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ÉTIENNE DE VIGNOLLES, dit « LA HIRE » (ca.

1385-1443)
SEIGNEUR FÉODAL, CAPITAINE CHARISMATIQUE, HOMME D’ÉTAT

« Comment La Hire et Poton pour leur vaillance furent faiz cappitaines. »


BnF, ms. français 5054, fol. 18v.

Mémoire de Maîtrise

BLOCH Jonathan
Promoteur : BERTRAND Paul

Université catholique de Louvain-la-Neuve, 2014-2015


2
INTRODUCTION
Ce mémoire a pour objectif d’approfondir la connaissance historique sur l’histoire militaire
du royaume de France, durant quelques années particulièrement complexes de la première
moitié du quinzième siècle. Dans sa thèse de 1972, Philippe Contamine a qualifié la période de
1418 à 1445 comme étant celle de « l’anarchie la plus déchaînée, mais aussi du renversement
le plus complet dans la situation politique et militaire1. » Il constate, dans son chapitre dédié à
ces quelques années2, un relâchement complet des institutions financières, la disparition de
nombreux titres militaires traditionnels (porte-oriflamme, chevalier banneret, chevalier
bachelier, etc.) et la mise en place, finalement, d’un tout nouveau modèle d’armée : les
Compagnies d’Ordonnances.
Néanmoins, l’étude de Contamine, qui s’attache surtout à l’analyse des institutions, et malgré
son regard sociologique, « laisse de côté l’essentiel, c’est-à-dire le rôle des expériences vécues,
le poids des problèmes contemporains3. » Autrement dit, il n’entre pas dans le quotidien des
gens de guerre ; il l’évite afin d’observer, sur le temps long et sans amour pour l’événementiel,
les phénomènes de continuité et de discontinuité. Or, si son étude des institutions militaires
demeure fondamentale, en raison du caractère chaotique des années 1418-1445, elle demeure
insuffisante que pour saisir en profondeur la période susmentionnée. En vérité, si les années
1418-1445 apparaissent chaotiques sur le plan militaire, c’est en raison du fait qu’elles sont
étudiées à travers le prisme institutionnel.
Ainsi, il serait faux d’assimiler le désordre institutionnel à un désordre complet. Si l’on
étudie correctement les comportements des hommes d’armes de cette époque, l’on observe une
logique très concrète derrière leurs agissements. Il suffit de partir du présupposé, peut-être pour
nous difficile, que tout ce qu’ils font n’est rien d’autre que « normal » et « raisonnable ». Bref,
les hommes d’armes de 1418-1445 demeurent des hommes ; ce ne sont pas des « bêtes
sauvages », comme les a injustement qualifiés en ces propres mots Jules Michelet, plus soucieux
de poésie que d’histoire4.

1
CONTAMINE Ph., Guerre, état et société à la fin du moyen âge. Études sur les armées des rois de France. 1337-
1494, Paris, Mouton, 1972 (coll. Civilisations et sociétés, n° 24), p. 234.
2
Ibid., pp. 234-273.
3
Ibid., p. V.
4
MICHELET J., Jeanne d’Arc. 1422-1432, Paris, Hachette, 1853, p. 31.

3
Philippe Contamine parle d’anarchie, néanmoins, les hommes d’armes et de trait de 1418-
1445 demeurent très soucieux des questions d’allégeance. L’affaiblissement et la
déstructuration du pouvoir central ne signe pas la disparition de tout pouvoir. Au contraire, les
hommes de pouvoir se multiplient, et l’échiquier politique se complique plutôt qu’il ne se
renverse. Les relations entre les hommes continuent d’être pensées en termes de parité (des
puissants, des individus de même condition) et d’obéissance (des petits). Ainsi, l’agir
communautaire reste impensable sans l’exercice de la domination.
À la domination, nous donnons sa définition wébérienne :

Par « domination », nous entendrons donc ici le fait qu’une volonté affirmée (un « ordre »)
du ou des « dominants » cherche à influencer l’action d’autrui (du ou des « dominés ») et
l’influence effectivement, dans la mesure où, à un degré significatif d’un point de vue
social, cette action se déroule comme si les dominés avaient fait du contenu de cet ordre,
en tant que tel, la maxime de leur action (« obéissance »)5.

Or, Weber nous donne également les clés pour comprendre la période de 1418-1445. En
effet, il reconnaît quatre types de domination : patrimoniale, féodale, charismatique ou
bureaucratique. De plus, il détermine que ces quatre types de domination se retrouvent dans
toutes les civilisations, à différents points de l’histoire. Ainsi, d’après les définitions qu’il donne
de chacun de ces types de domination, nous serions tentés de déterminer la période de 1418-
1445 comme une période de transition entre plusieurs types de domination, soit de la
domination féodale à la domination bureaucratique, par un bref retour aux lois de la domination
charismatique.

Succinctement, voici comment sont définis par Weber ces trois types de dominations.
La domination féodale se caractérise par l’attribution d’un fief, du dominant (suzerain) au
dominé (vassal). Grâce au fief, le vassal perçoit une rente, mais en retour, il doit accomplir une
série de tâches administratives et/ou militaires. Weber tient comme parfait modèle de

5
WEBER M., La domination, trad. par KALINOWSKI I., Paris, La Découverte, 2013, p. 49.

4
domination féodale, la féodalité normande centralisée, tandis qu’il définit la « république des
nobles » de Pologne comme l’antithèse même du système féodal6.
La domination bureaucratique, quant à elle, est un « mode de fonctionnement spécifique du
fonctionnariat moderne7 ». Les compétences de chacun y sont strictement définies, le principe
de hiérarchie solidement enraciné, et les individus se distinguent grâce à leurs capacités
techniques (on peut parler de division du travail). De même, un État bureaucratique se traduit
par un important dispositif administratif.
La domination charismatique, enfin, se rencontre lors de moment critiques de l’histoire,
quand les structures d’un quotidien bien rangé s’effondrent, lorsque le présent devient le champ
de l’imprévu. Le chef charismatique, lui-même, n’est prédéterminé ni par sa naissance, ni par
sa statut social, au rôle qui lui incombe. Il surgit comme du néant et son autorité ne repose que
sur son charisme, c’est-à-dire sa capacité à conduire ses protégés jusqu’au lendemain, malgré
leur détresse. Par conséquent, son charisme n’a d’autre mesure que celle de ses succès. Dès lors
qu’il n’est plus en mesure d’accomplir ses preuves, le chef charismatique perd son autorité8.

La transition, désormais, d’une domination de type féodale à une domination de type


bureaucratique, dans les années 1418-1445, n’est guère aussi catégorique et franche qu’on
voudrait le souhaiter. Il s’agit moins d’une complète métamorphose que d’un renversement de
tendance progressif. De plus, s’il est possible de le constater dans les milieux militaires, il n’est
pas confirmé que ce revirement soit effectif pour l’ensemble des sphères de la société, surtout
dans un monde aussi multipolaire que le royaume de France de la première moitié du quinzième
siècle. Chez les Bourguignons, d’autre part, ce revirement n’est pas même perceptible dans les
milieux militaires, où se renforcent considérablement les structures traditionnelles, notamment
par la création de l’Ordre de la Toison d’or9. La transition, d’ailleurs, ne concerne pas plus les
compagnies militaires anglaises guerroyant alors au royaume de France.

6
Ibid., p. 210.
7
Ibid., p. 63.
8
Ibid., pp. 269-274.
9
Les ducs de Bourgogne, de Philippe le Hardi à Philippe le Bon, eurent pour ligne de conduite politique, très
démagogue, de protéger et de restaurer les anciens privilèges contre les « nouvelletés » fiscales du pouvoir royal.
L’institution de l’Ordre de la Toison d’or s’inscrit dans ce programme de « réforme » (au sens où il s’agit de former

5
Enfin, de sorte à rendre compte, néanmoins, du passage d’un type de domination à un autre
dans l’organisation des armées de Charles VII, nous avons choisi d’axer notre étude sur un
personnage emblématique de la période et pour le moins central, eu égard à son activité
militaire : Étienne de Vignolles, dit « La Hire », principalement connu dans l’historiographie
pour avoir été l’un des nombreux compagnons d’armes de Jeanne d’Arc.
Pourquoi lui, plutôt qu’un autre ? Premièrement, La Hire a été de toutes les grandes batailles,
mais également, il s’est illustré sur toutes les zones de conflit de son temps : Picardie,
Normandie, Île-de-France, Ardennes-et-Champagne, Bar-et-Lorraine, Loire et Guyenne. Son
expérience militaire, longue de plus de vingt ans de carrière continue, résume donc toutes celles
de son parti, d’autant plus qu’il a été l’allié, le mentor ou l’adversaire de tous les capitaines de
renom de l’époque. Son positionnement dans l’échiquier militaire ne manque donc ni d’intérêt,
ni de pertinence, quant à la thèse de ce mémoire.
Ensuite, c’est à partir de février 1419 que son nom fait irruption dans les chroniques. Dès
lors, étant donné qu’il décède en janvier 1443, ce que l’on connaît de la carrière militaire de La
Hire couvre très précisément la phase d’« anarchie » et de transformation dont il est question.
Il est de plein pied dans la période de transition sans avoir connu ni l’« avant » (sinon très peu)
ni l’« après ». Par conséquent, il sert idéalement de guide ou d’agent révélateur.

à nouveau ce qui existait autrefois) ; pour cause, Philippe le Bon s’y présente comme primes inter pares et renonce
à certains droits de suzeraineté sur ses vassaux ordonnés, en vertu du principe ancestral de parité. Charles le
Téméraire, soucieux de moderniser l’administration de ses états et d’assurer sa souveraineté, révoquera notamment
cette parité juridique des chevaliers de l’Ordre.
Bibliographie sélective :
1° Sources : LE FÈVRE DE SAINT-RÉMY J., dit « Toison-d’Or », Chronique (de la Toison d’Or), éd. par MORAND
Fr., Paris, Renouard, 1876, 2 vol. ; Le grand armorial de la Toison d’Or [en ligne], éd. par la BnF (URL :
http://expositions.bnf.fr/ livres/armorial/).
2° Outil : Chevaliers de l’ordre de la Toison d’or au XVe siècle (les). Notices bio-bibliographiques, dir. par DE
SMEDT R., préf. de HABSBOURG O. (de), 2ème éd. rev. et augm., Bruxelles, Peter Lang, 2000 — désormais
Chevaliers de la Toison d’or, n° p.
3° Travaux & synthèses : D’ARCY J. D. B., The knights of the crown. The monarchical orders of knighthood in
later medieval Europe. 1325-1520, Woodbridge, Boydell Press, 2000, pp. […] ; GRUBEN F. (de), Les chapitres de
la Toison d’or à l’époque bourguignonne (1430-1477), préf. de CONTAMINE Ph., Louvain, LUP, 1997 (coll.
Mediaevalia Lovaniensa, série n° 1, studia n° 23) ; KOLLER F., Au service de la Toison d’or (les officiers), Dison,
Lelotte, 1971 ; L’ordre de la Toison d’or, de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1430-1505). Idéal ou reflet d’une
société ?, dir. par COCKSHAW P. & VAN DEN BERGEN-PANTENS Ch., Bruxelles, Brepols, 1996.

6
Enfin, il faut ajouter que La Hire intéresse également par son statut social. Par définition, il
est un homo novus. S’il est possible de retrouver quelques traces de ses ancêtres, il émerge
comme de l’ombre en compagnie de ses frères et se hisse lui-même à de hautes fonctions par la
seule force de son ambition et de ses capacités personnelles. Il fréquente les princes, sans être
un homme de cour ; il devient indispensable pour ces derniers, cependant il demeure attaché à
ses troupes, dont il partage le quotidien. Il appartient donc à une classe moyenne émergeante,
dont la situation dépend fondamentalement de la lente érosion de l’ordre établi et des mutations
sociales. C’est en embrassant cette érosion et ces mutations que La Hire garantit son ascension.
Étudier le parcourt de La Hire, en se posant les bonnes questions, permet de percevoir l’ordre
au milieu du désordre, dans les années 1418-1445. Face à la décadence des institutions
militaires, avant leur renouveau, les hommes d’armes font preuve d’un ressort étonnant pour
assurer leur dynamisme. Ils vont en guerre à la manière d’entrepreneurs à haut risque, sans
garantie de solde ou de lendemain radieux. Dans un même temps, ils s’organisent de façon
originale et indépendante ; ils se fixent des lois propres condamnées à disparaître, en cela qu’ils
traversent une époque singulière et unique.
Mais pour se rendre compte de ce curieux phénomène « d’ordre au milieu du désordre », il
faut abandonner les fluctuations du temps long et entrer dans les moments répétés du quotidien.
Il faut s’efforcer de prendre en compte le « rôle des expériences vécues » et le « poids des
problèmes contemporains », d’envisager La Hire être en butte avec l’instant présent, comme un
instant de grande incertitude, mais également d’action. Dès lors, un invisible schéma se dessine.
On finit par savoir comment La Hire et ses semblables réagissent dans telle ou telle
circonstance, on finit même par deviner ce qui les motive ou ce qui fait sens à leurs yeux.
Néanmoins, pour en arriver à ce résultat, il faut nécessairement se recentrer sur l’étude
méthodique des faits, connaître et maîtriser l’événementiel. D’aucuns, par conséquent, pourront
qualifier ce mémoire de « néo-positiviste ». Mais que cela n’incite pas les autres à le dédaigner.
Les faits, en eux-mêmes et pour eux-mêmes, ne nous intéressent pas. Ils ne nous intéressent que
lorsqu’ils peuvent être compris et raisonnés, mis en perspective et instrumentalisés par des
concepts anthropologiques.
Ce mémoire se divise en trois parties.
La première a une visée historiographique, elle cherche à établir non seulement ce qu’il en
est de La Hire dans la littérature historique, mais également dans la documentation des sources.
Il s’agit d’une étape préliminaire indispensable, car l’on se rend rapidement compte que la
tradition historiographique, concernant La Hire, est loin d’être linéaire et simple : elle est
parsemée d’embûches.

7
La seconde partie constitue un essai biographique. Outre la présentation du contexte
politique et militaire dans lequel Étienne de Vignolles a tracé sa carrière, il sera question de
décanter la représentation qui est faite de son caractère personnelle, et de décrédibiliser les
emphases malheureuses qui ont été répétées aveuglément, concernant le capitaine gascon, à la
suite de Jules Michelet. Enfin, cette seconde partie sera également dotée d’une section très
importante dont le but est de comprendre l’itinéraire fastidieux de La Hire, plus que de le
présenter.
La dernière partie, désormais, correspond à l’ébauche d’une étude anthropologique purement
descriptive. Son but est de mettre en lumière une série de pratiques, d’us et de coutumes, liés
au métier de la guerre, dans les années 1418-1445, à partir de l’éclairage qu’apporte la figure
de La Hire. Les concepts, à ce stade, seront encore mis de côté pour une observation purement
factuelle et répondre à ces questions : qui pouvait-on trouver dans une compagnie militaire ?
comment l’exercice de la guerre permettait-il de gagner de l’argent ? quels étaient les liens qui
unissaient les différents capitaines d’armées entre eux ?
La conclusion finale du travail, enfin, proposera une relecture de tout ce qui a été découvert,
à la lumière des concepts wébériens mentionnés plus haut. Ainsi, la démonstration même de
notre hypothèse de recherche initiale (soit la transition d’une domination de type féodale à une
domination de type bureaucratique, dans les années 1418-1445) ne se trouve que dans les
dernières pages de ce mémoire. Il s’agit d’un choix assumé, fondé sur le principe qu’une telle
démonstration n’est guère possible sans avoir acquis, au préalable, une sérieuse érudition.

8
I – ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE
Au départ de ce mémoire, il y a eu la lecture de l’ouvrage co-écrit par Philippe Contamine,
Olivier Bouzy et Xavier Hélary : Jeanne d’Arc : histoire et dictionnaire10. Il s’agit d’un ouvrage
de circonstance, publié à l’occasion du 600ème anniversaire de la naissance de la Pucelle
d’Orléans (attendu que l’on estime qu’elle avait 18 ans quand elle fut condamnée au bûcher).
Or, nous avons constaté un problème dans cet ouvrage, concernant La Hire. À savoir que la
notice d’Olivier Bouzy, concernant le capitaine gascon, contient une grossière erreur difficile à
expliquer :

En 1437, fait prisonnier par le seigneur d’Offemont, il est échangé contre la ville de
Clermont-en-Beauvaisis, qui avait été reprise par les Français en 1434. C’est peut-être cette
nouvelle capture qui le pousse à se retirer11.

Étienne de Vignolles, à la retraite ?… Après 1437, pour ne dire que l’essentiel, il participe
encore à la chevauchée des Écorcheurs de 1438 ; court au secours d’Harfleur, assiégée par le
comte de Somerset en 1440 ; guerroie contre le comte de Saint-Pol en Thiérache, l’année
suivante, avant de se joindre aux sièges de Creil et de Pontoise ; enfin, pour son ultime voyage,
il accompagne Charles VII en Guyenne, en 1442. Le brave capitaine n’a jamais connu de repos.
Mais voici ce qu’il y a de plus étonnant : le récit de sa capture par le seigneur d’Offemont
ne se retrouve que chez un seul chroniqueur, c’est-à-dire Enguerran de Monstrelet. Or, la
chevauchée des Écorcheurs, la bataille d’Harfleur, la guerre de Thiérache, le siège de Pontoise
et la conquête de Tartas en Guyenne, ce sont autant d’événements auxquels Monstrelet
mentionne spécifiquement la présence de La Hire12.
Sur quoi, donc, se fonde la notice d’Olivier Bouzy ? Il ne dispose d’aucune source à l’appui.
Auguste Vallet de Viriville, dans la notice qu’il avait écrite à propos de La Hire pour la Nouvelle
biographie universelle, ne commet pas la même erreur13. David Grummit, dans la beaucoup

10
CONTAMINE Ph., BOUZY O. & HÉLARY X., Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire, Paris, Laffont, 2012 (coll.
Bouquins) — désormais Jeanne d’Arc H&D.
11
Ibid., p. 791.
12
Cf. annexe 1 (c’est également à cette annexe que le lecteur trouvera les abréviations utilisées dans ce mémoire
pour tout renvoi aux sources narratives).
13
VALLET DE VIRIVILLE A. (de), « La Hire », dans Nouvelle biographie universelle, dir. par HOEFER, Paris, Firmin
Didot, 1859, vol. 28, col. 890-899.

9
plus récente Oxford encyclopedia of medieval warfare and military technology, également,
s’épargne de commettre cette bourde14. Malheureusement, l’ouvrage Guerre et société (1270-
1480), rédigé sous la direction de Valérie Toureille, incorpore aveuglément l’erreur d’Olivier
Bouzy15. Ce dernier ouvrage, de 2013, ayant été conçu pour aider les candidats au concours
français d’Agrégation et de CAPES en tant que synthèse et bibliographie de référence, l’erreur
première de Bouzy devient impardonnable.
Ensuite, dans la bibliographie de Jeanne d’Arc : histoire et dictionnaire, on ne retrouve
aucune biographie de La Hire, ce qui laisse présumer qu’il n’y en a eu aucune et qu’il y aurait
un manque historiographique à combler d’urgence. Cependant, qui cherche trouve, et des
biographies sur La Hire, il est possible d’en répertorier au moins quatre, bien qu’elles soient
difficilement accessibles.

14
GRUMMIT D., « La Hire », dans Oxford encyclopedia of medieval warfare and military technology (the), dir. par
ROGERS C. J., Oxford, OUP, 2010, vol. 2, p. 483.
15
TOUREILLE V. (dir.), Guerre et société. 1270-1480, Clamecy, Atlande, 2013, p. 386.

10
I – 1. LES BIOGRAPHES DE LA HIRE
Le premier à s’être penché sur le capitaine gascon est Alcius Ledieu, dont Marcel Godet, son
successeur à la fonction de conservateur de la bibliothèque et des musées d’Abbeville, a rédigé
une biographie, parue en 1913, qui dispose d’un compte-rendu dans la Revue d’histoire de
l’Église de France (vol. 4, n° 23, pp. 602-603). À travers ce compte-rendu – la biographie
rédigée par Marcel Godet n’ayant pu être consultée pour ce mémoire – l’on apprend qu’Alcius
Ledieu était un spécialiste de l’histoire picarde et artésienne. Déjà fondateur du Cabinet
historique de l’Artois et de la Picardie (1886), il fonde également la Revue du Nord de la France
(1890) et dirige des publications de la Société d’émulation d’Abbeville. Non content de cela, il
est aussi l’auteur de catalogues de manuscrits et d’inventaires d’archives, sans compter qu’il
contribua à plus d’une quarantaine de périodiques.
Sa biographie de La Hire, intitulée Un compagnon d’armes de Jeanne d’Arc : Étienne de
Vignolles (Lille, Lefort, 1889, coll. « Cabinet historique de l’Artois et de la Picardie »), se pense
d’emblée comme une contribution à l’épopée johannique. Pour consulter cet ouvrage, qui
n’existe plus que sur microfilm, l’historien doit se rendre à la Bibliothèque nationale de France.
La biographie elle-même est divisée en six chapitres et constitue un récit bien ficelé, agréable
à lire, qui reprend les faits d’armes les plus célèbres de La Hire, à l’exclusion de quelques-uns,
moins connus. Ledieu, principalement, paraphrase les chroniqueurs et lie leurs propos en un
seul récit, sans exploiter beaucoup de documents d’archives. Le discours est ouvertement
patriotique et se pique de quelques élans romantiques.
Étienne de Vignolles, lui-même, était originaire de Gascogne. Néanmoins, ce n’est pas une
surprise s’il a tout d’abord attisé l’œil d’un historien de la Picardie, puisque c’est en Picardie et
dans le Nord, nous le verrons, qu’il a réalisé presque l’intégralité de sa carrière militaire (de
plus, le chroniqueur ayant donné le plus d’éléments sur La Hire n’est nul autre qu’Enguerran
de Monstrelet, un chroniqueur picard, nous y reviendrons).
Néanmoins, enfant de Gascogne, Étienne de Vignolles demeure la propriété des historiens
concernés par cette dernière région. Voilà pourquoi Pierre Cuzacq, un spécialiste de l’histoire
et de la géographie historique sud-ouest de la France16, quasi contemporain d’Alcius Ledieu,

16
Il fut l’auteur de titres tels que : Les Grandes Landes de Gascogne : études historiques et géographiques,
Bayonne, Lamaignère, 1893 ; La naissance, le mariage et le décès. Mœurs et coutumes – usages anciens,
croyances et superstitions dans le sud-ouest de la France, Paris, Champion, 1902. Il fut sans doute parent de René
Cuzacq, un historien philologue plus prolixe, auteur notamment de l’Histoire de la langue et de la littérature
gasconne des Landes : autour de la grammaire, de la philologie et de la linguistique, Mont-de-Marsan, Lacoste,
1951. René Cuzacq publia de nombreux ouvrages aux éditions Lacoste, à Mont-de-Marsan, nous informe le

11
s’est décidé, à son tour, d’écrire une biographie du capitaine gascon : Un célèbre capitaine
landais, Étienne de Vignolles, dit La Hire : Rion-des-Landes au moyen-âge (Bayonne,
Lamaignère, 1901). Hélas, d’après le Worldcat, il n’existerait plus qu’un seul exemplaire de
cette biographie, sur microfilm, dans l’État du Massachusetts à l’université d’Harvard. Dans le
cadre de ce mémoire, en raison de contraintes matérielles, cette biographie n’a donc pu être
consultée ou étudiée. Toutefois, elle ne pèserait pas plus lourd que 29 pages, c’est donc sans
trop de regret.
En revanche, c’est avec une amertume beaucoup plus prononcée que la thèse de Régis
Rohmer, La vie et les exploits d’Étienne de Vignolles, dit La Hire (1390?-1443), réalisée à
l’École des Chartes, n’a pas pu être consultée17. Celle-ci ayant été rédigée en 1907, elle n’a pas
été archivée. En effet, ce n’est que depuis 1961 qu’un exemplaire de chaque thèse est remis au
Centre historique des Archives nationales, à Paris18. Nous avions cependant contacté l’École
des Chartes afin de consulter l’ouvrage, et il nous avait été signalé qu’il avait été tiré à part et
patientait sagement d’être consulté, mais une fois sur place, il s’est avéré que l’ouvrage tiré à
part était le Journal d’Antoine Clavières : juge ordinaire de Beaulieu, sénéchal de la Vicomté
de Turenne (Brive, Lachaise, 1943), soit un tout autre travail de Régis Rohmer. Quant aux
ayant-droits de ce dernier, nous n’avons pas été capables de les contacter.
Notre déception est exacerbée par ce qu’il est disponible de lire, de Régis Rohmer et
concernant La Hire, soit son article dans le Bulletin de la société d’études historique et
scientifique de l’Oise (6, 3, 1910, pp. 235-245) : « La Hire. Capitaine du Beauvaisis, vainqueur
de Gerberoy. 1433-1435. » Ce bref travail, qui respire de clarté et d’érudition, laisse l’historien
sur sa faim. Surtout que le successeur auto-désigné de Régis Rohmer, soit Francis Rousseau,
est en inférieur au maître, pour des raisons que nous allons démontrer.
Francis Rousseau est le dernier biographe connu de La Hire. Son ouvrage, La Hire de
Gascogne, Étienne de Vignolles (1390-1443), n’a été tiré qu’à 1000 exemplaires numérotés,

Worldcat (http://www.worldcat.org/search?q=au%3ACuzacq%2C+Rene%CC%81.&qt=hot_author, consulté la


dernière fois le 22 mai 2015), ce que nous demandons au lecteur de garder en mémoire.
17
Nous en avions repéré la trace dans l’édition donnée par Pierre Champion du procès de condamnation de Jeanne
d’Arc, au niveau de la notice biographique qu’il consacre à La Hire : Procès de condamnation de Jeanne d’Arc,
éd. par CHAMPION P., Paris, Champion, 1920, vol. 2, p. 412, n. 490.
18
http://theses.enc.sorbonne.fr/licence, consulté pour la dernière fois le 24 avril 2015.

12
aux éditions Lacoste19 (Mont-de-Marsan), en 1969. Malgré une préface rédigée par Régine
Pernoud, il ne connut qu’une très faible diffusion et, visiblement, il n’entra pas dans les
bibliographies scientifiques de l’histoire du quinzième siècle. Pernoud, elle-même, le cite en
bas de page dans sa biographie de Jeanne d’Arc, co-écrite avec Marie-Véronique Clin (qui lui
succéda en tant que directrice du Centre historique de Jeanne d’Arc à Orléans), mais elle
s’abstient cependant de placer l’ouvrage dans sa bibliographie récapitulative20.
L’ouvrage de Francis Rousseau, au niveau de son statut historiographique, se compare
pourtant facilement à celui d’André Plaisse, auteur d’une biographie concernant un autre
capitaine d’armée du quinzième siècle : Un chef de guerre du XVe siècle, Robert de Floques,
bailli royal d’Evreux (Evreux, Société libre de l’Eure, 1984, coll. « Connaissance de l’Eure »,
n° 3). Ce dernier ouvrage, également, fut tiré à un nombre limité d’exemplaires numérotés, soit
700 ; mais de même, sa préface fut écrite par un historien très en vue, à savoir Jean Favier.
Toutefois, ce dernier ouvrage est mentionné dans la bibliographie pour le moins sélective et
brève du Temps de la Guerre de Cent Ans (1328-1453), de Boris Bove (Paris, Belin, 2009),
dans la série des volumes de l’Histoire de France, dirigée par Joël Cornette21, tandis que celui
de Francis Rousseau passe à la trappe.
Dans sa préface, Régine Pernoud nous informe tout d’abord que « l’auteur est, nous dit-il,
un Picard transplanté en Gascogne22, » ce qui n’est qu’une demi-surprise. Mais également, elle
écrit que « l’appareil de notes peut rassurer les érudits les plus exigeants 23, » or il n’y a pas de
plus délicieux mensonge. Le renvoi aux documents d’archives est tout simplement affreux, car
il est chargé de scories. Plutôt que d’aiguillonner le lecteur dans la bonne direction, il accroît sa
confusion. Page 103, note 20, l’auteur écrit : « Bibl. Nat. : Frcs N° 2996. » Or, il déroge alors
lui-même à ses propres conventions. Il aurait dû écrire, comme à la note 12, même page : « Bibl.
Nat. : Orig. N° 2996. » Pour cause, il fait référence au BnF, fr. 29480 (Pièces originales 2996).
Écrire « Frcs N° 2996 » n’a aucun sens, car ce serait renvoyer au BnF, fr. 2996, qui n’est plus

19
Francis Rousseau publie aux éditions Lacoste, tout comme René Cuzacq (cf. supra n. 16). On en déduit que ces
éditions étaient spécialisée dans la publication d’ouvrages d’histoire locale.
20
PERNOUD R. & CLIN M.-V., Jeanne d’Arc, Paris, Fayard, 1986 ; comparer p. 271, n. 1, et pp. 410-411.
21
Pour la bibliographie en question : pp. 644-645 dudit ouvrage. Résumant l’ouvrage d’André Plaisse, Bove
introduit une carte retraçant l’itinéraire de Robert de Floques, à la page 450 de sa synthèse.
22
ROUSSEAU F., La Hire de Gascogne, Étienne de Vignolles. 1380-1443, préf. de PERNOUD R., Mont-de-Marsan,
Lacoste, 1969, p. 6.
23
Ibid.

13
un recueil des pièces originales du Cabinet des titres, provenant des anciennes archives de la
Chambre des Comptes, mais un recueil de lettres et de pièces originales du règne de François Ier.
Ensuite – plus bel exemple encore ? – Francis Rousseau dédouble occasionnellement les
documents d’archives, notamment celui-là même dont nous venons de citer. À l’appui de ce
document, il écrit, page 102 : « par lettres du 13 janvier 1426, Charles VII lui octroyait [à La
Hire] 450 livres tournois "… pour l’achat d’un cheval." » Puis, page 107 : « La Hire, au 16 mai
1427, signe lui-même quittance de 450 Lt en vertu des lettres "royaux" du 13 janvier 1427 pour
"achat de cheval." » Or, l’on sait que Rousseau se réfère deux fois au même document, comme
s’il s’agissait de deux pièces différentes, car dans les deux cas, il renvoie à l’édition de ce
document par Delort, dans l’Essai critique sur l’histoire de Charles VII, d’Agnès Sorelle et de
Jeanne d’Arc (Paris, Lebel, 1824, p. 193) de ce dernier.
On le comprend, Francis Rousseau maîtrise mal ou peu ses documents. Du reste, il est d’une
naïveté patente devant certaines traditions historiographiques qui tiennent davantage de la
littérature que de l’histoire, qu’il prend pour argent comptant et qu’il présente abusivement avec
le même niveau de véracité que les faits les plus vérifiables.
Voici par exemple ce qu’il écrit :

Nous sont aussi parvenues quelques-unes des boutades que ces joyeux drilles
échangeaient entre eux. Par exemple, celle où La Hire dit un jour : « …Mon compagnon,
nous combattrons demain les Anglais qui ont si gros nombre d’archers que leurs flèches
nous feront perdre la clarté du soleil… » et Poton de répondre : « Ce sont bonnes
nouvelles !, nous combattrons bien à l’ombre24 !… »

Nous retrouvons cet échange de paroles, plus complet et plus fidèlement retranscrit, par
rapport au manuscrit original, chez Delort :

Au temps du roy Charles VII, Pothon et La Hire furent deux gentilz capitaines qui
aydèrent bien à chasser les Anglois de France. La Hire dit ung jour à Pothon : Mon
compaignon, nous combattrons demain les Anglois, qui ont si gros nombre d’archiers que
leurs flèches nous feront perdre la clarté du soleil. Pothon respondit : Ce sont bonnes
nouvelles, nous combattrons bien à l’ombre.
Ung temps après ils trouvèrent les Anglois dans ung fort où il les falloit combattre à pied.
La Hire, qui estoit boyteulx, mit pied à terre. Pothon, pour sa revanche, luy dit : Mon

24
Ibid., p. 373.

14
compaignon, pourquoy estes-vous descendu qui estes boyteulx ? La Hire respond : Je suis
descendu pour combattre, non pas pour m’enfuir25.

Néanmoins, ce passage n’est extrait d’aucune chronique. Il s’agit d’un fragment isolé,
intercalé entre des « médisances pour le roi Henri IV » et un extrait du Roman de la Rose. Il est
contenu dans ce florilège de la fin du XVIe siècle qu’est le manuscrit BnF fr. 3939, au folio
42 v°26. Il y a donc infiniment peu de chance que ce dialogue soit la retranscription d’un échange
réel entre La Hire et Poton. Au mieux, il évoque la blague scandinave de deux soldats finlandais
coincés dans une forteresse alors que pointe le crépuscule et qu’ils se trouvent assiégés par
quarante Russes ; le premier dit au second : « Nous ne verrons jamais la fin de cette journée… » ;
et le second lui répond : « Fichtre vrai, nous n’aurons jamais le temps de tous les enterrer avant
la tombée de la nuit ! » Bref, nous ne pensons pas qu’il faille accorder la moindre crédibilité
historique à ce passage, bien qu’il mérite d’être signalé.
Rousseau confond ailleurs la fable avec l’histoire, quand il doit narrer la libération de
Barbazan par La Hire :

La Hire découvrit au cachot [du Château-Gaillard] l’illustre Arnaud-Guilhem de


Barbazan. Cet émérite parlementaire et chevalier distingué avait été capturé le 17 novembre
1420 par Henri V au siège de Melun dont il était capitaine. À Château-Gaillard, prétend
Monlezun, il vivait enferré depuis neufs jours dans une cage de fer dont il fallut rompre les
barreaux. Barbazan « ne voulut point en sortir. Il avait promis… d’être… loyal prisonniers
et il fallait que sa parole fut dégagée. On dut courir après l’Anglais qui revint délivrer lui-
même le scrupuleux27. »

Voilà une belle histoire. Elle a été tout d’abord été déterrée par Prosper de Barante, dans
son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois. 1364-1477 (Paris, Ladvocat, 1824-
1826, vol. 6, p. 41-42). Ensuite, elle fut rapportée par l’abbé Monlezun, que mentionne
Rousseau, auteur d’une Histoire de la Gascogne depuis les temps reculés jusqu’à nos jours
(Auch, Brun, 1846-1850, 7 vol., cf. vol. 4, p. 237-238). Auguste Vallet de Viriville, qui avait
l’imagination fertile, l’adopta sans hésiter dans son Histoire de Charles VII, roi de France, et

25
DELORT J., Essai critique sur l’histoire de Charles VII, Paris, Lebel, 1824, p. 13.
26
Par erreur, Francis Rousseau indique que ce fragment est tiré du BnF fr. 3959 : ROUSSEAU, op. cit., p. 376, n. 2.
27
Ibid., pp. 196-197.

15
de son époque (Paris, Renouard, 1863, vol. 2, p. 240). Gaston du Fresne de Beaucourt, plus
prudent, ne l’inclut pas dans son Histoire de Charles VII (Paris, Société bibliographique, 1882,
vol. 2, p. 36). Il imite ainsi l’exemple d’Antoine Le Roux de Lincy, qui avait consacré une
notice biographique à Barbazan dans son article sur les « Chansons historiques des XIIIe, XIVe
et XVe siècles » (dans Bibliothèque de l’école des chartes, 1840, 1, pp. 383-385).
Mais à l’origine, l’anecdote se situerait dans la chronique de Raphaël Holinshed, compilateur
du XVIe siècle, dont l’œuvre est notoire pour avoir inspiré des dramaturges élisabéthain dont
Shakespeare, en particulier28, et duquel Auguste Molinier a écrit, dans son indémodable guide
sur Les sources de l’histoire de France : des origines aux guerres d’Italie – IV. Les Valois,
1328- 1461 (Paris, 1904, p. 212, n° 4001) : « L’ouvrage [de Holinshed] est en partie fabuleux,
mais on y relève quelques notes utiles et prises à bonne source pour l’histoire des guerres du
XVe siècle. »
Ainsi, dès lors que l’on ne trouve aucune version originale dans les chroniques du XVe siècle,
de cette libération cocasse de Barbazan, il est permis de supposer que Holinshed a eu le poignet
souple et la plume généreuse et que cette belle anecdote, qui fait très certainement rêver, tient
davantage de la littérature que du fait avéré.
Malheureusement, Francis Rousseau ne livre aucun commentaire critique de ce genre. Il
n’entre jamais en discussion avec les sources qu’il utilise. Il se contente de les mettre sur un
même pied d’égalité et de ficeler leurs contenus en un seul récit qui, du reste, est indigeste. Son
œuvre, en définitive, a le seul mérite de référencer une grande quantité de documents dans
lesquels La Hire se trouve mentionné ; et l’on remerciera l’édition de quelques pièces
justificatives (bien que certaines aient été éditées préalablement par Siméon Luce, dans son
ouvrage intitulé Jeanne d’Arc à Domrémy : recherches critiques sur les origines de la mission
de la Pucelle, Paris, Champion, 1886 ; ou bien par Viriville, « Documents inédits sur La Hire,
Chabannes et autres capitaines du XVe siècle », dans Bulletin de la société d’histoire de France,
II, 2, 1859-1860, pp. 9-14, 36-45, 57-60).
Néanmoins, si l’on écrivait une biographie de La Hire sur base de tous les documents
répertoriés par Francis Rousseau, cette biographie ne saurait être complète. Tout d’abord,
certains documents ont échappés à Rousseau, soit qu’il n’ait pas pensé à les consulter (comme
le Livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne, ou la Chronique [liégoise] de

28
http://www.britannica.com/EBchecked/topic/269266/Raphael-Holinshed, consulté le 25 avril 2015. Également,
« The Holinshed Project » : http://www.cems.ox.ac.uk/holinshed/.

16
Jean de Stavelot, qu’il ne cite pas29), soit qu’elles n’aient pas encore été inventoriées par les
catalogues, soit qu’ils aient été détruits par le temps. Mais également, La Hire ne sort de l’ombre
qu’à l’âge adulte et, comme il n’est pas la progéniture d’une famille noble en vue de son époque,
nous ne connaissons rien de précis concernant sa jeunesse et ses années de formations ; par
conséquent, aucune biographie de La Hire ne saurait prétendre au titre de biographie, puisqu’il
y manquerait nécessairement le topos structurel de l’enfance.

Au départ de ce mémoire, il y a certes eu la lecture de l’ouvrage intitulé Jeanne d’Arc :


histoire et dictionnaire, mais également, et auparavant, la chronique en deux livres d’Enguerran
de Monstrelet, le continuateur de Froissart. À la suite de celui-ci, c’est plus de quarante
chroniques qui ont été dépouillées afin d’y retrouver quelque trace ou mention de La Hire, en
vue de reconstituer son parcours.

29
« Le livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne », éd. par KERVYN DE LETTENHOVE, dans
Chroniques relatives à l’histoire de la Belgique sous la domination des ducs de Bourgogne, Bruxelles, ARB, 1873,
vol. 2, pp. 1-258 ; STAVELOT J. (de), Chronique [liégeoise], éd par BORGNET Ad., Bruxelles, ARB, 1861.

17
I – 2. LA HIRE DANS LE RÉCIT DES CHRONIQUEURS CONTEMPORAINS DE SON TEMPS
Au total, 46 chroniques éditées ont été dépouillées dans le cadre de ce mémoire30, dont voici
la liste (les ouvrages anonymes ayant été mis en fin de celle-ci)31 :
1. Antoine de la Taverne, Journal de la paix d’Arras, 1435.
2. Antonio Morosini, Chronique [vénitienne]32.
3. Arnaud Esquerrier & Miégeville, Chronique romane des comtes de Foix.
4. Clément de Fauquembergue, Journal [du parlement de Paris]33.
5. Eberhard Windecke, Les sources allemandes de l’histoire de Jeanne d’Arc.
6. Enguerran de Monstrelet, Chronique [de France] en deux livres. 1400-1444.
7. Georges Chastelain, Chronique [de Philippe le Bon].
8. Gilles le Bouvier, dit « Berry », Chronique du roi Charles VII.
9. Guillaume Cousinot, Chronique « de la Pucelle »34.
10. Guillaume Gruel, Chronique d’Arthur de Richemont. 1393-1458.
11. Guillaume Leseur, Histoire de Gaston IV, comte de Foix.

30
Nous aurions pu compter 45 chroniques si l’on avait inclus la chronique messine du doyen de Saint-Thiébaut.
Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps d’en consulter la copie matérielle, telle que rendue dans sa
meilleure et plus récente édition : La chronique dite du doyen de Saint-Thiébaut de Metz ou « histoire de Metz
véritable ». 1231-1445, éd. par MAROT M. [thèse de l’École des chartes], Paris, Alphonse Picard & fils, 1926. Il
n’existe de copie de cet ouvrage qu’à Metz ou à Paris. Nous avons néanmoins pu consulter l’extrait édité par
Quicherat dans son édition du procès de Jeanne d’Arc, vol. 4, pp. 321-328.
31
Nous les avons placées ici dans le même ordre dans lequel elles se trouvent à l’annexe 1, où les références
bibliographiques sont complètes.
32
Nous n’avons pas travaillé sur l’édition la plus récente de cette source narrative, qui est la suivante : Il codice
Morosini. Il mondo visto da Venezia (1094-1433), éd. par NANETTI A., Spolète, Centro italiano di studi sull'Alto
Medioevo, 2010, 4 vol. Pour cause, elle est indisponible dans les bibliothèques scientifiques belges.
33
Ce qu’Alexandre Tuetey, l’éditeur de ce journal, s’abstient de préciser, c’est que l’ouvrage est une construction
de sa propre main, c’est-à-dire une compilation de plusieurs fragments du registre des greffes du parlement de
Paris : HUISMAN G., « Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du Parlement de Paris, 1417-1435, publié
par Alexandre Tuetey. Compte-rendu », dans BEC, n°72, 1911, pp. 330-332.
34
René Planchenault (PLANCHENAULT R., « La "Chronique de la Pucelle" », dans BEC, 93, 1932, pp. 55-104), au
départ d’une observation de Charles Samaran (SAMARAN Ch., « La Chronique latine inédite de Jean Chartier
(1422-1450) et les derniers livres du Religieux de Saint-Denis », dans Bibliothèque du XVe siècle, 36, 1928, pp. 36-
37), a démontré que Guillaume Cousinot de Montreuil ne pouvait être l’auteur de cette chronique, comme avait
essayé de le déterminer Auguste Vallet de Viriville, dernier éditeur de l’ouvrage médiéval.

18
12. Jan van Dixmude, Dits de cronike ende genealogie van den prinsen ende graven van
den foreeste van buc dat heet vlaenderlant. 863-1436.
13. Jean Chartier, Chronique de Charles VII35.
14. Jean de Bueil, Le Jouvencel.
15. Jean de Stavelot, Chronique [liégeoise].
16. Jean de Wavrin, Anchiennes croniques d’Engleterre.
17. Jean Juvénal des Ursins, Histoire du roi Charles VI. 1380-142236.
18. Jean Le Clerc, Cronique martiniane.
19. Jean Le Fèvre de Saint-Rémy, dit « Toison-d’Or », Chronique [de la Toison d’Or].
20. Jean Maupoint, Journal parisien. 1437-1469.
21. Jean Raoulet, Chronique [de Charles VII]37.
22. Michel Pintoin, dit « Religieux de Saint-Denis », Chronique de Charles VI. 1380-
1422.
23. Olivier de La Marche, Mémoires.
24. Olivier van Dixmude, Merkwaerdige gebeurtenissen vooral in Vlaenderen en
Brabant. 1377-1443.
25. Perceval de Cagny, Chroniques [de la maison d’Alençon].
26. Pierre Cochon, Chronique normande38.
27. Pierre de Fenin, Mémoires. 1407-1427.
28. Robert Blondel, Reductio Normanie.
29. Thomas Basin, Histoire de Charles VII.

35
Rien ne permet d’indiquer que le chroniqueur Jean Chartier était parent du poète Alain Chartier : FRESNE DE
BEAUCOURT G. (du), « Les Chartiers. Recherches sur Guillaume, Alain et Jean Chartier », dans Mémoires de la
société des antiquaires de Normandie, 28, 1871, pp. 1-59.
36
L’autorité de Jean Juvénal des Ursins sur cette chronique a été remise en question, mais, à notre connaissance,
aucune preuve concrète sur le sujet n’a encore été avancée : LEWIS P., « L’Histoire de Charles VI attribuée à Jean
Juvénal des Ursins : pour une édition nouvelle (information) », dans Comptes rendus des séances de l’Académie
des Inscriptions et des Belles-Lettres, 140, 2, 1996, pp. 565-569.
37
Auguste Vallet de Viriville attribue cette chronique à Jean Raoulet (CHARTIER, I, XLIX-LII), compagnon d’armes
de La Hire en de nombreuses occasions. Néanmoins, son hypothèse, qui repose sur l’adage « is fecit cui prodest »
reste cependant en grande partie invérifiable.
38
Certains extraits de la chronique rouennaise de Pierre Cochon ont fait l’objet d’une édition nouvelle : La
chronique de Pierre Cochon : édition critique d’un ms. unique et autographe (Paris, BnF, fr. 5391, fol. 31-63),
éd. par NGUYEN A. T. [mémoire], UCL, Louvain-la-Neuve, 2014.

19
30. William of Worcester, Annales rerum Anglicarum.
31. Chronicle of London. 1089-1483.
32. Chronicles of London.
33. Chronique anonyme de Charles VI. 1420-142239.
34. Chronique de Lorraine.
35. Chronique de Tournai.
36. Chronique du Mont-Saint-Michel. 1343-1468.
37. Chronique du siège d’Orléans et de l’établissement de la fête du 8 mai 1429.
38. Cronicques de Normendie.
39. Documents inédits sur Laon, Crépy et Guise.
40. Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449.
41. Journal du siège d’Orléans. 1428-1429.
42. Kronieken van Vlaanderen (uitgave en studie van het handschrift 436 van de
Stadsbibliotheek te Brugge).
43. Kronyk van Vlaederen.
44. Livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne
45. Mémoire nobiliaire et clivages politiques : le témoignage d’une courte chronique
chevaleresque (1403-1442).
46. Petite chronique de Guyenne jusqu’à l’an 1442.
Le lecteur constate que nous sommes partis assez sauvagement dans tous les sens.
Néanmoins, il serait impossible, ici, d’établir un commentaire critique sur chacune des sources
narratives consultées ; la tâche serait trop fastidieuse et ingrate40. D’autre part, ce corpus

39
Cette chronique est autrement appelée la « chronique des cordeliers ». Elle est tirée du ms. BnF, fr. 23018 et son
récit continue jusqu’en 1431. Néanmoins, elle n’a pas été éditée plus loin qu’en 1422, année du décès de
Charles VI. Il est possible de consulter le manuscrit en ligne via Gallica (URL : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b9063549v), mais le travail de paléographie s’avérait trop important que pour être entrepris dans le cadre de
ce mémoire, par conséquent, nous n’avons rien retiré des passages non édités. Toutefois, certains fragments ont
été édités par LUCE S., Jeanne d’Arc à Domrémy : recherches critiques sur les origines de la mission de la Pucelle,
Paris, Champion, 1886.
40
Outre certaines études récentes et très ponctuelles sur quelques-unes de ces chroniques, nous invitons le lecteur
à consulter les guides traditionnels que sont Beaucourt et Molinier : FRESNE DE BEAUCOURT G. (du), Histoire de
Charles VII, Paris, Société Bibliographique, 1881, vol. 1, pp. LI-LXXI ; MOLINIER A., Les sources de l’histoire de
France : des origines aux guerres d’Italie – IV. Les Valois, 1328- 1461, Paris, 1904. De plus, il faut bien sûr
consulter l’introduction critique aux éditions de chacune de ces sources narratives.

20
présente des œuvres d’une telle variété narrative qu’il serait trop difficile d’établir une typologie
parfaitement rationalisée de ces sources : certaines chroniques ne comptent pas plus d’une
dizaine de pages, d’autres sont longues de plusieurs volumes ; il y en a en langues d’oïl et d’oc,
en latin, en dialecte vénitien, en moyen anglais, en moyen néerlandais et en moyen allemand ;
leurs balises chronologiques et les spectres géographiques qu’elles recouvrent sont d’ailleurs
très différents. On pourrait essayer de ranger les auteurs en fonction de leurs sensibilités
politiques, mais ce serait, sinon trop réducteur, bien trop complexe.
L’activité militaire de La Hire, cependant, justifie pleinement que l’on ait été dépouiller
autant de sources narratives différentes. Il a été sur tous les fronts, il a donc laissé son empreinte
à travers toute la France, parfois même dans les endroits les plus inattendus.
Monstrelet indique que La Hire se trouve à Calais, lors du siège de cette ville par Philippe le
Bon, en 143641, et qu’il y reçut une flèche dans la jambe au cours d’une escarmouche42. Par
conséquent, il était parfaitement fondé d’aller jeter un coup d’œil aux différentes chroniques
flamandes afin d’en savoir plus. Toutefois, aucune d’entre elles ne mentionne La Hire en
quelconque occasion, nous ne savons donc pas en quelle qualité et pour quelle raison il se
trouvait à Calais.
Ensuite, si La Hire ne guerroie pas en Guyenne, pour ce que l’on en sait, avant la fin de sa
vie, il noue cependant très tôt, et renouvelle ensuite, un lien de vassalité avec les comtes de Foix
(qui lui cèdent la seigneurie de Montaut en 1440)43. Par conséquent, nous aurions ignoré à tort
les œuvres de leurs différents historiographes. Et si le récit d’Arnaud Esquerrier et Miégeville
ne contient rien qui puisse nous intéresser, la chronique de Guillaume Leseur mentionne bien
La Hire présent au voyage de Tartas44.

41
Le siège de Calais conduit par Philippe le Bon, à l’aide de ses milices flamandes de Gand, de Bruges, d’Ypres
et du Franc, a déjà fait l’objet de plusieurs études : GRUMMIT D., The Calais Garrison : war and military service
in England. 1436-1558, Woodbridge, Boydell & Brewer, 2008 ; SOMMÉ M., « L’armée bourguignonne au siège
de Calais de 1436 », dans Guerre et société en France, en Angleterre et en Bourgogne. XIVe-XVe siècle, dir. par
CONTAMINE Ph., GIRY-DELOIZON Ch. & KEEN M. H., Université Charles de Gaule, Lille, 1991 (coll. Histoire et
littérature régionales, n° 8), pp. 197-219 ; THIELEMANS M.-R., Bourgogne et Angleterre. Relations politiques et
économiques entre les Pays-Bas Bourguignons et l’Angleterre. 1435-1467, Bruxelles, PUB, 1966, pp. 90-107.
42
MONSTRELET, V, 245.
43
Il se reconnaît vassal du comte de Foix en 1425, et réitère son serment en 1440, après que Gaston IV ait succédé
à Jean Ier : ROUSSEAU, op. cit., pp. 400 (p. j. X), 423-424 (p. j. XXX) ; Gaston IV, I, 6, n. 7.
44
Cf. Annexe 1.

21
Enfin, les historiens français ont systématiquement commis l’erreur d’ignorer les chroniques
plus en rapport avec l’histoire de Belgique. Ainsi, non seulement le Livre des trahisons n’a pas
été lu, malgré ses apports originaux sur différents épisodes connus par ailleurs, mais également,
la chronique de Jean de Stavelot n’a vraisemblablement pas été consultée, alors qu’elle apporte
des éléments uniques et inconnus par ailleurs, attestant, en mars 1439, en mars 1441 et en février
1442, de la présence répétée de La Hire aux abords de la principauté de Liège45.
La Hire s’est tellement déplacé, en vérité, que l’on ne peut présumer d’avance des endroits
qu’il a visités ou non. Par conséquent, il faut partir avec l’a priori qu’il peut surgir absolument
n’importe où dans les sources d’époque, ce qui n’a pas l’avantage de faciliter les recherches le
concernant.
En lisant les chroniques, cependant, l’on est vite confronté à un autre problème. Au total,
elles nous permettent de situer La Hire à plus de 70 événements différents. Néanmoins,
certaines chroniques peuvent narrer certains de ces événements sans y mentionner La Hire.
C’est le cas – pour ne citer qu’un seul exemple typique – de la chronique rouennaise de Pierre
Cochon. Pas une seule fois, on ne peut y trouver le nom de La Hire, cependant, il évoque bel et
bien les prises de Louviers et de Château-Gaillard par ce dernier (ce qui n’a rien d’étonnant,
puisque le chroniqueur a à cœur de poser par écrit tout ce qui se déroule dans la vallée de la
Seine, de l’estuaire à Paris)46.
Pour ce mémoire, c’était un travail déjà assez important que de retrouver les mentions
explicites de La Hire à travers les 46 chroniques étudiées (surtout que certaines chroniques ont
été éditées sans index), dès lors, nous n’avons pas réalisé le travail encore plus harassant de lire
intégralement toutes ces chroniques afin d’y retrouver les plus de 70 événements auxquels nous
savions que La Hire avait participé pour constater, éventuellement, si ces événements étaient
racontés ou non. Certes, nous aurions eu alors toutes les versions possibles de tous les
événements auxquels La Hire est connu d’avoir participé, mais le labeur eût été trop fastidieux
et la récolte trop maigre. Néanmoins, cette observation nous permet de conclure que si La Hire
ne se trouve pas dans certaines chroniques, leur consultation n’était pas vaine, car il aurait très
bien pu s’y trouver. Bref, sur le capitaine gascon, il reste encore très sûrement plusieurs choses
à découvrir, surtout si l’on compte toutes les chroniques inédites qui n’ont pas été prises en
compte ici.

45
Cf. Annexe 1.
46
COCHON, 308-309.

22
Désormais, si le dépouillement des chroniques nous permet de reconstituer une trame
événementielle de la carrière militaire de La Hire, ce qui sera traité dans l’essai biographique
au chapitre suivant, les chroniques nous permettent principalement de mesurer quels sont les
achèvements de La Hire qui ont eu le plus de retentissement. Quels sont les événements
auxquels son nom a été le plus souvent associé ? Nous remarquons que 19 affrontements – le
nom de La Hire étant explicitement mentionnés – trouvent plus de quatre fois leur chemin dans
les 46 chroniques qui forment la base de notre corpus. Parmi ces 19 affrontements, quatre se
démarquent tout particulièrement : la délivrance de Montargis (1427), la victoire de Patay
(1429), la conquête et reddition de Louviers (que nous comptons comme un seul affrontement,
1430-1431), et la victoire de Gerberoy (1435). Pour chacun de ces épisodes, l’on dispose de
huit versions différentes, ou plus, ce qui est considérable quand l’on calcule qu’en moyenne,
pour chaque événement auquel La Hire est mentionné, on dispose, tout compris, de 2,68
versions différentes47. L’on peut donc conclure qu’à Montargis (1427), Patay (1429), Louviers
(1430-1431) et Gerberoy (1435), La Hire a véritablement marqué l’esprit de ses contemporains
par sa prouesse militaire. L’essai biographique, qui suit, nous permettra de comprendre
comment.
Autre chose que le dépouillement des chroniques nous permet de constater : dans quelles
chroniques La Hire apparaît-il le plus souvent ? En moyenne, toutes chroniques comprises, on
retrouve La Hire 4,21 fois. Néanmoins, ce chiffre tronque quelque peu la réalité. Pour cause,
parmi les six chroniques qui mentionnent La Hire plus de dix fois, Gilles le Bouvier, dit Berry,
le compte 12 fois ; Jean Chartier, 11 ; Guillaume Gruel, 12 ; Jean Leclerc, 15 et Jean de Wavrin,
14. Ce qui indique que La Hire, au mieux, est mentionné 15 fois, mais il reste Enguerran de
Monstrelet, qui mentionne La Hire 41 fois ! Par conséquent, la moyenne des mentions de La
Hire, toutes chroniques comprises à l’exclusion de Monstrelet, tombe de 4,21 à 3,4.
Ainsi, on constate qu’au niveau des sources narratives originales (il faut donc exclure, dans
les six chroniques susmentionnées, celles de Jean Leclerc et de Jean de Wavrin, qui pillent
toutes deux chez Monstrelet, et la première également chez Berry), La Hire est principalement
mentionné par des auteurs ayant tenu son parti : Berry et Chartier furent respectivement roi
d’armes et historiographe officiels de Charles VII, et Gruel fut le biographe d’Arthur de
Richemont, connétable de France et supérieur hiérarchique de La Hire. Monstrelet, quant à lui,
affectait de n’être d’aucun parti, malgré ses affinités bourguignonnes palpables. Néanmoins,

47
Ces chiffres ont été obtenus à partir d’un tableau Excel, créé sur base des informations livrées par l’Annexe 1.
Le tableau était lui-même trop vaste que pour tenir sur une page A4 et se joindre aux annexes.

23
l’on peut surtout expliquer la surabondance de mentions concernant La Hire, dans son œuvre,
par son infatigable souci d’exhaustivité, sa chronique étant la plus longue et la plus dense de
l’époque. Du reste, il oublie de placer le capitaine gascon à quelques événements, comme la
prise de Château-Gaillard48 : La Hire aurait donc pu envahir davantage de pages du chroniqueur
picard.

Si les sources narratives permettent d’établir une trame chronologique des aventures de La
Hire, celle-ci demeure incomplète : le capitaine gascon disparaît parfois pendant plus d’une
année, quand on se doute bien qu’il n’est pas resté inactif. Les documents d’archives, dès lors,
viennent en secours aux chroniques et complète leur récit. D’autre part, elles fournissent des
informations d’une nature autre que purement narrative, elles permettent de jeter un peu de
lumière sur les revenus de La Hire.

48
MONSTRELET, IV, 350-351.

24
I – 3. LE NOM DE LA HIRE DANS LES DOCUMENTS D’ARCHIVES
Premier constat : tout comme ce que l’on observe au niveau des sources narratives, le nom
de La Hire apparaît partout. Francis Rousseau, dans sa bibliographie, indique que l’on peut
trouver des documents où La Hire est mentionné, outre aux archives nationales, dans autant de
de centres d’archives départementaux que ceux du Gers, des Landes, du Loiret, du Lot-et-
Garonne, de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse, et des Basses-Pyrénées ; ainsi que dans autant
de centres d’archives communaux que ceux d’Amiens, de Beauvais, de Châlons-sur-Marne, de
Dijon, de Laon, de Lyon, d’Orléans, de Tours et de Strasbourg49. Pour peu que le dépouillement
de l’historien ait été complet (ce dont nous doutons), il y aurait eu, de toute façon, trop de
centres à visiter dans le cadre de ce mémoire.
Par conséquent, nous avons décidé de ne travailler que sur les documents édités que nous
avons pu dénicher. Nous en distinguerons de quatre catégories : les documents militaires,
judiciaires, comptables et féodaux. De plus, il nous faut signaler que nous n’avons pu trouver
aucun document personnel de La Hire, bien qu’il en ait signé quelques-uns. Tous les documents
trouvés émanent d’instances princières, royales ou ecclésiastiques.
Les documents édités sont, du reste, assez épars. Ils sont parfois publiés dans une revue,
sinon inclus dans un recueil critique de documents, ou bien placés en fin de monographie à titre
de documents justificatifs, quand ce n’est pas à la suite d’une source narrative. De plus, Francis
Rousseau, en plein texte de sa biographie, a édité partiellement une grande série de documents
qu’il n’a ensuite pas reproduits séparément en pièces justificatives. Dans quelques cas, on ne
connaît le contenu d’une pièce d’archive qu’en fonction de ce qu’en signale un historien, sans
rien reproduire.
Brièvement, à l’avertissement du lecteur, nous allons présenter les différents types de
sources documentaires utilisées dans le cadre de ce mémoire, à l’appui de quelques exemples
canoniques, mais nous ne pourrions exposer l’ensemble du corpus, en raison de sa nature trop
disparate.
Parmi les documents militaires, nous distinguons principalement différents genres de traités :
alliance50, trêve, capitulation51, apatis52, rançon, etc. Ils ont en commun d’être le résultat de

49
ROUSSEAU, La Hire, pp. 428-429.
50
Ibid., p. 406, p. j. XV : alliance de La Hire avec le comte de Foix et l’évêque de Laon (1432).
51
Ibid., p. 399, p. j. X : traité de capitulation de Vitry (1424).
52
Ibid., pp. 397-399, p. j. IX : apatis de Châlons-sur-Saône (1424).

25
négociations dont l’issue est fondamentalement déterminée par la reconnaissance, chez l’un et
l’autre parti, de la force armée de l’opposant. Il faut remarquer, toutefois, que ces traités
n’engagent systématiquement rien de plus que la responsabilité des individus qui les signent (à
moins que les signataires soient les représentants plénipotentiaires et reconnus d’un pouvoir
institué). Un capitaine, abandonnant une place forte parce qu’il ne peut la tenir et qui obtient de
quitter l’endroit sain et sauf avec ses biens, n’est jamais le porte-parole de son parti ; s’il accepte
individuellement de quitter la place (et de n’y jamais revenir sous peine d’être reconnu comme
traître53), il ne reconnaît pas pour autant que son seigneur ou ses alliés doivent abandonner toute
prétention quant à la conquête de cette place. L’initiative des capitaines, en raison de cette
coutume, l’emporte ainsi souvent sur les directives seigneuriales ; les capitaines disposent d’une
grande autorité sur les affaires directes de la guerre et répondent de leur propre personne avant
que de répondre de leur seigneur. Dès lors, tout l’enjeu d’un capitaine pris au piège est de
parvenir à sauver sa personne sans perdre la face et passer pour un pleutre, ou un traître, ce qui
peut s’avérer très délicat54. Néanmoins, fondamentalement, la pratique du traité militaire
témoigne d’une reconnaissance de la légitimité adverse : avec les rebelles et les traîtres, on ne
négocie jamais, on passe directement à l’exécution.
Outre ces traités, dans les documents militaires, on rangera également les laisser-passer ou
sauf-conduits, accordés par une autorité princière ou royale à un capitaine d’armée55.
Du côté des documents judiciaires, on trouve des comptes rendus de procès et des lettres de
rémissions. La Hire est ainsi mentionné dans le procès le plus célèbre du siècle, celui de Jeanne
d’Arc56, mais lui-même a été en procès quant à la perception des revenus de Montmorillon57.
Au niveau des lettres de rémissions, La Hire n’est jamais lui-même confronté au besoin

53
Cf. infra n. 151.
54
Des exemples concrets de cet enjeu sont donnés au point III – 3.
55
Rousseau, La Hire, p. 413, p. j. XIX.
56
Il se retrouve aussi bien dans le procès de condamnation que dans le procès de réhabilitation. Pour des raisons
pratiques, nous avons préféré travailler avec les éditions de Quicherat et de Champion, car elles existent sous
format numérique, ce qui facilite grandement la consultation rapide de la source : Procès de condamnation et de
réhabilitation de Jeanne d’Arc, éd. par QUICHERAT J., Paris, Renouard, 1841-1849, 5 vol. — désormais Procès de
Jeanne d’Arc (éd. QUICHERAT), n° vol., n° p.
57
Rousseau, La Hire, pp. 408-413, p. j. XVIII.

26
d’obtenir la grâce royale, mais il est occasionnellement mentionné dans le cas d’autres hommes
d’armes l’ayant côtoyé ou affronté58.
Regardant les documents comptables, il y en a de toutes sortes, bien qu’ils aient tous comme
point commun de rendre preuve d’une transaction d’argent ou de biens de valeur. Il n’y a
cependant pas lieu de s’attarder sur ses documents ici, puisqu’il en sera question en détail
ultérieurement59.
Enfin, il faut présenter en quoi ces documents rendent service à l’historien. Outre qu’ils
permettent occasionnellement de compléter la trame narrative des combats de La Hire, les
chroniques n’ayant pas rendu compte de tout, ils permettent essentiellement de rendre compte
des rentrées financières de La Hire et de leur nature. On comprend donc mieux comment La
Hire agit en tant qu’acteur économique, dans le royaume de France. De plus, à la lecture du
cartulaire de Louviers, par exemple, on peut également comptabiliser ce que La Hire a coûté à
ses adversaires60 !

58
LUCE, Domrémy, p. 155.
59
Cf. infra : III – 2.
60
Cartulaire de Louviers, éd. par BONNIN Th., Évreux, Auguste Hérissay, 1871, vol. 2 (1ère partie), pp. 77 et seq.

27
II – ESSAI BIOGRAPHIQUE
Dès lors que l’on ne connaît rien de définitif sur la jeunesse et les années de formation de La
Hire, il est impossible d’écrire une biographie du capitaine gascon sans trahir le genre
biographique. Du reste, si l’on connaît la vie publique et militaire de La Hire, nous ne savons
pratiquement rien de sa vie privée, sinon quelques bribes qui ne nous permettent cependant
guère de connaître ses goûts, ses loisirs ou ses habitudes quotidiennes. Rien ne nous est permis
de dire concernant sa « vie intérieure » ; nous ne connaissons que l’homme d’action, le chef
militaire et professionnel de guerre.
En conséquence, la vie de La Hire, telle que nous la connaissons, s’inscrit dans la vie
publique de son temps. Elle en dépend. Voilà pourquoi il est important de connaître les grandes
étapes de cette vie publique, par un bref rappel, avant que d’étudier dans le détail les campagnes
militaires de La Hire.

28
II – 1. LA CONJONCTURE POLITIQUE ET MILITAIRE61
Afin de comprendre la situation de 1418, il faut remonter jusqu’en 1392-1393, date à laquelle
Charles VI sombre dans la démence et remet de nouveau le gouvernement du royaume à ses
oncles, les ducs de Berry et de Bourgogne62. Néanmoins, le duc d’Orléans, frère cadet du roi,
se sent rapidement exclu de l’exercice du pouvoir et cherche à s’imposer63.
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, décède en 1404 ; lui succède son fils aîné, Jean sans
Peur64. Entre ce dernier et Louis d’Orléans, la tension monte rapidement. Le duc d’Orléans
cherchant à s’implanter dans le Nord (Valois et Picardie65), poussant à étendre ses intérêts
jusqu’à la principauté de Liège66, Jean sans Peur, menacé dans ses états, ordonne l’assassinat
du frère du roi en 1407, avoue son crime et se replie sur ses terres67. Valentine Visconti, l’épouse
de Louis d’Orléans, réclame aussitôt que justice soit faite68. Elle décède cependant l’année
suivante, laissant à ses fils la responsabilité de venger leur père69. Pendant ce temps, Jean sans

61
En termes de synthèses introductives sur la période, on consultera : ALLMAND Ch., The Hundred Years War.
England and France at War c.1300-c.1450, Cambridge, CUP, 1988 ; BOVE B., Le temps de la Guerre de Cent
Ans. 1328-1453, Paris, Belin, 2009 (Histoire de France, dir. par CORNETTE J.) ; HARRISS G., Shaping the Nation.
England, 1360-1461, Oxford, Clarendon Press, 2005 ; SCHNERB B., Les Armagnacs et les Bourguignons. La
maudite guerre, Paris, Perrin, 1988 (coll. Passé simple) ; TOUREILLE V. (dir.), Guerre et société. 1270-1480,
Clamecy, Atlande, 2013.
62
COLLARD F., « 1393. Le bal des Ardents », dans Histoire du monde au XVe siècle, dir. par BOUCHERON P., Paris,
Fayard, 2009, pp. 291-294 ; LEHOUX F., Jean de France, duc de Berry : sa vie, son action politique (1340-1416),
Paris, Picard, 1966-1968, 4 vol. ; VAUGHAN R., Philip the Bold. The formation of the Burgundian State, Londres,
Longmans, 1962.
63
JARRY E., La vie politique de Louis de France, duc d’Orléans. 1372-1407, Paris, Picard, 1889.
64
SCHNERB B., Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Payot, Paris, 2005 ; VAUGHAN R., John the Fearless. The
growth of Burgundian power, Londres, Longmans, 1966.
65
Afin de renforcer ses forteresses du Valois, Louis d’Orléans prend le soin d’acquérir la baronnie de Coucy et
ses dépendances : LACAILLE H., « La vente de la baronnie de Coucy », dans BEC, 1894, 55, pp. 573-597.
66
MINDER A., La rivalité Orléans-Bourgogne dans la principauté de Liège, préf. de HARSIN P., Liège, Vaillant-
Carmanne, 1973.
67
GUENÉE B., Un meurtre, une société. L’assassinat du duc d’Orléans. 23 novembre 1407, Paris, Gallimard, 1992
(coll. Bibliothèque des histoires).
68
COLLAS É., Valentine de Milan, duchesse d’Orléans, 2nde éd., Paris, Plon, 1911.
69
Concernant l’aîné, soit Charles d’Orléans : CHAMPION P., Vie de Charles d’Orléans. 1394-1465, 2nde éd., Paris,
Champion, 1969.

29
Peur parvient, par l’intermédiaire de Jean Petit, à justifier son crime en le qualifiant de
tyrannicide70.
L’affaire traîne. Charles VI, encore frappé de démence, ne tranche pas. Les pairs de France,
quant à eux, craignent trop de prendre position pour eux-mêmes et s’allient à l’un ou l’autre
parti. Finalement, Charles d’Orléans envoie des lettres de défi à Jean sans Peur et provoque la
guerre civile en 1410. Le conflit se prolonge jusqu’en 1412, avec la victoire triomphante de
Jean sans Peur. Charles d’Orléans et ses partisans, qui ont été momentanément excommuniés,
en fin de compte, doivent débourser l’argent nécessaire pour le renvoi outre-Manche des
Anglais qui se sont invités à la querelle.
L’année suivante, Jean sans Peur favorise la révolte cabochienne, à Paris, en vue de contrôler
la capitale71. Néanmoins, les partisans d’Orléans reprennent le contrôle de la ville et la tiennent
fermement jusqu’en 1418. En 1415, Henri V d’Angleterre décide de reprendre à son compte les
prétentions d’Édouard III et relance les hostilités entre son royaume et celui de France72. Cette
année-là se déroule la terrible bataille d’Azincourt, où la fine fleur de la noblesse française est
massacrée73. Jean sans Peur, qui s’est absenté de joindre les forces françaises, est désormais
débarrassé de son principal rival, puisque Charles d’Orléans a été capturé lors de la bataille.
Les partisans de ce dernier se rallient toutefois derrière le beau-père de ce dernier, soit
Bernard VII d’Armagnac, connétable de France.
Pendant quelques années, le statu quo se maintient entre les partis d’Armagnac et de
Bourgogne, cependant, le roi d’Angleterre entreprend une conquête méthodique et assurée de
la Normandie74. Il est alors question de s’allier contre l’ennemi commun, mais les négociations
patinent. Au mois d’avril 1417, Charles de France (futur Charles VII75), cadet de Charles VI et

70
COVILLE A., Jean Petit. La question du tyrannicide au commencement du XV e siècle, Paris, Picard, 1932 ;
DEQUEKER-FERGON J.-M., « L’histoire au service des pouvoirs. L’assassinat du duc d’Orléans», dans Médiévales,
10, 1986, pp. 51-68.
71
Concernant l’influence bourguignonne sur la ville de Paris jusqu’à Philippe le Bon : Paris, capitale des ducs de
Bourgogne, dir. par PARAVICINI W. & SCHNERB B., Ostfildern, Jan Thorbecke, 2007 (coll. Beihefte der Francia.
Herausgegeben vom Deutschen Historischen Institut Paris, n° 64).
72
WYLIE J. H. (& WAUGH W. T.), The reign of Henry the fifth, Cambridge, CUP, 1914-1929, 3 vol.
73
CONTAMINE Ph., Azincourt, Paris, Gallimard, 2013.
74
NEWHALL R. A., The english conquest of Normandy, 1416-1424, Londres, Humphrey Milford, 1924.
75
La plus récente biographie sérieuse sur Charles VII est celle-ci : VALE M., Charles VII, Berkeley, UCP, 1974 ;
mais l’on continuera certes de lire le classique incontournable de Beaucourt, déjà cité supra n. 40.

30
d’Isabeau de Bavière, devient dauphin à la suite du décès de son frère, Jean. Il hérite rapidement
des duchés de Touraine et de Berry, ainsi que du comté de Poitou. Les Armagnacs ont
l’ambition de le faire reconnaître en tant que régent du royaume, et pour cela, ordonnent la
retraite d’Isabeau de Bavière à Tours. Toutefois, Jean sans Peur vient l’y libérer au début du
mois de novembre76, si bien qu’en janvier 1418, il est capable d’instaurer un contre-
gouvernement à Troyes : le royaume de France devient bicéphale. Néanmoins, Jean sans Peur
ne renonce pas encore à l’idée de séduire ou de capturer le dauphin et de le rallier dans son
propre camp.
Le 29 mai 1418, Jean de Villiers de l’Isle-Adam parvient à s’introduire dans Paris et
conquiert la ville au nom du duc de Bourgogne77. Le dauphin est tiré in extremis de la capitale
et conduit à Melun. Le connétable d’Armagnac et le chancelier de France, Henri de Marle, son
allié, ne connaissent pas cette chance et se retrouvent prisonniers. Le 10 juin, le parlement de
Paris est dissous. Deux jours plus tard, les Armagnacs sont massacrés et leurs biens spoliés. Les
partisans bourguignons tirent une fortune colossale de ce coup d’État. Le 14 juin, le dauphin
est nommé lieutenant-général du royaume : Jean sans Peur essaie encore de l’attirer. Le 22
juillet, le parlement est reconstitué, avec en son sein une majorité écrasante de sympathisants
bourguignons. Néanmoins, le 21 septembre, le dauphin Charles ordonne l’institution d’un
parlement en exil à Poitiers, par l’Ordonnance de Niort78 ; ce parlement, un mois plus tard, lui
octroie le titre de régent79, tandis qu’en novembre, sa lieutenance-générale est révoquée par
Charles VI, alors sous la houlette de Jean sans Peur, qui opte finalement pour le conflit ouvert.

76
DELAVILLE LE ROULX, La domination bourguignonne à Tours et le siège de cette ville. 1417-1418, Paris, Henri
Menu, 1877.
77
Sur Jean de Villiers de l’Isle-Adam : Chevaliers de la Toison d’or, pp. 32-33 ; Dictionnaire des maréchaux de
France du moyen âge à nos jours, dir. BRUN C. & VALYNSEELE J., par Paris, Perrin, 1988, pp. 446-448 —
désormais : Maréchaux de France, n° p.
78
MAUGIS É., Histoire du Parlement de Paris, Paris, Picard, 1913-1916, 3 vol. ; MORGAT-BONNET M., « De Paris
à Poitiers, dix-huit années d’exil du Parlement au début du XV e siècle (1418-1436) », dans Le Parlement en exil
ou Histoire politique et judiciaire des translations du Parlement de Paris (XVe – XVIIIe siècles), en collb. avec
DAUBRESSE S. & STOREZ-BRANCOURT I., Paris, Champion, 2008, pp. 119-300 ; ID., « Entre État de droit et réalité
de la guerre. Le roi et son Parlement (XIVe – XVe siècles) », dans Justice et guerre de l’Antiquité à la Première
Guerre Mondiale. Actes du colloque d’Amiens du 18 au 20 novembre 2009, dir. par HOULLEMARE M. & NIVET
Ph., Amiens, Encrage, 2011.
79
La légitimité de Charles VII dans son exercice du pouvoir, tout d’abord en tant que régent, ensuite en tant que
roi, a fait l’objet de longues discussions très sophistiquées par les juristes de son époque : GIESEY R. E., Le rôle

31
Pendant ce temps, sans rencontrer de résistance, Henri V a entrepris le siège de Rouen en
août, si bien que la ville lui ouvre finalement ses portes après une résistance opiniâtre, en janvier
1419. La pression anglaise devient telle que Delphinaux et Bourguignons concèdent à former
une alliance, par le traité de Pouilly-le-Fort, à la date du 11 juillet 1419, néanmoins, le dauphin
refuse de réintégrer le conseil royal et de retourner à la cour du roi son père. Ce serait rentrer
dans l’orbite bourguignonne, et cela paraît inadmissible après les trop nombreuses exactions
commises par Jean sans Peur. Toutefois, à la fin du mois de juillet, Henri V que rien n’arrête,
pénètre le bassin parisien en conquérant la ville de Pontoise : une ultime entrevue est prévue
pour souder la réconciliation du dauphin et du duc de Bourgogne.
Il s’agit, hélas, du tragique épisode de Montereau, auquel Jean sans Peur trépasse devant le
dauphin80.
Le comte de Charolais, Philippe, succède à son père et devient duc de Bourgogne81. Il scelle
très vite une alliance avec le roi d’Angleterre et l’invite, en connivence avec le duc de
Bretagne82, sur le trône de France. Le 21 mai 1420, le traité de Troyes est ratifié83. Henri V
d’Angleterre, promis en mariage à la princesse Catherine de France, y est désigné comme seul
et unique héritier de Charles VI. Le dauphin Charles est par conséquent déshérité. De plus, à
Henri V, est-il précisé, ne peuvent succéder que les héritiers naturels de ce dernier : le traité de
Troyes prévoit donc un réel changement de dynastie. Au début de l’an 1421, le dauphin Charles
est banni du royaume, mais ce dernier se replie à Bourges en Berry et y règne sur les provinces
qui lui restent fidèles.
Plus que bicéphale, le royaume de France devient bipolaire. Au décès de Charles VI, en
1422, deux rois lui succèdent : le dauphin Charles, déshérité par le traité de Troyes, et le fils

méconnu de la loi salique. La succession royale, XIV e-XVIe siècle, trad. par REGNOT F., Paris, Les Belles Lettres,
2007 (coll. Histoire), pp. 91-150.
80
BONENFANT P., Du meurtre de Montereau au traité de Troyes, Bruxelles, Palais des Académies, 1958.
81
BONENFANT P., Philippe le Bon, 2nde éd., Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1944 (coll. Notre passé, 2nde série,
n° 4) ; VAUGHAN R., Philip the Good. The apogee of Burgundy, Londres, Longmans – Green, 1970.
82
L’amitié des ducs de Bretagne et de Bourgogne n’était pas neuve et tenait sur des liens familiaux très étroits,
plusieurs fois renouvelés : POCQUET DU HAUT-JUSSÉ B.-A., Deux féodaux : Bourgogne et Bretagne. 1363-1491,
Boivin, Paris, 1935 ; ID., Le connétable de Richemont, seigneur bourguignon, Dijon, Bernigaud & Privat, 1936.
83
POTIN Y., « 1420. Traité de Troyes », dans Histoire du monde au XVe siècle, dir. par BOUCHERON P., Paris,
Fayard, 2009, pp. 320-324.

32
unique d’Henri V (décédé depuis peu), Henri VI d’Angleterre84. Aux partisans de la monarchie
de Valois s’opposent les partisans de la double monarchie. Chaque roi dispose de son parlement,
ainsi que de son administration civile et militaire. Le frère cadet d’Henri V, Jean de Bedford85,
devient régent de France pour son neveu à peine âgé de quelques mois. Il renouvelle à Amiens
l’alliance anglaise avec les ducs de Bourgogne et de Bretagne, en 142386, intègre de nombreux
français dans son gouvernement, à tous les niveaux de pouvoirs87 (à l’exception notable des
charges militaires les plus élevées88), et le conflit reprend.
Néanmoins, la belle entente d’Amiens, entre Bedford, Bourgogne et Bretagne, est
rapidement mise en péril.
D’un côté, le comte de Richemont89, frère cadet du duc de Bretagne et beau-frère de Philippe
le Bon, se voit frustré dans ses ambitions militaires. Il abandonne rapidement le parti de la
double monarchie et entre au service de Charles VII où, par l’intermédiaire de Yolande
d’Aragon, il reçoit l’épée de connétable en 1425. À la suite de cet épisode, tous ses efforts
consisteront à rallier les ducs de Bretagne et de Bourgogne à la cause du roi de Valois.
D’autre part, le duc de Gloucester90, cadet de Bedford, se mêle des affaires de Philippe le
Bon en épousant Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut, Hollande et Zélande91. Le duc de
Bourgogne ambitionnait l’acquisition des domaines de la comtesse, mais Gloucester vola au
secours de celle-ci en 1423. Entre les deux ducs, la tension monte et les lettres de défi se

84
GRIFFITHS R. A., The reign of Henry VI. The exercice of royal authority. 1420-1461, Berkeley, UCP, 1981.
85
WILLIAMS E. C., My lord of Bedford. 1389-1435, Londres, Longmans – Green, 1963.
86
MONSTRELET, IV, 147-150.
87
Les évêques Louis de Luxembourg et Pierre Cauchon, pour ne mentionner qu’eux deux, occuperont de belles
places dans le gouvernement de Bedford. Pour le premier, on consultera l’ouvrage de NEVEUX F., L’évêque Pierre
Cauchon, Paris, Denoël, 1987 ; quant au second, nous renvoyons à la note 153, en infra.
88
GRONDEUX A., « La présence anglais en France : les Anglais dans la vallée de la Seine sous la régence du duc
de Bedford. 1422-1435 », dans Journal des savants, 1993, pp. 89-109.
89
COSNEAU E., Le connétable de Richemont, Arthur de Bretagne. 1393-1458, Paris, Hachette, 1886.
90
VICKERS K. H., Humphrey duke of Gloucester. A biography, Londres, Archibald Constable, 1907.
91
BOUSMAR É., « Jacqueline de Bavière, empoisonneuse et tyrannicide ? Considérations sur le meurtre politique
au féminin entre moyen âge et renaissance », dans PCEEB (XIV e – XVI e s.). XLVIII. Rencontres de Liège (du 20
au 23 septembre 1992). « L’envers du décor. Espionnage, complot, trahison, vengeance et violence en pays
bourguignons et liégeois », dir. par CAUCHIES J.-M., Neuchâtel, CEEB, 2008, pp. 73-89 ; LŒHER F. (von),
Jakobœa von Bayern und ihre Zeit : acht Bücher niederländisher Geschichte, Nördlingnen, 1862-1869, 2 vol.

33
multiplient92. La haine est cordiale et Gloucester envisage l’assassinat de Philippe le Bon93.
Néanmoins, l’alliance entre Angleterre et Bourgogne parvient à survivre et Gloucester renonce
à ses prétentions. Toutefois, autant avec son allié de Bretagne que de Bourgogne, Bedford doit
désormais marcher à tâtons. Pourtant, la conquête du royaume de France se déroule assez bien
jusqu’au tournant des années 1428-1432.
L’histoire s’est beaucoup focalisé sur Jeanne d’Arc afin d’expliquer le revirement de
situation94. Néanmoins, si elle a certainement inspiré un nouvel élan au parti de Valois, alors
embourbé dans ses querelles internes, il y a également d’autres éléments à prendre en compte :
en particulier les morts de Thomas Montaigu et d’Anne de Bedford95.
Le premier, comte de Salisbury, avait été le bras droit militaire d’Henri V, l’architecte des
victoires d’Azincourt (1415) et de Verneuil (1424)96. À Baugé (1421), il avait empêché la
déroute d’être complète. Il était, pour ainsi dire, le connétable officieux de la double monarchie,
non seulement par l’étendue de son réseau personnel, mais également par ses compétences hors
du commun. Après sa mort devant Orléans, en novembre 1428, il n’y avait aucun chef militaire
capable de le remplacer, de coordonner les forces armées, repliées dans leurs différentes
bastilles, et de donner de l’idée au siège de la ville. Jeanne d’Arc, qui avait avec elle les
capitaines les plus expérimentés de France, obtint une victoire sans surprise, mais auréolée de
gloire par la rumeur publique.
Ensuite, en 1432, Anne de Bedford décède. Sœur préférée de Philippe le Bon, elle avait
personnellement garanti l’alliance entre son époux, Jean de Bedford, et le duc de Bourgogne.
Son décès sonne le glas de l’alliance entre les deux ducs. Néanmoins, trop anxieux de perdre
l’appui des Bourguignons, Bedford épouse rapidement la fille aînée du comte de Saint-Pol, qui

92
MONSTRELET, IV, 212-224.
93
DESPLANQUE M. A., Projet d’assassinat de Philippe le Bon par les Anglais. 1424-1426, Bruxelles, Académie
royale de Belgique, 1867.
94
C’est la thèse soutenue par l’ouvrage suivant : DE VRIES K., Joan of Arc, a military leader, History press, Stroud,
1999.
95
WARNER M., « Chivalry in action : Thomas Montagu and the war in France, 1417-1428 », dans Nottingham
Medieval Studies, 42, 1998, pp. 146-173 ; POCQUET DU HAUT-JUSSÉ B.-A., « Anne de Bourgogne et le testament
de Bedford (1429) », dans BEC, 95, 1934, pp. 284-326.
96
Concernant la deuxième de ces deux batailles : JONES M. K., « The Battle of Verneuil (17 august 1424) : Towards
a History of Courage », dans War in History, 2009, 9, pp. 375-411.

34
est alors le plus redoutable vassal de Philippe le Bon97. Par conséquent, il faut attendre 1435
pour que l’alliance anglo-bourguignonne soit définitivement rompue : c’est cette année-là que
décède Bedford, le 14 septembre, à Rouen. Pas moins de sept jours plus tard, Philippe le Bon
ratifie le traité d’Arras et reconnaît Charles VII comme roi de France.
En vérité, il ne pouvait en être autrement. Bedford décédé, Henri VI à peine majeur,
Gloucester devenait le prince de sang le plus en vue de la double monarchie. Philippe le Bon
ne se serait jamais entendu avec cet ennemi qui lui était personnel, malgré la bonne relation
entre son épouse, Isabelle de Portugal, et l’évêque de Winchester, parent de celle-ci et premier
créancier de la couronne d’Angleterre, ainsi que mentor politique du jeune Henri VI98.
Les capitaines de Philippe le Bon et Charles VII désormais coordonnés, les dégâts pour la
double monarchie sont rapides. Dès la Toussaint 1435, le pays de Caux entre en ébullition et le
chapelet des villes côtières, de Dieppe à Harfleur, est conquis en l’espace de quelques semaines.
En 1436, la ville de Paris ouvre ses portes au connétable de Richemont, par l’intermédiaire des
Bourguignons. Les forces de la double monarchie sont acculées à Rouen et la situation y est
critique. Non seulement confrontés à un sévère manque de subsides, les Anglais manquent
cruellement d’un lieutenant-général pour remplacer Bedford. Gloucester et Winchester se
disputant le pouvoir dans les coulisses du Privy Concil, ils font nommer tour à tour leurs favoris,
respectivement le duc d’York et le comte de Somerset. Il faut bien cinq années pour pacifier le
pays de Caux (ce qui est accompli dans le feu et le sang par Jean Talbot99), cinq années que
Richemont met à profit pour sécuriser les alentours de Paris et chasser les Anglais d’Île-de-
France, de Champagne et de Brie.
Il ne reste, alors, plus qu’à reconquérir la Guyenne et la Normandie100. Mais auparavant,
Charles VII se trouve brusquement confronté à une coalition des princes de France, que l’on

97
Concernant la lignée des Luxembourg–Ligny, ayant accédé au comté de Saint-Pol : BERRY C., Les Luxembourg-
Ligny, un grand lignage noble à la fin du Moyen âge [thèse], dir. par PAVIOT J., Paris XII, 2011, 3 vol. Concernant
Jacquette de Bedford et sa descendance : HIGGINBOTHAM S., The Woodvilles : the Wars of the Roses and England’s
most infamous family, History press, Stroud, 2013.
98
HARRISS G. L., Cardinal Beaufort. A study of Lancastrian ascendancy and decline, Oxford, Clarendon Press,
1988.
99
POLLARD A. J., John Talbot and the war in France. 1427-1453, Londres, Royal Historical Society, 1983.
100
ALLMAND Ch., Lancastrian Normandy. 1415-1450. A history of a medieval occupation, Clarendon Press,
Oxford, 1983 ; STEVENSON J. (éd.), Narratives of the expulsion of the English from Normandy, Londres, Longman

35
appelle la Praguerie101. Le duc de Bourbon espère placer Charles VII sous tutelle et gouverner
à travers l’intermédiaire du dauphin, futur Louis XI, qu’il veut créer régent. Mais Charles VII
reçoit l’appui inconditionnel du connétable de Richemont, qui saisit l’occasion de briller et, non
content de rappeler les princes de France à l’ordre, balaie le royaume des capitaines renégats102
et instaure les Compagnies d’Ordonnances103, en 1445, soit une armée moderne et rationalisée,
entièrement soldée par la couronne et vouée à son seul service. Grâce à ces compagnies de
professionnels, les rois de France s’imposeront militairement, pendant plusieurs générations,
aussi bien à l’intérieur de leur royaume qu’à l’extérieur. La Guyenne et la Normandie sont
reconquises, et Henri VI sombrant dans la démence en 1453 de la même façon que son aïeul
Charles VI, l’Angleterre s’embourbant dans la Guerre des Deux Roses, Charles VII sort
victorieux du conflit auquel nul ne l’aurait donné gagnant.

Toutefois, tous les historiens ne se sont pas limités à ne concevoir La Hire qu’inscrit dans la
vie publique. Voire, la plupart ont essayé de dresser son portrait, à la suite de Jules Michelet et
de Mark Twain104. La Hire est depuis devenu une caricature dans l’imaginaire
historiographique. Dès lors, avant que d’énumérer ses faits d’armes personnels, il convient
d’exposer cette caricature et de montrer son caractère infondé, sinon fortement biaisé.

& Cie., 1863 ; VALE M., English Gascony, 1399-1453 : a study of war, government and politics during the later
stages of the Hundred Years’s War, Oxford, OUP, 1970.
101
BEAUCOURT, Charles VII, vol. 3, pp. 115-142 ; FAVREAU R., « La Praguerie en Poitou », dans BEC, 129, 1971,
pp. 277-301.
102
C’est aux alentours de cette période que l’Écorcherie devient également un réel problème : BAZIN J.-L., « Un
épisode du passage des écorcheurs en Chalonnais (1438) », dans Mémoires de la société bourguignonne de
géographie et d’histoire, 6, 1890, pp. 99-112 ; CAUCHIES J.-M., « Les "Écorcheurs" en Hainaut (1437-1455) »,
dans RBHM, 20, 5, 1974, pp. 317-339 ; FRÉMINVILLE J. (de), Les écorcheurs en Bourgogne (1435-1445). Étude
sur les compagnies franches au XVe siècle, Dijon, Darantière, 1888 ; PLAISSE A., Un chef de guerre au XVe siècle,
Robert de Floques, Evreux, Société libre de l’Eure, 1984 ; TOUREILLE V., Robert de Sarrebrück ou l’honneur d’un
écorcheur (v. 1400-v. 1462), Rennes, PUR, 2014 ; TUETEY A., Les écorcheurs sous Charles VII. Épisodes de
l’histoire militaire de la France au XVe siècle, Montbéliard, Henri Barbier, 1874, 2 vol.
103
SOLON P., « Valois military administration on the Normand frontier, 1445-1461 : a study in medieval reform »,
dans Speculum, 51, 1976, pp. 91-111.
104
MICHELET, loc. cit. ; TWAIN M., Personal recollections of Joan of Arc, 1896, livre 2, chap. 11-12.

36
II – 2. LE CARACTÈRE DE LA HIRE
Trop d’espace serait perdu à pointer du doigt les différents historiens qui ont construit La
Hire en tant que caricature du soldat brutal et naïf. Néanmoins, l’on peut affirmer sans tort que
les « johannologues », souvent « johannolâtres », pour employer la terminologie de Philippe
Contamine105, ont trop facilement participé à cet ouvrage. En définitive, trois traits
caractériseraient La Hire :
1. Une culture religieuse minime ;
2. Un franc-parler injurieux :
3. Un tempérament colérique.
Point par point, nous comptons nous attaquer à ces trois aspects et démontrer qu’ils découlent
plus de prises d’opinion exagérées par un esprit d’emphase que de constatations objectives et
scientifiques.
Commençons donc avec la culture religieuse de La Hire. Tout est parti d’une prière qu’il
aurait prononcée avant d’aller à la bataille et que l’on peut lire dans la chronique de la Pucelle :

La Hire trouva un chapelain auquel il dist qu’il luy donnast hastivement absolution, et le
chapelain luy dit qu’il confessast ses péchez. La Hire lui répondit qu’il n’auroit pas loisir,
car il falloit promptement frapper sur l’ennemy, et qu’il avoit fait ce que gens de guerre ont
accoutumé de faire. Sur quoy le chapelain luy bailla absolution telle quelle ; et lors La Hire
fit sa prière à Dieu, en disant en son gascon, les mains jointes : « Dieu, je te prie que tu
fasses aujourd’huy pour La Hire, autant que tu voudrois que La Hire fit pour toi s’il estoit
Dieu et tu fusses La Hire. » Et il cuidoit très-bien prier et dire106.

L’auteur de la chronique, ici, émet un jugement de valeur, en écrivant que La Hire « cuidoit
très-bien prier et dire » : sous-entendu, ce n’était pas le cas. Mais Robert Blondel, qui fait dire
à La Hire cette même prière, lors d’un autre événement, maintient un ton parfaitement solennel
et ne moque pas cette prière :

105
Jeanne d’Arc H&D, p. 10.
106
COUSINOT, 246. Dans cette version, La Hire prononce sa prière avant la bataille de Montargis, en 1427.

37
Hic ad celum oculos erigit, inquiens : « O summe Deus ! pone quod tu sis La Hyre et La
Hyre sit Deus ; in hoc prelii articulo e celo michi in extremo laboranti opem confer, sicut
tu velles in hoc conflictu te adjuvarem107. »

Les historiens, qui ne citent jamais Blondel et qui s’appuient tous sur la chronique de la
Pucelle, ont servilement suivi l’opinion implicite de son auteur. Nous nous sommes toutefois
posé la question : cette prière mérite-t-elle vraiment d’être moquée ? est-elle nécessairement le
produit d’un esprit trop pauvrement éduqué ? Nous n’aurions su y répondre nous-même aussi
bien que le détenteur d’un diplôme de maîtrise en théologie : « Au-delà de son aspect alambiqué
(et peut-être prétentieux : vouloir être à la place de Dieu), cette prière reconnaît que l’on a
besoin de l’aide de Dieu et qu’on lui laisse le champ libre pour agir, à la mesure de notre foi et
de notre conscience, ce qui est tout à fait louable. La version simplifiée serait : Au secours !108 »
Si certains se moquent donc de cette prière, d’autres la considèrent assez sérieusement. Dès
lors, il est impossible de présumer, à partir de cette seule parole attribuée à La Hire, de
l’éducation religieuse de ce dernier, ou bien de sa piété, à moins de l’étudier à partir d’a priori
et de préjugés109.
Ensuite, concernant le franc-parler injurieux de La Hire, il y a également à en découdre. Tout
provient d’un témoignage tenu lors du procès de réhabilitation, par le frère Seguin :

107
BLONDEL, 212. Ici, La Hire énonce sa prière avant la bataille de Gerberoy, en 1435, alors qu’il vient de déclamer
un superbe discours pour exhorter ses troupes à terrasser les Anglais.
108
Nous rapportons ici les paroles d’Alexis Piraux, diplômé en théologie à l’Université catholique de Louvain. Ils
entrent en porte-à-faux avec les propos suivant : « Il ne croyait pas la religion incompartible avec la rapine et savait
très bien les allier toutes deux. En partant pour le butin, il récitait une oraison peu explicite, supposant que
l’intelligence divine n’aurait pas de peine à deviner ses réticences » (NOULENS J., « Poton de Xaintrailles », dans
Revue d’Aquitaine, I, 1857, p. 159).
109
La « bataille du berger », à laquelle La Hire a participé selon le roi d’armes de Philippe le Bon, jouerait en
faveur du fait qu’Étienne de Vignolles ait eu un esprit superstitieux, si l’on en croit le chroniqueur : « Or, advint
après la mort de Jehenne la Pucelle que aucuns, aussi de folle créance, mirent sus ung fol et innocent bregier,
lequel, comme avoit dit Jehenne la Pucelle, disoit qu’il avoit révélacion divine, affin qu’il se meist sus en armes
pour aidier ce noble roy de France » (TOISON-D’OR, II, 263). Un esprit cynique rétorquerait simplement que le
berger était utilisé, et ce consciemment, à des fins de guerre psychologique, sans que nul ne lui accordât le moindre
réel pouvoir ; de plus, La Hire n’était pas le seul capitaine présent à cette bataille, et rien ne permet de lui
reconnaître l’initiative de ce stratagème.

38
Dicit etiam [frater Seguinus Seguini, sacræ theologiæ professor, ordinis Fratrum
Prædicatorum, decanus Facultatis theologiæ in Universitate Pictavensi, ætatis LXX
annorum, vel circiter] ipse loquens quod ipsa Johanna erat multum irata quando audiebat
jurare nomen Domini in vanum, et abhorrebat taliter jurantes ; nam ipsa Johanna dicebat à
La Hire, qui consueverat et erat assuetus facere multa juramenta et negare Deum, quod
amplius non juraret ; sed dum vellet negare Deum, negaret suum baculum. Et postmodum
ipse La Hire, in præsentia ispsius Johannæ, consuevit negare suum baculum110.

Il n’en fallut pas plus pour que tous les historiens soient convaincus, mordicus, du fait que
La Hire jurait comme un charretier. Néanmoins, plaçons un instant ce témoignage en parallèle
avec deux autres, tenus à propos du duc d’Alençon, le « beau et gentil duc » de Jeanne. En
premier lieu, il avoue lui-même ceci :

[Dicit illustris ac potentissimus princeps et dominus, dominus Johannes, dux Alenconii]


multum etiam Johanna irascebatur dum aliquos armatos audiebat jurantes, ipsos multum
increpabat et maxime ipsum loquentem, qui aliquando jurabat ; et dum videbat eam,
refrenabatur a juramento111.

Ensuite, Louis de Contes, page de Jeanne, confirme le fait :

[Dicit nobilis vir et prudens Ludovicus de Contes, scutifer, dominus de Novyon et de


Reugles, aetatis xlii annorum, vel circiter] erat etiam [ipsa Johanna] mutlum irata quando
audiebat blashemari nomen Domini nostri et quando audiebat aliquem jurantem ; nam et
pluries audivit quod, quando dominus dux Aleconii jurabat aut dicebat aliquid blasphemiæ,
ipsa eum reprehendebat ; et generaliter nullus de exercitu coram ea fuisset ausus jurare aut
blasphemare, quin fuisset ab eadem reprehensus112.

Pourtant, la tradition historiographique n’a pas retenu le caractère grossier du duc d’Alençon.
Or, comparativement à La Hire, les témoignages sont beaucoup plus pertinents. Non seulement
le duc avoue-t-il lui-même le fait, mais encore dispose-t-on du témoignage d’un individu qui,

110
Procès de Jeanne d’Arc (éd. QUICHERAT), III, 206.
111
Ibid., III, 99.
112
Ibid., III, 71-72.

39
proche de Jeanne, a très certainement eu l’occasion d’assister à la scène de Jeanne grondant le
duc lorsqu’il jurait.
Le témoignage de frère Seguin, en revanche, soulève plus de questions qu’il n’offre de
certitude. Premièrement, le théologien de Poitiers a-t-il été en mesure d’entendre par lui-même
La Hire jurer, ou bien rapporte-t-il seulement des bruits qu’il a entendu (et que l’historien serait
incapable de vérifier) ? Ensuite, qu’est-ce que jurer, dans l’oreille d’un théologien rompu à la
lecture des saintes écritures ?
Toujours est-il, la mesure et la modération s’imposent avant que de pouvoir qualifier La Hire
de « lurid conflagration of blasphemy » ou de « Vesuvius of profanity113 ». La pratique du juron
était sans doute coutumière parmi les hommes d’armes de l’époque et rien ne nous permet de
déterminer avec certitude que La Hire, entre tous, se distinguât plus qu’un autre par la couleur
de son langage. Du reste, il convient de se méfier en général des témoignages du procès de
réhabilitation de Jeanne, puisqu’ils ont l’objectif avoué de purger l’image de la Pucelle, qui a
été ternie par son procès de condamnation : leur contenu est souvent formel ou convenu114.
Enfin, il faut traiter du tempérament présupposé colérique d’Étienne de Vignolles. Les
historiens ont estimé qu’il devait être un homme au sang bouillant, en raison de son surnom,
« La Hire », dont ils n’ont pas compris la signification en le rapprochant du mot « ire ». Les
historiens s’appuient vraisemblablement ce qui peut être lu dans le Journal d’un bourgeois de
Paris :

Et celle sepmaine fut prins le plus mauvais et le plus tirant et le mains piteux de tous les
cappitaines qui fussent de tous les Arminalx, et estoit nommé pour sa mauvaistie La
Hire115.

113
TWAIN, op. cit., chap. 11.
114
NEVEUX F., « Pierre Cauchon et la réhabilitation de Jeanne d’Arc », dans Annales de Normandie, 1988, 38 – 4,
p. 347 : « Jean Bréhal mènera les interrogatoires des témoins, en particulier des survivants du premier procès de
Rouen. Tous sont interrogés sur des questionnaires fort orientés. Les anciens assesseurs de 1431 ne pouvaient
ignorer ce qu’on attendait d’eux, d’autant plus qu’on leur garantissait l’impunité : beaucoup furent donc des
témoins complaisants, mais quelques-uns se montrèrent réticents, se refusant par exemple à condamner Pierre
Cauchon sans nuances. Enfin, certains témoins qui risquaient de gêner ne furent pas convoqués, ou pas
reconvoqués quand leur première déposition n’avait pas donné satisfaction (comme Jean Beaupère interrogé
seulement en 1450, et qui resta obstinément fidèle à l’esprit du procès de 1431 !). »
115
Journal de Paris, § 579.

40
Néanmoins, ce sont les mêmes historiens qui ignorent l’auteur de ce journal quand il déverse
toute sa bile contre Jeanne d’Arc, ou bien qui ne sont pas allés lire ce passage tout en nuances
d’Olivier de La Marche, à propos de l’écorcherie :

Tout le tournoiement du royaulme de France estoit plain de places et de forteresses, vians


de rapine et de proie ; et par le millieu du royaulme et des pays voisins s’assemblerent
toutes manieres de gens de compaignie que l’on nommoit escorcheurs. […] Et combien
que Poton de Saintralles et la Hire furent deux des principaulx et des plus renommez
cappitaines du party des François, toutesfois ilz furent de ce pillaige et de celle escorcherie ;
mais ilz combatoient les ennemis du royaulme, et tenoient les frontieres aux Angloix, à
l’honneur et recommandacion d’eulx et de leurs renommées116.

On constate qu’Olivier de La Marche ne range qu’avec infinie précaution La Hire et Poton


parmi les écorcheurs, c’est qu’il les tient en haute estime. On ne pourrait donc présumer de la
mauvaiseté de La Hire sans devoir prononcer une opinion et prendre parti. De plus, mauvaiseté
n’est pas synonyme de courroux, ou de colère.
Ici, l’occasion se présente de conduire une réflexion systématique et originale sur les
surnoms des gens de guerre, afin de comprendre celui de La Hire.
Tout d’abord, il faut remarquer qu’il existe différents types de surnoms. Dans un premier
temps, le prénom peut être déformé par l’emploi d’un diminutif : Jacques de Béthune, ainsi, est
appelé « Jacotin » par Monstrelet117. Robert de Floques est connu de ses contemporains sous le
nom de « Floquet ». Colard de Brimeu, de même, est appelé « Colinet » dans un état de l’hôtel
du comte de Charolais (alors Philippe le Bon, en 1415). Cependant, un individu peut également
recevoir un nouveau prénom, et c’est ainsi que Colard ou Colinet, devient Florimond III, dans
la continuité de son père, Guillaume, qui avait été surnommé Florimond II118. Enfin, le bâtard
de Saint-Pol, Jean de Luxembourg, reçoit quant à lui le sobriquet de « Hennekin », sans doute
pour qu’il ne soit pas confondu avec son cousin, qui porte les mêmes noms que lui119. Il se peut
que Jean de Xaintrailles, le compagnon de La Hire, ait reçu le surnom de « Poton » pour des
raisons similaires.

116
LA MARCHE, I, 243-244.
117
MONSTRELET, V, 391.
118
Chevaliers de la Toison d’Or, 38-39.
119
Chevaliers de la Toison d’Or, 75-77.

41
Dans ces différents cas, le pseudonyme ne semble pas revêtir de grande importance
symbolique. Il s’agit plutôt d’une modalité distinctive. Le prénom d’un individu est suppléé
d’un diminutif pour signaler sa jeunesse, ou bien il est changé, sinon pour renforcer une
continuité lignagère, afin d’éviter les risques de confusion (et ce, le plus probablement, pour
des raisons comptables). Certains surnoms, en revanche, ne trahissent rien d’autre qu’une
origine géographique, comme ceux de Poton le Bourguignon et de François de Surienne, dit
« l’Aragonais »120. Et puis, il y a la myriade des bâtards : le bâtard d’Orléans (Jean Dunois), le
bâtard de Vertus, le bâtard de Thian, le bâtard de Bourgogne, le bâtard de Brabant121, etc., qui
n’ont souvent pas d’autre appellation que « bâtard de… ».
Enfin, viennent les vrais pseudonymes militaires, qui rappellent directement l’emploi d’un
outil, d’une pièce d’équipement, ou d’une arme : Arc-en-Ciel, Capdorat (Aymart de Puiseux),
Forte-Épice (Jacques de Pailly), Fort-Écu, Lamoure, Le Charruyer, Le Cuignat (Jean de La
Tour) et La Hire. Pour certains d’entre eux, nous pensons qu’il n’y a pas de mystère. Arc-en-
Ciel et Fort-Écu ne soulèvent aucune interrogation sur la signification de leur surnom : chez
l’un, il y a l’arc, chez l’autre, l’écu. Quant aux autres, il faut se plonger plus attentivement dans
le moyen français et jouer avec la langue. Pour ce faire, nous nous sommes livrés à une
consultation méthodique des dictionnaires de moyen français de Godefroy et de l’Atilf,
desquels nous tirons toutes nos observations et nos conclusions, et dont la référence complète
se trouve dans la bibliographie en annexe.
L’analyse du pseudonyme du Charruyer, pour commencer, permet d’élargir notre spectre de
compréhension. Il s’agit d’un homme d’armes qui n’apparaît qu’en une seule occasion, lors de
la révolte du pays de Caux à l’encontre du gouvernement de la double monarchie, en 1435.
Dieppe ayant été conquise par le maréchal de Rochefort 122, Monstrelet écrit que « y vint ung
capitaine de communes nommé Kierewier, à tout bien quatre mille paysans du pays de
Normendie, qui se alya et fit sairement àu mareschal dessus nommé, de guerroyer hardiment
les Anglois123. »

120
À propos de ce personnage : BOSSUAT A., Perrinet Gressart et François de Surienne, agents de l’Angleterre,
Paris, Droz, 1937.
121
Quelques études au sujet de ces bâtards : MARTIN L.-L., Dunois, le bâtard d’Orléans, Paris, Colbert, 1943 –
NELIS H., « Bâtards de Brabant et bâtards de Bourgogne », dans RBPH, 1, 2, 1922, pp. 337-342.
122
Pierre de Rochefort, fils de Jean II de Rieux. Il devient maréchal de France à la suite de son père en 1417 :
Maréchaux de France, pp. 374, 376 — désormais : Maréchaux de France, n° p.
123
MONSTRELET, V, 201.

42
L’événement est également consigné par le chroniqueur Jean Chartier, qui écrit ceci :

Ung pou de temps après s’eslevèrent et mirent sus semblablement en armes le peuple et
commun du pays de Caux, que les Angloiz avoient semblablement fait armer, et en estoit
chief ung homme du pays nomme Le Carnier, lequel entretenoit et gouvernoit […] et disoit-
on qu’ilz estoient plus de vingt mille tous obéissant à icellui Carnier124.

Et puis, bien sûr, en auteur normand très sensible à la cause de ses compatriotes, Thomas
Basin ne pouvait pas faire abstraction de l’affaire non plus :

Auctoribus quibusdam [Angliis] terre accolis, quorum precipuus Carrucarii cognomen


habebat (vulgo Charuyer), totum populum terre adversus Anglicos […] insurgere et arma
vertere fecerunt125.

Kierewier, Querier, Charuyer, il s’agit toujours, bel et bien, du même acteur historique.
Seulement, son pseudonyme est écrit, dans l’une ou l’autre chronique, dans un dialecte
différent. Pour cause, ce pseudonyme n’est rien de plus qu’un nom commun qui, comme le
lecteur s’en doute, détermine quelconque individu qui manie la charrue.

124
CHARTIER, I, 173-174. Il convient d’apprécier, ici, le nombre très important de Cauchois révoltés que donne
Chartier (20 000) comparativement à Monstrelet (4 000). Cette exagération est typique du chroniqueur, dont
Viriville a déjà dénoncé la médiocrité (lire l’introduction de son édition, ou VALLET DE VIRIVILLE A., « Essais
critiques sur les historiens originaux du règne de Charles VII. Deuxième essai : Jean Chartier », dans BEC, 18,
1857, pp. 481-499). En 1439, quand les loups rôdent autour de Paris, Chartier affirme que 80 personnes ont été
mordues (CHARTIER, I, 247-248), tandis que l’auteur anonyme du Journal d’un Bourgeois de Paris, certainement
mieux informé, ne compte pas plus de 35 victimes (§ 772, 774). L’historien Moriceau n’y a pourtant vu que du
feu (MORICEAU J.-M., L’homme contre le loup. Une guerre de deux mille ans, Paris, Fayard, 2011).
125
BASIN, I, 216-217. À ces mêmes pages, n. 1, Samaran soupçonne que Viriville ait incorrectement transcrit le
passage de Jean Chartier regardant le même épisode : au lieu de « Carnier », il y aurait été écrit « Caruier ». Il
appuie sa réflexion sur une édition partielle du Rosier des Guerres par Hellot (Revue historique, 29, 1885, p. 79)
où l’on y lit : « Oudit an [1435] se levèrent les communes de Caux dont estoit chief le Caruyer. »
Regardant la sensibilité de Thomas Basin pour la Normandie : GOGLIN J.-L., « Thomas Basin, témoin de la
misère normande », dans Annales de Normandie, 30, 2, 1980, pp. 91-101. Pour d’autres information sur cet auteur,
outre les introductions de Quicherat et de Samaran à leurs éditions respectives : GROER G. (de), « La formation de
Thomas Basin en Italie et le début de sa carrière », dans BEC, 142, 1984, pp. 271-285 – QUICHERAT J., « Thomas
Basin, sa vie et ses écrits », dans BEC, 3, 1842, pp. 313-376 – SAMARAN Ch., « Documents inédits sur la jeunesse
de Thomas Basin », dans BEC, 94, 1933, pp. 46-57.

43
Cela nous amène à la conclusion suivante : l’orthographe donnée par un chroniqueur au
pseudonyme d’un homme d’arme ne revêt aucun caractère définitif ; le pseudonyme de La Hire
s’écrit également La Hyre, La Hiere (en dialecte lorrain), La Heer (en moyen anglais) ou Der
Herre (en moyen allemand) et parfois en un seul ou deux mots.
Forte-Épice, dans les sources, s’écrivait Forte-Espice. Or, dans l’espice, il y a l’espi, dont la
forme rappelle la pique d’une lance. Lamoure est un cas relativement simple, au lieu de lire
moure, il faut lire meure, c’est-à-dire la pointe de l’épée. Le Cuignat, désormais, pourrait
s’écrire alternativement Le Coignat. Or, la cognée est une hache de bucheron126.
Le surnom d’Aymart de Puiseux, Capdorat, est un cas quelque peu plus ambigu. Surnommé
ainsi par La Hire en personne, le chroniqueur explique que c’était en raison du fait « qu’il estoit
fort blanc [et] qu’il estoit fort esveillé et de grant hardiesse entre les autres127. » Ici, il faut
certainement associer « blanc » avec « dorat » : le brave gaillard était blond, il avait le cheveu
clair et doré. En d’autres termes, son surnom signifie « tête blonde », mais c’est le terme « cap »
qui est choisi, car il renvoie directement à l’expression militaire « armé de pied en cap », déjà
d’époque et souvent retrouvée chez Froissart.
Enfin, il y a La Hire, qui dans cette logique de distorsion orthographique, n’a plus rien de
mystérieux ou de secret. Il existe un verbe, en moyen français, hier, qui signifie frapper avec
un maillet, ou plus précisément avec une hie, la hie étant l’outil des paveurs, une masse de bois
ou de fer qui sert à enfoncer des pilotis ou des pierres dans le sol. Par métonymie, la hie peut
également signifier le coup que l’on porte, idem pour le verbe hier, qui signifie frapper d’un
grand coup. Il n’y a pas donc besoin d’aller chercher plus loin pour comprendre la signification
du pseudonyme La Hire128.

126
La coigniee, également, était l’arme du célèbre Tondale (CAVAGNA M., La Vision de Tondale. Les versions
françaises de Jean de Vignay, David Aubert, Regnaud le Queux, Paris, Champion, 2008 (coll. Classiques français
du Moyen âge, n° 159) – ID., « Voyager jusqu’au Diable. La Vision de Tondale et la transformation du voyage en
enfer au Moyen âge », dans Voyager avec le Diable : voyages réels, voyages imaginaires et discours
démonologiques (XVe-XVIIe siècles), Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2008, pp. 27-44). La
« Grande Cognée », d’autre part, était le nom que portait la confrérie des charpentiers (DMF).
127
Journal d’Orléans, 66.
128
Les historiens, pourtant, ont avancé les théories les plus irréfléchies. Comme écrit plus haut, pour la plupart, ils
ont supposé que La Hire dérivait du mot « ire ». Toutefois, La Hire s’écrit systématiquement avec un « h », sinon
dans la Petite chronique de Guyenne, il s’agit du seul endroit où l’on peut lire « La Ira » : Guyenne, 66.
Une autre théorie, sans doute plus capillotractée, propose que La Hire soit une forme abâtardie du nom de petites
seigneuries, La Hite ou Larehille, ayant appartenues à la famille d’Étienne de Vignolles (Jeanne d’Arc H&D,

44
Désormais, que La Hire ait été un expert au maniement de la hie sur le champ de bataille,
d’où son surnom129, ne permet en rien de déduire quoique ce soit sur la nature de son caractère.
Bref, la psychologie intime de La Hire demeure un mystère complet, la chasse-gardée des
romanciers et des dramaturges.
En conclusion, Étienne de Vignolles a été la victime de préjugés anachroniques, où l’homme
de guerre apparaît comme l’archétype de l’antichrétien. En effet, il s’agit d’un préjugé
anachronique, puisque tout au long du Moyen âge, les théologiens se sont efforcés de concilier
la guerre avec le message du Christ. Bernard de Clairvaux, c’est un fait bien célèbre, n’a pas
manqué d’énergie pour encourager le départ de la première croisade. Et si la guerre entre
chrétien était sans doute un problème plus épineux que la conquête brutale des terres
musulmanes, païennes et hérétiques, David Grummit nous rappelle qu’au milieu du XIIe siècle,
Jean de Salisbury écrivait que la vie militaire faisait ressortir tout le meilleur d’un homme
(énergie au travail, loyauté et piété) et que cette opinion demeura très répandue jusqu’à la
première moitié du XIVe siècle130.
Cependant, durant la première moitié du XVe siècle, qu’en était-il ? À la lecture des sources,
l’on se rend vite compte que l’activité militaire, in ipso, n’est pas remise en cause ; les auteurs
s’attaquent à ses modalités. Voici comment Robert Blondel définit les devoirs du bon soldat :

p. 789). Néanmoins, comme il a été observé plus haut, lorsqu’un homme d’armes est connu par son origine
géographique, l’on fait référence à son pays d’origine : l’Aragon, la Bourgogne… Aucun homme d’armes, semble-
t-il, n’est surnommé d’après quelque patelin paumé. George Minois, fidèle à lui-même, écrit que La Hire signifiait
« grognement de chien » (Charles VII, un roi shakespearien, Paris, Perrin, 2005, p. 110), ce qu’il a été piller dans
le dictionnaire Godefroy (IV, 477), où l’on trouve toutefois un point d’interrogation qui traduit l’incertitude du
linguiste.
129
Dans son récit de la révolte d’Amiens de 1435, Monstrelet évoque « ung saqueman qui estoit nommé ..... qui
estoit excellent maistre en ycelui instrument » (MONSTRELET, V, 198). Le nom du saqueman nous manque, mais
l’on sait qu’il était habile d’un instrument, c’est-à-dire d’une arme, et qu’il avait été surnommé d’après celle-ci en
raison de la maîtrise qu’il en avait. La Hire se trouve probablement dans le même cas.
130
GRUMMIT D., « Perceptions of the soldier in the late-medieval England », dans The fifteenth century X, dir. par
Kleineke H., Woodbridge, Boydell & Brewer, 2011, p. 190. On lira également, sur le même thème : ALLMAND
Ch., « Changing views of the soldier in late medieval France », dans Guerre et société en France, en Angleterre
et en Bourgogne. XIVe-XVe siècle, dir. par CONTAMINE Ph., GIRY-DELOIZON Ch. & KEEN M. H., Université Charles
de Gaule, Lille, 1991 (coll. Histoire et littérature régionales, n° 8), pp. 171-184.

45
Militis est patriam131 deffendere, castra subire,
Linquere desidiam, ludos, hostemque ferire,
Nonque timere mori patria bello truciori,
Non desertorem pugne, si servet honorem,
Hastam torquere, strenuos actusque tenere,
Quemque suis gestis precellere semper honestis,
Ecclesie, cleri jus juxta posse tueri,
Plectere predones, populatoresque latrones132.

Jean de Bueil, qui donne la parole à La Hire dans son récit, met quant à lui son lecteur en
garde contre les mauvaises tentations avant de définir les nobles aspirations que l’on peut
nourrir à la pratique de la guerre :

Tout orgueilleux qui entreprent sur autry sans cause, par presumpcion de force, de
lignaige, de richesse ou d’aucun autre bien, est à réprimer. Et se ainsi est que par cas
d’aventure il viengne au-dessus de ses besongnes, si doit-il mieulx estre appellé tirant que
victorien, et en la fin lui en meschiet. […] Pour ce dit-on en ung proverbe : « Tost voyons-
nous l’orgueilleux surmonté. Et, s’il advient par aucune adventure qu’ilz parviengnent à
l’acomplissement de leur désir et qu’ilz soyent hault eslevés et exaulcés en grant estat,
neantmoins tousjours leur advient-il quelque esclandre et en la parfin mal adventure. […]
Au second point, […] envye à proprement parler est la droitte nourrisse de hayne, et n’est
autre chose fors ire endormye soubz dissimulacion. Et bien bous asseure que la guerre, qui
au commencement se engendre par envye, est la plus perilleuse, et s’en ensieut plus
d’inconvéniens que d’autres guerre. […] Pour ce il est conclus que tout homme qui prend
guerre ou querelle par envye est deshonnourablement diffamé et destruit, à la parfin. […]
Le tiers point et darrenier sera de la guerre et discention, qui se commence par avarice
[…]. Il est assavoir que avarice est rachine et commencement de tous maulx et celle qui
plus adveugle les yeux de l’homme133.

131
Dans le latin du XVe siècle, le mot « patria » est à comprendre au sens de « pays », c’est-à-dire une division
territoriale déterminée et quelconque. Il ne faudrait guère y percevoir de motif idéologique sans risquer de lourds
anachronismes (http://www.cnrtl.fr/definition/patrie).
132
BLONDEL R., « Complanctu bonorum Gallicorum », dans Œuvres, t. 1, éd. par HÉRON A., Rouen, Lestringant,
1891, p. 2.
133
Jouvencel, I, 119-129.

46
En résumé, l’homme d’armes idéal mène une vie ascétique et privée de plaisir. Tout de
vaillance, il protège l’Église, le peuple, et chasse les mécréants. De plus, il demeure humble,
raisonnable et désintéressé. Nous constatons donc que le préjugé dénoncé plus haut n’appartient
pas à la mentalité du XVe siècle134. L’exercice de la guerre n’apparaît pas nécessairement
comme incompatible avec la vie chrétienne, et concernant La Hire, beaucoup de choses ont été
écrites qui mériteraient d’être modérées, voire retirées.

134
Johan Huizinga a insisté sur le fait que les chroniqueurs du XIVe et XVe siècles, à l’exception de Thomas Basin
et de Philippe de Commines (il a oublié Pierre Cochon et d’autres anonymes), ont écrit dans le but avoué de vanter
les faits d’armes de leur temps ; la guerre, dans certains milieux, était pour ainsi dire à la mode : HUIZINGA J.,
L’automne du moyen âge, trad. par BASTIN J., préf. de LE GOFF J., Payot, Paris, 1975 (coll. Le regard de l’histoire,
dir. par METTRA Cl.), p. 79.

47
II – 3. LES CAMPAGNES MILITAIRES DE LA HIRE : OBJECTIFS & RÉSULTATS
La chronique attribuée à Jean Jouvenel des Ursins met en garde l’historien : « Qui voudroit
eſcrire les vaillances, entrepriſes, & executions dudit la Hire, ce ſeroit longue choſe. » Par
conséquent, peut-être n’est-il pas nécessaire de tout dire, mais de faire le bon tri. Dans la longue
série des actions militaires de La Hire, les objectifs de certaines d’entre elles demeurent obscurs
car nous manquons essentiellement d’information.
Prenons le cas de son assaut, en compagnie de Jean Raoulet, sur Château-Renault en
Ardennes, dans les marches du Rethélois (1424)135. La Hire, écrit Monstrelet, y attaque un
certain Olivier d’Estanevelle. Quel est le but de cette attaque ? Nous pourrions peut-être le
deviner si nous disposions d’informations complémentaires sur la place-forte ou l’adversaire,
mais nos recherches se sont avérées stériles à ce propos. Le fait que la forteresse se trouve dans
les marches du Rethélois indique qu’il s’agit très probablement d’une place bourguignonne,
mais pourquoi attaquer ce lieu, en particulier, plutôt qu’un autre ? De quel droit La Hire attaque-
t-il ? Cette dernière question est la plus importante d’entre toutes.
De quel droit ? La Hire est homme de guerre, mais la guerre au XVe siècle n’est pas un lieu
de champ libre pour l’anarchie et le chaos. Au contraire, la guerre est le produit de codes et de
rituels, un jus armorum très surveillés136, indépendamment du relâchement de l’administration
militaire française. Celui qui déroge aux coutumes établies se place dans la position du rebelle,
sans foi, ni loi, contre lequel tous peuvent frapper dans la plus grande impunité. Le respect des
coutumes militaires garanti à l’homme d’armes un sorte de sécurité, dans le traitement qui sera
fait de lui, s’il est capturé par ses ennemis. Par conséquent, il faut toujours se demander de quel
droit un capitaine d’armée entreprend-il tel ou tel assaut.
Il n’est pas toujours aisé de répondre à cette question. Il est difficile de constituer la liste
suivie des propriétaires d’un château, d’une seigneurie ou d’une principauté, surtout au niveau
des domaines mineurs, qui changent très rapidement de main, mais parfois plus encore au
niveau des domaines princiers de premier plan, quand ceux-ci ont fait l’objet de litiges répétés
et irrésolus.
Si l’on devait proposer un récit linéaire et naïf des actions militaires de La Hire, nous aurions
l’impression qu’il court dans tous les sens à la manière d’un chien fou. Mais dès lors que l’on

135
MONSTRELET, IV, 183-184.

136
KAEUPER R. W., War, justice and public order. England and France in the later Middle Ages, Oxford,
Clarendon Press, 1988 ; TOUREILLE (dir.), Guerre et société, pp. 126-130.

48
s’interroge sur le droit de déplacement de La Hire vers tel ou tel endroit, la logique de ses
déplacements apparaît, et c’est celle-ci qui nous intéresse, plus que le récit de ses aventures.

II – 3.1. Défense et éviction de l’Aisne (1419-1421)


Toutes les chroniques concordent pour déterminer que La Hire se distingue à Coucy137. Le
château, tenu par Pierre de Xaintrailles, est perdu quand ce dernier est trahi par ses serviteurs
qui choisissent de libérer les nombreux otages bourguignons maintenus prisonniers dans la
place – et parmi lesquels se trouve, notamment, Lionel de Bournonville138. La Hire, alors,
arrivant depuis la ville de Coucy, fait montre de vaillance afin d’essayer de reprendre le château,
mais il parvient trop tard que pour renverser la situation.
De quel droit La Hire, sous le commandement de Pierre de Xaintrailles, se trouvait-il à
Coucy, en l’an 1419 ? À qui appartenait la forteresse ? Coucy était la possession du duc
d’Orléans.
En 1400, Louis d’Orléans avait acheté la baronnie de Coucy à Marie de Bar, qui se prétendait
l’héritière universelle des domaines de son défunt père. Louis d’Orléans entra dès lors en procès
avec Isabelle de Nevers, la demi-sœur cadette de Marie, et s’il ne put rafler l’intégralité des
possessions du célèbre Enguerran VII, il assura néanmoins sa mainmise sur Coucy139. La

137
BERRY, 425-426 ; Cordeliers, 267 ; FENIN, 127-128 ; Martiniane, 1-3 ; MONSTRELET, III, 310-313.
138
Celui-ci était le beau-frère de Jean de Villiers de l’Isle-Adam (MONSTRELET, III, 315), alors très en vue puisqu’il
avait assuré la conquête de Paris et orchestré le massacre des Armagnacs pour Jean sans Peur en 1418. Sur la
lignée des Bournonville : SCHNERB B., Enguerrand de Bournonville et les siens : un lignage noble du Boulonnais
aux XIVe et XVe siècles, Paris, Presses de l’université de Paris–Sorbonne, 1997 (coll. Cultures et civilisations
médiévales, n° 13).
139
LACAILLE, art. cit.
Parmi les domaines en litige se trouvaient, entre autres, la ville d’Ham, le comté de Soissons et le vinage de
Laon : Ham fut partagée en indivis entre le duc d’Orléans et le comte de Nevers (Philippe de Bourgogne, frère
cadet de Jean sans Peur)1, tandis que le comté de Soissons fut partagé en indivis entre ce premier et le comte de
Marle (Robert de Bar, fils de Marie de Bar)2. Isabelle de Nevers décédant sans héritier, son époux perdit ses droits
de jure uxoris sur Ham, qui revint au seul duc d’Orléans3. Robert de Bar, cependant, eut une fille, Jeanne de Marle,
comtesse de Marle et de Soissons. Celle-ci était l’ultime descendante biologique d’Enguerran VII de Coucy. Sa
mère, Jeanne de Béthune, vicomtesse de Meaux, ayant épousé Jean de Luxembourg, seigneur de Beaurevoir, en
14184, face à l’absence du duc d’Orléans tenu prisonnier en Angleterre, ce dernier prit possession et garda toutes
les places fortes orléanaises en Picardie de l’héritage de Coucy au nom de sa belle-fille (Ham et Coucy)5, si bien
que Charles d’Orléans dut racheter la forteresse de Coucy à son retour en France 6.
139.1
SAINT-DENIS, IV, 453.

49
forteresse avait été perdue à Valéran de Luxembourg, comte de Saint-Pol, en 1411, Robert
« Mansard » d’Esné, sire de Béthencourt, ancien chambellan de Louis d’Orléans140, ayant vendu
la place pour huit mille écus d’or141, mais elle avait ensuite été rendue, et Charles d’Orléans fut
donc en mesure d’y replacer des hommes de son parti. Est-ce lui-même qui a placé à Pierre de
Xaintrailles à Coucy ? Ou bien fut-ce le connétable d’Armagnac ? Nous restons, à cet égard,
sans réponse. Cependant, il convient de déduire que La Hire est à l’origine un serviteur de la
maison d’Orléans, dans le sillage du célèbre « chevalier sans reproche », Arnaud-Guilhem de
Barbazan142.
Évincé hors de Coucy, La Hire n’est cependant pas encore chassé de l’Aisne. Avec son ami
Jean « Poton » de Xaintrailles, il se replie à Guise, en Thiérache. Pourquoi Guise ? Le comté
de Guise appartient à la maison royale et princière d’Anjou143, laquelle est étroitement liée au
dauphin depuis le mariage de ce dernier avec la fille de Yolande d’Aragon144 – il s’agit par
conséquent d’un refuge naturel pour tout tenant du parti delphinal.
Depuis Guise, La Hire et Poton s’élancent sur Crépy et Clacy en 1420, ce qui leur permet de
tenir la ville de Laon « en grant subjection »145. Quel motif pouvait les conduire à cet endroit ?

139.2
DORMAY C., Histoire de la ville de Soissons et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs, Soissons, Asseline,
1664, vol. 2, p. 366.
139.3
MONSTRELET, II, 164 ; III, 18.
139.4
MONSTRELET, IV, 297, n. 2.
139.5
AMF Amiens, CC 17 fol. 80 v° ; MONSTRELET, III, 312 ; IV, 172.
139.6
CHAMPION, Charles d’Orléans, p. 282.
140
JARRY, Louis de France, pp. 185, n. 7 ; 296.
141
SAINT-DENIS, IV, 582-585.
142
Les informations les plus sûres sur Barbazan se trouvent dans l’ouvrage de SCHNERB B., Bulgnéville (1431) :
l’état bourguignon prend pied en Lorraine, préf. de CONTAMINE Ph., Paris, Economica, 1993.
143
Le comté de Guise appartenait dans un premier temps à René d’Anjou. Jean de Luxembourg, seigneur de
Beaurevoir, le conquit par les armes en 1424. Après la sujétion du comte de Saint-Pol en 1441, neveu et héritier
de Jean de Luxembourg, le comté alla à Charles d’Anjou, cadet de René ; DUBOSCQ G., « Le mariage de Charles
d’Anjou, comte du Maine, et le comté de Guise (1431-1473) », dans BEC, 96, 1935, pp. 338-366.
144
CHEVALIER B., « Marie d’Anjou, une reine sans gloire. 1404-1463 », dans Autour de Marguerite d’Écosse.
Reines, princesses et dames du XVe siècle. Actes du colloque de Thouars (23 et 24 mai 1997), dir. par CONTAMINE
G. & CONTAMINE Ph., Paris, Champion, 1999 (coll. Études d’histoire médiévale, dir. par CONTAMINE Ph. &
VERGER J.).
145
CHASTELAIN, I, 89-90 ; MONSTRELET, III, 360.

50
Le duc d’Orléans avait ses prétentions sur le vinage de Laon146. Très certainement, La Hire et
Poton espéraient, en l’absence de solde, en tirer des revenus par apatis.
Néanmoins, Philippe le Bon, à tout son ost, vient assiéger les deux capitaines gascons et
négocie, après une rude bataille, leur capitulation et la reddition de Crépy147. De nouveau, les
compères se réfugient à Guise. Cependant, ce n’est guère pour s’y reposer : les rencontres
armées dans le pays alentours se multiplient148.
La Hire, après un détour dans le Barrois, se loge à Château-Thierry, autre place forte
orléanaise149, où il est vaincu, capturé et rançonné par le seigneur de Scales, en février 1421,

À cet endroit, Toussaint du Plessis (Histoire de la ville et des seigneurs de Coucy, Paris, François Babuty, 1728,
p. 125) donne une interprétation contestable de Monstrelet. Il présume que ce dernier, en écrivant « Clarchi » ou
« Clarcy » aurait voulu écrire « Coucy ». En fonction de cette présomption, il déduit que La Hire et Poton, en
s’emparant de Crépy-en-Laonnois, s’étaient rendu de nouveau maître de Coucy. Toutefois, Coucy constituait une
place formidable. Selon toute probabilité, attendu leurs moyens limités, il était impossible pour La Hire et Poton
de récupérer de leur ancienne place forte.
Plusieurs historiens, aveuglément, ont suivi l’interprétation de Toussaint du Plessis (dont Melleville et
L’Épinois, cf. bibliographie). Cependant, si Monstrelet écorche parfois les toponymes et patronymes qui lui sont
étrangers, il est à douter qu’il se soit trompé sur le nom d’une place forte de sa Picardie natale. Dès lors, derrière
« Clarchi », il faut certainement reconnaître « Clacy ». Or, la ville de Clacy-et-Thierret se trouve, à vol d’oiseau,
à 7 km de Crépy-en-Laonnois, ainsi qu’à très forte proximité de Laon. De cette place, il aurait été très facile
d’harceler la cité épiscopale. Enfin, Toussaint du Plessis, pour donner force à son propos, mentionne un siège que
Suffolk aurait conduit sur Coucy en 1423, mais nous ignore tout simplement sur quelle source il s’appuie pour
l’affirmer. Par conséquent, il faut considérer l’interprétation de Toussaint du Plessis comme nulle et apocryphe.
146
Cf. supra n. 139.
147
CHASTELAIN, I, 107-112 ; FENIN, 124-127 ; Laon, Crépy, Guise, pp. 5-8 ; MONSTRELET, III, 374-377 ; RAOULET,
167 ; Trahisons, 148-151.
148
Au printemps 1419, La Hire et Poton tombent sur Charles de Longueval, près de Soissons, et Hector de
Saveuses, qui se rendait à Liesse-Notre-Dame, dont ils triomphent tour à tour (BERRY, 426 ; Martiniane, 3-4). En
même temps, ils livrent plusieurs escarmouches à Jean de Luxembourg dans le pays de Thiérache (MONSTRELET,
III, 315). D’autre part, il est attesté que La Hire assiège de Pinon, durant cette période, où il est « affolé et telement
que depuis ne s’est peu aidier comme devant » (LUCE, Domrémy, p. 155 (p. j. CVIII)). Cela pris en considération,
faut-il encore penser que ce soit l’effondrement d’une cheminée qui l’ait rendu boiteux (BERRY, 108) ?
149
La forteresse avait été donnée à Louis d’Orléans par Charles VI, en mai 1400 (Ordonnances des rois de France
de la troisième race, VIII, 363 ; JARRY, Louis de France, p. 234). Elle fut la demeure de Valentine Visconti, qui y
appris la mort de son époux (COLLAS, Valentine de Milan, pp. 320, 368), et Charles d’Orléans y passa une partie
de son enfance (CHAMPION, Charles d’Orléans, p. 25).

51
pour avoir été trahi par les habitants de la ville150. Il obtient certainement sa liberté contre la
promesse de quitter la Picardie151, puisqu’il disparaît de ce théâtre de guerre, mais qu’il guerroie
déjà le mois suivant aux marches de la Normandie.

II – 3.2. Secours et représailles au pays de Bar (1420-1424)


Le 17 juin 1420, le dauphin Charles nomme Louis de Bar, duc et cardinal, lieutenant-général
de la cause delphinale sur la frontière orientale du royaume. Le duc détient dès lors les pleins
pouvoirs pour traiter avec les Anglais de toutes les places-fortes dans la région152. Il est
cependant en conflit avec Pierre de Luxembourg, comte de Brienne et de Conversano 153, pour
le comté de Ligny. La Hire et Jean Raoulet sont alors envoyés auprès du cardinal de Bar et tous
deux repoussent l’assaut du comte de Brienne sur la ville de Bar-le-Duc. Cependant, le solde
de leurs services connaît des arriérés et les deux capitaines se retournent contre Louis de Bar,
car il était coutume, en terre d’empire, de déclarer la guerre lorsqu’une dette n’était pas
remboursée154. La Hire et Jean Raoulet vont donc assiéger le cardinal de Bar dans son château
de Clermont (en Argonne), au mois de novembre. Dès lors, une aide est levée en dernier recours
pour payer les deux capitaines et ces dangereux compagnons d’armes, pour l’instant satisfaits,

150
Cordeliers, 291 ; MONSTRELET, IV, 35.
151
À ceux qui capitulèrent la forteresse de Wiège à Jean de Luxembourg, en 1424, il fut demandé par traité de
« non plus armer deçà la rivière de Loire, sinon en la compaignie du roy Charles » (MONSTRELET, IV, 181). Il est
possible qu’une chose similaire ait été demandée à La Hire après sa perte de Château-Thierry, puisqu’il ne revient
plus dans l’Aisne avant le sacre de Charles VII à Reims. Toutefois, cela ne reste qu’une hypothèse.
152
LUCE, Domrémy, pp. LXVIII, 310-311 (p. j. XX). Sur l’histoire du duché de Bar : POULL G., La maison
souveraine et ducale de Bar, préf. de PARISSE M., Nancy, PUN, 1994.
153
Pierre de Luxembourg deviendra comte de Saint-Pol en 1430 et c’est sa fille qu’épousera Jean de Bedford,
après le décès d’Anne de Bourgogne (cf. supra n. 97). Il était également le frère aîné de Jean de Luxembourg,
seigneur de Beaurevoir, dont il a été question dans deux notes précédentes (supra n. 139, 143). Son second frère,
Louis, évêque de Thérouanne puis archevêque de Rouen, devint chancelier de France pour la double
monarchie (Fasti Ecclesiae Gallicanae : répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de
France, de 1200 à 1500 – 2, Diocèse de Rouen, dir. par TABBAGH V., Turnhout, Brepols, 1998, pp. 123-127 ;
FISQUET M. H., La France pontificale (Gallia Christiana). Histoire chronologique et biographique des
archevêques et des évêques de tous les diocèses de France. Métropole de Rouen : Rouen, Paris, Étienne Repos,
pp. 184-186).
154
C’est en respect de cette coutume que Robert de Sarrebrück déclara lui-même la guerre au cardinal de Bar, dans
les mêmes années : TOUREILLE, Sarrebrück, pp. 86-92.

52
se replient en Champagne, ou d’autres devoirs les appellent155. Louis de Bar, cependant, ne sera
quitte de sa dette qu’en février 1423156.
Néanmoins, ils reviennent au tournant des années 1422-1423, pour exercer de nouvelles
représailles beaucoup plus violentes. Cette fois-ci, cependant, le motif est différent.
Le titre ducal de Louis de Bar, depuis 1417, lui était contesté par sa sœur, Yolande157, en
cela qu’il était homme d’église et qu’il avait fait vœu de renoncer aux biens temporels. Louis,
toutefois, était le dernier de ses frères, tous les autres ayant trépassé aux suites de Nicopolis
(1396) et d’Azincourt (1415). Il refusait d’abandonner ses droits et il avait pour lui le soutient
de ses vassaux. D’un côté, l’affaire fut portée en parlement, de l’autre, l’époux de Yolande,
Adolphe de Berg, en constitua un casus belli. Afin de mettre un terme au conflit, Louis de Bar
décida d’adopter son petit-neveu, René d’Anjou, comte de Guise. Et comme il fallait également
apaiser la guerre que les duchés de Bar et de Lorraine se livraient depuis plusieurs générations,
le cardinal de Bar arrangea le mariage de René d’Anjou avec Isabelle de Lorraine, la fille aînée
du duc de Lorraine, Charles II. Enfin, oppressé par les aléas, Louis de Bar abdiqua le 24 octobre
1420 en faveur de son petit-neveu. Comme celui-ci était cependant mineur, le gouvernement
de son duché fut assuré par son beau-père, Charles II de Lorraine, jusqu’en 1423. Or, en 1422,
la pression des anglo-bourguignons devint telle que Charles II jura d’observer le traité de Troyes
et d’entrer dans l’alliance de la double monarchie, même double monarchie qui venait
d’octroyer le comté de Guise à Jean de Luxembourg, pour peu qu’il en assure la conquête.
C’était une trahison que ni la maison d’Anjou, ni les partisans du dauphin ne pouvaient tolérer.
Quand La Hire et Jean Raoulet reviennent dans le Barrois, c’est donc dans le but d’exécuter
des raids punitifs et de châtier Charles II par quelque manière. Ils s’emparent d’Étrépy,
Sermaize et Revigny. Depuis ces postes-avancés, ils conduisent une dévastation incendiaire de
du Barrois occidental et méridional : près de 18 villages se retrouvent comme rayés de la carte,
si bien qu’en 1423, le receveur du duché de Bar, qui dresse un inventaire du désastre, s’avère

155
LUCE, Domrémy, pp. LXVIII-LXIX, 73-74 (p. j. XXIII), 78 (p. j. XXVIII), 80-81 (p. j. XXXII ; XXXIII ; XXXIV).
156
LUCE, Domrémy, p. 86 (p. j. XLII). Il s’agit du document le plus ancien que l’on connaisse où La Hire est
qualifié d’« écuyer d’écurie ».
157
Louis de Bar avait deux sœurs qui portaient le nom de Yolande : la première, son aînée, fut mariée au roi
d’Aragon ; la seconde, sa cadette, au duc de Berg ; c’est ici de la seconde qu’il est question. La célèbre Yolande
d’Aragon, enfin, qui joua un si grand rôle auprès de Charles VII, était la nièce de Louis de Bar, fille de la première
Yolande mentionnée plus haut.

53
incapable de collecter la taille en certains endroits désormais désertés 158. Les dévastations
s’arrêtent lorsque le comte de Salm, gouverneur du Barrois pour Charles II de Lorraine, livre
un siège aux deux capitaines retranchés dans Sermaize, en avril 1423, et parvient finalement à
les chasser159.
Néanmoins, l’année suivante, René d’Anjou ayant atteint sa majorité, La Hire est de retour.
Pour une raison inexpliquée, ses chevaux sont saisis par le cardinal de Bar. La Hire ne peut
laisser passer une telle offense. Si ses chevaux sont conduits en juillet au château de Souilly, au
mois de septembre, il menace la place forte, avant d’inquiéter l’église fortifiée de Loisey. Enfin,
un arrangement est trouvé au mois de décembre avec le René d’Anjou, qui s’acquitte de ses
dettes et des arriérés de soldes encore non réglés160.
Ensuite, il faut attendre une décennie pour que La Hire s’en retourne au pays natal de la
Pucelle d’Orléans.

II – 3.3. Reconquête avortée d’Alençon (1421)


La Hire, au service du dauphin Charles, œuvre en faveur des maisons princières ayant partie
liée avec celui-ci. Ainsi, ayant bravement servi les maisons d’Orléans et d’Anjou, étroitement
liée au parti de Valois contre la double monarchie, La Hire sert ensuite brièvement les intérêts
de la maison d’Alençon161. Au mois de mars 1421, tout de suite après avoir été bouté hors de
Château-Thierry par le seigneur de Scales, il se joint aux forces du comte de Buchan, John

158
LUCE, Domrémy, pp. LXXIII, 78 (p. j. XXIX), 84-88 (p. j. XXXIX, XLI, XLIII, XLIV), 106 (p. j. LXI), 141
(p. j. XCI).
159
Ibid., pp. LXXIII-LXXIV, 93 (p. j. XLVI), 142 (p. j. XCII).
160
LUCE, Domrémy, pp. LXXIX, 114 (p. j. LXX), 116-117 (p. j. LXXIV), 129-130 (p. j. LXXXI), 140-141 (p. j.
XCI).
161
Le duc d’Alençon, dont il a été question plus haut pour ses jurons, Jean II, avait perdu son duché aux Anglais
quand ceux-ci ont conquis la Normandie. Il était, depuis, réduit à une certaine misère pour son rang. À son sujet :
CONTAMINE Ph., « Le premier procès de Jean II, duc d’Alençon (1456-1458) : quels enjeux, quels enseignements
politiques ? », dans Power and persuasion : essays on the art of state building in honour of W. P. Blockmans, dir.
par HOPPENBROUWERS P., JANSE A. & STEIN R., Turnhout, Brepols, pp. 103-122 ; LOGEAIS, « Jean II, duc
d’Alençon, seigneur du Pouancé, Chateaugontier et La Flèche », dans Revue de l’Anjou et de Maine et Loire, 2,
1853, pp. 363-380 ; GOURDIN P., « Monseigneur d’Alençon, le "Beau Duc" de Jeanne d’Arc, en Touraine », dans
Bulletin de la société archéologique de Touraine, 39, 1980, pp. 419-428.

54
Stuart162, et du maréchal de La Fayette163. À cette occasion, il rencontre probablement Renaud
de Fontaines164.
La Hire est donc à Baugé et participe au triomphe contre le duc de Clarence. Après quoi, il
suit le comte de Buchan et le maréchal de La Fayette jusqu’aux portes d’Alençon. L’appel au
secours des Anglais dans la ville ducale se fait entendre jusqu’à Rouen, de sorte que des troupes
alliées viennent en renfort. Buchan et La Fayette s’avancent à l’encontre de ces nouvelles
troupes, abandonnant leur siège, enjoués à l’idée d’en découdre sur le champ de bataille. Les
nouveaux-venus, intimidé par l’armée française, se replient à l’abbaye du Bec. Suite à cela,
sans terminer le siège d’Alençon, Buchan et La Fayette s’en retournent en Anjou165.

II – 3.4. Défense et éviction de la Champagne (1422-1425)


Ayant été expulsé de Château-Thierry, suite à sa virée en Normandie et le siège avorté
d’Alençon, La Hire est envoyé, en juin 1422, au secours de Saint-Dizier, qu’assiègent Antoine
de Vergy, comte de Dammartin166, et Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont, deux
redoutables partisans du duc de Bourgogne. Antoine de Vergy, d’ailleurs, qui deviendra plus
tard chevalier de la Toison d’Or, est alors maréchal de France pour la double monarchie167.

162
Celui-ci reçut l’épée de connétable le 5 avril 1421. Arrivé d’Écosse avec ses troupes, il a institué la garde
personnelle de Charles VII. On lira l’étude de FRANCISQUE-MICHEL, Les Écossais en France et les Français en
Écosse, Londres, Trübner, 1862, vol. 1, pp. 109-180.
163
Gilbert III Motier, seigneur de La Fayette, institué maréchal en 1421 : Maréchaux de France, 319-320.
164
Dans sa version de la bataille de Baugé, Perceval de Cagny écrit que s’y trouvaient les sires de Fontaines ; nous
déduisons que Renaud de Fontaines était de leur nombre, même si l’éditeur n’identifie qu’un certain Guérin :
CAGNY, 119, n. 2.
165
CHASTELAIN, I, 223-230.
166
À la même époque, un autre individu revendiquait le comté de Dammartin, soit Antoine de Chabannes, un allié
de La Hire, autre capitaine de Charles VII. Ils tenaient, l’un et l’autre, le comté par le biais d’autorités rivales. On
trouvera une biographie d’Antoine de Chabannes en introduction de la Chronique Martiniane, sinon, le lecteur
peut également consulter : Antoine de Chabannes et son époque, actes du colloque de Dammartin-en-Goêle, 22 et
23 octobre 1988, Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de la Goêle, 21, 1988.
167
Antoine de Vergy, est créé maréchal en 1422 par Henri V. Il fut l’un des plus brillants officiers militaire de la
double monarchie. Son neveu, Jean de Vergy, qui reçut également l’ordre de la Toison d’or, fut sénéchal de
Bourgogne et seigneur de Saint-Dizier (Chevaliers de la Toison d’Or, 11-13, 74-75 ; Maréchaux de France, 435-
436). Ce dernier participait également au siège de Saint-Dizier, en 1422.

55
Apprenant que La Hire se dirige en sa direction, il quitte Saint-Dizier et se rend à la rencontre
du capitaine gascon, dont il triomphe, avant de continuer et d’emporter son siège168.
Pour autant, La Hire ne quitte pas la Champagne. Il cherche où s’installer et décide que Vitry
sera sa nouvelle base d’opération169. Il capture et rançonne alors le bailli de la place, Robert
d’Esné, aux alentours d’octobre 1422, et ne le libère pas avant février 1423170. Dans un même
élan, il s’empare de Vertus (dont le comté est un domaine de la maison d’Orléans171) et soumet
son capitaine à forte rançon172. C’est alors qu’il apprend le revirement de Charles II de Lorraine
et s’en va dévaster le duché de Bar. Une fois de retour, il continue ses opérations militaires et
il aurait alors eu l’occasion, passant près de Reims, de jurer qu’il y ferait sacrer Charles VII173.
Enfin, sa capture du comte de Vaudémont, très certainement, date de cette même période174.
Assiégé ensuite dans Vitry, il signe un traité de reddition en octobre 1424 et abandonne
définitivement la place en mars 1425, par manque de renforts175. La Hire quitte alors la
Champagne pour se replier dans la vallée de la Loire, où sa véritable renommée l’attend.

II – 3.5. Bataille de Verneuil (1424)


Avant, toutefois, d’être pris au piège à Vitry, La Hire participe au grand rassemblement armé
destiné à lever le siège de Bedford sur Ivry-la-Bataille. On y compte notamment le duc

168
CHASTELAIN, I, 319 ; TOISON-D’OR, II, 58-59 ; MONSTRELET, IV, 105 ; LUCE, Domrémy, p. 88 (p. j. XXXVI).
169
Siméon Luce détermine qu’il s’agit de Vitry-en-Perthois, ville voisine de Vitry-le-François (LUCE, Domrémy,
p. LXXIII, n. 1).
170
LUCE, Domrémy, pp. 320-321 (p. j. XXVIII) ; MONSTRELET, IV, 132-133.
171
Louis d’Orléans devint comte de Vertus de iure uxoris, Jean Galéas, duc de Milan, donnant le comté à sa fille
Valentine pour son mariage (JARRY, Louis de France, pp. 392-406 (p. j. VII)). Philippe d’Orléans, second enfant
du couple princier, hérite du comté. À sa mort, en 1420, il va à sa sœur Marguerite, qui épouse en 1423 Richard
de Bretagne, frère cadet du duc de Bretagne, Jean V, et du connétable de Richemont. Ce dernier se dispute la
propriété du comté d’Étampes avec Jean de Bourgogne, cousin germain et fils par alliance de Philippe le Bon. Ce
dernier reste maître d’Étampes de facto.
172
LUCE, Domrémy, pp. 138-140 (p. j. XC).
173
Viriville, qui évoque à l’appui de ce fait les archives de Reims sans donner de référence précise, est celui qui
attribue à La Hire cette promesse : VALLET DE VIRVILLE, « La Hire », art. cit., col. 891, n. 2.
174
RAOULET, 174-176 ; SAINT-DENIS, VI, 458-459 ; URSINS, 390-391.
175
MONSTRELET, IV, 206. La capitulation fait l’objet de deux traités consécutifs. Le premier date du 4 octobre
1424 (LUCE, Domrémy, pp. 119-127 (p.j. LXXVIII)), le second du 16 mars 1425 (Ibid., pp. 152-153 (p. j. CV)).

56
d’Alençon, le maréchal de la Fayette, et une belle brochette de hauts princes français 176. Dans
la stratégie mise en place par ceux-ci, La Hire et Poton sont placés à la tête d’un contingent de
cavalerie, en compagnie de capitaines et de cavaliers lombards177. Leur troupe, chargée
d’assaillir les Anglais de revers ou de flanc, est cependant mise en déroute par un mur d’archers.
Ces derniers, libérés de leurs adversaires, renforcent alors le corps principal de l’ost anglais et
les Français s’en retrouvent vaincus : Alençon et La Fayette sont capturés. Bedford l’emporte
donc, malgré la trahison de plusieurs seigneurs normands jusqu’ici loyaux envers la double
monarchie, dont Charles de Longueval178.

II – 3.6. Défense et nettoyage de la Loire (1424-1429)


Dès le traité de reddition de Vitry d’octobre 1424, La Hire dispose d’un endroit où rebondir,
puisqu’il est nommé, le mois suivant et pour un an, capitaine de Vendôme ; il entre ainsi au
service de la branche cadette de Bourbon179. À cette occasion, il rencontre Jean de Bueil, qui le
choisit comme mentor, et le prend sous son aile180. Ayant à charge de régler ses dernières
affaires en Champagne, La Hire demeure discret et n’est l’architecte d’aucun coup d’éclat,
jusqu’au mois de mars 1427, où il participe à la reconquête de La Ferté-Bernard, ville angevine

176
Monstrelet nous donne la liste : MONSTRELET, IV, 189.
177
Michael Jones, dans l’analyse qu’il dresse de la bataille, importe beaucoup d’importance aux cavaliers
lombards, mais ne dit rien sur les Gascons (JONES M. K., « The Battle of Verneuil (17 august 1424) : Towards a
History of Courage », dans War in History, 2009, 9, pp. 375-411.). Au niveau des sources, La Hire est mentionné
dans la Martiniane, 6-7 ; MONSTRELET, IV, 192-198 ; WAVRIN (éd. DUPONT), I, 260-273.
178
Il s’agit du même Charles de Longueval dont il a été question, supra n. 148, qui fut victime d’une détrousse de
La Hire près de Soissons. En 1424, il déserta le parti de la double monarchie et renia ses affinités bourguignonnes
car il ne pouvait plus supporter d’être assujetti à Jean de Luxembourg (MONSTRELET, IV, 187-188). Dès lors, il
devint un champion de Charles VII.
179
Le comte de Vendôme était Louis de Bourbon, petit cousin éloigné au second degré du duc Charles de Bourbon.
Louis de Bourbon descendait de la branche des comtes de La Marche ; son frère aîné, Jacques, hérita du comté
paternel de La Marche, tandis qu’il hérita lui-même du comté maternel de Vendôme. Louis de Bourbon fut capturé
à Azincourt en 1415 et fut gardé en captivité durant treize ans en Angleterre. Il était néanmoins, depuis 1413,
souverain maître de l’hôtel du roi.
180
Jouvencel, I, XIJ ; II, 271.

57
perdue aux anglais en février 1426, au détriment de Yolande d’Aragon ; par l’intermédiaire
d’habitants mécontents de la double monarchie, la ville est reconquise181.
Dans le courant de l’année, La Hire entreprend également la conquête de Marchenoir en
compagnie de son élève Jean de Beuil182, et porte secours à Rochefort-en-Yvelines183.
Néanmoins, c’est le 5 septembre qu’il marque les esprits délivrant Montargis du siège que lui
faisait le comte de Warwick. Assisté du bâtard d’Orléans, il s’abat sur les troupes anglaises au
point du jour et provoque une débandade meurtrière184. C’est à cette occasion que le
chroniqueur écrit ceci :

Et aucuns Anglois appelloient icelle Hire « Gente Hire de Dieu, Saincte Hyre de Dieu,
Madame La Hire. » Car icelle Hyre, par plusieurs et diverses foys, leur faisoit plusieurs et
maulvaises rencontres, dont lesditz Angloys avoient peu de gaing185.

Cependant, c’est à cette même période qu’un nouvel acteur entre en scène, un adversaire de
taille pour le Gascon : Jean Talbot. Alors encore peu connu des Français, ce terrible capitaine
anglais, un véritable chien de guerre, s’établit à Alençon durant l’hiver de 1427-1428 et se
prépare à sécuriser la région avec une violence qui lui est caractéristique. Alors que La Hire et
Poton de Xaintrailles parviennent à s’emparer du Mans le 25 mai 1428, Talbot accourt,
s’empare de la ville à l’aube du 27 et chasse les deux compagnons186. Ensuite, il pousse en avant
son avantage et reprend La Ferté-Bernard au mois de juin187.
Le Mans était la capitale du comté du Maine. Avec le comté de Guise et La Ferté-Bernard,
s’était un nouveau territoire que la maison d’Anjou perdait face à la double monarchie.

181
RAOULET, 190-191 ; CHARLES R., « L’invasion anglaise dans le Maine, de 1417 à 1428 », dans Revue historique
et archéologique du Maines, 25, 1889, pp. 186-190.
182
Jouvencel, I, 114-133 ; II, 271-272.
183
RAOULET, 193-194.
184
CAGNY, 136 ; CHARTIER, I, 54-57 ; GRUEL, 57-59 ; Jouvencel, II, 272-273 ; Martiniane, 7-8 ; MONSTRELET,
IV, 271-275 ; Pucelle, 243-247 ; RAOULET, 191-193 ; CORNET D., Le siège de Montargis par les Anglais (1427),
Montargis, Roger, 1903.
185
Martiniane, 8.
186
CHARTIER, I, 58-59 ; Jouvencel, II, 275-276 ; Pucelle, 251-252 ; RAOULET, 194-195.
187
POLLARD A. J., John Talbot and the war in France. 1427-1453, Londres, Royal Historical Society, 1983, p. 13.

58
Le comte de Salisbury, prenant en considération la bonne tournure des événements pour
l’armée anglaise, décide d’entreprendre le siège d’Orléans contre l’avis du duc de Bedford188.
Un coup d’infortune décide cependant pour lui de son destin ; le 24 octobre 1428, alors qu’il
observait Orléans depuis le haut des Tourelles, un boulet de canon percuta la lucarne à laquelle
il se tenait189. Les blessures infligées par les éclats, ensuite, emportèrent Salisbury dans sa
tombe. Le Scipion anglais n’était plus, tandis que tous les capitaines les plus renommés de
Charles VII se rassemblent pour défendre la ville : Archambaud de Villars (capitaine de
Montargis), Poton de Xaintrailles et son frère, le seigneur de Xaintrailles, sont là dès les
premiers jours du siège190. Quelques jours plus tard, le bâtard d’Orléans, Jean de la Brosse
(maréchal de France191), Jean de Beuil, Jacques de Chabannes (sénéchal du Bourbonnais),
Théaulde de Valpergue et La Hire se joignent aux défenseurs192. En janvier, Louis de Culan
(amiral de France), fait également son entrée en scène193. Au mois de février, Poton retrouve
son ancien compagnon d’armes Jean de Lescot, seigneur de Verduzan, avec qui il avait
longuement combattu en Picardie194. En ces mêmes jours, Guillaume Stuart, frère du défunt
comte et connétable de Buchan, arrive avec des renforts, s’ensuivent rapidement Guillaume
d’Albret, le maréchal de La Fayette, Jean Stuart (connétable d’Écosse) et Jean Malet de Graville
(grand maître des arbalétriers)195. Pendant ce temps, le comte de Clermont, Charles de Bourbon,
demeure non loin de là, à Blois196.
Le 11 février 1429, les troupes de Blois et d’Orléans décident de se regrouper pour attaquer
un convoi de vivres anglais, conduit par Jean Fastolf, bailli d’Évreux, premier chambellan et
grand maître d’hôtel de Bedford, et Simon Morhier, maître d’hôtel de la reine Isabeau de
Bavière et prévôt de Paris. Le jour suivant, La Hire et Xaintrailles, en avant-garde, débusquent

188
WILLIAMS, Bedford, pp. 158-159.
189
Journal d’Orléans, 9-10.
190
Journal d’Orléans, 6.
191
Maréchaux de France, 117-118.
192
Journal d’Orléans, 11-12.
193
Ibid., 23.
194
Ils avaient combattu ensemble à Mons-en-Vimeu (1421) et à Guise (1424) : MONSTRELET, IV, 54-66, 206.
195
Journal d’Orléans, 34-37 ; MONSTRELET, IV, 301-302 ; Pucelle, 263-264 ; Tournai, 405 ; WAVRIN (éd.
HARDY), III, 250-253.
196
Il y était au moins depuis janvier 1429 : Journal d’Orléans, 32.

59
le convoi près de Rouvray-Saint-Denis. Les Anglais ont cependant pris connaissance de la
venue des Français et commencent à consolider leurs positions. Le moment est encore propice
pour attaquer, néanmoins, La Hire et Xaintrailles sont requis d’attendre l’arrivée du comte de
Clermont et le reste de l’armée. La Hire s’en fâche, car ils perdent ainsi l’avantage de la surprise
et laissent aux Anglais le loisir de se fortifier. Enfin, Charles de Bourbon, les maréchaux de la
Brosse (autrement appelé Boussac) et de La Fayette, ainsi que le connétable d’Écosse, tous
arrivent à tout leur ost. L’ordre est donné à chacun de rester en selle, mais afin de briser les
lignes ennemies, le connétable d’Écosse descend de cheval et se porte à pied au devant des
partisans de la double monarchie. Il n’est pas suivi du comte de Clermont, qui demeure en
retrait. L’assaut tourne au carnage, La Hire et Xaintrailles rallient les troupes qui commencent
à fuir, mais enfin, sans le secours de Charles de Bourbon, la bataille est perdue et plusieurs
commandants français y laissent la vie, dont Guillaume d’Albret, Jean et Guillaume Stuart, et
Jean Lescot. Le bâtard d’Orléans, atteint d’une flèche dans le pied, est sauvé de justesse par ses
archers personnels. Alors que la retraite est ordonnée, La Hire et Poton sont placés en arrière-
garde pour assurer le repli de l’armée. Ce soir-là, ils rentrent les derniers dans Orléans197.
Dans les jours suivants, Charles de Bourbon quitte Orléans pour Chinon, où réside
Charles VII, avec une grande compagnie de gens, dont La Hire, au grand déplaisir des
Orléanais. Face à la situation, ils dépêchent Poton de Xaintrailles en ambassade auprès du duc
de Bourgogne et de Jean de Luxembourg198. Il doit apporter le message, au doyen des pairs de
France, que la ville est prête à se placer sous sa protection personnelle. Une telle idée ne pouvait
que plaire à Philippe le Bon, qui s’en rapporte au régent Bedford. Néanmoins, celui-ci aurait
répondu « qu’il seroit bien courrouce d’avoir battre les buissons et que les autres eussent pris
oisillons199. » En guise de réplique, vexé dans ses ambitions, le duc de Bourgogne ordonne le
repli complet de ses troupes200.
Le siège d’Orléans continue donc et les escarmouches se multiplient. La Hire, enfin, revient
au début du mois d’avril, retrouve Poton et guerroie aussitôt contre les Anglais201. Le 29 avril,

197
BERRY, 130-132 ; Journal d’Orléans, 38-44 ; MONSTRELET, IV, 310-314 ; Pucelle, 266-269 ; TOISON D’OR,
141-142 ; WAVRIN (éd. HARDY), III, 253-261.
198
MONSTRELET, IV, 317-318.
199
PLANCHER U., Histoire générale et particulière de Bourgogne, Dijon, Frantin, 1781, vol. 4, p. 132.
200
WILLIAMS, Bedford, pp. 165-167.
201
CAGNY, 141 ; Le Jouvencel, II, 277-278 ; RAOULET, 198 ; Tournai, 409-410

60
Jeanne d’Arc arrive dans la ville, après quoi les événements se précipitent. Le 30 avril, La Hire
livre une escarmouche devant la bastille de Saint-Pouvoir. Le 4 mai, il aide à s’emparer de la
bastille de Saint-Loup. Le 7 mai, il participe à l’assaut et à la prise des Tourelles. Les alentours
immédiats d’Orléans sont nettoyés quand les troupes restantes dans la bastille de Saint-Pouvoir
lèvent le camp, dans la même journée202. Porté par l’élan que Jeanne donne à l’armée française,
les défenseurs d’Orléans, dont La Hire, rejoints par de plus en plus de grands seigneurs et
d’hommes de guerre au fur et à mesure que la victoire s’annonce totale, s’avancent le mois
suivant devant Jargeau, Meung-sur-Loire et Beaugency : les trois villes sont conquises du 11
au 16 juin203.
Fastolf, Talbot et Scales, alors, regroupent leurs troupes et organisent l’arrivée des renforts
près de Patay. Néanmoins, l’armée française s’approche d’eux. Le corps principal de l’armée,
où se trouve Jeanne d’Arc, est conduit par le duc d’Alençon, le bâtard d’Orléans et le maréchal
de Retz204. Toutefois, afin que sa marche soit assurée, une avant-garde de cavaliers est chargée
de débroussailler le terrain. Cette avant-garde est dirigée par le connétable de Richemont, le
maréchal de la Brosse, et l’on y trouve sans surprise La Hire et Poton de Xaintrailles. Ceux-ci
font d’ailleurs mieux que seulement débroussailler le terrain, ils dénichent l’armée anglaise et,
cette fois-ci, ne lui laisse pas le temps de se mettre en formation. L’erreur de Rouvray ne sera
pas répétée deux fois par La Hire. L’attaque est si prompte que tout l’ost anglais, pourtant en
claire supériorité numérique, est jeté en déroute et que le triomphe est complet205. Talbot et
Scales sont capturés, il n’y a que Fastolf qui parvient à se sauver et trouve refuge à Corbeil –
cette fuite lui sera d’ailleurs sévèrement reprochée par Talbot, plus tard, si bien que ce favori
de Bedford sera rayé de l’ordre de la Jarretière206.
La Loire est nettoyée.

202
BERRY, 135-127 ; Chronique d’Orléans, 504-505 ; Journal d’Orléans, 78-90 ; Tournai, 410-411 ; WAVRIN (éd.
HARDY), III, 265 ; WINDECKE, 170.
203
Gruel, 69-72 ; Le Jouvencel, II, 279-280 ; Journal d’Orléans, 95-100 ; MONSTRELET, IV, 325-326 ; Pucelle,
300-308 ; WAVRIN (éd. DUPONT), I, 283-290 ; WAVRIN (éd. HARDY), III, 292-300.
204
Institué maréchal en 1429 : Maréchaux de France, 638-370 ; HEERS J., Gilles de Rais, Paris, Perrin, 1994 (coll.
Vérités et Légendes).
205
CHARTIER, I, 60-80 ; GRUEL, 71-74 ; Le Jouvencel, II, 280 ; Journal du siège d’Orléans, 104-105 ; Martiniane,
10 ; MONSTRELET, IV, 326-332 ; MOROSINI, III, 120-125 ; Pucelle, 307-309 ; WAVRIN (éd. DUPONT), I, 289-295 ;
WAVRIN (éd. HARDY), III, 299-305.
206
POLLARD, Talbot, p. 123.

61
II – 3.7. Chevauchée du sacre de Reims (1429)
Si La Hire avait promis qu’il ferait sacrer Charles VII en 1424, l’occasion se présente à lui
de tenir parole et d’accompagner son roi jusqu’à la cathédrale de Reims. Il fait donc partie de
l’ost royal dont la marche triomphale aboutit, le 17 juillet, par le sacre de Charles VII207.
Aussitôt, une très grande série de villes au nord de la Loire changent d’alliance et retournent
sous l’obéissance du roi Valois. Devant l’inaction du duc de Bourgogne, qui joue la carte de la
prudence, l’occasion se présente de marcher jusqu’à Paris et d’essayer de reprendre la capitale.
Il faut cependant rencontrer, tout d’abord, les troupes du duc de Bedford à Montépilloy, le 14
août. Les deux armées se font face, mais la bataille n’a pas lieu, en dépit de quelques
escarmouches où La Hire se distingue, pour avoir essayé d’enfoncer les lignes ennemies à l’aide
d’une batterie de canons208. Néanmoins, il est moins sûr qu’il ait participé à l’attaque conduite
sur Paris, en septembre. Pour cause, il a certainement déjà pris la route de Louviers afin de
couper les lignes ennemies de ravitaillement et de communication entre Paris et Rouen209.

II – 3.8. Déstabilisation de la Normandie (1429-1440)


Depuis 1197, le comté de Louviers est un domaine propre à l’archevêque de Rouen210.
Toutefois, le siège archiépiscopal est vacant depuis 1429, Jean de La Roche-Taillée ayant dû
renoncer à l’administration du diocèse métropolitain dans les trois ans faisant suite à sa
réception du chapeau de cardinal211. Or, il ne sera pas remplacé avant 1432. Par conséquent,
s’attaquer à Louviers, fin août ou début septembre 1429, c’est ne s’en prendre encore à
personne. Étant donné les aléas de la guerre et des élections épiscopales qui peuvent avoir lieu,
il s’agit, pour un peu, d’un début officieux de reconquête, sinon, de tentative d’annexion au

207
Mémoire nobiliaire, 338-339 ; MONSTRELET, IV, 335-340 ; WAVRIN (éd. HARDY), III, 314-319.
208
CHARTIER, I, 103-105 ; Le Jouvencel, II, 280-281 ; Journal d’Orléans, 120-124 ; Pucelle, 326-331 ; Trahisons,
198-199.
209
Le Journal d’Orléans (pp. 125-128) est la seule source narrative à indiquer que La Hire se trouvait au siège de
Paris, le 8 septembre 1429. Mais le fait nous paraît invraisemblable, puisque les premiers préparatifs du siège de
Louviers par les Anglais commencent à cette date (Cartulaire de Louviers, vol. 2 (1ère partie), pp. 77-78). La Hire
aurait-il eut le temps de s’emparer de Louviers et de revenir à temps pour le siège de Paris ?
210
BÉQUET L., L’Histoire de Louviers, 3ème éd., Louviers, Fromentin, 1978, p. 13.
211
On peut trouver une notice biographique de ce cardinal dans les Fasti Ecclesiae Gallicanae : répertoire
prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de France, de 1200 à 1500 – 2, Diocèse de Rouen, dir.
par TABBAGH V., Turnhout, Brepols, 1998.

62
domaine royal212. Mais, de manière plus importante encore, l’objectif est de saigner la double
monarchie dans son giron. De 1429 à 1440, La Hire conduit une série d’attaques ciblées sur la
Normandie, en vue de la déstabiliser.
Il commence en 1429 en s’emparant de Louviers nuitamment par échelles213. De cet avant-
poste, situé à peine à 30 km de Rouen, La Hire court la campagne, rançonne et tue les
adversaires qu’il rencontre. La double monarchie doit aussitôt répondre. Les préparatifs du
siège de Louviers commencent au début du mois de septembre, Fastolf et Scales sont de la
partie214. Pour autant, La Hire ne met aucun frein à ses entreprises, au mois de février 1430, il
conquiert la place voisine de Château-Gaillard et libère Barbazan215 ; ce qui arrête les
pourparlers d’échange entre celui-ci et Talbot216. Il accompagne ensuite le légendaire défenseur
de Melun jusqu’à Orléans, et ce dernier devient lieutenant-général de Champagne et de Brie,
pour le plus grand désarroi des ennemis de Charles VII : à peine libéré, il rencontre des anglo-
bourguignons près Châlons-sur-Marne, en 1430, et, malgré l’infériorité numérique flagrante de
ses troupes, les jette en déroute217.
La Hire ne semble pas tenir en place, mais au début de l’année 1431, il est à Louviers pour
en assurer la défense face aux Anglais qui se montrent de plus en plus pressants. Néanmoins,
alors qu’il fait une sortie discrète de la ville en vue d’obtenir des renforts par lui-même à La
Ferté-Bernard, il est repéré par des soldats Bourguignons, capturé et emprisonné au château de
Dourdan, la première semaine d’avril ; Louviers tombe quelques mois après218. Une rançon de
300 écus lui est demandée, néanmoins, en l’échange d’otages, il parvient à retrouver sa liberté,
si bien qu’il se rend à Chinon, demander l’aide du roi pour le paiement de sa rançon.

212
Le 5 avril 1431, Charles VII accorde des privilèges à la ville de Louviers, afin de renforcer sa popularité dans
cette ville alors assiégée par les Anglais : Cartulaire de Louviers, vol. 2 (1ère partie), pp. 82-83.
213
BASIN (éd. SAMARAN), I, 150-151 ; BERRY, 430 ; Mémoire nobiliaire, 340 ; MONSTRELET, IV, 372 ; Mont-
Saint-Michel, I, 32 ; MOROSINI, III, 274-277 ; WAVRIN (éd. HARDY), III, 353.
214
Cartulaire de Louviers, vol. 2 (1ère partie), pp. 77-79.
215
COCHON, 308-309 ; MOROSINI, III, 262-267 ; MONSTRELET, IV, 350-351.
216
POLLARD, Talbot, p. 17.
217
ROUSSEAU, La Hire, p. 197 ; « Chansons historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles » éd. par LE ROUX DE
LINCY A., dans BEC, 1, 1840, p. 384. Il est toutefois à douter que La Hire se soit rendu jusqu’en Lorraine avec
Barbazan : Lorraine, 33.
218
BASIN (éd. SAMARAN), I, 170-173 ; CHARTIER, I, 162-163 ; Journal de Paris, § 579 ; Normendie, 79.

63
Charles VII, qui reconnaît la valeur de son capitaine, lui permet alors de lancer un appel aux
villes de France, pour obtenir de l’argent. On sait que La Hire écrivit au moins aux villes de
Tours et de Lyon219.
Quelques années s’écoulent, ensuite, avant que La Hire ne revienne en Normandie. Il
organise une détrousse en janvier 1434, dans les alentours de Paris, visiblement sanglante pour
ses adversaires220, ce qui le rapproche de la Seine, mais ce n’est qu’après le décès de Bedford
qu’il revient assaillir la Normandie en tant que telle ; peut-être était-il tenu d’en rester éloigné
jusqu’au paiement complet de sa rançon.
Par une belle opportunité, à la Toussaint 1435, le traité d’Arras ayant juste été signé, le
maréchal de Rochefort et Charles de Maretz s’attaquent à Dieppe et conquièrent la ville.
Aussitôt, le pays de Caux se révolte et les cités du littoral entrent dans l’obéissance de
Charles VII, de Fécamp à Harfleur. La Hire, alors, reçoit le comté de Longueville, comme avant
lui Bertrand Du Guesclin, le connétable de Charles V. N’assurant pas personnellement la garde
de la ville, elle tombera cependant de nouveau dans l’escarcelle de la double monarchie, en
1438, sous les coups de Talbot221.
Libre depuis 1433, échangé contre Poton de Xaintrailles222, Talbot est devenu depuis
l’officier de la double monarchie le plus redoutable et le plus efficace, en charge des régions
les plus turbulentes sur le plan militaire. Le 20 juin 1434, il s’est emparé de Creil, provoquant
la mort d’Amadoc de Vignolles, le frère aîné de La Hire223. Nommé maréchal de France en
1436, il veille avec fermeté sur les frontières de la Normandie. Ainsi, La Hire joue les intrépides,
mais il est deux fois repoussés et mis en déroute par Talbot. Tout d’abord à Ry, au mois de
février 1436, où La Hire, Poton de Xaintrailles et Renaud de Fontaines sont pris au dépourvu
et contraints de fuir (ils avaient espéré s’emparer de Rouen, par l’intermédiaire de quelque
partisan à l’intérieur des murs, mais la ville avait été sécurisée et renforcée 224). Ensuite, à

219
LEDIEU, Un compagnon de Jeanne, pp. 130-132 (p. j. B, C) ; ROUSSEAU, La Hire, p. 405 (p. j. XIV).
220
Journal de Paris, § 638.
221
MONSTRELET, V, 340-341 ; POLLARD, Talbot, p. 50.
222
POLLARD, Talbot, pp. 17-18.
223
MONSTRELET, V, 91-92 ; POLLARD, Talbot, p. 19.
224
On remarque une certaine confusion au niveau des sources, qui répètent plusieurs fois la narration de cet
événement : MONSTRELET, V, 204-205, 281-282, 297-298 ; WAVRIN (éd. HARDY), IV, 112- 216-219. À la suite

64
Gisors, La Hire et Xaintrailles s’emparent à peine la ville (qui appartient au domaine royal
depuis 1194225) début mai, se campent devant le château, attendent les renforts du connétable
de Richemont et du maréchal de la Brosse, que dans les deux ou trois jours qui suivent, Talbot,
capitaine de la place depuis 1434, surgit de Rouen, se porte à leur encontre et les force à
décamper226. Les deux héros Gascons had found their match, comme l’on dit en anglais.
De nouveau, plusieurs années s’écoulent avant que La Hire ne revienne en Normandie. C’est
en 1440 qu’il reparait et s’empare de nouveau de Louviers, dont la forteresse avait été démolie
par les Anglais. Il la restaure, avec Poton de Xaintrailles, de sorte à ce que les Français puisse,
depuis cette forteresse, lancer une série d’expéditions déstabilisatrices pendant trois ans, et
préparer la reconquête en bonne et due forme. Cette fois-ci, malgré ses efforts, Talbot ne
parvient pas à les déloger227.
La Hire est également envoyé au secours d’Harfleur, en avril 1440. La ville portuaire, à
l’embouchure de l’estuaire de la Seine, est alors assiégée par le comte de Somerset. C’est une
occasion pour combattre à nouveau auprès du bâtard d’Orléans, mais l’entreprise est vaine et
Somerset, secondé par Talbot, finit par s’emparer de la ville228. C’était la dernière expédition,
pour ce que l’on sait, que La Hire conduisit en Normandie.

II – 3.9. Défense et coups de pression en Picardie (1430-1435)


Lors de son sacre à Reims, Charles VII prit le soin de créer La Hire bailli de Vermandois.
Ce n’était toutefois pas un cadeau, car la région était étroitement contrôlée par Jean de
Luxembourg, seigneur de Beaurevoir, devenu comte de Guise (en 1424) et de Ligny (en 1430).
L’empire de ce dernier sur la Picardie s’étendait, outre sur Guise et Beaurevoir, sur toutes les
anciennes possessions de la maison de Coucy, principalement Soissons, Marle, Coucy et

d’ A. J. Pollard (Talbot, p. 23, n. 48), nous plaçons l’événement en février 1436, sur base des Chronicles of London
(éd. KINGSFORD), 140. Une dernière source évoque la détrousse de Ry : Martiniane, 25.
225
JOUET R., Et la Normandie devint française, Poitiers, Mazarine, 1983, p. 38.
226
Chronicles of London (éd. KINSFORD), 141 ; GRUEL, 123-124 ; MONSTRELET, V, 231 ; WAVRIN (éd. HARDY),
IV, 148-149 ; POLLARD, Talbot, p. 24
227
Normendie, 91-92 ; POLLARD, Talbot, pp. 53-54.
228
CHARTIER, I, 259-260 ; BERRY, 229-230 ; MONSTRELET, V, 418-424 ; WAVRIN (éd. HARDY), IV, 274-285 ;
POLLARD, Talbot, pp. 52-53.

65
Ham229. Il avait donc à sa disposition un étroit maillage de forteresse solidement garnies, tant
et si bien que le duc de Bourgogne, lui-même, évitera de trop le froisser sous peine de ruiner
l’intégralité des pays alentours230. Pis encore, Jean de Luxembourg est de la même trempe qu’un
Talbot, ou que La Hire : il est capable et dangereux. Fidèle partisan bourguignon, bras droit du
duc de Bourgogne dans toutes les affaires militaires de la Picardie jusqu’en 1435, sa famille est
également partie liée de façon très étroite avec la double monarchie231.
En l’absence de Philippe le Bon, c’est lui qui dirige, en 1430, le siège contre Compiègne (où
Jeanne d’Arc est capturée au mois de mai) : il affame la ville et celle-ci envoie des appels au
secours au comte de Vendôme, Louis de Bourbon, qui rassemble aussitôt la fine fleur de France
pour le mois d’octobre : le maréchal de la Brosse, Poton de Xaintrailles, La Hire, Jacques de
Chabannes, Charles de Longueval et Rigaud de Fontaines coalisent leurs forces et parviennent,
avec les défenseurs gouvernés par Guillaume de Flavy, à faire lever le siège et à taire, pour le
mois de novembre, les ambitions de Philippe le Bon, pourtant revenu gouverner son armée232.
Dans les faits, La Hire ne va donc pas chercher le siège qui lui revient en Vermandois 233. Il
se tient plutôt à l’écart de cette région picarde et participe à une série d’opérations en bordure
ou à l’écart des domaines de Jean de Luxembourg – à moins qu’il n’ait l’occasion de les frapper
en plein cœur, d’un bref coup d’estoc. Ainsi, lorsque le comte de Saint-Pol décède le 31 août
1433 et que ses proches, en ce compris principalement son frère, Jean de Luxembourg, assistent
à ses funérailles à Lucheux, La Hire s’entoure de solides compagnons, dont Antoine de
Chabannes, Blanquefort, Charles de Flavy et Guillaume de Longueval, de sorte à lancer une
série d’assauts ciblés au nord de la Somme. Si Antoine de Chabannes et Blanquefort choisissent
d’attaquer les alentours de Cambrai, La Hire préfère mettre à feu la ville de Beaurevoir 234, ce
dont il n’aurait jamais pu se permettre si Jean de Luxembourg s’était tenu sur le pied de guerre.

229
Cf. supra n. 139.
230
En 1439, une affaire oppose Jean de Luxembourg à Philippe le Bon. Certains conseillers du duc de Bourgogne
incitent ce dernier à prendre les armes contre l’homme qui l’a adoubé en 1421, mais en définitive, Philippe le Bon
s’en réfère à la sagesse d’Hugues de Lannoy, qui met en garde contre la puissance du comte de Guise et de Ligny,
seigneur de Beaurevoir (MONSTRELET, V, 376-385, 391-399).
231
Cf. supra n. 97, 153.
232
CHAMPION P., Guillaume de Flavy, capitaine de Compiègne, Paris, Champion, 1906, pp. 53-54 ; ROUSSEAU,
La Hire, pp. 200-201.
233
Ce n’est qu’à partir de 1433 que la ville de Laon lui reconnaîtra ce titre : ROUSSEAU, La Hire, p. 233.
234
MONSTRELET, V, 79-81.

66
Entre le borgne et le boiteux, Jean de Luxembourg étant le premier, La Hire le second235,
l’animosité est telle qu’il y a bien plus, entre eux, qu’une simple rivalité de parti. Ils sont
devenus ennemis intimes236. Et les occasions ne vont pas manquer d’en découdre pour les deux
adversaires, car dès le mois de décembre 1433, basé à Beauvais depuis septembre, La Hire
cumule son titre de bailli de Vermandois avec celui de « lieutenant du roi et capitaine général
deçà la rivière de Seine ès pays de l’Île-de-France, Picardie, Beauvaisis, Laonnois et
Soissonnais237 ». Le capitaine gascon, depuis 1423 écuyer d’écurie du roi238, dispose désormais,
pour trois ans239, d’une latitude sans précédent pour conduire à bien ses différentes entreprises
militaires, bien que sous étroite surveillance du connétable qui, n’ayant plus à souffrir du
gouvernement de La Trémoille, supervise désormais directement l’ensemble des opérations au
nord de la Loire.
En octobre 1423, Poton de Xaintrailles avait tenté de se rendre maître d’Ham, ville orléanaise
tombée dans l’escarcelle du seigneur de Beaurevoir. Onze ans plus tard, au mois de septembre
1434, l’entreprise est répétée par La Hire, le connétable de Richemont et le bâtard d’Orléans.
Jean de Luxembourg, son neveu le comte de Saint-Pol et le comte d’Étampes240 se réunissent

235
En avril 1420, à l’assaut du boulevard d’Alibaudière, Jean de Luxembourg reçut un coup de lance près d’un œil
dont il perdit la vue (MONSTRELET, III, 383). L’année suivante, il recevait un coup au travers du nez (MONSTRELET,
IV, 64). Quant à La Hire, si la chute d’une cheminée ou son siège devant Pinon ne l’avaient pas rendu boiteux
dans ces mêmes années (cf. supra n. 148), une flèche lui traversa néanmoins la jambe devant Calais en 1436
(MONSTRELET, V, 245).
236
Monstrelet écrit que Jean de Luxembourg « héoit mortellement » La Hire, en raison de « griefz et dommages
qu’il lui avoit fais en ses signouries » (MONSTRELET, V, 300).
237
ROUSSEAU, La Hire, pp. 235, 407-408 (p. j. XVII).
238
Cf. supra n. 156.
239
Le 8 mars 1436, juste avant la conquête de Paris, le connétable de Richemont est institué lieutenant-général en
Île-de-France, Normandie, Champagne et Brie, et le dote de pouvoirs souverains (COSNEAU, Richemont, p. 242).
D’autre part, à son retour d’Angleterre en 1438, Charles d’Artois, comte d’Eu, devient capitaine de Normandie
« depuis la rivière de Saine jusques à Abbeville et à la rivière de Somme » (Monstrelet, V, 346). Face à ces
nouvelles dispositions administratives, le titre de La Hire lui fut certainement retiré et il ne garda plus que celui de
bailli de Vermandois, outre celui d’écuyer d’écurie, avec lequel il continue de se désigner.
240
Le comte d’Étampes dont il est question ici est Jean de Bourgogne (Chevaliers de la Toison d’or, pp. 125-129),
et non Richard de Bretagne, époux de Marguerite d’Orléans : cf. supra n. 171. Il ne sera d’ailleurs pas question de
ce second comte d’Étampes, ultérieurement, et l’on peut ne retenir que le premier des deux pour la suite de ce
mémoire.

67
contre cette force d’invasion, mais l’affaire se conclut sur un traité : Ham est rendue au comte
de Guise et de Ligny, et la ville de Breteuil, où logeait Blanquefort, est également cédée. Poton,
habile diplomate, est celui qui arrange le transfert des villes, sécurisant au passage la modique
somme de 60 000 saluts ou 40 000 écus241.
Enfin, en 1435, alors que les pourparlers de la conférence de paix d’Arras se mettent en
place, La Hire se permet d’organiser de brutales attaques dans la vallée de la Somme, sûrement
dans une perspective d’intimidation. Il s’empare de Breteuil puis fait pression sur Amiens, cité
royale et épiscopale242, afin d’obtenir un apatis des gens d’Église, entre janvier et avril243.
Le connétable de Richemont, alors, de plus en plus occupé par les négociations de paix,
l’envoie (peut-être pour l’éloigner) avec Poton de Xaintrailles s’emparer et restaurer la place
forte de Gerberoy, dans l’Oise, ce pour quoi il leur prodigue la petite fortune de 7000 saluts. Ils
s’accompagnent de Renaud de Fontaines, de Jacques de Chabannes, et d’un corps léger de 60
cavaliers et de 300 fantassins. Le comte d’Arondel, cependant, marchait dans les parages avec
une troupe forte de 500 cavaliers, sans compter la piétaille. Apprenant l’entreprise de La Hire
et de ses compagnons, Arondel conclut le serment de les vaincre et entreprend de les encercler
dans Gerberoy, forteresse qui, dans son état, serait incapable de soutenir un siège. Néanmoins,
les capitaines de Charles VII se décident vite et bien. Le 9 mai, ils devancent les mouvements
d’Arondel, se divisent en deux troupes, l’une à cheval, l’autre à pied, sortent également leur
artillerie, et se lancent à cause perdue dans une bataille surprise qu’ils remportent avec fracas.
Arondel, capturé, ayant été atteint au pied par le boulet d’une bombarde, meurt de ses blessures
en refusant toute assistance médicale, le 12 juin 1435244.

241
Gruel donne 60 000 saluts, Monstrelet 40 000 écus : BERRY, 162 ; GRUEL, 89-93 ; MONSTRELET, V, 95-96 ;
Tournai, 418-419.
242
L’introduction des Fasti Ecclesiae Gallicanae – 1, Diocèse d’Amiens, dir. par Desportes P., Turnhout, Brepols,
1996, nous apprend que le comté d’Amiens est rattaché au domaine royal depuis 1185.
243
ROHMER R., « La Hire. Capitaine du Beauvaisis, vainqueur de Gerberoy. 1433-1435 », dans Bulletin de la
société d’études historique et scientifique de l’Oise, 6, 3, 1910, pp. 240-241.
244
Quant au nombre des soldats en présence, nous nous sommes fondés sur les maxima donnés par Basin : BASIN
(éd. SAMARAN), I, 210-213 ; BERRY, 163-164 ; BLONDEL, 209-214 ; Martiniane, 23 ; MONSTRELET, V, 118-123 ;
WAVRIN (éd. HARDY), IV, 59-66 ; Chronicles of London (éd. KINGSFORD), 137-138 ; ROHMER, art. cit., pp. 242-
245.

68
La victoire est inattendue, mais brillante. Déjà, les Bourguignons préfèrent racheter Breteuil
à La Hire que d’aller la conquérir de force245. Une trêve est signée, néanmoins, le capitaine
Gascon, jamais à court d’audace, vient attaquer les alentours de Doullens en compagnie de
Xaintrailles alors même que se tiennent les conférences d’Arras, à la date du 25 août. Ils
comptent 120 lances, à peine plus de troupes qu’à Gerberoy. Coincé à Arras, Philippe le Bon
dépêche Jean de Luxembourg, le comte de Saint-Pol et le comte d’Étampes, avec jusqu’à 1600
combattants (mais la plupart non harnaché pour la guerre), afin de régler la situation. Les deux
armées se rencontrent, une escarmouche éclate, mais finalement le connétable de Richemont
envoie l’ordre à La Hire et Poton de se retirer et de rendre les prisonniers qu’ils viennent de
faire. Les deux capitaines s’exécutent et se replient246.
Dans la même année, sinon en 1434, tout du moins à une date imprécise, La Hire s’approche
de la forteresse de Clermont, propriété de Charles de Bourbon247, alors tenue par le seigneur
d’Offemont, Guy de Nesle248. Il s’agit d’un ancien compagnon d’armes ayant bataillé aux côtés
de Poton en 1421, contre le duc de Bourgogne249. Par infortune, il avait cependant été capturé
devant Meaux par Henri V, en 1422, et contraint de jurer le traité de Troyes250. Peut-être pensait-
il que La Hire aurait oublié cette ancienne volte-face ? Quand le Gascon se porte au devant de
Clermont, Guy de Nesle sort des queues de vin pour l’accueillir. Néanmoins, La Hire s’empare
du seigneur d’Offemont, prend le contrôle de sa forteresse et le jette dans une oubliette afin de
lui soutirer une rançon251. Dans l’obscurité de son cachot, Guy de Nesle fait la promesse de se
venger.

245
MONSTRELET, V, 127 ; ROHMER, art. cit., p. 241.
246
LA TAVERNE, 57 ; Martiniane, 24 ; MONSTRELET, V, 146-148 ; DICKINSON J. G., The congress of Arras 1435.
A study in medieval diplomacy, Oxford, Clarendon, 1955, pp. 10-11.
247
En 1435, du côté de la double monarchie, Bedford créa Talbot comte de Clermont ; toutefois, il ne put peut-
être pas en bénéficier : POLLARD, Talbot, pp. 10, 106-107.
248
Sur celui-ci : GUYNEMER P., La seigneurie d’Offemont, Compiègne, Société historique de Compiègne, 1912,
pp. 44-49. La question reste de savoir s’il gardait la forteresse pour Charles de Bourbon, ou pour Talbot (voir note
précédente) ?
249
Ils combattirent côte à côte à Saint-Riquier et à Mons-en-Vimeu : FENIN, 157-162 ; MONSTRELET, IV, 48-66.
250
MONSTRELET, IV, 81.
251
Martiniane, 22 ; MONSTRELET, V, 103-104.

69
II – 3.9. La prise de Chartres et le secours de Lagny-sur-Marne (1432)
Comment s’aider d’alliés à l’intérieur d’une ville ennemie pour s’en emparer ? La conquête
de Chartres est un très bel exemple. Le bâtard d’Orléans et La Hire à la tête d’une petite armée,
il est décidé qu’ils s’emparent de Chartres, ville royale252. Or, ils disposent d’un agent
d’influence à l’intérieur des murs, un jacobin, docteur en théologie, Jean Sarasin. Ce dernier,
averti du jour de l’attaque, prévient les habitants de Chartres qu’il donnera un sermon de la plus
grande importance dans une église qui se trouve le plus loin possible, dans la cité, de la porte
de Blois. Cependant, plus encore, les serviteurs de Charles VII ont également séduit deux
Chartrains connus des gardes, habitué à rentrer et sortir de la ville sans être inquiétés. Ces deux
traîtres s’avancent donc à la porte de Blois, leurs armes dissimulées, et massacrent une partie
des gardes. Aussitôt, l’armée du bâtard d’Orléans et de La Hire pénètre les remparts en bon
ordre et s’avance jusqu’à la place du marché sans rencontrer de véritable résistance. L’évêque
de la ville, Jean de Frétigny, qui est un fidèle serviteur de la double monarchie, meurt cependant
durant l’attaque. Un mouvement de fuite généralisée emporte le reste des adversaires : la ville
royale est conquise et pillée, le bâtard d’Orléans en devient le gouverneur253.
Suite à cette belle et fructueuse victoire, La Hire ne retrouve pas son autonomie d’aventurier
directement. Avant d’être basé à Beauvais, il se porte encore au secours de Lagny-sur-Marne
en août 1432, bien que son intervention ait été plutôt discrète, au point que Monstrelet ne le
situe pas à cet endroit. Le seigneur de Xaintrailles, frère aîné de Poton, décède cependant lors
des combats qui conduisent à la libération de la ville du siège qui lui était fait par le régent
Bedford254.

II – 3.10. Détour en Champagne et en Barrois (1434)


Démêler les conflits qui agitent le Barrois en 1434 n’est pas une tâche plus facile que de
comprendre ceux qui avaient éclaté dix ans plus tôt. Souvenons-nous, le cardinal Louis de Bar
avait arrangé le mariage de son petit-neveu, René d’Anjou, avec Isabelle de Lorraine, héritière
du duc Charles II. Dans cette perspective, les duchés antagonistes de Bar et de Lorraine
connaîtraient enfin la paix. En 1421, l’affaire étant réglée, Louis de Bar renonça donc à

252
Le comté de Chartres avait été vendu à Philippe le Bel par Jeanne de Châtillon, en 1286 (PLATELLE H., Présence
de l’au-delà : une vision médiévale du monde, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du septentrion, 2004,
p. 284).
253
CHARTIER, I, 141-143 ; MONSTRELET, V, 21-25.
254
BERRY, 153-154, 435-436 ; MONSTRELET, V, 31-35.

70
l’administration du duché. René d’Anjou étant encore mineur, Charles II de Lorraine en avait
assuré la gestion par l’intermédiaire du comte de Salm. En 1424, le prince angevin atteignait sa
majorité, à l’âge de quinze ans, et pouvait décider lui-même des choses en Barrois.
La situation, cependant, se complique. Le comte de Vaudémont, Antoine de Lorraine, neveu
de Charles II, n’accepte pas l’arrangement mis en place : il ambitionne le duché de Lorraine
pour lui-même et se proclame rival de René d’Anjou. En 1431, Charles II décédé, appuyé par
Philippe le Bon qui lui dépêche parmi ses plus habiles capitaines, Antoine de Lorraine rencontre
l’armée du prince angevin à Bulgnéville. Dans ses rangs, René d’Anjou compte Barbazan, que
La Hire vient de libérer, et le damoiseau de Commercy, Robert de Sarrebrück. Si le premier
périt sur le champ de bataille dans un excès de bravoure, le second tourne cependant bride et se
trouve tenu pour responsable de la défaite. René d’Anjou, quant à lui, est capturé et livré à
Philippe le Bon, qui le maintient captif jusqu’en 1437255.
En 1433, Sarrebrück, qui est un homme turbulent et qui a des dettes à régler avec René
d’Anjou, parvient à dresser contre lui une coalition où le prince angevin œuvre de concert avec
Antoine de Lorraine. René d’Anjou, tenu en liberté conditionnelle, fait assiéger Commercy en
1434, tandis que le comte de Vaudémont fait de même devant Narcy.
Le connétable de Richemont, alors, entre en scène. Il profite de la situation pour imposer son
arbitrage. Il fait lever le siège de Commercy en accommodant René d’Anjou, mais pour Antoine
de Lorraine, il ne prend aucune pincettes : il expédie La Hire et Poton de Xaintrailles, à la tête
de 400 lances, pour le déloger manu militari, ce dont les deux capitaines gascons s’acquittent
avec succès. Néanmoins, cet exploit ne les contente pas. Ainsi placé à la lisière du Barrois,
l’occasion se présente d’assaillir le comté de Ligny, qui appartient à Jean de Luxembourg
depuis 1430, et de répéter les déprédations qui ont été conduites sur Beaurevoir, en Picardie,
l’année précédente256.

II – 3.11. Nettoyage du bassin parisien (1436-1441)


Le traité d’Arras marque un réel tournant. Désormais qu’il peut travailler main dans la main
avec les Bourguignons, le connétable de Richemont peut envisager la conquête de Paris. Assuré
de sa nouvelle alliance, il n’hésite pas à négocier avec Talbot, depuis Senlis, la reddition de
Saint-Denis où s’est barricadé le maréchal de la Brosse. Libéré, ce dernier s’en va soulever tout

255
SCHNERB, Bulgnéville (1431) ; TOUREILLE, Sarrebrück, pp. 92-98.
256
GRUEL, 95 ; COSNEAU, Richemont, p. 215 ; TOUREILLE, Sarrebrück, pp. 122-123.

71
le pays de Caux par la prise de Dieppe. Les Anglais sont menacés jusqu’à Rouen, lorsque La
Hire s’approche de la ville en février 1436. C’est alors que Richemont peut frapper. Néanmoins,
le 13 avril, il se présente sous les murs de la ville et la prend sans coup férir ! La ville est en
effervescence et les Parisiens s’attendent au pire, mais c’est Jean de Villiers de l’Isle-Adam qui
monte sur les murs pour négocier la reddition de la capitale. Les Parisiens connaissent bien ce
capitaine bourguignon, il avait été autrefois gouverneur de la ville et l’avait défendu, en 1429,
contre l’assaut de Jeanne d’Arc – outre le fait qu’il l’avait également conquise pour Jean sans
Peur, en 1418, et avait assuré le massacre des Armagnacs. Devant cette figure familière, les
Parisiens ouvrent les portes et le connétable entrent avec son armée, en parfaite ordonnance,
sans que les habitants aient à subir d’aucune déprédation. Le chancelier de la double monarchie,
Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, doit se réfugier à la bastille de la porte Saint-
Antoine. Enfin, il est contraint de négocier son départ de la ville, qui se fait sous la huée des
Parisiens257…
Paris conquise, le bassin parisien demeure toutefois infesté de places anglaises et les routes
sont loin d’être sécurisées. Creil, Meaux, Chevreuse, et bientôt Pontoise258, sont autant de ville
dont il faut assurer la conquête pour déboucher, respectivement, les routes vers Senlis, Reims,
Orléans et Rouen. Dans les premiers jours du mois de mai, Richemont établit donc un siège
devant Creil, flanqué du bâtard d’Orléans, de La Hire et de Poton de Xaintrailles. Néanmoins,
il est appelé auprès du duc de Bourgogne pour négocier la libération de René d’Anjou et assigne
la bonne conduite du siège au bâtard d’Orléans. Ce dernier, constatant bien que la place est trop
solidement garnie de canons et de troupes, décide néanmoins de lever le camp259. Ce n’est donc
pas encore là que La Hire pourra arpenter la ville où son frère, Amadoc, connut ses dernières
heures.
La Hire ne participe pas aux conquêtes de Chevreuse et de Montargis, en 1438, que dirige le
connétable de Richemont ; il est alors trop occupé à juguler l’écorcherie. Néanmoins, il
l’accompagne à Meaux, en août 1439, et la ville tombe malgré la tentative de secours du comte
de Somerset260. Puis, voilà de nouveau La Hire devant Creil, en juin 1441. Cette fois-ci, il n’est

257
CHARTIER, I, 220-228 ; GRUEL, 121-123 ; Journal de Paris, § 693-699 ; MONSTRELET, V, 217-222 ; COSNEAU,
Richemont, pp. 235-253.
258
Pontoise avait été confiée à l’Isle-Adam par ses propres habitants (MONSTRELET, V, 205-206), mais il fut délogé
en plein hiver par la hardiesse de Talbot : CHARTIER, I, 234 ; Journal de Paris, § 715 ; MONSTRELET, V, 274.
259
CAGNY, 217-219 ; CHARTIER, I, 228-229 ; GRUEL, 125.
260
GRUEL, 144-154 ; MONSTRELET, V, 387-390 ; WAVRIN (éd. HARDY), IV, 254-260.

72
plus question de faire marche arrière : Charles VII, lui-même, est à la tête de l’armée. Il envoie
La Hire, Poton de Xaintrailles, et une série d’autres officiers, débuter le siège. Puis, il les rejoint
avec tout son ost. Le 24 juin, la ville succombe261. Reste Pontoise, que Charles VII s’en va
assiéger avec toute son armée dès la chute de Creil262.
Pontoise tombée, Paris peut enfin respirer.

II – 3. 11. Contrôle et régulation de la Picardie (1436-1441)


Philippe le Bon ayant prêté serment d’allégeance à Charles VII par le traité d’Arras de 1435,
il y a toute une série de places qu’il est désormais exclu d’attaquer ou de soumettre en sujétion.
En particulier, le duc de Bourgogne a cadenassé la vallée de la Somme. Cependant, un grand
seigneur, malgré toutes les tractations d’Arras, résiste « encore et toujours » à la monarchie de
Valois, et demeure fidèle à la double monarchie. Il ne s’agit de nul autre que Jean de
Luxembourg, seigneur de Beaurevoir, comte de Guise et de Ligny, protecteur de Coucy, d’Ham,
de Marle et de Soissons, mentor militaire de son neveu, le jeune comte de Saint-Pol263. Il
dispose de nombreux alliés et ses forteresses sont bien garnies. Philippe le Bon, lui-même,
refuse d’aller corriger ce baron rebelle. Mais pour La Hire, qui loge à Beauvais, et qui a investi
le château de Clermont aux dépends du seigneur d’Offemont, c’est une autre chanson : sur les
terres de Jean de Luxembourg, il est libre de déchaîner la colère du roi.
Peut-être va-t-il d’abord s’inquiéter, toutefois, d’obtenir une permission officieuse du duc de
Bourgogne, et est-ce pour cela qu’il se trouve mêlé à une escarmouche durant le siège de
Calais264. Mais entre août et octobre 1436, il frappe aux portes de Soissons. Il n’a certainement

261
CHARTIER, II, 15-18.
262
Le siège dura du 5 juin au 19 septembre 1441, nous préférons en passer la narration, qui serait trop longue et
trop peu utile ici : BERRY, 233-242 ; GRUEL, 163-171 ; Martiniane, 49-50 ; MONSTRELET, VI, 6-11, 12-24 ; WAVRIN
(éd. HARDY), IV, 315-348.
263
Louis de Luxembourg fait ses premières armes en compagnie de son oncle, dans une entreprise victorieuse :
MONSTRELET, V, 76-79.
264
Richemont avait quitté le siège de Creil pour se rendre à Gravelines. Il y avait assisté aux montres du duc de
Bourgogne, le 24 juin 1436 (GRUEL, 125-126). On sait que La Hire a participé à une escarmouche devant Calais
(MONSTRELET, V, 245), mais quand arriva-t-il à Calais ? Était-il de la compagnie du connétable au départ de Creil,
ou bien vient-il par ensuite, de son propre chef ? Richemont avait proposé à Philippe le Bon de lui octroyer un
contingent, mais ce dernier avait refusé l’aide du connétable, nous penchons dès lors pour la seconde option.

73
pas oublié que cette ville, et son comté, appartenaient en indivis au duc d’Orléans 265. Lui qui
défendait, jadis, les domaines orléanais de Picardie, voilà qu’il part les reconquérir. Néanmoins,
il ne fait pas bon ménage que deux hommes de guerre aussi résolus et capables que La Hire et
Jean de Luxembourg se vouent une guerre mortelle. Le connétable décide alors d’intervenir et
parvient à conclure une paix, à Lille, entre les deux opposants, au mois de novembre : Soissons
est rendue au comte de Ligny266.
Qu’à cela ne tienne, La Hire n’a pas dit son dernier mot, et ce n’est pas Jean de Luxembourg
qui rira le dernier. Mais avant l’ultime revanche, alors que La Hire assiste à un jeu de paume à
Beauvais, le 3 août 1437, en l’hôtel Saint-Martin, voilà qu’un autre vient réclamer de son droit
de vengeance et prendre La Hire au dépourvu : Guy de Nesle, le seigneur d’Offemont. Ce
dernier n’a pas oublié le sort qui lui avait été réservé, à Clermont, en 1434. Tirant parti de
l’impopularité de La Hire dans la ville267, il parvient donc à s’infiltrer par la porte de Paris et à
capturer le capitaine gascon. Toutefois, dès qu’il entend la nouvelle, Charles VII, ce roi que
l’on dit si inerte, frappe du poing et se fait obéir sans attendre. Il envoie une réclamation au duc
de Bourgogne, qui intercède aussitôt en faveur de La Hire auprès du seigneur d’Offemont. De
la sorte, Charles VII peut faire son entrée royale à Paris, le 12 novembre 1437, accompagné de
son fidèle capitaine ; de son côté, Guy de Nesle récupère Clermont-en-Beauvaisis268.
Écarté quelques années de la Picardie par de pressantes affaires, La Hire fait cependant partie
du corps expéditionnaire chargé de réduire le comte de Saint-Pol à l’obéissance de Charles VII,
en 1441. Jean de Luxembourg est mort tandis même que l’ost, originellement, se rassemblait
contre lui. Finalement, l’entreprise n’est pas avortée, car Louis de Saint-Pol, héritant de tous les
domaines de son oncle (à l’exception des territoires repris par Charles d’Orléans, revenu

265
Cf. supra n. 139.
266
MONSTRELET, V, 273-274.
Néanmoins, on peut également considérer une autre motivation pour La Hire, si tant est qu’il était déjà ordonné
capitaine de Soissons, à cette époque, par Charles VII : son objectif, alors, aurait été d’entrer de facto en office
(Martiniane, 52).
267
L’arrivée de La Hire à Beauvais ne fut pas sans remous. Non seulement l’évêque le voyait-il d’abord d’un
mauvais œil, mais plus encore, le conseil municipal hésita à l’intimider pour éviter qu’il s’installât dans la ville :
ROUSSEAU, La Hire, pp. 235-236.
268
Les détails de cette affaire sont non seulement racontés par Monstrelet (V, 298-301), mais également confirmés
par une pièce d’archive municipale de la ville de Beauvais ; on sait que la capture eut lieu peu après midi :
ROUSSEAU, La Hire, p. 420 (p. j. XXVI). On peut aussi consulter la Martiniane, 22.

74
d’Angleterre en 1441 grâce au duc de Bourgogne), conserve également sa ligne de conduite
politique. La Hire, fort de son expérience de la Picardie, s’en va donc guerroyer contre le jeune
homme en Thiérache, jusqu’à ce que ce dernier prête allégeance à la monarchie de Valois, le
20 avril par traité, et renonce au comté de Guise, qui s’en retourne à la maison d’Anjou269.
C’est une vraie page d’histoire qui se tourne.

II – 3.12. Chevauchée des Écorcheurs (1438-1439)


En 1438, de nouveau, le pays de Bar-et-Lorraine est sens-dessus-dessous. Dans cette
poudrière de cap et d’épées, la querelle entre Antoine de Lorraine et René d’Anjou, enfin libre,
a repris de plus belle. Chaque adversaire appelle à lui des capitaines d’armées pour s’en aller
dévaster la région de l’autre et le saigner à blanc. Il est bien loin, désormais, le rêve de paix et
d’unité qu’avait mobilisé la Pucelle d’Orléans pour s’en aller « bouter les Anglais hors de
France ».
Or, la situation est telle que des capitaines habituellement au service de Charles VII, dont
Antoine de Chabannes, Blanquefort et Robert de Floques, se liguent avec le comte de
Vaudémont : une alliance inacceptable. La Hire est aussitôt envoyé afin de rallier les capitaines
renégats, qui changent de camp et livrent désormais la guerre à Antoine de Lorraine pour René
d’Anjou270.
À cette période, une vague de violence généralisée s’abat sur la France. La paix aurait réduit
au chômage technique une série de capitaines d’armées, qui prennent dès lors la population
pour cible. Ils sont surnommés « Écorcheurs » ou « Retondeurs ». Ils sévissent dans tant de
régions différentes que les chroniqueurs de l’époque, eux-mêmes, perdent le fil ou la logique
de leurs déplacements. Les sources de l’époque nous montrent qu’ils se livrent aux pires
cruautés, dont l’infanticide parmi tant d’autres271.
La situation est complètement hors de contrôle. Elle rappelle le temps des grandes
compagnies d’aventures, qui gâtaient la France à l’époque de Du Guesclin. Ce dernier les avait

269
Martiniane, 45 ; MONSTRELET, V, 461-467.
270
MONSTRELET, V, 336-338 ; PLAISSE A., Un chef de guerre au XVe siècle, Robert de Floques, Evreux, Société
libre de l’Eure, 1984, pp. 60-61 ; ROUSSEAU, La Hire, pp. 305, 311-313 ; TUETEY, Les écorcheurs sous Charles
VII, pp. 67-70.
271
Cf. supra n. 102.

75
rassemblées pour les emmener se casser les dents en Espagne272. La Hire, pensons-nous, n’aura
pas de rôle bien différent. Respecté et craint par les capitaines écorcheurs, il se joint à eux pour
endiguer leurs débordements et les conduit en Suisse, à travers l’Alsace, depuis le Barrois, pour
assiéger la ville de Bâle. En cette ville se tient un concile d’évêques radicaux qui refusent de se
soumettre au pape Eugène IV, au point de l’avoir excommunié273. Lorsque La Hire arrive aux
portes de la cité bâloise, il affirme venir au nom du souverain pontife274.
Lorsque La Hire rentre en France, l’écorcherie n’est pas terminée. Il faudra encore que
Charles VII envoie le dauphin Louis, futur Louis XI, entreprendre lui-même des voyages en
Allemagne, à partir de 1443, pour apaiser définitivement les capitaines renégats275. Néanmoins,
le capitaine gascon aura alors déjà quitté ce monde.

II – 3.13. Voyages au pays de Liège (1439-1441)


Alors que l’écorcherie fait des ravages en France et sur les frontières immédiates de
l’Empire, une affaire bien précise amène La Hire à se rendre à la principauté de Liège. Le
prince-évêque du lieu, s’avère-t-il, doit rembourser quelque rançon qu’il doit à La Trémoille.
Or en terre d’Empire, pour une dette, on prend les armes.
L’affaire est plutôt cocasse. L’évêque de Liège est tenu pour débiteur d’une rançon que
devait payer son père, d’une hauteur de 4 000 vieilles couronnes d’or. Il envoie donc un convoi
à Paris pour s’acquitter de la somme, mais La Trémoille expédie des lettres de représailles,
arrivées à Liège le 12 mars 1439 : ce fameux convoi, il n’a jamais eu le loisir de le réceptionner.
La Hire est alors traité d’écorcheurs, mais c’est certainement en vue de recouvrer la dette du
prince-évêque de Liège qu’il s’assemble, au mois de mars 1441, à grande puissance avec le
bâtard d’Orléans dans les parages de Bouillon. L’année suivante, en février 1442, La Hire,

272
DIVOIRE F., Du Guesclin, conquérant d’Espagne, Paris, Nationales, 1937 ; MOREL-FATIO A., « La donation du
duché de Molina à Bertrand Du Guesclin », dans BEC, 60, 1899, pp. 145-176.
273
ROSENBLIEH É., « La violation des décrets conciliaires ou l’hérésie du pape : le procès d’Eugène IV (1431-
1447) au concile de Bâle d’après le manuscrit latin 1511 de la Bibliothèque nationale de France », dans RBPH,
87, 2009, pp. 545-568. Eugène IV répondit par des lettres incendiaires que l’on peut lire dans Monstrelet (V, 357-
375).
274
LA MARCHE, I, 243-245 ; Martiniane, 38 ; MONSTRELET, V, 340-349-350 ; STAVELOT, 431-432 ; TUETEY, Les
écorcheurs sous Charles VII, pp. 100-102.
275
TUETEY, Les écorcheurs sous Charles VII, pp. 136 et seq.

76
toujours, vient cette fois-ci en ambassade avec Poton de Xaintrailles pour interroger le prince-
évêque regardant ce que ce dernier doit encore payer au seigneur de La Trémoille276.
Nous n’avons pas plus d’information sur cette affaire.

II – 3.15. Voyage de Tartas et mort à Montauban (1442-1443)


Pour son ultime voyage, La Hire retourne dans le pays qui l’a vu naître : l’Aquitaine. Peut-
être s’y est-il rendu en l’une ou l’autre occasion, durant ses longues années de carrière, pour
traiter avec les comtes de Foix277, mais il n’y est certes jamais resté. Charles VII est celui qui
va ramener La Hire dans le midi.
Alors qu’ils assiégeaient Pontoise, la ville de Tartas était tombée et le cadet du sire d’Albret
avait été fait prisonnier. Charles d’Albret, dès lors, s’était porté au devant du roi pour demander
son aide : les Anglais avaient convenu qu’une bataille rangée déciderait du sort de la ville de
Tartas et des domaines de la maison d’Albret. En effet, les rois de France et d’Angleterre, à un
jour donné (le 1er mai 1442), devaient présenter leurs armées respectives devant Tartas : celle
qui l’emporterait sur l’autre gagnerait la ville et sécuriserait les domaines d’Albret278.
Charles VII entend l’affaire et décide, avec toute son armée déjà rassemblée, dont il gonfle
encore les rangs, d’aller lui-même au devant du défi. La Hire, sans surprise, accompagne le roi.
L’armée est magnifique, elle aurait compté 32 000 hommes279. Mais arrivés devant Tartas, les
Anglais brillent par leur absence. Fort de son grand rassemblement militaire, Charles VII en
profite néanmoins pour manœuvrer jusqu’à la fin de l’année en Guyenne et s’emparer d’une
série de places fortes. Alors que ses troupes commencent à manquer de vivres, il se rabat vers
Montauban en janvier 1443, et c’est là que La Hire, épuisé par toutes ses courses, passe de vie
à trépas, pour le plus grand déplaisir du roi, qui voit ainsi disparaître l’un de ses plus fidèles et
plus efficaces capitaines d’armée280.

276
STAVELOT, 431, 447, 490.
277
Cf. supra n. 43.
278
MONSTRELET, VI, 24-25.
279
Beaucourt, dans le récit qu’il fait de la journée de Tartas (Charles VII, pp. 233-256) retient ce nombre que
donne le héraut de Berry (Ibid., p. 240, n. 5). Monstrelet, lui, donne le chiffre de 80 000 chevaux, ce qui semble
englober les non-combattants (MONSTRELET, VI, 51).
280
BERRY, 254-256 ; Martiniane, 50-52 ; Gaston IV, 1-24 ; Guyenne, 66 ; MONSTRELET, VI, 50-57.

77
II – 3. 17. Conclusions
De quel droit ? Voilà la question que nous nous posions. De quel droit La Hire a-t-il défendu
les marches de Picardie contre le duc de Bourgogne ? De quel droit a-t-il été commettre des
déprédations dans le duché de Bar ? De quel droit s’est-il emparé de la forteresse en ruines de
Gerberoy ? Nous pensons avoir répondu à toutes ces questions de manière satisfaisante, mais il
est temps d’établir une typologie des déplacements de La Hire et de raisonner son itinéraire.
Derrière chaque déplacement militaire de La Hire se cache un mobile, une cause qui permet
de légitimer son voyage. S’il avait été un chien fou, adepte seulement de brigandage et de
rapines, il aurait alors été à douter qu’il ait jamais pu recevoir le moindre laisser-passer ou sauf-
conduit de la part de ses adversaires ; or, plusieurs de ceux-ci ont survécu jusqu’à nous281.
Autrement dit, ses ennemis lui reconnaissaient le droit de faire la guerre : c’est qu’il la
conduisait avec honneur et dignité.
Au total, nous comptons cinq raisons déterminées qui motivent les déplacements de La Hire.
Quand il est à Baugé, La Hire se trouve sous le commandement du maréchal de La Fayette.
Quand il part s’emparer de Gerberoy, La Hire obéit aux ordres du connétable. Lorsqu’il prend
la route pour Tartas, il accompagne Charles VII. Dans ces différents cas, et d’autres semblables,
il remplit l’office de capitaine de l’armée royale : il est soumis à une hiérarchie bien déterminée.
Les déplacements de La Hire sont donc le résultat de la plus simple obéissance à un
commandement supérieur.
Au début de sa carrière, quand il est à Coucy, puis à Guise, enfin à Château-Thierry, La Hire
(qui semble alors doté d’un esprit d’initiative beaucoup plus marqué que lorsqu’il obéit au
connétable ou accompagne le roi) défend les intérêts de l’une ou l’autre maison princière
étroitement associée au pouvoir royal. Est-il le serviteur, alors, de ces maisons ? Ou bien est-il
un serviteur du roi, envoyé pour protéger les alliés de celui-ci ? Étant donné que tout au long
de sa carrière, La Hire a fait passer les intérêts de Charles VII au-dessus des intérêts des
différents princes pour lesquels il a combattu, et que la guerre est en principe le monopole du
roi, nous pencherions pour la seconde option. La Hire, donc, défenseur des domaines d’Orléans,
d’Anjou et d’autres, est toujours un capitaine de l’armée royale, mais en sous-traitance ; ce qui
ne fait pas de lui un mercenaire.
Ensuite, il y a le cas de certaines villes, sous domination ennemie, qui cherchent à passer
dans l’obéissance de Charles VII, par l’intermédiaire d’alliés (ou de traîtres) à l’intérieur des
mûrs. Ce n’est que rarement que l’on envoie un prince de sang légitime s’occuper d’une si basse

281
ROUSSEAU, La Hire, pp. 406 (p. j. XVI), 413 (p. j. XIX).

78
besogne. Si La Hire a échoué à reprendre Rouen, pour ensuite être détroussé à Ry par Talbot,
il a néanmoins, momentanément, put s’emparer de Gisors. De plus, il fut aussi de l’équipée du
bâtard d’Orléans afin de reprendre Chartres. La Hire s’attaque donc, dans ces cas-là, à des villes
détenues par l’ennemi, mais sur lesquelles le roi de France ou bien quelque prince de son
alliance dispose de prétention. Il est à parier, dans ces situations, qu’il agit souvent de son propre
chef. Le paiement de l’entreprise est obtenu lors du butin qui sera fait de la ville conquise.
En terre d’Empire, dans le Barrois et dans la principauté de Liège, La Hire montre un
nouveau visage, celui du créancier. Que ce soit pour des arriérés de soldes, ou la quittance d’une
vieille rançon, La Hire prend les armes et, s’il n’obtient pas satisfaction, se livre à des
entreprises de brigandage et de destruction. Dans ces cas-là, La Hire se bat pour son propre
compte, librement, sans suivre les ordres d’un supérieur hiérarchique.
Enfin, il reste les opérations de destructions gratuites (les raids sur Beaurevoir et Ligny) ou
les captures a priori inexplicables (celles de Robert d’Esné et de Guy de Nesle, qui tenaient son
parti). Dans ces rares épisodes, il semble que La Hire agisse par pure et simple vindicte, dans
le but d’assouvir une faide personnelle : et l’on observe qu’il a la rancune tenace. Néanmoins,
on ne saurait réduire La Hire à ces quelques actions ; bien plus souvent, il sert loyalement
Charles VII, les princes de France, ou saisit des opportunités « honnêtes » sur l’ennemi, qui
sont de bonne guerre. Bref, La Hire reste le plus souvent dans son droit, chaque fois qu’il
organise le déplacement de ses troupes. On ne saurait le qualifier de mercenaire, ou de bandit
de grand chemin, sans simplifier lourdement les choses. Mais routier ou soudard, La Hire l’était
certainement.

79
III – LE QUOTIDIEN DE LA GUERRE (1418-1445)
L’étude événementielle ayant été accomplie et raisonnée, il est temps d’entrer dans quelques
considérations anthropologiques sur le quotidien de La Hire, en observant les schémas de
répétition qui transparaissent à travers ses actions. Se battre, qu’est-ce à dire ? Quelle vie mène-
t-on lorsque l’on court d’un champ de bataille à l’autre ?
Nous nous intéresserons, dans les pages suivantes, tout d’abord, sur les différents types
d’individus qui composaient une compagnie militaire : du capitaine à la fille de camp.
Dans l’ordonnance royale de 1445, qui vise à la régulation des Compagnies d’Ordonnances,
on peut lire ceci :

Pour eschever la grant destruction qui se faisoit, à cause du grant et excessif nombre de
chevaulx et gens de néant qui estoient ès compaignies et qui de riens ne servoient, fors de
piller et mangier le peuple, a esté ordonné que tout ledit bagaige sera mis et gecté hors
desdites compaignie et envoiez chacun en leurs hostelz et domiciles faire leurs mestiers et
vivre ainsi qu’ilz avoient acoustumé à faire par avant qu’ilz vensissent à la guerre, et ne
demourroit seulement que certain nombre de gens d’armes et de trait qui auroient, c’est
assavoir, chacun homme d’armes : ung coustiller, ung paige et trois chevaulx ; et deux
archers : ung paige ou ung varlet de guerre et trois chevaulx282.

Cela témoigne du caractère hétérogène des compagnies militaires : on n’y trouve pas que
des soldats, mais également des auxiliaires, des serviteurs personnels et des jeunes femmes. Il
s’agit de microsociétés mixtes et complexes. En partant des informations directement
disponibles à partir des résultats d’enquête obtenus pour La Hire, ainsi qu’en élargissant un peu
le spectre de nos recherches, il est possible d’en brosser un modeste aperçu.

282
BESSEY V., Construire l’armée française. Textes fondateurs des institutions militaires. I, De la France des
premiers Valois à la fin du règne de François Ier, Turnhout, Brepols, 2006, p. 103.

80
III – 1. LA COMPAGNIE MILITAIRE EN MARCHE
Une grande partie des hommes d’armes qui se font remarquer par leurs prouesses, au XV e
siècle, sont le plus souvent d’une origine difficile à déterminer. Ils appartiennent à la petite
noblesse, ce sont bien des fois des cadets ou des bâtards sans héritage, qui n’ont rien d’autre
pour eux-mêmes que leur nom et leur réseau. Parmi eux, c’est à peine si se distinguent quelques
princes, ou grand seigneurs283. Néanmoins, pour les quelques hommes d’armes dont nous
disposons du nom, il existe une masse invisible qu’il est presque impossible d’extirper de
l’obscurité, et sur laquelle nous ne saurons peut-être jamais grand-chose.
Néanmoins, il est intéressant de remarquer que les hommes d’armes, entre eux,
reconnaissaient un principe de parité. Ainsi, pour la période de 1418-1445, le capitaine d’une
compagnie n’est pas imposé explicitement d’en haut, mais choisi par ses pairs. Le capitaine
gagne le respect de ses hommes en comptant parmi les meilleurs d’entre eux et non, faut-il
croire, en étant bombardé à son rang par la hiérarchie. Dans la première moitié du XVe siècle,
le principe de mérite gagne en importance284, comme on peut le lire dans un manuel héraldique
de l’époque : « Ainsi est connestable fait par vaillance, non pas par puissance285. »
Somme toute, il y au moins quatre cas d’élection explicite que l’on peut signaler. En premier
lieu, à titre précurseur, celle d’Amédée de l’Estrac286 de 1395. Cette élection nous est rapportée
par le religieux de Saint-Denis, dans sa chronique du roi Charles VI, quand il conte cette
anecdote militaire des plus cocasses, comment de grands seigneurs du Dauphiné ont été vaincus
sans peine et réduits au ridicule par des hommes de rien (« viri indigni » est la locution qu’il
emploie pour les désigner)287. Le chroniqueur y précise bien ceci :

283
CONTAMINE, Guerre, état et société à la fin du moyen âge, pp. 253-262.
284
C’est une tendance que l’on observe particulièrement dans la littérature de cour bourguignonne : VALE M.,
chap. « The literature of honour and virtue », dans War and chivalry. Warfare and aristocratic culture in England,
France and Burgundy at the end of the Middle Ages, Londres, Duckworth, 1981, pp. 14-32. Lire également :
RYCHNER J., La littérature et les mœurs chevaleresques à la Cour de Bourgogne, Neuchâtel, Secrétariat de
l’Université, 1950.
285
BNF, fr. 5930, fol. 5 r°.
286
Il est loisible de soupçonner un lien de parenté indéterminé entre cet Amédée de Lestrac et les Grand et Petit
Estrac, compagnons d’armes de La Hire, qui participèrent à l’Écorcherie : TUETEY, Les Écorcheurs, I, 68 –
COSNEAU, 285.
287
SAINT-DENIS, II, 394-401.

81
Tunc omnes timor invasit, ut minas inevitabiles audierunt ; et quia hucusque prefata
concio ex variis nacionibus collecta sine duce processerat, quemdam Aymedium, dictum
de Lestrac, utique prudentem virum elegerunt, cui deinceps parerent et sub cujius regula
regerentur. Ipsum omnium consensu iterum miserunt ad dominos, ut transitum pacificum
humili prece posceret288.

« Celui-ci, du consentement de tous (Ipsum omnium consensu), » voilà ce qu’écrit le


religieux de Saint-Denis : l’autorité du capitaine découle du consentement de ses hommes. La
Hire, lui-même, fut élu par ses troupes, comme nous le rapporte la chronique Martiniane, qui
copie celle du Berry :

Quant ce vint au matin que les gens d’armes se apperceurent que la place estoit perdue
[Coucy-le-Château, février 1419], se retrayrent à Montagu et à Guise, et creerent deux
cappitaines de deux gentilz hommes, dont l’ung avoit nom Estienne de Vignolles, dit La
Hire, et l’autre Pothon de Saincte Treilles289.

La troisième élection dont il faut traiter, celle de Jean de Bueil, est sans doute la plus
significative. Pour cause, Jean de Bueil n’est pas uniquement choisi pour guider une compagnie,
mais également d’autres capitaines dans une entreprise commune (conquête de Marchenoir,
printemps 1427), et parmi certains des capitaines qui l’élisent se trouvent des aînés, qui lui ont
appris le métier des armes, dont La Hire. Voici la parole qui est attribuée à ce dernier, dans le
Jouvencel :

« Or ça, Jouvencel [Jean de Bueil], vous voyez que par le commun assentement de tous
voz amiz et compaignons, meismement de ceulx qui vous ont instruit et aidé à conduire en
vostre jeunesse et en voz premiers faiz d’armes, estes esleu, par le bon sens et conduitte de
nostre guerre qui est en vous, à estre notre chief, pour ce que tous ont veu et apparçeu que
vous avés le cœur et la voullenté et estes bon et convenable pour ce mestier290. »

L’aînesse d’un capitaine ne garantit donc pas sa primauté sur les autres.

288
Ibid., 394-397.
289
BERRY, 425-426 – Martiniane, 2.
290
Jouvencel, I, 117-118.

82
Et si Jean de Beuil fut élu par ses pairs avant la bataille, un capitaine peut également être
choisi par après. En novembre 1435, à la Toussaint, le maréchal de Rochefort et quelques
capitaines, dont Charles de Maretz, attaquent la ville de Dieppe. Charles de Maretz, à l’initiative
de l’entreprise, est celui qui escalade les murs de la ville afin d’ouvrir la porte de Rouen et
d’assurer le passage de ses alliés. Rapidement, la ville est conquise, après quoi : « Si en demoura
ledict Charles de Mares capitaine, du consentement de tous les aultres, pour le roy de
France291. »
L’obéissance ne se conçoit donc pas sans consentement, et le consentement n’est jamais
gratuit ou garanti, il repose sur un contrat tacite, un vote de confiance, lequel varie selon les
circonstances, en fonction des partenaires en présence. Jeanne d’Arc, semble-t-il, en fit elle-
même les frais en 1429, nous rapporte Gruel, biographe du connétable de Richemont :

La Hyre, Girard de la Paglere, monseigneur de Guitri et autres capitaines demandrent à


la Pucelle [ce] qu’elle vouloit faire, et elle leur respondit qu’il failloit aller combatre le
connestable. Et ilz lui respondirent que si elle y alloit qu’elle trouveroit bien à qui parler et
qu’il y en avoit en la compaignie qui plustost seraient à luy que à elle, et qu’ilz ameroient
mieulx lui et sa compaignie que toutes les pucelles du Royaume de France292.

Ce n’est pas aveuglément que les troupes se rendent au champ de bataille, et même le
charisme de la Pucelle d’Orléans ne fait pas le poids devant la volonté commune de ses
hommes.
Néanmoins, dès lors qu’un capitaine doit être reconnu d’en haut, des règles strictes entrent
en applications. Pour citer, de nouveau, le manuel d’héraldique mentionné plus haut :

Comment se doit faire capitaine et lever estandart. Quand ung homme a grandement sievy
les guerres, ou qu’il a grandement de quoy il puis se tenir gens – ou par grant terre ou
aultrement par son sens – le Roy ou aultre seigneur le peut faire capitaine, et [dès lors, il]
peult lever estendard, mais qu’il ait L hommes d’armes et les archers, et s’il le pert [son
étendard] de ses ennemis, il n’en peult avoir ne porter point d’aultre jusques à ce qu’il en
ait gaigne ung autre sur ses ennemis293.

291
MONSTRELET, V, 201.
292
GRUEL, 70-71.
293
BnF, fr. 5930, fol. 4 r°.

83
Ici, il n’est plus question d’élection et de consentement. La décision du roi ou d’un souverain
seigneur est la seule valable. La reconnaissance d’un capitaine par ses pairs ne tient aucun lieu
d’importance. Néanmoins, on comprend qu’il s’agit là d’une formule théorique.
En théorie, le roi seul choisit ses capitaines. En pratique, il ne peut arbitrairement assigner
de capitaine, du moins, pas avant la création des Compagnies d’Ordonnances.
Le capitaine d’une compagnie militaire émerge de la masse de ses soldats, sinon par sa seule
bravoure, du moins par sa richesse personnelle et l’étendue de ses connexions, et dès lors, à
rebours, le roi prend acte. Toutefois, en théorie, le roi ou son connétable peuvent démettre un
capitaine de ses fonctions, le condamner en justice et dissoudre sa compagnie. Dans les faits,
néanmoins, cela peut s’avérer plus difficile que prévu. Ainsi Jacques de Pailly, plus connu sous
son pseudonyme de Forte-Épice, est dans un premier temps sauvé des griffes de Richemont par
l’intercession de la ville de Bourges, en 1435. En vérité, il faut attendre la grande ordonnance
de 1439 et la résolution de la Praguerie pour que le pouvoir royal soit en mesure de supplanter,
dans la loi et dans les faits, la mainmise personnelle des capitaines sur les affaires de la guerre294.
Mais pour en revenir, maintenant, sur l’origine obscure des gens d’armes, s’ils sont souvent
d’extraction modeste – de sorte que l’on ne peut rien savoir sur eux en tant qu’individus – l’on
sait néanmoins souvent d’où ils viennent, ce qui nous permet déjà d’en dire beaucoup plus long
sur eux, en tant que groupe social. Ainsi, La Hire et Poton de Xaintrailles, tous deux gascons,
comptent à l’origine, dans leurs rangs, principalement des soldats de Gascogne, venus comme
eux du Midi pour guerroyer dans le Nord.
Qui étaient les Gascons, au début du XVe siècle ? Par quelles caractéristiques, outre leur
origine géographique et leur dialecte, se distinguaient-ils des autres sujets du royaume de
France ? Le héraut de Berry, Gilles Le Bouvier (1386-1455), nous fournit de premiers éléments
de réponse dans son Livre de la description des païs :

Puis y est la duchié de Guienne, qui est grans païs et bon et en est Saintonge, Angoulesme,
Pregort [Périgord], la Marche, Limosin295, Cressy [Quercy], Agenés, Rouerghe, Armignac,

294
COSNEAU, 219, 283-285, 308.
295
Comme on le remarque ici, le Limousin fait partie des pays de la Gascogne. Or, nous avons soutenu que les
Gascons se reconnaissaient à leur dialecte ; le frère Seguin, originaire du Limousin, fut critiqué par Jeanne d’Arc
sur la qualité de son français : « Ipse [Seguin] autem loquens interrogavit eam [Jeanne] quod idioma loquebatur

84
Bierne [Béarn], et toutes les montaignes jusques à Navarre et en Aragon, et est tout cedit
païs ung des fertilz païs du monde s’il estoit en pais. Et sont les gens d’icellui païs
courageuses gens et légiers de teste et bonnes gens d’armes. Et y a vingt eveschiez et trois
archeveschez. Les archeveschiez est Aux [Auch], Bourdeaulx et Bourges, qui se dit primat
d’Aquitaine. Les menus gens sont tous arbalestriers, mal vestus et portent solles [semelles]
de bois, ou de cuir à tout le poil par povreté et sont gens joueurs de dez ou de quartes, et y
a bons vins par tout, et grant foison vin de pomme. Les femmes ilz sont fortes et abilles, et
font le labour, et vivent de pain de millet, et boivent le vin de pomme dont ilz ont grant
froison, et vendent les blez et le vin296.

Ainsi, les Gascons étaient courageux, pauvrement vêtus, marchaient sur des semelles de bois
ou de cuir velu, et s’armaient d’arbalètes. Leurs femmes étaient fortes et cultivaient elles-
mêmes les champs. Mais que faut-il entendre dans le fait qu’ils fussent « légiers de teste » ?
Deux interprétations sont possibles, selon la signification que l’on donne au mot « teste ».
Si la « teste » représente le siège de la pensée, il faut alors déduire que les Gascons n’avaient
pas beaucoup de plomb dans la cervelle. Ils auraient été prompts à agir sans réflexion, comme
des têtes brulées – d’où, peut-être, l’origine de leur courage. Mais si par la « teste », Gilles le
Bouvier sous-entend la « teste armee », c’est-à-dire l’équipement de guerre, alors il faut
comprendre que les Gascons ne disposaient pas d’armures lourdes. Cette seconde interprétation
serait facilement compréhensible, puisqu’il apparaît qu’ils étaient généralement pauvres et mal
vêtus ; comment auraient-ils pu se payer un lourd équipement de guerre ?
De plus, un deuxième élément plaide en faveur de la seconde interprétation, soit un autre
passage écrit par le héraut du Berry, dans sa Chronique du roi Charles VII, lorsqu’il décrit deux
détrousses opérées par La Hire, Poton, et leur compagnie, en 1419 :

Les François n’estoient que XL lances, lesquelz ne espargnoient ne leur corps, ne leurs
chevaulx, et estoient la plus part gascons, qui sont bon chevaucheurs et hardiz. […] Les
Françoys gascons estoient montez sur bons et fors chevaulx, vistes et bons à la main, et
pour ce abbatoient et tumboient vigoureusement leurs ennemis à eulx contraires297.

vox eidem loquens : quæ respondit quod melius idioma quam loquens, qui loquebatur idioma Lemovicum. »
(Procès de Jeanne (éd. QUICHERAT), II, 204)
296
Description des païs, 42.
297
BERRY, 426.

85
Il convient de mettre ce passage en parallèle avec un autre, écrit par Enguerrand de
Monstrelet, concernant la guerre qui opposa les ducs d’Orléans et de Bourgogne, en 1410-1412 :

En oultre, estoient venus au mandement du duc d’Orléans, en ceste armée, grant quantité
de Lombars et Gascons, lesquelz avoient chevaulx terribles et acoustumez de tourner en
courant, ce que n’avoient point acoustumés François, Picars, Flamens, ne Brebançons à
veoir, et pour ce leur sembloit ce estre grant merveille298.

Les cavaliers du Midi, de Gascogne et Lombardie299, tournoyaient avec leurs montures à


même le champ de bataille. La race de leurs chevaux put y être pour quelque-chose, mais
également, on pourrait imputer cette prouesse équestre à un équipement plus léger. En outre,
l’on pourrait considérer qu’il existât un clivage culturel entre les cavaliers du nord et du midi
de la France, quant aux questions de dressage et d’équipement militaire. Les indices sont là. Ils
suggèrent que les cavaliers Gascons, désargentés, constituèrent des contingents de cavalerie
légère, sinon par le poids réduit de leur équipement, du moins par leur manœuvrabilité équestre
sur le champ de bataille.
Désormais, si les cavaliers gascons étaient des cavaliers légers, alors ils allaient à contre-
courant des tendances générales. Comment l’expliquer ? Il est communément accepté qu’au
XVe siècle (d’après les travaux de Malcolm Vale et Philippe Contamine, publiés en 1980300) la
cavalerie lourde avait encore toute sa place sur le champ de bataille – et ce, malgré l’arrivée des
premières batteries de canon.
Les Gascons ont-ils « ouvert la voie » à une nouvelle mode ? Avant que d’y répondre, il
convient de poser deux remarques. Pour commencer, l’étude de Malcolm Vale ne s’est portée

298
MONSTRELET, II, 102.
299
Dans son analyse de la bataille de Verneuil (1424), Michael K. Jones postule que les cavaliers lombards présents
disposaient d’armures lourdes, capables de les protéger de tous traits. Il ne décrit rien d’autre qu’une cavalerie
lourde classique, dont la tactique est la charge frontale, tandis qu’il ne dit rien sur les Gascons. (JONES, « The
Battle of Verneuil », pp. 375-411). Il se fonde sur le témoignage de Basin (BASIN, I, 92). Monstrelet, pour 1410,
et Basin, pour 1424, décrivaient-ils les mêmes cavaliers ? Il est à douter que non, mais la question reste en suspens,
à défaut de recherches plus approfondies.
300
CONTAMINE Ph., La guerre au moyen âge, Paris, PUF, 1980 (coll. Nouvelle Clio. L’histoire et ses problème,
dir. par DELUMEAU J. & LEMERLE P., n° 24) ; VALE M., War and chivalry. Warfare and aristocratic culture in
England, France and Burgundy at the end of the Middle Ages, Londres, Duckworth, 1981.

86
que sur les milieux bourguignons – alors rétrogrades, tels qu’ils étaient portés par leur idéal
réformateur301. Or, si les Gascons se sont enrôlés auprès des rois de France et d’Angleterre, ils
n’ont jamais rendu trop de services aux ducs de Bourgogne : ils ont par conséquent échappé au
compas de l’historien britannique. Ensuite, Philippe Contamine, très prudent, ne s’est jamais
contenté que de décrire un phénomène général, sans entrer dans trop de détails – en ce qui
concerne l’équipement militaire médiéval, les différents travaux de l’historien belge, Claude
Gaier, demeurent incontournables302.
Mais donc, les Gascons ont-ils ouvert la voie à une nouvelle mode ? Nous n’y répondrons
que par un prudent peut-être. Pour cause, s’il est permis de soupçonner qu’ils aient formés, dans
un premier temps, des régiments de cavalerie légère – cela dû, fondamentalement, à leur
modeste origine –, peut-on néanmoins affirmer qu’ils aient conservé, tout au long de leurs
aventures, les traits caractéristiques qui les distinguaient lorsqu’ils vinrent guerroyer pour la
première fois au nord de la Loire ? Les Gascons ont-ils cherché à maintenir leur singularité ?
Aucun indice ne nous envoie sur cette piste.
Monstrelet décrivait les Gascons de 1410-1412. En ces années là, ils constituaient une
curiosité pour les belligérants du Nord. Berry, quant à lui, décrivait la troupe de La Hire et
Poton dans ses toutes premières aventures, en 1419. Ces deux compagnons, ayant guerroyé
dans le Nord durant l’essentiel de leur carrière militaire, préservèrent-ils leur dénuement
premier ? Il est à parier que non.
Étienne de Vignolles ne souffrait pas de paraître pour un misérable. Il avait un certain sens
du spectacle – et peut-être même assez de mauvais goût que pour être qualifié de « nouveau-
riche ». Les descriptions de sa reddition de Crépy (1420) sont trop précises que pour être
ignorées. Il y a tout d’abord celle-ci :

Se party La Hire, souverain capitaine de l’armée, et issy de la ville à VI chevaux tant


seulement monté sur le coursiot grison qu’il avoit eu à le détourse de Cohend [Thomas de
Cohen], et avoit paiges après luy, deux paiges abilliés tout d’une livrée et montés sur les

301
La politique « réformatrice » des Bourguignons doit se comprendre en ce qu’elle cherchait à former de nouveau
ce qui avait été autrefois, c’est-à-dire à maintenir les traditions.
302
GAIER Cl., Armes et combats dans l’univers médiéval, Bruxelles, De Boeck, 1995-2004, 2 vol. (coll.
Bibliothèque du Moyen âge, n° 5 & n° 22) ; ID., « Technique des combats singuliers d’après les auteurs
"bourguignons" du XVe siècle », dans MA, 91, 4, 1985, pp. 415-457 & dans MA, 92, 1, 1986, pp. 5-40.

87
deux aultres courselos qui avoient esté audit Guillaume [Guy Malet de Graville], et deux
aultres paiges montés sur deux bayars303.

Mais celle que l’on retrouve dans le Livre des Trahisons est encore plus riche et détaillée :

Ainssy se parti La Hire, souverain capitaine de la ville de Crespy, à VI chevaux tant


seullement, qui estoit toudevant, monté sus le grison qu’il avoit eubt de Cohen, et party
ainssy esseulé affin que sa monture fuist mieux avisée. Sy avoit vesty sur son harnois une
vermeille heucque, à la fachon d’alors, toute chargie de grosses clocques d’argen à bateaux
pendant comme cloches de vaches ; et son palefrenier estoit derrière luy tenant son penon
vermeil, lequel estoit court et bien large. Après avoit IIII paiges de parement tous vestus de
vermeil, sallade en teste et le lance au poing, chascun montés sus ung coursier304.

C’est en habit de triomphe que La Hire rend la ville de Crépy au duc de Bourgogne ! Il ne
manque pas non plus d’insolence, puisqu’il s’affiche avec les montures qu’il a prises sur un
capitaine bourguignon. Enfin, pour être sûr que tout le monde le remarque, non seulement est-
il vêtu de rouge vermeil (une couleur tape-à-l’œil), mais également, est-il paré de grosses
cloches d’argent.
Dix-sept années plus tard, La Hire n’a rien perdu de son caractère. À peine est-il libéré de
l’emprise du seigneur d’Offemont, Guy de Nesle, que lorsqu’il rejoint Charles VII à Paris pour
la première entrée officielle de ce dernier (après dix-neuf ans d’absence), il se distingue de
nouveau. Monstrelet écrit ceci :

Le mardy XIIe jour de novembre de cest an mil IIIIc XXXVII, Charles, roy de France, se
loga en sa ville de Saint-Denis. Si estoient en sa compaignie son filz le Daulphin de Vienois
[futur Louis XI], le connestable de France [Arthur de Richemont], messire Charles
d’Angou, les contes de Perdriach et de Vendosme [Louis de Bourbon], et le josne conte
de Tancarville, messire Christofle de Harcourt, le bastard d’Orléans [Jean Dunois], et
aultres en très grand nombre, nobles et grans seigneurs, chevaliers et escuyers. Et si estoit
La Hire, en très bel et noble appareil305.

303
Laon, Crépy, Guise, 7-8.
304
Trahisons, 150-151.
305
MONSTRELET, V, 301.

88
La Hire est le seul auquel Monstrelet adresse un compliment vestimentaire : « si estoit La
Hire, en très bel et noble appareil. » Le capitaine Gascon savait encore comment se faire
remarquer. Mais il n’était pas le seul, puisque les Cronicques de Normendie signalent ceci,
concernant l’un des plus redoutables adversaires d’Étienne de Vignolles :

Talbot monta à cheval vestu d’une robe de drap d’or, et fist mettre les claies au travers
des fossez du siège, et vint parlementer aux capitaines des François306.

La Hire se donnait du lustre, certes, mais il vivait dans un monde de m’as-tu-vu. Quelque-
part, il faut féliciter ses efforts d’intégration sociale307.
Mais donc, pourrait-on attendre d’un pareil homme qu’il ait décidé de conserver un
équipement militaire léger, surtout si celui-ci eût rappelé ses origines obscures ? Il est à parier
que non. En plus de vingt ans de carrière, il eut sans doute plus d’une fois l’occasion de changer
son harnachement de guerre308. Peut-être opta-t-il, avec le temps, pour une armure de plus en
plus lourde ? Les informations dont nous disposons ne permettent pas de trancher clairement
sur la question. Néanmoins, il faut surtout retenir, de tout ceci, que les Gascons furent des
cavaliers hors-pairs et de curieux étrangers, au-delà de la Loire.
Cela dit, ils n’étaient pas les seuls étrangers : espagnols, italiens, écossais, allemands, il y
avait des aventuriers, en France, qui provenaient de toutes les frontières et que les promesses
de la guerre attiraient309. D’ailleurs, si la compagnie de La Hire et de Poton était originellement
surtout constituée de Gascons, elle ne tarda pas à inclure des Écossais, des Picards et des

306
Normendie, 87.
307
Comme le montrent certaines études, l’apparat vestimentaire n’était pas une question légère : CARON M.-Th.,
« La noblesse en représentation dans les années 1430 : vêtements de cour, vêtements de joute, livrées », dans
PCEEB (XIVe – XVIe s.). XXXVII. Rencontres de Nivelles-Bruxelles (du 26 au 29 septembre 1996). « Images et
représentations princières et nobiliaires dans les Pays-Bas bourguignons et quelques régions voisines (XIV e –
XVI e s.) », dir. par CAUCHIES J.-M., CEEB, Neuchâtel, 1997, pp. 157-172 ; JOLIVET-JACQUET S., « "Pour soi vêtir
honnêtement à la cour de monseigneur le duc de Bourgogne" : costume et dispositif vestimentaire à la cour de
Philippe le Bon de 1430 à 1455 », dans BUCEMA [en ligne], 8, 2004, consulté le 5 juin 2013
(http://cem.revues.org/984).
308
Les comptes de la ville d’Orléans font état du don, à La Hire, d’un nouvel harnais d’une valeur de 101 l., 6 s.
et 7 d. p., en août 1429 (Journal d’Orléans, 247-248).
309
CONTAMINE, Guerre, état et société à la fin du moyen âge, pp. 253-255.

89
Normands310 ; l’on serait intrigué de savoir dans quel patois ces gens-là parlaient entre eux. Il
est à parier que le métissage de la compagnie se soit renforcé avec le temps pour gagner un
caractère de plus en plus cosmopolite311.
Quelques personnages qui bénéficient d’un peu d’éclairage sont les archers, soient les
auxiliaires directs des hommes d’armes, qui les accompagnent sur le champ de bataille – on se
souviendra du rôle essentiel que les archers du bâtard d’Orléans ont joué à Rouvray (1429), en
sauvant la vie de ce dernier qui s’était pris une flèche dans le pied.
Dans quelques cas, leurs noms sont connus, via des comptes ou des chroniques, mais le plus
souvent, ils demeurent anonymes, tel cet archer bourguignon qui captura Jeanne d’Arc et la
livra au bâtard de Wandonne. Cependant, l’on sait que le bâtard de Wandonne, lui-même,
commença sa carrière militaire en tant qu’archer de Jean de Croÿ312.
Il semble dès lors qu’il n’y ait pas que de l’ombre dans le milieu des auxiliaires. Le rang
même d’auxiliaire pouvait constituer une étape initiatique ou intermédiaire dans la carrière d’un
individu, surtout ci celui-ci était prédisposé à de hautes fonctions, de par son nom et ses relations
(à mettre en parallèle avec l’exemple précédent du bâtard de Wandonne, Antoine de Chabannes
servit La Hire en qualité de page, l’espace de quelques mois, sur l’incitation de son frère
aîné313). Néanmoins, il n’est pas à douter qu’une écrasante majorité d’auxiliaires ne pouvait
guère espérer de se hisser à des fonctions plus élevées que la leur.

310
ADF Loiret, A 2178, Lettres et besoignes touchant les hosteliers d’Orléans.
311
On retrouvait ce caractère cosmopolite dans les compagnies d’aventures du temps de Du Guesclin : FOWLER
K., Medieval mercenaries – 1. The great companies, Oxford, Blackwell, 2001 ; Id., « Great companies, condottieri,
and stipendiary soldiers : foreign mercenaries in the service of State (France, Italy and Spain in the fourteenth
century) », dans Guerra y diplomacia en la europa occidental, 1280-1480, xxxia Semana de estudios medievales,
Estella, 19-23 de julio 2004, Pampelune, Gubierno de Navarra, 2005, pp 141-161 ; LUCE S., Histoire de Bertrand
Du Guesclin et de son époque, Paris, Hachette, 1876, pp. 327-328.
312
Quelques mots sur sa carrière militaires sont donnés dans Jeanne d’Arc H&D, pp. 207, 1045-1046.
Le bâtard de Wandonne est très certainement le fils d’Alain de Wandonne, et le demi-frère de Lionel, du même
nom. Le premier trépassa à Azincourt, le second s’illustra en plusieurs occasions aux côtés de Jean de Luxembourg
– il jouta notamment à Arras (1423) contre Poton de Xaintrailles (FENIN, 202-204 ; MONSTRELET, IV, 152-154.).
Douët-d’Arcq, dans son édition de Monstrelet, à l’index, corrige « Vandonne » en « Vendôme ». Ceci n’a pas été
suivi par les historiens postérieurs, qui écrivent « Wandonne ». Cette dernière option est préférable, afin d’éviter
toute confusion avec la branche cadette de Bourbon.
313
Martiniane, xx-xxj, 6-7.

90
Les archers étaient un type d’auxiliaire, mais il y en avait encore au mois deux autres : les
serviteurs de siège et les espies (éclaireurs ou informateurs).
La Hire, lui-même, compta sur le soutient de serviteurs de siège, dévoués à l’entretien et à
l’utilisation de machines de guerres. Pour cause, en plusieurs occurrences, La Hire ne se prive
pas d’utiliser des canons sur le champ de bataille, notamment à Montépilloy (1429) ou à
Gerberoy (1435). Ensuite, il y a également cette affaire où l’une de ses crapaudines se trouve
dérobée et doit lui être rendue (1437)314.
Néanmoins, comment s’articulaient les serviteurs de siège dans la compagnie ? Étaient-ils
eux-mêmes des hommes d’armes ou des combattants ? Le poste d’artilleur, au sein de la
compagnie, était-il institué et formellement distinct de tous les autres ? Rien ne nous permet
d’y répondre.
Les espies, quant à eux, ne sont mentionnés que très occasionnellement dans les chroniques.
Leur fonction est celle d’éclaireur ou d’informateur. De ce qu’il est possible de rassembler,
n’importe quel individu pouvait devenir une espie. Pour le démontrer, nous allons ici confronter
deux histoires, l’une impliquant directement La Hire, une autre concernant l’un des principaux
capitaines bourguignons, Jean de Croÿ.
Lorsqu’il menace d’être encerclé, à Gerberoy (1435), par les forces du comte d’Arondel, La
Hire et ses compagnons envoient une vieille femme à l’extérieur de leur forteresse endommagée
pour enquêter sur le camp adverse315. Elle revient notamment avec l’information qu’à

314
Il sera plus longuement question de cette affaire au point III – 3 ; référence : La Hire de Gascogne, pp. 421-422
(pièce justificative XXVII) ; définition : « courtaud (ou crapaud) : sorte de bombarde courte, moins lourde que
celle-ci, large et ramassée » (Guerre et société, 1270-1480, p. 484).
La littérature historique sur les canons et les engins de sièges aux XIVe et XVe siècles est riche, voici quelques
titres qui ne constituent, jamais, qu’une brève entrée en la matière : BEFFEYTE R., L’art de la guerre au moyen
âge, préf. de CONTAMINE Ph., Rennes, Ouest-France, 2010, pp. 73-93, 110-119 – CONTAMINE Ph., La guerre au
moyen âge, Paris, PUF, 1980 (coll. Nouvelle Clio. L’histoire et ses problème, dir. par DELUMEAU J. & LEMERLE
P., n° 24), pp. 258-275 – DE CROUY-CHANEL E., « La première décennie de la couleuvrine (1428-1438) », dans
Artillerie et fortification, 1200-1600. Actes du colloque international : Palais des congrès du Parthenay, Deux
Sèvres, 1-3 décembre 2006, sous la dir. de PROUTEAU N., DE CROUY-CHANEL. & FAUCHERRE N., Rennes, PUR,
2011, pp. 87-98 – DE CROUY-CHANEL E., Canons médiévaux. Puissance de feu, Paris, Rempart, 2010 – DE VRIES
K., Guns and Men in Medieval Europe. 1200-1500, Farnham, Ashgate, 2002.
315
Le stratagème de recourir à de « vieilles espies » n’était pas neuf, ni atypique. Leur rôle devint même iconique
dans la mesure où elles donnèrent matière à illustration : une vieille espie est ainsi représentée dans l’un des

91
l’exception des capitaines, tous les hommes d’armes seront pendus, ce qui incite La Hire et ses
compagnons à mettre au point, hâtivement, un plan d’action quoique risqué, mais payant316.
De son côté, alors envisageait une patrouille nocturne dans le Boulonnais (1436), Jean de
Croÿ envoie en avant de sa troupe d’« expers hommes d’armes congnoissans le pays ». Ceux-
ci découvrent qu’une troupe anglaise se promène dans les parages, ce qu’ils rapportent aussitôt
au capitaine bourguignon. Sur cette information, celui-ci entreprend d’attaquer la troupe
anglaise, ce qui tournera au désastre, malgré l’avantage de la surprise317.
Autant la femme de Gerberoy, que les expers hommes d’armes de Jean de Croÿ, peuvent en
quelque manière être considérés comme des espies, dans la mesure où ils apportent, à leurs
capitaines respectifs, des renseignements autrement inconnus. Mais s’il existait, à cette époque,
de véritables réseaux d’informations organisés et cloisonnés, à la manière de sociétés secrètes
de l’époque contemporaine, nous ne saurions le déterminer.
Enfin, tout en bas de l’échellent, viennent les serviteurs personnels, attachés aux besoins
privés de tel ou tel homme d’armes.
Les suites de serviteurs, en ce temps-là, se formaient assez spontanément. Les modestes gens
s’empressaient d’entrer au service des plus grands. Monstrelet raconte comment, à son retour
d’Angleterre et n’ayant plus de suite, le duc d’Orléans reçut des demandes d’embauches de
toutes les contrées de France, en 1441 :

Depuis que ycelui duc fut retourné des pays d’Angleterre à Gravelignes, et de là venu à
Saint-Omer et ès aultres lieux […], jusques au partement de lui et du duc de Bourgongne
vinrent devers luy, des marches de France, tant de ses signouries omme d’ailleurs, pluiseurs
gens, pour le veoir et le bienvignier et luy offrir leur service. Desquelz il en retint grand
partie. Et d’aultre part, des pays meismes du dessusdit duc de Bourgongne, en y eut très
grand nombre qui par divers moyens firent tant qu’ilz furent retenus à luy et de son hostel,
tant gentilz hommes, comme damoiselles et aultres de divers estats. Aussy lui furent
présentés par pluiseurs chevaliers et escuyers, bien huit ou dix de leurs enfans pour estre
ses paiges. Et avec ce luy furent bailliés environ vint quatre compaignons des marches de
Boulenois, bien en point, montés et habilliés, pour estre ses archiers et gardes de son corps.

manuscrits de Froissart (Bibliothèque de l’Arsenal, ms. fr. 5188, f. 275 r° ; reproduit noir et blanc dans PLAISSE,
Floques, p. 122).
316
Cf. supra n. 244.
317
MONSTRELET, V, 235-238.

92
Lesquelx furent tous retenus de son hostel. Et tant se multiplièrent les serviteurs dessusdiz,
que quand il vint audit lieu de Tournay, il avoit bien trois cens chevaulx de sa retenue. […]
Et fut pour ce temps assés communs ès pays de Picardie. Si estoient moult de gens désirans
de le servir et estre à luy, sur l’intencion et espérance qu’ilz avoient principalment que lui
venus envers le Roy il auroit un très grand gouvernement ou royaume de France, pour quoy
par ses moyens ilz pourroient estre moult advanciés en diverses manières. Et lui meisme
l’entendoit ainsy.318

La relation maître-serviteur paraissait très naturelle dans cette société inégalitaire. Un


individu de basse, moyenne (ou même haute) extraction, s’il espèrait gravir l’échelle sociale,
ne se hissait pas au sommet de lui-même, il suivait l’ascension d’un maître et protecteur.
S’engager à servir un prince, un seigneur ou un capitaine d’armée, ainsi, s’accompagnait
d’espérances et d’ambitions.
Dans le cas où ces espérances étaient frustrées, le serviteur pouvait se retourner contre son
maître au bénéfice d’un autre : il existait donc des serviteurs fourbes, plus anxieux de leur
ambition personnelle que de l’avancement de leur employeur, Pierre de Xaintrailles et
Archambaud de Villars en firent eux-mêmes les frais et, pour cette cause, perdirent
respectivement les places fortes de Coucy (1419) et de Montargis (1432) – le premier y laissa
d’ailleurs la vie.
La perte de Coucy connaît deux versions, l’une dictée par Monstrelet (qui paraît la plus
fiable), l’autre par la chronique Martiniane (qui semble recourir à un topos). Ainsi, Monstrelet
précise que Pierre de Xaintrailles, qui avait la garde du château de Coucy, fut trahi par son
couturier, son fourrier et son maréchal. Ceux-ci, après avoir traité avec des Bourguignons
gardés captifs dans la place forte, en conduisirent six jusqu’à la chambre de leur maître. Le valet
ouvrit la porte et les Bourguignons jaillirent dans la place et tuèrent Pierre de Xaintrailles, ainsi
que son valet, avant de s’emparer résolument du château, en libérant tous leurs compères encore
sous les verrous, parmi lesquels comptait Lionel de Bournonville319.
En revanche, la Martiniane accable une chambrière. Celle-ci aurait reconnu, parmi les
prisonniers, un homme de son village. Dès lors, en l’échange d’une promesse de mariage, elle

318
MONSTRELET, V, 449-450.
319
MONSTRELET, III, 310-311.

93
aurait entrepris de le libérer. Mais, en ouvrant l’huis de sa prison, d’autres en profitèrent pour
saisir leur liberté et conquérir le château320.
Ce second récit s’apparente davantage au topos, car ses modalités narratives se retrouvent
presque telles quelles dans la perte de Montargis par Villars. L’anecdote, dans ce cas-ci,
demeure toutefois plus complexe, telle que la narre le héraut de Berry.
Villars avait un barbier, et ce barbier entretenait une demoiselle qui n’était ni son épouse, ni
sa fille321. De plus, Villars avait lui-même une épouse et le frère de celle-ci, le bâtard de Jardes,
était un homme d’armes au service de la double monarchie. Il comptait parmi les hommes de
l’Aragonais (François de Surienne322). En raison de sa parenté avec l’épouse de Villars, le
bâtard de Jardes entrait et sortait de Montargis à sa guise. Ce faisant, il séduisit la demoiselle
du barbier par une promesse de mariage, à condition qu’elle l’aidât à conquérir la place. La
demoiselle du barbier, à son tour, séduisit le barbier de Villars et le joignit à la combine, en lui
faisant miroiter une récompense que donneraient les Anglais en échange de Montargis.
Finalement, au jour dit, le bâtard de Jardes échela Montargis grâce à la demoiselle et au barbier,
infiltrant quelques-uns de ses soldats et chassant Villars, son beau-frère. Néanmoins, il n’épousa
pas la demoiselle et lui refusa toute récompense323.
Le topos récurrent, entre la Martiniane et la chronique du Berry, consiste en une jeune femme
qui trahit son parti contre un mot d’amour. Il serait intéressant de fureter plus en avant dans les
chroniques du XVe siècle et de comptabiliser d’autres anecdotes du même genre. Toutefois, il
n’en faut pas plus pour y deviner, en filigrane, l’atmosphère cynique et farcesque des fabliaux.
Pour cause, les antagonistes y sont ridiculisés pour leur avarice et leur faiblesse sentimentale,
d’autant plus qu’ils ne tirent visiblement rien de leur insidieuse entreprise.
L’histoire des serviteurs personnels des capitaines d’armée ou des hommes d’armes, semble-
t-il, n’a pas encore fait l’objet de monographie approfondie. Les informations nécessaires pour
un tel travail sont trop éparpillées. Néanmoins, la matière ne manque pas.

320
Martiniane, 1-3.
321
La pratique, pour certains hommes, d’héberger et de prendre soin de femmes qui n’étaient ni leur parent, ni leur
conjointe, pouvait être relativement coutumière. Ainsi, nous disposons d’une lettre de rémission accordée à
Raoulin Petit, habitant de Paris, dans laquelle il est attesté qu’il avait recueilli une jeune femme de « mauvaise
vie » du nom de Vélizon, qu’il essayait de remettre sur le droit chemin (Paris pendant la domination anglaise.
1420-1436, éd. par LONGNON A., Paris, Champion, 1878, pp. 327-329 (doc. CLVII)).
322
Cf. supra n. 120.
323
BERRY, 154-155.

94
La Hire, lui-même, a eu des serviteurs. Le lecteur se souviendra des « IIII paiges de parement
tous vestus de vermeil, sallade en teste et le lance au poing, chascun montés sus ung
coursier324, » qui le suivirent lors de la reddition de Crépy (1420).
Tout ceci montre à quel point une compagnie militaire était un microcosme à la fois
complexe et sophistiqué, en raison de ses différentes composantes. Néanmoins, en plus du
capitaines, des hommes d’armes, des archers, des artilleurs, des espies, et des multiples
serviteurs personnels (coutiliers, pages, maréchaux, couturiers, fourreurs, chefs coqs…), une
compagnie voyageait souvent avec du bétail – tout du moins des chevaux – et, de manière plus
intéressante encore, en compagnie de femmes, dont la plus célèbre est évidemment Jeanne
d’Arc.
L’amitié du capitaine gascon et de la Pucelle est entrée dans la légende :

Si priast et requist ladicte Pucelle audict roy qu’il ly voulxist trouver de ses gens et que,
au plaisir de Dieu, elle entreprenroit de lever le siege, de combatre lesdiz Anglois,et qu’elle
ne doubtoit point qu’elle de dehut avoir victoire. Sy n’en faisoient les capitaines du roy
qu’une dérision et mocquerie, disans : « Voicy ung vaillant champion et capitaine pour
récupérer le royaume de France ! » Et murmuroient contre le roy et ses conseillers, excepté
le duc d’Alençon et un capitaine courageux et de bon vouloir, nommé La Hierre, qui saillit
en place et dit et jurat qu’il la seuvroit à tout sa compagnie où qu’elle le voulroit moiner :
dont elle fust moult joyeuse325.

Certes, nous avons déjà constaté que par ensuite, La Hire annonçait à Jeanne qu’il lui
préférait la compagnie du connétable, mais dans les premières heures, il aurait été l’un des
premiers à croire en elle. Il était un homme d’action, et Jeanne ne proposait rien d’autre. Les
querelles et les intrigues de cour n’étaient pas pour lui. Souvenons-nous de Rouvray (1429), où
il pesta contre l’attente que lui imposa le duc de Bourbon. Souvenons-nous de Montargis
(1427), où il surprit les Anglais dans leur logis au petit matin, pour les mettre en déroute, alors
qu’il ne devait originellement qu’escorter un convoi de ravitaillements. Jeanne proposait d’en
découdre, La Hire ne pouvait qu’être de la partie326.

324
Cf. supra n. 304.
325
Procès de Jeanne (éd. QUICHERAT), IV, 327.
326
Nous paraphrasons ici une hypothèse de Francis Rousseau pour expliquer la bonne entente entre Jeanne et
Étienne de Vignolles : ROUSSEAU, La Hire, p. 144.

95
Néanmoins, nous ne savons pas ce que le routier gascon a pu penser des préceptes moraux
de la Pucelle concernant les filles de camp, et la hargne qu’elle leur vouait. De fait, nous ne
savons pas quelles distinctions Jeanne, elle-même, faisait entre les ribaudes et les honnêtes
chambrières : il semble qu’elle n’ait vu partout que des ribaudes, au point de leur courir après
pour les chasser, l’épée en main327…
Mais il y avait certes d’autres filles de camp que des croquantes, bien que la documentation
nous manque. Ainsi, comme nous l’avons vu, il semble que Pierre de Xaintrailles, à Coucy
(1419), ait eu une chambrière parmi ses domestiques personnels. Mais également, de vieilles
femmes pouvaient suivre la compagnie, et il est à douter qu’elles aient eu la qualité de ribaude,
étant donné leur âge, bien qu’elles aient pu remplir l’office d’espies.
Les femmes n’étaient pas exclues de la vie militaire, qu’elles fussent de bonne ou mauvaise
vie. Néanmoins, il apparaît qu’elles n’aient jamais eu à donner de coup d’épée : Jeanne d’Arc
elle-même, au cœur de la mêlée, n’aurait pas abattu sa lame sur un seul adversaire – elle
préférait pleurer la mort des Anglais parti dans l’au-delà sans avoir obtenu de confession328.

327
Jeanne d’Arc H&D, pp. 937-938.
328
Ibid., p. 966, col. 2 ; CASSAGNES-BROUQUET S., Chevaleresses. Une chevalerie au féminin, Paris, Perrin, 2013,
p. 197.

96
III – 2. VIVRE ET S’ENRICHIR
Nous avons pu constater que La Hire se déplaçait constamment d’une ligne de front à l’autre.
S’il établit parfois une base d’opération, comme à Guise (1419), ou à Beauvais (1433), il mène
cependant une vie quasi semi-nomade et ne se fixe nulle part ; il s’agit là d’un trait essentiel et
caractéristique de sa carrière militaire. Même après avoir obtenu la main de Marguerite David,
en 1437, La Hire ne se pose pas pour autant329. De la même façon, La Hire accumule quelques
domaines seigneuriaux, mais il ne s’y arrête pas ; il ne semble en retirer que les revenus, la
sédentarité ne lui convient en aucune façon.
À vrai dire, La Hire fait une carrière de misère en tant que seigneur féodal.
Le 14 octobre 1426, il reçoit en donation de Charles VII les seigneuries voisines de Le
Castéra et de Pradère-les-Bourguets, situées près de Toulouse en Haute-Garonne ; néanmoins,
ces donations sont annulées en décembre 1438, date à laquelle Charles VII annule toutes les
aliénations de son domaine royal, bien que, comme le reconnaît l’acte de 1426, La Hire ait
« soutenu et entretenu de grandes compaginies […] payées à nos dits ennemis desquels il a été
plusieurs fois prisonniers […] » et ait « été en nostre dit service comme affolé et mutilé d’une
de ses jambes », et que ces seigneuries aient originellement été données pour que La Hire « ait
place où il puisse retraire en temps à venir330 ».
En 1435, « par ses lectres patentes scéllées en las de soyes et cire vert données à Tours le
VIIe jour de janvier », Charles VII cède cette fois-ci les seigneuries de Montmorillon en Poitou
et du lieu-dit de Castella, près de l’Isle-Jourdain et Toulouse, en Languedoc. La Hire, ayant
épousé Marguerite David, s’assure alors au premier mai 1437 de les « baillier en douaire » à
son épouse, au cas où il irait « de vie à trespas sans hoirs masle descendans […] en loyal
mariage331. » Il semble, cette fois-ci, que La Hire ne perdra pas ses terres et que sa volonté
testamentaire sera respectée, puisque Charles VII « ordonna que sa femme possessast de
aulcunes terres et signouries qu’il avoit donné audit La Hire sa vie durant332. » Une telle

329
ROUSSEAU, La Hire, p. 295. Par sa mère, Marguerite de David descendait d’une branche cadette de l’éminente
famille de Coucy : La Hire était ainsi cousin par alliance de Guy de Nesle, de Robert de Sarrebrück et de Jean de
Luxembourg, qui épousèrent tous des cousines éloignées de Marguerite David (l’ancêtre commun remontait à
quatre, cinq ou six générations dans l’un ou l’autre cas ; il ne s’agissait donc pas de liens familiaux très étroits) :
DU CHESNE A., Histoire généalogique de la maison de Béthune, Paris, Sébastien Cramoisy, 1639, p. 144.
330
ROUSSEAU, La Hire, pp. 101, 400-403 (p. j. XII).
331
Ibid., pp. 418-419 (p. j. XXV).
332
MONSTRELET, VI, 57.

97
décision, en revanche, allait à l’encontre des volontés du procureur royal, puisque, comme nous
l’atteste une pièce de fin avril 1437, celui-ci « par l’advis et deliberacion de son conseil a dit
en pleine court en laquelle estoit monseigneur larcevesque de Reims, chancellier de France,
aincoys se y opposoit333. »
La terre de Montmorillon, d’ailleurs, avait déjà conduit La Hire au tribunal en 1433, quant à
la perception d’aides financières liées à cette seigneurie que disputaient, de part et d’autre, le
capitaine gascon et trois individus coalisés : Maurice Claveurier, lieutenant du sénéchal de
Poitou, Simon Morrant et la veuve de Jean Guichart. Étienne de Vignolles avait alors été
défendu par Guillaume Jouvenel des Ursins, futur chancelier de France et frère cadet de
l’évêque de Beauvais avec qui, nous le verrons, La Hire venait d’ouvrir un atelier monétaire, et
le capitaine gascon, en définitive, obtint finalement eu gain de cause334. Quand il fallut, pour
La Hire, percevoir de nouveau une partie des aides du Poitou – soit ce qui avait été levé sur la
terre de Montmorillon – à hauteur de 900 l. t.,, en septembre 1442, il n’y eut cette fois-ci aucun
problème, semble-t-il335.
La Hire, nous en avons le document, reçoit également la seigneurie de Montaut en 1440, qui
relevait du comte de Foix336, et s’il est comte de Longueville à partir de 1435-1436, comme
Bertrand du Guesclin avant lui, il n’en profite pas longtemps comme nous l’avons vu337.
Ainsi, outre qu’il n’y demeure guère, La Hire ne peut donc jamais compter assurément sur
ses domaines afin de financer ses entreprises militaires. Non seulement les reçoit-il bien
tardivement dans sa carrière, mais encore, en perd-il bien la moitié en raison de décisions
législatives ou de reconquêtes militaires.
Toutefois, en tant que chef militaire, La Hire doit pouvoir avancer l’argent nécessaire aux
différentes entreprises auxquelles il participe338. Capitaine de guerre, capitaine d’entreprise, La

333
ROUSSEAU, La Hire, pp. 417-418 (p. j. XXIV).
334
Ibid., pp. 408-413 (p. j. XVIII).
335
« Quittances de Georges de la Trémoille et d’Étienne de Vignolles, dit Lahire », éd. par LUCE S., dans BEC,
20, 1859, pp. 510-512.
336
Cf. supra n. 43.
337
Cf. supra n. 221.
338
Le 15 octobre 1429, 3 750 l. t. sont reversés à La Hire pour avoir « continuellement servi et accompagné [le
roi, durant la chevauchée vers Reims] de bon nombre de gens d’armes et de trait : en quoi pour les avoir soutenus
et entretenus avec lui […] il avait largement frayé et depensé du sien » (ROUSSEAU, La Hire, pp. 188, 404 (p. j.
XIII).

98
Hire doit disposer d’un capital de base. Mais comment disposer d’un tel capital et le garder sous
la main quand l’on est constamment sur les routes ? Notre hypothèse est que la richesse de La
Hire ne reposait pas sur des avoirs fonciers immobiles, mais sur un (ou plusieurs) cheptels
mobiles de chevaux, capables de le suivre et de l’accompagner dans ses déplacements.
Pour cause, dès les premières heures de sa carrière, La Hire semble avoir porté une grande
importance à l’acquisition de chevaux. Il faut se rappeler de la sortie du capitaine gascon hors
des murs de Crépy, lors de la reddition de cette ville au duc de Bourgogne (1421) : « [La Hire]
estoit toutdevant, monté sus le grison qu’il avoit eubt de Cohen, et party ainssy esseulé affin
que sa monture fuist mieux avisée339. » Il convient, désormais, de creuser plus en avant l’histoire
de ce grison, en cela que nous disposons assez bien de détails :

Ung jour de celuy temps [début 1418] advint que le signeur de Graville, venant de Paris
à Beaumont, fu rencontré de monsigneur de Cohem et de ses gens, quy pour lors se tenoient
à Ponthoise en garnison. Le dit signeur de Graville fut mis à chasse et aucuns de ses gens
enclos et pris, mais de sa personne il se sauva dedens Beaumont. Là gaigna le dit signeur
de Cohem trois coursiers baiars et ung grison quy depuis furent reconcquesté par La Hire,
excepté ung, au païs de Santers, où fut pris Thomas de Cohem, alors gouverneur de
l’estandart, que La Hire fist morir à Guise pour tant que mon dit signeur de Cohem ne luy
volt baillier ung courselot nommé « la bisse » que le paige avoit sauvé, quant le dit Thomas
avoit esté pris, pou ce que ce courselot estoit renommé le milleur cheval du royaume de
France340.

Il y a ici deux détrousses dont il faut rendre compte : tout d’abord celle du seigneur de
Graville par Thomas Cohen, ensuite celle de ce dernier par La Hire. La première se déroule
avant la prise de Paris par Jean de Villiers de l’Isle-Adam, le massacre des Armagnacs et le
meurtre de Jean-sans-Peur, au début de l’année 1418. La seconde, en revanche, se déroule après
février 1419, puisqu’il est question que La Hire se trouve à Guise pour y faire exécuter Thomas
Cohen. L’exécution du capitaine bourguignon, cependant, n’est pas sauvage. Elle est très
certainement motivée par le fait que les chevaux du seigneur de Graville devaient aller à La
Hire, qui les avait achetés ou reçus. Nous fondons cette hypothèse sur un extrait des comptes
de La Trémoille, daté du 29 octobre 1428, qui pourrait servir d’exemple type ; à cette date, 200

339
Laon, Crépy, Guise, 7-8.
340
Trahisons, 135-136. Cette anecdote est également relayée dans : Laon, Crépy, Guise, 7-8, n. 1.

99
écus ont été prêtés au roi « pour ung cheval prins à Bourges de monsr de Graville, donné au
frère de La Hire341 ». Néanmoins, il se peut également que La Hire ait décidé de s’emparer des
chevaux dérobés de son allié, pour les lui rendre ou se les approprier, tout en faisant justice
pour le vol accompli en 1418.
Toujours est-il, s’il est une chose que cette histoire met en lumière, c’est le sérieux mortel
avec lequel La Hire traite les questions équestres. Faut-il toutefois s’en étonner, si l’on se
rappelle qu’il aimait chevaucher de « bons et fors chevaulx, vistes et bons à la main342 »,
« chevaulx terribles et acoustumez de tourner en courant343 » ? Voilà pourquoi nous n’avons
pas hésité à voir précédemment, comme justification derrière son projet d’attaque sur le château
de Souilly (1424), la prise de ses chevaux par le cardinal de Bar. Cependant, combien de
chevaux La Hire pouvait-il posséder ? Nous n’en avons pas la moindre idée. Le fait que son
frère, Amadoc, soit passé en avril 1425 à Gondrecourt en compagnie de sa troupe, et que celle-
ci comptait 105 chevaux344, ne nous est d’aucune aide pour apprécier le cheptel de La Hire, à
moins de lancer des conjectures trop hasardeuses et vaines.
Cependant, en guise de dernier mot sur le sujet, il faut ajouter que La Hire acceptait le don
de chevaux en guise de paiement pour ses différentes entreprises militaires 345. En plus d’avoir
une valeur pratique et militaire, les chevaux avaient donc une valeur purement financière qu’il
ne faudrait pas négliger, de sorte, nous en déduisons, qu’un solide cheptel pouvait bel et bien
constituer un capital entrepreneurial.
Néanmoins, en plus de devoir disposer d’un capital, La Hire devait pouvoir compter sur un
certain flux de revenus et des rentrées régulières d’argent afin de continuer ses différentes
entreprises militaires. Avec le relâchement des institutions royales financières et la décadence

341
LA TRÉMOILLE L. (de), Les La Trémoille pendant cinq siècles, Nantes, Grimaud, 1890, vol. 1, p. 138.
342
BERRY, 426.
343
MONSTRELET, II, 102.
344
LUCE, Domrémy, p. 154 (p. j. CVII).
345
Pour ce que l’on sait, il a reçu des chevaux de Charles VII en novembre 1421 (ANF, KK 53, fol. 153, signalé
dans CHARTIER, III, 308), en septembre 1425 (BNF, ms. fr. 29480, d° 66504, fol. 2), en novembre 1426
(BEAUCOURT, Charles VII, vol. 2, p. 129) et en janvier 1427 (BNF, ms. fr. 29480, d° 66504, fol. 4, éd. dans
DELORT, Charles VII, p. 193, et signalé dans BNF, ms. naf. 5086, fol. 25, 123). Le conseil ducal de Bar lui en fit
également parvenir un, en juillet 1421 (ADF Meuse B 687, fol. 54 v°, éd. dans LUCE, Domrémy, p. 81 (p. j.
XXXIV) et dans ROUSSEAU, La Hire, p. 396 (p. j. VIII)).

100
de l’administration militaire, la perception périodique d’une solde était exclue, du moins dans
les premières années de sa carrière.

Charles V avait fondé la reconquête de son royaume sur un impôt permanent finançant
une armée qui pouvait rester mobilisée aussi longtemps que les hostilités duraient. Cette
organisation avait sombré avec la guerre civile entre 1410 et 1418. Le personnel fut victime
d’une succession d’épurations, tandis que les institutions financières avaient été sacrifiées
à l’opinion. Le roi avait plus que jamais besoin de financiers pour lui avancer l’argent des
impôts, et il était bien obligé de tolérer leur prévarication ; autant dire que tous les fonds
levés en son nom n’aboutissaient pas dans ses caisses. Le roi de Bourges vivait de mutations
monétaires, d’expédients et de subsides irréguliers que voulaient bien lui acorder les états
de Languedoc.
Dans ces conditions, il n’était pas en mesure de solder une armée permanente346.

La Hire, pour obtenir de l’argent, dut compter sur divers stratagèmes qui ne sont pas
inconnus à l’historien, comme l’exercice de rançons et d’apatis347. Il pouvait également
bénéficier de la mise à sac d’une ville ennemie conquise, comme à Chartres, en 1432.
Cependant, il est plus unique de remarquer qu’en deux occasions, il ouvrit un atelier pour battre
la monnaie au nom de Charles VII, à Guise en 1419, à Beauvais ensuite, avec la collaboration
de l’évêque local, le dernier jour de décembre 1433348. Le premier se maintint jusqu’en mars
1425, le second pendant trois ans349.
La pratique, néanmoins, n’était pas atypique. Il y eut, du temps de Charles VII, sur les postes-
frontières les plus avancés, la création de plusieurs ateliers « illégitimes », créés dans le but
premier de soutenir l’effort de guerre350. Ces ateliers battaient une monnaie de pauvre valeur,

346
BOVE, Le temps de la Guerre de Cent Ans, pp. 448-449.
347
CONTAMINE, Guerre, état et société à la fin du moyen âge, pp. 245-250.
348
ROUSSEAU, La Hire, pp. 407-408 (p. j. XVII)
349
Un bel article de numismatique a été publié à propos de l’atelier de Guise : LEMAIRE D., « Guise et son atelier
monétaire », dans Revue numismatique, 165, 2009, pp. 307-339.
350
Ibid., p. 309, n. 6, citant un article de Duplessy : « Charles VII a 50 ateliers monétaires, dont 12 illégaux et 20
nouveaux… La plupart des monnaies illégales ou nouvelles se trouvent près des zones d’opérations militaires et
des "frontières" entre les deux parties du royaume : le long de la Loire et autour de la Guyenne et plus au nord, à
Guise, Mouzon, au Mont-Saint-Michel. »

101
sujette à de fortes mutations, qui dérégulait les marchés de la double monarchie, dont la
monnaie était forte et stable351.
Néanmoins, ce que nous apprennent fondamentalement la création de ces ateliers
monétaires, ou bien l’obsession des gens de guerre afin d’obtenir de l’argent par apatis ou
rançons, c’est la valeur qu’ils accordent à la monnaie. Ils en reconnaissent l’utilité, ce qui
signifie qu’ils s’inscrivent docilement dans les circuits économiques. « Vivre sur le pays », à
l’aide de razzias, n’est pas l’option qu’ils préfèrent. Pour cause, si leurs actions devaient
provoquer un soulèvement armé généralisé à leur encontre, ils auraient eux-mêmes à en souffrir
dans leurs différentes entreprises. Durant le conflit de 1410-1412, la création spontanée de
milices populaires et cachées dans les forêts ont joué plus d’un mauvais tour352.
Au lieu de considérer les compagnies militaires comme des agents de désordre, il faut donc
penser qu’il s’agissait de véritables acteurs économiques ; les compagnies sont productrices de
services et intégrées au sein d’un marché global, dont elles subissent les lois. La Hire, en tant
que capitaine, est le représentant ou le salesman de sa compagnie. Pour assurer la bonne
conduite de ses affaires, il doit satisfaire et séduire sa clientèle. Voilà pourquoi il ne perd pas le
Nord quand le connétable de Richemont approche et que Jeanne d’Arc propose de l’attaquer
(1429) : le cadet du duc de Bretagne, contrairement à la Pucelle d’Orléans, est un prince en
mesure de financer ses services dans le futur, ce que ce dernier prouve notamment en envoyant
La Hire sur Gerberoy, en 1435, contre 7 000 saluts.
Néanmoins, La Hire n’est pas qu’une épée à louer, puisqu’il apparaît très clairement qu’il
n’a jamais retourné sa veste ou changé de parti. S’il est entré au service du duc de Bar, du comte
de Vendôme ou d’autres princes, guerroyant même à côté de Bourguignons à Calais (1436), il
a surtout et toujours défendu les intérêts du roi, Charles VII. Au-delà des soucis mercantiles, il
était donc guidé par un code, un code suffisamment fort que pour supporter la misère d’être

351
FOURNIAL É., Histoire monétaire de l’Occident médiéval, Paris, Fernand Nathan, 1970, pp. 126-139.
352
Nous évoquons ici l’épisode des Brigands, que Barante résume ainsi (Histoire des ducs de Bourgogne de la
maison de Valois. 1364-1477, Paris, Ladvocat, 1824-1826, vol. 3, p. 219) : « Voyant que le roi ne pouvait ni les
défendre ni les secourir, ils [les paysans bourguignons] demandèrent à s'armer; on le leur permit. Ils laissèrent la
bêche et la charrue, s'armèrent de méchantes piques et de bâtons ferrés, prirent la croix de Bourgogne, écrivirent :
« Vive le roi! » sur leur bannière, et commencèrent à tomber sur les Armagnacs, lorsque ceux-ci marchaient par
petites compagnies. On les nommait les brigands ou les piquiers; lorsqu'ils furent aguerris dans leur métier de
vagabonds, ils dévalisèrent tous les passants. » Il y aurait bien plus à dire, et à nuancer, mais nous ne pouvons pas
nous attarder sur le sujet.

102
capturé, rançonné à deux reprises (Château-Thierry, 1421 ; Louviers, 1431) et de mourir
endetté353, un code certainement constitutif de sa propre identité.
Enfin, pour clôturer ce passage, on distinguera fondamentalement trois types de revenus dont
La Hire pouvait bénéficier : les revenus personnels (liés à l’entretien du capital : seigneuries et
cheptels), les revenus de la route (apatis, rançons, butins de guerre) et les revenus de la solde
(obtenus en rendant service aux princes). Sur base de cette détermination, on observe qu’en fin
de carrière, La Hire bénéficie progressivement moins des revenus de la route, au bénéfice d’une
stabilisation des revenus de la solde. Cela est dû, notamment, à la restauration des institutions
royales financières, mais également au fait que La Hire, dans ces dernières campagnes, apparaît
constamment auprès de Charles VII dans les différents déplacements de l’armée royale : il n’a
pratiquement plus le loisir, après l’écorcherie, de partir à l’aventure de son propre chef et de se
risquer dans une audacieuse équipée. Suite à la soumission du comte de Saint-Pol (1441), le
Vermandois devient une région pacifiée et le rôle de bailli, associé à La Hire, n’est plus celui
d’un homme posté sur la frontière, ou bien en territoire ennemi, mais celui d’un homme intégré
dans l’appareil de l’État royal.

353
Martiniane, 51 : « Icelluy La Hyre n’eut jamais du roy les biens qu’il avoit méritez, car il mourut comblé de
debtes, tellement que l’année de son déces, il avoit empruncté de Anthoyne, conte de Dampmartin, cent escus
d’or. » Ce sort effraya Antoine de Chabannes, puisque « ledit conte print exemple à cela pour ce qu’il avoit esté
son page, […] car n’est point trespassé sans grand biens. »

103
III – 3. LA CONFRATERNITÉ D’ARMES : LIENS DE SANG, LIENS DE FER
Errol Flynn, qui interprète le général Custer dans le film de 1941, They died with their boots
on, réalisé par Raoul Walsh, déclare un moment donné (à 1h 29 min) : « Men die, but the
regiment lives on, because a regiment has an immortal soul of its own. » Son personnage est
alors confronté à un problème de taille : il vient de se voir assigner le 7ème régiment de cavalerie
des États-Unis d’Amérique, néanmoins, ce régiment ne compte que des troupes insubordonnées
et ravagées par l’alcoolisme. Custer, en vérité, prend conscience que son régiment traverse une
grave crise identitaire. Voilà pourquoi il propose de retrouver son âme immortelle. En entier,
voilà son discours :

Men die, but the regiment lives on, because a regiment has an immortal soul of its
own. The way to begin is to find it ; to find something that belongs to us alone, something
to give us that pride in ourselves that will make men endure… and if necessery die… with
their boots on.

Pour que les soldats retrouvent leur discipline, propose-t-il donc, il faut leur donner le
sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Voire, pour que les
soldats n’hésitent pas à mourir sur le champ de bataille, il faut leur faire comprendre qu’ils
appartiennent à une institution éternelle. L’air de rien, c’est une véritable conversion que
propose Curtis, une transition du siècle à la règle.
Le personnage de Jeanne d’Arc, incarné par Ingrid Bergman, dans le film de Victor
Flemming qui date de 1948, propose une conversion similaire. Pour cause, quand Jeanne vient
à la rencontre de l’armée française, elle se trouve dans la même situation que le général Curtis :
où que son regard se pose, elle n’y voit que des voyous désordonnés. Sa première tâche, donc,
est de redonner corps à cette armée.
Si elle n’évoque pas, alors, l’âme immortelle d’un régiment, elle ne propose pas un autre
programme que Curtis, en disant :

You see there is no strength in me, and no strength in my hands—there is no strength in


any of our hands great enough to win against the English. Our strength is in our faith, […]
We can win only if we become God’s army354 !

354
Ce discours est tenu à 51ème minute du film, dans sa version longue originale.

104
Mais au XVe siècle, dans les faits, un tel discours était-il effectif ? On peut lire, dans le
Jouvencel :

La guerre est une friande chose pour ung jeune homme […]. Mais qu’il ait tousjours Dieu
et son honneur devant les yeulx et qu’il ne s’entremette fors de soustenir bonne querelle !
Car je croy que tout homme qui expose son corps à soustenir bonne querelle et à secourir
son souverain seigneur ou son prouchain en bonne justice et en bon droit, fait et accomplist
le commandement de Dieu355.

Néanmoins, nous soupçonnons qu’un tel discours, que Jean de Bueil fait d’ailleurs prononcer
par La Hire, reste dans l’ordre du littéraire et du théorique. Sociologiquement, l’appartenance
au souverain, au code d’honneur, ou à Dieu, ne nous paraît pas justifier l’engagement des
hommes d’armes de la première moitié du XVe siècle. Nous pensons que l’appartenance à une
confrérie (ou plus précisément à une confraternité), en revanche, l’emporte sur toutes les autres.
L’association d’hommes d’armes en confraternités, à la fin du moyen âge, est un phénomène
qui a déjà été étudié sous différents aspects ponctuels356. On peut également signaler qu’il se
rapporte à un phénomène plus global qui concerne l’ensemble de la société médiévale, à partir
du XIVe siècle. Dans les chartes de cette époque, on découvre de nombreuses associations
laïques qui se donnent le nom de confréries – ou de gildes. Souvent, ces associations sont
déterminées par la pratique d’un métier (ou d’une activité sociale) et placées sous la protection
d’un saint patron. Le secteur militaire suit donc le mouvement.
Toutefois, il convient de soupçonner que l’association d’hommes d’armes en confraternités,
au XVe siècle, dépasse le formel, le mercantile et le politique. Voire, les considérations
formelles, mercantiles et politiques arrivent en second lieu. En premier lieu, la confrérie
militaire est concrétisée par des liens de sang réels. Ainsi, la confrérie militaire repose,
initialement, sur un tissu de fratries concrètes.

355
Jouvencel, I, 118.
356
La synthèse Guerre et société, 1270-1480, dirigée par Valérie Toureille (Clamecy, Atlande, 2013) suggère,
page 130, la consultation des titres suivants : FOWLER K., « Deux entrepreneurs militaires au XIVe siècle : Bertrand
du Guesclin et Sir Hugh Calveley », dans Le combattant au Moyen âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995,
pp. 243-256 ; KEEN M. H. Nobles, knights and men-at-armes in the Middle Ages, Londres – Rio Grande,
Hambledon press, 1996 ; MC FARLANE K. B., The nobility of later medieval England : the Ford Lectures for 1953
and related studies, Oxford, Clarendon press, 1973 ; TOUREILLE, Sarrebrück. Néanmoins, aucune de ces études
ne semble établir de synthèse globale sur le phénomène des confraternités en particulier.

105
La Hire, lui-même, ne compte pas moins de quatre frères qui l’épaulent dans ses entreprises
militaires : Amadoc, Arnaud-Guillaume (ou Renaud-Guillaume), Pierre-Renaud (dit le « Bourg
de Vignolles/La Hire ») et Jean-Benoît – bien que ce dernier s’avère pour le moins inactif,
comparé aux autres. Assez peu souvent, on les retrouve nommés ensembles dans les chroniques
comme participants à une même bataille. Gruel, toutefois, indique bien qu’Amadoc était avec
La Hire à Patay (1429)357. Néanmoins, les documents d’archives nous révèlent très clairement
leur étroite collaboration.
En 1424, La Hire, Amadoc et Arnaud-Guillaume signent tous les trois le traité de reddition
de Vitry, en faveur du régent Bedford358. En 1430, Amadoc était avec La Hire dans Louviers359.
De novembre 1433 à juin 1434, Francis Rousseau observe que les frères de Vignolles se relaient
tour à tour au Mans :
 20 octobre 1433 : La Hire, 12 jours.
 15 novembre 1433 : Pierre-Renaud, 1 mois.
 23 novembre 1433 : Jean-Benoît, 3 semaines.
 2 décembre 1433 : Arnaud-Guillaume, 3 semaines.
 26 décembre 1433 : Pierre-Renaud, 2 mois.
 19 février 1434 : Arnaud-Guillaume, 15 jours.
 24 mars 1434 : Arnaud-Guillaume, 6 semaines.
 20 mai 1434 : La Hire, 3 semaines.
 11 juin 1434 : Arnaud-Guillaume, 4 jours360.
Cela démontre d’un réel souci de coordination, qui présuppose une série de dispositions
logistiques.
Pierre-Renaud, en particulier, sera de la partie pour aider La Hire à contrôler le Beauvaisis.
Les recherches de Francis Rousseau révèlent qu’il s’installera en Beauvaisis de 1434 à 1443361.
Tantôt capitaine de Clermont, puis de Gerberoy et de Milly-sur-Thérain, il y a surtout deux
affaires où il se distingue, du temps de la présence de son frère (1433-1438). En 1436, lors
d’une course qu’il exécute sur Péronne, Roye et Montdidier, il déjoue une embuscade montée

357
GRUEL, 71.
358
ROUSSEAU, La Hire, p. 399 (p. j. X).
359
BNF, fr. 29480, fol. 66.
360
ROUSSEAU, La Hire, p. 210.
361
Ibid., pp. 380-381.

106
par Albert de Folleville et le tue sur le champ de bataille362. Ensuite, en 1438, il capture deux
bourgeois de Beauvais, en raison que ceux-ci, dirigés par le seigneur de Mouy, se sont emparés
d’une crapaudine qui appartenait à La Hire. Charles VII répond à la situation en ordonnant
d’une part la restitution de la crapaudine, et d’autre part la destruction du château de Milly,
qu’occupaient les Vignolles363 – mais il faut penser que la situation ne s’apaisa guère, puisque
Pierre-Renaud ne rendit Milly qu’en 1442, par traité, au comte d’Étampes364.
Ceci étant dit, il n’y a pas que la fratrie de Vignolles qui se distingue, en cette époque : les
frères de Vignolles ont opéré de concert avec plusieurs fratries, dont celles de Xaintrailles, de
Chabannes, de Flavy et de Longueval. Du côté bourguignon, on voit notamment opérer de
concert les Luxembourg, les Brimeu, les Lalaing365 et les Saveuses. Et là, nous n’évoquons
encore que des frères utérins, ou cousins germains, sans entrer dans le jeu des fratries par
alliance, où il faudrait prendre en compte le rôle des sœurs.
Une étude à part entière mériterait d’être consacrée à propos ces confraternités rivales, de
France et de Bourgogne, mais l’on dépasserait ici les limites imposées par ce mémoire. De plus,
savoir quels frères de quelles fratries coopéraient ensemble à telle ou telle bataille nous intéresse
moins que d’être averti de l’association concrète de ces fratries. Toutefois, pour l’exercice, nous
allons présenter comment les Vignolles opéraient avec les Chabannes.
L’étroite collaboration des frères Vignolles et Chabannes apparaît de façon très explicite
dans la Martiniane. À partir de la lecture de cette chronique, qui pille chez Berry et Monstrelet,
et donne quelques additions originales, nous disposons de la majeure partie des hauts faits
connus où les deux fratries ont collaboré.
Si l’association des frères de Vignolles et de Xaintrailles remonte à la première heure, celle
avec les frères de Chabannes est plus tardive. Il faut attendre les retombées de Verneuil (1424)
pour qu’il y ait un premier réel contact entre les deux fratries. À Verneuil, où La Hire et Poton
de Xaintrailles dirigent la cavalerie gasconne, Antoine de Chabannes occupe la fonction de page
auprès du comte de Ventadour. Antoine est capturé, mais libéré sans rançon et reconduit auprès

362
MONSTRELET, V, 290-291.
363
ROUSSEAU, La Hire, pp. 421-422 (p. j. XXVII).
364
MONSTRELEt, VI, 61-65 ; ANF, JJ, 176, fol. 374 v°-375.
365
BORN R., Les Lalaing. Une grande « mesnie » hennuyère. De l’aventure d’outrée au siècle des gueux (1096-
1600), Bruxelles, Éditeurs d’Art Associés, 1986.

107
de son frère, Jacques, qui l’envoie ensuite servir, nous l’avons vu, de page à La Hire, jusqu’à
ce que Charles de Bourbon réclame les services du jeune homme366.
Mais c’est en 1428, à Orléans, que les deux fratries s’associent pour de bon. La Hire s’y
trouve avec tous ses frères, à l’exception de Jean-Benoît. Jacques de Chabannes est dans la
place avec eux, et Antoine arrive : détroussé en court de route et conduit à Dourdan comme le
sera plus tard La Hire, il parvient cependant à se libérer et aura rejoint son frère et les Vignolles
pour Jargeau et Patay367. Une telle épopée (et le souvenir de Jeanne ?) créa certainement des
souvenirs et des liens impérissables.
Les fratries se séparent momentanément, néanmoins, tandis que La Hire et Amadoc
s’emparent de Louviers et en défendent vaillamment les murs368, les frères Jacques et Antoine
de Chabannes vont en compagnie de Poton de Xaintrailles lever le siège de Compiègne, après
que la Pucelle d’Orléans y ait été capturée369.
En l’an 1432, Antoine de Chabannes est capitaine de Creil et, depuis cet avant-poste, il
organise des détrousses sur les partisans adverses370. En 1434, il mène ainsi une expédition en
Île-de-France tandis qu’Amadoc de Vignolles s’empare de Beaumont-sur-Oise pour en réparer
la forteresse (nous ne présumons pas, toutefois, que ces deux actions aient été parfaitement
simultanées, la seconde aurait pu être antérieure à la première). Jacques de Chabannes, quant à
lui, garde Creil. Mais Talbot s’invite à la partie. Apprenant sa venue, Amadoc de Vignolles
évacue Beaumont et se réfugie dans Creil. Talbot en profite pour s’installer dans Beaumont et
fondre sur Antoine de Chabannes. Ce dernier, conscient d’être en proie, prend le risque de se
porter au devant de l’« Achille Anglais », mais perd la bataille et la nouvelle de sa mort se
répand. Jacques de Chabannes, aussitôt, s’élance à la recherche de son frère pour en récupérer
le corps, mais le trouve en compagnie d’un meunier qui le reconduisait vers Creil. Talbot, quant
à lui, se replie sur Paris, pour mieux rebondir sur la ville où les trois compagnons se sont
réfugiés. Il assiège donc Creil, et lors d’une escarmouche, Amadoc est « féru de trait, dont il
moru ; dont ceulx de dedens furent moult anoyeux, car ilz le tenaoient de grand conduite et

366
Cf. supra n. 313.
367
Journal d’Orléans, 11-12 ; Martiniane, 10 ; Cf. supra n. 205.
368
Cf. supra n. 213, 214, 218.
369
Martiniane, 12-14.
370
Ibid., 15 ; MONSTRELET, V, 38.

108
vaillant homme de guerre371 ». Peu après, Creil tombe372. Mais le souvenir d’Amadoc persiste,
car Antoine de Chabannes eut le loisir de dire que « ladicte Hyre estoit le plus grant en armes
qu’il avoit oncques veu, nonobstant qu’il louoit moult Amadour de Vignolles, qui fut tué devant
Creil par les Anglois373. »
L’an 1434 est une année d’intenses collaborations entre les Vignolles et Chabannes, car
Antoine, avant d’être détroussé par Talbot, trouve le temps d’accompagner La Hire dans
quelques entreprises : alors qu’Étienne de Vignolles s’abat sur Beaurevoir, Antoine de
Chabannes, également au départ de Beauvais, ravage les marches du Cambrésis, ensuite, il
l’accompagne devant Clermont et assiste à la capture du seigneur d’Offemont374. L’année
suivante, quand La Hire et Poton de Xaintrailles vont s’emparer de Gerberoy et défendre la
forteresse en ruine contre le comte d’Arondel, ils y vont en compagnie de Jacques de
Chabannes375.
Ensuite, si les Chabannes se trouvent en compagnie de Poton de Xaintrailles dans quelques
entreprises376, il faut attendre l’écorcherie pour qu’ils renouent avec les Vignolles. La guerre,
pour Antoine de Chabannes, était un moyen de s’enrichir. Quand son frère le trouva en
compagnie d’un meunier, en 1434, et le gronda pour avoir tenté d’attaquer Talbot, il répondit
comme suit :

« Mon frère, le mestier de la guerre est de perdre et de gaigner, comme vous sçavez. Si
j’ay mangié à ma jeunesse des choses aigres et amères, je espère en mangier quelque jour
de plus doulces377. »

De plus, nous savons qu’il prit exemple de la pauvreté de La Hire pour ne pas connaître le
même sort que ce dernier378. Il est donc un opportuniste et quand l’occasion se présente de

371
MONSTRELET, V, 92.
372
Martiniane, 18-21 ; MONSTRELET, V, 91-92 ; POLLARD, Talbot, p. 19.
373
Martiniane, 52.
374
Cf. supra n. 234, 251.
375
Cf. supra n. 244.
376
Martiniane, 25-26.
377
Ibid., 21.
378
Cf. supra n. 353.

109
combattre aux côtés du comte de Vaudémont contre René d’Anjou, bien que cela dessert les
intérêts royaux, il n’hésite pas à le faire. Il faut alors que La Hire soit envoyé auprès de lui pour
le recadrer : Antoine de Chabannes dévaste donc les domaines du comte de Vaudémont comme
il a dévasté ceux de René d’Anjou379. Ensuite, il accompagne La Hire jusqu’aux portes de Bâle.
Cependant, Antoine de Chabannes ne perd pas une occasion pour dérailler, et après avoir
œuvré contre la maison d’Anjou, il se ligue avec le dauphin et le duc de Bourbon contre le roi,
lors de la Praguerie. Jacques de Chabannes, fidèle à Charles VII, est envoyé auprès de son frère
pour le raisonner, mais il revient auprès du roi avec ces mots :

« Sire, j’ay parlé à ce fol mon frère : mais soiez seur que vous n’aurez jamais Nyort sans
leur passer dessus le ventre : car je congnois bien de quel poil il est vestu. Et ne faiz nulle
doubte que si vous avez victoire sur monseigneur le daulphin qu’elle ne vous soit bien
douloureuse380 ! »

Néanmoins, la Praguerie mise à terme, Antoine de Chabannes retourne au service de


Charles VII et s’en va avec La Hire, en 1440, guerroyer contre le comte de Saint-Pol en
Thiérache. Il est ensuite à Pontoise, avec le même et Poton de Xaintrailles. Puis il les
accompagne jusqu’à Tartas. Peut-être même a-t-il assisté aux derniers instants de son vieux
mentor, à Montauban381.
L’association militaire des fratries de Vignolles et de Chabannes n’est qu’un exemple parmi
tant d’autres du même type. À titre appréciatif, on reconnaîtra que celle-ci offrit des succès
particulièrement retentissants, comme Patay (1429) ou Gerberoy (1435). Mais pour en revenir
à la question de l’appartenance identitaire des hommes d’armes, l’on voit bien que si Antoine
de Chabannes, poussé par l’appât du gain, désobéit au roi, il écoute plus volontiers ses confrères
d’armes. Certes, il semble qu’il ignore les recommandations de son frère aîné ou n’a que faire
de ses leçons de morale (et l’on devine, derrière cela, une certaine rivalité fraternelle), mais il
se soumet volontiers à l’autorité de La Hire, dont il reconnaît l’esprit d’expertise. Ainsi, il est

379
Antoine de Chabannes sera payé pour ses services par les deux adversaires : 800 vieux florins par Antoine de
Lorraine (Martiniane, 37-38) ; 3 500 vieux florins du duc de Lorraine (« Documents inédits sur La Hire, Chabannes
et autres capitaines du XVe siècle », éd. par VALLET DE VIRIVILLE A., dans BSHF, II, 2, 1859-1860, 38-39).
380
Martiniane, 43.
381
Ibid., 49-51.

110
indéniable que la confraternité d’armes exerce un véritable pouvoir coercitif sur ses membres,
en deçà de leurs idéaux personnels.
Désormais, il faut aborder un autre aspect concernant ces confraternités d’armes, outre
qu’elles étaient fondées sur un tissu de fratries réelles, soit leur « juridiction interne ». Comme
nous l’avons démontré, les hommes d’armes se considéraient comme des pairs : d’où l’élection
bottom up de leurs capitaines. En tant que pairs, voués à l’exercice d’un même métier, nous
déduisons qu’il n’était pas question pour eux de reconnaître, à propos de leurs petites affaires,
l’autorité d’un pouvoir extérieur, sinon très difficilement, surtout en période de déstructuration
du pouvoir central. Pour cause, le principe de parité demeurait bien enraciné dans la mentalité
de l’époque, à l’échelle globale de la société, d’autant plus qu’il fonctionnait via un système de
cloisonnement et d’exclusivité concrétisé par l’acquisition de privilèges.
Quelles pouvaient être les lois (très certainement tacites) que La Hire et ses confrères
s’imposaient à eux-mêmes ? La première, supposons-nous, consistait en un devoir de loyauté.
Une fois intégré à la confraternité, il n’était pas question qu’un capitaine d’armée change
d’alliance. La seconde loi, supposons-nous encore, consistait cette fois-ci en un devoir de
dévouement. Un capitaine d’armée, pour garder son honneur intact, était obligé de livrer bataille
jusqu’à l’épuisement de ses moyens. Quiconque ne respectait pas ces deux lois subissait le
courroux de ses pairs, qui lui reconnaissaient un statut de récréant. C’est du moins en supposant
l’existence de ces deux lois que l’on peut expliquer, très rationnellement, le comportement de
La Hire vis-à-vis de Robert d’Esné et du seigneur d’Offemont, Guy de Nesle.
Chaque fois, Monstrelet s’étonne qu’il vient s’emparer de leur place forte et les mettre à
rançon :

En cest an [1422] fut prins messire Mansart d’Esne dedans le chastel de Vitry, dont il fut
cappitaine et gouverneur. Et fut prins par La Hire tenant le parti du Daulphin comme faisoit
ledit Mansart, et non obstant que par long temps ils eussent esté bien amis ensemble par
semblant, si fut ledit Mansart desseuré de tous ses biens, de sa forteresse, et avec ce fut mis
à raençon à très grant somme de deniers, et si fut par long temps détenu prisonnier bien
destroictement382.

La Hire, acompaignié de Anthoine de Chabennes, du Bourc de Vignolles, son frère, et


aultres, jusques à deux cens combatans ou environ, passa par devant le chastel de Clermont

382
MONSTRELET, IV, 132-133.

111
en Beauvoisis, où estoit le seigneur d’Aufemont qui en estoit capitaine ; lequel ne se deffioit
en riens, ou bien peu, des dessusdiz. Et pour ce, sachant leur venue, pour eulx complaire et
faire le bien venant, fist tirer du vin et le porter dehors la poterne de la tour ; et vindrent
yceulx boire. Et là, contre eulx yssi le seigneur d’Auffemont, avec lui trois ou quatre de ses
gens tant seulement, et commencèrent à parler à La Hire et aux aultres, en eulx faisant
courtoisie et récepcion, pensant qu’ilz ne lui voulsissent que bien. Mais ils estoient de ce
vastement abusés. Car leur malicieuse voulenté estoit bien aultre, comme ilz le monstrèrent
prestement. Car, en parlant audit seigneur d’Offemont, La Hire le prist prestement et, de
fait, le constraint incontinent de lui rendre ledit chastel Et avec ce le fist mettre en fers et
avaler en la fosse. Si le tint ung mois en prison moult durement et en grand traveil, tant
qu’il eut le corps et les membres moult travilliés, et fu plain de poux et de vermine. Et en
fin paia pour sa rançon quatorze mille salus d’or, ung cheval de pris, et vingt queus de vin.
Et non obstant que le roy Charles escripvi par pluiseurs fois à La Hire dessusdit qu’il le
délivrast sans en prendre finance, et qu’il estoit bien content de son service, il n’en volt
riens faire pour luy383.

Monstrelet s’étonne, mais il n’explique rien, il ne raisonne pas en lieu et place de La Hire,
qui apparaît dès lors comme un capitaine enragé et indiscipliné. Mais Robert d’Esné et Guy de
Nesle partagent le tort d’avoir déshonoré leur parti : le premier en ayant vendu le château de
Coucy dont il avait la garde au connétable de Saint-Pol, en 1411, sans l’avoir défendu alors
qu’il s’agissait d’une place imprenable ; le second en jurant le traité de Troyes au roi Henri V,
après avoir été capturé à Meaux – choses que nous avons déjà mis en évidence plus haut384.
Mais surtout, il est permis de comprendre cette situation à partir du traitement bien différent
que La Hire réserve à Barbazan : ce dernier, il s’en va le libérer. Or, contrairement à Robert
d’Esné ou Guy de Nesle, Barbazan a prouvé sa valeur en résistant cinq à neuf mois dans la ville
de Melun, contre l’armée entière d’Henri V, en 1420. Barbazan poussa si loin la résistance du
siège qu’il contraignit ses troupes à manger leurs propres chevaux : le sacrifice ultime !
Considéré comme l’un des plus dangereux capitaines du parti Valois, son lieu de captivité fut
maintenu secret. Néanmoins, son honorabilité interdisait qu’il fût mis à mort. Pendant dix ans,
ses alliés ont perdu sa trace, jusqu’à ce que Talbot fût capturé à Patay. Il fut alors question

383
ID., V, 103-104.
384
Cf. supra n. 140, 141, 248, 250.

112
d’échanger le terrible capitaine anglais contre le chevalier sans reproche385, et c’est sans doute
à cette occasion que l’information du lieu de sa captivité a pu être connu : il était à Château-
Gaillard. Devenu maître de Louviers, La Hire risqua une attaque nocturne par échelles sur la
place forte normande pour libérer le seigneur de Barbazan, qui prouva rapidement qu’il n’avait
rien perdu de son savoir-faire militaire386.
La Hire, tout comme il a capturé et rançonné Robert d’Esné et Guy de Nesle, a libéré
Barbazan de sa prison. Nous pensons qu’il soit permis de mettre ces trois événements en
corrélation de sorte à en déduire le code de conduite qu’il a décidé de suivre. Ceci, du moins,
nous permettrait de voir autre chose que le simple appât du gain et l’esprit de duplicité chez un
homme trop souvent sujet à des accents d’héroïsme, au point de se trouver toujours sur la ligne
de bataille la plus exposée au danger : en avant-poste, à l’avant ou à l’arrière garde.

385
Cf. supra n. 216.
386
Cf. supra n. 141, 317.

113
CONCLUSIONS
En tout premier lieu, nous étions parti du constat que l’historiographie, à propos de La Hire,
était trouble et problématique. De plus, depuis le XIXe siècle, deux traditions s’opposent ; quand
il n’est pas le roi des brigands, La Hire est un héros national, le Valet de Cœur du jeu de cartes
à jouer. L’objectif premier de nos recherches était donc de démêler ces deux visions
contradictoires, de loin postérieures au XVe siècle. Pour ce faire, nous voulions envisager La
Hire au-delà de Jeanne d’Arc, dans la globalité de ses vingt années de carrière.
À vrai dire, la toute première question, à l’origine de ce mémoire, était celle-ci : « Si Jeanne
d’Arc a transformé les routiers au service de Charles VII en héros, comment expliquer que
ceux-ci, dont La Hire, ait participé à l’écorcherie ? » La question elle-même laissait supposer
que la Pucelle d’Orléans n’ait pas eu d’impact réel ou durable sur les mœurs et la morale des
gens de guerre de son époque.
Néanmoins, en envisageant les vingt années de carrière de La Hire, d’autres questions
beaucoup plus intéressantes nous sont venues et, quittant le royaume de représentations
historiographiques et littéraires, nous avons décidé de nous plonger dans l’anthropologie
militaire. C’est ainsi que nous en sommes venus à considérer la carrière du capitaine gascon via
le prisme de la domination, telle que définie par Max Weber, dans la mesure où l’exercice de
la guerre renvoie directement à l’exercice du pouvoir et de l’obéissance. Quelque part, nous
n’abandonnions pas notre question initiale : que La Hire ait été un brigand ou un héros national
dépendait fondamentalement de l’obéissance effective qu’il vouait au roi de France – tout en
sachant que le roi de France, Charles VII lui-même, était considéré comme rebelle par ses
opposants de la double monarchie.
Néanmoins, l’analyse anthropologique devait être précédée d’un sérieux retour à l’étude
approfondie des faits, non pas en vue d’établir une belle narration historique à la mode
positiviste, mais afin de disposer d’élément tangibles et concrets sur lesquels établir une théorie
qui ne soit pas fumeuse. Enfin, donc, à ce stade-ci du travail, les faits sont maintenant connus
du lecteur et, de plus, le lecteur sait comment les faits ont été obtenus ; sur base de quelles
sources nous les avons établis. Nous pouvons donc ressortir les concepts de domination de Max
Weber, tel qu’il en définit différents types : féodale, charismatique et bureaucratique.
Au début du XVe siècle, le système féodal est encore de vigueur, bien que décadent. Le
recours au ban et à l’arrière-ban n’est plus qu’une mesure désespérée dans les affaires

114
militaires387, mais les reconnaissances d’allégeance sont strictement maintenues et les serments
ne sont pas prêtés à la légère388. Le fait qu’il y ait deux rois concurrents, en France, cependant,
précipite la dégradation de la pyramide féodale. De plus, le parlement lutte bec et ongle contre
l’aliénation du domaine royal : le temps des fiefs arrive à son terme, malgré le maintient des
apanages et le renforcement institutionnel des États de Bourgogne et de Bretagne389.
Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que La Hire n’ait pas accompli sa carrière militaire
en tant que seigneur féodal. Il se distingue en tant qu’homme de métier. Certes, il est issu de la
petite noblesse, mais il s’engage librement et spontanément au service de Charles VII, sans
avoir été contraint ou envoyé par un vassal intermédiaire entre lui-même et le roi. À vrai dire,
le roi apparaît comme son suzerain suprême : servir le roi se passe d’obtenir l’accord préalable
de quiconque. Quand il prête allégeance aux comtes de Foix, La Hire maintient toujours une
clause d’exclusivité pour le roi390.
Or, le roi, à l’instar des grands princes de son époque, les ducs de Bourgogne et de Bretagne,
tâche de renforcer son domaine personnel par le renforcement de ses institutions. À vrai dire,

387
Le connétable de Richemont fit lui-même les frais d’en appeler au ban et à l’arrière-ban pour ses entreprises
militaires : il avait sous son commandement des hommes sans expérience pour affronter les Anglais, rompus à de
longues campagnes militaires, ce qui le conduisit à la défaite (COSNEAU, Richemont, p. 117, n. 2) ; on lira :
DUPONT-FERRIER G., Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées et les institutions monarchiques locales
en France à la fin du Moyen âge, Paris, Bouillon, 1902 (coll. Bibliothèque de l’école des hautes études. Sciences
historiques et philologiques, n° 145), pp. 478-503.
388
On se souviendra de l’exemple de Jean de Luxembourg, qui tint mordicus au serment qu’il avait fait au traité
de Troyes. Philippe le Bon, pour en être dédouané, fut d’ailleurs levé de son serment par un cardinal à la fin des
conférences d’Arras : ceci fut l’objet de toute une cérémonie religieuse (MONSTRELET, V, 183).
389
Pistes bibliographiques : CAUCHIES J.-M., « État bourguignon ou États bourguignons ? de la singularité au
pluriel », dans Power and persuasion : essays on the art of state building in honour of W. P. Blockmans, dir. par
HOPPENBROUWERS P., JANSE A. & STEIN R., Turnhout, Brepols, 2010, pp. 49-58 ; JONES M. K., La Bretagne
ducale. Jean IV de Montfort (1364-1399) entre la France et l’Angleterre, trad. par GENET N. & GENET J.-P.,
Rennes, PUR, 1998 ; LEGUAI A., Les ducs de Bourbon durant la crise monarchique du XVe siècle, contribution à
l’étude des apanages, Paris, Belles Lettres, 1962 ; PIRENNE H., « Les Pays-Bas sous les ducs de Bourgogne », dans
Histoire générale du IVe siècle à nos jours. III. Formation des grands États. 1270-1492, dir. par LAVISSE E. &
RAMBAUD A., 3ème éd., Paris, Armand Colin, 1931, pp. 431-436 ; POCQUET DU HAUT-JUSSÉ B.-A., Deux féodaux :
Bourgogne et Bretagne. 1363-1491, Boivin, Paris, 1935 ; VAUGHAN R., Philip the Bold. The formation of the
Burgundian State, Londres, Longmans, 1962.
390
La Hire, auprès du comte de Foix, se déclare « servidor aliat et valedor […] contre tot persones exceptat lo
Rey de France », aussi bien en 1425 qu’en 1440 : cf. supra n. 43.

115
l’institutionnalisation de l’État royal précède celui des États princiers. En parallèle du système
féodal, Charles VII dispose donc d’une administration propre, civile et militaire391.
La Hire s’intègre parfaitement dans l’État royal. Écuyer d’écurie dès 1423 (ce qui est encore
un rôle flou), il est un capitaine de l’armée royale, placé sous le commandement des maréchaux
et du connétable. D’ailleurs, il accompagne ceux-ci dans de nombreuses batailles ou entreprises,
quand il n’est pas aux côtés du roi lui-même. À partir de 1429, La Hire est plus inséré que
jamais dans l’État royal, puisqu’il reçoit en viager le bailliage de Vermandois ; en raison de
cette charge, il a pour mission de réprimer le brigandage en Picardie et de rétablir la justice
royale392.
Redresseur de torts, La Hire se laisse cependant aller à quelques écarts. S’il est l’homme du
roi, il appartient à la confraternité des hommes d’armes de son époque, dont les mœurs sont
parfois ouvertement critiquables. La Hire devient bailli de Vermandois, il est inséré dans
l’appareil de l’État royal, très bien, mais il n’en est pas moins posté sur la frontière, au milieu
des zones de conflit. Bien autrement, son ami Poton de Xaintrailles, capitaine hardi mais
également, ambassadeur habile et respecté, devient bailli de Berry393, au cœur des domaines
royaux. Faut-il en déduire que le gouvernement royal se méfie de La Hire, parce qu’il est
« homme de guerre ayant grans gens soubz luy vrassemblablement disposé de faire plusieurs
choses mal à point394 », et que l’on préfère qu’il soit plus près des ennemis que des domaines
du roi ?
Mentor de Jean de Bueil et d’Antoine de Chabannes, La Hire était une figure de proue parmi
les capitaines de son époque. À l’origine, il est d’ailleurs élu par ses propres hommes ; il n’est
pas choisi par le roi. Et sans réelle fortune pour soutenir toutes ses entreprises militaires, La
Hire doit certainement compter sur son charisme personnel pour être obéi. Charisme personnel
qui est amplifié par de grandioses victoires comme Montargis (1427), Patay (1429) ou Gerberoy
(1435), quand ce n’est par de très vaillantes défaites, coûteuses pour ses ennemis, comme à
Crépy (1420) ou à Louviers (1430-1431). Dans un milieu où les revers de fortune attendent à

391
Pistes bibliographiques : GUENÉE B., L’Occident aux XIVe et XVe siècles. Les États, 6e éd., Paris, PUF, 1998
(coll. Nouvelle Clio dir. par DELUMEAU J. & LEPELLEY Cl.) ; LOT F. & FAWTIER R., Histoire des institutions
françaises au Moyen âge. II. Institutions royales (les droits du Roi exercés par le Roi), Paris, PUF.
392
ROUSSEAU, La Hire, pp. 309-313.
393
Jeanne d’Arc H&D, p. 1050.
394
Ibid., p. 417 (p. j. XXIV).

116
chaque tournant, La Hire, « ung bon docteur en cette science395 » qu’est la guerre, dispose d’une
autorité naturelle liée à ses succès ; d’où le déplaisir de Charles VII à l’annonce sa mort.
On comprend donc comment La Hire est une figure de transition, entre deux types de
domination. La décadence des structures féodales entraîne un désordre social où le héros
charismatique trouve sa place. Néanmoins, le héros charismatique ne peut pérenniser son
pouvoir, il doit le muer et cela se fait, chez La Hire, par sa soumission au pouvoir royal, aux
structures proto-bureaucratiques. Étienne de Vignolles n’a jamais participé aux guerres du
comte de Foix, la domination féodale n’avait donc aucune emprise sur lui. Sur ses hommes, qui
côtoyaient le danger au jour le jour, il exerçait une domination charismatique. Mais afin
d’exercer son métier sans encombre face à la justice, La Hire doit s’intégrer dans
l’administration militaire et civile de l’État royal, il doit remplir le rôle de fonctionnaire, où il
est loué pour son expertise personnelle : il se soumet dès lors à la domination bureaucratique.
Or, la transition du féodal au bureaucratique renvoie à la transition de l’époque médiévale à
l’époque moderne. Ainsi, on pourrait qualifier La Hire, non pas de « moderne », car ce serait
trop fort, mais de « proto-moderne ». Son époque, les années 1418-1445, constituent un tournant
réel de l’histoire, dont il est lui-même le témoignage.
En tant que figure de transition, La Hire ne pouvait que diviser les historiens. Il y a certaines
contradictions dans ces actions : il a plusieurs casquettes. Avec le comte de Foix, il complote
quelque action obscure et incertaine qu’il n’a jamais conduite à bien396. En tant que capitaine
d’armée, inséré dans sa confraternité d’armes, il applique une justice sur ses compères dont lui
seul connaît les tenants, au mépris de la volonté royale. Mais enfin, il est aussi l’homme du roi,
envoyé à droite et à gauche pour assouvir le bon plaisir de ce dernier. Pourtant, La Hire n’est
pas un personnage incohérent : il est complexe.
Néanmoins, une figure aussi intéressante que La Hire, sinon plus, et qui permettrait d’en
savoir plus long sur ce phénomène de transition, n’est nul autre que Poton de Xaintrailles, lequel
attend, toujours, son biographe.

395
Jouvencel, II, 246.
396
ROUSSEAU, La Hire, p. 404 (p. j. XV).

117
ANNEXES

ANNEXE 1 : INDEX DES MENTIONS DE LA HIRE DANS LES SOURCES NARRATIVES

1. Antoine de la Taverne, Journal de la paix d’Arras, 1435.


Édition : LA TAVERNE A. (de), Journal de la paix d’Arras, 1435, éd. par BOSSUAT A., Arras, L’Avenir,
1936 ; abréviation : LA TAVERNE, n° p. ; mention(s) :
 p. 57 — bataille de la montagne de Corbie, 25 août 1435.

2. Antonio Morosini, Chronique [vénitienne].


Édition : MOROSINI A., Chronique [vénitienne], éd. par DOREZ L. & LEFÈVRE-PONTALIS G., Paris,
Renouard, 1898-1902, 4 vol. ; abréviation : MOROSINI, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 3, pp. 150-153 — victoire de Patay, 18 juin 1429.
 vol. 3, pp. 274-277 — conquête de Louviers, 8 déc. 1429.

3. Arnaud Esquerrier & Miégeville, Chronique romane des comtes de Foix.


Édition : ESQUERRIER A. & MIÉGEVILLE, Chronique romane des comtes de Foix, éd. par COURTEAULT H. &
PASQUIER F., Paris, Picard & fils, 1895 ; abréviation : Foix, n° p. ; mention(s) : aucune.

4. Clément de Fauquembergue, Journal [du parlement de Paris].


Édition : FAUQUEMBERGUE Cl. (de), Journal [du Parlement de Paris]. 1417-1435, éd. par TUETEY Al., Paris,
Renouard, 1913-1915, 3 vol. ; abréviation : FAUQUEMBERGUE, n° vol., n° p. ; mention(s) : aucune.

5. Eberhard Windecke, Les sources allemandes de l’histoire de Jeanne d’Arc.


Édition : WINDECKE E., Sources allemandes de l’histoire de Jeanne d’Arc, éd. par LEFÈVRE-
PONTALIS G., Paris, Fontemoing, 1903 ; abréviation : Windecke, n° p. ; mention(s) :
 p. 170 — conquête de la bastille de Saint-Loup, 4 mai 1429.

6. Enguerran de Monstrelet, Chronique [de France] en deux livres. 1400-1444.


Édition : MONSTRELET E. (de), Chronique (de France). 1400-1444, éd. par DOUËT-D’ARCQ L., Paris,
Renouard, 1857-1862, 6 vol. ; abréviation : MONSTRELET, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 3, pp. 310-313 — reddition de Coucy, 2 février 1419.
 vol. 3, p. 315 — détrousses depuis Guise, printemps-été 1419.
 vol. 3, p. 360 — conquête de Crépy-en-Laonnois, octobre 1419.
 vol. 3, pp. 374-377 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.

118
 vol. 4, p. 35 — reddition de Château-Thierry, La Hire capturé par le seigneur de Scales, février
1421.
 vol. 4, p. 105 — secours de Saint-Dizier, juin 1422.
 vol. 4, pp. 132-133 — capture de Robert d’Esne (capitaine de Vitry-le-François) par La Hire,
été-hiver 1422.
 vol. 4, p. 183-184 — opérations militaires en Ardenne, fin avril et mai 1424.
 vol. 4, pp. 192-198 — défaite de Verneuil, 6 août 1424.
 vol. 4, p. 206 — reddition de Vitry-le-François, 1424.
 vol. 4, pp. 271-275 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 vol. 4, pp. 301-302 — secours d’Orléans, 25 octobre 1428.
 vol. 4, pp. 310-314 — défaite de Rouvray-Saint-Denis, 12 février 1429.
 vol. 4, pp. 325-326 — conquête de Jargeau, 8-13 juin 1429.
 vol. 4, pp. 326-332 — victoire de Patay, 18 juin 1429.
 vol. 4, pp. 335-340 — chevauchée du sacre de Charles VII, juin-juillet 1429 ; La Hire est nommé
bailli du Vermandois.
 vol. 4, pp. 372 — conquête de Louviers, 8 octobre 1429.
 vol. 4, p. 376-378 — joutes d’Arras, 20-25 février 1430.
 vol. 5, pp. 21-25 — conquête de Chartres, 20 avril 1431.
 vol. 5, pp. 79-81 — opérations militaires en Picardie, septembre-octobre 1433.
 vol. 5, pp. 95-96 — conquête et reddition de Ham-sur-Somme et de Breteuil, 17 septembre
1434.
 vol. 5, pp. 103-104 — capture du seigneur d’Offemont par La Hire et conquête de Clermont
(Beauvaisis), 1435.
 vol. 5, p. 105 — conquête de Breteuil, 1435.
 vol. 5, p. 114 — attaque d’Amiens, janvier-avril 1435.
 vol. 5, pp. 118-123 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435
 vol. 5, pp. 127-129 — opérations militaires dans le Boulonnais, juillet-août 1435.
 vol. 5, pp. 146-148 — bataille de la montagne de Corbie, 25 août 1435.
 vol. 5, pp. 204-206, 281-282, 297-298 — détrousse de Ry, février 1436.
 vol. 5, pp. 231 — conquête et reddition de Gisors, mars-avril 1436.
 vol. 5, p. 245 — escarmouches de Calais, juillet 1436.
 vol. 5, pp. 270-271 — conquête de Soissons, août-octobre 1436
 vol. 5, pp. 273-274 — paix de Lille et reddition de Soissons, novembre 1436.
 vol. 5, pp. 298-301 — La Hire est capturé par le seigneur d’Offemont, 1437.
 vol. 5, p. 301-307 — entrée de Charles VII à Paris, 12 novembre 1437.
 vol. 5, pp. 340, 349-350 — chevauchée des Écorcheurs, 1438.
 vol. 5, pp. 340-341 — H : reddition de Longueville, 1438.

119
 vol. 5, pp. 387-390 — H : conquête de Meaux, 12 août 1439.
 vol. 5, pp. 418-424 — H : secours d’Harfleur, avril 1440.
 vol. 5, pp. 461-467 — H : guerre en Thiérache contre le comte de Saint-Pol, mars-avril 1441.
 vol. 6, pp. 6-11, 12-24 — H, X : siège et conquête de Pontoise, 5 juin – 19 septembre 1441.
 vol. 6, pp. 50-53 — H, X : conquête de Tartas, 24 juin 1442.
 vol. 6, p. 57 — H : décès de La Hire, 11 janvier 1443.

7. Georges Chastelain, Chronique [de Philippe le Bon].


Édition : CHASTELAIN G., « Chronique (de Philippe le Bon) », dans Œuvres, éd. par KERVYN DE
LETTENHOVE J., Heussner, Bruxelles, 1863-1864, vol. 1-5 ; abréviation : CHASTELAIN, n° vol., n° p. ;
mention(s) :
 vol. 1, pp. 89-90 — conquête de Crépy-en-Laonnois, octobre 1419.
 vol. 1, pp. 107-112 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.
 vol. 1, pp. 227-230 — conquête d’Alençon.
 vol. 1, p. 319 — secours de Saint-Dizier, juin 1423.

8. Gilles le Bouvier, dit « Berry », Chronique du roi Charles VII.


Édition : LE BOUVIER G., dit « Berry », Chronique du roi Charles VII, éd. par CELIER L. &
COURTEAULT H., Paris, Klincksieck, 1979 ; abréviation : BERRY, n° p. ; mention(s) :
 pp. 425-426 — reddition de Coucy, 2 février 1419.
 pp. 426 — opérations militaires en Thiérache et dans le Boulonnais depuis Guise, printemps-
été 1419.
 p. 108 — Blessure de La Hire à la jambe, une cheminée s’écroule sur lui, avril-juillet 1421.
 pp. 130-132 — défaite de Rouvray-Saint-Denis, 12 février 1429.
 pp. 135-137 — conquête des bastille devant Orléans, 4-7 mai 1429.
 p. 430 — conquête de Louviers, 8 octobre 1429.
 pp. 153-154, 435-436 — secours de Lagny, 10 août 1432.
 p. 162 — conquête et reddition de Ham-sur-Somme et de Breteuil, 17 septembre 1434.
 pp. 163-164 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 pp. 164-167 — conquête de Saint-Denis, juin-août 1435.
 pp. 229-230 — secours d’Harfleur, avril 1440.
 pp. 233-242 — siège et conquête de Pontoise, 5 juin – 19 septembre 1441.
 pp. 254-256 — conquête de Tartas, juin-juillet 1442.

120
9. Guillaume Cousinot, Chronique « de la Pucelle ».
Édition : COUSINOT G., Chronique « de la Pucelle », éd. par VALLET DE VIRIVILLE A., Paris,
Delahays, 1859 ; abréviation : Pucelle, n° p. ; mention(s) :
 pp. 243-247 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 pp. 251-252 — conquête et reddition du Mans.
 pp. 263-264 — secours d’Orléans, 25 octobre 1428.
 pp. 266-269 — défaite de Rouvray-Saint-Denis, 12 février 1429.
 pp. 300-302 — conquête de Jargeau, 12 juin 1429.
 pp. 306-309 — conquête de Meung-sur-Loire et victoire de Patay, 14-18 juin 1429.
 pp. 326-331 — escarmouches de Montépilloy, 15 août 1429.

10. Guillaume Gruel, Chronique d’Arthur de Richemont. 1393-1458.


Édition : GRUEL G., Chronique d’Arthur de Richemont. 1393-1458, éd. par LE VAVASSEUR A.,
Renouard, Paris, 1890 ; abréviation : GRUEL, n° p. ; mention(s) :
 pp. 57-59 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 pp. 69-74 — conquête de Beaugency et victoire de Patay, 16-18 juin 1429.
 pp. 89-93 — conquête et reddition de Ham-sur-Somme et de Breteuil, 17 septembre 1434.
 p. 95 — conquête de la bastille de Narcy et attaque de Ligny-en-Barrois, octobre-novembre
1434.
 p. 103 — attaque d’Amiens, janvier-avril 1435.
 pp. 108-109 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 pp. 123-124 — conquête et reddition de Gisors, mars-avril 1436.
 p. 125 — siège de Creil, mai 1436.
 pp. 144-154 — conquête de Meaux, 12 août 1439.
 pp. 163-171 — siège et conquête de Pontoise, 5 juin – 19 septembre 1441.

11. Guillaume Leseur, Histoire de Gaston IV, comte de Foix.


Édition : LESEUR G., Histoire de Gaston IV, comte de Foix, éd. par COURTEAULT H., Paris, Renouard,
1893, 2 vol. ; abréviation : Gaston IV, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 1, pp. 1-24 — conquête de Tartas, juin-juillet 1442.

12. Jan van Dixmude, Dits de cronike ende genealogie van den prinsen ende graven van den foreeste
van buc dat heet vlaenderlant. 863-1436.
Édition : DIXMUDE J. (van), Dits de cronike ende genealogie van den prinsen ende graven van den
foreeste van buc dat heet vlaenderlant. 863-1436, éd. par LAMBIN J.-J., Ypre, Lambin & fils, 1839 ;
abréviation : DIXMUDE J., n° p. ; mention(s) : aucune.

121
13. Jean Chartier, Chronique de Charles VII.
Édition : CHARTIER J., Chronique de Charles VII, éd. par VALLET DE VIRIVILLE A., Paris, Jannet,
1858, 3 vol. ; abréviation : CHARTIER, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 1, pp. 54-57 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 vol. 1, pp. 58-59 — conquête et reddition du Mans.
 vol. 1, pp. 60-80 — délivrance d’Orléans, avril-juin 1429.
 vol. 1, pp. 103-105 — escarmouches de Montépilloy, 15 août 1429.
 vol. 1, pp. 141-143 — conquête de Chartres.
 vol. 1, pp. 162-163 — reddition de Louviers, 25 octobre 1431.
 vol. 1, pp. 169-170 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 vol. 1, p. 178 — opérations militaires en Picardie, 1435-1436.
 vol. 1, pp. 228-229 — siège de Creil, mai 1436.
 vol. 1, pp. 259-260 — secours d’Harfleur, avril 1440.
 vol. 2, pp. 15-18 — siège de Creil, juin 1441.

14. Jean de Bueil, Le Jouvencel.


Édition : BUEIL J. (de) & TRINGANT G., Le Jouvencel, suivi de commentaires, éd. par LECESTRE L. &
FAVRE C. (intro), Paris, Renouard, 1887, 2 vol. ; abréviation : Jouvencel, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 1, pp. 114-133 — conseils de La Hire pour la conquête de Marchenoir, 1427.
 vol. 2, p. 60 — conseil de La Hire : « Pour ne pas avoir peur, frappez le premier. »
 vol. 2, p. 246 — conseil de La Hire : « Serrez ! »
 vol. 2, p. 271 — La Hire est nommé capitaine de Vendôme, de novembre 1424 à octobre 1425.
 vol. 2, pp. 271-272 — conquête de Marchenoir, 1427.
 vol. 2, pp. 272-273 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 vol. 2, pp. 275-276 — conquête et reddition du Mans, 25 mai 1428.
 vol. 2vol. 2, pp. 277-278 — arrivée à Orléans, 28 avril 1429.
 vol. 2, pp. 279-280 — conquêtes de Jargeau, Meung-sur-Loire, Beaugency et victoire de Patay,
11-18 juin.
 vol. 2, pp. 280-281 — escarmouches de Montépilloy, 15 août 1429.

15. Jean de Stavelot, Chronique [liégeoise].


Édition : STAVELOT J. (de), Chronique [liégeoise], éd par BORGNET Ad., Bruxelles, ARB, 1861 ;
abréviation : STAVELOT, n° p. ; mention(s) :
 pp. 431 — La Trémoille et La Hire réclament une rançon à l’évêque de Liège, 12 mars 1439
 pp. 431-432 — chevauchée des écorcheurs, mars 1439.
 p. 447 — écorcherie (?) dans le comté de Bouillon, 27 mars 1441.

122
 p. 490 — La Trémoille et La Hire réclament une rançon à l’évêque de Liège (II), 26 février
1442.

16. Jean de Wavrin, Anchiennes croniques d’Engleterre.


Édition (1) : WAVRIN J. (de), Anchiennes croniques d’Engleterre. Choix de chapitres inédits, éd. par
DUPONT, Paris, Renouard, 1858-1863, 3 vol ; abréviation (1) : WAVRIN (éd. DUMONT), n° vol., n° p.
mention(s) (1) :
 vol. 1, pp. 260-273 — défaite de Verneuil, 6 août 1424.
 vol. 1, pp. 283-287 — conquêtes de Jargeau et de Meung-sur-Loire, 8-15 juin 1429.
 vol. 1, pp. 287-295 — conquête de Beaugency et victoire de Patay, 16-18 juin 1429.
Édition (2) : WAVRIN J. (de), Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne a
present nomme Engleterre. From Albina to A.D. 1471, éd. par HARDY W., Longman, Roberts & Green,
1864-1891, 5 vol. ; abréviation (2) : WAVRIN (éd. HARDY), n° vol., n° p. ; mention(s) (2) :
 vol. 3, pp. 250-253 — secours d’Orléans, 25 octobre 1428.
 vol. 3, pp. 253-261 — défaite de Rouvray-Saint-Denis, 12 février 1429.
 vol. 3, p. 265 — escarmouches autour des bastilles d’Orléans, avril-mai 1429.
 vol. 3, pp. 292-294 — conquêtes de Jargeau et Meung-sur-Loire, 11-15 juin 1429.
 vol. 3, pp. 294-305 — conquête de Beaugency et victoire de Patay, 16-18 juin 1429.
 vol. 3, pp. 314-319 — chevauchée du sacre de Charles VII, juin-juillet 1429 ; La Hire est nommé
bailli du Vermandois.
 vol. 3, p. 353 — conquête de Louviers, 8 octobre 1429.
 vol. 4, pp. 55-56 — attaque d’Amiens, janvier-avril 1435.
 vol. 4, pp. 59-66 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 vol. 4, pp. 112-114, 216-219 — détrousse de Ry, février 1436.
 vol. 4, pp. 148-149 — conquête et reddition de Gisors, mars-avril 1436.
 vol. 4, p. 167 — escarmouches de Calais, juillet 1436.
 vol. 4, pp. 242-243 — reddition de Longueville, 1438.
 vol. 4, pp. 254-260 — conquête de Meaux, 12 août 1439.
 vol. 4, pp. 274-285 — secours d’Harfleur, avril 1440.
 vol. 4, pp. 315-348 — siège et conquête de Pontoise, 5 juin – 19 septembre 1441.
 vol. 4, p. 367 — décès de La Hire, 11 janvier 1443.
 vol. 4, p. 408 — décès de Poton de Xaintrailles, 7 octobre 1461.

123
17. Jean Juvénal des Ursins, Histoire du roi Charles VI. 1380-1422.
Édition : JUVÉNAL DES URSINS J., Histoire du roi Charles VI. 1380-1422, éd. par GODEFROY D., Paris,
Imprimerie royale, 1663 ; abréviation : URSINS, n° p. ; mention(s) :
 pp. 390-391 — capture du comte de Vaudémont, 1421.

18. Jean Le Clerc, Cronique martiniane.


Édition : LE CLERC J., Cronique Martiniane, éd. par CHAMPION P., Paris, Champion, 1907 ;
abréviation : Martiniane, n° p. ; mention(s) :
 pp. 1-3 — reddition de Coucy, 2 février 1419.
 pp. 3-4 — détrousses depuis Guise, printemps-été 1419.
 pp. 6-7 — défaite de Verneuil, 6 août 1424.
 pp. 7-8 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 p. 10 — victoire de Patay, 18 juin 1429.
 pp. 17-18 — opérations militaires en Picardie, septembre-octobre 1433.
 p. 22 — capture du seigneur d’Offemont par La Hire et conquête de Clermont (Beauvaisis),
1435.
 p. 23 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 p. 24 — bataille de la montagne de Corbie, 25 août 1435.
 p. 25 — détrousse de Ry, février 1436.
 p. 26 — La Hire est capturé par le seigneur d’Offemont, 1437.
 p. 38 — chevauchée des Écorcheurs, 1438.
 p. 45 — guerre en Thiérache contre le comte de Saint-Pol, mars-avril 1441.
 pp. 49-50 — siège et conquête de Pontoise, 5 juin – 19 septembre 1441.
 pp. 50-51 — conquête de Tartas, juin-juillet 1442.
 pp. 51-52 — décès de La Hire, 11 janvier 1443.

19. Jean Le Fèvre de Saint-Rémy, dit « Toison-d’Or », Chronique [de la Toison d’Or].
Édition : LE FÈVRE DE SAINT-RÉMY J., dit « Toison-d’Or », Chronique (de la Toison d’Or), éd. par
MORAND Fr., Paris, Renouard, 1876, 2 vol. ; abréviation : TOISON-D’OR, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 2, pp. 58-59 — secours de Saint-Dizier, juin 1423.
 vol. 2, pp. 141-142 — défaite de Rouvray-Saint-Denys, 12 février 1429.
 vol. 2, pp. 263-264 — défaite de la « bataille du berger », (12 août ?) 1431.
 vol. 2, p. 270 — opérations militaires en Picardie, septembre-octobre 1433.

20. Jean Maupoint, Journal parisien. 1437-1469.


Édition : MAUPOINT J., Journal parisien. 1437-1469, éd. par FAGNIEZ G., Paris, Champion, 1878 ;
abréviation : MAUPOINT, n° p. ; mention(s) : aucune.

124
21. Jean Raoulet, Chronique [de Charles VII].
Édition : RAOULET J., Chronique (de Charles VII), dans CHARTIER J., Chronique de Charles VII, éd.
par VALLET DE VIRIVILLE A., Paris, Jannet, 1858, vol. 3, pp. 142-199 ; abréviation : RAOULET, n° p. ;
mention(s) :
 vol. 3, p. 167 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.
 vol. 3, pp. 175-176 — capture du comte de Vaudémont, 1421.
 vol. 3, pp. 190-191 — conquête de La Ferté-Bernard, 31 mars 1426.
 vol. 3, pp. 191-193 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 vol. 3, pp. 193-194 — secours de Rochefort-en-Yveline, 1427 (?).
 vol. 3, pp. 194-195 — conquête et reddition du Mans.
 vol. 3, p. 198 — arrivée à Orléans, avril 1429.

22. Michel Pintoin, dit « Religieux de Saint-Denis », Chronique de Charles VI. 1380-1422.
Édition : PINTOIN M., dit « Religieux de Saint-Denys », Chronique de Charles VI. 1380-1422, éd. et
trad. par BELLAGUET L., Paris, Crapelet, 1839-1852, 6 vol ; abréviation : SAINT-DENIS, n° vol., n° p. ;
mention(s) :
 vol. 6, pp. 458-459 — capture du comte de Vaudémont, 1421.

23. Olivier de La Marche, Mémoires.


Édition : LA MARCHE O. (de), Mémoires, éd. par BEAUNE H. & D’ARBAUMONT J., Paris, Renouard,
1833, 4 vol ; abréviation : LA MARCHE, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 1, pp. 243-245 — chevauchée des Écorcheurs, 1438.

24. Olivier van Dixmude, Merkwaerdige gebeurtenissen vooral in Vlaenderen en Brabant. 1377-
1443.
Édition : DIXMUDE O. (van), Merkwaerdige gebeurtenissen vooral in Vlaenderen en Brabant. 1377-
1443, éd. par LAMBIN J.-J., Ypres, Lambin & fils, 1835 ; abréviation : DIXMUDE O., n° p. ; mention(s) :
aucune.

25. Perceval de Cagny, Chroniques [de la maison d’Alençon].


Édition : CAGNY P. (de), Chroniques [de la maison d’Alençon], éd. par MORANVILLÉ H., Paris,
Renouard, 1902 ; abréviation : CAGNY, n° p. ; mention(s) :
 p. 136 — délivrance de Montargis, 5 septembre 1427.
 p. 141 — arrivée à Orléans, 28 avril 1429.
 p. 149 — rejoint le duc d’Alençon à Romorantin, 8 juin 1429.
 pp. 192-193 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.

125
 p. 209 — compliment sur le courage de La Hire.
 pp. 217-219 — siège de Creil, mai 1436.

26. Pierre Cochon, Chronique normande.


Édition : COCHON P., Chronique normande, éd. par ROBILLARD DE BEAUREPAIRE Ch. (de), Rouen,
Le Brument, 1870 ; abréviation : COCHON, n° p. ; mention(s) : aucune.

27. Pierre de Fenin, Mémoires. 1407-1427.


Édition : FENIN P. (de), Mémoires. 1407-1427, éd. par DUPONT, Paris, Renouard, 1837 ; abréviation :
FENIN, n° p. ; mention(s) :
 pp. 124-127 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.
 pp. 127-128 — reddition de Coucy, 2 février 1419.

28. Robert Blondel, Reductio Normanie.


Édition : BLONDEL R., « Reductio Normanie », dans Œuvres, t. 2, éd. par HÉRON A., Rouen,
Lestringant, 1893 ; abréviation : BLONDEL, n° p. ; mention(s) :
 pp. 209-214 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.

29. Thomas Basin, Histoire de Charles VII.


Édition : BASIN Th., Histoire de Charles VII, t. 1er : 1407-1444, éd. par SAMARAN Ch., Paris, Belles
Lettres, 1933 (coll. Les Classiques de l’histoire de France au moyen âge, dir. par HALPHEN L.) ;
abréviation : BASIN (éd. SAMARAN), n° vol., n° p. ; mention(s) :
 pp. 150-151 — conquête de Louviers, 8 décembre 1429.
 pp. 170-173 — reddition de Louviers, 25 octobre 1431 ; capture de La Hire.
 pp. 210-213 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.

30. William of Worcester, Annales rerum Anglicarum.


Édition : WORCESTRE W. of, « Annales rerum Anglicarum », dans STEVENSON Joseph (éd.), Letters and
papers illustrative of the wars of the English in France during the reign of Henri the Sixth, Longman
& Green, London, 1864, vol. II (seconde partie), pp. 743-793 ; abréviation : WORCESTRE, n° p. ;
mention(s) : aucune.

31. Chronicle of London. 1089-1483.


Édition : Chronicle of London. 1089-1483, éd. par NICOLAS N. H. & TYRRELL E., Londres, Longman,
1827 ; abréviation : London (éd. NICOLAS & TYRRELL), n° p. ; mention(s) : aucune.

126
32. Chronicles of London.
Édition : Chronicles of London, éd. par KINGSFORD C. L., Oxford, Clarendon Press, 1905 ;
abréviation : London (éd. KINGSFORD), n° p. ; mention(s) :
 pp. 137-138 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.
 p. 140 — détrousse de Ry, février 1436.
 p. 141 — conquête et reddition de Gisors, mars-avril 1436.

33. Chronique anonyme de Charles VI. 1420-1422.


Édition : « Chronique anonyme de Charles VII. 1400-1422 », dans MONSTRELET E. (de), Chronique.
1400-1444, éd. par DOUËT-D’ARCQ L., Paris, Renouard, 1857-1862, vol. 6, pp. 191-327 ; abréviation :
Cordeliers, n° p. ; mention(s) :
 p. 267 — reddition de Coucy, 2 février 1419.
 p. 291 — reddition de Château-Thierry, février 1421.

34. Chronique de Lorraine.


Édition : « Chronique de Lorraine », éd. par MARCHAL L., dans Recueil des documents sur l’histoire
de Lorraine, 5, 1859 ; abréviation : Lorraine, n° p. ; mention(s) :
 p. 33 — accompagne Barbazan en Lorraine (?), 1431.

38. Chronique de Tournai.


Édition : « Chronique de Tournai », éd. par DE SMET J.-J., dans Recueil des chroniques de Flandre,
Bruxelles, Commission royale d’histoire, 1856, vol. III, pp. 111-570 ; abréviation : Tournai, n° p. ;
mention(s) :
 p. 405 — secours d’Orléans, 25 octobre 1428.
 pp. 409-410 — arrivée à Orléans, avril 1429.
 p. 410-411 — conquête de la bastille de Saint-Loup, 4 mai 1429.
 pp. 418-419 — conquête et reddition de Ham-sur-Somme et de Breteuil, 17 septembre 1434.

36. Chronique du Mont-Saint-Michel. 1343-1468.


Édition : Chronique du Mont-Saint-Michel. 1343-1468, éd. par LUCE S., Paris, Firmin-Didot, 1879-
1883, 2 vol ; abréviation : Mont-Saint-Michel, n° vol., n° p. ; mention(s) :
 vol. 1, p. 32 — conquête de Louviers, 8 octobre 1429.

127
37. Chronique du siège d’Orléans et de l’établissement de la fête du 8 mai 1429.
Édition : « Chronique du siège d’Orléans et de l’établissement de la fête du 8 mai 1429 », éd. par
Salmon A., dans Bibliothèque de l’école des chartes, 1846, III-2, pp. 500-509 ; abréviation :
Chronique d’Orléans, n° p. ; mention(s) :
 pp. 504-505 — conquête de la bastille de Saint-Loup, 4 mai 1429.
 pp. 505-506 — conquête de la bastille des Tourelles, 7 mai 1429.

38. Cronicques de Normendie.


Édition : Cronicques de Normendie (les). 1223-1453, éd. par HELLOT A., Rouen, Métérie, 1881 ;
abréviation : Normendie, n° p. ; mention(s) :
 p. 78 — reddition de Louviers, 25 octobre 1431 ; La Hire y est capturé.
 p. 84 — rébellion du pays de Caux, hiver 1436.
 pp. 91-92 — conquête de Louviers (II), 1439.

39. Documents inédits sur Laon, Crépy et Guise.


Édition : « Documents inédits sur Laon, Crépy et Guise », éd. par DE LA FONDS, dans BSAL, 1879,
pp. 7-13 ; abréviation : Laon, Crépy, Guise, n° p. ; mention(s) :
 pp. 5-8 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.

40. Journal du siège d’Orléans. 1428-1429.


Édition : Journal du siège d’Orléans. 1428-1429, éd. par CHARPENTIER P. & CUISSARD Ch.,
Herluison, Orléans, 1896 ; abréviation : Journal d’Orléans, n° p. ; mention(s) :
 pp. 10-12 — secours d’Orléans, 25 octobre 1428.
 p. 29 — entrée par la porte Regnart, 24 janvier 1429.
 pp. 31-32 — pourparlers avec Lancelot de Lille, 29 janvier 1429.
 p. 32 — escarmouches des vignes de Saint-Ladre et Saint-Jean-la-Ruelle, 30 janvier 1429.
 p. 33 — course au boulevard Saint-Laurent, 3 février 1429.
 pp. 37-38 — départ pour Rouvray-Saint-Denis, 11 février 1429.
 pp. 38-45 — défaite de Rouvray-Saint-Denis, 12 février 1429.
 pp. 50-52 — départ d’Orléans pour Chinon via Blois, 18 février 1429.
 p. 65 — escarmouche du boulevard de la grange Cuyveret, 2 avril 1429.
 p. 78 — escarmouche de la bastille de Saint-Pouvoir, 30 avril 1429.
 pp. 81-82 — conquête de la bastille de Saint-Loup, 4 mai 1429.
 pp. 82-89 — conquête de la bastille des Tourelles, 5-6 mai 1429.
 pp. 89-90 — retraite des Anglais de la bastille de Saint-Pouvoir, 7 mai 1429.
 pp. 95-100 — conquête de Jargeau, 11-12 juin 1429.

128
 p. 104-105 — victoire de Patay, 18 juin 1429.
 pp. 108-109 — voyage de Gien à Troyes via Auxerre, 29 juin 1429.
 pp. 117-118 — escarmouches de Dammartin, août 1429.
 pp. 120-124 — escarmouches de Montépilloy, 15 août 1429.
 pp. 125-128 — siège de Paris, 8 septembre 1429.

41. Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449.


Édition : Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449, éd. par TUETEY Al., Paris, Champion, 1881 ;
abréviation : Journal de Paris, n° § ; mention(s) :
 p. 270 — La Hire est capturé, 1-7 avril 1431 (reddition de Louviers, 25 octobre 1431)
 p. 297 — attaque d’une caravane près de Paris, 29 janvier 1434.

42. Kronieken van Vlaanderen (uitgave en studie van het handschrift 436 van de Stadsbibliotheek te
Brugge).
Édition : Kronieken van Vlaanderen (de). Uitgave en studie van het handschrift 436 van de
Stadsbibliotheek te Brugge, éd. par LONCKE E., DUMOLYN J. (prom.), Gand, Université de Gand,
2006-2007, 2 vol. ; abréviation : Vlaanderen 436, n° p. ; mention(s) : aucune.

43. Kronyk van Vlaederen.


Édition : Kronyk van Vlaenderen, éd. par SERRURE C. P. & BLOMMAERT Ph., Gand, Vanderhaeghen–
Hulin, 1839-1840, 2 vol. ; abréviation : Vlaenderen, n° p. ; mention(s) : aucune.

44. Livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne


Édition : « Livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne », éd. par KERVYN DE
LETTENHOVE, dans Chroniques relatives à l’histoire de la Belgique sous la domination des ducs de
Bourgogne, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1873, vol. 2, pp. 1-258 ; abréviation : Trahisons,
n° p. ; mention(s) :
 pp. 135-136 — capture des chevaux du seigneur de Graville, novembre 1417.
 pp. 148-151 — reddition de Crépy-en-Laonnois, février 1420.
 p. 178 — reddition de Guise, 1424.
 pp. 198-199 — escarmouches de Montépilloy, 15 août 1429.
 p. 216 — rébellion du pays de Caux, hiver 1436.

129
45. Mémoire nobiliaire et clivages politiques : le témoignage d’une courte chronique chevaleresque
(1403-1442).
Édition : « Mémoire nobiliaire et clivages politiques : le témoignage d’une courte chronique
chevaleresque (1403-1442) », éd. par PONS N., dans Journal des savants, 2002, pp. 299-348 ;
abréviation : Mémoire nobiliaire, n° p. ; mention(s) :
 pp. 338-339 — chevauchée du sacre de Charles VII, juin-juillet 1429.
 p. 340 — conquête de Louviers, 8 décembre 1429.
 p. 342 — victoire de Gerberoy, 9 mai 1435.

46. Petite chronique de Guyenne jusqu’à l’an 1442.


Édition : « Petite chronique de Guyenne jusqu’à l’an 1442 », éd. par LEFÈVRE-PONTALIS G. dans
BEC, 1886, 47, 60-66 ; abréviation : Guyenne, n° p. ; mention(s) :
 p. 66 — conquête de Tartas, juin-juillet 1442.

130
ANNEXE 2 : TABLE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS

anc. ancien(nement) loc. cit. loco citato


anas. anastatique l. t. livre tournois
àpd. à partir de màj. mis(e) à jour
augm. augmenté(e) Ms(s). Manuscrit(s)
càd. c’est-à-dire n. note infrapaginale
cf. confer n° numéro
ch. chapitre(s) naf. nouv. acquisitions fr.
coll. collection nouv. nouveau(elle)
collb. collaborateur n.s. nouveau style
corr. corrigé(e) op. cit. opus citatum
crit. critique p. page(s)
d. denier p. j. pièce(s) justificative(s)
d° dossier pp. pages
dir. directeur/dirigé(e) préf. préface par…
éd. éditeur/édition prom. promoteur
etc. et cetera r° recto
et al. et alii réf. référence
et seq. et sequens réimp. réimpression
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131
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RBPH Revue belge de philologie et d’histoire
RHAM Revue historique et archéologique du Maine
TLFI Le trésor de la langue française informatisé

132
ANNEXE 3 : BIBLIOGRAPHIE

— DOCUMENTS MANUSCRITS

ANF
Série J – Trésor des chartes Série KK – Comptes
J 334, n° 44-45 – J 646, n° 22 ; n° 23 – J 1039, KK 53, fol. 119 – KK 324, fol. 19 r° – KK 1117,
n° 4. fol. 744 v° & 745 ; fol. 760 v° & 761 – KK 1124,
fol. 1018-1020.
Série JJ – Registres
JJ 172, n° 241 – JJ 173, n° 55, fol. 30 ; n° 142, Série X – Parlement, requêtes
fol. 71 – JJ 176, fol. 374 v°-375. X1 8604, fol. 100 v°.

ADF
Basses-Pyrénées Meuse
E 432 – E 439. B 495, fol. 51 ; fol. 62 – B 497, fol. 205 ; fol.
213 ; fol. 239 ; fol. 241-242 – B 687, fol. 54 v°
Loiret – B 688, fol. 92 v° & 93 – B 1245, fol. 107 ; fol.
A 2178, Lettres et besoignes touchant les 115 v° – B 1316, fol. 106 v° ; fol. 124 – B 1430,
hosteliers d’Orléans. fol. 66 – B 1431, fol. 170 – B 1745, fol. 26 v°.

AMF
Amiens Tours
CC 17, fol. 80 v°. Registre des comptes, XXV, fol. 43.

BNF
Fonds Français
2678-2679 [anc. 8299(5)-(6), Colbert 19-20], Chroniques de messire Enguerrand de Monstrelet avec
continuation.
2681-2682 [anc. 8345-8346].
2996 [anc. 8521], Recueil de lettres et de pièces originales.
3939 [anc. Béthune 8623], Recueil de pièces en proses et en vers du XVIe siècle.
4484 [anc. 9436 (3.a), Colbert 2171], Compte de Andry d’Esparnon, trésorier des guerres du roy Henri
VI, 1427-1428.
5054 [anc. 9677], Les Vigiles de Charles VII, par Martial de Paris, dit d’Auvergne.
5241 [anc. 9817], Traité à l’usage des rois d’armes, composé sous Charles VII après 1454,
vraisemblablement par Merlin de Cordebœuf, dont le nom se trouve au feuillet 100.

133
5873 [anc. 10368], Livre fait par Gilles le Bouvier, dit le Hérault de Berry, où l’on peut « savoir au vray
la manière, la forme et les propriétés des choses qu’ilz sont en tous les royaulmes crestiens, et des
autres royaulmes » où il s’est trouvé, « de la longueur d’iceulx, des montaignes qui y sont et des
fleuves qui y passent ; de la propriété des païs, des hommes, et des aultres choses estranges ».
5736 [anc. 10318 (5), Cangé 122, olim 42], Recueil sur Charles VII et Metz.
5909 [anc. 10376 (3.3), Colbert 4967], Recueil d’actes des rois Charles VII et Louis XI, actes dont
beaucoup sont réduits à l’état de formule.
5930 [anc. 10385 (2), Bigot 420], Recueil historique et héraldique : traités d’armoiries, d’art militaire,
etc.
7858 [anc. Supplément français 2342], Rôles de paiement des gens d’armes du Roi ; comptes de
cérémonies et voyages ; états des officiers de la maison des ducs de Bourgogne (1340-1495).
10449 [anc. Supplément français 4805], Histoire de Charles VII par Fontanieu.
18760 [anc. Séguier-Coislin, Saint-Germain français 1351], Recueil de pièces concernant
principalement les seigneuries de Coucy, de Soissons et de Saint-Pol, et les maisons de Coucy,
d’Orléans, d’Anjou, de Bar et de Luxembourg-Saint-Pol ; pièces de procédures, actes de Charles VI,
inventaires, etc. (1398-1534).
20684 [anc. Gaignières 771 (1)], Recueil de copies et d’extraits fait dans les archives de la Chambre
des comptes (XIIIe-XVIIe siècle).
23018 [anc. Cordelier 16], Chroniques de S. Jérôme et de Sigebert de Gembloux, traduites en français
et continuées jusqu’en 1431.
26050 (59), Quittances et pièces diverses. Charles VII, 1427-1428.
29480 (Pièces originales 2996), d° 66504, fol. 2, 3, 4, 5, 66.
32510, Extraits de comptes royaux, de rôles d’hommes d’armes, et d’autres documents de la Chambre
des Comptes.

Nouvelles acquisitions françaises


5082-5088, Notes historiques sur le règne de Charles VII par Vallet de Viriville.

134
— DOCUMENTS IMPRIMÉS

Sources narratives et héraldiques

BASIN Th., Histoire de Charles VII, t. 1er : 1407-1444, éd. par SAMARAN Ch., Paris, Belles Lettres, 1933
(coll. Les Classiques de l’histoire de France au moyen âge, dir. par HALPHEN L.).

BEUIL J. (de), Le Jouvencel, éd. par LECESTRE L. & FAVRE C. (intro.), Paris, Renouard, 1887, 2 vol.

BLONDEL R., « Reductio Normanie », dans Œuvres, t. 2, éd. par HÉRON A., Rouen, Lestringant, 1893.

CAGNY P. (de), Chroniques [de la maison d’Alençon], éd. par MORANVILLÉ H., Paris, Renouard, 1902.

« Chansons historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles » éd. par LE ROUX DE LINCY A., dans BEC, 1,
1840, pp. 359-388.

Chants historiques et populaires du temps de Charles VII et de Louis XI, éd. par LE ROUX DE LINCY
A., Paris, Aubry, 1857.

« Chronique anonyme de Charles VI. 1400-1422 », dans MONSTRELET E. (de), Chronique [de
France]. 1400-1444, éd. par DOUËT-D’ARCQ L., Paris, Renouard, 1857-1862, vol VI, pp. 191-327.

« Chronique de Lorraine », éd. par MARCHAL L., dans Recueil des documents sur l’histoire de Lorraine,
5, 1859.

« Chronique de Tournai », éd. par DE SMET J.-J., dans Recueil des chroniques de Flandre, Bruxelles,
Commission royale d’histoire, 1856, vol. III, pp. 111-570.

« Chronique du siège d’Orléans et de l’établissement de la fête du 8 mai 1429 », éd. par Salmon A., dans
BEC, 1846, III-2, pp. 500-509.

CHARTIER J., Chronique de Charles VII, éd. par VALLET DE VIRIVILLE A., Paris, Jannet, 1858, 3 vol.

CHASTELAIN G., « Chronique (de Philippe le Bon) », dans Œuvres, éd. par KERVYN DE LETTENHOVE
J., Heussner, Bruxelles, 1863-1864, vol. 1-5.

Chronicle of London. 1089-1483, éd. par Nicolas N. H. & Tyrrell E., Londres, Longman, 1827.

Chronicles of London, éd. par KINGSFORD C. L., Oxford, Clarendon Press, 1905.

Chronique dite du doyen de Saint-Thiébaut de Metz ou « histoire de Metz véritable ». 1231-1445, éd.
par MAROT M. [thèse de l’École des chartes], Paris, Alphonse Picard & fils, 1926.

Chronique du Mont-Saint-Michel. 1343-1468, éd. par LUCE S., Paris, Firmin-Didot, 1879-1883, 2 vol.

COCHON P., Chronique normande, éd. par ROBILLARD DE BEAUREPAIRE Ch. (de), Rouen, Le Brument,
1870.

COUSINOT G., Chronique « de la Pucelle », éd. par VALLET DE VIRIVILLE A., Paris, Delahays, 1859.

135
Cronicques de Normendie (les). 1223-1453, éd. par HELLOT A., Rouen, Métérie, 1881.

DIXMUDE J. (van), Dits de cronike ende genealogie van den prinsen ende graven van den foreeste van
buc dat heet vlaenderlant. 863-1436, éd. par LAMBIN J.-J., Ypre, Lambin & fils, 1839.

DIXMUDE O. (van), Merkwaerdige gebeurtenissen vooral in Vlaenderen en Brabant. 1377-1443, éd. par
LAMBIN J.-J., Ypres, Lambin & fils, 1835.

« Documents inédits sur Laon, Crépy et Guise », éd. par DE LA FONDS, dans BSAL, 1879, pp. 7-13.

ESQUERRIER A. & MIÉGEVILLE, Chronique romane des comtes de Foix, éd. par COURTEAULT H. &
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Grand armorial de la Toison d’Or (le) [en ligne], éd. par la BnF (URL :
http://expositions.bnf.fr/livres/armorial/).

GRUEL G., Chronique d’Arthur de Richemont. 1393-1458, éd. par LE VAVASSEUR A., Renouard, Paris,
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Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449, éd. par BEAUNE C., Paris, Livre de Poche, 2011.

Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449, éd. par TUETEY A., Paris, Champion, 1881.

Journal du siège d’Orléans. 1428-1429, éd. par CHARPENTIER P. & CUISSARD Ch., Herluison, Orléans,
1896.

JUVÉNAL DES URSINS J., Histoire du roi Charles VI. 1380-1422, éd. par GODEFROY D., Paris,
Imprimerie royale, 1663.

Kronieken van Vlaanderen (de). Uitgave en studie van het handschrift 436 van de Stadsbibliotheek te
Brugge, éd. par LONCKE E., DUMOLYN J. (prom.), Gand, Université de Gand, 2006-2007, 2 vol.

Kronyk van Vlaederen, éd. par SERRURE C. P. & BLOMMAERT Ph., Gand, Vanderhaeghen–Hulin, 1839-
1840, 2 vol.

KYNGESTON R., Expedition to Prussia and the Holy Land made by Henry earl of Derby, afterwards
King Henry IV, in the years 1390-1 and 1392-3, éd. par SMITH L. T., New York, Johnson Reprint
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LA MARCHE O. (de), Mémoires, éd. par BEAUNE H. & D’ARBAUMONT J., Paris, Renouard, 1833, 4 vol.

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136
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VALLET DE VIRIVILLE A., Paris, Bachelin-Deflorenne, 1866.

LE BOUVIER G., dit « Berry », Chronique du roi Charles VII, éd. par CELIER L. & COURTEAULT H.,
Paris, Klincksieck, 1979.

LE BOUVIER G., dit « Berry », Le livre de la description des pays, éd. par HAMY E.-T., Paris, Leroux,
1908.

LE CLERC J., Cronique martiniane, éd. par CHAMPION P., Paris, Champion, 1907.

LE FÈVRE DE SAINT-RÉMY J., dit « Toison-d’Or », Chronique (de la Toison d’Or), éd. par MORAND Fr.,
Paris, Renouard, 1876, 2 vol.

LESEUR G., Histoire de Gaston IV, comte de Foix, éd. par COURTEAULT H., Paris, Renouard, 1893, 2
vol.

« Livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne », éd. par KERVYN DE LETTENHOVE,
dans Chroniques relatives à l’histoire de la Belgique sous la domination des ducs de Bourgogne,
Bruxelles, ARB, 1873, vol. 2, pp. 1-258.

MAUPOINT J., Journal parisien. 1437-1469, éd. par FAGNIEZ G., Paris, Champion, 1878.

« Mémoire nobiliaire et clivages politiques : le témoignage d’une courte chronique chevaleresque (1403-
1442) », éd. par PONS N., dans Journal des savants, 2002, pp. 299-348.

MONSTRELET E. (de), Chronique (de France) en deux livres. 1400-1444, éd. par DOUËT-D’ARCQ L.,
Paris, Renouard, 1857-1862, 6 vol.

MOROSINI A., Chronique (vénitienne), éd. par DOREZ L. & LEFÈVRE-PONTALIS G., Paris, Renouard,
1898-1902, 4 vol.

Mystère du siège d’Orléans, éd. par GROS G., Paris, Le Livre de Poche, 2002 (coll. Lettres gothiques).

Notes et extraits pour servir à l’histoire des Croisades au XVe siècle, éd. par JORGA N., Paris, Leroux,
1899-1902, 3 vol.

PINTOIN M., dit « Religieux de Saint-Denys », Chronique de Charles VI. 1380-1422, éd. et trad. par
BELLAGUET L., Paris, Crapelet, 1839-1852, 6 vol.

« Petite chronique de Guyenne jusqu’à l’an 1442 », éd. par LEFÈVRE-PONTALIS G. dans BEC, 1886, 47,
60-66.

RAOULET J., Chronique (de Charles VII), dans CHARTIER J., Chronique de Charles VII, éd. par VALLET
DE VIRIVILLE A., Paris, Jannet, 1858, vol. 3, pp. 142-199.

STAVELOT J. (de), Chronique (de Liège), éd par BORGNET Ad., Bruxelles, ARB, 1861.

137
STEVENSON J. (éd.), Narratives of the expulsion of the English from Normandy, Londres, Longman &
Cie., 1863.

WAVRIN J. (de), Anchiennes croniques d’Engleterre. Choix de chapitres inédits, éd. par DUPONT, Paris,
Renouard, 1858-1863, 3 vol.

WAVRIN J. (de), Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne a present nomme
Engleterre. From Albina to A.D. 1471, éd. par HARDY W., Longman, Roberts & Green, 1864-1891,
5 vol.

WINDECKE E., Les sources allemandes de l’histoire de Jeanne d’Arc, éd. par LEFÈVRE-PONTALIS G.,
Paris, Fortemoing, 1903.

WORCESTRE W. (of), « Annales rerum Anglicarum », dans STEVENSON Joseph (éd.), Letters and papers
illustrative of the wars of the English in France during the reign of Henri the Sixth, Londres,
Longman & Green, 1864, vol. 2 (seconde partie), pp. 743-793.

Sources documentaires

Actes de la chancellerie d’Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise. 1422-1435,


éd. par LE CACHEUX P., Paris, Picard, 1907-1908, 2 vol.

BESSEY V., Construire l’armée française. Textes fondateurs des institutions militaires. I, De la France
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Cartulaire de Louviers, éd. par BONNIN Th., Évreux, Auguste Hérissay, 1871, vol. 2 (1ère partie).

« Documents inédits pour servir à l’histoire de la Guerre de Cent Ans dans le Maine, de 1424 à 1452 »,
éd. par JOUBERT A., dans RHAM, 26, 1889, pp. 243-336.

« Documents inédits sur La Hire, Chabannes et autres capitaines du XVe siècle », éd. par VALLET DE
VIRIVILLE A., dans BSHF, II, 2, 1859-1860, pp. 9-14, 36-45, 57-60.

« Extrait des comptes du receveur général de Lorraine relatifs à la seconde guerre entre René Ier et
Antoine de Vaudémont », éd. par LEPAGE H., dans Recueil de documents sur l’histoire de Lorraine,
Nancy, Société d’archéologie lorraine, 1855.

Les grands traités de la Guerre de Cent Ans, éd. par COSNEAU E., Paris, Picard, 1889.

Lettres historiques des archives communales de la ville de Tours depuis Charles VI jusqu’à la fin du
règne de Henri IV. 1416-1594, éd. par LUZARCHE V., Tours, Mame, 1861.

Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. par SECOUSSE D. F. et alii, Paris, 1723-1849,
21 vol.

Paris pendant la domination anglaise. 1420-1436, éd. par LONGNON A., Paris, Champion, 1878.

138
Proceedings and ordinances of the privy concil of England. II-IV, éd. par HARRIS N., s.l., 1834-1835.

Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, éd. par CHAMPION P., Paris, Champion, 1920, 2 vol.

Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, éd. par QUICHERAT J., Paris, Renouard,
1841-1849, 5 vol.

Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, trad. par FABRE J., Paris, Hachette, 1913, 2 vol.

« Quittances de Georges de la Trémoille et d’Étienne de Vignolles, dit Lahire », éd. par LUCE S., dans
BEC, 20, 1859, pp. 510-512.

Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France.
VII. 1403-1430, éd. par GUÉRIN P., Poitiers, SAHP, 1896 (coll. Archives historiques du Poitou, n°
26).

Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France.
VIII. 1431-1447, éd. par GUÉRIN P., Poitiers, SAHP, 1898 (coll. Archives historiques du Poitou, n°
29).

Recueil des monuments inédits de l’histoire du Tiers-État. Première série. Région du Nord. IV.
Abbeville, éd. par THIERRY A., Paris, Imprimerie impériale, 1870.

Recueil des monuments inédits de l’histoire du Tiers-État. Première série. Région du Nord. II. Amiens,
éd. par THIERRY A., Paris, Firmin-Didot, 1855.

Rouen au temps de Jeanne d’Arc et pendant l’occupation anglaise (1419-1449), éd. par LE CACHEUX
P., Paris, Picard, 1931.

139
— OUTILS

Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments
depuis la naissance de Notre-Seigneur (L’), Paris, Valade, 1818-1819, 17 vol.

Atlas historique mondial, dir. par DUBY G., nouv. éd., Paris, Larousse, 2007.

Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, Michaud, 1811-1828, 52 vol.

Chevaliers de l’ordre de la Toison d’or au XVe siècle (les). Notices bio-bibliographiques, dir. par DE
SMEDT R., préf. de DE HABSBOURG O., 2ème éd. rev. et augm., Bruxelles, Peter Lang, 2000.

CONTAMINE PH., BOUZY O. & HÉLARY X., JEANNE D’ARC. HISTOIRE ET DICTIONNAIRE, PARIS, LAFFONT,
2012 (COLL. BOUQUINS).

DICTIONARY OF NATIONAL BIOGRAPHY, LONDRES, OUP, 1917–, 27 VOL.

DICTIONNAIRE DE BIOGRAPHIE FRANÇAISE, PARIS, LETOUZEY & ANÉ, 1933–, 20 VOL.

DICTIONNAIRE DES MARÉCHAUX DE FRANCE DU MOYEN ÂGE À NOS JOURS, DIR. PAR BRUN C. &
VALYNSEELE J., PARIS, PERRIN, 1988.

Dictionnaire du littéraire (le), dir. par ARON P., SAINT-JACQUES D. & VIALA A., Paris, PUF, 2002.

Dictionnaire du moyen âge, dir. par GAUVARD C., Paris, PUF, 2002.

Dictionnaire du moyen français, ATILF–CNRS–Université de Lorraine (http://www.atilf.fr/dmf/).

Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, dir. par LE GOFF J. & SCHMITT J.-C., Paris, Fayard, 1999.

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FISQUET M. H., La France pontificale (Gallia Christiana). Histoire chronologique et biographique des
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FRANKLIN A., Les rois et les gouvernements de la France de Hugue Capet à l’année 1906, 2ème éd,
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MORERI L. Le grand dictionnaire historique ou le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, 3e


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Nobiliaire de Ponthieu et de Vimeu, Amiens, Lemer Ainé, 1862-1864, 2 vol.

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Abrégé chronologique de l’histoire ecclésiastique. III. 1401-1768, nouv. éd. rev., corr et augm., Paris,
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AGNEL É., Curiosités judiciaires et historiques du Moyen âge. Procès contre les animaux, Paris,
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2006 (coll. Quadrige), pp. 349-419.

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en Angleterre et en Bourgogne. XIVe-XVe siècle, dir. par CONTAMINE Ph., GIRY-DELOIZON Ch. &
KEEN M. H., Université Charles de Gaule, Lille, 1991 (coll. Histoire et littérature régionales, n° 8),
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——— (dir.), The new Cambridge medieval history. VII. c.1415-1500, Cambridge, CUP, 1998.

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167
ANNEXE 4 : TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ............................................................................................................................... 3
I – ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE ....................................................................................................... 9
I – 1. LES BIOGRAPHES DE LA HIRE ............................................................................................... 11
I – 2. LA HIRE DANS LE RÉCIT DES CHRONIQUEURS CONTEMPORAINS DE SON TEMPS .................. 18
I – 3. LE NOM DE LA HIRE DANS LES DOCUMENTS D’ARCHIVES ................................................... 25
II – ESSAI BIOGRAPHIQUE .......................................................................................................... 28
II – 1. LA CONJONCTURE POLITIQUE ET MILITAIRE........................................................................ 29
II – 2. LE CARACTÈRE DE LA HIRE ................................................................................................ 37
II – 3. LES CAMPAGNES MILITAIRES DE LA HIRE : OBJECTIFS & RÉSULTATS ................................ 48
II – 3.1. Défense et éviction de l’Aisne (1419-1421) ................................................................ 49
II – 3.2. Secours et représailles au pays de Bar (1420-1424) .................................................... 52
II – 3.3. Reconquête avortée d’Alençon (1421) ........................................................................ 54
II – 3.4. Défense et éviction de la Champagne (1422-1425) ..................................................... 55
II – 3.5. Bataille de Verneuil (1424).......................................................................................... 56
II – 3.6. Défense et nettoyage de la Loire (1424-1429) ............................................................. 57
II – 3.7. Chevauchée du sacre de Reims (1429) ........................................................................ 62
II – 3.8. Déstabilisation de la Normandie (1429-1440) ............................................................. 62
II – 3.9. Défense et coups de pression en Picardie (1430-1435) ............................................... 65
II – 3.9. La prise de Chartres et le secours de Lagny-sur-Marne (1432) .................................. 70
II – 3.10. Détour en Champagne et en Barrois (1434) .............................................................. 70
II – 3.11. Nettoyage du bassin parisien (1436-1441) ................................................................ 71
II – 3. 11. Contrôle et régulation de la Picardie (1436-1441) .................................................... 73
II – 3.12. Chevauchée des Écorcheurs (1438-1439).................................................................. 75
II – 3.13. Voyages au pays de Liège (1439-1441)..................................................................... 76
II – 3.15. Voyage de Tartas et mort à Montauban (1442-1443) ................................................ 77
II – 3. 17. Conclusions............................................................................................................... 78
III – LE QUOTIDIEN DE LA GUERRE (1418-1445) ..................................................................... 80
III – 1. LA COMPAGNIE MILITAIRE EN MARCHE ............................................................................. 81
III – 2. VIVRE ET S’ENRICHIR ......................................................................................................... 97
III – 3. LA CONFRATERNITÉ D’ARMES : LIENS DE SANG, LIENS DE FER ....................................... 104
CONCLUSIONS ............................................................................................................................. 114
ANNEXES ...................................................................................................................................... 118
ANNEXE 1 : INDEX DES MENTIONS DE LA HIRE DANS LES SOURCES NARRATIVES .................. 118
ANNEXE 2 : TABLE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS ............................................................ 131
ANNEXE 3 : BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 133

168
— DOCUMENTS MANUSCRITS ................................................................................................. 133
— DOCUMENTS IMPRIMÉS ....................................................................................................... 135
Sources narratives et héraldiques ........................................................................................ 135
Sources documentaires ........................................................................................................ 137
— OUTILS ................................................................................................................................ 139
— TRAVAUX ............................................................................................................................ 143
ANNEXE 4 : TABLE DES MATIÈRES ........................................................................................... 168

169
REMERCIEMENTS

En dernier lieu, nous tenons à remercier les personnes suivantes, pour nous avoir soutenu, aidé
ou guidé durant la rédaction de ce mémoire, ainsi que durant les deux années de recherches qui
ont assuré sa gestation : Alexis Piraux, Anh Thy Nguyen, Baudouin Van den Abeele, Colette
Storms, Éric Bousmar, Florence Innit, Françoise Van Haeperen, Gwendal Piégais, Isabelle
Boedts, Jérôme Delhaye, Mattia Cavagna, Olivier Derweduwen, Paul Bertrand, Paul Boedts,
Peter De Vos & Thomas Tarte. Nous tenons également à rendre des remerciements tout
particuliers à Aurélie Buffin, Marjanne De Vos et Stéphane Bloch.

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