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MartinismeCollegeTiferet03 B PDF
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L’étude de l’arbre de vie nous le montre fréquemment organisé en quatre plans (ou
mondes) superposés, formés chacun d’une triade de sefirot1 – sauf le plan inférieur,
uniquement constitué d’une seule sefira –, disposés selon trois axes verticaux ou piliers selon
le schéma classique suivant :
Bina ’Hokhma
____________________________________________
(Da’at)
Tiferet
’Hod Netsa’h
Yessod
Malkhout
La communication entre les deux divisions de l’arbre est permise grâce à l’existence d’une
onzième sefira invisible : Da’at, la connaissance.
1
Certaines sefirot possèdent d’autres noms ; ainsi : ’Hessed (ou Guedoula), Guevoura (ou Din ou Pachad) et Tiferet (ou Ra’hamin),
Yessod (ou Yessod olam ou Tsédék).
Précisons une fois pour toutes que les graphies hébraïques utilisées pour les sefirot (de même pour le présent terme) correspondent à celles
données par Charles Mopsik en ses divers ouvrages relatifs à la Cabale (tous publiés chez Verdier, sous l’égide de l’Alliance Israélite
Universelle, dans la collection « Les Dix Paroles »).
A noter tout de suite, cette division en trois et sept est à rapprocher de la structure même de
l’alphabet hébreu, que nous savons comporter, outre les douze lettres simples, trois lettres-
mères et sept lettres doubles.
Pour autant, cette représentation fréquente semble devoir être datée en fait du XIIIe siècle
de notre ère, et il en existe des variantes, dont un modèle circulaire, où Tiferet tient une place
centrale, tout en conservant une relation privilégiée (comme ci-dessus) : avec Yessod, qui relie
cette sefira à Malkhout.
Plusieurs pratiques sont basées sur l’arrangement des sefirot, tout particulièrement sur les
canaux (les sentiers) qui relient certaines d’entre elles dans le schéma de l’arbre de vie.
Cela étant, inconvénient majeur – et obstacle de taille à une pratique assurée –, il faut
remarquer qu’outre la variété des représentations, il est des arbres séfirotiques où
l’organisation même des sentiers diffère, voire où, pour des représentations semblables,
l’emplacement même desdits sentiers varie2.
Aussi référer à telle connexion séfirotique pour une pratique d’ordre théurgique est-il pour
le moins hasardeux en l’état, faute d’une attribution sûre (s’il en est une…) des voies qu’on
entend alors parcourir.
Une première approche pratique des sefirot, qui se veut déconnectée de toute association à
des sentiers bien définis, peut consister en une suite d’invocations ; soit qu’on les dise de
Malkhout à Keter (en mouvement « ascendant ») donc ; soit qu’on les dise de Keter à
Malkhout (en mouvement « descendant » cette fois3) :
2
Ainsi, par exemple, chez Robert Ambelain en sa Kabbale Pratique (Bussière, Paris, 1992), qui reprend au reste Athanase Kircher que
suivent également Papus et Knorr von Rosenroth. Tous donnent un agencement des sentiers qui diffère grandement (2 seuls points
communs !) avec la représentation donnée par Z’ev ben Shimon Halevi, en son ouvrage L’Arbre de Vie. Introduction à la Cabale (Albin
Michel, coll. Spiritualités vivantes, série Judaïsme, 78, paris, 1989).
3
Bien que ces qualificatifs aient quelque chose d’ambigu, voire de trompeur ; après tout : Keter n’est pas plus « haut » que Malkhout.
Pour autant, lorsque référer expressément aux sentiers devient nécessaire (et nombre de
pratiques théurgiques y renvoient), il peut être question de mettre tout de même en œuvre le
rituel habituel, avec toutefois quelques précautions au nombre desquelles 1° éviter toute
visualisation de connexion entre telle et telle sefirot, 2° éviter le recours aux noms attribués
auxdits sentiers, dès lors que la source est peu sûre, voire suspecte.
Les pages suivantes en proposent une approche4.
4
Le rituel qui suit est extrait du livret Pratiques – Livre III, figurant au fonds documentaire et rituel propre au Collège Tiferet.
Dans la mesure du possible, on opérera dans une pièce réservée, où le tracé pourra
demeurer en place, avec les accessoires rituels, tout le temps de l’œuvre, qui durera entre 22
jours (au minimum) et 6 22 jours (au maximum).
Le tracé préconisé pour les jours d’opération est le suivant5 :
L’officiant y entrera le moment venu par l’Occident (Ouest) ; il sortira par le même endroit
une fois le travail achevé.
5
Le tracé donné ici diffère de celui indiqué par Robert Ambelain en sa Kabbale Pratique (op. cit. supra), non que ce dernier soit
inutilisable (on peut y recourir, comme on peut au reste mettre en œuvre des 22 oraisons données en cette opération sans le support d’aucun
tracé opératoire), mais tout simplement qu’au sein du groupe où a été mis en œuvre le présent rituel, c’est le tracé donné en ces pages qui sert
de support habituel pour les travaux.
Quant au présent tracé, dont la base est le pantacle martiniste, on pourra se reporter à l’article intitulé Tracé du pantacle martiniste, placé
dans la même section « Fichiers » (12 mai 2009), au lien suivant :
http://f1.grp.yahoofs.com/v1/ABulTklckvg7cc60bZLZ2_GIVk3-
Dalqb9OSc5_rhTVVZCnqmBcUD9BdI36FM12pBpikAHiAllOW22425ggv/trace_pantacle_martiniste.pdf
PRELIMINAIRES 6
Du régime alimentaire
Le jour de l’opération, on devra observer une sobriété raisonnable. Il sera bon de dîner
légèrement et de ne boire que de l’eau pure durant le repas.
Proscrire si possible ce jour-là le tabac et les excitants tel que le café.
Du régime sexuel
Il est bien évident que tous excès devront être totalement prohibés dans les jours précédant
l’opération.
Le nombre de ces jours est fonction de l’âge et du tempérament de l’opérant. Mais ce
dernier ne devra avoir eu si possible aucune relation sexuelle depuis au moins vingt quatre
heures. Si l’opérant est une femme, elle ne devra jamais opérer durant la période de ses règles.
Du lieu de l’opération
Des vêtements
Le mieux sera assurément de revêtir la tenue rituelle habituelle8, telle que décrite en notre
Rituel général. Sauf indication contraire, la tête sera nue. On aura préalablement quitté tous
les objets métalliques : bagues, montre, clés, etc.
L’opérant, en tenue ou non, portera le sautoir auquel il aura retiré le pantacle habituel
(métallique), qu’il remplacera toutefois par un autre, identique et consacré selon l’usage,
reproduit sur un support non métallique.
6
On retrouvera notamment le même type de prescriptions dans le Rituel de pleine lune de l’Ordre martiniste initiatique (OMI, Degré
Associé, Préliminaires, p. 4-6). Nous avons, de toute évidence, exclu desdites prescriptions tout ce qui est inutile pour notre usage, et adapté
légèrement ce qui pouvait l’être.
7
Autant que faire se peut, éviter les pièces d’usage très fréquent.
8
Sur ce point, on se reportera à ce qui est dit du symbolisme de la tenue rituelle en notre Rituel général.
Comme le fait remarquer Robert Ambelain dans les préliminaires à cette opération, l’opérant qui œuvre en vêtement de ville doit savoir qu’il
se prive ainsi d’une part importante de son efficacité dans les plans immédiats, et qu’il s’expose à être pénétré par des courants psychiques
qui peuvent lui retirer une partie de sa puissance spirituelle.
L’officiant
revêt sa tenue rituelle, cependant qu’il dit :
13
Par les mérites de tes saints anges, Seigneur, permets que je me
revête de ces habits salutaires, pour que je puisse parvenir à l’effet de
ce que je désire ; par toi Très-Saint dont le règne existe depuis toujours
en l’éternité. Amen.
14
(Coiffe :) Mets, Seigneur, le casque de Salut à ma tête. J’ai mis une
garde à ma bouche. Réprime, Seigneur, et conduis ma voix ; afin que je
ne pèche point par ma langue, et que je puisse mériter de ne prononcer
que ce qui t’est agréable. (Robe :) Puissé-je être blanchi(e) dans le Sang
de l’Agneau, et mériter par-là d’avoir part aux joies célestes.
9
Toute cette première partie emprunte aux cérémonies en usage dans l’Ordre des élus cohens et à la liturgie romaine (cf. détails indiqués
pour chaque partie). Il en est de même des rites conclusifs de restitution du lieu (cf. infra, page 34), dont la source est typiquement cohen.
Son but est d’encadrer le travail collectif, d’y amener comme il convient l’assemblée des frères et sœurs, par une préparation adéquate (et
homogène au corpus du Martinisme) du lieu de travail ; par une préparation encore du « feu » destiné à l’allumage des flambeaux du temple.
Ce faisant, on préparera efficacement chaque frère et sœur (par une imprégnation progressive) aux pratiques d’ordre strictement théurgique,
en même temps qu’on se mettra chaque fois en phase (en relation harmonieuse) avec l’égrégore spécifique à l’Ordre cohen.
Si l’officiant juge cela opportun ou s’il n’a pas la possibilité de les mettre en œuvre, il est possible de passer outre ces rites préparatoires,
pour ne réaliser que le travail proprement dit (cf. infra : Rituel, pages 14 à 33). Dès lors, il n’utilisera pas non plus les rites de restitution du
lieu, donnés en fin de rituel. A l’évidence, une telle option ne saurait être qu’exceptionnelle, attendu la nature de tout travail d’ordre
théurgique : souhait de privilégier l’aspect purement oral du travail (rite de lecture, pratique de la prière selon l’usage commun), ou manque
d’une préparation adéquate pour un rituel théurgique complet.
10
Les sources spécifiquement cohens du présent rituel se retrouvent principalement dans le Livre vert, dit manuscrit d’Alger ou
manuscrit Grainville (LV, BNF, Ms. FM4 1282) ; également dans le manuscrit Jirousek (MJ) qui reprend le fonds Z (FZ). Le détail est
indiqué en notes dans le cours même du rituel, comme suit : Source (cf. supra), Titre, section ou repère, pages.
Pour ce qui est des autres sources, nous renvoyons à notre corpus martiniste habituel (OMI notamment), de même, pour certains aspects, à
l’usage liturgique romain, pratique recommandée par Martines à ses émules (particulièrement : Le Bréviaire romain, en latin & en françois.
Suivant la reformation du S. Concile de Trente. Divisé en quatre parties, A Paris, chez Denis Thierry, rue S. Jacques, devant la rue du Plâtre
à l’enseigne de la ville de Paris, 1688, 4 vol., et Missel Romain selon le règlement du Concile de Trente, traduit en françois. Nouvelle
Edition, A Sainte Manehould, chez Deliège, Imprimeur & Libraire, sur la Place d’armes, M. DCC. XXXVII, 1 vol. ; pour les autres
références : cf. note 5 de notre Rituel général).
11
A défaut, on utilisera des bâtonnets d’encens qui ne nécessitent pas l’utilisation de charbon d’allumage.
12
Rappelons ici que ce luminaire est pour notre Collège tant le symbole de la présence – invisible mais réelle – des Maîtres du passé de
notre chaîne traditionnelle (du Martinisme en général), que celui de la présence – tout aussi réelle dans l’intention – des Maîtres de l’Ordre et
des frères et sœurs physiquement absents.
13
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1187, p. 106 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ia., p. 4.
14
Cf. Pierre Lebrun (ou Le Brun, 1661-1729), Explication des prières et des cérémonies de la Messe (Gauthier Frères & Cie, Paris,
1729), Traité préliminaire. Du sacrifice, Article quatrième, § I., p. 29 (entre parenthèses les correspondances avec notre tenue rituelle) :
15
Donne, Seigneur, la force à mes mains pour essuyer toute souillure ;
afin que je puisse Te servir en étant pur(e) d’âme et de corps.
Cela fait, et s’il y en a un dans la pièce d’opération, l’officiant se présente comme il se
doit face au luminaire de l’Est.
1° Cercle interne
2° Double triangle : descendant, ascendant
3° Croix : Est-Ouest, Nord-Sud
4° Prolongement de la croix : Est-Ouest, Nord-Sud
5° Cercles extérieurs : médian, externe
6° Cercles cardinaux : Sud, Ouest, Nord, Est
17
Je te purifie, cire, et te bénis au nom de l’Eternel, et par les vertus et
puissances qui m’ont été remises par lui. Sois ordonnée et consacrée
par ma parole et par mon intention, au nom de l’Eternel et par les
vertus et puissances qui nous ont été remises par lui pour le service
auquel je te destine, qui est de me faire retenir impression des choses
qui me seront ici communiquées par les esprits que j’invoque selon la
puissance innée en nous.
15
Préparation avant la Messe : cf. Missel Romain, Prière en se lavant les mains.
16
Lors des cérémonies d’équinoxe et de solstice, le double triangle sera garni à chacun de ses six sommets d’une bougie neuve de cire
blanche qui sera allumée le moment venu.
Il est possible de réaliser ce tracé une fois pour toutes, sur un support approprié (tapis opératoire) qu’on utilisera pour l’occasion.
17
LV, Instructions sur une invocation de réconciliation, 1174, p. 92 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 4.
Sois donc juste et véritable à mes yeux, comme le furent les lumières
que les élus privilégiés du Créateur employèrent dans leurs opérations
saintes en faveur de la régénération spirituelle des hommes, nos
semblables.
Cela fait, l’officiant se tient les mains ouvertes en coupe vers le ciel (le briquet est alors
en sa main droite), pour le rite d’allumage du feu nouveau18 :
19
Je te conjure ô Uriel20 ! ô toi, lumière éternelle et divine que
j’invoque par notre puissance, et par tout ce qui est en ton pouvoir et
au nôtre, pour que ton feu spirituel embrase cette matière que je
consacre au sein des circonférences. Que le feu élémentaire qui y réside
s’unisse au tien pour contribuer à la lumière spirituelle des hommes de
désir, afin que tous je sois ainsi animé(e) du feu de vie. Pour la plus
grande gloire de la pensée éternelle (premier coup de briquet), pour celle de
la volonté éternelle (deuxième coup de briquet), et pour celle de l’action
éternelle (troisième coup de briquet : le feu nouveau est allumé).
L’officiant allume la bougie puis, les mains en coupe vers le ciel, dit :
21
O lumière pure ! symbole du chef de notre âme à qui l’Eternel a
confié le soin de notre pensée, de notre volonté, de notre action et de
notre parole, fais que par ton feu radieux mon âme soit purgée de ses
scories, et que mes lèvres soient purifiées, afin que les paroles que je
vais prononcer opèrent pour la plus grande gloire de l’Eternel, pour
mon instruction et pour l’édification de mes semblables.
______________________________________________________________________
S’il a reçu les instructions relatives à cette pratique, ici, par trois fois l’officiant aspire
légèrement la flamme, disant chaque fois secreto22 :
23
In quâcumque die (noms ou mots du jour) invocavero te velociter exaudi
me !
______________________________________________________________________
18
Sur ce point : cf. Annexe, en page 35.
19
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1193, p. 107 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 6.
20
Le Livre vert comme l’Instruction secrète extraite du manuscrit Jirousek indiquent ici ô +7.
Nous réservons ici l’emploi du seul nom Uriel (on notera que l’OMI fait de même en cet endroit), attendu qu’on réfère ici, d’une manière
générale, à la Lumière divine. Au reste, plus bas, il sera explicitement fait appel à l’Esprit de Sainteté, qui relève justement du septénaire (7)
chez les élus cohens.
21
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ie, p. 8 et Instruction
secrète, p. 2.
Cette prière, avec l’invocation à l’Esprit-Saint qui la suit, correspondent, dans les rituels de l’Ordre des élus cohens, au rite de l’illumination
du centre, lequel fait suite à l’allumage du feu nouveau.
22
On dit ce qui suit pour chacun des trois noms ou mots.
Cf. infra : note 59 p. 36 sur ce point.
23
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108.
D’après Psaumes, LVI, 10 : « Quand que ce soit que je t’invoque (noms ou mots du jour), exauce-moi promptement ! ». Cf. lettre du 11
septembre 1768 de Martines de Pasqually à Jean-Baptiste Willermoz.
24
Viens Esprit-Saint, entourer le feu qui t’est consacré pour être ton
trône puissant et dominant, sur toutes les régions du monde universel !
Domine selon ma pensée, sur moi ; éloigne de ces circonférences et de
ce lieu tout esprit de ténèbres, d’erreur et de confusion, afin que mon
âme puisse profiter du fruit des travaux qui sont donnés aux hommes
de désir qui se rendent dignes d’être pénétrés par toi, qui vis et règne
avec le Père et le Fils à jamais. Amen. (L’officiant anime alors la bougie du
centre comme il se doit.)
Cela fait, l’officiant allume les charbons à la bougie du centre (s’il n’utilise pas de
charbon d’allumage, il sautera ce passage pour reprendre en où il utilise l’encens) et
les replace dans le brûle-parfum avant d’étendre les mains au-dessus comme il se doit :
25
Je t’exorcise, créature de feu, par Celui par qui tout a été fait afin
que tu repousses aussitôt de toi tout fantôme et qu’il ne puisse nuire à
quiconque. Bénis , Seigneur, cette créature de feu et sanctifie-la, afin
qu’elle soit bénite en hommage à ton saint Nom et ne soit d’aucun
dommage à ceux qui la manient ou la voient, par Jésus-Christ Notre-
Seigneur. Amen.
Cela dit, l’officiant procède maintenant à la bénédiction de l’encens, étendant les
mains comme il se doit au-dessus de ce dernier :
26
Que Dieu bénisse l’encens qui va brûler pour sa gloire. Amen.
(Se tenant maintenant mains ouvertes en coupe vers le ciel :) Que par
l’intercession du bienheureux Michel Archange, qui se tient debout à la
droite de l’autel des parfums, le Seigneur daigne bénir cet encens, et
le recevoir en odeur de suavité. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen.
L’officiant verse alors de l’encens en trois fois dans le brûle-parfum27 avant de
reprendre, les mains ouvertes en coupe vers le ciel :
28
Que cet encens que tu viens de bénir, monte jusqu’à toi, Seigneur, et
que ta miséricorde descende sur moi.
24
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ie, p. 8 et Instruction
secrète, p. 2.
25
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1181, p. 104 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 6.
26
Bénédiction de l’encens : pour les deux répliques qui suivent, cf. Missel romain, Ordinaire de la Messe.
27
S’il use d’encens en bâtonnets ou en cônes, il l’enflamme ici. Par la suite, étant question du brûle-parfum, l’officiant comprendra alors
le bâtonnet ou le cône d’encens utilisé.
28
Encensement : pour les deux répliques qui suivent, cf. Missel romain, Ordinaire de la Messe.
L’officiant prend alors le brûle-parfum en main et, faisant le tour du temple dextrorsum,
se rend successivement29 au Sud, à l’Ouest, au Nord et à l’Est, pour le tracé du pantacle
martiniste30 comme suit :
1° Cercle
2° Triangle descendant
3° Triangle ascendant
4° Branche verticale de la croix
5° Branche horizontale de la croix
31
Je te purife, angle ……… (préciser), par ce parfum aromatique que
j’ai consacré, par ma volonté et ma parole, pour faire la purification de
ta matière apparente ; et pour que tu serves pendant mon travail à
contenir celui ou ceux des esprits purs qu’il plaira au Créateur de me
faire voir et entendre par sa bonté infinie et selon notre désir pour sa
gloire, pour ma réconciliation, et pour la sanctification de mes
semblables. Je te consacre comme Zorobabel consacra les quatre
régions spirituelles dont les esprits opérèrent la réconciliation des
restes d’Israël avec le Créateur, et les sortirent de l’esclavage des
démons figurés par les Babyloniens.
29
Cet ordre, qu’on suivra en dehors de toute autre indication expresse pour ce qui a trait aux invocations, conjurations etc., fait écho à
divers principes auxquels nous renvoyons ci-après. Ainsi, dans le Livre vert :
« On commence le travail par l’Exconjuration sur le Serpent au midi, d’abord après la bénédiction du tracé et de toutes les choses
« d’usage dans le travail, et étant muni du talisman et du poignard. (LV, section 1207, Quart de cercle sur les planètes pour essai
« d’un apprenti R+, p. 30) »
Par ailleurs, quant à privilégier le Midi, selon Rémi d’Auxerre (qui écrivait et enseignait à Reims en 882), cité par Pierre Lebrun, dans son
ouvrage Explication des prières et des cérémonies de la Messe, il apparaît que :
« Le vent du midi, qui est doux et chaud représente le souffle du Saint-Esprit, d’où part la parole de Dieu, comme un vent qui
« échauffe doucement les âmes et les pénètre du feu de l’amour divin. (Op. cit., Seconde partie de la messe, Article septième,
« L’Evangile, § II., p. 182) »
Si commencer au Midi peut sembler étonnant, eu égard 1° l’usage habituel de commencer à l’Orient (lieu d’où vient toute lumière), 2° la
réputation « mauvaise » de cette direction dans le système martinésien, nous préciserons ici que 1° commencer au Midi ouvre le travail à la
droite du Père (qui est à l’Occident fixant l’Orient dans la tradition vétéro-testamentaire), soit sous les auspices du Fils, son Christ et Messie ;
2° on achève alors la préparation à l’Orient, dès lors prêt pour le travail ; 3° on fixe d’entrée toute influence réputée mauvaise en cette
direction.
Pour conclure ici, on notera que l’Ordre martiniste initiatique (OMI), en ses travaux, procède de même s’agissant du tracé puis de
l’effacement des pantacles cardinaux.
30
Pour une pratique placée sous les auspices du Martinisme.
S’il s’agit de travailler selon les rites ressortissant strictement à l’Ordre Cohen, on tracera ici le signe de la Croix (), selon l’usage habituel.
31
Pour tout le début de cette section, cf. LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1177, p. 100-101.
Le dernier pantacle étant tracé, l’officiant effectue un premier tour dextrorsum du tracé,
cependant qu’il dit :
32
Bénis, Seigneur, Dieu omnipotent, ces cercles, faits ici pour ta
sainteté, la pureté, la victoire, les vertus, la modestie, la bienveillance ;
tracés par la main, recueillis en plénitude et rendant grâces de l’action
de Dieu, Père 33, Fils et Saint-Esprit.
32
Pour cette partie, cf. LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1183, p. 105.
33
Chaque fois qu’il est associé à la Trinité Père, Fils et Saint-Esprit, en quelque formule que ce soit, rappelons que le signe de la croix,
conformément à l’usage liturgique, est développé : front, poitrine, épaule droite, épaule gauche.
Vous mes patrons35, vous, esprits dégagés des liens de la matière, qui
jouissez maintenant du fruit de vos vertus, je vous conjure, par le Nom
que vous-mêmes avez invoqué avec tant de confiance et de ferveur, de
contribuer à mon salut éternel par votre intercession et votre
protection, auprès du Père des miséricordes, auprès du Fils
rédempteur, auprès de l’Esprit-Saint conservateur. Obtenez pour moi,
et pour tous mes frères et sœurs, les grâces, les secours et la clémence
de la Divinité qui vous récompensent aujourd’hui des combats que
vous avez livrés en ce séjour où nous sommes encore. Faites par votre
assistance que je vive et que je meure comme vous, dans la paix et dans
la joie de la sainteté. Priez pour moi et avec moi en ce moment surtout,
pour que l’Eternel me fasse miséricorde ; intercédez pour moi !
Et toi, esprit pur, ô mon gardien36 ! Toi qui es chargé par l’Eternel de
veiller sur moi, pour la réconciliation entière de mon être spirituel ; toi
que je conjure chaque jour, par le Nom du Dieu de miséricorde, de
venir au secours de mon âme toutes les fois qu’elle est en danger de
succomber au Mal, toutes les fois qu’elle t’appelle par ses désirs, ses
soupirs et ses méditations, toutes les fois qu’elle a faim et soif de
conseils, d’instructions et d’intelligence, aide-moi donc à obtenir les
grâces du Très-Haut, l’assistance et la protection des patrons que je
viens d’invoquer, et la soumission des esprits qui me restent à invoquer
en cette opération. Aide-moi, secoure-moi dans ma pauvreté, dans ma
nudité et dans tous mes besoins. Amen.
34
Pour tout le reste de cette section, cf. LV, Quart d’angle pour un Commandeur d’Orient, 1149, p. 70.
35
S’il n’a pas de Saints-Patrons (ou s’il désire un autre patronage), l’officiant pourra s’en choisir un ou plusieurs, qu’il conservera dès
lors en tous ses travaux.
36
S’il n’a pas connaissance de l’Esprit préposé à sa propre garde, et dans l’attente de le savoir, l’officiant pourra se choisir un Gardien
adoptif. Par la suite, si tel est le cas, il s’en tiendra toutefois à celui que ses travaux lui auront permis d’identifier avec le plus de certitude
possible.
37
[Ps. CXL, 2-4 :] Que ma prière s’élève vers toi, Seigneur, comme la
fumée de l’encens : Que l’élévation de mes mains te soit agréable
comme le sacrifice du soir. Seigneur, mets une garde à ma bouche, et
une porte à mes lèvres. Afin que mon cœur ne s’égare point dans des
paroles de malice, pour chercher des excuses à mes péchés.
38
Que le Seigneur allume en nous le feu de son amour, et la flamme de
sa charité éternelle. Amen.
Tout étant prêt, l’officiant procède maintenant au travail prévu...
37
Encensement de l’Autel : cf. Missel Romain, Ordinaire de la Messe.
38
Après l’encensement : cf. Missel Romain, Ordinaire de la Messe.
RITUEL 39
L’officiant
se tient debout face à l’Est et à la bougie du centre, le rituel40 posé à proximité de la
bougie, un cierge éteint également déposé au sol sur le tracé, avec le nécessaire
d’allumage et d’extinction.
[Ps. CXXIV, 8 :] Notre secours est dans le nom du Seigneur, qui a fait le
ciel et la terre. [Ps. CII, 2-3 :] Seigneur, écoute ma prière, et que mes cris
s’élèvent jusqu’à toi.
Cela dit, l’officiant prend le brûle-parfum en main gauche, le rituel en main droite et se
rend successivement face aux cercles du Sud, de l’Ouest, du Nord et de l’Est pour leur
encensement.41
39
Le présent rituel est préconisé par Robert Ambelain, en son ouvrage La Kabbale pratique, avant la mise en œuvre du « rite de
l’alliance », qui a pour but d’établir un contact définitif entre l’officiant et son « ange gardien » ; citons l’auteur sur ce point :
« […] L’éveil de sa spiritualité a été commencé alors que, “Maître-Elu, sous la Bande Noire”, il pratiquait durant les trois premiers
« Quartiers de la Lune les Invocations aux XXII Noms de Dieu issus des XXII Lettres et données par le Psaume CXIX. (Instruction
« à part, remise aux Maîtres-Elus)… (Op. cit., Editions Bussières, Paris, 1992, Le Rite de l’Alliance par Aurifer S. I., p. 298) »
De fait, notons-le, s’agissant de certaine « opérativité » qu’il a mise en œuvre pour les Martinistes de son groupe, Robert Ambelain a
beaucoup puisé dans un fonds cabalistique, tout autant d’ailleurs que dans les techniques ressortissant à l’alchimie spirituelle (voir son
ouvrage, sous ce titre, auprès de La diffusion scientifique, op. cit., Paris, 1985).
40
Il serait bon que le livret utilisé ait été préalablement consacré selon l’usage habituel.
41
Quant à cet ordre : cf. supra, note 29.
A noter qu’en l’opération qu’il décrit en son ouvrage, Robert Ambelain préconise les psaumes suivants, dans cet ordre (Op. cit., p. 214-216 ;
numérotation de la Vulgate), sans toutefois donner d’explication non plus que ses sources :
- Orient : psaume 18
- Midi : psaume 10
- Couchant : psaume 14
- Septentrion : psaume 8
Quant à nous, nous nous référons à l’usage prescrit aux R+ pour leurs opérations annuelles. Sur ce point : voir LV, section 1209 : Statuts
secrets des R+, section 1155 : Article 31, p. 53.
42
Psaume 37 (38 selon la Septante) : troisième psaume de la pénitence, Domine, ne in furore tuo arguas me, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :
« David, craignant la colère de Dieu, qu’il avait irrité par ses péchés, décrit l’état d’humiliation et d’affliction où il était réduit par
« l’abandon de ses amis, et la révolte de ses sujets. Il lui confesse sa misère, lui demande pardon, et implore son secours. »
En tant que psaume de pénitence, ce psaume est généralement prescrit aux Réaux-Croix (dont les Apprentis, ou Commandeurs d’Orient), en
relation avec les six autres, avant tout travail rituel (notamment lors des opérations d’Equinoxe) ; de même à chaque renouvellement de lune
(néoménie). Ils sont alors répartis comme suit : 3 le matin (1 er au 3e), 2 l’après-midi (5e et 7e) et 2 le soir au coucher (4e et 6e). Par ailleurs,
hors tout travail particulier, pris séparément, chacun d’eux est prescrit – un par jour – le soir avant le coucher. A noter que les Grands
Architectes (Grands-Maîtres Cohens) et les Chevaliers d’Orient (Grands Elus de Zorobabel) ne sont tenus à en dire qu’un seul.
43
Psaume 6 (6 selon la Septante) : premier psaume de la pénitence, Domine, ne in furore tuo arguas me, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :
« On croit que ce psaume a été composé par David dans une extrême affliction, ou dans une dangereuse maladie, dont il exprime
« toute la douleur ; il demande à Dieu de détourner de lui sa colère, ses fléaux, et la persécution de ses ennemis ; et comme si tout
« d’un coup il avait été délivré, il en rend à Dieu ses actions de grâces. »
44
Psaume 31 (32 selon la Septante) : deuxième psaume de la pénitence, Beati quorum remissae sunt iniquitates, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :
« David, dans ce psaume, reconnaît devant Dieu son crime, en gémit, lui en demande pardon, fait consister tout son bonheur dans sa
« réconciliation avec lui ; et par son exemple invite les pécheurs à avouer leurs fautes, et à en faire pénitence. »
45
Psaume 101 (102 selon la Septante) : cinquième psaume de la pénitence, Domine, exaudi orationem meam, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :
« L’auteur de ce psaume décrit ici l’extrême désolation où lui et son peuple ont été réduits : et il la dépeint sous diverses similitudes
« très capables d’exprimer vivement sa douleur ; il demande à Dieu qu’il les secoure et les délivre de la persécution de leurs
« ennemis. Ensuite, comme s’il en avait été exaucé, il le remercie d’avoir soutenu Sion, et d’avoir renversé ses ennemis. »
46
Gloire soit donnée à la pensée, et à l’opération du Dieu des dieux,
Eternel d’Israël ! Amen.
Cela fait, l’officiant repose le brûle-parfum auprès de la bougie du centre, puis allume à
cette dernière le cierge qu’il prend en main gauche.
46
Cette formule conclut habituellement les psaumes dits par les R+ pour leurs opérations annuelles. Sur ce point : voir LV, section
1209 : Statuts secrets des R+, section 1155 : Article 31, p. 53.
Alors, le rituel en main droite, ouvert aux versets du jour, il se tient jambes écartées au-
dessus de la bougie du centre cependant qu’il lit lesdits versets, comme indiqué ci-
après47 :
Jour 1
47
On commencera toujours un dimanche pour terminer le dimanche de la semaine qui suit immédiatement. La série des vingt-deux
oraisons achevée, on reprendra le dimanche d’après (pause de six jours). Ainsi de suite pendant six lunaisons pour une pratique complète.
48
Il faut ici noter certains points d’importance au regard de l’utilisation des Noms divins. En effet, selon les sources consultées, ils
varient ; quelquefois de beaucoup. Par ailleurs, s’agissant de ceux donnés par Robert Ambelain en son opération, l’hébreu est à prendre avec
une grande prudence (nombreuses coquilles et incohérences notamment) ; au reste, il ne cite pas ses sources avec précision.
Il découle donc de ces remarques, que nous privilégions ici comme Noms divins les seules lettres hébraïques qui ouvrent chacune des 22
sections du présent psaume. De fait, notons-le, lesdites lettres sont aussi regardées dans la tradition cabalistique comme des Noms de
l’Eternel ; et ces mêmes lettres servent aussi à désigner chacun des 22 sentiers de l’arbre séfirotique qui sert de schéma classique à la pratique
dite des vingt-deux sentiers.
S’agissant du recours à ces lettres, il faut remarquer que le psaume 118 ne fait pas exception dans la Bible, puisque d’autres sont mêmement
découpés en strophes, chacune associée à une lettre selon son rang ; ainsi, pour les psaumes, et outre celui-ci, selon la Vulgate (ou Septante) :
24 (25), 33 (34), 36 (37), 110 (111), 144 (145) ; de même pour les Lamentations de Jérémie qui sont lues au Temps de la Passion (cf. Office
des Ténèbres, à Matines, des Jeudi, Vendredi et Samedi Saints, aux premières Leçons. Quant à ces dernières, et au recours aux lettres, citons
une note du Missel vespéral romain :
« Les mots Aleph, Beth, etc… sont les lettres de l’alphabet hébreu qui partagent ces Lamentations en versets. C’est comme si l’on
« disait A. B. etc… en français. “Ces lettres hébraïques doivent être dites” (S. R. C. 3642 ad 6.) “Les noms des lettres de l’alphabet
« hébreu qui divisent chaque strophe, indiquent la forme acrostiche que le poème des Lamentations garde encore dans l’original. On
« les chante parce que les Juifs les chantaient eux-mêmes.” (Dom Guéranger.). (Op. cit., par Dom Gaspar Lefèbvre, bénédictin de
« l’Abbaye de Saint André, Bruges, 1942, note (1) p. 622) »
Cela étant, il est clair qu’on pourrait ici remplacer chacun de ces vingt-deux Noms par tout autre qui conviendrait, tout en restant conforme à
l’esprit de la présente opération ; qu’on se reporte alors au matériel élu cohen disponible.
49
Psaume 118 (119 selon la Septante).
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :
« Ce psaume est tout entier de morale. C’est une excellente exhortation, par laquelle le roi prophète anime les peuples à
« l’observance de la loi divine, dont il est parlé dans presque tous les versets, quoique sous des noms différents. Quelques-uns
« croient que David le composa pour être récité par le peuple dans le chemin, lorsqu’il se rendait de toutes parts trois fois l’année au
« tabernacle : et que les psaumes suivants qui sont nommés graduels, se chantaient lorsqu’on montait les degrés pour arriver à ce
« même tabernacle. Il est divisé en vingt-deux parties, selon les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. Chaque partie contient huit
« versets, qui commencent chacun par la même lettre : les huit versets suivants commencent par une autre lettre, et ainsi jusqu’à la
« fin. »
Jour 2
Jour 5
Jour 6
Jour 7
Jour 12
Jour 14
105. Ta parole est une lampe qui éclaire mes pieds, et une
lumière qui me fait voir les sentiers où je dois marcher.
106. J’ai juré et résolu fortement de garder les jugements
de ta justice.
107. Je suis tombé dans la dernière humiliation,
Seigneur ; fais-moi vivre selon ta parole.
108. Fais, Seigneur, que les vœux que ma bouche a
prononcés volontairement te soient agréables, et
enseigne-moi tes jugements.
109. Mon âme est toujours entre mes mains, et je n’ai
point cependant oublié ta loi.
110. Les pécheurs m’ont tendu un piège, et je ne me suis
point écarté de tes commandements.
111. J’ai acquis les témoignages de ta loi pour être
éternellement mon héritage, parce qu’ils sont toute la
joie de mon cœur.
112. J’ai porté mon cœur à accomplir éternellement tes
ordonnances pleines de justice, à cause de la récompense
que tu y as attachée.
Jour 15
Jour 16
Jour 19
Jour 21
Cela fait, l’officiant procède maintenant aux rites de restitution des lieux à leur usage
initial…
RESTITUTION DU LIEU 50
L’officiant
se tient genou droit en terre devant la bougie du centre51, les mains ouvertes en coupe
vers le ciel :
52
Au nom du Père , et du Fils, et du Saint-Esprit, allez en paix en vos
retraites, esprits que j’ai invoqués selon la puissance innée en moi et
vous, puissances saintes qui m’avez assisté(e) en cette opération. Que la
paix règne toujours entre nous, et soyez prêts à venir dès que je vous
appellerai.
Cela dit, l’officiant procède au « renvoi » comme il se doit :
53
Je te remets, ô Eternel, avec satisfaction et reconnaissance, la parole
forte que tu avais confiée à mon âme, pour la rendre puissante envers
ceux qui auraient pu lui nuire, et troubler la paix qui règne parmi les
frères et sœurs de l’Ordre. Qu’elle soit ainsi rendue en paix au lieu
d’où elle était sortie ! Amen.
Cela dit, l’officiant éteint la bougie, qu’il dépose ensuite couchée au centre du tracé.
Les quatre pantacles effacés, de nouveau face à l’Est, l’officiant dépose son poignard et
quitte le tracé par l’Ouest, là où il y était entré.
Au dernier jour de l’opération, tout étant achevé, l’officiant débarrasse le tracé qu’il
efface (ou enlève54) ensuite comme il se doit avant de retirer ses décors et vêtements
rituels et de quitter les lieux.
50
Pour les sources de cette partie : cf. note 9 supra.
51
Insistons ici sur ce point capital : l’unique bougie du centre contient en elle le feu initial (issu du « feu nouveau ») dont elle procède.
Aussi, est-ce bien ici ce feu originel qui est renvoyé vers sa source invisible, d’où la présente invocation, reprenant celle destinée au feu
nouveau.
52
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1189, p. 106.
53
MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 26 et Instruction secrète, p. 3 et 71.
54
Rappelons qu’il est possible d’utiliser un tracé reproduit sur un support (type tapis opératoire) qu’on déroulera puis enroulera après
usage. S’il n’est pas possible de laisser le tracé durant toute la période d’opération, on l’effacera ou enlèvera après chaque jour de travail ;
cette seconde solution est cependant à éviter autant que faire se peut.
ANNEXE 55
Un « feu nouveau » est utilisé pour l’allumage de la bougie du centre (cf. 8°). Ce feu doit
son nom à ce qu’il est tiré à neuf d’une étincelle (qu’on rapprochera d’ailleurs d’un « feu
céleste »). La théurgie Cohen emploie ainsi systématiquement ce type de feu, pour l’allumage
de toute bougie rituelle ; ainsi, figurant au Livre vert56, quant à l’utilisation :
section 1201
section 1201
section 1148
section 1149
section 1173
section 1174
et, quant à la cérémonie d’allumage, en liaison avec l’« illumination du centre », Ibid. :
section 1193
section 1194
De fait, cet usage est emprunté ici à la liturgie romaine, dont on sait l’importance qu’elle
avait pour les disciples de Martines de Pasqually :
« Dieu, qui par ton fils a apporté aux fidèles le feu de ta clarté tiré d’un caillou [c’est
« nous qui soulignons] pour servir à nos usages, sanctifie ce feu nouveau… (extrait de
« l’Office de la Semaine Sainte, Paris, 1756, cité par René Le Forestier, in La Franc-
« Maçonnerie occultiste au XVIIIe siècle & l’Ordre des Elus Coëns, op. cit., p. 244) »
55
Ce qui suit est extrait du livret intitulé Rituel général, en usage au sein du groupe Tiferet.
56
Cf. supra, note 10 p. 6 pour les références.
57
Cf. J. Feder, Missel paroissial des fidèles, Maison Mame, Tours, 1960, Veillée pascale, p. 285.
58
Ce rite consiste en l’aspiration de la flamme par l’opérant : signe de purification par le feu de la parole.
« Le premier des trois chefs est Abraham, qui a établi la première mémoire de l’ordre
« par la règle, la pratique et l’heure qu’il prescrivit pour la première prière du jour, qui
« durait 4 heures, depuis 6 heures jusqu’à 10 h. du matin. Il donnait tout le reste du jour
« à son travail temporel.
« Le deuxième chef est Isaac, qui pratiqua et fixa la deuxième prière, depuis midi
« jusqu’à 4 h.
« Le troisième est Jacob, qui pratiqua et fixa la troisième prière, depuis 8 h. du soir
« jusqu’à minuit, et consacra le reste de la nuit au repos temporel.
« Nous purifions nos lèvres à la flamme de la bougie du centre, afin que notre bouche
« soit pure pour prononcer le mot qui y est tracé59, comme les patriarches chefs de
« l’ordre purifièrent les leurs. (Instruction sur la bougie du centre, 1775) »
L’allumage de la bougie du centre doit toujours se faire à partir de feu nouveau, face à
l’Est. De fait, conformément aux attributions symboliques cardinales, le feu initial, allumé
alors sous la garde d’Uriel60, sera-t-il le point focal des influences spirituelles et occultes, et,
partant, le point de départ de tout allumage rituel. Sur ce point, citons le Bahir :
« [Il y a trois princes, et] la Gebourah (la rigueur) est prince sur toutes les formes
« saintes placées à gauche du Saint, béni soit-il, et c’est Gabriel ; celui qui se tient à
« droite de Dieu est le prince de toutes les saintes formes, et c’est Mikhaël, et au milieu,
« se tient la Vérité, et c’est Ouriel, prince préposé à toutes les formes saintes… (Op. cit.,
« trad. Joseph Gottfarstein, Verdier, coll. Les Dix Paroles, Lagrasse, 1982, § 108, p.
« 87) »
Notons que la localisation d’Uriel qui est ici au centre, au milieu de Gabriel/Guevoura et
Michaël/’Hessed, ne vient pas contredire celle du Zohar qui, à de rares exceptions près, le
situe à l’Est. Ainsi, dans le deuxième tome de sa traduction, Charles Mopsik précise :
« “régime” (hanhaga) désigne la manière dont la vie divine conduit le monde. Jacob
« met en place les différents modes par lesquels la sefira Malkhout agit. (Op. cit., trad.
« Charles Mopsik, Verdier, coll. Les Dix Paroles, Lagrasse, t. II, 1994, note 50, p.
« 309) »
De fait, si l’auteur situe ici Uriel à l’Est, remarquons que, comme dans le Bahir, il est
encore présenté entre les dimensions de Guevoura et de ’Hessed (les « régimes » évoqués
dans l’extrait ci-dessus) et que, là-bas comme ici, c’est toujours vers l’Est qu’il est dirigé.
C’est donc en plein accord avec ce symbolisme que le rite initial, avant l’ouverture des
travaux (et conclusif, au moment de leur fermeture) relatif à l’allumage (puis l’extinction) de
la bougie du centre est réalisé au centre même des « quatre camps de la Chekhina » : véritable
point focal de la manifestation de Dieu dans le monde de « l’ici-bas ».
Dès lors, l’allumage des autres luminaires se fera toujours à partir de la flamme même de
la bougie du centre, réceptacle des influences spirituelles supérieures.