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• Ci-dessus : avec le dessinateur Karl Beaudelère. aauellement exposé au Ham en Mayenne (voir notre agenda).
• En cou,,..rture : Frédéric Deprun - Narcisse (détail) - 2011 - Huile sur toile - 162 x 1 14 cm ('«>ir notre article).
Artension Nowmbre-décembre 2014 - N°128 • Relecrure : Bl'andine Lemaire et Jean-Pierre Monnin. • lllustrll!eurs et Photogrn.plies : Philippe Bonan, Thierry Borredon,
Bimestnel d'information arts plastiques • Rédacteurs de ce numéro : Amélie Adamo, Simooe Audissou, Axel Cassel, JacquesYVl!s Gucia, Patnœ Reytier, Bertrand RiegeretAndyVariole.
A téléchar\jer (anciens numéros indus) sur www.relay.can lleana Comea, Benoit Courcelles, He!W Courtaigne, Jean-JaCQues Gay,
REDACTIONIAOMINISlRATIONISECRETARIAT : BP 25 - 01240 Saint -Paul-de-Varax Marie Girault, Patnck Le Fur, Christian Noorbergen, Joelle Péhaut, Amélie Pékin, Impression : Calet Roto (Ambnères les Vallées - 53)
Tél 04 74 211an - Faxo91212 56 46 Jean-Mane Schmitt et Lara Tournemire. ISSN 0294-3107
www.artension.Ir • Club Artensio:n 2014 : Marie-Noel et Antane Bataille (Salon de MamMuti, fie de N'de commissio:n paritaire : 0419 K81493
ABONNEMENTS : Artension - BP 50023 - 55800 fèvigny-sur-Omain Ré), Colette Cola (Galerie Univer, Paris), Hervé Crurtaigne (Galerie 53 et Galene Dépôt légal septembre 2014
PUBLICITE - ANNONCES : Routes, Lisbonne & Pans), Lélia Morcloch (Galene Lélia Madoch, Miami et Paris), Distn bution MLP
Aurélie Charnay - Tél 04 74 211 a n - publicite@artension.fr Gilles Naudin (Galerie GNG, Paris), Elisabeth Picot-Le Roy (Galene Picot-Le Ro'f,
Morga~. Mananne Aillon (Galene Art Aujourd'hui, Paris) et Mane Vitoux (Galene
Copyright AOAGP po:ur les œuvres de ses membres.
VENTES KIOSQUES : Axiane Partenaire Presse/RTRM Consulting Marie Vitoux, Paris).
Tél 0493 79 84 48 Edité par la SAS Artensioo Editions au capital de 20.000 €
• Ont conlJibué, depuis 30 ans, à forger l'esprit d'Artension : Mane-Odile Andrade, BP 50023 -55800 Revigny-sur-Ornain
•Fondateur : Pierre Souchaud - p.souchaud@artension.fr Gérard Barnère (·t), Stani Chaine, Laurent Danchin, Emmanuel Daydé, François Denvery,
• Directeur de la publication : Jean-Luc ~ndn -jl.poncir@artension.fr CMstine frérot, Pienre Gaudibert (t), Jean-Pierre Klein, André Laude (t), Les textes publiés dans ce magazine n'engagent que la responsabilité de leurs
• Direction artistique et mise en page: Agence PLP François Mathe'I (t), Claude Mollard, Bruno Monlpied, Simon lljami, auteurs. Leur repro:luction doit faire l'objet d'une autorisation préalable.
Fanny et Pascal Laheurte - agence.plJ)!!wanadoo.fr Chri>tiJn lloortJergen, Francs Parent Am~i! Pékin, Raymolll l'errot (t), Jean Planche, En aucun cas, la rédaction ne saurait être tenue responsable du ccntenu des
• Rédactnce en chef: Françoise Monnin - f.monnin@artension.fr Yak Roais et Gérard Xuruuera. annonces publicitaires reproduites dans le magazine.
1 fifat!ISfiMn· 12s
12>15
FEVRIER 2015
LILLE GRAND PALAIS
FOIRE D'ART
CONTEMPORAIN
-- art-up.com
TARIFS REDUITS SUR : UN EVENEMENT : PARTENA IRE OFFICIEL:
art-up.com
VINCI~. .
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Art Upl
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mobile # A RTUP201 5
p. 4 Héros Peter DOIG
p. 14 Courrier
p. 16 Bref
p. 18 Zoom
p. 20 Tendance
p. 24 Lire
p. 26 Inventer
p. 28 Portraits
Christine SEFOLOSHA par Marie Girault
Arnaud MAHUAS dit DARNISH par lleana Cornea
Éric DERKENNE par Patrick Le Fur
Nicolas CLUZEL par lleana Cornea
Serge LARGOT par Françoise Monnin
Malgorzata PASZKO par Christian Noorbergen
Frédéric DEPRUN par Amélie Adamo
p. 50 Exposition
L'Autre de l'art à Villeneuve-d'Ascq
p. 56 Entretien par Christian Noorbergen
Serge LABÉGORRE
p. 63 Dossier
Révolution : l'art à l'heure de l'Internet
par Jean-Jacques Gay & Cie
p. 82 Mémoire
Roland Topor par Pierre Bouchaud
p. 86 La question
Peut-<>n coacher un artiste ? par Marie Girault
p. 91 Avoir
p. 103 Annonces
p. 104 Arnélie voit rouge par Amélie Pékin
Peter Doig
dans l'œil
« Je n'ai jamais été un réaliste, je ne
peins pas les choses comme elles sont »
dit-il. Né à Edimbourg en 1959, ayant
grandi à Trinidad puis au Canada - où
a commencé sa passion pour le hockey
sur glace - il a étudié les beaux-arts à
Londres, en particulier à la St. Martin
School of Art, au début des années
1980. Il enseigne à présent la peinture à
la Kunstakademie de Düsseldorf, pra-
tique la gravure, la fresque, l'affiche de
cinéma, et vit la plupart du temps à
Trinidad, depuis 2002. Cest là qu'il
imagine de rares et grands formats,
loin du fracas de l'art contemporain...
Peindre « la sensualité de la couleur,
les harmonies formelles et le manie-
ment expressif exaltés par tant de
grands artistes comme Munch,
Gauguin, Matisse et Bonnard à l'orée
du modernisme», tel est son objectif.
. I .
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Gasthof Zlir M11/denl•lsptrrt-2<XXI - Huile sur toile - 196x 296 an - Collection Nancy Ltuter Mc Dougal et Alfred F. Mc Dougai O.icago
Ckontre : Ptliam (S t11g) -2004 - Huile sur toile - 276 x 200.5 cm - Collection privée / Courtesy Michael Werner Calleiy, New York et Londres
Pages précédentes : Edto IAl:t - 1998 - Huile sur toile - 231 x361 cm - Tate, Londres
« Un artiste n'est finalement capable de faire qu'une seule toile, qu'il se contente de repren-
dre encore et encore, durant toute sa vie » dit encore P. Doig. Et aussi que « la peinture, en
grande majorité, est conceptuelle. Je veux dire que toute peinture résulte d'un processus
mental. L'art conceptuel se contente de supprimer ce qui se rapporte au plaisir de regarder
- la couleur, la beauté, toutes ces dimensions-là. »
Soutenu par le fameux collectionneur Charles Saatchi, P. Doig est devenu une star par
accident, en 2007, lorsque sa toile de 1991 White Canoë a été adjugée 8.53 millions d'euros
chez Sotheby's à Londres. Coup de poker : deux nouveaux riches russes avaient alors
surenchéri l'un sur l'autre. Depuis, de la Tate Britain de Londres au Musée des beaux-arts
de Montréal, en passant par le Musée d'art moderne de la ville de Paris ou la Schim de
Frandort, les expositions se multiplient.
L'artiste, qui avait alors senti « le diable tirer le tapis sous ses pieds » est retourné à ses
pinceaux. « Regarder le monde non à travers les yeux du peintre mais à travers ceux de la
peinture », voilà ce qui lui permet d'échapper aux Enfers.
Les propos nipportés ici so11t extraits d'entretiens acamfés entre 2008 et 2013 à diffel'l!11ls quotidie11s, ai11si qu'au Mus& des
beaux-arts de M0111Tlal.
WfihkZ1Si:Mn• 12s
À retourner à : ARTENSION - Abonnements - BP 50023 - 55800 REVIGNY-S UR-ORNAIN
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RIVES (38} Parc de l'Orgère Salle Fran çois Mitterrand A48 sortie Rives entre Lyon et Grenoble
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ouvert tous les jours de 15h à 19h Samedi/ Dimanche / 1er et 11 nov 1Oh à 19h Entrée libre
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Lecture et musée
Suite à la lecture du numéro hors-série d'Artension consacré à l'art naïf, nous sommes allés visiter le musée de Laval. Nous revenons enchantés. Non seu-
lement l'exposition dans son ensemble nous a plu. Nous avons découvert des peintres magnifiques comme Eva Lallement, les artistes de Laval, de Croatie
et ceux du Musées de Bègles, que nous avons aimé retrouver ici. Nous avons eu la chance d'être guidés dans la visite par le médiateur Adrien. Après la
séance de travail qu'il avait avec des personnes handicapées, il nous a proposé une visite qui nous a apporté un meilleur ancrage et en même temps une
vision personnalisée des artistes. Nous avons apprécié son travail. Nous vous en informons et le remercions, en souhaitant que de nombreux musées en
France apportent aux visiteurs un tel intérêt. Bien cordialement. Anne et 11.nden Chevalier Laustsen, Galerie Anders Hus à Paris (75)
Censure et intérêt
Je vous écris ce soir simplement pour vous
féliciter et vous remercier : Autrefois lecteur
occasionnel, je suis devenu lecteur assidu de
votre magarzine ! Le n°127 m'a séduit dès
l'édito et tout du long, par la suite, au fur et à merci et un grand bravo de la part d'un lecteur
mesure des rubriques! L'article sur la censure touché, séduit et qui apprécie le magazine,
m'a beaucoup plu. J'ai trouvé ce dernier n° tout comme la page Facebook d'.Artension.
particulièrement pertinent, impactant, engagé Artension «le magazine de l'art vivant», conti-
et qui plus est sans prétention (ce qui à mon nuez ainsi!
goût est loin d'être le cas pour tous les papiers Thibault Gibierge,étudlant à l'École
faisant lieu de la vie artistique). Bref, un grand Nationale Sa.périeare d•Art de Limoges (87)
qui concerne l'avenir, au niveau de l'indépas- sion nationale, Artension. Parution payante, il
Censure et beauté sable remise en question (à ce que nous mon- va de soi. Or, à ma grande surprise, la revue a
tre à voir et à lire ce n°127). Il est également censuré cette insertion, et a renvoyé le dossier
très relevant qu'au niveau du nouveau numéro sous prétexte que mon œuvre représentait un
hors-série Artension « L'art abstrait » (dans sexe masculin. ( ... ) Si Artension montre
lequel on espère un échange d'idées pro- l'exemple, combien d'autres Pères la pudeur
fondes) il y ait une collaboration entre vont s'en inspirer et se hâter de sortir leurs
Artension et le Salon Réalité Nouvelles. Cela ciseaux ? » Espérons que si, de temps en
est très indicatü pour tous ceux qui connais- temps, dans nos pages, comme dans celles de
sent le passé des deux, le choix qu'ils ont quelques-uns de nos confrères, ces actes de
défendu. censure sont rendus publics, cela découra-
Sel'!Je Largot, peintre, Belgi'l"le gera quand même certains aspirants Pères la
pudeur qui ne sont toujours pas des monstres
de courage. »
(...) Mon épouse fut effrayée en feuilletant le
n° 127 d'Artension, mais je l'ai convaincue de
Censure et Cocasse, donc, de voir les bretelles
BIEN lire les articles et de remercier l'équipe Catherine Millet d'Artension remontées par ArtPress.
d'Artension pour toute cette information et Je viens de lire le grand dossier sur la censure Surprenant également, car je me souviens de
pour tous ces documents. Sans Artension nous dans votre n°127, et je retrouve un texte dont dossiers parus dans Artension alors, dont les
n'aurions jamais été au courant de ces aberra- je me souvenais, paru dansArtPress n° 301 de images étaient plutôt hard sexuellement,
tions dont Artension nous informe ... mai 2004, relatant un cas flagrant de censure celles de D. Nebreda ou de J-P. Witkin. En fait
Aberrations qui sont hautement appréciées et de la part d'Artension. Comme je trouve cela je pense qu'Artension avait prétexté l'incon-
monnayées par les éminents et richissimes cocasse, j'ai pensé opportun de vous rappeler venance d'ordre sexuel pour éviter de heur-
collectionneurs... Et aussi, nous pouvons l'anecdote. ter l'amour propre de l'artiste, en évitant de
constater que ces attitudes sont très souvent lui avouer que c'était, d'une part, l'indigence
celles des autorités culturelles. Bref, Artension Voici l'extrait du texte de Madame Millet inti- artistique qui justifiait le refus de publier, et
n° 127 nous montre un point de non retour tulé Censure-Cachez ce sexe, etc. : «Dans notre aussi le fait que le ridicule même de sa pein-
dans l'évolution de ce qu'on appelle le n°299, nous avions signalé deux faits de cen- ture pouvait porter préjudice à l'image du
contemporanéisme et ses alternatives. sure, de ceux dont on ne parle pas forcément magazine. Ce que ne craint pas ArtPress pour
là ut-il une remise en question? dans les autres journaux, parce que les vic- qui, c'est bien connu, la peinture n'a guère
là ut-il continuer à occulter certains «oublis» times ne sont pas très célèbres ( ...) . Nos d'importance, qu'elle soit bonne ou exécra-
dans l'art? quelques lignes ont peut-être un peu soutenu ble ... Cocasse aussi, cette façon inattendue
là ut-il en rester là où nous sommes, et s'age- le moral des censurés, elles ont permis aussi à pour Artpress de prendre alors la défense des
nouiller devant l'omnipotence « stratégie d'autres de se sentir moins seuls. artistes « non célèbres »,des sans-grade, des
médiatique grossière destinée à compenser Ainsi, le peintre G. W., qui nous a fait parvenir humbles, des oubliés et des opprimés de nos
l'indigence flagrante de leur contenu artis- une lettre où il raconte sa mésaventure : « La provinces ...
tique » (P. Souchaud) ? galerie qui m'expose a souhaité faire paraître Georges Duverdon,
Sommes-nous vraiment obligés de croire à ce une de mes œuvres dans un magazine à düfu- erlti'l"le d'art à Lyon (69)
genre de peinture compensant la maladie
mentale et/ ou cette manüestation d'un éro-
tisme pornographique crapuleux, et que Aventure et assiduité
CELA restera le nec plus ultra de l'art? Non! Juste un petit mail de
remerciements pour
( ...) En ce qui concerne la censure, n'oublions avoir choisi de faire
pas de constater la différence de la « düfé- un article sur le che-
rence». Oublier, d'une part, la différence entre min des arts de
« troubler » et être « crapuleux » dans un Chartres (Artension
témoignage émergeant d'une contestation de n°126).
situations malsaines, et, d'autre part, condam- Nous avons pu ren-
ner ceux qui se trouvent choqués par cette contrer des 1ect eurs
indécence ... Ne pas constater la düférence assidus de votre
est renforcer le pouvoir de l'influence nocive revue qui sont venus,
du malsain et censurer tous ceux qui tiennent guidés par l'article
à la lutte POUR la beauté (quand même !). de Patrick Le Fur. Ce
Cette lutte implique en soi - sans devoir y fut un vrai plaisir de
mettre un accent - le jugement à propos du pouvoir les accueillir
contraire. Mais: lutter« contre» est finalement et les guider dans la
se vouer à la schizophrénie. ville. J'espère que les
Parce que « entre le oui et le non la tête se vacances furent
détache de son corps » (proverbe Soufi). bonnes et que les nouvelles aventures à venir sont pleines de promesses. Bises chartraines.
BREF : maintenant la situation est claire, en ce Daphné Bchm·WUlame, conseiller en art cont.e mporain de la ville de Chartres (28)
Rendez-vous dissid•nts
Initiative exemplaire de la Région Rhône-Alpes et de son président J.J. Oueyranne;
initiative qui préfigure celles que pourront prendre les régions dès que leurs
politiques culturelles seront libérées des directives ministérielles, ce même
J .J Oueyranne vient juste de le demander : une plaquette intitulée Rendez-vous à
/'atelier a été éditée par la MAPRA avec l'aide de la Région, pour guider les visiteurs
à travers 800 ateliers d'artistes en Rhône-Alpes . Une façon de compenser l'incurie
des services de la DRAC et de son CAR (Conseiller Artistique RégionaO qui n'ont
d'attention que pour une petite vingtaine d'artistes locaux, subventionnée et
conforme à la pensée artistique d'Ëtat. Une action qui pourrait être menée dans
toutes les régions de France, pour favoriser l'ouverture du regard institutionnel à la
diversité de l'art d'aujourd'hui. Ateierde Rolanc!Oréjllll<
Chocolat
Alsace - une exposition qui bégaie (A stuttering exhibition) - q ui pose la question de
l'apparition des œ uvres dans le cadre de la même con férence. A travers sa prise de
parole, la figure du commissaire affirme son désir de contrôler l'articulation entre les
œ uvres. La commissaire déroge néanmoins au dispositif traditionnel de la confé-
nous voilà ! rence en déployant, aux côtés d'un discours verbal, un discours matériel indépen-
dant et émancipé de la hiérarchie qui régit habituellement les relations des œ uvres
a u langage. Le phé nomène du bégaiement est proposé comme un filtre permettant
de mettre e n relation des œ uvres autour d'enjeux artistiques, culturels et politiques
ayant spécifiquement trait au fonctionn ement d u langage et sa relation à la norme.»
C'est cela, oui. www.cracalsace.com
La Monnaie de Paris, à l'occasion
de la réouverture de ses locaux
somptueusement rénovés,
Miau/iJtous-11
Le merveilleux J.J. Sanfourche ( 1929-
héberge la Chocolate
2010) vivait à Saint Léonard de
Factory du kitchissime pop
Noblat. Il y retrouvait souvent son ami
artiste Paul McCarthy ; où sont R. Doisneau qui y avait une maison de
fabriquées des mil! iers de figurines en chocolat « avec vacances. Est-ce cela qu i explique la
une volonté de mise en abîme et de questionner la vocation artistique de ce village
notion de série, dans le lieu même où sont produites des proche de Limoges et des communes
centaines de millions de pièces de monnaie.» Que le qu i l'entourent ? Toujours est-il que
financial artist international soit invité à exposer là - au les 20 et 21 septembre dernier, la
désespoir des numismates - relève tout à la fois d'une fameuse biennale de Saint Léonard
implacable logique et d'un fulgurant raccourci, puisque de Noblat, unique en France, s'est déroulée : la seule à être consacrée aux artistes
tous l'homme, comme le lieu, sont des fa iseurs de mon- maudits par l'esthétique officielle, du fait qu'ils œuvrent dans le fantastique, le néo
surréalisme, la peinture visionnaire ... Au programme aussi, à proximité: la visite des
naie : pour l'un de la fausse, dite artistique, pour l'autre
étonnantes pierres « initiatiques » de Saint-Nicolas de Geneytouse, soit 140 blocs de
de la vraie, sonnante et trébuchante.
granit monumentaux, sculptés par Monsieur Pitou , représentant plus de 21 000
Jusqu'au 4 janvier 2015 - www.monnaiedeparis.fr heures de travail. Autant d'événements artistiques à fort succès populaire et qui,
pour cela, donnent de brusques poussées d'exéma aux préposés à l'art contempo-
rain de la DRAC limousine.
www.eterritoire.fr/ evenements/limousin/haute-vienne/saint-leonard-de-noblat
Au IAC (Institut d'Art Contemporain) de Villeurbanne, le « Laboratoire espace cerveau » propose une exposition
Absences, intitulée Collection à l'étude à Villeurbanne, Expériences de /'œuvre. Dixit le dossier de presse,« Les œuvres pren-
nent ici une nouvelle dimension en proposant de déplacer légèrement le regard de l'institution à l'égard de ses
vous avez publics et de son rôle de transmetteur(. .. ). Ce projet à caractère expérimental interroge l'expérience de l'œuvre
d'art, sa réception et sa restitution. Il s'agit en effet de se libérer des modalités de l'expérience esthétique dans
son acceptation habituelle, de décryptage-décodage de !'oeuvre, pour privilégier l'attention, la perception, les
sensations du visiteur qui, dès lors, consent, voire cherche à «travailler» avec les plis, les appuis, les absences de
BbBBRCBB... !'oeuvre» ... et de révéler ainsi les ressources jusqu'ici insoupçonnées du cerveau humain.
Jusqu'au 11 janvier 2015- http://i-ac.eu
Amélie Pékin
y·~ Collection Phares
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-·· Alan Glass
.... Marcel Duchamp Seven Doc
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•... Yves Tanguy EmaU .................................................- ................................................................................................ 10 rue Henri Beryson
.... Robert Desnos 38100 Grenoble - France
•... Jacqueline Lamba Date et signature : Tèl : 33 (0) 476 476 747
.... André Breton
On le sait, ce n'est pas un
salon comme les autres.
Dans le tsunami des foires
d'art contemporain , son
identité singulière le rend
incontournable.
Il s'affirme " découvreur
de talents 11, espace de
visibilité de leur œuvre, et
aussi lieu d'échange, de
convivialité entre le créa-
teur et le visiteur, amateur
ou professionnel.
M.Lulson
Peintre et président du salon, Hervé Bourdin « de ne pas tomber dans la routine »déclare talents : les moins de 30 ans. En leur propo-
brosse en quelques mots cette édition : le Président, MACParis c'est aussi et surtout sant des stands un peu plus petits et à moi-
« Une autre lumière sur l'art d'aujourd'hui », un humanisme, un souci d'être accessible tié prix (autour de 550 €).Une nouvelle expé-
slogan appuyant l'œuvre signée R. de tant en terme de compréhension pour le rience. » Bourdin c'est bien, MACParis
Gastines, gagnante du concours de l'affiche (désigné comme teO « grand public» que de risque.. Osez-le. Allez-y et pas seulement
du salon. MACParis 2014, panorama de l'art tariflcation pour l'artiste. parce que c'est gratuit.
actuel, vivant, innovant. Peinture, dessin, « Il faut savoir que 21 personnes exposent Patrick le Fur
sculpture, photographie... Qu'importent l'art gratuitement ; grâce aux subventions et à
et la technique du créateur pourvu qu'on ait, des partenaires ; cette année, Epson. Du 27 au 30 novembre
visiteur, l'ivresse de l'émotion. Et que s'af- MACParis reste une association. l'idée est Espace Champerret à Paris (17•)
firme le plaisir du sens, compréhension de de ne pas faire trop payer les artistes. Cela Entrées gratuites à retirer
l'œuvre. Quels que soient sa forme, son sup- relève du militantisme. les 120 créateurs sur le site http://mac2000-art.com
port, sor. impact ! sélectionnés - cette année un millier de can-
didatures - payent un tiers de ce que coûte
Tout est en place; pour les installateurs et les le stand. Et depuis dix ans leur cotisation n'a
vidéastes en particulier, invités cette année, pas augmenté. » 1!1"itiq11e d'A..t•••
à l'issue de deux concours.
l'art vidéo, un sacré concours numérique : Maîtres d'ceuvre d'un salon atypique et cou- Te11sioh
« Au départ on a reçu une centaine d'œu- rageux, H. Bourdin et son équipe de béné- la plume vous démange ? Participez à
vres. 17 artistes réalisateurs de courts- voles proposent une saine alternative aux la 5• édition du grand concours de
métrages de moins de 5 minutes ont été foires (d'empoigne trop souven1) d'art. Évo- critique d'art qu' Artension organise au
sélection nés. lis auront un stand, dans un box quant les 15 000 visiteurs de l'an dernier, en sein de MAC Paris !
sont projetés leurs œuvres. Sept sont regrou- espérant autant pour cette édition, il déclare Soumettez vos pages à notre jury,
pés : une vidéo commune tournera en bou- avec joie et enthousiasme en parlant des constitué de journalistes d' Artension, de
cle. Il s'agit d'une coproduction : MACParis artistes : « MACParis c'est leur salon. lecteurs du magazine et de galeristes
s'est associé avec le festival Paris IDF Courts Beaucoup de professionnels viennent les membres du Club Artension. Et vos
Devant, en partenariat avec l'ADAGP. » voir, apprécier leur travail. le salon est un mots figureront peut-être prochaine-
Nécessitant davantage d'espace, l'installa- tremplin, vers l'expo en galerie ou en centre ment dans nos pages.
tion est représentée par 4 artistes, auxquels d 'art.» le règlement du concours est en ligne
le forum central est réservé. sur :
Hervé en veut ! « MACParis : c'est être tou- http ://a rten sio n .um 2d. corn / concours-
Fidèle à sa vocation première - défendre la jours et encore très attentif à la jeune créa- critique-dart-tension-2/
création originale et indépendante, avec tion. Et puis tenez, un scoop, on va certaine-
depuis 31 ans la volonté d'être novateur, ment, l'an prochain, favoriser les très jeunes
du
DÉCEMBRE 2014
l GRimaces
REMERA
PAR
Dingue : « Les belles bêtes, les bêtes noires, la Belle et la Bête, les
bêtes humaines, le dialogue des bêtes, les bêtes qui font peur, celles
qui fascinent et celles qui rassurent » : voilà ce que nous donne à voir
Anne-Marie Dubois, psychiatre et commissaire de l'actuelle exposition
de !'Hôpital Sainte-Anne, qui réunit les œuvres de 20 patients internés
- dont Unica Zürn - et celles d'artistes contemporains - Anne Gorouben
par exemple. Les bêtes « familières » y sont distinguées des « imagi-
nées », des « fantastiques » et des « monstres ».Autant d'approches
plus intimistes que zoologiques, poétisées et intensifiées par des coups
de crayons gras et denses, des tons violine ou indigo, et des mots de
Gilbert Lascault, qui préface le catalogu e.
Voir :
./Des animaux et des pharaons du 4 décembre au 9 mars 2015
au Louvre à Lens - www.louvrelens.fr
./Le bestiaire dans l'arl contemporain jusqu'au 26 janvier 2015
au Musée de Vendôme - www.vendome.eu
./Les Bêtes jusqu'au 30 novembre au Centre d'Étud e de !'Expression de
!'Hôpital Sainte-Anne à Paris - www.centre-etude-expression.com
./Delphine Gigoux-Maron: comment déguster un phénix
jusqu'au 26 jan vier 2015 au Musée de 'a
chasse et de la nature à Paris
www.chassenature.org
Lire : Méduses par Charles-Alexandre Lesueur, aux Éditions du Muséum
d'histoire naturelle du Havre (2014 - 168 p. - 59.90 €). Dans un emboitage
toilé doré à chaud, la reproduction des aquarell es peintes par ce naturaliste
autodidacte, qui découvrit en compagnie de l'explorateur François Péron en
1808 près de 100 nouvelles espèces, en terres australes.
Visiter : Le village d'Erriadh, nouvelle terre promise de Street artistes, à
U>e planche du Ivre de C.A. L8$tJoor Djerba - www.djerbahood.com
~~eDF Collectivités &
CONTACTS:
EDF - Service de presse : Marie Allibert - Dl 40 42 46 37
Association Graffart: cedric.naimi@gmail.com - 01 4010 15 86 -Artistique: charlotte.regnault@gmail.com
Photos : octopuces.net Hadrien Moreno - Graphisme : pop.ot.work@free.fr
Historiens d'art
En majesté
Trois ténors du genre sont à la fête cet automne.
J.M. A tlan (B. DOllval) S. Foqlmoto (M. Ragon) P. Werlé (G. Lascaul~)
Voir:
./Bernard Dorival : de Champaigne à Zao Wou-Ki jusqu'au 29 décembre au
Musée national de Port-Royal des Champs à Magny-les-Hameaux (78)
www.port-royal-des-champs .eu
./Villes visionnaires : Hommage à Michel Ragon jusqu'au 22 février 2015
au Frac Centre à Orléans (45) - www.frac-centre.fr
./Les chambres hantées de Gilbert Lasc.ault
Jusqu'au 14 décembre au Musée de !'Hospice Saint-Roch à Issoudun (36)
B. Dotlval http://musee.issoudun.fr
SITE DES
RENAUDŒRB
Jill &illifuii
8nov>7doc
www.fac-concemporary-arr.com
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BIO
1955 : Naissance en Suisse. Elle
grandit à la Tour de Pellz. près du
lac Léman . Enfance solitaire.
1975 : Départ pour 1' Afrique du sud
avec son fll s et son mari Issu d'1111e
famille d' Afrikaner. Découvre 11
réalité de !'Apartheid . Dessine.
1979 : Contact aveç,les 1rtlstes du
Market Théatre de
lohannesburg, oonnu comme le
• théatre du combat ., haut Heu de
réslstanc'l, oil travaillent écrivains,
metteur1 en scènes, musldens des
deux communautés bl1nche et
noire. Elle est confrontée directe.
m-
ment à la violence policière.
19&) : Retour en Suisse.
il tr1vlllller lnt11ut1Mnl
191111 et 19P1 : Premières exposl.
Ions perSGnnelles, gllenes 1.11 Luna
evey) et ApArté (Lauunne).
partir de cette dite, eles se multl.
lent. À Parts (Halle Sllnl Pierre et
L'ŒI cle bœuf), Chicago
udy Saslow G111et'y), ~ (Musée
), hltlmcwe (Amer1can
Art Museum), New York
avtn.Morrls Gillery).
7 : À Parts, début cle ..
lborallon avec a. Galette Polad.
rdoml et exposition a a. Halle
nt Pierre (MleC S. KltuchevsW).
Sefolosha la chamane ? Comme chez les
Indiens aztèques, où le tableau est dési-
gné comme itari, le lit sur lequel les dieux
ancestraux viendront se reposer ? Rendre
visible l'invisible ?
Esprit noir
sur piano blanc
~bre qui attend - 2013 - Huile sur papier - 60 x 70 cm - Photo Galerie Polad-Hardouin Par ce continent, son œuvre reste mar-
quée. Par 1a rencontre avec les artistes sud-
africains, par le caractère insupportable de
Métaboliser le passé. Le réduire sous la rive du Styx et le secret du Grand Passage.
la ségrégation raciale et des violences
puissance liquide des pigments. Les mains Les esprits totémiques en gardent l'entrée.
policières, mais aussi par la présence d'une
de Christine Sefolosha bougent et avan- Des créatures extatiques, mi humaines mi
nature à la fois fascinante et inquiétante,
cent. Elles racontent la peur, l'amour, la animales mi végétales, viennent frôler la
zèbres, hyènes, crapauds géants.. . Toutes
violence, et l'enfance aussi, solitaire et surface du monde des vivants dans une
ces images lui sont restées, même si elle
inquiète. L'urgence à faire et créer. clarté laiteuse. Dans l'univers de Sefolosha,
prévient : « Les histoires de revenant, les
Sefolosna a toujours dessiné. Longtemps la lumière n'est pas diurne, mais irradie des
esprits, l'Afrique .. . tout cela n'a fait que
elle a considéré ses œuvres comme rudi- objets et des figures mêmes.
me travers·e r ».
menta ires, brutales.
Un simple kraft, un peu d'asphalte suffi- Par un jeu de pliures du support, papier
Restent le songe et le travail de rêve, où
sent. A même le sol, elle travaille le noir de japon ou papier pelure, qu'elle plonge
tout se condense et se travestit. Suivant
goudron à coup de brosse. Surgit un dans des bains d'encres, de pigments, la
des yeux la ligne d'un tronc et l'entrelacs
monde d'hydres et de rapaces, entre couleur se diffuse en voiles successifs. Elle
des branches, elle peuple la forêt qui l'en-
Hypnos et Thanatos. Visions d'effroi cra- crée des transparences et fait surgir des
toure de mille paires d'yeux. Sans bouger.
chées, suspendues entre brumes mortelles mondes.
C'est au milieu des bois qu'elle a installé
et lacs de soufre qui montent des enfers Sefolosha l'Alchimiste? «Les choses appa-
son atelier.
vers le sommeil des hommes. Sefolosha se raissent. On est juste spectateur de ce qui
Lui revient de très loin la mélodie roman-
dit traversée par des forces, parle de la est en train de se passer. Un trait de pin-
tique des Waldszenen (Scènes des bois),
colère et de ce qui jaillit, de ce que l'on a ceau, un coup de crayon ajoutés une fois le
ces pièces pour piano composées par
trop longtemps gardé en soi, comme dans papier sec, et l'œuvre est achevée>>.
Robert Schumann, hantées par les lieux
la survie. « Quand j'ai réalisé ces œuvres,
maudits et les fleurs solitaires. Comme
j'avais mal partout, j'étais en grande Pour Le Voyage, tout était déjà en place, lorsqu'elle était enfant et dessinait sur les
révolte ». Catharsis et violence des émo- les deux sœurs, cette petite déesse au cen- pierres du jardin, « là où tout ce qui bou-
tions. Puissance des mythes que depuis tre ... ». Elle concède qu'il y a aussi de geait, poussait, m'appelait».
ses vies intérieures, Sefolosha transfigure. sacrées luttes. Que parfois « ça ne vient »
pas, mais au fond, « Les choses sont déjà Autodidacte, elle n'a pas étudié en école
Totems e ... Labous inscrites. li faut juste être attentif à ce qui d'art. « La vie m'a prise très vite. Je faisais
Deux créatures liées par une troublante surgit. Et respectueux. Souvent, je ne suis des choses, je ne disais pas que je pei-
gémellité, dans Le Voyage, d'une invite presque pas présente, ce qui se passe est gnais. Pour moi c'étaient des cris.»
silencieuse, désignent aux mortels l'autre de l'ordre de la contemplation». Presque apaisés, désormais ?
I Mama lulu - 2012 - Monotype. pointe sèche et technique m ixte sur Fabriano - 87 x 55 om - Photo Patrice Bouvier
• Par lleana Cornea
Arnaud
Ma huas
dit Darnish
Imperfections poétiques
BIO
1973 : Naissance à Sainte Anne
d'Auray.
1992-1997 : Mattrlse d'arts
plastlques à !'Université de Rennes.
Consacre son mémoire à
L'autostoppeur et le paysage.
2003 : Première exposition person-
nelle, Librairie Alphagraph (Rennes).
2003-2012 : Intervient dans les
mondes du handicap, des amitiés
sociales et de la petite enfance.
2008 et 2010: Expositions person-
nelles, librairie le Chercheur d'Art
(Rennes).
2012 : Exposition à L'Ateller
L'imprimerie (Rennes).
2013 : Exposition Galerie 17 (Paris)
et obtention du CAPES d'arts
plastiques. Enseigne depuis cette
date dans le Finistère Sud.
• Exposition :
En permanence
Galerie 17 à Paris
http://galerle17.over-blog.fr
Cote : 50 à 2 000 €
Des rencontres, un peu par hasard, font leur la Hitchcoà »,la réalité mimée et contrefaite de la beauté qui se cache derrière le nez
chemin. Au pied de Montmartre, Rue de qui donne des frissons. fantasmé de Cléopâtre. Pas vraiment le
Constance dans le 18• arrondissement de petit défaut de fabrication comme tel,
Paris, à 1a toute petite Galerie 17 il y a du mais la façon dont ce petit défaut de fabri-
monde : Bruno Garrigue le galeriste, Yoan
Échardes cation a été produit. Certains artistes effa-
Armand Gil et Aurélie Aura des éditions cons~ruc·i· ·is·es cent tout.
Vénus d 'Ailleurs, l'artiste écrivain Bruno Son imaginaire est traversé par des fulgu- « L'agneau Mystique, somptueux polyp-
Montpied. « Ce sont mes amis, une sorte de rances surréalistes, dadaïstes, des tique de Van Eyck (1390- 1441), on ne sait
famille artistique. On partage des idées com- échardes constructivistes, par les enjeux pas comment il a été fait, l'artiste flamand
munes sur l'art. Le collectif, dans un monde chromatiques d'un Schwitters ou l'or- s'est bien gardé de dévoiler sa technique.
qui valorise l'individualisme, c'est une résis- phisme d'un Delaunay et aussi la radicalité Je fais le contraire, je veux passer l'idée
tance ». Les artistes se rencontrent sur des esthétique punk rock. JI parle avec admira- qu'une œuvre ne tient pas forcément au
petits formats. Darnish façonne des petites tion du Tchèque Miroslav Tichy, le photo- génie technique, à la virtuosité. Chez Bram
architectures chargées d'énergie poétique. graphe vagabond qui fabriquait lui-même Van Velde par exemple, un simple coup de
ses objectifs, polissait ses lentilles avec du pinceau nous transmet quelque chose de
Leur déli cate ossature, l'étrangeté de leurs dentifrice, assemblait le tout avec des mor- merveilleux».
formes, la subtilité de leurs déchirures sont ceaux de bois, ficelles et chiffons ne res-
rehaussées d'images collées et peintes. Bois, semblant à rien. Ses modèles ne pouvaient L'imperfection n'est pas rédhibitoire.
carton, acrylique, aquarelle, fragments par pas deviner qu'ils se faisaient réellement « C'est S·e ulement lorsque nous nous
fragments, ils sont agencés, de telle manière photographier. sommes rendu compte, à chaque fois, que
que l'ensemble apparaît comme un extrava- « J'ai moi aussi fabriqué des appareils pho- le tout et la perfection n'existent pas, que
gant Pompéi contemporain, en miniature. tos. Cette pratique m'a beaucoup appris nous avons la possibilité de continuer à
Darnish adore les images, il adore toutes les sur la fabrication des images. La photo est vivre » dit le gardien du Musée d'art de
images : celles de la peinture Flamande et de une illusion subtile qui change beaucoup Vienne au critique musical, dans le roman
la Renaissance, celles des magazines, les de choses.» Maîtres anciens de Thomas Bernhard.
œuvres bleues Rembrandt du peintre Darnish explore délibérément une sorte Darnish veut nous faire comprendre com-
Monory, les visages de gangsters, les gros d'imperfection poétique, un quelque ment, entre l'art et la vie, existent des
plans comme au cinéma, les atmosphères« à chose comme le fait de percer le mystère accointances. Subtiles.
• Par Patrick Le Fur
BIO ,
1960 : Naissance à Stavelot
(Belgique).
Eric
1983 : Fréquente le centre de four
Les Hautes Ardennes à Vlelsalm, une Derkenne
Institution d' accuell pour handicapés
mentaux, puis, ses parents vlelllls-
sant, le Clos des Aubépines, service Cercle de je très privé
d'hébergement du vlllage voisin .
1995-200 2 : Se rend, toufours plus
régullèrement, à l'ateller artistique
La • S • Grand Ateller. Y travaille à
partir des propositions de l'artiste
A.f. Rouche.
2003 : Soutenu par le responsable
de cette structure, l'artlste S. Klszak,
E. Derkenne met en place • une
méthode précise et Immuable : un
réseau de clrconvolutlons, de cercles
et de serpentins de traits, envahit la
feullle blanche, donnant naissance à
d'énigmatiques portraits •.
2006-201 0 : Alors que l'artiste
llégeols P. Perln dirige l'ateller,
E. Derkenne est en plelne maturité
de son expression, travaille beau -
coup et avec une grande concentra-
tion.
2011 : Souffrant d'une pathologie
artlculalre, revient à des petits for-
mats. L'aggravation de son état de
santé et sa fraglllté affective (depuis
la mort de ses parents) l'empêchent
de poursuivre son œuvre.
2014 : Décès.
• Expositions :
- (personnelle) Champs <k bataille
Jusqu'au 21 décembre
à l'Espace abcd à Montreull (93)
www.abcd-artbrutnet
- (collectlve) La cOl/ection abcd/
Bruno Decharme
Jusqu'au 17 Janvier 2015
à La Maison Rouge à Paris Photo Be rnard Rancina n
www.lamalsonrouge.org
- (collectlve) Mmterpieces
Jusqu'au 29 novembre
à la Galerie Christian Berst à Paris
Éric Derkenne artiste brut, trisomique 21, a laissé parler
www.chrlstlanberstcom sa main faute de pouvoir dire.
- d'autres œuvres encore,
au printemps 2015 Comprendre, transformer le handicap - son corps et l' image
à la Collectlon de l'art brut de
Lausanne - www.artbrutch qu'il renvoyait - interpréter, seul sur scène ...
et en automne 2015 au MADmusée Le dessin est son double, oui ce jeu de maux,
à liège - www.madmusee.be
en écho et miroir à I' œuvre d' Artaud, pour faire fa ce.
Cote : BOO à 2100 €
Sans t~re - 2007 - Techniques mixtes sur papier - 520 x 419 mm - Collection La " S" Grand Atelier
L'œwre d'Ëric Derkenne est une révéla- de traits, de lignes, d'entrelacs et de Le doux soldat Derkenne armé d'un stylo
tion. La collection abcd (art brut connais- hachures, I' œuvre d'E. Derkenne évoque Bic, son outil de prédilection, peut faire
sance & diffusion) la présente pour la pre- celle (textile et en volume) de Judith Scott, sauter la casemate de son handicap,
mière fo is, à travers une centaine de des- autre auteur brut trisomique (voit « trouver une porte d'accès à ses mondes
sins. L'auteur ? « Atteint de trisomie dite Artension n°11 0). Ou, pour rester dans le intérieurs ,, écrit G. Giacosa.
sévère ; affectueux et infatigable dans son dessin, se rapprocher de celle d'un « La disposition réitérée des cercles dans
travail, il s'exprimait par de petits cris, mur- Heinrich Anton Muller, ou d'un Edmund l'espace renvoie aux cercles du corps
mures et chuchotements » raconte Monsiel. humain » souligne celui qui pendant trois
Gustavo Giacosa, commissaire atypique ans s'est intéressé à Ëric, avec beaucoup
(comédien et metteur en scène) de cette d'empathie mais loin du critique d'art,
exposition. On lui doit aussi la rétrospec- Champs de bataille dans une fraternité car, nous confie-t-il :
tive sur l'art brut ita lien Banditti Dell'Arte Mais soudain, nous éloignant un peu de ce « J'ai été très touché de découvrir un véri-
à la Halle Saint Pierre à Paris en 2012. territoire, figure de l'abstraction, c'est bien table parcours d'artiste».
un visage qui nous fait .. . face. Loin des ter- Alors ces excavations au stylo bille sont
Révélation de lui même, auto figuration : rains que l'on avait cru voir, ce sont des pupilles écarquillées, orbites enfoncées,
en un trait pour se cibler, être au monde, Champs de bataille dont il s'agit. narines dilatées, une grotte comme
inlassablement tracé durant une période Titrant ainsi la monographie qu'il lui consa - bouche et ces chemins hantés de murs
de quinze ans, au fil de séjours dans divers cre, G. Giacosa explique combien« Ëric (a pour mener de nez à bouche et paraître
ateliers, au nœud de confiance des plasti- engagé) une quête autour de la forme pri- pénis et testicules. Alors, comme le com-
ciens qui le guidèrent dans cette voie. Une maire qui l'accompagnera tout au long de missaire l'envisage .. . « Et si ces visages
voie, un chemin, un plan de « propriété » son parcours : le cercle. À partir des cel- n'étaient que les paysages désolants et
justement en « parcelles » voilà ce qui lules mères originelles, il découvrira la divi- désolés d'un terrain de combat ? Peut-il
d'abord pourrait apparaître : un étrange sion naturelle des choses vivantes et, dans être le lieu du plus dur combat livré entre
cadastre de terrains creusés de gouffres un Big bang réunifié, la croissance de son les forces sans nom qui habitent un soi
vertigineux, habités de tourbillons .. . Fils propre univers esthétique. » immaîtrisab le ? »
• Par lleana Cornea
Nicolas Cluzel
Vivez Joyeux !
BIO
1987 : Naissance a Lyon.
1996.2006 : Pratique le dessin
et la band e dessinée .
2006 : Dé marre la peinture.
2009 : Premières expositions,
personnelle a la Tourette (Toumon-
sur-RhOne) et collectlve a la Galerte
Christine Peugeot (Paris).
2010: Master d'Arts plastlques,
Université de Provence.
Exposition Galerie Vincent Bercker
{Aix-en-Provence).
201 1 : Exposition Galerie Andlamo
(Marseille).
2013 : Partlclpe a Puis' Art
(Le Mans) .
2014 : Exposition Atelier
Lulnwe (Aix-en-Provence) et perfor-
mance plctur.i le (Fiiié-sur-Sarthe). llQtja toot petit j'aimais bien les monstres- 2014 - Acrylique sur toile - 92 x 130 cm
• Exposit ions :
- Ou 27 au 30 novembre
a MACParls, Paris (17')
www.mac2000-art.com S'il était né sous une autre éto ile,
- En permanence dans les galeries
Anna-Tschopp (Marseille), le cœur d ans un autre pays, il aurait ét é un
au ventre (Lyon), Effets Secondaires
(Vergavllle) et OadaOo (Montréal, expressio nniste, Wilhelm de Kooning
Canada). par exemp le.
Cote : 100 à 3000 € Ali over enlevés ...
« Le grand format implique la liberté
du geste » dit Nicolas Cluzel.
n° 128
llfl2ine paisible. Je t'aime - 201 4 - Acryliq ue sur toile - 65 x 92 cm
La souffrance chez un peintre comme Stani
Nitkowski est cependant ressentie de l'in-
térieur, la haine de la femme chez De
Kooning est terrible.
«Je ne suis pas philanthrope, je ne suis pas vie qui n'est autre qu'agitation de l'âme et Cependant l'expressionnisme contempo-
politique, j'ai besoin de parler de l'humain, mystère. rain français comporte une jouissance
de ce qui se passe autour de moi, dans le gourmande, un tragicomique acquis.
monde. J'ai besoin de représenter ces Les jeunes artistes adorent montrer la mise Après tout, ils descendent tous de
choses, même si je ne donne pas de mes- à sac de tout ce qui pourrait représenter la Rabelais : « Voyant le deuil qui vous mine
sages clairs. Ce qui m'intéresse, c'est la fac- vie. Phantasmes et cauchemars oui, mais et consomme:/ Mieulx est de ris que de
ture picturale en même temps que le sujet. » peindre le mystère, le dire, le photogra- larmes escrire/ Pour ce que rire est le pro-
C'est curieux quand même... Il y a un siècle, phier, ils tournent autour. pre de l'homme.(...) Vivez joyeux».
!:!Qgude Lantier(L'oeuvre) - 2014 - Acrylique sur toile - 100 x 100 on
• Par Françoise Monnin
BIO
1929 : Naissance en Belgique.
1943-19 4 9: Étudie dans l'ateller
du peintre José Storle. Réallse des
copies de tolles de maitres anciens
pour le Palals royal belge.
Serge
1946 : Prix Dr De Meyer (Bruges).
D'autres prix belges suivront.
1954 : Exposition lors de la
Largot
Quadriennale de Gand (Belgique).
1958 : Collabore au mouvement
llttéralre Ondergaards. Première
Autre peintre
participation à !'exposition Itiné-
rante /eun.e Peinture Belge. Devient
lami du peintre ). Bazaine et le
restera Jusqu'à sa mort (2001).
1959 : Pratique la • poésie Impon-
dérable • et la publle dans des
magazines puis des recuells.
1967 : Crée le Groupe lumen-
Numen, q ui a bientôt des ramifica -
tions dans 9 pays. les peintres
Bazaine, Tal Coat ou van Velde y
participent.
1968 : Crée le groupe VAGA, dont
l'obJectlf (atteint) est de transfor-
mer le Pal ais royal d'Anvers en
centre d'a rt. Exposition personnelle
lors de la 1•• Foire d'Art Actuel de
Bruxelles (Galerie Carrefour,
Bruxelles).
1970-1973 : Enseigne à !'Université
Libre (Bruxelles) et organise la
création de la collectlon de cette
université.
1973 : SéJourne en Tunisie, grace
à une bourse du Ministère de la
culture belge.
1981 : Fo nde dans le Poitou !'asso-
ciation Artension au sein de laquelle
natt bientôt le magaZlne du même
nom, sous la houlette de P. Souchaud.
1984 : Exposition personnelle à la
Quadriennale de Gand (Galerie
Wolff, Düsseldorf). Est aussi repré-
senté par les galerles Defacqz et
la Madelelne (Bruxelles) et Naharo
(Saragosse, Espagne).
1985 : S'exlle et vit en alternance I Bon air, cette petite île dont émanent des odeurs d'amour- 2014 - Huile sur toile - 90 x 90 cm
aux Caralbes et à New York.
2013 : S'lnstalle à Grandpré
(Belgique) . Personnage charismatique, voilà 70 ans qu' il s'est
2014 : Crée le blog
http://serge-largot.com attelé à la réinvention de la poésie, de la peinture,
• Exposition : du monde de l'art et du quotidien des hommes.
- )usqu' au 5 décembre
Galerie du Comble à Virton Hommage à un forçat inspiré.
(Belgique)
www.fac-contemporary-art.com
c~sovle.
1
:Î95'"6 : a ssa*
1975 : Ecole d s Beauir.Arts à
-~. ~-~varsovle.
- Du 8 novembre au 13 décembre
Galerie Koralewslll à Paris (4')
www.galer1ekoralewskl. ccm
- En permanence
Galeries fNd Lanzenberg (8ruX1llts),
Alice Mogllbgab (Beyrouth),
Kor.i.~kl (Paris), ChrlsUne Colon
(Uàgt).
1
1
Malgorzata
Paszko
De lumière et d'eau
La peinture de Paszko est faite
d'émerveillements nostalgiques.
Elle aime les symbolistes, et
Vuillard, et Valloton, et Munch,
tous peintres à mystères. Elle
enchante les ombres végétales
qui traversent le corps insondable
et secret d'une nature archaïque
et généreuse, enveloppante et
I' protectrice. Végétation vibrante
comme une peau immense et fra-
gile~ trouée de lumières vitales.
Légèreté, étrangeté
Autrefois, dans ces peintures, dominait la
masse sombre et nostalgique d'une végé-
tation presque violette, ou d'un vert pro-
fond, voire opaque. Et, déjà, ces traversées
Cette œuvre se vit d'abord en paysages. relief. Je ne peins jamais le paysage pour de lumières qui dynamisent et qui éveil-
En France, par tradition historique et pic- le paysage. Le feuillage crée de la proxi- lent. JI n'y a pas de blocs ici, pas de blo-
turale, les paysages méditerranéens domi- mité, émiette la lumière et la diffuse. cages, pas de centre privilégié - comme
nent. lis sont parfois brutaux, chauds, Autrefois, je privilégiais la peinture dans la peinture chinoise - mais une vision
ensoleillés, secs, dépouillés, rocailleux, au épaisse, elle me semblait proche des feuil- globalisante. « Quand la peinture va bien,
dur relief, aux fortes couleurs. Au lages, mais c'est le très peu maintenant qui une sorte de danse légère survient. Le côté
contraire, ici, on dirait que la végétation me convient, la sensation de légèreté dans laborieux ne doit jamais exister. J'aime ce
dissimule, qu'elle crée distance, et qu'une la matière peinte. JI m'est arrivé de peindre qui est sur les bords, quand il n'y a pas de
peinture quasi vivante et subtilement char- des reflets, car je m'intéressais à ce qui se premier plan, quand les choses s'échap-
nelle peut naître. passe derrière la toile. Je peins en effet sur pent. Maintenant des traces de sérénité
« Les paysages ensoleillés de Normandie 2 ou 3 toiles superposées. J'aime regarder apparaissent. Exprimer le maximum avec
me plaisent, dit-elle. J'ai la sensation pre- ce que cela donne derrière. Et derrière la le minimum, c'est l'idéal.»
mière d'.être dans la nature. J'ai le besoin toile, il y a souvent un vrai tableau.» « J'aimais peindre la nuit, quand on est
d'être dans le paysage. JI faut que le spec- seule dans le monde, et seule dans sa pro-
tateur rentre dans le paysage. Au fond, pre aventure. J'ai tenté de peindre des
j'aimerais la nature du Nord avec le soleil Jachère, mystère nocturnes. J'aime l'étrange idée du grand
du Sud. Je vis en Normandie depuis 20 « Avant de peindre des paysages je pei- mystère du déjà vu. Avec la nostalgie qui
ans, en dehors même d'un village. Je fais gnais des arbres. À Paris, car ils me man- l'accompagne. Le monde nocturne est
beaucoup de vélo, on se perd davantage quaient. C'est la nostalgie qui m'a amenée aussi celui des souvenirs, des atmosphères
dans la nature ainsi, et la rêverie prend le aux paysages lourds de végétation. À l'in- vagues de relations au monde. L'étrangeté
dessus. » verse, j'aimais aussi les champs vides, les du déjà vu qu'en fait on n'a jamais vu .. .
« Je délave beaucoup mes tableaux, je les jachères, où aucun point n'est privilégié. Voir, c'est revoir. Reposante en peinture,
épure, sans jamais découper les paysages. Un arbre existe, il marque l'espace. cette sensation d'étrangeté accentue
La végétation est plus importante que le On porte en soi les choses, avant de les l'étrangeté du monde. »
• champs - 2012 - Pigments et liant sur toile -1 50 x 150 cm
• Par Amélie Adamo
Fr8ri6ric
Deprun
L'appel au temps perdu
n• 128
ll.!.2gune Terre Grasse - 2013 - Huile sur toile - 120 x 120 cm
« Cela m'a,rrive d'aller dans la nature, prés
des étangs, pour répandre des jouets et
les photographier dans différentes situa-
tions comme font les apprentis photo-
graphes ou les enfants».
« JI y a là une opposition entre le monde
primordial de la nature et la marchandise
qu'est le jouet. Le jouet, c'est ce qui for-
mate l'enfant dès le départ de sa vie. JI
détermine une façon d'appréhender la vie,
de façon sociale et intime : la maman, le
papa, l'enfant, le soldat, le cow-boy, le
policier, etc. J'ai volontairement réduit le
champ de mes personnages et utiliser de tels
archétypes. lis parlent aux enfants mais aussi
à tout le monde. Leur confrontation suffit à
produire du sens, à signifier une poésie».
Ainsi le ra,pport père fils ou la nostalgie
d'une enfance passée sont des symbo-
liques récurrentes dans l'œuvre de
Deprun. Ici joueur de tambour (Cavalier
2014), là souffleur de corne (L'appel 2011),
l'idée de l'appel revient souvent.
« C'est comme la cloche à l'école. C'est la
fin de l'enfance et de ces après midi
d'amusement qui n'en finissent pas. C'est
le passage à l'âge adulte».
Reflets et décalages
Filtré et déformé, le reflet du temps
Quand Frédéric Deprun rentre aux Beaux- D'abord, l'artiste collecte. Il récupère miroite à la surface des tableaux.
Arts à l'âge de dix sept ans, sa sensibilité objets et images : toutes choses qui lui « L'enfance y est vue à travers le souvenir
picturale ne se reconnaît pas dans l'ensei- parlent, le séduisent. Une iconographie et la nostalgie des yeux d'un adulte. JI y a
gnement qui est alors majoritairement qui est toujours liée au jouet et à l'univers du décala.ge dans mes représentations.
tourné vers le conceptuel et où la place de de l'enfance. Ensuite il met en scène et Quelque chose qui n'est pas rassurant.
la peinture est encore minorée. confronte les éléments pour créer du sens. Souvent les personnages ne sont pas à
« A cette époque, j'étais plein de ma Dans le fond, un décor flouté. A l'avant- leur place ». Et les reflets, l'immersion, la
spontanéité d'enfant. J'avais une grande scène, les personnages représentés de ligne de flottaison, ce qui se voit et appa-
envie de m'exprimer et de plaire aussi. façon plus léchée. « Ca ressemble à une raît au travers de : tout ça dit le recouvre-
Mais tout ça à été très vite mis en confron- mise en scène théâtrale ou bien à un dio- ment, l'effacement, l'absence. Autant
tation avec ce qui se fa isait à l'école. Pour rama ». Inspiré par les boîtes de Joseph d' « obsessions qui reviennent ».
fonctionner dans ce système des Beaux- Cornell et les reconstitutions de Charles Dans L'absence (2012), un personnage
arts, j'ai tout de suite dissimulé mon inté- Matton, Frédéric Deprun travaille ainsi avec court, sur place. Son corps a partiellement
rêt pour les jouets et les petites saynètes. des mondes clos. Sans profondeur de champ, disparu, traversé par le souffle des frondai-
A l'issue de cette période, je n'a i eu de la peinture est pour lui comme une boîte. sons. Il se fond dans le paysage. Au sujet
cesse que de retrouver ce désir premier. Il de ce tableau, Frédéric Deprun évoque le
m'a fallu une dizaine d'années pour l' ins· discours d'un philosophe qui s'interrogeait
taller dans une production personnelle. Bonbons durs sur les moyens, pour un être humain, de se
J'ai bea ucoup appris par la confrontation et nature fondue faire accepter dans une forêt.
avec les autres peintres, avec lesquels je Au début, il y a une dizaine d'années, ses «Selon ce philosophe, pour se faire accep-
travaillais alors, dans des ateliers squats. saynètes ont des décors artificiels. « JI y a ter il faut s'asseoir calmement, regarder les
avait un petit côté pop, très bonbons colo- frondaisons et se balancer au même
Voir fa ire l'autre, être séduit par ses réus- rés ». Puis au fur et à mesure, l'artiste a rythme qu'elles. Alors il arrive un moment
sites, être prédateur de beauté et de déplacé ses personnages dans le paysage, où la nature t'accepte, où tu te fonds en
manières de fa ire pour ensuite stabiliser « jusqu'à vouloir les dissimuler, les fondre elle. Et bien ça, pour moi, c'est le plus
une expression singulière et la dévelop- dans la Nature ». important. C'est ce après quoi je cours
per. C'est un travail long. J'ai essayé de JI représente alors beaucoup les lumières dans mon travail. Tout le reste, c'est de la
développer ma propre mythologie ». dans les frondaisons, les reflets dans l'eau. flûte traversière ».
C'est aussi un Guide des galeries en France,
incontournable et ,actualisé tous les 2 ans.
\ lol1'"'1~·
~ar1t:1 r,101
~ 1if; 583 çclcrics d'art octvcl
..
L'ART
a.oossus: .Joan t.frô - T~t• - Vets 1937 - Aquarel e, gooache •t fusain sur pajll8r - 63.9 x 49.1 an - Musée national d'art modeme, Paris
0-<:attre: Pasc:aJ.Oé<lr Maisonneuve - LB Cl:lnols- 192711928 - Ass..mtage de coqul ages - 28X20X19 cm - Musée d<ls beaux·arts, 8ord8aux
, , , ,
REGENERE
Ici, un dingue dessine sur un mur. Non loin de lui, une femme berce évoquer des convergences plutôt que des influences : vaste et
une planche de bois emmaillotée. Dans une vitrine voisinant avec ambitieux programme, conforme à la « transversalité » dont
cette image gravée par Hogarth à Londres en 1735, une poupée, les intellectuels font des gorges chaudes depuis le début du 21•
bricolée vers 1940 par un détenu anonyme de l'asile de Rodez, a siècle...
des allures de grigri hopi. Un peu plus loin, une toile bleutée, Christophe Boulanger - attaché de conservation pour l' Art brut à
signée Camille Bryen, une autre, ludique, de Joan Miré, ou encore Villeneuve-cl' Ascq - parle plus poétiquement de « constellations
un arrachage d'affiches, réalisé par Jacques Villeglé, témoignent de constellations» et de« châsses qui s'enchâssent ».
de l'aventure abstraite parisienne.
Quatrième étape (le geste - Involontaire et intentionnel) ? Les demeure inconnu; et aussi des décors charmants, tels les masques
mises en relation proposées ici, de dessins d'Henri Michaux avec en coquillages fabriqués par le mosaïste brocanteur Pascal-Désir
le carnet d'adresses indigent d'un quidam, par exemple, sont Maisonneuve à la fin des années 1920. Il est ici question des fan-
dérangeantes. Les crayonnages du mineur Augustin Lesage - dont tasmes poétiques générés par la fondation, au 19° siècle, de la
les grandes toiles médiumniques du début du 20" siècle sont si science préhistorique.
époustouflantes - s'avèrent ennuyeux. Et la toile réalisée en 1967
par l'infir mière schizophrène Mary Barnes - qui peignait avec ses On quitte l'exposition avec la sensation de sortir d'un chaudron, où
excréments et dont le psychiatre fut, à point nommé, Joseph Berke le bien cuit mijote avec du très frais. Et où manquent encore
- est navrante. quelques ingrédients ; une section consacrée à « La série », une
L'essentiel de ce qui est montré dans cette section est plutôt autre, à « La fiction », par exemple. Qu'importe.
brouillon. Comment aborder un tel thème en préférant les œuvres Une fois encore, le Musée de Villeneuve-cl' Ascq remplit pleine-
lyriques de Georges Mathieu ou du groupê Gutai à une toile de ment sa mission : celle d'un laborat oire passionnant et stimulant.
Jackson Pollock et un dessin d'Hermann Nitsch, pour ne citer que
ces deux géants de l'expressionnisme graphique?
La seconde exposition présentée sous le même toit, plus discrète,
est à surtout ne pas louper avant de partir. L'invention du lieu :
Résistances et création en Gévaudan conte l'histoire de !'Hôpital
L'oriqin€ de Saint-Alban, en Lozère, et de ses psychiatres visionnaires.
d€s mond€s Les personnages, les véhicules et les demeures miniatures, faits de
Apaisante, la dernière salle (l'origine - pie"es figures et poésie bois et de bricoles assemblés par Auguste Forestier, qui fut interné
naturelle) rassemble quelques pièces maitresses. Particulièrement à Saint-Alban à partir de 1906, constituent le cœur de l'ensemble.
les figures sculptées au début du 20 •siècle, dans des blocs de gra- Autour, des décennies d'antipsychiatrie d'avant-garde, de liens
nit ou de pierre volcanique, dites Barbus Müller, dont l'auteur solidaires et d'actes de résistance - au nazisme comme à tous les
«Appelez ça de l'art, si vous le
voulez, ça m'est égal.»
Comme ti tre à cet article - présentant le?' volet d'une série
d 'expositions que la Halle Saint Pierre dédie aux collec tions
interna tionales d' Art bru t - on ne pouvait que reprendre
cette déclaration de W. Van Genk. Un artiste autodidacte
néerlandais ( 1927-2005) qui. avec ses trolleybus réalisés
avec des matériaux de récupération, nous mène au fil d'un
électrisant parcours, dans une collection néerlandaise hors
norme. La Collection De Stadshof, constituée avec passion
Gaston Chalssac - Deux ,,.rsonnages sur fond gris - 1949 - R4l0iln stJ" lsorel et patience par L. Reith et F. Smolders, est riche de 7CXX>
120 x 1OO an - LaM, Vlleneuve-d'Aaoq
pièces réalisées par plus de 400 artistes du monde entier.
Son 30' anniversaire est un événement : elle est présentée
totaütarismes • sont évoquées, à travers les créations de patients, pour la première fois en Fronce. Le tandem, avec Martine
les réflexions de médecins et les aventures d'écrivains tels Lusardy, directrice de Io Halle, a sélectionné 350 œuvres de
A. Artaud, P. Buard ou T. Tzara. Le sujet, pointu, est parfaitement à 40 artistes emblématiques. Un choix exceptionnel de pein-
tures, sculptures, dessins, broderies, installations (la surpre-
point
nante City de B. Jonkers) ...
À déguster sans attendre.
moderne, d'art contemporain et d'art brut) à Villeneuve-d'Ascq (59) • Sous le vent de l 'art brut 2. Collection De Stodshof
jusqu'au 4janvier2015 à Io Halle Saint Pierre
www.hallesaintpierre.org
Serge Labégorre
« Je ne cesse de planter des banderilles
pour faire suinter plus profondément ce qu'est l'homme. »
til'Vos couleurs sont rares, en état de choc. personnes. Leur solitude est le reflet de la VIe actuelle. Une
L'insondable énigme de la face vient percuter la f'lêle soif d'absolu les habite.
surface de la tone. Aux abords Interdits de l'essentiel,
l 'absolu est Ici à découvert, et vous tanes f'lont. til'Le déchirant désir d'habiter l 'éternité 1
Hauteur qui prend la mesure du destin, et nargue d'un L'évocation d'un visage me permet de souligner la
regard hautain le rouge brutal de l 'horreur Illuminée 1 grandeur et la dignité humaines. Même si on n' a accès qu'à
J'ai l'obsession de la figure humaine, et plus un fragment du réel, Il s'agit de dêgralsser ce fragment
encore, dans la nuit de mon atelier, celle de la haute jusqu'à l'os, de creuser un peu plus avant chaque jour, sans
silhouette d'un visage frontal, ou d'un corps dêcoupê à coups savoir si je vals aboutir. Aforce d'insister, j'entrevois l'lnêluc-
de sabre, et qui saigne au dedans de mol. une phrase de table déchéance qui habite le visage humain, et la mort
Riike me hante toujours : • La beautê n'est que le commen- même au sein du vivant. En rêalltê, je ne me serais donné
cement du terrible. • que quelques centimètres de la peau d'un visage où
s'échoue une vie. Et ce regard que voile l'incertitude.
Tout part du réel. Y a-t·ll d'autres trajets possibles que d'ins-
taller d'abord le Visible, puis de le basculer dans le gouffre Je veux montrer le chemin entre les sensations et la création.
où s'agitent tant de remous ? Ces personnages, ou plutôt Être au plus près du cœur des choses. Le désir de pérennité
ces créatures, qui naissent dans une thêatralltê à peine oblige à marquer l'espace de notre empreinte. Je pense à
éclairée, me font la leçon, et me rappellent que je ne suis là Giono : • Ce que nous semblons subir, nous l'appelons de
que parce qu'ils sont là. toutes nos forces... •
En me créant, Ils me disent qui je suis. Ils m'appellent, tilt.vtre atelier, c 'est quoi 1
comme s'ils me connaissaient mieux que mol. Je reconnais un atelier est une scène de tnêatre, une terre de
leur voix et leur voix ne dépend plus de mol. Ils m'entraînent liberté et d' insurrection vitale. Je pars toujours du visible, et
au-delà de mol-même, eXlgeant d'être traltês comme des s'y ajoute, comme une cicatrice terminale, le rega rd Intérieur.
. l.'Ol~SI SSION))) Li\ PrlNTURE EST UN BlrNI AIT l'O\IR l.'1\RTl\'IT 11.1.1· rVJ\ClJI Li\ MÉDIOCRITf
ET LE DÉSENCHJ\NTI Ml·NT ))li quo rJI))) N . •
Avant d'entrer dans mon atelier, j'accroche ma raison a la dant heureuse. Elle crée de l 'émotion. On n'insiste pas
patère. Car je sais, qu'en réallté, c'est mon corps qui va agir. assez, a notre époque, sur l'émotion esthétique, qui est ce
En peinture, le corps a une part essentlelle. li veut aider. li qu'il y a de plus élevé en l'hOmme, et qui se réactive sans
agit sans complexe. La création doit passer par le corps. La a
cesse la vie. Trop de concept caclavérlse tout.
peinture, c'est le contact d'un corps avec un corps. Sentir
son corps, et restituer ses sensations. En même temps, Il y Dans l'acte de peindre, Il y a des moments de pure autono-
a ce sentiment contradictoire de puissance et de désespoir, mie créatrice, quand la peinture agit pour eue-même. Comme
lequel nalt de l'lmposslblllté de tout dire, algulllon nécessaire une langue Intérieure où des bribes de vécu affleurent et
a notre élan. s'étirent. La peinture a besoin, curieusement, d'éléments
obscurs qui éclairent tout le reste. Elle donne le sens du
C'est le corps qui suscite la vague ultime qui submerge tout. caché. Dans ces égarements, une voix singulière s'efforce de
On n'a plus qu'a attendre que la lave se refroidisse. Pour voir dire aux autres, et a sol, quelque chose de l'humain . En gar-
si on extrait ou non quelque lumière de la matière. dant l'attachement a la figuration, pour sa force d'évocation
La peinture n'a jamais été une Imitation des apparences, qui tisse une compllclté Immédiate avec celui qui regarde .
mals la traduction - rormes et couleurs mêlées - de ce qui ne
se volt pas, c'est~-dlre l'lrréductlble tension del 'llOmme vers Quand fal commencé la peinture, l 'abstraction triomphait. ..
ce qui le dépasse, et le déchirant désir d'habiter l 'éternité. Ce Mals cela ne me suffisait pas, me paraissant un peu fermé.
déchirement et cette souffrance fondent la dignité de Dans la nguratlon, l 'humanité me regarde, je peux communi-
l'artiste. Je tente de m'en approcher. quer avec elle. Je n'ai jamais étê fasciné par les avant.gardes
les plus pointues, et j'ai vu succession de ces avant.gardes
f#'IPelndre, ou ngurer 1 éblouir et disparaître. Inscrit clans les marges, j'avais ma
L'obsession de la peinture est un bienfait pour liberté ... Je me suis toujours demandé si les lnfallllbles
!'artiste. Elle évacue la médiocrité et le désenchantement du grands décideurs ne nnlssalent pas par s'auto~ntoxlquer,
quotidien. Fat-elle martyrtsante, cette obsession, est cepen- perdant au final leur capacité de jugement.
.. l'LlJS q\J 'llN l'OlffRt\IT INDIVIDUEL, MON SUJET EST PUJT(H Li\ Cl NTF HllMt\INF,
1 T Cl, St\NS JllCI MFNT MORAL, CJ\R CE N'EST PAS Lr R(lU· D\J l'J'INTRI ."
f#'IJamals de répit 1
SI j'ai peint parfois des Visages, et des corps hori-
zontaux, avec un parfum érotique de volupté, ma peinture est
verticale. Pour que ces statures monumentales s'imposent
L• pmiat Mpag!0/-2012-Acrylque M ..... - 195. 130 cm
au spectateur, qu'il en ressente physiquement les puissants
rapports à la peinture. Comme <!ans les portraits du Fayoum,
ou les œuvres de la VIiia des Mystères a Pompéi.
f#'IPelntre naturel ou peintre culturel 1 Mes eccléslastlques par exemple, je tes al peints surtout
La maladie - j'ai été tuberculeux très jeune - m'a pour la beauté chromatique de leur vêture, laquelle sert
contraint naguère à lire, en particulier sur les peintres souvent de cache-misère. La pourpre cardl nate est a la fols
phares. J'ai ainsi remonté dans le temps. Le peintre est un le sang du Christ, entre nuit et jour, et la couleur des pas-
homme qui a fai t plus ou moins le tour de !'histoire de la sions humaines. Le rouge est un rideau de thêatre qui claque
peinture. Les anecdotes ne comptent pas. Je crois à la dans la nuit sur !' Infini de la nature humaine.
culture et à la réflexJon, mals a cond ition de les laisser à la Cette violence Intentionnelle du rouge et du noir est fond~
porte de l'atelier. Le factice ne devrait pas l'emporter sur trlce du silence absolu des contins. Il s'agit de détourner la
l'essentiel. Il s'agit, sans écran, de se mettre en position vie. De cerner sa sensualité, et ses désordres. De révéler
d'accuell pour laisser surgJr la présence... Difficile de dire si davantage l'lneXPrlmê.
je suis dans le profane ou le sacré, je dirais plutôt dans le
spirituel. Je ne cesse de planter des ban<!erllles pour faire suinter plus
profondément ce qu'est l'homme. une brutalité première
Je pense au livre d'Oscar Wiide Le Portrait de Dorian Gra'j. Il s 'impose. Il n·y a pas de continuité entre le corps et la tête.
évolue en se chargeant des vilenies du modèle et de sa 11 y a quelque chose de tranché. Il faut bien mourir d'être né.
dépravation et, ln fine, devient terrifiant. Oscar Wiide désirait J'affronte.
montrer tes mécanismes tes plus Intimes de rame humaine.
Plus qu'un portrait Individuel, mon sujet est plutôt la gente
humaine, et ce, sans jugement moral, car ce n'est pas le rôle
n• 128
Repères
Né en 1932 à Talence en Gironde, S. Labégorre découvre l'art au collège de Libourne, grace à un professeur de dessin
passionné. À 24 ans, Il commence à exposer en France, au Portugal et aux Ëtats-Unls. Dix ans plus tard, Il signe un
contrat avec une galerte britannique. Depuis, Il expose sans cesse, de Zurich à Tokyo, tout en vivant à Fronsac, en Haute-
Garonne. À Paris, depuis les années 1980, la Galerte Marle Vltoux défend son œuvre.
En juillet 2014, le Fonds Labêgorre pour la peinture (Patrimoine - Galerle - Restaurant) ouvre ses portes à se1gnosse,
dans les Landes (Inauguration offlclelle : le 28 novembre 2014). Un ensemble Important d'œuvres de l'artiste y est pré-
senté. Chaque année, 2 expositions seront consacrées à de grands peintres coloristes.
http:l/sergelabegorre.com
Expositions :
- Jusqu'au l • novembre à la Galerie Schwab Beaubourg à Paris - www.galerleschwabbeaubourg.com
- Du 21 au 24 novembre à la Foire St' Art à Strasbourg (Galerie Au-delà des Apparences) - www.st-art.fr
Œuvres en permanence: dans les galeries Au-delà des Apparences à Annecy (74), Bourdette-Gorzkowskl à Honfleur (14),
Le Clos des Cimaises à Surgères (17), Le Domaine Perdu à Meyrals (24), Art du Temps à Cléon-<!' Andran (26) ;
à Paris dans les galeries Schwab Beaubourg et Marle Vltoux ;
en Italie chez Dondolando Arta, à Parme et à Miian.
\1v \\ ER \ rn -
n Ut-1t>-I ··~>-O'li:::......... U1fG Fr! a:iril.,,t~H11 ~11iip c,tr:y;.d,_
ART:SSENTIEL.COM
La particularité de Cermâ est de modéliser il est nécessaire que tout le monde puisse
un espace à l'allure véritable (simulant une vivre de son travail. »
3• dimension), physique, dont la réalité
apparente renforce la réalité des œuvres M. Rôssner vise encore plus haut: commer-
virtuelles qui y sont exposées. cialiser des interventions artistiques dans
des salles à manger virtuelles ou d'autres
« J'ai commencé en m'inspirant d'un espaces virtuels privés, commandés par des
espace de mon école, qui aujourd'hui n'est collectionneurs. Car M. Rôssner est
plus accessible, raconte M. Rôssner. Ma certain que si l'Internet est un moyen de
quatrième exposition jouera sans doute médiatisation formidable, il est aussi
avec des espaces du web; notamment avec devenu un moyen d'expression, un
des espaces outils modélisés à l'usage des medium en tant que tel.
décorateurs qui veulent simuler leur travail
(à l'aide d'espaces 30 téléchargeables sur « Le web n'est pas seulement un canal de
evermotion.org).,, distribution, il va encore évoluer. »
Et Cermâ ou pas, sur le Net, les artistes ont
« Dans ces • salles de séjour " virtuelles, je leur mot à dire.
veux inviter des artistes du numérique à
intervenir de façon forte. Mes idées vien-
nent plus d'une pensée artistique que
curatoriale ou historique. Au début j'ai 'En 1968, Marcel Sroodthaers se nomme lui-
Manuel Rôssner • photo latevue.fr
commencé avec l'envie d'une galerie pour même « conservateur du Musée d'Art
Moderne département des Aigles » qu'il a
travailler sur l'espace et la 30, puis je me
créé.
Pas encore diplômé mais déjà suis très vite inspiré du plasticien belge
Il propose des environnements, des sortes de
virtuellement propriétaire d'une Marcel Broodthaers' plutôt que des histo- ready·made, en référence à des écrivains et
riens de l'art ! Et Cermâ est né. » des poètes.
galerie internationale visible par-
Il développe la relation contradictoire entre le
tout... sur le web uniquement : Ce travai 1 moins curatorial qu'artistique langage et l'image.
Manuel Rossner entame sa der- rassemble vite les têtes d'affiche du Net Art
n1ere année d'études à (Anthony Antonellis, Emilio Gomariz,
Jérémy Bailey, Jasper Elings ou François
l'Académie d'Art et de Design
Gamma). Et Manuel Rôssner n'hésite pas à
d'Offenbach-sur-le-Main près de confier aussi à d'autres créateurs (Manuel
Francfort. Fernandez, Thomas Cheneseau) le choix
Son travail : développer Cermâ, des œuvres présentées dans des "exposi-
tions• qui posent question sur LA Peinture
le Centre d'Art Mâtiné.
ou LA Sculpture ... d'aujourd'hui.
En langage courant : Centre d'Art
Hybride. Par}ean:}acques Gay
Une vra ie fa usse galerie
Plus qu'un acronyme, cet Allemand né en « Cermâ est une vraie galerie, pas une
1989 veut faire de Cermâ une marque de institution muséale qui ambitionne d'écrire
l'Internet. Concrètement, cerma.de est son histoire de l'art. Cermâ est un espace
une galerie virtuelle, qui propose enfin pour expérimenter des choses nouvelles,
une visibilité aux artistes dont les œuvres précise Manuel. Et dans ce sens il y a beau-
de Net Art (entièrement créées sur ordina- coup de choses à faire sur le Net. Cermâ est
teur et exclusivement destinées à libre dans ses choix et ses financements. »
l'Internet) pourraient ne jamais trouver de
place dans notre espace factuel. « D'ailleurs, Cermâ se prépare à vendre des
Il s'agit d'un lieu de monstration unique œuvres. Car une galerie, ça vend ! Si l'on
pour enfin accéder à une certaine réalité, veut développer quelque chose de sincère
accessible seulement sur le web. et travailler sérieusement avec des artistes,
• Communication •
Échanges réinven tés
SBphen Pelroe - lhlnk- 2005 - Hule sur llfumrilm - 195 x 125 an - Galelle Eslaoe, Paris
Avantage colossal de l'Internet et de ses la galerie Peter Bartlow de Chicago. de leur vie, la liste de leurs expositions, le
moteurs de recherche ? La possibilité d'en- Depuis, elle lui organise des expositions fac-similé des articles parus dans la presse à
voyer et de recevoir des milliards d'infor- personnelles, et a vendu nombre d'œuvres leur propos, voire, la liste des prix des
mations, gratuitement, instantanément, (30 durant la seule année 2010). Tout cela œuvres. Cet outil de travail - formidable à
mondialement ! Les interlocuteurs sont parce que G. Stricher avait eu l'idée de la seule condition d'être actualisé en per-
plus ou moins définis, mais le pari est ten- référencer, en plus des mots clefs « artiste manence - constitue une mine d'informa-
tant: ce que l'on affiche peut tomber sous peintre » qui correspondent à 18 000 sites tions et une vitrine épatante, économique
des yeux adéquats. rien que sur le site google.fr, les expres- et nomade. Intelligemment indexé et réfé-
sions « rouge » et « abstraite », ainsi que rencé, il peut être repéré et visité par les
Un peu d'organisation, et pour peu que des images leur correspondant. Pile-poil ce copains et surtout par des inconnus. Coùt ?
l'on touche une poignée de personnes que recherchait le galeriste alors, pour Entre 200 et 5000 €selon le webmaster et
maitresses dans l'art de faire le buzz, sur décorer le salon d'un couple de collection- la masse de documents à intégrer !
facebook.com notamment, et nous voilà neurs ...
infiniment plus voyants et voyeurs que par Depuis une dizaine d'années, des sites
le passé. Vertigineux et aléatoire, le phéno- communautaires souvent gratuits se déve-
mène est en pleine expansion. Apparitions loppent aussi. Pépinières dans lesquelles
et communions par tous les temps - en particulier les mau-
Le peintre Gérard Stricher en sait quelque- Avec l'aide d'un webmaster, la plupart des vais - et à toute heure - notamment la nuit
chose. Ignoré en France en 2009, il crée artistes ont d'ores et déjà mis en place des - amateurs, collectionneurs ou galeristes
alors un site sur l'Internet. Quelques sites personnels, accessibles à tous. S'y affi- musardent, tout en regardant un film à la
mois plus tard, il vend une première toile à chent la plupart de leurs œuvres, un récit télévision, en sirotant un alcool ou en
fumant, bien calé dans un fauteuil. .. trouver des artistes (parmi les 3000 inscrits) (10 000 images actuellement) est abonnée
Arpenter physiquement les salons jusqu'à à partir d'images de leurs œuvres. 5 à 600 comme eux à la plateforme
écœurement et épuisement, que nenni ! fois chaque jour, les visiteurs cliquent à pixpalace.com. Elle propose des millions
Saatchiart.com (2006) - du nom du l'aveugle et gratuitement sur une image d'images. Et en cas de vente, le site
fameux collectionneur britannique s'approchant de ce qu'ils aiment, et des conserve 50% du bénéfice et en reverse à
C. Saatchi - met ainsi en ligne les images centaines d'images d'artistes « de cette l'artiste 50%. »
d'œuvres de milliers d'artistes pros et sélec- expression » défilent, préalablement clas- « D'autre part, tandis que l'original
tionnés. Et se pique de les montrer et aussi sées selon des affinités imaginées par le cri- demeure destiné à un collectionneur,
de les vendre, à l'issue d'expositions vir- tique d'art Francis Parent. C'est ludique, et auquel une galerie le vend, la reproduction
tuelles concoctées par des commissaires universel. peut aussi concerner des milliards d'hu-
1 branchés. 1000 œuvres ont ainsi été média- mains, heureux d'acquérir une image à
tisés en 2012, lors de l'événement 100cura- Triage quelques dizaines d'euros plutôt qu'une
tors 1OO days. et emballage toile qui en vaut des milliers. Ce pourquoi,
Les sites les plus "tendance" actuellement « Il y a 2500 façons de peindre un tourne-
nous imprimons à la demande des images
1 sont instagram.com (2010) et sol, rappelle P. Sauvan-Magnet. A partir de qualité. En 2001, dans le domaine de la
1 theartstack.com (2013). Des banques d'une Carte du tendre imaginée par le musique est apparu l'lpod : un baladeur de
d'images colossales Quant à peintre P. Souchaud, F. Parent a conçu qua- plus, plus cher que les autres ? Non, une
artecita.com (2014) il entend bien leur tre axes et des sous-axes ; un classement révolution connectée à l'Internet ! Steve
ressemb ler vite. différent de celui des courants artistiques Jobs, patron d' Apple qui a créé l'lpod, est
Latribudesartistes.com (2010) - initié historiques, auxquels se réfèrent les initiés. allé voir toutes les grandes majors pour les
par le groupe Canson - fédérait quant à lui Progressivement, le visiteur du site se rap- persuader de vendre des albums de
jusqu'à cet automne 25 000 habitués, proche des toiles qu'il aime. » musique dématérialisés, beaucoup plus
débutants pour la plupart. Comment rentabiliser ce site ? variés car économiques, et de le faire titre
La moitié d'entre eux mettaient en ligne En le reliant à une plateforme, solutions- par titre (plutôt que par album) à bon mar-
gratuitement une exposition, et parta- creatives.com, qui propose aux artistes ché, à des acheteurs du monde entier. C'est
geaient leurs espoirs sur un blog. Débordé (à partir de 72 €) de créer leur page ou leur ce qu'on appelle la longue traîne. Elle
par son succès, ce site vient d'être remplacé site, son allure et même ses textes - en génère des succès insoupçonnables. »
par 4 autres, articulés autour de concours mettant à contribution des critiques d'art -
et réservés l'un aux artistes professionnels, puis de référencer ou d'actualiser le tout. P. Sauvan-Magnet a une idée par minute.
fondscanson.com, l'autre aux aspirants Pour cela, de bonnes photographies sont Œuvrequiparle.net par exemple : un
artistes, cansonartschoolawards.com, indispensables, aussi la plateforme site proposant d'équiper d'un code des
un troisième aux collégiens et un qua- compte-t-elle désormais un service photo, reproductions imprimées d'œuvres. Une
trième aux élèves de la maternelle et du active-museum.net (2013) qui dépanne fois activé à l'aide d'un smartphone
primaire. les artistes, pour quelques dizaines d'eu- connecté à l'Internet, celui-<:i donne accès à
Pionnier du genre, Philippe Sauvan- ros ; et conserve les images afin de les pro- des sons (paroles de l'artiste, commentaires
Magnet a imaginé artrinet.com (1999) : poser aux éditeurs de livres et magazines de critiques, musique). Idéal, dans toutes
un moteur de recherche permettant de papier. « Dans ce but, notre photothèque les salles d'attente du monde !
former. En consultant les sites animés par
Participation
d'autres artistes ou par des lieux d'exposi·
et inspiration
tions, et des informations de tous ordres, il
Ces communautés sont des réseaux est devenu facile de se cultiver. Et de s'ins-
d'échanges privilégiés. La plupart des pirer : tout artiste se nourrit à présent sur
artistes - célébrissimes ou débutants - écran autant· voire plus - qu'en se rendant
animent aussi une page personnelle gra- dans des expositions ou en bouquinant.
tuite sur facebook.com.
Ainsi Martine Levêque, qui vit à Nivelles La palette électrique, caractéristique de
(Belgique). " Je ne suis pas une grande certains peintres actuels, en témoigne :
artiste » écrit~lle, grâce à ce réseau, sur la tout comme leur manière de flouter les
page d'Artension (plus de 10 000 fans). formes, d'en diffracter les contours ou de
"Je n'en ai pas l'envergure ni le talent. Je camper des lueurs semblant surgir du fond
prends simplement du plaisir à l'acte de des espaces imaginés.
peindre. Je garde toujours le même émer· !:Allemand gerhard-richter.com (né en
veillement sur tous les artistes qui ont fait 1932), inspiré par l'écran de télévision, fut
évolué la peinture à travers le temps. Sur ce précurseur en la matière.
point, Facebook n'a fait que renforcer ce Le Belge luctuymans.com (né en 1958)
sentiment. Et me permet de constater une comme !'Écossais Peter Doig (né en 1959) -
banalisation de la notion d'art (tout le qui étonnamment ne dispose pas encore
monde se proclame "artiste" dès qu'il d'un site personnel • pratiquent grande-
entame un simple "loisir créatif") ; une ment la navigation sur l'Internet. Et les
tendance à se copier les uns les autres ; un peintres nés depuis les années 1970,
grand nombre de personnes se réfugiant thomasagrinier.pagesperso-orange.fr,
dans l'artistique, baromètre d'une société davrinche.com. herveic.com ou
qui va mal ; le fait que l'art abstrait est Stephen Peirce - qui n'a toujours pas de site
encore boudé par le plus grand nombre; le - y excellent.
besoin de reconnaissance de tout un cha-
cun qui se sent exclu du marché de l'art. À « Étendre la mémoire, l'augmenter et l'ex-
cet égard, Facebook est un palliatif térioriser » à condition de disposer d'une
puisqu'on y récolte des "j'aime".» machine, insérée dans un réseau et un sys-
tème de distribution, sans sous-estimer le
Échanges entre artistes, échanges entre fait que ce dernier en tire profit : voilà ce
amis d'artistes aussi : certains sites tels les que permet l'Internet, explique Pierre
fameux mymajorcompany.com (2007) Cassou-Noguès, docteur en philosophie et
et kissklssbankbank.com (2010), professeur de mathématiques. Mais gare
d'abord utilisés par les musiciens et par les au désengagement : les éléments ainsi
cinéastes, sont désormais pris d'assaut par plantés ou récoltés ne sont que des carnets
les plasticiens. Le financement participatif de notes, d'un genre nouveau, auxquels
d'un livre ou d'une exposition est devenu synthèse et appropriation font cruellement
par ce biais possible, chaque proche Y défaut.
allant qui de 10 €qui de 100. Quémander
à distance, c'est plus facile qu'en direct... Sur l'Internet, les informations affluent. Il
s'agit de les filtrer, mémoriser, articuler et
Le peintre loicmadec.blogspot.com a
ainsi réuni en 2011, en deux mois seule- commenter. Voire, métamorphoser. De leur
ment. la somme nécessaire à la réalisation donner de l'esprit. quoi.
d'une grande tapisserie, à Aubusson
5000 €Et Il compte bien récidiver.
Avant les années 1980, c'est-à-dire avant Au cours des 4 dernières décennies, ces « paradigme »selon la sociologue Nathalie
que l'art dit contemporain ne se répande, réseaux ont été supplantés par ceux de la He inich (cf Artension n°126) - les critères
les réseaux et mécanismes de reconnais- bureaucratie artistique d'État, structurelle- d'évaluation et de légitimation n'ont plus
sance et de légitimation étaient surtout ment liés à ceux de l'art financier interna- ri en d e commun avec les précédents et ne
constitués d'artistes, de marchands, de cri- tional, pour une approche plus « conte m- sont même plus d'ordre esthétique.
tiques, d'écrivains, de poètes, d'amateurs poraine » de l'art, donnant priorité à une
d'art et de collectionneurs, qui se recon- sorte d'extériorité très discursive. Les prod uits reconnus sont alors d'une
naissaient entre eux par leur commune autre nature et appartiennent à un autre
compréhension de l'art par son intérieur, Dès lors, le discours sur l'art va remplacer monde que celui de l'art proprement dit.
par leur approche sensible et intuitive de l'art lui-même et disqualifier un conte nu C'est le grand désordre.
celui-ci, par leur ouverture à la diversité, désormais inutile, pour mieux favoriser
par leur curiosité et leur générosité pros- l'efficacité en termes de communication, On ne sait plus à quell e instance d'exper-
pective, par une liberté de jugement qui de pédagogie, de médiatisation et d e valo- tise se vouer, puisque l'on sait bien que les
conférait à leur expertise une validité par- risation financière . autorités dominantes qui font actuelle-
tagée par tous. ment les cotes, trop dépendantes d es
Ils constituaient des réseaux de gens inspi- Nouveaux critères fluctuations de la mode et des aléas d'un
rés, qui ont découvert et donné valeur à d'évaluation marché spéculatif incontrôlable, seront
quantité d'œuvres importantes de notre Dans cette nouvelle configuration des sys- pour cela disqualifiées à court terme et
actuel patrimoine artistique. tèmes de re connaissance - ce nouveau perdront toute autorité.
Aussi, puisqu'aujourd'hui on ne peut plus
se fier à rien ni à personne pour estimer ce
qui est de qualité ou non, dans ce paysage
d'un art dévasté où les panneaux de signa-
lisation sont tous détruits ou retournés,
chaque amateur d'art va devoir se
débrouiller seul, prendre la responsabilité
de ses choix, s'assumer en toute indépen-
dance, retrouver ses propres évidences
immédiates, et. en quelque sorte, revenir
aux fondamentaux de l'art comme exercice
de vérité et de liberté.
Richesse
et diversification
A quelque chose donc, malheur est bon,
d'autant que, malgré la focalisation média-
tique de plus en plus grande sur un nom-
bre de plus en plus petit de produits têtes
de gondole du grand marché, l'offre artis-
tique globale est dix fois plus riche et diver-
sifiée que celle d'il y a 50 ans.
Et d'autant que, simultanément à cela, les
possibilités d'accès direct aux œuvres et
aux artistes ont , elles, grâce à l'Internet,
été mu ltipliées par 100, permettant à
chaque amateur d'art de découvrir sans
intermédiaire le travail de dizaines de mil·
liers d'artistes.
1
1
_ souvent quand elle est Sel.li~. elle se-met des chants grégoriens en musique de fond
Pierre LamaJattie - Souvent quand 8116 est seu/6 - 3'.>14 - Hule sur tole - 114x146 cm - GaJerie Ala.kl Blondd, Pans
Au commencement du marché de l'art, sur artnet.com (1996) ; et consultables abonnées. Et depuis janvier dernier,
seuls de rares initiés connaissaient le prix pour 24,S €(forfait annuel : 326 à 1697 € explique le créateur de cette plateforme,
de quelques œuvres, distillé au compte- selon les formules). Thierry Ehrmann, elle cc a accéléré l'injec-
gouttes par les galeries et enregistré dans tion de 80% de ses données en mode gra-
les registres confidentiels de commissaires- Leader mondial en la matière, l'entreprise tuit dans Internet avec désormais 630 mil-
priseurs. française artprice.com (1987) répertorie lions de datas en mode freeware de 1700 à
Mais ça, c'était avant l'Internet. A présent l'ensemble des informations connues nos jours (licence informatique proprié-
des banques mondiales d'information dif- depuis 1962, grâce à des enquêtes menées taire distribuée gratuitement sans toute-
fusent en continu et quasiment instantané- auprès de 4500 maisons de ventes. Soit 108 fois conférer à l'utilisateur certaines liber-
ment les montants atteints en ventes millions d'images, 569 456 artistes et 27 tés d'usage) par ses accords avec Google
publiques, et les descriptions des œuvres millions d'adjudications compulsés. Coùt (depuis 2003) puis Baidu (Chine).
concernées, photographies à l'appui. de l'interrogation : 24 €(forfait annuel : 64 La même démarche est activée en 2014
8 millions de résultats d'enchères issus de à 246 €). avec Bing (groupe Microsoft) qui détient
1600 maisons de ventes sont ainsi affichés 1 071 000 personnes sont actuellement 18,4% aux USA de parts de marché. »
n• 12s
Démocratisation
de l'information
Chaque année, Artprice publie un Rapport
sur le marché de /'art contemporain, gra-
tuit lui aussi, qui synthétise la nature des
tendances et liste leurs héros. Cotée en
bourse, le chiffre d'affaires annuel de l'en-
treprise dépasse désormais les 6 milliards
d'euros(+ 54 % cette année).
1
1
Jef Koons - Gazlng Ba# (Ariadne)- 2013 - Verre et pl!Mre - 112.6 x 236.4 x 93 cm - Galerle David Z-.lmer, Londr8$ et New Yort<
Acluellem<!n1 dans l'elq)OOll!on Jeff Koons au MtJ$ée nattmal d'art m<Xleme I Ceftte Pomjllclou à Paris.
artiste - J. Koons, M. Rothko ou G. Richter par une loi sur le courtage électronique Selon le rapport Tefaf 2014 - « Le seul
- pour les revendre très rapidement à des votée en 2011 {n°2011 - 850), relativement document dont les bases statistiques sont
gogos excités par les adjudications affi- floue et donc permissive. relativement constantes sur une période
chées sur l'Internet, portent des fruits assez longue » souligne J-M. Schmitt - les
étranges. Concurrençant galeries traditionnelles et ventes en ligne constituent aujourd'hui
A. Dubrulle et J-M. Schmitt, dans le pré- salles des ventes - dont les enchères sont à 5 % seulement du marché mondial, soit 2,5
cieux ouvrage le Marché de l'art qu'ils présent accessibles en ligne et en direct - milliards d'euros en 2013. Mais pour com-
viennent d'actualiser (voir notre article), Artprice propose, aussi, désormais, des bien de temps encore ?
expliquent que les Chinois sont devenus les œuvres à vendre.
champions du genre : 60% de leurs achats Tout comme nombre d'autres plateformes, « Il semble bien, concernant les achats coû-
actuels sont faits par des fonds d'investisse- où il est possible d'acquérir une petite tant au-delà de quelques milliers d'euros,
ment, qui revendent au plus tard deux ans œuvre du Tunisien Jaber à partir de 20 € que les collectionneurs ne sont pas prêts de
après l'achat... aussi bien qu'un matelas neuf ou un poêle se passer du moment où, avant de se pro-
« !:Internet alimente le culte de l'instan- à charbon vintage. noncer, ils voient et touchent l'œuvre en
tané, explique J-M. Schmitt. !:évolution o·ebay.com à priceminister.com en direct, ou délèguent cette mission à une
spectaculaire d'une cote est davantage visi- passant par leboncoin.fr, lotprive.com personne de confiance. !:achat d'œuvre
ble désormais, du fait du buzz qui s'installe ou récemment amazon.fr en France et devrait demeurer une économie mixte : si
autour. A tel point que l'effet brouille la alibaba.com en Chine, l'offre est colos- l'information est reçue grâce à l'Internet,
cause.» sale, parfois fantasque. la conclusion n'est possible qu'à l'issue
d'un rapport physique. »
Les grandes salles des ventes,
Vendre sothebys.com en tête, ont ouvert des
et acheter sites réservés à la vente en direct, sans pas- « Le galeriste
Si l'Internet constitue désormais la source sage par les enchères. reste incontournable. »
d'information essentielle des acheteurs, Et en 2012 christies.com annonçait faire Dans ce contexte, les galeries peuvent~lles
c'est aussi devenu une de leurs sources 27% de son chiffre d'affaires de cette continuer à vendre des œuvres comme
d'approvisionnement; autorisée en France manière. elles l'ont fait depuis deux siècles, de
n• 12s
manière privilégiée mais dans des espaces
loués au prix fort et dont l'aire de stockage
est limitée ? Certes ! À condition toutefois
qu'elles se positionnent elles aussi sur la
toile, avec intelligence et en beauté, afin
d'y rappeler leur aptitude à sélectionner
les meilleures œuvres, à les accompagner
d'informations précises et de commen·
taires judicieux.
Maurice ll<Hiayoun el J . Baptiste Banière - Emotions Wlnds (<létal) - 2014 - CEtM8$ poor l'ln temet projetée sur 11 éaans
des flux de nos émotions sur le web a fait artistes proposent aux créateurs de leur le système des échanges mondialisés, il est
naitre sculptures et machines démonstra- génération de les rejoindre au sein d'un important que les artistes portent un
tives. Les Frozen Feelings (2004) sont des mouvement qui rassemble différentes pra- regard sur le problème comme leurs aînés
sortes de globes terrestres aplatis, dont les tiques numériques. se sont appliqués à dénoncer les flux mar·
aspérités nous renseignent sur le taux keting et médiatiques.
d'une émotion X en un instant T. Le Qu'ils interrogent les flux, l'interactivité, la
Distributeur Automatique d'lmotions vidéo, le web art, le média art, les cultures Dès 1973, avec Global Groove, le Coréen
(2008) pousse le visiteur à interroger le s bit (8bitpeoples.com) ou Glitch Nam June Paik produit une vidéo qui ras-
monde en temps réel. (gli.tc) et l'art collaboratif des réseaux semble les univers frénétiques des télévi-
sociaux ou militants, ils sont tous invités sur sions du monde. Il invente le concept du
Plus récemment, au Big Screen de New Spa mm. zapping et prône « le libre échange des
York City, M. Benayoun exposait une vidéos du monde ».
œuvre en connexion directe avec les flux Plus qu'un musée, cette œuvre est un
des bourses du monde. manifeste, où de jeunes et même de très Par sa matière électronique vivante, cette
Emotionforecast.com pose la question : très jeunes artistes (de la génération Y) pièce donne la mesure des battements du
que se passerait-il si l'économie et les internationaux se mêlent aux pionniers cœur télévisuel mondial.
échanges étaient fondés sur l'état émo- pour « reconstruire » un mouvement, le Artiste Fluxus (quel nom prédestiné !), Paik
tionnel de la planète ? mouvement d'un flux d'images à vivre, à surfe (déjà) sur le concept d'un « village
MoBen répond aussi avec e-Forecast, pièce collectionner et à regarder autrement ... global » télévisuel, qui entre aujourd'hui
exposée dans le Spamm (SuPer Art Modern Une idée qui a fait école, notamment avec en totale résonance avec le web et ses flux
Museum) qui compare les valeurs des émo- cloaque_org et autres tumblr.com (pla- sans sommeil.
tions du monde et celles des grandes socié- teforme de microblogage créée en 2007
tés internationales. par l'Américain David Karp, interface gra- 'Tart c'est la vie !" disaient les membres
tuite permettant de poster textes, images, du groupe Fluxus. Aujourd'hui l'art c'est la
Spamm.fr (SuPer Art Modern Museum) vidéos, sons et liens). vie du réseau. L'œuvre doit rester ouverte
est une exposition-œuvre imaginée en et une nouvelle génération est en train de
2012 par Thomas Cheneseau (créateur du placer ses marques à travers les réseaux
Profil de- Marcel Duchamp sur Facebook et Zapping sociaux, de la Glitch culture aux vidéos
médiateur de Galerie Online) avec et surfing trash en n'oubliant pas des codes primaires
Systaime (Michaël Borras, artiste et digital En pleine crise latente, au moment où flux Sbit prêts à survivre à toutes les dégrada-
punk installé à Limoges). Ces jeunes monétaires et transactionnels cancérisent tions et a utres pertes de datas.
Ces artistes sont les descendants des Paik,
Vostell (premier artiste ayant intégré une
vidéo dans une œuvre} et des Vasu lka (cou-
ple de pionniers de l'électronique, de la
cybernétique et du digital), les enfants des
Forest, Benayoun, Hill, Viola, Odenbach,
Jodi, Foresta ou Closky. De Jeremiah
Johnson à Jonas Lund, Rafaël Rozendaal,
daudia Maté, Mr Doob, en passant par
Constant Dullaart, ils revendiquent une
nouvelle façon de faire et de voir l'art à
travers le flux même du web, de voir la vie
du flux comme un des beaux-arts.
Artistes
en danger
Si en 2005 Claude Closky fut lauréat du Prix
Marcel Duchamp avec une pièce directe·
ment forgée par le Net, le monde de l'art,
collectionneurs et Institutions, tarde à
reconnaître ces nouvelles formes artis·
tiques. Pendant ce temps-là, tout un pan
de la création mondiale risque de disparaî·
tre. L'art des flux est fragile.
Le Net.art, l'art des nouveaux méclias, les sites Internet, les .gif (courtes animations
graphiques légères et bouclées pour le web), les vidéos de papa (sur Vine, le Twiller
vidéo) ... Q ui collectionne quoi ? Et surtout comment ?
Par }eonJocques Goy
Il y a quelques années, notre confrère être adoubés par le marché de l'art ? Ce Rafaël Rozendaal a été vue à ce jour plus
Christophe Khim appelé à la rescousse par n'est pas forcément vrai, des collection· de 7.5 millions de fois.
le ministère de la Culture pour faire une neurs font tous les jours l'acquisition d'œu· De plus en plus de plateformes de vente
conférence analytique sur l'Art Numérique vres existant exclusivement sur le Net. d'œuvres en ligne font le pari de l'art
arrivait à cette conclusion qu'il n'y avait numérique : Spamm collection (avorté),
pas de collectionneurs d' Art Numérique car Alain Servais, cobra quiet d'affaires et chef mowa.org très bientôt ou
il n'y avait pas de vrais critiques d'art d'entreprise belge, a axé sa collection sur brlghtfor.me, monté par Abdel Bounane
numérique qui écrivaient sur le sujet parce les multiples; « sauf la peinture, à partir de et présenté l'été dernier lors du festival
qu'il n'y avait pas de marché d'Art la photographie. Je voulais avoir les mêmes Digit.art au Centre Pompidou.
Numérique. Et qu'il n'y avait donc pas de oeuvres que les musées» explique-t-il. Pour
marché pour cet art qui n'avait pas de col- lui « spéculation n'est pas collection ». Soit une p lateforme de diffusion et de
lectionneurs car il n'y avait pas assez de monétisation d'oeuvres numériques inter-
journalistes qui écrivaient sur ces œuvres. La conservation des œuvres reste son gros actives et non interactives.
Et ainsi de suite. C'était en n'en plus finir souci et devient presque son second métier. La diffusion se fait à travers un Player, apte
de ridicule et de vérité; imparable. De Miguel Chevalier à Christophe Bruno ou à jouer une large variété de fichiers numé·
Pourtant il y a des médias Jan Cheng. il donne même de son temps riques utilisés habituellement par les
synesthesle.com, amusement.net, pour« convertir » à de telles œuvres d'au· artistes numériques. L'achat d'œuvres
digitalmcd.com. dlgltalartl.com entre tres collectionneurs. numériques en éditions limitées est possi·
autres · qui, depuis vingt ans, supportent ble, via un système d'authentification à
cette création super contemporaine. Hampus Lindwall, lui est un jeune musicien forte valeur probante.
suédois basé à Paris. Outre des sculptures,
des multiples ou des jeux vidéo, il collec- Tout ce trafic se fait en parallèle de
Audaces belges et suédoises tionne des sites Internet dont il devient l'Institut National de l'Audiovisuel et du
Faudra-t-il aux médias numériques le l'administrateur. Visible par tous, son dépôt légal de la Bibliothèque Nationale
même temps qu'à la photographie pour acquisition fallingfalling.com signée de France, qui ont désormais la mission de
n• 128
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2 ., •• • •• .1l174f •••••• , 170otllOH990HOtt$$$$$$. . UStttstsH HUS S U t U U 09 $ t t UUtetS0$277590$$
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conserver ce patrimoine digital, aujourd'hui d'avoir à faire à de telles machines · les Chaque année, deux foires réalisées aux
exponentiel. conservateurs français renâclent. C'est déjà galeristes jeunes et audacieux, Show Off et
suffisamment difficile de trouver des néons Yia (Young International Artists) escortent
L'Espace Multimédia Gantner, installé à et des ampoules pour entretenir les œuvres la Fiac et tentent de faire surgir des
Bourogne près de Belfort (espacemultl- des François Morellet et autres Dan Flavin, nouveaux engouements pour ces drôles
mediagantner.cg90 .net). supplante sans devoir upgrader PC, écrans et logiciels ! d'œuvres. Cette année, le parcours Hors les
beaucoup d'institutions hexagonales de Murs de Yia a exposé Emotions Winds de
renom, incapables de gérer ni de clarifier De loin le marché de l'art suit le mouve· Maurice Benayoun et Show Off a présenté
leur galerie virtuelle et leur (non) soutien ment. En 2014, à la Fiac à Paris, un magni· une collection réservée aux tablettes. Une
aux artistes des nouveaux médias français. fique Nam June Paik était relégué dans un tablette Samsung gravée, ARTT, fait partie
En la matière, les audacieuses Galeries couloir et un Tony Oursler, sous un voile ! de cette proposition.
nationales du Jeu de Paume (espacevlr- Car il faut une certaine pénombre pour Produit par art2m.com. cette collection
tuel.jeudepaume.org) font elles aussi apprécier des œuvres projetées. Même si présente 3 générations d'artistes (Aurélien
figure d'exception. c'est de moins en moins vrai. Bambagioni, Samuel Bianchini et Maurice
Benayoun} aux œuvres jouables, contem·
Quelques collectionneurs s'entichent tou · platives et/ou connectées.
Musées français tefois de ces images de leur temps.
à la traîne Pourquoi le Profil Facebook de Marcel Les nouveaux médias entrent dans des col·
Dans l'esprit du ZKM en Allemagne, le Duchamp de Thomas Cheneseau, apparte· lections contemporaines, installées sur le
Zentrum für Kunst und Medientechnologie nant depuis 2011 à une collection privée, réseau, dans la galleryOnline.word-
dirigé par Peter Weibel et cofondé par ne représenterait-il pas le portrait du 21 • press.com du Français Thomas
Jeffrey Shaw de Karlsruhe (zkm.de), la siècle par excellence ? Cheneseau et de !'Américain Ronen Shai
France manque d'une institution dédiée Pourquoi une œuvre virtuelle, circulant par exemple ; ou dans celle des collection·
aux nouveaux médias. exclusivement sur les réseaux de l'Internet, neurs. Les plasticiens qui (entre autres) uti·
ne serait~lle pas appréciable par le collec· lisent ces technologies attendent
Qu'elles soient sur les réseaux ou en instal- tionneur et par tous à la fois, en ayant une aujourd'hui une prise de consc.ience des
lations, interactives ou pas, les œuvres cote sur le marché comme toute œuvre institutions. Et l'avènement d'une généra·
numériques sont vivantes et • rien que d'art signée et authentifiée ? tion Y de collectionneurs.
• Par Pierre Soucllaud _ __
ri~~~0Ytlr
~UcwnilR~Topor
Q~ jfV v&w, ew cetth r-e+'\b'"oo 2014, Jeff KOO't'l4' EW1.1 mctfeWV cuv
Ce+'\tvf!/ Po-rn:plA:lot,v ei: 'ROÙNvl.dt Topor ew t"o-ut"fV d4cr°ét't.OW ~ ÙN
~ . maW g.t"CU'ld.etpcu- Let cœuY e:t lJ~y(,t . ~(,(',ipcu-~
A rit'\.€.1 'Bawcudt-, jfV l11e/ d.4-q ~Let ~ 111.(Nf"c;het .wr lev~ quJ wy
CV ùh lnjlMKLCe/ ei: ~iUt'é-fl,cu,ry~ q~ cJ~ biew TopOY qué/
deNr-etû êtYfV honoré- ~ '8~~ et" q~ K~ deNretû êb°fV
~Y. letp~loi-tvp~ ~V~bout"~ÙNT~pcw
~te,, ~ ~ ~ V~ "~ boy" co-mtnet Ùt-4 Vcvvl,d,
w~ ..
Certes, Topor a eu une belle rétrospective, organisée en 2004 - La méthode Topor
sept ans après sa mort à l'âge de 59 ans - par le Musée de
Strasbourg, dirigé alors par l'excellent Fabrice Hergott, fraîche-
ment éloigné, m'a-t-on dit, de la direction du Centre Pompidou, à
cause de son intérêt excessif pour la peinture ... Sans cela, on
n'aurait pas eu encore de reconnaissance institutionnelle de
Topor.
Et voici justement quelques extraits de la préface que F. Hergott
avait écrite pour cette rétrospective : « Topor ne se sentait pas à
l'aise dans les musées. La chronologie, les dates, les dimensions
des œuvres l'ennuyaient ( ...). Ses efforts étaient destinés au plus
large public parce qu'il se méfiait du monde de l'art contempo-
rain, qu' il jugeait snob, trop bien élevé, et préférait la relation
directe avec les choses( ...). Les musées et leur culture de la dis-
tance lui en ont voulu. Seuls quelques-uns, le plus souvent hors
de France, ont compris que, sous le trublion et le noceur appli-
qué, se cachait sans trop de précaution, un très grand artiste. »
Autant d'aspects de la personnalité de Topor qui ajoutent au res-
pect que l'on doit avoir pour lui, même si sa cote actuelle sur le French Caca - 1979 - Linogr.avure - 50 x 30 cm
Photo Galerie Anne Barraulit
marché de l'art est au cent millième de celle de Koons.
• la pure imagination n'existe pas. Si je devais définir l'imagina-
tion, je dirais qu'il s'agit plutôt de souvenirs mélangés. C'est une
faculté qui, comme le rêve, permet de déplacer cette hiérarchie
des valeurs qui dominent la vie courante. Tout n'est pas inventé
Ce qui incite d'abord à l'admiration envers cet artiste, c'est son
dans ce que je dessine. Il y a même certains éléments (une
extraord inaire, profuse, ludique et polysémique inventivité. Il fut
pose, un regard, un pli de vêtement) que je vais chercher dans
un formidable libérateur de la forme et de la pensée artistique, en les photos de magazine car j'aime qu'un même dessin soit
complicité avec ses amis Fernando Arrabal, Alejandro fondé sur une certaine diversité d'intentions et de factures: un
Jodorowsky, Olivier O. Olivier, Jacques Sternberg, Christian détail exactement observé renforcera l'étrangeté d'une situa-
Zeimert et Michel Parré, du mouvement Panique (du dieu Pan). tion; telle partie du dess in demandera une exécution lente, une
Il fut un enchanteur de nos années 1970-1980, avec ses dessins, autre sera rapidement couverte, rendu réaliste et stylisation, à-
plat et volume pourront coexister.
ses illust rations, ses affiches, ses dessins animés (Les Escargots, La
Ma méthode 1 Chercher d'abord un prétexte pour dessiner, une
Planète Sauvage avec René Laloux), ses émissions télévisuelles
idée, que je trouve souvent en lisant ou en regardant des livres.
(Palace, Merci Bernard, Téléchat en complicité avec le génial Jean-
Trouver cette raison pour me mettre au travail, c'est le plus dif-
Michel Ribes), ses collaborations avec Federico Fellini, F. Arrabal, ficile. Après il se produit un entraînement d'un dessin à l'autre.
Jérôme Savary, ses pièces de théâtre, ses rôles au cinéma, ses l'unité de cette série de dessins ne résidera pas dans un thème
romans, son rire, etc., etc. « Jouer est une manière de rendre les mais dans le laps de temps relativement court durant lequel je
choses moins graves, tout en leur donnant une autre gravité • les aurai réalisés dans un état assez obsessionnel, si bien que
disait-il. dans ces périodes il m'arrive de rêver de dessins tout faits. »
relles. Oui, on peut dire que Topor était un artiste populaire au de Topor (avec un clin d'œil au dessinateur Gébé)
Mais certainement pas à la façon de J. Koons, «le dernier des pop www.galerieannebarrault.com
Gérard Garouste - L'étudiant et l'autre fui mllme - 2007 - Hulle sur toile - 200 x 260 cm - Galerie Daniel Templon, Paris
JI y a très peu de coachs d'artistes en (environ 30 000 euros par an pour le coa-
Combi.en France. Les schémas et les tarifs varient ching d'un manager).
ça coûte 7 suivant leur périmètre d'intervention.
L'écart est grand entre l'accompagne- • 10 à 200.k du prix de vente des
ment au développement personnel et le œ uvres : la prestation est directement liée
rôle d'agent et/ou de lanceur de talent. à la transaction.
Le coach, en posant des questions, aide
l'artiste à renforcer sa confiance en son • 4500 e uros au minimum pour une
talent et à faire ses propres choix. année de coaching stratégique : bâtir le
C'est la vraie définition du coach, une dossier et lancer l'artiste dans des salons
profession qui s'est dotée d'une charte de renom, décrocher une exposition dans
déontologique. des lieux institutionnels, et aussi vendre.
• 30 à 150 euros par séance dans le
milieu artistique. Dans le monde du sport, Dans tous les cas, il est conseillé de faire
des affaires, de la politique ou du show- un contrat, mais un bon contrat ne sert à
business, les tarifs sont d'un autre ordre rien, ce sont les résultats qui comptent.
de Dicy dans l'Yonne à Lagrasse dans l'Aude, en pas-
sant par Lausanne, Londres, Florence, Zagreb,
•
Strasbourg (67) Sydney... Une bouffée de Libe~. Clermont-Ferrand (63)
19• St'Art - Du 21 au 24 novanbre Musée de la Création franche - 05 56 85 81 73 Didier Hamey, Muriel Moreau, Jean.Jacques Maho
«Leader sur l'espace du Rhin supérieur». cette foire www.museecreationfranche.com Jusqu'au 3 novanbre
d'art contemporain propose cette année, en plus des Dans le cadr-e de la Triennale mondiale de l'estampe,
stands de 9J galeries venues de toute l'Europe, un Bergerac (24) - Emmanuel Michel : Madagascar ne loupez-pas cette fine fleur de la gravure actuelle.
espace commun où chacune eicpose une œuvre mise Du 14 novembre au 7 décembre Coup de cœur pour le merveil eux Didier Hamey
à prix à m oins de 1000 € : permettant à un public plus Aprés une formation de restaurateur de tableaux et (voir Artension n° 127].
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de cœur pour les miroirs mobiles de V Skocla préserl- ans, i arpente les 5 continents et revient à chaque fois www.balthazaNlllpo.com
tes par la Galerie Mathieu de L)OO ! dans le Tarn pour y peindre et sculpter ce qu'i a w. Sa
Parc des expositions Wacl<en / www.st-art.fr peinture expressive raconte l'émerveillement cf un ins- Éric Poitevin - Jusqu'au 4 janvier 2015
tantané, cfun momentdevie. En sculpture, iltravaile le Panorama de l'œuvre de cet exceptionnel photo-
Daniel Buren: Like Child's play bois, le métal. la terre et la pierre, y associant parfois graphe [25 années de création]: des po11:raits de rel>
Jusqu'au 4 janvier 2015 le bronze. Dans ses expositions comme dans ses gieuses réaisés lorsqu'i fut pensionnaire de la Villa
Qne l'inmense travai très (trop ?] mondrianesque. réalisé livres (Guyane. Les fies du Salut et Guatemala. terre Médicis (1900] jusqu'aux travaux récents sur les
par O. Buren sur les 1500 m2 de la façade vitrée du musée. Maya chez Gal imard] il nous mène dans le tourbilbn oiseaux suspendus et les plantes
éclairant jctmert et variablement l'irtérieur. un autre travail de ses pél"égrinations et de ses rêves. SA Frac Auvergne - 04 73 90 5000
a ét.é réalisé dans la sal e d'exposlioo t.emporaire. Les Galerie Bénédicte Giniaux - 06 BO 31 09 56 www.frac-auvergne.fr
fameuses bandes du matre ort quasiment dispaN. Les www.gale riebened icteg iniaux.fr
tfocs de tfancheur qti parsèment de façoo lucique la màtié Christian Karoutzos- Jusqu'au 16 janvier 2015
de la sale fascinent érange et réele sensitiité. Aoogée en Bordeaux (33)- Georges Rousse: Métamorphoses Plongée dans l'uni\Ers fantastique de cet ètonnant
apesarteur mentale. D'autre part, le provisàre parcours créateur, également éditeur, galeriste ... Un èlectron
poétiques - Jusqu'au 14 décembre
d'a~ cootemporain du musée. coococt.é par Estelle Pietrl'l1<. libre, capable de toies cobssales, mêlant évocations
est une m erveile de découvertes renouvelées. Oes grands et feuille d'or, de sculptures futuristes, chargées de
noms de la création actuelle voisinent avec de moins célé- mal de vivre, de poésies intemporelles ...
bres. comme le remarquable Daniel Schi er. ilticun axe Galerie CK - 04 73 90 71 34
coot.emporain n'est priviégié. Pour une fois. la variét.é de la htq>:// ed itionskc.galerieck.pagesperso-orange.fr
création actuel e est S14Jefilement dévebppée dans de
grandes sal es respectueuses de chaque irtinité. Les
Baselitz sort grandioses. CN
Musée d•art modeme et cont~orain
03 88 23 31 31 / www.musees.strasbourg.eu
Bourogne (90)
Steina & Woody Vasulka : Au commencement était
le bruit - Jusqu'au 24 janvier 2015
Au commencement ét.a it le bruit... est une immersion
dans la poésie électronique des Vasulka. Une expos>
tian exceptionnelle où seront présentées des œuvres
inédites et historiques de ces pionniers de l'art vidéo.
Espace multimédia Gantner - D3 B4 23 59 72
www.espacemultimediagantner.cg90 ..net
Dole (39J
Les Malassis : une coopérative de peintres toxiques
1968-1981 - Jusqu'au 8 février 2015
Rouen (7'6)
Yadegar Asisi - Ou 5 au 31 décembre
Projet ambitieux et trés spectaculaire : un nouyeau
lieu culturel unique en France ouvre ses portes sur les
quais de la Seine. Dans une rotonde de 35 mètres de
hauteur pour 34 mètres de diamètre, des fresques
géantes, à 360°, de l'artiste autrichien Y. Asisi, spécia-
liste des panoramas, dont les œuvres monument.ales
Tout sur œ « collectW d'artistes qui a pleinement pris ont été exposées dans le monde entier. Une première
part à la scène artistique française des années en France. D'autres artistes suivront. CN
1960/1970, et a tenu une place important.e dans la Panorama XXL - 02 35 52 95 29
mise en œuvre d'un art engagé, contestataire, sous la www.panora.maxxl.com
IiR
Saint.Pierre-de-Varengeville (76) Paris (75)
El i ane La rus Patrick S. Naggar & François Weil: Minéral
Ou 11 oct.obre au 4 janvier
1 e• Mois de la Photo et Paris Photo
Du 1 •au 30 novembre
L'exposition s'articule autou r des tones et collages de
Patrick S. Naggar et des grawres et d'une vingtaine
de sculptures monumentales de François Weil pré-
sentées dans le parc et dans le Centre d'a<t contem·
porain.
Centre d'art contemporain - 425 rue du Chêteau
www..matmutpourlesarts.fr
Bry-sur-Marne 194)
38' Sa Ion national de artistes animaliers
Ou 15 novembre au 14 décembre
VERNISSAGE
l•udl 16octobre 201•
18h30-21 hOO
~ton
dJ jeudi l .6 oc:tot:re 201•
ou samoc:l '21d6combre201 <4
·-
0
parle de frontières [Intérieures et extérieures), de
m igrations . Proposant donc de sortir de notre petit
Aubais (30 ) - 4' biennale SUDestampe
Jusqu'au1• février 2 015
Galerie Saint-Louis
L'Art singulier :
Antibes (06) · Staël : la figt.re à OO 1951-1955
Jusqu'au 4 janvier 2015
fondamentalement poetique !
c À partir de 1951. et µ;qu'à sa disparition le 16
mars 1955. Ncolas de Staël renoue avec les gre nds
thèmes de la peinture. et en par1icufier avec celui du
nu et de l a figure féminine • : l.11 grand abstrait
inusable. Musée Picas90 - 04 92 90 54 20
Séjour réel [au printemps 1930) et itinéraire artis- www.antibes.juanlespin a.corn
tique d'H. Matisse : voilè ce que propose cette petite
Avignon (84) · Le disparition des lucioles
(thématique pointue. justifiée par le site) mais
Jusqu'au 25 novembre
radieuse et joyeuse exposition. conçue en deux pal'
ties. « L'invitation au \<Jy&ge » est constituée des pho-
« la Collection Lambert investit les cellules. les COI.>
loirs et ce 11;aines oours de la prison désaffectée de
tos prises par le maitre voulant s'extraire de
Sainte-Anne avec des œuvres de la collection privée
l'Occident : sorte de reportage è l.Olr comme un aide-
d'Enea Righi. auxquelles s'ajoutent des prêts de
mémoire. Prolongeant sa relation avec Gauguin.
grandes collections publiques et privées. Il y est ques·
Matisse a owe11; cette parenthèse enchantée pour
tion d'enfeNnement. mais aussi du temps qui passe.
renoweler son inspiration. sa perception de l'espace.
de la solitude et de l'amour. •Bouleversant
la lumière. la végétation da Tahiti subjuguent l'artiste.
Prison Sainte-Anne - 04 90 1 6 56 20
la nacre qu'il décowre dans la première feNne pe"
ière le fascne. Directeur du Musée da la Nacre et www.rollectionlambe~Jr
conmissaire. G. Martinache établit dès lors le rapport Marseille (13)
entre la couleur et la foNne da cette matière fantas-
African outsiders· Jusqu'au 20 novembre
tique et les papiers découpés.
Y. Ade)elT!i, F. 8ruy Bouabré. A. Kumbl F. ll.lldangi et
la seconde section. • l'assouplissement de la igne •.
D.Zinkpe: nés en Angola. au Bénin. enalte d!voire. au
fat onduler ncxre regard sur une bel enaerrble d'eaux
Nigéria ou au Zaire. ces artistes aulX>didae%es donnent
fo11;es et Ethographies ~lluetretiona des poèmes de
du monde des visions bourrées de vitaité et d'oni-
Ronsard. Malarmé) pour, dans une démonstration de
risme. Galerie P~mie - 04 91 19 80 52
rabstrat oomme prolongement de le figuration. qu'il
www:flOIYsemîe:oom
sot ilooiiné par le chant et la danse des papiers Jusqu"au 16 n.ov.mhre t1 •• JJ8"S•r:.ance
découpés : couverUJl'eS et lluWetiona de la revue Food : produire, manger, consommer Espace Création Galerie St louis
Veri.e (de 1937 è 1958) et bel ensemble de planches Jusqu'au 23 féllrier 12. p.ece du globe · 83000T01Aon
du célèbre recuel Jazz (1947i À ces pochoirs. en 37 artistes des 5 contÏ'lents • pl'ésentent le frut de tél . 04 94 22 4586
naturel écho, deux grandes tapisseries en laine. leur réflexion sur les enjeux lés drectement ou indi· www.espacecreation.org
IiR
proposent des espaces autres, s'engagent à "définir « Œuvres anciennes et créations nouvelles, sculptures
CNO STUClü
présente 1 e"po sltfon
un emplacement singulier par l'extériorité de ses voisi·
nages" (Foucault): des murs ou des mots minuscules.
des zones accueillant.es et d'autres inquiétant.es. des
sons et des odeurs, des habitations inhabitables et
et réalisations murales, pièces monumentales et
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soie, cuir, graphite, dessins ... » Tout l'univers de ce
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Err6 · Jusqu'au 22 février 2015
Toulon (83) · Enid Bilaf: Oxymore and More Étonnante redécouveite du parcours de notre artiste
Jusqu'au 4 janvier 2015 islandais qua1M pop, figuratif, expressionniste. surréa-
Une approche rétrospectil.E et thématique du travail liste, éternellement à la recherche de résurgence du
du grandissime dessinateur Enki Bilai,« à tre\Ers des motif. Grand compositeur d'images. cette rétrospec·
illustrations, peintures. clips vidéo, compression ciné- tive dévoile l 'é\A'.llution progressil.E de son œuvre, de
matographique et bien entendu, bandes dessinées ». ses débuts d'expressions noires, aux figurations sur-
Toujours épatant réalistes et aux tableaux=llages, jusqu'à l'époque pop
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par l'extrême finesse et la beauté des concepts de
studio anarl st r lumière japonais, J-M. Letelfier réalise des panneaux
w w w . en ef e rne ndee. ne t Évian (7 4) • Contes de fées, de fa tradition à fa
muraux, végétaux et abstraits.
modernité· Ou 6 décembre au 6 avril 2015
Tandis que M. Nakamura trevanle en \A'.lfume.
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Marc Riboud: Premiers déclics
Jusqu'au 21 février 2015
Grenoble (38)
Art in pop· Jusqu'au 4 janvier 2015
« Jusque dans les années 1960 de nombreux musi·
•
ciens et chanteurs ont eu une pratique a~stique, de
Serge Labégorre l'ordre du loisir et du jardin secret de la créativité. De
nombreux musiciens de la pop musique ont été for-
à ST' ART Strasbourg més dans des écoles d'ait, tout particulièrement en
Angleterre. La musique pop est le lieu d'une double
Stand A 01 - Hall 20 posture entre art et musique, cfoù émergent des
figures de producteurs de structures mais également
21 au 24 Novembre 2014 de sens et cfesthétiq ues. »
Le Magasin· 04 76 21 95 84 / www.magasinœac.org
Giuseppe Penone
Ou 22 novembre au 22 février 2015
Belgique
Bruxelles - Stéphane ~rouane Dumas
Du 6 novembre au 27 décembre
Falaise$ nerwrées et prairie$ lumineuse$ : les nou-
veaux paysages de ce magicien de la matière et de la
lumière sont meiveilleux (Artenson n° 115).
Galerie Fred Lanzenberg - 32 / 475 73 40 15
http://galeriefredlanzenbel'!!:be
Rives (3BJ
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Plus de &JO œwres extraites d'une collection de plus
de 60 créateurs internationaux, d'art brut, d'art diffé- ARTISTES
rencié, d'art naîf, d'art-thérapie, d'art singulier 1
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VOIT ROUGE
Un Rien à voir
qui sent le bouc
issus d'un travail qu'il qualifie plus
Souvenez-vous : dans le n° 33 d'Artension
volontiers d'activité modeste et
(Janvier 2007) je vous avais pané de ce
domestique (...).
directeur du Frac Poitou-Charentes, qui avait Michel de Broin fait d'un e Buick le
déposé plainte contre la présidente du héraut de la résistance à la culture de
conseil régional, Ségolène Royal, pour la performance en la transformant en
.. harcèlement moral '" parce qu'il estimait voiture à pédales. Les éléments
"superflus" ayant été retirés(...).
avoir été victime de " vexations répétées
Les quatre énoncés performatifs de
portant atteinte à sa dignité ainsi qu'à sa
Victor Burgin abandonnent tout objet
santé mentale et physique ,, ... concret au profit du langage et croi-
sent philosophie analytique, structura-
lisme et linguistique. L'œuvre est ici lit-
...Sombre histoire, qui avait été résolue par le t ransfert des coll ec- téralement le langage qui acte, et non plus l'objet. "
tions dudit Frac, trop à l'étroit en ses locaux d'Angoulême, dans le
bâtiment désaffecté du centre caprin de Lin azay, petit vill age de la Du " rien à voir" auquel est donc associé du "ri en à comprendre",
Vienne situé à 3 kilomètres au sud de Champagné-le-Sec, et 2 dans un endroit perdu au fin fond du b ocage poitevin, avec comme
kilomètres à l'ouest de Champagné-le-Mouillé. seul publi c les biquettes, qui n'en ont évidemment" rien à traire '"
mai s qui ont en enœur trembl é d'effroi quand on leur a annoncé
Ce centre, appelé Cabrili a, était en Poitou l'équivalent raffarinien du cette stupéfiante journée séminaire du "Rien à voir" ; qui " réunira
t rès giscardien Vulcania en Auvergne. Il avait été dédié dans un des artistes, théori ciens et acteurs de l'art contemporain s'interro-
premi er temps à la promotion internationale de la race caprine et du geant sur ces pratiques qui perturbent les normes dont le monde de
fameu x fromage de chèvre Chabichou. Il avait dû très rapi dement l'art pensait s'être affranchi . "
fermer, faute de public et à cause de l'odeur.
Une invasion de "m'as-tu-ri en-à-vu" qui risque d'être mal perçue
Voilà qu'aujourd'hui, 7 ans plus tard, sous l'impulsion de son actuel dans les caprins troupeaux, et de ne pas améliorer l'image du
et plus frin gant directeur (qui a d'ailleurs fait, pour s'endurcir Chabichou sur la scène internationale de l'art contemporain.
nerveusement, un stage à Artension au début des années 1990), est
organisé en cet ex-haut lieu de la bique et du bouc un e ex.position,
titrée Rien à Voir, sous-titrée Module d'œuvres en situation
d'exposition, qui durera jusqu'en avril 2015.
-OosTEN:JE 11111 ""!::..~ ~~Gr:-. ïëh ~::~ =sÜn~ ••il@Bw li 1 t•·mw•1 ~~ arn;m ·~ @
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