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Maillages d'éléments finis

pour les ouvrages de géotechnique


Conseils et recommandations

Philippe M ESTAT
Directeur de recherche
Chef de la sit-hon Rhedooi^ et modélisation de- snN
Divison M-'Ceimquo <1ts »îoli *>I cprlouK» de lm,i«hpi.'
L«iroi«rtfw er'i il .les Ponts ft C\ 11.s-.n133

Introduction
Depuis une quinzaine d ' a n n é e s , l'utilisation de la
m é t h o d e des éléments finis a connu un développement
très important dans les bureaux d'études et les centres de
recherches en géotechnique. A i n s i , i l est aujourd'hui
courant de réaliser, pour des grands projets, des analyses
par éléments finis afin de vérifier la stabilité d ' u n
ouvrage en interactions avec son environnement, de
contrôler les valeurs de déplacements admissibles et
d'aider au dimensionnement des structures.

E n pratique, les logiciels de calcul par éléments finis


RESUME sont devenus des outils pour l'ingénieur, au m ê m e titre
que les méthodes de calcul traditionnelles de l a méca-
Cet article présente d e s recommandations
générales pour la réalisation d e s maillages nique des sols. L'utilisation d ' u n code de calcul a é t é
d'éléments finis d'ouvrages d e géotechnique. rendue très facile par le développement de p r é - et de
L e s principaux types d'éléments finis sont
post-processeurs conviviaux et simples d'emploi. L e s
décrits et les performances d e c h a c u n détail-
lées. Ensuite, pour c h a q u e grand type d'ou- mailleurs automatiques offrent des possibilités très inté-
vrage (fondations, tunnels, remblais, soutène- ressantes, mais l a construction du maillage d ' é l é m e n t s
ments), d e s c o n s e i l s particuliers sont proposés.
De nombreux e x e m p l e s bidimensionnels et tri-
finis dépend encore pour beaucoup des choix de l ' i n g é -
dimensionnels, tirés d e s études réalisées a v e c nieur. Cette étape est fondamentale dans la mise au point
le progiciel C É S A R - L C P C , viennent illustrer du modèle d ' é l é m e n t s finis, et i l n'est pas toujours évi-
c e s conseils.
dent de savoir j u s q u ' à quel point i l faut aller dans la dis-
MOTS C L É S ; 42 - Éléments finis (méthode) - crétisation et le raffinement.
Ouvrage d'art (gén.) - Recommandation -
Tunnel - Remblai - Soutènement (tunnel) -
Fondation - Modèle numérique - Sol - L'objectif de cet article consiste à regrouper des conseils et
Bidimensionnel - Tridimensionnel -/Maillage. des recommandations pratiques pour la construction des
maillages de massifs dans le domaine de la géotechnique.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 39
Description
des principaux éléments de massif
U n massif est défini généralement comme un
milieu continu représentant un certain volume de
matériau dans l'espace. U n élément fini de
massif représente alors un volume élémentaire (a) (b)
de matériau solide ou non (métal, béton, roche,
sol, liquide) dont le comportement m é c a n i q u e
peut être décrit par un ensemble d ' é q u a t i o n s
(lois de comportement et d'interactions).

M a l g r é cette définition, un maillage d ' é l é m e n t s


finis de massif n'est pas systématiquement à
trois dimensions. E n effet, si l'une des dimen-
sions de l'ouvrage est prépondérante (remblai de (c) (d)

grande longueur, section courante d'un tunnel,


a. Triangle à 3 n œ u d s (T3) - b. Quadrilatère à 4 n œ u d s
etc.) et si toutes les autres caractéristiques du
(Q4) - c. Triangle à 6 n œ u d s (T6) - d . Quadrilatère
m o d è l e (chargements, conditions aux limites, à 8 n œ u d s (Q8).
interfaces) le permettent, i l est possible d'ana-
lyser l'ouvrage dans un plan : cette analyse est Fig. 1 - Éléments de massif bidimensionnels
dite en déformation plane (la composante du les plus couramment utilisés.
d é p l a c e m e n t perpendiculaire au plan considéré
est supposée uniformément nulle). L e maillage Si ce type d ' é l é m e n t donne d'assez bons résultats
est plan mais, en réalité, i l s'agit d'un maillage dans les cas courants (avec des maillages suffi-
de profondeur égale à l'unité. A i n s i , les forces samment denses), i l n'en est plus de m ê m e dans le
appliquées sur ce type de m o d è l e ne s'expriment cas des ouvrages complexes pour lesquels la
pas en Newton mais en Newton par mètre (force flexion est prédominante, ou dans le cas de lois de
par unité de longueur). Dans le cas d'une s y m é - comportement non linéaire, pour lesquelles la pré-
trie de révolution, l'analyse peut être effectuée cision sur le champ de contraintes est primordiale.
dans un demi-plan passant par l'axe de révolu- Une précision satisfaisante n'est alors obtenue
tion (méridien). qu'avec des maillages e x t r ê m e m e n t raffinés.

L a plupart des codes généraux de calcul offrent De m ê m e , ces éléments sont peu performants
ainsi une gamme d ' é l é m e n t s finis de massif bidi- pour les problèmes à symétrie de révolution (les
mensionnels et tridimensionnels pour résoudre les contraintes sur l ' é l é m e n t ne sont plus constantes
problèmes de m é c a n i q u e des milieux continus. L e et sont moins précises au voisinage de l'axe de
nombre de noeuds situés sur chaque côté (et par- symétrie). Pour ces raisons, d'autres types d ' é l é -
fois à l'intérieur de l ' é l é m e n t ) est alors caractéris- ments ont été développés afin de permettre une
tique d'un élément. meilleure description des champs de contraintes
et de déformations.

Éléments de massif bidimensionnels Élément de massif quadrangulaire


Les éléments finis de massif bidimensionnels à quatre nœuds
sont constitués par des éléments de forme trian- L ' é l é m e n t de massif quadrangulaire à quatre
gulaire ou quadrangulaire. n œ u d s (ou quadrilatère à quatre n œ u d s ) est le
d e u x i è m e élément utilisé pour le d é c o u p a g e
Élément de massif triangulaire à trois nœuds naturel d'un plan en sous-ensembles élémen-
taires (fig. l b ) . Les fonctions d'interpolation sont
L ' é l é m e n t de massif triangulaire à trois n œ u d s est
des formes bilinéaires de degré 1. E n déforma-
l ' é l é m e n t bidimensionnel le plus simple (fig. l a ) .
tion plane, les déformations et les contraintes ont
Les fonctions d'interpolation des déplacements
une variation linéaire sur l'élément. Cette pro-
sont de type linéaire sur l'élément. Dans le cas de
priété rend cet élément plus performant que
la déformation plane, les déformations et les
l ' é l é m e n t triangulaire à trois n œ u d s .
contraintes sont alors constantes sur l'élément.
Cette particularité a fait le succès de cet élément, Cependant, l ' é l é m e n t quadrangulaire à quatre
car les expressions des matrices de rigidité et des noeuds a quelques insuffisances. E n particulier,
forces élémentaires peuvent être e x p r i m é e s de les côtés de l ' é l é m e n t restent des lignes droites
manière analytique. Il est donc très facile de pro- au cours des déformations, ce qui peut être pré-
grammer cet élément et de construire autour de l u i judiciable pour décrire certaines géométries si la
un code de calcul aux éléments finis. densité des éléments n'est pas assez élevée. De

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plus, cet élément ne permet pas un calcul suffi- Élément de massif quadrangulaire à huit nœuds
samment rigoureux de la flexion. C e c i a incité
L ' é l é m e n t quadrangulaire à huit n œ u d s (quatre
certains auteurs à imaginer des éléments qua-
n œ u d s sommets et quatre points milieux sur les
drangulaires enrichis en flexion.
côtés) est aussi un élément quadratique (fig. l d ) .
M a l g r é cela, ces éléments permettent, dans de Les fonctions d'interpolation sont des formes
nombreux problèmes en comportement linéaire et quadratiques incomplètes (le terme Ç r) n'appa- 2 2

en milieu h o m o g è n e ou comportant peu de m a t é - raît pas dans les p o l y n ô m e s utilisés).


riaux différents, de raffiner les maillages sans
trop accroître la largeur de bande. E n revanche, i l Cet élément, de continuité C°, est le plus perfor-
n'en est pas de m ê m e lorsque les problèmes réels mant pour le calcul des structures de massifs bidi-
font intervenir des géométries complexes avec de mensionnels. Il permet de décrire d'une manière
nombreuses couches de sol, des comportements très satisfaisante les champs de déformations et de
parfois fortement non linéaires et des interactions contraintes. De plus, les résultats peuvent être
particulières entre les matériaux. Il est alors sou- améliorés par l'utilisation d'une intégration
vent plus simple, pour la modélisation, de faire réduite (à 2 x 2 points de Gauss) pour le calcul des
directement appel à des éléments assurant une intégrales et pour celui des gradients.
meilleure précision.
Éléments de massif tridimensionnels
élément de massif triangulaire à six nœuds
L e tétraèdre à quatre n œ u d s (pyramide à base
D'une manière générale, des éléments de haute triangulaire), comparable au triangle à trois
précision sont obtenus en ajoutant des n œ u d s sur n œ u d s en déformation plane, est l ' é l é m e n t tridi-
les frontières des éléments de base, triangulaires mensionnel par excellence. Les fonctions d'in-
ou quadrangulaires (fig. le). A i n s i , l ' é l é m e n t terpolation sont linéaires sur l'élément et, par
triangulaire à six n œ u d s (triangle à trois n œ u d s conséquent, les contraintes et les déformations y
sommets et trois points milieux sur les côtés) est sont constantes.
l ' é l é m e n t quadratique le plus simple. Les fonc-
tions d'interpolation sont des formes quadratiques Les autres éléments tridimensionnels usuels sont
complètes. E n déformation plane, les contraintes constitués par des pentaèdres ou prismes (à six,
et les déformations varient linéairement sur l'élé- quinze ou dix-huit n œ u d s ) et des hexaèdres (à huit,
ment, ce qui conduit à une meilleure description vingt ou vingt-sept n œ u d s ) (fig. 2). Les fonctions
des variations des contraintes. Il en est de m ê m e d'interpolation sont trilinéaires pour l ' é l é m e n t
pour les problèmes à symétrie de révolution. L a pré- hexaédrique à huit n œ u d s , trilinéaires en base
sence d'un noeud milieu sur chaque côté de l'élément incomplète pour l ' é l é m e n t pentaédrique à six
rend possible la description de contours géométriques n œ u d s , quadratiques en base complète pour les
courbes avec relativement peu d ' é l é m e n t s (notam- éléments tétraédriques à dix n œ u d s et hexaédriques
ment pour les tunnels) en autorisant la déformation à vingt-sept n œ u d s , quadratiques en base incom-
des côtés initialement droits ou courbes. plète pour l ' é l é m e n t hexaédrique à vingt n œ u d s .

Cet élément est bien adapté à la modélisation des Les performances relatives de ces éléments sont
problèmes de géotechnique. De plus, il est devenu d'un assez proches de leur homologue bidimensionnel.
emploi très aisé avec le développement des mailleurs A i n s i , l'élément hexaédrique à vingt n œ u d s est
automatiques et des procédés de renumérotation. l ' é l é m e n t le plus utilisé actuellement dans les mail-

Fig. 2 -
Éléments de massif
tridimensionnels
les plus couramment
utilisés.
a. Tétraèdre
à 4 nœuds (T4).
b. Hexaèdre
à 8 nœuds (H8).
c. Hexaèdre
à 2 0 nœuds (H20).
d. Pentaèdre
à 6 nœuds (P6).
e. Pentaèdre
à 15 nœuds (P15).

f. Pentaèdre
à 18 nœuds (P18).

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lages tridimensionnels, comme l ' é l é m e n t qua-
drangulaire à huit n œ u d s pour les p r o b l è m e s
bidimensionnels (plan et symétrie de révolution).
Cet élément, associé à une intégration réduite (à
2 x 2 x 2 points de Gauss) pour le calcul des gra-
dients, conduit à de bons résultats.

Association d'éléments de massif


avec d'autres types d'éléments finis
A u sein d'un m ê m e modèle, les éléments de
massif peuvent être associés à d'autres types
d ' é l é m e n t s compatibles comme les éléments de
poutre, de coque, de plaque, les éléments de
contact ou encore des éléments de fond de fis-
sure (fig. 3). L a compatibilité entre les éléments
concerne à la fois l'interpolation du champ de
d é p l a c e m e n t et l'interpolation de la (ou des)
rotations (s). Cette compatibilité doit être parfai-
tement cohérente : elle peut être assurée par des
relations linéaires entre les degrés de liberté ou
par des éléments de transition. Fig. 3 - Exemples d'association d'éléments de massif
avec d'autres types d'éléments finis.

(a)
Éléments
de massif de haute précision
Tous les éléments présentés ci-dessus sont des
éléments de continuité C°, ce qui signifie que les
déformations ne sont pas continues d'un élément
Lagrange cubique Lagrange cubique
à l'autre. Pour améliorer la précision des éléments complet incomplet
et la continuité des déformations, des éléments de
massif plus performants ont été développés. Ces
éléments de haute précision permettent une repré- (b)

sentation non linéaire des variations des


contraintes sur l'élément. Ils peuvent être u 2

construits de deux manières différentes : "1.1


U
1,2
>- soit en augmentant le nombre de n œ u d s et en u
2,1
u
conservant le nombre de degrés de liberté par 2,2 C

noeud ; ces éléments sont de type Lagrange et de Hermite cubique Hermite cubique
continuité C° (fig. 4a) ; complet incomplet
>- soit en conservant le nombre de n œ u d s et en
augmentant le nombre de degrés de liberté par a. Eléments de type Lagrange b. Éléments de type
n œ u d . Cette opération est effectuée généralement Hermite.
en ajoutant les gradients de déplacements aux
inconnues du p r o b l è m e . Ces éléments sont de type Fig. 4 - Exemples d'éléments de massif
1 1
de haute précision.
Hermite (fig. 4b) et de continuité semi-C ou C .
Naturellement, i l est possible de combiner ces Par ailleurs, les éléments de type Hermite (avec
deux techniques pour construire d'autres éléments continuité des déplacements et des déformations)
de haute précision. Toutefois, dans le cas de la posent un p r o b l è m e d'utilisation en géotechnique.
géotechnique, i l est assez .rare d'utiliser des élé- E n effet, l'immense majorité des p r o b l è m e s fait
ments de degré supérieur à celui des éléments qua- intervenir des massifs de sol hétérogènes et donc
dratiques. Certains auteurs conseillent d'employer de multiples interfaces entre des matériaux diffé-
des éléments triangulaires à douze ou quinze rents. Or, les équations de la m é c a n i q u e des
n œ u d s pour les p r o b l è m e s bidimensionnels, mais milieux continus n'imposent pas la continuité des
cette pratique n'est pas habituelle et s'applique à contraintes à ces interfaces, mais seulement la
des m o d è l e s plutôt simplifiés (bidimensionnels et continuité du vecteur ( ( 7 ^ ) , avec (n^ le vecteur nor-
quasiment h o m o g è n e s ) et non à des m o d è l e s com- mal à l'interface. Cette difficulté peut être levée
plexes (a fortiori tridimensionnels). par des traitements particuliers aux interfaces.

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Fig. 5 -
Quelques éléments
de massif particuliers
a Éléments infinis
b Eléments
de fissuration.
c. Élément pour l'étude
(a) (b) des écoulements.
d. Élément
de transition.
Elément de transition
Quadrilatère
à 8 nœuds
Surface libre
Quadrilatère
Zone saturée à 4 nœuds

(c) (d)

Quelques éléments tion différents : par exemple, des éléments trian-


de massif particuliers gulaires à trois n œ u d s (pour une région située
relativement loin de la zone sollicitée) et des élé-
Les éléments de massif sont donc des éléments ments quadrangulaires à huit n œ u d s . Ce type
généraux qui imposent notamment des limites d'assemblage nécessite des éléments de transi-
finies à la géométrie du milieu modélisé. Ils ne tion qui assurent une compatibilité entre les
sont pas forcément adaptés au traitement de cer- interpolations (fig. 5d). De tels éléments sont
tains problèmes de fondations ou d'interactions assez peu e m p l o y é s pour la résolution des pro-
sol-structures (statique ou dynamique) pour les- blèmes bidimensionnels. E n revanche, pour les
quels i l peut être important d'imposer des condi- problèmes tridimensionnels, ils permettent de
tions aux limites à l'infini. Des éléments particu- réduire notablement le nombre d'inconnues.
liers sont alors proposés pour prendre en compte
les variations des inconnues j u s q u ' à l'infini (par
exemple, champ de déplacements nul à l'infini).
Construire
Ces éléments particuliers sont appelés éléments
infinis et possèdent une longueur infinie dans un maillage d'éléments finis
une ou plusieurs directions (fig. 5a).
D'autres éléments particuliers sont utilisés pour Règles générales pour la construction
traiter les problèmes suivants : des mai liages
>- pour les problèmes de fissuration : des élé- U n maillage d ' é l é m e n t s finis de massif doit tenir
ments finis sont transformés pour tenir compte compte de l'essentiel de la géométrie de la struc-
de la singularité des déplacements en fond de fis- ture (y compris les singularités : courbures et cas-
sure. U n de ces éléments est construit à partir sures) et des couches de sol mises en évidence par
d'un élément quadrangulaire à huit n œ u d s en les reconnaissances (hétérogénéité des matériaux,
confondant les trois n œ u d s d'un côté en un n œ u d présence de discontinuités). M a i s un maillage doit
unique. L ' é l é m e n t apparaît alors sous la forme être aussi le fruit d'un compromis entre la capacité
d'un triangle. Cette technique fournit un champ de calcul disponible (nombre maximal de degrés
singulier en fond de fissure (fig. 5b) ; de liberté) et la précision acceptable sur les résul-
>- pour les problèmes d ' é c o u l e m e n t dans un tats numériques. L e maillage de compromis doit
milieu indéformable avec recherche de la posi- être construit en considérant les points suivants :
tion de la surface libre : des éléments finis spéci-
fiques sont conçus pour être traversés par la sur- 5=- toutes les symétries compatibles avec le pro-
face libre. L a surface de l ' é l é m e n t est alors b l è m e m é c a n i q u e (géométrie, conditions limites,
partagée en deux zones : une zone avec p e r m é a - chargements) doivent être utilisées afin de
bilité en dessous de la surface libre et une zone à réduire la taille du système étudié ;
perméabilité nulle, ou très faible, au-dessus de la >- le maillage doit être suffisamment fin dans
surface libre (fig. 5c). les zones les plus sollicitées, c'est-à-dire dans les
zones où les plus fortes variations des déplace-
A f i n d'optimiser la taille d'un p r o b l è m e , i l peut ments et des contraintes sont attendues. Ces
être intéressant de mélanger dans un m ê m e mail- variations sont occasionnées soit par un charge-
lage des éléments ayant des degrés d'interpola- ment important, soit par la présence d'une singu-

B U L L E T I N D E S L A B O R A T O I R E S D E S P O N T S E T C H A U S S É E S - 212 - N O V E M B R E - D É C E M B R E 1997 - R É F . 4161 - PP. 39-64 43


larité géométrique (angle vif, changement D'autres algorithmes (post-processeurs) plus
d ' é p a i s s e u r ) , soit par des contours géométriques récents proposent un raffinement automatique
à forte courbure (cavité), soit encore par des en cours de calcul (par exemple, pour le traite-
caractéristiques m é c a n i q u e s localement plus fai- ment des grandes déformations). Cependant,
bles ou plus fortes par rapport à celles du milieu ces algorithmes ne sont pas encore très
environnant (inclusion, renforcement, effet de la répandus dans les codes de calcul. A u s s i , en
loi de comportement) ; pratique, l'ingénieur doit-il savoir décider de
>- la taille des éléments doit rester, dans la l'arrêt du raffinement.
mesure du possible, telle que le rapport de la
plus grande dimension de l ' é l é m e n t sur sa plus
petite dimension soit proche de l'unité. E n par- Forme et taille des éléments finis
ticulier dans les zones de forts gradients, les dans les maillages
triangles doivent ressembler le plus possible à L a réalisation des maillages nécessite souvent
des triangles équilatéraux, les quadrilatères à de faire varier la forme et la taille des éléments
des carrés et les hexaèdres à des cubes pour ne pour décrire les structures de massif. Les élé-
pas introduire de perturbation dans les calculs ments peuvent donc être déformés et avoir des
n u m é r i q u e s (distorsion des éléments) ; longueurs de côté inégales. S i ces déformations
dans les zones moins sollicitées, des éléments ou distorsions deviennent trop importantes, des
de taille plus importante sont généralement mis problèmes n u m é r i q u e s peuvent compliquer la
en place pour atteindre les frontières extérieures. résolution.
Il n ' y a pas de règle précise pour augmenter la
taille des éléments, i l suffit d'assurer une aug-
Forme des éléments
mentation progressive et régulière loin des zones
sensibles ; par exemple, en doublant la surface S i la représentation des bords d'une structure
des éléments adjacents suivant des lignes diri- exige de donner une courbure aux éléments de
gées vers les frontières. frontière, les côtés des éléments des couches
intérieures doivent rester droits, ou parallèles
Pour les p r o b l è m e s bidimensionnels, les mail- aux lignes d ' é g a l e s contraintes. Dans les zones
leurs automatiques peuvent facilement être uti- de fortes sollicitations, la géométrie des éléments
lisés, m ê m e au voisinage de singularités. E n doit se rapprocher au maximum de celles des
revanche, pour les problèmes tridimensionnels, éléments de référence (triangle rectangle isocèle,
les maillages raffinés sont difficiles à réaliser : carré, cube, etc.). Pour respecter cela, i l faut bien
bien des raffinements ne sont pas envisageables sûr prévoir dans le maillage des espaces de tran-
car la taille des systèmes matriciels peut très sition entre les régions où un raffinement est
vite dépasser la capacité des ordinateurs actuels nécessaire et celles où i l n'est pas utile (faible
(notamment pour des calculs non linéaires gradient de contrainte).
complexes). Par conséquent, la modélisation est
Ces considérations qualitatives rejoignent en
fréquemment plus approximative dans le cas
fait la condition du jacobien positif, qui assure
tridimensionnel que dans le cas bidimensionnel :
que la transformation liant l ' é l é m e n t fini dans
autrement dit, les maillages tridimensionnels
le maillage à l ' é l é m e n t de référence est une
sont souvent plus grossiers que les maillages
bijection. Pour que cette condition soit respec-
bidimensionnels.
tée, i l ne faut pas que l ' é l é m e n t soit trop
déformé, ni tordu. Il convient donc d'éviter
certaines formes inadaptées ou certaines dispro-
Maillages fins et grossiers portions des éléments.
Les termes de « maillage grossier » et de « mail-
lage fin » sont relatifs et i l n'est possible d'af- Distorsion des éléments
firmer qu'un maillage est suffisamment fin pour
E n pratique, les valeurs acceptables pour les
traiter un p r o b l è m e que parce que l'ingénieur
angles ou pour les longueurs d ' é l é m e n t s dépen-
possède déjà l ' e x p é r i e n c e de ce type de calcul ou
dent du p r o b l è m e physique traité (échelle de
q u ' i l a déjà effectué une autre modélisation avec
modélisation, linéarité, plasticité, statique, dyna-
un maillage plus raffiné. S i la différence entre
mique, etc.). N é a n m o i n s , plusieurs auteurs indi-
les résultats est faible, le raffinement n'est pas
quent que les angles internes des éléments doi-
nécessaire. E n revanche, si des différences signi-
vent rester compris entre 15 et 165°. L a figure 6
ficatives apparaissent, le raffinement est indis-
présente des éléments droits et courbes avec des
pensable et l ' é t u d e doit être poursuivie avec un
angles internes inacceptables.
maillage plus raffiné. Sans procéder à un remail-
lage et à un second calcul, certains algorithmes Pour les éléments quadratiques, les n œ u d s inter-
permettent d'obtenir une estimation de l'erreur médiaires sont de préférence situés au milieu des
commise a priori à partir d'un maillage d o n n é . côtés des éléments.

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Dimensions des éléments ments, un rapport de forme de 10 est un
B i e n que liées aux angles, les dimensions des élé- maximum et que, pour obtenir une solution cor-
ments sont des paramètres fondamentaux pour la recte en contraintes, le rapport de forme ne doit
construction des maillages et, notamment, le rap- pas dépasser 3. Dans les régions à comportement
port de la plus grande dimension de l'élément à la non linéaire, i l semble préférable d'avoir un rap-
plus petite. Ce rapport est appelé rapport déforme port de forme plus faible que dans les régions
(aspect ratio dans la littérature anglo-saxonne). qui demeurent en comportement linéaire.
Les dimensions significatives sont, par exemple,
les longueurs des côtés pour les quadrilatères et les Dimensions des éléments adjacents
longueurs et les hauteurs pour les triangles (fig. 7).
Par ailleurs, des considérations énergétiques per-
Comme pour les angles, les valeurs acceptables mettent de démontrer que les tailles des éléments
du rapport de forme dépendent de la nature du adjacents ne doivent pas excéder un rapport global
p r o b l è m e . Toutefois, l'expérience montre que, de 2. Cette règle donne un moyen simple de réaliser
pour obtenir une solution correcte en déplace- des maillages fins avec une certaine confiance.

Fig. 6 - Eléments finis


de massif
avec des angles
internes inadmissibles
(Reddy, 1993).

Fig. 7 - Dimensions
des éléments finis
pour le calcul
du rapport de forme.

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Autres règles pour les problèmes férable de calculer les contraintes à l'intérieur
hydrauliques et dynamiques d'un élément, afin d'éviter les imprécisions dues
D'autres règles existent pour les problèmes aux contributions des éléments voisins.
dynamiques et les problèmes de diffusion. Ces Pour les éléments finis quadratiques, l ' e x p é -
règles associent alors la dimension caractéris- rience numérique montre que les gradients de
tique des éléments avec les pas de temps ou les déplacements (ou d'une autre inconnue nodale)
longueurs d'onde pour prendre en compte les sont les plus précis en certains points internes à
variations des inconnues du p r o b l è m e physique l'élément, parfois moins nombreux que les
et éviter les oscillations numériques. points d'intégration n u m é r i q u e nécessaires au
calcul des matrices de rigidité élémentaires
(points de Gauss, points de Hammer, etc.). Ces
Remarques sur le choix des éléments finis
points internes sont souvent appelés points d'in-
L e choix des éléments finis constitue l'un des tégration réduite, notamment dans le cas des
aspects essentiels de la modélisation : i l est lié au quadrilatères à huit n œ u d s .
code de calcul dont dispose l'ingénieur, au type
d'analyse effectué et à la capacité de son ordina- L a précision sur le calcul des contraintes est fonda-
teur. A i n s i , un maillage peut fournir de bons mentale lorsque le comportement des matériaux
résultats pour un type d'analyse et de mauvais est non linéaire. E n effet, l'algorithme de résolu-
résultats pour un autre type. De plus, pour une tion itératif nécessite le calcul des forces internes
analyse d o n n é e , par exemple en m é c a n i q u e stati- correspondant à l'état de contraintes régnant dans
que, un maillage peut donner de bonnes valeurs le maillage. Ces forces dépendent de l'ensemble
de d é p l a c e m e n t s et des contraintes très incorrec- des quantités non linéaires nécessaires à l'expres-
tes. C e dernier point s'explique par le fait que les sion de la l o i de comportement. Il est donc indis-
contraintes et les déformations sont d'un ordre pensable de déterminer ces quantités et les
d'interpolation inférieur aux déplacements. contraintes avec la meilleure précision possible.

Par conséquent, le critère de choix des éléments, Quant à l'estimation des gradients sur les fron-
prépondérant en m é c a n i q u e statique, est une tières du domaine étudié, peu d ' é l é m e n t s finis
bonne représentation du champ des contraintes permettent de les obtenir de façon satisfaisante à
dans les structures étudiées et dans les massifs de moins d'avoir mis en place une discrétisation
sol. C e critère élimine donc les éléments à fonc- très fine. Des techniques de lissage sont utilisées
tion d'interpolation linéaire, bilinéaire ou trili- par certains codes de calcul, car ces gradients
néaire (ce qui correspond au triangle à trois sont importants, par exemple, pour la détermina-
n œ u d s , au quadrilatère à quatre n œ u d s , au tion des forces appliquées qui simulent le creuse-
tétraèdre à quatre n œ u d s , au pentaèdre à six ment des terrains.
n œ u d s et à l ' h e x a è d r e à huit n œ u d s ) . Les élé-
ments conseillés sont alors les éléments qui L a technique de l'intégration réduite présente un
prennent en compte une variation véritablement inconvénient si elle est utilisée pour le calcul des
linéaire des contraintes (ce qui correspond au matrices de rigidité élémentaires. E n effet, cette
triangle à six n œ u d s , au quadrilatère à huit technique peut entraîner des singularités dans les
n œ u d s , au tétraèdre à dix n œ u d s , au pentaèdre à matrices de rigidité et donc générer des m é c a -
quinze n œ u d s et à l ' h e x a è d r e à vingt n œ u d s ) . nismes artificiels qui conduisent à des résultats
aberrants. Il est donc parfois conseillé de distin-
Toutefois, pour certaines modélisations tridimen- guer entre les points d'intégration pour le calcul
sionnelles complexes, i l est pratiquement impos- de la matrice (par exemple, 3 x 3 points de
sible d'utiliser des éléments quadratiques car ceux- Gauss pour le quadrilatère à huit n œ u d s ) et les
ci conduisent rapidement à des systèmes algébri- points d'intégration pour le calcul des
ques trop importants, d ' o ù l'intérêt de faire appel à contraintes ( 2 x 2 points de Gauss pour le qua-
des éléments de transition pour combiner des élé- drilatère à huit n œ u d s ) .
ments linéaires (dans les zones à faible variation
de contraintes) avec des éléments quadratiques
(dans les zones à forte variation de contraintes). Maillage et calcul des contraintes
aux nœuds
S i le calcul non linéaire est effectué aux points
Calcul des contraintes à l'intérieur
d'intégration, l'exploitation des résultats est sou-
des éléments finis
vent facilitée par la connaissance des contraintes
E n élasticité linéaire, les contraintes calculées et des gradients aux nœuds de la modélisation.
directement aux noeuds d'un élément (à partir L a transformation des résultats du calcul est réa-
des dérivées partielles du champ de déplace- lisée par une interpolation inverse et une
ment) ne sont pas en général satisfaisantes, sauf moyenne en chaque noeud des contributions des
pour des maillages très raffinés. Aussi est-il pré- éléments adjacents.

46 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
Cette transformation introduit é v i d e m m e n t des du bord de la cavité, car la contrainte tangen-
incertitudes supplémentaires dans les zones où la tielle théorique varie très rapidement d'un point
densité du maillage n'est pas assez fine, mais elle à un autre (fig. 9b), selon les valeurs des
peut aussi masquer l'intensité de l a discontinuité modules d ' Y o u n g et de cisaillement G .
du champ de contraintes et lisser les contraintes en
Par raison de symétrie, seul un quart de la cavité
écrêtant les valeurs au voisinage des singularités.
est étudié. Deux maillages ont été réalisés : un
premier maillage comporte dix éléments qua-
Maillage et lois de comportement drangulaires à huit n œ u d s sur le bord de la cavité
et un second maillage, quarante éléments du
L e rapport de forme adéquat et la finesse du mail- m ê m e type (fig. 9c et 9d).
lage dépendent également de la l o i de comporte-
ment (variation des contraintes). C e c i signifie Pour différentes valeurs de G , le tableau I
qu'un m ê m e maillage, à moins d'être suffisam- montre l'erreur commise, par rapport à la solu-
ment fin, ne peut pas servir a priori pour étudier tion analytique, sur les contraintes tangentielles
l'influence de diverses lois de comportement. aux points extrêmes du quart de la cavité (re-
pérés par G = 0° et G = 90°). A i n s i , malgré un
Par exemple, un maillage qui fournit de bons résul- maillage très fin (fig. 9c), la solution par élé-
tats (déplacements et contraintes) en comporte- ments finis s'éloigne de la solution analytique
ment isotrope peut conduire à des résultats non lorsque le module de cisaillement G diminue.
satisfaisants en comportement anisotrope. L a
E n comportement isotrope, les deux maillages
linéarité de comportement ne concerne que la rela-
conduisent aux résultats exacts avec une très
tion entre les contraintes et les déformations ; la
grande précision. Cet exemple prouve ainsi q u ' i l
relation entre les contraintes et les coordonnées
peut être imprudent d'utiliser le m ê m e maillage
peut être très complexe et fortement non linéaire.
pour une étude en comportement linéaire iso-
C'est notamment le cas en comportement aniso-
trope et une étude en comportement linéaire ani-
trope. L a figure 8 présente l'influence de la direc-
sotrope. L a modélisation d'un massif anisotrope
tion d'anisotropie sur les isovaleurs de contrainte
nécessite donc de réaliser plusieurs calculs avec
verticale dans un massif semi-infini soumis à l'ac-
des maillages de densité différente ou d'avoir
tion d'une force linéique. Cette figure montre
recours à des indicateurs d'erreurs.
clairement q u ' i l est nécessaire de mailler en tenant
compte de cette direction privilégiée et, notam-
ment dans certains cas d'anisotropie, de mailler Maillage et singularités
finement j u s q u ' à une profondeur importante.
L a grande majorité des modèles d'ouvrages de
De manière plus quantitative, un exemple inté- génie c i v i l présentent des singularités dues aux
ressant est fourni par le calcul de la contrainte angles vifs, aux variations d'épaisseur des struc-
tangentielle autour d'une cavité circulaire sou- tures, aux cavités, aux renforcements et autres
mise à une traction uniforme dans un milieu types d'inclusion, aux conditions aux limites et
élastique linéaire et anisotrope (orthotropie de aux changements de caractéristiques mécaniques
révolution) (fig. 9a). Pour obtenir des résultats (hétérogénéité des matériaux, non-linéarité de
satisfaisants, i l faut mailler très finement autour comportement des matériaux) (fig. 10).

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 47
(a) (b) (c) (d)

a. Cavité dans un milieu infini élastique orthotrope linéaire (propriétés différentes dans les directions X e t x ? ) - b. Variation de la contrainte
1

tangentielle autour de la cavité (solution analytique, Lekhnitskii, 1963) - c. Vue d'ensemble du maiilage utilise - d. Mailiage de quarante élé-
ments Q8 sur le bord de la cavité.

Fig. 9 - Cavité dans un milieu infini et exemples de maiilage.

TABLEAU I
Variation de la contrainte tangentielle calculée en fonction de G

6 = 0° e = 90°
G
(MPa)
Solution exacte CÉSAR-LCPC Solution exacte CÉSAR-LCPC

250 1,0103 1,0016 1,0140 0,9988

125 1,5748 1,5555 1,7853 1,7436

100 1,8105 1,7842 2,1073 2,0476

162,50 2,4133 2,3603 2,9309 2,8011

131,25 3,6310 3,4704 4,5947 4,1893

125 4,1267 3,8963 5,2720 4,6967

Singularité géométrique Singularité géométrique Singularité géométrique


(ouvrages souterrains) Hétérogénéité (Paroi moulée) (fondation rigide)

Fig. 10 - Exemples de singularité dans les structures de génie civil.

48 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
Lorsqu'un milieu est c o m p o s é de plusieurs maté- L a présence d'une singularité peut donc donner
riaux, certaines composantes du champ de lieu à des concentrations de contraintes et
contraintes sont discontinues aux interfaces entre entraîner une plastification, voire la rupture, de
les matériaux. E n effet, d'un point de vue m é c a - la zone qui entoure la singularité. L'intérêt de
nique, seule la quantité (o n) est continue à l ' i n -
Vj
l'analyse en plasticité, si la zone plastique reste
terface, avec (nj) le vecteur normal à l'interface. stable (plasticité contenue), est de limiter les
C'est la singularité la plus courante en méca- contraintes à des valeurs finies.
nique et i l suffit de raffiner le maillage aux inter-
S i l'ingénieur s'intéresse précisément à ce q u ' i l se
faces pour décrire de manière satisfaisante les
passe au voisinage d'une singularité (en fond de
variations des contraintes.
fissure, par exemple), i l peut utiliser des éléments
finis spécialement conçus pour décrire les champs
Toutefois, le traitement des interfaces à tan-
de contraintes et de déplacements dans ces zones.
gentes discontinues est délicat : c'est notamment
le cas des angles vifs. E n effet, lorsque le com- Cependant, i l peut être avantageux d'arrondir les
portement est élastique, les valeurs des angles vifs dans un maillage (fig. 11). Les
contraintes sont théoriquement infinies au point valeurs de contraintes sont alors théoriquement
de singularité (au sommet d'un angle vif). E n un finies, et les résultats aux points singuliers ont
tel point, les valeurs calculées ne sont pas signi- une signification. M a i s la variation des
ficatives mais, à une faible distance, la précision contraintes au voisinage de la singularité peut
devient acceptable si le maillage est assez fin. être loin de la variation de la solution exacte.
A u voisinage de la singularité, seules sont signi- Cette technique est pratiquement impossible à
ficatives les intégrales de contraintes (moments mettre en œ u v r e dans le cas de géométries com-
et efforts) dans certaines sections : ceci est plexes et de modélisations tridimensionnelles.
important car ce sont ces quantités qui intéres-
sent l'ingénieur pour le dimensionnement des
ouvrages ou qui sont représentatives de la m o d é -
lisation de certains problèmes particuliers (calcul
Conseils pour la construction
des forces aux frontières pour simuler des exca- des maillages d'ouvrages
vations dans les massifs de sol). de géotechnique

Il est à noter également qu'aux points singuliers,


la contrainte maximale calculée augmente en Recommandations générales
valeur absolue avec le degré du p o l y n ô m e des
L'analyse par éléments finis nécessite la réalisa-
fonctions d'interpolation.
tion d'un maillage et la prise en compte de condi-
tions aux limites du domaine étudié : déplace-
ments, contraintes, pressions interstitielles ou
températures imposés. Ces conditions peuvent se
trouver à une distance « finie » (liaison ou sub-
stratum rigide, obstacle empêchant un déplace-
ment) ou « infinie » (déplacement nul à l'infini,
état de contraintes imposé). L e plus souvent, les
maillages sont construits uniquement avec des élé-
ments finis ; ceci est possible car les effets d'un
chargement statique décroissent rapidement avec
la distance du point (ou de la zone) d'application.
Des études paramétriques permettent alors de
déterminer l ' é t e n d u e minimale du milieu à m o d é -
liser pour que l'effet des chargements ne soit pas
perturbé par ces conditions aux limites. C e type de
conseils n'est é v i d e m m e n t plus valable si un obs-
tacle quelconque existe à proximité de l'ouvrage.

Pour les calculs en plusieurs étapes, très fréquents


en géotechnique, i l faut distinguer dès la concep-
tion du maillage toutes les zones de massif qui
vont progressivement changer de matériau au
cours de la simulation des travaux : creusement,
remblaiement, pose d'un revêtement, construction d'un
mur, etc. Les configurations initiale, finale et inter-
médiaires doivent être représentées dans le maillage
Fig. 11 - Exemple d'angle vif arrondi
pour la modélisation. par leur géométrie et leurs interfaces éventuelles.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 49
Maillages d'éléments finis pour les fondations Cas d'une fondation superficielle isolée

L e maillage d'une fondation superficielle isolée,


Modèles d'éléments finis pour les fondations
placée dans un massif de sol homogène semi-infini,
Les m o d è l e s de fondations superficielles peuvent doit être réalisé en tenant compte des recomman-
être divisés en trois catégories : dations suivantes :
O les m o d è l e s en déformation plane (semelles >- les limites latérales du maillage (condition u =
filantes, radiers parallélépipédiques de grandes 0) doivent être fixées à environ 10 fois la largeur B
dimensions, etc.) ; de la fondation et la limite horizontale inférieure
© les m o d è l e s axisymétriques (fondations circu- (condition v = 0 ou u = v = 0) à au moins 6 fois B
laires, réservoirs cylindriques, etc.) ; sous la base de la fondation, pour que les condi-
© les m o d è l e s tridimensionnels lorsqu'aucune tions aux limites n'aient pas d'influence sur le
simplification g é o m é t r i q u e n'est possible (forte comportement de la fondation (fig. 12a) ;
hétérogénéité des couches de sol, plates-formes >- le maillage du massif de sol doit être relative-
pétrolières, fondation de centrale nucléaire, ment resserré dans les zones où de forts gradients
interactions tridimensionnelles avec d'autres risquent d'apparaître, c'est-à-dire au voisinage des
ouvrages, etc.). interfaces entre la fondation et le sol, et dans les

Fig 12 - Maillages = 6B
a i ' Itii.d.itnns ..ufti/V/f/'c».

a Dimensions conseillées
pour le maillage d'une fon-
dation isolée en déforma-
tion p.II.K n i fi/i jimirique.
b. Maillage axisymetnque
utilisé pour retrouver
la solution de Boussinesq
dans le cas d'une force
appliquée au centre
:'du m.i'&i* ' f i n nvu'i<- »10B
et 210 quadnlatères
a 8 nœuds).
c Maillage tridimensionnel
•* pour le calcul d'un bâtiment
et 'ta «-on iiM'jsif Jo fupdfi
bon (6 469 nœuds et
6 H'J"» fletidii'o •/olumi'i I O Ï
hnéatres, poutres et
coque;>

(a) (b)

50 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
régions situées à une distance inférieure à 2 fois Note : Un maillage grossier conduit généralement à
B autour de la base de la fondation ; une réponse charge-tassement trop raide et à une
estimation de la charge limite trop élevée par rapport
>• le rapport de forme (rapport de la plus grande à la solution exacte ou par rapport aux résultats
dimension d'un élément fini à la plus petite) fournis par un maillage raffiné.
devrait être limité à 5 pour les éléments proches
de la fondation (i.e. situés dans le domaine B x L Cas d'un pieu isolé dans un massif de sol
x B pour un modèle tridimensionnel, où L est la
longueur de la fondation, et B x B pour le cas
Modèles de pieu en déformation axisymétrique
bidimensionnel) ;
la largeur B (selon la direction horizontale) du L e maillage d'un pieu isolé, placé dans un
massif de sol h o m o g è n e semi-infini, doit être
premier élément de sol directement adjacent à la
réalisé en tenant compte des recommandations
fondation doit être au moins telle que B = 0,1B (à
suivantes :
la rigueur B = 0,2B), pour décrire de manière
satisfaisante les variations de la contrainte de >- les limites verticales du maillage (condition u = 0)
cisaillement aux bords de la fondation ; doivent être fixées à au moins 2 fois la longueur
>- lorsque la stratigraphie du sol, la géométrie L du pieu et la limite horizontale inférieure
de la fondation et celle de la structure, les (condition v = 0 ou u = v = 0) à au moins 2 fois
charges et les diverses conditions de liaison pos- la longueur L au-dessous de la pointe (3 L depuis
sèdent des symétries remarquables, i l faut en la surface), pour que les conditions aux limites
profiter pour simplifier le maillage ; en déplacements n'aient pas d'influence sur le
>- l'étude pour des charges inclinées ou verti- comportement du pieu (fig. 13a) ;
cales excentrées exige un maillage complet >- les interfaces entre le pieu et le sol (fût et
contrairement aux charges verticales centrées, pointe) sont représentées par des éléments finis
d'interface compatibles avec les éléments de
car une charge inclinée ne présente aucune
massif utilisés pour décrire le sol ;
symétrie particulière. De plus, cette inclinaison
>- le maillage d'un pieu isolé doit être relative-
peut entraîner l'apparition de zones en traction
ment resserré au voisinage des interfaces,
dans le sol, d ' o ù la nécessité de prendre en
c'est-à-dire à la pointe et le long du fût, où de
compte des éléments d'interface. L a base de la
forts gradients risquent d'apparaître ;
fondation peut alors se décoller du massif de sol
>- un m ê m e raffinement devrait exister sous la
sur une certaine longueur.
pointe dans la direction verticale vers le sub-
L a figure 12b présente un exemple de maillage stratum ou la condition limite inférieure ;
qui permet de retrouver à moins de 1% les >• le rapport de forme (rapport de la plus petite
valeurs de la solution analytique de Boussinesq dimension d'un élément à la plus grande) des élé-
en déformation plane (fondation filante) ou en ments proches du pieu devrait être limité à 1/5 ;
déformation axisymétrique (fondation circulaire) >• la largeur B (selon la direction horizontale)
(Mestat, 1994) et la figure 12c, le maillage tridi- du premier élément directement adjacent au pieu
mensionnel d'un bâtiment et du sol de fondation doit être au moins telle que B = 0 , l d , où d est le
(Humbert et Mestat, 1995). diamètre du pieu.

=2 L Fig 13 - Matllages
de fondations
profonde».
a. Dimensions
conseillées pour le
maillage d'un pieu
cylindrique isolé
(symétrie
de révolution),
h M.nlLiqp a/tsy
métrique (1 706
noeuds. 522 quadn-
latàres à 8 nœuds
et 22 éléments d'in-
terface à 6 nœuds)
c. Maillage axisy-
=2L mutnq.ii» avec zone
de transition sous
la pointe du pieu
(1 Iu9 nœuds
325 quadrilatères à
8 nœuds 12 triait
gles a 6 nœuds,
(a) 18 éléments d'inter-
(b) (c)
face à 6 nœuds).

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 51
i

Les figures 13b et 13c présentent deux exemples Modèles de pieu en déformation plane
de maillage axisymétrique pour un pieu cylin-
Dans la majorité des cas, à moins d'adopter une
drique isolé qui respectent globalement les recom-
nouvelle longueur équivalente, i l vaut mieux pri-
mandations précédentes : le premier maillage est
vilégier une équivalence sur la surface latérale.
réalisé uniquement avec des quadrilatères, tandis
Puis connaissant la valeur de r , i l faut affecter
0
que le second m é l a n g e des quadrilatères et des
au « matériau pieu » un module d ' Y o u n g , tel
triangles afin de créer une zone de transition per-
q u ' i l assure une rigidité équivalente à celle du
mettant de réduire le nombre des éléments vers les
pieu réel. Par exemple, en considérant que la
frontières extérieures (Frank, 1984).
déformation axiale doit être l a m ê m e , le module
Par ailleurs, dans la pratique, à F exception de certains équivalent vaut :
pieux en acier, les pieux sont rarement des cylindres
parfaits. Leur section peut varier avec la profon- _ (EA) p i e u

deur et n'est pas toujours circulaire ; des pieux de


section carrée, hexagonale, ou en forme de H sont
utilisés. Néanmoins, par commodité, un pieu isolé est où ( E A ) est la rigidité du pieu réel et A , la
p i e u

très souvent s u p p o s é cylindrique (à l a rigueur co- surface d'une section moyenne.


nique), plein et de section circulaire : des caractéris-
tiques équivalentes sont alors cherchées pour les Des modélisations en déformation plane ont été
surfaces, les modules et les densités en conservant géné- parfois utilisées dans le passé pour étudier l ' i n -
ralement les rigidités axiales, et les diamètres exté- teraction entre deux ou plusieurs pieux. M a i s ce
rieurs ou les longueurs des pieux réels. L e m o d è l e type de modélisation n'est pas réaliste, car les
d ' é l é m e n t s finis du pieu isolé est alors réalisé en sy- pieux apparaissent alors comme des « rideaux de
métrie de révolution (déformation axisymétrique). palplanches » ou comme des plaques de lon-
gueur infinie. L'interaction entre les pieux et le
L e choix du diamètre équivalent pose toutefois une sol ne peut donc pas être représentée de m a n i è r e
difficulté car i l n'existe pas de pieu circulaire qui, correcte. Aujourd'hui, la puissance des ordina-
pour une longueur identique à celle du pieu réel, ait teurs est devenue telle que les calculs tridimen-
à la fois la m ê m e surface latérale et la m ê m e surface sionnels sont à la portée des ingénieurs ; aussi,
en pointe. Il faut donc choisir de privilégier : une telle modélisation en déformation plane doit
soit la surface en pointe ou la surface moyenne. être absolument évitée.
Par exemple, un pieu en H , de longueur L et de
E n revanche, l ' é t u d e en déformation plane est
dimensions extérieures b et w (fig. 14), peut être
parfois e m p l o y é e pour analyser le comporte-
r e m p l a c é par un pieu cylindrique plein équivalent,
ment local d'une tranche de sol contenant une
de longueur L et de rayon r en posant l'égalité des
0
section de pieu. Par exemple, cette modélisation
sections :
convient bien à l'étude d'un pieu ou d'un
rcrg = bw groupe de pieux soumis à des charges latérales,
>- soit la surface latérale. L ' é g a l i t é des surfaces perpendiculaires à leur axe. L a g é o m é t r i e des
conduit à la relation : pieux est respectée dans le plan considéré, et i l
27tr L = S est facile d'obtenir un maillage fin autour de
0

l'interface (fig. 15).


où S est la surface latérale moyenne.
Modèles de pieu tridimensionnels
Une modélisation tridimensionnelle entraîne tou-
jours un effort important pour réaliser le mail-
lage et des temps de calcul relativement longs.
A i n s i , le maillage autour de l'interface entre le
sol et un pieu de section circulaire peut néces-
siter de nombreux éléments pour décrire correc-
tement la courbure réelle de la section et donc
conduire rapidement à des nombres d ' é l é m e n t s
et de n œ u d s excessifs, m ê m e pour les moyens
informatiques actuels.

Ces raisons poussent souvent les ingénieurs à sim-


plifier, parfois à l ' e x t r ê m e , le maillage des pieux et
Fig. 14 - du massif de sol, notamment dans les régions
Représentation
d'un pieu en H situées près des interfaces. Cette é c o n o m i e sur la
par un pieu de finesse du maillage se fait au détriment de la préci-
section circulaire
(Fleming et al., sion sur les résultats, et notamment sur celle
1992). concernant le champ de contraintes.

52 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
u =0

S e n s de
Pieu déplacement
du pieu

(b)

u =0
(a)

j p.t-n île -=ec»ion cJirún b f\tn. soc*'on cwnlcW

Fig. 15 - Maillages de pieu en déformation plane.

\ plupart des cas considérer. Quatre approches


peuvent être envisagées selon le type d ' é t u d e :
O une modélisation véritablement tridimension-
nelle pour un groupe de pieux avec ou sans chevê-
( tre, et avec la possibilité d'exploiter des symétries
remarquables (fig. 17a, 18b, 18c et 18d).
/ Malheureusement, le nombre élevé de pieux rend
souvent impossible l'élaboration d'un modèle
D
avec des pieux de section circulaire ou m ê m e octo-
(a) Pieu réel (b) Pieu modèle
gonale. Pour réaliser une modélisation raisonnable,
i l faut assimiler les pieux réels à des pieux de
a. Section circulaire » b. Section octogonale section carrée. Cette approximation n'a été « j u s t i -
T a m u r a et al 1'->P. fiée » que pour des pieux soumis à des charges
verticales ou peu inclinées ; des comparaisons
F / g . 7 6 - Représentation d'une section circulaire
par une section octogonale.
avec des calculs axisymétriques ont ainsi
d é m o n t r é que les résultats en déplacements sont
Pour éviter de telles modélisations grossières, la relativement peu affectés. E n revanche pour des
section d'un pieu (circulaire ou non, creux ou non) charges latérales, cette approximation peut
est fréquemment remplacée par une section poly- conduire à des erreurs non négligeables ;
gonale pleine équivalente. Cette approximation © une modélisation locale et bidimensionnelle
est utilisée pour la c o m m o d i t é qu'elle procure pour un groupe de pieux sans chevêtre. L e m o d è l e
dans la réalisation des maillages tridimensionnels. est une coupe transversale en déformation plane.
Des études paramétriques ont ainsi m o n t r é q u ' i l B i e n que chaque rangée de pieux ait son propre
est possible de représenter une section circulaire comportement, i l est parfois possible, selon le type
par une section octogonale associée à un maillage de chargement et la nature des couches de sol, de
particulier au niveau de l'interface, tout en conser- réduire l'étude du groupe à celui de deux types de
vant une précision satisfaisante (fig. 16). Les rangées : une rangée de pieux extérieurs au groupe
dimensions de la section sont déterminées en sup- et une rangée de pieux internes (fig. 17b et 18a).
posant que les produits E l et A E sont les m ê m e s L'utilisation des symétries et de conditions limites
que ceux des pieux réels (où E est le module en déplacements permettent de tenir compte de
d ' Y o u n g du matériau constituant le pieu ; I, l'espacement entre les files de pieux ;
l'inertie et A la section du pieu).
© une modélisation bidimensionnelle équivalente
d'une tranche verticale comprenant des pieux, le
Cas des groupes de pieux
chevêtre et éventuellement la structure. Les pieux sont
L a modélisation d'un groupe de pieux (inclinés supposés suffisamment proches pour qu'ils soient
ou non) est un p r o b l è m e très complexe, notam- représentés par un mur enterré de rigidité équivalente
ment à cause des multiples interactions et de la (fig. 17c). Cette approche est vraiment très parti-
géométrie tridimensionnelle q u ' i l faut dans la culière et n'est pas conseillée ;

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES • 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 53
(~

a. Modèles tridimensionnels (usage possible


des symétries).
b Modèles locaux en déformation plane
c. Modèle en déformation plane (les pieux
sont assimilés à des murs équivalents).

(a)

Rangées Structure

L/2
de pieux
Extérieurs
Chevêtre Ex I
L/2
•F Intérieurs J: L / 2
I
A
Direction
du :Ï:L/2
chargement Modèle étudié
Extérieurs
Groupe de pieux

(b) (c)

Fig. 17 - Modèles de groupes de pieux.

© une modélisation équivalente en déformation de l'excavation. Toutefois, cette distance est un


axisymétrique, dans un plan méridien. Par exem- peu élevée. E n effet, elle a été mise en évidence
ple, les pieux du groupe dont les centres respectifs pour une modélisation en élasticité linéaire (Ro-
passent par un m ê m e cercle sont assimilés à un dríguez, 1975), qui a tendance à exagérer certains
tore équivalent de section rectangulaire (fig. 19). effets et à propager trop loin les déformations, tant
L ' é p a i s s e u r de chaque tore est déterminée pour en dessous de l'ouvrage que latéralement. Aussi,
que sa section soit égale à la somme des sections pour des calculs en élastoplasticité, les limites ver-
des pieux q u ' i l représente et sa hauteur est égale à ticales du maillage peuvent être r a m e n é e s à
celle des pieux. Les caractéristiques d ' a d h é r e n c e environ 6 fois la hauteur de l'excavation, ce qui
le long d'un tore sont estimées pour que le frotte- correspond aux observations effectués sur les
ment total soit le m ê m e que celui généré par les ouvrages réels (Burland et al., 1979) ;
pieux réels. L e module d ' Y o u n g équivalent d'un
>• la limite horizontale inférieure (condition v =
tore est obtenu en écrivant que les rigidités
0 ou u = v = 0) à au moins 4 fois la hauteur de la
axiales du tore et des pieux sont égales.
fouille. Lorsque le substratum rigide est situé à
B i e n que les équivalences bidimensionnelles sup- une grande profondeur, cette distance est suffi-
posent de nombreuses approximations et présentent sante. E n revanche, si le substratum est relative-
de sérieuses limitations (notamment en ce qui con- ment proche de la surface, c'est sa position qui
cerne les mouvements du sol au sein du groupe), elles impose la limite inférieure (fig. 20a) ;
sont encore f r é q u e m m e n t u t i l i s é e s car elles con- >- le maillage doit être relativement resserré
duisent à des modèles numériques moins importants autour de la fouille, c'est-à-dire le long de la
en termes de nombres de n œ u d s et d ' é l é m e n t s . paroi et sous le fond de fouille pour représenter
de manière satisfaisante les concentrations de
contraintes provoquées par les singularités géo-
Maillages d'éléments finis
métriques (coin de l'excavation, changement de
pour les ouvrages de soutènement
géométrie, problèmes de courbure, etc.) ;
Cas d'une excavation non soutenue >- s ' i l existe des symétries dans l'ouvrage (écran
et fouille) et dans le massif de sol, i l faut les uti-
L e maillage d'une excavation non soutenue doit liser pour réduire la taille de la modélisation.
être réalisé en tenant compte des recommanda- A i n s i , en déformation plane, i l suffit bien sou-
tions suivantes : vent de considérer la moitié de l'ouvrage et
>- les limites verticales du maillage (condition u = d'imposer des déplacements horizontaux nuls sur
0) devraient être fixées à environ 10 fois la hauteur la ligne de symétrie.

54 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
Note : La rigidité de la couche située sous le fond de Cas d'un mur de soutènement gravitaire
fouille a une grande influence sur les mouvements du
sol. L e maillage d'un mur de soutènement gravitaire
doit être réalisé en tenant compte des recomman-
L a figure 20b présente un exemple de maillage dations suivantes :
utilisé pour l'étude de la stabilité d'une excavation >- la frontière latérale à l'amont du mur (condi-
non soutenue. tion u = 0) doit autoriser le développement du

(a)
6 D à 10D 2H à 5H

= 4D L

>4L

(a)

Fig. 21 - Maillages d'un mur gravitaire.


Dimensions conseillées pour le maillage.

3 ^ l'inclinaison de la fouille et/ou du remblai et


le nombre de couches ou de niveaux d'excava-
tion contrôlent la taille et la forme des éléments
(b) finis ;
>*• des études paramétriques ont m o n t r é que le
a Dimensions conseillées pour le mailtage d'une exca- rapport de forme (rapport de la plus grande
vation non soutenue - b. Maillage avec des quadrilatères
à 8 nœuds. dimension d'un élément à la plus faible) devrait
être de 5 au maximum dans les zones les plus
Fig. 20 - Maillages d'excavation en déformation plane. sollicitées et d'environ 10 loin de ces zones ;
3=- resserrer le maillage dans les régions où des
concentrations de contraintes sont attendues,
m é c a n i s m e de rupture, qui théoriquement peut
notamment autour du mur.
occuper une zone limitée par un plan incliné
d'un angle 6 à partir du pied du mur. Cet angle E n déformation plane, i l n'y a pas de symétrie
est généralement supérieur à 4 5 ° . Il convient exploitable par rapport à l'ouvrage, puisque le
donc de placer cette frontière latérale à au moins comportement à l'amont (excavation ou remblaie-
2 fois la hauteur du mur (fig. 21). O n conseille ment) et à l'aval (remblaiement) sont différents.
n é a n m o i n s de placer cette frontière à 4 ou 5 fois
la hauteur du mur ; L a figure 22 décrit le maillage utilisé pour la
>~ la frontière latérale à l'aval du mur (condition u = modélisation en déformation plane du r e m p i è t e -
0) est fixée à une distance au moins égale à 3 fois la ment d'un quai par un rideau de palplanches
hauteur du mur (fig. 21) ; (Mestat et Delattre, 1996). L e maillage complet
5 ^ la frontière inférieure (condition v = 0 ou u = v intervient uniquement dans le premier calcul
= 0) est fixée au m i n i m u m à 4 fois la largeur du pour générer l'état initial du massif de sol.
mur afin de décrire les variations du champ de Ensuite, pour chaque étape de calcul (excava-
contraintes autour du mur. Lorsque le substratum tion, construction du mur gravitaire, remblaie-
rigide est situé à une grande profondeur, cette dis- ment, etc.), seuls les éléments actifs intervien-
tance est suffisante. E n revanche, si le substratum nent et permettent ainsi de simuler la
est relativement proche de la surface, c' est sa posi- construction de l'ouvrage. Les éléments actifs
tion qui impose la limite inférieure (fig. 21) ; forment un maillage différent à chaque étape.

56 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
riq - Maillage

rempietement de
qua 111-93 nrwa
W éléments'

a Vue générale.
b. Vue agrandie
riutou' chj mur
(a) et du rideau
de palplanches.

(b)

Cas d'un rideau de palplanches Note : La prise en compte d'éléments d'interface entre
ou d'une paroi moulée le rideau et le massif de sol est un point essentiel pour
la modélisation. En effet, sans ces éléments, le sol der-
L a plupart des recommandations énoncées pour rière le rideau a tendance à se soulever comme le
les murs gravitaires sont également valables pour rideau, car il est entraîné par les forces d'excavation.
les rideaux et parois. Seuls sont précisés quel- Cette cinématique n 'est pas conforme aux observa-
tions faites habituellement pour ce type d'ouvrage. En
ques points particuliers : revanche, des éléments d'interface sol-rideau permettent
3 ^ la frontière verticale à l'amont doit être fixée d'obtenir une cinématique conforme aux observations ;
à au moins 5 fois la hauteur totale de l'écran de le sol se tasse derrière l'écran et la tête de la paroi se
déplace vers l'excavation.
soutènement ;
>- la frontière verticale à l'aval dépend de la
géométrie du site. Sans indication particulière, la Cas d'un mur de soutènement en sol renforcé
frontière doit être fixée à au moins 3 fois la hau-
teur de l'écran ; L e maillage d'un mur de soutènement en sol ren-
s*- l'écran de soutènement peut être représenté forcé doit être réalisé en tenant compte des
en déformation plane par des éléments de poutre recommandations suivantes :
ou de massif. D ' u n e manière générale, les élé- »- la frontière latérale à l'amont (condition u =
ments de massif sont plus indiqués pour les 0) est fixée à 3 fois la longueur maximale des
parois m o u l é e s , mais un rideau peut également armatures, sauf obstacle particulier à prendre en
être simulé par des éléments de massif à condi- compte ;
tion de donner à ceux-ci des caractéristiques la frontière latérale à l'aval (condition u = 0) est
équivalentes (rigidités et épaisseur) ; placée au minimum à 2 fois la hauteur du mur ;
3 ^ l'interaction sol-écran est représentée par des 3=» la frontière inférieure (condition v = 0 ou u =
éléments d'interface (critère de frottement de v = 0) est fixée comme pour les autres ouvrages
Coulomb) ; de soutènement à au moins 3 fois la hauteur du
*- le maillage doit être raffiné dans la zone où se mur (jusqu'à 5 H si la hauteur H est relativement
situent les tirants d'ancrage ; faible) ;
»- l'introduction d ' é l é m e n t s d'interface sol-ti- i l faut également prévoir un maillage fin dans
rant améliore le m o d è l e . cette zone et augmenter peu à peu la taille des élé-

B l J L L E T I N D E S L A B O R A T O I R E S D E S P O N T S E T C H A U S S É E S - 212 - N O V E M B R E - D É C E M B R E 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64


Fig 23 - Maillages >2L
de murs en soi
renforcé.

a Dimensions
conseillées pour = 2H
le maillage en défor-
mation plane
b. Maillage utilisé
pour le calcul d'un
ouvrage de soutène-
ment en Terre Armée
(1 9 3 4 nœuds et
1 105 éléments). > 2 H (= 4H)

(a)

a. Modèle tndimensionnel - b. Modèle bidimensionnel transversal - c Modèle bidimensionnel longitudinal

Fig. 24 - Modèles d'éléments finis pour un barrage en terre


(recommandations de la Commission internationale des grands barrages, 1993).

58 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
ments en s'éloignant du parement. E n effet, les L e maillage d'un remblai doit être réalisé en
observations expérimentales ont montré que la tenant compte des recommandations suivantes :
variation de la traction dans les armatures est >- les frontières latérales (condition u = 0) doivent
forte près du parement ; autoriser le développement du m é c a n i s m e de rup-
3 * l'interaction sol-renforcement est représentée ture qui, théoriquement, peut occuper une zone
par des éléments d'interface (critère de frotte- limitée par un cercle relativement proche des pieds
ment de Coulomb). du remblai. Il convient donc de placer ces fron-
tières latérales au minimum à environ 2 fois la demi-
L a figure 23 présente un maillage qui respecte
largeur du remblai par rapport à son axe (fig. 25) ;
globalement les recommandations précédentes.
>• la frontière inférieure (condition v = 0 ou u =
E n effet, pour les grandes hauteurs de mur, i l faut
v = 0) est fixée au m i n i m u m à 4 fois la hauteur
parfois réduire quelque peu les dimensions
du remblai par rapport au terrain naturel, afin de
conseillées pour ne pas aboutir à des maillages
décrire les variations du champ de contraintes au
trop importants.
voisinage de celui-ci. Lorsque le substratum
rigide est situé à une grande profondeur, cette
Maillage d'éléments finis pour les ouvrages distance est suffisante. E n revanche, si le sub-
en terre stratum est relativement proche de la surface,
c'est sa position qui impose la limite inférieure ;
Modèles d'éléments finis pour les ouvrages >- la taille et la forme des éléments finis dans le
en terre
remblai sont contrôlées par les deux inclinaisons dans le
Les modèles d'ouvrages en terre (remblai, bar- plan transversal du remblai, la présence de banquettes
rage, digue) doivent généralement tenir compte et le nombre de couches à mettre en place (fig. 26) ;
des talus aval et amont. Les modèles les plus »- comme des interactions existent lorsqu'une
courants sont les suivants : couche est posée à côté ou au-dessus d'une autre,
i l convient pour une analyse fine de considérer
O m o d è l e tridimensionnel, lorsque le site du
au moins deux rangées d ' é l é m e n t s superposées
barrage est relativement étroit (fig. 24a) ;
pour chaque couche ;
© m o d è l e bidimensionnel transversal, avec ou
sans prise en compte du massif de fondation >• le rapport de forme (rapport de la plus grande
(fig- 24b) ; dimension d'un élément à la plus faible) devrait
© m o d è l e bidimensionnel longitudinal, selon être de 5 au maximum dans les zones les plus
la coupe de plus grande hauteur. Ce type de sollicitées et d'environ 10 loin de ces zones ;
modèle peut être utilisé pour l'étude des charges >• le maillage doit être resserré dans les régions
dues à la pesanteur et de leur effet purement situées directement sous le remblai et là où des
m é c a n i q u e (fig. 24c). Toutefois, ce type de concentrations de contraintes sont attendues, en
m o d è l e reste rare et n'a plus grand intérêt main- particulier aux pieds du remblai ;
tenant que les calculs tridimensionnels sont >- des éléments finis de plus faibles dimensions sont
devenus accessibles. à prévoir au voisinage des frontières drainantes ;
>- pour une analyse en consolidation, le maillage
Sous l'effet de la gravité, les barrages en enro- doit être c o m p o s é du nombre minimal nécessaire
chement avec un noyau central en terre sont de n œ u d s et d ' é l é m e n t s . L e raffinement du mail-
soumis à de forts gradients de déformation dans lage est le fruit d'un compromis entre le nombre de
les zones de transition. Aussi des éléments de pas de temps retenu et la précision souhaitée sur
contact ou d'interface peuvent-ils être introduits les résultats des calculs (fig. 26c).
dans le m o d è l e afin d'autoriser des glissements
et des frottements aux frontières entre les maté- E n déformation plane, seule la symétrie dans le
riaux. Par ailleurs, si des failles existent dans les plan transversal du remblai est habituellement
exploitée lorsque cela est possible.
massifs rocheux de fondation, celles-ci peuvent
être représentées également par des éléments L =2L
d'interface ou de joints.

Cas des remblais

E n pratique, pour des remblais qui sont relative-


ment longs, une analyse en déformation plane
d'une section courante de l'ouvrage est appro-
priée, excepté lorsque le sol de fondation pré- »4H
sente des discontinuités ou des couches de sol
qui ne respectent pas cette condition de symétrie
dans les sections courantes. Dans ce cas, l'ana-
lyse en déformation plane ne peut fournir qu'une
approximation, i l est alors fortement conseillé de
Fig. 25 - Dimensions conseillées
faire un calcul tridimensionnel. pour les maillages de remblais en déformation plane.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 59
(a) (b)

Fig 26 - Mmllages utilises pour l'analyse


de la construction d'ouvrages en terre
1
i D'Oui. en it.mp'.irtpn.tint V!' (.op.fi^>'i)Lif
J

' î 'ÎOf> I V l l . c l s ('1 I l/lt *lfHi.,llt lui. i'Il


de Noray, 1996)
b Remblai sur sol compressible
il'- Cutis.»- rfiiiUl.ii C (COS .n> m i ,
c
p> t>0 F.t-rncnt-. L«piUcf • t Mriijritiii

c Remblai sur sol compressible


di Mu H FUI^ ^ii Mfll.-i m- i l W i •v>»i>J
et 636 éléments. Magnan, 1992)

(c)

Maillage d'éléments finis pour les ouvrages Les approches simplifiées permettent d'éviter,
souterrains lorsque cela est possible, de réaliser une modéli-
sation tridimensionnelle. S i le tunnel est relative-
Modèles d'éléments finis
pour les ouvrages souterrains
ment proche de la surface et le relief de celle-ci
véritablement tridimensionnel, i l est encore pos-
Les modélisations d'ouvrages souterrains peu- sible de réaliser une modélisation en déformation
vent être divisées en quatre catégories : plane en se plaçant dans des situations extrêmes
O les m o d é l i s a t i o n s tridimensionnelles pour (par exemple, en considérant la plus grande hau-
l ' é t u d e du front de taille, d'une intersection de teur de recouvrement). Les résultats constitue-
galeries, d'un changement de section, ou lorsque ront alors une borne supérieure par rapport aux
les terrains sont très hétérogènes (fig. 27a) ; résultats d'un calcul tridimensionnel.
© les m o d é l i s a t i o n s tridimensionnelles le long
de l'axe de l'ouvrage. L e tunnel est considéré
Cas des ouvrages souterrains
non plus comme une cavité cylindrique de dia-
mètre D , mais comme une cavité de hauteur D (il L e maillage d'un ouvrage souterrain doit être
s'agit en fait d'une « taille » en langage minier), réalisé en tenant compte des recommandations
suffisamment longue dans la direction O x , pour suivantes :
que l ' h y p o t h è s e de déformation plane soit justi- >- les conditions de nullité des d é p l a c e m e n t s sont
fiée (pas de déformation suivant Ox) (fig. 27b) ; généralement i m p o s é e s assez loin de l'ouvrage.
© les m o d é l i s a t i o n s en d é f o r m a t i o n plane E n pratique des distances d'environ 5 fois le dia-
pour une section courante. L a section du tunnel mètre moyen de la galerie doivent être respectées
est une cavité circulaire ou non circulaire, située (fig. 28) ;
dans un plan perpendiculaire à l'axe du tunnel >• les limites entre des terrains de caractéristiques
(pas de déformation suivant Ox) (fig. 27c) ; différentes et les plans de discontinuité doivent
O les m o d é l i s a t i o n s axisymétriques. Cette obligatoirement coïncider avec des contours inté-
approche n'est valable que pour un ouvrage situé rieurs au maillage ;
à une profondeur relativement importante dans
s* la frontière entre le terrain et le soutènement
un terrain h o m o g è n e et s ' i l est possible de
doit également coïncider avec des contours inté-
négliger l'effet de la gravité (notamment en ce
rieurs au maillage ;
qui concerne l'état initial des contraintes, qui est
>- le maillage doit être raffiné au voisinage du
alors supposé isotrope et constant). L e m o d è l e
tunnel pour obtenir une meilleure précision dans la
est un cylindre de sol dans lequel se trouve le
zone où les contraintes et les déformations varient
tunnel circulaire (fig. 27d).
rapidement d'un point à un autre. E n particulier,

60 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
(a)
(b)

(d)
(c)

a. Étude tridimensionnelle - b Cas d'une taille - c Étude en section courante - d Étude en déformation axisymetnque

Fig. 27 - Modélisations d'un ouvrage souterrain.

. Axe de symétrie
Surface du sol Surface du sol

>5d . A x e de symétrie

jusqu'à 10d
v C

0
5d

5d

asm»©.
5d
, 1**0 WÈÊÊ u-0
5d lu 0
Ï9ÊÊIÊS BBSi
v= 0 M M

(a) (b)

• Ti.nrif i pe:i piotoiM - u 1 umwl profond

Fig. 28 - Dimensions pour le maillage d'un ouvrage souterrain.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 61
(a)

(b)

a. Vue générale (308 nœuds et 371 éléments) - a Vue générale (5 180 nœuds et 2 319 éléments) - b. Vue
b Vue agrandie autour de la galerie (Atwa. 1996) agrandie autour de la galerie (document ITECH - Simecsolj.

Fig. 29 - Maillage en déformation plane Fig. 30 - Maillage en déformation plane


pour l'analyse de la construction d'un ouvrage souterrain pour l'analyse de la construction d'un ouvrage souterrain.
dans un sol composé de couches horizontales.

lorsque le soutènement est maillé avec des élé- générales faites p r é c é d e m m e n t , les dimensions
ments de massif, les éléments représentant le adoptées sont parfois i m p o s é e s par les conditions
soutènement et ceux représentant le terrain au géotechniques rencontrées sur le site (fig. 29 : le
voisinage i m m é d i a t du tunnel doivent avoir le substratum rigide est proche du tunnel étudié).
m ê m e rapport de forme (5 au maximum) ;
>- si l'interface entre le tunnel et le soutènement
doit être considérée (c'est le cas le plus fréquent), Conclusions
elle sera représentée par des éléments d'interface.
L a modélisation des ouvrages de géotechnique par
Les figures 29 à 31 présentent des exemples de la m é t h o d e des éléments finis est rendue possible
maillages utilisés dans les bureaux d ' é t u d e s pour par un ensemble d ' h y p o t h è s e s concernant la géo-
l'analyse de la construction par étapes d'un métrie de l'ouvrage et de son environnement, les
ouvrage souterrain (analyse des déformations matériaux et leur comportement, les chargements,
autour de la galerie et près de la surface, calcul les conditions aux limites et les conditions initiales
de stabilité). E n dehors des recommandations (Desai et Christian, 1977 ; Kardestunder et Norrie,

62 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64
1987 ; Zienkiewicz, 1989 ; Zienkiewicz et É v i d e m m e n t , ces conseils restent pour beaucoup
Taylor, 1991 ; Prat et al., 1995, 1997). Ces hypo- d'entre eux au niveau de la généralité, car
thèses, souvent simplificatrices (mais qui doivent chaque ouvrage constitue un cas particulier
respecter les p h é n o m è n e s m é c a n i q u e s essen- comme l'ont m o n t r é beaucoup des exemples qui
tiels), sont posées sous la responsabilité de l ' i n - ont illustré cet article. M a i s i l est raisonnable de
génieur, chargé de l'étude. penser que leur application, replacée dans la
d é m a r c h e globale de modélisation et associée au
L a réalisation concrète de cette étude nécessite la
contrôle de la convergence en comportement non
construction d'un maillage d ' é l é m e n t s finis et
linéaire, pourrait contribuer à rendre les résultats
l'utilisation d'un code de calcul. A ce niveau de
des calculs plus fiables.
réalisation, i l s'agit surtout de mettre en œ u v r e des
techniques et i l serait souhaitable, pour la qualité
des études, que des règles simples (éventuellement
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPIQUES
dépendantes du type d'ouvrages) soient appli-
quées afin de minimiser le rôle de 1 ' utilisateur dans B U R L A N D J . B . , S I M P S O N B., S T J O H N H . D . (1979),
la construction du maillage. Les conseils proposés dans Movements around excavations in London Clay, VII
cet article vont dans ce sens et devraient permettre E C S M F E , Design parameters in geotechnical engi-
aux ingénieurs et, plus particulièrement, aux géo- neering, Brighton, vol. 1, pp. 13-29.
techniciens désireux de s'initier à la m é t h o d e des
C H A O U I F. (1992), Etude tridimensionnelle du com-
éléments finis, de réaliser des modèles relative- portement des pieux dans les pentes instables, Thèse
ment satisfaisants tant au niveau de la durée des de doctorat de l'École nationale des Ponts et
calculs que de la précision des résultats. Chaussées, 355 pages.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64 63
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ABSTRACT

Finite element m e s h for geotechnical structures.


Advice and recommendations

¡¡¡¡¡¡§§¡1^^
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General recommendations are given for developing a finite elunent niM<iti 1i>r qeohKJViicvil eroint MII <i »rurhi-« 3

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64 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. 4161 - PP. 39-64

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