 155-56). De fait, si les poètes utilisent
formait ces cas en substituant à la voyelle thématique le suffixe encore parfois -um par commodité métrique et souci d'archaïsme
*-(e)H 3 de collectif, au vocalisme plein ou réduit selon les cas. Le (deum chez Virg., En., IV-62; magnanimum, ibid. III, 704; etc ... ),
vocalisme plein -a < *-eH 2 est attesté en sanskrit, germanique, cel- la langue courante n'emploie plus cette désinence que dans des
tique; le vocalisme réduit * -H 2 en sanskrit (-1) et en grec (ci: Swpcx). locutions toutes faites (mille nummum; pro deum [idem; etc ... ) j
Parmi les dialectes italiques, l'osco-ombrien présente constamment -a, exceptionnellement, pour éviter un mot trop long, ou une accumula-
qui est passé à -u. Le latin conserve des traces du vocalisme plein tion disgracieuse de consonnes r.
suffixal dans les formes pronominales (inler-ea; propler-ea; qua-
propler), et dans les noms de dizaines (lriginla, quadraginla, etc ... ). 13. Datil-ablatirpluriel. Ces deux cas ont en latin une forme
Dans la flexion nominale, le vocalisme réduit (alla lempla) est cons- unique. L'ablatif latin recouvrant en fait ablatif proprement dit,
tant. instrumental, et locatif, on observe finalement une convergence
formelle de quatre cas.
12. Génitif pluriel. En indo-européen, la désinence était ini- La convergence en une seule forme * -ois de l'instrumental (ini-
tialement -om, qui par contraction avec la voyelle thématique (*'-0- tialement *-ois) et du locatif (ancien *-oi-siju) est phonétique, et a été
om) aboutissait à -omo Mais entre cette forme -om des noms théma- expliquée p. 144. L'extension de ce *-ois à l'ablatif (initialement
tiques, et -om conservé par la flexion athématique, des interférences *-o-bho-s) a été analogique (v. ibid.). De même, le datif (ancien
ne devaient pas manquer de se produire, et chaque flexion a finale- *-o-bho-s) s'est aligné sur *-ois (forme commune des trois cas devenus
ment utilisé les deux désinences, qui ne différaient que par la quantité l' « ablatif latin li) en vertu de l'identité formelle déjà réalisée au
vocalique. A date historique, la flexion thématique utilise selon les singulier. La convergence observée en latin paraît s'être opérée de
langues soit -om (grec À6ywvj baltique; germanique); soit -om (slave; même en osque (-uis < *-ois) et ombrien (-es < *-eis < *-ois). En
celtique). Parmi les langues italiques, -um de l'osco-ombrien est de latin, *-ois a abouti à -ïs (v. p. 111), à travers un intermédiaire -eis
quantité non-assurée. Quant à · -am du latin, il peut représenter, dont témoignent quelques inscriptions.
avec consonne finale autre que -s, indifféremment -om ou -om (v.
p. 93). N.B. La seule forme en -bhos conservée pour le datif est en latin
Postérieurement à l'introduction, dans la flexion en -a, de la le nom de parenté generibus cc pour les gendres li (Accius,65 Ribbeck);
désinence pronominale -som (innovation commune à tous les dialectes forme influencée sans doute par le type palribus, fralribus.
italiques; V. p. 171), l'osco-ombrien d'une part,le latin d'autre part
ont opéré de façon inverse. Tandis que l'osco-ombrien imposait au
pronom la désinence -um des noms thématiques (-som ne demeurant
plus que dans les noms en -a), le latin a au contraire étendu aux
noms thématiques (sans doute par l'intermédiaire de l'adjectif) la
finale -rum de rosa-rum; d'où domino-rum (où la quantité de 0
s'explique par l'analogie du type rosa-rum). Cette nouvelle désinence
est entrée en concurrence avec -um, qui a été progressivement refoulé.
L'introduction de -rum dans la flexion thématique a dû précéder
de peu l'époque d'Ennius (fin Ille s.), qui manifeste une nette préfé-
rence pour -um. C'est au contraire -orum qui l'emporte chez Plaute,
-um étant encore employé (parfois à côté de -ôrum: Mosl. 120) en
164
que des substantifs féminins. Ceux-ci peuvent être primaires (capra,
equa, etc ... ; aqua, herba, etc ... ); ou être bâtis au moyen de suffixes,
parallèles à ceux qui entrent (v. p. 150 sq.) dans les formations en
-elo. On trouve ainsi :
CHAPITRE IV 1. Des dérivés en -la: candé-la, suadé-la. A partir de ces formes
bâties sur un thème verbal en -é (suadë-re), l'analogie a isolé et rendu
productif un suffixe -éla: caul-éla, corrupl-éla, loqu-ëla, tul-ëla, etc ...
LA FLEXION DES THÈMES EN -a< *-eH'}.. Par ailleurs, le suffixe "-dhl (e)H 2 (ancien collectif de • -dhlo-) a fourni
des noms d'instrument en -bula:fa-bula; fï-bula < fï(v)i-bula (de
figa ancien fivo); sü-bula « alène » (de sua « coudre li). De même, des
formations abstraites à partir de diminutifs expliquent les formes
falc-ula, furc-ula, etc ...
Cette flexion constituait, en indo-européen ancien, un simple
compartiment de la flexion athématique, les désinences s'ajoutant à 2. Avec un suffixe -ra sont formés divers substantifs. Des mots
un thème terminé par la consonne-sonante -H 2 • Toutefois, dès l'indo- tels que sculra « écuelle »; mulcira « vase à traire li (à côté de mulclrum)
européen récent, et postérieurement au détachement du rameau procèdent d'anciens collectifs de noms en -lrum, ensuite considérés
hittite, le groupe ·-eHa, tendant vers _-a, perdait sa :qualit~ ?onso- comme singuliers féminins. De la même façon, le suffixe -bra doit
nantique. Ce paradigme fournissait au demeurant le fémmm des procéder de -brum < "-dhrom: dola-bra, lerë-bra, lalé-bra, verlë-bra;
adjectifs en -elo. C'est pourquoi, en plusieurs langues, la flexion en -a etc ...
s'est trouvée rapprochée de la flexion thématique. C'est le cas en
latin, où les deux paradigmes dits « première» et « deuxi.ème déclinai- 3. Avec un suffixe -na on connait des formes angi-na (gr. oc)'X6-V'Y)).
son li constituent (avec la « cinquième déclinaison », qUI a fortement fodï-na, sarcï-na, pali-na (à côté de mots tels que pagina, de formation
subi leur influence) un groupe flexionnel très distinct des types athé- peu claire). En face des adjectifs en -ernus et -lernus, on conn ait
matiques, dont l'évolution a fait en latin les « troisième » et « qua- d'anciens collectifs devenus féminins : cav-erna; lac-erna; luc-erna;
trième déclinaisons Il. de même, en face des adjectifs en -m(i)nus, des formes en -mina "'
(fëmina, authentique féminin) ou -mna (columna, peut-être aerumna,
1. FORMATION DES THÈMES plutôt anciens collectifs).
La flexion en -a, moins: productive que celle en -elo, est cepen-
4. Avec un suifixe -la, parallèle a -lo, sont bâtis des formes
dant en latin abondamment représentée, du simple fait qu'elle fournit
iuven-la; senec-la; d'où peut-être, par analogie, dum-ecia « fourré »
le féminin de tous les adjectifs en -elo. Elle comporte par ailleurs un (Festus); lum-ecla cc roncier » (Varron).
nombre considérable de substantifs, dans leur immense majorité
féminins. Un petit groupe de masculins existe cependant, constitué
soit de mots empruntés (naula, pocia, et les noms propres type 5. Surtout le latin a formé, grâce à ·-yH2 (en face de -yo),
Cherea, Demea, empruntés au grec; sculna « arbitre », scurra, verna, une foule de féminins abstraits : audacia, inerlia, insania, superbid,
etc ... A partir de telles formes, dérivées de bases connues (audak-s,
probablement empruntés à l'étrusque, ct qui ont peut-être influencé
insanu-s, etc .. . ), le latin a formé certains dérivés ne correspondant
scriba),. soit par des composés (indi-gena < "-genH l' initialement
à aucune base autonome; ainsi inedia, vindémia, etc ... ~Plusieurs de ces
étranger à la flexion en *-:eH 2 , et qui s'est introduit dans la ~exi~n
abstraits ont reçu un sens concret, et, du même coup, un pluriel:
latine en -a à la faveur du traitement latin de -Hl final au nomma tIf.
excubiae, faceliae, infiliae, insidiae, etc ...
Sur son modèle ont été refaits agri-cola; ad-vena; con-v ïva,. lege-rupa;
paricïda,. etc ... ).
Hormis ce groupe de masculins, la flexion latine en -a ne comporte
166 167

!i
-.-.
II. LE PARADIGME EN -a DU LATIN AZhar langai); q1,lc1qucfois chez Plaute (Miles 103 : magnai rëi
publicai) j et, par archaïsme et commodité métrique, chez des poètes
L'étude détaillée des formes casuelles fait apparattre les faits dactyliques ultérieurs (Lucrèce, II, 302 : nalurai; 249 : viar, etc ... ;
suivants : Virgile, En. IX, 126 : pictaï veslis). Mais ces formes constituent, dès
la fin du lIIe siècle, des archaïsmes, et la forme la plus courante chez
1. Nominatif-vocatif. L'indo-européen ne présentait de dési- Plaute est -ai, souvent modernisé par la tradition en -ae, forme clas-
nence à aucun de ces deux cas, et, de plus, opposait un vocalisme sique obtenue au terme d'une évolulion -ai> -aï> ai > -ae (évo-
plein *-eII2 (nominatif, sauf dérivés en *-yH2) à un vocalisme réduit luant plus tard en -ë: v. p. 108). Par ailleurs, quelques inscriptions
*-H2 (vocatif + nominatif des dérivés en *-yH 2 ). Parmi les langues d'époque augustéenne (et peu après) attestent une finale -aes (C.l.L.,
historiques, le grec présente nominatif ~(J1pii, 7toÀh'ii-ç (avec -s secon- P, 1249 : Aquilliacs; ibid., 1600 : Pesceniaes Laudicaes; etc ... ). Ces
daire), contre vocatif 7toÀL-rii; l'osque viu « via )l, l'ombrien mulu formes peuvent résulter soit d'un croisement entre -ae et -as (conservé
<t mulla li ont au nominatif un ancien -a dont le timbre a évolué. en des parlers campagnards), soit (selon Meillet) d'une réfection . à
Quant au latin, aussi loin que l'on remonte, il présente toujours un partir du datif (-acs/-ae d'après consuli-s/consulf).
-a, y compris dans les mots non-iambiques. Cette forme, normale
pour les abstraits en -ia < *-yH2 et le vocatif, a dû être analogique- 4. Datif singulier. Dès l'jndo-européen, la séguence "-a-ei avait
ment étendue au nominatif; extension d'autre part favorisée par produit -ai, conservé à date ancienne par le grec (&(J1piit), puis traité,
l'accusatif -am. On connatt par Festus deux formes de masculin en en cette langue, par disparition du 2 e élément de la diphtongue (~(J1p~).
-as, paricida-s et hoslicapa-s; il peut s'agir soit d'une influence grecque En latin, le même traitement est attesté dialectalement (C.LL.P, 45 :
(noms en --riiç, type 7toÀ(-riiç, vcxlYroiç)j soit de l'analogie de damnas, Diana; 477 : Flaca; 379 : Malrë Malulaj 460 : Menerva; etc ... )', et
indéclinable à date historique (damnas eslo, ou sunlo), et que l'on a parfois en des inscriptions vulgaires. Mais le traitement le plus fré-
soupçonné d'être un ancien nom en -as/-alis (thème consonantique). quent dans les langues italiques a été l'abrègement du 1er élément
de la diphtongue: -ai> -ai; d'où osque dcivai (= lat. dïvae), et latin
2. Accusatif singulier. Le type indo-européen * -eH2-m classique, par évolution plus poussée, -ae (v. p. 111). Cette forme
devait phonétiquement produire -e(H)m (v. p. 64); et les formes des devait évoluer, en latin ultérieur, vers -ë (traitement déjà acquis par
langues historiques, supposant -a-m, procèdent de réfections. Le grec, ombrien Iule « civilalï )); et en divers parlers locaux : Pisaurum;
avec ~(J1piiv, 06çiiv, àÀ~ee:Liiv, présente les deux quantités. En latin, pays des Marses).
la finale -am peut provenir indifTéremment de -am ou -am (abrège-
ment devant consonne finale autre que -s: v. p. 93). Les autres dia- 5. Locatif singulier. La désinence indo-européenne -l, s'ajou-
lectes italiques (osque paam « quam)l; ombr. loi am « civilalcm ))) parais- tant au thème terminé par -a, produisait une finale -ai. Elle a connu,
sent comporter un -a, qui a dû être aussi à l'origine de la forme latine. comme au datif, deux traitements. Mais, de .façon curieuse, le traite-
ment par -a (minpritaire pour le datif) a été pour le locatif quasi
3. Génitif singulier. En indo-européen; génitif et ablatif . général; d'où alignement formel sur l'ablatif-instrumental. L'autre
avaient dans cette flexion une même finale, -a-s < *-eH 2-s. Le grec traitement (-ai> -ai> -ae) n'est attesté que pour quelques noms:
conserve cette finale (gén. ab!. ~(J1piiç), ainsi que les dialectes Romae, mililiae, viciniae; quelquefois pour l'adjectif accordé à un
italiques non-latins (osque eilvas « pecuniae )); ombr. tolar, lolas « civi- nom au locatif (domï. meac; proximae viciniae). Ce second traite-
lalis ))). Le latin a lui-même connu cette finale -as, conservée à date ment est pourtant celui que les autres dialectes italiques présentent
classique dans palerfamilias, et dont les poètes très anciens ofTrent constamment: osque eisai viai mefiai = lat. (in) ea via media; ombrien
des exemples (Livius Andronicus : escas = escae; Lalonàs = Lalo- (avec post-position e(n) = « in ))) lafle: e = lat. in labula.
nae:v. Ernout, T.L.A., pp. 132, 133; Naevius: Terras = Terrae;
forlunas = forlunae : v. Ernout, ibid., pp. 138, 139). Mais le latin 6. Ablatif-instrumental. L'instrumental présente, dès l'indo-
(v. p. 143) a tendu à se donner un génitif distinct de l'ablatif, et européen, une finale-à issue de *-a-e. Quant à l'ablatif, il était sem-
l'analogie du type dominï a produit une forme -àï, scandée avec deux blable au génitif en *-as. Mais tous les dialectes italiques, à un stade
longues chez Ennius (Vahl en X, 187 : s Uvaï frondosaï; XXVI, 33 : italique commun, ont refait cette forme en -ad sous l'influence de la

168 169
1
flexion thématique. La forme en ·âd est conservée par l'osque (ioulad Mais, comme le grec (~(l€PcXCùV < *-a-som) l'italique commun a intro-
« civilale lI) et par le latin archaïque (Troiad, chez Naevius : v. duit dans cette flexion la désinence ·-som des démonstratifs. On a
Ernout, T.A.L., p. 138; senlenliad, ead, dans le S.C. des Baccha- ainsi en osque eehiianasum « *ex-hialionum D, et, à Bantia, egmazum
nales; mais les formes exlrad, suprad, du même texte, sont des instru- « rerum »; en ombrien, avec rhotacisme de s, hapinarum « agnarum lI.
mentaux abusivement afTectés de ·d dans la graphie). Le latin ulté- Le latin, avec le même rhotacisme, possède des formes en -arum,'
rieur, comme l'ombrien (lula « civilale lI), a perdu -d final après rosarum, scribarum.
voyelle longue (v. p. 58). Le latin présente toutefois des formes de gén. pl. en -um, dans des
mots d'origine grecque (Lucrèce l, 1 : Aeneadum; etc ... ; mille drach-
7. NOnllnatif-vocatif pluriel. En indo-européen, la contraction mum, parallèle de surcroît à mille nummum,' v. p. 165); dans l'expres-
de la désinence -es avec -a final du thème produisait une séquence sion isolée lrinum noundinum = lrinarum nundinarum (S.C. des
-as, parallèle à -os des thèmes en -e/o. Cette forme a été conservée Bacchanales, l, 23); surtout dans des composés type Graiugenum
par l'osque (scriflas = lat. scriplae) et l'ombrien (urias = lat. oriae). (Virg., En, III, 550); caprigenum (ibid., 221); omnigenum (ibid.,
Le latin lui-même l'avait héritée de l'italique commun, et en présente VIII, 698); agricoLum (Lucrèce, IV, 584); caeLicoLum (Virg., En.,
quelques traces, soit en des régions où persiste un substrat dialectal III, 20). On interprète communément ces formes par l'analogie de
(malrona avec -s non noté, à Pisaurum; C.LL.P, 378); soit en des thèmes en -e/o type gén. pl. magnanimum (v. p. 165), combinée au
genres littéraires d'origine osque (Pomponius, Alellanes, 141 de désir d'éviter, en des mots longs, la syllabe supplémentaire qu'intro-
Ribbeck : quoi Laeiilias insperalas modo mi inrepsere in sinum = Laeli- duirait -arum. En fait, les formes en -genum peuvent reposer ancien-
liae insperalae); un exemple plus sûr se trouvant toutefois sur une nement sur i-eur- *-gen(Hl)-om (qui ne relevait point alors du para-
Table d'Exécration (Jeanneret 80 : quas = quae). Ces formes doivent digme en -eH 2 , d'où est sortie la flexion latine en -a). Les autres
être soigneusement distinguées de formes en -as récentes (v. ci- génitifs pluriels de composés peuvent être analogiques de ceux en
dessous), qui procèdent d'une extension au nominatif de la forme -genum, les plus nombreux.
d'accusatif.
Mais le latin, sous l'influence des nominatifs en ·-oi pronominaux, 10. Datif-ablatif pluriel. Comme dans la flexion thématique,
. déjà introduits dans la flexion thématique, a constitué analogique- ces deux cas ont une forme unique; et l'ablatif latin recouvrant lui-
men t une forme "-ai, semblable à celle de grec ~(llpIXL, mais développée même, outre l'ablatif proprement dit, le locatif et l'instrumental,
(comme on le voit) de façon distincte. Cette désinence -ai (d'où class. on observe finalement la convergence formelle de quatre cas indo- .
-ae, et latin ultérieur -é) est celle qu'attestent constamment (sauf européens.
exceptions sus-dites) les documents littéraires et épigraphiques. En indo-européen, une même désinence *-bhi/o (ou·-mi/o sur
Notons toutefois, dans les inscriptions des Provinces conquises, certaines aires dialectales) était commune au datif, à l'ablatif, et à 1
quelques formes en -as procédant de l'extension au nominatif de la l'instrumental. Quant au locatif, il avait une désinence ·-si/u; d'où 1

forme d'accusatif (C.LL., VIII, 21071 : sodaLas; VI, 17.959 : fiLias; 1 !


·-a-si/u, refait en italique en ·-ai-si/u, sous l'influence de la flexion
32.588 : cives Dalmalas). thématique en *-oi-si/u (v. p. 165). De même, l'instrumental théma- 1 1

8. Accusatif pluriel. Tous les dialectes italiques ont hérité tique en "-ois avait entrainé, dès le niveau italique semble-t-il, la réfec-
de la finale indo-européenne-d-ns < ·-a-ns (loi d'OsthofT), où la tion en *-ais (contre ancien ·-a-bho-) de l'instrumental des thèmes en
désinence -ns s'ajoutait à -a final du thème. Cette séquence -ns a été -a. Cette forme· -ais (renforcée du locatif, postérieurement à la perte
traitée en osque et en ombrien par gémination (respectivement -ss de la voyelle brève finale: -ai-s [i/u) s'est ensuite, sur tout le domaine
et -tr, ensuite simplifiés); d'où osque viass = lat. vias; ombr. villaf = italique, étendue au datif et à l'ablatif; ce syncrétisme constituant
lat. vilulas; hapinaf « agnas ». Le latin a traité autrement -ns, par dispa- une innovation parallèle de chaque langue, plutôt qu'un fait de date
rition de -n- et allongement compensatoire (v. p. 75); d'où rosas, italique commune (ce que parait récuser en latin un reliquat de formes
en -abus). La finale ·-ais s'observe sans changement (sauf sans doute
scribas.
-ais> -ais) en osque: deivinais = lat. divinis; Diumpais «. Nym·
9. GéniLif pluriel. L'indo-européen combinait à -a final du phis )); fluusasiais cc· florariis n. En ombrien, elle évolue en -eis, d'où
thème la désinence ·-om (sur les deux quantités, v. p. 164); d'où -am. -ës,' semenies. = lat. semoniis (fêtes de Semonia); lekuries = decuriis.
170 171
- l "' .. ..

En latin, -ais a d'abord évolué en -ais, puis -eis, attesté sur d'an-
ciennes inscriptions (C.I.L., 12, 364 : aaslulieis; VI, 31592 : mani-
bieis = manubiis); ensuite passé à -ës ' très fermé (C.I.L.12. 635 :
manubiës), stabilisé ultérieurement sous forme -ïs. Les noms en -id
présentent normalement "à- date ancienne la forme -Lis, et ne se contrac-
tent en -ïs que postérieurement à l'époque républicaine. CHAPITRE V
La forme -ïs apparaissant aussi bien au datif-ablatif pluriel des
thèmes en -â (familiïs) que des thèmes thématiques (dominïs),
certains substantifs qui présentaient au masculin ct au féminin des LA FLEXION ATHÉMATIQUE
formes parallèles en -e/o d'une part, -a d'autre pari (filius/ filia;
equos/equa; etc ... ) se trouvaient posséder, au datif-ablatif pluriel, DES THÈMES A CONSONNE
une forme unique (filiis, equ ïs) de genre indistinct. Pour signaler
le genre féminin dans des cas où la spécification du sexe était indis-
pensable, le latin a conservé (ou refait), à date ancienne, des formes en Les grammairiens latins ont engl?bé sous l'~ppellation de ~ troi-
-âbus : filiâbus (Caton); gnâlâbus (Plaute); deâbus (Cicéron); liber- sième déclinaison Il toute U:;'le catégOrIe de paradIgmes athématIques,
lâbus (C.I.L., 12, 1278); amicâbus (ibid., VI, 7671); de même domi- comprenant tous ceux des thèmes à consonne (occlusive; sifflante;
nâbus, etc ... Ces formes doivent être nettement distinguées des formes nasale; liquide), plus le paradigme des thèmes à sonan~e -y. ~'est u.n
de latin vulgaire type animâbus, villâbus (Grégoire de Tours), plus fait que ces difTérents thèmes, dès l'indo-eur.opéen, avalent ét~ fl~cllls
tard refaites sous l'influence de la « troisième déclinaison )J. selon des prip~ipes cc,mmuns, et posséda.lent ~es ca~actérIs~~ques
Enfin, nous citerons une forme singulière, attestée sur une unique morphologiques commu~es; il est exact aUSSI que 1 ~volubon de ll~do­
inscription archaïque (C.I.L; 12, 975) : devas Corniscas sacrum = deis européen au latin devaIt accentuer entre. les fle~oons de ce~ the~es
Corniscis. Cette finale -âs peut représenter un ancien -âis, traité non les similitudes. Mais, d'un point de vue dlachroruque, un pomt attIre
par loi d'OsthofT, mais, à date plus récente (v. p. 107), par perte du l'attention: cette « troisième déclinaison Il ne comporte plus à l'arri-
second élément de la diphtongue. Elle peut constituer aussi, à partir vée tous les thèmes caractérisés comme athématiques au départ,
d'un singulier en -â type Dianâ (v. p. 169), un pluriel refait par adjonc- et a notamment rejeté (outre les thèmes en -â < * -eH 2) les thèmes
tion de -s : cf. rosai/rosais (> rosae/rosis); d'où rosâ/*rosâ-s. sonantiques en -w, promus en latin au rang de paradigme autonome
dit « quatrième déclina ison ll). Or, s'il est vrai que d.'un po~nt de vue
synchronique la flexion latine en -11 (-w) ofTre un VIsage dIfTérent de
III. CONCLUSION
celui des thèmes en -i (-y), et de celui des thèmes à consonne, cela
La flexion latine en -â, athématique à l'origine, a par rapport à tient essentiellement à l'évolutioll phonétique. D'un point de vue à
l'indo-européen considérablement innové. Tout un remodelage dési- la fois diachronique et structural, thèmes en -i (-y) et thèmes en -u (-w)
nentiel, en grande partie effectué sous l'influence de la flexion théma- sont exactement parallèles, et fléchis selon les mêmes procédés. Il
tique latine (( deuxième déclinaison ))), a considérablement rapproché ')
est donc nécessaire, pour comprendre la genèse de l'état latin, ?e les
du paradigme thématique l'ancien paradigme en *-eH 2 • Le rôle de étudier conjointement. Il serait même, théoriquement, souha~table
l'adjectif, qui empruntait aux deux paradigmes ses formes, selon de mener d'un même pas l'étude de tous les thèmes athématIques,
qu'elles étaient masculines ou féminines, a joué dans ce rapproche- qu'ils soient en -y, en -w, ou à consonne. Toutefois, dans la mesure où
ment un rôle décisif. Le résultat est qu'en latin historique la flexion existe entre ces différents thèmes un clivage structural, c'est entre les
en -â est devenue une flexion para-thématique, satellite en tou t cas thèmes à semi-voyelle (-y, -w) et tous les autres (r, l, m, n, s, occlu-
de la flexion thématique, et constituant avec elle le groupe de flexions sive) que passe la ligne démarcatrice. Et la recherche de la. cl~rté,
latines vivantes et productives. Sur ce plan, comme sur le plan comme le désir de progresser du simple au complexe, nous mCltent
flexionnel, ces deux types s'opposent nettement au type devenu en dès iors à examiner en premier lieu la flexion des thèmes consonan-
latin proprement athématique, celui des « troisième» et « quatrième Il tiques. Comme celle des thèmes en -y et -w, la flexion des thèmes
déclinaison(s ). consonantiques utilisait en indo-européen, outre les alternances
172 173
désinenlielles, des allernances vocaliques, tonales, ct parfois conso- « sauce »; iüs « justice »; lüs, vraisemblablement emprunté au grec
nanliques. En lalin, les allernances consonanliques ne 'subsislenl Ou6c;; plus les dissyllabes lellus, vomis, mal expliqués~. .
que dans un petil Hol de formes archaïques et le plus souvent remode- En latin le mot en -os ne se rattache plus qu assez rarement à
lées par l'analogie (type ilerlilinis, ileris: v. p. 148); les allernances un thème ve;bal vivant (fœdus à fido; genus à geno, gigno; plus les
lonales, lorsqu'elles subsislent en lanl que « déplacement du ton» noms en -or, v, ci-dessous), et perd de ce fait son a?~ienne valeur de
(côndUiJrlcondilôris: v. p. 146) ne sont plus que passives, et ne condi- nom d'action (ainsi dans onus, opus, etc ... ), ImtIalement les cas
lionnenl plus la flexion; les allernances vocaliques enfin sont ou abo- obliques étaienl formés sur le vocalisme -e du suffixe (gr, y&v~c;/· y€V&a-oc;) j
lies, ou réduiles elles aussi à un jeu mécanique et passif (type palerl mais le latin a fréquemmenl étendu à ce~ cas (en dépIt. mê,me d.e
palr-is: v. p. 147). l'apophonie devanl -r-: v. p. 98) le vocahsme 0 du nOI?matIf /frt -
goris, nemoris, lemporis; fulgu~is, avec timb.re ~). ParfoIs, aussI, -~­
1. FORMATION DES THÈMES. issu du rhotacisme aux cas oblIques a été lUI-meme étendu au nomI-
natif: fulgur; robur; augur = skr. ôjal). « la force lI.
Du point de vue de l'efTectif lexical, la flexion des thèmes conso- Il est également arrivé que l'ancien nom inanimé chang~ de genre
nantiques, d'un type beaucoup moins récent que la flexion théma- et devienne animé. Ainsi, augur a désigné un être humam; ?en~s
tique, est beaucoup moins productive que cette dernière, et ne sert « séduction, bonne grâce » a, sans changer de form~. au ~ommatIf
à bâtir que très peu d'adjectifs. Elle comporte cependant un solide (mais en recevant un accusatif animé: Vener-em) servI a déSIgner une
contingent de substantifs anciens, et s'est montrée assez productive déesse. Plus souvent, le processus d'animation s'étant produit plus
dans certains registres lexicaux: formes de noms d'agent et de noms tôt, le changement de genre a été sanction~é p~r l'allongement m,or-
d'action notamment. phologique de la voyelle suffixale au nomma tIf (v. p. 87 sq.); d où
Les adjectifs relevant de la flexion consonantique sont essen- arbos, lepos, honos, etc ... ; et, par extension de. ce.tte quantité aux cas
tiellement en latin des participes actifs en -nI (type legenl-em, amanl- obliques, lepor-is, honor-is, etc 1 ... Une analogIe mvers~, étendant a.u
em, delenl-em, etc ... ), dont le féminin toutefois relevait initialement nominatif le -r obtenu par rhotacisme aux cas oblIques, prodUIt
de la flexion en -i (d'où des brassages analogiques ullérieurs). Si le l'abondante série des noms masculins en -iJrl-or-is, parmi lesquels
plus grand nombre de ces participes sont demeurés formes verbales, des noms de couleur (albor, livor, pallor, rubor), et de très nomb~eux
quelques-uns (tels ëlegans, prüdens) ont été de diverses façons promus noms d'état physique (ardor, languor, liquor, mador, lepor, lerror, mgor,
au rang d'adjectifs autonomes. A ces adjectifs-noms d'agent il faut etc ... ). Signalons enfin le cas de modus, -i, ancien no.m en -elos (comme
ajouter, comme participant de la flexion consonantique, quelques en témoigne modes-lus, fait comme hones-Ius), qUI a changé totale-
composés (type crassi-ped-em « aux gros pieds)l; ancipil-em < ·amb(i) ment de flexion.
-capul- c( à deux têtes ») formés avec, au second terme, un substantif
relevant de cette flexion. Quant aux substantifs, certains peuvent 2. Un suffixe -r caractérisait en indo-européen diverses forma-
relever de la catégorie, fort ancienne, des noms racine (ainsi Lex, nex, tions. Au vocalisme réduit, il servait à former le nominatif-accusatif
rëx; pës < ·pëd-s; iüs cc droit Il; iüs « sauce »; pas; crüs; os etc ... ; de certains neutres, dont les cas obliques recevaient le suffixe -n
v. p. 35). Le plus grand nombre, comme il est normal au terme d'une (flexion « hétéroclitique » : v. p. 130). Le latin a encore des fo~mes
longue évolution, sont constitués au moyen de suffixes divers, dont iecurliecinis; femurlfeminis (qu'il tend à n.iveler : ,:. p. 14~). TouJvours
les principaux sont les suivants: dans la catégorie des inanimés, le vocahs~e plem d~ .tlmbr~ e e~t . ,,
attesté, soit que le mot suive encore la fl.eXI?n hétérochtIque (tl-crI ~l­
1. Un sulii.""e ·-elos (que l'on retrouve au vocalisme réduit dans in-is < - on-es) soit que -cr ait été générahsé a tous les cas~ (uberl-erts,
des formations grecques d'infinitif: À&y&W < *4y& -s-en) servait en en face de gr. oùOa.p/-a:,oc;; sIer. adharladhn-a/.l).
indo-européen à former des noms d'action de genre inanimé (lat.
genus = gr. y&VOC; = skr. jcinas-). En latin, il a été assez productif,
1. Le maintien de IJ dans arblJr-is peut manifester l'influence ?u ~ype
et les formations constituées avec lui sont venues renforcer le petit roblJr-is de robur neutre qui n'avait pas subi l'allongement au nomma tif.
contingent des noms en -s connus par ailleurs du latin (monosyllabes 2. Des mots 'tels qu~ cadaver, papaver, tuber, se fléchissent de la sorte,
müs; glos « belle-sœur )l = gr. y<XÀWC;j {los ;L.os; ros; fas; crüs; iüs sans que l'on distingue nettement l'origine de leur finale. ~
1
174 175

1
Mais, le plus souvent, sous la forme -cr ou -or, le suffixe a été C'est peut-être par generalisation de -n à toute la flexion que le latin
précédé d'un élargissement -l-, d'où les formes -lèr, -tor. La série -Ur s'est donné quelques neutres en -enf-inis: gluten, pollen, sanguen 1.
se rencontre essentiellement en latin, dans des noms de parenté Toujours au vocalisme réduit, mais précédé d'un élargissement -m-,
(paler, mater, frilter) , qu'il serait artificiel et sans doute erroné de le suffi:l{e -n entrait dans .la constitution d'une séquence -mt' (d'où
ramener à des formations de noms d'agent fonctionnels. Quant à lat. -men, gr. -fLCX, skr. -ma), servan t'à former des noms verbaux. C'est
la série -lor, elle se rencontre, en latin, dans une très abondante série cette valeur que l'on retrouve dans les plus anciens dérivés latins en
de noms d'agent, dérivés de thèmes verbaux. -men: agmen « ce qui avance )); {liimen « ce qui souffie )); fulmen « ce
La série des noms d'agent, comme il ressort des travaux de qui brille)); lümen ( ce qui luit », etc ... ; toutes formations désignant,
E. Benveniste (Noms d'agenl el noms d'aclion en indo-européen, scIon J. Perrot (Les dérivés latins en -men et -mentum, p. 237), « des
p. 45 sq.), se présentait en indo-européen dans des conditions remar- réalités porteuses du procès qu'évoque le radical)). On retrouve cette
quables,largement conservées par le grec: une série -Ur, caractérisée valeur, avec des nuances di\1erses, dans culmen, {lumen, germen,
par le degré réduit radical, le ton sur le suffixe, la voyelle longue , striimen, etc ... Mais le suffixe -men a tendu en latin à s'adjoindre une
suffixale étendue à tous les cas, formait des noms où l'agent était ' nouvelle suffixation en -to; d'où -mento-m (v. p. 155); et la nouvelle
désigné comme titulaire d'une fonction (ûoTIjp, -TIjpoç : « celui dont formation relevait dès lors de la flexion thématique.
la fonction est de donner» = CI. donneur »). Une série -lor en revanche, Au vocalisme plein, le suffixe • -elon a connu en latin des fortunes
caractérisée par le vocalisme plein radical, le ton sur le radical, une diverses. Le vocalisme ~, qui apparaît en grec dans des formations
voyelle brève suffixale aux cas obliques, formait des noms où l'agent d'infinitif {-(WJ, -ÉV-CXL), et de noms d'agent (1tOL-fL~V), ne se rencontre
était présenté comme auteur d'un acte singulier et isolé, c'est-à-dire en latin, de façon au surplus douteuse, que dans {liimen « flamine )) =
un agent occasionnel (ow't"wp, -'ropoç : « celui qui fait don )) = « dona- skr. bhraman 2. En revanche, avec le vocalisme 0, le suffixe -on appa-
teur »). De ces deux séries, le latin n'a conservé que la seconde; et, raît dans de nombreuses formations productives:
ne connaissant plus les alternances tonales, généralisant à toute la a) Réduit à lui-même, le suffixe -o[ n sert ~ bâtir des formations
flexion la longue de l'ancien nominatif -lor (devenu -lor en latin clas- diverses 3 (muera, ordo, pugio, pulmo, etc ... ), mais plus particulière-
sique, en raison de -r final) il présente, par rapport à l'indo-européen, ment des noms d'êtres animés (homo < *hem-o[n: v. p. 147). Une
un visage très différent. Il est à peine utile de mentionner quelques série particulièrement remarquable désigne par leur activité (avec
exemples de cette très abondante série de noms en -lor (diclii-Ior, parfois nuance péjorative) des êtres humains : commilito, glulto,
geni-Ior, orii-Ior, vic-Ior, etc ... ), où n'est plus faite la distinction entre palpo, paedico, praeco (plus subulo, dont le radical serait étrusque :
agent fonctionnel et agent occasionnel. v. p. 26). UJ?,e autre série, non moins remarquable, désigne des indi-
Outre ces noms SUffiXés, par -r, le latin présente quelques mots vidus par un défaut physique : vent rio, et, devenus noms propres,
de même thème, mais d'origine inconnue: carcer; gibbcr « bosse »; Capito, Fronlo, Nasa, Varra, etc ... (cf. gr. nÀ(h<.ùV~ ~'t"pcXôwv; etc ... ).
laler; passer; plus iubar, et Caesar. L'analogie de ces mots a pu produire les types voisins Cicer-o, Tuber-o.
Un croisement ancien entre des formes en -on et des noms à suffixe
3. Suffixe -1. A côté de l'abondante série de noms en -r, le latin ne -yo est probablement responsable d'une série de mots en -ion, désignant
présente qu'un très petit nombre de noms en -1. Il s'agit soit de noms
racines (siil) ou se comportant comme tels (sol); soit de déverbaux
(consul, exul, probablement tirés de consulo, exulo); soit de quelques 1. On a interpréto.. la Corme san guis, plus récente M- classique, comme
·sangui(n)s procédant d'une réfection ~ partir de sanguiri:is.
noms peu clairs (mugiL, pugil, vigil, que le gén. pl. en -um indique 2 .. J. PERROT, op. cil., p~ 27, se déclare séduit par l'ex:plication de G. DUMÉ-
comme ne reposant point sur -li-s). Enfin, un thème tel que melf ZIL (Flamcn-brahinan. Annalcs du Musée Guimcl, t. 51, 1935), selon qui lal
meLl-is repose (cf. gr. fL&ÀL't"-OÇ) sur un ancien thème à dentale, flamen représenterait la convergence de deux mots; un inanimé (skr. brâhman-
*mel-d- ou *mel-n-; fel, de même, repose sur *feln. • incantation, prière »<·bhld-mn), et un anim6 (skr. brahmân- " prêtre »<
• bhld-mén-). •
3. Dans deux mots d'orlg\ne dialectale, AnÎq, -lnis, et Nerio, -ênis, on
4. Un suffixe -n caractérisait en indo-européen diverses forma- observe une alternance de timbre, mais non de quantité: l/(j. Ces deùx noms
tions. Au vocalisme réduit, il servait à former, dans la flexion hété- propres constituent, dans la langue latine, un corps étranger. A noter qu'Ennius
roclitique, les cas obliques (lat. femin-is, iecin-is: v. p. 130 et 148). a refait Anion-em, et Caton Aniln, par normalisation du paradigme.

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des personnes ou animaux: ludio " senec-io (d'où, par analogie, homun- existé une finale -ügo ({err-ügo, vesper-ügo, plus tard asper-ügo,
cio); curculio; papi/io; etc ... etc ... ), dont le prototype n'apparaît pas de façon claire.
b) Associé à d'autres suffixes, -on a servi en latin-à constituer
des noms d'action. L'indo-européen possédait un suffixe de nom 5. Le latin possède aussi un'~nOlnbre,assez important de
d'action -ey/-i (v. p. 191), lui-même associé le plus souvent à un formations il dentale. Les thèmes se terminant par la sonore d sont
élargissement -l-, d'où -ley/-li (cc dernier étant en grec responsable (si l'on isole le nom racine pës < •pëd-s) da~s l'ensemble, assez peu
de nombreux noms en -(nç, type 1to("1jc)"tç; et, en latin, de quelques clairs (cuslod-is, herëd-is, lapid-is, etc ... ). Parmi les thèmes a sou~d~ i,
certains (milil-is, salellil-is, velil-is) sont probablement d'orIgme
u imparisyllabiques» type ars, mens, pons: v. p. 191). L'adjonction,
étrusque, et, dès lors, d'analyse délicate. Mais les plus nombreux sont
à la formation -i ou -li, du suffixe -on, a permis d'obtenir deux séquences
suffixales -io[n et -lio[n. La première rend compte de quelques forma- ceux qui utilisent de façon manifeste un éla~gis~ement l, conn~ par
ailleurs comme composante des suffixes adjectivaux -lo (tacL-lus J
tions comme leg-io, reg-io, et a surtout subsisté dans des formes à
et -nl (legenl-is J, et dont la valeur consistait à signaler ,un ~0!ll comme
préverbe: re-lig-io; ob-sid-io; con-lag-io; etc ... La seconde, beaucoup
illustrant et actualisant une notion (barba-lus: celm qm Illustre la
plus productive, se rencontre dans men-lio (à côté de mens < •men-
notion « barbe »). Il était, dans ces conditions, suscepti,b,le d'un emploi
li-s), ra-lio, et un grand nombre de noms d'action dérivés d'un thème
verbal: auc-lio, curâlio, orâ-lio, etc ... étendu' et souvent il est en fait apparu afin de faCIlIter la flexlOn.
C'est l~ cas dans des formes comme sacer-do-l-is; anti-sli-t-is (de
c) Précédé d'un élargissement -d, déjà rencontré à propos des stare); com-i-l-is, ped-i-t-is (de ire). C'est sans doute la r~ison aussi
suffixes adjectivaux -do (placidus J et -ndo (rolundus: v.p. 156), le qui a fait introduire cet élargissement à la finale de c~rtams thèmes
suffixe -on entre comme composante dans une séquence -do[n, ser- en -lii (type senec-la) ou -tew (type sena-tu-s) pou~ en faire ,des th~m~s
vant à former des noms verbaux qui expriment le plus souvent un en -lii-l- ou -lü-l- (civi-liil-is, liber-tal-is, volup-Wl-Ls, etc ... ; LUuen-tut-Ls,
état, ou une aptitude à réaliser cet état. Fréquemment, ces noms senec-lül-is, servi-lül-is, uir-lül-is J.
verbaux sont tirés de thèmes verbaux en -ë, exprimant eux-mêmes
l'état : albë-do, rubë-do, lorpë-do, etc ... ; d'où, par analogie, dulc- 6. Le latin possède enfin un certain nombre de thèmes à
ëdo, grav-ëdo, aspr-ëdo, etc ... De même, de thèmes verbaux en -i", a occlusive vélaire, qui sont de types différents:
été tiré cupi"-do, d'où, par analogie, lub-i"do, peut-être form-i"do.
a) Le latin n'a que très peu de thèmes à sonore g, général~ment
Enfin, le suffixe -do[ n a été lui-même associé à un autre suffixe, composés : con-iug-is; rem-ig-is (de coniux, remex, en face Lungo,
*-l-ew, exprimant (v. p. 355) l'action virtuelle; d'où une séquence
ago).
-lüdo[n, servant à former des noms qui désignent abstraitement une
qualité de caractère permanent: forli-tado, magni-lüdo, pulchri-lüdo, b) Parmi les thèmes à vélaire sourde, il faut de même faire une
etc ... , dérivés d'adjectifs; ou, dérivés de thèmes verbaux, habi-lüdo, place aux composés en -dek-s (iü-dex, de • iüs-drk-sJ; -plelc-s (type
consuë-lüdo, valë-lüdo, etc ... du-plex, sup-plex, en face de plic-are, gr, 1tÀéxw); -spek-~ (type_ au:
spex, haru-spex, en face de spec-ulum); ou -ok-s (type alr-ox, fer-ox, a
d) Précédé d'un élargissement g, dont la valeur ne se manifeste second terme • -ok 10_ « œil » : cf. oc-ulus, et composés grecs en -(ù~,
pas par d'autres emplois, le suffixe -on entre dans la constitution type xUXÀ-w~).
d'une finale -go[n, servant à former des noms d'état, de valeur plus
concrète que ceux en -lildo. On a ainsi, dérivés de thèmes verbaux en c) Le latin possède par ailleurs des formations en -ek-s dans des
-a, des noms tels que vara-go, fora-go « fil de couleur trouant la toile )l, mots divers : culex, latex, silex, sorex, rumex.
dont l'analogie a produit par ailleurs des mots tels que lumb-ago,
d) Le latin possède aussi des dérivés divers en -ik-s (calix, fornix,
plumb-ago, vir-ago, etc ... (tous noms de maladies, ou défauts phy-
nalrixJ; ou -i"k-s (appendïx, ceruix, cornix, radi"x, etc.,,).
siques, sans que l'on distingue l'origine de cette spécialisation de sens).
De même, dérivés de thèmes verbaux en -i", on observe ori"-go, pruri"- e) Il convient de signaler une très caracté~istiq~e série de n~ms
go, scaluri-go « jaillissement »; termes dont a été isolée une finale d'agent en -i"k-s (fëlix, initialement « celle qUi allaite ») et -lr-Lk-s
-igo, productrice de ful-igo, rob-i"go, ul-igo, verl-igo, etc ... Il a même (genelrix, merelri"x, nulrix).
178 179
f) Enfin, le latin a possédé une nssez abondante série d'adjectifs
allongement .compensatoire (la voyelle précédente étant auparavant
en -iilc-s , de valeur parfois péjorative ; audiix, capiix, diciix, rapiix, brève par lOI d'Osthoff : amant-is, deleni-is). ,
saliix, perspiciix, etc ...
Si l'on fait le point de ces noms en -ex, ïx, -iix, on s'aperçoit que Dans les thèmes à sonante r, l, m, n, la désinence -s était dès l'indo-
dans les noms d'agent type feUx, genetrïx, la finale -ïx peut s'expliquer européen abs~nte, et le nominatif était signalé par l'allongement,
(si l'on accepte les théories de A. Martinet; v. p. 64) comme d'an- devant la dés men ce « zéro », de la voyelle prédésinentielle : cf. grec
t 1t"(l:tJp, ' Aj'-~vwp 1t"OtlL~v, ~j'€ILWV, X6wv (ancien *X6wlL < * g"hom-). Le
ciens noms en *-yH 2-s. De même, les adjectifs en -iix peuvent reposer
latl? a dans l'ensemble hérité de cette situation (n'introduisant de
sur *-eH2-s (et, de fait, on observe des couples fugajfugiix; minajmi-
d,ésl~e~ce ,-s que pour son unique thème en -m: hiem(p )-s. Peut-être
niix; nugajnugiix; pugnajpugniix). Il n'est pas impossible que les
noms en -ex et -lX, constituant les autres séries, représentent d'autres s ~gl~-d d un ancien neu~re, p.rom~ au. statut d'animé à une époque
ou 1 allongement .pré?ésme~tIel n était plus senti comme procédé
formes sous lesquelles l'analogie a stabilisé ces mêmes suffixes * -yH 2'
forma~eur du noml~atIf). MaIS des tendances phonétiques particulières
*-eH 2 • au latm sont. ensUIte venues troubler cette cohérence. Ainsi dans les
Après cet inventaire des principales formations de thèmes
thè~es en -r (tandis que la voyelle longue est maintenue d~ns osque
consonantiques, le moment est venu d'examiner la flexion.
pailr cc père )) ; kvaislur « questeur »), le latin a abrégé la voyelle devant
conso~ne fi~ale autre que -s; d'où paier, quaeslOr l, avec la même
II. LE PARADIGME CONSONANTIQUE EN LATIN .. t CI.~antIté qu au vocatif. Inversement, dans les thèmes en -on (ra-
iLO(n, etc ... ), c'est la nasale qui a disparu, laissant une voyelle longue
L'étude détaillée des formes permet de remarquer les faits finale (sauf d~ns les mots de rythme iambique : hOmo < * hè'mo[ n . et
suivants : dans ceux qUI ont pu en être analogiques; v. p. 94). Dans les thèx'nes
e,n -ë~, on s'attendr~it à une semblable disparition de la nasale, que
1. Nominatif singulier animé. En indo-européen, une dési- 1 ~n s étonne de vOIr conservée en même temps que la longue. En
nence -s s'ajoutait au nominatif à tous les thèmes à occlusive, excep- fait, les mots en -ën traditionnellement cités sont attestés essentielle-
tion faite, parfois, des formes participiales en -ni (gr. Àéj'WV["), ou m?nt aux cas obliques (liën-is « de la rate Il) ou au pluriel (rën-ës cc les
dëS noms anciennement formés comme ces participes (gr. ion. oowv[.. rems ~»); et les formes de nom. sing. liën, rën, doivent procéder de
« dent »). Mais le latin (comme, exceptionnellement, le grec; att. ooouç) réfections probablement récentes. .
a généralisé à ces formes la désinence -s . On obtient ainsi, dans les En~n, ?ans les thèmes en -s, il ne pouvait être question d'ajouter
formes à occlusive non-dentale, des formes de type pleb-s, rëx < ~~ nommatIf un nouvel -s, désinentiel; et l'allongement restait, dès
*rëg-s, auspex<*-spek-s; nix<*sniglDh-s; et, dans les thèmes 1 mdo-européen, le seul procédé possible de signalisation. Le latin l'a
à occlusive dentale, des formes de type pës < *pëd-s; obses < *-sed-s; couramme~t appliqué à tous les animés (sauf lepus u lièvre )), peut-être
praepes < *-pei-s; virlüs < *-lewi-s; etc... Ces dernières formes emprunté a une date où le procédé de l'allongement n'avait plus
résultent en fait de la simplification, à la finale, de -ss < -Iso La cours). Généralement, la voyelle longue du nominatif a été étendue
géminée est encore métriquement décelable dans un exemple de aux autre.s cas; et, _i~vers:m_ent, le -r- procédant aux cas obliques
Plau te (A ulul. 528 : milëss 1); et, dans tous les cas, -s issu de -ss se du rhotaclsm~ (honorLs < -os-es) a été étendu au nominatif. Il en
comporte en simante forte, ne disparaissant jamais, et ne permettant est ré~ult.é SOit d~s ?oublets (arbosjarbor; honosjhonor; leposjlepor;
donc point l'élision (à la différence de -s ancien : v. p. 60). Dans etc ...), sOlt.une éVICtIOn de la forme en -os, au profit de la seule Corme
les participes (type legens < * legeni-s) , n n'a plus été prononcé en -or. MaIS dans ce cas la voyelle longue, devant consonne finale
devant cet -s, et les formes telles que amans, infans, ne sont que autre ~ue -s, était vouée à.l'abrè~em?nt. : arbor, honor, rubOr, iepor,
graphiques (v. p. 75) ; cette disparition de -n- s'est accompagnée d'un etc .. . C est sans doute la raison qUI a mClté les usagers à conserver -s

1. Cet exemple esl à distinguer des nominatifs abUs, ariês, pariis, donlla 1. Le latin a loulefois conservé un exemple de la voyelle longue chez
scansion, longue à toules les époques, manifesle une uoyelle longue, allernanl Piaule, Amph. 2~9 (~mperal6r); la longue apparatl de même, el à loules les
avec une brève aux cas obliques: abW-is, ariel-is, pariel-is. En ces mols, de ép.oques,. au nommallf des monosyllabes loniques (v. p. 104), que la longue
sens divers et de formation peu claire, ce resle d'allernance esl inexpliqué. sOll ancwnne (sol, far), ou provienne elle-même d'un allongement (L-r
par, sai). a ,
180
181
,
1
dans un certain nombre de monosyllabes toniques, que la langue avait à l'accusatif le vocalisme réduit du génitif: palr-em, d'après palr-is ·
(v. p. 104) des raisons de vouloir conserver longs: flos; glos (( belle- (contre gr. 1t(J:rl:.p-oc/1toc-.p-6c;)j carn-em, d'après carn-is (contre *caron-em
sœur » = gr. y<XÀWC;j mos,. mas,. müs. Il est assez remarquable que la attendu); etc ...
réfection. en ~r n'ait pas touché les thèmes en -es (Geres, pubes), qui
ne. constItuaient pas une série nombreuse et cohérente, et qui rele- 4. Nominatif-accusatif singulier inanimé. Il était en indo-
vaient au surplus d'un registre religieux ou socio-juridique, de carac- e~ropéen c.aractérisé par le thème nu, sans aucune marque morpholo-
tère conservateur. g.lque .(désmence ou allongement vocalique). Le latin conserve cette
~Ituabon pour tous les thèmes à siffiante (genus = yévoc;), liquide (i-ler,
2. Vocatif singulier. En indo-européen, le vocatif des thèmes lecur), nasale (flu-men < - *mt'), et dans les substantifs dont le
à consonne était caractérisé par l'absence de désinence. De plus, t~ème *se_ te1rmine ~ar.occlusive :,côr< *côrd (cf. cord-is, et gr. x1jp);
dans les mots dont le nominatif avait subi un allongement morpho- lac ~. lacl (cf. lacl-ls, et gr. yciÀocx-.-oc; < *gIII 2/d-). Mais dans les
logique, le vocatif s'opposait à lui par le maintien de la quantité par~lclpes, le latin, qui déjà avait innové en utilisant au rr:asculin la
brève, parfois jointe à la remontée du ton (gr. mhe:p, aOCL(.LOV, en face désmence -s, procède à une seconde innovation, en étendant au
de nom. 1toc-.1jp, aoct(.LWv). Le latin, qui a perdu les alternances actives neutre la lorme de masculin. L'origine de cette extension se trouve
du ton, et perdu au nominatif la quantité prédésinentielle longue probablement dans l'existence de noms neutres désignant en fait des
devant -r, n'est plus en mesure d'opposer nominatif et vocatif dans êtres a~imé~ (d'où le. type ~'accor? mancipium laborans). La rareté,
les types pater ou oralor. L'absence de véritable opposition fonc- au n~mmabf-accusatlf, de 1 emploI du participe neutre a sans doute
tionnelle entre les deux cas l'a, probablement à l'image des mots fa,:,onsé la généralisation à d'autres énoncés de la forme en fait
susdits, incité à utiliser partout en fonction de vocatif la forme de ammée.
nominatif. C'est ainsi que, dans les mots où le nominatif comportait
la désinence -s, elle s'est trouvée étendue au vocatif : düx, senex, 5. Gé~tii singulier En indo-européen, deux types de formation
nulrïx, etc ... s~ ren?ont:a~ent :. a) A un t?ème présentant le vocalisme plein prédé-
sl~entlel s ajoutait une dés.mence au vocalisme réduit, _Os. b) A un
3. Accusatif singulier animé. Il était, en indo-européen, carac- the~e présentant ~e vocal~sme *réduit prédésinentiel s'ajoutait une
térisé par la désinence -m, que l'on trouve en latin, normalement désmence au vocahsme plem, - os ou -*es. Le latin, dans la flexion
vocalisée en -em, dans tous les thèmes à occlusive : düc-em, reg-em, des t?è~es consonantiques (sur les thèmes sonantiques, v. p. 199)
etc ... a génerahsé le vocalisme plein désinentiel.
P~r ail~eurs, le latin ne conserve que peu de trace des alternances
Pour les noms formés sur d'autres thèmes, la situation simple du
latin est le résultat d'une innovation. Dans les thèmes en -s, le traite- prédésmenbelles. Le type sen-is < * sen (II 2)-es (en face de senek-s
ment phonétique normal devait être en latin la disparition de -s . < ·senell2-s) lui est incompréhensible, et carn-is (en face de carô[n)
devant -m (cf. prïmus< *prismo-: v. p. 104 et 251). De même, l'indo- n'est plus qu'~n cas aberr~nt. Dan~ les noms de parenté (palr-is, en
européen faisant disparaître une son ante placée devant une autre face de paler) 1 alternance n est plus mterprétée comme morphologique
sonante (v. p. 107; et cf. diem = gr. Z~v = skr. dyâm < ·dye(w)-m), C;. p. 147). Da~s les, noms en -·mtz, l~ développement d'une voyelle
tous les thèmes en -r, -l, -m, -n, devaient à l'accusatif perdre la sonante d anap~yxe. (-m n,'. d où, par ap?phome, le type flumin-is) donne à
prédésinentielle. De ces remarques, il découle que tous les accusatifs da te .hlstOrlq~e 1 ImpreSSIOn qu a été généralisée une finale -men à
animés de thèmes en -s (arbor-em), à liquide (sal-em, für-em), à vocalisme p~em; .et les fo.rmes de t~pe ilin-is, iecin-is (malgré l'alter-
nasale (hiem-em, ralion-em) , plus des formes particulières telles nance avec tl~r, ~ecur) dOivent être mterprétées comme des variantes
que bou-em, lou-em, ont en fait été remodelées sur le thème d'autres du type. flU';lln-'S. Dans les autres thèmes en -n, le vocalisme plein
cas, tels génitif et datif, où la consonne finale du thème n'avait aucune du no~ma.bf a ét.é .généralisé (homin-is < * hemon-es), parfois avec
raison de disparaître (arbor-is < -os-es,. sal-is, für-is; hiem-is, générahsatlOn conJomte de la longue du nominatif (ralion-is). Il en
raliôn-is; bou-is, lou-is). De cette réfection est probablement soli- . 1. Une forme lacle est a~ssi attestée (Plaute, Truc. 903; Miles 240; etc ... )
daire le fait que, dans les thèmes où l'on s'attendrait à trouver une qUi, devant voyelle, se rédUit à lael (Nonius, 483, 6). Il semble qu'il s'agisse
alternance plein/zéro du vocalisme prédésinentiel, le latin ait étendu d'une réfection à partir de laclis, sur le modèle mare/maris.

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- -----::- --=----------
l

va de même pour les noms en -or (oralor-is); cependant que les nence -or de locatif, elle aussi menacée, se renforçait en -*c (v . ibid. et
neutres en *-os (type gcnus, onus), où la voyelle prédésinentielle p. 144); et dès lors une même désinence - * e (hiem-e, conlione, etc ... )
n'avait jamais été allongée, voient leur brève subir devant -r < -s caractérisait les deux cas. Elle a été par la suite, au terme d'un pro-


l'apophonie en el (gener-is; + V cncr-is, ancien neutre). Dans les cessus décrit p. 144, étendue à l'ablatif, qui en indo-européen ne
présentait pas de forme autonome, et était initialement identique au
thèmes à occlusive, toute alternance a été abolie.
Pour la désinence, le latin présente quelques traces du timbre i5 génitif.
(généralisé en grec: CPUÀIXX-OÇ), dans des inscriptions d'époque républi- De même que la désinence-e de l'ablatif des thèmes consonan-
caine, et surtout hors de Rome; ainsi C.I.L., 12, 60; Diouos; 677 : tiques a été ultérieurement étendue aux thémes en -y- (type cive:
Cererus; 675 : Venerus; 2289 : palrus; 62 : Salulus, etc ... A Rome, p. 201), une analogie inverse a parfois, dans les thèmes consonan-
le S.C. des Bacchanales présente nominus. Mais partout ailleurs a tiques, substitué à -e la finale -ï[ d des ablatifs de thème en -y- (type
triomphé la forme -es de la désinence, demeurée telle quelle en de puppf-d). On connaît ainsi C.I.L., 12 ,38 : airïd = aer~; ~64 : opid =
vieilles inscriptions (C.l.L., 12, 37 : Apolones; 450 : Salules; 451 : ope; 366 : bovrd = bove; S.C. des Bacchanales: couenlwnLd = conuen-
Veneres), et ensuite devenue -is phonétiquement. Les textes litté- liane. Ces formes analogiques ont été, semble-t-il, occasionnelles, et
raires ne connaissent qu'elle. la désinence -if a seule survécu en latin classique : gener-e, consul-e,
raiion-e, etc ... Il est cependant deux types de mots dans lesquels
6. Datif singulier. La désinence indo-européenne était - * ei. l'analogie des thèmes en -y- a exercé une influence plus durable.
Tandis que le grec (sauf mycénien, et quelques noms propres, tels Ainsi, dans les participes présents actifs et « déponents» en -ni-, le
que cypr. ~Lfe;(-eeIJ.Lç), la remplaçait par-i, désinence de locatif, l'italique masculin présentait un thème consonantique (legeni-, amanl-, etc ... ),
conservai t cette désinence. On a ainsi osque paierei « palri; » tandis que le féminin, constitué au moyen d'un suffixe supplémen-
/waisiurei = lat. quaeslorf; Diuvei = lat. Iovr. Quelques inscriptions taire -i < *-yH2 (v. p. 344), présentait de ce fait un thème sonantique
anciennes attestent encore en latin cette forme (C.l.L., 12 , 368; (iegenli-, amanli-, etc ... ). De cette situation résultait l'existence de
Apolonei; 364 : Iovei; 728 : saluiei; 6 : virlulei. Par la suite, la diph- deux formes distinctes d'ablatif, leg-eni-e (masculin), legenlï[d (fémi-
tongue -ei a évolué vers -f (pair-f; reg-f; Iov-f; etc ... ) en passant par nin : v. p. 201). Le latin par la suite n'a plus fait correspondre à cette
un intermédiaire -ë (v. p. 108), dont témoignent quelques inscriptions distinction formelle une opposition de genre, et a réparti les deux séries
(C.I.L., 12 , 20 : Dioue; 399 : Apolone); l'une d'elles, par artifice selon un critère syntaxique : La forme en -e a été généralisée aux
graphique, atteste même conjointement trois formes désinentielles énoncés où le participe fonctionne comme verbe, notamment dans l.es
correspondant à trois stades de l'évolution (C.l.L ., 12, 1430 : Iunonë tours dits « participe absolu »; la forme en -ï a été généralisée aux
Seispilei MaIrï). La prose juridique présente elle-même quelques énoncés où le participe joue le rôle d'un adjectif épithète; enfin, des
formes en -ë : iurë civilf sludere (locution traditionnelle) ; aere [Ires viros] mots tels que cliens et parens, substantivés antérieurement à cette répar-
« triumvirs préposés au Trésor» (Cicéron, Lellres, Constans CLXII1, 2). tition, ne connaissent que la flexion consonantique: clienl-e, pareni-e.
Meillet a proposé de voir en ces formes des dialectismes conservés dans Par ailleurs, un certain nombre d'adjectifs composés à second
la langue formulaire du droit. terme verbal (duplex, simplex, supplex < - * plek-s,. airax, (erax <
-*oklD-s; praecax < -*klDoklD-s), équivalents de ce fait d'un nom
1.
7. Ablatif singulier. ,L a même forme recouvre en latin les d'agent, et proches dès lors des participes, ont emprunté à ces der-
trois cas ablatif, instrumental, et locatif de l'indo-européen; le locatif niers la finale -ï caractéristique de l'emploi comme épithète; d'où
présentant toutefois une forme autonome en quelques mots (Carlha- duplicï, aIrocï, praecocï, etc ... Ils ont à leur tour attiré à ce type de
gin-i, Tibur-i, rur-f; luc-f, Iemper-f, d'après vesper-f), où la dési- flexion quelques autres composés, à second terme nominal (concord-f,
nence -ï s'explique comme un emprunt au type thématique dom-ï. ancipii-f, praecipil-ï), et, surtout, tous les adjectifs en -ïx (feUe-i)
En indo-européen, la désinence d'instrumental était - * e. Menacée et -iix (audéie-r, etc ... ).
de disparition à la finale absolue, elle a été cependant conservée en
raison de sa valeur morphologique (v. p. 103). Par ailleurs, la dési- 8. Norninatü pluriel. La désinence indo-européenne était -es
(gr. cpuÀIXx-eç), qui, dans les thèmes à liquide ou nasale, s'ajoutait à un
1. Ce timbre, en rait, doit être ancien (cf. gr. yévouç < ·yivE(a)-oç), mais
apparatt, du poinl de vue latin, comme variante apophonique de u. thème pourvu du vocalisme plein prédésinentiel (gr. 1tIX't'€p-eç = skr.

184 185
,- =--=-==--..-:.:::::r
1

pildra~). Cette désinence explique les formes osco-ombriennes, qui continuant un plus ancien -am (conservé dans C.I.L., 12, 569; pou-
ont fait subir à la voyelle brève désinentielle une syncope : osque milionom; et, après -w, dans ibid. 1225 et 2282 : duom-uiri). Quant
meddiss < * medik- (e)s ; kvaisiur < * le "'aisIor- ( e)s ; humuns < * ho- à cette finale -am, elle peut continuer, compte-tenu du phonétisme
mon-(e)s; ombrien fraier < *fraIer-(e)s. C'est aussi cette désinence latin, indifféremment *-am ou *-om (v. p. 164). On peut songer à
-es que suppose, en face de gr. occidental T&TOP-Et;, lat. quatuor <* k"'efol- demander aux autres dialectes italiques d'apporter la clarté que
wor-(e)s. Mais cette désinence présentait la même forme que celle n'apporte point le latin; et c'est ainsi que l'ombrien, avec sa désinence
du génitif singulier (*ped-es > ped-is). Le désir d'éviter cette homo- -a[ m et non -um (frair-om; vas-o « vasorum »; Iuder-o Cl finium 'fi J,
phonie (joint à l'intérêt qu'il y avait à renforcer une désinence à suppose une voyelle brève ancienne. Toutefois, le flottement entre les
voyelle brève) a entraîné la substitution à -es de -ës, finale des thèmes deux quantités a été tel que le latin ne repose pas nécessairement sur
en -y- (civés < *civey-es: v. p. 201). Ce phénomène d'analogie a pu le même état que tel autre dialecte même étroitement apparenté.
être favorisé du fait que le participe, selon qu'il était masculin (*legen- Dans les participes, on devait normalement obtenir un type legenl-um
tes) ou féminin (* Legenley-es > -nIés) présentait deux finales distinctes, au masculin, un type legenli-um au féminin (v. p. 203). La flexion
dont la raison ne s'imposait pas à l'esprit. Par ailleurs, un rapport gén. consonantique en -um a été conservée dans des participes très tôt
civIsfnom. pl. civés a pu entraîner un rapport identique gén. sing. substantivés (adulescenlum, parenIum, infanlum); on en a aussi des
ped-Lsfnom. pl. pedés. vestiges dans la poésie ancienne (Plaute, Pseudo 66 : amanIum;
A date historique, le latin ne connait que la désinence -ës (dont Stich. 8 : apsenIum); mais à date classique la finale -ium a été géné-
les formes fores, pedes, chez Plaute, Slichus 311, ne sont qu'une ralisée, d'où une forme unique pour les trois genres. Les adjectifs
variante dans des mots iambiques). Il est d'autre part à noter que le déjà examinés p. 185, qui ont reçu à l'ablatif la désinence -i, ont de
latin a unifié le vocalisme prédésinentiel, généralisant le vocalisme même généralisé au gén. pl. la désinence -ium.
plein dans les thèmes en -os (lepor-ës), en -n (raiion-ës) , en -or
(oraIor-ës) , mais généralisant en revanche le vocalisme réduit dans 12. Datif-ablatü pluriel. En latin, une forme unique, carac-
les formes en -er (noms de parenté palr-ës, malr-ës, fralr-és). térisée par une désinence unique, correspond aux deux cas datif et
ablatif, ce dernier continuant lui-même ablatif, instrumental, et
9. Accusatif pluriel. Il était caractérisé par la désinence - * ns, locatif de l'indo-européen.
devant laquelle les thèmes terminés par -s, ou son ante -r, -l, -m, -n, Dès l'indo-européen, une même désinence *-bho (ou, sur certains
voyaient en indo-européen leur consonne finale menacée de dispa- domaines dialectaux, *-bhi, • -mo, *-mi) caractérisait les trois cas datif,
rition (comme devant -m: v. p. 182). En fait, des reconstructions ana- ablatif, et instrumental. Seul le locatif présentait une désinence
logiques ont eu lieu très tôt, et après consonne de tous ordres le trai- distincte ·-si ou *-su; mais cette dernière, dans tous les dialectes
tement constant du latin a été la vocalisation de -tzS en -*ens, ensuite italiques, s'est par syncrétisme alignée sur celle des trois autres
passé phonétiquement à -ës. Le latin s'est trouvé dès lors posséder la cas (v. p. 144 sq.).
même forme (ped-ës,'~paIr-ës) pour le nominatif et l'accusatif pluriels. La désinence ·-bho, conservée en celtique sous la forme -bo
(VGt(.I.<XUO"LX<XOO (.I.<X't'pe:oo dans une inscription de Nîmes), a reçu en italique
10. Nominatif-accusatif pluriel inanimé. Le latin l'a consti- une hyper-caractérisation -s; d'où -bhos, devenu -bos en vénète
tué au moyen de la voyelle -a < *-H 2 , suffixe indo-européen de collectif (louderobos) et en latin archaïque (C.I.L., 12, 398 : Irebibos), puis,
au vocalisme réduit. On a ainsi des formes du type cap il-a, gener-a, en latin classique, -bus. Cette désinence devait initialement s'ajouter
über-a, flümin-a, etc ... A remarquer que, pour les participes en -nI, sans intermédiaire à la consonne finale du thème. Mais très tôt le
le latin présente au pluriel neutre une forme -ni-i-a (ferenIia), avec-i- souci d'éviter des assimilations consonantiques préjudiciables à la
analogique des formes de féminin (thème en -y-). clarté du thème a induit les usagers à introduire entre thème et
désinence une « voyelle-tampon », que procurait très simplement
Il. Génitif pluriel. La désinence indo-européenne, au terme l'analogie des thèmes sonantiques en -y- et -w. Ainsi, l'osque, avec
d'un mixage analogique (v. p. 164), présentait les deux quantités sa finale -is < •-i-bhos (le gis = legibus; aisus is « sacrificiis 'fi), et le
-am et -am. A date historique, le latin atteste, comme on pouvait latin, avec sa finale -ibus (duc-ibus; gener-ibus; ralion-ibus; etc ... ),
l'attendre, une désinence -iim (gener-um, paIr-um, ralion-um, etc ... ), ont subi l'analogie des thèmes en -y- (type civi-bus); cependant que
186 187

-.---0;>--=-.....".,......._ __ _
l'ombrien, avec sa finale -us < *-u-bhos (vas us « vasis ll; ludcrus
« finibus "; kapirus « capidibus Il) subissait l'influence des thèmes
en -w- (type arcu-sjarcu-bus). En latin, on rencontre quelques formes
anomales: senalorbus du S. C. des Bacchanales (à côté de mulier-ibus,
deux fois) doit être un faux archaïsme, sinon une faute de gravure;
quant à lempeslalebus de C.I.L., 12, 9, il a peut-être subi l'influence CHAPITRE VI
de la 5 e déclinaison, type ;rë-bus l(ou, plus précisément ici, lemperië-
bus?).

III. CONCLUSION. LA FLEXION ATHÉMATIQUE


Au terme de cette étude, le paradigme consonantique du latin DES THÈMES EN -y ET -w
apparaît comme pourvu d'une très grande unité. Assurément, la
nature phonétique de la syllabe prédésinentielle permet de distinguer
certaines séries (thèmes à occlusive, à simante, à nasale, à liquide); En indo-européen, les thèmes en -y et -w présentaient des flexions
mais il s'agit là surtout d'apparences externes, et, à étudier succes- exactement parallèles, mettant en jeu le même système d'alternances
sivement et en soi chacune de ces séries, on risquerait de perdre de vocaliques, tonales, et désinentielles. Le grec a dans une large mesure
vue les caractéristiques essentielles de cette flexion dans son ensemble. conservé un tel état, fléchissant de la même façon les types cnrx.xu-c,j-u-oc"
En abordant l'étude de la flexion sonantique, nous pourrons voir 6ft-c,jàft-6c" et (dans les dialectes autres que; l'attique), 1t6)..t-c,j1t6~t-oc,.
comment, au delà d'une toute pareille unité structurale, la difTéren- Les innovations même ont en grec tendu à préserver le paralléhsme
ciation phonétique a créé cette fois deux types de flexion assez de ces flexions, et l'introduction d'un type en *-ëw-s (~rx.O'tÀro-c,/-1jf-oc,)
difTérents. probablement influencé par des langues non-indo-européennes,. a
entraîné un type parallèle en -ëy- (att. 1t6)..e;wc, <*-'Y)y-oc,). En latIn,
la situation apparaît toute difTérente. Une évolution phonétique a
d'une part accentué l'écart entre les deux flexions (les deux sonantes
-y- et -w-, en position intervocalique, se comportent difTéremment,
y disparaissant toujours, w quelquefois seulement, v. p. 69 sq.) ;et
rapproché en revanche la flexion des thèmes en -y- de la flexion
consonantique : civi-m > civem, comme * ped-rr:z. > pedem; * ped-es
> pedis comme civi-s > civis; l'analogie, prenant la relève, a sans
cesse rapproché plus étroitement thèmes consonantiques et thèmes
en -y-. Il en est résulté en latin un véritable divorce, les thèmes en -y_
s'unissant aux thèmes consonantiques pour constituer un groupe
flexionnel assez étroitement constitué (la « troisième déclinaison »),
les thèmes en -w- demeurant seuls pour constituer un paradigme
beaucoup moins productif (la «quatrième déclinaison ll). De ce divorce
a survécu, comme une sorte d'épave historiquement rejetée par les
deux flexions, un petit contingent de thèmes en -ü- (grüs, süs)
dont la flexion a emprunté, selon les cas, des formes évoquant tour à
tour le paradigme en -y- et le paradigme en -w-. La flexion de ces
mots sera examinée en appendice.

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1. FORMATION DES TH~MES EN -y. logica III, pp. 7-~), la formule suiva.nte (p. 28) : ({ C;s mots en .-és
apparaissent en latm comme une surVlVance plutôt qu une .formation
La flexion latine en -y comprend à la fois des substantifs et des vigoureuse et capable de se développer. Beaucoup ~~ SubSIstent que
adjectifs. dans des langues techniques ... ou ne sont guère utih~és que. par les
poètes; certains sont défectifs, attestés seule~.~nt a ce~tal.ns cas,
1. Les substantifs comportent plusieurs séries distinctes. Cer- ou au singulier seul... Ils forment dans la trolSleme déchnaison un
tains, comme crinis; apis; corbis « corbeille »; frons < *fronli-s; petit groupe isolé et par là soumis à l'influence analogique de groupes
funis; urbs, ancien *urbis; etc ... sont dépourvus d'étymologie, et ont plus nombreux et plus puissants, notamment le groupe des noms
peut-être été empruntés à des langues que nous ne sommes point en en -ls ... On constate ainsi que le plus grand nombre des noms en
mesure d'identifier. D'autres sont sûrement d'origine indo-euro- -ës se sont artificiellement associés à la flexion latine des thèmes en
péenne, et correspondent en d'autres langues à des mots dont le _y_. » • ••
thème est lui aussi en -y-: ainsi ovis = gr. 6ft-C;; anyuis = skr. ahi~; Si les termes ci-dessus examm6s sont, pour des raIsons dlverses,
ignis = skr. agni~; avis, axis, clunis, ensis, etc ... , se trouvent dans inanalysables, il arrive que les substantifs latins en -y- présentent
le même cas. Mais il n'est point possible d'analyser le prototype un suffixe nettement reconnaissable. C'est le cas notamment pour
auquel on parvient. Parfois, dans des conditions mal élucidées, des un suffixe *-li, analysable lui-même en *-l-(e/o)y, qui servait dès
mots qui en d'autres langues apparaissent avec un thème consonan- l'indo-européen à constituer des noms d'action, de valeur dynamique
tique sont passés en latin à la flexion des thèmes en -y-; c'est le cas et de genre féminin. Ce suffixe, qui a produit en grec une très abon-
pour auri-s (en Cace de gr. w't"6c;<*oùO"-<X't"6c;); dens < *denli-s (en dan te série de noms en -'t'LoC; ou -O"L-C; (type cp&'t'lC;, 1tlO"'t"LC;, 06cnc;, OtO"LC;, 7tol7JO"tc;)
face de gr. 6~6v't'-oc;); navi-s (en face de gr. v<xüc;, gén. att. ve:wc;< viXf-6c;); a le plus souvent en latin été. élargi pa~ un sec~~d morJ;lhème, -on;
nox < *nocl(i)-s (gr. 'lUx,'t'-6c;); etc ... Plus rarement, le nom latin en d'où les formations consonantlques en -ho [n d6Ja exammées p. 178.
-y- correspond à un thème thématique d'une autre langue; c'est le Le latin a cependant conservé un petit groupe de noms en -li-s, qui
cas pour imber < *imbri-s, en face de gr. 5(Lêpoc;. ont souvent subi , au nominatif, une syncope . de L entre 1 et s ,_(v . p. 102); .
Une catégorie particulière est constituée en latin par un groupe la voyelle r subsistant aux autres · cas, 11 en est résulté IlmpresslOn
de mots, dont les cas obliques sont bâtis sur un thème en -y-, tandis que ces cas ajoutaient au thème du. no~inati~ une ?yllabe supplé-
que le nominatif et l'accusatif présentent un thème en -ë. Ainsi mentaire, d'où l'expression de « flexIOn Impansyllabique » c~uram­
vulpé-s, -i-s (en face de skr. vrlci~, thème en -y-); et apé-s, doublet ment employée. Les principaux vocables relevant de cette s.éne sont
de api-s connu grâce aux grammairiens. A la même série appartien- ars < *arli-s (cf. gr. &p-<xp-lO'X<.ù; fors « hasard» < *for-lt~s; gens
nent peut-être aussi felé-s, -L-s; palumbë-s, -L-s; etc ... On a songé < *genli-s; mors < *morli-s (skr. mrli~); mens < *meniL-s (skr.
pour ces mots à poser un thème en *-éy- (d'où accusatif *vulpë(y)-m, mali~ < *mttli-s); pars < *parli-s; sors < *sorli-s. On peut noter
sur lequel aurait été refait nominatif vulpë-s), alternant avec -y- que, dans tous ces mots, la syncope arre.cte le groupe -li~ _après* so~~~te.
(d'où gén. vulpi-s). Mais d'autres termes présentant la même flexion Après voyelle longue, la syncope est. lllconstante. ~q.uLes -;: qULe~l-s;
ont vraisemblablement une autre origine. Ainsi, ; des formes comme lïs < *sllïli-s; praegnas < * praegnalL-s: cf. skr. Jall ~ < gnH l-ll-S 1.
sedé-s, sordë-s, labë-s, etc ... , présentent vraisemblablement le même Mais fülis, cralis). La syncope n'a point lieu si -lis vient après une
morphème d'état que les verbes correspondants sedé-re, sordë-re, voyelle brève (sllis) ou un s, ancien (ueslis) ou récent (messis < *mel-
labé-re, etc ... (v. p. 292 sq.). Dans la flexion de ces substantifs, l'alter- lis; lussis), par crainte dans ce dernier cas d'éviter des formes trop
nance a dû être primitivement entre un thème en -eH 1 (* sed-eHl -, écrasées (* ues, *mes, *lus). On remarquera enfin que la syncope pro-
d'où sedé-s), et un thème en *-H l (gén. *sed(Hl)-es > *sed-es > sed-is, duit presque toujours une forme monosyllabique, sauf dans les mots
comme *sen(H)-es > sen-is); et il ne s'agit plus dans ce cas d'un à préverbe (co-hors < *co-horli-s; prae-gnas). Il se~ble q~e le latin
thème en -y-. D'autres éléments ont pu encore, à partir d'autres historique n'ait point conservé tous les noms en -ils anciennement
origines, s'insérer dans la série des noms latins en -é-s/-rs, qui ne
constituent plus à date historique une classe cohérente et productive.
1. Le thème en -y- de ces formations demeure idcnliflable gràce il. la finale
On peut, pour les caractériser, emprunter à M. A. Ernout, qui les a -ium de leur génilif pluriel. Il convient toulefois de tenir compte de possibles
minutieusement étudiés (Les noms lalins du lype « sedës », dans Philo- mixages analogiquos entre thèmos consonantiques et thèmes en -y-.
190 191
existants, si l'on en jugo par slatim <= gr. <rr«Cjl'v, accusatif demeuré tilis, voUi-lilis, etc ... ; ct, sous forme -silis après dentale, dans [üsUis,
comme ad~erbe, e,t vestige d'une flexion disparue. Ce dernier exemple rasilis); de même, à côté de "-dhlo-m>-bulum(sla-bulum) , un
(avec parllm, anCien accus. de pars) a été à l'origine de la série des suffixe adjectival *-dhli>-bili-s (sUi-bilis; d'où l'abondante série de
adverbes distributifs en -lim que connatt le latin (virilim privalim type no-bilis, igno-bilis j ama-bilis; supera-bilis; lolera-bilis, etc ... );
gradalim, etc ... ), avec, après consonne dentale une variante -si~ de même encore, à côté de *-dhro-m>-brum (lava-brum), un
(sensim, pulsim, etc ... < *senl-lim, * puld-lim, etc: .. ). . suffixe adjectival "-dhri- >-bri-s (lügü-bris, salü-bris, mulcë-bris,
etc ... ).
Une fois constatée l'existence en latin de ces adjectifs en -is, dont
. 2. Les adjeetiJs présentant en latin un thème en -y appar-
tIennent eux aussi à des séries variées. Si on laisse de côté les termes les correspondants en d'autres langueq présentent une finale difIé-
?ont l'origine et l'a~alrse sont obscurs (ainsi grandis, rudis, lurpis), rente, le problème fort déli.cat est posé d'expliquer en latin la finale
Il ressort que les prmclpales séries sont les suivantes : -is de ces mots. Plusieurs explications, différentes selon le groupe
de termes envisagé, peuvent être retenues. En face de gr. ~ûuç, le
a) A des thèmes qui, à l'état libre ,suivent la flexion thématique type latin suauis peut correspondre à un ancien féminin, que le latin
ou en -a (bellum, frenum, annus; arma; barba, fama, forma, etc ... ), (souvent insensible au genre, notamment dans le participe type
cor~esponden~ des seco~ds termes d'adjectifs composés en-is: im- legens) .aurait étendu en fonction de masculin. Dès lors, le nominatif'
?ellls, ~e-bellls; e(-frents; lri-ennis; in-ermis; im-berbis; in-famis; suavis serait une ré~eCtion à partir d'un accusatif * swïvi-m <* SO wadw-
zn-formls, de-formls, etc ... On notera ' que le premier terme de ces ~(H2)-m, correspondant, au vocalisme près du suffixe :*-(elo)w, à gr.
composés est un préverbe, ou une forme négative; exceptionnelle- ~ûei:a.< *swadew-yH 2. De son côté, le type acris, silveslris, similis, corres-
ment un nom de nombre. pondant à des formes thématiques du grec, peut s'expliquer par une
substitution, à la voyelle thématique, d'un suffixe adjectival cn
b) Fréquemment, le latin répond par une forme en -is à un
"_y (0). On sait que le latin a possédé, à côté de -yo- (type alius), une
adjectif d'une autre langue suivant une flexion différente. Ainsi aux
adjectifs gre.cs en -uç (~Pa.xuç, È'Aa.xuç, ~a.puç, ~Mç<*swad-w-s), répon-
forme non thématisée de ce suffixe (alis; cf. ali-ler, ali-cubi, ali-
quando). On serait ainsi en présence de couples gr. <X.xp6-ç = lat,
dent en latm des adjectifs en -uis: breuis, lwis, grauis, suauis
*acr-y(o)-s; gr. o!LClÀ6ç = lat. *simil-y(o)-s; et la finale -fri-s du i
<*so wadwi-s. De même, à des adjectifs thématiques en d'autres
type silves-fri-s constituerait dès lors la variante non thématique de
langues, correspondent en latin des adjectifs en -is. Ainsi, à gr. cXxpoç
la finale grecque -"p~oç (type à.)J.6-..p~oç).
r~pond lat. acer<*acri~s; à la séquence -ferol-Iro, de valeur opposi-
tIOnnelle, répond parfoIs en latin une finale -fri-s (silveslris lerreslris
. c) Le latin a par ailleurs connu une importante série d'adjectifs
eq~eslr.is,. ~tc, .. 1);. ~ux adjectifs grecs olla.'A6ç, X6a.1la.'A6ç, répondent e~ en -li-s, différente par son origine du typehumilis, similis (v. ci-
latm slmûls, humlhs, avec un suffixe -li, ou -ili <*_0 li, qui se retrouve '
dessus), et formée à partir de substantifs. Du point de vue du sens,
probablement dans agilis, docilis, fragilis, habilis, etc .. ,; et, dérivé
les adjectifs de cette sé~ic expriment un type de relation sémantique
d'un nom, herb-Uis. De la même façon, le suffixe *-ni observable
que pourrait exprimer l'emploi du génitif : ainsi l'appartenance
dans lënis, segnis, doit correspondre au suffixe . *-no par ailleurs
(Plaute, Miles 122 : erilis amica « }'amie du maître ll; bellum civile
connu. On remarquera enfin un phénomène important : il existe
« la guerre des citoyens ll; faMis viclus « une subsistance de bête ll);
fréq~em~e?t en latin, à côté d'un substantif thématique, un adjectif
ou le fait de relever d'une notion ({idëlis « qui- relève de la foi lI). Ini-
en -IS. AinsI, dans la série des suffixes formant des noms d'instrument
tialement, ces adjectifs en -li-s on.t pu être dérivés de thèmes en -fi
on observe, à côté de * -llo-m >-culum (pii-culum) un suffixe adjec~
(anima-li-s; fera.-li-s; nafura-li-s ; etc ... ) ;ou en -ë (fidë-li-s) ; ou en -i
tival *-fli->*-lo li-, d'où ~lili-s (dans fic-lilis, (ü-lilis, plec-lilis, sü-
(civï-li-s; hosli-li-s; ovï-li-s; etc ... ); ou en -ü (cur(r )ü-li-s; lribü-li-s).
, 1: . Uno dissimilalio'!, sous l'influence d'un r ou 1 précédent, est sans doute
De ces formations anciennes ont été analogiquement tirées des
à 1. orl~m~ ~e la Corme -fis (et non -iris) prise par le suffixe dans agr-esiis, caei- séquences devenues productives : -ali-s (hospil-alis, liber-alis, nupfi-
eSh,s. L or~gme de -es- dans tous les mots de cette série ne s'explique pas au niveau alis, uen-alis, etc .. ,) ï-ëli-s (crud-ëlis, pafru-ëlis) ; -ili-s (er-ïlis, puer- ïlis,
latm; mais on songe à gr. bpéa-'t"Epoc;, dérivé d'un thème à suffixe -C/ol;: le latin serv-ilis, vir-rlis;. quinf-ilis, sexf~ïlis, etc.:.); -üli-s (ed-ülis). Lorsque
a dl1 poss~der de~ mots dérivés de thèmes semblables, disparus de la langue le thème IlDminal auquel s'ajoutait la séquence suffixale com'portait
après avoir fourm une finale productive.
193
192
un l, una dissimilation faisait passer à -ri-s le suffixe -Li-s (ainsi dans suffixe -ensis (qui a survécu en français sous les formes -ois, -ais:
famili-àris, milil-àris, popuL-àris). Au neutre substantivé, la perte de cannois, marseillais) est ~d'origine peu claire, mais a chance de repré-
la voyelle finale réduisait à -al ou -ar la séquence -àli, -àri, finale du senter (comme l'a proposé Brugmann, IF 12, p. 183 sq.) une ancienne
thème adjectival; d'où les substantifs de type animal, uecligaL, séquence *-enl-ii-, ajoutant le suffixe -li (v. ci-dessus) à une formation
bacchanal; ou allar, capar « cruche ». en -enl- (v. p. 179 et 341). Dès lors, -ensi-s <*-enl-li- entretiendrait avec
L'origine de ces adjectifs en *-li- a été fort discutée, et l'on y a vu -osus (si celui-ci repose sur *-onl-Io- ou *-ow-enl-Io- : v. p. 155) un
fréquemment un type d'origine non-indoeuropéenne, que l'on a par- rapport de parenté.
fois, avec légèreté, attribué à l'étrusque. Il semble toutefois, si l'on
considère les formations hittites en -alli, fort semblables au type latin
nalurà-lis; ou le type latin làlis, évoquant le grec -ra)...(xoc; (de même,
le suffixe de lat. aequ-àli-s évoque celui de gr. o(l.-<it..(-xoc;) que l'origine
,1 II. FORMATION DES THÈMES EN -lU.

. La flexion latine en -w- est beaucoup moins productive que la


fleXIOn correspondante en -y-. Si on laisse de côté les thèmes en -ü
de latin -li-s soit indo-européenne. Ce suffixe indo-européen -li-
était lui-même trèsprobablement apparenté à la désinence -el du (grüs, süs), et les deux mots bos/bovis (*g 1Dow-) et Iüs-paler/Iovis
hittite, qui en cette langue caractérise le génitif des pronoms person- (* dyëw-), qui méritent une étude distincte, les termes relevant de
nels (ammel «de nous »). Ce dernier détail éclaire d'un jour particulier cette flexion se groupent dans les séries suivantes:
la valeur d'appartenance sensible dans les adjectifs latins en -li-s 1° Un suffixe primaire *-(e/o)w apparaît dans des mots tels que
(-dUs, -ëlis, -ilis, -ülis) (v. supra). . genu (gr. y6vu; de * ge/on-w- (c courber ))); cornu (got. haurn < * k[n-w- .
d) Le latin a possédé une série particulière d'adjectifs en -li-s croisement occidental des deux thèmes * kr-n- et * kr-w- : gr. ,x6puc; )';
(subissant la syncope au nomin. sing.), qui qualifiaient les habitants pecu (skr. pdçu); gelu (lit. gelu-ma « froid piquant Il). C'est de même
d'un lieu par le nom de celui-ci. Souvent, ces adjectifs ont été substan- un suffixe *-(e/o)w qui a servi à former, en face de curra gradior
tivés, et ont désigné les ressortissants d'une cité. On a ainsi, dérivés les n~ms d'action currus, gradus (dont le sens, à date his~rique, ~
de thèmes en -r, Tiburs, pl. Tiburlës « de Tibur »; Tuderlës (c de parfOl~ évolué). ALe même suffixe a pu produire certains mots d'éty-
Tuder »; dérivé d'un thème en -f, Samnfs, pl. Samnf-Ies; d'où, par mologie peu sure : arcus, melus,' peut-être même Lacus manus
. d ' ,
analogie, Quir-îles (si ce mot a bien signifié au départ « habitants sexus, SlnUS, ont la valeur à date historique a pu être altérée.
de Cures Il). De thèmes en -à ont été dérivé~s des formes telles, 2° L'essentiel du contingent de thèmes en -west toutefois consti-
que Anlemnà-Iës, Fidenà-Iës; d'où, par extension, des formes en tué par une série de mots en *-l-(e/o)w, suffixe associant à l'élargisse-
-d-l(i)s>-às, pl. -à-les. Ainsi, de penes c( chez )) a été dérivé Penales' ment -l- (déjà rencontré :dans *-lo-: p. 155; *-l-e/oy-: v. p. 191) le
de Arpinum, Arpinàs, -dUs; de nosler, noslras, -éilës; de cuius (adjectif': suffixe propre~ent dit *-(e/o)w. Cette suffixation en *-l-(e/o)w (dont
v. p. 229), cuiéilës. Une série particulière de ces termes (oplim-éiles la thémalIsalIon en -lewo- produit en grec les adjectifs en -"'cé(f)oc;
summ-éiles, infim-éiles) en est venue à désigner des classes sociales 1. type )...e:xttoc;) servait dès l'indo-européen à constituer des noms d'action'
L'origine du suffixe -li présent dans ces formations est obscure. de valeur dynamique, et donc de genre animé. Ces noms, relativement
Peut-être s'agit-il d'une réfection de -lo (v. p. :154) au moyen de -y, rares en grec (ËO"fj-ruc;, ~pw-ruc;: «action de manger, d'avaler») sont en latin
forme non-thématisée de ,-yo-. ext.rêmement fréquents, et, dérivés de thèmes verbaux, désignent abs-
e) Le latin a enfin possédé, désignant toujours les habitants ou traItement la notion exprimée par le verbe: cullus, casus, slalus, etc ... ,
occupants d'un lieu, une série adjectivale en -ensi-s: Alheni-ensis, en face de cola, cado, slo. Souvent cependant le sens s'est concré-
tis~, et à date historique des mots tels que canlus, parlus désignent (c ce
Carlhagin-ensis, Pisaur-ensis; alri-ensis, caslr-ensis, circ-ensis. Ce ï
q~.ll est c~anté, enfanté )); fluclus « ce qui coule )); tandis que LucIus,
1. Selon M. A. ERNOUT (Le suffixe en -aS, -alis. Plzilologica III, pp. 28-54), ULclus déSIgnent (c le deuil )), « le genre de vie )). Certains de ces termes
la forme -dli- du • suffixe » serait secondaire, la forme ancienne étant -di-. désignent même des sensations très concrètes, notamment auditives:
Toutefois, l'adverbe ueslralim, à côté de ueslrds, est de nature à faire supposer crepilus, fremilus, gemilus, sonilus, slrepilus. Il est parfois arrivé que
une ancienne finale -dli-. l~ rapport avec le verbe se soit obscurci (ainsi pour silus, en face de
SUr les raisons qui empêchent d'assigner à ce suffixe une origine non-indo-
européenne (étrusque notamment), v. A. ERNOUT, loc. cil., p. 53. SLnO; sallus « gorge )) en face de saUo), ou même que le verbe ait disparu

194 195
(porlus); le nom en -lus, accédant dès 101'8 à l'autonomie s6mantique,
en -lïs de noms d'action (ars, mens, mors, etc ... : v. p. 191); et, dans
en est venu à fournir, dans ces exemples, des noms de lieux. A côté
les cas où elles n'étaient point précédées de voyelle longue (v. p. 103),
de cette série de noms-verbaux, il convient de signaler une autre série
à l'intérieur des séquences -ris (acer<*acri-s; imber<*imbri-s)
qui, dérivée de noms, exprime un état physique ou social. Le plus
ancien de ces termes a été tiré d'un thème sena- (hitt. sana, gr. lV'fj
et -lis (mugil, pugil, vigil; + chez Ennius, Ann. 324, debil).
« lunaison passée »); d'où sena-lus, initialement « vieillesse » (comme b) Le vocalisme plein prédésinentiel, afTecté de la quantité longue
son doublet senec-lüs: v. p. 64). L'évolution sémantique de ce mot, (comme dans le type grec 1td9w< -wy), a existé avec certitude pour le
devenu terme de la vie politique, a entraîné analogiquement les thème * rëy-; mais le nominatif rë-s procède d'une réfection à partir
formes consul-cïlus, magislr-alus, lribun-cïlus, princip-cïlus; et, dans de l'accus. *rë(y)-m > *rë-m; et cette longue a été généralisée aux
un registre un peu différent, comil-alus, equil-cïlus. autres cas (flexion dite u cinquième déclinaison »). Il est possible que,
Les noms en -lus, lorsqu'ils conservaient une valeur nettement parmi les noms fléchis comme vulpë-s/vulpi-s, certains aient possédé
verbale, ont tendu à ne s'employer qu'à certains cas de leur flexion. initialement un thème en -ëy (v. p. 190). Dans cette hypothèse, le
Ainsi *ncïlus « naissance» ne s'emploie qu'à l'ablatif (nalü maior, nominatif en -ë-s procéderait, ici encore, d'une réfection à partir de
minor). Le plus souvent les formes qui ont survécu sont l'accusatif l'accusatif -ë(y)-m>-ë-m; mais -ë- n'aurait pas été étendu aux
(leclum, risum, diclum, etc ... ) et le datif, parfois en -lui (Plaute, autres cas.
Bacch. 62: memoralui; Caton, Agr. V, 3: salui; Tacite, Germ. XLVI:
viclui, veslilui), plus fréquemment en -lü (diclü, memoralü, leclü, 2. Vocatif singulier anhné. Il était en indo-européen caracté-
risü, etc ... ). Ces formes, en raison de leur valeur de noms d'action, risé par le thème nu, sans désinence (gr. 1t6ÀL, Ilav't'L, 1tpécrêu); et, dans
ont été par les grammairiens annexées à la flexion verbale, où elles les formes à vocalisme plein prédésinentiel, par la quantité brève de
constituent la catégorie dite « supin » (v. p. 354). ce vocalisme (gr. ~€ü<*dyew; A1l't'oi:<-oy). En latin, dès les textes
De ce qui précède, il ressort que, malgré l'existence d'une très les plus anciens, le vocatif ne possède plus de forme autonome, et se
cohérente série de noms en -lus, l'efTectif de la flexion en -w- n'a pas trouve aligné sur le nominatif: civis, lribüs; etc ...
connu en latin une variété et une abondance comparables à ce qu'ont
laissé paraître les autres flexions. 3. Accusatif singulier. L'adjonction au thème de la désinence
-m s'est parfois accompagnée de divers efTets :
III. LE PARADIGME LATIN DES THÈMES EN -y- ET -w- A. DANS LES MOTS A VOCALISME PLEIN PRÉ DÉSINENTIEL, et de
L'examen de la flexion latine laisse apparaître les faits suivants: quantité longue, la sonante -y ou -w disparaissait devant -m (v. p. 107).
Ainsi ont été obtenus *rë-m<*rë(y)-m; *dië-m<*dyë(w)-m (cf.
1. Nominatif singulier animé. Il est constitué par l'adjonction gr. Z1jv), à partir desquels ont été refaits des paradigmes complets
au thème de la désinence -s; ce qui se traduit de diverses façons: rë-s/rë-l; dië-s/dië-l. L'abrègement ultérieur de voyelle longue
devant -m final explique les formes classiques rem, diem.
A. DANS LES THÈMES EN -w, le vocalisme prédés'i nentiel n'apparaît
sous forme pleine que dans les mots lüs(paler) <*dyëw-s, et, avec B. DANS LES MOTS A VOCALISME RÉDUIT PRÉDÉSINENTIEL, on
traitement dialectal (v. p. 55 et 110), bos < * g ID OW- S • Dans tous les autres obtient normalement, par vocalisation de la sonante, des formes
cas, où le vocalisme prédésinentiel est réduit, la son ante -w se vocalise, en -u-m (senalü-m; manü-m) ou en -i-m (parli-m). Si les thèmes
et l'on obtient une fmale -üs: senii-lil-s <* -lw-s; manus; etc ... en -w ont par la suite conservé la forme -u-m, la finale -i-m a le plus
souvent, dans les thèmes en -y-, cédé le pas à -em. L'examen des faits
B. DANS LES THÈMES EN -y, la situation est plus complexe : laisse apparaître que -l-m demeure régulièrement: 1° dans les mots
transcrits du grec, tels que basim = ~acrLv;; 20 dans les accusatifs en
a) Le vocalisme prédésinentiel réduit apparaît le plus commu-
-llm devenus adverbiaux (parlim, slalim, etc ... ); 3° dans les mots
nément, et y, dans ce cas, se vocalise normalement en l. On obtient
dont le thème devait initialement comporter un -l, comme vi-m en
ainsi les formes de type ovis, en face de gr. ISfL-C;; civis, etc ... Toutefois,
face de gr. R-v. En d'autres mots, dépourvus de correspondants en
la voyelle, subissait la syncope dans un certain nombre de formations
d'autres langues, la quantité longue de -l (abrégé à l'accusatif devant
196 197
-m) demeure reconnaissable à l'ablatif, qui est en -ï: ainsi pour gnage des grammamens est lui-même peu s"Ù.r; et Priscien (VIO s.
sili-m, lussi-m; pour Tiberi-m, probablement d'origine dialectale; P.C.), enseignant ri (sur le témoignage semble-t-il des scansions virgi-
pour des mots techniques sans étymologie connue: puppi-m, resli-m, liennes) est contredit par Probus (1 er s. P.C.) qui enseigne ri. Peut-être
securi-m (en rapport peut-être avec sec ô, mais de suffixation obscure). doit-on admettre que le latin avait hérité de l'indo-européen deux
Si l'on excepte quelques mots connaissant conjointement les quantités finales: -ri, correspondant à un singulier (type gr. y6vu), et
formes en -i-m et -e-m (clauis, cuiis, febris, iurris, etc ... ), on constate -ri <*-wH2 , correspondant à un collectif (cf. skr. pdçli « bestiaux ll).
que la forme -e-m s'est partout ailleurs généralisée. Il est possible que Par la suite la seconde, cessant d'être sentie comme neutre pluriel
le passage en -em ait été phonétique dans tous les cas où -im ne (héritier en latin du collectif), aurait été assimilée à un singulier,
procédait point d'un abrègement de -i-m. Cependant, la conservation introduisant à ce niveau un flottement.
de -lm ancien dans parlim, slalim, permet de penser que l'analogie du
type consonantique duc-em a été déterminante pour les formes non 5. Génitif singulicr. En indo-européen, où deux vocalismes iden-
passées à la catégorie adverbiale. Cette analogie a pu être favorisée tiques ne devaient point se succéder, il était caractérisé soit par un
par le flottement observé dans les participes, qui opposaient initiale- vocalisme réduit prédésinentiel suivi d'un vocalisme plein désinentiel
ment, à un masculin type legeni-em, un féminin type legenti-m, mais (*-w-elos, *-y-~/os); soit par un vocalisme plein prédésinentiel suivi
où la forme en -ni-em avait seule subsisté (v. p. 344). d'un .vocalisme réduit désinentiel (*-elow-s, *-eloy-s).
A. DANS LES THÈMES EN -w, le latin présente quelques traces du voca-
4. Nominatif-accusatif singulier inanimé. Il était en indo- lisme prédésinentiel réduit, que la désinence présente le timbre 0
européen constitué par le thème nu, sans désinence. En latin on (S.C. des Bacchanales : senaluos = -luwos < * -low-os; même forme en
observe les faits suivants. falisque : zenaluo(8»; ou le timbre e (Térence, Héaul. 287 : anuis;
Cicéron, Nat. Deor. III, 20, 51 : arcuis; Varron, d'après Nonius:
A. DANS LES THÈMES EN -y, seul est attesté un type à vocalisme pré- domuis, exerciiuis, frucluis, senaluis < * -lOw-es). Mais le type qui
désinentiel réduit; d'où un type * mari, * dociU. A partir de ces formes, s'est stabilisé dans la langue est celui où -s s'ajoutait à un vocalisme
un traitement par renforcement de la voyelle brève finale (v. p. 103) plein prédésinentiel : *-ew-s>*-ow-s>ris (dans manlis, fruclris, etc ... ).
produit les formes historiquement attestées mare, docile. Mais ce traite- C'est le même type qu'attestent osque caslrous « fundi ll. et ombr.
ment n'est pas le seul possible, et l'on observe aussi la disparition lrifous « iribris ». En latin campagnard, la finale *-ow-s pouvait
pure et simple de la voyelle brève finale. Ce traitement est courant évoluer vers -os; d'où la prononciation domos pour domlis, attribuée
pour les formes où un suffixe -li, -ri fait suite à une voyelle longue; à Auguste par Suétone (Augusle, 87, 2), et que l'on a à tort interprétée
et l'on a ainsi animal, bacchanal, ueciigal <-al <-ali j allar, calcar, parfois comme résultant d'un croisement entre les deux thèmes
exemplar < -ar < -ari. Parfois, une réfection analogique a réintroduit *domu- ct * domo- du nom indo-européen de la maison.
à la finale une voyelle -e j d'où les formes animale, allare, exempliire,
parfois attestées en poésie; cependant que facile, simile, s'imposaient B. POUR LES THÈMES EN -y, l'italique n'a conservé aucune trace
dans l'usage classique contre les anciens facul, difTicul, simul (ce du vocalisme plein désinentiel (type gr. 0 fL-6ç" et, hors de l'attique,
dernier étant toutefois conservé comme adverbe). 7t6ÀL-OÇ,), et ne connaît que le vocalisme plein prédésinentiel, suivi du
vocalisme réduit désinentiel (osque aeieis « aedis »; ombr. punes
B. DANS LES THÈMES EN -W, on attendrait de même des formes à <* ponei-s « pôlÏonis »). Ce schème aurait dû produire en latin un
voyelle brève finale, comparables à gr. y6vu, (f)&crw, yÀuxu. En fait, type Oignis, correspondant à skr. agnés <*egnei-s. Mais l'influence
on connait fort mal la quantité finale des rares neutres en -u (cornu, des génitifs consonantiques, type duc-is <-es, a fait généraliser
genu), plus rarement encore employés en des textes métriques, et en dès les plus anciens textes un génitif en -lS (ciu1s, ign1s), même dans
des positions où la quantité soit indiscutable. En fait, la scansion les thèmes qui devaient initialement comporter un i long (pupp1s,
genri de Virgile (En., l, 320) s'explique peut-être par indifTérence TiberLs, etc ... ).
quantitative devant une coupe trihémimère; cornrique d'En. XI,
859, peut à la rigueur sc comprendre comme ablatif, et ri au temps fort 6. Datif singulicr. La désinence indo-européenne apparaissait
est de toute façon susceptible de s'être métriquement allongé. Le té moi- soit sous la forme -l (semblable à celle du locatif), faisant suite à un

198 199
vocalisme plein prédésinentiel; soit sous la forme pleine -ei, que l'on tion les textes en prose; normalisation qui devait épargner les textes
s'attendrait à voir précédée d'un vocalisme prédésinentiel réduit. poétiques, de rythme obligé, et les supins, où l'on n'identifiait plus
Ce dernier type n'est en fait attesté par aucune langue; et il semble que, des formes nominales.
dès l'indo-européen récent, une innovation ait institué le double
vocalisme plein de la prédésinentielle et de la désinence (d'où *-ey-ei, 7. Ablatif singulier. Les langues italiques ont poussé très loin
*-ew-ei). l'innovation; et, outre le syncrétisme habituel entre ablatif, instru-
Le type plein/zéro, représenté en grec par 1t6ÀEL <*-ey-i, f&a't'EL mental, et locatif, il convient de signaler la très forte influence ex er-
< -Ef-L; et, avec voyelle longue prédésinentielle, ~(lal.ÀliL < -1)f-L (d'où céç par les autres flexions.
par analogie homo 1t6À1)L) n'est pas attesté en italique, dont toutes les
formes paraissent reposer sur le type plein/plein. Cela produit en latin A. DANS LES THÈMES EN -w, l'influence de la flexion thématique en
les types suivants : -ad, et de la flexion parallèle en -ad, a très tôt développé en latin une
finale -üd (s.e. des Bacchanales: magislral VO, erreur de gravure
A. DANS LES THÉMES en -w, la séquence *-ew-ei (prédésinentielle + pour - VD), ensuite passée à -ü: manü, fruclü, etc.~. L'osque caslrid
désinence) évoluait phonétiquement vers *-ow-ei (v. p. 97), puis « caslro )l, l'ombrien mani « manü », ont emprunté toute la finale aux
-uw-ei, -uwi (-ui, avec w non noté); d'où les formes de type manui, thèmes en -y (puppid: v. ci-dessous).
senalui, etc ... Sur un autre type, en -ü, V. ci-dessous. B. DANS LES THÈMES EN -y, la même analogie des types -ad, -ad, a
produit un type -id, conservé dans une loi de Lucérie (C.LL., 12 ,
B. DANS LES THÈMES en -y, la séquence parallèle *-ey-ei avait très tôt 401 : loucarid = lucarï « luco »), et ensuite passé à -ï.
évolué en *-ey par haplologie (ou superposition de deux syllabes iden- Cette finale -ï a toutefois, dans la plupart des substantifs, cédé
tiques); d'où le type * egney-ei > * egney > ignï. De cette évolution la place à -é, analogique des thèmes consonantiques : ciué, naué,
il résulte que le datif, dans les mots où l'ablatif était lui-même en -i etc ... Cette analogie a sans doute été favorisée par l'évolution -im >
(v. ci-dessous), devenait semblable à ce cas. -em à l'accusatif (v. p. 198); et par l'existence, dans la flexion partici-
Cette identité formelle entre datif et ablatif, observable dans piale, de deux formes (masc. legenl-é; fém. legenlï [d: V. p. 185 et 344),
tous les pluriels, le singulier de la flexion thématique, et celui d'une dont la répartition n'était plus comprise. La concurrence entre les
partie des thèmes en -y, est sans doute ce qui a incité le latin à se don- deux finales -i et -é se traduit, notamment à date ancienne, par des
ner dans les thèmes en -w, à côté du datif en -ui, un second datif en flottements : auï, ciuï, classï, coUï, finï, etc ... , apparaissent parfois
-ü semblable à l'ablatif. Ce type apparaît déjà chez Plaute (Mer- jusque chez Cicéron à côté de aue, ciue, classe, etc ... Finalement, -ï
cator 854 : usü) et Térence (Adelphes 63 : ueslilü). Dans la poésie ne se conserve que dans certaines catégories de mots: a) Les mots
dactylique, qui pour des raisons rythmiques ne pouvait u~ili~er des dans lesquels un accusatif en -im était lui-même conservé, et qui
formes uiciiii, cürriii, la forme en -ü est assez fréquente; amSI, chez comportaient sans doute un thème en -ï (v. p. 198); b) Les adjectifs, qui
Virgile, adspeclü (En., VI, 465); concubilü (Géorg. IV, 198); currü possédaient par ailleurs un nominatif-accusatif neutre en -é, et dans
(Buc. V, 29; En. III, 541); uenalü (En. IX, 60~); uiclü (Géorg . IV, lesquels un ablatif en -c eût été fauteur d'amphibologie; c) Les subs-
158); etc ... Mais il ne saurait s'agir d'une forme artificiellement ~ti­ tantifs neutres (type marï) qui ne subissaient point l'influence d'un
lisée par les poètes, car on retrouve cette finale -ü dans les SUplI~S accusatif en -cm.
(mirabile diclü, horribile uisü, etc ... ); et, selon Aulu-Gelle, César aurait
employé, de préfé.rence aux formes en -uï, les f?rmes dominalü, 8. NOnlÎllalii-vocalif pluriel. Au terme vraisemblablement
senalü, etc ... De fait, de telles formes ont été sporadiquement conser- d'une innovation récente, l'indo-européen ajoutait au thème à voca-
vées dans certains de ses manuscrits, comme dans ceux de Tite-Live,
lisme plein prédésinentiel la désinence -es, elle-même au vocalisme
ou Tacite. Il semble, en fin de compte, que le type puppï (datif et
plein; d'où les types *-éy-es (gr. 't'pd.;, 1t6ÀEL';< -EYE';), -éw-es (gr.1tpéaÔEL';
ablatif) ait très tôt fait se développer le type currü (datif et ablatif).
<-EfE';). En latin, la situation est la suivante.
Par la suite, la fortune de l'opposition ciuï/ciué a dû renforcer l'oppo-
sition currui/currü, et tendre à éliminer la forme currü de datif. Un.e A. Dans les thèmes en -y, -éy-es a subi une évolution normale en
normalisation graphique a pu, dès lors, affecter au cours de la tradl- -é(y) es, puis -es: ciues, ignés, naués, etc ... Tout au plus note-t-on,
200 201
dans un texLe do 197 A.C. (Senlenlia Minuciorum), une forme {incis En latin, les deux finales -ium et -uum ont parfois cédé la place
d'accusatif étendue au nominatif, à une époque où la forme du à la finale -um des thèmes consonantiques (assez rarement toutefois
nominatif tendait elle-même à s'étendre à l'accusatif (v. ci-dessous). dans les thèmes en -w: Plaute, Mencchmes 177 : passum; Virgile,
En. VI, 653 : currum; VII, 490 : manum). Le phénomène a dO. partir
B. Dans les thèmes en -w, les formes de type manüs, fruclüs, ne des thèmes en -y, où l'usager pouvait être désorienté par l'existence
sauraient illustrer l'évolution phonétique .normale de *-ew-es. Elles de deux types participaux, masc. legcnl-um et fém . legenli-um (v.
résultent de l'extension au nominatif de la forme d'accusatif, sur le p. 187). Il pouvait être tenté aussi, à partir du couple ped-ibus, ped-um,
modèle du type consonantique duc-ës, où la même forme valait de refaire des · couples semblables vaU-bus, val-um; ou man-ibus,
pour les deux cas. . man-um. Mais on constate en fait que le génitif en -um se rencontre
-le plus souvent à propos d'anciens thèmes consonantiques, que
9. Accusatif pluriel anbné. En indo-européen, il était formé parmi les langues le latin a seul travestis en thèmes en -y. Ainsi
par adjonction de la désinence -ns au thème à ' vocalisme présinentiel can-um, mcns-um, correspondent à gr. XI)"-W", !l-'Y)"-w,,; iuven-um pré-
réduit. D'où, pour les thèmes en -y; *-i-ns (got. gaslins « hoslïs ' »; sente le même thème à nasale que skr. yiwan-. Quant au type sed-um,
gr. 6fi:ç < -L"Ç); et, pour les thèmes en -w, *-u-ns (gr. crétois utu"ç, got. il n'est point exclu qu'il repose sur *sed(Il1)-om (v. p. 190), la
sununs « (ilios »). En latin, les faits sont les suivants: flexion en -y étant, pour les mots de cette série, un postiche.
A. Dans les thèmes en -w, la finale -u-ns évolue normalement .en
12. Datif et ablatil pluriel. La désinence -bho-s s'ajoutant au
-üs (manüsj (ruclüs), et cette forme conn ait ensuite la stabilité.
thème à vocalisme pré désinentiel réduit, on obtient normalement des
B. Dans les thèmes en -y, la finale ...;i-n,s produit pareillement -ïs, finales *-i-bhos, *-u-bhos. La première produit le type osque luisarifs
parfois noté -eis par graphie récurrente,' à une époque où la diph- « lusoriis », et, par assimilation, sakriss « *sacribus »; latin civi-bus
tongue ei venait de produire T(ainsi ponleis omneis, dans C.I. L., J2 638, (avec extension ultérieure au type consonantique : ped-ibus). La
de 132A.C.). Cette finale -Ts
s'est maintenue jusqu'à environ la fin de seconde produit le type ombrien bcrus < * -u-fs CI * uerubus »; latin
l'époque républicaine; mais elle a été concurrencée par la finale -és arlubus.
issue analogiquement du type consonantique ducés, le premier Dans ce dernier type, la séquence -ubus voyait se succéder deux
exemple connu étant, dans la Senlenlia Minuciorum de 107 A.C., syllabes comportant le même timbre vocalique. Un souci de dissimi-
ceivés. Au terme d'un long processus de généralisation, cette forme lation explique peut-être dès lors la substitution à -ubus de -ibus,
·-ës a définitivement triomphé vers l'époque d'Auguste. emprunté aux thèmes en -y; d'où manibus, fruclibus, etc ... La finale
-ubus a toutefois été conservée dans arlubus, arcubus, parlubus, pour
10. Nominatif-accusatif pluriel inanimé. Dans les thèmes éviter une homophonie avec arUbus, arcibus, parlibus; dans lribubus,
en -w, le latin a peut-être hérité une forme -ü <" -wIl2; mais elle a. été qui peut avoir initialement comporté un thème en -ü (* bhü-: cf. gr.
assimilée à un singulier (v. p .. 199), et la forme sentie à date histo- <pü-À~), et à côté duquel est d'ailleurs attestée une forme lrebibos
rique comme pluriel est en -ua (*-uwa, avec consonne de transition (C.I.L., 12, 398); dans quercubus enfin, qui suit peut-être un type
non notée) : cornua, genua. Les thèmes en -y- ont, parallèlement, une flexionnel campagnard.
forme en -i(y)a: maria. Ces, formes en -ua, -ia, autant qu'un traite-
ment particulier de *-wIl2, *-yIl2' doivent représenter une réfection IV. FLEXION DE THÈMES PARTICULIERS
à partir de~ types lempla, corda. Si la flexion des thèmes en -y et -w s'organise en deux séries
ordonnées, dont le parallélisme n'a pas été radicalement altéré par
11. Génitif plul'iél. Le type illustré par les langues italiques les influences diverses et divergentes subies à diIT~rents niveaux, il
consiste en l'adjonction, à un thème à vocalisme réduit prédésinentiel, subsiste en latin des mots dont le paradigme échappe à la flexion
de la désinence '-6m (sur la quantité, v. p. 164). On obtient ainsi les régulière.
types -y-om >*-'y-tm >-i(y)um (civium); et "-w-om >*-"w-om >
-u(w)um (frucluum). L'osque atteste pareillement un type ailiium 1. Flexion de * dyëw- « lumière céleste ). La flexion indo-euro-
« aediurn ll. péen.ne de ce thème comportait des alternances :
202 203
Nominatif : * dyew-s > * dyew-s > gr. Z&OÇ, skr. dyau~. A ces
formes correspond en latin diüs (dans nüdiüs lerlius « aujourd'hui
est le troisième jour» = « avant hier »); ou, avec traitement différent
de dy (v. p. 72),*iüs (dans lüpiler <* lüs pater).
Accusatif : *dyëw-m > *dyë(w)-m (v. p. 107); d'où gr. Z~v,
skr. dyt1m, auxquels correspond latin * dië-m (sur lequel a été refaite CHAPITRE VII
toute la flexion dië-s/dië-ï), puis diem.
Génitif : deux vocalismes alternants existaient, * dyew-s, ou
*dyw-e/os. Sur cette seconde forme reposent gr. ~~(f)-6ç, skr. div-a~. FLEXION DES THÈMES EN -e.
Le latin lou-is repose sur une forme mixte *dyew-es, procédant d'une
innovation.
De mê~e, d'un mixage entre locatif *dyew-i (skr. dyav-i) et datif
*dyw-ei (skr. div-é; gr. cypriote ~~&~-etfL~), le latin a tiré *dyew-ei >
lou-ï. Sur le thème lou- ainsi constitué au génitif et datif a été refait Les chapitres précédents nous ont permis d'étudier, parfois
l'accusatif louem (et même un nominatif louis chez Ennius). modifiés en certains points, des types flexionnels déjà constitués
On constate ainsi qu'à partir d'une même flexion ancienne le en indo-européen, formant des séries cohérentes, et engageant un
latin a tiré deux mots de sens et de paradigme différents : dië-s effectif lexical important. Mais le latin a connu aussi un dernier
cr jour lI, et lou- « Jupiter» 1. type flexionnel, caractérisé par un thème en -ë-, et concernant au total
2. Flexion de * gUlo Ul W _ « bœuf », Au nominatif, en face de gr. ~oüç, un petit nombre de vocables. Ce type, connu sous le nom de « cinquième
skr. gau~ <*gUl- ow-s, le latin présente bos, avec traitement double- déclinaison >l, bien qu'il s'applique parfois à des termes anciens, cons-
ment dialectal de la labio-vélaire et de la diptongue (v. p. 55 et 110). titue surtout en latin une flexion à la fois résiduelle et artificiellement
Au génitif, une forme attendue * g UlOW- S explique skr. g6~; mais organisée.
gr. ~o(f)-6ç présente le schème à double vocalisme plein, *gUlow-e/os, Du point de vue de l'effectif lexical, la flexion en -ë concerne peu
sur lequel repose de son côté lat. bou-is. Au datif, le skr.lui-même de mots.
présente le double vocalisme plein (gavé < * g Ulow-ei) que l'on 1. Les deux vocables les plus fréquemment employés, rë-s et dië-:-s,
retrouve dans lat. bou-ï. Sur le thème bou- de bou-is et bou-ï, le latin continuent en fait d'anciens thèmes sonantiques, dont la sonante avait
a refait l'ablatif bou-e, et un nouvel accusatif, bou-em, qui a supplanté à l'accusatif disparu devant -m (v. p. 107); d'où *rë(y)-m (v. p. 197),
l'ancien *gtDo(w)-m responsable des formes ombrien bum, grec dorien *die(w)- m (v. p. 204). Avant que dans ces deux formes la voyelle longue
~wv, skr. gt1m . Le pluriel est de même refait sur ce thème bou-, à l'excep- ne s'abrège devant consonne finale autre que -s,des thèmes *re-, *dië- ·1
tion de datif-ablatif bo-bus (ou, avec traitement latin urbain de ou, en avaient été extraits, sur lesquels était refaite une flexion complète.
bübus), qui repose anciennement sur * gUlow-bhos.,
2. Parmi les autres formations dont le thème était en -ë, il faut
3. Flexion des thèmes. en -ü. La flexion de ces thèmes (grü-s, citer celle qui correspondait à un verbe en -ere (sedë-s/sedë-re). Mais, le
sü-s) est beaucoup plus simple. Le thème ne comportant point d'alter- plus souvent, le suffixe -e < -eH1 alternait avec -HI; d'où des cas
nance, on obtenait au génitif *sü-es-, d'où osa-es (abrègement en obliques en *-(H1)-es > -is. On a ainsi, en face de sed-e-s, sed-is
hiatus), puis *saw-es (dégagement d'une consonne de transition, (v. p. 190). A partir de cette alternance, certains mots ont développé
enfin *saw-ïs, noté suis. Sur ce thème su(w)- ont été refaits, avec les une double flexion: -és/-ïs (type fames, -ïs; labes, -Es; formes qui sont
désinences de la flexion consonantique, les autres cas: su-em, su-ï, allées grossir la flexion de type vulpës, -ïs: v. p. 190); et -ës, -éï
su-e, su-ës, su-um, su-ibus (une forme sü-bus survivant toutefois à (fames, -ëi; labës, -ëï, où -ë généralisé a permis une flexion régulière
côté, et témoignant de l'ancienne flexion en -ü-). selon la « cinquième déclinaison lI). Parfois même, du génitif en -is,
a été tiré un nominatif consonantique: pieb-s, refait d'après pleb-is.
1. Sur le thème 1 thématisé °dey-w-e/o- a été par ailleurs consliluée la
flexion de deus < °dey(w)o-s, gén. diUi < *deyw-i; d'où réfection de deux para- Ce mot a dès lors connu deux formes très différentes : piebe-s, -ë-ï;
digmes : deus, i-; diUUS, -i. et pieb-s, -is.
204 205
3. Mais le plus grand nombre des termes fléchis selon la « cin- -s. On a ainsi 'chez Ennius (Annales, 416) diés; chez Lucrèce (IV,
quième déclinaison» est constitué au moyen d'un suffixe -ie <*-yeH I , 1083) rabiés; et ' Varron, induit en erreur, pouvait comprendre dies
présentant la même valeur abstraite que le suffixe *-y(e)H 2 > *-yo. paler comme (1 le père du jour ». .
(superbio., avariWi). Ce suffixe -lé, lorsqu'il s'ajoutait à un thème Par la suite, comme dans les thèmes en -a, s'est introduite analo-
lui-même dérivé au moyen de *-l-(efo)- (minul-iés, sur minulus), giquement la désinence -f de la flexion thématique; d'~ù -ei. La
constituait avec la consonne précédente une séquence -liés, qui deve- scansion avec deux longues est attestée en, fin d'hexamètre par
nait productive, et qui, s'ajoutant elle-même à un thème thématique Lucrèce (II, 548 : réf; V, 102 : fidéi), qui emploie aussi, 'par artifice,
(duru-s d'où duri-liës; canu-s, d'où, caniliés), constituait une séquence -af des thèmes en -a (v. p. 169) ~ et, de" façon plus convaincante, par
plus complexe -'{liés. plaute (Miles,)03 : réi). Cependant, la séquence -éi il'a point persisté,
Le suffixe-ié <*-yeHI présentait, comme son homologue *-y(e)H';., et une évolution phonétique Pa affectée de deux façons 'différentes:
une forme à vocalisme réduit *-yH I , qui en latin évoluait, comme
*-yH';., en -ya, ou -iya. Ainsi, au cours de sa flexion, un même mot a) Un traitement de -ëi en -ët (abrègement du second élément),
pouvait, à date ancienne, présenter tantôt un thème en -é < * -elI 11' puis .,.cy (diphtongue à premier élément long), a finalement 'abouti à,
tantôt un thème en -a < *-H I • A date historique, le latin a généralisé -ë (perte du second élément de la diphtongue: v. p. 107). Ce type de
-e à toute la flexion; mais, de la forme en -a, certains mots ont tiré un génitif est attesté épigraphiquement (C.LL., III, 12036 : dié); chez
paradigme parallèle en -a, -ae (<< première déclinaison ))). Ainsi s'expli- Plaute (Trinummus 38:r.é); dans certains manuscrits d'auteurs
quent des doublets tels que luxurié-sfluxuria; malerié-sfmaleria. classiques (Cicéron" Pro Roscio Am., 131 ; pernicié); et c'est celui
Le type en -a a tendu, à partir de tels doublets, à supplanter la flexion que prônait César . .
en -é-s, et des formes romanes telles que fr. glace supposent * glacia,
b) Un autre traitement de -if en -ef (abrègement en ~iatus),'puis
et non gladé-s. A date ancienne, les latins ont été sensibles à l'équi-
valence fonctionnelle des formes en -iés-s et -ia. Toutefois, la plus
::;y (diphtongue) était le plus fréquent. Cette forme -ef a triomphé
dans l'usage, et dans la transmission des textes. Il semble toutefois
grande rareté des premières les a fait considérer comme formes poé-
que -el ait parfois évolué en -f à la ,fin de l'époque répu~licaine, si l'on
tiques. C'est la raison pour laquelle certains poètes ont artificiellement
en croit Aulu-Gelle (IX, 14) et Nonius, qui citent diyerses formes en
créé des mots tels que amiciliés (Lucrèce), mundiliés (Catulle), à côté
-ii pour ':'iei, parmi lesquelles pernicii (à .lire selon eux chez Cicéron,
des formes communes amicilia, mundilia.
Pro Roscio Am., 131; sur la leçon des ms., v .. ci-dessus).
4. Il faut enfin citer à part le cas de spës, thème consonantique
(comme le montre son dérivé spér-are) , passé à la flexion en -e-s par 4. Datii singulier. En face de la finale *-ai des thèmes en -a
suite de l'ambiguïté de sa finale au nominatif. (v. p. 169), le latin avait dû hériter, dans les formations anciennes en
La flexion des thèmes en -é est simple. Elle se caractérise comme -é, une finale semblable *-éi <*-é-ei, susceptible d'évoluer en -ë
suit: (comme * dominai > domino; ou, ,dialectalement, Dianai > Diana: v ..
p. 107 et 169). De fait, on rencontre chez Plaute une' forme fidé (Persa,
1. Nominatif singulier : Adjonction de la désinence -s au 193; Poen. 890; Trin. 117; 142); et, par extension à des mots récem-
thème en -é: malerié-s" plebe-s, ré-s, dié-s. ment passés à.la flexion en -é, die (Amph. 276); ré (Poen. 815). Plus
tard, une forme semblable fadé est prônée comme correcte par Aulu-
2. Accusatii singulier : Adjonction de la désinence -m au Gelle (IX, 14, :21).
thème en -ë; d'où -é-m >-e-m: maleril-m, re-m, etc ... Par ailleurs, le latin connaît une finale -éf, scandée avec deux
N.B. Cette flexion ne comporte aucun neutre, mais uniquement longues chez Manilius (V, 699 : diéf) et Lucrèce ,(II, 236 : rëi; fin
des noms de genre animé (tous féminins, à l'exception de die-s, de vers;' l, 688 : réf, réparti sur deux pieds); mais une scansion -ei
masculin ou féminin). apparaît à l'époque d'Auguste chez Manilius (lU, 107 : fideï) et
Horace (Odes, III, 24, 64 : reï).. Ce type de datif est peut-être anCien
3. Génitü singulier. Comme dans les thèmes en -a (familia-s), dans le cas de rU, autrefois thème en -y (*réy-ei; où la voyelle longue
il a été formé à date ancienne par adjonction au thème de la désinence permettait sans doute d'éviter l'haplologie affectant le type *c~vey-
206 , 207
(
(
1
ei >civei,' v. p. 200). L'analogie de ce mot et sans doute aussi
l'influence du type civi, ont étendu cette fin~le -ëi à d'autres mots.
, Il convient ce:pen?ant .de préciser que les textes renferment peu
d exemples de datif smguher pour cette flexion. Dans les mots en
-ië-s, l'.usage était d'em'p~oyer le da~ir du thème en -id correspondant
(luxurwe, et non luxurlel). Seuls dIes, fidés, et rés, termes au demeu- CHÀPITRE VIn
rant les plus fréquents, ont un datif couramment employé.

_ 5. Abl.~lif singulier. La forme en -é constamment attestée (dië, PARTICULARITÉS CONCERNANT L'ADJECTIF;


fi~e, ~aler,e,. et? .. ) repos~ sur * -ë-d, analogique du type rosü[ d,
l~l-meme refait d apr~s dom,~o[d. La consonne finale -d n'est pas, pour CONCLUSION
:e-d, attestée en latm; mais le falisque fournit, sur deux coupes
Jumelles, une forme foied ct hodië " qu'aucun motif sérieux ne permet
de suspecter. 1. LES « DEGRÉS )) DE L'ADJECTIF
Bien que l'adjectif suive des flexions communes avec le substantif,
ô. Nominatif-accusatif pluriel. Ces deux cas ont une forme
il présente par rapport à ce dernier une particularité importante, dans
identique en -és, qui pour rës s'explique phonétiquement : Nom.
la mesure où un même adjectif peut emprunter, dans certaines condi-
*rë(y)-es>rés; Acc. *rë(y)-ns>rés. Sur ce modèle a été
tions, deux flexions. On a ainsi bonus, -i, masculin, mais bona, -ae,
calqué~ ~a fle~ion ?e ~iës, .dont l'.accusatif. (*dyé(w)-ns>diés)
pourrait etre lUI aussI anCIen, SI du morns la notIOn radicale « lumière féminin. Cette gamme flexionnelle s'est trouvée accrue du fait de
céleste» admettait initialement un pluriel. Seuls ces deux mots sont l'existence, dans l'expression par l'adjectif d'une même qualité, de
plusieurs « degrés ». Ainsi, un positif simili-s (thème en *-y), un
d'~ttestation courante. Exceptionnellement apparaissent speciës
(~Icéron, Tu~c. II, 52; Cod. Just. 1,2, 10), et spés (Plaute, Rud. 1145;
comparatif similior (thème en *-s), un superlatif ~imillimus (thème
en *-e/o), avec son féminin simillima (thème en *-ci) , mettent e.n jeu
Cicéron, Caill. III, 1ô), qui a supplanté le plus ancien pluriel de
la plupart des possibilités flexionnelles du latin. Une. telle . situation
thème en -s, sper-és (Ennius, Ann. 132; 410).
explique dans une large mesure le rôle de relais morphologique rempli
7. Génitif pluriel. Les formes ré-rum, dië-rum, sont analogiques en latin par l'adjectif, qui dans les processus analogiques a souvent
des types rosa-rum, domino-rum. Ces deux mots sont les seuls à servi de catalyseur. Il convient d'examiner de plus près les morphèmes
connaUre un génitif pluriel, les autres termes de la flexion en -ë utilisés pour obtenir ces « degrés de l'adjectif ». .
Il ne semble point que l'indo-européen ait connu une tripartition
pr.ésen~ant une ~aleur abstraite, peu apte à fournir un pluriel; de
fait, divers témOignages anciens soulignent l'absurdité qu'il y aurait régulière et cohérente : positif/comparatif/superlatif. Toute forme
à donner un pluriel à de tels mots.
adjectivale était autonome, et constituait de ce fait l'équivalent d'un
positif. Mais certains de ces « pos.itifs » comportaient un suffixe de
8. Datif-ablatif pluriel. Ici encore dié-bus et ré-bus sont les valeur particulière, proche de l'expression comparative ou ~uper:"
seules formes couramment attestées. Elles présentent une désinence lative. L'effort des langues historiques a consisté à associer en séries
se~blable à celle de puppi-bus, ou, dans les thèmes en -a, du type
tripartites cohérentes des adjectifs comportant des suffixes appro-
{Uza-bus (v. p. 172). De spës a existé, formé sur l'ancien thème en -s priés. A l'intérieur de ces séries, l'adjectif qui ne comportait point la
la forme sper-ibus (Varron, Ménippées; et Festus, 333). ., marque suffixale, et constituait la plupart du temps la base de déri-
vation des deux autres, est. devenu, au sens propre, un Il positif ll.

209
il
r
A. LE COMPARATIF comparatifs, 10 suffi':{c *-ero, *-l-ero, qui intervient seulement pour
former des adjectifs de valeur oppositionnelle, se référant fréquem-
Il n'a en latin de forme spécifique què lorsqu'il exprime la supé- ment à la position spatiale, et se groupant souvent en séries bipo-
riorité. L'égalité s'exprime lexicalement au moyen -d'adjectifs de laires : superusjin{erus; inlerusjexlerus; dexlerjsinisler; noslerjvesler.
forme positive (par, similis, etc ... ), ou d'adverbes (lam, aeque); Hors· de ces couples On relève des formations pronominales: aner,
l'infériorité s'exprime soit par le comparatif (de supériorité) d'un uler (cf. gr. 'ltb-'t"e:poç). Le seul suffixe utilisé par le latin dans d'authen-
adjectif exprimant le bas degré (in{erior, minor, etc ... ), soit par des tiques comparatifs est *-y6s, *-iy'15s (alternant parfois avec *-ys = -is:
adverbes (minus). mag-is). Il apparaît sous la forme. -ius au nominatir-accusatif neutre
Une langue comme le grec utilise pour exprimer la supériorité ({acilius, pulchrius, etc ... ), cependant qu'au genre animé il subit au
deux suffixes: *-ero, ou *-l-ero, de valeur oppositionnelle, qui carac- nominatif l'allongement prédésinentiel. Comme dans le type honor,
térise un individu par la possession exclusive d'une qualité dont les
autres sont privés (ainsi ~pG(xu-'n:poç signifie « court, à la difTérence
des autres », d'où « plus court »); et *-yos, ou, avec voyelle de transi-
11
lepor, le latin a étendu cette longue aux cas obliques, et a inversement
généralisé au nominatif r <s des cas obliques: maior, d'après maio-
ris <*mag-yos-es. Toute la flexion est dè.s lors semblable à celle du
tion, *-iyos, suffixe de valeur intensive, qui caractérisait un individu type lepor (v. p. 175).
par la possession d'une qualité portée à un degré éminent (ainsi Le suffixe *-yos, ou*-iyôs, s'ajoutait en règle générale au thème
accus. (Ji~(ù<*!Jly-yo(a)-G( signifie « grand à un degré éminent», d'où, de l'adjectif positif (prüdenl-ior, audac-ior, humili-(y)or), amputé,
par rapport à un autre, « plus grand »). A ces deux types de formation dans le cas des formes thémàtiques, de la voyelle -ejo (docl-ior;
du comparatif correspondaient initialement deux expressions syn- miser-ior). Parfois, l'adjectif intensif en *-yôs avait été tiré d'un
taxiques distinctes du terme à partir duquel s'opérait lIa comparaison. thème parallèlement ~ un autre adjectif, formé au moyen d'un autre
A la difTérence du grec, le latin n'a point utilisé, pour former ses suffixe. Ainsi, d'une même base * mag-, sont dérivés maior<* mag-
yos et mag-nu-s; de *prolc lD - (cf. prope<*proklD-e)sont parallèlement· il'i
1. Celle question a fait l'objet d'une étude fondamentale de E. BENVE- tirés propior < *proklD-iyos, et prop-inquos<*prokw-1}klDo-. A date il
NISTE (Noms d'agenl el noms d'aclion en indo-européen, pp. 128-143). De cette
étude ressortent les points suivants: dans un grand nombre de langues, indo-
historique, l'adjectif en -ior se comporte dans ces couples comme le
européennes ou autres, on constate que le terme servant de repère dans la comparatif de l'autre. A noter la forme sen-ior, tirée du thème sen-
comparaison peut être syntaxiquement exprimé de deux Caçons : au moyen des cas obliques de senex 1.
d'une forme casuelle déterminée (ablatif en latin; en grec, génitif-ablatif); Le latin pos.sède quelques adverbes comparatifs de forme remar-
ou au moyen d'une particule (latin quam, grec '9i) suivie de la forme casuelle
par ailleurs requise par le syntagme. De fait, ces deux types d'expression
reviennent à concevoir de façons très différentes le terme de la comparaison. 1. On notera certains faits de caractère anecdotique:
Tandis en erret que la première (ablatif latin, génitif-ablatif du grec) « sert à a) Certains adjectifs positifs ont pour comparatif ct superlatif des formes
évaluer la qualilé variable d'un objet par réCérence à un autre objet pris comme tirées d'une racine différente: malusjpeior, pessimus; mullusjplurës, plarimi;
norme immuable. (op. cil., p. 135), la seconde (usage d'une particule) revient parvusjminor, 'minimus. En face de bonus, melior, oplimus, mettent en jeu
à • articuler les deux termes d'une alternative sous la dépendance d'une expres- deux thèmes différents. De tels Caits évoquent le «supplétisme » (v. p. 267 sq.)
sion verbale indiquant la priorité d'un terme sur l'autre» (ibid., p. 148). En
d'autres termes (op. cil., p. 141), la construction avec cas suppose une qualité , dans la formation des temps verbaux.
b) Certains composés ont vu s'arrronter deux formes, l'une d'un.type normal
dans les composés (Irugiler, laniler, malevolus), l'autre présentant au second
intrinsèque, la construction avec particule « servant à contraster deux termes
mis en alternative par une inégalité extrinsèque ». Compte tenu de la valeur terme le su1t.xe *-nt- de participe (frugilerens, malevolens, etc ... ; voir F. BAD ER,
initiale des morphèmes * -y os et * -l-ero-, il est loisible de penser que le premier Les composés nominaux du lalin, p. 256 sq.). Le comparatif et le superlatif se
devait être en indo-européen accompagné de la construction casuelle, le second sont stabilisés parfois sous la Corme -enlior, -enlissimus: maledicenlior,' malevo-
de la construction disjonctive, avec particule. Le latin n'utilisant à date hisl.o- lenlior, ma'gniflcenlior.
rique, dans la formation de ses comparatiCs, que le suffixe * -yos, la répartition 1 c) Comme le comparatif d'égalité ou d'infériorité, le comparatif de supé-
riorité a tendu à recevoir une expression lexicale, au moyen d'adverbes plas,
ancienne sc trouve évidemment bouleversée. 11 demeure qu'aux deux consl.ruc-
tions latines (conservées en dépit d'une forma lion unique de comparatif) corres- magis, suivis de la forme positive de l'aqjectif. Dès le latin ancien, ce type
pond le même clivage de valeurs qui existait à date ancienne: on comparera existe pour les adjectifs en -ius (dubius), -uus- (arduus), -eus (idoneus), afin
les tours melle suauior • plus doux que le miel (qui, pourtant, est doux) "; ct d'év.iter des .comparatifs en *-iiyor,· *-eyor, *-uyor, qui pouvaient être insta-
ornalior quam decuil • plus orné qu'il n'eClt fallu» = • orné, alors qu'il ne Callait bles. Ce type périphrastique, qui a triomphé dans· les langues romanes, avait
pas '. dO. prendre de l'extension en latin parlé ct vulgaire.

210 211

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quable. Il est vraisemblaple, quelque réserve que l'on ait pu formuler suprë-mus, poslrë-mus, dérivés d'anciens adverbes en -e (type reclë);
(v. Ernout-Meillet, Dicl.élym. du lalin, s. v. magis), que mag-is dans summus<*sup-mo-s; primus = pélignien prismu (dérivé en
présente, à côté de maior, maius <* mag-y6s, une forme à vocalisme *-mo à partir d'un adverbe 'pri-s, comparable à gr. 7tpt-v). Hors de ces
réduit du suffixe; le dérivé magis-Ier .a entraîné la constitution d'une formes, qui ne répondent à aucun positif et ne sont point de vrais
forme minis- dans m.inis-~er. Par ailleurs, min~s, adverb~omparat~f superlatifs, -mo apparaît associé à d'autres morphèmes;
sur lequel on a refaIt mznor, ne comporte pomt le sufTlxe *-yos; Ii J.
. s'agit d'un ancien adverbe en -s, bâti sur le thème verbal de minu-o, 1. Dès l'indo-européen, une forme *-lo-mo (ou *-lomo-) existait
gr. Il-LVU-O-Wj ce thème vcrbal comporte au surplus l'infixe nasal-n- parallèlement à '-lero (v. E. Benveniste, Noms d'agenl, p. 144). Eil
(v. p. 286sq.), comme le prouve la comparaison avec gr.Il-ELwv, mycénien latin, *-lo-mo peut procéder d'une extension à partir de inlimus
mewijo à lire *meyw-i(s)-on. L'adverbe plüs, de son côté, pose un (= skr. dnlama~), formé par adjonction de *-mo au thème en -io-
. problème. Le latin archaïque présente des formes plous (S.C. des de gr. tVTO-Ç, lat. inlus, figés comme adverbes. De cette extension
Bacchanales); pleores (Cha nI des Aruales); plïsima (Festus, 222, 8), peuvent procéder ex-limris, ul-limus, op-limus, etc ... ; plus fini-limus
qui suppose une base .* plïs-. E. Benveniste a vu dans pleores la forme « situé aux extrêmes confins », d'où mari-limus (ces dernières fonnes
authentique d'ancien comparatif, reposant sur *plë-yos- (cf. skr. n'étant plus comprises comme superlatifs).
priiyab; gr. 7tÀdw<*7tÀ'Y)-Yo(cr)-oc); et dans *plïs- tin adverbe *plë-ys,
correspondant àun grec *7tÀELÇ refait en 7tÀe:LV. Quant à plous, il 2. Parallèlement à *-lomo, l'italo-celtique a connu une forme
représenterait un ancien substantif, reposant sur un th. Il* pl-ow-, *-so-mo (v. E. Benveniste, ibid.). Ce parallélisme *-lo-moj*-so-mo
alternant avec le th. l*pol-w- de gr. 7toMç (ou *pel-w- de got. {ilu).Un fait ressortir une équivalence *-so = *-10, que permet d'expliquer une
croisement entre plous et *pie-ys> *plïs- expliquerait *plois- de ploi- analyse *-(eJo)l-o, ' -(eJo)s-o- (thématisation de deux morphèmes
rume (C.I.J.,., 12,9), qui serait une forme mixte. Les deux thèmes plous actualisants, fournissant par ailleurs des noms d'action). La séquence
et *plois"' ont par la suite tous deux produit phonétiquement plüs.. *-so-mo- apparait en latin dans miiximus <* mag-so-mo-; pessimus
< * ped':'so-mo-; proximus <* proie tJJ-so-mo-. Ce type -somo a, de plus,
été généralisé dans les adjectifs en *-ro, *-ri, *-li (avec syncope de la
B. LE SUPERLATIF voyelle après sonante) ion a ainsi pauperrimus < *paw(o )-par(0)-
somo-; miserrimus < * -r(0 )-somo-; acerrimus < * -r( i )-somo-; humi/-
Le superlatif entretient dans un grand nombre de langues un limus <*-l(U-somo; simillimus (id.); plus, sur le thème de ueler-is
rapport étroit avec l'ordinal (v. E. Benveniste, Noms d'agenlel noms (assimilé au "type pauper-is), uelerrimus. En latin classique échappent
d'aclion', p. 144), ces deux catégories qualifiant l'individu qui dans une àce type nabil-issimus, ulil-issimus, qui ont subi l'influence du type
série occupe une situation extrême. Ainsi, gr. plytcrTOÇ « le plus grand» le plus courânt.
désigne celui qui occupe l'échelon ultime de la grandeur, co mine IllXOCTOÇ
3. A côté de l'intensif *-y~s, l'indo-européen possédait un « ordi-
désigne l'individu qui, s'ajoutant au neuvième, constitue dans la
nal » en *-is-lo- (indo-iranien *-is-Iho-, avec aspiration secondaire). k
dizaine le terme final. Cette parenté explique qu'une formation
ce type, illustré par gr. (J.&yLcrTOÇ, X!XXLcrTOÇ, etc ... , ' on s'atténdrait à
superlative ait parfois. prêté sa finale à des ordinaux . (a. fr. lreisme voir le latin répondre par *-is-mo- (que l'on il peut-être dans prImus
« troisième » emprunte sa finale à sainlisme<sanclissimum), ou
< * prisino·, si l'on doit analyser * pri-is-mo-). C'est peUt-être le
qu'inversement une finale d'ordinal soit devenue prQductive de mixage de ce type *-Îs-mo- avec *-so-mo- qui a produit la séquence
superlatifs. Ainsi, en grec, la finale -or.TO-Ç de ÜcrT-OCTOÇ procède de *-Îs-so-mo->-Îsslmus, la plus productive en latin : types docl-
l'extension de celle de Olxoc-Toçj et le morphème -TO- inclus dans le
issimus, Çludac-issimus, etc ...
type fort répandu -Lcr-TO-Ç est çelui qui se.retrouve dans TptTOÇ, OlxocToç.
De la même façon, le latin forme son superlatif'au moyen d'un mor-
phème *-mo,. résultant de la thématisation de l'affixe -m que l'on II. CONCLUSION GÉNÉRALE A LA FLEXION DU NOM
trouve dans seplem <*sepl-'!l; decem <*delc-rr.; d'où les ordinaux Au terf.lœ d'une étude détaillée de la flexion du nom en latin,
seplim-u-s, decim-u-s. Ce suffixe -mo apparaît, indépendamment de une remarque s'impose avec force: tout en conservant un certain
tout autre morphème, dans des adjectifs de valeur spatiale: exlrë-mus, nombre de traits caractéristiques de la flexion indo-européenne, la
212 213

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llexion latine du nom présente des innovations imporLantes, en péen posséùaiL ùeux Lypes llexionncls, le latin en possède un nombre
plusieurs ordres de domaines. Les principales sont les suivantes : considérable. L'habitude ayant prévalu de compter pour un type
Parmi les innovations déjà exposées, et 'que nous nous bornerons unique la flexion des thèmes consonantiques et des thèmes en
à rappeler, il faut mentionner, sur le plan des techniques flexion- *-y, on dénombre et enseigne traditionnellement cinq « déclinaisons ))
nelles, l'abandon à peu près total des alternances tonales et conso- en latin. D'un point de vue descriptif, quatre de ces déclinaisons sont
nantiques, accru d'une renonciation dans la plupart des cas aux déterminées par le timbre de la voyelle terminant le thème : -a/-a
alternances vocaliques. Par ailleurs, le latin, renonçant au duel, n'a (première déclinaison); -l/o- (deuxième déclinaison); -ii/-il (quatrième
conservé que deux des nombres initialement connus par l'indo-euro- déclinaison); -ë (cinquième déclinaison) . Quant à la troisième décli-
péen. II a, de même, procédé à une simplification de la flexion naison, elle admet à la fois des thèmes consonantiques et des thèmes
casuelle, pratiquant parfois des discrétismes, mais plus souvent des en -1; mais à de nombreux cas, l'évolution phonétique comme les
syncrétismes de cas. te système des six cas latins pousse au surplus interférences analogiques ont rendu indiscernables les deux types; et,
fort loin une tendance déjà amorcée en indo-européen : en raison de dans la conscience d'un usager latin, la troisième déclinaison devait
la polyvalence de certains morphèmes, et de l'homophonie de plusieurs essentiellement correspondre à un type dont le thème se terminait
cas, la clarté du système casuel repose sur une gymnastique de permu- par -i. C'est ainsi, en fin de compte, cinq timbres vocaliques diITérents
tations implicites, ou d'accords syntaxiques entre termes relevant qui correspondent aux cinq thèmes sur lesquels reposent les cinq
de paradigmes diITérents. déclinaisons. Mais cette situation constatée empiriquement est, comme
Mais l'étude détaillée des diITérents types flexionnels a fait on l'a vu, le résultat d'un profond remodelage, qui n'a bien sûr obéi
apparaître d'autres innovations importantes. En indo-européen à aucune finalité, et que, au départ du moins, la langue a passivement
s'opposaient seulement deux types flexionnels : le type thématique subi.
en *-e/o-; le type athématique d'autre part, incluant les thèmes à Une étude diachronique n'a d'ailleurs pas pour seul intérêt
consonne ou à sonante, avec, au nombre de ces derniers, les thèmes d'expliquer la genèse de l'état latin; elle aide aussi à comprendre des
en *-eIl 2 /-H 2 • Au terme d'une évolution complexe, la situation mani- faits d'un autre ordre, relatifs à la distribution dans les diITérents
festée par le latin apparalt toute diITérente. Une évolution phonétique types flexionnels du matériel lexical latin. Dans certains cas, l'appli-
normale a fait des thèmes en *-eH 2 /-H 2 des thèmes vocaliques (-a/-a), cation la plus naturelle des mécanismes flexionnels, et l'évolution
qui de plus, compte tenu du procédé de formation du féminin adjecti- phonétique normale, conféraient à un même mot, et selon les cas,
vai, se sont trouvés étroitement ~ociés aux thèmes thématiques. Il l'apparence extérieure de flexions diITérentes. Ainsi, des thèmes en -il
en est résulté en latin une série d'interférences analogiques entre ces tels que grils, sils, présentent des formes (suï, suum, suibus) relevant
deux types flexionnels, au terme desquelles les thèmes en -a/-a n,e apparemment de la quatrième déclinaison, cependant que d'autres
sont iJJus exactement des thèmes athématiques. (suem, suis, suës) relèvent apparemment de la troisième. Si les mots
Par ailleurs, la flexion athématique indo-européenne a en latin de cette série ont accepté cette "ituation ambiguë, d'autres ont réagi,
éclaté en plusieurs types. Outre le destin particulier des thèmes en et ont tendu à se donner un paradigme régulier. Ainsi, dans la série des
*-eH 2 /-H 2 , on constate un divorce, au niveau du moins des apparences, mots en -ës, et s'opposant au type sedës/sedls (v. p. 190), fidës, généra-
entre les thèmes en *-y et *-w; et, en revanche, un apparentement lisant à tous les cas la voyelle -ë, s'est fléchi suivant la cinquième décli-
étroit des thèmes en *-y avec les thèmes consonantiques. L'évolution naison. Parfois, au lieu de voir se généraliser un thème unique, on
phonétique est à la base de ce clivage, ultérieurement accentué par des assiste à la constitution de doublets. Ainsi c'est probablement à partir
interférences analogiques entre thèmes consonantiques et thèmes d'un type ancien plebë-s/pleb-ls (comme sede-s/sed-Is) que se sont
en *-y. L'unité ancienne du type athématique se trouve ainsi défini- constitués, par généralisation de chacun des deux thèmes, les types
tivement ruinée. Parallèlement à cette nouvelle structuration des pleb-s/pleb-is, et plebë-s/ plebe-ï. Nous avons vu aussi qu'à partir
types flexionnels hérités par le latin, il faut tenir compte, de surcroit, d'une alternance ancienne *-yeHl/-yHl> qui devait aITecter un même
d'un type de flexion en -ë, partiellement résiduel, mais dont les mot au cours de sa flexion, se sont créés, par généralisation de chacun
termes principaux sont venus d'autres flexions, et suivent un para- des deux thèmes, les doublets -yë/-ya (malerië-s/maleria: v. p. 206).
digme presque entièrement fabriqué par le latin. Il apparaît ainsi que le latin, langue qui avait dans une large mesure
Le résultat de toutes ces évolutions est que, là où l'indo-euro- aboli le procédé indo-européen des alternances vocaliques, a tendu_à
214 215
TABLEAU GI!:NI!:RAL DES FLEX IONS NOMINALES EN LATIN

CAS thèmes en thèmes en thèmes


'-dl- a - clo- consonnantiques thèmes en - y thèmes en -w thèmes"en -e

NOM. SING. familid domin-il-s, duTc-s,consul,ralio[n, ciur-s fruclil-s re-s, inalerié-s


magislcr < '- cr -0 -s, palcr, /cpos. , menl[r] - s > mens

VOC. SING. id. domin-e id. id. id. id. id. id.
magisler < '-cr-e

ACCUS. SING. familier-m < '-ii-m domin-u-m, duc-lm, consul-lm, ciur-m, parli-m, puis fruclii-ni 'rë(y)-m, d'oùrlm;
magislr-u-m. ralion-ëm < - '!1 ciulm, parUm maleril-m
paIr-lm, /epor-ëm

GEN. SING. familia - s, domin- ï ' duc-ls ,


ciur-s. parli-s -law-os > senahl-os . ré-ï;
puis -a-ï, > duc-Is; palr-fs, '-low-ls > sena/il-ls malerié-ï, d'où maleriei
d'où-ac. ration-fs, /epor ois ,
-lew-s > senalü -s (c1ass.) (parrois malerië)

DAT. SING. ' familiai, 'dominai, d'où 'duc-ei . ciu(ey) -ei > ciuï -lew-ei> scna/u-i ma/erië-I, d'où malerié;
d'où -ii (dialectal), -o. > duc-i; palr - ;:. ou malerië-;: d'où malerili
ou -ae(lal.class.) etc ...

ABL. SING. • familiii-s, 'domin-o-d, puis duc-l, pair-l, puppï-d > puppï; 'senalil - d > senalü 'malerië-d> malerië
puis-ti-d, -o-d, d'où /egenl-l; mais ciu-e
d'où familiii. domin-o. ou lcgenl-ï[d

NOM. PL: familias, 'domin-ôs. puis • dUC-es, 'ciue(y)-es > ciUëS fruclils 'rl(y)-ls > rës; diés
puis -ai, domin-oi, d'où puis duc -éS; etc ...
VOC. PL. d'où familiac. domin-ï.

ACCUS. PL. familias < '-if - ns. dominos < '-lI-ns 'duc-,!s> duc -ës; 'ciui-ns > ciUïS; , - u - ns > -{rue/ils 'rë(y)-ns >.rës;
elc ... puis ciUëS diyl(w)-ns> diës

GEN. PL. familiâ - rum domin-Jm, d'où • duc -Jm > duc-ilm; 'ciui-om> civi-um -low-om > fruclil-um rë-rum, dié -rum
<' -ii-sôm. -um; puis elc ...
dominô-rum
<'-ô-som.

DAT. PL. familiais, • dominois, d'où duc-Ibus, elc ... civi - bus -arcu - bus, ITIais rë - bus. dié - bus
d'où - Us. dominis. fruclibus

ABL. PL. id. id. id. id. id. id. id. id.
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date historique à éliminer un assez grand nombre de faits anomaux,


qui étaient le résultat de quelques alternances conservées.
Enfin, si le latin a tendu à régulariser ses flexions, ce souci de
régularité a parfois entraîné pour certains moLs un changement de
type flexionnel. Le latin en eITet s'est fréquemment fondé sur l'appa-
rence extérieure des mots pour leur imposer analogiquement un type CHAPITRE IX
de flexion senti comme plus simple et plus régulier. Ainsi, un mot
tel que spës, thème il sifllante, eût dû recevoir un accusatif *sper-cm
(c f. sper-are); à cette flexion imparisyllabique le latin a substitué une LES PRONOMS
flexion parisyllabique spë-sfspe-m, analogique de rë-sfre-m. De la
même façon, quiës <*quiel(i)-s, ancien thème en *-y, a été, au moins
en composition, assimilé à un thème en -ë; d'où accus. requie-m,
abl. requië. A des faits de ce genre ori doit annexer des faits d'ordre
un peu difTérent. Il est arrivé que, d'une flexion régulière, un mot soit Comme nous l'avons vu (p. 118), le terme de pronom remonte à
passé dans une autre flexion également régulière, mais plus pro- latin pro-nomen, lui-même calque de gr. &.v"t'-û.lvufLta « ce qui est employé
ductive. Ce passage s'observe essentiellement de la quatrième à la pour un nom n. En fait, la catégorie pronominale est hétérogène et
deuxième déclinaison, à partir de l'accusatif en -um, qui était commun comprend plusieurs classes d'éléments. Les grammairiens grecs ont
aux deux flexions. Il semble que le nom de la maison soit à traiter essentiellement désigné par &.v"t'û.lVu/J-taL les pronoms anaphoriques
à part, ce mot ayant dès l'indo-européen connu deux thèmes, *domefo- (&.vaqJopLxat) et démonstratifs (~e:tx"t'Lxat), qui reçoivent un contenu
(gr. M[Loç) , et *domu- (v. sI. domii, skr. dcimu-na~ = dominus); d'où, sémantique par référence à un substantif déjà exprimé, ou suggéré par
en latin, les deux flexions domu-s, -ï,et domu-s, -us. Mais c'est bien 'à le geste. Quant aux autres catégories que nous considérons comme pro-
un passage analogique à la deuxième déclinaison que nous avons nominales, tels les indéfinis (&.6ptO'"t'OL), les interrogatifs (~pû.l"t'"t)(J.IX"t'txlX(),
afTaire pour colus, -us « quenouille n, passant au type colus, -ï (Virg., les pronoms personnels (1t'poO'û.l7ttxat), elles sont pour eux distinctes
En., VIII, 409 : cola). On a de même, de lonilrus, -us, plusieurs attes- des &.V"t'û.lVUfLLaL C'est que sans doute, par ce dernier terme, les Grecs
tations d'un génitif lonilrï; de gelu, -us, un génitif geU chez Lucrèce ont compris à la lettre des mots reprenant et remplaçant un nom
(V, 205; VI, 156). Pour veru, -us « broche ", on a une flexion parallèle efTectivement exprimé dans l'énoncé. Mais la définition du pronom
verum, -ï dès l'époque de Plaute (Rudens, 1302-4); et, pour cornu, -us, doit être plus large, et se situer sur un plan fonctionnel: est pronom
une flexion cornum, -ï chez Ovide (Mélam., V, 583). De tels faits nous un élément non-appellatif, dépourvu dès lors de contenu sémantique,
enseignent que le latin ne s'est point borné à recevoir, au terme d'une mais assumant syntaxiquement l'une des fonctions normalement
évolution diachronique donnée, des types flexionnels séparés et figés, dévolues au nom, qu'un substantif exprimé dans l'énoncé serve ou
aITectés à des séries déterminées de vocables. Bien au contraire, chaque non de référence au pronom. Ainsi, dans les énoncés latins quis venil?
type flexionnel a vécu de sa vie propre; et, ne se sentant nullement ou libi gralias habeo, les pronoms quis?, libi, ne se réfèrent à aucun
prisonnier d'une genèse pour lui obscure, l'usager.latin s'est seulement substantif exprimé, mais remplissent des fonctions (sujet, régime du
soucié d'uLiliser ces types fl ex ionnels pour fléchir, dans les conditions verbe) que pourraient remplir des substantifs tels que paler, palri.
les plus clairs eL les plus économiques, le matériel lexical dont il di s- n est de plus il noter que le pronom ne peut, à la difTérence du nom,
posait. être prédicat (v. p. 121 ). La définition du pronom apparaît ainsi
comme éminemment négative: le pronom est dans l'énoncé un tenant-
lieu du nom, qui n'a du nom ni la plénitude sémantique ni la totalité
des fonctions. Le caractère négatif, et dès lors peu précis, de cette défi-
nition, explique que l'on puisse également appeler pronoms des termes
de caractère en fait dissemblable : entre les pronoms personnels,
anaphoriques et démonstratifs, indéfinis, relatifs, les difTérences de
valeur sont au moins aussi remarquables que les traits communs.

217
· Cette hétérogénéité fonctionnelle au sein de la catégorie prono- Les première et deuxième personnes engagent ainsi et associent au
mlI:ale rend compte d'une hétérogénéité semblable sur le plan morpho- procès exprimé les deux individus source et terme du discours, sans
logIque. T?us les pronoms connaissent, comme le nom, la catégorie lesquels tout acte de parole serait impossible. Elles peuvent de plus,
de cas. MaIs le genre, connu des démonstratifs et indéfinis à certains permuter dans le dialogue, le « je )J devenant « tu )J, et le « tu » devenant
« je )J. Il en va tout autrement pour ce que nous nommons « troisième
cas au moins, est inconnu dans la classe des personnels. Le nombre
n'a pas, .dans la classe des personnels, de réalité comparable à ce qu'il personne )J. L'individu désigné il la troisième personne, et que la gram-
est au nIveau du nom, ou des démonstratifs (v. p. 219). On est ainsi maire arabe nomme « l'absent )J, est exclu du dialogue entre locuteur
placé e~ face de la constatation suivante : au sein de la catégorie et interlocuteur. Parler d'un absent ne constitue aucun acte remar-
pronommale, une classe particulière, celle des pronoms personnels, quable, et un énoncé « il court )J, associant un prédicat à un sujet, est
est par sa structure, sa forme, sa valeur, radicalement distincte d'un immédiatement assimilable à « Pierre court », énoncé du type le plus
autre grou~e pronominal, constitué à partir des anaphoriques et banal. La troisième personne n'est donc pas une personne semblable
démonstr.atIfs,. avec le renfort des indéfinis et interrogatifs. Notre aux deux autres, mais bien plutôt, par rapport aux deux autres, une
étude dOIt éVIdemment tenir compte de cette bi-partition. non-personne. Ce statut de non-personne est dans les langues indo-
européennes anciennes masqué par le fait que le verbe connaît pour
la troisième personne une forme spéci fique; mais il apparaît nette-
I. LES PRONOMS PERSONNELS ment si l'on se rappelle que l'impersonnel, par définition étranger au
L~ verbe in~o~européen exprimant la personne-sujet au moyen
système personnel, voit dans les langues indo-européennes sa forme
de désmences specl fiques, le.s p~onoms personnels des langues indo- confondue avec celle de la troisième personne du singulier. Au niveau
européennes VOlent au nomma tIf leur emploi considérablement res- pronominal l'équation « troisième personne » = « non-personne» se
treint. C'est aux autres cas que leur rôle est le plus important. manifeste par l'absence de pronom de troisième personne non
Les pronoms personnels, qui ignorent le genre, connaissent en réfléchi.
revanche une catégorie étrangère au nom, celle de la personne, que Outre la catégorie de personne, les pronoms personnels connais-
c~n~aît également le verbe. Il faut toutefois se garder d'assimiler sent aussi la catégorie du nombre. Mais à la difTérence de ce qui se
hatIvement personne verbale et personne pronominale. Le verbe d'une passe dans le nom, le pluriel des pronoms personnels repose sur un
langue comme le français, pauvre en désinences, possède moins de thème totalement difTérent de celui du singulier. Cette curieuse situa-
personnes morphologiqu.ement distinctes .qu.e n'en comporte le pronom; tion s'explique elle-même à la lumière des relations de personne.
« Nous» en efTet n'est pas une collection de « je )J, mais correspond
mv.ersement, le verbe mdo-européen dlstmgue morphologiquement
troIs p~rsonnes, alors qu~ I.e pronom ne reconnaît un statut plein qu'à soit à « moi + toi + toi, etc ... )J, soit à « moi + lui, eux », associant
deux d entre elles (la trOISIème ne comportant de formes que pour le dans ce dernier cas, à la personne « je )J présente dans le dialogue, des
réfléchi). individus « lui, eux » étrangers au dialogue. De la même façon,
La catégorie de personne pose ainsi des problèmes délicats qu'a « vous» peut certes correspondre à « toi + toi + toi, etc ... », consti-
dan~ une large mesure clarifiés une importante étude 'due à E: Ben- tuant une collection de « toi»; mais aussi à « toi + lui, eux )J, associant
venIste (Slruciure des relations de personne dans le verbe. Problèmes de à l'interlocuteur des individus étrangers au dialogue. Selon une
~ingl1islique générale, pp. 227-236). D'un examen général des langues,
expression de E. Benveniste, « la personne verbale au pluriel exprime
Ii :essort que la personne ~st une catégorie linguistique à peu près une personne amplifiée et difTuse. Le « nous» annexe au «je )J une glo-
unIversellement connue, maIS qu'en de nombreux idiomes la troisième balité indistincte d'autres personnes )J.
personne est soit inconnue, soit traitée à part. Cette position en retrait On notera enfin une dernière particularité remarquable: au sin-
de la troisième ~~rsonne s'explique ,selon E .. Benveniste par son gulier des pronoms personnels, et, dans une moindre mesure, au plu-
caractère no~-posltIf. Employer dans 1 énoncé « Je cours» la première riel, le thème peut varier selon qu'il s'agit du nominatif ou des cas
per~onne revle~t à const~t~r une coïncidence entre l'auteur du procès
régimes. Pour le locuteur notamment, qui s'exprime à la première
et 1 auteur du dIscours qUI 1 énonce; employer dans l'énoncé « tu courS» personne, il y a une difficulté quasi insurmontable à considérer sous
une deuxième personne revient, de même, à constater une coïncidence le même aspect sa propre personne selon qu'elle est auteur du procès
entre l'auteur du procès et l'interlocuteur à qui s'adresse le discours. ou concernée de l'extérieur par le procès. Nous assistons dès lors dans

218 219
la flexion du pronom, à un phénomène de supplétisme, comparable obtenues par adjonction à ego (déjà abrégé) de diverses particules
à celui qui fait intervenir plusieurs racines distinctes dans la flexion d'insistance. ,
d'un même verbe (v. p, 268). A la deuxième personne, la forme la du latin correspond à gr. aU,
Compte tenu de ces remarques, le système des pronoms person- dorien -r6, et, avec ·particule *-efom, skr. lvdm. La longue du latin
nels latins s'organise comme suit: 10 A la première personne, le sin- s'explique par allongement du monosyllabe sous l'accent, comme le
gulier est bâti sur de"ux thèmes hétérogènes, cg8 (nominatif)lm&- prouve la conservation de .U dans le polysyllabe lUquidem.. L'indo-
(cas obliques); un troisième thème, n6s ou no-, fournit le pluriel. européen, hors du latin, ne connaît d'ailleurs aucune forme présentant
2 0 A la deuxième personne, le singulier est fourni par deux Lhèmes un Il aULhentique; et l'homérique ..D'I'tJ, presque toujours initial de
apparenLés (Iii ou le), donL les difTérenciations seront ultérieurement vers, procède d'Un allongement métrique.
expliquées; un thème difTérent, vos ou vü-, fournit le pluriel. 3 0 A la A la troisième personne, le réfléchi ne connaît aucune forme de
troisième personne, le rôle des formes non-réfléchies est tenu par des nominatif.
démonstratifs illc, islc, ou par des formes de l'anaphorique (cum,
cius, eLc ... ). Seul le réfléchi possède des formes authentiquement per- 2. Accusatü singulier. 'A la première personne, la. forme indo-
sonnelles : së, sibi, etc .. . , présentant la particularité d'être insensi- européenne paraît avoir été *me, conservé comme forme ,atone (fl.e)
bles au nombre, et de valoir indistinctement singulier ou pluriel. par le grec (qui s'est donné parallèlement . une forme tonique È!Jl,
Bien que la forme se ait en grec Ë < ·oFE: un correspondant approxi- empruntant au nominatif sa voyelle initiale); et par le skI'. mii,
matif, ' fonctionnanL comme réfléchi singulier (ou, aussi, notamment
chez Homère, comme anaphorique), il semble que l'afTectation de ce
en face, de la forme tonique m&m ("me + particule *-efom). A la
deuxième personne, la ·forme indo-eùropéenne était * te, conservé
thème à la troisième personne soit en grec ct ' Iatin un phénomène par le dorien -t-e; mais, un croisement avec le nominatif *lu ~ souvent
assez récent, le skr. svdyam, qui correspond à ces formes se, Ë, expri- produit une forme ·lwc, évoluant, en attique vers o~. La même f?rme
mant seulement le réfléchi des p'remière et deuxième personnes, à *lwc explique par ailleurs skI'. lva (atone) et lvam(tonique). A la tro~­
l'exclusion de la troisième. II 'apparaît ainsi que le pronom latin se sième personne,. pour le réfléchi, la forme indo-européenn'c deVait
est beaucoup plus un réfléchi qu'un pronom de troisième personne; être • se, que l'influence du type 'lwc a fait passer à * swe sur certains
et la situation observée en sanskrit laisse entrevoir un passé indo- domaines (gr. ~ <*oh; skI'. svdm, svii-yam).
européen où tout pronom de troisième personne était absent. Un tel En latin, aux troIs thèmes * me, * te, *.se (dans lesquels n'avait point
état apporte, à la doctrine de E. Benveniste, une dernière et remar- été introduit de -w- analogique), a été ajouté un morphème -d; d'où
quable illustration. les formes mëd, Ud, sëd,où la voyelle a de surcroît subi l'allongement
Ces précisions apportées, nous pouvons aborder l'étude des formes. caractéristique des monosyllabes toniques (v. p. 104). La consonne
-d a par la suite disparu en position finale après voyelle longue
1. Nomin:}tii singulier. A la première personne l'indo-euro- (v. p. 58), mais reste attestée dans des inscriptions. anci.en?es.
péen avait connu une forme ·og (attestée par hiLt. ule), alLernant avec ou archaïsantes (med sur la Fibule de Préneste; dans l'mscnptlOn
'eg (d'où vx. hl. alid. ile). C'est sur cette base 'eg- qu'a été formé ego, « de Duenos »; sëd dans le s.e. des Bacchanales; lëd chez Plaute, Asin,
attesté par le grec (Èyw) e~ le latin. En latin, la loi des mots iambiques 299). Cette consonne -d est sûrement un morphème distinct de celui
a très tôt fait sc généraliser la scansion ego; la forme iambique ego qui apparaît comme désinence à l'ablatif. II pourrait s'agir, selon
reste attestée chez Plaute (A.ul. 157; Gisi. 745), au temps forL d'un Meillet, d'une particule démonstrative *-( elo )d, de même valeur que
septénaire trochaïque. Parmi les auLres langues italiques, le falisque la particule *-elom qui apparaît dans skr. mlim, lvlim (v. ci-dessus).
présente une forme correspondanteeqo, tandis que le vénete mcxo Le vocalisme réduit de ces particules sc retrouverait peut-être dans
provient d'uncroisement (cf. got. mile) avec l'accusatif. La forme iiu les formes pronominales inanimées (quo-d, à côté de quo-m: v. p. 228),
de l'osque est mal expliquée. La forme ahcim du sanskrit comporte -m expliquant même, pour sa part, la singularité du type nominal
une particule .démonstrative ·-elam, donL le vocalisme réduit apparaît lemplu-m (v. p. 161).
peuL-être dans gr. Èyw-\l; et le thème ah- <*egh- représente peut-être
un ancien' egH-, dont le vocalisme plein· cgeH3 rendrait compte de 3. Géniti[ singulier. La comparaison des langues montre que
gr. ~w, lit. eg6. Notons enfin, en latin, les formes egli-mei, ego-pie, chacune d'entre elles a innové,' et il n'existait peut-être pas de Corme
220 221
indo-européenne pour le génitif des pronoms personnels. Le skr. On a ainsi skr. mal, tval, auxquels correspondent, avec allongement
utilise en cette fonction soit des formes mê, lë, qui sont en fait des de la voyelle dans des monosyllabes accentuées latin * mêd iêd
datifs *moi, *loi (v. ci-dessous); le grec s'est fabriqué, au moyen de (~laute, Casina 90); plus sêd (C.LL., 12, 62 et 2440) refait à la 'troi-
la désinence *-syo des démonstratifs, des formes (J.e:~o, (J.e:o, [Leu, [LOU, sleme personne sur le même modèle. Ces formes ont normalement
<*(J.e:-cryo; crO\) <*cre:-cryo; toutes dérivées du thème d'accusatif [Le:, (Je:. produit mê, lê, sê.
Quant au latin, il utilise, au terme d'une amphibologie syntaxique
(liber palris me! compris comme Il le livre du père de moi »), des . 6. Norninatil-accusatil pluriel. Le nominatif, d'emploi res-
formes mei, lui, sui, qui sont en fait des formes d'adjectif possessif tremt, semble avoir manqué en indo-européen; et les langues qui
au génitif. Il semble cependant qu'à date ancienne le latin ait, comme s'en sont donné un ont soit étendu en fonction de nominatif une forme
le sanskrit, recouru au datif pour pallier un génitif absent; et les d'accusatif, soit rebâti un nominatif à partir du thème d'accusatif.
formes mis (cité par Priscien), lis (Plaute, Miles 1033), doivent résulter C'est ce second procédé qu'illustre le grec 1j[Le~ç, ù(J.e:~ç< -e-eç.
d'une adjonction à *moi, *loi, d'une caractéristique -s de génitif Le latin utilise pour le nominatif et l'accusatif les mêmes formes
nominal. nos, vos, initialement atones si l'on en croit skr. nah, vah. Ces formes
sont en latin devenues toniques, d'où l'allongem~nt de la voyelle
4. Datil singulier. L'indo-européen a connu des formes pro- da~s ,le monosylla~e ~ccentué. Le pronom de troisième personne,
bablement atones 1re pers. *mefoi(gr. (J.O~, skr. mê); 2 e pers. *lefoi qUI n a pas de nomma tIf, ne connaît pas non plus de forme spécifique
ou *lwefoi, d'où gr. 't"O~, (jO~; skr. lê; 3 e pers. *sefoi ou *swefoi, d'où gr. pour le pluriel (v. p. 220).
(f)oL Pour la première personne, le latin présente encore une forme mi
< * mefoi, comprise, dans les tours mi pater, mi filï, comme un vocatif 7. Génitil pluriel. Les formes noslrum, veslrum, sont en fait des
anomal du possessif meus. fo~mes de po.ssessif, comprises comme pronoms au terme d'amphibo
Par ailleurs, certaines langues se sont donné une forme tonique à ogles syntaxIques. Elles reposent à la fois sur un ancien génitif en
partir du thème de nominatif ou accusatif, en adjoignant à ce dernier -um, sur un ancien accusatif, ou même sur une forme inanimée les
une désinence *-bh(e)y. Le sanskrit a ainsi une forme lûbhyam énoncés de type libri palrum noslrum (génitif); legi librum ves/rum
< * lu-bhy-efom, à laquelle répond en latin, au vocalisme près de la (accusatif animé); transeo mare nostrum (inanimé), étant également
désinence, libr < trb i < *le-bhei. Parallèlement à cette forme existe sus~eptibles de produire l'impression que nos/rum, veslrum, est un
srbr < * se-bhei; et ,l'osque l(ei, ombr. le(e, attestent des prototypes gémtIf de possession. Le latin a de même utilisé, en fonction de
identiques. génitif objectif, une forme veslri, noslri, ancien génitif singuiier du
On est dès lors surpris de trouver à la première personne mrhi possessif. Son extension en fonction de génitif pronominal doit pro-
<" mehei, forme correspondant à ombrien mehe et skr. mahyam céder d'amphibologies de même type.
< * me-hy-efom. On distingue mal sur quel morphème *-ghey, inconnu
par ailleurs, reposerait la désinence de ces formes; et l'on ne voit pas 8. Datif-ablatif pluriel. Ces formes, dans la plupart des. lan-
pourquoi la désinence de première personne aurait été au dépa.•t gues, paraissent procéder de réfections, notamment à partir du
difTérente de celle de deuxième personne. Il est possible que -hey résulte thème d'accusatif. En latin, de nos analysé no-s a été extrait un
simplement, dans la séquence * me-(b )he y ou * me-(b )hy-efom, d'une thèm~ artifici~l, sur lequel a été ajoutée une désinence *-bhey au
dissimilation sous l'influence de m faisant disparaître la portion vocalIsme plem, elle-même renforcée d'un -s probablement senti
labiale de bh. c~m~e marque de pluriel. On obtient ainsi * no-beis, et, parallèlement,
On notera enfin qu'une contraction de m'th! en mi entraînait en vo-bels (S.C. des Bacchanales), ultérieurement évolués en vobis
latin une confusion de cette forme avec l'ancienne forme atone nobis. '
issue de "moi.
9. Adjectils possessils. Ces formes peuvent être mentionnées à
5. AbIam singulier. Dès l'indo-européen, il était difTérent du la suite des formes casuelles pronominales, dans la mesure où elles sont
génitif (contrairement à ce qui se produisait pour le nom), et était dérivées du thème pronominal, et interfèrent parfois avec lui, notam-
formé au moyen d'une désinence -d empruntée aux démonstratifs. ment pour lui fournir artificiellement un génitif.

222 223
. - 1

Au singulier (c'est-à-dire si le possesseur est unique), les formes tratifs. Ils ont pour caractéristique fonctionnelle commune de tenir
luus, suus, peuvent reposer respectivement sur *lew-o-s ou *low-o-s lieu d'un substantif nettement déterminé, que ce dernier ait été, dans
(gr. 't'É(f)oe; ou crôe;); ·sew-o-s ou *sOw-o-s (gr. Mv ou (f)ov), les deux le cas · de l'anaphorique, déjà exprimé dans l'énoncé; ou qu'il se
vocalismes radicaux aboutissant en latin au même résultat phoné- . trouve, dans le cas du démonstratif, désigné du geste. Entrë anapho-
tique. Toutefois, si osque luvai « luae », suvam « suam », ne tranch.e rique et démonstratif la difTérence est moins de fonction que d'inten-
point, les formes de latin archaïque iouam (C.l.~., P, 12?O) ou soueLS sité; et, si l'on voit rarement un anaphorique (tel que latin is, ea, id)
(c suis» (ibid. 364) paraissent supposer le vocahsme plem du thème. se renforcer pour accéder à la valeur démonstrative, on voit fréquem-
On constatera par ailleurs qu'en face des f( rmes pronominales lé, së, ment un démonstratif, tel que latin ille, il/a, s'afTaiblir et fonctionner
reposant sur un thème sans w, les formes luus, suus, reposent sur dès lors comme anaphorique. C'est pourquoi dès l'indo-européen
des thèmes comportant w (sur son origine, v. p. 221). Seule une anaphorique et démonstratif se sont régulièrement constitués sur des
forme sis cc suis », attestée chez Ennius (Ann. 149), représente, sans . thèmes parallèles, la seule difTérence, formulée par E. Benveniste
w, ·sois <*se/-o-. (L'anaphorique prussien DIN et le syslème des démonslralifs in do-
A la première personne, et il la difTérence des deux autres, meus européens. Sludi Ballici III, p. 124), se ramenant au principe suivant:
<. me-yo-s paraît comporter un sufTixe adjectival • -yo. L'hypothèse « A chaque thème indo-européen de démonstratif, caractérisé par une
de Brugmann (l.F. 13, p. 148 sq.) dérivant cette forme d'un locatif valeur forte, une forme tonique, la voyelle thématique, la soumission
• mei est d'autant moins convaincante que le locatif d'un pronom au cas, au genre, et au nombre, peut s'opposer un anaphorique,
personnel est d'un emploi fort limité. . caractérisé par une valeur faible, la position enclitique, la voyelle -i,
Au pluriel (c'est-à-dire si les possesseurs sont multiples), les et une forme fixe indifTérente au genre et au nombre. » La forme
form es nos-ier, vos-1er (ensuite devenus vesler, v. p. 96), sont formées tonique, et la voyelle thématique individualisante, font ainsi du
par adjonction du suffixe oppositionnel *-lero- au thème *nos, *vos démonstratif un terme qui engage à part entière dans l'énoncé et
de l'accusatif, antérieurement à l'allongement de la voyelle dans le actualise pleinement le concept dont il tient lieu, l'anaphorique se
monosyllabe. Il est au surplus à noter que l'opposition meus/nosler, bornant à introduire une brève et discrète mention de ce concept.
luus/uosler, prend seulement en considération le nombre des posses- Comme exemple d'anaphorique ayant survécu en grec, on peut citer,
seurs, le nombre des objets possédés entraînant au niveau de chacune valant masculin, féminin, ou neutre, accusatif le plus souvent et
de ces formations des oppositions meus/meï; nosler/noslri; etc ... quelquefois datif, homérique et ionien [lLV; dorien VLV; cypriote tv
Le possessif de troisième personne réfléchi, suus/suï, est (comme le (selon Hésychius), auquel doit correspondre en latin im (i)u em) de
pronom së) insensible au nombre des personnes participant ~ la la Loi des Douze Tables.
possession. De même qu'il n'existe point de pronom non-réfléchi de A côté des démonstratifs-anaphoriques, une seconde classe de
troisième personne, il n'existe pas d'adjectif non-réfléchi; et l'on a pronoms indo-européens était constituée par les interrogatifs et
r ecours dans ce cas, pour désigner le possesseur, au génitif, singulier indéfinis, qui ont pour caractère commun de se référer à des concepts
ou pluriel, d'un démonstratif ou anaphorique (eius, illius, eorum, non déterminés, dont l'existence seule est postulée. Ainsi, dans les
i/lorum, etc ... ). énoncés grecs ~ÀOÉ 't'Le; (indéfini), et 't'le; ~ÀOe; (interrogatif), le même
pronom, sous forme tonique ou atone, se réfère d'égale façon à un
individu absent et non connu. Au niveau indo-européen, E. Benve-
II. LES ANAPIIOllIQUES ET DÉMONSTllATIFS, INDÉ-
niste a pu établir (ar/. cilé) que l'indéfini était construit sur un thème
FINIS ET INTEllnOGATIFS-llELATIFS
Outre les pronoms personnels, qui se situent à part, l'indo-
* le !Di_, atone et invariable; l'interrogatif sur un thème *" e/o-, tonique,
ID

fléchi, et sensible au genre. Le parallélisme de ces deux thèmes * k 1Di-!


européen a connu une abondante série pronominale, dont les éléments le lDe/o- met ainsi en jeu les mêmes critères distinctifs que le parallé-
constituants assument à date historique des fonctions diverses, mais lisme anaphoriques/démonstratifs ci-dessus exposé.
présentent à date ancienne assez de traits communs pour ê~re étudi.és En latin, une considérable évolution a modifié la situation, qui
ensemble. Il convient d'examiner d'abord les classes où Ils se dis- est la suivante :
tribuent.
Une première de ces classes englobe anaphoriques et démons-

224 225
A. INTERROGATIF-INDÉFINI, RELATIF. deux formes plus complexes ec-quis, quis-nam, où seul l'élément quis
reçoit des désinences. Une troisième forme, uler < •k 100-lero-s (gr.
Cette catégorie manifeste en latin une double innovation. La 7tO-'t"€:po<;, skr. "alara~, osque pulurus, dans pulurus pid « ul~rvue Il),
première consiste en l'extension il l'indéfini des catégories de genre continue une ancienne forme indo-européenne à suffixe opposItIonnel
et de nombre. L'introduction d'une opposition animé/inanimé peut "-lero-, et subit (sauf au génitif et datif singulier, v. p. 236), la flexion
être ancienne, et la distinction quis/quid du latin correspond en tout nominale thématique. 2 0 Indéfinis : quis, quae, quid (pronom), ou
point il l'opposition 'w;j-n[1> du grec. Quant à la distinction mascu- quis, qua, quod (adjectif), tous atones. Le pro~om vuis est ~sso.ci~ à
lin/féminin, qu'ignore le grec ('w; pour les deux genres), elle parait d'autres éléments dans quis-quis, quae-quae, qUld-qmd « tout mdlvldu
récente en latin, où l'on a il date ancienne des exemples de quis ou de indifTéremment », où les deux formes pronominales redoublé.es subis-
ses composés valant un féminin (Plaute, Cisl.; 695 : quis; C.I.L., 12, sent la flexion; ali-quis, -qua, -quid, « quelqu'un d'autre », pUiS « quel-
581 : quisnam; Ennius, Trag. 346 : ecquis). II est probable que la qu'un », où seul le second terme se fl.échit, et?ù le premier est co~stitué
distinction des genres a été introduite à travers l'emploi de l'indéfini par le thème non thématisé de alz-u-s; qUIs-que, quae-que, qUld-que,
en fonction d'adjectif pronominal, l'adjectif étant, plus que le où quis- seul fléchi, est suivi d'une particule * k lOe (gr: 't'€:) elle-même
substantif; sensible à la catégorie du genre . Quant à l'introduction indéfini~ « de quelque manière indéfiniment»; quis-pial?l, quae-piam,
de la catégorie de nombre, elle doit remonter à une époque nettement quid-piam, tiré avec la particule iam du thème de *quis-pe, *quid-pe>
plus ancienne, et apparaît en d'autres langues, comme le grec. quippe (= gr. 't"[7t't"€:<*k lO id-le lO e 1 ); qu/s-9~am, quae.-qua'}1, qu~d­
C'est sans doute l'introduction de la catégorie de genre qui quam, formé avec une particule -quam d ongme eIIe-m~me mdé~me;
explique la seconde innovation importante du latin, consistant à abolir quidam, quaedam, quoddam, formé sur le. thème du relatIf .avec adJonc-
la frontière fonctionnelle entre les thèmes "le lOi-/" le 10 0_, et à associer tion d'une particule -dam. II faut enfin signaler, de type dlfTérent, uler-
ces deux thèmes dans le même paradigme. La nécessité pour l'adjectif que, ulra-que, où le premier terme, seul fléchi, suit la flexion nominale.
pronominal indéfini de se donner au féminin une forme distincte du 3 0 Relatifs: le relatif simple qui, quae, quOd, est la forme fondamentale,
masculin l'a en efTet incité à utiliser la forme "l, lO eH 2-' féminin du On connaît des formes composées quï-vis, quae-vis, quod-vïs; quï-libel,
masculin "k 10 0 _ (interrogatif). L'interférence ainsi instaurée au fémi- quae-libel, quod-libel, il deuxième terme invariable (formes verbales
nin adjectival a pu aisément gagner le masculin, et les emplois propre- vïs, libel). La forme quis-quis utilisée comme relatif indéfini, de
m ent pronominaux. Ainsi est né en latin un paradigme fort mixte, où valeur généralisante « tout ~omme q~i », es~ la même que n~us ~vons
les deux thèmes" le lOi-/" le 100 _ s'échangent selon le cas, parfois encore le déjà signalée en son emplOI comme mdéfim. Les relatifs adJecllvaux
genre ou la fonction, cela notamment au nominatif et à l'accusatif. quii-li-s, quanlus, suivent la flexion nominale.
Cette situation assez confuse manifeste l'embarras de la langue devant Examinons à présent la flexion des formes de base
des thèmes pour elle synonymes, et sa difficulté à trouver à cette
pléthore de formes de nettes répartitions de fonction. 1. NOTllinalii sin!)ulicr aniTllé. La formation est très difTérente
Enfin, une troisième innovation, commune avec les autres langues selon qu'il s'agit de l'interrogatif-indéfini ou du relatif.
italiques, consiste en l'emploi en fonction relative de l'interrogatif-
indéfini. L'indo-européen ne paraît pas avoir possédé un pronom a) Interrogatif-indéfini. L~ forme mas~uline qurs <' Ir ~i-s,
strictement afTecté à la fonction relative, et les langues historiques se correspondant à osco-ombrien pIS, gr. 't"~C;, co.ntmue un }yp.e ~ncI~n,
sont procuré cet outil syntaxique en afTectant à la fonction relative Le latin n'a plus que des traces à date anCienne de 1 mdlstmctlon
des pronoms le plus souvent anaphoriques (gr. 0<;, ~, 0, skr. ya~, yâ, formelle masculin/féminin (v. p. 226), et utilise comme féminin la forme
yad); parfois interrogatifs-indéfinis (hittite, italique). Cette innovation "qulÏ-, de l'interrogatif" le "0_. En fait, un usage restreint le nominatif
essentiellement syntaxique n'a pas moins entraîné en latin, sur le plan
formel, la constitution de certaines formes singulières. 1. On notera dans quippe <' quid-pe < 'Ie "'id-le IDe, le traitement non
La classe des interrogatifs-indéfinis-relatifs comporte en latin un latin de '-Ietlle>-pe, associé à un traitement latin de "le~i-d>qui~. J?ans
assez grand nombre de termes, qui se ramènent toutefois, compte tenu grec 'rL1tT~ < 'T(ô-1t~ < '/c "'id-le we, on note pareillement un traitement. le IDI-d >
'T(Ô associé à un traitement -k"'e>-1t~, « éolisme » d'autant plus mattendu
de leur constitution, à une brève liste de formes fondamentales. On
que' le dialecte éolien traite par 't"~ la particule copulative' -le IDe . Voir M. LE-
peut énumérer: 10 Interrogatifs: quis, quae, quid (toniques), avec les JEUNE, Traité de phonétique grecque, §§ 26 et 51.

226 227
-L

quel au tour hypothétique si qua + substantif, les autres emplois . 4. Génitif singulier. Le latin présente une forme cuius, insen-
voyant triompher quae <·gua-i, forme de relatif analogiquement sIble au genre, et valant pour les trois fonctions de relatif indéfini
étendue à l'interrogatif indéfin.i. On a quelques exemples où ,cette et interrogatif. Elle apparatt dans l'Épitaphe des Scipion; sous l~
forme quae, devenue commune à l'interrogatif-indéfini et au relatif, a forme quoius (C.I.L., 12, 6). La scansion monosyllabique attestée
analogiquement entraîné un emploi de qui (relatif) at' masculin, parfois dans la poésie archaïque doit constituer un artifice métrique
notamment comme adjectif interrogatif (Térence; Eun. 824 : qui (synizèse), et la scansion la plus répandue (cüius, avec première
Chaerea?; Cicéron, Verr. 5, 6G : qui essel ignorabas; de même In syllabe longue par position) dénonce un yy intérieur géminé (expli-
Caecilium, 53). quant d'ailleurs la conservation de ce phonème). Cette forme CUiU8
(particulièrement importante dans la mesure où elle a sécrété une
b) Relatif. Les ùeux ,formes de masculin ct féminin reposent finale -ius, étendue analogiquement au génitif de nombreux pronoms)
respectivement sur ·kwo-f, k"'a-f, thèmes nus renforcés d'une parti.:. a reçu des explications diverses. '
cule épidictique -i, que l'on retrouve' dans gr. oln:ocr-t, "t'o\)"t'ov -t. Ces Celle qui consiste à poser au départ ·le wey-os (thème "k lDi_ au
formes, par l'intermédiaire d'une prononciation diphtonguée "k "'ai, vocalisme plein + désinence -os) ne permet d'expliquer -yy- intérieur
• k "'ai, ont abouti en latin classique à qui, quae, les formes osque pui, que comme une gémination facultative, et bute de plus sur le fait que
pai; ombrien poi, montrent que la constitution de ces thèmes remonte le vocalisme plein "klDei- (très rarement attesté) serait lui-même suivi
à l'italique commun. d'un vocalisme plein désinentiel (v. p. 199, la formation du génitif
des noms en -y). On a pensé aussi à voir dans cuius un ancien nomi-
2~ Accu,satil singulier animé. Aucune distinction n'intervient à natif singulier masculin de l'adjectif cuius, cuia, cuium « appartenant
cc' cas entre interrogatif-indéfini d'une part, relatif d'autre part. La à qui » (Plaute, Rudens 745; M ercaior 721; etc ... ), correspondant
mixité du paradigme apparaît pleinement, avec la généralisation du semble-t-il à gr. 7tO~OC;, -a, -ov; des tours de type cuius voltus adspiciiur?
thème '· k wi- ,pour le masculin, ·le "'0.- pour le féminin. Les formes aur.aient pro.d~it l'impression que cuius, exprimant l'appartenance,
quem <" k fDr-in,quam <" k "'a-m, , s'expliquent sans difficulté. étaIt un gémtIf. Il est cependant difficile, si l'on aborde la question
par ce biais, d'expliquer l'origine des adjectifs cuius, -a, gr. 7t0~0c;, -a.
à partir desquels on prétend expliquer le génitif cuius. L'inverse
3. Nominatii-accusatil inanimé. Il est caractérisé par l'ad-
consistant à voir en cuius, -a, 7t0~0C;, -a, d'anciens génitifs interprété~
jonction authème d'un affixe, qui peut être -m (dans quo-m, devenu
co.mme nomin~tif adj~ctival, rend probablement mieux compte des
conjonction), Ou -d 1 (que l'on retrouve dans ies démonstratifs Wu-d,
faIts. La solutIOn reVIent dès lors à poser, à l'origine de cuius, un
isiu-d, et peut-être les personnels: v. p. 221). Ce dernier a permis de prototype "lelDo-syo-s, combinant au thème *le 1D0- de l'ancien interro-
constituer, sur "klDi-, la forme ' qui-d de l'interrogatif-indéfini (cor-
gatif la désinence ·-syo des génitifs pronominaux, type gr. "t'o~o <·io-syo,
respondant à gr; "t'l[Il); et, sur • k "0-, la forme quo-d 2 du relatif. Il
skr. id-sya. La consonne finale -s serait dès lors une hypercaractéri-
est à noter que quod, forme essentiellement relative, a refoulé quid
s~tion de géni.t if. ~e traitement sy>yy, postulé par cette explication,
dans certains emplois d'adjectif indéfini, et 'notamment dans le tour
n a pas en latm d autre exemple (seul étant connu le type Numasioi >
si quod + substantif- inanimé.
Numerio, qui suppose la prononciation -siy-), mais serait (à côté de
On remarquera que le neutre du relatif, quo-d, ne fait point appel,
gy, ~Y, produisant yy) d'un type attendu. Le passage de oà il.
au nominatif, à la particule -i que comportent les formes animées
(q.UOLUS> cuius) peut s'expliquer, de son côté, par un emploi atone
qlii<·quo-i, quae<*qua-ï. Ce détail s'explique du fait que quo-d
faIsant du mot un enclitique, la syllabe quoi- se trouvant dès
est il la fois nominatif et accusatif, et que l'accusatif ne comporte lors intérieure. Sur tous ces points, voir M. Lejeune, n.S.L.
point (même au genre animé) la particule. XLIX, 2, p. 68 .

1. Ce délail paratl confirmer l'explication faisant de' -m de lemplu-m un ? Datif sin~ul.i~r. Le latin présente une forme quoi, encore
ancien affixe de valeur démonstrative. (v. p . 161 el 221). ?nselgnée ~ar QumtIlIen, et remplacée ensuite par cui; quoi devait
Z. Le m ain lien de 0 dans quod, contre 0 >u dans il/ud, islud, el quom> etr~, depUIS longtemps, un archaïsme graphique, où a avait été
cum, s'expliqua difficilement. On ne peut invoquer le caractère monosyllabo mamtenu comme dans salvas, servas (v. p. 159) après un élément
de quod (que l'on retrouve pour quom>cum).
1

228 229

i.
bilabial. La scansion classique traite quoi comme un monosyllabe conservé dans les emplois d'adjectif indéfini. Les formes de l'interro-
valant une longue; mais la scansion ancienne devait être dissyllabe, gatif et du relatif renforcent cette forme au moyen de la particule
et une forme quoiei est encore attestée dans C.I.L., 12, 11 et 583. Elle -i (v. p. 228), d'où *qua-i>quae. On voit mal la raison de cette
a probablement été refaite sur le génitif, à un stade où * le "'o-syo-s adjonction, -ï n'apparaissant ni au neutre singulier, ni au pluriel
avait produit *quoyyos, analysé *quoyy-os; d'où, au datif; *quoyy-ei; animé.
voir M. Lejeune, loc. cil.
10. Génitii pluriel. Les formes quôrum, quiïrum, reposent sur
6. Ablatii singulier. Les formes quô, qua, communes au relatif, le thème * le "'o-/le "'a-, et sont formées comme dominôrum, rosarum.
à l'interrogatif, et à l'indéfini, reposent sur *quod, *quad, et corres- Plaute présente (Trinummus 534) une variante quoium (autre leçon:
pondent aux formations nominales dominô-d; rosa-do cuius), qui, si elle est authentique, est refaite sur le singulier quoius.
Une autre forme, qui, attestée à date ancienne comme relatif
(notamment àssociée à cum, d'où quicum « avec qui »), subsiste à date Il. Datif-ablatii pluriel. Le latin a connu deux séries de formes.
classique au nèutre devenu adverbial notamment en des tours tels que Du thème * le "'i- a été tirée une forme qUI-bus, valable . pour les trois
qui polesl? (Cicéron, Acad. 2,100), qui (il? (De Fin., 2, 37; etc ... ). Elle genres; cependant que, sur le thème * le "'o-/le "'iï- étaient formés un
peut reposer sur un *quid, dérivé de *le"'i- (cL le type nominal puppid) masculin et neutre * quois, un féminin * quais. Ces deux dernières
comme quo[ d l'est de * le "'0-; on a songé aussi à y voir un ancien ins- formes ont uniformément produit quis (cf. dominis, rosis), qui est
trumental * le "'i dont la longue aurait été analogique du type nominal resté employé surtout chez les poètes et des prosateurs archaïsants, tels
aralrô (v. p. 163); une graphie ancienne quei paraîtrait supposer un que Salluste, Tacite; Cicéron toutefois l'utilise aussi, notamment dans
locatif * le Wey-i, mais peut être artificielle. Associée à la négation ne, sa correspondance (Aiiicus X, 11, 3; Familières XI, 16, 3; etc ... ).
cette forme a produit * qui-ne, d'où quin. Le recul de qu is devant quibus, qui s'est généralisé, s'explique proba-
blement par la préférence d'une forme dissyllabe.
7. Nominatii pluriel animé. On a quelques traces d'une forme
quës<*le"'ey-es (S.C. des Bacchanales), mais les formes issues du B. ANAPHORIQUE ET DÉMONSTRATIFS
thème * le W o- ont très tôt prévalu pour les trois fonctions de relatif,
interrogatif, indéfini, On obtient ainsi qu i, quae, issues de * le "'oi, L'indo-européen paraît avoir connu un assez grand nombre de
le "'ai, avec les désinences démonstratives -oi, -ai, introduites secon- thèmes pronominaux de valeur déictique, classés en anaphoriques
dairement en latin dans la flexion nominale (*dominoi, *rosai: v. et démonstratifs selon le principe exposé p. 225. .
p. 163, 170). Les formes osques masculines pus, féminin pas, manifes-
1. De la série anaphorique, le latin, n'a retenu qu'un pronom
tent inversement l'extension au pronom de désinences nominales
de thème * i-, correspondant à gr. t-v (cypriote, selon Hésychius),
-ôs<*-o-es, -as <*-a-es (v. p. 163 et 170). et skr. accus. im-am (avec particule -am: v. p. 221). A ce thème *i-
8. Accusalii pluriel anÏIné. Les formes quos <* le wo-ns, quàs (représentant * HlY-) correspondait par ailleurs une forme « démons-
<*le"'a-ns, ne présentent aucune difficulté, et sont tirées du thème trative )) obtenue par thématisation (* H1y-o-, d'où *yo-, thème du
relatif grec oc;, -Ii, 15, skr. ya~, ycî, ydd). Une troisième forme comportait
* le "'o-/-a.
à la fois voyelle thématique et vocalisme plein du radical : • H ley-o-,
9. NOIllinatii-accusalii inanimé. Le pluriel neutre de * le "'i- d'où latin *eyo-. En latin, les deux thèmes *i- et *-eyo- permutent
était dès l'indo-européen une forme * le wi-I1 2 , devenant en grec * le "'y_a, dans la flexion de l'anaphorique, dont le paradigme présente ainsi
d'où * O'O'CI:, que l'on retrouve dans âO'O'CI:, att. &'t"t'C( (pluriel de OC; 'nc;, () 'n), une forme mixte. Dans le détail, les faits sont les suivants:
et dans une forme indéfinie fÎ.0'0'C(, obtenue par fausse coupe à partir a) Le thème *H1Y->I- explique la forme i-m de la Loi des
d'énoncés type *llwpCl: O'aC( coupé Ilwp' èlO'O'C(. A cette forme correspond X II Tables, attestée aussi dans le même texte sous forme em (cf.
en latin quia, très tôt devenu conjonction, et conservé à date histo- quim>quem). Cette forme d'accusatif singulier, correspondant à
rique en cette seule fonction. Quant au pronom * le "'0_, il avait norma- gr. tv, skr. im-am, est ancienne, et c'est sans doute à partir d'elle
lement pour pluriel neutre une forme * le w (e)H 2 ; d'où latin qua, qu'ont été refaits le nominatif masculin singulier i-s, et le nom. acc.

230 231
neutre i-d (avec l'affixe -d rencontré déjà dans quo-dl. La forme i-bus, quant l'insistance, et que l'on retrouve dans prT-dem, qui-dem, etc ...
conjecturée par Vossius pour Lucrèce II, 88, repose aussi (si elle Son origine n'est pas clairement établie.
existe vraiment) sur ce thème r-. Le pronom ipse a subi un sort dilTérent. Le nominatif masculin
singulier est obtenu par adjonction, au thème nu de i-s, d'une parti-
b) Sur le thème ~ H1ey-o- > *e(y)o- reposent des formes fléchies cule -pse, marquant comme -dem l'insistance, et d'origine tout aussi
selon le paradigme thématique des noms: accus. masc. sing. eum < mal établie. A date ancienne, -pse se comportait comme un invariant,
*eyo-m; ab\. sing. masc. et neutre eo < *eyo-d; accus. masc. pl. seul le thème i- subissant la flexion; d'où féminin eif-pse (Plaute,
los <* éyo-ns; gén. pl. masc. et neutre eorum; nom. masc. pl. ei < Curc. 161); accus. eum-pse, eam-pse; etc ... Par la suite, ipse et son
*eyoi, devenu phonétiquement ii,' puis il; ,'dat. abl. pl. masc. et féminin ont subi la Uexion de is-Le (lui-même ancien « composé II de
neutre i!ïs <*eyois, lui aussi passé à lis, puis , Ts., A ce thème *eyo- is.' v. ci-dessous); d'où au nominatif fém. ipsif, neutre ipsum (et
correspond normalement un collectif *eyo. > ea (nom. acc. pl. neutre)2; non *ipsud, l'emploi souvent adjectival du mot ayant sans doute ,
et,au féminin, une forme * eya, qui explique nom. sing .. eo.; accus. contribué à lui conférer la forme du neutre nominal, type lemplum);
1
1

eo.m; abl. ea < * eyad; nom. pl. eaC < * eyai; accus. eas; gén. pl.
e6.rum; abLpl. eis <* eyais, devenu ensuite iis.
accus. masc. ipsum, fém. ipsam. Le pluriel est de même ipsi, -arum;
ipsae, -arum. D'après ipsum ont été parfois refaits, au singulier, un
~ 1

c) Un troisième thème a èxisté; * H1éy-, que l'on retrouve dans nomin. masc. ipsus (Plaute, Pseudo 1142; Térence, Hécyre 455; etc ... );
skr: e-bhy.6.~ (instr. pl.), mais qui doit être une forme mixte (degré un génétif ipsï (Afranius, 230 de Ribbeck); plus tard un datif ipso
plem radIcal, absence de voyelle thématique). Ce thème explique (Apulée, Mélam . X, 10); ces deux dernières formes n'ont cependant
sans doute dat. pl. i-bus (Plaute, Miles, 74). On peut aussi songer jamais concurrencé sérieusement ipsius, ipsT, génitif et datif de
à expliquer - à partir de lui le génitif singulier des trois genres, eius, type pronominal (cf. isle).
qui serait dès lors un ancien -ey-syo-s (cf. cuius <* lcWo-syo-s). Mais
eius (scandé ëius = ' eyyus, ou eluS par artifice métrique chez les 2. Les démonstratifs. L'indo-européen a possédé de multiples
Comiques) peut avoir été analogiquement refait sur cuius, le pro- thèmes démonstratifs, dont le latin ne présente pàrfo.iS- que des
nom is servant fréquemment de corrélatif au relatif. Le datif singulier traces. Ainsi, le thème i-eur. *so-, fém. *s6.-, sur lequel repose l'article
ei ne peut reposer sur *ey-ei, qui doit passer à *ei comme *civey-ei grec 0, ~, n'est plus conservé en latin que dans acc. sing. masc. sum-pse
passe à civei (v. p. 200); et la forme eiei de C.I.L., 12, 583, ne saurait (Plaute, Truc. 160); sum (Térence, Phorm. 1028); fém. sam (Ennius,
être une forme ancienne. Il s'agit en fait d'une graphie archaïsante Ann. 219); acc. pl. sos, sas, cités par Festus; plus les formes adverbiales
pour ei pron6ncé 'eyi, refaite sur eius' comme quoiei > cui l'a été si <*sei, sTc <"sei-ce, anciens locatifs. D'autres démonstratifs indo-
sur cuius (à moins que ei n'ait été directement refait sur cuT, comme européens, le latin n'a conservé de trace que dans des adverbes. Ainsi,
eius sur cuius). De fait, la scansion eT (Plaut.e, Aulul. 13; Lucrèce, les formes lum, Lam, peuvent continuer le thème * 10-, lii.-, qui fournit
III, 554) présente la même syllabe initiale longue que le génitif, l'autre les cas obliques de l'article en grec ('t'6v, TIjv); dum, de même, peut
scansion des Comiques, CL; devarit constituer un artifice métriqu.e. continuer un thème apparenté *deJo-, et nunc <* num-ce le thème
On iriterprète la scansion cla~sique i!T comme analogique de la, la. *neJo- (ancien *H1n-eJodont le degré plein ·}Jlen-eJo- se trouve dans
La Uexion de i-s, ea, i-d, explique aussi la flexion du pronom gr. b<.e:i:voç <*È-xe:-e:vo-ç.
idem <' is-dem, fém. eo.dem. Le neutre LderT:! ne saurait reposer sur En indo-européen, à ces thèmes ainsi mentionnés, correspondaient
• id-dem (dont la géminée serait· maintenue après voyelle brève), des formes non fléchies, équivalant à des «particules )l démonstratives.
et .doit peut-être s'analyser L-dem , avec thème nu du premier élément. Ainsi, à côté du thème fléchi *deJo-, a existé une particule -de (gr. 5-ae:);
La flexion des trois genres est o~tenue à tous les cas par adjonCtion à côté de • Hln-eJo- a existé la particule ':'ne (gr. thessalien 5-ve:); à côté
aux formes casuelles de .is,· ea, d'une particule invariable -dem, mar- de *ieJo- a existé -le (lat. is-le, et peut-être gr. o-'t'e: « quand ll); à côté de
*lceJo- (entrant dans la composition de gr. Èxe:i:voç<*È-xe:-e:voç) a existé
I. Une forme à -s fibal, eis ou ecis, est épigraphiqucment attestée (C.I.L., -lce (lat. ec-ce). De même, à côté de *seJo-, a dû exister ·-se.
P, 40'2; 581; 582). Elle s'explique comme le type nominal Ru/eis (v. p. 163). Contrairement aux anaphoriques, de valeur alTaiblie, les démons-
2. La forme ed peut cependant provenir d'un abrègement iambique; ct
c'est une forme -ed < . eyd (H ley-eH 2) que l'on trouve dans les loeu Lions poly- tratifs ont pour rôle d'insister fortement sur la présence elTective
syllabes ïnler-ed~ praelered, anled. et réelle d'un objet sur lequel est attirée l'attention. Cette valeur

232 233
--- f

explique à la fois, en indo-européen, l'usage de la voyelle thématique être aussi, avec un a « populaire », al-ter, al-ius. Quant à la géminée
individualisante; et, dans l'évolution diachronique ultérieure, une -U- de ille, elle peut provenir en principe de groupes consonantiques
double tendance : a) au renouvellement des thèmes pronominaux -ld- (cf. peU 0 < - pel-d-o), -ln- (loUa < -lolno), ou -ls- (velle < - ve/-
(ainsi, nous l'avons vu, le latin conserve peu de purs éléments indo- se); chacune des particules démonstratives -de, -ne, ou -se (v. p. 233),
européens); b) au renforcement des thèmes existants, comme le peut dès lors être invoquée comme adjointe au thème o/-,.sans que, en
montre en grec l'accumulation de thèmes démonstratifs dans &-xe:~voç; l'absence d'attestations suffisamment anciennes, le choix du linguiste
ou le renforcement du thême par des particules démonstratives dans puisse se fixer sur l'une ou l'autre.
o-Se:, 6-ve:, o-u-roç, etc... En latin, les deux tendances se vérifient La flexion de isle, ille, appelle les remarques suivantes :
pleinement.
Les trois principaux démonstratifs latins sont hic, haec, hoc; 1. Le génitif singulier islius, illius, est analogique de cuius. On
isle, islèi, islud; ille, illa, illud. On enseigne parfois que hic est le connaît aussi à date ancienne un 'génitif isli: dans isli:-modi, qui a pu
démonstratif de la première personne (hic liber « mon livre »); isle s'étendre analogiquement au tour féminin isliformae (Térence, Héaul.
celui de la deuxième personne (isle liber « ton livre »); ille celui de la 382); il n'est point nécessaire dès lors de supposer une syncope is-ii(u)s,
troisième (ille liber « son », ou « leur livre »). Cette présentation des suivie, devant consonne sonore (ce qui n'est point le cas de (-, dans
faits, à la rigueur acceptable pour la traduction, est linguistiquement formae), d'une disparition compensée de -s; et cette forme isli: peut
erronée. Non seulement les démonstratifs latins se bâtissent sur des plus simplement représenter un génitif en -i de type nominal (domini).
thèmes étrangers à ceux des personnels, mais leur emploi procède C'est peut-être le croisement entre isiï et islius qui explique les scan-
de considérations difTérentes. Leur opposition se fonde sur un critère sions islius, iUius, attestées chez les poètes anciens.
de localisation spatiale (le démonstratif, pronom qui montre, situe
2. Les datifs singuliers isli:, illi, peuvent résulter eux aussi de
dans l'espace l'objet montré); et ainsi, selon que l'objet montré est
l'analogie de quoiei > cui (v. p. 230).
proche du locuteur, éloigné de lui, ou à distance moyenne, trois
pronoms difTérents sont utilisés. L'assimilation de l'objet rapproché 3 . A l'exception du nomin. masc. sing. isie, il/e, toutes les autres
à un objet intéressant la première personne; l'assimilation de l'objet formes sont bâties sur de.s thèmes - isio-r isia-; * illo-r illa-, et suivent
éloigné à un objet du ressort de la troisième personne, etc .. . , ne sont dès lors la flexion nominale des thèmes thématiques ou en -a-. Les
que des corollaires de la valeur localisante de ces pronoms. formes de ce type tendent à produire un datif isia, isiae; illo, illae,
déjà attesté chez Plaute (Siichus 560; Truc. 790), et qui se répandra
Du point de vue morphologique isle est la forme la plus claire.
en latin vulgaire.
Correspondant à ombr. eslu, elle résulte de l'adjonction à is (nomin.
masc. sing. de is, ea, id) de la particule démontrative -le (v. ci-dessus). 4. Une particule -ce, ou, par apocope, Oc, s'adjoint facultative-
Initialement (comme dans ea-pse, eam-pse; et gr. -r6v-Se:, -roG-Se:) la ment à certaines formes fléchies, illustrant la tendance des démons-
flexion devait concerner le premier terme seul. Mais dès les plus tratifs au renforcement. On a ainsi, avec -ce, isiius-ce, illius-ce; et,
anciens textes les indices casuels ont gagné la finale du mot, laissant avec -c < -ce, isiiic, iUiic < - islud-ce, il/ud-ce; isiunc, isianc; il/unc,
subsister à l'initiale une forme figée is-. illanc < * oum-ce, -am-ce; etc ...
Le démonstratif ille, dont le paradigme est en tout point sem-
blable, apparaît comme plus obscur, mais sa formation doit être 5. Au nominatif singulier féminin, en face des formes simples
analogue. On connaît par Varron une forme ancienne ollus, dont islèi, illa, on a les formes renforcées isiaec, il/aec, où la particule -ce
les cas obliques sont attestés chez certains auteurs (Ennius, Ann. est elle-même renforcée et précédée par -i- déictique (cf. qui <* k IDO-l).
307 : ollis; Cicéron, De Leg. II, 22: allas; etc ... ) et ont pu produire,
par évolution devant -U- (palatal), illis, illas. Elle permet peut-être Le pronom Mc, haec, hOc, est par sa formation et certains aspects
de reconnaître au premier terme de ille un thème 01-, qui aurait pu de son paradigme diITérent des deux pronoms précédents. L'jndo-
produire par ailleurs les formes ul-lerior, ul-limus, ul-lra 1; et peut- européen paraît avoir possédé parallèlement un démonstratif théma-
1. On a proposé aussi de rapprocher lJlim, mot de forme peu claire, dont la
tique * gho- (qui apparaît sous forme figée au premier terme de lat.
longue ferait de surcrott difficulté. hO-dië, falisque foied); et un anaphorique * ghi, qui apparaît dans skr.

234 235
hi cc c'est un fait, assurément ll, et fournit au. grec la patticule affirma- cc composés» ne-uler cc nul des deüx»; uler-que «"l'un. ct l'autre »; aller-
tive de vcd-Xt cc oui da l». C'est ce thèm~ * ghi sans désinence que l'on uler (( l'un ou l'autre »; uler-vïs cc celui des deux que tu veux ll.
trouve en latin dans nom. masc. sing. Mc <" glzi-ce (la scansion longue
hïc, parfois attestée, est analogique de hoc = ho cc : v. ci-dessous). b) Certains adj edifs se son t vu . sémant~quemen t a tti~er dans
Toutes les autres formes reposent sl,1r.le thème "gho-, féminin" gha-, l'orbite de certains pronoms, et ont subI analogiquement leur mfiuence
dU démonstratif; et, il l'exception de gén. sing. huius, dat. sing. /zuï-c morohologique. Ainsi ünus CI un », qui deviendra en plusieurs langues
(analogiques de cuius, cu ï), les cas obliques suiv ent la flexion nomi- ron.anes un article' indéfini, et voisine avec quisque dans'le composé
nale des thèmes' thématiques ou en -a. Les formes casuelles sont unus-quisque, a reçu de ce fait certaines désin~nc.es d.e ~uis; d'où. les
renforcées par la particule -ce à l'accus. sing. (hun-c, han-c); au datif formes de singulier génitif.ünius, datif ünï. Le dimmutif .ullus. <"oma-
singulier (hu ï-c) ; . à l'ablatif singulier (hoc, hac, issus de "hM-ce, lo-s, et sa forme négative nüllus, reçoivent les mêmes désinences:
* had-ce). Aux autres cas obliques , la particule est facultative (lzuius
aénitif ullïus nullïus; datif ullï, nullf. Par extension, ünus (au sens de
et huÎus-ce; h6s, has, · et hos-ce, has-ce , etc .. . ). Quant au nominatif, ~ unique ll) ; été rapproché de sôlus , et:a analogiquement commu-
jusqu'ici réservé', il appelle les remarques suivantes : 1 0 Au neutre
niqué à ce mot des formes homoI6gues~0Iïus, soli.... ID' ••
singulier apparatt l'affixe -d, suivi de la particule -ce. On obtient ainsi De son côté alius cc un autre ", associ é au thème le L- dans ah-quLs,
.. ho-d-ce > * hocce >" hocc > /zoc. La prononciation hocc explique, avait dû connaître anciennement des groupements de type" ali-s qui-s
devant initiale vocalique du mot suivant, la scansion longue de Plaute (cf. gr. I/XAoC; T~-;), neutre "ali-d qui-d (cf. gr. &ÀÀo[1) T~[I)), qui avaient eu
(Adelphes 707; etc ... ), et, par imitation, de poètes ultérieurs (Virgile, pour efTet de conférer au neutre adjectival l'affixe -d ~u prono~. La
En., II, 554; Horace, Sal., .II, VI, 1; Properce, III, 18,21). Le main- forme ali-d est efTeclivement connue dans la poéSie archalsante
tient du timbre (5 de la voyelle s'explique peut-être par l' analogie de (Lucrèce, l, 263; 1115; etc .... ), mais a cédé ensuite le p~s .n. la form?
quOd (dont illud est .cependant un corrélatif tout aussi fréquent). thématisée aliud = gr. &ÀÀo [0 <: "&'À-yol). Les mêmes aSSOCw.tlOns.., ont du
2 0 Le no'm inatif féminin singulier haec repose sur .. ha-ï-ce; comme le être responsables de l'extension au génitif et datif des for~es en-ïus et-ï
neutre pluriel (où la particule -ï-, étrangère il Îsla, illd, ne s'explique pour les trois genres. l''-u génitif, la form.e al~us est e~ecb~er;tent att?s-
pas plus que dans quae: v. p. 231). Le latin ancien connaissait une tée, mais, trop peu dlscernable du nommatrf mascuhn afLUs,. elle a .eté
troisième forme /zaec, celle de nomin. fém . pl., issue de "hai-ce et sans remplacée dans l'usage par aUeI'ï~s. De même, le d~bf aiL ï eût été
particule -ï- (*hai > hae comme *rosai > rosae). La langue a, pos- indiscernable de masc. nom. pl. alLï, et a été elle aUSSl remplacée par
térieurement à Plaute, renoncé à cette forme au profit du simple hae, aUerï .. Le pronom aller, allera, a été ainsi à son tour afTublé à ces
sans doute afin 'de réduire les risques de confusion. formes de désinences pronominales.
La forme de datif pluriel hïbus, lue en quelques passages (Plaute, .. Enfin, 'les pronoms signifiant cc tout» ont pu sub.i r eux aussi
Curculio 506; Varron, Lingua Latina VIII, 78), comporte peut-être l'in'fluence analogique d'indéfinis comme quisquis, qUlsque c( t~ut
un h- graphique (cf. humerus), et recouvre dès lors ïbus de . is, ea, id individu qui ... , chaque ll. Ainsi, lolus, lola, con?att des formes de Sl~­
(v. p. 232). II serait au surplus difficile, à partir des thèmes "ghr- gulier génitif 'lolius, datif lolï. Il est à ce sUjet surprenant de v?lr
ou * ghiJ-( dont seraient normalement tirées des formes "glzL-blzo- , oriwis (dont le datif singulier était de toute façon omnï) ne 1?0I~t
.. ghO-bho~)i d'expliquer -ï-. recevoir un génitif "omnius, et cela d'autant plus que cet adJectrf
Notons pour finir que la flexion des interrogatifs-indéfinis, ct des était par ses emplois plus proche de quisque (même si l'on peut soup-
démonstratifs-anaphoriques, a parfois communiqu é ses particularités çonner LôLus cc tout entier)) d'avoir dans la langue parlée largement
désinentielles à des termes soit étrangers n. la catégorie pronominale,
développé le sens distributif de cc chacu? »). . ..
soit formés avec des thèmes qui eussent dû rester étrangers à la flexion Il est d'ailleurs à noter que les désmences pronommales -lUS, -L,'
pronominale. Ainsi: n'ont pas complètement efTacé les formes relevant normalement de la
flexion bonus, -a. Des génitifs lolï (Afranius, 325) ünï (Catulle, XVII,
a) L'interrogatif uler, ufra, ulrum, form é aU" moyen du suffixe 17); des datifs lolo (Properce, III, XI, 57); nullae (idem, l, XX, 35);
"-lero- -"lera- connaît dans l'ensemble la flexion du type bonus, bona. allerae (César, RG., V, XXVII, 5), etc ... , se rencontrent chez des
lI'f ais l :analogi~ de quis lui a valu au singulier les formes génitif ulrfus , auteurs qllÎ ne sont ni archaïques ni vulgaires.
datif ulrï, pour les trois genres. Ces formes se retrouvent dans les
23&
237
C. LES ADVERBES PRONOMINAUX l'on retrouve sporadiquement en grec (crétois I51tUL, d'où ut « là où Il),
et, avec allongement, dans védique ka.
Des thèmes d'interrogatif-indéfini, ou de démonstratifs-ana-
phoriques, ont été en latin tirés des adverbes, surtout de lieu, parfois 4. Les adverbes exprimant le lieu d'où l'on vient connaissent
de temps, que nous examinerons en appendice. Ils se classent en plu- eux aussi deux séries. Une première Icomporte les formes hinc <" him-
sieurs groupes: ce; illim et illinc; isiim et islinc (les formes sans -c apparaissant
surtout à date ancienne, mais aussi, et encore, dans la Correspon-
1. Les adverbes exprimant le lieu par où l'on passe (di, qua; ha-c, dance de Cicéron: Atticus IX, 14,2; XIV, 12, 1; Familières VI, 20, 1;
isla-c, illa-c) se ramènent ù d'anciens instrumentaux d'un thème XVI, 7; etc ... ). La finale -im, qui se retrouve dans uir-im-que, altr-im-
collectif en -a. Certains dialectes grecs (laconien -rClU-ri1.; crétois et cyré- secus, exirim-secus, cx-im, reste mal expliquée. Elle pourrait n'être
néen cX -()E:) présentent des formes de même origine. Le latin a parfois rien d'autre qu·e la forme postposée de l'anaphorique im (v. p. 225),
ajouté la particule -cre. initialement invariable. C'est probablement cette même forme "im
que l'on retrouve au premier terme de in-de, ensuite analysé i-nde,
2. Les adverbes exprimant le lieu vers lequel on se dirige se J'où constitution analogique de u-ndc (même u- <"qu- que dans
divisent en deux séries. Les formes hile, isiüc, illilc (distinctes par la ubi: cf. ali-cunde). La particule -de de in-de pourrait être apparentée
quantité de -u- des neutres isil1c, illilc: v. p. 235) reposent, avec à la préposition dë (postposée de même dans gaulois ~pCl-rOU-()E: « "de
adjonction de -cr e, sur des finales -ai de locatif indo-européen (cf. gralia )), formule d'action de grâce).
gr.7toi:, OTIOt; dor. ~V()Ot, è:ÇOL); sur le traitement ai > il, v. p.l09. Quant
aux formes en -0 de type quo, eo, illo (ou illo-c), islo (ou islo-c), 5. Les adverbes de temps sont beaucoup moins nombreux. Au
elles doivent reposer de même sur une finale -oi de locatif, où la moyen de l'affixe -m, le latin avait constitué un neutre quo-m, devenu
voyelle s'est trouvée allongée comme dans le type nominal "lemploi conjonction; et, sur le thème "le "'0.- parallèle de collectif, un autre
(v. p. 162). L'emploi à date ancienne d'un locatif pour exprimer le neutre qua-m, devenu adverbe d'intensité ((( combien ))? ou, associé
mouvement vers un lieu est confirmé de divers côtés, et notamment à lam, (( autant que ))). Cette forme explique non seulement quam-diil,
par gr. 7t0i:. mais probablement aussi quan-do, avec la particule do « vers» que
l'on retrouve dans do-nec, gr. -Ijl-lÉ:-rE:pOV ()W (alternant avec.U de oIx6v()E:)1.
3. Les adverbes exprimant le lieu dans lequel on se trouve se
divisent eux aussi en deux séries. Les formes hï-c, isli ou islï-c, illï 6. Il convient enfin de citer l'adverbe quantitatif qual ( combien? )),
ou ilU-c, doivent reposer (avec ou sans adjonction de -cre) sur d'an- avec son corrélatif loi ( de cette quantité », utilisés dans le cas où il
ciennes formes de locatif en "-ei ("hei-ce, "islei-ce, "illei-ce). Cette s'agit d'être ou objets dénombrables (quanius, -a, -um; lanius, -a, -um,
forme en "-ei présente par rapport à "-ai (v. ci-dessus, isiü-c) une s'employant dans le cas d'objets dont la quantité n'est pas numéri-
simple alternance vocalique, et il apparaît que le latin a opéré, entre quement appréciée). Ces formes reposent sur les thèmes "k"'a-, "10-,
"-ai et "-ei, un clivage sémantique, afTectant le premier à l'expression suivis d 'une particule "-li (d'où "quo-li> quoi; "la-li> loi) que l'on
du mouvement vers un lieu, le second à l'expression de la localisation retrouve dans skr. !aili « combien? )); et, avec thématisation ulté-
en un lieu. Le latin possède par ailleurs une autre série de form es: rieure (entraînant une .forme adj ectivale fléchie), dans gr. 7t60"0c;
i-bi, u-bï <"qu-bï (cf. ali-cubï), auxquelles correspondent ombr. <" k IDa-ly -as ; o7t60"0c;; -r60"0c; <*'t"o- ly-a- (le latin s'est de même donné,
ire; osque pur, ombr. pure. Elles sont constituées, avec ou sans abrè- sur la forme altérée quoi, un adjectifqualus). L'origine de la parti-
gement iambique, au moyen d'une désinence "-bhei (qui explique par cule" -li est mal connue; mais on la retrouve semble-t-il dans le nom
ailleurs iibi, sibï: v. p. 222), dont le degré réduit -bhi se retrouve en de « vingt » (gr. È- (f )[xoO"t, crétois f[xCl-n), les numéraux relevant,
grec (mycénien -pi; homo - qlt). Cette désinence semble avoir été à comme quoi, ial, de l'ordre quantitatif.
date ancienne insensible au nombre, et, constituant surtout des datifs
et instrumentaux, s' est parfois étendue à l'emploi locatif (hom. OPE:O"-cpt
« dans la, ou les montagne(s) )). V. P. Chantraine; Gramm. Hom., l,
p. 236). Le thème de i-bi est celui de i-s, i-d, i-m. Le thème d e ubi 1. Voir P. CHANTRAINE, Diclionnaire élymologique de la langue grecque,
<"qubi, plutôt que "kIDa-, doit être un thème apparenté "k"'u-, que s. v. Ilw.

238 239
-1

CONCLUSION
De l'étude qui précède se dégage l'idée suivante: catégorie syn-
taxique en retrait par rapport au nom, le pronom n'est pas moins
morphologiquement très important. L'hétérogénéité des classes qui
le composent, les particularités flexionnelles qu'il présente, ont CHAPITRE X
contribué à faire du pronom à la fois une catégorie isolée, et une
réserve de traits flexionnels, où le nom a pu puiser pour renouveler
et reconstruire son système flexionnel. Le pronom a enfin été à l'ori- LES NOMS DE NOMBRES
gine d'importantes formations adverbiales, qui jouent en latin un
rôle considérable.

En raison de leur caractère particulier, et de l'étroite spécificité


des notions qu'ils· expriment, les noms de nombre constituent, au
niveau de toutes les langues indo-européennes, une classe de vocables
particulièrement conservatrice. Ils rendent ainsi possibles de fruc-
tueuses comparaisons, permettant de reconstituer avec précision
un système indo-européen de structure décimale, qui comportait
pour les unités des noms spécifiques, et bâtissait les noms des dizaines
et centaines par combinaison des noms d'unités avec le radical du
nombre « dix ». C'est au niveau supérieur des milliers que les langues
manifestent entre elles une discordance générale, autorisant à penser
que la numération indo-européenne commune couvrait, sans la
dépasser, la zone des chifTres 1 à 999. Une telle limitation, compte
tenu de l'époque et des domaines très concrets auxquels s'appliquait
la numération, ne doit laisser aucune place à un quelconque préjugé
sur des structures soi-disant « primitives )) de la mentalité indo-euro-
péenne.
On sait que les vocables numéraux peuvent se présenter sous
divers aspects, et se grouper en catégories difTérentes. Les deux prin-
cipales sont les cardinaux (de lat. cardo (( pivot )), d'où (( point central,
principal ll), qui expriment dans l'absolu le concept numérique, et
constituent la charpente nue du système numéral; et les ordinaux,
forme adjectivale des précédents, qui envisagent le nombre à travers
l'illustration qu'en fournit un individu (ainsi, le (( dixième )) est l'indi-
vidu qui dans une série numérale personnifie (( le dix »}. Certaines
langues, outre ces deux catégories, connaissent aussi des numéraux
distributifs (type (( par dix, par dizaines »), ou multiplicatifs (cl dix
fois »). Ces dernières catégories, connues du latin, n'y occupent qu'une
place modeste, et l'intérêt doit en priorité se porter sur les deux
autres séries, cardinaux et ordinaux.

241
1. LES CARDINAUX -a: duos, -âs; duo-rum 1, -â-rum, -o-rum; duâ-bus (comme asina-bus:
Leur étude doit distinguer d'une part les unités, d'autre part
v. p. 172). A côté de duo, de valeur analytique (<< un +
un n). le latin
a possédé un autre numéral ambo, de valeur synthétique (<< tous deux,
les séries supérieures.
indistinctement »), qui n'a pas subi étant donné son rythme l'abrège-
ment frappant • duo, et se fléchit à tous autres égards comme duo z.
1. Les unit~s, Pour le nombre « un », l'indo-européen avait
Pour le nombre « trois n, le latin connaît au masc. et fém. un
possédé une racme ·sem- (gr. tv < ·sem; dç < ·sem-s), alternant
nominatif lrés < ·lrey-es, correspondant à gr. -rpei:ç et skr. lray-a~;
avec" sm- (gr. !J.lo: < "sm-yB 2)' Le latin a conservé cette racine, hors
cependant que le neutre iria, bâti sur un degré réduit radical (·irly-
du système numéral, dans la série sim-ilis, sim-ul, sem-el; et, associés
I1 2 J 3, correspond de même à gr. TpllX. L'ensemble se fléchit selon
a~ systèm~ numéral, dans le distributif sin-guli, et les composés
le type ciués, maria (thèmes en -y de la flexion athématique dite
sIm-plus, szm-plex (opposés à du-plus, du-plex, etc ... ). Mais le cardinal
« troisième déclinaison n) 4.
ünus,. -a, -um rep~se sur un thème « occidental n "oi-no 1, qui fournit
Pour le nombre « quatre n, l'indo-européen possédait un nomi-
pu.r aIlleurs got. azns (et grec OLVî") « le un aux dés n). Ce thème est lui-
na tif animé • le IDelwer-es, qui explique directement skr. caiut1ra~, et
meme apparenté, avec une suffixation difTérente à un autre thème
·oi- wo-, qui explique gr. homo o!oç et cypr. o-i-w~-i (à lire otf(ù). On
grec ionien ttcrcrepeç; cependant que 'grec occidental -rÉ:Topeç, et osque
peiora (neutre), supposent (avec chûte ancienne de -w- devant o?)
note;a q~e la flexion latine de ünus, -a, -um, sujette au genre, ;uit au
un vocalisme prédésinentiel difTérent, *lelDei(wJor-. Quant à attique
nomma tIf, accusatif, ablatif singulier, les types thématique (masculin
ThTlXpeç, béotien 7t€-rTlXpeç, ils reposent sur une forme à prédésinen-
et r:eutre) et en -il (féminin); cependant qu'au génitif et datif des formes
tielle réduite, "le IDeiwor-es. En face de ces formes, latin quailu (w Jor
~nz-us.' ünï, influencées par la flexion pronominale (v. p. 237), sont
(avec -w- non noté, et -il- mal expliqué) suppose, avec dans la syllabe
msensIbles au genre. Exceptionnellement sont attestés un vocatif
initiale un vocalisme a « populaire» (v. p. 87), un thème *kIDalowor-,
üne (au sens de « unique »), et un pluriel unï, unac (mais avec des mots
d'où· k lDaluwor-. A partir de ce thème, un nominatif animé * kIDaiu(w J-
de valeur collective, équivalant à un singulier: type una casira « un
or-es et un inanimé *kIDalu(wJor-a étaient susceptibles tous deux
seul camp n).
d'aboutir phonétiquement à quai(lJu(wJor 6. C'est vraisemblablement
Pour le nombre « deux )), le latin a hérité de l'indo-euro-
cette convergence phonétique qui, rendant indiscernable tout indice
pée.n une forme ·duo < "dOw-o, correspondant à grec hom OU<Ù
maIS que l'abrègement iambique (v. p. 94) avait dès les plus ancien~
de genre ou de cas, a entraîné qualluor à fonctionner comme lexème
invariable exposant la notion « quatre Il 6.
t~xtes réduit~ à duo (d'où une similitude trompeuse avec grec att.
OUO, mal explIqué). Cette finale -0, que l'on retrouve dans ambo = 1. L'ancien génitif duom, duum, correspondant au type nominal deum
gr. &!J.cp<Ù « tous deux n, et qui demeure reconnaissable dans le dat. ab!. (v. p. 164 sq.), a subsisté dans duum-uiri • membres de deux _ = • membres
récen~ duo-bus, correspondait en indo-européen à une formation de associés dans un groupe de deux personnes -.
2. A côté de dutJ, 10 latin atteste un thème "dw- dans bis (v. p. 253), et
cas dIrect du duel. Le latin toutefois, qui ne devait pas conserver le dans duplus, du-plex, du-pondium • pièce de deux as _. Ce thème est celui sur
duel, n'a retenu la forme duo qu'au nominatif masculin et neutre' lequel avait été ajoutée la marque -0 de duel qui caractérise le cardinal 'dw-6,
à l'accusatif neutre (né.cessairement homophone du nominatif); et ou 'dow-6. Une forme dUd-pondo « poids de deux livres D, a aussi existé, et doit
dans le dat. ab!. masculm et neutre duo-bus (secondairement obtenu j son -d- à l'analogie de trid.
, 3. Le thème réduit 'lrf- se retrouve dans trf-ceps • à trois têtes D; tri-pes
p~r adjonction.à ·duo d'une désinence *-bho-s, cf. ciui-bus). Partout
« fi trois pieds D; lri-plex; elc ... A noter l'évolution de 'lr(f)s vers ter. trois
aIlleurs la fleXIOn, devenue sensible au genre (d'où création d'un fois >, et de '/r(l)-slis vers 'ler-slis, puis leslis • tierce personne., d'où • témoin -.
féminin duae), suit le paradigme pluriel des types thématiques et en 4. Notons ici que l'exemple de qualluor, quinque, etc ... , paraît avoir entratné
dans la lang ue vulgaire un emploi de duo cl lrés comme invariables.
_ . 1. Le t~ème . 'oino.- se retrouve au premier terme de divers' composés: 5. Cet~o forme entre telle quelle dans les juxtaposés qualluor-lliri, et
unt-color, ünltormls, ünz-uersus, etc .. . ; cependant que, réduit 11 'oin-, il appa- qualluorpedw « lézard à qua ire pa Hes '. Sur le traitement des /Ina les -rIs,
rail dans les lormes du type lin-animus . Lo thème 'oino- a été écralement il -rd>-r, V. p. 102 sq.
l'origine des dérivés ün-icus, et üni-las (calque de gr. év6T"1Jç, créé "'semble-t-i1 6. A côté de 'le "al uwor-, qui, avec voyelle de transition, explique qualluor,
par. Varron). On relèvera aussi , et surtout, les formes ül/us <' oino-lo-s (dimi- une forme 'k"'al(w)or-, sans voyelle de transition, et avec perte de w devant 0
nutlf); et nüllus <' n (e)-oino-lo-s. Le thème • oino- sc retrouve en fin dans la (v. p. 70, cl, produisait une forme qualor utilisée en latin vulgaire; cette
négation non <' n (e)-oi-nom (v. p . 109). dernière esl à l'origine des formes romanes fr. qualre, ital. qualro.
242 243
.(

. ~our le nombre « cinq n, l'indo-européen possédait une forme


OX-t"W, lat. oclO 1. Les formes à finale -au du védique (a~!du) et du
InvarIable * penk lO e, qui explique directement skr. panca, grec 7ttv-r:e.
gotique (ahtau) ont subi l'influence de l'ordinal (v. ci-dessous).
Dans le groupe italo-celtique, une assimilation de p à k 10 produisait
Pour cc neuf n, l'indo-européen possédait un thème * new-( e)n,
un type * klOen~ e 1. C'est cet~e f?rme qui rend compte phonétique-
lO
dont le -n, final est nettement identifiable grâce à irl. n6in, got.
ment de .gaulOls m:!J.m:-, galloIs plmp, et latin quïnque 2. Le -ï- long
niun, et à l'ordinal latin nonus (v. ci-dessous). Sous l'influence de
que 'paraissent dans ce mot supposer les langues romanes est mal
sep lem et decem, le latin a substitué à cette consonne la labiale -m .
exph.qué (analogie de quïnlus, v. ci-dessous?). Une dissimilation
d'où nouem 2. '
ultérIeure de l'appendice labio-vélaire du phonème initial rend compte
Le nom du nombre cc dix )) reposait en indo-européen sur un
de la forme vulgaire • cinque, qui explique les formes romanes (Ir.
cinq, ital. cinque). thème * dek-f[l, où la nasale finale, absente de formations latines
comme Decius dcc-i1ria, dec-iës, peut représenter un affixe 3. Ce
Le nom du nombre cc six)) pose en indo-européen des problèmes
thème * dclc-f[I explique directemen t les formes skr daça, gr. 8txoc
c0x.uplex.es. La for!Tle complète du thème parait avoir été * swe/cs,
(arcadien ab<o),), lat. decem 4.
qUi explIque, outre le grec ~~ (ancien H~, attesLé en crétois, héracléen
et delphien; cf.. aussi myc~nien we-pe-za = *fe:x(J-7te:~oc cc à six pieds ))):
2. Les dizaines. Les noms des dizaines comprises entre 10 et 100
les ~ormes celtiques gallOIS chwech, et gaulois suex-os cc sixième »
(c'est-à-dire « vingt l) inclus à « quatre-vingt-dix l) inclus) résultent
(ordma.I). ~ais u~e simpli.fication du .groupe initial, probablement
en latin de la juxtaposition de deux thèmes.
phonéb.que , avait prodUit deux varIantes, respectivement • weks
(armémen ueç), et * seks, qui explique, outre skr. ~at et lituanien a) Le second de ces deux thèmes paraît avoir été dès l'indo-
seS-l, la forme sex du latin 4 . européen constitué par un dérivé en *-10- du nom de la dizaine,
Le nom du nombre cc sept n ne pose en revanche aucun problème: *delc-f[l. Ce dérivé en *-10, afTectant la forme d'un collectif, se présen-
c'est un même thème • sept-f[l, pourvu du même élargissement que tait avec une finale *-I-eH 2 (vocalisme plein du suffixe de collectif),
*dek-f[I (v. ci-dessous), qui explique skr. sapta, gr. É7t""r&., lat. seplem 5. ou -*I-Il 2 (vocalisme réduit de ce même morphème). Il s'ensuivait
Il en ,va d.e même pour le nom du nombre « huit ", qui repose que, deux vocalismes identiques de deux éléments successifs n'étant
sur un theme mdo-européen ·olclo < * H 3 elct-eHa-; d'où skr. aUa, gr. point en droit possible (v. p. 127), le dérivé pouvait à priori recevoir
deux formes, * dk-e/of[l-tH 2' ou * dlc-f[l-leH 2' La première de ces formes
explique (avec simplification ancienne du groupe initial), la finale
-XOV't"OC des noms de dizaines du grec, type 't"pLlixolJ't"oc. La seconde explique
1. C'est tout pareillement que indo-eur. "pele ID_ "cuire» (gr. nbrw) a évolué
sur le domaine occidental vers' le IDe/oie ID_, d'où latin coquo . en revanche, avec la même simplification (d'où -(d)kf[l-leH2 ) , suivie
. 2. Ce~te rorm~ apparall aussi dans de nombreux composés : quinque- d'une assimilation de sonorité (d'où *-gf[lla), la finale -ginia qui en
f OlLUm ,. quwqu-enms, etc ... Le -u- des formes quincu-plex, quincu-pedalis, est latin est celle des noms de dizaines compris entre trente (lrï-ginla)
phonétIque devant labiale (v. p. 97), mais a dû être favorisé par le type du- et cc quatre-vingt-dix » (nonâ-ginla). La forme de (c vingt » se singu-
plex .(v. ci-dessus).
larise dans la mesure où elle est constituée au moyen d'une finale
3. On c~nstate .le même traitement pour le thème "sw-e /or- • observer,
~ueller ", qUI prodUIt grec" hfop-, d'où cypr. lu-ra-wo-ro-se = 'Oupa-f6pot; et
• -li, qui caractérise aussi certains adverbes numéraux (indo-eur.
hfopa~yw, d'ou alt. opaw. Une simplification ancienne du groupe" sw- produit
les varzantes "we/or- (Ial. uereor " je suis sur mes gardes »; germ. war « garde, 1. La forme oclli se retrouve dans ocll5-ber. Les composés du type oct-
défense »); et * se/or-, d'où grec I)p0!J.aL «guetter " (mye. o-ro-me-no = op6!J.t'lot;· ennis, ocl-u-plex, doivent être analogiques de quinqu-ennis, quadru-plex.
et, a,:rec su~xation -wo-, d'où 'se/or-wo-, grec hom o OOPOt; " gardien "; et lat: 2. Cette Corme se retrouve en composition dans nouem-ber, nouen-di4lis
serUare « veiller ". « du neuvième jour »; cependant que nündinus (noundinum dans le S. C. des
. 4. La même forme se retrouve dans les composés du type sex-ennis « de Bacchanales) « qui a lieu tous les neuf jours" repose, avec syncope, sur ·nou(e)n-
SIX a~s .; ~t, av;c. altération phonétique (v. p. 105), dans le type së-meslris di-ne/o-.
« de SIX mOIS"; d ou, par analogIe, sëpes " de six pieds»; etc ...
3. En vertu de l'équation observée entre morphèmes d'ordinal et 'd'adjec-
5: L~ même for~e se retrouve en composition dans s~plem-geminus; sep- tif verbal (v. p . 212, 250 et 347), la finale de decimus peut être assimilée fi celle
lem-uLr4lts-; seplen-lnlines • les sept étoiles de la petite Ourse n. Les {ormes du de al-mu-s (adj . vb. de al-6), qui à date ancienne coexistait avec al-lu-s. On peut
type sepli-collis, sepli-montium, peuvent s'expliquer (au timbre apophonique en déduire, au-delà de l'équation ·-mo = "-10, une équation "-m = "-1 mor·
près) comme decu-plus (v. ci-dessous). phème actualisant une notion (v. p. 179). '
4. Cette forme se retrouve dans decem-ber, decem-uiri, etc ...
244
245
:.;...;...~=--~ ---

*~toô-li, d'où skr. kdU, lal. quol: v. p. 239). C'est elle qui explique vingt-neuf; trente et un à trente-neuf; etc ... ) le latin utilise des
dlrectement}a finale grecque de crétois eE béotien fLxa:n; att. *È- vocables obtenus par juxtaposition d'un nom de dizaine et d'un
(~)o:oO': > ELXO~l, avec -0- analogique des formes en ·XOV''C'IX. La forme nom d'unité. L'usage consiste à exprimer le nom exact du nombre
u z-gznl z du la~m suppose, .elle, .une finale * -li-Il 2' parfois interprétée par addition d'unités au nombre représentant les dizaines entières
corr;m? celle d un duel, malS qUl représente en fait la forme collective (type « vingt-huit », exprimé sous le forme « vingt plus huit »). Une
de -l!. exception est toutefois constatée pour les nombres « dix-huit» et
« dix-neuf », à propos desquels l'usage latin consiste à retrancher de
. .b) Q~ant au premier thème intervenant dans les noms des la dizaine supérieure non-entière deux unités ou une unité (( deux
dlzames, 11 était dès l'indo-européen constitué par la forme collective ôtés de vingt », « un ôté de vingt »).
d~ n.om de l'unité qui .expos~it ~e ~ombre des dizaines décomptées. Pour les unités comprises entre onze et dix sept, l'usage consiste
Amsl, pour « ~rente», SOIt « troIs dlzames », le premier élément pouvait, à exprimer d'abord le nombre des unités, ensuite celui de la dizaine
selo~ l? vocal:sme du mor.~hème collectif, revêtir les formes *lry-eH 2, à laquelle elles s'ajoutent. Ainsi s'expliquent directement duo-decim t,
ou 1 lrz-Hz· C est la premlere de ces formes qui rend compte de grec qualfuor-decim, seplen-decim 2; et, avec des altérations phonétiques,
't'pW:'XOV't'IX, .la seconde en revanche expliquant (à côté du neutre lrid: v.
ün-decim<*oin(o)-decim; lrë-decim<*lrës-decim 3; quïn-decim <
supra) latm lT'ï-ginlli. Pour le thème de « quatre» la forme collective *fctoen(gto)-decim 4; së-decim < *segz-decim < *seks-dekrrz. Pour « dix
*kto~l(w)r:H2 (avec simpl.ifi~ati.on du groupe ce~tral de consonnes) huit » et « dix neuf », les unités à retrancher sont de même exprimées
avait
h 't' pu evoluer, par asslmllatlOn de sonorité ,1~2,vers * le lOadr ~l 1 qUI' avant la dizaine supérieure, l'opération de soustraction étant expri-
P one .Iquement produisait * ~uadra-ginlli2. C'est cette forme qui a mée par dë: duo-dë-vïginli, ün-dë-vïginli <*oin(o)-dë-.
analogiquement, entraîné 9uznqu-a-ginlii, sex-a-ginlii, non 3- a-ginla Pour les unités comprises entre vingt et trente, trente et quarante,
(correspondant a des cardmaux quinque, sex, nouem, tous indécli- etc ... , le dénombrement peut s'opérer soit au moyen du nom de la
nables). ~a forme oclo-ginlli surprend dans la mesure où elle présente dizaine inférieure suivi du nom des unités surajoutées (type uïginlï
au pr:mler terme une forme non-collective. Mais il s'agit là d'une lrës « vingt-trois))); soit au moyen du nom des unités rajoutées, suivi
réfe.ctlon récente par analogie avec le cardimi.l de l'unité. Une forme du nom de la dizaine précédé de el « additif D (type lrës el uiginli).
anclen~e. *~clua-g~nta, seule s~sceptible d'expliquer par analogie
sepl-ua-gznla, a du en elTet eXister. Elle reposait normalement sur 4. Les noms de centaines. « Cent » étant un multiple de « dix D,
un thème *H3e1d-H3- eH 2' à poser, selon les doctrines de A. Martinet et représentant de surcroît 10 X 10, il n'est point surprenant que le
(v. p. 67), sous une for:ne équivalente *H~elel-uAw-eH2 (d où *ocl°wa~;' nom de la centaine ait été en indo-européen dérivé du thème du
cf. gr. 5yC;of-oç, et v. Cl-dessous, p. 250). Il convient enfin d'examiner nombre « dix ». On peut même penser que, rangeant les objets par
à part le nom de « vingt », uï-ginlï, dont le premier terme se retrouve paquets de dix unités, et dénombrant ensuite dix de ces paquets
tel quel sans* g:ec ~éotien et crétois fi-xC'/.'t'L, et avestique vi-saili. les usagers du thème que nous interprétons comme « cent » expri~
Cet. élément w z- dOit représenter dès l'indo-européen une simplifi- maient par ce vocable le sens de « un dix », comme nous disons « un
catI.on Çdu:,-> w-), ou une assimilation (dw- > ww- > w-),. d'un plus cent de clous ». C'est l'idée à laquelle nous conduit le thème indo-
anclCn dwz-, en rapport avec le thème du nom de l'unité « deux ) européen * (d)krr--lo- « cent», adjectif en -lo tiré du thème à vocalisme
(v. p. 242), et dont le -ïs'expliquerait lui-même par l'analoO'ie de lri-< réduit de * delc-rrz, et exprimant, comme les adjectifs en *-10 d'une
*lri-H2 (v. ci-dessus). 0
façon générale, l'accomplissement de la notion dans l'objet (v. p. 154).
Ce thème pouvait en droit se fléchir selon un paradigme animé (dont
3. Nombres compris entre des dizaines .. Pour les nombres
compris entre des dizaines (de onze à dix-neuf; de vingt et un à 1. A remarquer, dans dUI1-decim, la forme déjà abrégée de *dul1.
2. Le passage de decem à -decim peut s'expliquer par abr6gement de la
. 1. A moins que la sonorisation ne s'explique par l'influence ancienne d'un voyelle dans le mot devenu polysyllabe (v. p. 102).
ordmal : v. p. 249. ' . 3. V. p. 59 .
2. Pour le traitement *-rH 1 >*-r>H:->*-ra, cr, *glDr-H-to·>*gra.tu.-s 4. Avec sonorisa lion -Ié"- >-g "'- entre sonores, et chu le ullérieure de la
(v. p. 68). . . consonne médiane. Le i atteslé par l'apex des inscriptions s'explique peut·être
3. nM- représent<\nt la contraction de *nowen- (Y. p. 109). par l'ancien groupe 1)g.

246 247
l
rr
i

le latin a gardé des traces: v. ci-dessous), ou inanimé. C'est une forme centaines; soit, plus vraisemblablement, qu'il n'ait point effectivement
inanimée * (d)lcr[!-lo-m (avec simplification ancienne du grou~e ini- compté jusqu'à un nombre aussi élevé. Il en résulte, pour les langues
tial) qui explique skr. çalam, vieux slave siilo, encore fléchIs; et, indo-européennes de date historique, une absence de correspondance
devenus invariables, latin cenlum, gotique llUnd, grc'C ~·XOC-rO'l.l pour l'expression du millier.
Les multiples de « cent II s'opposent en latin au nom de la cen- Le vocable mïlle, dont use le latin, est d'étymologie inconnue.
taine simple dans la mesure où ils demeurent fléchis d sensibles au Il semble qu'il s'agisse d'un ancien substantif neutre de valeur col-
genre: type dû-cenlï, -ae, -tP.Ces multiples. de « cent ..)) se. scindent lective, ce qui explique sa construction fréquente avec un génitif parti-
en deux séries, selon que le groupe km a subi une sononsatlOn .en gm tif (mille nummum, passuum, etc ... ). Son pluriel millia reste attesté
(comme dans ir·ï-ginlii.' v. ci-dessus, p. 24G), ou qu'a été mainte~1Ue dans l'expression des multiples duo m ïllia, iria m ïllia, etc ... ; et
dans le nom des multiples l'initiale sourde du nom. de la centame. comme pluriel normal de mille (passum), devenu le nom d'une unité
Ainsi le thème de cenlum demeure reconnaissable dans du-cenlï, de longueur. Sur les graphies mïllia ou mïlia, v. p. 83.
lre-ce~lï, ses-cenlï; cependant que *-gr[!loi produit'-ginlïdans quinginli,
seplinginli, ni5nginlï, etc ... formes où g peut s'expliquer par l'.influence II. LES ORDINAUX
de n précédent. Le premier élément de ces noms de multIples pré-
Les ordinaux, illustrant et actualisant en des individus déterminés
sente parfois des difficultés. Les formr..s quin-ginlï <* k weng w-gr[!loi 3;
la notion numérale (v. p. 241), étaient de ce fait en indo-européen,
ses-cenl ï <* se (k) s-lcr[!loi; seplim-gi'nlï; rion-ginl ï; <" no (w) en-grrloi,
comme dans la plupart des langues occidentales modernes, des adjec-
sont phonétiques. La forme diJ.-cenlï présente au premier élément
tifs, de ce fait soumis aux catégories de genre, nombre, et cas. Du point
le thème diJ.- qui se retrouve dans bis <*dw-is, .et du-plex (v. p. 243,
de vue morphologique, si l'indo-européen récent a pu connaître divers
n. 2). Pour « trois cents )), la forme lre-cenli peut procéder, à partir
suffixes ordinaux, le procédé le plus ancien, d'où découlent tous
de *ler-cenli <*lr(ï)cenlï (thème *lr'{- de 1er, ler-lius, gr. -rpt--roç) d'une
métathèse er> re sous l'influence de lres. Quant à quadr-inginlï les autres, consistait à former l'adjectif ordinal par thématisation
du thème cardinal. La fonction de la voyelle thématique était en effet,
« quatre cent )), ocl-inginlï « huit cent )), ils ont retenu analogiquement
au niveau indo-européen, actualisante et individualisante. Et tout
toute la finale de qu-inginlï, sepl-inginlï, qu'ils ont grefTée sur des comme, dans une équipe sportive, le chiffre « 15 l) plaqué sur le maillot
thèmes artificiels * quadr-, * ocl-, tirés par fausse coupure de quadr-
d'un joueur s'actualise dans ce joueur, dont il fait (c le quinze l), c'est-
iiginlii « quarante )), ocl-i5ginlii « quatre vingt )). . à-dire (c le quinzième l) élément de l'équipe, la voyelle thématique,
Pour exprimer les nombres intermédiaires entre deux centames,
actualisant l'idée exprimée par le cardinal, constituait à partir de
le latin se bornait à exprimer successivement le nom de la centaine lui un thème d'ordinal.
complète, et le nombre (unités, ou dizaines plus unités) qui au-delà
Parallèlement à la thématisation du thême cardinal, l'indo-
de la centaine complète permettait d'atteindre le total à exprimer; européen paraît avoir utilisé un procédé secondaire de formation des
ainsi irecenlï (el) uiginlï duo « trois cent vingt-deux ll. ordinaux, consistant en une sonorisation (non-explicable phonétique-
ment) des consonnes radicales. Ce procédé demeure en grec illustré
5. J_c nom du JnilIicl'. L'indo-européen commun ne. parait pas pal' HlÔOIJ.OÇ « septième l) (en face de bmX); iSyôo(f)oç c( huitième» (en
avoir possédé de terme désignant la noLion « mille ll; soit qu'au delà face de ox-rw); et, hors du grec, par vieux slave sedmu « septième ».
de neuf-cent il ait continué à compter par dix, onze, douze, etc ... En latin, le consonantisme de l'ordinal a été en règle générale ramené
à celui du cardinal, et la sonore ancienne de la série ordinale n'est
1. Ë-X<XTO~ refai l il parLir de • &-xaTo~ < . s'll"'C/!l!o- « un eent )l, sous l' in- plus décelable que par certaines influences analogiques (au demeurant
fluence de dç; v. P. CIIANTI1.AINE, jWorpllOlogie historique du grec, § 167. peu sûres) qu'elle aurait exercées.
2. Même flexion, el même sensibililé au genre, dans les formes grecques Ces principes étant posés, les formes latines s'expliquent comme
parallèles, lype. TpLëi-x6moL. A noLer toutefois, en .grec, le renforceme.nlde lu
nature adjectivale pal' l'appoint du sufHxe '-yo-: *-(d)k'llt-1YOL>-Xét.TLOL suit:
(béotien) -xét.O'LoL(arcadien) ; puis, par substitution de vocalisme. (sous l'in-
fluence des noms de dizaines en -XilVT<X), all..cx60'wL. , l. Les ordinaux des noms d'unités. En latin, c'est la théma-
3. Avec passage de -le '"- il -g ,e_ entre consonnes sonores, el ,perle ullérieure, tisation du thème cardinal qui explique (parfois avec vocalisme
:ùans le groupe de trois consonnes, d'e la consonne médiane. plein du suffixe) les formes decimus cc dixième »<*dekejom-o- (cf.
248 249
-(

skr. daçama~, avest. das~mo); nonus « neuvième n <* no(w)en-o- procède vraisemblablement de la réfection d'un ancien *lr(i)-lo-
(cf., avec extension analogique du -m- de daçama~, skr. navama~); (cf. gr. 'l"p(-'I"O-~) en *lr(i)-l'yo (mixage entre *-10 et *..:yo).
seplimus a septième n <*sepl-ejom-o- (cf. skr. saplama~, et, avec Pour « premier n eL ,; deuxième Il enfin, le latin possède des formes
maintien de l'ancienne sonore « ordinale n, grec ÉHlaOI-'-O~). Pour « hui- originales primus, secundus. Cette dernière n'est autre qu'un ancien
tième n, la forme ocWuos du latin s'explique, toujours au moyen de adjectif verbal en *-nd-eja- de sequor « suivre» (= « venir après, au
la thématisation, à partir de *I-Igelct°H3-0-; soit, selon la théorie de deuxième rang »). Quant à primus, il paraît avoir un correspondant
A. Martinet, • H3ekloA 10-0_ (v. p. G7). En face d'elle, la forme du exact dans pélignien prismu « prima n, permettant de poser un plus
grec repose (avec maintien de la sonore « ordinale n) sur * H 3egdA "-0- ancien * pris-mo~. Le premier élément inclus dans cette forme a été
(sans voyelle de transition dans le groupe *-dA 10_); la forme *oyafo<;, fréquemment interprété comme un 'comparatif, qui serait à pr-ius ce
attendue, a été refaite en oyao(f)o~ (avec voyelle -0 -supplémentaire) . que mag-is est à ma(i)-ius < * mag-yos (v. p. 71 et 212); d'où il décou-
sous l'influence du cardinal OX'I"w. lerait que ~ pr-is-mo- serait une forme de superlatif l, devenue ordinale
A côté des formes précédentes, certains ordinaux latins sont for- compte tenu de là parenté fondamentale des 'deux notions (v. p. 212).
més au moyen du suffixe *-10, également connu dans des formations Mais il semble que l'on puisse tout aussi bien expliquer * pris- .de
de superlatif (v. p. 212) et d'adjectif verbal (v. p. 347), et qui, tout *prismo- comme une àncienne formation adverbiale. en -s (cf: gr.
comme la voyelle thématique, avait pour fonction d'actualiser et 'l"p[-~, lat. *lri-s> 1er; et les formations telles que gr. &(Lq:>(-~, lat. ab-s),
d'individualiser une notion (v. p. 154). C'est au moyen de ce suffixe formée sur le thème * pri que l'on retrouve dans gr. 7t"p!-v, et dont le
que sont en grec constitués les ordinaux 'l"p(-'I"O-~, 'l"É'l"c(p-'I"o-~, 7t"ÉI-'-7t"- vocalisme plein * prei rend compte de vieux-prussien prei « devant ll;
'l"0~, EX-'I"O-~, aÉxC(-'I"O-~, et, sur un thème sans rapport avec celui du lat. pri-dem, pri-di ë, pri-s-cus, pri-s-linu$; grec crétois .7t"pELV, homé-
cardinal, 7t"pW-'I"O-~ (aU.) ou 7t"péi-'I"o-~ (dorien). Le latin, qui a beaucoup rique 7t" piv < *7t"pe:L-V, (iotacisme secondaire). Sur le thème .* pris-, le
moins que le grec étendu ce suffixe, l'utilise dans sex-lu-s « sixième n; latin a rajouté le suffixe *-ma que l'on retrouve dans ombrien prumum
quinlus « cinquième n <*quin(c)-lus (simplification consonantique: « primum »; gotique fruma « primus n; grec np6-(Lo-t; (Tragiques) . .
v. p. 82), reposant lui-même sur * k 10enle 10-10-. Pour « quatrième n, le Ce suffixe, qu'on l'interprète comme superlatif 2 ou comme ordinal,
grec 'l"É'I"ap -'1"0-<; < *le lDel (w )r-lo- manifeste une dispari tion sans doute résulte de toute façon d'une extension, dès l'indo-européen~ de la finale'
ancienne de -w- entre occlusive et sonante. Le latin, avec un vocalisme ordinale des types skr. saplama~; lat. seplimus; gr. lôaol-'-Oç; ou skr.
réduit de la syllabe initiale, suppose le même traitement dans le daçama~, lat. decimus; sur lesquels voir ci-dessus
prototype *le1Ol(w)r-lo-l, qu'une dissimilation de dentales réduisait
de surcroît à *le 1Or-lo-. Cette forme devait phonétiquement produire 2 .. Les ordinaux de dizaines, celltnÎllcs, ct nlillicrs. A partir
*quarlus (attesté indirectement par Quarla, devenu en prénestin un de « deux dizaines », les ordinaux latins correspondant à des diz;:Iines
prénom féminin). La forme quurlus, efIectivement attestée, doit son entières sont tous caractérisés par une finale -ë(n)simus, avec notation
timbre -u- à l'influence de qualluor; la quantité longue de cette facultative d'urie nasale ancienne, disparue de la prononciation devant
voyelle, supposée par l'apex de certaines inscriptions, s'explique s (v. p. 75): On obtient ainsi des formes uicësimus « vingtième )J;.
difficilement 2. On notera enfin, pour « troisième n, la forme lerlius, qui lricësimus « trentième»; etc ... ; cenlësimus « centième n;' ducenlësimus
« deux-centlème' »; millësimus « millième n; bis millësimus « deux-
millième n; etc ...
1. La forme ·1c 1(w)r-, avec une simplification différente du groupe ini-
1D
L'interprétation de cette finale est rendue possible par l'examen
tiai, a par ailleurs produit ·lr-, premier élément de mycénien lo-pe-za (à lire des faits grecs, où les ordinaux correspondants ,.('I"pL~-xoO"'I"6t; « tre~-
''t'Op7tE~<X), grec historique 't'pcX1tE~<X « (meuble) à quatre pieds », d'où « table li.
2. II est peu vraisemblable qu'ait joué l'analogie de quadra- (dans les infirme celle explication. II est plus simple de penser que, devant-r- tr~s sonore,
formes de type quadra-ginla). On peut noter que l'apex des inscriptions prête un excès de vibrations glollales produisait passagèrement l'impression d.' un
la quantité longue à de nombreuses voyelles suivies de -r- + consonne sonore, allongement vocalique.
forma, ordo, firmus, etc ... Selon Brugmann, -r- de ces formes, prononcé d'une 1. Voir M. .LEJEUNE, Grec 1tpw't'o<;, dans B.S.L. XXIX, p. lli sq.
façon peu différente de -z- (cf. le rhotacisme: v. p. 59), aurait devant sonore 2. Pas plus ,que grec 1tp6p.o<;, latin primus ne serait interprété comme super-
disparu avec allongement compensatoire, et ne serait plus dans ces mots que latif, n'était en latin l'existence de ' prior (issu de pri-yos?), aveclequel il parait.
graphique. Mais la conservation dans les langues romanes du -r- de ces mots former couple. '
250 251
tième »; -re<1<1cr.pOl:-xo<1-r6ç CI quarantième; etc ... ) présentent une finale III. LES ADVERBES MULTIPLICATIFS
-xo<1-r6ç: En face des cardinaux correspondants en -xov-rOl: «* (d)lwm-
l-H 2 ), il semble que cette finale -xo<1-r6ç doive s'interpréter comme A côté des cardinaux et ordinaux, le latin a possédé une série
reposant sur "-(d)koml-lo- l, avec adjonction, au thème du cardinal d'adverbes numéraux, exprimant combien de fois un procès ou un
du suffixe" -lo produisant. le type 1)ÉXOI:-roç (v. ci-dessus). En latin: total numérique se trouvent réalisés.
le thème (d)g'[!l- (prodUIsant les formes en -ginl-a: v. ci-dessus) a Dans cette série, la forme ier cc trois fois )l, issue phonétiquement
san.s doute fait l'objet d'une dérivation semblable; d'où *-(d)g'[!l-lo-. de "ir(i)-s (v. p. 102), et correspondant à skr. lri~, gr. -rp(ç, a chance
MUiS cette forme elle-même s'est ensuite vu hypercaractériser au d'être la plus ancienne. Elle constitue, sur le thème *iri- cc trois II au
m~yen du suffixe "-mo issu du type decimus (v. ci-dessus). Il s'ensui- vocalisme réduit, une formation adverbiale caractérisée par -s (cf.
vait une forme complète "-(d)g'[!l-lo-mo-, évoluant phonétiquement gr. &.fLCP(-ç,oihc.ù-ç, et, en latin, ex = ek-s, ab-s à côté de ab, etc ... ). Dès
en. "-genssomo- 2 , d'où -ge(n)simu-s. Ainsi, aux noms de dizaines en l'indo-européen, la finale -is de "lri-s s'était analogiquement étendue
-gznla, correspondent n~rmalement des ordinaux en -gesimus, d'où à "dw-is (constitué sur le thème" dw- ccdeux ll: v. p. 243, n. 2), qui devait
le: . couples : quadra-gznialqlladra-gesimus; quinqua-ginlëilquinqua- produire gr. 1)[ç, lat. bis (v. p. 70). Par ailleurs, au niveau latin cette
geslmus; etc ... La forme -cësimus (avec sourde) observée dans uï- fois, la' finale -er de ler s'est analogiquement étendue à quaier cc quatre
ceSlmus (c vingtième)) et irï-cesimus « trentième II est surprenante' fois»; analogie favorisé par la convergence phonétique des dis tribu-
on constate: en relation peut-être avec ce fait, que ces deux forme~ tifs "ir(i)-noi > ier-ni, "qual(w)r(o)-noi > quaierni (v. ci-dessous).
so~1t seules a ne pas présenter le -a- de quadra-gesimus et des dizaines Pour c( une fois ll, le latin a une forme semel, manifestement tirée
sUIvantes. de la racine indo-eur. * selom- « un », tout comme similis <" sem-oli-,
A part~r .des ordinaux de dizaines en -gesimus, le latin a extrait correspondant lui-même à grec ofLû.6ç <" som-olo. La finale -el de
une finale -eSlmus au moyen, de laquelle il a formé les ordinaux corres- semel fait difficulté, et n'a pas reçu il ce jour d'explication satisfai-
P?ndant aux centaines et aux milliers : ceni-esimus, m'ill-esimus, sante. Sachant que simul C( il la fois» continue, par un intermédiaire
directement construits sur le thème de cenlum et de mïlle. semol (attesté), l'ancien neutre *semOI(i) de similis, on peut se
. Pour forn:er .les ordinaux de nombres compris entre deux dizaines demander si semel ne continuerait pas (avec abrègement devant
enbèr~s, l~ I~bn }uxtapose le, pl~s souvent l'ordinal de l'unité supplé- consonne finale autre que -s) un ancien "seme(li), lui-même neutre
me?talre ~ ~ ,ordmal d: la dlz,ame complète : type uïcësimus ieriius d'un adjectif "semëlis, doublet fugace de similis influencé par le
~ vmgt-trolsleme ". MaiS on dOit relever quelques points contrevenant type (ide-li-s (v. p. 193). '
a cet usage: a) pour les nombres compris entre 13 et 17 l'ordinal de A partir de « cinq ll, les multiplicatifs latins sont constitués au
l'unité précède cel~i de la dizaine (type ieriius decimus '(C treizième); moyen d'une finale "-ië(n)s, qui s'ajoute directement à la forme du
b) Pour 11 et 12 eXistent, parallèlement aux cardinaux ündecim duo- cardinal dans quinqu-ie(n)s, sex-ie(n)s; mais qui, dans sepi-ië(n)s
decim, les ~rd!naux, .~ndecimlls, duod;cim.us; c) lorsque l'unité 'excé- C( sept fois », dec-ië(n)s cc dix fois ", oci-ië(n)s cc huit fois ll, nou-ië(n)s

d.ant une dl~ame enbere est 8 ou 9, 1 ordmal est formé par soustrac- « neuf fois », s'ajoute directement au radical ancien dépourvu de tout
bon du card~na~ c~ d.eux II ou ~c un ». à. l'ordinal de la dizaine supérieure: affixe. On trouve pour les multiplicatifs de dizaines, les types uïc-
type~, duo-de-u lcesl~us cc dlx-hUlbème. )); un-de-iricesimus cc vingt- ië(n)s cc vingt fois ll, lrïc-ië(n)s cc trente fois », quadrag-ië(n)s cc qua-
~euv,lCme ll. Au-del~ de cc cen; ", .Ie latm opère par juxtaposition de rante fois II etc ... , formés sur un thème artificiel; pour les multipli-
1 ordmal de la centame et de ~ ~rdmal des unités (ou dizaines) complé- catifs de centaines, ceni-ië(n)s cc cent fois », duceni-ië(n)s cc deux cent
tant le nombre: type ducenieslmus quadragesimus ieriius cc deux cent fois )l, etc ... ; pour les multiplicatifs de milliers, mill-ië(n)s « mille
quarante troisième ». Au-delà de cc mille », le principe est identique. fois ", etc .. . Les multiplicatifs compris entre onze et dix-neuf sont de
type un-dec-ië(n)s, duo-dec-ië(n)s, ... quin-dec-iës, se-dec-iës, etc ... ,
avec, pour cc dix-huit fois)) et cc dix-neuf fois )l, les formes duodëuic-iës,
undëuic-iës. Les chifTres intermédiaires entre d'autres dizaines s'ex-
priment par juxtaposition d'adverbes: type ier el uiciës cc vingt trois
1. Le traitement -/1 >-c;-r- est commun en grec: v. M. LEJEUNE, Trailé fois ». De même pour les nombres intermédiaires entre des centaines.
de phonétique grecque, § 52,
2. Par l'évolution -ll->-ss- (v. p. 79). Du point de vue morphologique, la finale -ië(n)s paraît avoir

252 253
r 1 1 1 1 1 • 1 1
été t~rée des formes loli-ë(n)s u tant de fois », quoli-ë(n)s « combien Les formes undën ï « allant par onze»; duodën ï « allant par douze »,
de fOlS~ )), fo.rmées sur les thèmes "lo-li, "quo-li (de loi, quoI: v. p. 239) sont obtenues par préfixation à dëni du thème d'un cardinal; cepen-
par adjonctIOn d'une finale "-enl-s de nominatif animé. Il s'ensuit dant que, pour les groupes incluant de treize à dix-neuf individus,
que les formes loli-ë(n)s, quoli-ë(n)s, invariables en latin, procèdent le latin utilise des juxtaposés distributifs de type lerni dëni, quaternï
d'un figement adverbial d'un ancien nominatif. C'est bien des forma- dëni, etc ... Pour les vingtaines sont connus les formes vïc-ënï « allant
tions fléchies qu'atteste en face d'elles le skr. kiyunl- cc combien par vingt »; tric-ëni « allant par trente (cf. uic-ësimus, tric-ësimus);
grand », ou «( combien de fois », reposant sur "le tDi-~ejonl-. Le suffixe quadrri-gen i « allant par quarante)); quinquri-gën i, sexri-gëni, septua-
"-enl- attesté dans ces formes est apparenté à la formation latine et gënï, oela-gëni, nona-gëni. On notera que toutes ces formes sont paral-
grecque de participes (v. p. 341); c'est lui que l'on retrouve dans les lèles aux ordinaux quadrag-ësimus, sexag-ësimus, etc ... , toute di fIé-
formations en "-w-enl (gr. cXve:[J.6-(f)·e:L':;, lat. cru(w)enlus); et, aussi, rence se ramenant à une permutation suffixale -nij-simus. Pour les
dans le conglomérat "-onl-Io- ou "-onl-so- qui explique probablement distributifs de centaines, le latin connaît les formes cent-ëni, ducent-
la finale -asus du type d'adjectifs latins tels que anim-asus (v. p. 155). ëni, etc ... Pour les distributifs de milliers, le latin n'ignore point la
forme mill-ëni, mais utilise de préférence singula millia, tout comme,
pour les multiples de mille, bina millia, terna millia, etc .. .
IV. LES ADJECTIFS DISTRIBUTIFS Nous n'avons rien dit encore de distributif correspondant au
Le latin a enfin connu une catégorie particulière d'adjectifs nombre « un ll, de forme singulus.« réduit à un seul », et surtout attesté
n~méraux, ?e valeur distributive, et exprimant l'idée que des indi- au pluriel singuli « comptés un par un ». Cette forme comporte de
VIdus ou objets sont décomptés par groupes de un, deux, trois mem- toute évidence, au premier terme, le nom indo-européen de l'unité,
bres, etc .... sous sa forme pleine ou réduite (" sem-, ou "srp.- > * sem- 1). Quant à
Ces adjectifs sont pour la plupart caractérisés par un suffixe la séquence -gulus, elle demeure aujourd'hui encore inexpliquée.
*-no (d'où pluriel "-noi >-ni, avec les formes parallèles féminin
*-nai > -nae, neutre -na). Dans les formations les plus anciennes, ce
suffixe se surajoutait directement au thème du nombre cardinal.
Ainsi sont constitués oelo-ni c( allant par huit »' sëni <"seks-noi
(d'où *segz-noi, "se(z)znoi) (c allant par six »; q~ini<"JclDenkw-noi
(d'où *JclDe?JgtD-noi, "JctDé?J?Joi, enfin JctDi?Joi 1) cc allant par cinq »;
qualerni < * klDal( w )r-noi c( allant par quatre )). Pour l'adjectif signi-
fiant « allantpa,r troIs'», le thème numéral pouvait revêtir deux formes,
selon que la portion finale se trouvait au vocalisme plein ou réduit.
Ainsi s'expliquent les deux formes adjectivales ierni <"tr(i)-noi,
et Ir in i < * trei-noi; cette deuxième prêtant sa finale à l'adjectif
b in i « allant par deux », issu de "dw-einoi. '
La plupart des autres adjectifs distributifs du latin présentent
une finale -énï, analogiquement développée à partir de s-ëni, et sim-
plement rajoutée au radicalqùi fournit par ailleurs les adverbes multi-
plicatifs en -ie(n)s. On. obtient ainsi sept-ëni « allant par sept)) (en
face de sept-iës); nou-ëni « allant par neuf » (en face de nou-iës).
Pour « allant par dix », on attendrait une forme *dec-ëni mais la
.
forme efIectlvement '
attestée est dëni. Inexplicable phonétiquement,
cette forme peut se ressentir de l'influence de nani, (pluriel de l'ordi-
nal nonus) au terme d'une équation no-uemjno-ni = de-cemjdë-ni.
1. Le timbre i, dans sin·gulus, s'explique par l'articulation vélaire de la
1. Voir p. 76 et 95. nasale n devant IJ: v. p. 76.
255
254
",
r
européen n'est foncièrement indissociable de l'expression verbale;
et une langue comme le français peut exprimer par des périphrases,
sollicitant des éléments lexicaux, les oppositions de personne (je
lis/lu lis); de nombre (lui, il chanle/eux, ils chanlenl); de voix (j'ai
ballufj'ai élé ballu); d'aspect (il pleul/il se mcl à pleuvoir/il cesse
CHAPITRE XI de pleuvoir); et l'anglais cxprime de même par des périphrases le
temps (1 shall go) et le mode (1 shoulcl go, lei me go). Il apparaît
ainsi qu'en concentrant morphologiquement dans l'expression du
LE VERBE LATIN, GÉNÉRALITÉS. verbe les indices exposant ces notions annexes, l'indo-européen
n'a obéi à aucune nécessité impérative, et réalisé seulement une
tendance foncière à exprimer synthétiquement une pluralité de
catégories.
La catégorie du nombre, commune au verbe et au nom, ne mérite
Dans les langues indo-européenne, le verbe se distingue morpho- pas d'être examinée de nouveau (notons seulement la perte en la.tin
logiquement du nom, à la fois par des éléments désinentiels diITérents, du duel verbal, comme a été perdu le duel nominal). Il convient en
permutant en un système d'oppositions diITérent; ct aussi par une revanche d'examiner en détail les catégories propres au verbe, et
organisation d'ensemble diITérente, beaueoup plus complexe dans non encore étudiées.
le cas du verbe. Là en eITet où le nom connait seulement les oppositions
de nombre, genre, cas (les deux premières étant par rapport à la 1. LES VOIX
troisième, fort en retrait), le verbe indo-européen connait des opposi-
tions de nombre, personne, voix, mode, aspect, à un moindre degré Le verbe français, comme celui des langues occidentales modernes,
temps. Ces diverses catégories peuvent se trouver conjointement connait une opposition fondamentale à deux termes : actif/passif. En
exprimées au niveau d'une même forme verbale; ainsi, l'opposition ces langues, sous réserve que l'on ait afTaire à un procès « transitif »,
legenlur (troisième personne pluriel d'indicatif futur passif)/legerim mettant en cause un objet extérieur à l'agent, il est possible de
(première personne singulier du subjonctif parfait actif) ne met pas transposer l'assertion de telle manière que l'objet du procès transitif
moins de cinq catégories distinctes en jeu. Il arrive qu'une opposilion devienne le sujet logique d'un verbe d'état, de forme symétrique à
mettant en jeu un unique morphème porte sur deux catégories; ainsi, celle du verbe transitif, et qui en soit le « passif ». Ce type de transpo-
l'opposition -nlur/-m met en jeu, dans l'exemple cité, à la fois la per- sition est celui qu'illustre en français le couple « Pierre bat Paul »/
sonne et la voix. Il n'est pas moins exact que, dans l'ensemble, une « Paul est battu par Pierre ». Cette opposition actif/passif apparaît,
forme verbale comporte un plus grand nombre d'indices morpholo- aux yeux d'un usager du français, comme rationnelle, naturelle, et
giques qu'une forme nominale. nécessaire. Elle constitue de fait, dans le système verbal du français,
Sur le plan fonctionnel, le verbe (v. p. 118) ne peut être que un élément de structure fondamental; et c'est à peine si l'on identifie,
prédicat. La fonction de prédicat pouvant être également assumée fort en retrait, une troisième voix dite « pronominale », où une forme
par un nom, il apparait que la diITérence essentielle entre prédicat de pronom personnel accompagne nécessairement l'expression du
nominal et prédicat verbal se ramène, dans le cas du second, à la procès. Cette « voix pronominale » correspond dans le détail il des
possibilité d'annexer au simple prédicat l'expression des notions réalités diITérentes (( je me lave », procès réfléchi; « ils se battent »,
annexes de personne, mode, voix, temps, aspect, particulières au procès réciproque; « il se bat pour des idées », procès intransitif),
verbe et inconnues du nom. Il est inversement probable que l'univa- tous les emplois pronominaux ayant cependant pour caractère
lence fonctionnelle du verbe, toujours prédicat, et ne soulevant commun d'exprimer l'association particulièrement étroite à la réalisa
aucune difficulté d'identification sur ce point, explique cette possibi- tion du procès de la personne désignée par le pronom .
lité qu'a eue le verbe de s'adjoindre des indices de fonctions annexes Avec la situation du français, le système indo-européen, tel
sans risquer d'obscurcir la fonction principale. On doit en eITet qu'il apparaît au terme de la reconstruction, présente un contraste
insister sur un point: aucune des notions associées au verbe indo- radical. Il n'existe point en indo-européen d'opposition actif/passif,

256 257
i
1

en raison de la non-existence du passif, qui se constituera seulement à


date post-indo-européenne, au niveau individuel de chaque langue. progressivement ~étruits »; ou A 62 : <lEt ô~ 7tuprJ.l Ve:XUûlV XrJ.LOV..-O fJrJ.[J.drJ.L
En revanche, l'indo-européen comporte une opposition actifjmoyen 1. « sans cesse allaient se consumant des bûchers de morLs » d'où
« .•. étaie.nt consumés ... »; etc ... ). Postérieurement à l'époque' où il
Cette dernière catégorie, inconnue des langues modernes, est de cc fait
pour nous difficile à appréhender. Souvent un même verbe, en grec s'est plemement constitué, le passif grec a continué (sauf au futur
Âu-8~-~O(l.rJ.L, et à l'aoris~e tÀU-81j-v, caractérisés par un suffixe spécifique
ou en sanskrit, admet les deux voix active et moyenne sans que l'em-
ploi de l'une ou l'autre paraisse refléter clairement une distinction -~'I]-) a prés~nter les mem~s formes que le moyen. Cette situation, qui
tranchée. Il arrive aussi qu'un même verbe présente dans sa flexion eut été moms g~nante SI .le moyen .avait connu une régrcssion, ne
une alternance, selon les temps, de formes actives ou moyennes; manque ~as d~ faIre ressortlr le caractère encore fragile du passif grec. 1
d'où les couples de type gr. OvnCJXûljOrJ.VOÜ(l.rJ.L, ~rJ.tvûlj~·~crO(l.rJ.L, où la dis- La SItua tlOn présentée par le latin est à cet égard fort difTérente.
tinction ne parait guère plus nette qu'entre fr. « mourir »j« sc mourir», Comme le grec le laLin s'est donné, mais anLérieurement aux premiers
« avancer» j « s'avancer»; eLc ... Il arrivait cependant, plus fréquem- textes, un passif; e~~'()ppositi~!! .. a~~W"p~ssi ~ est devenue l'opposiLion
ment sans doute en indo-européen que dans les langues historiques, f~?damentale. U-E~roi§ièI!le V~!xJ dite « déponente », groupe des
que certains verbes connaissenL une seule voix, active ou moyenne. verbe~ ~e forme passive, mais assimilables pour ·le ·sens il des actifs .
Considérant cette opposition entre acliva lanlum et media lanlum On dlstlngu,e enfin p.adois une q~atrième_ voix, L.« impersonnel »,
comme la plus apte à faire ressortir la distinction fonctionnelle dépourvu d autonomlC morphologIque, et dont l'individualité fonc-
actifjmoyen, E. Benveniste a proposé entre les deux voix le clivage tio~nelle peut être elle-même discutée. Dans un tel système, la voix
suivant: « Dans l'actif, les verbes dénotent un procès qui s'accomplit a~tlve o~cupe la situati,on 'prééminente <ie voix fondamentale, par
à partir du sujet et hors de lui. Dans le moyen, qui est la diathèse rapport a laquel~e se defimssent les autres. Elle tend à grouper la
à définir par opposition, le verbe indique un procès dont le sujet est plus grande partle des verbes exprimant non seulement une action
le siège; le sujet est intérieur au procès 2 ». Il convient enfin de mais même un état (type lepëre « être chaud »), sans oublier le verb~
« être JJ, qui n'exprime ni action ni état. Dans de telles condiLions le
préciser qu'entre actif et moyen l'opposition ne se manifeste point
par adjonction de suffixe, mais seulement par permutation de deux probl~me n.e se po~e presque jamais de savoir pourquoi un verbe s'uit
séries de désinences, « actives» et « moyennes ». Le vocalisme radical la VOIX actlve.; malS 11 se pose en revanche de savoir pourquoi il suit
une autre VOIX.
réduit présenté fréquemment par la forme moyenne (gr. ·rtOe:(l.rJ.L, ÔEôO(l.rJ.L,
en face de ·rtelj(l.L, ÔLôûl(l.L) ne constitue pas un critère morphologique , 1. :t:c passü. A da~e ancienne et classique, le passif latin se
fondamental, conditionné qu'il est sans doute par le vocalisme plein caracténse p~r une flexlOn hétérogène, opposant deux groupes de
de la désinence moyenne. forme~._ :)t~nô.lS\ en efTet que p~~sent, imparfait, et futur de l'infectum
Par rapport à la situation indo-européenne ci-dessus décrite, les _se :constrUlsent, au moyen de dé?inences difTérentes, sur les mêmes
langues historiques ont le plus souvent innové , notamment en se themes _temporels_ o.u m~da.u~ que l'actif (ama-Ijama-lur; lcga-
constituant une troisième voix, le passif. Le grec ofTre, pour étudier musjleFa-mur,. lege-iLsjl~ge-mLnL), les formes relevanL du perfecLum
la constitution de cette voix, un champ d 'observation particulière- (pa:falt, plus-que-parfaIt, futur antérieur) sont bâties au moyen de
ment favorable. Il apparattainsi que, déja aLtesté en mycénien mais très pénphrases, où ~ une forme du verbe « être J) servant d'exposant
peu représenté encore à l'état pur chez Homère, le passif se dégage verbal est as~ocl~e 1!ne forme (accordée avec le sujet en genre et
progressivement du moyen (dans des tours comme A 10 : oÀÉxoV'ro nomb~e) de 1 ~dJecL1f verbal en *-lo-. Ce système opposant deux
ô~ ÂME « les peuples allaient se ruinant », d'où « les peuples étaient tech~lques flexlOn.nelles (amo-rjamaLus sum) paraît avoir longtemps
1. Le lerme de • moyen)) esl un emprunt fi. la lerminologie des grammai-
fonctlO?né sans dIfficulté grave. Une altération est cependant inter-
riens grecs qui, postérieurement à la constilution en leur langue d'un passif, venue a date récente, au terme de laquelle le locuteur, interprétant
onl distingué, enlre l'aclif (lvtpywx) el le passif (mxOoç), une voix dite (J.Ea6TI)ç, a forme du ver~e auxiliaire comme exposant temporel de la péri-
intermédiaire entre les deux au lres. Celle terminologie révèle que pour eux phrase, a compns le tour amalus esl (parfait) comme un présent. Il
l'opposition fondamentale est celle de l'actif au passif, et que le moyen soulève en :st résulté la dés~éLude du présent non-périphrastique de type
déjà une difficulté dans sa définition.
2. Voir E. BENVENISTE, Aclil el moyen dans le verbe, dans Problèmes de amalur; et la néceSSIté de reconstituer un parfait de type amalus
linguislique générale, pp. 168-175; voir nolammenl p. 172. 1. Voir H. JANKUHN, Die passive Bedeulung medialer Formen unlersuchl an der
Sprache Homers G1Hlingen, 1\l69.
258
259
f

fuil, où la forme [uit signalait d'emblée le temps de la périphrase. de leur côté des éléments empruntés au moyen, et mêlés à des carac-
C'est de ce type entièrement périphrastique qu'ont hérité les langues téristiques impersonnelles . Elles seront examinées en leur temps
romanes. On peut se demander pourquoi, dès une époque ancienne, le (v. p. 277 sq .). La très grande similitude observée entre le passif latin
passif latin n'avait point bénéficié de cette homogénéité flexionnelle. et celui de l'osco-ombrien, tant en ce qui concerne les désinences que le
Il était certes impossible que fût constitué en latin ancien un présent double système flexionnel, permet de reporter au stade de la commu-
périphrastique, l'adjectif en *-10- étant incompatible avec l'expression nauté italique la constitution de ce passif.
d'un fait présent. Mais il eût été possible de constituer une flexion
entièrement synthétique, et une forme *amavi-mur pouvait s'opposer 2. I.c déponcnt. L'appellation de déponent, proposée par les
à l'actif amavi-mus aussi économiquement que ama-mur à ama-mus. grammairiens latins, englobe une catégorie de verbes actifs pour le
Il semble que la langue se soit au perfectum constitué une flexion sens, mais qui paraissent se dépouiller (deponere « laisser choir ») de
périphrastique uniquement en fonction de la valeur, proche de celle la forme active attendue, pour revêtir la forme passive. De fait, la
de perfectum, qu'avait déjà auparavant acquise l'adjectif en *-lo-. 11 flexion du déponent se confond presque entièrement avec celle du
suffisait dès lors, pour constituer l'équivalent d'un verbe, d'associer passif, dont il possède toutes les formes, recevant toutefois en supplé-
cette forme adjectivale à un auxiliaire verbal. Du même coup pou- ment un participe présent inconnu du passif, et de forme active
vaient s'introduire, dans le verbe, des exposants de genre, jusque-là (imila-nl-em comme ama-nl- em). Mais l'apparence sur laquelle se
solidaires uniquement du nom. Et si les langues indo-européennes ne fonde la position des grammairiens latins résulte d'une situation
connaissent point le genre verbal, on sait que cette catégorie, comme ancienne fort diITérente. Le déponent latin continue, en réalité, le
le prouvent les langues sémitiques, peut n'être pas étrangère au verbe. grou pe des verbes indo-européens fléchis uniquement selon la voix
Sur le plan de la fonction, le passif du latin, comme celui des moyenne, par ailleurs abolie en latin, mais conservée dans cette classe
autres langues, n'exprime aucune notion que ne puisse de son côté exiguë de media lanlum. On constate en eITet que les déponents latins
et à sa manière exprimer l'actif; et les deux tours Peirus [ail Paulum d'usage le plus courant illustrent en général les valeurs que l'on peut
(actif), ou Paulus [erilur a Peiro (passif), se ramènent tous deux à la assigner en indo-européen à ces media lanlum: naître (lat. nàscor,
même assertion : « Il y a de Pierre à Paul un rapport de battant il gr. y(yvO(LIX~); mourir (lat. morior, skr. mriyale); épouser un mouvement
battu. » Toutefois, dans la formulation logique et linguistique de ce (lat. sequor, gr. Ë1tO(LIX~, skr. sacale); être manre (lat. polior, sh.
fait, ce n'est pas, d'un tour à l'autre, le même individu qui est présenté palyale); jouir, avoir profit (lat. [ungor, skr. bhunklé); souITrir,
comme sujet de l'assertion; et le tour passif présente, par rapport à endurer (lat. palior, gr. 7tbJo(LIX~); éprouver une agitation mentale (lat.
l'autre, deux caractéristiques connexes : 1 0 Il met en vedette le menlior, gr. !lIX(\lO(LC(~, skr. manyale); prendre des mesures (lat. medeor,
patient (ici, le battu), en énonçant à partir de lui, et dans une perspec- gr. !l~OOIJ..IX~); parler (lat. loquor, [or; cf. gr. ÉcpIX"O)1.
tive déterminée par lui, le procès. 2 0 Il place en une position de 11 n'est pas moins vrai que cette valeur moyenne n'est plus saisie
retrait l'auteur de l'action « battre )l, lui assurant un rôle complé- par les Latins comme catégorie mentale importante, et que, du même
men taire, et non essentiel : dans Paulus [erilur a P elro, l'assertion coup, le déponent n'apparaît plus comme catégorie linguistique
Paulus ferilur l'emporte nettement en importance sur l'assertion fondamentale. C'est pourquoi on le voit subir en latin un processus
ferilur a Peiro. Cela revient il constater que l'opposition actif/passif d'afTaiblissemenL. Non que la langue latine renonce progressivement
consiste à placer un fait identique dans deux perspeetives inversement au déponent: on a récemment montré 2 au contraire que le latin, à
polarisées. On comprend dès lors pourquoi certaines langues peuvent chaque période de son histoire, tout en conservant un lot de formes
sans dommage irrémédiable se passer d'un passif; et pourquoi le choix anciennes, leur ajoute régulièrement un petit lot de déponents nou-
du passif relève souvent, en latin, d'une pure option stylistique. veaux, cela jusqu'aux abords de l'époque romane. Mais cette survie,
Du point de vue de sa genèse, le passif latin procède de deux parfois déguisée en réanimation, est en fait illusoire . Dès l'époque la
sources selon qu'on considère les formes périphrastiques ou les formes
synthétiques. Ces dernières paraissent reposer pour l'essentiel, eomme 1. DéLai! emprunLé à M. E. BENVENISTE, A cU! cl moyen dans le verbe;
dans Problèmes de linguistique générate, pp. 168-175, noLammenL p. 171.
en grec, sur l'ancien moyen; et la valeur passive a dû s'extraire du 2. CommunicnLion d e P. FloberL à la So ciéLé de LinguisLique de
moyen, il date pré-historique, à travers les mêmes tours qui ont Paris,22 avril ID67 (v. B .S .L. 63, l, p. X sq. ). Voir, du même auLeur, Déponent
sécrété le passif grec. Les désinences passives du latin comportent el passif en italique ct en celtique (Annales de BreLagne LXXIV, <l, p. 5G7 sq.)

261
plus ancienne le latin a perdu un nombre important des verbes fléchis formes « non-personnelles» (telles qu'in finitif et parti.cipe), dépo~rvues
en indo-européen comme moyens; et divers indices montrent par de désinence actualisante, et incapables de ce faIt de fo~ctlOnn e r
ailleurs que les déponents conservés, plutôt qu'une catégorie vivante, comme centre de proposition; et d'autre part des forn:es « lmperson-
constituent le produit de déchet d'une catégorie disparue. Ils ne corres- nelles ll, pourvues de l'indice actualisant qu'est la désmence, suscep-
pondent en efTet dans l'esprit de l'usager à l'expression d'aucune tibles de cc fait de recevoir aussi dcs indices temporels ou modaux,
valeur précise, comme le montrent: a) la double flexion, dès une épo- mais non-susceptibles de voir permuter avec d'autr.es l'i?dice ~ésinen­
que ancienne, de certains verbes (mererifmerere; ludificarifludificare; tiel qu'elIcs portent. Nous obse~vons dès lors.la SItuatIOn SUIvante:
etc ... ). b) Des exemples de verbes ordinairement déponents, mais éven- plu il, lonal, peuvent comme legl.l, amal, cor:stItuer des énon.eés com-
tuellement fléchis comme actifs par certains auteurs (ainsi, Lucilius piets; mais à la difTérence de legLi, amal (qUI dans leur ~aradlgme res-
1154; auxiliare; C.I.L., XII, 1590: (ungere; Lucrèce 111,881: miserere)' pectif s'opposent à lego, legis; amo, ?mcïs), les formes. Impersonnelles
Varron, Lingua Lalina VI, 6,46; recordare; Plaute, Rudens,'1242, prae- plu il, lonal, constituent le terme umque de leur flex!or:. Leur para-
dare; etc ... ). e) Inversement, des exemples de verbes ordinairement digme est, en un mot, unipersonnel. !"- cette, .caracténstlque morpho-
actifs, mais épisodiquement fléchis comme déponents (ainsi, T. Live, logique s'en ajoute une autre, syntaxIque: s II est exac.t que le verbe
IV, 24,2 : communicari; Virgile, En. VII, 756 : medicari; Plaute, Cap- indo-européen inclut l'expression, au moyen de la désme~ce , de son
tifs 13 : mendicari)' Cicéron, Nalur. Deorum II,85: nulricari; etc ... ). sujet (legis cc tu lis » : sujet cc compris dans le verbe ll), Il n.'est pas
d) Des exemples en fin où une forme déponente se trouve comprise moins possible, dans le cas d 'un verbe personnel, d'exP:lmer au
comme un passif. Le fait est fréquemment attesté pour l'adjectif en moyen d'un nominatif apposé l'identité du sujet (paler legLi). Cett~
*-lo-, qui par sa nature entretient des rapports étroits avec la valeur possibilité est refusée au verbe i,mpersonne,l, ~ont l'agent es~ v.oué ~
passive; mais on a aussi des exemples pour des formes personnelles; l'anonymat, le verbe se bornant a affirmer 1 eXlst~nce du proce~ . p,tutl
ainsi Cicéron, De Invenlione 1,48: misereri« être objet de pitié »; Pro- cc il y a pluie ll. Les Grecs avaient c~rte~ im~~mé une explIcatIon,
perce, IV, 4,34 : conspicari « être aperçu»; etc ... Tous ces faits dénon - revenant à considérer Zeus comme sUjet ImplICIte du pro ces cc pleu-
cent clairement, de la part du locuteur, l'impuissance à appréhender la voir»' d'où les deux expressions équivalentes pour le sens Üe:L ct
valeur spécifique du déponent. La création secondaire de nouveaux Ze:ùç Ü~L. Meillet, se fondant sur ces locutions, pouvait encore inter-
déponents correspond dès lors non à un besoin, mais plutôt à la crainte préter l'impersonnel Üe:L. comme issu ~e l'expression personne~le,
de fléchir fautivement comme actif un verbe que l'on soupçonne à tort considérée comme anténeure, et explIcable par une conceptIon
d'avoir été déponent. Il semble bien en tout cas que les nouveaux animiste des phénomènes naturels. Pour les linguistes d 'aujourd'hui,
déponents apparus à date récente n'aient eu d'existence qu'épisodique; il ne fait plus de doute que le tour personnel Ze:ùç Üe:L procède au
et, dans les langues romanes, aucun vestige n'est demeuré de la flexion contraire d'un remodelage à partir du tour impersonnel Üe:L 1 • Le
déponente, tous les anciens déponents ayant été assimilés à des actifs. problème continue donc à sc poser d'expliquer la présence, dan s le
verbe impersonnel, d'une désinence personnelle.
3. J}impcl'sonllcl. On considère fréquemment comme relevant Cc problème sera aisément résolu si l'~n considère q.ue l'irr: per-
de la voix l'existence en latin (ou en d'autres langues) d 'un imper- sonnel des langues indo-européennes anCIennes sc VOIt toujours
sonnel, forme verbale insensible à la catégorie de personne. En fait, attribuer l'indice flexionnel de 3 e pers. sing.; c'est-à-dire, au terme
la notion même d'impersonnel est ambiguë. Le verbe comporte des des travaux d'E. Benveniste (v. p. 219), de la « non-personne ». La
formes qui, non-soumises à la flexion personnelle, ne sauraient être désinence observée dans plui-l, lona-l, n'est nullement personn elle,
cependant considérées comme impersonnelles. L'in finitif par exemple, et ne devient apparemment personnelle dans legi-l, ama-l, que grâce
ou les difTérents participes du verbe latin, constituent des cc formes à la possibilité qu'elle a dans ces verbes cc personn~l s » de permut~r
nominales n, dont le comportement dans l'énoncé est radicalement avec les vraies désinences personnelles de leg-o, legl-s, etc ... La désl-
difTérent de celui des impersonnels pluil cc il pleut n, lonal cc il tonne n,
ilur cc on va n, etc ... Nous constatons au surplus, avec quelque surprise, 1. «.. . les locutions ~~ùç Ü€~ sont, à n'en pas douter, récentes et en quelque
que ces dernières formes, dites impersonnelles, ne comportent pas sorLe rationalisées à rebours. L'authenticité de Ü~~ tient 11. cc qu'il énonce
positivement le pro cès comme se déroulant en dehors du. « j~-t~ » qui seuls
moins une désinence apparemment personnelle. Pour triompher de indiquent des personnes ». (E . BENVENISTE, Problèmes de lln!]UlslLque générale,
cette ambiguïté, nous distinguerons soigneusement d'une part des p . 230).
262

-
nence -1 de plui-l ne constitue dès lors nullement l'expression d'un II. TEMPS ET ASPECT
sujet personnel « compris dans le verbe », e~ se borne, à actuali~er Le verbe des langues occidentales modernes fait, à côté des voix,
l'idée cc il y a pluie ». La présence de cette désmence -l n a pas mOl~s
une part considérable il la notion de temps. Il apparaît, ~u terme de la
une conséquence importante : en assimilant formellement plUl-l
reconstruction, que l'indo-européen faisait à cette notIOn une place
au type flexionnel dont relève legi-l, elle permet au verbe impersonnel
fort réduite, et que les oppositions essentielles de son système s'ordon-
de recevoir les mêmes indices modaux ou temporels que comportent
naient selon une perspective toute diIIérente, celle de l'aspect. Il
lega-l, lege-l et rend du même coup possible l'existence de fo:-mes.plual
eonvient avant toute chose de définir ces notions de temps et aspect.
« qu'il pleuve », pluel « il pleuvra JJ, rarement attestées, maIS eXIstant
La notion de temps verbal consiste à localiser le procès dans la
en droit.
durée, représentée sous forme d'une ligne continue, sur laquelle un
Il n'est pas moins exact que l'imp~rsonnel ne poss.èd~ e? lati? repère détermine de part et d'autre de lui-même une durée passée et
aucune forme spécifique, et que, d'un pomt de vue descrIptIf, Il éqUI- une durée il venir. Ce repère correspond le plus généralement à l'ins-
vaut à une 3° pers. sing. d'un verbe de flexion courante. C'est
tant de la durée où se situe l'acte de parole, et équivaut ainsi a u pré-
d'ailleurs si l'on excepte les formes actives pluil, lonal, fulminai,
sent du locuteur 1. Il peut arriver aussi que l'on situe dans le passé
toutes arfectées à l'expression de phénomènes naturels, le passif qui
ou l'avenir le moment servant de repère; et par rapport à ce moment
s'est le plus couramment prêté il l'expression d'un procès impersonne.l.
se déterminent encore un avenir et un passé; types « je remettrai
Nous avons vu (p. 260) que le passif a pour efTet de placer en ;etralt
vendredi le devoir que j'aurai rédigé jeudi »; ou « je lisais hier le li.vre
l'auteur de l'acte. Le pas est aisé à franchir vers la suppressIon de
que j'avais acheté avant-hier JJ. On constate qu:, dans ces dern~ers
toute référence il cet auteur. Ce stade correspond au type Plaute,
exemples, on énonce un procès doublement localIsé, par rapport a, la
Miles 24 : epilyrum eslur insanum bene « l'olive confite se mange chez
fois à une date, et au présent du locuteur, par rapport auquel se repe:-e
lui éperdument bonne ». Il suffit de supprimer l'expression purement
la date considérée. On obtient ainsi la notation d'un temps relatIf,
formelle du sujet de verbe passif pour obtenir le tour impersonnel
qui permet d'atteindre à une grande précision dans la localisation
• eslur insanum bene « on mange chez lui éperdument bien ». La comédie
objective d'un procès futur ou passé. ._ ,
latine abonde particulièrement en passifs impersonnels de ce type :
Toute diIIérente est la notion d'aspect, qUI repère un proces
dalur « on donne» (Plaute, Pseudo 155); amalur « on aime» (ibid., 273);
non par référence au moment où se situe l'acte de parole, mais par
etc ... Cet emploi impersonnel du passif de verbes transitifs a entraîné
une sorte de référence interne au procès lui-même. On peut en efTet
la constitution , dans cet unique emploi, d'un passif artificiel de verbes
. décrire le procès comme sur le point de s'acc~mplir, il son début.' en
intransitifs: egelur « on manque de » (Plaute, Pseudo 273); concurnlur
son cours il son terme, achevé, etc ... Ces notIOns sont en françaIs le
plus souv~nt exprimées par des, lexèmes (se préparer ~, se mett~e il,
« on s'assemble promptement JJ (Salluste, Jug. 53, 2); dimicalur « on
combat (Cicéron, De Off. l, 38); bellalur « on guerroie JJ (T. Live,
commencer à être en train de, finir de), la constructIOn syntaxIque
XXIX, 26,4) erralur « on erre JJ (Vir., Georg., III, 24?); etc ... La forme servant de s~n côté à distinguer un aspect indéterminé cc l'homme
ilur a peut-être joué, il cet égard, un rôle détermmant (v. p. 279).
respire ))) d'un aspect déterminé (cc Pierre respire l'air marin JJ). En
De ce qui précède, un point doit être retenu: Qu'il s'agisse du
d'autres langues, la forme du verbe est susceptible de varier selo.n
type pluil « il pleut JJ, ou du type amalur « on aime JJ, l'impersonnel
la notion que l'on désire exprimer; ainsi le latin distingue s'ida « Je
latin se caractérise par la non-expression de l'auteur du procès.
m'assieds JJ de sedeo cc je suis assis JJ; en russe, un même procès est
L'impersonnel de forme passive étant de loin le plus courant, cel.a
exprimé au moyen de deux formes verbales difTérent.es, selon qu'il est
revient il dire que l'impersonnel latin n'est le plus souvent qu'U? passIf
déterminé et envisarre le terme du procès (type: cc J'attends le cour-
rier))) ou indétermi~é aucun terme n'étant envisagé pour le procès
sans sujet exprimé (type eslur: V. ci-dessus). On peut en dédUIre que,
pour un usager du latin, l'impersonnel devait être senti c.omm? très (type ': cc j'attends)) , cc je suis dans l'attente »). C'est. ce trait de
proche d'un passif. Il apparaît dès lors comme largement IllUSOire de
structure qui, nommé vid en russe, a été appelé en f,rançals, a~ t~rme
distinguer en latin une « voix impersonnelle JJ autonome.
d'un calque, cc aspect )). Il convient, à propos de 1 aspect, d mSlster
1. Voir E. BEr-;VENISTE, Le langage cl l'expérience humaine, dans Pro-
blènus du langage (Colleclion Diogène), Paris 1966. Voir nolammenl p. 8 el sq.

264 265
sur deux points: 1° C'est à tort que l'on oppose souvent, au temps progressif, correspondant au thème dit cc présent )J, caractérisé à
cc objectif », l'aspect comme cc subjectif )J; et un tour cc il se met à pleu- l'actif par un vocalisme plein radical de timbre e, et des désinences
voir )J n'est à aucun degré plus subjectif que cc il pleuvra dimanche )J primaires; 2° un aspect statique et achevé, correspondant au thème
(temps). 2° II convient de considérer l'aspect comme un trait de struc- dit cc parfait)J, caractérisé anciennement par un vocalisme plein radical
ture linguistique, sans plus; et le fait pour une langue d'ignorer le de timbre 6, ct une série spécifique de désinences. Un redoublement
temps verbal n'implique nullement que les usagers de celte langue non-obligatoil'e, s'ajoutait très fréquemment il ces caracLéristiques:
ignorent conceptuellement le temps dimensionnel, ou soient incapables d'où le type grec y.t(l.ove:, 7tbt?LGIX, 'tt:-pOtplX, etc ... ); 30 enfin, un aspect
de l'exprimer par d'autres moyens. On observe dans les faits que « z?ro )J, n~ dyn~mIque . 111 statique, 111 progressif ni achevé, correspon-
telle langue ne connaît que l'aspect, qu'une autre ne connaît que le dait au theme dit « aOriste )J, souvent caractérisé par le vocalisme radi-
temps, qu'une troisième marie dans son système verbal les deux cal réduit, ct affublé de désinences secondaires. Selon E. Benve-
notions. De cette constatation il découle que ni l'aspect ni le temps niste, l'aoriste serait d'origine nominale (v. p. 129), ct sc serait secon-
ne correspondent à des catégories linguistiquement nécessaires. L'une dairement fixé comme catégorie verbale; de récents travaux dus il
et l'autre est d'ailleurs susceptible de s'exprimer lexicalement, sans Calvert \Vatkins 1 paraissent confirmer ces vues. L'aspect « zéro )l
faire appel à des caractéristiques morphologiques du verbe. II de l'aoriste, souvent qualifié de « ponctuel)) ou « non-duratif)) serait
convient donc de considérer la structuration du verbe en une langue ainsi explicable par le fait qu'une forme initialement nomi~ale ne
scion l'une ou l'autre de ces catégories comme une simple donnée pO?,vaitqu'être ?tr~ngère au ~yst~me aspectueI. II convient d'ajouter
linguistique, n'ayant de portée que dans le système considéré. qu a .cette orgamsatIOn en trOis themes, correspondant à trois aspects,
L'indo-européen, si l'on se fic au témoignage de l'indo-iranien, v~nalent se ~uperpose: des manifestations également morphologiques,
du grec, ou du slave, ne faisait à l'expression du temps qu'une place bien que moms essentIelles, de l'aspect. C'est ainsi qu'une assez ('l'rande
très eXiguë. Sans doute était-il loisible de repérer chronologiquement variété de suffixes ou infixes était susceptible de conférer au ;résent
un procès grâce à des adverbes temporels signifiant cc maintenant ", des aspects déterminé, ingressif, etc ... II convient aussi de signaler
cc avant )J, cc après », cc hier )J, « demain )J, etc ... Mais la morphologie ~ne conséquence immédiate de l'organisation aspectuelle du verbe
verbale ignorait à peu près complètement les morphèmes temporels. mdo-européen : l'absence d'une « conjugaison )), c'est-à-dire d 'un sys-
Le préverbe nommé cc augment )J, qui a pour fonction de rejeter dans le tème ~ohérent de formes, à l'intérieur duquel une forme donnée puisse
passé l'idée d'un procès, n'est attesté qu'en grec, arménien, et indo- autoriser, compte tenu d'un système constant de flexion, la déduction
iranien; il a dû se constituer à date récente sur ces domaines, et, de t~ut le paradigm~, comme ?e « aimassiez)) on peut en français
n'apparaissant point aux modes autres que l'indicatif, n'est pas tou- dédUIre tout le paradigme de « almer ". A cet égard, le verbe indo-euro-
jours en ces langues mêmes obligatoire (voir le grec homérique). Par péen, loin de revêtir cette apparence de conjugaison, consistait bien
ailleurs, il semble que l'indo-européen ait pu accessoirement exprimer plutôt en une collection de formes, dans une large mesure auto-
le passé en recourant aux désinences cc secondaires l) (v. p. 272). Ces nomes, résultant moins d'une recherche organisatrice que d'une
désinences, qui peuvent apparaître même au présent de certains modes convergence accidentelle. Le point extrême résultant de cette situation
(optatif), n'expriment en réalité nullement le ' passé, mais la non- était atteint dans les cas où une racine donnée s'avérait incompatible
actualisation d'un procès. Quant à l'avenir, il ne semble pas que a:,e~ l'expr*ession d'un même procès sous ~ous ses aspects; ct c'est
l'indo-européen ait jamais comporté d'indice morphologique afTecté à amsl que bher- « porter ll, de valeur umquement durative était
son expression. On peut poser qu'en règle générale aucun élément des suscertible de produire un présent, mais non un aoriste, ou un p~rfait;
structures verbales indo-européennes ne correspondait authenti- et qu mv?rsem~nt une r~cme *welc w_ « dire )), présente dans gr. d7tov,
quement ct spécifiquement à l'expression du temps. skr. avocat, étUlt .susceptlble de produire un aoriste, mais non un pré-
Tout à l'opposé, la notion d'aspect jouait dans l'organisation sent ou un parfait. De celte situation découlait la nécessité de recou-
structurelle du verbe indo-européen un rôle éminent. Une langue rir, pour p:ésent~r un même procès sous ces différents aspects, à un
comme le grec, qui paraît refléter sur cc point très fidèlement l'état lot de raell1es différentes, chacune spécifique d'un aspect, ct qui
ancien, laisse apparaître trois aspects fondamentaux, auxquels se
trouvent afTectés trois thèmes verbaux, de forme différente, et spéci- I. Voir C. \VATKINS, Indo-curopean origins 01 lhe C cl/ie ucrb . Dublin,
fiques chacun d'une valeur. Ce sont: 1° Un aspect dynamique et 1962.

266 267 .,
r
s'échangeaient dans le cours de la flexion. Ce phénomène, connu sous tion d'un résultat définitif (dix[ « je n'ai plus rien il. dire)); fëcï cc voilà
le nom de « supplétisme )), a laissé en grec les paradigmes hétérogènes ma Lâche terminée; etc .... 2 0 L'aspect demeure aussi exprimé par le
de <ptpu> , o!aù), ~\leyxO\l « porter )); Àt-yU>, Èpw, EL7tO\I, dp'l jxa, « parler )), mode de formation des thèmes, notamment de préscnt (opposer
etc ... En latin, quelques traces, moins nombreuses, subsistent dans gigno « je fais naître ))jnascor « je nais n; sedeo «)e suis ~ssis. njsïdo
la flexion de ferojluli; sumjfui . Mais la tendance du latin à « conju- « je m'assieds !) ; seneo c( je suis vieux »jsenesco « Je me faiS vieux n;
guer » son verbe a considérablement réduit la part du supplétisme. etc .. . ). 3 0 Nous citerons enfin pour mémoire, comme de nature non
Par rapport à l'état indo-européen, dont le grec fourmt encore morphologique mais lexicale, l'expression de l'aspect au ~oyen d.e
une image fidèle, le latin présente des innov~tions Jm~ortantes. La préverbes (opposer laceo « je suis silencieux njconliceo « Je me tais
plus considérable a sans doute été opérée au n~veau Italique com~un subitement njreliceo (c je m'impose le silence »).
(elle apparaît aussi en osco-ombrien), et consiste en un syncrétls~e Notons pour finir un point: la motivation et le process.us ~es
des anciens aoriste et parfait indo-européens: dès lors le verbe latm innovations constatées en latin nous échappent. La réorgamsatlOn
n'oppose plus que deux thèmes, un présent, dit « infeclum .)), et un du verbe latin selon des critères inconnus de l'indo-européen est pour
« perfeclum )), issu du syncrétisme susdit. Les deux termes lnfeclum, nous une donnée de fait; et toute considération diachronique doit se
perfeclum, créés par les grammairiens latins, supposent encore en~re borner à comparer à l'ancien le système nouveau.
ces deux thèmes une opposition de nature aspectale. Il n'est pas moms
exact que le perfectum, synthèse peu homogè~e d'un a.oriste n.on-
duratif et d'un parfait de valeur statique, a de moms en moms expnmé III. LES j\lODES
l'aspect l, et tendu au contraire, au m~ins à l'indi~atif, ~ f?nctionner Le verbe indo-européen ne se bornait pas à exprimer morpholo-
comme temps historique de la narratlOn au passe. Mals a un autre giquement la notion objective d'aspect; il comportait aussi des indices
niveau, la notion de temps prend plus nettement encore le pas sur aiTectés à l'expression de notions plus subjectives, et montrant que I.e
l'aspect, au terme d'une seconde innovation. A une époque où l'oppo- procès était envisagé, voulu, souhaité, possible, etc ... Les grammai-
sition infectumjperfectum demeurait pour l'essentiel aspec~ale, riens grecs avaient désigné par ÈyxÀ(aELç les formes re~êtues par le
chacun de ces deux thèmes est devenu la forme de base et le pivot verbe pour traduire ces notions. Les latins ne se sont pomt contentés
d'un système temporel, recevant de part et d'autre un prétérit ct un de traduire ou calquer le terme grec, et ont imaginé l'appellation
futur . Ainsi a été créé un double système sumjerojeram (temps de nouvelle de modï « manières n, conservées dans le terme « modes ))
l'infectum); fuïjfuerojfueram (temps du perfectum). Par la suite, de la grammaire moderne.
à mesure que l'opposition infectumjperfectum a t?ndu elle aussI a Le verbe indo-européen avait comporté un système modal assez
devenir temporelle, le prétérit du perfectum a pris de plus en plus riche déterminé par rapport à un mode fondamental, aiTecté à l'ex-
l'apparence d'un plus-que-parfait, le futur du perfectum deve?ant pression du procès réel: celui que les grecs nommaient &7tocpa~Lx.~, ou
lui-même un futur-antérieur. Ainsi, déséquilibré par le syncrétisme bpLa"L)(.'~ (c mode qui montre )), ou « qui définit»; et que les latms ont
de l'aoriste et du parfait en un thème unique, le verbe latin a presque transposé en indicalivus. En face de lui existaient, de façon sûre, un
entièrement basculé vers une organisation temporelle. Placées en
optatif (gr. E0x'nx.~) et un subjonctif (gr. tmO"ax."Lx.~~, tous deu~ po.ur-
vedette dans le verbe grec, les oppositions aspecLales passent à l'arrière vus de caractéristiques morphologiques et fonctlOnnelles de fimes.
plan dans le verbe latin. Celles qui demeurent ne sont plus ~u'acce.s~oi­ On ne peut en revanche faire état avec certitude d'un mode indo-
rement exprimées : 1 0 d'une certaine façon encore par 1 OppOSltlO~ européen désidératif, qui eût exprimé le désir de voir le procès s'accom-
infectumjperfectum, l'infectum traduisant comme le présent dont 11 plir. On constate en eiTet dans les langues que , à la difTércnce du sub-
est l'héritier la progression dans la durée, et le perfeclum conservant jonctif, de valeur voisine, le désidératif n'apparaît point comme forme
pour sa part quelques valeurs anciennes: permanence dans un état
parallèle accompagnant en droit tout indic~tif. ~t s'i.l exi,ste bien ,un
(novi « je sais)), comme gr. otèa; memini « je me rappelle n); ou obten- morphème •-s- solidaire de l'expression désldératlve, 11 eXiste en defi~
nitive peu de paires (comme latin quaerojquaeso; vldeojviso) ~Ul
1. Dans la mesure où il s'oppose aspeetalement à l'infcetum , e'cst comme lui donneraient apparence de formation constante. Il semble .que, blen
thème non-duratif; mais il semble quc, inversant le l'apport démarcatif, le plutôt, le morphème '-s- ait servi à constituer un type par.ml d'a~tres
latin ait surtout vu dans l'in-feclum un non-per-feclum. d'indicatif; et c'est bien ainsi que le traitent le grec (qm en fait un
268 269
futur: ).,U-cr-w) ou le latin, qui bâtit sur le thème de désidératif d'autres une valeur modale, elles n'ont pas moins été conservées dans la ilexion
modes (viso/visam, comme lego/legam). Certains linguistes ont enfin latine, où elles correspondent à une catégorie nouvelle: le temps dit
attribué à .l'i?do-européen un injonctif distinctdu subjonctif; mais « futur ». On assiste ainsi en latin à une redistribution fonctionnelle des
les caract~rIstlq~es morpholo.g iques de ce soi-disant mode n'ont jamais formes héritées; et la langue a remédié à l'absence d'une catégorie
été. défimes cl~lrement; et II apparaît que l'on a par « injonctif» temporelle (le futur, absent du système verbal indo-européen : v.
désigné des notIOns trop hétérogènes pour que l'on soit fondé à retenir p. 329) en afIectant à son expression un mode faisant double emploi .
cette catégorie sur la liste des modes indo-européens. En efIet, entre les valeurs de volonté (subjonctif) et de souhait
. On attribu~ aussi parfois l'appellation de mode à l'impératif, (~ptatif), d'éventualité (subjonctif) et de possibilité (optatif), la
qUI paraît exprimer, comme le subjonctif, une volonté traduite en dlfIérence, autrefois clairement sentie, n'avait cessé de s'atténuer;
ordre. L'impératif ne saurait cependant être considéré comme un et le subjonctif, orienté par ses valeurs de volonté et d'éventualité vers
mode, et pour plusieurs raisons: 1° Il ne possède pas une série com- la considération de l'avenir, fournissait à la langue un moyen écono-
plète. ùe formes, et ne connaît comme personne fondamentale que la mique d'exprimer morphologiquement le futur. Ce procédé n'est
dem~lème . du. singu.lier; la première personne, de singulier ou de d'ailleurs pas connu du seul latin; et le grec, qui a le plus souvent
pluriel, I,UI /mt ,tou~ours défaut. 2° Le verbe indo-européen n'a pas afIecté à l'expression du futur la forme désiclérative du verbe, ne
comporte d Imperatif pour tous ses thèmes; et le latin continuant cet connaît pas moins des futurs t30fLer:~, 7t(ofLCCl, qui continuent pour la
état, n'a pas d'impératif au perIectum (à l'exceptio~ de memen-lo, forme des subjonctifs. En latin, l'origine subjonctive du futur apparaît
formé sur le thème de memini). L'impératif n'est caractérisé par aucun non seulement à l'examen des morphèmes (v. p. 329 sq.), mais se trahit
morph~me spécifique, et les désinences, lorsqu'il en comporte, s'ajou- aussi par certains emplois proches d'une expression modale: formula-
te~t directement au thème d'indicatif. 4° L'impératif en efIet n'ex- tion d'un ordre (Cicéron , Fam. V, 12, 10 : lu inlerea non eessabis « toi,
prime. réellement aucune modalité du procès; et l'impression qu'il ru tâcheras dans l'intervalle d'être actif »); expression de la délibé-
tra~Ult ~n~ volonté en intimant un ordre naît uniquement de l'into- tation (Térence, Héeyl'e 628 : quid l'espondebo? « que dois-je répon-
natIOn mSlstante avec laquelle il est prononcé : entre gr. Àéy&'t'& dre?»); de l'éventualité même, notion proche de la probabilité (Plaute,
« vous parlez» et Àéy&'t'& « parlez Jl, toute difIérence se ramène à une Persa 645 : haee eril bono genere nala: nihil seif nisi verum loqui « cette
réalisatio~ distincte dans la parole (intonation). De toutes ces re- fille doit être bien née: elle ne sait dire que le vrai »).
marques 11 résulte que l'impératif, apostrophe verbale, n'est pas Il est difficile de préciser à quelle époque a été opérée la réforme
un mode. Ne sont pas davantage des modes les diverses formes du système modal illustrée par le latin. Le syncrétisme fonctionnel
cla~sé~s dans les catégories d'infinitifs et participes: ces substantifs et optatif/subjonctif a son équivalent dans les autres dialectes italiques;
adjectifs verba~x, noms d'action ou noms d'agent, comportent et le ~ubjonctif de l'osco-ombrien utilise les mêmes morphèmes que
des suffixes nommaux et non verbaux' ils sont de surcroît étranc:rers a' le latm. Le futur osco-ombrien est toutefois fort difIérent du futur
1. a fl exlO~
. personnelle. N'exprimant enfin ' b
aucune modalité du procès, latin, et ne constitue pas une réutilisation du subjonctif ancien. "Il
1Is constituent une classe qui devra être examinée à part : celle des semblerait. ainsi qu'à l'époque où se sont séparés latin d'une part,
formes nominales du verbe. . osco-ombrlen d'autre part, le système v erbal tendait déjà à la simpli-
. Pa~ rap~ort au système indo-européen, le latin présente des fication modale, sans que soit encore fixé le sort réservé à l'ancien
mnovatlons Importantes. Il conserve certes, comme mode fonda- subjonctif. C'est donc à date proprement latine qu'a dû s'achever
mental, l'in?i.catif; mais il lui oppose un mode unique, nommé par la réorganisation d'où procède le système modal du latin.
les gram~aJrJ~~s latins s~biu~ci~vus, mais qui n'est nullement pour Si l'on persiste il désigner par mode l'impératif, on constate que
la ~orme 1 hérltl~r du subjonctif mdo-européen. En fait, le subjonctif le verbe latin conserve cette catégorie, dont il enrichit la flexion
latm se caractérise par des morphèmes d'origine uniquement optative, personnelle, tout en lui procurant des oppositions de temps (ama/ama-
cependant que, pour la fonction, il additionne les valeurs des deux ta) et de voix (ama/amare). De la même façon, le latin conserve
modes anciens .o~t.atif et subjonctif, développant toutefois, à partir une importante série de substantifs verbaux, parfois assez lointaine-
de ces valeurs Imtlales, des emplois nouveaux. Ce syncrétisme fonc- ment rattachés au verbe (gérondif, supin), mais parfois aussi très
tionnel n'est d'ailleurs pas le seul fait à noter' car si les formes de étroitement associés à la flexion verbale. C'est ainsi que les infinitifs,
l'ancien subjonctif indo-européen ne correspoddent plus en latin à insensibles aux variations de personne, ne connaissent pas moins

270 271
r
des oppositions ·de· temps et de voix. Les adj~ctifs verbaux ont de verbales non-actualisées, la désinence primaire caractérisant en
même tendu à s'agglutiner à la flexion verbale latine, mais constituent revanche des formes de valeur actualisée. L'afTectation aux deux
une classe assez peu ordonnée. Ainsi, le participe en * -nl-, de valeur séries d'une valeur temporelle (présentjprétérit) n'a pu être qu e
active, n'apparaît. qu'aux seules voix active et déponente, et se secondaire, et n'a jamais été systématique. Enfin, l'indo-européen a
construit uniquement sur le thème du présent. Un autre adjectif connu une dernière opposition, très partielle, entre désinences théma-
verbal, en -lüru-s, improprement dit « futur·», n'est lui aussi connu tiques et athématiques. Cette opposition a dû se constituer tard , et
qu'à ces deux voix. Inversement, deux adjectifs en "-lo- et "-ndo, n'a touché, au terme de la période communautaire, que la première
initialement neutres vis-à-vis de la voix, ont été associ és au passif personne du singulier active (opposition athém. -mijthém. -0: gr.
et au déponent, auxquels ils fournissent deux participes dits respecti- "W"fJ-(.l.LjÀ€Y-W), En lieu et place de -0, désinence thématique de toutes
·vement. (et improprement) passé et· futur. Il n'est pas moins exact que les autres langues, le hittite présente une forme -!Ji, analysable sans
le. latin, dans .une large mesure , a composé un syslème de formes doute en -!J + i emprunté analogiquement à -mi. Ce détail paraît indi-
nominales, à ·partir d'un état ancien où ces formes, associées au verbe CJ.uer que -0 des autres langues repose sur -a-JI ou -e-JI (voyelle théma-
pour le sens, conservaient sur le plan de l'organisation formelle une tl.q ue+ JI). Compte tenu de ces précisions, il convienL d'étudier, de
grande autonomie. l'mdo-européen au latin, des catégories désinentielles homogènes.
Si on laisse de côté l'impératif et les formes nominales , on cons-
tate finalement que le verbe latin s'organise en un système quadran- 1. Les désinences actives. Elles constituaient en indo-euro-
gulaire, autour de deux oppositions binaires : indicatifjsubjonctif; péen, hors du parfait, le tableau suivant:
infectumjperfectum; chaque thème connaissant deux modes, et Primaires Secondaire
inversement. Seul le système temporel s'inscrit en marge de .cette
organisation ~ymétrique, le subjonctif possédant certes un prétérit, singulier pluriel singulier pl uriel
mais ne connaissant point de futur, que la valeur même du subjonctif
1re -mi, ou -0 -m-en, ou m-ejos -m -m-en, ou -m-ejos
2 e -St -le 1 -s -le 1
rendait a priori inutile.
3 e -li -(ejo)nli -l -ejonl
IV. LES DÉSINENCES PERSONNELLES L'attention est dans ce tableau attirée par les formes multiples
de la première personne du pluriel. Si une simple alternance vocalique
Le verbe indo-européen comportait un système fort complexe
ren.d com~te de l'opposition *-mes (gr. dor. ÀÉyo-[Uc,)/*-mos (lat.
de désinences, difTérentes non 'seulement selon la personne, le nombre
legt-mus), 11 faut supposer une permutation suffixale pour rendre
(singulier, pluriel, duel), la voix . (actif, moyen), mais selon d'autres
compte de l'opposition *-m-ejosj*-m-en (gr. att. ÀÉYO(.l.E:'1) . Cette permu-
critères encore. Ainsi, le parfait (qui à l'origine ne connaissait peut-
tation, pareille à celle que l'on observe entre gr. cdÉc, (dorien) et dÉ'I
être point le moyen) possède à l'actif un système propre de désinences,
(ionien), fait songer à deux suffixes nominaux de noms d'agent et
au moins au singulier. Surtout, les désinences indo-europécnnes s'oppo-
d'action, *-cjos (cf. Àû,ux-6c" Y€'1-oc,) et "-ejon (cf. rr.oL-(.l.·h'lj-~yE:-(.l.W'l;
saient, ailleurs qu'au parfait, en deux séries parallèles dites respecti-
-1).-1:'1-0c,; -(.l.-E:'1-~L). De la même manière , la désinence *- (ejo)nl-i de troi-
vement « primaire » et (( secondaire». Cette opposition se trouvait
sième personne du pluriel évoque la formation du participe en *-cjonl-;
neutralisée aux première et d.euxième personnes du pluriel, identiques
et E., Benveniste (Origines, p. 173) va jusqu'à reconnaître , dans la
dans les deux séries. ·Partout ailleurs, elle était morphologiqement
premIère personne du singulier -m-i, le vocalisme réduit de *-ejom-,
traduite par une voyelle -r, i1*.Gonnue de la série secondaire, et dont
suffixe verbal identifiable dans lr-cm-o, pr-cm-o (en face de pr-es-si),
l'adjonction à la désinence secondaire pr<?duisait la désinence primaire
et dont la forme réduite fournirait l'élargissement de -(.l.-e:voç, -(.l.-e:v~L,
(d'où. oppositions de .type Ire pers. -mij-m; 2 c pers. -sij-s; ek .. ). On
etc .. , Ainsi a pu naître l'hypothèse d'un e origine suffixale, et nominale,
a supposé parfois une. parenté unissant cette marque -L à la particule
déictique identifiable dans gr. ou,,:oa-t, et présente dans certaines 1. L'opposiLion manifes lée par le skr. enlre une désinence primaire
formes pronominales latines (v. p. 228 sq.). De fait, la désinence secon- -lha cl une désinence secondaire -la Il'a pas son corl'espondanl en grec ni
daire; qui apparaissait non seulement à l'aoriste (puis au prétérit), ailleurs, el doil êlre secondaire (cf. les superlalifs en -islha-ll, en face de gr,
mais encore au ~ode optatif, parait avoir caractérisé . des formes -(cr-roç) .

272 273
des désinences personnelles du verbe indo-européen. Extrêmement plurielles mêmes désinences qu'au présent. Au singulier, en revanche,
séduisante, et vraisemblable dans son principe, elle se heurte à la ils conservent, parfois quelque peu modifiées, les désinences particu-
difficulté (inhérente à la date des faits, et jusqu'ici insurmontée), lières de l'ancien parfait. Aux trois personnes du singulier, les dési-
d'expliquer pourquoi tel élément a été afTecté à l'expression de telle nences indo-européennes de parfait semblent avoir été les suivantes :
personne. Il n'y a en tout cas aucun rapport, autre qu'artificiel, première personne -a (gr. (f)oi:o-cc, skr. vMa); deuxième personne -lha
entre les désinences personnelles et les thèmes pronominaux per- (gr. (f)o!a-8cc, < *fo~o-8cc; skr. ta-slM-llLa « tu es debout »); troisième
sonnels de l 'in do-européen. personne -e (gr. (f)o!o-e:, skr. pa-pac-a « il est cuit JJ). Selon E. Benveniste
Quelle que soit la genèse du système désinentiel indo-européen, il (v. Problèmes de linguislique générale, p. 229), ces désinences recouvri-
s'est trouvé considérablement modifié par le latin, qui a: 1° généralisé raient les formes plus anciennes première personne -a <*-H 2e;
à la première personne du singulier la désinence thématique -a, au deuxième personne -lha <" -IH 2e; troisième personne -e < *-e (soit
détriment de l'athématique *-mi, qui demeure attesté dans l'unique -e non précédé d'autre élément). Comparée à ce système, la série des
forme sum <"s-o-mi; 2° aboli toute distinction entre série primaire désinences latines ne laisse au premier abord apparaître que des difTé-
et série secondaire. En efTet, la disparition normale de -1 final (v. rences. Les faits s'éclaireront cependant si l'on procède à un examen
p. 103) entralnait les alignements *-mi > -m, *-si > -s. Seules les graduel des formes:
troisièmes personnes singulier et pluriel devaient en principe maintenir
a) Une séquence -is- (d 'origine douteuse : v. p. 24 et n. 3;
l'opposition, les évolutions *-li > -l, *-nli > -ni, se trouvant com-
et servant de « morphème-tampon JJ : v. p. 36) s 'intercale entre le
pensées par des évolutions parallèles "-1 >-d. *-nl >-nd (v. p. 57;
thème et la désinence à la deuxième personne singulier et pluriel.
et cf. Fibule de Préneste: FheFha/œd; Vase cc de Duénos )) : feced).
A la troisième personne du pluriel, sa présence est douteuse (v. ci-
Mais très tôt l'analogie des première et deuxième personnes du pluriel,
dessous). Hors de l'indicatif, le latin a généralisé cette séquence à
où l'opposition n'avait jamais existé; des première et deuxième
tout le subjonctif perfectum (lëg-er-im, lëg-is-sem: v. p. 324), ainsi
personnes du singulier, où l'évolution phonétique l'avait abolie, a
qu'à l'infinitif perfectum (lëg-is-se).
induit la langue à renoncer, aux troisièmes personnes singulier et
pluriel, à une opposition qui n'était plus sentie correspondre à un b) A la première personne du singulier, la désinence -ï du type
clivage essentiel. Le résultat a été un alignement de -d, -nd « secon- vid-ï, leg-ï, s'éclaire si l'on remarque que les formes pepulï, leli1lï,
daires JJ sur -l, -nl « primaires )). Le système désinentiel se trouvait, dès présentant un -u- intérieur, ont dû posséder, à l'époque où l'apophonie
lors, amené pour l'actif à l'unité. Une seule exception subsistait: hors fixait le timbre de cette voyelle, un -1- nécessairement vélaire (v.
du verbe « être)) (su-mfera-m), à la désinence -a primaire (am-a) p. 97). Ainsi se trouvent récusées non seulement la possibilité de
continue à s'opposer une désinence secondaire difTérente (amaba-m). poser un -ï final ancien, mais aussi celle d'accepter comme ancienne la
Le fait s'explique dans la mesure où une forme secondaire amab-a eût finale -ei attestée épigraphiquement en latin archaïque (C.I.L., 12,
été homophone du futur; et, en l'occurrence, c'est à une fin distinctive 638 : fec-ei, redid-ei). En revanche, -1- vélaire peut s'accommoder
que la langue a maintenu cette dualité désinentielle. d'une ancienne désinence -ai (susceptible d'évoluer en -ei, puis -ï),
On notera un dernier détail : le latin présente à la deuxième que suppose de son côté le vieux-slave (uede <*woid-ai = lat.
personne du pluriel en -li-s un consonne -s inconnue des autres langues. vïd-ï). Nous poserons donc, à l'origine de lat. pepulï, leli1li, des
Des hypothèses diverses ont été formulées sur son origine. La plus prototypes "pe-pOI-ai, *le-lol (H 2)-ai i--et la forme -ai de la désinence
économique, et la plus vraisemblable, demeure celle qui repose sUI' s'expliquera par l'adjonction, à -a <*-H 2e (gr. folo-cc), d'une
l'analogie de la première personne -mu-s. voyelle -( analogique de la série primaire mi, -si, -li.
c) Tout pareillement, la désinence *-lï de la deuxième personne
2. Les désinences de pariait. Dans le système verbal indo-
européen, le parfait, de valeur initialement intransitive, ne se fléchis-
type vïdis-lï doit procéder de • -lhai, soit -lha <' -lH 2e (gr. fota-Scc) +
1.
sait point au moyen des désinences actives, et comportait une série d) La troisième personne singulier, type vïdU, scandée à date
particulière de désinences. Parmi les langues historiques, le sanskrit classique avec une finale brève, pose un problème plus complexe. Les
continue à posséder au parfait des désinences spécifiques. Quant au formes osques deded « dedil )), pruf{ed « posuil J); pru{alled cc pl'obauil »,
latin, et au grec, ils innovent en utilisant à certaines personnes du etc ... , présentent une finale -ed <' -el, qui résulte sans doute de
274 275 ""

"--~
r
1 r
l'adjonction à -e
(gr. fo!ô-t) d'une désinence secondaire active ·-1.
degré plein de -r, qui sous sa forme réduite fournit la désinence de
A ces Cormes, le latin archaïque répond par les types FhcFha/ccd
(fibule de Préneste); (ëccd (vase « de Duenos »); ou, plus évolués, l'in do-iranien (skr. -ur, avest. or). A cette Corme -~r, commune au latin
(ëcid (C.LL., 12, 561), ou dcdc « dedil JJ (ibid. 477). La substitution à et au hittite, aurait pu s'ajouter parfois une voyelle cjo, analogique
la 'désinence -d <·-1 secondaire, de la désinence primaire -1 «li, d,es désinences secondaires moyennes (3 e sing. ·-l-o, 3° plur. * -nl-o:
a permis d'obtenir ultérieurement des formes type dedel (C.l.L 12,48), v. p. 278 sq.). Ainsi serait née une forme désinentielle ·-ër-ejo, d'où
elles-mêmes susceptibles d'évoluer phonétiquement vers le type tokharien ~are , latin -ëre. Ainsi, le latin archaïque se serait trouvé
classique dedit. en possession de deux désinences voisines -ër ct -ërc, toules deux
Mais on connait aussi chez Plaute des scansions ëm ïl (Pocn., transmises sous la forme -ëre au terme d'une normalisation graphique.
2° Le latin a aussi possédé une désinence -ifruI11, généralisée dans la
1059); vïxfl (Pseud., 311); cependant que des inscriptions de même
époque attestent (parfois à côté de -el) des formes en -cil (C.LL., 12, langue classique, et couramment expliquée comme reposan t sur
·-is-onl. Mais on observera que, devant l'élément -onl il initiale
1297 : (uveil« (uil »; ibid., G2G : redieil « rediil »; ibid., 751 : probaveil).
vocalique, la présence du « morphème tampon » -is- se justifie
Toutes ces formes doivent procéder d'une extension à la 3 e pers. sing.
malaisément. Pour F. Bader, il s'agit plus simplement d'une
de la diphtongue -ai (probablement passée au stade -ei) présentée à
adjonction, au morphème -er- ou _Or_ plus haut examiné, d'une sec.onde
la finale par les formes de 1 re et 2 c pers. (v. ci-dessus). Par la suite,
désinence • -onl sentie comme active. Quant aux finales scandées
une évolution -eil >-ïl, puis -lt, devait rendre ces formes indiscer-
nables du type dedlt < dediSl. -ërunl, que présentent parfois les poètes dactyliques, elles doivent de
toute façon procéder d'un mixage entre -ëre et -erUl1t.
c) La 1 re pers. du plur., type lëg-rmus, comporte de façon sûre
un élément -mus <·-mos, désinence attestée hors du parfait (types
ama-mus, amaba-mus). La voyelle -r- qui précède a pu s'intro- 3. Les désinences du déponent ct du passit Le latin flé-
duire analogiquement à partir de deux types de formations. Dans ehissant selon un procédé périphrastique l'es temps du perfectum, les
des Cormes continuant un ancien parfait radical (v . p . 302 sq.), type désinences proprement médio-passives n'apparaissent qu'à l'infectum,
de-di-mus = gr. ·ôÉ-ôo-/J-ev 1 <·de-dHa-, la voyelle -r- procède de l'apo- où elles s'organisent en une unique série, valable à la fois pour les
phonie de -do, issu lui-même de la laryngale vocalisée (v. p. 303). temps « primaires» et « secondaires ». Ces desinences posent, dans
Dans des formes continuant un ancien aoriste thématique (v. p. 305), l'ensemble, des problèmes délicats, et il convient à leur propos d'exa-
type lc-lïg-i-mus < ·le-IHzg-ejo- (gr. homo 'n:-'t'ay-wv), la voyelle -1- miner en détail les faits :
provient, toujours avec apophonie, de l'ancienne voyelle thématique
a) La 2 e pers. pl. en -mini présente une désinence hétérogène par
·-ejo-. A partir de formes ainsi explicables, + a été étendu à toutes
rapport à toutes les autres. Elle vaut il la fois pour l'indicatif, le
les }Te pers. plur. acLives de tous les perfectums laLins.
subjonctif, et l'impératif. On ra parfois rapprochée des formations
f) la 2 c pers. plur., type amav-is-lis, utilise la même désinence grecques d 'infinitif en -[J.é:v·aL; et certains emplois injonctifs de l'infi-
-lis que l'incectum ama-lis, et la Cait simplement précéder du « mor- nitif pourraient expliquer l'évolution de cette formation en u,n impé-
phème-tampon JJ -is-. . ratif (scqui-minï « ordre de me suivre »). Il est en revanche difficile
g) La 3 e pers. plur. enfin pose des problèmes délicats. Suivant les de poser un infinitif à l'origine de l'emploi comme indicatif. Et, sur-
vues récemment exposées par F. Bader (Désinences de 3 e plur. du tout, -aL étant en grec même une particule surajouLée et facultative
per(eclum lalin. n.s. L., LXII, 1, pp. 87-105), on peut résumer comme (ElitÉ-/J-EvjditÉ-/J-EV-rl.L), il est peu vr-3.isemblable que le latin ait hérité
suit les faits : 1 ° La poésie archaïque atteste des Cormes en -ëre; d'une finale d'infinitif en ·-men-ai. Il est plus simple de poser à l'ori-
et leur emploi fréquent devant mots à initiale vocalique permet de gine dc -min i une ancicnne forme· -men-oi, pluriel animé d'un adjec-
supposer que -ëre a pu, au terme d'une normalisation graphique, se tif en ·-mel1-ejo- (cf. gr. Àu6-[J.é:vo-ç, et les formations latines alu-
substituer parfois à une autre forme désinentielle, ·-ër. Cette dernière, mnus, Verlu-mnus, reposant sur la forme réduite ·*-mno-). Dès lors,
qui cor.respondrait à la désinence -er du hittite (3 e pers. plur. prétérit), les indicatifs en -mini: procèderaient en latin d'une périphrase (type
pourraIt représenter (avec un allongement vocalique peu clair) le ·amaminï eslis (Ç vous êtes aimés »), dans laquelle le verbe « être»
1. Voir p. 303, nole 1. n'aurait plus été exprimé. L'impératif en -mini a pu procéder d'une
extension d'emploi secondaire de la forme d'indicatif, sur le modèle
276
277

.. c
e
de la. 2 pers: sing. en. -re (seque-re; cc tu suis » et cc suis)) : v. ci-dessous). *-r, ou *-lefor, apparaissent il la fois aux deux extrémités occidentale
Les Impératifs ombrIens de type elurslamu « exlerminalo )) dont la et orientale du domaine indo-européen, constituant probablement
finale -mu paraît continuer *-mno, sont de nature il étayer cette un archaïsme (v. p. 21). De la distribution des formes se tire d'autre
explication. part l'impression que *-lefo-r pourrait s'analyser en désinence
secondaire *-lefo (cf. gr. È-M<:-'ro) + morphème -r cc impersonnel)).
b) :routes les autres formes de la flexion sont caractérisées par C'est ce que paraît confirmer par ailleurs la désinence 3 e pers. pl. *-nior,
une désmence comportant la consonne r; d'où l'appellation de cc voix analysable en *-nio- (cf. gr. ÈMo-v'ro) + or. A côté de cette inter-
.en r )) souvent donnée au déponent-passif du latin. Dans le détail prétation traditionnelle on a cependant proposé d'autres expli-
cependant, l'origine de ce r peut être diiTérente d'une personne il une cations:
autre. Selon E. Benveniste (Origines de la formaiion des noms en indo-
. A la 2e pers. sing. t:(pe amii-re, il semble que r procède d'un rho- européen, p. 173), le morphème -r d'impersonnel pourrait sc ramener
tacisme de s. A date anCIenne, et encore chez Plaute et Térence cette il l'élargissement *-r qui alterne avec *-n dans la flexion hétéroclitique
désinenc~ -re valait indistinctement pour l'indicatif et l'impératif. des neutres. Prolongeant cette interprétation, A. Martinet a proposé
Par_ la s~lte, u~ -s fi~al (peut-êtr~. an~lo~ique ~e la 2 e pers. active type (Word, 1955, pp. 130-131) de voir plus précisément dans l'impers0Il:nel
am~-s) s es~ a~outé a la forme? mdlcatIf, qUI a dès lors possédé une i-Iur « on va )) une forme alternante de i-Ier, les deux formes étant
désmenc~ dlstmct~ de cell~ de ~ 'lm pératif (* ama-re-s > -ris). En face de caractérisées par le même suffixe nominal * -l-efor: le sens initi2,1 de
cette désl~ence ons, le la~m dialectal fournit quelques exemples d'une ilur aurait été cc il y a chemin)) = cc on chemine ». Dans cette perspec-
autre désmence, -rus < -ro-s (C.l.L., 12 1732 : spaliarus; 1702 : tive, la 3 e pers. pl. devrait sa désinence *-nlur à une réfection de la
ularu~ ;.IV, 20~2. : (igarus; VI, 10736 : paliarus; Hopkins, Tabulae désinence moyenne *-nlo-, aiTublée d'un -r analogique de la 3 e sing.
~eVOlLOnLs: poILLcwrus). Une telle alternance *-re-sf-ro-s a incité les (secondairement analysée -lo-r).
lm?uistes il .P?S~: il l'origine de cette double désinence la forme * -sefo-, Une troisième explication, fort diiTérente, a été proposée par
qUI a fourni a 1 mdo-européen la désinence secondaire moyenne de la J. Kurylowicz (The inflexional calegories of indo-european, pp. 64 sq.).
2 e pers. sing. (gr. ÈMyou < *ÈÀty-<:- (cr)o). Pour lui, le moyen indo-européen aurait été à date fort ancienne
A toutes les autres personnes, le r qui s'est ajouté il la forme active sécrété par le parfait intransitif; et le moyen indo-européen, sous sa
pour produire le passif (amofamo-r); ou qui s'est substitué il la dési- forme la plus ancienne, aurait été caractérisé à la 3 e pers. pl.
.r
n.ence activ? amaba-m/amaba-r); ou qui s'est substitué à une por- par une désinence or, apparentée il la 3 c pl. pft. actif qui explique lat.
t~on de la d~sme~ce act~ve (amamu-sfamamu-r), procède d'une exten- -er-uni ou -cre (v. p. 277). Parallèlement aurait existé une désinence
sion analogique a partir des 3 e pers., sing. (ama-Iur) et pl. (ama- secondaire moyenne 3 e pl. * -ro (qui serait à * -r ce que *-10 est à * -l,
nlur). C'est donc sur ces dernières que doit se concentrer l'attention. dés. de 3 e pers. sing.). Une interférence ultérieure avec la désinence
Un examen des données comparatives fait ressortir les faits secondaire 3 e pl. active * -ni aurait produi t, par croisement, une
s~iv~nt~ : 10 Une. dési?ence d.e 3 e pers. sing. *-ler apparaît en osque 3 c pl. secondaire moyenne *-ni-ro qui, apocopée en *-/lil', expliqucrait
(~nd~cat~f et subjonctIf passif et déponent); en irlandais ancien lat. -nlur. La 3 e pers. sing. -iur aurait été obtenue par analogie, en
(mdlcatIf déponent, type sechiler cc sequilur ))). 2 0 Avec un vocalisme vertu de l'équation -if-ni = -iurf-nlur.
~iiTé.ren~, une d~sine~ce de 3 e pers. sing. *-lor apparaît en latin
(mdlcatIf et subJonctIf); en ombrien (subjonctif seulement en face
d'indicatif -ler); ?t, sur le domaine oriental, en phrygien ('C(~P<:PE'rOP .
cc. a~rerlur », p~ss~C). 3 A côté de ces formes *-lerr-Ior une caracté-
0

rIstIque monohttere -r apparaît comme morphème de valeur imper-


?onnelI~ en os.que (sakara{ir cc qu'on sacrifie »; lou{ir cc libeal ))); en
Irlandais (benr cc on porte ))); enfin, sur le domaine oriental en
tokharien et en hittite. Un seul dialecte, le vénète attest~ ce
morphème comme ~ésine?ce de 3 e pers. transitive (lola;, ou loler cc il
porte ))). De la considératIOn de ces faits il ressort que les désinences
278
présenL ainsi constitué une valeur aspedale (( .déterminée ». Ces
diverses formations sc retrouvent, parfoIs assez sérIeusement al térées,
en latin:

CHAPITRE XII A. I)RÉSENTS RADICAUX ATHÉMATIQUES SANS


REDOUnLEMENT
LES FORMATIONS Ils sc caradérisaient en indo-européen par une alternance radi-
cale: devant les désinences de singulier à vocalisme.réduiL, le radi~al
DES THÈMES DE L'INFECTUM verbal présentait un vocalisme plein; devant I~s désmenc~s de p.lur~el
à vocalisme plein, le radical verbal présenta~t le vocal.lsme redult.
L'infedum continue, dans les strudures verbales laUnes, le CeLte situation ressort avec netteté de la fleXIOn sanskrIte du verbe
présent indo-européen. D'un poinL de vue descriptif, l'enseignement (( être » au présent:
traditionnel réparLit les infedums laLins en quaLre classes de conju- Sin oer . : radical cs-,' 1re pers. as-mi<'cs-mi; 2 e pers. asi<"c(s)-
gaison, earadérisées par la quantiLé et ktimbre de la voyelle termi~ si; 3 e pers. as-ii.
nant le Lhème, que l'on idenUfie aisémenL à l'infinitif, où elle précède PI ur. : radical S-,' 1re pers. s-ma~ <' s-mcjos; 2 e pers. s-iha
le suffixe -rc. On distingue ainsi une conjugaison en -a (silÏ-rc, fuga-rc); <'s-i(h)e; 3 e pers. s-anii<·s-ejonii.
une autre en -ë (implë-re, iacé-re, docë-rc); une auLre en -ï (audï-rc, En laLin, cette flexion n 'a jamais subsisté à l'éLat pur, et l'on
seruï-rc); une dernière conjugaison, en -c (lcg-e-rc, cap-c-rc), se scinde observe plurieurs types d'évolutions:
en deux sous-classes, selon que l'indicatif laisse apparaître (cap-i-a)
ou non (leg-a) un morphème '-y- noLé -i-. Si une Lelle présenLation 1. Généralisation du vocalisme plein radical, et maintien
des faits s'avère, sur les plans synchronique cL descripUf, en gros de la flexion alhématique. Ce phénomène s'observe pour les verbes
adéquate (encore qu'clIc laisse subsister une caLégorie de formations dont la racine se terminait par une laryngale (type • ~hcHdbhH2-,'
irrégulières, correspondant souvenL à des verbes Lrès usiLés), il ne gr. cpCi.-fJ.~jcpr;.-fJ.EV). Le latin a en .ce cas génér~lisé la l~ngue corres~on­
fauL poinL oublier que les faits laLins résuILenL d'une genèse complexe, dant au vocalisme plein 1, peut-etre par SOUCI de posseder un phoneme
donL l'étude non seulemenL explique les classifications hisLoriques, radical plus résistant. On obtient _ainsi_ en latin la flexi?,n [a-ris, [a-iur~
mais rend compte des valeurs particulières des diverses forma Lions. fa-mur (contre gr. cpCi.-fJ.~jcpèZ-fJ.EV); sia-sjsia-mus (con_tre gr. ~(j"Cf..fJ.~jr.(j·w. -fJ.f:.~),
A résumer Lrès succinctemenL la genèse des infecLums laLins, on peuL im-plë-sjim-plë-mus (contre gr., 7t[!L7t~7J!L~jmfJ.7tÀo:.-!LEV, ~vec, au plurI~1
distinguer deux lignes de clivage : anciennes formations indo-euro- timbre analogique de Lcr"èZfJ.EV). La fleXIOn de v~le-~jvale-tc, sur un radI-
péennes de présenLsjformations récenLes d'infectum, d'origine italique cal • w°lë-, doit procéder de la même généralIsatIOn de la longue du
ou latine; formations radicalesjformaLions suffixées. II n'existe, enLre singulier; de même encore la flexion de dc-lé-s, de-lë-.mus, dc-i~-rc,do~L
ces deux lignes de clivage, aucune correspondance absolue, des for- le thème lë-(qui sc trouve peut-êLre dans lë-iLLm (( trep~s))) dOIt repre-
maLions suffixées de présent ayanL exisLé dès l'indo-européen. senter un Lhème II • (H3)l-cHl-' alternant avec le theme l H3 cl -1I 1-
de gr. oÀf:.-8poc;, fut. oÀw<ôÀt-(cr)w. Dans ~ous ces verbes à tI~è~e
1. LES FORMATIONS RADICALES vocalique, la dés .• -"!.!. >-m de 1re pers. smg. a cé,dé la place a -0;
d'où sio <' slii-o (ou • silÏ-yo, avec suffixe • -yejo- a cette pe~sonne
L'indo-européen s'éLaiL successivement constitué deux Lypes de seulement?). De son côté, la 3 e pers. pl. sia-ni présenLc la désm~nce
présenL, qui, dans l'éLaL récenL de la langue, fonctionnaienL sim uILa- au vocalisme réduit '-nli, initialement réservée au type thématIque
némenL : un Lype aLhématique (le plus ancien), caradérisé par des ('leg-o-nii > leguni).
alLernances radicales; un Lype Lhéma tique, dépourvu d'aILernances
radicales, cL où la désinence se Lrou vai L isolée du radical par la voyelle 1. Le fail que, de lonô, -aS, -iirc, soil alleslée une 1re pers. pL lonimus
(Varron); cl, de SOlla, son aS, -are, un infinitif sonere (Lucrèce), semble J~dlquer
brève • -iJjo. Chacun de ces deux Lypes, Lhématique eL athématique, que, d'allernances anci.ennes ,lonas(lonrmus, soniis(sOTlrmus, a secon d,l1remenl
était de plus susceptible de recevoir un redoublement, conférant au élé tirée une double série fleXIOnnelle.
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1
!
1
2. Généralisation du vocalisme réduilradical, et maintien ed-u-nl, thématique, opposée aux formes athématiques es <' ed-si,
de la flexion athématique. Ce phénomène s'observe dans la flexion esl < •ed-li, eslis < •ed-le-s; mais une flexion complètement théma-
de da-re « donner » (en face de gr. 8(8<.ù(J.~) seul verbe latin en -a-re tique (edis, edil, edilis) a secondairement existé. Un cas particulier
où l'on constate une voyelle brève finale de thème. On l'a soupçonné est présenté par le verbe cc aller n, bâti sur la racine • H1ey- de gr.
d'être un plus ancien verbe à redoublement (' di-da-mus = gr. d-(J.~ : s'il présente de façon attendue les formes eo<*ey-o, eu ni
8(-8o-(J.&V), dont le redoublement aurait disparu en composition, par < "ey-onli, sa 1re pers. pl. ï-mus, de forme athématique (' ey-mos),
syncope ou haplologie (reddimus<'re-d(i)-da-mos, ou 'red-(di)- a peut-être été influencée par la 2 e pers. 'i-lis <' ey-les-.
da-mos?). Cette circonstance expliquerait pourquoi le latin s'est On constate que tous ces verbes présentent un infinitif demeuré
trouvé en présence dans le verbe simple de formes monosyllabiques à athématique: ferre < "fer-se; velle <' vel-se; esse < * ed-se; 'ire < * ey-se
voyelle brève, auxquelles il répugne par nature: da-l, 'da-s, cette (la forme récente ed-e-re lC manger » correspondant à la flexion régula-
dernière forme ayant cependant subi, devant -s, l'allongement carac- risée selon le type thématique: edo, eelis, etc .. . ). Au subjonctif, ces
rétistique des monosyllabes brefs accentués : das (v. p. 104). Les mêmes verbes se répartissent en deux séries : velim, edim, présen-
formes 1re pers. sing. do, 3 e pl. da-nl, s'expliquent comme slo, slanl tant le même type que sim; feram, eam, le même type que [egam,
(v. ci-dessus) . subjonctif du thématique le-go. Ici encore, le subjonctif edam de
cc manger » constitue un type récent, entraîné par la flexion secondaire
3. Institution d'une flexion mixte (hématique/athématique. de l'indicatif selon un type entièrement thématique.
La flexion du verbe cc être n permet d'observer les faits avec une parti-
culière netteté. Aux formes caractérisées par une désinence à consonne 4. Passage complet au t~'PC thématique. II ne s'observe que
sonore (Ire sing. 'es-mi : gr. d(J.~; 1 re pl. os-me/os: skI'. s-ma~), un dans le cas, où la disparition d'une laryngale élidée laissait apparaî-
accident phonétique menaçait en latin le groupe -sm- (v. p. 59 et 104). tre un thème consonantique. En face de skr. vamili cc il vomit »
A la 3 e pl. • s-onli >sunl, en revanche, les deux phonèmes litigieux < *we/omH-li, et delat. vomilus < 'wemH-lw-s cc action de vomir n, on
-s-n- se trouvaient à l'abri d'une telle altération, grâce à la voyelle peut poser sous la forme 'wem(H)-onli le pm~otype de 3 e pers. pl.
intermédiaire 0, représentant le vocalisme plein de la désinence, mais vomunl. II faut dès lors admettre que le reste de la flexion (voma, -IS,
assimilée par l'usager latin à la voyelle thématique de * leg-o-nli > etc ... ) a été, à partir d'elle, entièrement refait selon le type théma-
legunl. A l'image de la forme • s-onli, le latin archaïque a créé des tique.
formes 1 re pers. sing. *s-o-mi>sum, 1 re pers. pl. *s-o-mos>sumus,
résolvant le problème phonétique posé par le groupe -sm-, et présen-
tant analogiquement le même vocalisme radical que' s-onli. Inverse- B. PRÉSENTS RADICAUX THÉMATIQUES SANS RE-
ment, le vocalisme radical plein de 'es-li>esl, *es-si>es, était, DOUBI.EMENT
toujours par analogie, étendu à la seule forme de pluriel demeurée
athématique: 'es-le-s >eslis. Tous les composés de sum (y compris Ils étaient en indo-européen caractérisés par un vocalisme radical
possum<*pol-sum, réfection à partir de 'pol-esl<'pol(e) esl) pré- plein à tous les nombres; et par une voyelle thématique brève, intercalée
sentent à l'infectum indicatif la même flexion. entre radical et désinence. Son timbre était e devant toute d ésinence
D'autres verbes ont, comme cc être », étendu la voyelle -0- aux à initiale dentale (2 e sing. -si; 3 e -li; 2 e pl. -le-(s)), et, en général, 0
1 re pers . sing. et pl.; mais ils ont, par la suite, innové encore, en substi- devant les autres d}sinences (Ire sing. -a<-oH?; pe pl. -men,
tuant à la 1re pers. sing. la désinence *-a à '-o-mi. Ces mêmes verbes -me/os: ÀÉyo(J.':v, dor'-I.lZç; 3 e pl. -nli: leg-o-nli >gr. ÀÉyOUaL, lat. legunl).
ont, de plus, généralisé au pluriel le vocalisme radical plein du singu- Une telle flexion, qui avait le mérite de la clarté et de la simplicité, ne
lier. On obtient ainsi, sur la racine • bher- cc porter n, la flexion fero, posait aucun problème particulier, exception faite de ceux que sou-
fer'imus, feri1nl (contre fer-s, fer-l, fer-lis, athématiques); sur * wel- levait l'évolution phonétique.
cc vouloir n, la flexion volo, voli1mus, volunl (contre vul-l, vul-lis; + En latin, le type indo-européen est conservé à l'état pur dans
v'i-s < 'wei-si, bâti sur une racine diITérente, et préféré à 'vel-s des formes telles que emo, gero, lego, premo, Ugo, verlo, veho, etc ... On
phonétiquement inviablc : v. p. 80). Sur la racine' H1ed- cc manger » peut de même retrouver une structure indo-européenne si, derrière
de gr. ~8-(J.&Vot~, le latin a de même possédé une flexion ed-a, ed-r-mus, la voyelle longue présentée par certains radicaux latins, on est en

282 283 --
droit de restituer une ancienne dipthongue de vocalisme c. Ainsi, C. PRÉSENTS nADICAUX THÉMATIQUES A REDOU-
ï recouvre ci dans dïco (gr. ~dX-VU[1.L), lido (gr. l'CdOw), nivil (gr. VdCPE:L); BLEMENT
ü, de même, recouvre eu dans düco (C.I.L., 12, 6 : abdoucil), üro (gr.
Ils se caractérisaient en indo-européen par le vocalisme réduit
E:uw<*œ(a)-w : cf. us-lus) . Il convient de tenir compte aussi
radical, précédé d'un redoublemcnt, constitué. par la consonne" ini-
d'altérations diverses, qui au voisinage de certains phonèmes ont
alTecté la voyelle c ancienne. Ainsi dans colo <le "'cl-o; coquo <
tiale du radical + voyelle l. C'est le type Illustré par gr. L<J',(W
<'si-sglI-o, en face de I:x,w<"segh-o. Le l~tin ne possède que quel-
"le "'cie o (réfection italique de "pele W_,' cf. gr. l'Céüaw < "pele W_ yo ).
fJJ_
ques verbes ainsi formés; ainsi ~ïdo<'Sl~sd-o = gr. r<:w I(en face
Dans certaines formes telles que ago < "H 2eg-; alo < "H 2el-;
de scd-ë-re, Ë<:O[LC~L). Dans les racmes termmées pal' laryngale, cette
010 « sentir)) (Plaute) < 'H3 ed-, il faut se reporter à une structure
dernière s'élidait devant la voyelle thématique; d'où le type gigno
fort aneienne pour retrouver la voyelle radicale e. Parfois enfin, e a
<'gi-gn(H1)-0 (gr. 'Y l'('i 0 [1.C(L, avec voix moye.nne). D_es accidevnts
été transposé en a caractéristique de formations « populaires)) (v. p.
86). Ce doit être le cas dans des formes comme plaudo; laedo, qui à phonétiques ont .alTeeLé se~o « semer. ~<:sl.-s(lII)-O_ (cf. salus
<' sIl -lo- . eL Së-Vl, së-men < sen d ;ct blbo < pl-p( H 3 )-o (avec sono-
son tour a pu influencer caedo; etc ...
Il n'est pas moins exact que la flexion thématique a attiré vers
risatio~ indo-européenne de p,' cf. skr. pibali, v. p. 66; et assimila-
tion italique dans les deux sens: lat. bibo, falisque piparo). A c~'~on­
elle des verbes dont le radical ne respectait point le schème initial.
tinffent d'anciens verbes thématiques à redoublement se sont Jomts
C'est ainsi qu'un vocalisme radical réduit est attesté dans dï-vL-do
(de 'weidlz- « séparer »); ou dans cëdo < "cc-sd-o (racine "sed- « aller »,
d'a~ciens verbes athématiques, passés en latin il la flexion thématique.
de gr. 686c;). 1. Ces formes s'expliquent peut-être pal' réfedion à partir
de 3 e pers. pl. athématiques • w'idh-onli, • sd-onli, bâties comme sunl D, PRÉSENTS RADICAUX ATHÉMATIQUES A REDOU-
<' H1s-onli. Tel autre verbe, comme fulgo « briller », s'explique par nLEMENT
l'influence de rulgeo < . bhlg-ë-, verbe d'état (v. p. 292sq.). J:I'Iais il faut En indo-européen, ces verbes se earactérisaient par un redouble-
aussi parfois convenir que le type à vocalisme radical réduit remonte ment de même constitution que dans le type thématique; de plus, le
à l'indo-européen; et c'est un prototype 'yWyI-l-w-e-li que permct
radieal était soumis à une alternanee entre vocalisme plein (singu-
de poser la correspondance lat. vivil = skr. jtvali. A. côté de ces voca- lier)/vocalisme réduit (pluriel). C'est le type illustré par grec rü'rFi.!J.tl
lismes réduits, nombre de verbes attestent un vocalisme obscur, dans
Lcr-rèi[1.E:v (*si-sleHdsi-sUld. Cette for~ation a été .éliminée par le
le cas notamment de verbes sans étymologie connue. On peut résumer latin au terme d'un processus p>.onél1que et analogIque.
les choses en disant qu'un type indo-européen strictement défini a Une évolution strictement phonétique permettait en latin d'obte-
servi de modèle, dès une époque ancienne, à d'autres verbes, de forme nir les formes 3 e pers. pl. sislunl < . s i-sl (lI 2)-onli; 1rc et 2 e pl.
radicale plus libre .
sislimus, sislilis, issues par apophonie de 'sisla- < ·si-slH 2-. De ~lu?,
Si la flexion radicale thématique du latin a attiré à elle un nombre
la généralisation à la 1rc pers. sing. de la désinence -0 p~odU1~alt
considérable de verbes, sa période d'expansion s'est située à date sislo < "sislii-o. Dès lors que quatre formes personnelles sur SIX (slslo,
ancienne. A date historique, cette flexion augmente très peu son con- sÎsl'imus sisl'ilis sislunl) devenaient semblables à celles de la flexion
tingent, et se contente plutôt de maintenir son elTectif ancien. Un tel
phénomène est assez surprenant, et l'on comprend mal à première vue
thémati~ue (le~o, leg'imus, legUis, legunl), l'analogie n'avait plus
aucun mal à aligner lcs formes demeurées at~émati~u?s (?Cvsin~. : sisliis,
flu'une flexion aussi claire n'ait point progressé de façon continue. En
3 e 'sisliil < *si-sleHd SUI' un type thématique; d ou SlSltS, slsltl l •
fait, le handicap de la flexion thématique est venu de son perfectum, qui
Le même principe ex.plique peut-être, avee, de plus, haplo-
ne correspondait pas il un type unique et simple. C'est pourquoi ont
logie du redoublement en composiLion, les f?l'mes addo, ~dd'im~s,
pu lui être préférées il date historique des flexions qui, Lelles ama-rel addunl' reddo reddrmus, reddunl ('ad-(dl)-dH 3 -mos, ad-(dt)-
ama-ui, unissaient les deux avantages d'un infectum aussi simple et
d'un perfectum beaucoup moins compliqué.
d(J-13)-~nli); a~
passage, le stade non-eneo~e apopho.nique "ad-(di)-
da-mus (= (ôl)ôo[1.e:v<di-dJ1 3 -) aurait permis d exlrmre du composé
1. Le skr. li-St/IIi-li, lui aussi fléchi scion le Lype LhémaLique, .doiL pareille-
1. Si l'on acceple la vieille éLymologie de Drugmallll (v. p. 105, n. 1). menL procéder de l'analogie de li-slhanli (3c p1.) = '-s/(H)-e/onll,

284 285
1
1

une forme da-mus, dont le radical généralisé expliquerait la flexion matiques, et, sur la 3 e pers. pl. iung-unl skr. !Junjanli, assimilée
de ddr~ (v. p: 282). pe mê~e, conda, condrmus, condunl doit s'expli- il une forme thématique du type leg-u-nl, a rebâti une flexion entière-
quer a partIr de con-(dL)-dhH1-mos, *con-(di)-dh(II1)-onli (rac. ment thématique: iung-a, iung-r-mus, iung-u-nl. C'est pourquoi le
*dheH r « placer» .de gr. 't't-O'Y)-fLL, lat. fë-c-i). Le passage de ces verbes à atin ne eonnait plus, avec infixe nasal, que des infectums thémal-
la flexIOn thématIque a pu être favorisé de surcroît par la forme en tiques.
-ere que prenait phonétiquement en composition un infinitif athéma- A date ancienne, la nasale in fixée caractérisait uniquement le
tique (*~dH3~se ?*-dii-se >-dif-re; *-dhH1-se> * -dM-se >-de-re), qui thème de présent; et cette situation s'observe encore en latin dans
se trouvaIt amsl rapproché du type leg-J-re. On notera enfin la d'assez nombreux cas. Il est alors aisé d'identifier la nasale de l'infec-
ne~trali~ation, phonétiquement obtenue dans ces composés, des tum, grâce à l'alternance -n-/zéro constatée entre l'infectum d'une
r~cm e.s dheH 1- « placer II et * deH3- (l donner », ou « envoyer en une part, le perfecLum ct l'adjectif verbal en *-lo d'autre part. On observe
dIrectIOn»; ce dernier sens expliquant que la neutralisation sémantique ainsi des alternances (indo/(idï, (issus; franga/frëgï, fraclus; -linqua/
des deux radicaux n'ait point fait difficulté. -lïquï, -liclus; rumpa/rüpï, ruplus; ianga/leligï, laclus; vinco/vïcï,
viclus; etc ... Toutefois, la tendance secondaire ;à régulariser les
II. LES FORMATIONS RADICALES ÉLARGIES flexions a entrainé en latin l'extension de la nasale à des formes autres
Nous distinguerons, des infectums proprement suffixés où un que l'infectum. Parfois, le perfectum a seul bénéficié de cette exten-
morphème signale clairement une formation secondaire et un~ moda- sion; et l'identification de la nasale demeure possible à travers des
lité particul.ière?Uprocès, les formations simplement élargies, obte~ alternances telles que (ingo, (inxi/(iclus; panda, pandï/passus<*pad-
lo-s; pango, panxï/paclus; etc ... Plus rarement, l'adjectif en *-lo
nues p~r adjonctIon au radical d'un élément monolittère, introduisant
un.e mmce nuance. Parmi ces élargissements, on relève surtout les se voit seul étendre la nasale; ct une alternance révélatrice oppose
sUIvants : encore les formes pungo, punclus/pupugï; lundo, lüsus < lunsus
(attesté)/ iuludi. Il peut arriver enfin que la nasale de l'infectum se
1: L'infixe nasal. L'enseignement traditionnel distingue deux trouve étendue à la fois au perfectum et à l'adjectif en -io. Son iden-
emplOIS du mor~hème nasal n, selon qu'il apparaît à date historique ti fication est dès lors d'autant plus délicate que, dans certains verbes
postp~sé au radIcal (lat. slcr-n-a, en face de slr-avi), ou enclavé dans (anga « étouffer» = gr. lI.nw, ~yC;cx:; clanga « crier ll, cf. gr. XÀcx:yY'~;
le ra~hcal (lat. re-linqu-a, en face de re-liqu-ï, re-lic-Ius). Du point de lingua « mouiller, teindre» = gr. ttTIw, €'t"gyço:) la nasale peut faire
vue. mdo-européen, cette dualité d'emploi n'a pas lieu d'être posée; partie du radical. Le seul recours pour isoler l'infixe nasal réside
et Ii ressort. des travaux. d'E. Benveniste (Origines, pp. 159 sq.) alors dans la comparaison, qui d'une langue à l'autre peut faire
que seul étaIt attestée en mdo-européen la nasale in fixée, enclavée, ressortir une alternance -n-/zéro. C'est ainsi que l'on dispose de cou pIes
dans un thème II ou un thème III, entre la racine proprement dite lat. iunga/gr. ~EÜyvU[LL, è~üY'YJ\I; lat. ninguil « il neige »/gr. \ld<pEL; lat.
et le suffixe (v. p. 128). Sur le plan du signifié, l'infixe nasal introdui- linga « lécher ll/ gr. Àdx.w; -slingo «( piquer »/gr. û'rL~W, û't"Ly(LCX:; etc ...
sait dans l'expression du procès une nuance « déterminée» c'est-à- On sait qu<,:, de formations anciennes à infixe nasal , le grec a
dire. qu~ le procès, à propos d'un objet défini, était orienté ~ers une tiré des finales productives; ainsi, de û't"op\lü-m = skr. slrnOli « il étend II
réalIsatIon totale ct précise. (* sl[-n-ew-li), a été tirée la finale -\lÜ-[LL responsables de formation
Il ~emble que les plus anciens présents indo-européens à infixe analogiques comme ÙdX-\lÜ[LL. Le latin sur la racine * mey-w- de gr.
nasal alCnt été athématiques; ce qui supposait l'alternance (classi- fLdw\I « plus petit II (mycénien mewijo à lire *fLELf-L(û)-W\I), possède
que dans ces ver~es) entre un vocalisme prédésinentiel plein au singu- certes un verbe à infixe minu-o, refait d'après la 3 e pers. pl. minuunl
her! et un vocalIsme prédésinentiel réduit au pluriel. Ainsi, sur la < * mi-n-ow-onli; mais ce verbe isolé, dont le thème à nasale s'est
racme. dont le thème 1 * yew-g- explique gr. ~EÜy-OÇ, ~Eüy-'IÜfLL, on pouvait répandu à tous les temps, n'a point fait souche. En revanche, tout
obtelllr, à partir du thème II *yw-eg-, une forme 3 e pers. sing. *!Jw-n- comme le grec a pu se donner (à côté de 7tk\lëifLL < * pOl-n-eH2-)
cg-li (skr. yunakli « il joint, il attelle »); cependant que le thème III un verbe 7t[T\lW, refait d'après 3° pers. pl. 7tLT\lOUCH < * pOl-n-(H 2)-onli,
*yw-g- permettait d'obtenir, avec vocalisme prédésinentiel réduit, et où l'on r\)marque un apparent suffixe -\lW, le latin s'est de la mêmc
une forme 3 c pers. pl. * yw-n-g-e/onli (skr. yunjdnli « ils attellent ll). façon donné une finale -na productives, à partir de formes comm e
Le latin n'a point conservé cette alternance propre aux verbes athé- lolla, slerno, refaites d'après lollL/nl, slernunl, eux-mêmes anciennes
286 287
r
formes Ù inl1xe : lollunl< *Iolllunl< *It-n-( II 2)-olZli l (Lh. l *lcl-lI z- l'infecLum per-cello < *ccl-d-o; pello <* pel-d-ü; talla <" fal-d-o. Les
dans gr. 't'EÀIX-fLwv; th. IIll-cH 2- dans gr. 't"À~-fLwv, t-'t'Àëi-v)' slcrnunl couples vello « épiler » jvulsus; sallo, « saler »jsalsus, s'ils ne reposent
< * slr- n -( H3)-onli 2 (cf. slralus,"gr. (j't'pw't'oc, < * slrH3-lo-s : v. p. 67). Dans pas sur des réfections analogiques, s'expliquent sans doute aussi par
ces [ormes en effet, la laryngale il laquelle sc trouvait réduit le «suffixe la présence du même élargissement.
radIcal» (v. p: 126) était condamnée il l'élision ct la nasale n iniliale-
menl i~fixée, apparaissait comme un suffixe' précédant Id voyelIè 3. Un élarflissclllcnl *-s- a enl1n existé qui, ajouté au radical
du présent, constituait une formation de valeur » désidérative ».
thém~tI~ue. Ce « su!flxe» -no, il partir de slcrnojslraui, paraît expliquer
la creatIOn analogL:Iuc, de .sper-nüjspreui,. cer-llüjcrevP; et d'autre:; Cette valeur apparaît netLement il travers les doublets quaero « je
fo!n:es t;lles q.ue Il-nü « oIndre »; sion 0, « laisser »; et son composé cherche »<*quais-ü j quaeso « je veux obtenir »<*quais-so; ou
pono < po-s(l)nü: vldco « je suis voyant» j v'iso < * wcid-s-ü « je veux voir ». En latin
cependant les formations de ce type sont rares, et le morphème -s-
2. Lcs élul'gissCincnts dcntaux, Il semble que l'indo-euro- apparaît, surtout dans des formations évoluées :
péen ait recouru, pou,r se donner des présents de valeur « déterminée », La principale est celle des verbes en -esso, de valeur nettement
il des éléments occlusifs directement postposés au radical, ct de forme désidérative. Certaines des formes attestant ceLte finale peuvent
*d, *l, *dh. C'est un élément *d que fait apparaître la comparaison de recevoir une explication phonétique. Ainsi, à l'origine de in-cessQ, on
gr. cX.À-3-'~(J'Xw « croître» et de lat. al-ësco « s'élever »'; une consonne *l a supposé *-cc-s(d)--s-o, désidératif de cedo<*ce-sd-o 1. Si arcesso
oppose de même en grec, il &vu-fL~, cX.vû-w, « indéterminés ll, &vû-'t'-w « se « vouloir faire venir près de soi» s'analyse bien en ar- <ad (v. p. 58)
hâter d'obtenir ll. Une consonne *dh apparaît enfin dans l'opposition plus le même -cesso, la contiguïté sémantique peut expliquer l'exten-
gr. cp8b(f)-wjcpOLVÛ-O-W; lat. minu-ojgr. fL~vÛ-O-w. En latin, où le traite- tion de la finale -esso il capcsso « vouloir obtenir»; ineipesso « vouloir
l11entphonétique a réduit, en position intérieure, *dlt il d, ne sont plus entreprendre »; pelesso « vouloir obtenir, demander instamment »;
attestées que les formes *d et *l de l'élargissement. expelesso « faire des vœux »; d'où enfin lacesso « vouloir stimuler »,
L'élargissement *-l- apparaît avec netteté après les radicaux il et facesso « se hâter de faire z ».
occlusive de pcelo « peigner » (gr. 7tÉx-w et 7tÉx--r-w); plcc-l-o « tresser »
(gr. 7tÀÉx-w) nec-l-ü « nouer ll, réfection d'une racine *ncjodh- (nodas) III. LES FORMATIONS SUFFIXÉES
avec la finale du 'verbe précédent; flec-la « assouplir ll, qui a pu, lui L'indo-européen n'avait pas possédé seulement des formations
aussi, être influencé par pleelü « tresser ». La comparaison de slcr-l-ü radicales de présent verbal; et plusieurs des suffixes formateurs
« ronfler II avec sler-nuo, slr-cpo (refait semble-t-il avec la I1nale de
attestés à date historique dans les langues ont connu avant l'éclate-
crepo « craquer »), laisse de même apparaître un élargissement *-1-. ment dialectal un emploi plus ou moins étendu. Les principaux sont
Dans verl-ü en revanche la dentale appartient au radical. les suivants :
L'élargissement * -d- apparaît, de son côté, dans des forllles comme
len-d-o « tendre II (cf. len-co, et gr. 't"dvw < "lcn-yo); of-fcndo, de-fendo 1. Lc suffixc -*slc-ejo-. Ce morphème, hors du latin, a connu
(rac. *g 1JJ hcn- de gr. Odvw<*g'"!lcn-yo); claudü (cf. gr. xÀYJLw<*xÀëif- en indo-iranien, arménien, et grec, une assez grande extension. Son
yw; et lat. clauis « verrou ll). Parfois la consonne *d n'est plus rôle est particulièrement développé en hittite, où il apparaît, à la
reconnaissable, et ce sont les adjectifs verbaux pa-eul-sus <*-kld- fois au présent et au prétérit, dans un très grand nombre de verbes,
lo-s,. pulsus <* p[d-lo-s; falsus < lald-lo-s, qui invitent il poser il avec une valeur nettement itérative. La difTérence d'extension selon
les langues semble indiquer, il partir d'un emploi indo-européen encore
1. Cependant quo le singuliel' ancien cl normal 'll-n-eIi.-li explique il'l. peu développé, une vitaliLé inégale selon les dialectes.
llenaid « il supporte )). 0 2 Dès les documents linguistiques les plus anciens, la valeur du
Z. Le Lrail_em?nt r> er (et nOll or) s'explique par analogie des composés suffixe *-slc- paraît double, les emplois se groupant en une série « itéra-
type con-slerno, ou a secondairement joué l'apophonie.
3. Cerno peu t cependant reposer sur *lcr-ll-( 11))-0, thème III infixé, corres- 1. Voir p, 105, noto 1.
pondant ù un Lhi;[J1e II *'er-cIll - > * "ré- qui expliquerait cré-vi; ex-cré-men-ill/h 2, On a essayé d'expl iq uer les formes lac-cssû, /ac-esso, ù parlir de 'lac-
« ce qui est séparé, retranché, mis au déchet ll; gr. Xp'~-atper: « instrument servant es(c)o, ïac-es(c)o, par dissimilation du second -c- en -S-, Ce lrailement, non-
il reLrancher, tamis ), dont la finale est obscure. assuré par ailleurs, esl peu vraisemblable.

288 289
1
1

tive li (gr. cpoc-crxw « aller répéLanL », eL préLériLs « ioniens» de Lype J 353 :


il arrive aussi que le verbe en -eü soit absent, et que le verbe en -ëseo
l6éÀe-crxe) j et une au tre série, « inchoative » (gr. Y'lpa.-crxw « devenir
ne soit associé qu'à un substantif en -ës (pubësjpubëseo). Plus géné-
vieux »), où le procès est décrit dans sa progression vers son Lerme. On
ralement la finale -ëseo issue des verbes précédents est devenue
peut toutefois penser que la valeur itérative, presque seule attestée
en hittite, a été à l'origine de la valeur inchoative, l'idée d'un procès producti~e de verbes nouveaux, le plus ~ouvent dérivé~ d~adjectifs.:
répété ayant pu susciter l'impression qu'à chaque réalisation de
erebrëseo « se répéter»; duleëseo « devemr doux n; dureseo ct devemr
l'action on se rapprochait de son achèvement. En latin, la répartition dur nj sieeëseo « s'assécher )); lardcseo « s'alentir n, etc ... PI~s ra:em_en~
entre les deux valeurs est très inégale. la formation verbale en -ësco a été tirée d'un substantif: 19neseo
« prendre feu »j {avillëseo « devenir cendre »; herbëseo « pousser en
0
1 Une valeur légèrement itérative esL encore diseernable dans herbe)); barbëseo « pousser en barbe»; etc... . .
disco je ne cesse d'apprendre» ("di-dk-seo: racine " de jole- de doeeo
« Une dernière classe de verbes inchoatifs a été caractérisée par
« faire apprendre n, gr. O&XOfLlXL « être réceptif nj aucun rapport avec une finale -ïseo. Ces verbes fonctionnent le plus souvent (ct surtout. ~~
gr. aL-M-crxw, bâLi sur la racine "d!z-s- de lM"!)'I, aCl-'~-fLE'IC<L); de même, composition) comme doublets ~'un verbe.~n -io; d'o_ù l~s cO,uples eupLO(
dans poseo < "Plie-sir-a « je ne cesse de demander » (racine "prele- eon-cup ïseo « se prendre de désir»; dormLO/?~-d~rm_lSe? « s endormir)),
de pree-ari). Il semble que le premier de ces verbes ait été initialement sapi ojre-s ip ïseo « revenir à son bon sens»; selo/se lseo.(( s mformer )), etc.:~
un présent thématique à redoublement, ce qui expliquerait un voca- Dès une époque très ancienne le doublet inchoatif du verb~ _en -l.O
lisme réduit radical (obscur dans le second verbe). s'était fléchi selon la voix déponente dans quelques cas: apLO, mais
0 apiseor « atteindre »; pro(ieio, mais pro-(ie~seor « aller de, l'avant »j
2 Une valeur inchoative apparaît partout ailleurs, et notam-
de même re-minïseor a dû initialement servir de doublet a un verbe
ment dans les formations les plus anciennes, où le suffixe "-sle- fait
suite directement au radical. Ainsi dans (g)no-seo « connaître de mieux en -io, déjà de voix moyenne si l'on ;n juge. par ,gr. fL~['IOfLCU ~t skr.
en mieUx» (gr. YL-YVW-crxW); erë-seo « aller croissant n, en face de ere-are
manyale « il pense ». C'est peut-être 1 analogie qUI a tres tôt etendu
la finale -ïseor à des verbes tels que ex-pergïseor « se dresser, se lever» j
« faire cr~ître )); vië-seo « se ccforber » (en parlant d'une tige flétrie), en
pae- ïseor « s'engager par traité »; ule,ïseor « se v~nger »; tous verbes
face de me-o ct courber )), d'où « tresser n; et dans (g )na-seo-r « naître));
pa-seo « pratiquer l'élevage ))j quië-seo « se reposer »; suë-seo « s'habi- où le procès exprimé s'accommode bICn ~e ~a V?I~ moye~ne. Cepen-
dant et d'une façon générale, la finale -[seo a ete en latm peu pro-
tuer )). C'est peut-être l'influence de erë-seo qui explique vëseor « se
nourrir )), dont le radical est obscur. ductive hors des cas où existait un verbe en -io. Quelques verbes
Par ailleurs, le latin s'est secondairement donné une série d'inchoa- tels qu~ mil ïseo « devenir do,ux .»; vilïs90 « d~venir bon mar~h_é »;
tifs en -aseo, souvent refaits sur le thème en -a d'un verbe en -(i-re ont été grâce à elle tirés d'adjectifs en ~l~; mais des formes mllese?,
auquel est dès lors créé un doublet. La langue connaît ainsi des couple~ vilëseo, ont également existé; et la traditIOn des textes ,semble aVOIr
amojamaseo « devenir amoureux »; generarejgeneraseo; hiarejhiaseu; la plupart du temps tranché en ,faveur de -cseo le probleme posé par
germinarejgerminaseo; etc ... L'analogie de ces verbes « doublets» a cette double série,
susci~é une série de verbes autonomes, exprimant l'acquisition pro-
gressive d'un état, et en général tirés d'un substantif en -a :gemma-seo 2. Le slliiixe "-eye/o, La correspondance des langues laisse appa-
« bourgeonner)); grana-seo « former graine)); puellâ-seo « devenir jeune
raître en indo-européen l'existence d'une classe de verbes e~ :-eye/o,
fille )). L'analogie de ce dernier verbe a pu produire puer-aseo « <Attein- qui combinaient une valeur .itérative ~vec une nuance .ractltl\:~ : le
dre l'âge enfantin n; et, au-delà, veler-aseo « devenir vieux»; ou lener- procès n'était point accomplI par le sUJ~t ~u verbe. maIS par 1 mter-
aseo « devenir tendre ». locuteur auquel s'adressait le verbe, Amsl, le sens [ondam,ental de
lat. moneo = skr. man-dyali était « faire penser »; de meme, sur
De la même façon, le latin a connu une très abondante classe de
la racine "sw(ejo)p- de gr, Ü1tVo<;, l,at, ,sop~ü « ass~upir)), une forme
verbes caractérisés par une finale -ëseo (plus de 500 verbes). Très
fréquemment, la forme en -ëseo sert de doubler inchoatif à un verbe
"swop-eye-li explique skr, svapdyall « 11 fait dorrr,llr ». . .
La comparaison du latin ct du grec fait ressortIr que ces « ,ltératJf~­
d'état en -eo (v. p. 292), par ailleurs attesté. On possède ainsi des
causatifs» en "-eyo avaient pour caractéristique morphologique pr~­
couples aeeu « être aigre ))jaeëseu « devenir aigre »; albeojalbcseo;
hebeojhebëseo; lueeojlueëseo; rubeojrubëseo; labeojlabëseo, etc ... Mais mitive le vocalisme plein radical de timbre 0, surtout ~fI~eté, d'ordi-
naire à la classe nominale (toga, en face de lego). De faIt, Il n est pas
290
291
impossible que dès l'indo-européen ces verbes en -eyo aient été de
simples dénominatifs en -uo (v. p. 296), tirés de thèmes nominaux que d'utiliser pour des formations d'infectum ce morphème *-ë.
terminés par la voyelle thématique -co C'est ainsi que gr. cpopÉw En latin, les plus anciens infectums en "-ë- ont pour caracté-
peut être le dénominatif de cpope:- (thème de cp6poç « action de porter »). ristique morphologique le vocalisme réduit radical. Celui-ci est nette-
II n'est pas moins exact que les langues ont recueilli de l'héritage ment reconnaissable dans {ulgco « être flamboyant » < * bh[g- (en
indo-européen un type déjà constitué. face de gr. CPÀÉy-w); iac-co <" Ulll- (cf. gr. &cp-e:--.oç « rejeté », en face
En latin, les itératifs-causatifs constituent une catégorie d'effectif de '~-x-<X, L-·I)(l.~<"yi-ycHl-mi); laico « être caché »<*lH2-ih- (contre
assez réduit, qui demeure reconnaissable grâce à la voyelle radicale gr. ÀÉ-À&.e-Cl.<~lcH2-ih-); r.nanco « être dans l'attente »<"mOn~ (contre
de timbre o. Encore n'est-elle pas un critère absolu; et, tout comme gr. I.tÉvW); paico « être déployé, découvert »<"pOl(Hd-ë (en face
sordco être sale» n'est point un causatif en dépit de sa voyelle radicale,
(1
'de gr. 7tÉ1"<xcr-crCl.~, *7te:-rcfcr-VU(l.L> 7te:'tcfvvu (l.L ); iacco « être silencieux » <
il convient inversement d'interpréter comme causa tif lcrrco «faire peur», * (p) tI-! 2-1c- (cf. gr. 7t'tacrcrw <" picH 2-k-yO); etc .. , Cc vocalisme radical
dont la voyelle radicale, empruntée à icrror, permet d'éviter une réduit présenté par l'infectum latin ri son correspondant dans les aoristes
confusion avec lorrco « faire sécher », bâti sur une racine "lcfor-s- grecs en -"fJ-V (È(l.cf\l"I)'I), ct serait de nature à suggérer l'idée que
homophone. Par ailleurs, les verbes en -cuo du latin sont le plus l'infectum en "-ë- constitue la réfection d'un ancien aoriste. Le
souvent directement bâtis sur le radical. Ainsi pour doc-co « faire parallélisme de iac-co et iac-io, ce dernier sûrement refait sûr un
recevoir» (un enseignement); mon-co « faire penser»; mou-co « faire aoriste (v. p. 294 sq.), est propre à étayer cette impression. II convient
bouger»; noe-co « faire mourir» (cf. ncx, nccarc), puis « nuire»; lor- cependant de remarquer que plusieurs infectums en "-ë-, dont la
qu-co « faire tourner» (rac. "lor-k ID-fir-cle ID_ de gr. 'tphw); uou-co < valeur d'état est nette, présentent parfois un vocalisme plein radical ,
"(HI)w-oglDh- (th. II de "HIcw-g(W)h-> gr. e:()X-0!J.O:~, avec dissimila- introduit secondairement sous diverses influences: verbales (lcn-co
tion de ID). Plus rarement, les verbes latins en "-cyo sont bâtis sur (c être tendu », sous l'influence de lcndo); ou nominales ({cru-co cc être
un radical élargi; ainsi dans lon-d-co (rac. lcm- « couper» de lcm-plum, en ébullition»; splcnd-co « être resplendissant », influencés par (cru-or,
gr. 'tÉ(l.-vw); spon-d-co (cf. gr. cr7tÉvS-o(l.<X~); peut-être aussi mor-d-co, splcnd-or); on remarquera aussi scd-c-o, qui prête à sëd-ë-s le suffixe
d'étymologie non-assurée. verbal, pour lui emprunter le radical nominal.
La principale altération concernant en latin les itératifs-causatifs On doit aussi noter que, tous intransitifs â l'origine, les verbes
en "-cyo est imputable à l'évolution phonétique. Dans les formes en -ë- sont parfois devenus transitifs, par l'intermédiaire d'une dia-
telles que 2 e pers. sing. "mon-c (y Je-si > monës; 2 e pl. "mon-c (u )c- thèse avec accusatif de relation: type manco aliqucm (c je suis dans
les> monëiis; infinitif "mon-c(y)c-sc > monërc, la chute de -y- l'attente relativement à quelqu'un », d'où · cc j'attends quelqu'un ».
et la contraction des voyelles ainsi mises en contact entrainaient une Ainsi ont pu recevoir secondairement un complément. d'objet des
voyelle -ë-, toute semblable à celle du type lac-ë-rc, verbe d'état (v. verbes tels que habco (c re-:tenir, dé-tenir»; icnco cc tenir »; iilbco « se
ci-dessous). C'est pourquoi les causatifs type monërc ont été en latin mouvoir », puis c( faire mouvoir; dépêcher, commander ».
associés aux verbes d'éLat à l'intérieur d'une flexion unique d'infec- A la série des verbes en "-ë tirés de racines verbales il convient
tum (2 e conjugaison). peut-être d'ajouter une classe de verbes dérivés souvent d'adjectifs,
type albco « être blanc », ou nigrco « être noir », dérivés de albus,
3. Le suffixe d'état "-ë-. L'indo-européen a possédé un suffixe nigcr. Ces formations sont généralement interprétées comme des
exprimant l'état, de forme "-ë- (reposant vraisemblablement sur dénominatifs en -!Jo (v. p. 297), tirés de thèmes adjectivaux à voye1le
"-cHI: v. ci-dessous). Ce morphème ne servait pas, semble-t-il, à thématique -if ("albC-yo>albco; *albif-yif-sc>albërc), comme en
former des présents; ct le grec, qui parmi les langues en fait l'usage grec cp~ÀÉW<*cpLÀÉ-yW est. un dénominatif de cpLÀOÇ. On remarquera
le plus considérable, l'utilise surtout en des formations d'aoriste, cependant: 1° Que rubco ne peut être dérivé de rilbcr < "(I-I l)rwdh-
d'abord moyen (type È(l.cfv-"fJ-v, ÈXcfP-"fJ-v, etc ... ), puis passif (suffixe 0-"fJ- ro-, dont il ne comporte point le suffixe ~ro-l; 2° que virco n'est nulle-
de tM-0"fJ-v, t7tpcfX-e"fJ-v, etc ... ); c'est à partir de l'aoriste que le mor- ment dérivé de viridus; c'est inversement viridus qui est dérivé de
phème -"fJ- a pu s'étendre à d'autres ({ temps» : parfait (ye:-yÉv-"fJ-(l.<X~), virco comme placidus l'est de placco (c être dans un état de plaisir »,
ou futur {crx-~-crw « je tiendrai bon », 7tL0-~-crw « j'aurai confiance 1»), verbe d'état; 3° que le type albco cc être blanc» présente une nette
presque toujours de valeur intransitive. C'est une originalité du latin
:l. Sauf si l'on pose une dissImilation" rub(r )~.
292
293
Il

valeur d'état, difTérente de celle de gr. <pLÀÉW « rendre <p(Àoç », d'où dre en latin une opposition * {ëc-/* {d-. Mais l'analogie a successive-
Il
« aimer »; et, avec thème en -0, SouÀ6w « rendre esclave ». Dès lors, ment étendu au pluriel la consonne -c (d'où *(ac-), puis généralisé
le type albeo, dénominatif dans la mesure où il est dérivé de la forme à toutes la flexion le thème {ëc- cie singulier (d'où {ec-f, (ëc-i-mus).
nominale albus, peut avoir été constitué à l'image des verbes d'état; L'ancien pluriel *{ac- n'apparaît plus, en latin historique, que dans
et la contiguïté sémantique unissant ces verbes (( de couleur » au verbe l'infectum {ac-io, anciennement tiré de l'aoriste, comme gr. f3cfMw
d'état {liigeo a pu être à l'origine de toute une série formée analogi- est tiré cie ~6(J.Àov. Tout pareillement, cap-io a été refait sur l'ancien
quement. De la même manière, {ulgeo explique peut-être lüc-eü, pluriel à vocalisme réduit de cep-f; idciü sur celui de iecL (gr. ·~XrA/e:T.iJ.e:v);
dérivé de lüx, lüc-is (dont il présente le vocalisme radical). D'une et l'on peut soupçonner la même origine aoristique en des verbes
façon générale, cette explication par l'analogie des verbcs d'état dont le timbre radical suppose un ancien vocalisme réduit: cup-io,
rend compte économiquement des dérivés de formations athématiques {ug-io (en face de gr. <pe:u-yw), rèip-iü, sap-io, etc ... Dans Lous ces
({rig-eo, puir-eü, sen-eü, dérivés de (rig-us, puil'i-s, senexjsen-is), verbes, il est aisé d'observer, après consonne occlusive, le fonc-
que ne peut directement expliquer une dérivation au moyen de -yo. tionnement du suffixe -yo; ct il apparaît que -y n'est suivi de voyelle
On notera enfin que, très souvent, au verbe d'état en -eo est thématique qu'à certaines personnes. La comparaison du gotique
associé en latin un nom d'action en -or<-os (v. p. 175), et un adjectif est à ce propos riche d'enseignement (v. A . Meillet, Les dialectes i'ndo-
en -rdus (ou -Uus). On a ainsi des séries {ulgeo/{ulgor, {ulgur/{ulgrdus; européens, p . 111); pour le verbe « prendre », la flexion latine et
liqueo/liquor/liquidus; iepeo/iepor/lepidus; etc ... Parfois seul existe gotique est la suivante
le dérivé en -or, ou l'adjectif en -idus, -iius (placeo/placidus; iaceo/
Singulier Pluriel
lacilus). Quelquefois aussi, de l'adjectif en -idus, a été tiré un nouveau
verbe en -eo (areo/aridusf*ar(L)deo>ardeo; aueo/auidus/c , (L)deo> latin gotique latin gotique
audeo). L'adjectif en -rdus, outre le morphème -do d'adjectif verbal 1 re pers. cap-io ha{-ja cap-L-mus ha{-ja-m
(v. p. 155), inclut une voyelle d'origine incertaine. Si l'on accepte 2 6 pers. cap-L-s ha{-ji-s cap-r-lis ha{-ji-p
l'explication faisant de albeo < * albe-yo un dérivé en -yo de albus, 3 6 pers. cap-r-l ha{-ji-p cap-lu-ni ha{-ja-nd
on peut pour expliquer le type albrdus poser un prototype * albiJ/o-do-s;
et il raut en ce cas admettre que la finale -idus s'est analogiquement De cette confrontation, il ressort: a) que les deux flexions ne
étendue au type plac-idus, dérivé de verbe d'état. Il parait cepen- difTèrent qu'à la Ire pers. pl. (il est probable que le latin a régressé
dant plus vraisemblable de considérer placi-dus, iaci-Ius, comme des vers la forme sans -0-, par analogie avec 2 e pers. cap-r-lis); b) que
formations anciennes, où -L- appartenait au thème. Dans ce cas, la voyelle -0- apparaît en règle générale aux personnes (1 re sing. et
la voyelle -L- peut continuer, avec apophonie, un -èi-<-H 1 , degré pl.; 3 e pl.) où elle apparaissait (v. p. 282) dans les flexions de su m,
réduit de *-eH 1- qui, dans la forme verbale, produisait -ë-. (ero, uolo, etc ... c) que la répartition -yo/-y, commune au gotique et
Sur le doublet en -ë-sco souvent présenté par les verbes en -eo, au latin, doit correspondre à un état occidental, où la thématisation,
voir ci-dessus, p. 2~O. contrairement à ce qui s'observe en grec et indo-iranien, n'est pas
4. Le suffixe *-y-(e/o)-. L'indo-européen avait possédé, au généralisée pour le suffixe *-y-(e/o )-. Le slave atteste un état semblable,
mais, au terme d'un clivage difTérent, afTecte -y- aux verbes d'état,
moins dans sa phase récente, un suffixe * -y-e/o-, dont la fonction
fondamentale était de dériver des formes nouvelles à partir de thèmes -yo aux dénominatifs (Ivleillet, ibid.). On évoquera, à ce sujet, l'alter-
anciens. Le grec en a fait un usage étendu, bâtissant grâce à lui soit nance nominale de type al-i-d/al-iu-d (v. p. 237); d) Il est enfin pro-
bable que, comme dans s-u-m, uol-o, la voyelle -0- procède d'une
des présents récents sur des thèmes anciens d'aoriste (~cXMW < *~IXÀ-yw,
extension à partir de 3 e pl. * cap-v-onU, assimilée il un type théma-
sur le thème d 'aor. ~-~rAÀ-ov); soit, surtout, de très nombreux dénomina-
tique * cap-yo-nii.
tifs (types *'t"LiJ.ii-yw>'t"LiJ.cXW; *qnÀe:-yw> <pLÀÉW ; *SouÀo-yw> ôouÀ6w). Le la tin
a également hérité de ce suffixe, et l'a largement utilisé. Les principales A l'infinitif, tous les verbes de cette série présentaient la forme
formations latines sont les suivantes: non-thématisée du suffixe; d'où le type * cap-L-se > cap-if-re, assimi-
lable dès lors au type leg-if-re. De fait, les Latins avaient l'impression
a. infectums "efaits sur d'anciens thèmes d'aoriste. A de trouver, dans la flexion cap-e-I'e/cap-i-o, un type thématique altéré
l'opposition grecque ~e·fJx(J./me:iJ.F:'J devait primitivement correspon- (( flexion mixte ») .

294 295
. b. infectums "efaits sur d'anciens thèmes de présent. Le latin possède ainsi, dérivés des noms causa, cura, {uga, mul (c)la,
latm présente un certain nombre de verbes en -io, là où d'autres corona, etc ... , des verbes causare, curare, {ugare, mullare, coronâre.
I.~ngu_es . ~tte~t~n~ une f~rmation athém?tique: Ainsi pour dorm- Leur flexion prête à controverse, et l'on pose souvent, pour expliquer
La, SOP-La (o~ 0 resulte d un allongement mexphqué), {er-io, sepel-io -a- généralisé à toutes les formes (sauf 1 re pers. sing. curo<*cura-yo),
(pour le détali des rapprochements, voir Ernout-Meillet Diclionnaire des prototypes * curâ-ye-si >curâs; * curâ-ye-les >curcïlis; * cura-ye-
élymol~gique du lalin). Parfois, ~e latin a refait son infectum parallèle- se > curare 1. Il est cependant peu probable que, dans cetle unique
men~_ a une autr~ langue; amsl pour salio = gr. &)J,oILC<L < .o:)\-YO-ILCX:L; catégorie de dérivés en *-y(ejo)-, la forme thématisée du suffixe ait
ven-La (avec vocahsme sans doute influencé par ven-lum, vën-i), en face éliminé la forme non-thématique attestée dans capls, caplmus, capere ,
de skr- gam-ya-le; gr. ~CX:(\lW < *gWO m - yü . pour des formes parallèles. On remarquera plutôt qu'aux formes où
était normalement attendue la variante thématisée du suffixe (cu ra-
c. infeclums dénominatifs. Le latin a surtout utili~é le suffixe y6-mos>curamus; cura-yi5-nli>curanl), des contractions entraî-
*-y(ejo)- pOUl' tirer des verbes de thèmes nominaux. Ceux-ci ont pu naient un thème apparemment de forme cura-, assimilable ainsi au
être de plusieurs sortes: type slâ- de slü-T'e, ancienne flexion athématique. L'analogie des
1. De thèm~s nominaux en -l, comme fini-s, lussi-s, • menli-s > formes sla-s, slâ-lis, sla-re (en face de slo, slü-mus, sla-nl, comme
mens, ont été tirés des verbes fini-(y)o, lussi-(yJO, menli-(y)o-r. curo, curâ-mus, cura-ni) a pu entrainer les formes cura-s, curâ-lis,
Aux formes normalement dépourvues de voyelle -0- on obtenait des curâ-re, rebâties sans le morphème y-. De cette réfection il résulte que
type.s 2 e sing. • fini-y-si > fin is; 2 e pl. • fin i-y-les';' fin ilis; in finitif le suffixe *-y(ejo)- n'est plus décelable à date historique dans les déno-
• ~n.L-y-se>finiT'e. Ainsi s'est constitué un type finiojfin isjfin ire, minatifs en -a-re.
dlstmct du type capiojcapïsjcapere. La voyelle -i-, qui caractérisait Ces dénominatifs n'ont pas été uniquement constitués à partir
~ortement le type fin-i-T'e, et l'insérait dans une série de [J.radigmes de thèmes nominaux en -a-; et beaucoup de ces verbes forment couple
a voyell~ longue (-ë-re,-a-re, -i-re: types lacé-re, (uga-re, fini-re) , en latin avec un nom thématique en *-ejo-, substantif ou adjectif.
a tendu:: se répandre au détriment de la voyelle -ï- de cap-ï-s; * cap-L- On a ainsi, dérivés apparemment de liber < * libero- , monslru-m,
se > capere. Cette voyelle -i- s'est notamment étendue à des dérivés pugnu-s, lemplu-m, etc ... , des verbes liberare, monslrare, pugnâre,
de .thèmes consonantiques (dorm-i-re, sal-i-re, cuslod-i-re) , où l'on con-lemplari, etc... On a, pour expliquer leur formation, invoqué
était ~~ droit d'attendre une flexion de type cap-io, cap-e-re. La l'analogie du type {ugiire; mais la comparaison des dénominatifs
répartItion entre -i- et -L- parait avoir finalement dépendu du rythme hittites semble indiquer qu'à l'origine les verbes tirés de formations
d_u mot. Sel?n ~i~der.man~ (Mélanges Saussure, p . 43 sq.), le type nominales thématiques étaient bâtis sur le collectif, où le suffixe
- L-re se serait generahsé d une part aux monosyllabes (sei-s, avec *-eH 2 > -a- permutait avec la voyelle thématique individualisante
allongement sous l'accent, entrainant sci-re), d'autre part à tous les du singulier. C'est bien, en revànche, une extension analogique de la
verbes où -yo- n'était point précédé de voyelle brève plus occlusive finale -are qui rend compte des formations telles que laud-are, labor-are,
(types dorm-ire, aper-ire, ven-ire, sai-ire, etc ... ) . . dér~vées de thèmes nominaux à consonne; ou brevi-are, fluclu-are,
On a p~rfois distingué une catégorie de verbes en -ire appa- dérivés de thèmes à sonante.
r:mmen~ dénvés de thèmes nominaux en -ejo (servire, saevire, super- Parmi les dénominatifs en -are, une classe particulière a consisté en
bLre: ~énvés de servus, saevus, superbus; {aslidire, laedire, dérivés de (( fréquentatifs », bâtis sur le thème de l'adjectif en *-10- d'un verbe
(as~LdLUm, laedium). En fait, le couple superbi/'ej superbia indique plus ancien. Ainsi, sur l'adjectif verbal cUus de cieo (( faire venir ))
clalremen~ que le v~rbe en ~ïre est dérivé de l'abstrait en -ia<*-yJJ 2, a été construit cilüre; sur l'adjectif verbal * horlus (= gr. Xcx:p't'6ç) de
suffixe qUI admettait par alileurs un traitement - 1. Les autres formes Ilorior a été bâti horlari. De même ont existé canlüre, déclare, prcnsarc,
peuvent être ou analogiques, ou reposer sur un abstrait non conservé plus tard ausâre, etc ... , sur les adjectifs verbaux de dico, cano, prae-
par la langue. Le type {aslidire peut reposer sur la forme collective hendo, audeo, etc ... Dans le couple constitué par le verbe ancien et
en -yH2 fournissant par ailleurs le pluriel neutre {aslidia.
1. Pour X. Mignot (Les verbes dénominatifs latins p. 254), la contraction
2. De thèmes nominaux en -a ont été tirés des dénominatifs
'-a(y)l- produirait -ê-; le -ti- de ces Cormes s'expliquerait dès lors par l'analo-
comparables pour leur formation au type grec 'l'LILcXW < *'l'LILcX-YW, L~ gie de -timus, -ant (v. ci-dessous).
296 297 -

---- ~-' .- --
--. .; . .',~
-

• ~ ...' .. ~ .. h. ,.

':.---~~~:-.'Iir.
le verbe réeent en -Lare, la plus grande part d'expressivité revenait
infectums se ramènent àqu2tre tYI1.es, reconnaissable? au. ~imbre
à ce dernier, qui paraissait exprimer une action insistante, d'où
prolongée, ou r~pétée . Ainsi, ~n face de peLLo « heurter )), jacio « jeter )), de la voyelle finale du thèm~, particulièrement net à l ',m filll tif. Ces
quatre types ont été répertorIées en tenant compte de 1 ordre alpha-
les verbes puLs?re « heurter a coups redoublés », jacLare « jeter sans
bétique des voyelles en latin.
c~sse », ont prIS cette valeur fréquentative, ou itérative, plus haut
slg~alée. Il semble que la langue familière ait fait un usage parti-
1. Prclnièrc conjugaison. Elle inclut tous les in~ectums dont
cuhèrement développé de ces verbes, fort nombreux. Une formation
le thème se termine par -a, généralement long, exceptIOnnellement
par~i~ulière. ~n -LLare, d?veloppée analogiquement à partir de ciLare,
bref dans l'unique exemple fourni par da-re (v. p. 282). Les verbes
habLiare (d?rIvé de habLLus), est devenue productive, et explique les
formes ag-Lliire, flag-iLare, paLp-iliire, etc ... 1 relevant de cette flexion sont extrêmement nombreux, dans la mes.ure
où, à quelques anciens athématiques (fa-ri, sl~-re: v. p. 281) .hérl~és
. O~ enseigne enfin l'existence d'une catégorie spécifique de verbes
par le latin, est venu s'ajouter un énorme contmgent de déno.mm~tlfs,
« Itératifs » en -are, de type dicare, oc-cupare, etc ... , qui présenteraient
un suffixe -a- distinct de celui que l'on trouve dans les dénominatifs et parfois fréquentatifs (v. ?' 29,6. sq.). De to~te5 les conjugal~on~
latines cette flexion on -a-re s est d ailleurs montree la plus pr?d~ctlve,
de type caus-are. Cette classe, qui n'a pas son équivalent en d'autres
et c'est sur son paradigme que s'est fléchie l'imm~nse majOrIt? ?es
langues, constitue en fait en latin un conglomérat de formes diver-
sement constituées. Ainsi, dicare (en face de dico) peut être le déno- verbes nouveaux constitués dans les phases successIves de la latmlté.
~inati.r d'un "dica =:= gr. ~(x"tJ, que le latin aurait perdu avant l'époque
httéralre,. et dont li ne resterait que le dérivé; il peut aussi avoir 2. Dcuxièmc conjugaison. Elle inclut tous les infect~ms
dont le thème se termine par -c long; c'est-à-dire, outre un très fmble
été extraIt de eomposés type iü-dicare, dénominatif de iü-dex <. iüs-
contingent d'anciennes formes radicales et athématiques (~e-Le-o,
dik-~,et à partir duquel s'explique analogiquement une série de verbes
en -Lcare (cLaud-icare, commun-icare, etc ... ). De même, cOl1spicari évo-
-cre; im-pLe-o, -cre; vaLe-o, -ëre; etc ... : v. p. 281), un_ contmgent
que nettement la formation de auspicari, dénominatif de auspex' ct plus important d'itératifs-caus~tifs en ·-e(y)?: type m~neor (v. p. 291)
comparare, d'où a été extrait le simple parare, doit être le dérivé d'un et, surtout, une abondante sérIe de verbes d etat en -e, tJ pe man.e-o,
anclC~ composé à second terme ·parejo- (cf. pauper < .pawo-paro-s). -cre (v. p. 292). Cette dernière c~t~~orie s,'est n~ontr?e assez productive,
De meme encore, oc-cupare a dû être formé initialement comme nuncu- soutenue en cela par la posslblhté d aSSOCier, a presqu~ tous .les
p.are, dénominatif de "nomn-cep-s « celui qui prend nom ». Les verbes verbes d'état en -ëre, une formation expressive en -cscere (mchoatlf :
sImples cubare, celiire, {orare, pLacare, etc .. . , traditionnellement inclus v. p. 290).
dans cette pseudo-classe d'itératifs, doivent eux aussi avoir été extraits
3. Troisième conjugai~on. Dans l'esprit des latins, elle .s?
de compo~és, o~ dériv~s de thèmes nominaux abolis, la disparition des
distingue synchroniquement de la précédente par la quan.tlte
formes qUI exphqueralent ces verbes étant cause de notre perplexité 2.
brève de la voyelle -e fi?ale du thème (Leg-e~:e) .. Cet.te voye!le, tral~ée
par apophonie à certames personnes de 1 mdlcat~f (leg-L-;, L~g-L-L,
CONCLUSION. Leg-i-mus, Leg-l-lis), correspond à la voyelle théma~lque de 1 ancle~ne
formation indo-européenne. De fait, tout l'efTectlf de cette fleXIOn
' L'exposé précédent
. a permis d'inventorier , dans un ordre histo- est constitué par d'anciennes formes thématiques, ou des fo~mes
rrque progressif, les genèses qui rendent compte à date historique créées à date plus récente, mais au moyen de su~xes ou élarwsse-
des formes présentées par l'infectum latin. Mais il va sans dire que ments ("-do, ·-Lo, "-no: v. p. 288) empruntés à d'anCiennes formatIOns
ces processus de formation, ignorés des usagers latins, ne correspon-
thématiques. . . . . , . .
dent en aucune façon aux clivages réels sensibles à leur conscience. A cette « troisième conjugaison)) 11 convient d ajouter un petit
Pour ces usagers, comme pour les grammairiens latins, tous les nombre de verbes en -io (cap-iD, fac-iD, iac-iD: v. p. 295), dont la
flexion se eonfond en partie avec celle du type lego (cape;e, co.mI?e
1. Positions dans le délail difTérenlcs chez X. Mirrnol op cil p 250-251' Legere; capis, capimus, comme legls , legimus), ~out en s en dlstm-,
326 sq. " , . ., . ,
guant au subjonctif (cap-i-am, contre leg-am), et a deux perSO,l1nes d.e
2. Positions, ici encore, difTérenlos chez X. Mignol, op. cil. p. 250; 322 sq.
l'indicatif (cap-i-o, cap-i-unl, contre leg-o, [eg-uni). Ces verbes,' constl-
298
299
(

tuant un elTectif très peu important, n'ont jamais été considérés


lul. rI'
par les latins comme relevant d'un type flexionnel autonome, et
PÙ:~ Cff,
1
LI
ont été regardés comme un type mixte, faisant appel scion les cas,
et de manière synchroniquement inexplicable, tantôt au type Lego,
L. {'v(J (
l vi
et tantôt au type fini-o. ,[.I( IJ~ (Î!-L
.'
~ti f:f 1/ 1
CHAPITnE XIII
4. QuaLI'ièrnc conjugaison. Elle inclut tous les infectums dont
le thème se termine par -ï; c'est-à-dire les dénominatifs de thèmes
nominaux en -1 (finïrc), ou en -ï < *-yH 2 (superbïrc), plus les
diverses formations auxquelles ce type s'Hait analogiquement 6tendu. LES FORMATIONS
Sans atteindre à la productivité de la première conjugaison, ceLLe DES THÈMES DU PERFECTUM
flexion n'a pas moins Hé producLive. .
,1 On constate ainsi combien de genèse diverses, et de morphèmes
! 1 nombreux, ont finalement produit en latin un nombre restreint de
\ types flexionnels, tous reconnaissables à un signe simple: le timbre
Le perfecLum, seul thème qui en laLin s'oppose à l'infecLum,
résulte pour la valeur d'un syncrétisme entre aoriste et parfait indo-
de la voyelle finale du thème. Cette tendance à ordonner, et même à européens (v. p. 2G8). Pour la forme, la situation présente moins
équarrir le système verbal, est la même qui a par ailleurs amené de neLteté. En ne Lenant point compte des voix passive ct déponenLe
le latin au bipartisme (deux modes : indicatif et subjonctif; deux (dont la flexion périphrastique, de type récent, ne pose pas de pro-
thèmes aspectaux : infectum et perIectum), que nous avons pu par blème particulier 1), les choses se présentent comme suit: Dans un
ailleurs constater. petit nombre de verbes, la formation laLine de perfecLum conLinue
une formation indo-européenne de parfait radical; un peu plus sou-
vent, elle continue une formation indo-européenne d'aoriste, radical
ou suffixé. De ces types anciens, le laLin a tiré un certain nombre
de formations analogiques, plus ou moins fidèles aux originaux. l\'lais
la formation la plus importante de perfecLum latin, caractérisée
par une consonne suffixale -U-, et seule producLive à date historique,
ne se ramène point à un type ancien connu. Pour examiner les diverses
catégories de formes ainsi attesLées, nous suivrons un plan d'exposi-
tion analogue à celui qui fut utilisé à propos de l'infectum. Nous
distinguerons ainsi formations héritées de l'indo-européen /formations
développées par le latin; formations radicales/formations suffixées.
Ici encore, nous devrons constater que ces deux lignes de clivage ne
se correspondent point exactement: tandis que certaines formations
suffixées ont pu se développer dès l'indo-européen, le latin a pu
inversement développer à date récente, par des procédés qui lui sont
propres, de nouveaux types de perfectums radicaux.

I. LES FOUMATIONS llADICALES


Les plus anciennes d'entre elles peuvenL conLinuer soit des
formes de parfait, soit des formes d'aoriste indo-européen. Leur
1. Nous laissons aussi de cûLiS la nexion acLive périphrnsLique Lype Iwbeo
scriplum, quo supposenL les langues romanes, eL qui s'~sL LardivemcnL déve-
loppée en laUn.

301
identi fication et leur interprétation posent cependant des problèmes. qu'en latin une haplologie a afTecLé en composition les formes redou-
Dès l'indo-européen, aoriste et parfait pouvaient recevoir tous deux blées (re/[quf<*re-(le)-loilclO-ai); du composé ainsi obtenu a pu être
un redoublement, constitué de façon identique, plus fréquent seule- ultérieurement extraite une forme simple sans redoublement (lfquf).
ment dans le cas du parfait. De plus, une alternance vocalique pou- On observera, dans tous les perfectums ainsi obtenus, l'extension au
vait opposer, il l'aoriste comme au parfait, à un singulier d e vocalisme pluriel du vocalisme radical du singulier.
plein radical, un pluriel de vocalism.e radical réd.u it. San~ doute le
parfait était-il initialement caracténsé, au vocahsme pIcm,. par le 2. FOl'mations Ù J'cdoublcmcnt. En indo-européen, le redou-
timbre 0 radical, l'aoriste présentant en revanche le vocalIsme de blement du parfait était constitué par une syllabe, comportant la
timbre e. CeLte distinction ancienne devait être ruinée en latin par consonne initiale du radical suivie d'une voyelle de timbre if. Au sin-
l'évolution des voyelles intérieures, dont le timbre est conditionné gulier, le radical apparaissant au vocalisme plein de timbre 0, on
par l'apophonie. Le linguiste désireux d'iden~ifier un~ for~ation obtenait le type illustré par gr. (.Ll-(J.OV-IX, « avoir la pensée de quelque
ancienne n'a plus dès lors pour ressource que 1 observatIOn d autres chose» auquel correspond exacLement lat. meminf < ·me-mon-ai. De
lanoues, où il peut interpréter soit comme parfait soit comme aoriste · Ia même maniére, lat. lelinf (de leneo) doit reposer sur un ancien
le t~rme correspondant il la forme latine considérée. • le-Ion-ai. Au pl uri el, les formes latines me-min-imus, le-lin-imus,
peuvent reposer, avec dégagement de voyeIIes de transition, sur les
radicaux à degré réduit normalement attendus: * me-mon-, "le-ton-
A. FORMATIONS CONTINUANT DES PARFAITS INDO- (cf. gr. !J.l-(J.IX-!J.E:V, -t"É-'rIX-!J.IX~). En l'occurrence, c'est l'apophoni e des
EUROPÉENS voyelles brèves intérieures qui, ramenant uniformément il • memin-,
Au parfait, qu'un redoublement apparût ou non, l'indo-européen ·lelin-, les formes· me-mon-j* me-mon-, "le-lon-j* le-lon-, a permis d'ob-
opposait à l'indicatif, au radical du singulier caracLérisé par le voca- tenir des paradigmes réguliers (mem'in-i, -imus; lerin-f, -imus), où il
lisme 0, le radical du pluriel caractérisé par le vocalisme réduit J date historique toute trace visible d'alternance radicale a disparu.
De cet état ancien témoignent encore les oppositions grecques (f )OIOIX De la même manière , le perfectum mo-mord- ff-imus (de mordeo),
f(f)ï.ô(J.cv (att. to"(J.cv); (J.É(J.oVlXffLÉ(J.IX(J.EV; etc ... Le latin n'ofTre plus de
régulier du point de vue latin, peut reposer au singulier sur un voca-
trace de cette alternance, et présente, au singulier comme au pluriel, lisme plein • -Illord- (skr. ma-mard-a), au pluriel sur un vocalisme
un timbre radical uniforme, conditionné par les lois phonétiques réduit *-mrd - (skr. ma-mrd-imd) : l'évolution phonétique r > or
propres au latin: (v. p. 73) avait pour efTet la généralisation il tout le paradigme d'un
timbre 0, maintenu en syllabe intérieure sous l'influence de l'infectum
1. Forluations sans rcdoublclucllt. Dès l'indo-européen, eIIes mordeo. A noter, dans mo-mord-i, la forme particulière du redouble-
paraissent' avoir été exceptionnelles au parfait. En grec (f )OIOIX ~s t la ment, dont la voyelle a aligné son timbre sur celui du radical.
seule formation de ce type que l'on puisse identifier avec certitude En d'autres verbes, l'absenco d'alternance observée en latin
(v. P. Chantraine, Morph. yr. 2 , § 213). En face d:elle. (et de skr. véda, s'explique par la gén éralisation au singulier du thème à vocalisme
qui lui correspond), le latin présente ufdf < ·wold-al, également sans réduit de pluriel. Ainsi, le-lul-f < 'le-IOI(11 2 )-ai paralL procéder de la
redoublement. D'autres formes telles que [[quf (de linquo), uorlf généralisation du thème de pl.le-lul-islis, correspondant à gr. 'rl-'rÀC1.-(J.EV
(de uerla), qui paraissent ne point comporter de redoublement, ont < ·le-llH 2-' De même, dans la flexion de de-d-i, les form es 1es pl us
en d'autres langues des correspondants pourvus de redo~blement : anciennes paraissent être de-di-mus, de-d-islis, correspondant à gr. • St-
gr. Àt-ÀOl1t-lX; sin. 3 e sing. va-var-la <. we-worl-e. Il est vraisemblable oO-(J.cv, ·Sl-OO-'r~l, reposant SUI' ·de-dH3 -. De même, slellmus, slelislis
(correspondant, il la forme près du redoublement 2, il gr. ËO"'rIX[J.EV
1. Ce chapilre a Hé rédigé avanl la paru lion de P. nAD!;n, Vocalüme et
redoublement au par/ail radicaL.ell latill (B.S.L. G3, l, [1968], pp. IGO-I%). La < se-sIH 2-), ont entraîné au singulier slel-f, slel-il. Enfin, en face du
lhèse de l' ouleur, résumée p. IU5, esl ln suivanle : « Le redoublemenl esl
lacullalil, mais un pm'lail n'en peul mallquer qlle s'il a le voc;J lisme -,l'J-.:. 1. De lelles lormes onl dù précéd er Ôt-ôw-X-<Xf.Lt", -<X-Tt, relail s d':lprès le
Inversemenl, el corollairemenl, une forme redoublée n nécess:lII'emenL, d IOrl- singulier.
gille, le vocalisme zéro ... Nous considérons pour . lIolre p:lI'l (fidèle ?II cela il Z. Dnns le ca~ des r;Jdicaux commençanl par s + occlusive, le latill a
l'ellsei"'nemenl benvenislien) quo le vocalisme plein ou réduil du r:ldlcal a élé développé un lype de redoublemenl consislanl;j répé ler les deux consonnes. Ici,
inilial;menl condilionné pal' 10 vocalisme réduil ou plein de la dési nence. la lorme redoublée 'sle-(s)llI,- a subi une dissimilalion ullérieure du second s.
302 303
1
singulier r;t-r;ëi.y-rt. (de rdJyvu(.u), le grec devait posséder un pluriel *m:- la poésie ancienne). 11 semble par ailleurs que , antérieurement à la
7tciy-; c'est il lui que parait Gorrespo.ndre, de pango, le perfectum
peptg-imus, d 'où sing. pe-pig-ï.
l généralisation du thème féc- au pluriel (éc-imus (de [acio), l'italique
ait dans un premier temps étendu au pluriel l'élargissement -le du
1

B. FORMATIONS
EUROPÉENS
CONTINUANT DES AORISTES INDO- r singulier; d'où un thème (dc-, sur lequel a non-seulement éLé refait
l'infectum (ac-iü (v. p. 295), mais aussi une forme à redoublement de
perfectum : whcwllQ/œd (il lire 'fc-(ac-ed), sur la Fibule de Préneste,
auquel correspondent osque fc(acid (subi- 3 0 pers. sing.), fe(acusl
En indo-européen existaient plusieurs formations disLind~s (fut. ant. 3 c pers. sing.).
d'aoristes radicaux. Le Lémoignage notamment du grec eL du sansknt
permet de poser il date ancienne une classe d ' aorisLe~ aLhém~Liqu?s, 2. Ancicns aoristcs raùicaux lhélnali(lucS. Le vocalisme
caractérisée par une alLernance radicale enLre vocalisme plelIl (SIn- radical réduit, généralisé il tout le paradigme, est neLLement identi-
gulier) et vocalisme réduit (pluriel); et un~ classe d'~orisLes Lh~maLi­ fiable dans des formes grecques Lelles que e-Àm-ov; d8ov<t-FL8-ov;
ques caracLérisée ouLre la voyelle LhémaLlque, par 1 absence d alLer- l-(.lcxO-ov < 'c-m!/-dh-; etc ... ; un Lype il redoublement, conservé il daLe
nande radicale (v~calisme réduit uniforme). Parmi le5 aoristes.L11éma- hisLorique dans dr;r.ï:v < 'wc-wle"'- (skr. âvocal), s'observanL surLout
tiques, certains pouvaient présenLer un redoublement, i~enLique d;ll?S au niveau homérique (t-t-Àr;.O -ov, Àt.-Àr;.x.-ov, r;r.-mO-dv, etc ... ).
sa forme à celui du parfait. De ces dilTérenLes formatIOns, le laLIn En latin, c'est le type à redoublement qui peut être le plus sûre-
.urésente des exemples, tout en manifestant aus si des innovations: ment identifié. Ainsi te-lIg-ï (de tango) repose sur le même Lhème
qu'homo ,e:-,r;.y-wv; pc-pul-i (de pella) sur celui d'homo &'IL-r;e:-r;r;.À-wv.
1. Ancicns HOl'islcs radicaux atllémaliqu:cs. L'alternance Malgré une assez neLLe dilTérence de sens, on a rapproché de homo
anl.;~nne entre le vocalisme radical plein au singulier, réduit au p~u­
xr.-x<f8-ov,o « ils ont cédé n lat. cc-c'id-l (de cado « tomber n) . Il est possible
riel, s'observe avec une grande netteté en greG, où aux formes de sl.n-
que cc-c'in-ï (de COll 0, « chanter n), dont le vocalisme radical réduit
gulier 1:-0·I)-x-rt., ·~XCf. (issues de '-dheIIl-' ·-ueIId, .s'opp~::;ent au 'plunel
'kOn- se reLrouve dans gr. ·~L - xCl.v6ç « qui chante Lôt», continue lui aussi
les formes 1:-0E:-[WI, d(.lE:V< *É-UE:-[WI (reposant sur dhII I-, UIII-) '
un ancien aoriste thématique à redoublement. La « théorie laryngale )
On note, de plus, la présence au singulier d'un élargisslel?len~ -Ic-,
enfin a permis de poser une forme redoublée· I1 1 e-H 1 m- 1 à l'origine
absent au pluriel, dont l'origine et le rôle demeurent pe:l ~ aIrS . . _ce_s
de ém-ï, correspondant au présent radical cmo<·fIlem-; ëdl, de
formes grecques le latin répond par Ù?S !orm~s (cc.-lf-LI1~u~" lCC-I!
même doit repos er sur' H1e-H1d-; 6dl sur' IIac-IIad- (cf. Mium <
-rmus, ùans le paradigme desquelles le theme du sll1g.uher a e,Le et?ndll • I-Ia ed -); et sédï pourrait pareillement continuer 'sé-sd-.
au plurieL.C'est sans douLe aussi sur un.anci~n aOrIste athem.aLlque,
Les anciennes formations d 'aoristes thémaLiques non-redoublées
et avec mèIne extension au pluriel du vocahsme radical pleIn, que
sont moins netLement identifiables. Ainsi, le latin possède seldi (de
reposent cép-ï<'kcII1-p_l (en face d~ dip-io); frëg-i<'bhr~cIl1-g~ scinda), évoquant skI'. 3° sing. a-skhid-al. Mais le latin présente aussi,
(cL got.ique 1re pers. pl. brë/wlII « (rëgwllls ), en f~ce .du 'present a de ce dernier verbe, un autre perfectum sc'ic'idï (sur le redoublement, v.
infixe nasal (rang-ü, qui suppose le vocahsme redult ':!,rIII-g-. stelï, p. 303) comme le grec a possédé, à côLé de è-T.LO-6W'lv, une forme.
L'analogie du couple (ra/lg o!(l'ëgï e.xpliflue,. en face. de pa/lgu, le per- redoublée r;r.-mO-wv, Dès lors, les formes comme seldf, peuvent résulter
fectum pég-f, dont le -ë- n'est pOInt expjlcable, d~'eclement par la (comme pilll, tilli, extraits de ·con-(pe)pulf, ·coll-(le)lulî), d'une
racine' peIIz-g-, que permet de poser gr. m1_yvUfJ· L!r.-r;r;.y-·~-v. . extension au verbe simple de formes obLenues par haplologie en com-
Si, dans lesperfecLums ci-dessus G.iLés, I~ v?cal~sme. plelll ~u position. C'est en revanche une auLhenLique forme d'aoriste non-
singulier a éLé généralisé, c'esL un vocahsme. redu.lt d ~nc~en pl~l'lcl redoublé que l'on s'accorde à identifier dans inquil« dit-il n (perfecLum
qui dans d'autres forma Lions s'est étendu au sInguher. Amsl, le thc!TIC parfois étendu à l'emploi d'infectum), reposant sur 'cn-sk'"-e-t,
• bhü- <' bhw-IJ- (qu 'a de son .côté généralisé le Wec dans la ~exlOn et correspondant pour le radical à gr. ÉvL-crr;-dv.
de t-<pü-v), explique la Dexion latine de {ü-ï, {ü-l-mus (avec -u- dans

1. Le rapprochemenl, SOllvenl proposé, a ve c gr. x"'rcT(.) « s:Jisir , avec la


bOllCh(', avaler ", SlIpposanL H. (cL non JI l ), présenLo UIlC dim c u!t.o pour la
forme, el on esL loill pour le sens. 1. V. E . BENVENISTE, ArchiuulI1 LiI1!}l1islicum, 1, pp. 16- 19 (lD49).

304 305
C. FORMATIONS DÉVELOPPÉES PAR ANALOGIE une voyelle radicale longue. Cette voyelle pouvait être, selon les cas,
de timbre identique dans les deux thèmes (ainsi dans les couples
Des types précédemment examinés, où le linguiste peut encore em-ojëm-i; vld-eojvïd-ï; linqu-ojliqu-ï); ou de timbre difTérent (ainsi
à date historique identifier des formations d'aoriste ou de parfait dans les couples (iic-ioj(ëc-ï; iac-iojiëc-i; (rang-oj(rëg-i; pang-oj
anciens, le latin a retenu certains principes formels, grâce auxquels il pëg-L). Ces deux types d'alternances ont été à l'origine de formations
a pu sc donner des perCectums nouveaux. Les deux procédés essen- analogiques secondaires.
tiellement retenus ont été le redoublement eL, dans des conditions
variées, l'allongement au perfectum de la voyelle radicale. a) L'analogie du type cm-ojëm-i, ou scdeojsëdi, explique vraisem-
blablement la constitution, sur le même modèle, des couples leg-oj
1. Formations sccondaircs :l rcdouhlcnlcut. A partir de for- lëg-i; vcn-iojvën-[l, où la voyelle ë du perfeetum ne peut point rece-
mes anciennes telles que mc-minï-, lc-lin-ï; mo-mord-ï; slc-l-ï, cLc ... voir d'explication phonétique. Ces verbes ont probablement servi à
(anciens parfaits); ou lc-lig-ï, pc-pul-ï, etc ... (anciens aoristes), le latin leur Lour de modèles pour la constitution, avec un autre vocalisme
a tiré une série de perfecLums récents à redoublemenL, dont le voca- radical, du couple sciib-ojscab-î. Par ailleurs, le type de perfeelum
lisme radical n'observe aucune règle précise, cl où le thème d'infec- (üg-ï (qui peut être ancien, eL procéder de composés comme "con-((e)
tum a été fréquemment étendu tel quel. On a ainsi, de cacdo, cc-cïd-i (üg-i, qui correspondrait à gr. 7tÉ-tpwy-a, de forme cependant récente),
< * Ire-Ira id- ; de pendo, ou pendeo, pe-pend- i; ct, avec extension au a pu être à l'origine des formations analogiques (ad-ï (en face de (und-a)
perfeelum d'un morphème initialement caractéristique de l'infectum, et rü-p i (en face de rump-o).
le-lpn-d-i (de len-d-o, à côté de len-eij); (e-(ell-ï (de (allo <" (al-d-o, b) Par ailleurs, l'analogie des types (iic-ioj(ëc-i, explique la cons-
cC. falstls); po-posc-i (de posco<*Pllr-sk-o). Souvent, dans ces per- titution, en face de ag-o, ap-i 0, des perfeelums ëg-ï,-ëp-ï (dans co-ëp-ï),
feelun" récents, le redoublement lui-même présente une forme où ë ne s'explique point phonétiquement.
refaite. ,\insi, il peut présenter le même vocalisme que le radical
(po-posc-ï, de posco; lo-lond-i, de londeo; cu-curr-ï, de curro; pu-
pug-i, de pUllgo; lu-lud-ï, de lundo); ou, si l'infeGtum présentait lui- D. FORMATIONS NON-MARQUÉES
même un redoublement, le même vocalisme i que l'ancien présent
En dépit des innovations analogiques susdites, qui ont permis
(ainsi, di-dic- i, de disco < * di-dlr-sco). Parfois aussi coexistent
au latin de se donner des marques simples ct économiques du perfec-
deux innovations : ainsi spopondï <" spo-(s )polld- aLteste à la fois
tum, un certain nombre de verbes présente un Lhème identique à
l'harmonie vocalique entre redoublement et radical (tous deux de
l'infectum et au perfectum. Il convient de distinguer plusieurs caté-
timbre 0), et, dans les mêmes conditions que slelï (v. p. 303), un redou-
gories.
blemeQ.t bi-consonantique (avec dissimilation du second s).
Tout comme dans les formations plus anciennes, le redoublement 1. Certains verbes ont pu, en co~position, perdre par haplologie
de ces verbes disparaît régulièrement par haplologie dans les formes le redoublement qui initialement caracLérisait le perfectum. Tel est
composées. On a ainsi, de incido, incidi; de recurro, reCl1rri; de le cas pour incldi <"ill-(ce)c'id-i;in-cidi < "in-(cc)caid-i; convcrli
respondeo, respondï, etc... Parfois aussi, le perfectum du verbe <"con-(vc)verl-ï (v. p. 303); probablement aussi pour de-(clld-ï
composé n'est plus une formation radicale, soit qu'il passe au type < "de-((e)(elld-i (cf. gr. m:-tpv-dv).
sigma tique (ainsi, de com-perco, com-parsil, chez Térence, Phormion
44); soit qu'il reçoive le morphème -u- des thèmes vocaliques (ainsi, 2. Certains radicaux comportaient une voyelle longue, qui de ce
de con-cino, suc-cino, les perfectums concin-ui, succin-u i, peu t-êLre fait ne pouvait être allongée au perfectum. Ainsi s'expliquent les
innuencés par SOli-Ur). couples ico (ou icialjfci; cudojcudi; co-niveojc6-llivi (concurrencé
cependant par co-nixi); slridojslridî.
2. Formations sccondah'cs :l vocalismc radical alloIlgé.
Dans certaines formes anciennes, continuant des types indo- 1. La correspondance entre vèn-imus et [Sol. 'lëmum, si elle n'exclut pas
européens, l'évolution phonétique pouvait entralner l'impression que une innovation parallèle des deux langues, paraîtrait supposer que l'exten-
sion analogique de l'alternance élé est ancienne dans le groupe des dialectes
le perfeelum s'opposait à l'infeelum dans la mesure où il comportait occidentaux.
306 307
3. Certains verbes ont. étendu au perfect.um soit. le redoublement. sigma tique opposait, au vocalisme radical plein de timbre e il 1'~cLif,
du présent., soit. l'élargissement. -s- (désidéraLif) du présent.. Ces verbes, le vocalisme réduit radical au moyen. Le grec, cependant, manIfeste
dont le perfeeLum paratt. de constitut.ion t.rès récent.e, présentent. aux très tôt une extension au moyen du vocalisme plein. Quant au latin,
deux « temps J) le même thème: bib-o/bib-"i; s/d-o « 'si-sd-o)/ qui au perfectum de la voix médio-déponente use d'une flexion péri-
s"id-"i; vfso « 'weid-s-o)/ vïs-f; vcrr-o « 'wer-s-o)/vcrr-f. phrastique, il présente à l'aeLif de nets exemples du vocalism e e
radical. Ainsi dans les formes inicl-lëû (de iniel-lego); ,.ë:û, iëû, uëû
4. Verbes divers : lI1and-o/llland-"i; pand-o/pand-ï; prande-o/
(de reg-o, ieg-o, tielt-li <' wegh-o). On doi t de la même manière recons-
pra nd- f; pre-hend-o/pre-llClld- ï.
tituer une ancienne dipthongue en e dans des formes qui présentent
On doit noter qu'à l'exception des 3 c pers. sing. (bibii : « il boit ))
il date historique une voyelle longue: d"iû < 'deilc-s- (C.l.L., 12,
ct. «il a bu ))) ct Ire pers. pl. (bibill1us." « nous buvons)) ct « nous avons
58G: dei:I;sisiis, ct cf. gr, lSEL~Gt); m"is/<'meii-s-; uis/<"weid-s- 1 ;
bu ))). la forme des désinences suffisait à assurer, indépendamment de
diixï <' dewlc-s- (C.l.L., 12, 2138 : adou:ui « ad-dü.ûi ))); flüû
tout.e marque portée par le thème, la dist.inction pcrfeeLum/infectum.
Aux modes autres que l'indicatif, d'aut.res morphèmes venaient rem-
< 'bhlewg W_ s_. De iubeo a de même existé un perfeeLum reposant
sur' yewdh-s- (C.l.L., 12, 478 : iousii; Sénaius Consulle des Baccha-
plir le même rôle distinctif.
nales." iousiscl « iussissd ))), ultérieurement supplanté par iilssï,
Il. LES FOflMATIONS SUFFIXÉES analogique de it1ssus.
Une doctrine très répandue consiste il enseigner, sur la foi de
Comme on a pu le voir, les formations radicales, anciennes ou l'équation lat. vëxï = slu. ci-valc~am = vx. sI. vest1 (mais contre gr.
dével, 'pées par analogie, sc rencontrent. en latin dans un nombre cypriote l-fs~s, glose d 'Hésychius), que les aoristes sigma tiques pré-
restreil. de verbes. Beaucoup plus souvent., le latin s'est donné des sentaient en indo-européen, au vocalisme plein de l'actif, un allon-
perfectUl .. ., en recourant. à des affixes spécifiques, essentiellement les gement. radical. C. Volatkins a récemment montré (Indo-european
consonnes ' s- ct -w-: Toutes deux productives, ces deux formations origins of lhe cellic verb, pp . 18 sq.), que ccl allongement, là où on le
l'ont cependant. été inégalement, ct il des époques diITérentes. La const.ate, a été indépendamment introduit. par chaque langue.
période de productivité du type sigma tique en -s- paraît s'être située En latin, les formations qui , l'attestent peuvent recevoir plusieurs
antérieurement aux textes, au plus tard il la date des premiers textes explications. Ainsi, rëxï paraît avoir su pplanté un plus ancien 'reg ï
littéraires. C'est à date historique en revanche que l'on peut cons- (surëgii cc sur-rexii )) chez Livius Andronicus, selon l"estus), comme
tater la vitalité bien plus grande encore de la formation en -w-. Du -empsi a dans certains composés de emo supplanté ëm"i." la voyelle
point de vue de ses origines, cl de son aire d'expansion, chacun de ces longue de la forme ancienne (v. p. 305) a été retenue par la forme
deux types pose des problèmes particuliers. nouvelle. De la même manière, inicl-Iëxil a pu supplanter -lëgil.
Par ailleurs l'analogie des formes rëx, rëg-ula, reclus <' reg-lo-s;
A. LE'PERFECTUM EN '-S lëclus < 'teg-lo-s (v. p. 105), invitail à allonger la voyelle des mêmes
Hors du latin, le morphème " -s apparaît en des formations rëxï, ou lëxï; formes il partir desquelles une longue a pu s'introduire
d'aoriste. En indo-iranien cl en grec, il manifest.e à date historique dans uëxï, lrax"i (sur lesquels ne pouvait s'exercer l'influence de
une ext.rême productivité. Celle-ci varie cependant. fort.ement d'une veclus < 'wegh-io-, iraclus < 'iragh-lo-, v. p. lOG). On est dès lors
langue à l'autre; cc qui, selon Meillet (Sur l'aorisie sigll1aiique, dans conduit il poser il l'origine un e voyelle brève dans le radical indo-
Mélanges Saussure, pp. 81-lOG), est le signe d'une formation récent.e : européen des formes considérées; ct. point n'est besoin d'expliquer
il partir d'un simple embryon indo-européen, chaque langue a pu gr. ~SsŒ.Gt il partir de 'dëy-Ic-s- > 'de!l-k-s- (loi d'OstholT).
développer dans des proportions diITérentes un même type de forma- Quant il l'origine du morphème '-s-, elle n'c:;t point connue avec
tion. Le fait que l'aorist.e sigma tique, bien connu du slave, soit ignoré certitude. Une explication récente duc il C. Watkins (op. cil.,
en baltique, est propre à souligner son caractère récent. Un même p. 97 sq.) consist.e il voir dans '-s- un morphèm e étendu à toutes les
enseignement peut sc tirer de l'examen des faits italiques; ct l'on personnes de l'aoriste, à partir d'une 3 e pers. sing. sans désinence,
constate avec surprise que le perfectum en -s-, bien attesté en latin, dont le hittite présente des exemples: il s'agirait en fait d'une forme
n'a pas en osco-ombrien de correspondant. I. A moing que le -05- ne soille même que dans l' infect.ion viso <'wcid-s-"
Le témoignage du sanskrit semblerait indiquer que l'aoriste (v. p. 28Q), donllo lhème aur~il élé élendu au perfeclnm (v. p. 307, D.).

308 309
nominale élargie par' -s, et tenant lieu, à la 3 e pers. sing. (la « non- ralLre en composition le redoublement, il était bon de compenser par un
personne »), de form e verbale. Pour J. Kurylowiez (Thc inflc:rional autre procédé la perte de cette marque. On noLe ainsi, en face des formes
calégories nf 1ndo-Européan , § 215) l'aoriste sigma tique serait plu tôt un simples momordï, pcperci, pupugi (v. p. 303_ et 306),. des forme~
ancien prétérit de présenL en -s. composées prac-mors ï, compcr( c)s ï, com-pun.xL. De meme, c.xpuls l
Quelle que soit son origine, le perfectum sigmatique a connu, (aidé par l'analogie de l'adj. v.erba.1 exp~lsus) a tendu à .supplan~er
au niveau du latin, une histoire qui lui est propre. A partir des formes cxpuli <' cx(pe)pulï. La formatIOn Sigma tique a pour des rUisons mOInS
à vocalisme plein radical (Lype di.xi = gr. tog~E;a), le laLin a pu étendre claires, gagné des formes composées qui n'avaient point compo,:té de
le morphème '-s- à des thèmes de forme différenLe. On peuL disLinguer redoublement. On a ainsi, en face de lëg-i, inlcl-lëxï; et l'on salt que
les séries suivantes: les composés de emo, selon qu'ils conservent la valeur du verbe simple
ou s'en écartent, se partagent les perfecLums -ëm ï (ad-ëm ï, cx-em ï,
1. Des thèmes à finale consonanLiqu e, qui n'avaient point red-ëllli) et -empsï (comps[, dëmps ï, prompsï, sümpsi, avec -p-
reçu anLérieurement un perfectum ù voyelle longue (Lype ag-afëg-i.'
épenLhéLique). . , . .
v. p. 307), ou possédaient dès l'infecLum une voyelle longue , ont plus
Par ailleurs, le résultat de traitements phoneLiques divers, effaçant
récemment recouru au morphème '-s- pour se procurer un perfectum.
des rapports et en ins taurant d'autres, a pIncé le perfec.tum si~l11a~ique
Ainsi onL été obtenus des couples elep-a/clcp-s i; {iu-a <' dh ig "'-a/{i.xi
au cenLre d'un système d'analogies, source de multiples refecLlOns.
<'dhig"'-s- (à partir duquel a été refait un infecLum plus récent,
Les faits peuvent se résumer comme suit:
(ig-a); {rigeo « être froid »/{ri.xi; {rig-o « faire griller »/{rixï; lücca/
Le perfecLum des thèmes terminés par occlusive dentale était
lüxï; nüb-a/nüp-si; rëpafrëp-s i; scriba/scrip-s i; spcc-ia/spc:û; süga
5ujet ft des assimilation s 'ls, 'ds>'ss . (simp!if1? après consonne,
« sucer ))/sü:û; etc ... cependant que l'analogie de fli1(w )-a <' bhlwg I/)_a/
voyelle longue, ou diphtongue). On obtient aInSI des formes telles
flüxï <' bhlcwg "'-s- entraînait, en face de u iu-a = skr. jluali (' 9 "'ylI- que claus i <' elaud-s- (claudo); lacs ï < 'laid-s- (laedo) ; sens ï
w-), la forme non phonétique uixï.
<'scnl-s- (scnlio); swlsi<'suad-s-(suadco); etc ... A l'ad je cL if ver-
Dans de nombreux verbes dont le thème se terminait par deux bal en '-10-, l'évolution phonétique '-dl-, '-ll->-ss- (v. p. 79)
consonnes, l'adjonction de -s- entraînait, ,dans le groupe de trois procurait à ces mêmes verbes des formes caractérisées elles aussi par
consonnes ainsi constitué, la perte de la seconde. On a ainsi des
-S5- (ou -s-). On a ainsi elausus<'elaud-lo-; lacs us < 'laid-lo-;
cou pIes alg-cO/al (c )-s [; {arc-i 0/{arr c )-s i; {ulg-ca/ {ul (c )-sf ; mulg-ca /_ sellsas <' 5enl-lo-; etc ... Ain5i est née l'impression sérielle qu'à un
mul (c )-s i; sarc-i a/sar( c )-s i; sparg-a /spar( c )-s i; lc/'g-a /lc/' ( c )-s ï; lor- perfectum en -(s)si correspond un adjectif verbal en -(s)sus, et inver-
gu-co/lor( c)-si; urg-ca/ur( c)-s ï. Dans Lous les perfectums de ceLte sement. Cette impression a entrainé divers phénomènes d 'analogie:
série, un groupe restant -ls- ou -rs-, non-assimilé et donc constitué
récemment, est à la fois la conséquence et la preuve de la consonne
a) Le perfecLum des thèmes terminés par -s présentait normal?-
dispârue. Notons enfin un petit nombre de verbes où le processus de
ment une finale -ssi. On a ainsi, de ger-o<'ges-o, yes-si; de haurzo
disparition de la consonne centrale du groupe a éLé différent. Ainsi,
en face de nccl-a « nouer )), le perfectum 'Ilccl-s · évoluait en '/lCCS-S-,
<' haas-r!Jo, haus ï <' haus-s ï; de Illlcreo <' hais-co, haes ï <' hais-
si. De même, sur un Lhème 'pr-cs- (alternant avec' pr-em- de premo,
d'où 'IlCCS- (nc:û). Tout pareillement s'expliquent, en face de flcel-a,
comme 'lr-es- de slu. lrasali, gr. 'l'pt (cr) -w, al terne avec 'lr-e/om- de la t.
pcel-a, plcel-o, les perfectums flcxï, pc:û, plcxr.
l/'emo, gr. 'l'pt iJ.(,) , 'l'p6iJ.oç) a été constitué le perfec~um pres-sr. L'ana-
2. Lorsqu'un thème d 'infecLum à nasale in fix ée a été secondaire- logie des couples précédenLs a entrai~é po~r plUSieurs de ces ~erbes
ment étendu au perfecLum, celui-ci a été le plus souvent formé selon un ad je cL ifs verbal en -(s)sus. On obtlCnt amsi les couples pressl/pres-
le type sigmatique. On a ainsi des couples (ing-a/(inxï; iung-afiunxï; sus; haesïfhacsus; hausi/hausus (qui a tardivement concurrencé haus-
ling-a « lécher »/linxï; ë-mung-a « moucher »/ë-munxi; pang-o/panxï; lus) . L'analogie a de même créé, en face de {ixï, mersi, mulsi,sparsi,
plany-o/ planxi; etc ... lcrû, eLc ... (v. p. 310), des ad je cL ifs verbaux {ixus, mersus, mulsus,
sparsus, lersas, etc .. . Sur mansï, perfecLum lui-même récent, obtenu
3. Assez souvent, un verbe qui il l'étaL simple possédait un per- 5ur le Lhème de maneo, a Hé pareillement créé mansum. QuanL aux
fectum radical a reçu en composiLion un perfect..um sigmaLique. Le fait adjectifs verbaux flexus, nexus, pexus, plexus, il est assez peu vrai-
s'observe particulièrement en des verbes où, l'lIa plologie, faisant dis pa- semblable qu'ils s'expliquent directement à partir de 'flecl-lo- , 'l1eel-
310 311
10-, cLc ... (qui, une géminée étant inviable après occlusive, devaient 1. Le type ama-u f, delë-u l, audi-u ï, procèderait d'une extension
très tôt se réduire à 'flcclo-, 'Ilccio-, cLc ... ); l'analogie de flexï, nexï, à partir de formes comme mou-i, vou-f, {au-f, lau-i, où -u- parait
pexi, plexï (v. p. 310) est ici, encore, l'explication vraisemblable. appartenir au rad ical. En réalité, ces formes ell es-mêmes appellent
réflexion. Sachant que moniir, en face de moneo, repose sur' mone-ur,
b) Inversement, à partir d'un adjectif verbal en -ssus (ou -sus), a on peut de même poser, en face de moue 0, uoueo, {oueo, des perfectums
pu être refait un perfectum en -ss 1 (ou -sI) . En latin vulgaire ont ainsi 'lIlollc-ui, 'uoue-vf, 'roue-vi, où le groupe -oue- a produit -0(u)e- 1 ,
été refaits, à partir de prellSUS, rcsponsus, des formes prcllsI, rcspOllsï puis -0- (v. p . 70) , comme dans malus < 'moue-io-, uoius < 'uoue-lo-.
(qui ont concurren cé prchelldi, respolldl). A date plus ancienne, la De son côté, Lavr peut procéder, par haplologie, de' l(av)a-vi, perfec-
même analogie avait produit, il. parLir de iiissus <' !Jwdh-Io-, la tum attendu de iava-re; cependant que {avf peut reposer, par syncope,
forme iiiss i, qui a éliminé la vieille forme ù vocalism e plein ious i (v. sur '{av (if) -vi , comme {au lus sur '{av( iJ) -lo-s . Il apparaît dès lors
p. 309). Quant au vocalisme réduit de iissi, perfecLum de üra <' H1ew- qu'aucune des formes invoquées n'est sûrement radicale, ct que,
s-o (gr. e:üw), il manifeste un moyen terme enLre la forme aLtendue loin d'être il l'origine du morphème -U-, elles comportent vraisem-
'ilsi < 'H1ews-s-, et l'ad je cL if verual iis-lu-s<'Jl1ws-lo-. blablement le suffixe il expliqu er. On discerne mal, de surcroît,
Notons pour finir, dans la flexion de l' indicaLif, un accident pho-
comment des verbes de sens aussi parLiculier auraient pu se Lrouver
nétique fréquemment constaté: aux personnes comportant, devant la à l'origine d'une formation aussi développée que le perfecLum en -U-.
désinence, le suffixe -is-, l'haplologie entraîne une évoluLion dixisli>
dixli, eLc .. . On observe de même, à l'in finitif, 1'évol uLion dixiss e >dixc . 2. On a aussi invoqué l'influence de {U-I, qui sert de perfectum à
Aux autres modes, des faits du même ordre s'observent çà et là. SIL-m, ct repose sur' {a-ai (cf. gr. t-'Pü-v), Dans ceLLe forme, à parLir
d'une ancienne prononciation {ilï (attestée encore dans la poésie
B. LE PEfiFECTU1VI EN '-W- archaïque), on est passé à {iil (abrègement en hiatus), puis, avec
consonne de transition (non notée), '{iiwï. La finale -WI ainsi obtenue
Le morphème' -w- caractérise en latin un très grand nombre de serait, à partir de ceLLe forme, devenue productive. On reconnaîtra
perfectums, appartenant parfois à des verbes d'origine très ancienne, volontiers au verbe « êLre », vide de sens et d ' emploi très général, un rôle
mais relevant, dans l'immense majoriLé des cas, de verbes secondaire- possible de catalyseur. Mais, à 's upposer même qu'une scansion {il 1consLi-
ment constitués. On constate notamment que presque tous les déno- tue dès l'époque d' Enni us un archaïsme, la prononciation '{awl parait
minatifs en -I-re (v. p. 296) ou -{i.-re (v. p. 297) forment leur perfectum de Loute façon de date Lrop récente pour expliquer la masse des
de cette manière, de même que, en règle générale, à peu près tous les perfec\,ums en -UI existant dès les premiers textes. La forme (u(w)ï
verbes dont le thème se termine par voyelle longue. Il apparaît ainsi a pu, dans ces conditions, jouer un rôle d' adjuvant, mais non consti-
que le perfeclum en '-w- constitue un type surtout récent, dont tuer un point de départ.
l'extension progresse sans cesse au niveau même du latin, cl à LouLes
les épo'ques. Les verbes nouvellement formés (dénominaLifs) reçoivent 3. Une origine strictement latine du morphème '-w- étant
en elTet, de façon à peu près uniforme et constante, des perfeclums difficile à démontrer, on s'est demandé si le latin n'a pas utilisé, en
ainsi constitués. lui conférant une immense extension, un morphème d'origine en fait
Le caractère récent du perfeclum en '-w- se manifesLe, au demeu - indo-européenne, que d'autres langues ont confiné en un rôle Lrès
rant, sur un autre plan, ct à un autre indice: massivement aLtesté en accessoire, quand cil es ne l'ont point oublié. A cet égard, une enquête
latin, il ne présenLe de pareille extension en aucune autre langue, ct comparaLive fait ressortir les faits suivants: a) Les langues occiden-
le témoignage des autres idiomes indo-européens porte surLout sur tales, hors du latin , présentent quelques formes (ombrien subocau,
des traces, non sur des formations régulières. Parmi les dialectes ou SUbOcaVll " subvociiuii ? »; ga ulois ieuru « co Ilsecrallii ?») trop obscu res
italiques, le laLin est, de plus, seul à connaître celte formation, qui de forme et de sens pour que l'on puisse sc fonder surelles. b) En revanche,
paraIt de ce fait s'être répandue postérieurement il la période de les dialectes orientaux présentent des rapprochements plus sûrs. En
communauté italique. Dans de telles conditions, le problème des arménien, une 3 e pers. sing. d'aoriste médio-passif présente une caracté-
origines du morphème '-w- n'es!. que plus difficile à résoudre . Pour ristique -w. En tokharien, où un cc prHérit» s'oppose seul au présent, c'esL
nous en Lenir aux seules explications qui ne sc heurLent pas à de radi- 1. Ou, avec syncopo de -co, - 0 11- évoluanl (selon un type llon-l n Lin) vers
cales impossibilités phonétiques, nous rappellerons les suivantes : -do: v. p . 70, n. 1 cL 110.

312 313
la Ire pers. sing. qui présente un morphème -w (camwa cc j'ai pu »; significative, le latin.lui aurait aJJecLé un rôle morphologique positif, et
pra/cwa (c j'ai prié )); yamwa (c j'ai fait ))). Le hittite parait oJJrir une ,.
1
l'aurait analogiquement étendue à des formations nouvelles, posté-
situation identique (si la finale -un de 1re pers. prétérit s'analyse bien rieurement à l'éclatement de la communauté italique. On constatera
-w- + m, désinence). Enfin, le sanskrit possède plusieurs parfaits à que, parmi les verbes primaires d'où serait partie la formation en
redoublement, dont les Ire et 3 a pers. sing., de forme identique, sont *-w-, novi au moins est d'un emploi très fréquent. Le rôle adjuvant
toutes deux caractérisées par -w. Ainsi, dadau CI dedï )), de *de-do-w; 1
de (u(w)ï, plus haut signalé, a pu s'ajouter secondairement à l'in-
jajnau cc nouï)), de *ge-gno-w; dadhiiu cc ~O'IJ)(G()), de *de-dlzë-w; pa- fluence de ces verbes primaires.
prau (c plëuï )), de * pe-plë-w. Or, on a remarqué (v. A. Burger, Revue En\tl'sagé au niveau latin, le perfecLum en *-w- caractérise
des Éludes Lalines, IV, p. 116 et 212) qu'à date ancienne un perfectum diJJérenLes séries de verbes constituant plusieurs couches chronolo-
latin tel que (g)nouï ne présentait régulièrement le morphème giques. Dans un premier temps, la cc conjugaison » n'étant point encore
*-w- qu'à deux personnes, Ire et 3e du sing. : noui, nourl. Les autres constiLué.e, le morphème *-w- pouvait s'ajouter à un thème diJJérent
formes (nosli, nomus, noslis, nort/nl), qui dans l'interprétaLion clas- de celui de l'infecLum. Le plus souvent, il s'ajoutait à un thème
sique constituent des écrasements à partir de Ilouislï, nauimus, terminé par voyelle longue; parfois cependant, il pouvait s'adjoindre
sous l'influence analogique de audïslï < audï(w)islï; delërunl < de- fi un Lhème fi voyelle brève.' On observait ainsi, entre perfectum et
lë(u)erunl (phonéLiques : v. p. 69, 3, b), pourraient être en fait des infecL.um, le6 . rapports suivants :
vesLiges d'un état ancien, où -u- ne caractérisait que deux personnes.
Par la suite, -u- aurait été étendu à tout le paradigme, avant que 1° A un perfectum à voyelle longue pouvaient. s'opposer des
l'évolution phonétique ne l'abolisse dans certaines form~s écrasées. thèmes variés d'infecLum. Ainsi, fi së-ui < *seI-I e correspond un
On serait ainsi conduit à mettre en parallèle des faits laLins (extrême- infecLum fi redoublement sero < *si-s(H 1 ) -o. A slrii-ui < *slroH3-,
occidentaux) avec des faiLs orientaux, situation en rapport avec la sprëu i < "spreli 11 correspondent des infectums à in fixe nasal slerno
cc théorie des ondes » (v. p. 21).
< * slr-n-(li )-0, sperno < •sPJ'-n-( li )-0. A si-u i < * sei- correspond
un infectumà vocalisme réduit et IC suffixe)) nasal, st-no; cependant
4. En dernier lieu enfin a été proposée une explication (( larynga- que l'analogie de lëvis cc lisse )). a pu influencer le traitement de lê-u ï
lisLe » du morphème • -w-, qui ne s'oppose pas à la précédente, < *lei-, en face de a~no cc doter d'un enduit lisse )). Parfois, perfecLum
mais la prolonge. Selon A. Martinet (v. Ij'cunomie des changemenls et' infectum reposent sur deux suffixations difTérentes d'une même
phonéliques, pp. 212 sq.), la laryngale -li3, de nature labio-vélaire, racine: 'ainsi, fi lri-uï < *lrei- (cL, avec iotacisme, gr. -rpt-~w), s'oppose
auraiL devant voyelle laissé un résidu -w-, correspondant à son appen- leru < *ler(li)-o (cf. gr. -rp'l)-r6c;, ~-Tp'l)-()G( < *lreHd. Enfin, l'infecLum
dice labio-vélaire non disparu (v. p. 67). Ainsi, les perfectums latins peuL reposer sur le thème du perfecLum avec adjonction d'un suffixe.
bâtis sur un ancien radical terminé par *-li 3 présenteraient, au terme Tel estI'état que laissent apparaître des couples (g)no-uïJ(g)no-sco;
du traitement de la laryngale, un élément -w solidaire du radical. Tel . p6.~uïfpa-sco; quië-uïJquië-sco; suë-uïfsuë-sco.
serait le cas pour fliiu-ï < *billeH3-ai; slr6.u-ï < *slr oH 3-ai (cf. gr. 2° Le laLin a aussi connu quelques formations anciennes ol'! le
G-rpw-r6c; < 'slroIl3-lo-: v. p. 67); arauï < . fI 2 er- o II3-ai (cL gr. àpw- morphème *-w- s'ajoutait à un thème terminé par voyelle brève. Ce
(LE:VIX~; <XpOTpOV) ct, avec -ü- analogique de (g)no-l/ls, (g)nal1-ï, dernier conLinue généralement un th. 1 fi second élément laryngal.
< *gnOII3-ai, correspondant à skr. jajn6.u (v. ci-dessus). Selon Ainsi dans genuï.< *gen-Hcwai, en fa'ce de gigno < *gi-gn(H)-o;
A. Martinet, la consonne résiduelle -w- se serait dès une date domuï < *domH 2-wai, en face 'de dom6.-re < *dom-eH 2- (avec. 0
indo-européenne récente étendue analogiquement aux thèmes ter- analogique de domuï, domilus); moluï < *mélH 1-wai, en face de
minés par -ë < * -eH l' Ainsi s'expliqueraienL lat. plëu-ï < * pleH c, molo < •mel (II 1)-0 (cf. &M-w < 'l[tlH c; ct mycénien merelirija =
correspondant fi skr. pa~pr6./l; sël1-ï < *seH I - (cL germ. sawan • [le:Àe:-Tp(1X cc meunière » <' mel-II c); uom/l i < * womH-wai, en
cc serere ,,). Ainsi, le latin aurait hérité de l'indo-européen un petit face de /loma < 'wom(H)-o (cL skr. vami-li < *wemli-li). Dans
contingent de perfectums radicaux, correspondant fi des verb.es dont tous les perfecLums ci-dessus énumérés, la voyelle d issue de la laryn-
le radical ancien sc terminait par *-1I 3 ou *-11 1 , ct caractérisés par gale évoluait en -11- par apophonie devant *-w-; d'où gellu(w)ï,
une consonne *-w-. Tandis que dans nombre de langues ceLLe caracté- domu(w)ï, ' etc ... , donL la graphie ne note point la consonne. Les
ristique demeuraiL exceptionnelle, ou s'éliminait même comme non- GOuples cùbofcubtlÏ,. sono/sonui, s'ils . ne sont pas analogiques de
314 315
l_
domofdomu ï, doivent reposer eux aussi sur d'anciens thèmes I. « deuxième conjugaison », des deux types monë-re et lacë-re, aurait
A un stade ultérieur, la tendance se faisant jour d e plus en plus à produit, au perfectum, l'alignement sur mo-nui de l'autre série verbale.
constituer des « conjugaisons II régulières, le latin a le plus souvent ajouté On notera pour finir, au niveau de la « deuxième conjugaison II en - ë-rc,
au thème d'infectum le morphème '-/U- caractéristique du perfectum. le maintien d'une voyelle longue dans les vieilles forma Lions radi-
Dès lors, flUX deux types d'infectum -a-re et -ï-re, particulièrement fré- cales im-plë-ui, de-lé-ui; ct, dans le verbe d'état manë-re « être dans
quents, et producteurs de verbes nouveaux (dénominatifs), ont corres- l'at~ente n, le perfectum sigma tique mansi, utilisé en relation avec un
pondu des types de perfectum, non moins fréquents, en -a-ur et -ï-uï. SUpll1 mallsum .
La flexion en -eo, -ëre, pose un problème particulier. Parmi les . Il convient de signaler pour finir un accident phonétique fré-
verbes qui la composent, les itératifs-causatifs en '-e(y)6 (v. p. 291 sq.) quent, afTectant des formes de perfectum en '-w-. Dans le type audi-
présentent en règle générale un perfectum en -u ï (= -u (w) ï). On IIi, et d'une façon générale dans les verbes en -ï-re, la consonne -w-
explique parfois ces formes comme reposant (avec passage de -!- à -il- disparaissait phonétiquement en tre voyelles de timbre - identique
devant w) sur un ancien "-i-wai; ainsi monuï < 'IIlOni-wai reposerait (v. p. 69,3, b); d'où audii, audïsli, etc ... Dans les verbes en -ére, la
sur le même thème" moni- que l'on croit pouvoir identifier comme forme dclëuerulll aboutissait pour la même raison à delérunl. De
ancien dans moni-lus l . En fait, l'ancienneté de -1- dans moni-lus n'est cette situation ont découlé les faits suivants: 1° L'analogie des formes
nullemcnt assurée (v . p. 350, et note 3); et monuï doit reposer plutôt où "-w- subsistait invitait l'usager à restituer facultativement la
sur un ancien" mOlle-wai, où mone- doit représenter un thème arti flciel consonne disparue; d'où la double série flexionnelle audii, -ïslïfaudïu i,
extrait du présent coupé mOllc-o. Les formes doeuï, nocuï, etc .. . , -uislï; ek .. A noter, dans audil < -iuil, la quantité dc la voyelle i,
s'expliquent de la même façon 2. Dans toutes ces formes, la finale permeUant de distiqgu er à l'audition cettc forme de audU, 3° pers.
"-ir-wai a phonétiquement évolué en '-a-wai, puis -u-(w)i, avec sing. d'infectum·. 2° Inversement, l'anah ie de fm:mes.G.omrne al/disli,
non-notation de la consonne -w-. Quant aux verbes d'éLat en -ë-re, ils audislis, delërunl, a entraîné la construction de formes « écrasées n, telles
peuvent recevoir une explication difTérente. On peut en efTet supposer que amasli, amaslis, amârunl; consuémus, consuërunl; etc ... , où la
une alternance ancienne "-elier-He du suffixe d'état. Ainsi, sur la chute de "-w- ne s'explique point phonétiquement. Si l'on considère
racine 'lcH 2 -lh- de gr. Àt-ÀtiO-C(, le latin aurait bâti un thème d ' infectum comme anciennes les formes . no-mus, no-runl, de no-uï (v. p . 314), on
"1f12-lh-cH c > lalé- (de laU-rel. cependant qu'un thème 'lfI 2-lh-fI c peut poser dans l'évolution de celles-ci les étapes suivantes: 1° Par
> "lala- aurait servi de base au perfectum 'laW-wai > lalu-(w)ï. Si extension de '-w- à toutes les personnes, no-mus, no-runl sont refaits
l'on ne retient point ceUe explication, il demeure possible d'expliquer les en no-u-imus, no-u-crunl. 2° L'analogie de audinws, delërunl, pro-
perfectums aru i, habu ï, iaeu ï, palu i, laeu i, etc ... (en face des infectums duisant les formes écrasées nomus, norunl, entrainc fortuitement une
aré-re, habë-rc, iacë-re, paU-re, lacé-re, etc ... ) comme provenant d'une régression vers les formes initialcment présentées par cc verbe~
extension analogique du type en -ui 3: la coalescence, au sein de la
CONCLUSION
1. La voyelle -r- représenlerail la ·forme non-lhématisée de '-ye/o-, elle-
même non-précédée de la voyelle -é- allestée au présent mon-é(y)i!. (v. X. Mignot, De l'exposé précédent, on peul retenir la leçon suivante : la
Les verbes dénominatifs lalins, p. 105).
2. Pour l' explication des formes particulières foui, moui, UoU; (de /oueo, situation observée en latin manifeste, par rapport à l'indo-européen,
/IIoueo, uouee); /crUi <'/er(ue)-ui (de /eruco); caui, /aUi, lau;, paUi (de caueo, une double originalité. Non seulement en elTet un thème unique (per-
/auco, laua, paueo), v. p. 312 sq. Du lrailement expliqu:JIll ces formes il découle fectum), obtenu par syncrétisme de l'ancien aoriste ct de l'ancien
que la scansion longue de la syllabe iniliale est duc selon les cas à la quanLiLé parfait, s'oppose à l'infectum latin; mais le latin, en fin de compte, ne
vocalique secondairemenL obLenue (moui, uoui, comme miJ/us, uiJ/us); ou,
présente mêmc qu'un nombre restreint de perfectums rappelanL
plus rarement, à la naLure géminée de -ww- (/aui = /au(u)i<'/au(e)-Ui ;
caui = caU(U)i; paui = pau(u)i). des formations anciennes. Des vestiges de formations radicales
3. L'analogie explique encore l'extension du perfeclum en -U(W)i après des diverses, et d'apparence irrégulière, s'observent notamment en face
Lhèmes terminés par -1 (ainsi alo/alUi; COlii/colUi; salie/salui; UOI6/uolui); ou d'infectums thématiques , relevant de la « troisième conjugaison »;
par -r (sero/serui; aperii5/apcru.). On a songé :"1 invoquer plus parliculièremenL, et la présence de ces pcrfectums « irréguliers)) a sans doute constitué
commo modèle oc ces couples, le rapporl doc-Ius/doc-ui, (jui aurait enlralné
les c.o u pies al-Ius/al-u.;. se:-I us f:çer-ui ; rap-Ius /rap-ui; oCCCII-lus / .occill-u. (cc un frein non négligeable à la productivité de ceUe conjugaison . Par
dermer pouvant toulefols s expliquer par l'analoglO de sonui: v. cI-dessus) . ailleurs, le perfectum sigmalique, héritier d 'anciennes formations
316 317
Il
r
aoristiques, a connu en latin, à un stade ancien de la langue, une assez
grande productivité. Ce type, constitué essentiellement sur des radi-
caux consonantiques, a lui aussi alTecté surtout la « troisième conju-
gaison ». Le plus souvent obtenu à partir du thème d'infectum, ce
perfectum sigmatique paraissait introduire dans la flexion un élément
de régularité. En fait, au niveau de la « troisième conjugaison », il ne CIIAPlTfiE XIV
faisait qu'accroître le nombre des types possibles auxquels pouvait
recourir la langue, accroissant du même coup l'embarras d e l'usager.
C'est finalement un type de perfectum tout dilTérent, d'origine encore
aujourd'hui non-totalement sûre, et inconnu semble-t-il des autres
LES FORMATIONS MODALES
langues italiques, qui a permis au latin de se constituer des formations ET TEMPORELLES DU LATIN
régulières. Ce type, caractérisé par un affixe • -W-, eL obtenu écono-
miquement à partir du thème d'infecLum, a conféré aux première ct
quatrième conjugaisons (-a-re, -ï-re), les plus abondamment repré- Nous avons pu définir le verbe latin comme présentant une
sentées et les plus productives, une apparence de simplicité. Les structure quadrangulaire (v. p. 272), organisée à partir des deux
thèmes des modes autres que l'indicatif se dérivant grâce à des oppositions indicatif/subjonctif d'une part, infectum/perfectum d'au-
morphèmes spécifiques à partir des thèmes d'infectum ct de perfec- tre part. De plus, de part et d'autre des deux thèmes aspectaux
tum, c'est toute la flexion verbale qui, du même coup ct en fin de d'infectum et perfectum s'est développé, nous l'avons vu (p. 268),
compte, s'est trouvée régularisée dans ces première ct quatrième un double sysLème temporel, comportant un préLériL ct un futur.
conjugaisons. On peut ainsi affirmer que, en fortifiant le rapport Or il existe, enLre les formations temporelles ct modales du
morphologique infectum/perfectum, en le réduisant à un schème latin, un rapport sûr et étroit, qu'a mis particulièrement en évidence
constant, en supprimant cette sorte d'hiaLus enLre les deux thèmes la linguistique des vingt dernières années . Ce rapport se manifesLe par
qui avait initialement existé et qu'illustraient encore les formations le fait que les morphèmes . temporels du latin se r eLrouvent en des
« irrégulières », le perfectum latin en -uï a joué un rôle déterminant formations modales, qu'elles soient latines (préLérit er-a-m/subj.
dans la constitution d'une authentique « conjugaison )) (v. p. 267). leg-a-m), ou apparaissent en d'autres langu es. La question se pose
évidemment de savoir si la valeur temporelle d'un même morphème
procède d'une valeur modale plus ancienne, ou inversement. Ce
problème a fait, dans un passé assez récent, l'objet d'études et de
controverses, que l'on peut résu~er comme suit: 10 Partant de la
situation observée en hittite, où le verbe comporte, formés sur un
même thème, un indicatif présent, un indicatif prétérit, un impératif,
mais aucun « mode)) évoquant le subjonctif ou l'optatif des autres
langues, E. Adelaïde Hahn a conclu que ces formations modales
se sont consLituées postérieurem ent à l' époque où le hittite s'était
séparé d es autres langues . Selon l'auteur, elles procèderaient d'une
opposition temporelle, elle-même développée à partir d'une opposition
aspectuelle (v. Subjonctive and oplalive: iheir origill as (uiures. New-
York, 1953). Cette conception, qui prend pour terme de référence le
hittiLe, et suppose résolus les multiples problèmes posés par le rattache-
ment de cette langue à l'indo-européen, se heurte de surcrott au fait
qu'en de nombreuses langues (comme le grec) les oppositions temporelles
se développent à date hisLorique, les oppositions modales paraissant
au contraire beaucoup plus anciennes. 2 0 C'est pourquoi est beaucoup
319
l . ,. do-européen de d~sin~nces
t ' l'optatif 'tOUjours pourvu en ln de partie de l'alre mdo-
plus généralement admise lu thèse opposée, défendue notamment Qu~n ~ it ca;~ctérisé, sur la plus gran . O"ulier des formations
par E. Benveniste (Prélérit et oplalif en indo-européen, dans B.S.L. secondaLres, Il éta uffixe alternant *-YCHl (sm", t' es et généralisé
XLVII, 1, pp. 11 sq.) et J. Gonda (The cha racler ofihe indo-european europée:r:ne, Pla: u~ \pluricl des formations at~émat' ~~u l'~ptatif expri-
moods, Wiesbaden, 1956), et qui voit dans les morphèmes temporels athématfilqu~s n ~~é~atique). Sur le ylan de Ib~ ;~t:t c~nçu par l'espri~­
des langues indo-européennes d'anciens morphèmes modaux. En dans la exiO . ï pro ces non- O Je .' posaIt
. t comme le subJoncLl , un d désinences pnmal res , sup
restreignant le problème au latin, on peut ainsi poser que le futur mal , b' dif pourvu e dé' nces secon-
utilise comme caractéristique un morphème de subjonctif, le prétérit Mais tan,dis qu~ le ~uà ~~nréaliser, l'optatif, pourvu ~ela r~~~~té. L'optatif
étant bâti de son côté au moyen d'un morphème d'optatif. Réservant un pro ces ~en a~. rocès hors de toute ré!érence a taisie; du procès
pour le lieu adéquat l'examen des arguments qui étaient cette con- daires, envlsage:l.lt le p . ' ble de l'imaginaIre, de la fan haitable et
était ainsi le mode ~u P?SSl to~t au plus conçu comme sou
ception, nous procèderons, pour plus de clarté, de l'étude des modes é . la non-réahsatlO n , d
à celle des temps. vou. a . . difficile à appréhen er
désIréA'. . cette opposition subloncbf/oPttatl!, était en indo-europé~n
lOSI, . formés à d'autres st~uc ure, alisation du proces.
1. LES FORMATIONS LATINES DE SUBJONCTIF pour n~s .espr~ts clivage actualisatiOn/n.on-actu 1 if (voir les mor-
Le mode unique qui, en latin, s'oppose à l'indicatif, et que la détermme e sd~ 0;' ~~ion un rôle éminent, smond~x.c ~~ce selon qu'elle
Dans cette IS m . ' ét it aS5umé par la sm , l'insen-
phèmes. pré.d.é5inentJ~~)dair:. A cet éga~d, on r~m~rqu::~o~~:irement
tradition désigne du nom de subjonctif, continue pour la valeur
deux modes indo-européens distincts, le subjonctif et l'optatif (v.
p. 270 sq.). Ces deux modes, que l'italique n'a plus jugé'indispensable é~a~t. ~l'lma:l~i~Uà \~~pposition subion~t~f/oP~~t~~:ne::s primaires/dé5i-
de distinguer, s'opposaient initialement comme suit: . slbIllte du a . 'bilité à l'oppoSltlO n es . t' ns anciennes
doublée d'une I?se~sl double effacement ~'oPyosl 10 fonde.
Le subjonctif, loujours pourvu en indo-européen de désinences
primaires, s'obtenait à partir du thème de l'indicatif, par intercalation nences seco~~:I~:S ;ésc:ltat d'une même m~t~::~~o~f 1:~in cumule et
entre ce dernier et la désinence d'une voyelle « thématique ))~brève. étant peut- . t de vue fonctionnel, le s . J tif indo-européens, l~
Lorsque l'indicatif était lui-même dépourvu de voyelle thématique, SI,. du pOlU leur5 de l'optatif et du s~b)onc identique. A prion,
le subjonctif se trouvait ainsi caractérisé par la voyelle introduite; s?,ncr~tlse les v:olOgique n'est pas nécessalrem~~~uer le subjonctif, ou
d'où les couples skr. as-li « il est)) /as-a-ti « qu'il soit )); gr. r-!-,-e:v « nous sltuatlO~ mory » latin peut, selon les cas, con . uement que l'un ou
allons »/!-O-!J-E:v « que nous allions)); lat. es-l[ i « il est ur es-e-li > erit le « sU?Jo~cbf t si ne continuer morphologlq détaillé appara!t
l'optatlf; Ji peu au~ la nécessité d'un examen
II. il faut qu'il soit D, d'où « il sera ) (futur). Lorsque l'indicatif présen-
l'autre. pour tranc er,
tait déjà la voyelle thématique, l'adjonction de la voyelle caractéri-
clairement.
sant le subjonctif entrainait une contraction; d'où, en grec par ex.,
le couple À€Y-o-!-,-E:V « nous parlons ))rÀe:y-6-o-!-'-e:v> -(ù!-'-e:v 1 « parlons )). ME "-ye < *-YCHl
Sur le plan fonctionnel, l'adjonction au thème d'indicatif d'une voyelle A. LE MORPH È r .. . éen de l'optatif, est
thématique, de valeur individualisante et actualisante, faisait du
subjonctif un mode exprimant le procès comme conçu et envisagé à
\
1 Ce mor phè me '. carac
t éristique. en mdo-eurt?p
ble en plUSIeurs or
f ma lOns latl'nes de « sub-
travers la personnalité d'un individu. Selon J. Gonda (op. cil., p. 69), clairement reconnalssa
le subjonctif était le mode du procès conçu par l'esprit, n'ayant d'autre jonctif )1. • d verbes athématiques,
1 fi xion actIVe es f i ' yé'
existence que celle que lui prête l'esprit, susceptible cependant de se 1. Initialemen~, dans 'nagul~er le vocalisme plein • -ye ld~ v~ca~
réaliser et tendant, de par l'efTort de l'esprit, vers cette réalisation.
Cette valeur fondamentale a pu secondairement se difTérencier en
expression de l'éventualité (= ce que l'on s'attend à voir se réaliser);
\ ce suflixe pr ~

lisme P em, 1
é entaIt au SI . . s pourvues
luriel devant des deslllcn~e • H > ·-ï-. Cette
cependa;~ q~l a:e ~résen'tait sous forme rédUl~~e ~~tt~ment en grec,
lisme sufflxal s'observe enc à des formes de
de la volonté; de l'ordre; toutes notions qui reviennent à affirmer un
procès conçu par l'esprit et tendant vers une réalisation. altern~C\~U d:o~~rbe « être)) par exemp~e ;lJ~~~' dp.e:'1, e:h!;; < • es-
où la . eX I• _ ç <' cs-yë-, des forme5 e 3'"'1
singuher e:~'t}V, e:~'t} , ..,
1. Cello conlraction romonte, en fail, à l'indo-européen Iv. p. 88).

320

----
,....-

3. Inversement, la forme *-yë < *-yeHl du suffixe, initialement


i-. La même opposition est à date ah"
subjonctif du verbe «être)) qui b "t' rc mque ~ttes~ée en latin pour le caractéristique du singulier, a pu dans certaines formations s'étendre
ne présente pas moins ed face' da 1slur ~ml ra~lcal dI1Térent s- < * H1s- au pluriel. Dans les verbes en -a-re (1 re conj ugaison), le latin présente
'l' ' e p une s 1 mus - l' d ' en eITet des formes de type slës, amés, où la voyelle -é- (comme le
d e .smgu 1er s-ie-m" s-ië-s .
s-ie-l D e t e II es formes
- - ., S-I- LS,
l' es formes montre le type correspondant osque deivaid (( iurei )), issu de * dei-
P1elO se rencontrent notamment 1 V a voca Isme suffixal
désinence secondaire encore d' L~ur te) ase « de Duenos )) (sied avec wa-ë-l) repose sur une contraction de -aé-. Certains linguistes ont
es ~ltatIons de grammairiens, Ce end
d ' , IS mc e . chez les C ' ' voulu identifier, dans la voyelle -é- second élément de ce groupe,
' o,mlques; et dans
plunel si-mus, sïlis, a rapidement e:tr î a?t, 1 ~nalo,gle des formes de l'ancien morphème indo-européen de subjonctif thématique (amés
~u. suffixe; d'où sim, sis, sil, déjà attes~é~e ~u smgulIer,la forme réduite < * ama-é-s, comme gr. 'rL[I.~C; < *'rL[l.OC-'l'j-e:LC;). Mais la désinence secon-
lIses par la suite. Tout pareillement l' ~ ez les Comiques, et généra-
e
daire -d < *-1, clairement attestée par osque deivaid, suppose néces-
pl., encore attestée dans le S C d' anBclenne forme sienl de 3 pers sairement une ancienne formation optative (v. p. 320) . Il convient
* (Il) . , es acchanales t
s,-Y, - 1 -enl (vocalisme plein de la dé i . ' e reposant sur
r dès lors de poser deivaid < *deiwa-(y)ë-l, et, parallèlement, lat.
élImmée au profit de sinl, qui est à sï- s nen~e,' cf. gr. de:v) a été amel < *ama-(y)é-/. On constate au demeurant que, dans la flexion
amanl, etc ... , à sUi-mus ama-mus' l~~~' Sl-lt~, ~e que sont sia-ni, des verbes radicaux en -a-re, les formes dés < *da.-yé-s, slës < *slii-
trouve éliminée en latin' la der " ' St a LS, ama-lts; etc... Ainsi se yë-s, se superposent, au redoublement près, aux formes grecques
s 'ét al
't . llIere race. d'altern ance su ffiIxale qui oL-ooblC;, t-a'ra['l'jC;. Au pluriel, les formes dëmus < * da-yé-mos, slémus
. mamtenue . . jusqu'à l'épo que h'IS t onque Si l' < * sla-yé-mos, amémus < * ama-yé-mos, s'expliquent par généralisa-
anCienne
"t oppOSItIon s-ië-sfs- 1-
- l'IS, concernant . u . on excepte cette
« e re )) sous sa forme simple on co t t llIquement le verbe tion à toute la flexion de la forme pleine (*-yë-) du suffixe.
t l'é , n s a e en efTet que l ' 1 r '
avan poque historique unifor . é 1 . e a m avait dès
façons distinctes : mis e vocalIsme suffixal, de deux

2. La forme *-ï- < *-yH cara té . '"


B. LE MORPHÈME -a-
été étendue au singulier dès î~s 1 c ns~nt 100tJalement le pluriel a
série de verbes. Ce sont: les conf uSé anciens texte~
pour toute u~e Ce morphème qu'utilise aussi le latin dans ses ,formations de
voiô et ses composés (vei-i-m noi_/~s s ~e. sum (abslm, désim, etc ... );
« subjonctif )), pose des problèmes plus délicats.
Ce morphème présente en latin une extension considérable, dans
(ed-i-m, ultérieurement sup~lanté ,ma "dL-m, etc ... ); es-se « manger )) la mesure où, si l'on excepte quelques verbes anomaux tels que sum,
diire et ses composés (du-i-m add ~ar e -~-m,. de ed-ô: v. p. 283)' voio, dont le subjonctif est en -ï- (v. ci-dessus); et la « lIe conj ugaison ))
t ' u-I-m credu-I- d' '
outes formes ultérieurement supplanté' d m, per u-I-m 1, etc .. ,; en -a-re, dont le subjonctif est en -ë- < *-a-yë-, toutes les autres
perd-a-m 2, etc ... ). Le subjonctif caract~s'par em*, ~dd-a-m, crëd-a-m, flexions (dele-a-m, ieg-a-m, capi-a-m, audi-a-m) utilisent au présent
aussi celui des désidératifs de type faxo (:ISé par -I~ g~néralisé a été de l'infectum la formation en -a-. Ce morphème se rencontre, de plus,
des formes axim ausim d;x' , . p. 330). Amsl sont attestées
" ,lm, empslm f'axim ' . dans quelques « subjonctifs)) archaïques, tels que dual (à côté de duil,
e t C... ' ': - ,wsslm,
. , que l'usage paraît fré quemment assimile ' d respexim ' et, comme lui , supplanté ensuite par dei); fual, luial, dérivés de thèmes
su b Jonctif perfectum, Enfin le mor h' * I_ ~ a, es formes de d'aoriste ou de parfait (cf. fui, (le)lulî); ad-venal, bâti sur un thème
tous les subjonctifs au pré~ent duP :~e t- - ~éneralIsé a caractérisé ne comportant point le suffixe *-yejo- de ven-iô; al-ligal, dum-laxal,
toutes les flexions (iëg-er-i-m am _ p ~c um, et le type -er-i-m de ne comportant point l'infixe nasal de lango, et dérivés semble-t-il
. t' ' av-er-I-m etc ) p 'd
Jonc
h 'IOn, au morphème-tampon _1's- (d' ou" avec... rh troce' e de l'ad- de thèmes thématiques (cf. 're:'raywv, laxô).
P Ollie, -er-l, du suffixe ancien d'o tatiE'S " 0 aClsme et apo- Hors du latin, le « subjonctif II en -a- possède des correspondants
c?nstatée entre le subjonctif perfe!t'( i- ur I_mterférence souvent sûrs en italique (osque lcahad (( capial ll; osque fakiiad = ombrien
neur (iëger-r-s), v. p. 331. um eger-I-s) et le futur anté- façia « facial )); osque puliiad = ombrien porlaia « porlel )); etc ... );
et en celtique (irlandais bera « ferai )); genalhar « nascalur ll), où le
1. Sur l'origine de -u- dans les formes de ce t '. morphème -a- fournit régulièrement le subjonctif de la flexion théma-
2. Les formes addam cndam etc t é ype (dul- < dHa-ï-) v. P 67 tique. Hors de ces groupes de dialectes extrême-occidentaux, le
... , on
hon 1'q ue d e _dare à -dere, ' compris, ensuite 0
té entraînée s par l e passage
' .apo-,
leg-a-m.
P c mme relevant de la flexion leg-e-re, morphème -a- est radicalement inconnu.
323
322
EL
n

, L'origine du morphème -a- est Ion t


Ion a, faute de mieux parlé d' g emps demeurée obscure ct une ancienne formation périphrastique, obtenue par adjonction, à la
?urait ~ait double-emploi avec ~nv~ rr:f?~èr.?e -a- de subjo~ctif Il, 'qui forme d'infinitif en -se, du morphème -ë- de subjonctif thématique;
a la sUIte des travaux de N T bY e ejo- (v. p. 320). AUJourd'hui mais rien ne permet d'affirmer une telle périphrase, dont le mode de
n' h - l . rou etzkoy (Ged k b '
I~C en -a- (" unjunkliv. Festschrift P K an en u er den lalei- formation est au surplus invraisemblable. On a proposé aussi une
VOIr aussi E. Benveniste, B.S.L. XL VII r~tschmer, 1926, pp. 267-274; analyse en -s- (morphème ù'aoriste) +-ë-, même caractéristique de
dérer comme démontrée l'ori ine e . . ' , PP: 11-20), on peut consi- subjonctif. En fait, si l'examen des désinences au niveau latin ne nous
On constate en effet à t g ln faIt optatIve de cette formation apprend rien, les formes osques fus id, herrins, comportent des dési-
é t".. , r a vers es langue . d .
r par ItIon sIgnificative des mor hè "~ In ?-~uropéennes, une nences manifestement secondaires, incompatibles avec une origine
toutes les langues indo-euro éenn P ~es ~!Je et -a-: tandis qu'en subjonctive du morphème qui les précède. Nous voilà, une fois de plus,
se forme au moyen du suffi p " ~s ~ optatIf des verbes athématiques . conduits à poser une valeur optative à l'origine d'un morphème
1 parallèlement pour la fle .xe t-hye/-I,.I a formation en "-o-i- attestée
té XlOn
sen e par tou tes les langues à l'
éma tIque (ty
.
1 '
p'e l?r. ÀEyOLI-lL) es t pré-
latin de subjoncW. Mais il n'est guère possible de pousser l'explication
au delà de cette constatation. L'hypothèse de Hirt (I.F., 35, pp. 140
II apparaît de même que les la;xcep~IOn de 1 Itahque et du celtique. sq.) consistant à rapprocher lat. -sem (reconstitué "-seyëm) de l'optatif
1 sont celles-là même qui aUe t tglues Ignorant la formation en "-o-i-
tion d 'd . s en e morphème" - D
.s se e UIt clairement le fait ue l ' -a-._ e ces constata-
dit « éolien Il gr. MaeLIX (reconstitué '-sei-rp) est invraisemblable sous
tous les rapports; et il est abusif d'établir une équivalence entre -s-
fleXIOn du verbe italique et celti q e morpheme -a- occupe, dans la aoristique (étranger de ce fait à l'expression du temps) et un mor-
dans les autres langues la form f~e, e~acte~ent la place qu'Occupe phème -së- associé à une valeur temporelle de prétérit. On peut,
ce qui revient à reconnaître à " ~ IOn d ~p.tatIf thématique en "-o-i-' en fin de compte, et à titre encore ici d'hypothèse, se demander s'il
1 Tandis qu'en celtique la for -~~ une on~Ine et une valeur optatives~ ne conviendrait point de poser sous les formes respectivement' -y-ë
dans la flexion thématique rr;::~~ en, -a- se. rencontre uniquement et '-s-ë les affixes modaux -yë (de siem, dem) et -së (de essem): un
étendue à d'autres flexions ('d 1 In, a ~artIr du type leg-a-m l'a même morphème "-ë < '-eH I , exprimant fondamentalement la
' . e e-a-m audL-a-m .( ,
gme optatIve de la formation e _' , ,u-a-m, et(}.:-.). L'ori- nuance modale, se serait trouvé précédé de deux élargissements
l'usage qu'elle fait de dé . n -a- est a~ demeurant confirmée par différents, "-s- et "-y_ 1.
smences secondaIres' t .
Son t p 1us sensibles en latin .1 . ,e SI ces dernières ne Quelles que soient les difficultés rencontrées au niveau du mor-
.
maIres, eIl es demeurent nett
' qUI esta' d alIgnées
' s ur 1es dé' SInences pri- phème "-së-, on peut en tout cas poser une origine optative de ce
< "-a-l, et non "-a-li' del'canesmend' 1 elntIfiables en osque (fakiiad morphème. Plus généralement, il apparaît au terme de l'examen
• , « Lcan Il < " l t
comme en Irlandais (bera < "bh -l -a-n, e non • -a-nli) auquel nous avons procédé, que toutes les formations latines de
er-a- , et non "-à-li). ' « subjonctif Il utilisent, sans 'exception, des caractéristiques morpho-
logiques initialement d'optatif.
C. LE MORPHÈME -sé- Nous constaterons pour terminer que l'organisation interne du
subjonctif latin laisse persister un vide. Comme l'indicatif, le subjonc-
C~ dernier morphème, utilisé ar 1 . tif se bâtit autour de deux thèmes, infectum et perfectum. Mais,
prét~nt, pose des problèmes très lïffi .~ latCIn pour former le subjonctif tandis que chacun de ces thèmes comporte à l'indicatif un prétérit
(fUSLd=forel <' bhr1-sé-l' h ' ICI es. onnu également de l'osque (imparfait, plus-que-parfait) et un futur (futur proprement dit,
, errzns « caperenl Il <" - l)
( upsa-se-ler = opera-rëlur) il l è ' -Se-n ,et du pélignien
l'attestent, d'un héritage itali r~e v~ sure~en.t, dans les langues qui
altéré (es-se-m, fuis-se-m); assi::ilé ~u n la~In, Il peut apparaître nOn- 1. Ces deux élargissements peuvent être les mêmes que l'on retrouve
le-m) ': ou rhotacisé entre voy Il t
h
oneme précédent (fer-re-m , vel-
prétént du perfectum, il est d=n:sl ama~re-m, ~ege-re-m, etc ... ). Au
dans les infinitifs latins en -ier<'-y-er (v. p. 358), et grecs en -E~V <*-e-sen =
* -e-s-en: ces deux formations en * -y-er et -' s-en laissan t apparaitre, outre deux
morphèmes de noms d'action -cr et -en, deux élargissements respectivement
du morphème-tampon -is- (amavi a fleXIOn .latIne toujours précédé -y- et ·s-. Allant plus loin dans l'analyse, on peut proposer de voir dans les
lnconnu hors de l'itali s-se-m, legls-se-m; etc ... ). élargissements -' y- et -' s- le degré réduit figé de suffixes eux-mêmes do noms
tations variées. Certains o~te,vc~ ~orphèlme -sé- a reçu des interpré- d'action; respectivement -'ey (cf. les noms d'action en -'!-(ejo)y-; d'où
gr. -a~-.; et lat. -!i-à[n); ct -'es (cr. les types lat. yen-us, -er-is; gr . y~-oç, 'ytV-
, ans e type lege-re-m < '-së-m ta-a.;> -go.;> -ouç).
3~ ,
325

-
légeram, etc ... ), où la finale -eram procède de *-is-ii-m. Un autre mor-
phème, -bii- < *-bhii-, sert à constituer l'imparfait actif et passif de
térit (imparfait, plus-que- arfa~t connait .que ?es formations de pré-
futur antérieur), le subjonctif n
logi~uement le futur. Cett~ sing 1d~t:ubjOnctlf), et ignore morpho- tous les verbes autres que « être )) (amii-ba-m, amii-ba-r; delë-ba-m,
legé-ba-m, etc ... ). La forme osque fufans < "bhu-bha-nt « erant »,
sU~Jonctif latin, qui a tendu à s u and 1résulte de la genèse même du
malS dans les cas seulement où e mo ~ er s.ur le schème de l'indicatif seul exemple d' imparfait présenté hors du latin par les langues ita-
pas. A cet égard, le subjonctif la~~e sItuatiOn .de fait n~
s'y opposait
liques, atteste de même ce morphème, et fournit la preuve de son
un perfectum équivalant . l' a ~u sans mconvément se donner origine italique.hors de l'italique, la voyelle * -ii- des types eram,
passé révolu (type perieris «a tu :7r~~ss~~n d'une po~sibilité dans un
Inconnue
tu mortl »). Il a pu se d d SIen pu mounr » = « que n'es- lëgeram, amiib-a-m, pose au linguiste des problèmes délicats. Son
' onner e même . f . origine, longtemps obscure, a été cependant élucidée par E. Ben-
ans le passé toutes les v 1 un lmpar aIt, transposant
dprésent; et un plus- ue- ar~ ~urs (ord,re, po~e~tialité) du subjonctif veniste (Prétérit el optatif en indo-européen, dans B.S.L., XLVII, iiS 1,
au parallélisme form~l in;tau~ét, d~n\ empl01 s est trouvé lié en latin
1 p. 11 sq.). Partant de l'identité flexionnelle des séries eraml-
pale et le temps de la pro 0 .~? re e .temps de la proposition princi- I-al (imparfait), et legaml-asl-at (optatif); du fait aussi que les deux
temps). Mais dans cet effoit SI IOn qUI en dépend (concordance des formations coexistent seulement en italique (seul groupe de langues
qui avec le celtique connaisse un optatif en -a-: v. p. 323), l'auteur
catif, le latin' ne pouvait prét~~~;es: ~odeler sur le s.chè~e de l'indi-
conclut que le prétérit en -a- constitue en italique un prolongement,
dans la mesure où le sub' onctif e onner a~ subjonctif un futur,
dans un emploi temporel, de la formation modale en -a- (optatif).
ou l'éventualité couvrait dJéjà d pr:s.~~t, expnmant la potentialité
dant au futur,' et occupait d e c~ at a zone temporelle correspon-
Entre optatif et prétérit existent en effet des particularités communes,
manifestant la compatibilité des deux formations. L'optatif indo-
authentique futur C'est l' e fac 0 a place qu'eût pu "briguer un
qUI explIque en fin de compte ue ce m va ;~r meme du subjonctif
" . en occurrence la 1 A européen est caractérisé, comme le prétérit, par des désinences secon-
lement sur les structures de l'i~dicatif. ode n aIt pu se modeler tota-
daires. Il exprime de plus en certaines langues (avestique, vieux-
perse, grec) la répétition dans le passé. Il est dès lors vraisemblable
~ .. que le prétérit latin en -a- tire son origine de l'optatif en -a-, employé
II. LES FORMATIONS LATINES DE PRETEIUT dans l'expression de la répétition dans le passé. Dès lors, on peut
identifier dans l'élément -ba-l de ama-bat, legé-bal, etc ... le même élé-
grâceNousà unavons
suffixevu-sé-
qu'au
( sb"
.u jonctIf le prétént . se forme en latin ment qui, traité différemment en début de mot, produit par ailleurs la
s'est constitué qu'à dat v. cl-dessus); maIS le subjonctif prétérit ne forme libre fual < "bhw(H)-a-t (v. p . 323). Selon M. Benveniste
Iiqu.e (l~t. forel = osq~e as~es~drécen~e, ~.robablement au niveau ita-
(arl. cil. p. 19) la caractéristique -ba- (attestée aussi par osque fufans)
avaIt eXIsté à l'indicatif un f~rét~~itDâ~nl mdo-~uropéen en revanche
aurait été la première pourvue en italique de la valeur de prétérit.
gr. ~cpe:pe:['t = skr. dbharal C
La voyelle -a- qui apparalt seule dans er-a-m, et au plus-que-parfait
été 'tt témOIgne la correspondance
sur le thème du présent . e Ir ~l se formait très simplement
secondaires et préfilxat! par a JonctIOn à ce dernier de désinences
lëger-a-m, etc ... (formations inconnues sur le reste du domaine ita-
lique) procèderait d'une extension analogique propre au latin.
r~~len,
. '
grec), d'un augment'facult tI k s. ~lres e la ectales (indo-
IOn sur certaine . : d' 1
\ En expliquant -bam comme variante phonétique de la forme libre
fuam; en posant de plus une antériorité de -bii- par rapport à -a-, on
sltIon grecque cplPOUcrL (ré
permutation de désinence~ ( se.nt). lr
al. mSl: a la 3 pers. pl., l'oppo-
poV
(l~parfait) procède d'une
de l'au~ment (* bhero-nlij* e-b~~~~~7 ~econd~lre) ~t d'u~e. adjonction
est conduit à supposer aux formes ama-ba-m, de!ë-ba-m, etc ... , une
origine périphrastique. De fait , on a depuis longtemps supposé des
l,

prototypes' amans-bam > ama-bam; "delens-bam > dei ë-bam; cepen-


lcr't~. « Il est »/1)(, (dorien) « 1'1 étal»
't ), de meme, 1 oppOSItIon grecque
repose sur .. dant que -e- de lege-bam s'expliquerait phonétiquement à partir de
anCIenne * H1es-lij*e-H1es-l. une oppOSItIon plus "legens-bam. Une telle interprétation, qui ne repose sur aucun indice
remarquable, dans la mesure oùe~, ~ atm présente une innovation
Par rapport à l'indo-europé 1 1 . observable à date historique, se heurte de surcrolt à des difficultés:
1 Les formes de pluriel ama-bamus, legë-bamus, etc ... , ne sauraient
u~ morphème spécifique. Ce mor ~èl expreSSiOn du pr_étérit il affecte 0
reposer sur "legentes-bamus (périphrase normalement attendue);
faIt du verbe « être » et d p me est de forme -a- dans l'impar-
qu'au plus-que-parfait de ~o~~s c~mpoflsés. (eram < *es-ii-m) , ainsi
etc ... ; et l'on est réduit, pour les expliquer sans abandonner l'hypothèse
es es eXiOns (fueram, amiiveram , 327
326
~I

initiale, à supposer l'extension analogique au pluriel du thème legë-


phonétiquement obtenu au singulier; ce qui revient à reconnaître un III. LES FORMATIONS LATINES DE FUTUR
thème invariable. 2 Le traitement -bti- < ·-bhw(H)ti_ suppose que
0

-blzw- soit intervocalique; ce qui exclut un ancien ·legens-bhwam ana- . d' l'indo-européen commun une exp~cs-
Si le prétérit a connu es . anche qu'aucune formatIOn
sion morp ~ ~glque,
lysable en deux mots. 3 0 L'imparfait de eo « alIer», de forme f-bam, est h l' il semble bIen en r e v , . .
, l' x' ression du futur. A date histOrique
manifestement bâti sur le thème de f-re < •ei-se, et non sur· iens- spécifique n ait correspondu a e p ui le possèdent, comme une
bam (qui produirait ·iëbam); de même, da-bam, de da-re, ne saurait encore, le futur apparaît, d~ns I~e~:ng~~: ;e marquer par l'utilisat~on!
reposer sur· dans-bam. 4 0 En fin, le la tin connaît, et développe même formation récemment acqu~se'l p étroitement apparentées (ainsI
à l'intérieur d'un ~roupe e o~n~~:es difTérents; ou par la con~u~-
parfois à date historique, des verbes de type calëfiü, liquë-fio, pate-
fio, lepë-fio; linf-fio; etc ... , dans lesquels la forme fio (étymologique- latin et osco-ombrIen), de. m lP de formations diverses. Amsl,
ment apparentée à fuam, -bam) s'ajoute directement au thème verbal, . u d'une meme angue, 1
rence, au mvea,. t es de futurs, reposant es uns sur
et fonctionne selon toute apparence comme -bam dans ama-bam 1. le grec présente a lUi seul deux 1 P
tÏ (lto 0 "OC~ 1t~-o-!.lOC~ ,
) les autres de loin les plus
Le -ë- long de legë-bam, en face de lege-re, doit s'expliquer par l'ana- b·
un ancien su Jonc 1 ~ -r- orp h
if , •
245 sq.) sur d'anciens désl-
logie des types ama-bam, delë-bam, les première et deuxième conju- nombreux (v. P. C?antrame, C d' !E" types de' formation sont au
dératifs (M-cr-w, OF;~~W" ~tc~t)le ~~s ceommunément les a,utres langues,
gaisons fournissant en latin un contingent de verbes très important.
La quatrième conjugaison (-f-re) pose un problème, dans la mesure
demeurant ceux qu utilise nfralisation d'un type umque de futur.
où sont conjointement attestées des formes de type audf-bam (attesté où l'on observe souve?t la. gé d formations laisse supposer que
L'utilisation à d,ate hls~OrIq~~ : ~;:idératif devaient constituer des
surtout dans les textes archaïques), et audiëbam (qU! l'emporte à
1 date classique, sans toutefois éliminer l'autre forme). La forme audf- dès l'indo-europeen subJonc 1 e b nt en tant que formation régu-
substituts occ,asionnels du ~tu~~i~ s~ertaines valeurs du subj,onct~f
bam s'explique économiquement en face de audf-re comme f-bam,
ama-bam, delë-bam, en face de f-re, ama-re, delë-re. La forme audië-
lière du systeme verbal. e ffi' t' n d'un fait conçu par 1 espnt
bam peut résulter d'une interférence entre les types legë-bam et audf-
bam, par l'intermédiaire de la « flexion mixte» cap-io, fac.::i'ô, qui
(éventuali
C té) et d u
omme éventuel et sou a
dési~é~~!~I~ î ,
~~r:flel; ne correspond~ient pas to ~a-
d' ne prenaient pas moms
atteste à date historique uniquement l'imparfait capië-bam. Cette . tif 't se pro Ulra»,
lement à l'affirmatIOn «. e aI' . t le fait envisagé dans la tran-
forme en -iëbam a pu résulter d'un croisement entre ·capfbam (qui 'dé t' l'avemr et SI t ualen 'd t 1
en consl ra IOn , d dans nos langues OCCI en a es
che de durée à laquell~ t~or~~srO~q~e plusieurs formations de futur
serait à capi-o ce qu'est audf-bam à audi-o), et ·capëbam (qui serait à
cape-re ce qu'est legë-bam à lege-rel.
modernes, le fut~~.
apparaissent, utilIsantEn desamismorp ~èmes' divers . On peut distinguer les
En fin de compte, on constate à date historique que la flexion de
l'imparfait latin est assurée par la flexion d'un élément -bam, -as, -al, suivantes :
etc ... , suffixé à un thème invarÏa:bhr,-toujours (sauf dans dd-bam)
-- -- -- - -- --- • d dé' dératif apparaît dans les textes
1. Le morphème-s- a~ionssl dé' à raréfiées au seuil de l'époq~e
terminé par voyelle longue. Le seul thème consonantique attesté
archaïques en quelques fo~m, msl ~ 0' (d~nt les autres personnes faxLs~
en latin à l'imparfait est celui du verbe « être »; et, dans ce cas, le
morphème -ba- cède la place à -a- (eram). Le thème du plus-que-
parfait, toujours consonantique et terminé par -is-, ne connaît pour historique. On connaît t p1
faxï.l, faxllis, sont seu es e
t axarcimonieusement attestées); capso
t Amph (73) accepso (Pacuvius
cette raison que la forme -a- du morphème temporel.
(Plaute, Bacch. 712): occep~a ( ;.~~' 1 1 2m.
'cf. ulc-iscor), tous
325), ulsa < ·ulc-so (ACCl~S, . ~ ~~u~ (èaton,'De Re Ruslica, 14, 1;
1. On peul de même invoquer les forma lions de lype vaga-bundus, attestés à la seule Ire pers ..smg., LUSS 1 L'origine de ces formations
tremi-bundus, où le second lerme (issu de -' bhw(H )-ofLdo-, el élymologique- cf. iubeo, iussus), futur Imper~o~~e ~oir tantôt un ancien indicatif
menl apparenlé à -ba-m) s'ajoule au thème verbal dans les mêmes condilions.
Un rapporl sémantique et quasiment supplétif s'étant instauré en latin entre
pose un problème. On a lJ;.opoS tôt y ancien subjonctif à voyelle
fio et facio, on pourra invoquer, en complément, le témoignage des composés désidératif, type gr. odc,w, . t:n , u:tique Mais il s'agirait, selon
verbaux lype tepi-facio, el nominaux type terrI -ficus (sur ces derniers, v. brève (v. p . 320) d'un aom e s,lg~ifs si 'maliques en lalin archaï-
F. BADEn,
menl La formation des composés nominaux du latin, pp. 207 sq., nolam-
217 sq.). E. Benveniste (Les fulurs e~~~6~tn~'une ~)Ute autre fO,rmat~on : le
que. B.S.L., XXIII, 1, pp. t" ait un ancien subjonctif athé-
328 type faxa, faxzs < ·falcs-e-s, con muer 329
j ;

matique à voyelle brève bât'


. , 1 sur un thème ve b i t
pourvu d u morphème *-s- dé 'dé n C r ~ au onome l, et Un point doit être, dans tous les cas, à retenir: les formations
~aractéristiques désidérative S~t ::~ :on e;;e formation" combinant les faxim, amassim, étant de toute façon secondaires par rapport à faxa,
Indo-européennes occidentales t J c ve, a fournI aux langues amassa, ces dernières apparaissent comme les continuateurs d'une
celtique avec sa valeur modal un ,y~e de subjonctif, maintenu en classe particulière de subjonctifs occidentaux.
osque fust CI erii l ) ' deL'vast e,. mabls'l evenu en italique un futur (cf
, « Lura L I l ' omb l' t * '
CI eruni »). Il est ainsi remar
u bl ' r. ,uren < bhu-se-nii 2. Le morphème *-elo- (voyelle thématique brève), caractéris-
1
de futur ait été engendrée ;a ~. q~e, l~ans ce~ formations, la valeur
point directement issue comm r ~r e emplOI subjonctif, et ne soit
tique en indo-européen des subjonctifs athématiques, est nettement
identifiable en certaines formations du latin. C'est lui qui, en face de
rative de *-s-. ' e ans gr. ~&(çCù, de la valeur désidé- esi < * es-li, se rencontre dans le futur simple du verbe « être Il : erit
~n fac~ du futur faxa, et sur 1 d _ . ,.;. r<- < *es-e-li (cf. skr. dsali, subjonctif). Onle retrouve au futur antérieur
Ie latm avalt'développé l' . e mo èle de erolsLm, fueralfueriin actif de tous les verbes latins: fuerLs, -il; legerLs, -il; amaverLs, -il,
db' , CI encore avant les pr . te '
~ su Jonctif en -sim (v. p. 322) dont 1 emlers x~s, un type etc ... , toutes formations où la finale -erU repose sur *-is-e-li, avec apo-
d assez nombreux exemples'! .a langue archmque garde phonie en -1- de l'ancienne voyelle modale. Le timbre -0- de cette
l'ax''i ' axLm, aUSLm capsi d" voyelle, conservé dans erunl < *es-o-nti, devait entrainer au futur
" LS, nOXL , iaxil, etc ... (liste COrn lète ch' s, L:::LS, empsir:n,
pp. 62-63). Ce subjonctif parait ~rf' d ez E. Benvemste, ari. cLi., antérieur une finale -is-o-nli > -erunI 1 , qui eût produit des formes
un perfectum. D'une façon génll o~s t ns les textes équivaloir à
subjonctif type faxim présentnt ra e, e ~tur type faxa, comme le
lëgerunl, fueruni, etc ... , indiscernables de la 3 e pers. pl. du perfectum.
Pour éviter cette homophonie gênante, le latin s'est donné une 3 e pers.
mécanique: introduction d'une un e~plole mono.tone, et quasiment pl. -erinl pour le futur antérieur (Iegerint, fuerint, etc ... ). Cette finale,
(faxa scias « je m'emploier ' . su b or onnée Subjonctive para taxée en fait, a été purement et simplement empruntée au subjonctif
défense (ne dixis; cave fax~~)~ ~e l~~s t~msac~es ))); expression de la perfectum, dont la valeur modale d'éventualité n'était point incompa-
et en quelque sorte pétrifiés ex li plols: d~venus formulaires tible avec l'expression du futur (cf., en grec, &.'1 + subjonctif dans
les plus anciens des vest' ' P quent le mamtlen dans l~ textes l'expression du futur éventuel). Il est en tout cas remarquable qu'à
d' l' . Iges connus de ces fo .~
emp 01 vIvant dès cette é rmes, en réalité privées la neutralisation dans une forme unique legerunl de l'opposition
E fi . poque.
. n m, a côté des types fax -II' . . perfectumjfutur antérieur, le latin ait préféré la neutralisation, dans
1
aUSSI une catégorie de f t
-.
° ,axL!}1' le la tIn archaïque atteste
u urs en -asso (amass - - une forme unique legerinl, du futur antérieur et du subjonctif
rass.o, entcassa, liberassa, servassa 0, cenasso, commons- perfectum.
pareIllement des subJ'onctl'fs ' . etc ... )! auxquels correspondent Une telle neutralisation n'est d'ailleurs point isolée, et ne consti-
- en -aSSLm (abLUr ï 1
SLS,. comparassil, etc ... ). L'explication d aSSL , app~ lassfs, celas- tue que l'exemple le plus ancien, et le plus visible, d'une neutralisa-
déhcate, et de multiples hyp thé 1 e ces formatIOns est très tion plus générale de l'opposition des deux formations. Initialement, une
nables, ont été formulées E OB ses,. ta plupart du temps insoute- différence de quantité vocalique opposait, aux formes de futur
. l' ' . . . envems e (ari ï 53
a ongme du type amassa un a . * _ ' CL ., p. ) a supposé antérieur legerLs, -!l, -imus, -rtis (où -1- continuait -ljo-), les formes de
la menace du rhotacisme q'ui eu' tncblen a,ma-sa formé comme cap-so ~ subjonctif legerïs, ··ïmus, -ïlis (où -f- continuait *-yHl-)' A un stade
-s-, sen t'le comme essentielle , 0 scurcl en ce mot la
aur't t carac té'" rlstlque où le subjonctif 3 e pers. sing. avait vu -f- s'abréger (*legerfl > -Li), et
s-a, qui était à * amas a ce <lu' ~I * en ~aîn~ la ,constitution de amas- où la 3 e pers. pl. legerint s'était étendue au futur antérieur, l'ancienne
(d'OÙ. quaera). Des formes écr::ée/~~;:;s-o (d où ~uaesa) à *quaisa distinction morphologique se trouvait altérée à deux personnes de la
amavLssës) ont pu de leur côté s gue subJ. amassës (pour flexion. Par la suite, l'absence d'antinomie fonctionnelle aidant,
la formation de a~assfs. ' exercer une mfluence adjuvante dans l'usager semble avoir de plus en plus confondu futur antérieur et
subjonctif parfait. Plaute, qui en règle générale respecte l'opposition
1. On constate aisément que le thé
7
tum Cêpi, ni celui de présent cap-i6 L e. de caps-ejo- n'est ni celui de perCec-
quantitative ancienne, présente déjà deux exemples de brève au
subjonctif (Rudens, 1217; et Slichus 42 : meminerLs), et quelques
po~te point le vocalisme plein radi~al ed :lIt quo le type capSti, tau, ne com-
pOIds p~ur ne point identifier dans ce r u tYJ;>e gr. ~dçw est un argument de exemples de longue au futur (Mercator 924: adduxerït; Poenulus 213:
(formatIOn ancienne de présent indic:ti~~~~t~~n~8~). pur et simple désidératif
1. Des manuscrits de Plaute présentent parfois au futur antérieur cette
330 finale -e-runl: deuitauerunl (Rudens, 168); perierunl (Slichus 385).

331
?CCcpcrîs). Chez les poètes classi ues .
mdépendant de la fonet' d q ,le ChOIX de -1- 011 -ï- de' t
pa . , IOn u mot et ' t 1 VIen forme libre) continuait un ancien opLatif, -bo peut continuer un ancien
r un Cflterc de commodité métriqu~. n es p us conditionné que subjonctif "bh(w)-ejo- rclevant de la même racine "bhw-H 1 -
(C devenir 1) .
3. . Le morphème *-e-j* -0-
- (voyelle thé
q.UI. en mdo-européen servait à f
t'
m~ Ique longue: v. p. 320)
Certains linguistes ont cependant vu dans le type de futur en -b 0
bqu~s. (cf. gr. Àéy-w-~~ Àé _. ~:mer le s~bJonctif des verbes thém ~ une formation secondaire, développée à date assez récente pour servir
«.~rolslèm: conjugaison )J' thé~~tt)' fo urlll_t en latin le futur de "fa de parallèle à l'imparfait en -bam, qui serait plus ancien 1. Cette opinion
s'appuie sur les considérations suivantes: 1 0 On ne connaît point de
SlCn: e c~nJ ugaison mixte Il (ca ._ ~ue (lcq-:-~, lcg-ë-iis); de la « troi-
forme libre reposant sur "b!z(w)-cjo-, tandis qu'une forme libre fuam
cOnjugaIson 1) (audi-ë-s, aUdi-f-:i:/' ;apl- e- lts ), .et de la « qua trième
coexiste en latin archaïque avec la formation d'imparfait en -bam.
;~~;~Ie lon~ue s'est trouvée abrégé'e àO~ dees ralso~S phonétiques, la 2° A l'exception du falisque, étroitement apparenté au latin, aucune
d tell)' e~ a la 3 e pers. pl. (lcgent etc ) p 1 pers. smg. (lcgel, capiet
3
autre langue italique ne fournit l'équivalent du futur latin en -bô;
an e lllvellement de tI'mb .' .:.. us remarquable est cep ,
A 1 3e re Impose p l i . en- alors que osque fufans (seul exemple il est vrai d'imparfait dans le
*1 a _ p~rs. pL, on attendrait en face d. ar e atm à ladite voyelle. groupe osco-ombrien) fournit un correspondant à l'imparfait latin
h cg-o-nlt > "lcg-a-nU (loi d'OsthOfi") > e/r. Àéywcrt, une forme latine en -bam. 3° En latin même, tandis que l'imparfait en -bam apparaît
.omophone de la 3 e pers pl d é eguni. Cette forme eû t ét'
giquem t' 1 . . u pr sent· et la 1 e dans toutes les l1exions, le futur en -bo est propre à deux conjugaisons
' . en a a voyelle -ë- de la 2e ' angue a recouru analo- seulement. L 'ensemble de ces remarques tendrait à prouver qu e le
fls;mcte (lcgcnt). Le timbre -0- qPers pl. pour se donner une finale
d
fla re pers. pl. (gr. Àéy-w-~~) a lui-ue, evalt normalement présenter
futur en -bo serait secondaire : l'analogie d e couples cr-amjer-o,
amaucr-am/amavcr-ô , aurait entraîné, parallèlement à amab-am,
uence prédominante des a~tr meme cédé la place à -ë- sous l'in-
manëb-am, un futur amab-o, manëb-ô.
mus,. ~u.di-ë-mus). Enfin, à la lr~s perso~nes (d'où leg-ë-mus, ca i-ë-
aUSSI ~llltialement -0- (gr. Àé w) tpe,rs. smg., .où la voyelle devait Pêtre Un tel raisonnem ent se heurte cependant à une objection grave 2.
prodUJ.re avec les formes d~ p;éese~~
recouflr, pour des raisons dé"
1 e
~: faIt u~e_ confusion devait se
cg 0-, audl-O, le latin a préfé é
L'irlandais, qui ne présente aucune trace d'un imparfait évoquant le
type italique lat. amàbam, osque fufans, connaît inversement un futur
formes lcg-a-m capi-am d~a exposées (v. ci-dessus p 331) , dl' en -fa (type rannfa « je partagerai )J) correspondant au type latin en
é ' , au l-a-m emp té ,. a es -bo. Il semblerait ainsi que la communauté des parlers occidentaux,
~:pr ~entant morphologiquement 'un ru~ es au « subjonctif Il latin dans sa période d'unité, ait connu conjointement un optatif * bh(w)-à-
IOn e ces formes en -a-m n'a anCIen optatif. La généralisa~
~~n~ue paraît avoir cherché au c~p,endant pas été immédiate et la et un subjonctif" bh(w )-ejo-, tou s deux candidats possibles à l'expres-
I.sb?cte en utilisant, ici encore ;:\t se d~nner une 1r e pers.' futur
AmsI, Caton a selon QuintT ' .. mbre -e de la voyelle tlémati _
sion temporelle, mais utilisés par les langues ultérieures dans des
conditions variables, et pour répondre à des besoins précis.
Festus (gui cite par ailleur~ ~~~i~t~Isé des !ormes dicë, facië, et, S~l~~ En latin, c'est au niveau des première et deuxième conjugaisons,
et d'elles seules, que le type en -bo répondait à un besoin. Dans ces
~~n.uscfl.tS. proposent aussi parf~i; ~s::nf~C')' la forme rccipl ë. Certains flexions , où le thème verbal se terminait par voyelle (parfois brève:
. acclpwm; Cicéron Dc L'b Imes en -cm (Pléute M'l
(~~~~ter)d'un compromis ent:t I~s i;::U;~' 49 : !acicm), çui doiv~~~ dare; mais le plus souvc:::L longue (slà-rc, ama-rc; manë-rc , monë-rc),
la simple adjonction au thème d'un morphène de subjonctif -e ja-
/' Lam . en -c (faclè) et en -am
(type cr-o, cr-L-s ) ou -ëjo- (typ e leg-ë-s, audi-ë-s) n'était point viable;
et une contraction inéluctable de type "slâ-ë-si > slàs, ou *manë-ë-si
~. Enfin, dans les première t .. , > manès, condamnait des formes ainsi bâties à ne point se distinguer
man~-re), le latin utilise un type Je 1etuxleme c~nju.gaisons (amàrc
du présent. Le type en -bo, grâce à la consonne qu'il présentait,
m~nc-bo), présentant après la conso u ur ben -bo, -blS , -bit (amà-bô'
m~me flexion) que le type erô crIs nne - - la même voyelle (et 1; supprimait ce risque de contraction.
fahsques carcfo « carcbô 1) • paro ' eL~ ... La comparaison des formes 1. Voir A. Morphologie lzislorique du lalin, § 240 .
conson?e b de -bo repos~ (co~r::: pll)a fo « bibam )J, montre que la
EllRNOUT,
Z. On l'Cm3rquera, par a illeurs, que l 'absence cn laLin arch aïq ue dc forme
un anCIen" blz. On peut en déd' ce e de -bam à l'imparfait) sur librc reposanl sur' bh(w)-e/o- n' a ricn de surpren a nl. CeLLe formc librc serait,
332 Ulre que, tout comme -bam (= fuam, du poinl de vuc latin, un futur du vcrbe « être ", ct sc Lrouve inuLile dès lors
qu'exislc par ailleurs era.

333
. t 1 est toujours absente,
•La 1re pers. . smg.
-). <)0
n1LnL ,':' •
e • p. t au 1us manifeste-
Le futur en -bi5, dont la forme était parallèle à celle de l'imparfait du perfectum me . t d'ordre à SOI-meme ,t?U . f 1? otions qui
ne se donne pom .. sur l'adlOn a aIre, n )
en -bam, instituait dans les première et deuxième conjugaisons un
équilibre harmonieux du couple futur/imparfait. On peut s'étonner
\ car on volonté d'agir, ou dél1.berc-t-o
t-on sa
n La 3e pers. (sing. et pl.
d t du subjonctlf (v. p . ~20)d' l"mpératif dit « présent ",
dès lors qu'il ne se soit pas imposé dans les autres flexions, qui toutes s'acco mmo en niveau du moms e l 219) 30 Enfin
connaissaient un imparfait en -bam. Cette résistance des autres types \ est de même abse~~~, a;nt s'adresser à un .absent (V~r~~nnell~ dans l~
de futur s'explique probablement du fait qu'ils n'étaient menacés car un ordre n~? Pté l'absence de désmence P l u r i e l l'équi-
s dep nO - t . et noté au P , .
d'aucune altération. On doit d'ailleurs remarquer que le futur en -bü noUS avo.n . e' ama, legc, audt, cc.... ' . , ''At s't'e:, impératlf.
a manifesté une certaine tendance à sc répandre. Il a triomphé dans 2 pers. smg. ~~\~Vgi~ue entre gr. ).tye:"Ce:,. m~lca~~\ el~ind1catif (amati-s,
e

l'ancien verbe athématique ei5, ïre (futur ï-bi5); ct, à côté du type ~al~~~i~ ~~r~joutant une hYPI~r~~r~~~~:s: l~f;pératif (ama-te, Legi-te),
régulier audi-ë-s, la quatrième conjugaison en -ï-re présente, tout e , éuligeant de a lOI 't l'·mpératlf.
legiti-s), e\~nt~aite comme .for~e ". en r~tra~I~) d~ la singularite pré-
au long de la latinité, mais particulièrement il l'époque des Comiques,
quelques formes en -ï-bi5, sans doute favorisées par l'existence d'impar- montre qu. larité de l'lmperatlf se 0; t clures temporelles.
CetLe SlUgU seudo- mode sur le p\an, es s. r:ment lui est posté-
faits eux aussi sporadiques en -ï-bam (v. p. 328). Ainsi sont attestées Ulr
chez Plaute aperïbi5 (Truc. 7G3); expedïbi5 (Truc. 138); dormïbi5 (Tri- sentée par ce p t une réalisation qUl necess t oint de prétérit;
num. 726; et Caton, De agricullura, Keil 5,5); etc 1... Par ailleurs, L'ordre supposaIx: . que l'impératlf ne compor e p l'impératif dit
. n s exp lque t un « futur )',
à partir de l'imparfait de type legëbam, présentant la même finale rle~re" 0 "l'que mal qu'il comp?r e malie s'explique dès
-ëbam que le type manë-bam, un futur de type *legëbi5 s'est constitué, malS 1 on s exp 1. . . rocés à vemr. Cette ano . urs aspects
homéotéleute du type manëbi5. On rencontre ainsi, dans les Atellanes présent visant ~e~a ~e~ ~( impératif fut~r )), d~fîoént :c1:S~: l'impératif
ue l'on exam m . 0 om orte, a la l r.e _ - L u-
de Novius (Ribbeck 8 et 10), dïcëbo et uïuëbo (pour dï(:am, uïvam);
Plaute, de même, présente (Epidicus, 187) exsügëbo (pour exsügam);
~ttirent l'attentlO n . 1. ~ ~t ptr. (ama-tô, Leg t-to ;e ama-~to"es~g ce
e 3 e pers. SlU o ' l'ter de 2 pers., C
et on lit dans C.I.L. VIII, 19174, in(crëuit, graphie pour in(erëbit pr~sen~, l:ersement, il peut ne . pas ~o~P~c pers. est manquante 1.
(v. p. 58) = in(eret. Toutes ces formes, obtenues par analogie, n'ont nta). 2 . médio-passif plunel., Ol.. t'f la 2e pers. est iden-
guère afIecté que le latin populaire, surtout à l'époque archaïque, et qUl a heu au 1 s u'au slUg uher ac l . . t de doute
n'ont statistiquement jamais menacé les types leg-ë-s, audi-ë-s, ~n rer.narq~e~:, i~~ : Ifs ;, ;t « qu'il lise ))); ~r il ~:cf~~~f_~: 2, 3e pers.,
constants en latin classique. tIque a la 3 ( gqui seule correspond au éttJ pe ge dans la fonction de
la 3 e pers., . t s'est en d u . d ' )/
En conclusion, on doit poser à l'origine de toute formation que ., re dans la flexlO n , e d' . le rapport ama-t (lU lC .
·t premlc .' que apres 3
latine de futur une formation plus ancienne de subjonctif. Si l'on es 'est d'après elle a~ssl ' . d'indic. ama-nt, la e pers.
rappelle que le morphème latin de prétérit est de son côté d'origine 2 p_er~. (~ er) s'est constItuée, en face
e
'est constituée la 2 c pers.
optative, c'est une origine modale que l'on doit finalement assIgner ama-to ,lm.? C;
1 ama-nto . es
't à partir d'elle enfin que s - t ) à la forme preexis-
. . d -te (cf. ama- e , t
à tous les morphèmes temporels du latin. P . --Lô-te par adloncllO~ .e. 1 statation suivante: c es. ~ne
pl. ama 6.-tô'. On parvient. alUSl a a c~nersonne » (v. p. 220), qm s est
tante am 3e pers SIn . g ., SOlt une « non p .
d'lmp é raLl
"f « futur))', faIt
IV. APPENDICE: LES « TEMPS » DE L'IMPÉRATIF forme d e. b' de toutes les formes 1 du dialogue, n'a
trouvée a la ase t que la 3 e pers ., exC ue
Bien qu'il relève de la flexion personnelle, l'impératif, apostrophe S surprenan
1 u , l" .
d'autan t p 'ratlf
verbale désignant à l'interlocuteur un procès (à accomplir), n'exprime as sa raison d'être a Impe . la '2,0 pers. pl. médio-pa?s~vc, dC~
en réalité aucune modalité de la pensée, et ne constitue point un P .. présente, pour . L' n de -mtn.t et -10,
1. La langue arehUl~~~nO, obtenue par conlaml~~ ~OLAUTE, Pseudo 85'3 :
mode. II occupe, de fait, une place particulière dans le système verbal; ll'aCCS d'une dés\l1e~C~ is dcs XII Tablcs: aTllcSlar:ll~o l L F 584 : {ruimiTlo;
-Tllû. On. relè:,? ~lfiS~~ ~e Agr. 141, 2; pra~{~mr:'dcr~i~r~' attestation de ces
et, en latin, certaines singularités attirent l'attention: 10 Il ne pré-
sente point de formes relevant du perfectum (à l'exception de mcmen- progredtm 1TlO ,. ~~ YI 10298: dCTlun/lam!Tlo.
li5 = gr. {J-e:fLa:t"w < •me-m1}-IOd, explicable par la valeur de présent 5\)3 : pro(ilcn llTlU , l'é
nte à po
' que cicéronienne.
r
l~nt en grec unc
e en -'tw va u
2,0 pcrs. est
formes l'emo 1 exemple connu de orm é I:À0& par Hésychius.
2. Le scu surajouté), g los
1. Lisle complète des fulurs en -r-bu chez A. ERNOUT, Morph. hislorique . l e 1:'0hw<; (a VCC -c;
cypl'lO A
335
du la/in H, p. 162.

334
. Les remarques ui
déslDence -la/-lad 1 q précèdent, quel1e que . , ..
type amà-la, legi-/- nous COn?uisent il identifie:o~t 1 OrIgme de la
De fait, cette v 0, une ancIenne forme de v an.s les 3 c pers.
textes juridiques ~;u~ .~st celle qu'attestent trè:
leur
Impersonnel1e .
n.on un individu dé~ al~ues, pr.escrivant 1'attitude commu~ément les
amsi, dans les Le ermm~, malS tout individu que ,~OIt :cspecter
que: Si h . ges Regwe (Festus 2485) d quel qu Il SOIt. On lit CHAPITRE XV
Si qui hom~·,:::~e7-/ulmen louis occisil ~e ~upes formulations tel1es
Cette valeur im l erum dol o sciens m~,.li duit ra gen~a lollilo 2; ou
s'est dé 1 personnelle explique' , paracldas eslo' etc
ve oppée d I a son tour 1 1 , ... LES FORMES NOMINALES DU VERBE LATIN
non à un individu ans .es, formes en -là: la ers a .va. eUr :uture qui
suppose un ' I?als a une collectivité i p CrIptlOn s adressant
seulement daPro~,ès mdéfiniment réitéré q:personnelle d'individus
qui s'étend ennsd ~tv~nir immédiat, mais' aussII' Pdourra s'exécuter nod
. rOI Jusqu" l' b · ans un av . d'
rabf en -là est un f t a a rogatlOn de la loi E eUlr liIus, Comme les autres langues indo-européennes, le latin a possédé,
sera instantané u ur dans la mesure où il ex .' n un mot, l'impé- à côté de formes verbales personnelles, soumises à la catégori e de la
l'exécution diiI:::~t. exécuté par l'inter1ocutet:l~e ~on un ordre qui personne ct fléchies selon elle, une autre catégorie de formes verbales,
Lorsque la form lD~ombera à une personne' alS un ord.re dont ignorant la personne, ct fléchies (lorsqu' elles l'étaient) selon le typ e
elle a gardé de e en -10, de:venant 2 e pers., a su absente du dlalogue . nominal. Ainsi, le participe en '-ni- (type lege-ni-em) suit la « troi-
qu'illustre bien ;f:u:emIJ{t ancien la valeur ltr~sr~ ud~~~t:rlo~uteur, sième déclinaison » nominale; les participes en '-[0- (ty pe ama-lii-s),
gages, réclame-les d '. erc. 770 : cras pelilo dab l r . C est ce en '-ndo- (type ama-ndu-s), ainsi que le participe en -iürCi.-s (type
II . emam, on te les ' 1 ' 1 ur, nunc ab 1 « te
ama-iüru-s), se fléchissent selon le type nominal thématique, leur
il l'idéea~~:~t ~~nsi q~e l'impératif d~~~~;~; %our l'instant, flle». s féminin en -a suivant parallèlement la « première déclinaison ».
l'impératif se c~~~oqt rend compte de l'indi~a~~r;Sfondln~llement La situation, très claire pour les participes, est cependant moins
modes. r e comme catégorie verbal d' u. ur. Cl encore, nette pour l'infinitif. Ce dernier, qui ne subit en latin aucune flexion,
e lstrncte des autres ne se conforme de ce fait à aucun type morphologiqu e caractérisé
comme nominal; et si, à propos de l'infinitif latin, on peut parler de
forme nominale, c'est en raison de son comportement syntaxique
et de lui seul: l'infinitif latin, de forme invariable, peut syntaxique-
ment assumer les fonctions nominales de sujet (legere mihi placei),
1 ou de régime d'un verbe (decreui legere). Il n'est cependant point
douteux que l'invariabilité morphologique (qui n'est point, comme
j en grec, rachetée par l'existence et l'association possible d'un article
fléchi) a constitué, pour l'infinitif latin, un lourd handicap . Cette
infirmité a été dans une certaine mesure palli ée par le recours à
d'autres formes nominales, susceptibles comme l'infinitif de désigner
par son nom l'action verbale. Ainsi, le latin possède un gérondif,
1. On a parfois pro
[~r~es issues de _• [ij-d posé?e voir dans lat _[-
d ou le sens «il partir de un an:wn ablatif prono~in~'1 ~r. "dTW skr. -l<il, toutes
2 .. C?t exemple évo cuep~~nt » . ~ désormais ». u émonstraLif 'le/o-;
1 qui à l'exception des nominatif et vocatif (ce dernier de toute façon
inutile) possède tous les cas normalement attendus dans la fl exion
nominale latine. D'une façon plus discrète, le latin a aussi suppléé
l'infinitif par l'usage de noms d'action en -liJ.-s , -ü-s (quatrième
prescriptIOns médical . .q e 1 ml1nltIf ITIjonctif l ' ..
drez " futur. es . • prendre trois compr[m~~ a~:s~ Impersonnel, de nos déclinaison), dont deux cas particuliers (accusa li[ en -fl-m; da tif
p JOUr » = « VOliS p en -U-I ou -Ci.; v. p. 354) se sont plus étroitement associ és au verbe,
336 . ren-
constituant la catégorie défective dite « supin )). Il est cependant
337
a noter que le recours au gérondif t ',.
constitué - contrairement à un ee a~ supm n a.pOI~t véritablement verbe. On peut aller plus loin, et s'étonner que, dans la flexion de
« flexion de l'infinitl'f N nI selgnement sImplIficateur - une uisus, -üs « action de voir», seuls deux cas déterminés (accus. uisum;
».
(N omo : uidere j acc. : uidere on seu emen t en fT t
ou . . e e une telle flexion dat. uisü), à l'exception absolue des autres, aient constitué la catégo-
dat. : uisü, ou uidenda' et~ ) uls~m, ou ulden~um; gén. : uidendï; rie sentie comme verbale de supin. Cet exemple particulier récuse
aberrant (supplétisme" doubï seral~ ~orpholog~quement d'un type à l'avance un principe d'explication qui attribuerait à un suffixe
d'un point de vue fon~tionneleile~p 01 de certam~s formes); mais, déterminé une valeur plus spécifiqucment verbale qu'à tel autre:
formes en *-ndo- (videndum) , * t Y a ~~cune. éqUIvalence entre des le suffixe >-elon identifiable dans ambiti-8[n est le même que l'on
Une f ormulatIon · , en - u (vlsum VlSÜ) t ( . retrouve dans des formations grecques nettement verbales comme
exacte des faits 1a t ' . ' . ' e .en -re vldere).
la situation en cette lan . ue' A. ms revIent a décnre comme suit dû-o:v-cu, ou homérique (et éolien) dnO:-[L-t:v. Quant au fait que tel
l'infinitif latin ne peut p;éten'd~eatls~~nt de s?n caractè~'e invariable, suffixe ait été ajouté à une base verbale nettement idcntifiable, il ne
aux cas obliques peuvent 1 . f qu .a une faIble extensIOn d'emploi' constitue pas, ici encore, un critère absolu: si, en face de barba-lus,
1e Supm · UI ourmr une éq' 1 .' simple adjectif, am a-tus peut en vertu de son thème être dit adjectif
et le gérondif po t t . Ulva ence occasIOnnelle
étrangères à la valeur d~ Si~peluereSt °tu.tetf~lsfi d.e. valeurs spécifiques, verbal, le thème de ambï-re, nettement reconnaissable dans lat.
E . ' , s nc m mltIf ambi-tio, n'a pas été suffisant pour faire reconnaître à ce substantif,
. xammées d un poin t de vue n . .
fonctIonnel, les formes nominales on plus ~?rphologlque, mais pourtant nom d'action, le statut d'infinitif. On est ainsi conduit à
verbaux (équivalant à ce 1 du ve.r~e se dIvIsent en substantifs constater la situation suivante: Puisant dans les abondantes caté-
adjectifs verbaux (englOba~~e toaustr~!tIon ~ .nommé infinitifs); et gories indo-européennes de noms d'agent et de noms d'action, le
seulement que la tradition dési ne Corn partIc~pes! et non ceux-là latin (comme on pourrait aussi l'illustrer par d'autres langues) a
amalu-s; et « adjectif en * -ndo- ~. t me « adjectIf en >to -» : type retenu certaines formations (non toujours identiques à celles qu'ont
obse:vé à date historique entr~ :~~ am.a-ndu-s). En fal.t, ce clivage retenues les autres langues), qu'il a de façon plus étroite et constante
contmue un clivage a' d t · d JectJfs et substantIfs verbaux associées à la flexion verbale. L'apparence de régularité ordonnée
. , a e mo-européenne t d
en faIt apparentées . les caté . d ' en re eux catégories présentée à date historique pal' le verbe latin, plus que d'un déter-
, . .
d actIon; le~ premiers ne se distin uantgones e noms d' t t d minisme fondé sur la stricte valeur des morphèmes, pourrait résul ter
agen , e e noms
mesure où Ils envisagent et dé' g t l' de~ seconds. que dans la en fait d'une addition de faits impondérables, que leur date place hors
concret de son exécutant P . sllgnen. .actlOn par l'mtr.rmédiaire du champ de notre ob.3ervation.
1a tradItIon. . . . arml es adjectIfs v b
a concédé l'appellation d ..er aux, ceux auxquels Il apparaît en tout cas que cette promotion, au statut de formes
grande partie des noms d'agent (1 e. partIcIpes .s~nt demeurés en verbales, d'anciennes formes de noms d'agent et de noms d'action,
qu'adjectifs verbaux, tous les n;~sns. « celUI qUI lIt »); et, en tant ne remonte pas dans l'ensemble à un passé fort lointain. On constate,
une valeur adjectivale dérivée d l' d~ ~ette catégorIe présentent en efIet, qu'à l'exception des formations adjectivales en "-nl- et en
legens: « un homme lisant » _ e. emp 01 comme nom d'agent (uir *-to-, abondamment représentées dans toutes les langues indo-euro-
nitifs, supins, gérondifs quit~ qu( es~ u~ ~ecteur »). Quant aux infi- péennes, les autres formations nominales du verbe manifestent d'une
différentes) désignent ~ar son ~somma gre es, va!eurs dans le détail langue à une autre une assez grande diversité. En grec, on peut même
u
lettre la catégorie indo-européenne des : proc?s, ~ls co~tinuent à la d'un dialecte à l'autre observer des difTérences notables, au moins
de voir »; tout comme uisum . _. 'd oms_ d ~ctlOn (uldere « l'action pour ce qui est des formations d'infinitif. Au niveau du latin, la multi-
U f' , UlSU, Ul end-l Uldend-a) plicité des formations d'infinitif passif (v. p . 358 sq.) apporte le même
ne _ OIS reconnues ces caté ories n .' . ,
de savoir en vertu de quels critè g t o.mmales, le probleme se pose enseignement; et l'on note de surcroît que l'infinitif actif du latin
et de noms d'action ont pu en re~ c,er ames fO,rmes de noms d'agent est radicalement difTérent de eelui d'autres dialectes italiques, comme
ciées au verbe. Assurément vetmrta paraître a date historique asso- l'osco-ombrien. On constate enfin, au niveau des textes archaïques,
' en an que noms d'ag en t , o~ d" actIOn,
ces iormes étaient au départ tiré d ' une hésitation du tracé séparant, parmi les noms d'action, formes
n'explique pas tout et ne er ~s ~ racmes verbales; maIs ce point verbales et formes strictement nominales; ainsi, en certains exemples
f~rmes latines com'me am1-i-~~ ~:~~i~e compr~ndre pourquoi des de Plaute, on voit des formations en -tia, par la suite strictement
n ont point été considérées com~ i u.s « actlO~ de amb-ï-re », nominales, s'arroger la diathèse verbale, et s'accompagner d'un
e ormes mtégrées a la flexion de Ce accusatif d'objet: Plaute, Amph. 519, curatio ... ha ne rem « le fait de
338
339
t'occuper de cette afTaire »; AsiTl. 920, receplio ... meum uirum « le participe dit futur existe aux trois voix.' mais recourt d'un? voi~ à
fait d'admettre auprès de toi mon mari »; etc ... L'ensemble de ces l'autre à des morphèmes difTérents. TandIS en eff~t que les :'OIX aC~lVe
indices paraît prouver que le groupement autour du verbe en un et déponentc sont caractérisées par une fo:matlOn en. -iuru-s, -L, la
système régulier, d'un nombre fini et morphologiquement dé'terminé voix passive est caractérisée par un morp~eme tout dlfTére~t. -ndu-s,
de « formes nominales du verbe ll, est le résultat d'une genèse assez _ï. De ces remarques il ressort: a) que la VOIX déponente, add~tIOnnant
récente. les ressources morphologiques des deux autres, est de ce, faIt la plus
Une telle genèse, récente et laissant subsister certains flotte- riche en forma Lions participiales , eL la seule po~r:u,e d un. système
ments, a créé à date historique une situa Lion parfois peu cohérenLe. ' b) que au LoLal quaLre forma Lions pal'LlclpIales eXlsLenL en
co m pleL, " . 1 f t·
Le latin n'a pas su, comme le grec, développer sur tous les Lhèmes ver- latin, et mériLent de ce fait une étude morphologIque: es orma IOns
baux, à 'p~esque to~s les. t~mps" et à toute~ les voix, une série complète en * -ni-; • -ndo-; • -10-; et • -lüro-.
d; partlcI'p~S et d lI~fimtI!s. L absence d un parLicipe présent passif,
1. Le lllol'phèl11.e - * (cjo )nl-. Du point ~e vue indo-europée,n,
d un partIcipe parIaIt actif, etc ... , souligne l'éLaL inachevé de ce sys-
tème, plus embryonnaire que vraiment constiLué. Une telle situaLion il s'analyse en u~ sufflxe *-ej.on- ~e nom • d~ag~n~ \types 7tOL-[J.-'t)V~
a dû gêner l'usager, surtout lorsqu'il a pu confronter avec le système
~y':-[J.'w'l) ou d'actIOn (type !Sr. mL Àq-ELV < .-e-s-en, EL(h:v-~L), proba
blement apparenté à l'élargissement '-n, qu~ al~erne , ave~ -r dans}a
grec le. système lat~n. C'est cependant au grec qu'a été empruntée
flexion « hétérocliLique » des ne~tres; SUIVI d ~n ~larglss:ment -l
(par VOle de tr~ductlOn, ou de calque) la terminologie latine désignant
que l'on retrouve dans les format~ons ~e noms d a~tlOn en -l-(ejo)y-
les formes nommai es du verbe. Les Grecs avaient été surtou·; sensibles
(types gr. 7t[cr-'rL-Ç; lat. mens < mtl- iL - s ), ou en -l-.r~jo)u:- ( ,types
à l'ambivalence de ces formes, qui sont à la fois noms et v ,~rbes. Sur
'o:-. _ _ç lat senâ-lu-s) et qui exprime la partIcipatIon a une
1
c?tte considération reposent les appellations de [J.E't'OX~ « participa- gr. E:Ofj ' t ' u , " .' t't é
tion », o~ « partage»; .e~ de &-7tC~p-é[J.cplX"t'oç (éyXÀLüLÇ) « (mode) que l'on ne notion, qualité ou procès. Le In:0rphème '-(ej~)nl- adlI~slt.conls 1 u
par thémaLisaLion prodUIre des formatIOns a .lec Iva es en
peut claIrement exphclter ». En adaptant ces appellations sous les
forr,nes respectives de parlicipium et infiniliuus, le latin a à la fois
:-feï;)nlo- (types latins ~n -enlus, -ul-enlus,' v. 'p' ,155). Même. sans
thématisaLion , ce morphème * - (ejo )nl~ ~ouvalt a d~te ~nclenne
hérIté du grec, et transmis il la grammaire traditionnelle des temps
fournir des formations adjectivales (amsl, avec ~n elarglssement
modernes, .des vocables de ,:,aleur fort imprécise, qu'il était indispen-
supplémenLaire, sous la forme * -w-enl-.- type sansknt en -vanl-, grec
sable (v. Cl-dessus) de défimr et tJansposer.
en -e:,ç, ou -6e:,ç < -6 -f -e:'I't'ç). . . ..,. ,
Parmi ces dernières, certamcs aValent été C1e~ lI?do-europeen
1. LES FORMATIONS LATINES D'ADJECTIFS VERBAUX ·, d'un the' me verbal constituant ainsi des « adJectifs verbaux )l,
t Irees ' " (. 1t .
Le latin reste, à date historique, caractérisé par un système non- qui qualifiaient un indiv~du ~omme agent d un pro ces Ly~e. ~ . vtr
achevé de formes participiales, qui s'organisent selon le schème sui-
legens) . Ainsi avaient pns naissance des formatIons « p~rtIclpIales »
'-(ejo)nl- dont l'ancienneLé est prouvée par leur eXistence dans
vant: 10 Ux: parti~ipe présent, caractérisé par un morphème '-nl-, existe en, . 11 . 1 t
toutes les langues indo-européennes. Parml ce eS-~I, e * grec es ~ans
pour les VOIX actIve et déponente; en revanche, pour la voix passive
doute eelle qui utilise le plus largement le morphem? -( ejo ).nl-. a~
aucun p.articipe présent n'est attesté 1. 2 0 Un parLicipe dit parfait:
, nt et a' l'aoriste actifs (Àuo-v't'-a, ÀÛüC1.-V-r-IX); a l'aOrIste paSSIf ()\u8e:-
cara~térIsé par un morphème *-10-, existe pour les voix déponente et prese . f . 'f ( "
'l't'-IX); et même , dans le dialecte éolIen, Eau ~arl ~alt acltl ÀE:I\UX,o,v'rlX,
passive; en revanche, aucun participe parfait n'existe pour la voix h
contre aLto eL autres dialect?s -(f)6'l"a). <n I~a Ique , ,e morPbe~e
active (à l'exception d'un hapax meminens, chez Livius Androni- L
*_( j )nl- a connu une extenSIOn nettement momdre. osco-om rIen
cus, entraîné par la valeur de présent du perIectum meminï). 3° Un e0 . L' . é t
s'accorde avec le latin pour bât.ir grâce.à ~UI un par IClpe pr sen
·f Le latin en revanche paraît aVOIr mnové par rapport aux
1. Une forme telle que alumnus, développée il partir du thème de al6 ere ac t 1 • , '. , d' th'
au mo?,en d'un suffixe *-m:,o- apparent~ à gr. -p.zvo-ç (v. p. 154), est d'un type autres dialectes italiques en mtrodUIsant au eponen ce morp eme
exceptlOnn.el, et, de ce fait, non-aSSimilée par l'usager au parlicipe présent (seque-nl-em, en face de gr. ~7t6-tLe:vO-v1. Hors du présent, les forma-
passl~ défaillant. Il en, va d,e même pour jé-mina, correspondanL à gr. *e1)-IJ.tva
(do 81j-aOccL) « celle qUI allaite
)l,mot qui, en latin ne se raLtache directement I. Exceptionnellement, le morphène - 'nl- apparaîL en latin ~ans des
à aucun thème verbal ·jé- encore autonome (cf. jë-cundus, jcllo, jë-lix). formations de sens passif: in jans « ce que ['on ne nomme pomL (a côté de J)

341
340
4

tionsy articip iales en *-nt- sont en itali ue . ,.


le latm en fourni ssant des exemp l . li.
S
qua~lment mconn ues, seu l timbre ) • wel-enl-; soit un thème mixte " wel-td- (dans les -Jeux
cas,
Andro ni cus (v p 340) ' peut eAt cs tl~l~ é ' memuw ns, hapax de vOl- d'aprè s vOlo); il moins encore que la 1r e pers. théma tique
. ", - , re (u Ils co mm b t t'f) Livi us -:;'610
qUi pourra it corres pondre à l'ao . t e su s an 1 pareni-ës, n'ait entraîn é valens, d'après le rappor t lego /legens. 3° Sur la
racine
(cf. 7tÉ-7t~(ù -"a~ < 'pr-eH ). rIS e grec 7top6v-re:ç < 'p Or(H3 )-e/o-ni- "H1es- « être », un double degré plein" H1es-e /oni- (qui eût produi
t
. En mdo-e uropée n, l'empl
3 en latin ~ereni- , ou "erunl-) n'a rien laissé. La forme sons, qui en
dépit
Jeu compl iqué d'alter nances oiA du m or P h" '.
. eme -e/onl- obéiss ait à un de certain es réserve s doit bien être un ancien partici pe de cette
. f' . . u mascu I racine,
m
p 1em alsalt suite au radica l , b 1 l ' 'A le suffix e au voca l' suppos e un thème mixte " H s-oni-. Quant au th ème -senl-, généra
' Isme 1 lisé
(d où un schèm e plcin/p lein a ver a UI-mem e a u voca l'Isme plein dans les compo sés du verbe « être » (ab-seni-em, prae-senl-em)
, il
fé . . pparem ment aberra nt v 127) A peut rep résente r soit" H1s-ent- (thème mixte, avec, par rappo
• mmm,
H au demeu
. , rant caracté rl's' ' l' a dJonctIO
' . 'n. d'p. .ffi u rt à
-y 2-, on notait mverse ment le d e blpal . . un su Ixe
sons, alterna nce de timbre suffixa l); soit" H1s-,t- (thème zéro/zé
ro
et du suffixe "-ni A 1" ou de féminin) ; soit en fin une conver gence phoné tique de ces deux th
. . pp Iquees au verb e eêtre vocalis me rédUit du radica l
It . entraî nant dans les faits un ni vellem ent de l'altern ance ancien
èmes,
prodUire masc. "H es-e/on
" l ,, i- (d"
ou grec
d' l ,ce~ a ernanc es clevaIe nt ne 1 .
(d ou
1
s {r. s-ai-ï et en arec thé . la ectal e:wv)' fém"H i 40 De même , {erens (s'il n e doit pas être posé en face du théma
. ' , °
< s-oni-ya empru nte au masc. onque , ment" & , .
E f't Is-n -yH 2
(ero comme le gens en fac e de lego) peut représe nter "bher-ent-,
tique
1 d a ' . D'D'a. n aI, aU. oÛD'a ou
que arcadi en ÉaD'D'a crétois LN e< "eoré plem suffixa l; cepend ant • bher-7Ji-, ou procéd er d'une conver gence phoné tique des ' d
. ' ""D'D'a es-n i -ya empru t t eux
mascu 1m le degré plein radical ). Il est . A thème s 2.
ces alterna nces, même en grec . t cl cepend ant remarq n en au meme Si l'on except e ces traces peu nombr euses, inégal ement sensib les,
uable qu e
lé es 1. En italiqu e, où le rôle 'd:~e~lte::snune large mesu,r e été et parfois peu authen tiques, le latin histori que ne présen te
plus
nive-
et plus radica lemen t remis en q t' a ces est plus genéra lemen t d'alter nance dans la format ion de ses partici pes en -nt. D'une
façon
trouve r de ces alterna nces que t ,ues ,ond' nous nous attend ons généra le, on peut poser qu'a été généra lisée la forme à vocali sme
E' . res peu e traces. à ne réduit
du suffixe, directe ment adjoin te au thème verbal d 'infect um, tel
n latm, un témOignage sur des aIt r ' . qu'il,
et a:-chaïques ne peut être deman dé ,. e dnan~es ~USSI co mpliqu ées sc laisse clairem ent identif ier à l'infini tif 3. 'On observ e ainsi des
for-
matlqu es . Ces témoi naaes se r' . qu a e t:es Vieux \'erbes mation s réguliè res da-re, da-nt-em; sta-re, stèi-nt- em; cura-re, cura-n
athé- t-
racine ' H1ey- cc aller~) (aor d-'rlL eldautls~nt)aul x falt~ ~uivant~; : 10 em; delëre, dele-ni-em; mané-re , mane-nl-em; monë-r e, mone-nt-em,.
"fi Sur la
< ley-oni- conser ve o' le doubl , . [-re,
r'
r me e parLIClpe euni i - lege-re , lege-ni-em. On relèver a cepend ant, en face des infinit ifs Cape-T'e
europé en. Mais les form es latine : v~ca t
nomin atif singuli er, la forme ien va e~ aussI po.ur le fémmi n;
. -em, eun -es
plem du mas.culin indo-
et, au
{ace-re, iace-re (o ù -cre procèd e de "-i-se) les partici pes capi-en
etc ... , probab lemen t refaits à partir de la 1re pers. théma tiquec
l-em,
api-o
,

• HlY-1Ji-, phoné tiquem ent invrafs~~~I!~rp)os e Ht1y-eni- plutôt d 'après le rappor t leg-eni-em/leg-o. De même, aux infinit ifs
en -ire
th ème mixte zéro/p lein (avec d que (type audïre), le partici pe audi-eni-em (refait à partir du th ématiq
. , e surcro e paraî repos er sur un ue
1e vocali sme suffixal). 20 Sur la raci ît alterna d t'
• z'
plein/p lein ("wel-oni-) qui est à
volens, seule form e libre attesté e
7: .nce e Imbre dans
b[~: - « voul?I :»; c' est un schèm e 1. Les formes italique s co rrespon dantes (os que prae-se n lid «
praesen le »;
e du .denve
, suppos e SOIt (avec volunia s,. mais
alterna nce de
ombrie n zercl <' scd-enls « scdcns ,,) présenl enl la même ambigu
i lé, due au
même lrailem ent fi >cn dans les di alectes ital iques.
int.andur~, m.ê me sens) ; ëuidens ce que l'on voi . 2. A ces t émoign:.lges, on pourrai t ajouter celui du nom de
la dent, si
qUI se plodult ». On consla lera «que in-ta
."
_ t appara llre », gLgncn lw " ce l'on acceple son rallach emenl (contes lé parE. Benven iste: v.
des verbes connu s' in-tari, • ë-uidcre le dé ns~ c-uL~cn.s, ne corresp B.S.L. XXXII ,
pp . 78 sq. ) à la racine ' H led- « manger ». T and is que gr. ion
de son cô té qu'un ha pax lardif d'~ ondent pas il 6I3w~. aU . 6l3ouç,
GO en t e-uLdeor "appa raltre » n'étunt éoli en ~13(ù .. suppos enl un Lhème plein/p lein' Ille /od-onl- , le la
adjectif s isolés le r és ultat d'un dével~no e~' Le sen.s P,assif tin dens (égale-
esl donc en ces menl mascul in) peut con lin uer • Hld-enl -, ou • Hld-nl- , ou
1. Le mascul in al lique" procéde r de la
' (Ù~ a
élé pp . en l parllcu lIer. conve rgence phonél ique des deux l h è m e s . ·
refall
tllème mlxle 's-olli-y a; et le féminin l e E: O- SUl' le fé " ~ 3. Il n'en a pas toujour s élé ainsi, comme le monlre , en
du m ascu lin régulie r E:W~. mll1Jn oucr~ procéd ant du face de class .
yp UcrlX des au tres dlalecle s prOCède scnti-cn l-cm, la base • senl-cnl - du dérivé senlent- ia. De
m ême, en face de
.Sur des form es relevan l d'au lre ra ' , pari-en i-cm, le lalin a conserv é par-cnl -em (sur l'explic al ion
. ., duquel v. p. ).
vestiges parliel s de l'a llernan ce ancienn~nes, m,II::> conSel' v?nl elles aussi des De ces exempl es il convicn l de disling uer le cas de cliens, donlle
rallach ement
(30 éd., Hl55l, § 163,8; el P. CHAN TnAI NJ: Vil;" C. ,D., BUCI<, il cluco (part. clucns) n'est nullem ent élabli, el qui
-" , 'lorpL ,p.281 . The Grce" Dialccl s posera il des probl èmes
phonéti qucs .
342
343

~uddi-.fj) s'est des avant les premiers textes imposé contre le type mais on distingue mal de prime abord si l'une est issue de l'autre, et
au L-nl-crr:, que l'on pouvait en droit attendre.
dans quel sens. Hors du latin, seuls les autres dialectes italique~ uti-
. Par ailleurs, la flexion latine du participe en -nl- appelle plu- lisent le morphème * -ndo-, dans des conditions apparemment Iden-
sleur~ remarques: 10 .Au nominatif singulier masculin, le thème se tiques à celles du latin (osque upsa-nnam « operandam »; sakra-nnas
terml?a~t par .occlusl.ve dentale, l'adjonction d'une désinence -s « sacrandae n, gén. sing.; avec traitement -nn- < -nd-; ombrien pelsa-
ne faIsaIt au niveau mdo-européen aucun problème Le t 1 t ns « pulsa-ndus n, avec -ns < -nd(o)s; piha-ner (c piandi. n, ~éro.ndif,
"erens <" -n l -s (auquel. correspond le type ombrien. zere{ ype < * sed-a.
avec -n- < -nn- < -nd-Jo Ainsi attesté sur le seul domame ItalIque
e~l-s «. sedens n) est donc a cet égard régulier. Seul de toutes les lanO'ues le morphème *-ndo- a longtemps posé de très délicats problème~.
~Istonques, l~ ?,rec s'est, constitué un type qJtp<Ù\l, caractérisé bpar Aujourd'hui, d'une étude fondamentale consacrée à ce morphè~e
1 absence de desmence e~ 1 allong.ement de la voyelle prédésinentielle : par E. Benveniste (Origines, pp. 135-146), se dégag:ent, tant du ~omt
ce type a pr~bablement eté constItué à partir du neutre qJtpO\l['t', d'après de vue de la fonction que de l'analyse morphologIque, des enseIgne-
le, r? pport EU.OCCL[J.O\l (neu tre )/EÙOCC(p.<ù\l (masculin). 20 En la tin le nomi- ments précis l :
natIf masculm en -ns a été étendu à l'inanim é qUI' l'a It'! t Du point de vue morphologique, il apparaît d'abord que" -ndo-
ét d 'l" , u eneuremen
en u a accusatIf. Sur l'origine probable de cette e 't " . procède (comme "-nio- dans le type cru-enlus: v. p'. 155 et 341) dela
P 183 0: 3 E n fim, e t sur t ou t , on observe en latin dans lax flexion
0 enslOn, v.
du
o
thématisation d'un ancien morphème consonantIque. Le parallé-
par~lclpe en -nl- une éli~!natio~ de l'opposition masculin/féminin. lisme avec "-nl- (v. ci-dessus) de l'ancien morphème "-nd- auquel
En :ndo-européen, l~ fé~mm étaIt obtenu par adjonction, au thème nous remontons ainsi permet d'isoler d'une part le même suffixe
en -nl- de masculm, d un suffixe "-yH . d'où "-nl-yIJ Pl . *-(efo)n- de nom d'agent ou d'action; d'autre par.t un él~rgissement
t raI· t· 2'
ements ddTérents, conditionnés par la nature de la dé .
2' uSleurs
t
o d' smence, "-d-, qui s'oppose à "-l- de -nl-, et dont est solIdaire la dIfTérence de
pouvalen en rOlt afTecter la séquence "-yH (v p 64)' ot t valeur constatée entre les deux formations . Cet élargissement "-d-
d t d' 0 2 '. ,n ammen,
evan esmence commençant par sonante (il l'accus t'f' l' a toutes chances d'être celui que l'on retrouve , thématisé, dans les
t 1 . l ' . . a 1 smgu 1er :
-m: e "p une : -ilS), 1 élI~lo~ de la laryngale prod uisai t un thème en
o .

formations adjectivales en "-do- de type lepi-du-s, limi-du-s, placi-du-s,


-nlL-< .-/:l-y(H)m, que l'ItalIque paraît avoir généralisé à tous les cas etc .. . , toutes associées à une formation de verbe d'état en -ë-re (v.
du fém.mm (cf. osque praesenlid « praesenle »). A ce niveau, la lanO'ue p. 294). Cette association souligne la vocation passive de l'élargisse-
?
oppo~alt netten:ent, un mas:ulin en *-nl-, un féminin en "-nli-. Par ment *-d-; cependant qu'une confrontation entre les types laci-lu-s
la SUl~~, en latm, dIvers traItements phonétiques ont nivelé cette « qui se tait (efTectivementHlimi-du-s « q~i a peur (de faç~n perma-
opposItIOn (Nol~. sin~. :. *nli-s > "-nl(i)-s> -ns, cornue "-nl-s nente) » fait ressortir, en face de *-l- actualIsant, la valeur VIrtuelle de
=?- -ns. Acc. us. smg.: -nlL-m > -nlem, comme "-nl-m > -nl Gé *-d-. Dès lors, en face de "-nt- définissant un individu comme agent
smg..0" -n l LooS> -nl ' " -nl-es > -nlis . etc ) En fin d em.
LS, comme 0

t n. efTectif et actif d'un procès (vir legens « un homme en train de lire n),
1 . , '" . (: comp e
~ .coalescence qUI a, dans la « troisième déclinaison», nivel~ 1'0 o~ le morphème *-nd- définira un individu comme agent passif d'un pro-
s~tlOn e~tre, thèmes cons~nantiques e.t .thèmes en -i, a plus qU\~ par~~ut cès virtuel (libcl' legendus cc un livre susceptible d'être lu ll). Transpo-
aIlleurs Joue dans la fleXIOn du partICIpe en "-nl- En lat' 1 . sons l'expression « agent passif » (en soi absurde) en « siège » (ou
l' .t' d d h" . m c aSSIque,
OP~OSI IOn es eux ternes ancIens ne se trahit plus qu'au génitif cc objet n) du procès; nous aboutissons il la définition proposée par
plunel (flottement -um/-ium, dépourvu de toute valeur d' t' t' . . E. Benveniste (op. cil., p. 136) : c( (l'adjectif en -ndus) ... indique qu'un
v 187) t ' l' bl t'f' l' IS mc Ive .
. p. ; e a a a 1 smgu 1er (opposition -e/-ï à laquelle la lanO' substantif est l'objet ou le siège d'un procès n; et (p. 137) « (il) est le
a conféré une valeur artilÎcielle : v. p. 185).' bue
signe d'une dépendance à l'égard du substantif verbal ». Plus préci-
sément encore, l'adjectif en *-ndo- so uligne une dépendance concep-
2 .. Le lTIol'pbè~e .*-ndo. Ce morphème fournit en latin deux tuelle du sujet vis-à-vis du concept verbal, auquel ledit sujet est
formatIOns .: un adjectIf verbal s~u~is au genre (type leg-e-ndu-s assujetti, et dont il a vocation d'être le siège.
-~, -~-m)! dit c?mmunément (c P?rtIcipe futur passif » (ou cc particip~
d_ obl~gatlOn ll), et un substa~~If ve.rbal inanimé (type lege-nd-u-m,
-L), d~t communé~ent cc gérondIf ll, qUI fournit à l'infinitif un substitut 1. Le d6velopp(;ment qui suit, et qui se veut fidèle à l'enseignement de
E. Benveniste, n'est cependant ni pour l'ordre d'exposition ni pour le contenu
occasIOnnel fléchI. Entre ces deux formations, le rapport est évident; littéral conforme au dévelopement du passage menLionné.
344
345
œ i

terminant le thème verbal (leg-é-nd~s)


Une telle définition rend compte en puissance de tous les emplois timbre -è- de la v~yell~ récente sans doute sous 1 m-
particuliers traditionnellement reconnus à l'adjectif en *-ndo- : paraît s'êLre. gér:é:alIsé oa dai; ~ssez oyelle' de timbre -0- qu'attes-
10 Expression de l'obligation : opus perficiendum « un travail à fluence de l'mfimL~f l~g-e-r~. ~s u;e~_:ndus, que leur emploi a assez
faire» doit se comprendre « un travail soumis à un a,',complissement tent encore les adjectIfs ort-un us, . t c'est ce même timbre -0- qu e
virtuel ». 20 Expression du futur passif: dare liberos educandos « confier tôt aITranchis de la tutelle c:verdbale 'ee . Àcle A C des textes tels que
s la lm u Il SIl; .., .
il un maître des enfants destinés à être éduqués » doit se comprendre présentent, encore vedr. thentiquement verbales: legundLs,
de même « des enfants voués à une éducation virtu ~ lIe ». C'est en C.I.L., 12, 583, pour cs rormes au
somme la même valeur fondamentale de virtualité qu ~ se trouve à la scribundi, etc ...
base et de la valeur d'obligation et de l'emploi comme tquivalcnt d'un * C mor hème attesté dans toute:; les
futur, la valeur conjointe de passif se retrouvant dans ces deux 3. Le lllorphème -lo-. ~'entr~ elles ~ne fortune plus ou moins
emplois. langues, a connu dan~ chacune t" en *-lo- pouvaient se tirer de
A côté de ces emplois principaux, on constate l'existence de quel- considérable. En drOit, l~\ forma. 10~~ssi nominales. Ainsi s'explique ,
ques adjectifs en*-ndo- qui sont apparemment étrangers et à la bases non se~lement ~er .a e~, ,~alS e barba.-lu-s onus-l u - s (v. p, 154);
valeur d'obligation, ct ù la valeur de futur passif. Tel est le cas pour en latin, l'existence d ad)ectdl:s d~P . et de ~uperlatifs ca,:: actérisés
ori-undus, sec-undus, uolu-endus; auxquels il convient d'ajouter les et en d 1'ITé ren t es lanCTues 0 " or maux II. _ o-ç) Parmi ce6 diverses ,
adjectifs à deuxième t erme -bundus (erra-bundus; morï-bundus; p;r le morphème *-10- (grec ôEx~-1'o;ç'ac~':d:r a~ statut d'adjectifs
uaga-bundus; etc ... ) ou -cundus (fa-cundus, fe-cundus, ira-cundus, formations en * ~l~-, ,seul~,s é de~~~:ne base v erbale , Souvent d'ailleurs,
uere-cundus, etc ... ); ces deux formations représentant l'adjectif en verbaux celles qUI etaient Ir es t aient avec le verbe (ainsi, en grec)
*-ndo- des deux thèm es verbaux *bhwH-« devenir » et *kwH- « s'en- r
de tels (I adjectifs ~erba~x ~~;:e ~:s étroitement que d'autres langu es
fler, concevoir ». En fait, la valeur fondamentale du morphème *-ndo-
se retrouve bien dans ces adjectifs; ainsi dans rolundus « voué à subir
un rapport assez l~ch~ , ~ f a *
associé au verbe 1 a~.1ecbd en
-tt d'une part en adjoignant souvent
't m ' d'autre part en associant au
\
la rotation» (et non « en train de tourner») ; uoluendus « soumis à une ce morphème au theme u per ec u tituer la flexion périphrastique
évolution cyclique » (dans les tours uoluendis annis, ... mensibus, l'ad'cctif en *-lo-, pour cons
1 ver b e ) , du erfectum.
etc ... ); secundus « voué à la position de suiveur » (et non « suivant », du médio-~asslf aux temps 1 CT; ue *-lo- résulte de toute évidence
notion exprimée par sequens). E:1fin, à nàlus, qui se réfère à l'idée 1 Du pomt de vue morpho o~ q , t * 1- dé)' il rencontré comme
· t' d e l'élarglssemen -, , •
d'une naissance historiquement efTective (Carlhagine nalus « né à d'une théma t Isa Ion, ( 341) et qui peut IUI-m eme
morpheme -nl- v, p" , 1
Carthage »), oriundus s'oppose en présentant la naissance comme 1 composan t e d u l' éduit du suffixe *-efol- mc us
, fi c'J'cmen tau voca Isme r 0-
virtuellement vouée il un lieu (oriundus ab Syracusis se dit, chez P rocéder d. un f 10
'
t' , '1
tions par lClpla es
d'autres lanc'J'ues (grec 1'<: -\10: -
0 v ,
Tite-Live, XXIV, 6, d'un personnage né hors de Syracuse, mais de dans certames olma , t * l ayant été déflm comme
f)' ) L' élarCTlssemen -- .
parents Syracusains, et donc virtuellement Syracusain par sa nais- (f)61'-0:, \J-E\J-O:- ( o1'~O:,', ,0 notion et la thématisatlOn ayant
sance). traduis~nt, l~ pa~tl,clpaLlOn a ::V~ns nou~ attendre à ce que l.'adjcctif_
Quant au problème posé par l'existence, à côté de l'adjectif valeur mdlvlduahsantc, nous t' . ant d'un proces. Cette
, d" d omme par lClp
verbal en *-ndo-, du substantif verbal en -ndo- (gérondif), il peut en *-lo- qualifie un m IVI uEc B 'te (!',TomS d'anenl el noms
. ' t Il de envems· ;;
être selon E. Benveniste résolu si l' on pose comme para:lèles les d eux définition re.l0m cc e. d' " l'accomplissemcnt de la notion dans
formations, et non l'une comme issue de l'autre. D'une même base en d'aclion, p. 167) ,: « ~l?- m IqUL: te de la valeur de toutes les forma-
*-nd- auraient été tirées, par la voie de la thématisati,m, parallèle- l'objet». Cette dcfllutlOn ren~ cb~mPd' the' me nominal que verbal:
ment -un substantif verbal, et un adjectif verbal. , * l dé 'vées aUSSI Icn un 1
tlOns en - 0-, , r I , m lit en soi la notion uenuS », est parallè e
Du point de vue flexionnel , l'adjectif en *-ndo- se décline selon uenus-l u - s « cel~l qUI ~C?O c~m lit la notion boire ». Elle rend com,pte
le type bonu-s, -a, -u-m, et ne présente de cc fait aucune difficulté. à po-lu-s « celUI en qUI s, ac , Pd l'adiectif en *-lo- comme ordmal
. l ' partIcu llers e J ' . ' 1
L e thème verbal auquel s'ajoute le morphème *-ndo- est à date ausSI des emp OIS, ' ' té à neuf autres accomplIt en SOI a
classique celui auquel s'ajoute de son côté le morphème -nl- (v. (gr, ôtxO:-1'o-5 « celUI qUI, a)oUperlatif (&p-,cr-1'o-~ « celui en qui s'ac-
p. 343); d'où les types da-ndus, ama-ndus, imiLa-ndus; dele-ndus, la notion dtx »); ou comm~ su " '»
mone-ndus; etc ... Dans la « troisième conjugaison » thématique, le complit Lot<llement la noLlOn d O:pETfi ),
347
346
---_._- ........- -
Ce qui préc<'!de nous aide à compr endre pourqu oi le latin
a pu 1 Le latin présen te enfin une sene ~ . 'd
Fe:(O}Xp,lSSUS d~ {H)
assimi ler à un partici pe parfai t passif l'adjec tif verbal en "-10-. • .. w-es-) r. e
< * bhr-I!- _; paclus < * pag-lo- < pH~-g-
Tandis v"
en efTet que l'idée d'acco mpliss ement (total) confin e à l'idée
formes fraclus < f;ag-lo -s <). l- 1 <g "lèig-lo- < "lII 2-g- (gr.
perfec-
, - "~"Cl.'Yw,~,
(cf. gr. 7t~-TtCl. < pelI -g- ac us
tive, l'accom plissem ent dans l'objet suppos e la passiv ité, ou
la neutra lité, de cet objet. En grec, c'est fréque mmen t encore
du moins y,-I1., 2, m~ d'infec tum à nasale infixée
(f'
r~-~-g-o,
la toutes · paralle les a un the T e s'expli que histori queme nt sil on se
neutra lité de l'objet que suppos e l'adjec tif en -10-: ôuvcvr6 -ç « siège
de la Pa-n-go ; laon-g o). Ce par~ e I~m, ll
sale in fixée se bâtit lui-mê me en
puissa nce»; xÀu-"o-ç (c siège de la gloire» ; etc ... Le latin ne possèd '
e plus rappel le que l e presetn, thema tlque a na
III ( 287)' il n'en résulte pas moms, . d
qu'un petit nombr e de tels adjecti fs, constit ués par les dérivé
s de indo-e uropée n sur un ~heme. v. p, 1; d" ctif verbal de ces verbes u
se
noms (uenus -lu-s cc siège du uenus »); l'adjec tif po-lu-s (( siège
de la Point de ' vue 1a t'm, l' Ilnpress.
lOn que a JC
t' de la nasale ,
.
boisso n » 1 (et non cc qui a été bu »); les adjecti fs de seGS appare
nté, constr mt sur 1e th'cme d'mfec Lum ampu 'd' 't à une racine non su ffiIxee,_
C '
['isus cc siège de la confia nce» ct ausus cc siège de l'auda
ce»; les Lorsqu~'le thèm? :verbal se ~~n~~~:~ropéen ait fait précéd er le
adjecti fs verbau x des dépon ents enfin, comm unéme nt interpr
étés il semble bien que, ICI e~core, Id' 1 e'duit Le latin possèd
comme actifs, mais assez souven t emplo yés comme passifs (v. * 1 d" e encore
p. 262), morph ème -.0-. u n vocahs .. ,
me ra Ica r .
-lu-s < "le '"l-lo- (cf. eol-o_ < *1c 10el -~,
_
et de valeur en réalité neutre (menlï -lu-s (( siège du monso
nge »; des forme; amsl co~strmLes :d~~ll_ cf. r. ô(-SW-[L~ < * dCI-I3-)
O'r. éol. Tt~ÀO[LI1.L); da-lu-s < (f3 r(- .g< *dheH _). morluu s,
morluu s, réfecti on d'aprè s uTuus d'un ancien "mor-l u-s l( ; eon-,dL-
mort» ; etc ... ). siège de la anClCn
o * 1 * dhI! -lo- c, e-CL
lus < -da- o-s < • 1
v
1 ,
*mor-l u-s (v. supra, p. 348) < * mr- l0- (cf . skr • mrldh. , et gr. eo.
1
Du point de vue morph ologiq ue, le morph ème "-1-0- se compo
r-
tait en indo-e uropée n comme un double élargis semen t; ce qui
impli- ([J.)~p6"oç); e.tc.... ' , t encore à daLeh istoriq ue d'assez
quait, lorsqu 'il s'ajou tait à un thème verbal formé de racine + ToutefOIS SI le latIn pres en ~ n il a dans le plus gr ,nd nombr
suffixe, e
le vocalis me réduit de ces cIeux élémen ts (thème III). Le latin
con- nombr eux vestige s de cet et~t,an~~e, t \a forme du thème
v.erbal
serve encore , à date histori que, des vestige s de cet état ancien
. Les des cas, modifi é assez con~lder~ l e~e~e~ modifi cations peuve
exemp les les plus nets sont ceux où la racine indo-e uropée auquel s'ajou te I.e morph eme - 0 • nt se
nne était
suivie d'un suffixe laryng al; ainsi dans gra-lu- s < "g 1O -H classer comm e smt :
r -10- (en _ _ _
face de skr. grnâ1i (c il se livre à des chants d'actio n de grâce» <3
"g 1D _n_
r .' r'
1. Dans les conJu~aI~ons rég~ I:r~er(tb~f es ama-re jama-u L; dele-
eHd;( g)na-l u-s < "gn-oH l-lo- (en face de gr. xcxcr(-yvY)-'t'oç
eHd; slrti-lu -s < * slr-oH3-lo- (en face de védiqu e slrnâli ((
< "slr-n..eHa-); (l)là-lu -s < *ll-oH 2-10- (en face de gr. ~-"Àfi.-v
< "gn-
il répand »
< *ll-
rejdelë -uï; audi-rejaud~-uL), le tl:: déjà comm un à l'infe~-
et simple ment étendu à l'adj~cbf
tum et au perfecl:.um a eté purem _ l s dele--lus audï-lu s. Ces
fleXIOns
eHz-). A cc type se ramèn ent aussi, bien que le traitem
ent de la verbal en * - 10-,. d' ou
., les types am a- u "
. ( 318) le nombr e d e ces
laryng ale n'ait point entraîn é de voyell e longue , les formes réguliè res étant les plus. productte\evdJ~ême' coup élevé.
ra-lu-s
< * (H)r-H 2-lo- (en face de rë-rT < " (H)r- eHd; slèi-lu-s < "sl-H -- adjecti fs verbau x « régulI ers» se rou
, .
10- (en face de slà-re < * si-eH 2-) 2. Mais des thèmes où 2 . ' h ' me uni ue ne fonctio nnait pom t
la racine 2. Dans .les verbes OUf u~ t e la situ~tion est beauco
receva it un suffixe non laryng al peuve nt égalem ent présen pour 'l'infe ctum et le per up plus
ter ce ec um,
double vocalis me récIuit. Tel est le cas dans dle-lu- s <
*dy-k-l o-
(contre die-a < *dey-Ic-); dt1e-lu-s (contr e düe-o < *deu-Ic-);
*lor(e) lo-s<"l r-IcW- lo- (contr e lorqueo<*lor-lew_; et probab
lorlus <
lemen t gr.
confus e: , .
a) En certam s verbes , dont ~e p . ,
résent a été constit ué par a?jo~~-
. - eap-io Pac-io, wc-ta:
- ,
tion de *-!Jo a un th'eme p lus anclcn
lU
't'pbrw <*lr-elc - ) ; los-lu- s < "lors-lo-s < *l[-s-lo- (con tre (amsl ap-IO,
lorr-eo < *lor- , d' "t u thème qui a, l'scrvi• de b ase
s-);us- lù-s «H)w -s-lo- (contr e ür-o < * (II)ew -s-o; et lat.
uër, gr. ~c<p v p 295), le morph ème -lo~ sa Jom a
., .
à la dérival:.1on : ap- l ~-s, cap- lu-s fac- 1[l-S, L'ae - lu-s'" et pour fod-io

<
t
1. Cet adjectif , sans doute ancien malgré son vocalis me
_ (' . 79). De tels faiLs. souhgn en ·
plein radical * bhodh- yo, fossus < bhOdh-ldO, v ~ présen ts en -yo- dans
cl
(po- <pc!f3 -), doit être à l'origin e des forma Lions analogi
ques pransu s « qui nettem ent le caract ère secon aire e , les verbes
a dîné ", et cendlus même sens. ._
2. On peul aussi invoqu er lülus, qui parait reposer sur '/w-H -/c-, . . . uler certus < 'lcr-i-lo (gr. xp(--r6<;); I.USSUS
/cw-H2 - rendan l comple semble -l-il de skr. LauW « il estforl le lhème 1 1. A celte liste on pourra it. aJ.o. , w-dh- ultérieu remenl refait en
'twH 2 -wo pourrai t expliqu er gr. crci- (f)o<;. »; 2cer endanl que < *ywdh-l o- (contre perfecl um lO{'Slf(:::
.- ' ) . _ ls us < 'kJd-Io- (cr. per-ce 0 <y'\el-d :Ii); pulsus <' p!d-Io- (contre
(f)~t8-o<;
_
" etc ... ,
LUSStl , per:u )
_ " !d-Io- (contre
348 pelili <peld-o ) i· v/sus < w
349
ainsi concernés. Le même phénomène s'observe aussi pOur quelques
verbes d'état en -eo: rid-eo, mais risus < *rid-lo-; gaudco < *gau('i)d- . . d e n? ms
. _d'uo-ent
' b __ en
scnb-o/scnp lus, de noms d'action en ~ll-o[n (ae tLO,
-, - - - . etc ... Le vOlsmage ._
or/gues-lus;
co, mais gauisus < *gavïd-lo-. En face de l'itératif-causatif doc-co, doc- 1 (a
etc
- or -c-lor , .lëc-lor,
_ ) ... ), .ounnemen t dé rI've's du radIcal verbal, a
lec-lio, rec-lLO, etc ... , ancI~ t" n des formes âclus (= gr. O:Y.TOÇ ,
peut s'expliquer " ' )
lus
formations anciennes par
1.
l'influence analogique de doc-lor, doc-irina,
sûrement contribué au m~m Ie( r = Àe;xTôç), auxquelles on peut
reclus (= gr. O-PEX-T6ç), leclus g.
b) Un rapport analogique a tendu à s'instaurer entre les forma-
tions de perfectum en -ui (= u(w)i: v. p. 315), et des adjectifs adjoindre lec-lus. f ations assez anciennes a
verbaux en -[fus. Ainsi, en face des perfectums gcnui < *gcnlIl-w-ai, . b é dans ces orm .. d' u.n
2 d) Le princl pe 0 serv. d. t"f n * -lo- sur le thème
lor < *dom1l -w-ai , l'analogie des noms d'agent gcnÎ-tor < *gcn-
2
domui
TWp . d ·L l'usager à rebâtir parfoIs un .a Jec 1 cI du présent a parfoIs
(gr. yevt- ), domi-lor < *domH 2 -10 r , avait institué des formes TI 'é knsl la nasa e .
infecLum thémaLIque ~ut ~x. ~ l '. . nc-lus line-lus, ë-munc-tus~
Hr III Ul .
gcni-lus, domi-lus d'adjectif verbal. D'autre part, dans les itératifs-
é introduite à l'adjecLIf ver da .. 19~o_ ling' _ij « lécher )), ë-mung-v
éL
causatifs, en face de monuï < *monc-wai (v. p. 316), existait commu-
.
planc-lus, Imc-lus, e t c,.. (en face» ling-oc wn « mouiller
, », eLc....) L' ex'ten-
nément une forme de type moni-lus < * mone-io- 3. L'ensemble de
« moucher », plang-o, « frapper 'h\ *-slr- (v. p. 289) est beaucoup
ces formes a servi à développer l'impression qu'un rapport nécessaire
. 'l'adJ·ecLif verbal du morp eme . _ < *mig-sk-eo (cf. gr.
existait entre un pcrfectum en -u(w)ï et un adjectif verbal en -[fus; sIOn a .L en face de mlseco
l)!us rare : on peut CI e~, (1 )-lo-
d'où, Sur des perfectums en -u(w)i, création analogique d'adjectifs . l s < . mlg-s ( .
secondaires en -lius: al-lius, plac-llum, en face de al-uï, plac-ui, etc ... "dp'"'),), m.x li . _ _ 6 l'adjeeW vecbal l,ibû-llis pré-
)
c) Dans les verbes thématiques, dont le perfectum présentait Lae
En face de ln bu-o (.-u- (w) !'
1 tl' e nomma n u ,
11 ·b --(de lribii-s) dont 11 étaIt
_t
des formes diverses et imprévisibles (v. p. 317), l'adjectif en *-10- sen
de 1
·t le même -ü- que l e d ornu (v p 198) . La lonaue'
1em _ b .
de eornu-
D 1 us
s'est fréquemment bâti sur le thème de l'infectum, amputé de sa :rivé comme cornü- us e c , ._ lu' s en face Je arcu-o. e pus,
' . - "tndreaarcu- J , l' .t
voyelle thématique. On a ainsi des couples al-olal-tus (plus tard, avait pu, par allleur::., s e_ e * b-liiu-o l'adjectif ab-lü-lus s eXP.lquaI
al-ï-lus, d'après le perfectum aluï: v. supra); cad-olcâsus < *ciid-lo-; en face de ab-luo (-lii(u:!O) <. ~-lau-lo-' (v. p. 110), Ainsi, ?es clrcons~
honéLiquement a pal LIr de ~
clep-olclep-lus; cogu-olcoc-lus; ed-ol ësus < * ifd-lo-; qucror < * ques-
pro~,:'~ )~~ L'~~alogie a étendu e:tt~ r:llal~
é ., d'adjectifs en -u-lus corres
lances diverses av,aient
pondant à des presenLs en . u .~ de verbes en -iio: mmuo/mmulus,
1. Certains interprètent doclus il partir d'un plus ancien .doc(i)-lus -ii-lus à presque to~s le~ adj.ect~ s Cette analogie a mêm.e Lou~hé. des
(syncope), où ..;. S'expliquerait il date ancienne comme dans mani-lus (v. ci-
dessous, note 3). Mais on comprend mal pOurquoi la syncope aurait épargné, soluo/solülus; uoluo/uolulus, e\... ancienne labio-vélalre. Amsl.' de
ver
dans Ull même contexte phonétique, laci/us, et le « participe fu tur " nocilârus, bes dont le thème comportaI unre -la) homophone de celUI .de
r . L·f * c lus (c . _sec L, tl1e'mes à la b·lo-ve, 1aIre
que sa structure rythmique exposait davantage il un tel accident (v. p. 101). sequ-o , l'ancien adjecl fsc' t- sec-ulus. es
A noter que le type doclor, doclrina (qui a dû influencer doclus) évoque, au - trancher» a été re aI en. . de l'adJ'ecLif sonL en
sec-o « d'homophonIe au nIveau -/fl e-
qui ne souITralenL p~s . innovation (coqu-o/eoc-lus; flu(w~o, u
vocalisme radical près, gr. homérique 8{:X-70 « il reçut" (aol'. athématique). . '.

général restés_ il l'~bn d: ceLte) On voit mal quelle raison a aIde, en


2. Ces
-·u-wai formes
(v. p. laryngale
97, cl,il d'où -ü(w)r.ont produit en latin -·d-wai (v. p. 66,6), d'où
3. On explique parfois le type mOlli-lus comme présentant un -i- ancien,
lus; relinqu-o/rellc-lus, .etc.: .. d loe-üius.
ainsi que semblerait le supposer skr. darç-i-lalz « indiqué ", adjectif verbal face de logu-or, la consLItutlOn e . tante en laLin a résulté
correspondant à l'itératif-causatif darç-ayali <. dork-eye-li « il fait voir, il
indique n~ Mais le -i- de slcr. darç-i-Iâlz pose d'ailleurs des problèmes délicats; f) . t At e la plus Impor
L'innovatIOn peu ·-e r
. 't· . Dans es
1 th e' mes verbaux termmés par
.
(
et rien ne prouve qu'il s'agisse d'un -1- ancien. L'explication la plus cou- d'un aCCIdent phone Ique.. t *-li- > -ss- ou *-dl- > -ss- v.
occlusive dent~le, les traltem~~ ~cs évolution~ de type *.cad-lo-s >
rante (ainsi L. Renou, Grammaire de la langue védique, § 3G3) consiste ù y
voir une généralisation analogique il partir de formes telles que dhi-Ia-lz = gr. 7
Oe-r6-ç (. dhHclo-), sllzi-ta-[z = gr. crr<X-7Ô-Ç (. slH 2-10-), etc ... , où -i- cs tIc 9) entraînaIent normaleme Or dans certams verbes
p. , * llo-s > semus. J • t"
traitement normal en sanskrit d'ulle laryngale, relevnnt dans ces formes de *câssus > casus, ou . se.n - le perfecLum, de type sIgma Iqu_e ,
la portion radicale. En italique, l'ombrien vuleles « Volis ", peut reposer indiffé- . . pourvus d'un adjectIf
amsl _( _en< -sus, _.L < 'suad-sï., etc
. scnl-s _'l,. suas ... ). Un_
était lui-même.en .-SL SC~SL es verbes entre la formatI,o~ en ~~L

remment Sur· wog WILl-lois ou • -l-lois. Sur l'origine possible de celte Voyelle
litigieuse -1- Ou -if-, voir p. 316 et note 1.
350 rapport s'établISSaIt au U!~eau de c de l'adjectif verbal; d ou, ulte-
d rectum eL la formatIOn en -sus
u per 351
n
n

rieuroment, des interactions analogiques. A partir de perfeetums


man-,;, musi < "mug-si; P',,-si, spa"i < "spa,g-s!; {lû < "{'g_",
infim~, :;;;'p~sanle
. ï" om connu de l'osco-om brient' mais
fO~~~;.~,
ignoré du
n strictement
etc ... ont été créés d" adjecWs verbaux nOn phonétiques man-sus, blable qu'un dans une. du poinl de
mer-sus, pressus spar-sus, fixus, etc ... Inversement, des adjectifs
(IW~~
latin, enlre comm:e conespondance .,Ueues, / ne saurail en latin
verbaux
(v. en -sus ont pu en trainer un perfectum analogique en -s,
p. 311).
phonétI~ue,
latine, d'po.urvue une séquence "-Iu-,,- li "-Iuce-. A supposce
vued ,'s tout au plus *-iUw-es- bto. t le même rtsultat
En conclusion, si l'on tient compte de SOn rôle dans la flexion · "-iur-, mm ." i _ on Olen "'[
pro d'part
Ulre un voca l'IS me plem -d'ew-es
ù ,
*-iuer-: f i u us issu de
c. wo-s
médio-paSSive aux temps du perfectum; ct de son rôle dans le système au e * iowes- > "-iuwes-, 0
analogique ci-dessus évoqué, on comprend l'immense importance de
("-I,wes > - 224). b lituceons une autce,
l'adj ectif latin en "-10-; im portan ce qu'il a été en grcc loin de con-
naître. ou "I,w-o-" V. ;;udo-exPlication, nous en U âk Benvenisle (Nom,

~'~~(ion
A cette p d'étude fondamentak e '96 sq. notammenl
4. Le morphème -Ilirlis-. En latin, l'adjectif en -11i'Ii-s, dit qui se dégage , i
en in do-cu" peen, pp aL' adj ;cLif la tin en

P~~;matron thém~ti~ue parall~le e~


' participe futur actif " ne POSSéderait qu'un rôle modeste s'il appa- d'agenl cl nom la résenter comme ,mt: . la formation, eUe
raissait toujours seul (mo"IIi-,"s " qui va mourir '). En fait, le plus 101-104). On -Iii,.. Les couples

stricte~en. ~sa,alli'lieu,;
SOUvent à date classique, il constitue avec les formes du verbe cc être J) -liieus est une t 1 tine de fémmms abstr., s t l'étroitesse de cc
des périp hrases, soi t personnell es ( type mo, ili;"us s um " je vais mo urir " aussi etc ... montren " articipe futur ", le

O~
qui fournit n mo,iar , je mOurrai , une variante aspectale); soit "ceslica/,,"su,u, 'doit noter aussi que, en fac: du p roche d'un futur:

-iur~ so;,~
impersonnelles, avec les infinitifs esse ou fuisse (types lec/Ii,"m csse, parallélisme. nte une valeur virtuelle qm le ctP:n d'autres termes

ttér~
lecli;"um (u isse, qui fonctionnen t comme in fini tifs fu turs péri phras- nom en prest ent l' (( usage VIrtuel ).' dividu dit üsurus.

u;~- h~ase
tiques, respectivement de l'infectum et du perfectum). asam est, 1> e".;ont 1a réalisation quaI> fi el_ m ,/ llira achève de

pasl~abt'on
Du point de Vue morphologique, la forme -11i,'u-s (fém. -11i,-a) le nom du proces oc que ce parallélisme - incluant le
n'a de correspondant direct dans aucune autre langue, même italique. On notera au de -lürus par une p np n'aUeste point
L te exp Ica l . en son genre, ,
L~ m~rmet con::::~
Une explication traditionnelle consiste n voir dans la Jorme flécllie récuser ou 0 t «g-lim umque dans -/-Ura,
-Iliru-s, -Ii, -u-m, une extrapolation à partir d'une forme initialement verbe' être ... 2 d'identifier cette Iv. p. 341).
invariable en -Ilirum, qui secondairement aurait été p.'ise Pour un de consonne n -i-,. e mPent de noms d'actlOn et bd gen -i'iir-io (ësurio
élargIsse é 'e de ver es . b
la!i~_ conn~~t .~a;a,Wrio, d'~n
0
aCCusatif animé. Cette forme invariable en -lürum serait elle-même comme u ailleurs une s n · . "_ ô d'une ase

~"
un ancien infinitif périphrastique, combinant à une ferme en -lu- 3 Le etc ... ), tous dtVéStfo'::' procès. Le
< "éd-1u,,",
expn~:~es -I~~~',-;iJ.-,"~
(supin : v. p. 354) une séquen CC ""-am, in fini tif d u verbe , è tre • ';,";';nvie de faire, ou la pr _para liira a pparan si l'on
correspondant à osque ezum, ombrien, erom . Une telle interprétation -( a,-, e t a vcc 1es formations en /-fi" i Ô. 4' De
~em
es t sur to Us les pl ans in défend abl e : 10 L' exis tence d ' une forme -Iii rum rapport de ces / l'alternance quantltatI i __ de -lürus- -lüra,
. "-ew- -w- J équence _ u .
initialement in variab 1e n 'est nu llemen t assurée'; 2 0 il cs t in vraisem- ramène a é' de on peut tirer que a s f de nom, d'acbon,

chos~;:'~ent 355to~Uadjectivale
tou t ce qm pr ce 'e le mo rphéme '-(-ew- orma an t à 1a sé quen ce

~ft for~a
1. On a SUPpOSé, à date ancienne, l'existence d'une forme invariable en n'est autr: le supin (v. p. en "_,,_
-türum, qui sans le recours à l'infinitif esse eût fonctionné comme un infinitif.

u/~us
qui fourmt doit correspondre à la est la variante collee-
On lit ainsi Ch" PLAUTE, Pseudo 565 , ... nequ, sim 'OOlu,", quod ladu,"",
di'uom; mais 11 doit s'ag;, d' "ne exP"";on elJ[p li"ne, , <om P"nd" , ... "quod finale -'U-', J\ la finale -ril ("-'fi,) de - découle simplement
(m,) '.,Iu,"m (,,,,) d"uam. L'ex,mpI, d, ""lon "lé POc Pc''';,n (Ke'l,
GMmm. LaI., 11, 475) , illi palti'ili "" la'lucwn omnio) pcol s'expUq"" po<
l' ;nd ;IT'''n " on nomb" d, ses" les pe"onnes ""; P'om ollon l P,"ven l ;nd;IT,_
remment s'engager ensemble (sese (acturos) ou chacune pOur sa part (sese (ac-
lumm). Enfin, selon A"I"-Celle, Cie"on '"coil '''il(ln V"'nm, II, v, 167) •
". hanc sibi rem praesidio speranl (uturum (manu scrits (uturam). On peut se
j Iv. p. 151), on
tive. Am" la

p. défimt
se
:~~~ctive
355)' "nà-lurus re
. . par l' ap titude
ésentant a co 1
et virtuelle des
de la valeur s_ J ( fait en nasc-Liurus..'
. t'
subJec Ive
llectivité des
A
~o,;'''ci~dessoUS)
r Muee de l'adj ccbf en - u 'action en '-(-ew- (v:

à réahser e
eLres qUl,

est celui qm
1 procès « naître JJ ;
. .d P
chacun indlvl ue .e-

déf~,~se~\es
d,mand" ,; " l'çon l"n,m;" po< le g"mm';';,n n'esl po'nl "n moyen nli/lira repr. comme" nli/aru'. nction le morphème
terme entre praesidio ... tuturam (manuscrits); et un fautif praesidium ...
m; s~.
tUlurum, que la tradition manUscrite n'a point conservé. ment, se plans de l'origine et de la (Ole mé';'e thème que
352 -iürusAin"
s'estdéen a m généralement
"-to On possède constrm,' sur (0 ule de formations
amSl une
l'adjectif verbal en . 353
;

parallèles ama-lus.!ama-iürus; dclë-l.us/dclë-Iürus; audï-bs/audï-lürus; venil « il vient à usage)) - « il est utile ", etc ... , .ait contribué à unir
et, ~ans les fl~xIOns n~n « réguhères ", eap-Ius/eap-!ürus; lce-lus/ plus étroitement à la flexion verbale ces formes Isolées. 3° La consé-
lee-turus; mom-lus/mom-lürus; man-sus/man-siirus; f tc... On doit quence de cette annexion au système verbal ~es formes en -lu:n ct
cependant noter çà et là quelqucs absences de parallélisI;le : 1° En face -Lü (ou-lui) a finalement été que tout verbe. actIf possède en ,~ro lt ~~
de slèilus < * slH 2lo-, sla-lurus a reçu le vocalisme radical plein de sla-rc supin, même lorsque ne coexisteavec.ce ~upm auc~n su~stanl!l en -lu~,
(~'a~rèsJe type ama-lürus). 2° Le verbe « être ", qui ne possède point
autonome et de flexion complète. Amsl, des supms dle-lum, le~-lum,
d adje.cllf en *-lo-, connaît cependant un participe futur fii-iürus sont indépendants de substantifs * diclu-s, -ü-s; *leclils-s, -ii-s, mcon-
(en fait p~rallèle à un *fii~lu-~, ~boli après avoir s~rvi de base. à fiila- nus de la langue classique. . ' . '
re, et batl sur le degré redUlt bhw-lo- de la racme « devenll' ll; cf. L'interprétation fonctionnelle du .supm latm Im~l1qu~nt la
f~-re < * bhw-se). 3° A certains adjectifs verbaux qui ont pris analo-
connaissance préalable de la valeur ancienne du mor:ph eme -l-ew-,
g~quement la forme -sus (v. p. 351) correspondent parfois des parti-
nous essaierons de déterminer celle-ci en l'opposant a celle du mO,r-
cipes futurs conservant la forme -lürus (et non -sürus) : fluxus, mais phème parallèle * -l-ey, qui fournit en grec les ,n?ms en -crLe;; et en la,tm
flue-lürus (cf. flue-iii-s, -üs); mulsus (de mulgeo « traire))), mais mule- les noms en -li-o[n. En grec, constatant l'oppOSItIon ent!,e nO-CHe; « actIOn
lürus (cf. mule-lrum). 4° L'analogie de pcr-ï-lurus a entraîné, en face de boire )), et ÈO"fJ--rue; « action de manger )J , .P. Chantram~ a pu d éga? er
de * mor-lus, mor-luus, le participe futur mor-ï-lurus. Cette finale entre les deux suffixes une différence quasI aspectale : a la ~ormatlO,n
-ïturus. s'est étendue à des verbes de sens opposé signifiant « naître II en -crLe;, de valeur instantanée (on boit d'un coup) , la f~rmatiOn;n -rue;
ou « faire naître)) : or-ï-lürus, par-ï-lurus, nase-ï-Iurus (en face de or- s'oppose par sa valeur durative (on mange progr;sslVer;nent) " Par
lus, par-lus, na-lus. On notera, dans nase-ïlürus, l'introduction du ailleurs se fondant sur la valeur de termes comme o:yop"fJ-rue; (~ aptIt:-rde
morphème -se- de na-se-or). On voit mal en revanche quel processus à hara~guer ll; Èmrrue; « don de bienveillance ll; ÈÀE:''l'C'~e; «. aplltuder- a la
a pu entraîner fru-ïlürus (en face de fruclus); abnu-ïlurus (Salluste, pitié)), etc ... E. Benveniste (v. Noms d'agent et noms d aci~on, pp. 60 sq.,
Hlsi. l,50); et quelques autres. notamment 74) a pu définir ainsi les n~ms grecs en. --rue; : « Ils mar-
quent la disposition et l'aptitude, l'exerc~ce de la notIon comm~ vo~a­
tion et capacité de celui qui l'accompl1t, en un mot .l~ destmatlOn
Il. LES FORMATIONS LATINES DE SUBSTANTIFS subjective 2 ... II Quant aux noms latins e~ -tus, par OP?oSltI~n .aux noms
VERBAUX en -li-o[n de valeur objective, ils expnment de meme ( IbId., p. ~6)
« des notions de caractère subjectif. Ils énoncent le procès. du, pOlllt
Les substantifs verbaux du latin se ramènent à deux séries de vue du sujet, comme aptitude 0,u capa.c~té, ~omIJ1~ réahsa~iOn. ou
commt1:nément désignées sous les noms de supin et d'infinitifs. Leu; pratique personnelle ". Ainsi, à acllo, statLO.; qUI é~once,nt ,obJecllve-
formatIOn, comme leur emploi, sont fort différents. ment le fait de agere, slare, les noms aclus, slaius, expnment une
manière individuelle d'agir et de se tenir. . ' .
A. LE SUPIN Cette valeur fondamentale de destination subJec~lve, de vocatIOn
Il est constitué dans son principe par un ancien n01.1 d'action en à l'accomplissement virtuel d 'un procès, explique ~laIren:ent les deux
*-l-ew-/-l-w-, qui a pu en certaines langues s'associer étroitement au formations verbales latines dans lesquelles ~ll,e mterv~ent. E:le se
verbe. En sanskrit, il sert de base à la formation d'infiTtitif en -lv-a; manifeste très nettement d'abord dans le partICipe en -.iurus <, -lew-
cependant que le balto-slave l'utilise en une fonction semblable à celle ro _ (v. p. 353) , dont la valeur future se tire de l'idée Virtuelle
. é 1 mcluse .
du s~l(in lati~. En latin, cette formation en -lii-s se présente dans les dans *-iew-. Elle explique .auss~ c?mment s'est constlt~ , e SUpl~
conditIOns SUIvantes: 1° Assez fréquemment, un substantif en -lii-s latin, qui retient de la fleXiOn. a SIX cas les formes ?réclse~cnt o~
-ü-s est attesté, qui présente une flexion complète à six cas. Ainsi j'idée de destination virtuelle, mcluse dans le suffixe -l-ew-, se trou
pour gemiiii-s, -ü-s; usii-s, -ü-s; etc .. . 2° Parmi ces six cas, certains 1. Voir P. CUANTRAlNE, Les noms d'aclion pour « man ger )) el « boire ))
se sont trouvés plus particulièrement associés au verbe' un accusatif chez Homère (n.S.L., LIX, l, pp. 11-23). ,_ ' . _ , '
en -tu-m, un datif en -tu-ï (attesté surtout à date ancien'ne et ensuite ~~ . La formation ad je cliva le grecque en -TtoÇ ( -TU O-Ç), l)pe, ÀEX.TE OÇ « qUI
aligné sur l'ablatif); un ablatif en -Lü. II est possible que i'utilisation peut, ou doit, ètre dit D, procède de la lh émal~salion de-'lew-, el tire son emp lol
de ces cas dans des périphrases du type leclum ïrï (v. p. 357), iisü comme « participe d'obligation D de eelte meme valeur fondamenlale.
355
354
'4
1
vait renforcée par la valeur précise du cas. Ainsi, la forme en -lum,
refait adj. vbaI'yem-tu~s ,a erc' a yL (g)' na-lUs adjectif verbal de
ancien accusatif, se construit de préférence avec un verbe de mou- . ( fT té' 'gn8) un nom en -lû-s (* na-tu-s,
vement 1; et le tour ire dormilum, parallèle à ire Romam, insiste nette- dans na-lü matOr) a ete re aI t sur ,
ment sur la destination vers (un sommeil personnellement assumé). naseor.
La même idée de destination se retrouve aisément dans la forme en
-lui, ancien datif: res lepida memoratui (Plaute, Baeeh. ['2) est litté-
ralement « une bonne histoire que l'on se promet de raconter soi- B. LES INFINITIFS
même 2 ». Le supin en -lü, dans la mesure où il a pris le relai de la
forme en -lui, présente la même valeur. Lorsqu'il continue un ancien Le latin connaît aux trois voix und.ïnJlnnittiefnPdree' suex~st e!r~e~ .Îl{~t~!
. . t f't formes se IVlse . .
futur; un m?~lltl p~: al ..,-,.esfl 'tif présent actif, déponent, et passif;
/'0
ablatif, il demeure cependant possible de retrouver enc)re dans sa
valeur une trace de l'idée fondamentale: un événement dignum memo- série non penphras.lque . m l~l ' . éri hrastique : infinitif futur des
ralü est encore « digne d'un rapport virtuel », et comme « voué à être infinitif par.falt ~~tlf. 2° ~tnde, s ne ~ etpassif. Un examen plus précis
rapporté »; un événement lepidum diciü est « plaisant eu égard à des trois voix; mfimtlf parfaI eponen, ' . .
paroles virtuelles ». On notera que presque toujours la forme de supin des faits laisse apparaître les morphemes sUivants ,
énonce un procès chronologiquement postérieur à l'acte ou événement 1 Dans la série non périphrastique, un même morphèm e ~p,..pa-
en rapport avec lequel il est présenté. Nous retrouvons ainsi le dénomi- t et parfait Il se présente sous l a o"me
raît à l'infimtlf acb pr s~n bl dans ;s-s e « être »; es-se « man ger »
. . . Ï é
nateur commun au supin et au participe « futur » en -türus.
Du point de vue morphologique, les formes du supin, comme plus fondamentale -se, reconnalssa ,e . dans la finale -is-se d e 1'i:;} fi-
t . . t morp h eme -LS-
généralement du substantif en -lü-s, se conforment au paradigme de (~eî'ed-st\ Art:fin~~if
e présent de ce~tains
verbes ath ématiques , le
« quatrième déclinaison ». La forme du thème auquel s'adjoint le mtl p~r al . bit une assimilation après liquide (fer-T'e,. uel-le.:
morphème *-l-ew- mérite cependant attention. En indo-européen, morpheme
V P 74). Dans -se slue cas 1e p 1us fréquent , placé entre d-voyelles , il subit
il semble que ce thème ait comporté (contrairement à celui de l'adjec- le rhotacisme : ama-re, de l-e-re, lege-re, cape-re , au L-re.
. .
tif en *-lo-) le vocalisme plein; et c'est sur des thèmes II que reposent
skr. janilu- = lat. geni-lu-m (* gen-Hclw-); skr. damitu- = lat. 2 T' dans la série non périphrastiqu e, l'infinitif pr~sent
domi-Iu-m (*dejom-H 2 -lw-J, en face des adjectifs verbaux jàld~ =
(g)nalus < * gnHl-lo-; gr. ofLa--roç < * dmH 2-to-. Toutefois, le latin
dépon·e~t ~t ~~:si; utilise pl~:ie~~: n;.:-~ ~:"'.e,' (~i ~at;ai~I~SS;;;~:
a tendu à niveler le vocalisme radical des deux formations, et en les cOnjugals,?ns. S?l_ p~rtagea__ rï verë-rï delë-rï, mentï-rï, audï-rï).
-) et rL (LmL a-ri am" 1 . (fi . )
règle générale les innovations concernant le thème de l'adjectif en A date plus- anci.enne 1e' latin a connu aussi une fina e -ter Lg-ler
eap-L,
*-lo- (v. p. 349 sq.) ont aussi alTecté le thème du nom en -lü-s. Ainsi, ou -r-ier (im ilrï-rier ).
aux adjectifs verbaux ama-tu-s, delë-lu-s, iGe-tu-s, etc ... , corres-
pondent des supins ama-Iu-m, delë-tu-m, iae-tu-m, casum, etc ... Par- 3. La sé.rie pé;.iphr~s.tià~e v~~~: «e:èr~~) ~~~~eS~~r~~ta~j;cSt~~~I~~
fois, la difTérence ancienne de vocalisme entre les deux formations par l'adjonctIOn a 1 ~nfimtlf bre au sujet de l'infinitif es-se (proposi-
a.ccor?ée ~Il: genre e e~o~~r;
a été à l'origine de doublets. Ainsi, si d'après supin yeni-tu-m a été
à l'accusatif. C'est l' a djectif verbal en
tlon m~mtlve), et tolu é i hrases de type amalum , imilâium ess~
j
*-lo- ~~l entre. dans .es p r? nent) . et le participe en -iürus qUi
(infimtlf parfait pa~sl! et d?P~l _ l-'
1. On a ainsi, chez Plaute, des locutions perdilum ire (Au!. 706); piscalum
abire (Rud. 898); et, avec des verbes supposant à quelque degré le Jaouvemenl, es se (infinitif futur actif et
f 't 1 type ama-iurum LmL a- urum \ . . t
coclum, vapuliilum conducere (Aul. 457); nuplum dare (Aul. 27); ësum vocare ourm e . . . ' . art l'in finitif futljr passif, qUi J ux a-
(Slich. 182) j etc ... Celle vocation du nom en - *lcw- à déterminerm verbe de déponent). On dOit exar:nmer ~/ à une forme ï-T'ï, infinitif passif-
mouvement se relrouve en d'autres langues (sanskril notammEnt), ce qui
trahit l'origine indo-européenne de cette tendance. pose une forme _de ~UplD en u7 m LT'ï « dev oir être mariée » (litté-
2. L'idée de destination est plus sensible encore lorsque le s lpin en -lUi impersonnel de L-~e. le ,~our ~~Pc~eminement vers le m ;; ;iage ») est
entre dans un syslème de double datif; ainsi dans les tours csse vitiis oplenlui ralement : « le fait qu.i,l y . . A t rme de cette énurné-
pal~allèle a nup um ~o « ue toutes les form es nominales pré~~dant les
' i - Je valS me maner)) . u e
« servir à masquer les vices n (SALL., His!., 1, 24); esse alicui viclui, veslilui
(TACITE, Germ. 46) « servir à quelqu'un de nourriture, de vêlement ".
ratIO?: const_a~e
infimtlfsonesse, a ) qdé"Ja été étudiées; b) que les infimbfs es- se ,
LrL, .ont
356
357
i-ri, sont obtenus grâce à des morphèmes de la série non périphras- f-io, f-is, f-il, semblable au typ*e eap-io, eap-is, laTisse~a:;é~(;:e~~el'~~
tiqUe. Cette dernière, seule, mérite donc notre attention.
. fi ' Ï *r, > *~ re comme eapl-se > capere. ou
m 1mb 1L-?e e* ' *bh _, r (le -i de fier-i devant être secon-
pose un anCIen n~m fi-er < w y:d ù cette forme * fie r
1. Le morphème -se des formatiop.s actives (es-se, fuis-se, Lege- daire l, et analo~lque du ~ype eaP:l) . .t:.. ~nns;~o~~er comme passif de
re, etc ... ), est propre au latin, les autres dialectes italiques présentant (non encore refaIte enfierL) p,ouvaI\~éJa ~ 1 ~ d'autres formations
faeio elle aurait, par analogIe, pre sa ma e a
en son lieu et place une finale -om (osque edum « manger »; ezum (fig-i~r, gnose-ier duS. C, des Bacchanales, etc ... ).
c être »; ombrien erom « être », etc ... ), qui pourrait être celle d'un plus
ancien inanimé de type iempLum (v. p. 161). L'origine du morphème 3 Les morphèmes-ï el rï-. Ces deux morphèmes, ,sans aUédc~n
-se n'est point claire. La consonne -s- a chance de correspondre à , t t ' date classique les flexlOns m 10-
l'élargissement qui entre dans la composition des noms d'action dout.e apparen~és,. ~e':d~~ a~:nle ~orphème -ï est réservé à l:infir:itif
sanskrits en -san < *-s-e/on; et des infinitifs grecs en -eLV ().!:yeLv < *Àéy- ~:s~~V~!x~~nl~~~~at~que (~l-i, Leg-i), et à la oc troisième cofln]t-:galson
e-(a)-ev); cet élargissement pouvant lui-même procéder d' un figement " - -) 1 f r me -ri affecte toutes les autres eXlOns.
au vocalisme réduit du suffixe *-e/os de nom d'action, compris dans mIxte» (pal-t, eap-z 'da °t -t - Leg ï a reçu des interprétations
Le morphème -ï es ypes U -l, -, l.
gen-us = gr. yévoç, yév-ouç< -ea-oç. Quant à la voyelle -e de -se, elle peut . d' r reconnaître, traité de façon norma e en
en droit, à la finale absolue, continuer -e ou -i'. Cette v(.yelle peut dIverses, On a proposé A J hè * ' qu'attestent les formes
constituer, selon l'hypothèse envisagée, un ancien instrunental (-l) 1a t'1;0.' (v p 111) le meme morp me -al
'~l "é l ' ~o 1Il':'J-(XL etc Mais ces infinitifs grecs sont e
d
ou locatif (-l). Mais, au niveau historique, ' aucun indice sérieux .ne grecques eLOE;V-(XL, O. -r-' , ' " t ' t les équ'
t active' et il apparaît de surcroî a ravers -
permet d'a~signer à l'infinitif actif une origine casuelle précise. va1eur puremen . " 1 finale -(XL est en soi dépourvue
L'hypothèse d'un locatif, fréquemment retenue, pourrait faire (sous , valences éol. d7té(Ls:v/emé(L€V-ctL, q~e a . M 11 t (B S LXXXII
d 1 r ositive: il doit s'agIr, selon el e "'; ,
certaines conditions) de -se une forme parallèle à -ri de l'infinitif e v;9;~29§) d'une simple particule, que l'on retrouvera~t dans l~
passif (v. ci-dessous). ~~~inence tr~ pers. sing. primaire -(LctL (d'où, par analogIe" -aea e)
N. B. TOQs les problèmes concernant la forme du thème précé- face d'arcadien et mycénien -crOL, -'t'o L, formes anCIennes,
-'t'(XL, en 'blable qu'une telle particule (au demeurant
dant le morphème -se (ou -is-se) 'ont été traités chap. XII (forma- !l est trèhs peu vrmscemet non identifiée en d'autres formations latines)
tions de l'infectum) et XIII (formations du perfectum). mconnue ors d u gre , , .' '
't At e à l'origine d'un mfimtlf latm. '1
al P~ae rrécédente explication se révélant il1u~oire, o~ : l~~oqué :.
2. Le morphène -ier, qui sert dans des textes archaïq1.les à ra roctement de formes sanskrites en -ë, anCIen dabf , -~L a valeu,
former des infinitifs présents passifs, correspond sous cette forme au pp " . " , pour mener) issu d'un *ag-eL dIrectement .
type d'infectum thématique (Leg-o, Leg-e-re/Leg-ier). Le type -r-ier de destmatlOn : amSl aJ-e « , , l t -
tiré du radical sur lequel pourrait phonétlquemnt repo:er a l' ag~~,
qui apparaît dans les autres flexions (imiia-rier) est sans doute ' " ne' s'oppose à une équation formelle lat. ag L = S (r. elJe ,
secondaire, et emprunte -r- au type ama-ri, se~on le rapport Leg-ï M aIS SI rIen 't en 1afn dégacrée
. vanche n'explique comment se seral' lb , une
= Leg-ier; d'où amar-ï = amar-ier. nen en re, d nom d'action De plus aucun indice fonctl.onnel
Cette formation archaïque en -ier, longtemps obscure, est aujour- · valeur paSSIve e ceh' t ' ' ,) " a l" lU fiU 't'f l a t'm ,
d'hui, de toutes les formations latines d'infinitif passif, celle qui a observable a date IS onque ne permet d asslgner
. , lm l
( J, t
in 10 é uniquement en fonction de nominatIf ou ,accusa 1 sunou
reçu l'interprétation la plus claire. Selon E. Benveniste (Origines,
p. 145), la séquence *-er constitue le suffixe indo-européen de noms
~a~s ~ « proposition infinitive »)'. une valeur anL'1enn e évolu.~~t ~:
datif. Ainsi, cette seconde explica~lOn, co,:r~mment re t enue aU. e
d'action qui; dans le type i~t-er/*i-t-en-es > iiinis, alterne avec *-e'n~
lui-même formateur de noms d'action (infinitifs grecs en (L-S:V, -(L-ev-ctL : mieux n'est pas exempte elle aUSSI de fragIlIté, - b" -
L~ morphème -ri des types imita-ri, ama-n, etc .. " corn me a -L
homo d7té-(L€Vj type d~-év ~(xLj type ÀéyeLv< -*e-a-ev; etc.,.). Quant au
morphème -i- de i-er, il représenterait, figé en fonction d'élargissement, par rapport
'le degré réduit de *-ey, suffixe de nom d'action (inclus dans *-l-(e/o)y- 1 Le subjonctif préterit fierem serait lui-même secondair~
(ainsi coupé
à ce Îierï refait, le rapport ditlé-rildele-rem ayant entraîné fic-n
du type gr. 7to('YJaLç). L'infinitif fieri (servant de passif à faâo) a pu,
dans la constitution du type en '-ier, jouer un rôle important, La flexion par l'usager) 1fie-rem,
359
358
œ_
une con son ne -r-, d'or igin e peu
de Fes tus par aît s'op pos er la form clai re 1 : à une glose dasi = dar i
e pakari du Il Vas e de Due nos »,
(da ns un con tex te à peu prè s que
inin tell igib le) on a vou lu ass imi
class. pacârï. La situ atio n est d'a ler à
uta nt plu s con fuse que , si l'in terp
tati on pakari = pacârf est ave ntu ré-
reu se, la form e dasi de Fes tus peu
s'in terp réte r de deu x faç ons : 10 t BIBLIOGRAPHIE
Elle par aît imp liqu er -r- < -s-,' 0
peu t aus si se réfé rer à la pro non 2 Elle
ciat ion d'u ne épo que (co rres pon
au rho taci sme ) où -s- ten dai t ver dan t
s -r-, mai s où inv erse me nt des AVANT-PROPOS. Le l~cLeu: q~ i CelL con sult era la lisLe suiv ante d'ou
tati ons se ma nife stai ent en sen s
opp osé (v. p. 59) 2. De ux dire ctio
hés i-
être ave rti sur deu x po~nts .' e liste n'es t null eme nt exhvrag es doit
aus tive ou
peu ven t dès lors être rete nue s ns 1. sem en t imp ress ion ner par sa long
limi tativ e. 2° Elle ne dOit pom
un étud iant déb utan t. Not re prloP mv~r eulem~nL de sugg érer que lque s l ecLures,
en vue d'u ne exp lica tion . t, u eur
1. Si -r- rep ose sur -s-, l'en sem el de rend ro poss ible la eon su La t~s es s des espr iLs inLéress és ou curi eux , de
ble -ri peu t rep ose r sur *-s-ai IOn, par
(et, mal gré le par allé lism e obt cert ains ouv rage s fond ame ntau
x. d
enu ave c l'in fini tif gre c en Afin de perm ettr o au 1,~et
ho·x utile s nou s sign alon s par
asLérisquos les ouv rage s qu II eU\ :~s~lu~ent co~nalLre; par deu x a S,tLTis-
typ e ÀÜ-crCXL, on retr ouv e tou tes -crCXL, trois
les rése rve s form ulée s plu s hau
l'af fixe *-ai); ou sur *-s-ei, qui t sur dOl . urto ut prof itab les il des élu
cor resp ond rait à la finale -se de que s des ouv rage s fond ame ntal
ux, t~~IS u~ des ou v rages qui, cll;).uts
jtua-se Il pou r viv re )), dat if de des skr . plus ava ncé s; enfi n, par un seu dan s
nal en -s. Cet te deu xiè me inte
tina tion form é sur un thè me nom
i- ~s ri ~IOi . l'étu dian t pou rra pr \.:ne mêm e
rubr ique , font que lque p~u .dO U atiq uer une
écon omi e do tem ps en cholsslss~nt ~,~;;- ou l'~utre.
rpr éta tion est le plu s com mu ném
adm ise (no tam me nt par E. Ben ent
ven iste , Origines, p. 146). La con Il con vien t enfi n de préc iser e les ou vrarres ci-d esso us énu mér és ne
-s- pou rrai t être , dan s tou s les cas, son ne des no~s d'au teur s mai
le deg ré réd uit_ du suffixe *-e/os son t pas rang és selon. l'ord re alp~ q:t
de nom d'ac tion (v. p. 358). ab Iqu~divisions en foneti~n dess, à l'int é-
rieu r mêm e des ~ubrlques et ~e mat
trai tées . En ce qUI concerh~etn?
~:~tSI~ rub riqu e 'III, Z) (lin guis tiqu e ières
a~ latin e),
2. Si (ce qui est peu pro bab le) l'ord re des mat ière s est: IS Olre la lanO"ue . gram mai re gén éral e;
pho néti que ;
-r- est anc ien , on pe d son e
pos er -ri < * -r-ei,. -r- éta nt alor ger à mor pho logi e; lexiq~e .
b'
s le deg ré réd uit du suffi:;ce de . t
La bibl iogr aph ie con cern dn 1aynt axe fiO"urera dan s le volu me ulté rieu r
d'ac tion *-e/or, incl us dan s le typ nom s",
e en -ier (v. ci-dessus). don t celt e mat ière fera l'ob jet.
N. B. Si l'on pos e que la finale
*-s-'[,. et si l'on adm et que la fina -re de l'in fini tif acti f rep ose sur
le -ri méd io-p ass ive con tinu e *-s-
on est con dui t à con stat er ei,
que le cliv age acti f/dé pon ent
cor resp ond rait à une diff éren ce -pa ssif 1. LINGUISTIQUE GÉNÉRALE.
de voc alis me dés ine ntie l. Fau te
con naî tre de faço n pre cise , grâ de
ce à des doc um ent s suf fisa mm
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par ativ es, l'or igin e exa cte des
phè mes lati ns, le cliv age ains i mo r- -PEOROT (J.), La ling uisl ique . Pari
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lle n'en réso ut. -LEROY (M.), Les gran ds cour . d ne
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sim plif iant e selo n laqu elle -r- sera
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giqu e de la form atio n acti ve en it ana lo- 1967. .
-re: on ne voit pas pou rquo i,
amti -re/a mtj- ri, l'ac tif lege-re n'au à côté du cou ple _ (G) La ling uist ique du XX
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(v. ci-d essu s), a été par Fes tus da-s i, form e anc ienn e de
faus sem ent com pris e com me un l'ac tif da-re - -MALMBE.RG (B) .,
Les nouv elles lend ance s de la ling . 1·
. . uts tquc . Pari s ,· 1"96 6 (tra -
bl· é
de da-r i. Du poin t de vue de
la
pass if, anc être duit du suéd ois; orlg mal pu 1 en 196Z) . .. .
(cou rant IV· siècle) est anté rieu chro nolo gie pho néti que , le pass age -s- >-r - BUYSSENS (E .), La com mum.ca l'on cl l'arl icul alio n ltn guls l tque .
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com
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anci en ne con dui t à auc une inte
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MYOL, 111; 163; Mywv, 164. oMV't"oç, 190. tr. 7; 183; 7tctT€PEÇ, 185. 7tOp6I1TEÇ, 90; 342; voir 7t€7tpWTctL.
(Mw), ÀUcrw, 270; 329; tMETO, -OVTO, el>wl>ct, 58. rrctüpoç, -a, 87; 109. 7t6crLI;, 126; 355.
279; tÀu&tjv, 292; ÀUcrELa, 325; ÀÜcretL, (f)otl>cx, 62; 85; 86; 109; 268; 275; 302; rr€SOIl, -ou, 134. 7t6croç, -"l], 239.
360; ÀUOVTet, 341; ÀU6[LEVOÇ, 277; oLcrOcx, 50; 52; 275; OUlE, 275; 276; rrEL (dor.), 152. 7t6TEPOÇ, -a, 56; 151; 211; 227.
Àuaet~et, Àu6lv't"et, 341; ÀEÀux6ç, 273; (I>[LEII, ra[LEII, 302; dl>tvctL, 339; 341; rrEL8w, -oüç, 197. (7tOuç, 7toMç), 7t6SCl, 127.
ÀLÀuXMet, -OV't"et, 341. 358; 359; i:(f)LI>OIl, tIl>oll, 129; 305; rrdOw, -EL'J, 71; 108; 125; 128; 284; (7tPcX't"'t"w), t7tP<XX6"1]II, 292.
!I>wv, 85; 86. rrLfh1a<ù, 292; trrL66[L"I]II, 305; 7t€rrOLO<x, (1tP€crouç), 7tP€crou (voc.), 197; 1tpÉa-
[L:xLVOI.w:L, 261; 291; t[LcXV"I]v, 292; 293. (f)o!)(La, -ctç, 152; 153. 86, 109; 267; rrErrLBELl/, 305; rrErrLeWII, OELÇ, 201.
[Let)(p6ç, -a, 151. (f)OrxOL, 111; 162. 86; 305. 7tplv, 213; 251.
[LctÀ6et)(6ç, -~, 73. oLxoIII>E, 239. 7t€)(TW, -ELII, 288. 7tp6[Loç, -"l], 251.
([LetvOav<ù), l(.w:60v, 305. (f)oL)(OÇ, 109. 7téxw, -ELI/, 288. rrpoaw7tLx<x1 (ciV't"WIIU[LLaL), 217.
([La~Lç, -LOÇ), [LcXVTL, 197. 0(11"1], -"I]ç, 21,.2. 7tEÀ<X1I6ç, -oü, 152. rrpwToç, -"l], 250.
[Ltyetç, 71; 86; [LiC<ù, 210; [LtyLcrTOÇ, 212; (f)oLlloç, 109. rr€Ào[L<XL, -EaO<XL, 56; 349. ~aaw, 293.
213. !SfLÇ, oLç, 95; 189; 190; 196; 199; 202; 7t€[LrrToç, -"l], 250. =-WcrLÇ, -EWÇ, 137.
[LdYVU[LL, 351. 016ç, 189; 199. 7ttvO[LctL, 261. 7tÙp, 66; 134.
([LdpO[LetL), l[L[LOPE, 59. oLoç, 109; 242. 7ttvTt, 14; 244. 7tW [L<X , -ctTOÇ, 63; 66.
[Ldwv, 212; 287. eXTw, 95; 245; 249; 250. 7ttrrpWT<XL, 90; 7tOp6I1TEÇ, 90; 342 péw, 125; 126.
[LtÀL, 74; [LiÀLTOÇ, 74; 176. eÀEOpoç, -ou, 281. 7t€rrw, -ELII, 2l.4. p'ij [L<X , -ctTOÇ, p~[LctT<X, 118.
[Lt[LOVet, 267; 302; 303; [Lt[Let(LEV, 302; (IIÀÀU[LL), oÀw, 281. 7téaaw, -ELII, 284. r·lLy€W > -w, lppLy<X, 59.
[LE[LaT<Ù, 334; [LEI~et6TCX, 347. of.LCXMç, -~, 95; 192; 193; 253. 7tETcXWU[LL, 293. pLyoÇ, -ouç, 59.
[L~w, -ELV, 293. e[Lôpoç, 190. 7t€TO[LctL, 126. plÇct, -"I]ç, 125.
[LEcr6TIlç, -l)TOÇ, 258. o[L'fjÀlxoç, -aÀ'xoç, 194. 7té't"'<ClpEÇ (béot.), 243; voir TÉTT<XPEÇ. acX(f)oç, 88; 348.
[Ltcrcro~, -"l], 53; 71. IillaaLç, 65. 7tEu60[LctL, 128. ~LXEÀLa, 97.
[LE't"0X~, 340. !SilE (thess.), 233; 234. 7tE<PIlELII, 307; voir 8dl/w. ~LX€ÀOÇ, 97.
[L~I>Of.LCXL, 261. (,lIllla[LL, ollicrw, 65. mj (dor. ), 163. axctL(f)6ç. 108.
([L~V, -6ç), [Ll)vwv, 203. Ovo[LCXaTLX~ (=-waLç), 138. 7t'~YW[LL, trrcXY"lJlI, 105; 30 f.; 7t€1t7jyct, 303; a6ç, T€OÇ, 224.
(.LirrrlP, [LaTIlP, 14; 16; 76. evo[Lct, -ct'L'Oç, o1l6[LctTCX, 118. 349. a,dllSw, 58; crrr€IISO[L<XL, 292.
[LLV, 225. I5rroL, 238. 7tl[L7tÀ"I][LL, 152; 281; 7tl[L7tÀéi[LEV, 281. a,cXaLç, -EWÇ, crTcXcrLII, 192.
[LLvU6w, -ELY, 212; 288. I51t\lL (crètois), 239. 7tlvw, 7t'L6L, 7t€7twx<x, 66; 7tlo[LIXL, 271; 329. a,ctxuç, -uoç, 189.
[LUp[L"I]~, 81. 07t6aoç, -"l], 239. (rrl7tTw), 7tEaoü[L<xL, 126. aT€yw, -ELII, 52.
optyw, -m, 65; 73; OPEXT6ç, 351. 7tlcrTLç, -EWÇ, 191 ; 341. cr-rlY[L<X, -ctTOÇ, 287.
VCdXL, 236. optaTtpoç, -ct, 192. 7t1'tVa[LL, 287. <J't"IÇw, 287.
vcxùç, 100, 190; VEWÇ, 190. (lIpoç, -ouç), IipEa'PL, 238. 7t1'tVw, 287. aT6pllUl.LL, -vuaL, 287; a'L'pwT6ç, 67; 288;
VCXUTaÇ, 168. OpLa'L'LX~ (lyxÀLaLç), 269. 7tlTUç, 15. 314.
vd'PEL, 284; 287. (lIpIILÇ), epIILII, aU. epIILO<x, dor. IipVLXct, 36. 7tÀciyL<XL (7tTWaELç), 138. ~TpcX6wII, 177.
vtoç, -a, 76; 95. (IIPVU[LL), I5pvuaL, 63. IlÀcXTwII, - WIIOÇ, 177. aTpWV\lU[LL, crTPWT6ç, voir aT6pl/u!1.L.
vt\J[LCX, 134. lIç, 9), 0, 226; 231. 7tÀtLII (adv.), 212. crU, 104; 221; dor. TU, TUII"I], Tt, 22'1; or.,
VEÜcrLÇ, 134. !SaTtOIl, -oü; 63; 65. 7tÀ€XW, -ELII, 128; 179; 283. 221; aoü, aOL, TOL, 222; Uf1.E'LÇ, 223.
VE'PtÀ"I], -"I]ç, 53. oaTLç, OTL, a.aact, a.'t"'t"<X, 230. 7tÀljOoç, -ouç, 128. <JÜXOII, -ou, 15.
VLV (dor.), 225. IhE, 233. 7tÀ"I]p~ç, -€Ç, 128. crUII6EToÇ, -"l], 1ft; 53.
vl<pcx (ace.), 57. ouOctp, -ctTOÇ, 53; 11 0; 175. 7toSct7t6ç, -~, 75. a<pup611, -oü, 52.
v6[Loç, -ou, 32; 130. (ouç), wT6ç, 190. 7tOL, 238. <J"..(IÇw, -ELI/, 52; 58.
vO[L6ç, -ou, 32; 130. OUTOÇ, 234; oUToal, 228; 272; TouToIIl, 7tol"l][L<X, 134.
IIUXTWp, 153. 228. 7tol'f)aLç, 131,.; 178; 191; 358. TctÜpOÇ, -ou, 109; 150.
IIU~, vuxT6ç, 190. o(hw, 163; oihwç, 253 . 7tOL[L~V, -ÉIIOÇ, 177; 181; 273; 3f.1. TctUTéi (adv. dor.), 238.
vu6ç, -où, 59 . (f)èSxoç, -ou, 27; 53; 69. 7tOLII~, -ljç, 109. TE (particule), 227.
7tOLOç, -a, 229. T€yyw, 287.
0, 1J, 233; T611, TIjv, 233; TOLO, 229; TW 7ta80ç, -Ouç, 258. 7t6ÀLÇ, 89; 7t6ÀL (voc.), 197; 7t6ÀE~)Ç, TElI/W, 86; 288; T€T<XI~ctL, 303; TClT6ç, 75; 86.
163; 01, 163. 7t<xLSapLOII, -ou, 131,.. 7t6ÀLOÇ, 189; 199; 7t6À"I]L, 7t6ÀEL, 200; TtLXOÇ, -Ouç, 53; 95; 128.
Gyl>ooç, -"l], 246 ; 249; 250. 7t<xlSLOII, -ou, 134. rr6ÀELç, 71; 201. TEÀct[LWII, -WIIOÇ, 66; 68; 288.
I5I>E, 1')I>E, 233; 234. 7t<xïç, 7t<XLMç, 87 . 7tOÀtTaÇ, rroÀLT<X, 168. T€[LIIW, 292.
I51>0ç, -ou, 105; 284. 7t<xTIjp, 14; 16; 88; 14 7; 181; 182; 7tcXT€P, 7tOÀL,LX6ç, 97, T€OÇ, 224; voir cr6ç.
368
369
TEaaapOCKOaT6ç, 252. cpd:TtÇ, 191.
TtaaEpEç, 56; 2103, voir TénapEç. cpaüÀoç, -l], 87.
TETayt:>v, 276; 305; 323; 3109. cptpw, 52; 73; 95; 268; cpépouO't, 326:
mapToç, -l], 250. lcpEpE, lcpEpOV, 326; oraw, ~vcy1<ov, 268,
T€TOpEÇ, 186; 2103; voir -rÉnapEç. cptpWV, 31010.
TmapEç, 110; 2103. cpEUyw, 295; 7técpEuya, 307.
"lJÀbcoç, TiiÀb(Qç, 1910. <j>1jyoç, -ou, 15.
Tl6l][.Lt, 53; 61; 62; 66; 129; 258; 273; cpl][.LL, cpa[.Lt, 610; 281; CPl]O'L, 52; 61; 63;
286; TlBE1.LI:'J, 61; 62; 66; 129; TlOE[.Lat, . cpcX[.Ll:'J, 61; 281; lcpaTo, 261; cpIXT6ç, 66.
129; 258; l6l]l<a, l6E[.LI:'J, 110; 37; 53; cpOtvu6w, 288.
63; 2910; 3010; 313; TtOévat, 152; OET6ç, cpO l'lw , 288.
350. cptÀtW > -w, 293; 2%.
TL[.LcXW > -w, 29'.; 296; TL[.Lifç, 323. cplÀoç, -l], 293. INDEX DES MOTS DE LANGUES ITALIQUES
TbtTE (hom.), 56; 227. cpÀtyw, 293. AUTfmS QUE LE LATIN
TLÇ, 56; 225; 226; 227; TL[8, 226; 228. cpMÇ(~, 53; 55.
(·:+;-~r, ; II) . 1'.',:r,O''''. :;15; ':";r,~. :;15. <I>o!vl.Xr;, 109.
TÀaT6~, TÀlJT6ç, GS ; ~-r).av, lTÀl]v, 348; cp6voç, -ou, 57.
cpopÉw > -w, 292. AbréviaLions : fal. = falisque.
T€TÀan, 303.
cp6poç, -ou, 292. omo = ombrien.
T6[.Loç, -ou, 32; 130.
cppa.-i]p, -EPOÇ, 53. os. = osque.
TO[.L6ç, -où, 32; 130.
T6voç, -ou, 86. cppa..~p, -EPOÇ, 53. pé!. = pelignien.
(cpuÀIX;), cpuÀal<oç, 1810; cpuÀal<Eç, 185. vén. = vénète.
T6aoç. -l], 239.
TpcX7tE~a, -l]ç, 250. cpuÀ-I] , 16; 203.
cpuatç, -EWÇ, 68. os. ae/eis (gén. sing.), 199; ailiiûm os . czum « être " 352; 358.
TptIÇ,. 11.; 201; 2103. (gén. pl.), 202.
Tpé[.Lw , 311, (cpuw), lcpuv, 30'.; 313; 7tzcpul<a, 52; omo laçia « laeia/ " 323.
7tEcpUl<t:>Ç, 119; cpUT6ç, 68; 95. os. aisusis (daL abL pl.), 187. os. lakiiad - laeiat " 323; 324.
TpÉ7tW, 292; 3108 .
cpwv7], -1jç, 610. omo berus (dat. abl. pl.), 203. os·lame/, 160.
TpÉcpW, 86; TtTpocpa, 267; TéOpa[.L[.LaL, 8G.
cpt:>p, 1010. os. braleis (nom p!.), 55 ; 68. os. lelaeid (subj. pH.), 305; lefaeus/
TptW, 311. omo Mm (ace. sing.), 107; 204 .
TptcXl<OVTa, 2[.5; 2106. (fut. anL), 305 .
(XcX~O[.Lat), XEl<cX80VTO, 305.
fal. earelo, 332. os. leihus (nom. sing.), 95; leihuss
Tpt<ix.6aLoL, 210 8. os. eas/rid (ab!. sing.), 201.
TpLal<OaT6ç, --l], 251. (Xa(pw), Xa[pEL, 53; tXcXPl]v, 292; xapT6ç, (ace. pl.), 164.
51;297. os. eas/rous (gén . sing.), 199. os. fluusasiais (daL ab!. pl.), 171.
TplElw, 315 pél. eoisa/ens, 108.
Tplç, 251; 253. XcX[.LlXt, 52. fal. loied - lzodie », 208; 235.
os. deded, 275.
TplTOÇ, -l], 212; 2108; 250; 251. XEt-l] , 53. omo Ira ter (nom. pl. ), 186; fralrom
os. deieans, 324. (gén. pl.), 187.
Tp6[.Loç, 311. XEL[.LEptv6ç, -l], 81; 153.
os. deiuai (daL sing.), 169.
-rpocp6ç, 86. . , XEL[.LtpLOÇ, -a, 153. os. lulans - eran/ " 25; 327; 333; fusl
os. deiuaid - iure/ ", 323; deiua s/
-ru (dor.), 221;n (dor.), 221; vOIr au~ at. XEt[.LEp6ç, -a, 153.
- iurabi/ », 330.
- eril " 330; lurenl _ erun/ "
XEL[.Lt:>'1, 53. 330; lusid -Iorel »,324; 325; 326.
Xé(f)w, 53; 70; 86; 110; XUT6ç, 51;
os. deiuinai' (dat. ab!. pl.), 171. omo lzapinal (ace, pl.), 170; lzapi-
u8wp, -aToç, 1310. os. Diumpais _ Nymplzis » (dal. pL),
UEt (impers.), 263 . 86. narum (gén. pl.), 171.
171. os. lzerrins « eaperen/ " 321; 325.
ut (adv. crétois), 239. '1..-1]'1, 53.
os. Diliuei (dat. sing.), 181. os. lzumuns (nom. pl.), 186.
ut,)ç (crétois), 16 ; utuvç, 202. xOaf.LaMç, --1] 52; 192. omo duei, 132. .
umoç, -ou, 126; 152; 291. XOéç, 52; 60. os. Mrllii (dat. sing.), 162.
X0t:>v, -o'l6ç, 52; 13r.; H9; 181. os. edum - manger ", 358. omo ile, 238.
i)7to-.al<TLl<·~ (lyl<ÀtO'LÇ), 269.
os. eehiianasum (gén. pL), 171. os. iiu « ego ", 220.
U<TraTOç, -l], 212. '1.. 0 (f)-I], 86.
os. egmazum « rerwn • (gén. pL), os. iuse (nom. pl.), 163.
XOÀ-I], -1jç, 53. 170.
cpcXal<W, -Etv, 289. XUTpa, -aç, 95. os. Iwlzad _ eapiat D, 323.
os. eisai (Ioc. sing.), 169. omo kapirus (dat. abl. pl.), 188.
os. ci/uas (gén. sing.), 168. os. Icers/lU _ eena », 25.
tal. cqo, 220. os. huais/ur. qua es/or • (nom. sing.),
om o erom _ êLrc », 352; 358. 181; Iwais/urei (dat. sing.), 184;
om o es/u • is/e », 234. Iwais/ur, (nom. pL), 186.
omo eturs/amu (impér. ), 278. os./egis (dat. abl. pL), 187.
370 371
Cal. loifirla (nom. sing.), 110. • quae • (nom. pl.), 230; paam
Cal. loiflrlalo c liberlalis D (gén. « quam » (ace. sing.), 168.
sing.), 110. omo punes (gén. sing.), 199.
vén. louderobos • liberis » (dat. pl.), os. puliiad • porlel n, 323.
110; 187. os. pulurus pid « ulerque ", 227.
os. loufir » li beal D, 278. omo puz u ul " 56.
pél. loufir « liber • (nom. sing.), os. sakarafir (impers.), 278.
110. os. sa/crannas « sacrandae " 345.
os. luisarifs (dat. abl. pl.); 203. os. sa/crasias « sacrariae D, 157.
omo mani (abl. sing.), 201; manf os. sa/criss (dat. abl. pl.), 203.
(ace. pl.), 25. omo seriflas (nom. fém. pl.), 54; 170.
os. mediss (nom. sing.), 25; mediss omo semenies « semoniis n (loc. pl.),
(nom. pl.), 186. 171.
os. meflu « medius » (nom sing.), omo subocau, subocavu " subvo- INDEX DES MOTS LATINS
71; mefiai (loc. sing. Cém.), 169. cavil? ", 313.
omo mehe • mihi • (dat. sing.), 222. os. suvam « suam ", 224.
vén. meXo, 220. omo lafle « labula J (Ioc. sing.), 1G~. ab, 84; abs, 251; 253. adulcscens, -nlis, adu/cscenlum, 187.
omo mulu « mulla D (nom. Cém. omo lefe • li bi », 222. abiés, -élis, 180. adulescenlulus, 150. -
sing.), 168. omo le/curies « decuriis " (dal. abl. abicio, -lre, 101. adullerium, -l, 157.
os. Nuvlanus (nom. pl.), 163. p\.), 171. (abiüro, -lire), abiürlissil, 330. (adüro, -cre) , aduslus, ~9.
laI. pafo, pipafo « bibam • (lul.), os. Ifei « libi n, 222. abllilivus, 138. advena, -ae, 166.
332. vén. lolar, loler « fert D, 278. abluo, -lre, 97; ablülus, 351. (advenio, -ire), advenal, 323.
os. palir (nom. sing.), 181; palerei omo lolam « civilalem ", 168; lolar, (abnuo, -lre), abnuilürus, 354. aedes, -ium, 108; 19~; 202.
(dat.sing. ), 184. 101 as (gén. sing.), 168; Iule (dat. absum, abesse, ~7; absim, 322; aedi(lcium, -l, 157.
omo pelsans « pulsandus " 315. sing.), 16~; lula (abl. loc. sing.), absens, 187; 343. Aemi/ianus, -l, 152.
omo pequo (duol?), 132. 170. acccdo, -lre, 78. Aeneadcs, oum, 171.
os. pelora « qualluor », 243. os. loulad • civilale II (ab\. loc. sing.), (accipi6, -lre), accepso, 32~; acci- aeneus, -a, oum, 157.
os. pihaner « piandi _ (gén.), 345. 170. piem (Cul.), 332. aequalis, -e, 1~4.
Cal. pipafo (v. pafo), 285. omo trifous .lribus . (gén. sing.), 19~. accüsiilivus, 138. aequc, 210.
03. omo pis. quis _, 227. omo ludero (gén. p\.), 187; luderus accüso, -are, 110. aerumna, -ae, 167.
omo poi « qul » (nom. sing. masc.), (dat. abl. p\.), 188. aceo, -ëre, 290. aes, aeris, 104; 107; aere (dal.),
228. os. lui c duo» (nom. p\.), 132. acer, acris, 95; 103; 147; 192; 193; 184; aerid (ab\.), 185.
omo porlaia • porlel », 323. os. luvai • luae » (dal. sing.), 224. 197; acerrimus, 213. aeslimo, -lire, 110.
os. praesenlid « praesenle -, 343; os. upsannam « operandam D, 345. acësco, -lre, 200. aelernus, -a, oum, 153.
344. pé\. upsaseler « operarelur ", 324. Achlvl, -orum, 27 . aevum, -i, 153.
omo prinuvalus • legali _ (nom. pl.), omo urlas « orlae » (nom. pl.), 170. liclio, -onis, 351; 355. Africlinus, -f, 152.
163. omo vasa (gén. pl.), 187; vas us (dat. liclor, oris, 35 1. agel/us, 150.
pél. prismu • prima J (nom. sing ab\. p\.), 188. liclus, -üs, 355. ager, -grl, ~5; 102; 103; 150; 160.
Cém.), 213; 251. omo veiro (duel?), 132. ad,58. aggero, -lre, 78.
os. prufalled « probavil J, 275. omo villaf « vilulas D (ace. pl.), 170. adiigium, -i, 72. agilis, -e, 1~2.
os. prufe • probe " 25. os. viu « via» (nom. sing.), 168; adbibO, -lre, 78. agi/o, -are, 298.
os. pruned « posuil " 275. viai (loc. sing.), 169; viass (ace. (addlco, -ire), addiclus, 98. agmen, -inis, 134; 177.
omo prumun • primum », 251. p\.), 170. addo, -lre, 285; adde, 103; adduim, ago, 62; ~5; 125 ; 170; 284; égl,
os. puf, 238. omo vufeles (dal. abl. pl.), 70; 350. 322; addam, 32~. 106; 307; 310; axim, 322; 330;
omo pufe, 238. la\. zenaluo « senalris » (gén. sing.), (addüco, -lre) , addüxl, 309; addü.xe- agere, 355; agl, 35~; aclus, -a,
os. pui • qui D (nom. sing.), 228; 1~~. ril, 331 ; adduclus, 99. oum, 47; 65; 105; 106; 134; 351.
pai « quae D (nom. Bing.), 228; omo zeref « sedens J, 343; 344. (adfera) , a/lulï, 78 . agreslis, -e, 102.
pus « qui » (nom. pl.), 230; pas os. ûcolom « dieculum ", 150. adimo, -cre, adëml, 311. agricola, -ae, 166; agricolum (gen.
(adolcsco, -lre) , adullus, 98. pl.), 171.
(adspeclus, -ils), adspeclü (dal.), 200. allénus, -a, oum, 59; 104; 153.
arfuisse, 58; 80. aio, ais, 72.
adlingo, allingo, -ire, 7~; 98; allinge (Alba, -ae), Albiii (gen .), 16~.
(Cul.), 332; alligat, 323. albMo, -inis, 178.

372 373
--- ~'----,

a/ bei5, -lre, 2~0; 2\)3; 2~4. amalus, 337; 338; 339; 349; 354; ardea, -ëre, 294. aurifex, -ieis, 101.
a/bèsci5, -ère, 2~0. 356; amatarus, 354; 357; aman- ardor, -oris, 175. auris, ois, 190.
a/bidus, -a, oum, 2~4. dus, 337. arduus, -a, oum, 211. auso, -are, 297.
a/bor, -i5ris, 175. ampora, -ae, 27 . area, -ëre, 294. auspex, -icis, 102; 179; 180; 298.
a/bus, -a, oum, 293; 294. ampul/a, -ae, 101. argenlum, -l, 65 . auspicor, -arl, 298.
a/csco, -ère, 288. anCis, -lIlis, 53. aridus, -a, oum, 100; 155; 294. aulumnus, -lumpnus, -l, 81; 154.
a/geo, -lre, a/si, 310. allceps, ancipi/em, 174.; ancipill, 185. ariës, -élis, 180. auxilior, -arl,l-are, 262.
alicubi, 56; 193; 238. ancora, -ae, 27. arma, -orum, 1~2. auxi/iarius, -a, oum, 158.
alicunde, 239. anglna, -ae, 167. armtirium, -i, 158. auarilia, -ae, 206.
aliènus, -a, oum, 153. ango, -cre, 287. Arpinas, -iilis, 158. auarus, -a, oum, 69.
alimonium, -l, 158. angor, -oris, 157 . Arpinum, -i, 194. aueo, -ëre, 294.
aliquandi5, 193. anguis, ois, 190. arripio, -ère, 78. auidus, -a, oum, 100; 294.
aliquis, aliqua, aliquid, 227; 237. (anima), animabus, 172. ars, arlis, 102; 178; 191; 197; auis, ois, 190; aul, aue, 201.
alis (= alius), IGO; 193; 2~5; animal, ois, 194; 198; allimale, 198. arlibus, 203. axis, ois, 1 ~O.
a/id, 160. animosus, -a, oum, 254. arlificium, -l, 157.
aliter, 95; 160; 193. animus, -l, 124; 125; 151; animl (arlus), arlubus, 203. baca, -ae, 84.
alius, -a, -ud, 58; 193; 227; 235; (IDe.), 162. aruos , -l, 156. bacchana/, -alis, 194; 198.
237; 295. Ania, -cnis, 177; Anièn, 177; Anio- arx, arcis, 82; arci bus, 203. barba, -ae, 52; 192.
a/mus, -a, oum, 151; 245. lIem, 177. asialicus, -a, oum, 157. barba/us, -a, oum, 154; 179; 339;
aM, -i!re, 151; 154; 245; 284; 340; allnus, -l, 192. asina, -ae, asinabus, 243 . 347.
a/uI, allus, alilus, 316; 350. (h)allser, -eris, 53. asperuga, -inis, 179. barbësca, -i!re, 291.
al/ar, -ris, 194; 198; aillire, 198. all/e, 65; 71; 103; 139. aspiro, adspira, -are, 82. (basis, ois), basim, 197.
aller, 211; 235; allerius, 237; al/eri, all/ea, 232. asprëda, -inis, 178. (bello, -are), belliilur (impers.), 2G4.
237 . . AlIlemllaUs, oum, 194. assenlior, -iri, 78. bellum, -l, 70; 192; belll (IDe.), 162.
al/eru/cr, 237. (all/es/i5), allleslaminO, 335. (as/ulia, -ae), aaslulieis (ab!. pl.), bellus, -a, oum, 70; 95; 150.
al/rinsecus, 239. an/isles, -slitis, 179. 172. bene, ~4; ~5.
al/us, -a, oum, 74; 151; 164.; 245. anu/us, 150. A/heniensis, -e, 194. biM, -ere, 66; 285; bibil, 24; bibl,
a/umnus, -l, 154; 277; 340. (anus), anuis (gén. s.), 19~. a/riënsis, -e, 194. 307; 308.
a/uus, -l, 149. anxius, -a, oum, 157. a/rox, -ax, 136; 179; alracl (ab!. bibu/us, -a, oum, 150.
amabilis, -e, 193. aper, aprl, 150. sing.), 185. bimus, -a, -Ufll, 111.
amasco, -i!re, 290. aperia, 70; aperibo, 334; aperul, alla, -ae, 84. bini, -orum, 254; bina millia, 255.
ambii5, -Ire, 338; 339. 316; aperïre, 296. a//icissa, -are, 27. bis, 70; 243 ; 248; 253.
ambilii5, -i5nis, 338; 339. apio, 291; épI, 307; ap/us, 349. auceps, -cipis, 100;, 101; aucipum, bonus, -a, oum, 70; 95 ; 135; 136;
ambi/üs, -Us, 338. apis, ois, 1 ~O; apcs, ois, 190. 100. 209;211.
amM, 133; 242; 243. apisco, -ère, 391. auclio, -anis, 178. bas, 27; 55; 110; 135 ; 182; 195;
(amica, -ae), amiclibus (dat. pl.), (Apol/o), Apo/ani!s (gen. s.), 184; audacia, -ae, 1G7. 196; 204; bauem, 9; 182; 204 ;
172. Apolonei, Ap%né (dat. s.), 184. audax, -ax, 136; 180; audacl, 185; Muis, 182; 195; 204; bOui, 204;
amicilia, -ae, 206. appel/a, -are, 46; appellassis, 330. audacior, 211, audacissimus, 213. Muid, 185; bOue, 185; 204; bôbus,
amiciliès, -ëT, 20G. appendix, -reis, 179. audea, -ére, 100; 294; 207; ausim, bübu.~, 110; 204.
am 0, 112; 274; 290; amor, 259; apud,58. 322; 330; ausus, 348. bracchium, -i 1bracchia, -ae, 137.
260; amliris, 278; amalur (impers.) aqua, -ae, 134; 16G. (audiO), audiba, 334; aUdiam, -es, breuia, -arc, 297.
264; amaM, 332; amassi5, 330; (Al]lli/ia, ae), Aquiliaes (gen. s.), 169; 332; 334; audïbam, audiëbam, breuicu/us, -a, oum, 150.
331; amaM, 332; amabar, 327; ariilrum, -l, 151; aralro, 230. 328; audiui, 314; 317; audislî, breuis, -e, 1~2.
328; amabanl, 25; amaul, 24; 284; arbiter, -tri, 58; 80. 69; audï, 335; audiam, -as, 323; brüma, -ae, 70; 100.
312; amauislis, 276; amas/i, 317; arMs, arbor, -oris, 74; ~8; 175; 324; audlre, 280; 343; 357; auc/ïrl, bücëlum, -l, 154.
amaueram, 326; 333; ama/e, 94; 181; arbOrem, 182; arbOris, 98; 357; audien/em, 343; audilus, 154;
ama/o, aman/a, 271; 335; 336; 99; ; 175; 182. 349; 354; audî/ürus, 354. cachillllus, -i, 52.
amem, amés, 64; 71; 112;323; arca, -ae, 73. auditorium, -l, 158. cadauer, ois, 175.
amamlnl, 154; amassls, 330; arcess6, -cre, 289 . augeo, -ère, 109. cada, -i!re, casus, Casum, 79; 83; 105;
amarem, amliuissem, 324; amassés, arcuo, -ü/us, 351. augësco, -i!re, 109. 106' 195' 350' 351' 35G' cccidi
330; am are, amari, amarier, 357; arcus, -Us, 1~5; arcuis (gén. s.), augur, -uris, 175. 106; 305'. ' , , ,
358; 359; 360; amëilum (iri), 1~9 ; arcü, 143; arcubus, 188 ; augus/eus, -a, oum, 157. Caecilius, -i ICaecilis, 160; Caecill
357; amans, 174; 180; 181; 187; 203. aureus, -a, oum, 157. (voe.), 160.
374 375 .
-----------------~~------~~.

ca cd J, -ére, 284; cecidi, 306. caslus, -a, -um, 47. claudo, -ére, 45; 100; 288; clausi, conqulra, -cre, 110.
caeleslis, -e, 192. caso.s, -as, 137; 195; (rët;llls), 138; 311; clausus, 311. consec/or, -ari, 98.
(caclicola, -ae), caelicolum (gén. (obliqUl), 138. claus/rum, -l, 151. conservus, -1, 98.
pl.), 171. Catilina, -ae, 97. cliivis, 288; cllivim, clavem, 198. conspicor, -ari, 262; 298.
caclum, -l, 108; 137; caelus, -i, 137. calulus, -l, 97; 150. clepo, -cre, 310; 350; clepsi, 310; conslo, -are, 82.
caemen/um, -i Icaemen/a, -ae, 137. causa, -ae, 297. cleplus, 350. (consuësco, -cre), consuëmus, 317.
Caesc'ir, -aris, 176. causa, -lire, 297; 298. cliens, 185; 343; cliente, 185. consullado, -lnis, G9; 178.
ca/car, ois, 198. caulé/a, -ae, 167. clueo, -ëre, 343. consul, ois, 75; 102; 138; 169; 176;
caldus, -a, -um, 99; 100. caveô, clivi, 316. clunis, ois, 190. consull, 111; 169; consuk, 103;
ealc(iO, -ieri, 328. caverna, -ae, 167. (cocpiü, -cre), coepi, 307. 163; cOllsulés, 138.
calidus, -a, oum, 99; 100. cédo, -cre, 105; 284; 289; céssl, cognosco, -cre, 76. consulii/o.s, -DS, 196.
caHx, -ïeis, 179. ccssum, 105. cogo, -cre, 112. cOllsulo, -ére, 176.
(calvus, -a, -um), calvom, 160. celer, -ere, 103. cahors, -orlis, 191. conliigia, -onis, 178.
cameLlus, -i I-ellus, -l, 83. -cella, -cre, -culsus, 74. collis, ois, 74; 151; colli, colle, 201. con/emno, -ére Icon/empllo, -cre, 81.
eamplinus, -a, oum, 152. celO, -lire, 298; celéissis, 330. coLlum, -l,56; 79. con/emp/or, -lirl, 297.
candëla, -ae, 167. céna, -ae, 25. colO, -ére, 195; 281; 349; colul, 316; con/iceo, -ére, 269.
candëlûbrum, -l, 151. (céno, -arc), cénasso, 330; cénâlus, cullus, 349. conlia, -onis, 185 .
canis, ois, 90; 135; canum, 203. 154; 348. columna, -ae, 167. (conven/ia, -onis), convenlionid, 185;
caniliës, -ci, 20G. cénsor, -oris, 75. colus, -ûs, 216; colo.s, -l, 149; 216; convenlione, 185 .
cano, -cre, 297; cecinl, 305. cen/enl, -oram, 255. colo, 216. .;onver/a, -cre, converti, 307.
canlo, -lire, 297. cenlésimus, -a, -um, 251; 252. comés, -Ws, 36; 102; 179. convlva, -ae, 166.
can/üs, -ûs, 195. cenlië(n)s, 253. comi/ii/o.s, -as, 196. copia, -ae, Ill.
canus, -a, -um, 206. cenlum, 21; 75; 248. commilUo, -anis, 177. coquina, -ae, 27; 56.
capar,-is, 194. cerebeLlum, -ll-Lla, -ae, 137. commons/ro, -are; commollslrlisso, coquo, -cre, 56; 244; 284; 350; 351;
caplix, -lix, 65; 180. cerebrum, -l,59. 330. coc/um (supin), 356; coc/us, 56;
capesso, -ére, 28\1. Cerés, -éris, 182; Cerérus (gén. commanico, -lire Icommünicor, -lirr, 350; 351.
eapio, ois, 71; 295; 296; 299; s.), 184. 262; 298. (coquos, -1), coqUéS (nom. pl.), 163.
capiëbam, 328; capiam, -és, 323; cerno, -ére, ,crëvi, 288. coma, -ére, compsl, 311. cor, cord[s, 183; corda, 202.
332; caps 0, -sis, 329; 330; cépl, cerllimen, -inis, 75. comparo, -lire, 99; 298; comparassil, cor bis, ois, 190.
64; 66; 88; 295; 301; cape, 103; cerLe, cerléd, 163. 330. corcalum, -i, 190.
capere, 98; 280; 295; 349; 357; ceri us, -a, -um, 349. comparco (-pcrco) , -cre, compiirsi corniger, -era, -erum, 97.
359; capi, 357; 359; capien/em, cervix, -leis, 179. (-pérsl) , 306; 310. (Cornisca, -ae), Corniscas (dat. pl.),
343; cap/us, 45; 46; 66; 77; 78; Cherea, -ae, 166. compungo, -cre, compunxl, 310. 172.
349; 354; cap/Drus, 354. Cicero, -onis, 177. concido, -ére, 110. cornIx, -ieis, 179.
Capi/o, -anis, 177. cieo, -ére, 71; cllus, 297. condno, -ere, concinui, 306. cornum, -l, 216.
capsa, -ae, 167. cinaedus, -l, 27. conclüdo, -ére, 110. cornu, -üs, 69; 104; 195; 198; 351;
(caprigena, -ae), caprigenum (gén. cinis, -eris, 98. concor3, -cordis, concordl, 185. cornua, 202.
pl.), 171. circënsis, -e, 194. concubi/o.s, -Ds, -a, 200. cornülus, -a, -um, 154; 351.
caprin us, -a, oum, 153. eilo, -are, 297; 298. concupisco, -cre, 291. corolla, -ae, 83; 100.
cap/ivus, -a, -um, 156; capllvl, 156. ClVlCUS, -a, -um, 97. concurri/ur (impers.), 261. corona, -ae, 297.
capu/, -ilis, 97; capi/a, 186. civllis, -e, 103; 193. conculio, -cre, 101. corona, -are, 297.
carbOniirius, 158. clvis, 70; 136; 18G; 189; 196; 197; con dico, -ére, 110. corpulenlus, -a, -um, 155.
carcer, -eris, 176. civim, 60; civem, 136; 186; 189; condi/or, -üris, 174. corpuscalum, -l, 150.
cardo, -inis, 241. clvl, 70; 71; 186; 200; 201; con do, -ére, 38; 286; cOlldi/us, 11; corripio, -ére, 78.
carmen, -inis, 81. cive, 143; 185; dvcs, 70; 71; Ill; 53; 3·19. corruplela, -ae, 167.
car/hûginiénsi.~, -e, 194. cl vis, 104; ceivcis, 202; clvi um, condDco, -ére, 110. crabro, -anis, 59.
oro, 90; 147; 183; camis, 143; 202; civibus, 53; 187; 203. (con/cro, -/erre) , con/uU, 76; 78. crasslpes, -es, 174.
183; carnem, 183. clvilas, -iilis, 179. conflcio, -cre, 37; con/écl, 75; conjCc- crasHnus, -a, -um, 153.
(Car/hago, -lnis), Car/hag1nl (Ioc.), clan go, -ére, 287. lus, 37; 98; 11 O. cratis, ois, 191.
184. clarus, -a, -um, 103. con/ldü, -cre, 110. cré brésco, -ére, 291.
(ûrus, -a, oum, Hi1. cliissis, classl, cliisse, 201. canivco, conlVl, 307; conlxl, 307. credo, -cre, 33; crëdam, -iis, 322;
cascus, 87. claudico, -are, 298. conicio, -ere, 100. créduim, 322.
cas/rcnsis, -e, 194. Claudius, Clodius, -l, 110. coniux, -ugis, 17\). crëdulus, -a, -um, 150.
376 377
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crei5, -lire, 290. dcclinus, -a, oum, 152. dCe/o, -are, 297. doml (loc.), Ill; 139; 162; 169;
crepi/Ils, -Gs, 195. decem, 75; 151; 212; 245; 254. diclii/or, -oris, 176. 184; domas (gén.), 199.
crepo, -lre, 288. december, -brl, 245. dileula, -ac, 150. donec, 239.
crlsco, -ire, 151; 290. decemuIrl, -orum, 245. dils, 71; 156; 162; 197; 204; 205; donum, -l, 64; 88; . 152.
crlbrum, -l, 151. decerpo, -ire, 98. 206; 207; 208; dièm, 72; 107; dormio, -ire, 291; 296; dormI M,
crlnis, ois, 190. deeel, 95. 182; 197; 204; diei, 207; 208; 334; dormilum, 356 . .
crlnllus, -a, oum, 154. deciés, 245; 253. die, 162; 207; dilbus, 208. dormise6, -ére, 291.
crocodilus, -lf-illus, -1, 83. decimus, -a, oum, 151; 212; 245; diffleilis, -e, difflcul, 198. dorsus, -Ifdorsum,-l, 137.
crGdllis, 193. 250; 251; 252. dignus, -a, oum, 76; 78;95; 152.· (dos, do/is), d6/em, 67.
cruen/us, -a, oum, 155; 254; 345. Decius, -l, 245. dlluuies, -el, 97. (drachma, -ae), drachmun (gén. pl.),
crGs, crUris, 174. deeuma, - ac, 97. (dlmico, -are), dimiciilur (impers.), 171; draeuma, 27.
cubiculum, -l, 150. decuplus, -a, oum, 244. 264. duapondo, 243.
cuM, -are, 298; cubuI, 315. decüria, -ae, 245. dlrigo, -ère, 59. dubius, -a, oum, 71; 211.
cudo, -lre, cudl, 307. défcndo, -ere, 57; 288; défendi, 307. diruo, -ère, 59. ducenllnl, -ürum, 255.
cuius, -lilis, -aUs, 194. dtformis, -e, 192. disco, -ère, 290; didiel, 306. ducen/ésimus, -a, oum,· 251.
cuius, -a, oum, 194; 229. dégo, -e, 192. dIuis, -es, 136; dIui/is, dilis, 69; ducenll, -ae, 248.
culmen, -inis, 177. dègo, -ire, Ill; 112; dégl, 112. dllior, Ill. ducenlie(n)s, 253.
culmus, -1, 151. deinde, dein, 103. diurnus, -a, oum, ·153. dGco, -ére, 95; 284; 348; dCÏX1, 309;
cul/Ils, -Gs, 195. diüs, 204. dOc, 103; due/us, 95; 284; 348
cum (quom), 228. (Delos, -1), Dclei (Ioc.), 162. DiGs (Fidius), 127; 129. dudecie(n)s, 253.
cuncllIbundus, -a, oum, 156. déleo, -ère, 281; 299; délèbam, 327; dialinus, -a, oum, 153. duleed6, -lnis, 178.
cunc/or, -arl, 82. 328; dlléul, 312; 316; délëras, 69; rlluid6, -ére, 284. dulcësco, -ére,291.
cu ne/us, -a, oum, 82. déleam, -lis, 112; 323; 324; dëlère, dIulnus, -a, oum, 69. dulcis, -e, 102; 103.
cupido, Cnis, 178. 90; 343; 357; dëUrl, 357; 359; dluus, -a, oum, 70; 204.. dum, 233.
cupidus, -a, oum, 155. délëns, 174; 181; 343; délëlus, d6, 35; 104; 282; dabam, 328; dumec/a, -ae, 167.
cupio, -lre, 291; 295. 154; délendus, 156; 346. dédl, dldïl, dèdfmus, dédérunl, dumlaxa/, 323.
cllr, 56; 104. démo, -ere, 47; 112; dempsl, 81; 133; 275; 276; 303; 313; duim, duo, 71; 133, 242; du6s, 133.
cllra, -ae, 297. 311. duam, 66; 67; 322; 323; dém, drl6decim, 247.
cCiralio, -ünis, 178; 339. démus, -a, -um, 151. dés, 104; 112; 322; 323; 325; dUCldeeimus, 252.
curculio, -ünis, 178. dlnl, -arum, 254. ditre, 282; 286; 299; 333; darI, duodënl, -orum, 254.
cllro, -are, 109; 297; 343; cOra, 109; dens, den lis, 190; 343. 360; danlem, dandus, 343; 346; drlèldéuleesimus, -a, -um, 252.
cOrduil, 108; cürauerun/, 108; eou- (dénunlio, are), dénun/iamino, 335. dalus, 61; 66; 86; 91; 349. drl6deuiciës, 253.
raueron/, coerauère, 109; cGran- dénua (adv.), 97. doce6, -ire, 280; 290; 292; doeul, duodeulginll, 247.
lem, 343. dëpon6, -ère, 261. 97; 316; doclu~ 95; 316, 350; duplex, -icis, 179; 185; 242; 243;
curro, -ire, 195; cucurrl, 306. désino, -ére, 60. doclior, 211; doclissimus, 213 .. 244; 248.
curralis, -e, 193. (dlsum), dèsim, 322. docilis, -e, 192; 198. . duplus, -a, oum, 242; 243.
currrls, -lis, 195; currul, curra (dat. deus, -l, 70; 145; 204; deus (voc.), doelOr, -oris, 350. dupondium, 243.
sing.), 200; currum (gen. pl.), 159; deum, deorum, 165; dea, doelrina, -ae, 350. dllrësco, ére, 291.
203. deabus, 172; . dëuas = deis, 172. doUibra, -ae, 167. dGri/ils, -el, 206.
cuslodio, -Ire, 296. (deuilo, -are), deullauerun/, 331. domeslicus, -a, oum, 157. dGrus, -a, oum, 206.
cuslos, -odis, 179. dexler, -era, -erum, 151; 211. (domina, -ae), dominabus, 172. duumuirl, orum, 243.
cu/is, ois, 102; culim, eu/em, 198. (Diana, -ae), Diana (dat. sing.), (dominiilus, -üs), dominalll (dat. dux, duei~ 34; 60; 68; 75; 102;
108; 169; 172; 207. sing .), 200. 143; 144; 145; 182; 187; 198.
(Dalma/a, -ae), Dalma/as (nom. dIeax, -ax, 65; 180. dominus, -l, 16; 24; 33; 34; 60;
pl.), 170. dico, -are, 95; 129; 298. 102; 104; 108; Ill; 136; 138; ea (adv.), 238.
damnas (es/a, sun/o), 168. dico, -ére, lQ8; 284; 297; 348; dixi, 145; 146; 152; 159; 163; 164; 168; ebur, -ikis, 98.
damnum, -l, 152. 58; 82; 269; 309; dixtl, 312; 172; 207; 208. eburnus, -a, oum, 98.
dalluus, -l, 138. dlcam, dicéM, 344; dieè (ful.), domi/or, -oris, 66; 90; 350. ecce, 233.
da/or, -orem, 35. 332; dlxero, 94; dixim, ois, 322; domo, -are, 76; 90; 126; 315; eequis, 226; 227.
dl, 239. 330; dlc (impér.), 103; dlxisse, domui, 315; 350; domi/us, 315; ed(j « manger " 105; 282; 283;
deamo, -lire, 112. di.u, 312; die/um, dfe/ui, 196; 356. es/ur, 264; edi, 106; 305; edam,
dé bco, -ire, 112. 355; dIclD, 200; dIellls, 51; 95; dom us, -l; el domus, -lis, Ill; 126; edim, 283; 322; édère, ésse, 283;
débil, -e, 197. 348. 216; domuIs (gén. sing.), · 199; 357; ësus, 79; 105; 350; ësum, 356.
378 379
1
r r
ldüeo, -tire, 45; 68; ëdüealldos, 34G. (exereilus, -üs), excreiluïs (gén. sing.) familia, -ac, !:l4; 102; 103; 137; lido, -lre, 54; 71; 106; 108 ; 125;
ldQei5, -ére, 78; 82. 199. familiam, !:l4; 102; familias (gén. 128; 175; 284; 348; f1sus, 54;
edülis, -e, 193. exilium, -l, 157. sing.), 206; famUils, 172. 106; 348.
eHeri5, eHerre, 78. exlm, 239. familitiris, -e, 194. figo, -lre, 56; 167; 310; flxi, 56;
(efflcii5, -ére) , effieiëlls, 13G. eximius, -a, oum, 97. famullfamulus, -i, 102; 160. 167; 310; 352; figier, 74; 357;
eHrènis, -e, 192. eximi5, -ére, 33; 81; excml, 311; ftinum, -l, 152. 359; flxus, 352.
eHringo, -ére, !:l8. exemplus, 81. fardo, -ire, fal'(e)sl, 310. figulus, -l, 150.
egënus, -a, oum, 59; 104; 153. exislimo, -{irc, 110. farrügineus, -a, oum, 157. flgüra, -ac, 53; 353.
(cgeo, -ère), egëlur (impers.), 264. (cxpedio, -ire), cxpedl bO, 334. fas, 174 . fWus, -T, 16; 66; 160; 162; [We,
cgestas, -ltilis, 59; 104; 153. expello, -lrc, cxpull, expulSl, expul- faslidium, l, 2% . fill (voc.), 160; 162; filios, 202;
égo, 67; 94; 220; ég6mel, é{juplc, sus, 310. faslidio, -irc, 296. filia, 16; 160; fWüs (gén. sing.),
220; 221 ; mé, méd, 22; 58; 94; 104; cxpergiseor, -l, 291. falcor, -ri, 66. 170; fWae, 136; fUils, fWabus,
220; met, ml, 222; 223; mIM, c.'Cpelesso, -lrc, 289 . fauslus, -a, oum, 101. 172; 208.
ml, 53; 160; 222. (cxsü{jo, -érc) , cxsQ{jcbü, exsügam, faucu, -ére, füul, 312; 313; 316; flllx, -ieis, 100.
ëlégtins, -tins, 99; 174. 334. faulus, 313. flndo, -ère, lOG; 287; f;dl, 287;
ëllgo, -érc, 99. (exlermino, -tirc) , cxlcrmintilo, 278. fauilléseo, -lre, 291. fissus, 106; 287.
ëloquenlia, -ae, 33. eXlcrnus, -a, oum, 153. (febris), febrim, fcbrem, 198 . fillgo, -lrc, 53; 106; 287; .310;
ëlol]uium, -i, 157. exlerus, -a, oum, 211. februtirius, -a, oum, 158. flnxi, 287; 310; fielus, 95; 106;
emo, -ére, 283; 305; 306; 310; exlimus, -a, oum, 213. féeundus, -a, -um, 53; 156; 340; 346. 287.
lmit, 48; ëmi, 48; 59; 276; 305; exlra [d, 170. fll, feUis, 53; 176. flnio, -ire, 296; 300.
306; 309; cmpsl, 59; 309. exlrëmus, -a, oum, 211. fëlés, fClïs, 1!:l0. finis, -is, 296; fini, fine, 201; flneis
ëmungi5, -lre, émunxi, 310; ëmunelus, CXlrinsecus, 239. féllx, -lx, 64; 179; 180; 340; fëliel, (nom. pL), 202.
351. exul, -ulis, 176. finilimus j-Iumus, !:l7; 152; 213.
185.
(ënIeo, -tirc), cnietisso, 330. exulO, -lrc, 97; 176. flo, 328; 35!:l; fis, fil, 359; flerem,
felio, -lre, 340.
ënsis, ois, 1!:l0; femeUa, -ae, 101. 359; flerl, 70; 359.
eo (adv.), 238. fa bel/a, -ae, 101. fémIna, -ae, 53; 167; 340. flrmus, -a, -um, 151; 250.
eo, is, « aller », 283; 328; 334; fabula, -ae, 167. fcmur, 73; flmInIs, 148; 175; 176; fiuo, -erc, 55; 167; 310; v. figo.
ilur (impers.), 262; 264; 279; faecsso, -lre, 28!:l. flm6ris, 148. {laeeus, -a, oum, 87.
Ibam, 328; ibo, 334; eam, 283; faeeliae, -arum, 1G7. (Fiaea, -ac), Flaeti (dat. sing.),
fera, -ae, 57.
lrc, 71; 102; 108; 179; 283; (faciès, -ei), faeiè (dat. sing.), fertilis, -e, 193. 169.
334; 342; 357; 358; ~~ 357; 207. fereulum, -i, 150. {la.gilo, -iire, 298.
358; Uns, eunlem, 342. faeilis, !:l0; facile, facul, 198; faei- ferio, -ire, 296. {lagrum , l, 151.
equa, -ae, 136; 167. lius, 211. flro, 52; 73; 95; 124; 268; 282; {lamcn, -lnis, « flamine », 177.
el]ues, -ilis, 97. fado 37' 295' 299' 306' 307' 328' 295; fers, 79; 80; léli111, 111; {ltimen, -inis« souffie., 177.
el]ueslris, 1!:l2. fa~icm '(fut.{, 332; fax6, 322~ 329~ 275; 303; 305; lüll, 268; fer" {ltiueo, -ére, {ltiui,314.
equiltilüs, -üs, 196. 330; faeic (fut.), 332; flfd/iéd, ferle, 32; 34; 79; 80; 103; feram, {lauus, -a, oum, 156.
equos, -1 (el]uus, eells), 50; 56; 69; 304; fëcéd, 102; 274; 276; fcei, 283; lulal, 323; ferrem, 324; {leeM, -lrc, 288; 310; {lexi, 310;
160; 172. 14; 22; 37; 53; 58; 63; 88; 106; ferre, 5!:l; 74; 79; 82; 283; 357; {lcxus, 311.
ergi5, 94. 269; 275; 286; 2!:l5; 304; 306; ferëlls, 343; 344; ferenlia, 186; {leo, -èrc, {lëram, 111 .
erWs, -e, 1!:l3. 307; 349; fèeisll, 35; 36; fae, ltilus, 68; 74; 78; 348. {los, -oris, 182.
crrtibundus, -a, um, 156; 346. 103; faxim, 322; 329; 330; flrox , -ox, 179; 185. {luetuo, -arc, 297.
(erro, -tire) crrtilur (impers.), 264. 331; fdelre, !:l8; 343; 349; facien- ferrugo, -IgInis, 179. {luc/üs, -üs, 55; 56; 134; 1!:l5; 354.
erus, -l, 160. lem, 343; faelus, 66; 106. ferus, -a, oum, 160. {lümelL, 134; 177; 183; {lüminis,
(esea, -ae), csetis (gén. sing.), 1G8. ftigInus, -a, um, 152. ferueo, -ëre, 2!:l3; ferul, 316. 183; {lümina, 186.
èsurio, -ire, 353. ftigus, -l, 15; 135; fti{ji, 136; 138; {luu, -lre, 53; 106; 284; {luxi, 56;
fcruor, -oris, 293.
euidcns, -èns, 342. 143; 144; fdgo, 143, 144; ftigarum, fibula, -ac, IG7.
309; 310; {luc/us, lOG; 351; {luxus,
euideor, -rI, 342. 138; ftigls, 145. fieclum, -i, 154. 354; {luelürus, 354.
ex, 253. falcula, -ae, 157. fic/ilis, -e, 192. fodina, -ae, 167.
exeello, -ere, 151. fodio, -ire, fossus, 54; 79; 106; 349.
fallo, -lre, 288; 306; fefelli, 306; ficus, -l, 15.
exerèmcnlum, -l, 288. falsus, 288; 306. fldelis, -c, 102; 103; 193; 253. foedero, -tire, foederüll, 109.
exeubiac, -arum, 1G7. faix, falds, 82. Fldenates, oum, 194. foedus, -éris, 109; 175.
excmpléiris, c; exemplar, 198. ftima, -ac, 192. (Ides, 71; 91; 208; 215; fldeï, (ldë folium, -ilfolia, 137.
exemplum, -l, 81. famés, ols Ifamés, -ci, 205. (gén.), 207; fldl (ab!.), 208. fons, fonlis, 70.

380 381
lor, 261; laris, lümur, 281; Iii/ur, lu/go, -lre, 284. gera, -lre, 283; 311; gessl, 311. Illc (adv.) 162.; 238.
52; 63; larl, 88; 1'24; 299. lulgor, -6ris, 294. gi bber, -eris, 176. hic, haec, /zoc, 234; 235; 236.
loraga, -Cnis, 178. lulgur, -Gris, 175; 294. gibbus, -a, oum, 84. hiem(p)s, -émis, 53; 59; 71; 76;
lorceps, 100; lorcipem, 100. luligo, -inis, 178. gigno, -lre, 175; 269; 285; 315; 181; 182; 185.
lorès, -ium, 186. lu/men, -inis, 82; 177. genul, 315; 350; genilus, genilum, hi/arus, -a, oum, 27 ..
lorma, -ae, 192; 250. lu/mina/ (impers.), 264. 350; 356; 357; gignen/ia, 342. hinc, 239.
lormica, -ae, 81. lulvus, -a, oum, 156. gi/vus, -a, oum, 156. hio, -are, 290.
lormldô, -inis, 178. lümus, -l, 151. g/acies, -ei Ig/acia, -ae, 206. his/rio, -anis, 26.
lormosus, -a, oum, 155. lundô, 53; 105; lüdl, 106; 110; glans, -ndis, 55. IzOdie, 208; 235.
lormus, -a, oum, 57; 151. 307; lüsus, 105; 106. g/ôs, -oris, 16; 174; 182. /zodiernus, -a, oum, 153.
lornax, -l1cis, 157. lundus, -l, 199. glU/en, -inis, 177. /zomiJ, -inis, 95; 147; 177; 181; 183.
10rnIx, -Ccis, 179. lune bris, -e, 59. g/ul/a, -anis, 177. homunciO, -ollis, 178.
lorI), -are, ·298. lunes/us, -a, oum, 154. gnarus, -a, oum, 68; 126. /zomuncu/us, -i, 150.
lors, 102; 19 I. lungor, 261; lungere, 262. gnüvlls, -a, oum, 70; 156. honeslü.s, -/a/is, 98; 154.
lorlis, -e, 102. IUllis, ois, 190; lU/lUS, -eris, 59. gradatim, 192. hones/us, -a, oum, 101; 154; 175.
lorlilado, -WIS, 178. lar, laris, larem, 32; 33; 34; 104; gradior, -l, 52; 195. ILonas, 94; 175; 181; honiJr, 181; 211;
(lor/ana, -ae), lor/anas (gén. sing.), 181; 182. gradus, -fIs, 195. honoris, 94; 181.
1G8. lurcu/a, -ae, 167. gradivus, -a, oum, 156. /zorior, 53; 297.
lorum, -l, 53; 70; 137; lorus, 137. lasilis, -e, 193. graecissô, -are, 27. /zor/or, -ari, 53; 51 ; 297.
lovea, -ae, 53. lü/a, -arc, 64; 88; 354. (graiugena, -ae), graiugenum (gén. hospi/Q/is, -e, 193.
loveo, lovl, 313; 316. la/ilis, -e, 193. pl.), 171. hospitium, -i, 157.
Iragilis, -e, 192. la lis, ois, 191. granasca, -lre, 290. flOs/icapas (nom. sing.), 168.
Irangl), Iregi, Iraclus, 105; 187; 304; grandis, -e, 192. hoslilis, 193.
307; 349. gal/ina, -ae, 135. grfilia, -ae, 68. hos/is, ois, 20Z.
IrG./er, ~lris, 16; 53; 160; 176; gallinaceus, -a, oum, 157. gratis, Ill. hac, 109; 162, 238.
IrGlrès, 186; Irülribus, 165. ganeum, llganea, -ae, 137. grülus, -a, -lIm, 55; 68; 246; 348. /zümiinus, -a, oum, 152.
Iraxinèlum, -l, 154. gaudeo, -ère, gavisus, 100; 350. gravedo, -inis, 178. humerus, -i, 236.
Iraxinus, -l, 152. gaudium, -11 gaudia, -ae, 137. gravis, -e, 55; 192. humidus, -a, oum, 100.
Iremi/ils, -as, 195. gelidus, -a, oum, 155. grfIs, uls, 189; 195; 204; 215. humilis, -e, 192; 193; humilior, 211;
Irenum, -i, 192. gelu, -as, 195; ge/l (gén. sing.), 21G. guberno, -are, 27. humillimus, 213.
Irigea, 294; 310; Irixl, 310. gemellus, -a, oum, 101; 150. humus, -i, 52; 134; 149.
Irlga, Irixi, 310. gemi/ils, -as, 195; 354. /zabeo, 293; /zabui, 316; habère, 316;
Irigus, 59; 294; IrlgiJris, 175. gemmasco, -lre, 290. ha bi/us, 298. iaceo, -ère, 293; iacui, 316; iacère,
(Irondosus, -a, oum), Irondasm (gén. (gener), generis, generibus, 1G5. habilis, -e, 192. 316.
sing.), 168. genlrô, ·-are, 98; 290. iaciO, 293; 295;·298; 299; 306;
ha bila, -are, 298.
Irons, -ntis, 190. generasco, -lre, 290. habi/üdo, -inis, 178. iecl, 295; 304; iuclre, 343; iaciëns,
FronlO, -anis, 177. genelrlx,64; 65; 135; 179; 180; gene- Mc (adv.), 238. 343; iac/us, 356.
Iruclils, -as, 102; 136; Iruclurs /rlcis, -ici bus, 65. /zaereo, haesl, haesus, 311. iaclO, -are, 298.
(gén. sing.), 199; Iruc/a, -/uum, genilivus, -a, oum, 138. haruspex, -icis, 179. i am, 227.
-libus, 201; 202; 203. geni/or, -ôris, 14; 61; 66; 68; 88; haruspicium, l, 157. iani/ricès, oum, 16.
Iragiler, -Iera, -Ierum, 21 I. 124; 1'25; 126; 127; 176; 350. haurio, hausl, hausus, haus/us, 311. ibi, 238.
Iragilerens, -ens, 'lI I. geniJ, -lre, 175. hebeo, -ère, 290. icia, -ére; ico; lci, 307.
(Iruor), Iruimina, 335; Iruc/us, Irul- gens, -nUs, 126; 19 I. he bèsco, -ère, 290. idem, 59; 104; 232; eadem, '232;
larus, 354. genu, -as, 69; 104; 126; 127; 195; he/vus, -a, oum, 156. ldem, 232.
Irulicl/um, -l, 154. 198; genuii, 202. herba, -ae, 167. idaneus, -a, oum, 211.
luga, -ae, 65; 129; 180; 297. genus, 16' 66' 98 ' 126' 174' 175; /zerbèsco, -ére, 29 I. iecur, iecinis, 71; 73; 148; 175;
1ugax, -ax, 65; 180. 183; 184;' 325'; 358; g~neris, herbllis, -e, 192. 176; 183; iecoris, 148; iecinoris,
lilgil), -lre, 295; lagl, 307. 184; 325; gener~ 67; 103; 186; herbOsus, -a, oum, 155. 148;
lugillvus, -a, oum, 156. genere, generum, generi bus, 185; herës, -èdis, 179. igniirus, -a, oum, 75.
lilgl), -are, 129; 280; 296; 297. 186; 187. hes/ernus, -a, oum, 153. ignèsco, -ère, 291.
lu/crum, -l, 151. germen, -inis, 81; 177. herl, 52; 60; 153. ignis, 76; 134; 190; ignis (gén.),
lu/ge6, -ère, 284; 293; lu/SI, 310. germin6, -are, 290. hiasco, -lre, 290. 199; igni, 200; igllés, 201.
lu/gidus, -a, oum, 294. germinasciJ, -ére, 290. hibernus, -a, oum, 81; 153. ignobi/is, -e, 193.
382 383
ilez, -icis, 100. inguen, -inis, 55; 75. lüp(p)iler, 72; 8t1; 204 ; Jüs (paler),
rligneus, -a, oum, 157. lego , 73; 87; 95; 105; 351; lcgimus,
iniOslus, -a, oum, 11 O. 127; Jouelll, 101; 182 ; 204; 31; legis , -il, elc... 33; 7 8; 97;
illiic, 238. (inquam) ; inquil, 305. 129; Diouos (gén.), 184 ; JouIs,
ille, illa, illud, 58; 103; 220; 225; 102; 273; 276; 281; 282; 283;
inscïnia, -ae, 167. 72; 101; 129; 182 ; 195 ; 201 ; lcyor, 259; legëbo, 334.; legam ,
228; 234; 235; 236; illllc, 235; lnscièns, -ëns, 76. Diouë (dut.), 18t1; Jouei, Joui, -és, 88; 319; 323; 324; 327; 332;
illius, 224; illiusce, 235; illï, lnsidiae, -arum, 167. 184; 204. legenlur, 256; legébam, 58; 328;
(nom. pl.), 163; illorum, 224. lnsilio, -ire, 76; 97. iüs, iüris « sauce », 174. 334; lëgi, 35; 306; 310; lëgimus,
illl (udY.), 238; ilUc, 162; 238. (lnspëralus, -a, oum), inspëriilii.s iüs, iüris • justice n, 35; 71; 101; 31; lëgerunl, 331; lëgeram, 326;
ilad6, -ere, 110. (nom. pl.), inspèriilae, 170. 174; iürë (dat.), 184. 327; leg e, 335; legile, legilo, legunlü
illim, illinc, 239. inspicio, -ère, 76. iüslus, -a, oum, ioueslod, iüslo, 101. 335; 336; legerim, ois, elc .. ., 275;
ill6, ilMc (adY.), 238. insulsus, -a, oum, 98. (iuvenis), iuvenulll, 203; iüniores, 256; 322; 331 ; legèrem, 324 ;
illüc (adY.), 162; 238. inleger, -gra, -grum, 'i'5; 151. lOI. lëgissem, 275; 324; legere, 98;
ilialus, -a, oum, 110. inlel/ego, -{[e:rl, 309; 310. iuuenla, -ae, 167. 280; 295; 299; 328; 313; légi,
im bellis, -e, 192. inlereu, 164; 23:t. iuuenlüs, -lülis, 179. 275; 357; 358; 359; 360; legier,
imber, -bris, 190; 197. inlernus, -a, oum, 153. 357; 358; 359; 360; lëgiss e, 275;
imberbis, -e, 192. inlerus, -a, oum, 211. laU6ro, -ure, 297; laborü.ns, 183 . leelum iri, 354; leclum, -ü, 196;
imi/or, -uri, -iirier, 74; 357; 358; inlimiliis, -ulis, 97. Wc, Welis, 68; 183 ; Wc/e, 183. 355; legens, 64; 75; 91; 174; 179;
359; imi/anlem, 261; imilandus, inlimus, -a, oum /-lumus, -a, oum lacerna, -ae, 167. 180; 185; 187 ; 193; 198; 201;
156 ; 346; imi/iilus, -lürus, 357. 97; 152; 21 3. lacerU /Iaeerla, -orum, 137 . 203; 337; 338; 341; 3t13; 345;
impel/o, ere, 76. inlus, 152; 213. laeesso, -ère, 289. léelus, 105 ; 154.; 3::>1; 354; lée-
impero, -ure, 98; 99. ioci /ioca, -orum, 137. laeruma, -ae, 58; 97. lürus , 352; 354; legendus, 344;
imperiilor, ·6ris, 18i. ipse, -a, oum, 233; eampse, 233; 23,1; laeus, -üs, 195. 345; 347.
(impleo), implès, 281; implèvl, 316; eiipse, 233; 23t1. Ladinei (loc.), 162. legulus, -i, 150.
implère, 280; 299. irucundus, -a, oum, 346. laedo, -ere, 110; 28t1; 311; laesi, legümen, -I.l1is, 56.
imporlünus, -a, oum, 153. irrigo, -iire, 78. laesus, 311. lënis, -e, 192.
impOnis, -e, 109. is, ea, id, 225; 231; 232; 234; 236; (laelilia, -ae), laeliliü.s (nom. pl.), 170. lënoeinium, -i, 158.
incerlus, -a,-um, 75. 238; eum, 220; 232; eius, 220; laeuus, -a, oum, 108. lepidus, -a, oum, 126; 127; 1~8.
incesso, -ere, 289. 22t1; eo, eii, eiid, 170; 232.; eos, 232; /ana, -ae, 69. lepos, 126; 127; 128; 175; 181;
inddo, -ere, incrdi, 306; 307. eorum, 165; 224. languor, -oris, 17':>. lepor, 181; lep ores, 186.
incldo, -ere, incldi, 307. isliic (adY.), 238. lüni/er, -a, oum, 211. lepus, 99; 18 1 ; leporis, 99.
incipess6, -ere, 289. isle, 103; 220; 233; 234; 235; lii.niger, -a, oum, 97. lëlum, -i, 281.
incipio, -ere, 97; inceplus, 98. islud, 228; isluc, isliusce, 235; Lanuuiei (Ioc.), 162. léviimen, -lnis, 75.
inde, 103; 239. is/a, 236. lapidiirius, -i, 158. lëvir, -i, 16; 160.
index, -icis, 102. is/i/ormae, 235. lapideus, -a, oum, 157 . /Cuis, -e, 31; 57; 192.
indiciiliuus (ciisus), 269. isUm, is/inc, '2.39. lapis, -idis, 179. lëuis, -e, 31; 315.
indigena, -ae, 166. islimodC, 235. far, 104; 181; lèiris, 101. . lëx, lëgis, 35; 87; 174 .
inedia, -ae, 167. is/o, isloc (adv.), 238. laseivus, -a, oum, 156. liber, -a, oum, 53; 65; 110; 151; 207.
inermis, -e, 192. islOc, 238. lalébra, -ae, 167. li berulis, -e, 1()3 .
inerlia, -ae, 167. ita, 103. laleo, 293; lalui , lalëre, 316. liberi, -arum, 110 .
in/iimis, -e, 192. iter, i/inis, 2t1; 71; 73; 102; 147; laler, -eris, 176 . li bero, -ü.re, 297; li ber{issü, 330.
in/andus, -a, oum, 34'2.. 174; 175; 183; 279; 358; tleris la/ex, -icis, 179. liberliis, 15t1; liberltilis, 179.
ln/lins, -/lUS, 180; 341; lll/anlum, iliner, i/ineris, It18; 174. Liilona, Lü.lünlis (gén .), 168. librurium, -i, 158.
187. iubar, -aris, 176. lalrocinium , -i, 158. liën, liënis, 181.
(in/ero), in/erèbil = ln/erel, 334. iubeo, -ère, 293; iousil, 309; tuSSI, Laudiea, Laudieaes (gén.), 169 . ligneus, -a, oum, 157.
ln/erus, -a, oum, 27; 151; 211; 309; 311; iussim, 322; iussilur, 329; laudo, 91; laudure , 297. ligü, -ure, 99 .
l(n)/erl, 75; ln/erior, 210. iussus, 309, 311; 329; 34.9. lauü.brwn, -i, 54.; 151; 193. ligürio, -ire, 53.
lnflmtilès, oum, 194. iOdex, -Icis, 102; 179; 298. lauo, -ére, Wui, 312; 313; 316; lingü, -ere, 287; linl"i, 310; line/us,
lnfinrlluus (modus), 340. iüdico, -iire, 298. laulus, 110. 351.
ln/Wae, -arum, 167. iugum, -i, 71; 95. lëcliü, -anis, 351. lingua, -ae, 58.
lnfimus, -a, oum, 15i. Juliiinus, -i, 15'2.. léelor, -oris, 3':>1. linifiô, 328.
ln/ormis, -e, 192. iungo, -ére, 179; 287; 310; iunxi, legerupa, -ae, 16G. lino, -ere, 288; 315; llvi, 315.
lTl/ra, 15i. 310; iunc/us, 351. lcgio, -anis, 178. linquo, -ère, 50; 73; liqui, Ile/u s,
ingenuus, -a, oum, 156. (Juno, -onis), Jun6ne (dul.), 184. Icyionurius, -i, 158. 287; 302; 303; 306.
384 385
lippus, -a, oum, 84. magnus, -a, oum, 71; 86; 106; 152; medius, -a, -um, 53; 71. miscl/us, -a, oum, 150 .
lique{lO, -flerl, 328. 211; magnai (gén.), 169; maior, mc/, mellis, 74; 176. miscr, -era, -crum, 151; miscrior,
liqueo, -ére, 294. maius, 71; 72; 211; 212; 251; melior, -ius, 211. 211; miscrrimus, 152; 213.
liquidus, -a, oum, G5; 294. müximuô, 106; 152; 213. memini, 268; 270; 303; 306; mCl1lcn/(i misereo, -crc jmiscrcor, -cri, 262 .
liquor, -oris, 175; 2G4. mcïla, -ae, 105. '270; 334; memincrls, 331; mcmi- milésco, -ére, 291.
lis, liUs, 59; 1G1. malacus, -a, oum, 27. néns, 340 ; 342. milisco, -crc, 291.
lllera jlillcra, -ae, 84. maU, Gi. (mcmoro, -arc), mcmorti/ui, -ülü, mil/o, -èrc, 79; 309; mIsi, 78; 309;
li/us jlill/ls, -()ris, 84. malèdicëns, -ëIlS, malèdicclllior, 211. 1!)6; 356. missus, 79; 83.
livor, -ôris, 175. malèvo/us, -a, oum, flw/évo/cnliar, mCl!dicü, -arc jmcndicor, -tiri, 262. //lodcs/us, -a, oum, 175.
Lôcina j LUcina, -ae, 110. 211. mcndum, -1 jmcnda, -ac, 137. modus, -l, 175; '2GG.
locus, -l, 5G; /ocl jloca, -Cirum, 137. mülo, mülle, maUm, 322. (Mincrva, -ae), Mcncrva (dal.), 1II0echissa, -tirc, 27.
longinquus, -a, oum, 75. malus, -a, oum, 211. 169.
mocnia, -i5rum, lOG.
longus, -a, oum , 71; /ongüi (gén. mumma, -ae, 84. /IIcns, -nlis, 74; 75; 102; 178; 191;
1G7; 296; 341. mollicu/us, -a, oum, 150.
sing. fém .), 16G. mancipium, -i, 134; 183. mollis, -e, 73.
loquëla Joël/a, -ae, 83; 167. mancus, -a, oum, 87 . ménsis, ois, 75; mcsis, 59; ménsum
(gén. pl.), 203. m%, -ére, mo/ul, 315.
loquor, -l, 56; 261; locu/us, 351. mandü, -èrc, mandl, 307.
mcnlio, anis, 178. monco, -cre, 71; 291; 292; 299; 312;
ICi/us, -a, oum, 110. maneo, 86; 293; 299; manébam,
mcnlior, 261; 296; mcn/iri, 357; monui, G7; 312; 316; 350; moneiis,
lubido, -inis, 178. 333; 334 ; manébü, 332; 331;
m enlilus, 348. 112, moncrc, III ; 333; 343;
Lucanus, -a, oum, 152. mansi, 311; 316; 352; manëre,
Mercuris jmcrcurius, -i, 160. mOllcn/em, 343; 34G; monendus,
(lacar, ois), loucarid (abl. sing.), 90; 343; mancn/cm, 313; mallsum,
mcrea, 59; mcrérc, merërl, 262. 343; 346; moni/us, 316; 350;
201. 311; 316; mansus, 352; 354 ;
mere/rleius, -a, oum, 157. 354; moni/urus, 354.
luceCi, -ëre, 155; 290; 294; 310; mansurus, 354.
mcrelrix, -ieis, 135; 179. mons, -nlis, 102.
lU xl , 310. (manubiae), manibicis, manubics
lucerna, -ac, 167. mcrgo, mcrsl, mersus, 311; 352. mans/ro, -arc, 2G7.
(ab\. p1.), 172.
lucësco, · -cre, 290. manica, -ae, 97. merldië, 58; 80; 162 . mons/rum, -l, 297.
lucidus, -a, oum, 155. manus, -as, 25 ; 102; 195; 196; merus, -a, oum, 160. mordei5, 292; momordi, 303; 306 ;
luc/us, -Os, 195. manum, 197; man uS (gén. sing .), mcssis, ois, 191. 310.
10culen/us, -a, oum, 155. 136; 1G9; 202; manui, 200; manu, mclus, -us, 1G5. moribundus, -a, oum, 34G.
IUdiflco, -are jliidiflcor, -ari, 262. 115; 201; manas (ace. p1.), 104; M cli/io (nom. sing., ou duel?), moriar, mori, 261; mor/uus, 73;
/Odiû, -ônis, 178. mallibus, 203. 133. 348; 349; 354; mori/ürus, 352;
lugubris, -e, 193. mare, ois, 136; 183; 198; marI, meus, -a, oum, 222; 224; meae (lac. ), 354.
lumbago, -lnis, 178. 201; maria, 202. 169; meum (gén. p1. ), 1G5. mors, 73; 74; 102; 1G1 ; 197; marlis,
lUmen, -inis, 177. marilimus, -a, oum, 213. miles, 26; 60; 78; 102; 180; mililis, 102.
LUx, 291; lüccm, 110; /Uci (lac.), (M ars), j'vI arlis, 213. G7; 179. morli1rii5, -irc, 353.
184. Marli us, -a, oum, 157. mï/i/iiris, -e, 194. mas, -oris, 182.
luxuria, -ae, 206; 208. mas, miiris, 182. (mW/ia, -ac), mW/iac (loc.), 169. movea, -crc , 2G2; movi, 312; 316;
luxuries, -el, 206; 208. mâler, 14; 16; 76; 135; 176; ma/ris, mille, 83; 249; milia jmi/lia, 83; malus, 70; lOG; Ill; 313; 316.
136; ma/rl, 138; malré (dat. sing.), 249. mucro, -onis, 177.
macer, -cra, -crum, 151. 169; 184; mâlré, 138; ma/rës, rr.i/léni, -arum, 255. mugi/, ois, 176.
mador, -oris, 175. 186; ma/ribus, 138. mil/csimus, -a, oum, 251; 252 . mu/ccbriô, -e, 193.
magis, 211 ; 212; 251. maleria, -ac, 67; 206; 215 . millië(n)s, 253. mu/(c)/a, -ae, 297.
ma.qis/er, 151; 159; 160; 212; magis- ma/criés, -ci, 67; 206; 215; male- mina, -ae, 27. mu/cira, -ae, 167.
/rum, 160; magis/ri, 133; magis- riem, 206; ma/crié, 208. minimus, -a, oum, 151; 211. mu/clrum, 151; 354.
/erës (nom. pl.), 163. ma/rimonium, -l, 158. minis/cr, -/ri, 151; 2 12. mu/gea, -crc, 65 ; 310; mu/si, 310;
magis/rü/D.s, -as, 1!)G; magis/rülüd, (ma/rüna, -ac), ma/rünü(s) (nom . minor, -us, 210; 211; 212. 311; mu/sus, 311; 354; mule/D-
201. pl.), 170. (Minucius, -i), Minucieis (nom . rus, 354.
(magnanimus, -a, oum), magna- Malü/ü (dat. sing.), 169. p1. ), 1G3. (mu/icr), mulicribus, 188 .
nimulll (gén. pl. masc.), 165; ma/ülinus, -a, oum, 153. minuCi, -èrc, 212 ; 287; 288; 351; mulla, -tire, 2G7.
171. mauolO, 69 (cf. mü/ô). minü/us, 20G; 351. lIIullus, -a, oum, 211.
magnl ({accre), 161. maxilla, -ae, 105. minus (adv.), 210; 212. mundilia, -oc, 206.
(magniflclls, ·a, um), mag/liflcen- mcdeor, -éri, 261. minu/iés, -ei, 206. mundiliés, -ci, 206.
/ior , ~11. medico, -are jmedicor, -ari, 262 . mir us, -a, oum , 210; 212. muniO, -irc, 109.
magnilüdo, -Cnis, 178. medicus, -l, 25. misceo, -cre, mix/us, 351. murrinus, -a, oum, 15'2 .

386 387
---_._----~--.

murus, -l, 10!l; mocrul/l (ace. sing.), /lO/lUS, -a, -um, 70; 75; Ill; 245; oc/ogcni, -ae, -a, 255. palleo, -ëre, 155.
109. 250; noni, 354. oclogi nlà, 246; 248. pallidus, -a, -um, 155.
mUs, -Uris, 174; 182. nos, 104; 220; 223; nobis, Ill; oeloni, -ae, -a, 254. pallor, -oris, 175.
musculus, -l, 150. 223; noslrum, 223; n oslri, 223. ocluplex, 245. palmiger, -gera, -gerum, !>7.
(g )nosco, -ere, 68; 126; 128; 2!>0; oculus, -i, 56; 150; 17!>. palpilO, -arc, 298.
namque, 56. 315; novi, 67; 68; 268; 313; 314; odor, -oris, 58. palpo, -onis, 177 .
nàscor, -l, 261; 269; 2!l0; g/làlus, 315; 1I0sli, nomus, norunl, 314; onendo, -cre, 57; 288. pa/umbës, ois {palumbis, ois, 190.
niilus, 68; 76; 246; 348; 351; 356; 317; (g)noscier, 35!>; (g)nolus, (onero, -ferre), oblu/i, 7!>. pülus, -i, 105.
gn{i[übus, 172; nascllürus, 353; 67; 68 ; 314. officina, -ae, 101. panarium, -i, 158.
351; niilü, I!>G; 357. nosler, -Ira, -lrum, 151; 1!>4; 211; oleuginus, -a, -um, 157. pando, -ére, 287; 307; pand!, 287;
N aso, -onis, !>4; 177. 224. olco, -ërc, 58. 307; passus, 287.
nàllvus, -a, -um, 156. /Ios1rus-ülis, noslrülês, 1!>4. o/im, 234. pan go, -ére, 105; 287; 304; 306;
nalrlx, -ieis, 179. novellus, -a, -um, 150. oliva, -ae, 27. 34!>; p!!gi, 304; 306; pepigi, 106;
/Ialüra, -ae, 351; nalUrai (gén. sing.), novem, 75; 95; 245; 246; 254 . 010, -érc, 284. 303; p(lnxi, 287; 310; paclus,
16!>. novembcr, -bris, 245. (omnigena, -ae), omnigenum (gén. 105 ; 106; 287; 303; 34!>.
nalüra/is, -e, 103; 1!>3; 1!>4. nouendiülis, Oc, 245. pl.), 171. papaver, -eris, 175.
nau/ragi um, -i, 70; 100. nov!!nl, -ae, -a, 254. omnis, -e, 237; omneis (ace. pl.), papi/io, -onis, 178.
nallla, -ae, 27; 136; 166. nouie(n ys, 253; 254. 202. par, 104; 181; 210; paris, 104.
navis, ois, 100; 1!>0; nuve, 201; nouus, -a , -um, 76; 95. onero, -ârc, !>8. parasllus, -l, 27.
nàuës, 201. /lOX, nocUs, 1!>O. onus, -cris, !>8; 175; 184. parco, -ére, pepercl, 310.
nebula, -ae, 53. noxa, -ae, 157. onuslus, -a, oum, 101; 154; 347. parêns, 185; parenlem, 343; parc nie,
neco, -lire, !>; 292. noxius, -a, oum, 157. operio, -ire, 70. 185; parenlës, 90; 343; parenlum,
neclO, -ere, 288; 310; nexi, 310; /LubO, -cre, 310; nupsi, 78; 310; opporlünus, -a, oum, 153. 187.
nexus, 311. nuplum, 356; 357. (ups, apis), upid (abl. sing.), 185. pariclda, -ae, 166; piiricidas (nom.
nëmo, -Enis, !>5. Tlüdius lerlius, 204. (oplendo, -ére), oplenlui (supin), sing.), 168.
nempe, 56. nüllus, -a, oum, 237; 242. 356. pariês, -elis, 70; 180.
nemus, -oris, 175. Numerius, -i, 22; 72; Numasioi oplimüles, -um, 1!>4. Parilia, -orum, 80,
neque, 56. (dat. sing.), 88; 162; 229. oplimus f-lumus, -a, -um, !>7; 152; (pariO, -cre), pariêns, 343; parlus,
Nerio, -i!nis, 177. (nummus, -i), nummun (gén . p1.), 211; 213. 354; pari/Urus, 354.
neuler, -Ira, -lrum, 237. 165; 171. oplumi!, 163. paro, -arc, 298.
nex, neeis, 35; 174; 292. nunc, 233. opus, -eris, 175. pars, partis, 102; 191; parlibus,
niger, -gra, -grum, 2!>3. nuncupo, -ure, 2!l8. opusculum, -i, 150. 203.
nigreo, -êre, 293. nundinus, 245; nundinàrum, 171. oraliü, -onis, 178. parlicipium, -i, 340.
nihi/, /l[[, Ill. nupliàlis, -e, 193. or{i[or, -lOris, 147; 176; 182; 18 /1; parlim, 192; 197 ; 198.
nimbus, -l, 53. nurus, -Us, 5!>. ol'{i[orts, 186. parlurii5, -ire, 353.
ninguil (impers.), 57; 5!>; 287. nulrico, -ure {nulricor, -Uf!, 262. orea, -ae, 73. pariUs, -Us, 195; parlubus, 203.
niveus, -a, -um, 157. nulrix, -icis, 17U; 182. ordo, -Lnis, 76; 177; 250. parvus, -a, -um, 87; 211.
/livil (impers.), 59; 284. origo, -inis, 178. pasco, -cre, 2!l0; 315; paui, 315.
nix, 180; IlLUis, 57. obses, -idis, 102 ; 180. (oriol' ), orlus, 354; orïlUrus, 354; passer, -cris, 102; 176.
nobi/is, -e, 1!>3; nobilissimus, 213. obsidio, -onis, 178. oriundus, 346; 347. (passus, -Us), passum (gén. pl.),
noceo, -êre, 2!>2; nocui, 316; noxil, occino, -ére, 78; occinui, occcnlum, os, oris, 65; 174. 203.
330; nocilürus, 350. 316. oslendo, -cre, 78; oslencle (ru t.), pale fio, - fieri, 328.
/loclU (adv.), 153. (accipio, -cre), occepso, 329; occe- 332. paleo, -i!re, 2!>3; 316; palui, 316.
noclurnus, -a, -um, 153. peris, 332. ovilis, -e, 1!>3. pater, 14; 16; 47; 135; 138; 147;
Ilodus, -l, 288. occupo, -iire, !>7; 298. ovis, ois, !>5; 190; 1!)G. 160 ; 176; 181; 182; pa/rem, 183;
no16, /loUe, Ill; /IImm, 322. oclüuianus, -i, ) 52. palris, 47; 48; 136; 147; 174;
(numen, -rnis), /lominus (gén. sing.), Oeliivias, -i, 157. pubulum, -i, 150. 183; pa/rus (gén. sing.), 184;
184; nomina, 118. o: lavus, -a, -um, 67; 156; 250. pacari (?), 360. palri, 184; palrès, 186; palrum,
nominalivus (casus), 138; 156. oclennis, -e, 24!J. piiciscor, -i, 291. 186; palribu s, 165.
non, 1 O!l; 242. ocliê(n)s, 253. paedico, -onis, 177. palerfamilias, 168.
nonagi!ni, -orum, 255. oclinginli, -ae, -a, 248 . paganus, -a, oum, 152. patina, -ac, 167.
nonaginlà, 245; 246. oclO, 67; 05; 215. pagina, -ae, 167. patior, 261; pali, 357; 35!l.
lIonginli, 218. oclober, -bris, 245. Palês, 80. palricius, -a, -um, 157.

388 389
palrius, -a, -um, 157. plango, -lre, planxl, 310; plallelus, praec(Jx, -ocis, praeciJel, 185. proximus, -a, -um, 56; 213; proxi-
palruèlis, -is, 193. 351. pracdo, -are jpraedor, -o.ri, 262. mac (loe.), 169.
paucus, -a, -um, 87; 10D. pLQnus, -a, -um, 152. (prac/or, -arl), pracjamino (impér.), prüdens, -êns, 70; 100; 136; 174;
paulus, -a, -!Lm, 87. plaudo, -ère, 110; 284 . 335. prüdenlior, '.l11 .
pauper, -cris, 70; 298; pallperrimus, plëbs, 180; 205; plëbës, 205; '206; pracgnas, -ülis, 1D1. prürigo, -inis, 178.
213. 215; plebe1, 205; 215; plêbis, 205; prachendo, prchcndo, -ére, 2D7. pübëS, -is, 182; 2Dl.
paueo, -lre, paul, 316. 215. pracmordco, -ëre, -mors1, 310. pübëseo, -érc, 291.
pecto, -lre, 288; 310; pcxi, 310; plcelilis, -e, 192. pracpcs, -ilis, 180. (Publius, -1), publi (voe.), 160.
pexus, 311. plcc/o, -ifre, 128; 288; 310; plexl, praesenlem, 343. publieus, -a, -um, 156; publieiii (gén.
pecu, 1D5. 310; plcxus, 311. pracsenLQneus, -a, -um, 157. sing.), 169.
(pedes), pedilis, 17D. plënus, -a, -um, 128; IGZ. pracsliJ, -iire, 58. puella, -ac, 135 . .
peior, -us, 71; 211; peioris, 72; pIco, -ëre, pleui, 313; 314. praclerca, 232. puellaseo, -ére, 290 .
pessimus, 211; 213. plieo, -arc, 17D. pruelor, -oris, 158. plLcllus, -l, 150.
pel/l/us, -a, -um, 154. plodo, -ère, 110, praelorium, -l, 158. pucr, 68; 86; 159.
pello, -lre, pulsus, 73; 74; 79; 235; pluil (impers.), 262; 263; 264. praclorius, -a, -um, 158. puerliseo, -cre, 290.
288; 298; 349; pepuli, Ill; 275; plumbago, -inis, 178. prandeo, -cre, prandi, 307 pransus, pucrilis, -c, 193.
305; 306. plürës, 211; plürimi, 211; ploirume 348. pugil, -ilis, 176; 197.
Penales, -um, 194. (nom. pl.), 163; 212. pravus, -a, -um, 70. pugio, -onis, 177.
plüs, 128; 211; 212. precor, -ari, 2DO. pugna, -ae, 180.
pendeo, -lre, pependi, 306.
plüseulum, 150. prellcnd6; -i!r c, prcllendl, 307; prënsi, pugno, -üre, 297 .
pClldo, -lre, pependi, 306.
poeulenlus, -a, -um, 155 . 311 (v. praehendo). pugnus, -i, 2·97.
penes, 194.
poculum, -i, 63; 74; 90; 150; ln. prëlum, -i, 104; 150. (pulehcr, -ra, -rum), pulchrius, 211.
penna, -ae, 76; 126.
poena, -ae, 109. premo, -érc, pressi, 10,1; 273; 283 j pulchrilüd6, -inis, 178.
perceLU5, -lre, 73; 288; 240; percul- Poenulus, -i, 109.
sus, 73; 79; 288; 340. 311; 352; prcsslLs, 311; 352. pulmo, -onis, 177.
poesis, -is, 60. prcnso, -are, 297. pulsim, 192.
(perdo, -i!re,), perdam, 322; per- poela, -ae, 166; 138.
duim, 322; perdilum, 356. pridcm, 233; 251. pulso, -lire, 298.
pollen, -inis, 177. prldiê, 251. pllngo, -ére, 287; pupugi, 287; 306;
(pereo, -ire), perierunl, 331; perie- pono, -i!re; 33; 104; 288; posui, 33;
ris, 326; perl/ürus, 354. primus, -a, -um, 151; 156; 182; 213; 310; punelus, 287.
275. 251. pünicus, -a, -um, 109.
(perfleio, -i!re), perfleiendum, 346 . pons, -nlis, 102; 178; ponleis (ace.
(pcrnicies, -ei), pernicie (gén. sing.), principaLUs, -üs, 196. pÜllio, -ire, 109.
pl.), 202. priscus, -a, -um, 251. (puppis), puppim, 198; puppis (gén.
207; pernicii (gén. sing.), 207. ponli/ex, -icis, 97.
perspieax, -ax, 180 . prislinus, -a, -um, 251. sing.), 199; puppl [d, 143; 145;
popina, -ac, 27; 56. prills, 251 . 185; 200; 201; 230; puppibus,
perspieuus, -a, -um, 156. popuUiris, 194. prlvQlim, 1D2. 208.
pès, 174; 179 ; 180; pldem, 127; 18D; populëlum, -l, 154. prlvignus, -l, 156. purpurissor, -ari, 27.
pldis, 186; 189; pldes, 186; pedum, (populus, -i), poploe u poplLll ", 163. privo, -arc, 15G. pilrus, -a, -um, 103.
203; pedibus, 203. porccllus, -f, 101. prluus, -a, -um, 156. püs, -üris, 174 .
Pesceniaes (gén. sing.), 169. porcin us, -a, -um, 153. probe, 25 . pulrco, -ërc, 294.
pelessa, -lre, 289. porgo, -lrc, 100. (probO, -arc), probauil, 275; 276. pu/ris, -c, 2D4.
philosophia, -ae, 60 . porrigo, -i!re, 100. procerus, 151. pulus, -i, 68.
(pic/us, -a, -um), pieUil (gén. sing.), porlüs, -ils, 73; 196. pro fi ciO, -ére, 291.
16D. poseo, -lre, 200; poposei, 306. proficiscor, -l, 291. qua (adv.), 238.
pilumnoe u piUili ", 163. possum, 282; polest, 126. (profilcor, -èrl), profili!lI1in6 (impér.), quadriigeni, -ac, -a, 255 .
pinélum, -l, 154. posl, 103. 335. quadro.gësimus, -a, -um, 252; 255.
pinus, -i, 15. poslicus, 156. (progrcdior, -l), progrcdimino (im- quadro.gie (n )s, 253.
plrus, -l, 15. poslrèmus, -a, -um, 213. pér.), 335. quadrliginlü, 67; 164; 246; 248; 250;
Pisaurènsis, -e, 194. polio, -anis, 199. proin, proindc, 103. 252.
(pisco, -are), pisealum (supin), 356. polior, -1ri, 26 1. promo, -érc, prompsi, 311. quadringinli, -ae, -a, 248 .
plaeeo, -ère, 155; 293; 294; plaeul, polis, -e, 126. pronomcn, -inis, 118; 217. quadruplex, -cx, 245.
350; plaeilum, 350. polus, -a, -um, 347; 348. prope, 56; 211. quacra , -ifre, 60; 108; 269; 28'); 330.
placidus, -a, -um, 155; 178; 2D3; (pracccps, -cipilis), praccipili, 185. propinquus, -a, -Uni, 75; 211. quacso, 60; 26'); 28'); 330.
294; 345, praecido.flcus,-a, -wn, 157. propior, -ius, 211. quaeslor, -oris, 181; quaes16ri, 18'1.
plaeo, -o.re, 2D8. praeeo, -anis, 177. proplcrco., 164. qua/is , -c, 227.
390 391
quam (adY.), 210; 239. 71; 72; 229; cui, 229; qua, qua, rega, -cre, 65; 73; 87; 125; réxi,
quamdiü, 239. (rns, raris), rüri (Ioc.), 139; 184 .
qui, 230; qui, quae, qua (nom. reclus, 58; 105; 309; 351. rûslicus, -a, oum, 157.
quanda, 239. pl.), 230; quos, quiis, 231; quarum, regula, -ae, 309.
qua ni us, -a, oum, 227; 239. qui bus, quis, 231. relicuus, reliquus, -a, oum, 97; 156. sacer, -cra, -crum, 151; 160.
quapropler, 164. quisnam, 226; 227. religio, -anis, 178.
quéirlus, 250. (saccrdas), sacerda/em, 38; 63; 88;
quispiam, quaepiam, qUlpwm, 227. relinquo, -cre, 286; 351; rellqui, sacerdolis, 179.
qualer, 253. quisquam, quaequam, quodquam, 227. re/ic/us, 56; 98; 110; 124; 128; sacrlirius, -a, oum, 157; 158.
qualerul, -ae, -a, 253; 254. quisque, 56; 227; 237; quaeque, 227; 286; 302; 351. sacriflcium, 157.
qualuor, qualluor, 14; 56; 18G; quidque, 56; 227; quippe, 56. reliquus, Y. relicuus. saeuio, -ire, 296.
243. quisquis, quaequae, quidquid, 227; remex,-igis, 102; 179. saeuus, -a, oum, 2g6.
qualluordecim, 247. 237. reminiscor, -iscl, 291. scïl, 74 ; 104; 176; 181; SèUCIll, 182;
qualluorpedia, 243. quiuis, quaeuis, quoduis, 227. réll, rënis, rcnes, 181. smis, 104; 182.
qualluoruirl, -arum, 243. qua (adY.), 238. (reor), reri, 6G; 348; ra/us, 66; 348. saliix, -iix, 180 .
quercélum, -l, 154. quom (conj .), 228; 239. repo -cre, 12[j ; 127; 128; 310; repsl, salic/ulII, -l, 1[)4 .
(quercils, ons), quercubus, 203. quorsus, Ill. 58; 310. saliglleus, -a, oum, 157.
querela /querélla, -ae, 83. Quor/a, 250. (requiils), requiem, requie, 21G.
quernus, -a, oum, 82. salia, -ire, 195; 296; salul, 316 .
quoi, 239; 246; 254. T'CS, 104; 197; 205; 206; rcm, 104; sal/a, -ére, sa/sus, 288 .
queror, -l, queslus, 350. quoliés, 254. 107; 197; 206; 216; rel, 197 ; 207; sal/us, -ûs, 195.
qui, quae, quod, 221 ; 227; 228; 230; quolus, 239. ri! (gén . sing.), 207; ri! (daL salûbris, -e, 193.
232; 235; 236; quim, quem, 228; sing.), 207; rés (nom. pl.), 208; salûs, 159; salii/us (gén. sing.),
231; qua m, 228; quas (gén. sing.), (rabiës, -ei), rabiës (gén . sing.), rérum, 208; rebus, 188; 208. 184; salii/es (gén. sing.), 184;
170; cuius, 229; 232; 235; 236; 207. resipisco, -cre, 291. salii/ei (dat. sing.), 184.
cui, 229; qua, qua, 230; quas, quas, radix, 69; 125; 179. (respicio, -cre), respexim, 322. saluas, -a, oum, 69; 159; 22g; sa/uom,
230; quae (nom. ace. neulres l'amen/um, -l/ramen/a, -ac, 137. respondeo, -ere, 306; respondi, 306; 160; salul, 69.
pl.), 231; quorum, quibus, 231. rapiix, -ax, 180. 311; responsus, 311.
qui, 230. Samnis, -ilis, 194. . '~~~._,.
rapidus, -a, oum, 155. (res/is, ois), reslim, 198. sanclissimum, 212. <>'! \1}d , .- , ','
.- <"\')
qulcum, 230. rapio, -ére, 295; rapui, raptus, 31G. relicco, -ere, 269 . sanguen, -inis, 177. .
...,..... -~ •.-
. .,t.,•" .:
qUidam, quaedam, qutJddam, 227. 1- {~'
rapum, -i /l'apa, -ae, 137. rèx, 23; 35; 87; 174; 180; 309; san guis, ois, 177. '~3
'.( •• \
'(1 \\
quidem, 233. rarus, -a, oum, 151.
quiés, -élis, 191; 216. rasilis, -e, 193.
régem, 192; régl, 184. sapio, -cre, 291; 295. C":> e. ,\
quiësca, -cre, 290; 315; quiéui, 315.
ridea, -ère, 350; rlsus, 350; risum, -n, sarcina, -ae, 167. f ~ I1j::!.ICrr~ :.,- ;' .
quilibel, . quaelibe/, 227; quodlibcl,
ras/rum, -l, 151.
ratio, -anis, 76; 88; 146; 147; 178;
196.
robigo, -rnis, 178.
sarcinii/us, -a, oum, 15~~~ cC4 ."t l,
97;227. sarcia, -1re, 310; sarsi, 3 .C;; ;;::- /
181' 182 - 183' ra/ionem 75' 182' robur, -oris, 98; 110; 175; roboris, sarmenlum, -i, 82. ~ ,~r' / /
quin, 230. rali6ne, Î85; ;a/ionés, 1'86; 'ralio~ 175. salelles, 26; sa/ellilis, 17~ '/;~R81 \" ~~" '/1
qu incupedalis, -e, 244. num, 186; ra/iOnibus, 187.
quillcuplex, 244.
robus/us, -a, oum, 98. salul/us, -a, oum, 101. "" '!::--- TAr, IJ_~
quindeciés, 253.
raucus, -a, oum, 100. Romae (loc.), 139; 169. scabo, -cre, scabi, 307. ~~,;;..-
rcbel/is, -e, 1g2. ramanus, -a, oum, 152. scacuus, -a, oum, 108.
quindecim, 247 . recep/iO, -onis, 340. ras, roris, 174.
quinginli, 248. scamnul/I, -i, 54; 78; 152.
recidiuus, -a, oum, 156. rosa, -ae, 30; 94; rosae (gén. sing.), scalûriga, -rnis, 178.
quinl, -ae, -a, 5G; 254. (recipio, -cre), recipié (Cu l.), 332. Ill; 144; 170; 172; 236; rosas
quinquagëni, -ae, -a, 255 . scinda, -cre, 52; 58; scidi, seicidi, 305.
recordo, -iire /recordor, -iiri, 262. (gén. sing.) 144; rosa [d, 208; 230; scia, -ire, 94 ; 291; 296 ; sell, 104.
quinquagësimus, -a, oum, 252. réclé, 139; 140; 163; 213. rosiirum, 164; 171; 208; 231; scisco, -ère, 291.
quinquagin/a, 246; 252. rèclili, -onis, 351. rosis, Ill; 231. scol'/um, -i, 13,1.
quinque, 14; 243; 244; 246. (reclus, -a, oum), rëclo, 139; 140. roseus, -a, oum, 157 .
quinquefo/ium, 244. scriba, -ac, 135; 166; scribüs, 170;
recurro, -ére, recurri, 306. ro/undus, -a, oum, 155; 178; 346. serlbéirum, 171.
quinquennis, -e, 244; 245. reddo, -cre, 285; reddimus, 282; rubcdo, -rnis, 178.
quinquié(/I)s, 253. scribo, -cre, 310; 351; scripsI, 310;
redidei, 275; reddere, 98. rubeo, -ère, 290; 293. scrTplus, 54; 351; scrTbundl, 347.
quinlilis, -e, 193. (redeo, -ire), rediil, 276 . rubor, 175; 181. sCl'o/a, 53.
quinlus, -a, oum, 82; 154; 244. redimo, -ere, redèmi, 311. rudis, -e, 192.
quippe, 103. scu/na, -ae, 16G.
rediuiuus, 156. T'nfus, -a, oum, 27; 53. scurT'a, -ae, 26; 166.
Quiri/ës, oum, 194 . régïna, -ae, 135; 153. rumex, -icis, 179. scu/ra, -ae, 167.
quis, quae, quid, 56; 58; 226; 227; regiO, -anis, 178. rumpo, -cre, 287; rapl, 287; 307;
228; quem, quam, 228; cuius,
se, séd, 69; 220; 221; 223 i 224;
regnum, -l, 152. rilplus, 287. sui, 222; sibi, 220; 222; 238.
392
393
(

sec/), 198; 351; seci'ire, 95; seclus, 351. seplingenll, 248. sincèrus, -a, oum, 151. s/ëli6, -ünis, 83.
secla, -ae, 56; 351. sepluligen!, 255. singulf, -ae, -a, 242; 255; singula slëlla, 83.
secundus, -a, oum, 56; 135; 251; sep!uiiginlii, 246. mi/lia, 255. slerno, -cre, 67 ; 68; 286; 288; 314;
346; 347. sequor, 58; 62; 157; 251; 261; sequi- sinisler, -Ira, -Irum, 151; 211. 315; slernunl, 288; slrlivl, 67; G8;
(securis, -is), securim, 198. lur, 56; sequimini, 277; sequere, sin/), -ire, 195; 288; 315; sivl, 315. 286; 314; 315; sirli/us, 67; 68;
sed, 58; 84. 104; 278; sequl, 56; 351; sequèns, sinus, -üs, 195. 288; 348.
sëdicièS, 253. 341; 346; secülus, 56; 351. sirbënus, -a, oum, 153. slernuü, -ére, 288.
sCdecim, 105; 24.7. serënus, -a, oum, 153. sis la, -cre, 103; 285; sisle, 103. slcrUi, -iJre, 288.
sedeo, -l!re, 265; 269; si!dl, sissum, sero, seru!, seri us, 316. silis, ois, 102; 191; si/im, ID8. slin!]6, -ére, 287.
105; 305; 306; sedère, 58; 190; sero, siivi, 285; 314; 315; siilus, silas, -üs, 1D5. sUi, -élrc, 58; 195; si lis, sUimus,
205; 285; 293. 285; salui (supin), 1%. sobrinus, -l, 153. slanl, 281; 322; 333; sleU, 303;
sedes, ois, 190; 205; 215; 293; serpo, -cre, 126; 127. (socer, -eri), socero, 98. 305; 306; slès, 112; 323; slanlcm,
sedum, 203. sërus, -a, oum, 151; 15D. socius, -a, oum, 157; sociom (gén. 343; slc1lus, 66; 348; 354; sla-
sedimenlwn, -l, 155. servïlis, -e, 1D3. pl.), 165. lürus, 354.
segnis, -e, 192. servio, -ire, 280; 2D6. sodlilis, ois, 170. slrCimen, -inis, 177.
(Sospes, -ilis), Seispilei (dal. sing.), servi/us, -Iü/is, 17D. sodës, 110. slrepilus, -ûs, 1D5.
184. (servo, -lire), servlissü, 330. sol, -lis, 74; 176; 181. slrepo, -cre, 288.
sella, -ae, 74; 78. servolus, -i, 150. solium, -f, 58. slrldo, -cre, slridi, 307.
semel, 242; 253. servos, servus, 26; 69; 12!l; 159: (solus, -a, um), soli us, süli, 237 . slringo, -cre, siri cl us, 106.
sèmen, -inis, 285. 296; servom, 160; servi, 6D. solvo, -ëre, soliilus, 351. sUéidëla, 167.
sèmeslris, -e, 244.. sescenll, 248. somnus, -l, 70; 76; 78; 126; 152. sUlideo, -ère, 311; sulisi, 311; 351;
senalor, -oris, 158; sendlorbus, 188. ses!er/ius, -l, 101. sonilils, -üs, 195 . sUCidcre, 167.
senlilorius, -a, oum, 158. scvërus, -a, oum, 6D . sono, -lire, sonuf, 306; 315; 316. sUlivis, -e, 69; 71; 136; 192; ID3.
seniilus, 64; Ill; 179; 196; 341; sex, 69; 244.; 246. sons, 343. subiunclivus (modus), 270.
senëilum, 197; senalu6s senëilufs, sexéigënl, -ae, -a, 255. sopio, -1re, 291; 296. sUbsislo, -cre, 82.
seniilüs (gén. sing.), 199; senëilul, sexli!]ësimus, -a, oum, 255. sordeo, -ëre, 190 292;. sûbu/a, -ae, 167.
seniilû (da l. sing.), 200. sexliginlli, 246. sordes, ois, 190. sü bulo, -{mis, 26; 177.
senscio, -(mis, 178. sexennis, 244. sorex, -icis, 100; 179; soricis, 100. sliccino, -iJre, succinui, 306.
senecla, -ae, 167; 179. sexië(n)s, 253. soror, -oris, 16; 70; 95. sûcidus, -a, oum, 155.
seneclüs, -lülis, 64; 179; 196. sexlllis, -e, 193. sors, sorlis, 191. suësco, -cre, 69; 290; 315; suevl, 315.
seneo, -ëre, 269; 'l94. sexlus, -a, oum, 154. spargo, -ire, 310; sparsl, sparsus, sunero, -ferre, 78; 79.
senësco, -ire, 269. sexus, -üs, 195 . 310; 311; 352. sugo, -cre, sûxi, 310.
senex, senis, 36; 58; 64.; 148; 182; si, 233. speciës, -el, 208. suinus, -a, oum, 153 .
183; 190; 294; senices, 148; sibili jsibila, -orum, 137. specio, -cre, spexl, 310. sum, 282; 274,284; 295; 319; 323;
senior, 211. sibi/o, -Cire, 53. speclliculum, -l, 74. es, 88; 103; est, 125; 127; 302;
sënl, -ae, -a, 56; 254. sic, 233. speclrum, -l, 151. 320; sumus, 97; eslis, 95; eram,
sensim, 192. sicCëscü, -cre, 291. speculum, -l, 150; 179. 274; 319; 326; 327; 328; 333;
senlenlia, -ae, 58; 34.3; senieniiiid, 170. SiciIia, -ae, 97. sperno, -ire, 52; 288; 315; sprl!vl, ero, 330; 333; cris, 88; eri/,
senli/), -1re, sensl, sensus, 311; 351; Siculus, -l, D7. 315. 60; 320; fui, 52; 64; 268; 276;
sen lien lem, 343. sldo, -cre, 5D; 78; 104; 265; 26D; spér6, -lire, 206; 216. 304, 313; fuero, 330; fueril;
separo, -üre, 99. 285; 307; sidi, 307. spés, -el, 206; 208; 216; spem, 208; 331; 332; fueram, 325; 326; 328;
sepelio, -1re, 2!l6. slfllo, -lire, 53 (v. slbilO). spërés, spëribus, 208. eslo, D4; siem, sim, sics, sis,
sëpes, -pedis, 244. signum, -l, D5; 15'l. splendeo, -ère, 293. elc ... , 63; 64; 71; 88; 104; 283;
seplem, 14; 58; 151; 212; 244; 245; si/ex, -icis, 179. splendor, -oris, 2D3. 322; 325; 330; fuam, 70; 323;
254. (si/va, -ae), si/viii (gén. sing.), 168. spondeo, -cre, ,58; 2D2; spopondl, 324; 327; 328; 332; 333; essem,
seplemgeminus, -a, oum, 244. silveslris, -e, 192; 193. 306. 60; 324; 325; forel, 326; fuerim,
seplendecim,247. similis, -e, 95; \:17; ln; 1û3; 198; squalus, -l,56. 330; fuissem, 60; 324; 325; esse,
seplenlriOnes, oum, 244. 210; 242; 253; similior, similli- squamiger, -gera, -!]erum, D7. 60; 124; 125; 357; 358; lore, 354;
seplicollis, -e, 244. mus, 20D; 213. sllibilis, -e, 193. fuisse, 60; %8; sons, 343; fulû-
seplie(n)s, 253; 254. simplex, 185; 242. s/{ibulum, -l,54; 90; 150; 1D3. rus, 68', 96; 354.
seplimonlium, -l, 244.. simplus, -a, oum, 242. sLUlim, 192; 1()7; 1D8. sum, sumpse, sam, süs, süs (pro-
seplimus, -a, oum, 151; 212; 250; simul, 1 D8; 242; 253. s/(ilio, -anis, 355. noms), 233.
251; seplumei (loc.), 162. simulO, -üre, 81; D7. slalus, -üs, 195; 355. summlilës, oum, 194.
394 395
( r
summus, -a, -um, 151; 213. lempestas, -Cilis, 98; tempcsUitebus,
sumo, -ére, sumpsl, 311. 188. lonilrils, -fis, 216; toni/ri (gén. sing.), lussio, -ire, 296.
sumpll (/acere) , 162. lemplum, -l, 81; 82; 102; 135; 161; 216. lussis, ois, 191; 296; lussim, 198.
suü, ére, 167. 221; 228; 292; 297; 358; lemplf, lorculum, -l, 150. lullia, -ae, 167.
&uper, 151. 136; lemplO, 162; lempld 67; torpedo, -Cnis, 178. lalus, -a, -um, 88; 348.
superabilis, -e, 193. 103; 135; 136; 137; 164; 202. torqueo, -ére, 292; 310; 348; lorsl, tuus, -a, -um, 224; 351.
superbia, -ae, 167; 206; 296. tempus, 98; lemporis, 98; 99; 175; 310; torlus, 348.
superbio, -ire, 296; 300. lemperl (loc .), 184. lorreo, -ére, 79; 292; 348; loslus, 348. aber, 53; 110; Uberis, 175; übera,
super bus, -a, oum, 296. lemulenlus, -a, -um, 155. toi, 239; 254. 186.
supernus, -a, oum, 153. lendo, -cre, 288; 293; 306; lelelldl, toliés, 254. ubi, 56; 238; 239.
super us, -a, oum, 151; 211. 306. lolus, -a, oum, 110; 237. u/ciscor, -i, 291; u/sa, 329.
supinus, -a, oum, 153. teneo, -ère, 76; 288; 293; lelini, 303; tralza, -cre, 53; Iraxl, 309; tractus, ul/go, -Cnis, 178.
supplcx, -Ieis, 179; 185. 306; lenlus, 51; 75. 54; 309. fil/us, -a, oum, 83; 90; 100; 237; 242.
suprii, 151; supréid, 170. lenerclsco, -ére, 290. Irëcenli, -ae, -a; 248. u/mus, -i, 73.
supremus, -a, oum, 151; 213. Unsa, -ae, 104. lrëdecim, 247. ullerior, -ius, 234.
surgo, -cre, lOO; surgi mus, 100; lenlorium, or, 158. Iremebundus, -a, -um, 328. ullimus, -a, -um, 152; 213; 234.
surégi, surrëxi, 309. lepe/aciü, -ére, 328. trema, -cre, 273; 311. ull,ro 234.
sas, 189; 195; 204; 215; sucm, tepef/6, -ierl, 328. lremulus, -a, -um, 150. umbilicus, or, 156.
204; 215; suis, 204; sur, 204; tepeo, -ère, 259; 294. Irës, 14, 243; 248; lria, 246. umerus, -i, 160.
215; sue, 204; sués, 204; 215; tcpidus, -a, -um, 294; 345. tribulis, -e, 193. finanimus, -a, -um, 242.
suum, 201; 215; suibus, sabus, tepor, -oris, 175; 181; 211; 294. tribuniililS, -üs, 196. unde, 103; 239.
204; 215. 1er, 243; 218; 251; 253. Iribünus, -l, 153. undecié(n)s, 253.
suscipio, -ére, 82. terebra, -ae, 167. Iribuo, -cre, tribUlus, 351. undecim, 102; 247.
sulilis, -e, 192. lerg6, -ére, 310; lersl, lersus, 311. Iribils, -as, 16; 197; 199; 351; undecimus, 252.
suus, -a, ~um, 224. terni, -ae, -a, 253; 254; 255; lerna tribübus, 203. undenl, -ae, a, 254.
millia, 255. Iricënl, -ae, -a, 255. undélricésimus, -a, oum, 252.
labeo, -ère, 190; 290. tero, -ére, trlur, 315. triceps, 213. undëuïciës, 253.
labes, 190; 205; la bis, ta bel, 205. lerra, -ae, terriis (nom. pl.), 168. Iricësimus, -a, -um, 251; 252; 255 undêulginll, 247.
labesco, -ére, 290. terrenus, -a, oum, 153. Iricië(n)s, 253 . unguo, -cre, unguil, 55; unclus, 56;
taceo, -ère, 155; 2f.9; tacur, 316; terreo, -ére, 292. lriennis, 192. 82.
lacere, 45; 280; 292; 293; 294; terrestris, -e, 192. trigintii, 67; 164; 245; 246; 248. ünic%r, 242.
296; 316. terrif/cus, -a, -um, 328. trinl, -ae, -a, 254; Irinum (gén. pl.), ünicus, -a, oum, 242.
ladlus, -a, oum, 155; 179; 294; lerrilorium, -r, 158. 171. üni/ormis, -e, 242.
345; 350. lerl'or, -oris, 175; 292. Iripés, -édis, 213 . üni/as, olaUs, 242.
taedio, -lre, 296. terlius, -a, oum, 248; 250. tripléx, -Ieis, 243. nniuersus, -a, -um, 242; oinuorsei
laedium, "r, 296. teslis, ois, 82; 97; 243. (Troia, -ae), Troiad (ab!. singi), (nom. pl.), 163; üniuorsi, 108.
lalentum, -l, 27. tcsli- /lestumonium, -l, 97; 158. 170. anus, -a, oum, 109; 237; 242; oino
lü/is, -e, 194. (Tiberis), Tiberim, 198; Tiberis trucu/entus, -a, oum, 155. (acc. sing.), 160.
lam, 78; 210; 233; 239. (gén. sing.), 199. ta, 220; 221; tuquidem, 101; 221; finusquisque, ünaquaeq!le, ünumquid-
tango, 35; 105; 106; 276; 287; libicen, -inis, 102; 158. led, /ë, 94; 104; 220; 221; 223; qlle, 237.
305; 306; 323; 349; langés, 35; li bicinium, or, 158. 224; iUl, 222; libl, 53; 94; Ill; urblinus, -a, oum, 152.
laxo, 323; tangebam, 35; le/igl, (Tibur), Tiburl (Ioc.), 184. 222; 238. urbs, -bis, 190.
lliclus, 105; 106; 276; 287; 305; Tiburtes, oum, 194. luber, -cris, 175. urgeo, -cre, ursi, 310.
306; 323; 349. limeü, -ère, 155. Tu bcra, -onis, 177. urna, -ae, 73.
tanlus, -a, oum, 239. timidus, -a, oum, 155; 345. Tuders, Tuderlés, oum, 194. ura, -ére, ustus, 60 ; 69; 95; 110;
lardéscIJ, -cre, 291. linguo, -ére, 287; lillClus, 251. luccélum, 154. 284; 312; 348; ussi, 312.
laurus, -l, 109; 150. lirocinium, or, 158. lum,233. ursus, ·l, 51; 73.
legmen, -inis, 155. toga, -ae, 95; 291. tumulus, -i, 150. üsura, -ae, 353.
lego, 52; 283; 291; lexr, teclus, 78; togülus, -a, -um, 151. lunica, -ae, 97. üsüs, ·Cis, 354; üsui, Dsü, 200.
105; 309; 351. tolerabilis, oc, 193. lurbidus, -a, oum, 155. ul, 5G; 103.
lel/us, -uris, 175. lol/IJ, -cre, 66; 74; 235; 288. lurpis, -e, 192. u/er, -tra, -trum, 56; 151 ; 211;
temperü, -are, 98. tonal (impers.), 262; 263; 264. turris, ois, lurrim, lurrem, 198. 227; 236.
lemperiës, temperiëbus, 188. tondeo, -ére, 292; lotondl, 306. turrrtus, -a, oum, 154. ulerque, ulraque, 227; 237.
lüs, türis, 175. uleruls, 237.
396
397
r
ulilissimus, -a, oum, 213. vescor, -l, 200. virgcneus, -a, oum, 157. 322; vellem, 05; 324; volëns,
litor, -r, OSOrus, 353; 0/1, 357; 350. vesper, -err, 150; vesperi (Ioc.), 162; viridus, -a, oum, 203 . 342; 313; velle, G9; 74; 79; 235;
u/rim'1ue, 239. 184. virilis, -e, 103. 283; 357.
vesperlinus, -a, oum, 153. virilim, 192. volunliis, -liilis, 342.
vadimonium, -l, 158. vesperOgo, -lnis, 179. vir/us, -lü/is, 170; 180 ; vir/ü/ci (volupliis), volupllilis, 170.
valer, -Ira, -Irum, 53. ves/er, -Ira, -lrum, 211; 224. (daL),184. volvo, -~rc, volülus, 351; volvendus,
vaglibulldus, -a, oum, 156; 328; 346. veslis, ois, 60; 19l. (vis, viris), vim, 197. 346.
va/eo, -cre, 299; vaLCs, va/cie, 28l. (veslio, -ire), veslilu1 (supin), 19G; viso, -ere, 60; 269; 270; 280; 307; vomis, -eris, 175.
Valerius, Va/eri (voc.), 160; Va/eril, 356. visi, 307; 300. vomilus, -üs, 283.
-erl (gén .), 1G2. (ves/i/üs, -Os), vesli/ü (dal.), 200. vila, -ae, 64. vomo, -~re,283; 315; vomui, 315.
va/ëlüdo, -inis, 178. ves/rlis, -lilis, 194. voriîgo, -fnis, 178.
vi/el/us, -T, 10 l.
va/idior, -ius, 71; n. veslriîlim, 194. vwo, -~re, VIXI, 276; 281; 310; voro, -iire, 55.
vapu/a, -lire, vapu/iî/um (supin), 356. velerë1nus, -a, oum, 152. vivam, vTvëbO, 334; vic/uT (supin), Vor/umnus, -T, 154.
Varra, -onis, 177. ve/eriîsco -p.re, 200. H)6; 356. vos, 220; 223; "ouis, 223; veslrul1l,
(vales, ois), va/um, valibus, 203. ve/ü, -iîre, 96. vivus, -a, oum, 24; 55 ; 73; 88; 156; veslrT, 223.
vec/iga/, -li/is, 104; 198. velus, -eris, velerrimus, 213. 348. vos/cr, -Ira, lrum, '5l.
vehO, -~re, 27; 53; 60; 283; 309; (via, -ae), viiii (gén. sing.),160. voco, -iîre, 87. volum, -i, 70; Ill.
vèxl, vec/us, 54; 95; 309. viü/icus, -a, oum, 157. vocü/ïvus (casus), 138. voveo, 2n; vovi, 312; 316; vo(us, 100;
(ve/es), velilis, 170. vicènT, -ae, -a, 255. vOliililis, -e, 193. 313; 316.
vel/a, -lre, vulsus, 288. vTcësimus, -a, oum, 251; 252; 255. volo, 69; 73; 95; 126; 282; 295; vox, vocis, 67.
veniîbulum, or, 150. vTcië(n)s, 253. 323; voluT, 316; vclim, 05; 283; vulpès, ois, 190; 107; 205.
vènalis, ·e, 193. (vTcInia, -ae), vlcTniae (Ioc.), 160.
Venerius, -a, oum, 157. vIcinus, -a, oum, 153.
venio, vènl, venlum, 55; 75; 296; viclor, -oris, 176.
307; venTre, 296. viclus, -as, 195; vic/ü, viclul, 200.
(veno, -iîre), venéilü (supin), 200. v1cus, -l, 109.
venlosus, -a, oum, 155. video, 60; 269; 289; 306; vide, 62;
ven/rio, -anis, 177.
60; 106; 109; 275; 302; 306;
ven/us, -i, 65 .
vidére, 338; visum, -0, 200; 338;
venus, -cris, 98; 175; 347; 348. 339; videndum, -i, 338; visus, -a,
Venus, 175; Venerem, 175; Veneris, oum, 106; 349.
Venerus (gén. sing.), 184. v1süs, -Os, 339.
venus/us, -a, oum, 98; 154; 347; 348. vie/}, -ère, 290.
vepré/um, -f, 154. viésco, -lre, 290.
vér, vcris, 50; 348. vigil, -ilis, 103; 176; 107.
verbum, -i, 53; verba, 118. viginll, 70; 246.
verécundus, -a, oum, 156; 346. vigor, -oris, 175.
vereor, -ërl, 357. vilësc6, -~re /-isco, -~re, 29l.
vern a, -ae, 26 ; 16G. vilicus, or, 83.
verra, -~re, verri, 307. vUla, -ae, 83; vïlliîbus, 172.
versûra, -ae, 353. vTniîrium, -l, 158.
versus, -ûs, 138 . t'Tniîrius, -a, oum, 158 .
ver/ébra, -ae, 167. vinco, -~rc, vlcl, vic/us, 287.
['erligo, -fnis, 178. vinculum, or, 150.
ver/o, vor/cï, -~re, 73; 154; 283; vindëmia, -ae, 167.
288; 302 ; vorll, 302; vors us, 73; vlnum, -r, 100.
versarus, 352. violens, -CilS, 155.
(Ver/uleius, -i), Ver/uleieis (nom. vio/en/us, -a, oum, 155.
pl.), 163.
vir, 150; 160; viro(m) (accus. sing.),
Ver/umnus, -f, 277.
160; virci (gén . sing.), viri, 143;
veru, -as /verum, -1, 216. 163; virum (gén. pl.), 165.
vèrllS, -a, oum, 103; 15l. viriîgo, -inis, 178.
verû/us, -a, oum, 154. vireo, -ére, 293.
398
r

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS... . .... .. ..... . ... . .... . . . ....... . . . ... . . . .. 5


PRÉLIMINAIRES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
SITUATION LINGUISTIQUE DU LATIN..... . . . ............ 13
La notion d'indo-européen ....... . . ,. . . . . . . . .. . .. . .. . . . . .. . . 13
Les langues indo-européennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Le latin dans l'espace et dans le temps... . . . . ... .. . . .. .. . .. . .. . 21
Situation du latin parmi les langues indo-européennes . . . . . . . . . . . 24
ANALYSE ET TERMINOLOGIE LINGUISTIQUES........... 29
L'articulation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Phonèmes, monèmes, lexèmes, morphèmes, mérismes. . . . . . . . . . . 30
Faits prosodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
TermÏJ;oJogie applicable aux langues indo-européennes:
des[nencc .. . ... . ........ . .. . .. . ..... . ................. 33
désinencc zéro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
lhème .... . . . ... . ............................. . ..... . . 35
noms racincs . . ..... .. ... .'... . . . ....................... 35
sufTixes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
élargissemcnts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
radical. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
racinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37-38
alternances . . . . .. .. . . .. ... . . . .. . .. . . .. . . ..... . ..... " 37-38

PREMIÈRE PARTIE : GENÈSE ET DESCRIPTION


DU SYSTÈME PHONIQUE LATIN

CHAPITRE 1 : PRODUCTION ET CLASSIFICATION DES SONS . 41


La phonation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Les consonnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Les voyelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
La syllabation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Quantité syllabique et quantité vocalique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

401
r
CHAPITRE II : LES CONSONNES, DE L'INDO-EUROPÉEN AU Traitemenl des dipMongues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
LATIN... . .. . ... .. .. . . . .. . ... . .. . ....... . . . .... . .. . .. .. .. . . 49
en syllabe iniliale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
L'élal indo-européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 en syllabe inlérieure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
Nolion de oc son an les ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 en syllabe finale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III
Les occlusives, de l'indo-européen au la lin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Les conlractions vocaliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III
1. Occlusives à explosion sifllanle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Conclusion ... . .. . . .. ... . . . . . . .. . .... . . .. .. . ... .. . . . . .. . . . 112
2. Sourdes aspirées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3. Sonores aspirées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
DEUXIÈME PARTIE : MORPHOLOGIE
4. Labio-vélaires .. .. . ... . ....... . . . . ... . . .. . . . . .... . .. 55
5. Occlusives simples .. .. . ... . .. ... ...... . .. . .. . .... . . . . 57
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS ......... ... .. . .. . ...... . .... 117
La siffianle s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
La classification morphologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Les sonan les de la série laryngale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
La « semi-voyelle» w. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Nom el verbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Nom el pronom .. . .. . . .. . .. . ... ... . . . ..... . . .. . . . .. . . . .. . . , 120
La « semi-voyelle » y. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
SubslanW d adjectif. ......... . ... . . . ..... ..... . . .. . . . , . . . . 121
Les liquides l, r. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Les procédés morphologiqu es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Les nasales n) m. .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 74
L'assimila lion des consonnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • 77 les permulalions désinenlielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
La dissimila lion des consonnes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 les allernances vocaliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
L'épenlhèse ... . . ... .. . .. . . . . ... ..... . ... . ....... . ........ 81 La lhéorie benvenistienne de la racine cl des lhèmes. . . . . . . . . . .. 124
Simplificalion des groupes de lrois consonnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Simplificalion des géminées . . ....... . ..... . " . .. .. .. . . .. .. . . . 83 CHAPITRE II: LE NOM EN LATIN; CATÉGORIES NOMINALES
Conclusion ......... . . . .. .. . . .. . . .. .. .. . .... . ........ . . .. . 84 ET MÉCANISMES FLEXIONNELS... . .. .. . .. ... . .. . . . ..... . 131
Le nombre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
CHAPITRE III : LES VOYELLES DE L'IN DO-EUROPÉEN AU Le genre . ... . .. . . . . . . .... . .. . .. . ... ' .' . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
LATIN... .. . . . .. .. ....... . .. .. .. . .. . . . ............ . .. ... ... 85 Les cas ....... ... . .. .. . .... . ... . .. , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
L'élal indo-européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 fonclionnemenl du syslème casuel lalill . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Les voyelles brèves. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Évolution du syslème casuel, de l'indo-européen au lalin. . . . . . . . 140
L es voyelles longues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 les ly pes flex ionnels de l' indo-européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
Les voyelles, de l'indo-européen au lalin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 discrélisme de cas . ... ... ... . ..... . .... . . ..... . .. . ..... " 143
abrègemenl de longues par « loi d'Oslhoff)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 syncrélisme de cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 144
créai ion de brèves nouvelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 Les mécanismes de la flexion laUne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
ÉvoluUon des voyelles au niveau lalin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 désuélude des allernances lonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
principes généraux . ... .. . . .. . .... . . . . .. .... . . . ..... . ... 91 désuélude des alternances vocaliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 147
évolulion des voyelles longues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 désuélude des aliernances consonanliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
l' hialus . .. . ... .. .... . . . .. . .... . .. .. ...... . .. ... . . .. . . 93 les allernances désinenlielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
l'abrègemenl iambique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Évolu lion des voyelles brèves. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 CHAPITRE III : LA FLEXION THÉMATIQUE. . . .. . . . . .. . . . . . 149
en syllabe iniliale. ... .. . .. . . . . .. . . .... . ...... .. . . . . . . . . 95 La formalion des lhèmes : étude des principaux suffixes. . . . . . . . . . 149
en syllabe inlérieure ouverle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 formalions en -10- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
en syllabe inlérieure (ermée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 formalions en -ro- .. . . .... . ... . .... . . . .. . . . .. .......... 150
syncope des voyelles brèves inlérieures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 formations en -mo- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 1
en syllabe finale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 {ormalions en -no- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Allongemenl de voyelles brèves. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 {ormalions en -to- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 154
dans les monosyllabes Ioniques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 {ormalions en -do-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 155
par allongemenls « compensaloires )) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 formalions en -wo- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 156

402 403
formai ions en -!w-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 156 CHAPITRE VIII: PARTICULARITÉS CONCERNANT L'ADJEC-
formai ions en -yo- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 TIF : CONCLUSION .. ..... .... ... .... ..... .. .............. 209
Lc paradigme latin: étude des formes...... . .. .. .. . .. . . .. . ... 159 Les « degrés)) de l'adj ectif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 20<J
le comparalif. .. ............. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
CHAPITRE IV : LA FLEXION DES THÈMES EN -a. . ... .. . .... 166 le superlalif.... . ....... .. ..... .. .. . . ... ... . . . . . . . . . . .. 212
La formation des thèmes : étude des principaux suffixes. . . . . . . .. 166 Conclusion générale à la flexion du nom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 213
formalions en -Ia- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
formai ions en -ra- ....... . .... . .... . ..... .. ............ 167 CHAPITRE IX : LES PRONOMS ................ . .......... 217
formai ions en -na-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Les catégories pronominales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
formalions en -ta- ..................................... 167 Les pronoms personnels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 218
formalions en -ya-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Les anaphoriques et démonstratifs, indéfinis et interrogatifs-rela-
Le paradigme latin : élude des formes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 168 tifs ........... . .. . .......... '" .. ........... .. ... . ... " 224
inlerrogalif-indéfilli, relalif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 226
CHAPITRE V : LA FLEXION ATHÉMATIQUE DES TI-IÈMES anaphorique el démollslralifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
A CONSONNE............................... ... .. ....... .. 173 les adverbes pronomillaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 238
La formaLÏon des thèmes: étudc des principaux suffixes. . . . . . . . . 174 Conclusion ............................... .. .............. 240
formalions en -c los .................................... 174
formalions en -( e lo)r ................................... 175 CHAPITRE X : LES NOMS DE NOMBRES . ..... . ........ .. 241
formalions en -( e lo)n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 176 Les cardinaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 242
formalions à occlusive denlale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 unilés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 242
formai ions à occlusive vélaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 179 dizaines .............................................. 245
Le paradigme latin: étude des formes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 cenlaines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 247
milliers .......... .... ..... .. ......................... 248
CHAPITRE VI : LA FLEXION ATHÉMATIQUE DES THÈMES Les ordinaux. .. . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 249
EN -y ET -w. " ........................ , . . . . . . . .. . . . . . . . . . .. 189 unilés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 249
La formation des thèmes en y : étude des principaux suffixes. . ... 190 dizaines, cenlaines, milliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 251
Les substantifs: formations peu claires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 Les adverbes multiplicatifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
formalions en -ti- ............................... . ...... 191 Les adjectifs distributifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 254
Les adjectifs: composés en -i-s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 192
formai ions en -ui-s, -li-s, -ri-s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 192 CHAPITRE XI : LE VERBE LATIN, GÉNÉRALITÉS....... 256
formai ions en -ti-s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 194 Les voix ..... ..... . . ....... . ...... . .... . ................. 257
formalions en -cnsi-s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. 194 aelif el moyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 258
La formation des thèmes en -IV: étude des principaux suffixes.... 195 conslilul ion d'ull passif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
formalions primaires ................................... 195 la voix déponenle .. ...... .. ..... ... .. , . . ....... . . . .. . . .. 261
formai ions en -t-( e lo)w . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 195 l'impersonllel ... . ....... . ...... . .... . . ....... .. ... . ... 262
Les paradigmes latins en -!J et -w : éLude des formes. . . . . . . . . . . .. 196 Temps et aspect. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 265
Flexion dc thèmes particuliers: d!Jcw- cc lumière célesLe )). . . . . . . .. 203 les lhèmes veruaux de l' indo-europécn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 266
gwow- cc bœuf»-. . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. . . . . . . .... 204 remodelage lalill,' l'opposition infeclum Ipcrfcclum . . . . . . . . . .. 268
lhèmes en -ü ........... ... ............. .... .... .... ... 204 Les modes.... .. ............. . .. . ... . ....... . ............. 269
le syslème modal de l' indo-européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 269
CHAPITRE VII : LA FLEXION DES TI'IÈMES EN -co ... ..... ... 205 "emodelage lalin,' l'opposilion illdicalif/« subjollelif)); le fulw' 270
EfTectif lexical... .... .... .. .. .... ...... . ......... . . ... . .. . 205 Les désinences personnelles....... . ......................... 272
Étude du paradigme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 206 désinences aelives . . ............. . ....... .. .. .. ......... 273

404 405
désinences du par[ail ........ . . .. ...................... . 274 (ormalions en -a- . . ........... . .. . . . . ... . . . . ..... . .... . 323
désinences du déponenl el du passif ... . ... . .... . ......... . 277 (ormalions en -së- ......... . . . . ... ......... ... .. ... .... - 324
Les formations latines de prétérit ..... . ... .. . ..... . . .. ... . .. . 326
CHAPITRE XII : LES FORMATIONS DES TI-IÈMES DE Les formations latines de futur .. . .. . . . . . , . . .. . , .. . ..... . ... . 329
L'INFECTUM ............................................. . 280 Appendice: les « temps )) de l'impératif. .. .. .... . . . .. . . . ... .. . . 334
Les formations radicales . ... .... . . . ..... . .. . . ........... . .. . 280
présenls radicaux alhémaliques sans redoublemenl. ... . ..... . 281 CHAPITRE XV : LES FORMES NOMINALES DU VERBE LATIN 337
présenls radicaux lhémaliques sans redoublemenl . . .. . .. .. .. . 283 Noms d'agent et noms d'action ... .... . .. .. .. . . . ... · · . ·· · · · · . 338
présenls radicaux lhémaliques à redoublemenl. . . ... . .. . .. .. . 285 Les formations latines d'adjectifs verbaux . .. . . ....... .. .. . . . . 340
présenls radicaux alhémaliques à redoublemenl . ........ ... . . 285 (ormalions en -( e /0 )nt- . . . . .. . ... .. . .......... . ..... . .. . . 341
Les formations radicales élargies . . ..................... . ... . . 286 (ormalions en -ndo- .... . ... ...... . ... .. .... .. . .. . . .. . . . 344
L'infixe nasal. ....... . . .. ... . .. . ... . ....... . .. . . . . . . .. . 286 (ormalions ell -to- ... . ... . ..... . .... . . .... . .... . . . ... . . 347
les élargissemenls denlaux . .. .. . . .... . ...... .. ..... .. ... . 288 (ormaliolls en -türu-s . . . ... . . . . .. . .. .. . .... . .... . .. . ... . 352
L'élargissemenl -s .. ...... . ............. . .. ... .......... . 289 Les formations latines de substantifs verbaux . .. . ... . . . . .. . .. .. . 354
Les formations suffixées .. . . . .................. . ....... . ... . 289 le supin . .... .. . . .. . . . . . . . .. ..... . ... . .. . . . . .... . ... .. . 354
le suffixe -sk-e /0- ... . .. . .. . ......... .. ................ . 289 les infinili(s . .......... . . . . ...... . .. . ... . ........ . : '. . . . 357
le suffixe -eye /0- . ...... . ...... . ... . ............. . . . ... . 291 périphrases lype amatum esse, amaturum esse, amat.um ln .. . 357
le suffixe d'élal -ë- . ... . .... . ... ... . . .. . .......... .. ..... . 292 (ormalions en -se . ... ... ......... ... ..... ... .. ... ... . . . 358
le suffixe -y-( e /0)- .......... . ............. . .. . ....... . . 294 (ormalions en -ier . . . . . ... .. ... . ... .. . . ... . .... . . . ... . .. . 358
in{eclums re[ails sur d'anciens aorisles . . ... . . . ......... .. . . 294 [ormalions en -i et -ri . .. . .. ... . . .. ... . ..... . . .. .. . ... .. . . 359
in[eclums re[ails sur d'anciens présenls . ................... . 296
in[eclums dénominali[s . .. . . . ..... . . . ..... . . . .. .. . . ... . . . 296 BIBLIOGRAPHIE .... .. . .. .. . , .. .. , . .. .. .. . ... .... . .. . . . .... . 361
Conclusion ....... . ........... . ...... . ....... . .. . . ... .... . 298 365
INDEX DES MOTS GRECS .... . ... . ... ... . . ·. ··· ············
CHAPITRE XIII: LES FORMATIONS DES THÈMES DU PER- INDEX DES MOTS ITALIQUES NON -LATINS................. 371
FECTUM........ .. ........................... .. ............ 301
Les formations radicales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 302 INDEX DES MOTS LATINS ............................. · .... .. 373
{ormalions conlinuanl des lhèmes de par[ail. . . . . . . . . . . . . . . .. 302
(ormalions conlinuanl des lhèmes d' aorisle. . . . . . . . . . . . . . . . .. 304 TABLE DES MATIÈRES . ... . . .. ... . . ........ ·.· · · ···· ······· 401
anciens aorisles radicaux alhémaliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 304
anciens aorisles radicaux lhémaliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 305
Formations développées par analogie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 306
(ormalions secondaires à redoublemenl. ... ; . . . . . . . . . . . . . . .. 306
(ormalions secondaires à vocalisme radical allongé. . . . . . . . . .. 306
{ormalions non marquées......... . . . ........ . ........... 307
Les formations suffixées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308
le per[eclum en -s- ...... . .. . .... . ..... . . . .............. 308
le per[eclum en -v- ...................... . . . ............ 312
Conclusion ............... . ......... . .. . ....... . ....... . .. 317

CHAPITRE XIV : LES FORMATIONS MODALES ET TEMPO-


RELLES DU LATIN............... .. . .. ... . .. . .. . ....... . . 319
Les formations latines de subjonctif. . .......... . .. . ......... , 320
{ormalions en ·-yeHl> -yèj"-yH 1 >-ï ....... .. .. . .. , .. .. , 321
406

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