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Sefirot et pratique des Sentiers

L’étude de l’arbre de vie nous le montre fréquemment organisé en quatre plans (ou
mondes) superposés, formés chacun d’une triade de sefirot1 – sauf le plan inférieur,
uniquement constitué d’une seule sefira –, disposés selon trois axes verticaux ou piliers selon
le schéma classique suivant :

Keter Triade supérieure

Bina ’Hokhma
____________________________________________
(Da’at)

Guevoura ’Hessed Septénaire inférieur

Tiferet

’Hod Netsa’h

Yessod

Malkhout

Pilier de la Rigueur Pilier de l’Equilibre Pilier de la Miséricorde

La communication entre les deux divisions de l’arbre est permise grâce à l’existence d’une
onzième sefira invisible : Da’at, la connaissance.

1
Certaines sefirot possèdent d’autres noms ; ainsi : ’Hessed (ou Guedoula), Guevoura (ou Din ou Pachad) et Tiferet (ou Ra’hamin),
Yessod (ou Yessod olam ou Tsédék).
Précisons une fois pour toutes que les graphies hébraïques utilisées pour les sefirot (de même pour le présent terme) correspondent à celles
données par Charles Mopsik en ses divers ouvrages relatifs à la Cabale (tous publiés chez Verdier, sous l’égide de l’Alliance Israélite
Universelle, dans la collection « Les Dix Paroles »).

Pratiques. Livre III (extrait) 1


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A noter tout de suite, cette division en trois et sept est à rapprocher de la structure même de
l’alphabet hébreu, que nous savons comporter, outre les douze lettres simples, trois lettres-
mères et sept lettres doubles.
Pour autant, cette représentation fréquente semble devoir être datée en fait du XIIIe siècle
de notre ère, et il en existe des variantes, dont un modèle circulaire, où Tiferet tient une place
centrale, tout en conservant une relation privilégiée (comme ci-dessus) : avec Yessod, qui relie
cette sefira à Malkhout.
Plusieurs pratiques sont basées sur l’arrangement des sefirot, tout particulièrement sur les
canaux (les sentiers) qui relient certaines d’entre elles dans le schéma de l’arbre de vie.
Cela étant, inconvénient majeur – et obstacle de taille à une pratique assurée –, il faut
remarquer qu’outre la variété des représentations, il est des arbres séfirotiques où
l’organisation même des sentiers diffère, voire où, pour des représentations semblables,
l’emplacement même desdits sentiers varie2.
Aussi référer à telle connexion séfirotique pour une pratique d’ordre théurgique est-il pour
le moins hasardeux en l’état, faute d’une attribution sûre (s’il en est une…) des voies qu’on
entend alors parcourir.

Une première approche pratique des sefirot, qui se veut déconnectée de toute association à
des sentiers bien définis, peut consister en une suite d’invocations ; soit qu’on les dise de
Malkhout à Keter (en mouvement « ascendant ») donc ; soit qu’on les dise de Keter à
Malkhout (en mouvement « descendant » cette fois3) :

1. Malkhout ! O toi, Adonaï ha-Erets ! Devant le portail


du sentier du retour je me tiens humblement, sollicitant
la permission d’entrer. Puisse la lumière éternelle de la
Sagesse divine m’éclairer à jamais ! Amen.

2. Yessod ! O toi Chaddaï El Chaï dont la nature est


parfaite et dont le fondement est au centre des choses !
Maintiens fermement mes pas dans la voie que tu veux
me voire suivre. Amen.

3. ’Hod ! O toi, Elohim-Tsévaot ! Etre resplendissant


dont les actes sont justice, pénètre mon être de ton Saint
pouvoir. Amen.

4. Netsa’h ! O toi, Adonaï-Tsévaot ! Grande source


cachée de tout ce que l’Homme peut éprouver et
connaître, restaure en moi la lumière de la véritable
Connaissance. Amen.

2
Ainsi, par exemple, chez Robert Ambelain en sa Kabbale Pratique (Bussière, Paris, 1992), qui reprend au reste Athanase Kircher que
suivent également Papus et Knorr von Rosenroth. Tous donnent un agencement des sentiers qui diffère grandement (2 seuls points
communs !) avec la représentation donnée par Z’ev ben Shimon Halevi, en son ouvrage L’Arbre de Vie. Introduction à la Cabale (Albin
Michel, coll. Spiritualités vivantes, série Judaïsme, 78, paris, 1989).
3
Bien que ces qualificatifs aient quelque chose d’ambigu, voire de trompeur ; après tout : Keter n’est pas plus « haut » que Malkhout.

Pratiques. Livre III (extrait) 2


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5. Tiferet ! O toi, Eloha ve daat ! Merveilleuse lumière,


royaume de beauté, répands dans mon cœur tes rayons
de vérité, afin que tout orgueil puisse être consumé et
que subsiste seulement l’Amour parfait. Amen.

6. Guevoura ! O toi, Très Saint, Elohim guibor ! Puissé-je


passer par ta Purification et, ainsi, devenir pur. Amen.

7. ’Hessed ! O toi El, le grand et l’unique, dont le nom


est puissant et dont la nature est juste ! Règne en moi,
afin que je puisse proclamer ta Miséricorde. Amen.

8. Bina ! O toi, Très Saint qui résides dans le sein de


l’immensité et que nous appelons YHVH-Elohim !
Permets que la coupe de mon cœur puisse déborder de
ton amour divin. Amen.

9. ’Hokhma ! O toi, Très Saint qui résides dans le sein de


l’immensité et que nous appelons YHVH ! Permets que
la coupe de mon cœur puisse déborder de tes bienfaits
paternels. Amen.

10. Keter ! O toi, roi très mystérieux et caché à la vue !


roi de tout ce qui est en haut et de ce qui est en bas et
dont je prononce le nom Ehyeh avec respect et amour !
Protège-moi d’un anneau de lumière, pour que dans ta
lumière je puisse connaître la lumière. Amen.

Pour autant, lorsque référer expressément aux sentiers devient nécessaire (et nombre de
pratiques théurgiques y renvoient), il peut être question de mettre tout de même en œuvre le
rituel habituel, avec toutefois quelques précautions au nombre desquelles 1° éviter toute
visualisation de connexion entre telle et telle sefirot, 2° éviter le recours aux noms attribués
auxdits sentiers, dès lors que la source est peu sûre, voire suspecte.
Les pages suivantes en proposent une approche4.

4
Le rituel qui suit est extrait du livret Pratiques – Livre III, figurant au fonds documentaire et rituel propre au Collège Tiferet.

Pratiques. Livre III (extrait) 3


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RITUEL DES VINGT-DEUX INVOCATIONS QUOTIDIENNES

L E présent rituel est destiné à la pratique des vingt-deux invocations quotidiennes


relatives aux vingt-deux Noms divins que la Cabale met en relation avec les sentiers ainsi
que les lettres de l’alphabet hébraïque. Il conviendra de commencer le travail en période de
néoménie d’équinoxe (de printemps de préférence), un dimanche.

Dans la mesure du possible, on opérera dans une pièce réservée, où le tracé pourra
demeurer en place, avec les accessoires rituels, tout le temps de l’œuvre, qui durera entre 22
jours (au minimum) et 6  22 jours (au maximum).
Le tracé préconisé pour les jours d’opération est le suivant5 :

L’officiant y entrera le moment venu par l’Occident (Ouest) ; il sortira par le même endroit
une fois le travail achevé.

5
Le tracé donné ici diffère de celui indiqué par Robert Ambelain en sa Kabbale Pratique (op. cit. supra), non que ce dernier soit
inutilisable (on peut y recourir, comme on peut au reste mettre en œuvre des 22 oraisons données en cette opération sans le support d’aucun
tracé opératoire), mais tout simplement qu’au sein du groupe où a été mis en œuvre le présent rituel, c’est le tracé donné en ces pages qui sert
de support habituel pour les travaux.
Quant au présent tracé, dont la base est le pantacle martiniste, on pourra se reporter à l’article intitulé Tracé du pantacle martiniste, placé
dans la même section « Fichiers » (12 mai 2009), au lien suivant :

http://f1.grp.yahoofs.com/v1/ABulTklckvg7cc60bZLZ2_GIVk3-
Dalqb9OSc5_rhTVVZCnqmBcUD9BdI36FM12pBpikAHiAllOW22425ggv/trace_pantacle_martiniste.pdf

Pratiques. Livre III (extrait) 4


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PRELIMINAIRES 6

Du régime alimentaire

Le jour de l’opération, on devra observer une sobriété raisonnable. Il sera bon de dîner
légèrement et de ne boire que de l’eau pure durant le repas.
Proscrire si possible ce jour-là le tabac et les excitants tel que le café.

Du régime sexuel

Il est bien évident que tous excès devront être totalement prohibés dans les jours précédant
l’opération.
Le nombre de ces jours est fonction de l’âge et du tempérament de l’opérant. Mais ce
dernier ne devra avoir eu si possible aucune relation sexuelle depuis au moins vingt quatre
heures. Si l’opérant est une femme, elle ne devra jamais opérer durant la période de ses règles.

Du lieu de l’opération

L’idéal est assurément une pièce exclusivement consacrée à l’étude, la méditation et la


prière, de type oratoire.
A défaut, on opérera dans une pièce dûment préparée : psychiquement propre. L’air devra
en avoir été renouvelé quelques heures auparavant. La température de la pièce devra être
d’environ 18 à 20 degrés centigrades.
S’il s’agit d’une salle habituelle de vie, il sera nécessaire de la clore au moins 12 heures à
l’avance (dans la mesure du possible7) et d’y brûler un peu d’encens (petite quantité), afin de
la purifier, après en avoir abondamment renouvelé l’air. L’entrée en sera interdite
rigoureusement à toute autre personne que l’opérant, à partir de l’instant de la fermeture de
cette salle.

Des vêtements

Le mieux sera assurément de revêtir la tenue rituelle habituelle8, telle que décrite en notre
Rituel général. Sauf indication contraire, la tête sera nue. On aura préalablement quitté tous
les objets métalliques : bagues, montre, clés, etc.
L’opérant, en tenue ou non, portera le sautoir auquel il aura retiré le pantacle habituel
(métallique), qu’il remplacera toutefois par un autre, identique et consacré selon l’usage,
reproduit sur un support non métallique.

6
On retrouvera notamment le même type de prescriptions dans le Rituel de pleine lune de l’Ordre martiniste initiatique (OMI, Degré
Associé, Préliminaires, p. 4-6). Nous avons, de toute évidence, exclu desdites prescriptions tout ce qui est inutile pour notre usage, et adapté
légèrement ce qui pouvait l’être.
7
Autant que faire se peut, éviter les pièces d’usage très fréquent.
8
Sur ce point, on se reportera à ce qui est dit du symbolisme de la tenue rituelle en notre Rituel général.
Comme le fait remarquer Robert Ambelain dans les préliminaires à cette opération, l’opérant qui œuvre en vêtement de ville doit savoir qu’il
se prive ainsi d’une part importante de son efficacité dans les plans immédiats, et qu’il s’expose à être pénétré par des courants psychiques
qui peuvent lui retirer une partie de sa puissance spirituelle.

Pratiques. Livre III (extrait) 5


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PREPARATION DU LIEU DE TRAVAIL 9

Remarque. Avant le début du rituel10, le brûle-parfum est garni de charbons allumés11.


L’officiant aura préparé de l’eau claire dans un récipient non métallique, pour les
ablutions purificatrices avant le travail, sa tenue rituelle sera prête à proximité. Une
bougie de cire blanche pourra être allumée vers l’Orient, rappel du luminaire de l’Est12
en usage dans les Temples pour les travaux collectifs.

L’officiant
revêt sa tenue rituelle, cependant qu’il dit :

13
 Par les mérites de tes saints anges, Seigneur, permets que je me
revête de ces habits salutaires, pour que je puisse parvenir à l’effet de
ce que je désire ; par toi Très-Saint dont le règne existe depuis toujours
en l’éternité. Amen.
14
(Coiffe :) Mets, Seigneur, le casque de Salut à ma tête. J’ai mis une
garde à ma bouche. Réprime, Seigneur, et conduis ma voix ; afin que je
ne pèche point par ma langue, et que je puisse mériter de ne prononcer
que ce qui t’est agréable. (Robe :) Puissé-je être blanchi(e) dans le Sang
de l’Agneau, et mériter par-là d’avoir part aux joies célestes.

9
Toute cette première partie emprunte aux cérémonies en usage dans l’Ordre des élus cohens et à la liturgie romaine (cf. détails indiqués
pour chaque partie). Il en est de même des rites conclusifs de restitution du lieu (cf. infra, page 34), dont la source est typiquement cohen.
Son but est d’encadrer le travail collectif, d’y amener comme il convient l’assemblée des frères et sœurs, par une préparation adéquate (et
homogène au corpus du Martinisme) du lieu de travail ; par une préparation encore du « feu » destiné à l’allumage des flambeaux du temple.
Ce faisant, on préparera efficacement chaque frère et sœur (par une imprégnation progressive) aux pratiques d’ordre strictement théurgique,
en même temps qu’on se mettra chaque fois en phase (en relation harmonieuse) avec l’égrégore spécifique à l’Ordre cohen.
Si l’officiant juge cela opportun ou s’il n’a pas la possibilité de les mettre en œuvre, il est possible de passer outre ces rites préparatoires,
pour ne réaliser que le travail proprement dit (cf. infra : Rituel, pages 14 à 33). Dès lors, il n’utilisera pas non plus les rites de restitution du
lieu, donnés en fin de rituel. A l’évidence, une telle option ne saurait être qu’exceptionnelle, attendu la nature de tout travail d’ordre
théurgique : souhait de privilégier l’aspect purement oral du travail (rite de lecture, pratique de la prière selon l’usage commun), ou manque
d’une préparation adéquate pour un rituel théurgique complet.
10
Les sources spécifiquement cohens du présent rituel se retrouvent principalement dans le Livre vert, dit manuscrit d’Alger ou
manuscrit Grainville (LV, BNF, Ms. FM4 1282) ; également dans le manuscrit Jirousek (MJ) qui reprend le fonds Z (FZ). Le détail est
indiqué en notes dans le cours même du rituel, comme suit : Source (cf. supra), Titre, section ou repère, pages.
Pour ce qui est des autres sources, nous renvoyons à notre corpus martiniste habituel (OMI notamment), de même, pour certains aspects, à
l’usage liturgique romain, pratique recommandée par Martines à ses émules (particulièrement : Le Bréviaire romain, en latin & en françois.
Suivant la reformation du S. Concile de Trente. Divisé en quatre parties, A Paris, chez Denis Thierry, rue S. Jacques, devant la rue du Plâtre
à l’enseigne de la ville de Paris, 1688, 4 vol., et Missel Romain selon le règlement du Concile de Trente, traduit en françois. Nouvelle
Edition, A Sainte Manehould, chez Deliège, Imprimeur & Libraire, sur la Place d’armes, M. DCC. XXXVII, 1 vol. ; pour les autres
références : cf. note 5 de notre Rituel général).
11
A défaut, on utilisera des bâtonnets d’encens qui ne nécessitent pas l’utilisation de charbon d’allumage.
12
Rappelons ici que ce luminaire est pour notre Collège tant le symbole de la présence – invisible mais réelle – des Maîtres du passé de
notre chaîne traditionnelle (du Martinisme en général), que celui de la présence – tout aussi réelle dans l’intention – des Maîtres de l’Ordre et
des frères et sœurs physiquement absents.
13
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1187, p. 106 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ia., p. 4.
14
Cf. Pierre Lebrun (ou Le Brun, 1661-1729), Explication des prières et des cérémonies de la Messe (Gauthier Frères & Cie, Paris,
1729), Traité préliminaire. Du sacrifice, Article quatrième, § I., p. 29 (entre parenthèses les correspondances avec notre tenue rituelle) :

p. 33 : Amict (coiffe : lorsqu’elle est utilisée).


p. 35 : Aube (robe).
p. 36 : Ceinture (cordelière).
p. 40 : Etole (manteau : l’étole évoque les bords du manteau et la prière qui lui correspond fait tout à fait écho au
symbolisme de notre manteau).
p. 41 : Chasuble (sautoir, avec bijou pectoral : par son port – passage par la tête – autant que par la prière qui lui
correspond, la chasuble répond bien au symbolisme général du sautoir orné du bijou pectoral).

Pratiques. Livre III (extrait) 6


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(Cordelière :) Mets à mes reins une ceinture de pureté pour conserver la


chasteté. (Sautoir :) Seigneur, qui as dit : Mon joug est doux, et mon
fardeau léger, fais que je le porte de telle manière que je puisse mériter
ta grâce. (Manteau :) Rends-moi, Seigneur, la robe d’immortalité que j’ai
perdue par le péché dans la prévarication de notre premier père.
Cela fait, l’officiant plonge les doigts des deux mains dans l’eau, disant secreto :

15
Donne, Seigneur, la force à mes mains pour essuyer toute souillure ;
afin que je puisse Te servir en étant pur(e) d’âme et de corps.
Cela fait, et s’il y en a un dans la pièce d’opération, l’officiant se présente comme il se
doit face au luminaire de l’Est.

L’Officiant procède ensuite à la réalisation du tracé rituel16 comme suit :

1° Cercle interne
2° Double triangle : descendant, ascendant
3° Croix : Est-Ouest, Nord-Sud
4° Prolongement de la croix : Est-Ouest, Nord-Sud
5° Cercles extérieurs : médian, externe
6° Cercles cardinaux : Sud, Ouest, Nord, Est

L’officiant dépose la bougie du centre (et le nécessaire d’allumage et d’extinction) à la


croisée des axes de la croix (réceptacle), le brûle-parfum juste devant (avec les charbons
et l’encens), et se tient genou droit en terre les mains étendues au-dessus de la bougie :

17
Je te purifie, cire, et te bénis au nom de l’Eternel, et par les vertus et
puissances qui m’ont été remises par lui. Sois ordonnée et consacrée
par ma parole et par mon intention, au nom de l’Eternel et par les
vertus et puissances qui nous ont été remises par lui pour le service
auquel je te destine, qui est de me faire retenir impression des choses
qui me seront ici communiquées par les esprits que j’invoque selon la
puissance innée en nous.

15
Préparation avant la Messe : cf. Missel Romain, Prière en se lavant les mains.
16
Lors des cérémonies d’équinoxe et de solstice, le double triangle sera garni à chacun de ses six sommets d’une bougie neuve de cire
blanche qui sera allumée le moment venu.
Il est possible de réaliser ce tracé une fois pour toutes, sur un support approprié (tapis opératoire) qu’on utilisera pour l’occasion.
17
LV, Instructions sur une invocation de réconciliation, 1174, p. 92 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 4.

Pratiques. Livre III (extrait) 7


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Sois donc juste et véritable à mes yeux, comme le furent les lumières
que les élus privilégiés du Créateur employèrent dans leurs opérations
saintes en faveur de la régénération spirituelle des hommes, nos
semblables.
Cela fait, l’officiant se tient les mains ouvertes en coupe vers le ciel (le briquet est alors
en sa main droite), pour le rite d’allumage du feu nouveau18 :

19
Je te conjure ô Uriel20 ! ô toi, lumière éternelle et divine que
j’invoque par notre puissance, et par tout ce qui est en ton pouvoir et
au nôtre, pour que ton feu spirituel embrase cette matière que je
consacre au sein des circonférences. Que le feu élémentaire qui y réside
s’unisse au tien pour contribuer à la lumière spirituelle des hommes de
désir, afin que tous je sois ainsi animé(e) du feu de vie. Pour la plus
grande gloire de la pensée éternelle (premier coup de briquet), pour celle de
la volonté éternelle (deuxième coup de briquet), et pour celle de l’action
éternelle (troisième coup de briquet : le feu nouveau est allumé).
L’officiant allume la bougie puis, les mains en coupe vers le ciel, dit :

21
O lumière pure ! symbole du chef de notre âme à qui l’Eternel a
confié le soin de notre pensée, de notre volonté, de notre action et de
notre parole, fais que par ton feu radieux mon âme soit purgée de ses
scories, et que mes lèvres soient purifiées, afin que les paroles que je
vais prononcer opèrent pour la plus grande gloire de l’Eternel, pour
mon instruction et pour l’édification de mes semblables.
______________________________________________________________________

S’il a reçu les instructions relatives à cette pratique, ici, par trois fois l’officiant aspire
légèrement la flamme, disant chaque fois secreto22 :

23
In quâcumque die (noms ou mots du jour) invocavero te velociter exaudi
me !
______________________________________________________________________

18
Sur ce point : cf. Annexe, en page 35.
19
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1193, p. 107 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 6.
20
Le Livre vert comme l’Instruction secrète extraite du manuscrit Jirousek indiquent ici ô +7.
Nous réservons ici l’emploi du seul nom Uriel (on notera que l’OMI fait de même en cet endroit), attendu qu’on réfère ici, d’une manière
générale, à la Lumière divine. Au reste, plus bas, il sera explicitement fait appel à l’Esprit de Sainteté, qui relève justement du septénaire (7)
chez les élus cohens.
21
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ie, p. 8 et Instruction
secrète, p. 2.
Cette prière, avec l’invocation à l’Esprit-Saint qui la suit, correspondent, dans les rituels de l’Ordre des élus cohens, au rite de l’illumination
du centre, lequel fait suite à l’allumage du feu nouveau.
22
On dit ce qui suit pour chacun des trois noms ou mots.
Cf. infra : note 59 p. 36 sur ce point.
23
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108.
D’après Psaumes, LVI, 10 : « Quand que ce soit que je t’invoque (noms ou mots du jour), exauce-moi promptement ! ». Cf. lettre du 11
septembre 1768 de Martines de Pasqually à Jean-Baptiste Willermoz.

Pratiques. Livre III (extrait) 8


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Cela fait, l’officiant reprend l’attitude initiale pour le rite d’invocation :

24
Viens Esprit-Saint, entourer le feu qui t’est consacré pour être ton
trône puissant et dominant, sur toutes les régions du monde universel !
Domine selon ma pensée, sur moi ; éloigne de ces circonférences et de
ce lieu tout esprit de ténèbres, d’erreur et de confusion, afin que mon
âme puisse profiter du fruit des travaux qui sont donnés aux hommes
de désir qui se rendent dignes d’être pénétrés par toi, qui vis et règne
avec le Père et le Fils à jamais. Amen. (L’officiant anime alors la bougie du
centre comme il se doit.)

Cela fait, l’officiant allume les charbons à la bougie du centre (s’il n’utilise pas de
charbon d’allumage, il sautera ce passage pour reprendre en  où il utilise l’encens) et
les replace dans le brûle-parfum avant d’étendre les mains au-dessus comme il se doit :

25
Je t’exorcise, créature de feu, par Celui par qui tout a été fait  afin
que tu repousses aussitôt de toi tout fantôme et qu’il ne puisse nuire à
quiconque. Bénis , Seigneur, cette créature de feu et sanctifie-la, afin
qu’elle soit bénite en hommage à ton saint Nom et ne soit d’aucun
dommage à ceux qui la manient ou la voient, par Jésus-Christ Notre-
Seigneur. Amen.
 Cela dit, l’officiant procède maintenant à la bénédiction de l’encens, étendant les
mains comme il se doit au-dessus de ce dernier :

26
Que Dieu bénisse  l’encens qui va brûler pour sa gloire. Amen.

(Se tenant maintenant mains ouvertes en coupe vers le ciel :) Que par
l’intercession du bienheureux Michel Archange, qui se tient debout à la
droite de l’autel des parfums, le Seigneur daigne bénir  cet encens, et
le recevoir en odeur de suavité. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen.
L’officiant verse alors de l’encens en trois fois dans le brûle-parfum27 avant de
reprendre, les mains ouvertes en coupe vers le ciel :

28
Que cet encens que tu viens de bénir, monte jusqu’à toi, Seigneur, et
que ta miséricorde descende sur moi.

24
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1194, p. 108 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, Ie, p. 8 et Instruction
secrète, p. 2.
25
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1181, p. 104 ; MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 6.
26
Bénédiction de l’encens : pour les deux répliques qui suivent, cf. Missel romain, Ordinaire de la Messe.
27
S’il use d’encens en bâtonnets ou en cônes, il l’enflamme ici. Par la suite, étant question du brûle-parfum, l’officiant comprendra alors
le bâtonnet ou le cône d’encens utilisé.
28
Encensement : pour les deux répliques qui suivent, cf. Missel romain, Ordinaire de la Messe.

Pratiques. Livre III (extrait) 9


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L’officiant prend alors le brûle-parfum en main et, faisant le tour du temple dextrorsum,
se rend successivement29 au Sud, à l’Ouest, au Nord et à l’Est, pour le tracé du pantacle
martiniste30 comme suit :

1° Cercle
2° Triangle descendant
3° Triangle ascendant
4° Branche verticale de la croix
5° Branche horizontale de la croix

Pendant qu’il trace chaque pantacle, l’officiant dit :

31
Je te purife, angle ……… (préciser), par ce parfum aromatique que
j’ai consacré, par ma volonté et ma parole, pour faire la purification de
ta matière apparente ; et pour que tu serves pendant mon travail à
contenir celui ou ceux des esprits purs qu’il plaira au Créateur de me
faire voir et entendre par sa bonté infinie et selon notre désir pour sa
gloire, pour ma réconciliation, et pour la sanctification de mes
semblables. Je te consacre comme Zorobabel consacra les quatre
régions spirituelles dont les esprits opérèrent la réconciliation des
restes d’Israël avec le Créateur, et les sortirent de l’esclavage des
démons figurés par les Babyloniens.

29
Cet ordre, qu’on suivra en dehors de toute autre indication expresse pour ce qui a trait aux invocations, conjurations etc., fait écho à
divers principes auxquels nous renvoyons ci-après. Ainsi, dans le Livre vert :

« On commence le travail par l’Exconjuration sur le Serpent au midi, d’abord après la bénédiction du tracé et de toutes les choses
« d’usage dans le travail, et étant muni du talisman et du poignard. (LV, section 1207, Quart de cercle sur les planètes pour essai
« d’un apprenti R+, p. 30) »

Par ailleurs, quant à privilégier le Midi, selon Rémi d’Auxerre (qui écrivait et enseignait à Reims en 882), cité par Pierre Lebrun, dans son
ouvrage Explication des prières et des cérémonies de la Messe, il apparaît que :

« Le vent du midi, qui est doux et chaud représente le souffle du Saint-Esprit, d’où part la parole de Dieu, comme un vent qui
« échauffe doucement les âmes et les pénètre du feu de l’amour divin. (Op. cit., Seconde partie de la messe, Article septième,
« L’Evangile, § II., p. 182) »

Si commencer au Midi peut sembler étonnant, eu égard 1° l’usage habituel de commencer à l’Orient (lieu d’où vient toute lumière), 2° la
réputation « mauvaise » de cette direction dans le système martinésien, nous préciserons ici que 1° commencer au Midi ouvre le travail à la
droite du Père (qui est à l’Occident fixant l’Orient dans la tradition vétéro-testamentaire), soit sous les auspices du Fils, son Christ et Messie ;
2° on achève alors la préparation à l’Orient, dès lors prêt pour le travail ; 3° on fixe d’entrée toute influence réputée mauvaise en cette
direction.
Pour conclure ici, on notera que l’Ordre martiniste initiatique (OMI), en ses travaux, procède de même s’agissant du tracé puis de
l’effacement des pantacles cardinaux.
30
Pour une pratique placée sous les auspices du Martinisme.
S’il s’agit de travailler selon les rites ressortissant strictement à l’Ordre Cohen, on tracera ici le signe de la Croix (), selon l’usage habituel.
31
Pour tout le début de cette section, cf. LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1177, p. 100-101.

Pratiques. Livre III (extrait) 10


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Le dernier pantacle étant tracé, l’officiant effectue un premier tour dextrorsum du tracé,
cependant qu’il dit :

O Eternel ! que le parfum que je t’offre dans ces circonférences soit


une image véritable de la pureté de ma parole et de mon intention,
pour ta plus grande gloire et justice.
L’officiant enchaîne alors avec un deuxième tour, cependant qu’il dit :

O Eternel ! que ce parfum que je t’offre en pureté de mon âme ait le


même succès que celui que t’offrit Zorobabel au sein de Babylone,
pour la délivrance des restes d’Israël. Délivre-moi de la servitude des
ténèbres qui m’environnent et me tiennent en privation de ta volonté et
de ta science ! Exauce ma prière autant que ma parole et ma volonté
seront conformes à ta volonté !
L’officiant termine avec un troisième tour, cependant qu’il dit :

O Eternel ! que ma prière soit désormais le vrai parfum que je


t’offrirai pour une éternité. Que ce parfum soit le symbole de la
ferveur avec laquelle je t’invoquerai pour ma réconciliation, afin que
je sois sincèrement uni(e) à celui à qui tu as donné le soin de ma
conduite, en l’établissant mon gardien ! Je l’invoque, ce gardien
secourables au sein de ces circonférences, quoique je ne les voie pas,
pour qu’il soit mon conseil, mon guide et mon appuis dans ce bas
monde et dans l’autre, pour ta plus grande gloire et pour ma parfaite
sanctification. Amen.
Cela fait, l’officiant va prendre place au centre de chacun des quatre cercles de
correspondance, faisant face successivement au Sud, à l’Ouest, au Nord puis à l’Est :

Je conjure les puissances et esprits qui sont ici présents, visibles ou


invisibles, d’être témoins de la protestation dans laquelle je veux vivre
et mourir, et j’y joins mon gardien !
L’officiant dépose le brûle-parfum sur le tracé, à ses pieds, puis se tient face à l’Est, les
mains ouvertes en coupe vers le ciel, et dit :

32
Bénis, Seigneur, Dieu omnipotent, ces cercles, faits ici pour ta
sainteté, la pureté, la victoire, les vertus, la modestie, la bienveillance ;
tracés par la main, recueillis en plénitude et rendant grâces de l’action
de Dieu, Père  33, Fils et Saint-Esprit.

32
Pour cette partie, cf. LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1183, p. 105.
33
Chaque fois qu’il est associé à la Trinité Père, Fils et Saint-Esprit, en quelque formule que ce soit, rappelons que le signe de la croix,
conformément à l’usage liturgique, est développé : front, poitrine, épaule droite, épaule gauche.

Pratiques. Livre III (extrait) 11


COLLEGE TIFERET

Et que reste acquise la bénédiction par-dessus ces cercles et par-dessus


ton serviteur (ta servante) qui y aura place, en moi et pour
toujours. Amen.
34
O Eternel ! Ineffable et père sacré de toutes choses, toi qui vois et qui
embrasses tout, exauce la prière de ton serviteur (ta servante) ici
présent(e). Accorde-moi le recueillement, la ferveur, et la sincérité
pour les sentiments que je vais te présenter. Sois-moi propice, ô
Eternel, et à tous ceux et celles pour qui je t’invoque : pour tous mes
frères et sœurs ; pour tous mes parents, mes amis, mes ennemis ; pour
tous les vivants et les morts et pour toutes tes créatures. Exauce-moi, ô
Eternel ! Donne-moi le don de te prier efficacement ; je m’abandonne
à ta sainte garde ; prends pitié de moi, et que ta volonté soit faite.

Vous mes patrons35, vous, esprits dégagés des liens de la matière, qui
jouissez maintenant du fruit de vos vertus, je vous conjure, par le Nom
que vous-mêmes avez invoqué avec tant de confiance et de ferveur, de
contribuer à mon salut éternel par votre intercession et votre
protection, auprès du Père  des miséricordes, auprès du Fils
rédempteur, auprès de l’Esprit-Saint conservateur. Obtenez pour moi,
et pour tous mes frères et sœurs, les grâces, les secours et la clémence
de la Divinité qui vous récompensent aujourd’hui des combats que
vous avez livrés en ce séjour où nous sommes encore. Faites par votre
assistance que je vive et que je meure comme vous, dans la paix et dans
la joie de la sainteté. Priez pour moi et avec moi en ce moment surtout,
pour que l’Eternel me fasse miséricorde ; intercédez pour moi !

Et toi, esprit pur, ô mon gardien36 ! Toi qui es chargé par l’Eternel de
veiller sur moi, pour la réconciliation entière de mon être spirituel ; toi
que je conjure chaque jour, par le Nom du Dieu de miséricorde, de
venir au secours de mon âme toutes les fois qu’elle est en danger de
succomber au Mal, toutes les fois qu’elle t’appelle par ses désirs, ses
soupirs et ses méditations, toutes les fois qu’elle a faim et soif de
conseils, d’instructions et d’intelligence, aide-moi donc à obtenir les
grâces du Très-Haut, l’assistance et la protection des patrons que je
viens d’invoquer, et la soumission des esprits qui me restent à invoquer
en cette opération. Aide-moi, secoure-moi dans ma pauvreté, dans ma
nudité et dans tous mes besoins. Amen.

34
Pour tout le reste de cette section, cf. LV, Quart d’angle pour un Commandeur d’Orient, 1149, p. 70.
35
S’il n’a pas de Saints-Patrons (ou s’il désire un autre patronage), l’officiant pourra s’en choisir un ou plusieurs, qu’il conservera dès
lors en tous ses travaux.
36
S’il n’a pas connaissance de l’Esprit préposé à sa propre garde, et dans l’attente de le savoir, l’officiant pourra se choisir un Gardien
adoptif. Par la suite, si tel est le cas, il s’en tiendra toutefois à celui que ses travaux lui auront permis d’identifier avec le plus de certitude
possible.

Pratiques. Livre III (extrait) 12


COLLEGE TIFERET

Cela dit, l’officiant dépose maintenant le brûle-parfum au centre du tracé, devant la


bougie du centre, puis se tient les mains ouvertes en coupe vers le ciel et dit :

37
[Ps. CXL, 2-4 :] Que ma prière s’élève vers toi, Seigneur, comme la
fumée de l’encens : Que l’élévation de mes mains te soit agréable
comme le sacrifice du soir. Seigneur, mets une garde à ma bouche, et
une porte à mes lèvres. Afin que mon cœur ne s’égare point dans des
paroles de malice, pour chercher des excuses à mes péchés.
38
Que le Seigneur allume en nous le feu de son amour, et la flamme de
sa charité éternelle. Amen.
Tout étant prêt, l’officiant procède maintenant au travail prévu...

37
Encensement de l’Autel : cf. Missel Romain, Ordinaire de la Messe.
38
Après l’encensement : cf. Missel Romain, Ordinaire de la Messe.

Pratiques. Livre III (extrait) 13


COLLEGE TIFERET

RITUEL 39

L’officiant
se tient debout face à l’Est et à la bougie du centre, le rituel40 posé à proximité de la
bougie, un cierge éteint également déposé au sol sur le tracé, avec le nécessaire
d’allumage et d’extinction.

Il se tient les mains ouvertes en coupe vers le ciel, se signe, et dit :

[Ps. CXXIV, 8 :]  Notre secours est dans le nom du Seigneur, qui a fait le
ciel et la terre. [Ps. CII, 2-3 :] Seigneur, écoute ma prière, et que mes cris
s’élèvent jusqu’à toi.
Cela dit, l’officiant prend le brûle-parfum en main gauche, le rituel en main droite et se
rend successivement face aux cercles du Sud, de l’Ouest, du Nord et de l’Est pour leur
encensement.41

Etant face au Sud, l’officiant encense le cercle en disant le psaume XXXVII42 :

1. Seigneur, ne me reprends pas dans ta fureur, et ne me


punis pas dans ta colère.
2. Parce que j’ai été percé de tes flèches, et que tu as
appesanti ta main sur moi.

39
Le présent rituel est préconisé par Robert Ambelain, en son ouvrage La Kabbale pratique, avant la mise en œuvre du « rite de
l’alliance », qui a pour but d’établir un contact définitif entre l’officiant et son « ange gardien » ; citons l’auteur sur ce point :

« […] L’éveil de sa spiritualité a été commencé alors que, “Maître-Elu, sous la Bande Noire”, il pratiquait durant les trois premiers
« Quartiers de la Lune les Invocations aux XXII Noms de Dieu issus des XXII Lettres et données par le Psaume CXIX. (Instruction
« à part, remise aux Maîtres-Elus)… (Op. cit., Editions Bussières, Paris, 1992, Le Rite de l’Alliance par Aurifer S. I., p. 298) »

De fait, notons-le, s’agissant de certaine « opérativité » qu’il a mise en œuvre pour les Martinistes de son groupe, Robert Ambelain a
beaucoup puisé dans un fonds cabalistique, tout autant d’ailleurs que dans les techniques ressortissant à l’alchimie spirituelle (voir son
ouvrage, sous ce titre, auprès de La diffusion scientifique, op. cit., Paris, 1985).
40
Il serait bon que le livret utilisé ait été préalablement consacré selon l’usage habituel.
41
Quant à cet ordre : cf. supra, note 29.
A noter qu’en l’opération qu’il décrit en son ouvrage, Robert Ambelain préconise les psaumes suivants, dans cet ordre (Op. cit., p. 214-216 ;
numérotation de la Vulgate), sans toutefois donner d’explication non plus que ses sources :

- Orient : psaume 18
- Midi : psaume 10
- Couchant : psaume 14
- Septentrion : psaume 8

Quant à nous, nous nous référons à l’usage prescrit aux R+ pour leurs opérations annuelles. Sur ce point : voir LV, section 1209 : Statuts
secrets des R+, section 1155 : Article 31, p. 53.
42
Psaume 37 (38 selon la Septante) : troisième psaume de la pénitence, Domine, ne in furore tuo arguas me, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :

« David, craignant la colère de Dieu, qu’il avait irrité par ses péchés, décrit l’état d’humiliation et d’affliction où il était réduit par
« l’abandon de ses amis, et la révolte de ses sujets. Il lui confesse sa misère, lui demande pardon, et implore son secours. »

En tant que psaume de pénitence, ce psaume est généralement prescrit aux Réaux-Croix (dont les Apprentis, ou Commandeurs d’Orient), en
relation avec les six autres, avant tout travail rituel (notamment lors des opérations d’Equinoxe) ; de même à chaque renouvellement de lune
(néoménie). Ils sont alors répartis comme suit : 3 le matin (1 er au 3e), 2 l’après-midi (5e et 7e) et 2 le soir au coucher (4e et 6e). Par ailleurs,
hors tout travail particulier, pris séparément, chacun d’eux est prescrit – un par jour – le soir avant le coucher. A noter que les Grands
Architectes (Grands-Maîtres Cohens) et les Chevaliers d’Orient (Grands Elus de Zorobabel) ne sont tenus à en dire qu’un seul.

Pratiques. Livre III (extrait) 14


COLLEGE TIFERET

3. A la vue de ta colère, il n’est resté rien de sain dans ma


chair ; et à la vue de mes péchés, il n’y a plus aucune
paix dans mes os.
4. Parce que mes iniquités se sont élevées jusqu’au-
dessus de ma tête, et qu’elles se sont appesanties sur moi
comme un fardeau insupportable.
5. Mes plaies ont été remplies de corruption et de
pourriture, à cause de mon extrême folie.
6. Je suis devenu misérable, et tout courbé ; je marchais
accablé de tristesse durant tout le jour.
7. Parce que mes reins ont été remplis d’illusions, et qu’il
n’y a dans ma chair aucune partie qui soit saine.
8. J’ai été affligé et je suis tombé dans la dernière
humiliation ; et le gémissement secret de mon cœur me
faisait pousser au-dehors comme des rugissements.
9. Seigneur, tout mon désir est exposé à tes yeux, et mon
gémissement ne t’est point caché.
10. Mon cœur est rempli de trouble, toute ma force m’a
quitté ; et même la lumière de mes yeux n’est plus avec
moi.
11. Mes amis et mes proches se sont élevés et déclarés
contre moi.
12. Ceux qui étaient proches de moi s’en sont tenus
éloignés ; et ceux qui cherchaient à m’ôter la vie usaient
de violence à mon égard.
13. Ceux qui cherchaient à m’accabler de maux tenaient
des discours pleins de vanité et de mensonge, et ne
pensaient qu’à des tromperies durant tout le jour.
14. Mais pour moi, je n’entendais rien, comme si j’eusse
été sourd ; et je n’ouvrais non plus la bouche que si
j’eusse été muet.
15. Je suis devenu semblable à un homme qui n’entend
point, et qui n’a rien dans la bouche pour répliquer.
16. Parce que j’ai espéré en toi, c’est toi qui m’exauceras,
Seigneur mon Dieu.
17. Parce que je t’ai demandé que mes ennemis ne
triomphent point de joie sur moi, eux qui, ayant vu mes
pieds ébranlés, ont parlé avec orgueil sur mon sujet.
18. Parce que je suis préparé à souffrir tous les
châtiments, et que ma douleur est continuellement
devant mes yeux.
19. Parce que je déclarerai mon iniquité, et que je serai
toujours occupé de la pensée de mon péché ;

Pratiques. Livre III (extrait) 15


COLLEGE TIFERET

20. Mes ennemis cependant sont pleins de joie, et ils se


sont fortifiés de plus en plus contre moi ; et le nombre de
ceux qui me haïssent injustement s’est beaucoup accru.
21. Ceux qui rendent des maux pour les biens qu’ils ont
reçus, me déchiraient par leurs médisances, à cause que
je m’attachais au bien.
22. Ne m’abandonne pas, Seigneur mon Dieu ; ne te
retire pas de moi.
23. Songe promptement à me secourir, Seigneur, toi mon
Dieu de qui dépend mon salut.
Etant face à l’Ouest, l’officiant encense le cercle en disant le psaume VI43 :

1. Seigneur, ne me reprends pas dans ta fureur, et ne me


punis pas dans ta colère.
2. Aie pitié de moi, Seigneur, parce que je suis faible ;
Seigneur, guéris-moi, parce que mes os sont tout
étonnés.
3. Et mon âme est toute troublée ; mais toi, Seigneur,
jusqu’à quand me laisseras-tu en cet état ?
4. Tourne-toi vers moi, Seigneur, et délivre mon âme ;
sauve-moi en considération de ta miséricorde.
5. Car il n’y a personne qui se souvienne de toi dans la
mort. Et qui est celui qui te louera dans l’enfer ?
6. Je me suis épuisé à force de soupirer ; je laverai toutes
les nuits mon lit de mes pleurs ; j’arroserai de mes
larmes le lieu où je suis coché.
7. La fureur a rempli mon œil de trouble ; je suis devenu
vieux au milieu de tous mes ennemis.
8. Eloignez-vous de moi, vous tous qui commettez
l’iniquité, parce que le Seigneur a exaucé la voix de mes
larmes.
9. Le Seigneur a exaucé l’humble supplication que je lui
ai faite ; le Seigneur a agréé ma prière.
10. Que tous mes ennemis rougissent et soient remplis de
trouble ; qu’ils se retirent très promptement, et qu’ils
soient couverts de confusion.

43
Psaume 6 (6 selon la Septante) : premier psaume de la pénitence, Domine, ne in furore tuo arguas me, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :

« On croit que ce psaume a été composé par David dans une extrême affliction, ou dans une dangereuse maladie, dont il exprime
« toute la douleur ; il demande à Dieu de détourner de lui sa colère, ses fléaux, et la persécution de ses ennemis ; et comme si tout
« d’un coup il avait été délivré, il en rend à Dieu ses actions de grâces. »

Voir note 42 pour les psaumes dits de pénitence.

Pratiques. Livre III (extrait) 16


COLLEGE TIFERET

Etant face au Nord, l’officiant encense le cercle en disant le psaume XXXI44 :

1. Heureux sont ceux à qui les iniquités ont été remises,


et dont les péchés sont couverts.
2. Heureux est l’homme à qui le Seigneur n’a imputé
aucun péché, et dont l’esprit est exempt de tromperie.
3. Parce que je me suis tu, mes os ont vieilli et perdu leur
force, tandis que je criais tout le jour.
4. Parce que ta main s’est appesantie jour et nuit sur
moi, je me suis tourné vers toi dans mon affliction,
pendant que j’étais percé par la pointe de l’épine.
5. Je t’ai fait connaître mon péché, et je n’ai point caché
davantage mon injustice.
6. J’ai dit : Je déclarerai au Seigneur, et confesserai
contre moi-même mon injustice, et tu m’as aussitôt
remis l’impiété de mon péché.
7. C’est pour cette raison que tout homme saint te priera
dans le temps qui est favorable.
8. Et quand les grandes eaux inonderont comme dans un
déluge, elles n’approcheront point de lui.
9. Tu es mon refuge dans l’affliction dont je suis
environné. Arrache-moi du milieu de ceux qui
m’environnent, toi, mon Dieu, qui es toute ma joie.
10. Je vous donnerai l’intelligence ; je vous enseignerai la
voie par laquelle vous devez marcher, et j’arrêterai mes
yeux sur vous.
11. Gardez-vous d’être comme le cheval et le mulet qui
n’ont point d’intelligence.
12. Resserrez avec le mors et le frein la bouche de ceux
qui ne veulent point s’approcher de vous.
13. Le pécheur sera exposé à un grand nombre de
peines ; mais pour celui qui espère au Seigneur, il sera
tout environné de sa miséricorde.
14. Réjouissez-vous au Seigneur, et soyez transportés de
joie, vous qui êtes justes ; et publiez sa gloire par vos
cantiques, vous tous qui avez le cœur droit.

44
Psaume 31 (32 selon la Septante) : deuxième psaume de la pénitence, Beati quorum remissae sunt iniquitates, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :

« David, dans ce psaume, reconnaît devant Dieu son crime, en gémit, lui en demande pardon, fait consister tout son bonheur dans sa
« réconciliation avec lui ; et par son exemple invite les pécheurs à avouer leurs fautes, et à en faire pénitence. »

Voir note 42 pour les psaumes dits de pénitence.

Pratiques. Livre III (extrait) 17


COLLEGE TIFERET

Etant face à l’Est, l’officiant encense le cercle en disant le psaume CI45 :

1. Seigneur, exauce ma prière, et que mes cris s’élèvent


jusqu’à toi.
2. Ne détourne point ton visage de moi ; en quelque jour
que je me trouve affligé, rends-toi attentif à ma
demande.
3. En quelque jour que je t’invoque, exauce-moi
promptement.
4. Parce que mes jours se sont évanouis comme la fumée,
et que mes os sont devenus aussi secs que les matières les
plus aisées à brûler.
5. J’ai été frappé comme l’herbe l’est par l’ardeur du
soleil, et mon cœur s’est desséché, parce que j’ai oublié
de manger mon pain.
6. A force de gémir et de soupirer, je n’ai plus que la
peau collée sur les os.
7. Je suis devenu semblable au pélican qui habite dans la
solitude ; je suis devenu comme le hibou qui se retire
dans les lieux obscurs des maisons.
8. J’ai veillé pendant la nuit, et j’étais comme le
passereau qui se tient seul sur un toit.
9. Mes ennemis me faisaient durant tout le jour de
continuels reproches, et ceux qui me donnaient des
louanges conspiraient par des serments contre moi ;
10. Parce que je mangeais la cendre comme le pain, et
que je mêlais mes larmes avec ce que je buvais.
11. A cause de ta colère et de ton indignation, qui t’ont
porté à me briser après m’avoir élevé,
12. Mes jours se sont évanouis comme l’ombre, et je suis
devenu sec comme l’herbe.
13. Mais pour toi, Seigneur, tu subsistes éternellement, et
la mémoire de ton nom s’étendra dans toutes les races.
14. Tu te lèveras et tu auras pitié de Sion, parce que le
temps est venu, le temps d’avoir pitié d’elle ;
15. Parce que ses ruines ont été très agréables à tes
serviteurs, et qu’ils auront compassion de sa terre.

45
Psaume 101 (102 selon la Septante) : cinquième psaume de la pénitence, Domine, exaudi orationem meam, etc.
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :

« L’auteur de ce psaume décrit ici l’extrême désolation où lui et son peuple ont été réduits : et il la dépeint sous diverses similitudes
« très capables d’exprimer vivement sa douleur ; il demande à Dieu qu’il les secoure et les délivre de la persécution de leurs
« ennemis. Ensuite, comme s’il en avait été exaucé, il le remercie d’avoir soutenu Sion, et d’avoir renversé ses ennemis. »

Voir note 42 pour les psaumes dits de pénitence.

Pratiques. Livre III (extrait) 18


COLLEGE TIFERET

16. Et les nations craindront ton nom, Seigneur ; et tous


les rois de la terre révèreront ta gloire.
17. Parce que le Seigneur a bâti Sion, et qu’il sera vu
dans sa gloire.
18. Il a regardé la prière de ceux qui sont dans
l’humiliation, et il n’a point méprisé leurs demandes.
19. Que ces choses soient écrites pour les autres races,
afin que le peuple qui viendra après loue le Seigneur,
20. Parce qu’il a regardé du haut de son lieu saint ; le
Seigneur a regardé du ciel sur la terre,
21. Pour entendre les gémissements de ceux qui étaient
dans les liens, pour délivrer les enfants de ceux qui
avaient été tués,
22. Afin qu’ils annoncent dans Sion le nom du Seigneur,
et qu’ils publient ses louanges dans Jérusalem.
23. Lorsque les peuples et les rois s’assembleront pour
servir conjointement le Seigneur.
24. Il dit à Dieu dans sa plus grande vigueur : Fais-moi
connaître le petit nombre de mes jours.
25. Ne me rappelle pas lorsque je ne suis encore qu’à la
moitié de mes jours ; tes années, Seigneur, s’étendent
dans la suite de toutes les races.
26. Tu as, Seigneur, dès le commencement, fondé la
terre ; et les cieux sont les ouvrages de tes mains.
27. Ils périront, mais tu subsistes dans toute l’éternité ;
ils vieilliront tous comme un vêtement.
28. Tu les changeras comme un habit dont on se couvre,
et ils seront en effet changés ; mais, pour toi, tu es
toujours le même, et tes années ne passeront point.
29. Les enfants de tes serviteurs auront une demeure
permanente, et leur race sera stable éternellement.
Cela dit, après une courte pause en recueillement, l’officiant conclut :

46
Gloire soit donnée à la pensée, et à l’opération du Dieu des dieux,
Eternel d’Israël ! Amen.
Cela fait, l’officiant repose le brûle-parfum auprès de la bougie du centre, puis allume à
cette dernière le cierge qu’il prend en main gauche.

46
Cette formule conclut habituellement les psaumes dits par les R+ pour leurs opérations annuelles. Sur ce point : voir LV, section
1209 : Statuts secrets des R+, section 1155 : Article 31, p. 53.

Pratiques. Livre III (extrait) 19


COLLEGE TIFERET

Alors, le rituel en main droite, ouvert aux versets du jour, il se tient jambes écartées au-
dessus de la bougie du centre cependant qu’il lit lesdits versets, comme indiqué ci-
après47 :

Jour 1

Aleph48, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.

[Ps. CXVIII49, 1-8 : Aleph :]

1. Heureux ceux qui se conservent sans tache dans la


voie, qui marchent dans la loi du Seigneur.
2. Heureux ceux qui s’efforcent de connaître les
témoignages de sa foi, et qui le cherchent de tout leur
cœur.
3. Car ceux qui commettent l’iniquité ne marchent point
dans ses voies.
4. Tu as ordonné que tes commandements soient gardés
très exactement.
5. Daigne, Seigneur, régler mes voies de telle sorte que je
garde la justice de tes ordonnances.
6. Je ne serai point confondu, lorsque j’aurai toujours
devant les yeux tes préceptes.

47
On commencera toujours un dimanche pour terminer le dimanche de la semaine qui suit immédiatement. La série des vingt-deux
oraisons achevée, on reprendra le dimanche d’après (pause de six jours). Ainsi de suite pendant six lunaisons pour une pratique complète.
48
Il faut ici noter certains points d’importance au regard de l’utilisation des Noms divins. En effet, selon les sources consultées, ils
varient ; quelquefois de beaucoup. Par ailleurs, s’agissant de ceux donnés par Robert Ambelain en son opération, l’hébreu est à prendre avec
une grande prudence (nombreuses coquilles et incohérences notamment) ; au reste, il ne cite pas ses sources avec précision.
Il découle donc de ces remarques, que nous privilégions ici comme Noms divins les seules lettres hébraïques qui ouvrent chacune des 22
sections du présent psaume. De fait, notons-le, lesdites lettres sont aussi regardées dans la tradition cabalistique comme des Noms de
l’Eternel ; et ces mêmes lettres servent aussi à désigner chacun des 22 sentiers de l’arbre séfirotique qui sert de schéma classique à la pratique
dite des vingt-deux sentiers.
S’agissant du recours à ces lettres, il faut remarquer que le psaume 118 ne fait pas exception dans la Bible, puisque d’autres sont mêmement
découpés en strophes, chacune associée à une lettre selon son rang ; ainsi, pour les psaumes, et outre celui-ci, selon la Vulgate (ou Septante) :
24 (25), 33 (34), 36 (37), 110 (111), 144 (145) ; de même pour les Lamentations de Jérémie qui sont lues au Temps de la Passion (cf. Office
des Ténèbres, à Matines, des Jeudi, Vendredi et Samedi Saints, aux premières Leçons. Quant à ces dernières, et au recours aux lettres, citons
une note du Missel vespéral romain :

« Les mots Aleph, Beth, etc… sont les lettres de l’alphabet hébreu qui partagent ces Lamentations en versets. C’est comme si l’on
« disait A. B. etc… en français. “Ces lettres hébraïques doivent être dites” (S. R. C. 3642 ad 6.) “Les noms des lettres de l’alphabet
« hébreu qui divisent chaque strophe, indiquent la forme acrostiche que le poème des Lamentations garde encore dans l’original. On
« les chante parce que les Juifs les chantaient eux-mêmes.” (Dom Guéranger.). (Op. cit., par Dom Gaspar Lefèbvre, bénédictin de
« l’Abbaye de Saint André, Bruges, 1942, note (1) p. 622) »

Cela étant, il est clair qu’on pourrait ici remplacer chacun de ces vingt-deux Noms par tout autre qui conviendrait, tout en restant conforme à
l’esprit de la présente opération ; qu’on se reporte alors au matériel élu cohen disponible.
49
Psaume 118 (119 selon la Septante).
Nous donnons ci-après la présentation qui en est faite dans la Bible traduite par Lemaître de Sacy :

« Ce psaume est tout entier de morale. C’est une excellente exhortation, par laquelle le roi prophète anime les peuples à
« l’observance de la loi divine, dont il est parlé dans presque tous les versets, quoique sous des noms différents. Quelques-uns
« croient que David le composa pour être récité par le peuple dans le chemin, lorsqu’il se rendait de toutes parts trois fois l’année au
« tabernacle : et que les psaumes suivants qui sont nommés graduels, se chantaient lorsqu’on montait les degrés pour arriver à ce
« même tabernacle. Il est divisé en vingt-deux parties, selon les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. Chaque partie contient huit
« versets, qui commencent chacun par la même lettre : les huit versets suivants commencent par une autre lettre, et ainsi jusqu’à la
« fin. »

Pratiques. Livre III (extrait) 20


COLLEGE TIFERET

7. Je te louerai dans la droiture et la sincérité de mon


cœur à cause de la connaissance que j’ai eue de tes
jugements pleins de justice.
8. Je garderai tes ordonnances, ne m’abandonne pas
entièrement.

Jour 2

Beit, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 9-16 : Beth :]

9. Comment celui qui est jeune corrigera-t-il sa voie ? Ce


sera en accomplissant tes paroles.
10. Je t’ai cherché dans toute l’étendue de mon cœur. Ne
me rejette pas de la voie de tes préceptes.
11. J’ai caché tes paroles au fond de mon cœur, afin que
je ne pèche point devant toi.
12. Tu es digne, Seigneur, de toute sorte de bénédiction ;
instruis-moi de la justice de tes ordonnances.
13. J’ai prononcé de mes lèvres tous les jugements de ta
bouche.
14. Je me suis autant plu dans la voie de tes préceptes,
que dans toutes les richesses.
15. Je m’exercerai dans la méditation de tes
commandements, et je considérerai tes voies.
16. Je méditerai sur tes ordonnances pleines de justice ;
je n’oublierai point tes paroles.
Jour 3

Guimel, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 17-24 : Gimel :]

17. Accorde à ton serviteur cette grâce de me faire vivre,


et je garderai tes paroles.
18. Ote le voile qui est sur mes yeux, et je considérerai les
merveilles qui sont enfermées dans ta loi.
19. Je suis étranger sur la terre, ne me cache pas tes
commandements.
20. Mon âme a désiré en tout temps avec une grande
ardeur tes ordonnances qui sont pleines de justice.
21. Tu as fait éclater ta fureur contre les superbes. Ceux-
là sont maudits qui se détournent de tes préceptes.

Pratiques. Livre III (extrait) 21


COLLEGE TIFERET

22. Délivre-moi de l’opprobre et du mépris des superbes,


à cause que j’ai recherché avec soin les témoignages de
ta loi.
23. Car les princes se sont assis, et ont parlé contre moi ;
mais cependant ton serviteur s’exerçait à pratiquer tes
ordonnances pleines de justice.
24. Car tes préceptes étaient le sujet de ma méditation, et
la justice de tes ordonnances me tenait lieu de conseil.
Jour 4

Dalet, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 25-32 : Daleth :]

25. Mon âme est attachée à la terre ; rends-moi la vie


selon ta parole.
26. Je t’ai exposé mes voies, et tu m’as exaucé. Enseigne-
moi tes ordonnances pleines de justice.
27. Instruis-moi de la voie de ces ordonnances si justes, et
je m’exercerai dans tes merveilles.
28. Mon âme s’est assoupie d’ennui, fortifie-moi par tes
paroles.
29. Eloigne de moi la voie de l’iniquité, et fais-moi
miséricorde selon ta loi.
30. J’ai choisi la voie de la vérité, et je n’ai point oublié
tes jugements.
31. Je me suis attaché, Seigneur, aux témoignages de ta
loi ; ne permets pas que je sois confondu.
32. J’ai couru dans la voie de tes commandements,
lorsque tu as élargi mon cœur.

Jour 5

Hé, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 33-40 : Hé :]

33. Impose-moi pour loi, Seigneur, la voie de tes


ordonnances pleines de justice, et je ne cesserai point de
la rechercher.
34. Donne-moi l’intelligence, et je m’appliquerai à
connaître ta loi, et la garderai de tout mon cœur.
35. Conduis-moi dans le sentier de tes commandements,
parce que je le désire ardemment.

Pratiques. Livre III (extrait) 22


COLLEGE TIFERET

36. Fais pencher mon cœur vers les témoignages de ta loi,


et non pas vers l’avarice.
37. Détourne mes yeux, afin qu’ils ne regardent pas la
vanité ; fais-moi vivre dans ta voie.
38. Etablis fortement ta parole dans ton serviteur par ta
crainte.
39. Eloigne de moi l’opprobre que j’ai toujours tant
appréhendé, parce que tes jugements sont pleins de
douceur.
40. Tu sais que j’ai beaucoup désiré tes
commandements ; fais-moi vivre dans la justice de ta loi.

Jour 6

Vav, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 41-48 : Vau :]

41. Que ta miséricorde, Seigneur, descende sur moi, et


ton assistance salutaire selon ta parole.
42. Et j’aurai une parole à répondre à ceux qui
m’insultent, qui est que j’ai mis mon espérance en tes
promesses.
43. Et n’ôte pas de ma bouche pour toujours la parole de
la vérité, parce que j’ai beaucoup espéré dans tes
jugements.
44. Et je garderai toujours ta loi ; je la garderai dans les
siècles et dans les siècles des siècles.
45. Je marchais au large, parce que j’ai cherché tes
commandements.
46. Je parlais des témoignages de ta loi devant les rois, et
je n’en avais point de confusion.
47. Et je méditais sans cesse sur tes commandements que
j’aime beaucoup.
48. Je levais mes mains pour pratiquer ces mêmes
commandements qui me sont si chers, et je m’exerçais
dans tes ordonnances pleines de justice.

Pratiques. Livre III (extrait) 23


COLLEGE TIFERET

Jour 7

Zaïn, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 49-56 : Zaïn :]

49. Souviens-toi de la parole que tu as dite à ton


serviteur, et qui est le fondement de l’espérance que tu
m’as donnée.
50. C’est ce qui m’a consolé dans mon humiliation, parce
que ta parole m’a donné la vie.
51. Les superbes agissent avec beaucoup d’injustice à
mon égard ; mais je ne me suis point détourné de ta loi.
52. Je me suis souvenu, Seigneur, des jugements que tu as
exercés dans tous les siècles, et j’ai été consolé.
53. Je suis tombé en défaillance, à cause des pécheurs qui
abandonnaient ta loi.
54. Tes ordonnances pleines de justice me tenaient lieu de
cantiques dans le lieu de mon exil.
55. Je me suis souvenu, Seigneur, de ton nom durant la
nuit, et j’ai gardé ta loi.
56. C’est ce qui m’est arrivé, parce que j’ai recherché
avec soin tes ordonnances pleines de justice.
Jour 8

’Heth, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 57-64 : Cheth :]

57. Tu es, Seigneur, mon partage ; j’ai résolu de garder


ta loi.
58. Je me suis présenté devant ta face, et t’ai prié de tout
mon cœur ; aies pitié de moi selon ta parole.
59. J’ai examiné mes voies, et j’ai dressé mes pieds pour
marcher dans les témoignages de ta loi.
60. Je suis tout prêt, et je ne me suis point troublé ; je
suis tout prêt à garder tes commandements.
61. Je me suis trouvé tout enveloppé par les liens des
pécheurs, mais je n’ai point oublié ta loi.
62. Je me levais au milieu de la nuit pour te louer sur les
jugements de ta loi pleine de justice.
62. Je suis uni avec tous ceux qui te craignent, et qui
gardent tes commandements.

Pratiques. Livre III (extrait) 24


COLLEGE TIFERET

63. La terre, Seigneur, est remplie de ta miséricorde ;


fais-moi connaître tes ordonnances pleines de justice.
Jour 9

Tet, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 65-72 : Teth :]

65. Tu as, Seigneur, usé de bonté envers ton serviteur,


selon la vérité de ta parole.
66. Enseigne-moi la bonté, la discipline et la science,
parce que j’ai cru à tes commandements.
67. Avant que j’eusse été humilié, j’ai péché, et c’est pour
cela que j’ai gardé ta parole.
68. Tu es bon, enseigne-moi selon ta bonté tes
ordonnances pleines de justice.
69. L’iniquité des superbes s’est multipliée envers moi ;
mais pour moi, je chercherai de tout mon cœur tes
commandements.
70. Leur cœur s’est épaissi comme le lait ; mais pour moi,
je me suis appliqué à la méditation de ta loi.
71. Il m’est bon que tu m’aies humilié, afin que
j’apprenne tes ordonnances pleines de justice.
72. La loi qui est sortie de ta bouche me paraît bonne et
préférable à des millions d’or et d’argent.
Jour 10

Yod, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 73-80 : Jod :]

73. Tes mains m’ont fait et m’ont formé ; donne-moi


l’intelligence, afin que j’apprenne tes commandements.
74. Ceux qui te craignent me verront et se réjouiront,
parce que j’ai mis toute mon espérance dans tes paroles.
75. J’ai reconnu, Seigneur, que l’équité est la règle de tes
jugements, et que tu m’as humilié selon ta justice.
76. Répands sur moi ta miséricorde, afin qu’elle soit ma
consolation, selon la parole que tu as donnée à ton
serviteur.
77. Fais-moi sentir les effets de ta bonté, afin que je vive,
parce que ta loi est le sujet de toute ma méditation.

Pratiques. Livre III (extrait) 25


COLLEGE TIFERET

78. Que les superbes soient confondus, parce qu’ils m’ont


injustement maltraité ; mais pour moi, je m’exercerai
toujours dans tes commandements.
79. Que ceux qui te craignent se tournent vers moi, et
ceux qui connaissent les témoignages de ta loi.
80. Fais que mon cœur se conserve pur dans la pratique
de tes ordonnances pleines de justice, afin que je ne sois
point confondu.
Jour 11

Kaph, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 81-88 : Caph :]

81. Mon âme est tombée en défaillance dans l’attente de


ton secours salutaire, et j’ai conservé une espérance très
ferme dans tes paroles.
82. Mes yeux se sont affaiblis à force d’être attentif à ta
parole, te disant sans cesse : Quand me consoleras-tu ?
83. Parce que je suis devenu ainsi qu’un vase fait de peau
exposé à la gelée ; et cependant je n’ai point oublié tes
ordonnances pleines de justice.
84. Quel est le nombre des jours de ton serviteur ?
Quand exerceras-tu ton jugement contre ceux qui me
persécutent ?
85. Les méchants m’ont entretenu de choses vaines et
fabuleuses, mais ce n’était pas comme ta loi.
86. Tous tes commandements sont remplis de vérité. Ils
m’ont persécuté injustement ; secoures-moi.
87. Peu s’en est fallu qu’ils ne m’aient fait périr sur la
terre ; mais, je n’ai point pour cela abandonné tes
commandements.
88. Fais-moi vivre selon ta miséricorde, et je garderai les
témoignages de ta bouche.

Pratiques. Livre III (extrait) 26


COLLEGE TIFERET

Jour 12

Lamed, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 89-96 : Lamed :]

89. Ta parole, Seigneur, demeure éternellement dans le


ciel.
90. Ta vérité subsiste dans la suite de toutes les races ; tu
as affermi la terre, et elle demeure dans le même état.
91. Le jour ne subsiste tel qu’il est que par ton ordre, car
toutes choses t’obéissent.
92. Si je n’avais fait ma méditation de ta loi, j’aurais
peut-être péri dans mon humiliation.
93. Je n’oublierai jamais la justice de tes ordonnances,
parce que tu m’as donné la vie.
94. Je suis à toi, sauve-moi ; parce que j’ai cherché tes
ordonnances qui sont pleines de justice.
95. Les pécheurs m’ont attendu pour me perdre, mais je
me suis appliqué à l’intelligence des témoignages de ta
loi.
96. J’ai vu la fin de toutes les choses les plus parfaites,
mais ton commandement est d’une étendue infinie.
Jour 13

Mem, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 97-104 : Mem :]

97. Combien est grand, Seigneur, l’amour que j’ai pour


ta loi ! Elle est le sujet de ma méditation durant tout le
jour.
98. Tu m’as rendu plus prudent que mes ennemis par les
préceptes de ta loi, parce qu’ils sont perpétuellement
devant mes yeux.
99. J’ai eu plus d’intelligence que tous ceux qui
m’instruisaient, parce que les témoignages de ta loi
étaient le sujet de ma méditation continuelle.
100. J’ai été plus intelligent que les vieillards, parce que
j’ai recherché tes commandements.
101. J’ai détourné mes pieds de toute voie mauvaise, afin
de garder tes paroles.
102. Je ne me suis point écarté de tes jugements, parce
que tu m’as prescrit une loi.

Pratiques. Livre III (extrait) 27


COLLEGE TIFERET

103. Que tes paroles me sont douces ! Elles le sont plus


que le miel ne l’est à ma bouche.
104. J’ai acquis l’intelligence par la pratique de tes
préceptes, et c’est pour cela que j’ai haï toute voie
d’iniquité.

Jour 14

Noun, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 105-112 : Nun :]

105. Ta parole est une lampe qui éclaire mes pieds, et une
lumière qui me fait voir les sentiers où je dois marcher.
106. J’ai juré et résolu fortement de garder les jugements
de ta justice.
107. Je suis tombé dans la dernière humiliation,
Seigneur ; fais-moi vivre selon ta parole.
108. Fais, Seigneur, que les vœux que ma bouche a
prononcés volontairement te soient agréables, et
enseigne-moi tes jugements.
109. Mon âme est toujours entre mes mains, et je n’ai
point cependant oublié ta loi.
110. Les pécheurs m’ont tendu un piège, et je ne me suis
point écarté de tes commandements.
111. J’ai acquis les témoignages de ta loi pour être
éternellement mon héritage, parce qu’ils sont toute la
joie de mon cœur.
112. J’ai porté mon cœur à accomplir éternellement tes
ordonnances pleines de justice, à cause de la récompense
que tu y as attachée.
Jour 15

Samekh, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 113-120 : Samech :]

113. J’ai haï les méchants, et j’ai aimé ta loi.


114. Tu es mon défenseur et mon soutien, et j’ai mis toute
mon espérance dans ta parole.
115. Eloignez-vous de moi, vous qui êtes pleins de
malignité ; et je rechercherai l’intelligence des
commandements de mon Dieu.

Pratiques. Livre III (extrait) 28


COLLEGE TIFERET

116. Affermis-moi selon ta parole, et fais-moi vivre ; ne


permets pas que je sois confondu dans mon attente.
117. Assiste-moi et je serai sauvé, et je méditerai
continuellement sur la justice de tes ordonnances.
118. Tu as méprisé tous ceux qui s’éloignent de tes
jugements, parce que leur pensée est injuste.
119. J’ai regardé comme des prévaricateurs tous les
pécheurs de la terre, c’est pourquoi j’ai aimé les
témoignages de ta loi.
120. Transperce mes chairs par ta crainte, comme avec
des clous, car tes jugements me remplissent de frayeur.

Jour 16

Aïn, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 121-128 : Aïn :]

121. J’ai été équitable dans mes jugements, et j’ai fait


justice ; ne me livre pas à ceux qui me calomnient.
122. Affermis ton serviteur dans le bien, et que les
superbes ne m’accablent point par leurs calomnies.
123. Mes yeux se sont affaiblis dans l’attente de ton
assistance salutaire, et de tes promesses pleines de
justice.
124. Traite ton serviteur selon ta miséricorde, et
enseigne-moi la justice de tes ordonnances.
125. Je suis ton serviteur, donne-moi l’intelligence, afin
que je connaisse les témoignages de ta loi.
126. Il est temps que tu agisses, Seigneur ; ils ont
renversé ta loi.
127. C’est pour cela que j’ai aimé tes commandements
plus que l’or et que la topaze.
128. C’est pour cela que je marchais droit dans la voie de
tous tes commandements ; j’ai haï toute voie injuste.
Jour 17

Phé, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 129-136 : Phé :]

129. Les témoignages de ta loi sont admirables ; c’est


pourquoi mon âme en a recherché la connaissance avec
soin.

Pratiques. Livre III (extrait) 29


COLLEGE TIFERET

130. L’explication de tes paroles éclaire les âmes, et


donne l’intelligence aux petits.
131. J’ai ouvert la bouche, et j’ai attiré l’air que je
respire, parce que je désirais beaucoup tes
commandements.
132. Regarde-moi, et aies pitié de moi, selon l’équité dont
tu uses envers ceux qui aiment ton nom.
133. Conduis mes pas selon ta parole, et fais que nulle
injustice ne me domine.
134. Délivre-moi des calomnies des hommes, afin que je
garde tes commandements.
135. Fais luire sur ton serviteur la lumière de ton visage,
et enseigne-moi la justice de tes ordonnances.
136. Mes yeux ont répandu des ruisseaux de larmes,
parce qu’ils n’ont pas gardé ta loi.
Jour 18

Tsadé, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 137-144 : Tsadé :]

137. Tu es juste, Seigneur, et ton jugement est droit.


138. Les témoignages de ta loi que tu nous as donnés sont
tout remplis de justice et de vérité.
139. Mon zèle m’a fait sécher de douleur, parce que mes
ennemis ont oublié tes paroles.
140. Ta parole est éprouvée très parfaitement par le feu,
et ton serviteur l’aime uniquement.
141. Je suis petit et méprisé, mais je n’ai point oublié la
justice de tes ordonnances.
142. Ta justice est la justice éternelle, et ta loi est la vérité
même.
143. L’affliction et l’angoisse sont venues fondre sur moi,
et tes commandements sont tout le sujet de ma
méditation.
144. Les témoignages de ta loi sont remplis d’une justice
éternelle. Donne-moi l’intelligence, et je vivrai.

Pratiques. Livre III (extrait) 30


COLLEGE TIFERET

Jour 19

Coph, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 145-152 : Coph :]

145. J’ai crié de tout mon cœur : Exauce-moi, Seigneur ;


je rechercherai la justice de tes ordonnances.
146. J’ai crié vers toi : Sauve-moi, afin que je garde tes
commandements.
147. Je me suis hâté et j’ai crié de bonne heure, parce que
j’ai beaucoup espéré en tes promesses.
148. Mes yeux t’ont regardé de grand matin en
prévenant la lumière, afin de méditer sur tes paroles.
149. Ecoute ma voix, Seigneur, selon ta miséricorde ; et
fais-moi vivre selon l’équité de ton jugement.
150. Mes persécuteurs ont approché de l’iniquité, et se
sont fort éloignés de ta loi.
151. Tu es proche, Seigneur, et toutes tes voies sont
remplies de vérité.
152. J’ai connu dès le commencement que tu as établi
pour toute l’éternité les témoignages de ta loi.
Jour 20

Rech, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 153-160 : Res :]

153. Considère l’humiliation où je suis, et daigne m’en


retirer, parce que je n’ai point oublié ta loi.
154. Juge ma cause, et délivre-moi ; fais-moi vivre
conformément à ta parole.
155. Le salut est loin des pécheurs, parce qu’ils n’ont
point recherché la justice de tes ordonnances.
156. Tes miséricordes sont abondantes, Seigneur, fais-
moi vivre selon l’équité de ton jugement.
157. Il y en a beaucoup qui me persécutent et qui
m’accablent d’afflictions, mais je ne me suis point
détourné des témoignages de ta loi.
158. J’ai vu les prévaricateurs de tes ordonnances, et je
séchais de douleur, parce qu’ils n’ont point gardé tes
paroles.

Pratiques. Livre III (extrait) 31


COLLEGE TIFERET

159. Vois, Seigneur, comment j’ai aimé tes


commandements ; fais-moi vivre par un effet de ta
miséricorde.
160. La vérité est le principe de tes paroles, tous les
jugements de ta justice sont éternels.

Jour 21

Chin, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 161-168 : Scin :]

161. Les princes m’ont persécuté sans sujet, et mon cœur


n’a été touché que de la crainte de tes paroles.
162. Je me réjouirai dans tes ordonnances, comme celui
qui a trouvé de grandes dépouilles.
163. J’ai haï l’iniquité, et je l’ai eue en abomination ;
mais j’ai aimé ta loi.
164. Je t’ai loué sept fois le jour, à cause des jugements
de ta justice.
165. Ceux qui aiment ta loi jouissent d’une grande paix,
et il n’y a point pour eux de scandale.
166. J’attendais toujours, Seigneur, ton assistance
salutaire, et j’ai aimé tes commandements.
167. Mon âme a gardé les témoignages de ta loi, et les a
aimés très ardemment.
168. J’ai observé tes commandements et les témoignages
de ta loi, parce que toutes mes voies sont exposées à tes
yeux.
Jour 22

Tav, écoute ma prière, et que mes cris s’élèvent jusqu’à toi.


[Ps. CXVIII, 169-176 : Tau :]

169. Que ma prière s’approche, Seigneur, et se présente


devant toi ; donne-moi l’intelligence selon ta parole.
170. Que ma demande pénètre jusqu’à ta présence,
délivre-moi selon ta promesse.
171. Mes lèvres feront retentir un hymne à ta gloire,
lorsque tu m’auras enseigné la justice de tes
ordonnances.
172. Ma langue publiera ta loi, parce que tous tes
commandements sont pleins d’équité.

Pratiques. Livre III (extrait) 32


COLLEGE TIFERET

173. Etends ta main pour me sauver, parce que j’ai choisi


et préféré tes commandements à toute autre chose.
174. J’ai désiré, Seigneur, ton assistance salutaire ; et ta
loi est le sujet de ma méditation.
175. Mon âme vivra et te louera, et tes jugements seront
mon appui et ma défense.
176. J’ai erré comme une brebis qui s’est perdue ;
cherche ton serviteur, parce que je n’ai point oublié tes
commandements.
Les versets du jour étant lus, l’officiant demeure sur place, les yeux clos, pendant
quelques minutes. Il conclut ensuite, reprenant la formule de début :

Gloire soit donnée à la pensée, et à l’opération du Dieu des dieux,


Eternel d’Israël ! Amen.
Cela dit, l’officiant se retire de dessus la bougie du centre, dépose le rituel auprès de
cette dernière et éteint son cierge comme il se doit, avant de le déposer également sur le
tracé, couché.

Cela fait, l’officiant procède maintenant aux rites de restitution des lieux à leur usage
initial…

Pratiques. Livre III (extrait) 33


COLLEGE TIFERET

RESTITUTION DU LIEU 50

L’officiant
se tient genou droit en terre devant la bougie du centre51, les mains ouvertes en coupe
vers le ciel :

52
Au nom du Père , et du Fils, et du Saint-Esprit, allez en paix en vos
retraites, esprits que j’ai invoqués selon la puissance innée en moi et
vous, puissances saintes qui m’avez assisté(e) en cette opération. Que la
paix règne toujours entre nous, et soyez prêts à venir dès que je vous
appellerai.
Cela dit, l’officiant procède au « renvoi » comme il se doit :

53
Je te remets, ô Eternel, avec satisfaction et reconnaissance, la parole
forte que tu avais confiée à mon âme, pour la rendre puissante envers
ceux qui auraient pu lui nuire, et troubler la paix qui règne parmi les
frères et sœurs de l’Ordre. Qu’elle soit ainsi rendue en paix au lieu
d’où elle était sortie ! Amen.
Cela dit, l’officiant éteint la bougie, qu’il dépose ensuite couchée au centre du tracé.

Poignard en main droite, faisant de nouveau le tour du temple dextrorsum, l’officiant se


rend successivement face au Sud, à l’Ouest, au Nord et à l’Est, pour l’effacement des
pantacles cardinaux, traçant alors un large ╳ par deux vifs coups de lame, face à la
direction voulue.

Les quatre pantacles effacés, de nouveau face à l’Est, l’officiant dépose son poignard et
quitte le tracé par l’Ouest, là où il y était entré.

Au dernier jour de l’opération, tout étant achevé, l’officiant débarrasse le tracé qu’il
efface (ou enlève54) ensuite comme il se doit avant de retirer ses décors et vêtements
rituels et de quitter les lieux.

50
Pour les sources de cette partie : cf. note 9 supra.
51
Insistons ici sur ce point capital : l’unique bougie du centre contient en elle le feu initial (issu du « feu nouveau ») dont elle procède.
Aussi, est-ce bien ici ce feu originel qui est renvoyé vers sa source invisible, d’où la présente invocation, reprenant celle destinée au feu
nouveau.
52
LV, Prières et pratiques diverses pour une opération, 1189, p. 106.
53
MJ, Prières et travaux pour la réconciliation, p. 26 et Instruction secrète, p. 3 et 71.
54
Rappelons qu’il est possible d’utiliser un tracé reproduit sur un support (type tapis opératoire) qu’on déroulera puis enroulera après
usage. S’il n’est pas possible de laisser le tracé durant toute la période d’opération, on l’effacera ou enlèvera après chaque jour de travail ;
cette seconde solution est cependant à éviter autant que faire se peut.

Pratiques. Livre III (extrait) 34


COLLEGE TIFERET

ANNEXE 55

Un « feu nouveau » est utilisé pour l’allumage de la bougie du centre (cf. 8°). Ce feu doit
son nom à ce qu’il est tiré à neuf d’une étincelle (qu’on rapprochera d’ailleurs d’un « feu
céleste »). La théurgie Cohen emploie ainsi systématiquement ce type de feu, pour l’allumage
de toute bougie rituelle ; ainsi, figurant au Livre vert56, quant à l’utilisation :

section 1201
section 1201
section 1148
section 1149
section 1173
section 1174

et, quant à la cérémonie d’allumage, en liaison avec l’« illumination du centre », Ibid. :

section 1193
section 1194

De fait, cet usage est emprunté ici à la liturgie romaine, dont on sait l’importance qu’elle
avait pour les disciples de Martines de Pasqually :

« Dieu, qui par ton fils a apporté aux fidèles le feu de ta clarté tiré d’un caillou [c’est
« nous qui soulignons] pour servir à nos usages, sanctifie ce feu nouveau… (extrait de
« l’Office de la Semaine Sainte, Paris, 1756, cité par René Le Forestier, in La Franc-
« Maçonnerie occultiste au XVIIIe siècle & l’Ordre des Elus Coëns, op. cit., p. 244) »

Et, en effet, la liturgie du Samedi-Saint (Vigile pascale) débute avec la « Célébration de la


lumière », où le célébrant commence par la « Bénédiction du feu nouveau » ; l’extrait cité
provient ainsi de l’oraison de bénédiction dudit feu nouveau57.
D’un point de vue pratique, et d’une manière simple, ce feu peut être obtenu à l’aide d’un
allume-bougies à gaz, avec effet piézo-électrique, une étincelle résultant d’une pression
exercée sur un cristal (cf. citation supra : caillou), cette étincelle enflammant secondairement
le gaz combustible ; même : tout type de briquet est utilisable (nonobstant le peu d’élégance
du geste) si l’on s’en tient au seul principe de génération de la flamme.
En relation avec le feu nouveau, s’agissant de la bougie du centre (« illumination du
centre ») mentionnée plus haut, il peut être intéressant de considérer ici l’instruction qui lui
est relative, et qui est extraite du fonds Z (on la retrouve encore au fonds Prunelle de Lière),
recueil de textes et rituels se rapportant à la théurgie des Elus Cohens :

« On nomme cette cérémonie purification ou circoncision des lèvres58. Les trois


« principaux chefs de l’Ordre pratiqueront cette cérémonie et la rendront telle qu’elle
« leur avait été enseignée. Elle subsistait avant la captivité, mais elle fut alors perdue ;
« elle ne fut retrouvée et remise en vigueur qu’à la renaissance des vertus en 2448.

55
Ce qui suit est extrait du livret intitulé Rituel général, en usage au sein du groupe Tiferet.
56
Cf. supra, note 10 p. 6 pour les références.
57
Cf. J. Feder, Missel paroissial des fidèles, Maison Mame, Tours, 1960, Veillée pascale, p. 285.
58
Ce rite consiste en l’aspiration de la flamme par l’opérant : signe de purification par le feu de la parole.

Pratiques. Livre III (extrait) 35


COLLEGE TIFERET

« Le premier des trois chefs est Abraham, qui a établi la première mémoire de l’ordre
« par la règle, la pratique et l’heure qu’il prescrivit pour la première prière du jour, qui
« durait 4 heures, depuis 6 heures jusqu’à 10 h. du matin. Il donnait tout le reste du jour
« à son travail temporel.
« Le deuxième chef est Isaac, qui pratiqua et fixa la deuxième prière, depuis midi
« jusqu’à 4 h.
« Le troisième est Jacob, qui pratiqua et fixa la troisième prière, depuis 8 h. du soir
« jusqu’à minuit, et consacra le reste de la nuit au repos temporel.
« Nous purifions nos lèvres à la flamme de la bougie du centre, afin que notre bouche
« soit pure pour prononcer le mot qui y est tracé59, comme les patriarches chefs de
« l’ordre purifièrent les leurs. (Instruction sur la bougie du centre, 1775) »

L’allumage de la bougie du centre doit toujours se faire à partir de feu nouveau, face à
l’Est. De fait, conformément aux attributions symboliques cardinales, le feu initial, allumé
alors sous la garde d’Uriel60, sera-t-il le point focal des influences spirituelles et occultes, et,
partant, le point de départ de tout allumage rituel. Sur ce point, citons le Bahir :

« [Il y a trois princes, et] la Gebourah (la rigueur) est prince sur toutes les formes
« saintes placées à gauche du Saint, béni soit-il, et c’est Gabriel ; celui qui se tient à
« droite de Dieu est le prince de toutes les saintes formes, et c’est Mikhaël, et au milieu,
« se tient la Vérité, et c’est Ouriel, prince préposé à toutes les formes saintes… (Op. cit.,
« trad. Joseph Gottfarstein, Verdier, coll. Les Dix Paroles, Lagrasse, 1982, § 108, p.
« 87) »

Notons que la localisation d’Uriel qui est ici au centre, au milieu de Gabriel/Guevoura et
Michaël/’Hessed, ne vient pas contredire celle du Zohar qui, à de rares exceptions près, le
situe à l’Est. Ainsi, dans le deuxième tome de sa traduction, Charles Mopsik précise :

« La sefira Malkhout surplombe “les quatre camps de la Chekhina” (K.P. p.302b),


« orientés selon les quatre points cardinaux qui correspondent aux quatre “types de
« régime : Hessed, Guevoura, Tiferet, Malkhout, c’est-à-dire [d’après le reflet de ces
« sefirot en la Chekhina] : le blanc, le rouge, le vert61, le noir ; et chaque régime se
« subdivise en trois [sous-régimes] : Hessed, Din62, Rakhamim63. Chaque pierre64 est
« d’une de ces quatre couleurs” (O.Y. p.167). R.M. Cordovero développe cette idée
« d’après l’angélologie p.158 où il précise : “Au Nord, Gabriel, le bœuf [d’Ez.I] qui se
« nourrit de la Guevoura (…) et deux princes [deux anges associés] sont sous sa
« gouverne qui sont les deux cornes du bœuf (…) ; à l’Ouest, Raphaël auquel sont
« soumis deux princes, qui ont la charge du régime de la Malkhout pour tout ce qui
« incline dans le monde vers l’Ouest ; au Sud, Michaël, la face de lion, auquel deux
« princes sont soumis, qui sont les messagers de Hessed et de toutes ses activités chez
« les êtres d’en-bas ; à l’Est, Ouriel, auquel deux princes sont soumis, émissaires des
« actions de Tiferet et de tout ce qui incline dans le monde vers l’Est. Tels sont les
« quatre camps de la Chekhina, qui sont [aussi] les quatre ’hayot [d’Ez.I] et la Chekhina
« s’établit au-dessus d’eux selon le secret de l’élan qui va de bas en haut”. Le mot
59
Un mot ou nom est effectivement attaché à ladite bougie.
60
Ou Uriel : la Lumière de Dieu (ou de la divinité) ; quelquefois Nouriel : le Feu de Dieu (ou de la divinité).
C’est ce même feu qui est ensuite transféré, par étapes, aux autres luminaires rituels.
61
Il est quelquefois question du jaune pour Tiferet.
62
« Jugement » : autre nom de la sefira Guevoura.
63
« Miséricorde » : autre nom de la sefira Tiferet.
64
Voir les pierres dont Jacob fit son chevet, in Genèse, XXVIII, 11, 18 et 22 ; également celles en Josué, IV, 3.

Pratiques. Livre III (extrait) 36


COLLEGE TIFERET

« “régime” (hanhaga) désigne la manière dont la vie divine conduit le monde. Jacob
« met en place les différents modes par lesquels la sefira Malkhout agit. (Op. cit., trad.
« Charles Mopsik, Verdier, coll. Les Dix Paroles, Lagrasse, t. II, 1994, note 50, p.
« 309) »

De fait, si l’auteur situe ici Uriel à l’Est, remarquons que, comme dans le Bahir, il est
encore présenté entre les dimensions de Guevoura et de ’Hessed (les « régimes » évoqués
dans l’extrait ci-dessus) et que, là-bas comme ici, c’est toujours vers l’Est qu’il est dirigé.
C’est donc en plein accord avec ce symbolisme que le rite initial, avant l’ouverture des
travaux (et conclusif, au moment de leur fermeture) relatif à l’allumage (puis l’extinction) de
la bougie du centre est réalisé au centre même des « quatre camps de la Chekhina » : véritable
point focal de la manifestation de Dieu dans le monde de « l’ici-bas ».
Dès lors, l’allumage des autres luminaires se fera toujours à partir de la flamme même de
la bougie du centre, réceptacle des influences spirituelles supérieures.

Pratiques. Livre III (extrait) 37

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