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Université Saad Dahlab de Blida

Faculté des Sciences de l’Ingénieur


Département d’Architecture Aoudjehane Mohand Said de Blida

Module : Histoire Critique de l’Architecture (HIM 31)


Année Universitaire : 2007-2008
Responsable du module : Dr. Arch. Mourad BOUTEFLIKA

Cour n°05/ Cour n°06


L’Art nouveau
La Contribution de la France
(Les expériences d’Auguste Perret et de Tony Garnier)

I/ Naissance d’un style « Art nouveau »


II/ L’apport technique et culturel français
III/ Les protagonistes de la France
III.1 Auguste Perret (1874-1954)
III.2 Tony Garnier (1869-1948)
IV Conclusion : caractéristiques à retenir

I/ Naissance d’un style « Art nouveau »


Le terme (ou l’expression) « Art nouveau » fut emprunté à la galerie de Samuel Bing
ouverte à Paris en 1896 : la Maison de l'Art nouveau. S’il s’est développé sous des noms
différents (Jugendstil en Allemagne, Sezessionstil en Autriche, Tiffany Style aux États-
Unis, Modernissimo en Espagne ou Stile Liberty en Italie, en France et en Belgique sous
les noms de style 1900 et de Modern' style), il exprime surtout un mouvement de
rénovation dans les arts décoratifs de l’architecture.
Entre 1890 et 1910, plusieurs attitudes se manifestent simultanément, en représentant
de véritables écoles d’avant-garde architecturale:

Un même mouvement de répulsion contre les pastiches historiques,


Une même séduction pour le fonctionnalisme,
Un même abandon du décor au profit de la vérité des structures et des
matériaux

L'Art nouveau est un style donc essentiellement décoratif qui a cherché à mettre en relief


la valeur ornementale de la courbe, qu'elle soit d'origine florale comme en Belgique, en
France et en Espagne ou géométrique comme en Allemagne, en Angleterre et en Écosse.
L'Art nouveau prend ses origines dans les principes du mouvement Arts and Crafts et
les textiles et papiers de son fondateur William Morris, les vases d'Émile Gallé et les
meubles de Gustave Serrurier.
Confrontés aux problèmes que pose la production industrielle et aux techniques
nouvelles, les artistes prônèrent :

Le travail manuel,
Se tournèrent vers la tradition gothique,
S'inspirèrent de l'art japonais et de l'observation de la nature.

Ils rejetèrent les références classiques héritées de la Renaissance (symétrie, canons


gréco-latins, etc.) et refusèrent l'idée d'une séparation entre arts nobles (peinture et
sculpture) et arts mineurs (arts décoratifs). L'Art nouveau a ainsi profondément
transformé le décor intérieur et l'architecture et plus généralement l’ensemble des arts
appliqués.

En Hollande avec Berlage


En Allemagne avec Peter Behrens
En Autriche avec Otto Wagner, Adolf Loos et Josef Hoffman
En Ecosse avec C. R. Mackintosh (qui donna à l'Art nouveau un caractère
austère et sobre en appliquant à la fois la courbe d'inspiration florale et la
rigueur géométrique à l'architecture, au mobilier et aux objets pour lesquels il
utilisait le verre et l'émail)
En France avec les frères Perret
En Belgique avec H. Van de Velde (aménagement du musée Folkwang à
Hagen en 1900-1902), V. Horta (hôtel particulier pour l'ingénieur Tassel en
1892-1893 et l'hôtel Solvay en 1895-1900, à Bruxelles)
En Espagne avec A. Gaudi (parc Güell, casa Milá de Barcelone)

Jusqu’alors les étapes de l’architecture moderne n’avaient été que la conséquence


d’œuvres d’individus isolés. Elle apparaît, maintenant, dans tout les pays industrialisés
comme une démarche collective donnant naissance à l’avant-garde architecturale.

II/ L’apport technique et culturel français


Les expériences décrites auparavant, présentent certains caractères communs :
L’influence directe du mouvement de Morris,
Le rejet de la tradition,
La tendance à ramener les valeurs plastiques aux valeurs linéaires et
chromatiques.

En même temps que l’art nouveau, deux expériences d’avant-garde (celle de Perret et
de Garnier) s’appuient, contrairement aux expériences citées auparavant, sur la
tradition française et en proposent une réélaboration originale.
Il est indispensable de souligner cette différence pour expliquer la position, plus tard,
dans la formation du mouvement de Le Corbusier par rapport aux maîtres
contemporains. Perret et Garnier s’insurgent contre l’éclectisme contemporain et font
plutôt appel au classicisme comme esprit de géométrie et de clarté et la cohérence
structurelle. D’où l’utilisation du Béton Armé qui sera dorénavant le système de
construction privilégié des architectes français.

III/ Les protagonistes de la France


III.1 Auguste Perret (1874-1954)
Fils d’un constructeur, A. Perret suit les cours des beaux arts durant la dernière
décennie du 19ème siècle.
Il fonde vers 1905 (avec son frère) l’atelier Perret et avec un autre frère une entreprise
de construction. Leur 1ère implication est une maison à Paris où ils emploient le Béton
Armé BA (ossature) pour la 1ère fois pour marquer l’aspect extérieur.
Cependant le BA reste caché à l’intérieur par une façade en maçonnerie. A. PERRET
considère ce dualisme comme une sorte d’ambiguïté architecturale et pense que
l’ensemble doit être traité de façon unitaire. Il exprime donc clairement le squelette du
béton et le distingue de la maçonnerie (remplissage) formée par les croisées et les
panneaux revêtus des grés à décoration florale.

Perret se distingue ainsi par :


Une rigueur constructive,
La simplification formelle,
Et en même temps le respect de certaines règles traditionnelles de
composition.
En conclusion, la tradition française repose sur la correspondance entre les règles
classiques et la pratique de la construction. Perret écrit à ce propos : « l’ossature est à
l’édifice ce que le squelette est à l’animal ».

III.2 Tony Garnier (1869-1948)


Fils d’un dessinateur de textile, il est élève de l’Académie de France à Rome où il
présente un projet de ville pour le Grand Prix de Rome de 1901 (la ville industrielle) en
béton, fer et verre. De ce projet il ressort des concepts usuels plus tard dans le
Mouvement moderne :
La valeur normative,
Les facteurs d’hygiène (où s’affirment soleil et végétation),
L’implantation libre,
La séparation entre chemin de piéton et rue pour véhicule,
La cité jardin.
Il a eu l’occasion d’appliquer ses concepts architecturaux à la grande ville de Lyon.
L’œuvre de Garnier une fois construite, confirme les hypothèses théoriques : un pont est
donc jeté entre la théorie et la pratique (contribution au mouvement moderne). Ses
projets n’expriment aucun monumentalisme.

Conclusion : Perret se soucie surtout d’accorder les exigences de l’architecte avec celle
du constructeur. Il se conduit comme un artiste d’avant-garde, créant un style et un
répertoire personnel de solutions techniques.
Garnier approfondit avec Herriot (le député radical, maire de Lyon en 1904) la relation
entre architecte et client. Garnier ne pense jamais à l’édifice comme à un objet isolé, son
objectif étant toujours la ville.

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