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L ÉTAT
Informations générales :
Toutes ces figures juridiques sont des produits de l histoire. L État émerge comme une
cité et la conceptualisation la précise, la conforte. Le critère juridique de l État c est la
souveraineté en tant qu entité souveraine.
Quelles que soient les figures juridiques qu on va étudier, on va adopter une démarche
foucaldienne.
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Jusqu'à page 54
L État n a pas toujours existé tel qu on le caractérise juridiquement aujourd hui. Qui
sait s il existera dans des milliers d années. Il y a d autres formes d organisations
politiques.
Le fait que le pouvoir s exerce sur un territoire paraît évident, mais cela ne va pas
ainsi. Pour les hordes barbares, cela ne voulait rien dire la territorialisation du pouvoir.
Le pouvoir politique s exerçait sur des gens et sur le peuple qu il amène avec lui.
Comme l a rappelé Georges Burdeau, dans son livre L État (1970), à l origine on est en
présence d un pouvoir individualisé ! le pouvoir s incarne dans un homme qui
concentre en sa personne non seulement tous les instruments de la puissance mais
encore la justification de l autorité.
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Burdeau va expliquer ce processus va être progressif. Cela s explique pour des raisons
d instabilité du pouvoir. Il surgit dans ce cas-là une instabilité dommageable.
Chez les anciens, ce pouvoir personnel prend la forme du tyran notamment en Grèce
antique. Ce terme n avait pas de connotation péjorative.
Jean Bodin, dans Les Six Livres de la République, rappelle ce qu est un tyran et ses
caractéristiques et dit que « le tyran est celui de sa propre autorité se fait prince
souverain sans élection ni droit successif ni vocation spéciale de Dieu ».
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Le pouvoir individualisé est un pouvoir qui s appuie principalement sur les qualités de
celui qui l exerce.
C est le chef de bande qui détient le pouvoir qui est pouvoir personnel. Les rois
mérovingiens et carolingiens ont ce pouvoir personnalisé.
A) Le pouvoir personnel
Les Mérovingiens sont nés avec Mérovée (grand-père de Clovis) et ont été évincés en
751 par les Carolingiens dont le premier roi est Pépin le Bref (père de Charlemagne).
Le roi ne se dit pas roi de France mais roi des Francs. Les Francs obéissent aux rois
car il appartient à une famille qui dans l optique païenne a une ascendance divine et
dans l optique chrétienne, investie d une mission providentielle.
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L autorité du roi repose sur des liens de fidélité personnelle. Le roi règne sur des
personnes qui lui ont prêté un serment de fidélité (fides = foi origine du terme
féodalité).
Le trait essentiel de cette autorité vient du dévouement à l égard de la personne du
chef auquel les Francs ont prêté un serment de fidélité. C est un pouvoir fragile car si
les sujets estiment que les chefs ne qu acquittent pas de ses engagements, ils
s estiment déliés de leur d obéissance et de fidélité.
Le pouvoir du roi se manifeste par des commandements oraux et il y a très peu d écrits
sous Charlemagne, ses scribes écrivent quelques textes en latins. Ces liens de
fidélité, les rois carolingiens vont s efforcer de les renforcer. Charlemagne impose à
tous les sujets libres de plus de 12 ans de lui prêter un serment de fidélité. Ce ne sont
plus les nobles mais tous les sujets libres. En cas de manquement de serment, le
parjure s estime à des sanctions très lourdes = Sanctions d ordre criminel, civil et
religieux.
Un autre aspect de ce pouvoir personnel est d ordre religieux. Le roi a une relation
particulière avec Dieu surtout à partir du moment où il embrasse la foi chrétienne.
Pour résumer, les pouvoirs du roi sont exercés en son nom propre et ne survivent pas
car liés à sa personne. Le célèbre historien Marc Bloch, dans son livre La société
féodale, explique qu il n y a pas de sentiment de permanence du pouvoir.
Lorsqu une personne se voyait attribuer un privilège par le roi, elle s empressait de
confirmer ce privilège par le nouveau souverain.
B) Un pouvoir patrimonial
Le territoire de l empire est divisé en autant de successeurs. Un de ses fils est mort
mais un quatrième est né. Il en reste trois. Louis n a finalement rien. Cela n a pas
éteint la querelle et à la mort de Louis le Pieux, le traité de Verdun de 843 qui est
connu pour être écrit en langue française, va diviser l Empire est divisé en 3.
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Et pour concrétiser le vasselage se généralise l octroi d un bien fait ou bénéfice c est-
à-dire que le seigneur prend l habitude de gratifier le vassal d une terre.
Sur la terre concédée, le vassal jouissait d une immunité qui le fait échapper à
l autorité du comte. La fonction comtale apparaît sous les Carolingiens et ce sont des
fonctionnaires de rang noble chargés d assurer l autorité du roi dans les territoires les
plus reculés. Il exerce une juridiction exclusive sur ses propres hommes dans les
limites du territoire concédé. Ce bienfait était concédé à titre personnel et pour le
temps que le vassal se tenait au service du roi.
Très rapidement les grands se sont mis à considérer que la fidélité due au monarque
est essentiellement contractuelle. Le suzerain ne remplissait pas sa mission
contractuelle comme assurer sa protection.
Ce n est pas ainsi que s est développé le lien de vassalité car ce lien est de nature
bilatéral basé sur un contrat de vasselage. Ce qui fait qu en cas de conflit, le vassal
choisit de soutenir son seigneur. Si son seigneur est en conflit avec le roi, le vassal du
seigneur soutient le seigneur dû au contrat de vassalité.
L empereur n a plus de pouvoir direct sur ses sujets mais un pouvoir sur ses vassaux
mais pas sur les vassaux de ses vassaux. Ce qui résulte une médiation complète du
pouvoir.
Il y a des théories qui se traduisent par des dispositions symboliques (deux corps du
roi) d abord au Royaume-Uni, et ensuite en France. Mais aussi au-delà de ces
constructions théoriques, des dispositifs juridiques vont permettre
l institutionnalisation du pouvoir politique.
C est une théorie qui comme la plupart des concepts du droit public qui est importé de
la pensée théologique. En effet, il s était répandu dans la pensée théologique la
distinction entre le corps mortel du Christ et son corpus mysticum qui représentait
l Église avec à sa tête le Pape.
Cette théorie va être reprise par les légistes du roi pour institutionnaliser le pouvoir
royal. Le royaume va être présenté comme un corps politique c est-à-dire le royaume
est présenté comme un corps dont le roi représente la tête et les sujets ainsi que les
quelques entités territoriales représentent les membres. Cela afin d assurer la
cohésion de la communauté politique autour du roi puisqu il n y a pas de dissociation
possible entre la tête et les membres. La tête commande les membres en biologie
donc le roi commande ses sujets.
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Longtemps il fut considéré que c était le sacre et l élection qui faisaient le roi ce qui
veut dire que les successeurs à la mort du roi, n avaient pas d autorité tant qu il n a pas
été sacré ou élu. Les rois faisaient élire, sacrer leurs successeurs de leur vivant. Il y a
un problème de pérennité du pouvoir royal au-delà de la disparition de son titulaire,
d où cette pratique qui se développe ce sacre vivant du roi.
Jusqu à la moitié du XIIe siècle, la couronne désigne l objet matériel mais autour des
années 1150, la couronne est considérée comme une entité abstraite et désigne le
royaume distinct de la personne physique du roi et à laquelle les grands vassaux
doivent aussi fidélité. Là aussi cette distinction progressive de la couronne de la
personne du roi vise à assurer une continuité du pouvoir royal car la fidélité n est plus
seulement liée à un individu mortel (le roi), mais est aussi liée à une entité abstraite
(la couronne, le royaume).
Emmanuel Le Roy Ladurie, dans son livre L Histoire de France, expliquait que quand
François Ier meurt le 31 mars 1547, la pérennité de l office suprême est figurée par
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« l effigie du défunt mannequin grandeur nature ». Le roi défile debout en pourpre. Les
parlementaires sont en robe écarlates ». Ce cérémonial a été importé d Angleterre en
1422 à la mort de Charles VI.
• C est qu à partir du XVe siècle, le roi s estime de plus en plus tenu par les actes
de ses prédécesseurs. Le royaume qui s est engagé et non le prédécesseur. Le
roi paye les dettes de son prédécesseur, maintient les officiers et les traités.
• Le royaume devient le siège de droit, de pouvoir, dont le roi n est que le
dépositaire. Ces droits et prérogatives obéissent à des règles que le roi doit
respecter, et qui vont prendre le nom de loi fondamentale du royaume et cette
dernière, contribue à l institutionnalisation du pouvoir politique c est-à-dire à la
dissociation entre la couronne et le roi, les règles de la dévolution de la
succession monarchique, d indisponibilité de la couronne, d inaliénabilité du
domaine royal.
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Il était de tradition en France pour la transmission des fiefs y compris du royaume
comme pour la succession des principaux royaumes occidentaux, il était de tradition
qu à défaut d héritier mâle, la succession revient aux femmes.
En France, longtemps le problème ne s est pas posé. A défaut d héritier mâle, avant
que le principe dynastique s impose totalement, il faisait sacrer de leur vivant leur
héritier mâle. La loi du sang ne suffit pas. Le problème ne s est pas posé car il y a un
miracle capétien. Les rois ont toujours eu des fils (douze générations + trois siècles).
La première fois qu il s est posé était en 1316 quand meurt Louis X le Hutin et celui-ci
ne laisse comme héritier une fille Jeanne qui doit le succéder. Son oncle s oppose à
l accession de trône de Jeanne et se fait sacrer en 1317 à Reims sous le nom de
Philippe V puis il convoqua les Grands pour confirmer le sacre. De là l assemblée des
Grands posa comme principe « que femme ne succède à la couronne de France ».
Il va s appliquer à la mort de Philippe V en 1322 qui ne laisse que deux filles. Qui fut
désigné le roi ? C est son frère Charles IV.
Cela va se corser car il meurt en 1328. A nouveau sans laisser d héritier mâle et du
coup, un conflit successoral surgit qui oppose le neveu de Charles IV, Édouard III
d Angleterre, qui est le fils de la sœur de Charles IV, Isabelle, et Philippe de Valois, qui
est le cousin du roi défunt par le père.
Édouard III est le plus proche du roi défunt mais la question est de savoir est-ce
qu une femme peut transmettre des droits qu elle-même ne peut pas exercer. C est
finalement au nom de ce principe qu on a posé la règle de l exclusion de la parenté par
les femmes.
L assemblée des Grands élit Philippe de Valois qui devient Philippe VI. Ce fut plus par
réflexe national que par réflexe du genre qu on a décidé ainsi. Édouard III s est incliné
et a prêté serment de fidélité car il était duc de Guyenne et quelques temps, il se
ravise et débute la guerre de Cent ans à partir de 1337.
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Lorsque cette querelle dynastique éclate, les légistes firent valoir que le royaume n est
pas un héritage et c est une dignité qui requiert une personne compétente pour
l assumer. (Analogie avec la prêtrise, seuls les hommes peuvent être prêtres donc
seuls les hommes deviennent roi. Cela soigne la dimension sacrée du roi).
Mais les Anglais firent valoir qu il n y a pas de texte juridique. Les légistes du roi
exhumèrent une loi : la loi salique dont le dernier alinéa excluait les femmes de la
succession à la terre salique.
C est ainsi en 1410 Jean de Montreuil, dans son Traité contre les Anglais, présente la
loi salique comme une Constitution et la fait remonter au premier roi mythique des
francs, Pharamond.
Les règles de la dévolution et la théorie des deux corps font apparaître la royauté
comme une sorte d office publique. La loi salique désigne un successeur légitime et la
fonction royale comme sa transmission obéissent à des règles spécifiques (exorbitant
du droit commun), règles qui sont à l abri de toute volonté individuelle même la volonté
du roi.
Nous sommes dans la dernière partie de la Guerre de Cent ans. Le roi Charles VI
affecté d une maladie mentale est écarté du pouvoir au profit de son épouse la reine
Isabeau, elle-même soutenue par le clan des Bourguignons et tout cela au profit du
parti anglais.
Le dauphin qui deviendra Charles VII soutenu par le parti Armagnac. Le dauphin
s installe à Bourges. Conflit entre les prétentions du dauphin, fils de Charles VI et de
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l autre côté le parti des Bourguignons qui soutient la reine Isabeau qui soutient les
prétentions du roi.
En 1419, une conciliation est tentée entre les deux parties. Mais lors de l entrevue qui
a eu lieu à Montereau, le 14 septembre 1419, le duc de Bourgogne Jean sans Peur est
assassiné par des hommes de main du Dauphin. Ce qui envenime le conflit.
Le traité de Troyes est conclu les 20-21 mai 1420 en vertu duquel le roi Charles VI
téléguidé par son épouse, donne sa fille Catherine en mariage au roi d Angleterre Henri
V qui est par ce traité qualifié d héritier de roi de France. Donc on voit que par ce
traité, le dauphin est exclu de la succession du trône alors qu il est l héritier légitime
en vertu des règles de la succession monarchique.
En 1422, le roi Henri V meurt laissant un fils qui n est âgé que de 10 mois et le futur
Henri VI. Deux mois plus tard, le roi Charles VI décède.
Le petit Henri VI est proclamé roi de France lors des funérailles de Charles VI par le
parti anglais, la reine Isabeau. Parallèlement le dauphin Charles s est lui-même
proclamé roi et revendique son droit qui s estime légitime.
Les juristes partisans de Charles VII vont plaider la nullité du traité de Troyes, et donc
de l exclusion du dauphin dans la succession au trône. Et notamment Jean de
Terrevermeille qui produira plusieurs écrits.
Dans ses écrits, il souligne d abord la nature coutumière des règles de dévolution de la
couronne et il souligne que ces règles coutumières sont le fruit du corpus mysticum du
royaume et du corpus christi formé du roi et ses sujets. Par conséquence, ces règles
forment un ordre juridique supérieur auquel personne peut déroger même pas le roi.
Ce qui émerge c est un statut de droit public, des règles de dévolution de la couronne
forment ainsi un vrai statut de droit public. Autrement dit les règles de succession au
trône sont des règles de droit public. Les règles successorales de droit privé
permettent un testateur par testament de déshériter un héritier et désigner quelqu un
autre. C est vrai pour les fiefs, et les seigneuries mais ce n est pas vrai pour la
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couronne qui n obéit pas aux règles de droit privé. Elles ne peuvent pas faire l objet de
stipulations conventionnelles ou testamentaires.
Jean de Terrevermeille considère que le dauphin n est pas héritier de son père. Il est le
successeur nécessaire qui à la succession est investi des droits du trônes (jura regni)
qui sont attachés non à la personne du roi mais à sa fonction (dignitas).
L héritier tel que désigné par les règles de succession monarchique a un droit acquis
de succession fondé sur les droits de sang. Mais c est aussi un devoir car le
successeur ne peut pas renoncer à la couronne. Cela a pour but d exclure les
prétentions anglaises.
Conséquence politique :
• Le roi de Bourges (Charles VII) est très faible. Mais il y eut le secours de la
bergère de Domremy, Jeanne d arc, écoutant l appel de l archange Michel, de
sainte Catherine et de sainte Marguerite, alla jusqu au roi et se présenta à lui et
lui demander de confier une armée et le faire sacrer à Reims, ce qu elle a réussi
à faire. Grace à elle, le roi gagna des batailles et se fait sacrer à Reims en 1429.
A nouveau prédomine un réflexe national face aux anglais et que la succession
au trône a un caractère national et donc à un loyalisme envers la dynastie
française contre les prétentions anglaises. Même si le roi Henri VI s est
proclamé roi de France en 1431. Le roi Charles VII est légitime.
Conséquence juridique :
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Le pouvoir royal et le principe d indisponibilité de la couronne seraient sans effectivité
si le roi pouvait disposer à son gré, le domaine royal. Autrement dit, le pouvoir royal
étant indisponible, les biens relevant de la couronne et qui sont soumis à ce pouvoir,
sont eux-mêmes indisponibles et inaliénables.
Ce principe qui fut le plus long à s imposer. Les différents rois des Francs qui
partageaient le royaume en différents territoires en fonction du nombre d enfants. Le
domaine royal pouvait être disposé à son gré par le roi.
Ce n est pas avant le règne de Philippe le Bel (1285-1314), qu on s inquiète des
aliénations royales.
Exemple : la pratique des apanages ! Louis VIII qui fut roi de France entre 1223 et
1226 était le fils de Philippe Auguste, qui a considéré étendu le royaume de France en
détriment de ses vassaux et des étrangers. Il pouvait faire des dotations ad panem au
profit de ses fils puînés. C est ce qu il fait et il donne :
- Le comté d Artois à son deuxième fils
- L Anjou et la Touraine à son troisième fils
- Le comté de Poitiers au quatrième.
Plus tard, Jean II le Bon (1350 -1364) donna le duché de Bourgogne en apanage, à
Philippe le Hardi en 1363 et récompensait ses loyaux serviteurs en donnant des droits
domaniaux. Donc il perdurait encore la vision patrimoniale, alors qu en Angleterre, le
principe inaliénabilité du domaine royal a triomphé au XIIIe siècle.
1) L émergence du principe
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Entre 1316 et 1319, son successeur, Philippe V le Long avait pris une série de
mesures qui visait à reconstituer le domaine royal, et qui consistait en l annulation de
toutes les donations faites depuis le règne de Saint Louis, mort en 1270 à Tunis.
Le roi a tenté de poser des règles visant à limiter l aliénation du domaine royal,
tentative sans succès dans un premier temps. Plus tard, en 1329, une assemblée
réunie par le roi Philippe VI, roi de 1328 à 1350, défendit l inaliénabilité du domaine
face aux clergés. Il prétendait que seul le roi pouvait exercer un pouvoir y compris un
pouvoir judiciaire pour s opposer à la justice ecclésiastique. Le domaine était associé
au pouvoir.
En 1357, les États Généraux jugent la pression fiscale illégitime car ils considèrent que
ce n est que la conséquence de la prodigalité royale. Le roi donnant trop facilement
des portions du domaine royale. Puis fut inséré dans la promesse du sacre, une clause
d inaliénabilité. En 1361, le roi Jean le Bon décide que lors du sacre le roi doit prêter un
serment d inaliénabilité ce qui permettrait aux différents rois durant la guerre de cent
ans de déclarer nul la cession territoriale consentie aux anglais sous la pression des
armes.
Ce principe d inaliénabilité du domaine royal fut confirmé dans l ordonnance de
Moulins en 1566 et de l ordonnance de Blois de 1579. Ce principe n a jamais été
absolu et a connu des tempéraments et des exceptions.
Par conséquence, ils vont vouloir considérer leurs apanages comme des entités
souveraines c est notamment le cas du duché de Bourgogne.
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Le roi Louis XI récupéra la Bourgogne et la Picardie par le traité d Arras en 1482. Les
autres possessions revenant à l empereur d Autriche Maximilien de Habsbourg, gendre
de Charles le téméraire.
Pour limiter les effets néfastes, furent imposés un certain nombre de gardes fous :
• Seuls les fils de roi de France sont les bénéficiaires. S ils décidaient sans
héritier mâle direct, le bien revenait à la couronne
• Par ailleurs l apanage est placé dans la mouvance directe de la couronne, ce qui
emportait 2 conséquences :
- L apanage ne pouvait être aliéné
- Son bénéficiaire était un vassal du roi, qui gardait ainsi une juridiction
supérieure.
3) La justification de l inaliénabilité
Les légistes du roi pour établir l inaliénabilité ont à nouveau cherché dans le droit
canon.
Le droit canon avait posé un principe d inaliénabilité des biens de l Église. C est ainsi
que depuis le XIe siècle, les évêques devaient prêtés serment de ne pas aliéner les
biens de leurs diocèses. À nouveau, les légistes du roi vont transposer ces règles du
droit canon pour l appliquer au pouvoir royal. De même que la couronne est
indisponible, les biens de la couronne sont inaliénables car ces biens sont soumis au
pouvoir royal. Autrement dit, le roi ne peut pas disposer de la couronne ni du domaine
royal, il en est le simple administrateur et doit remettre intact à son successeur.
Il y a ainsi toute une série de règles qui contribuent à dissocier le pouvoir royal de la
personne de son détenteur. La couronne émerge avec ce statut de droit public comme
une entité abstraite véritable siège de l autorité et détentrice de droits et de
prérogatives opposables à tous même au roi.
C est une question qui a dominé l agenda politique de l Occident pendant très
longtemps. La question théologico-politique de l origine du fondement et du titulaire
du pouvoir politique.
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La réponse longtemps répandue fut celle qui découlait de l Empire aux Romains
(13ème épitre) par l apôtre Paul.
Saint Paul disait « que chacun se soumette aux autorités en charge car il n y a point
d autorité qui ne vienne de Dieu (origine divine du pouvoir) et celle qui existe sont
constitués par Dieu si bien que celui qui résiste à l autorité se rebelle contre l ordre
établi par Dieu ».
Cette réponse ne résout pas tout.
Un débat a longtemps perduré jusqu à la fin du Moyen Age, à savoir entre les deux
pouvoirs, lequel est supérieur à l autre ?
Le pouvoir de l Église avec à sa tête le Pape et le pouvoir royal ou impérial avec à sa
tête le roi ou l empereur. Qui détient le pouvoir ?
A) Le sacre royal
Quand apparaît le sacre, il apparaît assez tard. Les Mérovingiens ne se faisaient pas
sacrer. Ils se faisaient élire.
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Même Clovis s est fait baptisé par l évêque de Reims, le 25 décembre 496 en raison de
la promesse faite à sa Clotilde à l aune de la victoire à la bataille de Tolbiac. Le sacre
apparaît avec l avènement de la dynastie carolingienne. Le dernier roi Mérovingien ou
fainéant Childéric III fut évincé en 751 par son maire du palais Pépin le Bref qui se fit
élire par les Grands comme roi des Francs, qui fondent ainsi en 751 la dynastie
carolingienne.
Pépin le Bref est élu mais pour conforter son pouvoir, il se fait consacrer par les
évêques francs qui au cours d une cérémonie solennelle l ont oint d une huile sainte et
l apposent de cette huile au front, ce qui fait de lui ou lui donne une dignité spéciale. Il
est élu par le peuple et par les grands laïcs.
C est une autorité constituée par Dieu car en 754, il se fait sacrer par le Pape ainsi que
ses deux fils Charles et Carloman.
On a vu que les rois Carolingiens sont sacrés mais l élection perdure. Le sacre fut
précédé par l élection des Grands du royaume même si le successeur est choisi parmi
les enfants du royaume.
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- L onction ! le roi reçoit l onction de l huile sainte qui fait de lui l élu de dieu et
est censée communiquer l esprit et la sagesse.
Enfin lui sont remis les signes du pouvoir royal : l anneau (lien entre le roi et le peuple),
l épée (lutter contre les hérétiques, garder la paix) et enfin la couronne et le sceptre
(symbole de la majesté). Le sacre fait du roi quelqu un de dépendant à l égard de
l Église, il doit rendre compte de son ministère à l égard de l Église.
Mais d un autre coté le cérémonial du sacre est très proche du rituel de consécration
d un évêque. Si on tente à situer le roi, dans l ordre du sacré, au même niveau que
l évêque. On va voir que les Carolingiens vont en user pour prétendre régenter le
pouvoir spirituel en plus du pouvoir temporel (césaropapisme).
L autre dimension du sacre, qui donne une dignité spéciale au roi, apparaît dès le XIe
siècle, la vision d un roi thaumaturge. Ce roi a le pouvoir de guérir les malades atteints
des écrouelles (maladie d origine tuberculeuse qui se traduit par un abcès froid qui se
fistulisait durablement, puis laissait des cicatrices).
B) Le césaropapisme
1) L ère du césaropapisme
Avec les Carolingiens va s imposer une théocratie royale (gouvernement des hommes
par Dieu). Ce qui va se passer pour les Carolingiens, c est que les premiers rois vont se
faire sacrer et avec l aide des légistes, à l imitation des empereurs romains, le roi tient
son pouvoir de la volonté de Dieu.
Apparaît la formule « Roi par la grâce de dieu, élu du seigneur. »
Il devient lui-même prêtre.
Il est chargé d un ministère exercé au nom de Dieu et au service de Dieu. C est le rôle
de l Église de vérifier s il acquitte correctement.
D un autre côté, ils exercent leur ministère avec autorité sur l Église = confusion des
pouvoirs temporels et spirituels.
Aidée dans un premier temps par les clercs, la doctrine de l Église a évolué. Cette
prétention césaropapiste des rois carolingiens et donc à confondre en leurs mains le
pouvoir temporel et spirituel, l Église sera confortée par 2 évêques :
Jonas d Orléans (760-843) et Agobard de Lyon (779-840).
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La fonction royale est considérée comme un ministère royal exercé au nom de Dieu et
à son service. Le roi est considéré par le sacre comme étant prêtre et clerc ce qui fait
que le roi des Francs puis l empereur des Romains va intervenir dans les affaires de
l Église comme dans les nominations des évêques en tant qu auxiliaires privilégiés du
pouvoir temporel et spirituel mais il va intervenir dans les controverses théologiques,
en convoquant lui-même les conciles.
Ainsi, le roi des Francs et empereurs tentent de confondre en ses mains le pouvoir
temporel et spirituel. Ce n est pas une innovation mais une résurrection de ce qui
existait sous les empereurs romains qui détenaient la dignité impériale et pontificale.
Depuis Auguste, l empereur romain était pontifex maximus. Le culte impérial unissait
les habitants de l Empire autour de prières pour l empereur, de cérémonies de
sacrifice. L empereur lui-même a bénéficié d un culte pour sa personne. Dans l empire
romain, fidélité politique et foi religieux étaient liés, ce qui entraînent des difficultés
pour les chrétiens. Néron poursuivant les chrétiens, les envoie dans les arènes pour se
faire bouffer par des lions.
C est l empereur qui convoque les conciles et les préside. Ces conciles sont réunis
pour lutter contre les hérésies. Parmi les hérésies, Saint Augustin dénonçait
l arianisme qui niait la divinité du Christ ou encore le pélagianisme qui soutenait que
l homme par son libre arbitre pouvait s abstenir de son péché. (L homme était
condamné par le péché originel et flétrie et ne pouvait obtenir son salut que par la
grâce de Dieu.)
Les empereurs romains se posaient en tant que gardien attitré de dogmes. Les
hérétiques subissaient des condamnations religieuses, civiles et criminelles. A partir
de 380 avec l édit de Thessalonique, le Christianisme devient la religion officielle de
l Empire mais confusion des pouvoirs au profit de l empereur. Ce qui complique la vie
de tous les sujets de l empire qui ne sont pas païens comme les païens et les juifs
notamment considérés comme des impies, des délinquants par rapport à la loi civile et
criminelle.
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Le césaropapisme va disparaître en 476 avec la chute de l empire romain d occident
avec le dépôt de Romulus Augustule qui fut destitué par le général Odoacre.
Dans un premier temps va s imposer l idée de la séparation des deux pouvoirs. Le pape
Gélase, pape de 492 et 496, la séparation des deux pouvoirs est actée pour lutter
contre le césaropapisme et que le pouvoir temporel est subordonné au pouvoir
spirituel.
La querelle des investitures tend de 1075 à 1122. Les Ottoniens empereurs du Saint-
Empire romain germanique prétend contrôler le choix des papes. En outre, les
empereurs ottoniens donnent les investitures temporels et spirituels aux évêques.
Donc ils investissent les évêques de leurs choix. Et jusqu au règne d Henri III, qui
règne de 1039 à 1056, ce système fonctionne correctement.
Dans la seconde moitié du XIe siècle, cette politique va être combattue par les
réformes grégoriennes mises en œuvre par la papauté et notamment Grégoire VII.
L idée générale de la réforme est de lutter contre le césaropapisme, de lutter contre la
mainmise du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel.
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Comment lutter ? Pour la papauté, l inconduite des clergés est due à l investiture des
laïcs. On dénonce le nicolaïsme des prêtres (le mariage, ou le concubinage), la simonie
(trafic des charges et des titres ecclésiastiques).
L ensemble des problèmes seraient dus à l investiture laïque car les empereurs et les
officiers impériaux ne nommeraient pas les personnes les plus compétentes mais qui
servira au mieux leurs intérêts.
C est pourquoi dans un premier temps, en 1059, l héritier de l empereur Henri III, Henri
IV n a que 6 ans. Le pape Nicolas II en profite et réserve l élection du pape aux seuls
cardinaux et n est plus l homme de l empereur. Il faut libérer la tutelle des abbés, des
évêques, des mains de l empereur et des rois.
C est l un des objets de la réforme grégorienne (Pape Grégoire, 1073 à 1085) et le pape
publia les dictatus papae (27 propositions) par lesquels ils condamnent les investitures
laïques et donc le système des investitures laïcs par les empereurs et rois sous peine
d excommunication.
En même temps, Grégoire VII dit que les deux pouvoirs sont séparés mais le pouvoir
temporel est subordonné au pouvoir spirituel car le pape qui est le successeur du
Christ est le seul à avoir un pouvoir universel supérieur donc au pouvoir du souverain.
Tous les détenteurs du pouvoir temporel y compris l empereur doivent obéissance à
l église et donc au pape.
Donc dixit la réforme grégorienne, les souverains sont les subordonnés du pape et
donc il appartient au pape de s assurer de l aptitude des souverains à exercer leurs
fonctions, leurs pouvoirs. C est un pouvoir présenté comme découlant d une
habilitation donnée par l Église par le biais de sacre.
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Autrement dit réforme grégorienne = affirmation de la séparation des deux pouvoirs
et subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel et donc affirmation d une
théocratie pontificale (gouvernement par Dieu à travers le pape).
Les souverains n acceptent pas et l empereur Henri IV entre autres. L empereur refuse
de se plier à la réforme grégorienne et fut excommunié et déposé par le pape et donc
fait face aux révoltes des princes souverains qui prennent la cause du pape. Pour
retrouver son autorité, l empereur chevauche à la rencontre de Grégoire VII à Canossa,
au nord de l Italie, où il attend trois jours en habit de pénitent, et implore son pardon
devant le pape qui le reçoit. Et donc le pape lève l excommunication. Mais aussitôt
rétabli dans ses fonctions, l empereur fait un synode et élit un antipape Clément III.
L empereur s empare de Rome et fut couronné en 1084 à Rome. Le pape meurt le 24
mai 1085.
La lutte se poursuit entre les partisans de l empereur et les partisans laïcs du pape.
Il dit que « le glaive spirituel et le glaive matériel appartiennent tous deux à l Église
mais le glaive matériel doit être tiré pour l Église et le glaive spirituel par l Église. L un
dans la main du prêtre, l autre dans la main du soldat. A l ordre du prêtre et au
commandement de l empereur ».
En 1245, dans une décrétale, le pape Innocent IV décrétera encore « notre seigneur
Jésus Christ a constitué au profit du saint siège une monarchie non seulement
24
pontificale mais aussi royale si bien que le pontife royal peut exercer son pouvoir sur
tout chrétien ». La même année, le pape déposera l empereur Frédéric II.
L ordre politique est sorti de la sphère religieuse, sacramentelle. Cela était fait dans
l optique de lutter contre le césaropapisme, contre la prétention de l empereur de
régenter l Église mais paradoxalement ça va conduire à une émancipation du pouvoir
temporel par rapport au pouvoir spirituel.
Alors comment malgré le sacre accrédité l idée que la légitimité du pouvoir royal ne
dépende pas de l Église ? Le sacre était présenté par l Église, et est un moyen de
contrôler l exercice du pouvoir royal.
D abord le sacre comme un moyen d asseoir le pouvoir royal juridiquement perd son
importance avec l avènement des règles de dévolution de la couronne.
Qui devient le roi ? Les règles de primogéniture mâle, les règles d indisponibilité de la
couronne qui le désignent.
Et il contribue à la théorie des deux corps du roi qui permet une permanence du
pouvoir royal au-delà du décès du roi et avant le sacre du nouveau roi = instantané de
la succession.
Le principe d instantanéité de la succession est posé par une ordonnance royale du 14
avril 1403. Elle devient dynastique et indépendante de l approbation de l Église.
25
C est le sang qui consacre le pouvoir royal. Quand Saint Louis meurt en 1270, Philippe
III présent à Tunis assume la plénitude du pouvoir immédiatement. Il devient roi de
France avec tous ses droits et privilèges. Les légistes du roi veulent émanciper le
pouvoir royal de la tutelle de l église. Les légistes du roi ne veulent aucunement
remettre en cause le sacre comme origine divine du pouvoir royal.
À la hiérarchie, Dieu, Pape puis le roi revendiqué par la théocratie papale est substitué
par une double hiérarchie entre d un côté Dieu/pape et de l autre, Dieu/roi pour le
pouvoir temporel. Cette double hiérarchie est au fondement de l absolutisme royale.
Ce que les légistes vont s imposer est que le sacre a une origine divine sans la
médiation de l Église car séparation des pouvoirs temporel et spirituel.
1er conflit :
L origine du conflit c est une question d argent et est lié à l impôt levé du clergé.
Le roi avait besoin d argent pour financer une campagne militaire en Flandres. En
1295, il veut lever cette campagne et il a besoin d argent et lève un impôt sur le clergé.
26
Traditionnellement il fallait l autorisation du pape. Or le roi se contente du
consentement d une assemblée synodale (évêques de France).
L argumentation pour justifier un tel impôt c était qu il était normal que le clergé
participe aux dépenses communes à partir du moment où il participait à la défense du
royaume dont le clergé bénéficie également.
Le pape, dans une décrétale du 24 février 1296, interdit aux clercs de payer la taxe
déclarée, rappel de l interdiction fait au pouvoir temporel de lever un impôt sur le
clergé sans l accord du pape.
Les partisans de la royauté à nouveau s appuyant sur Saint Thomas d Aquin (le grand
théologien qui succède à Saint Augustin, qui dans sa théologie s appuie sur Aristote et
l adapte aux besoins de l église), plaident l autonomie du pouvoir politique par rapport
au pouvoir religieux.
Aristote dit que l homme est un animal politique et que la société politique est
naturelle à l homme et existe indépendamment de tout ordre religieux, ni procède de
l ordre religieux. Les légistes du roi déforment cela pour affirmer l autonomie du
pouvoir religieux.
L évêque français de Pamiers est jugé pour crime d hérésie par la cour du roi, trahison
et lèse-majesté. Pourquoi ? Il avait d une part, soutenu la révolte du Midi et a affirmé
que la canonisation de Saint Louis était une erreur.
Cela viole le privilège du for qui veut que le clergé ne puisse être jugé par les clergés.
Boniface VIII s en émeut et dans une bulle papale du 5 décembre 1301 « Ausculta fili
27
écoute mon fils » réaffirme la supériorité du pouvoir spirituel et il convoque le roi
devant un concile d évêque à Rome.
Mais le roi a le soutien des Grands du Royaume y compris des grands prélats et réunit
une très large assemblée (grands seigneurs laïcs + clercs) et cette assemblée affirme
que le roi tient son royaume que de Dieu par son sacre = monarchie de droit divin sans
la médiation de l Église (Épitre de Saint Paul)
Le pape est décontenancé par ce soutien populaire. On considère que l assemblée des
Grands a pu créer les États Généraux. Le pape reprend espoir après la défaite du roi
contre les Flamands à la bataille de Courtrai de 1302. Le pape publie une nouvelle
bulle unam sanctam dans laquelle il affirme une théocratie pontificale.
Il revendique à nouveau la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Le
pouvoir spirituel peut régenter et déposer le pouvoir temporel et s appuie sur la théorie
des deux glaives.
Courroux du roi et une expédition est montée par un légiste du roi Guillaume de
Nogaret pour s emparer du pape et le déférer devant un concile et le juger (Attentat
d Agniani en 1303).
L expédition a échoué et le pape n a pas été emprisonné. Le pape meurt un mois plus
tard et son successeur français Clément V qui succède à Boniface VIII en 1305 et qui
reconnaît la légitimité de la cause royale et l excommunication du roi est levée.
L indépendance du pouvoir royal est reconnue en ce qui concerne les affaires
temporelles.
La leçon de cette querelle : cela signifie que la royauté n est plus un organe de
l Église, au service de l Église. Elle est de plus en plus la tête d une communauté
politique indépendante, l État national français.
2) L essor du gallicanisme
La querelle entre le roi et le pape Boniface VIII a jeté les bases du gallicanisme qui est
une doctrine de l indépendance politique du royaume vis à vis de la papauté mais aussi
indépendance de l Église de France (des Gaules) également par rapport à la papauté.
Cette doctrine a perduré comme doctrine jusqu au début du XXe siècle (Thèse de
Nicolas Sild, Le gallicanisme et la construction de l État, publié par l institut de
Varennes en 2016).
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Dans cette thèse, Nicolas Sild analyse les mécanismes juridiques qui permettent
d affirmer que l indépendance de l Église de France par rapport à la papauté et
soumise au roi de France est assurée et contribue à l émergence de l État français
comme communauté politique souveraine.
Les légistes du roi ont développé de nombreux discours pour justifier l exclusivité du
pouvoir civil en matière temporelle. Autrement dit, pour libérer les lois civiles
promulguées par les principes de la tutelle de l Église et aussi pour faire de l Église
nationale ou des Gaules un organe du royaume soumis au roi. Et, le Songe du verger
écrit aux alentours des années 1373 -1378, c est à la faveur du Grand Schisme que les
thèses gallicanes vont triompher.
Le grand schisme de 1378 ‒ 1415 ! époque de deux voire trois papes. Durant cette
période, le gallicanisme va triompher. Non seulement il va progressivement s imposer
l émancipation du pouvoir temporel vis-à-vis du pouvoir spirituel mais aussi va
s imposer l autonomie de l Église de France par rapport à la papauté.
Les légistes du roi ont utilisé tous les arguments possibles et se sont appuyés sur les
théories conciliaristes de Guillaume d Occam et de Marcel de Padoue.
Cette théorie disait que le pouvoir spirituel appartient au conseil des fidèles et réuni
dans des cadres nationaux. Elle contestait le pouvoir spirituel et hiérarchisé de l Église
avec à sa tête le pape.
En 1398, un concile réuni à Paris va ainsi affirmer la supériorité des canons des
conciles généraux sur la législation pontificale. En 1406, une nouvelle assemblée des
évêques de France demande au roi de France de rétablir les libertés des Églises
gallicanes contre le pape. Ce concile va défendre l idée que la législation pontificale ne
s appliquait en France qu avec l accord du roi. Ce qui ressort de cela petit à petit, ce
qui est justifié c est l immixtion du roi dans les affaires de l Église nationale.
Charles VII confirme les décisions de cette assemblée d évêques dans la Pragmatique
Sanction de Bourges qu il promulgue en juillet 1438. Ce qui est ainsi réaffirmé c est
l indépendance de l Église gallicane par rapport au pape et l union de l Église gallicane
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par rapport au roi, ou sous sa tutelle. A nouveau le royaume assoit son indépendance
politique vis-à-vis du Saint siège.
Pierre de Belloy mort en 1613 affirme cela et voit le triomphe du gallicanisme en disant
que « la République n est pas dans l Église mais au contraire l Église dans la
République. »
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avant que les hostilités recommencent en Europe avec la guerre de Trente ans
(1618-1648) qui prendra fin avec le traité de Westphalie.
Guerre de religion en France entre 1562 et 1598 (en 1598, Henri IV promulgue l Édit de
Nantes et assure la paix religieuse et reconnaît aux Huguenots le droit de vivre en
France et de pratiquer leur religion).
Les guerres confessionnelles éclatent dans toute l Europe pendant plus d un siècle. La
guerre de Trente ans est une guerre confessionnelle mais la religion est
instrumentalisée. Louis XIII n hésitera pas à s allier avec les princes protestants pour
affaiblir l empire d Autriche et il y a des jeux d alliances réversibles.
En effet, les princes vont prendre conscience que la revendication du pouvoir spirituel
de régenter, de contrôler le pouvoir temporel entraînait un risque de conflit politique,
de guerre et le souci d assurer des princes d assurer la paix dans leurs principaux va
les conduire à émanciper l État par rapport à l Église et à affirmer l autonomie du
politique vis-à-vis du religieux.
Étant donné que l unité confessionnelle n existe plus et parmi les protestants entre
luthériens et calvinistes, les monarchies ne peuvent plus poursuivre une fin religieuse.
Le roi n est plus le lieutenant de Dieu sur Terre et ne peut plus conduire les chrétiens
vers le salut. Les monarchies ne peuvent poursuivre qu une finalité temporelle à savoir
la paix civile. L ordre politique ne s inscrit pas dans un ordre supérieur qui est l ordre
religieux et ne serait qu une composante et devient un ordre en soi, autonome, un
absolu sur le plan temporel.
31
Autrement dit, l État devient gardien de la paix et non plus de la foi. Même si par
ailleurs, la couronne se réclame de droit divin mais ce qui est affirmé c est la neutralité
de l État par rapport aux confessions, religions. Ce qui va être promu c est la tolérance
religieuse.
Il a abjuré la foi protestantisme en 1593 et est sacré roi le 27 février 1594 à Chartres.
Ce qui s impose c est la vraie religion à savoir la religion catholique. Le théoricien
Böckemförder rappelle que c est le triomphe de la politique.
C est une raison politique pour pouvoir accéder au trône selon la volonté d Henri III.
Dès qu il fut sacré roi, son objectif est de mettre fin aux conflits religieux et va
s efforcer de pacifier le royaume.
Le fameux adage « cujus regio, ejus religio » ! les habitants d une principauté ont la
même religion que celui du prince. Le prince choisit la religion mais cela n exclut pas la
tolérance religieuse afin que les habitants vivent en paix dans la frontière du royaume.
Ce principe de territorialisation du royaume n empêche pas la tolérance. L autonomie
favorisée par l affirmation théorique des grands penseurs de la souveraineté de l État.
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D une part, Thomas Hobbes penseur anglais et son ouvrage Le Léviathan de 1629 :
c est à la suite des conflits religieux entre les catholiques (les Stuarts) et les princes
anglicans, il affirme la souveraineté de l État qui est incompatible avec la primauté du
pouvoir spirituel. Le but de l État selon lui est la paix. La théorie du fondement de l État
est que les hommes s assemblent en communauté politique et abandonnent leur
liberté au profit du Léviathan qui doit s assurer de la paix civile.
L État peut fixer unilatéralement ceux qui relèvent du spirituel et temporel et imposer
la tolérance religieuse.
D autre part, Jean Bodin, dans Les Six livres de la République de 1576 (soit quatre ans
après la Saint-Barthélemy), développe la théorie de la souveraineté de l État et est
inquiet des conséquences des guerres confessionnelles. Pour assurer la paix du
royaume, il développe la théorie de la souveraineté de l État et dit :
« L État ne peut se faire dicter sa politique par une autorité religieuse. »
Dire que l État est souverain, c est que cet État a le monopole de la puissance ou de la
violence physique légitime comme le disait Max Weber. Cela exclut le pluralisme des
pouvoirs politico-religieux. Il n y a qu une source d autorité, de pouvoir dans une entité
souveraine.
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Comment l État émerge en tant qu entité souveraine, est habilité à émettre des
normes, à veiller à leur application et à sanctionner leurs violations ?
L État a le monopole du droit et du contrainte pour assurer le respect du droit ainsi que
de l éviction du droit. Ce qui caractérise la société féodale selon Marc Bloch, c est le
pluralisme politico-juridique avec la parcellisation du pouvoir.
Les efforts de la royauté pour régner sans partage et asseoir son autorité. Il a fallu au
roi de se libérer des liens qui l unissait à la féodalité. Muter d un roi suzerain (seigneur
qui domine un autre seigneur) à un souverain c est-à-dire un roi dont les ordres
s imposent à tous indépendamment de toute allégeance personnelle et de tout lien
féodo-vassalique et de tout serment de vassalité.
Au Xe siècle, le pouvoir s atomise à cause des Carolingiens qui ont favorisé l effort de
la vassalité, et le développement des liens. Ils voulaient créer un pyramide féodale
vassalique qui culminerait en eux. C est le contraire qui va se produire avec le
développement de la vassalité, la fidélité étant assurée par une concession d une
propriété, d une seigneurie, ce qui va se répandre c est la conceptualisation de la
contractualisation de la fidélité. Les vassaux ne restent fidèles à ce suzerain que si
celui-ci respecte ses obligations.
Or le roi est de plus en plus faible et est de moins en moins en force d assurer leur
protection. Les comtes, les grands prélats tentent de plus en plus d exercer le pouvoir
du roi en leur nom propre et s autonomisent et obtiennent alors l hérédité des
fonctions et des titres. Ce qui émerge dans la Francie occidentale, ce sont les
principales indépendances (duché d Aquitaine) dont les titulaires essayent de rendre
compte au roi même s ils prêtent serment au roi. La suzeraineté du roi devient toute
théorique.
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Ces grands du royaume se revendiquent princes et ils prétendent détenir des
prérogatives d essence régalienne sur leur territoire. Ils prétendent d obtenir une
autorité suprême à l intérieur de leur principauté.
Les principautés vont devenir trop vastes pour pouvoir être contrôlées par le prince.
Les princes vont être contraints à l exercice de leurs pouvoirs. Les ducs à leurs
comptes qui vont progressivement revendiquer leur indépendance vis à vis du
suzerain. Puis les comtes et les vicomtes vont eux-mêmes petit à petit à partir de la fin
du Xe siècle vont s autonomiser vis-à-vis des Grands. Les comtes vont dans le cadre
de leur seigneurie lever des taxes, vont battre monnaie et rendre justice et lever
l armée. La désagrégation va se poursuivre en cascade.
Les sujets du Xe au XIIe siècle sont soumis à l autorité du seigneur dans les limites de
la seigneurie. L autorité du roi et des ducs est toue théorique.
Les conséquences de cette atomisation du pouvoir, c est que les rois faute de soutien
de ses vassaux perd le pouvoir de légiférer par des mesures de portée générale
applicable dans tout le royaume et d imposer la paix dans tout le royaume. Les
premières initiatives sont d ordre ecclésiastique.
La paix de Dieu vers 1040 procède du clergé et qui interdit de faire la guerre pendant
les fêtes religieuses ou le dimanche.
L État monarchique va être restauré à partir du régime féodal. Dans un premier temps,
les Capétiens vont rétablir la hiérarchie féodo-vassalique et utiliser les ressorts de la
vassalité pour établir leur autorité. C est l usage déréglé de la vassalité qui a conduit à
l atomisation du pouvoir royal.
Ainsi le vassal obéit à son suzerain. Les princes vont s efforcer de retrouver leur
autorité sur leurs vassaux à l intérieur de leur principauté et vont à cet effet utiliser
35
différents instruments juridiques pour faire renaître les liens vassaliques et vont
s efforcer d être le garant de la paix de Dieu dans les limites de leur principauté.
Ce qui émerge, c est la primauté du prince dans les limites de leur principauté dans un
premier temps. Mais cette idée va être profité au roi par translation. Si les princes
doivent pouvoir imposer autorité sur les vassaux alors le roi doit imposer son autorité
sur les princes.
Dans un premier temps, l idée qui va s imposer est l idée d une royauté suzeraine,
supérieure à toutes les forces seigneuriales. C est l idée que les princes ne peuvent
refuser à leur suzerain, le roi, ce qu ils exigent de leurs propres vassaux. Ils pouvaient
refuser cela si le roi ne se prévaut uniquement de son titre royal mais en sa qualité de
suzerain.
Cette idée va s imposer d autant que la vassalité qui s est imposée dans un lien
d allégeance personnel, va progressivement se reposer sur un lien réel lié à des droits
réels au sens du droit civil et va reposer sur l idée de mouvance (idée que chaque fief
est supposé provenir d un autre fief plus vaste par voie de démembrement). Les
principautés sont supposées être tenues en fief du roi (lien réel) comme les châtelains
sont supposés être tenus en fief des comtes. Il y a l idée de hiérarchie des terres avec
à sa tête le roi. L idée d un royaume au sens d un territoire unitaire placé sous l unité
d un roi.
Cette hiérarchie des liens vassaliques va être confortée de deux autres manières :
Les légistes du roi vont s efforcer de faire en sorte que la position du roi au sommet ne
puisse pas être mis en cause. Comment vont-ils procéder ?
• Ils vont d abord imposer l idée que le roi ne doit hommage à quiconque.
Autrement dit, c est l idée que si le roi acquiert un fief, il sera dispensé
d hommage à celui dont provient le fief. Dans un premier temps en contrepartie
d une compensation économique. Solution qui fut retenu en 1185 lorsque
Philippe Auguste reçoit un fief de l évêché d Amiens. Il se dispense de
l hommage en octroyant une compensation économique à l évêque. A partir de
1193, les fiefs acquis par le roi va perdre son statut de fief contre compensation
économique. Ce qui s impose ainsi c est la suzeraineté absolue du roi qui est
exprimé par l adage « le roi ne tient de personne. »
Aucun arrière vassal ne peut apporter son concours à une action menée par son
suzerain direct contre le roi à moins qu il ne soit assuré que le roi était vraiment en tort
en raison du non-respect de ses obligations vassaliques.
Dernière idée ! pour contrer les méfaits de la vassalité multiple qui s est répandue
sous les carolingiens va s imposer l idée que le roi doit toujours bénéficier de manière
prioritaire des services que lui doivent ses vassaux.
Les rois mérovingiens et carolingiens devaient leur royauté à leur élection par les
Grands du royaume et au sacre. Même si leur successeur était choisi parmi les
hérédités = prémices du principe héréditaire.
Les rois faisaient élire leur héritier de leur vivant comme leur successeur pour éviter
une surprise à leur mort. L élection longtemps reste d actualité et favorise les crises
dynastiques ce qui explique le déclin des Carolingiens avec la mort de Louis le Pieux et
le traité de Verdun de 843.
Les héritiers du roi en place vont succéder dans un premier temps. Il y aura des
éclipses notamment il va se mettre en place une concurrence pour la royauté entre les
Carolingiens et les Robertiens c est-à-dire les successeurs de Robert le Fort, comte de
Paris. Le fils de Robert le Fort, Eudes accédera au trône en 888 et sera roi pendant 10
ans au profit de Charles III, qui était le fils de Louis le Bègue. Charles III le succède en
898, il ne pouvait pas avant car trop faible.
Dès Hugues Capet, le roi fait acclamer son héritier et le fait sacrer de son vivant. Et
jusqu à Philippe Auguste, la pratique qui veut que l héritier soit élu et sacré du vivant
du roi. La règle de primogéniture s enracine et fait perdre toute portée à l élection
autre que formelle.
Si bien qu à la mort de Philippe Auguste en 1223, son fils Louis VIII fut simplement
sacré. L élection va réapparaître épisodiquement en l absence de descendance mâle. A
la mort de Charles le Bel, les Grands vont choisir le roi Philippe de Valois. De même
Henri de Navarre va créer les Bourbons en succédant à Henri III.
A partir de 1250, va s imposer petit à petit l idée d un roi souverain et non suzerain, qui
place face à lui tous les sujets sur un pied d égalité non pas en vertu d un serment de
fidélité qu ils auraient prêté mais en tant que précisément sujet d un même État, du
royaume et sont soumis à un même pouvoir qui est le pouvoir royal. Celui-ci va
concerner toutes les prérogatives de puissance publique à savoir le pouvoir militaire,
législatif = confusion des pouvoirs entre les mains du roi.
C est l idée que le pouvoir tout entier appartient au roi et s exerce directement sur tous
les sujets du roi sans plus de médiation. Cette souveraineté va être affirmée par les
légistes du roi et va s imposer dans les faits.
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1) L affirmation de la souveraineté royale
Les légistes du roi vont à nouveau utiliser d une part le droit canon et d autre part le
droit romain. En 1256, Jean de Blanot commentant les Institutes de l empereur
Justinien va affirmer que le roi a l imperium sur tous les habitants du royaume. C est
l adage « Princeps in regno suo. »
Il est titulaire d un pouvoir originel et suprême. Ce qui veut dire qu aucun sujet du
royaume ne saurait préférer un ordre de son seigneur direct à un ordre du roi. Dire que
le roi est empereur en son royaume c est à la fois pour asseoir l indépendance du roi
vis-à-vis de l Église mais encore assurer la toute-puissance du roi sur ses vassaux.
L empereur détient dans les limites de son royaume les prérogatives caractéristiques
de l imperium romain ! autorité suprême et exclusive.
Puissance suprême de commandement mais aussi toute autorité remonte au roi. Toute
manifestation étatique remonte au roi c est-à-dire la puissance normative, législative
et militaire culmine entre les mains du roi.
a) Le roi protecteur
♦ La paix royale
C est ainsi qu au moment de partir pour la Croisade, Saint Louis (Louis IX) demanda à
ses baillis d imposer pendant son absence, des trêves qui dureront cinq ans.
En 1258, Saint Louis, interdira dans tout le royaume, les guerres privées, même si cette
interdiction a eu peu de succès.
Déjà en 1155, Louis VI avait déjà tenté d imposer une trêve générale de dix ans. Tout
de même, ce sont les efforts et tentatives faits par la Royauté qui comptent.
On pourrait aussi mentionner l interdiction par Louis XIII et a fortiori Louis XIV, des
duels, et la violation pouvait donner lieu à une condamnation mort.
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♦ La garde de églises
Attribut essentiel des rois souverains, elle était un attribut des rois carolingiens, mais à
partir de la fin du IXe siècle, avec l affaiblissement du pouvoir royal, la garde des
églises était passée entre les mains des comtes et même des simples seigneurs.
Mais la royauté va chercher à regagner cet attribut, et c est ainsi que durant le XIIIe
siècle, la royauté va de plus en plus souvent intervenir pour réprimer les abus des
gardiens.
C est ainsi que va se propager l idée que la garde générale du roi, en matière d église,
surplombe la garde des seigneurs.
Cette idée qui permet alors au roi de juger le mauvais usage fait par un seigneur de sa
garde spéciale. Et, dans l affirmative, si effectivement le seigneur a abusé de sa garde
spéciale, cela va permettre au roi d enlever la garde spéciale au profit de lui-même.
Au cours des XIV et XVe siècles, la garde personnelle des barons va progressivement
disparaitre, la garde des églises devenant un attribut exclusif de la souveraineté.
b) Le roi justicier
C est ainsi qu on appelle le privilège de for, qui garantissait à tout clerc, d être
justiciable des seuls tribunaux ecclésiastiques, aussi bien en matière civile que
criminelle.
En outre les tribunaux ecclésiastiques, appelés officialités, s étaient arrogés le pouvoir
de juger, en concurrence avec les tribunaux laïcs, les causes et litiges auxquels étaient
parties les veuves, les pauvres, les orphelins.
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Aussi, ils s étaient arrogé le droit exclusif de juger les droits contre la religion, et aussi
le pouvoir de juger des matières purement civiles, tels que les testaments, les contrats
passés sous serment, les questions pécuniaires, liées au mariage.
c) Le roi législateur
Jusqu au milieu du XIIIe siècle, le principe demeure que le roi ne peut arrêter de
mesure de portée générale, qu à l intérieur du domaine royal. En réalité, son territoire
était longtemps réduit à la portion congrue. Et lorsqu il lui vient de légiférer pour
l ensemble du royaume, il lui faut le consentement préalable des barons,
consentement sans lequel sa législation ne sera pas appliquée. Ce qui veut dire en
clair, que l autonomie normative des grands seigneurs est quasiment complète.
Mais à partir de ce milieu du XIIIe siècle, le roi va progressivement se contenter du
consentement d une majorité, et non de tous les Grands, pour légiférer à l échelle du
royaume, et l idée s impose évidemment que cette législation est alors obligatoire,
même pour ceux qui ne l ont pas approuvé explicitement.
Et comme l a dit le grand Jacques Krynen, dans L empire du roi, cette idée de plenitudo
potestatis est l expression médiéval de l absolutisme. Malgré cette idée, le roi en fait
légifère peu, et s il légifère principalement dans le droit public, ou alors pour consolider
les coutumes, ou les rejeter.
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L ordonnance de Montils-lès-Tours d avril 1454 ! Charles VII met par écrit toute
une série de coutumes.
Le roi législateur tarde à s imposer dans les faits, mais à partir du XVIe siècle, la
monarchie parvient à s arroger de manière progressive, le monopole d édiction du droit
positif. Tout le droit positif étant censé être directement ou indirectement de la volonté
du monde.
Pour Olivier Beaud, l entité qui apparait à la fin du M-A (fin du XVe siècle), ne peut être
considérée comme l État au sens actuel. Certes à la fin du M-A, le royaume dispose de
prérogatives de souveraineté. Mais elles disposent de prérogatives limitées, et ne sont
pas encore pensées comme des matérialisations de la souveraineté, au sens bodinien
du terme. Elles ne sont pas encore pensées comme une puissance qui dispose
exclusive du droit positif pour gouverner l ensemble du territoire.
C est Jean Bodin qui fut le premier à formuler le principe d unité du pouvoir, c est-à-
dire l idée que l action des gouvernants doit être rapportée à un centre unique. Et c est
cette idée qui permet l éclosion du concept d État.
La seule limite à ce puissance absolue est d ordre logique, c est que le souverain ne
peut aliéner sa souveraineté, ni l autolimiter. Comme dirait Bodin, « le souverain ne
peut se lier les mains quand bien même il le voudrait. »
Sur le plan externe, cela signifie que le souverain ne dépend de personne, selon la
formule populaire, « il ne tient après Dieu que de l épée. » Il peut devenir que
dépendant s il est vaincu par les armes.
La loi est conçue par Bodin quand un commandement auquel personne ne peut
déroger, ni résister. Elle est considérée comme une norme juridique suprême, seul le
souverain peut y déroger, peut la modifier.
Pour Bodin, la loi est l acte de souveraineté. Et cette conception est imprégnée de
volontarisme juridique. Autrement dit, la loi dérive de la volonté de celui qui la prend,
donc du souverain. Et Bodin insiste à cet égard, que le roi peut abroger les lois. Ce qui
veut dire que la loi est commandement, dont toute l autorité procède de la volonté du
législateur (du souverain). La loi s impose car le souverain le veut. Elle ne se rattache
plus à un ordre antérieur et transcendant, elle trouve sa validité dans la volonté de son
auteur.
Autrement dit, ce qui apparait chez Bodin, c est que la loi prend un sens nettement
positiviste. Elle dérive de la volonté de son auteur, qui décide en toute autonomie, de
ce qu il considère être le bien de ses sujets. C est une conception purement formelle
de la loi.
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Il en résulte une conception dynamique du droit étatique évolutive : il est constitué de
normes arrêtées par le souverain, qui peuvent être changées à tout moment, pour
répondre aux besoins changeants de la société, plus exactement pour répondre à ce
que le souverain étant désormais les besoins de la société.
Pour Bodin, la loi est un acte unilatéral ! elle a vocation à régir le comportement de
personnes étrangères à son adoption, et qui y ont par conséquent par consenti.
Cela veut dire qu on exclue la nécessité du consentement des assemblée, comme les
Parlements ou les États Généraux. Ils peuvent être associés à l élaboration de la loi,
mais le roi a le dernier mot.
En présentant ainsi la loi comme un acte unilatéral, qui ne nécessite pas d organe
autre que le souverain, Bodin condamne l idée de gouvernement mixte, idée qui à la fin
du XVIe siècle, était défendue par les monarchomaques. Ils luttaient contre
l absolutisme, et défendaient la participation des assemblées représentatives.
Autrement dit, si les Anglais n ont repris que partiellement la conception bodinienne de
la souveraineté, et ont renoncé à la logique absolutiste de la souveraineté, c est-à-dire
à une logique d unicité de l exercice du pouvoir. Bodin, comme Thomas Hobbes,
défendaient cette idée.
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Le caractère unilatéral de la loi, ne signifie pas seulement qu elle a un seul auteur, et
qu elle s impose à ceux qui n y ont pas consenti. Elle a aussi pour corolaire, le devoir
d obéissance préalable.
La loi, quant à elle, impose l obéissance préalable, même si les sujets ne sont pas en
accord avec cette loi : « il n est pas licite aux sujets de contrevenir aux lois. » Bodin
Bodin s oppose aux thèses extrémistes, qui justifiaient le tyrannicide, qui justifiaient le
droit d assassiner le roi qui méconnaitrait les lois divines ou naturelles, et se feraient
ainsi tyran.
Par cette idée de loi qui impose un devoir d obéissance préalable, il s oppose aussi aux
thèses plus modérées, comme les thèses de contractualisation de la souveraineté,
défendues par les monarchomaques : le pouvoir royal serait fondé sur un pacte conclu
avec ses sujets, et par conséquent, en vertu de cet aspect contractuel, les sujets
auraient le droit de déposer le souverain.
Pour Bodin, la distinction entre le tyran et le monarque n est pas pertinente, car les
deux sont souverains et doivent le rester. Si on utilisait les termes d aujourd hui, on
dirait que Bodin s oppose ici au droit de résistance à l oppression.
DDHC 1789 ! article 2 : droit de résistance à l oppression. Pour Bodin, cela est
contradictoire à la souveraineté.
3) L indivisibilité de la souveraineté
Encore une fois, Bodin défend une vision « décisionniste » de la souveraineté, qui lie
indivisibilité de la souveraineté et unicité de son exercice. La souveraineté ne peut être
exercée que par un seul, que ce soit un homme une assemblée.
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Pour Bodin, et là évidemment, c est la différence avec l Angleterre. Si la décision
souveraine importe la décision de plusieurs institutions, il n y a pas de souverain. I faut
qu un organe ait le dernier mot. Il faut qu il puisse finir la discussion pour décider.
Aujourd hui, le constitutionnalisme libéral domine, et a mis de côté ces idées, qui
disjoint justement l indivisibilité de la souveraineté, et l unité de son exercice
(séparation des pouvoirs). Conseils de John Locke, puis aussi de Montesquieu.
Cela étant, si l État peut ainsi tout faire, en revanche il ne saurait intenter à sa
souveraineté. Il ne saurait librement disposer de ses prérogatives de puissance
publique, de ses compétences, sans remettre en cause son existence.
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Qui définit la population de l État ? C est le droit qui définit la population par le biais de
la nationalité, et c est le droit qui délimite le territoire par le biais de la délimitation des
territoires.
1) Souveraineté et population
Quelles que soient ces distinctions, toujours est-il que la population n est rien d autre
que la projection personnelle étatique.
La nationalité est liée indissolublement à la souveraineté, car c est l État qui définit
librement quels sont ces nationaux. Et ce lien-là entre nationalité et souveraineté, peut
être affecté par les aléas de la souveraineté.
2) Souveraineté et territoire
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Comment expliquer que le souverain exerce sur sa population, sa domination à la fois
sur les citoyens et étrangers ?
La conception de territoire permet de justifier cela, car c est l expression spatiale de la
souveraineté. Il y a aussi un lien. La caractéristique du pouvoir souverain, c est d avoir
une assise territoriale, le territoire c est le terme médian entre le titulaire du pouvoir et
les sujets du pouvoir.
Beaucoup d auteurs ont tenté de sortir de cette logique binaire, liée à une conception
indivisible, et où elle cherche où elle siège.
51
Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique, il montre que la souveraineté est
partagée aux États-Unis, entre les États membres et l État central. Cela étant, la
question qui a empoisonné les États-Unis, de la fin du XVIIIe jusqu à la seconde moitié
du XIXe siècle, c est la question du titulaire de la souveraineté. Est-ce que ce sont les
États fédéraux, les peuples des États, ou le peuple.
Cette querelle n a pu être tranchée que par la guerre de Sécession, qui fera des États,
une union des États indestructibles.
Voilà la difficulté de penser l État fédéral dans une logique qu elle soit une société
indivisible.
Il en est ainsi de Karl Friedrich, classiques Garnier (jaune) ! qui pour lui, énonce qu il
ne peut y avoir de souverain dans un système fédéral. Le système fédéral, quel qu il
soit, se caractérise par la coexistence de deux niveaux de pouvoir autonome. Et pour
lui, l autonomie et la souveraineté s excluent mutuellement.
52
A partir du moment où l État et le pouvoir étatique sont fondés sur une Constitution
adoptée par le peuple, la question de la souveraineté de cette État se pose
différemment. L État constitutionnel reconnait en effet aucune souveraineté en son
sein.
Le sens d une Constitution est de ne pas attribuer la souveraineté à ceux qui exercent
la puissance publique. Dans un État constitutionnel, il n existe que des pouvoirs
constitués (institués par la Constitution), qui ne sont autorisés à remplir que les
fonctions qui leur sont assignées, et à n exercer que les pouvoirs qui leur sont
conférés, dans les limites et conditions posées par la Constitution.
Ces pouvoirs constitués ne sauraient donc prétendre être souverains. Seul est
souverain le pouvoir constituant, et ce dernier exprimer sa souveraineté que dans
l adoption de la Constitution.
Ce qui veut dire qu une fois la Constitution adoptée, la souveraineté reste en suspens,
reste latente, tant que la Constitution reste en vigueur. Et cela est vrai même lorsque le
peuple se voit attribuer un pouvoir de décision, par le biais de l instauration d une
procédure référendaire.
Article 11 de la Constitution de 1958
Dans ce cas, le peuple agit en vertu d une compétence conférée et réglée par la
Constitution. Il agit comme pouvoir constitué.
Cela montre que dans un État constitutionnel, le souverain encore une fois est devenu
invisible, immobile, absent. Il n apparait plus que comme sujet d imputation, et donc de
légitimation des actes de domination étatique.
On retrouve un peu de cette idée de Carl Schmitt dans certaines Constitutions qui
revoient un État de nécessité. Les pouvoirs de l exécutif étaient augmentés dans des
cas exceptionnels (exemple de la Constitution de Weimar).
En France, on peut prendre l article 16, qui peut s inspirer de Carl Schmitt.
La souveraineté selon Schmitt, c est l envers de celle qui s exprime dans l acte
constituant. En gros, la souveraineté c est celle qui exerce le pouvoir d abolition de la
Constitution, de mise en suspens de la Constitution.
Pour Carl Schmitt, cette souveraineté ne revient pas au peuple (il adopte la
Constitution), mais à celui qui gouverne.
Elle renvoie à plusieurs principes, plusieurs éléments, qui se retrouvent dans toutes les
expressions (les traductions institutionnelles) que la démocratie peut revêtir.
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Propos préliminaires :
Autrement dit, il est convenu que la démocratie suppose la compétition pacifique pour
le pouvoir, l acceptation de la décision majoritaire, et l alternance entre la majorité et la
minorité, ce qui suppose un certain consensus politique et social entre les membres de
la communauté politique.
Ce consensus politique et social peut-il être trouvé en dehors du cadre d une nation ?
Que faut-il entendre par nation ? Conception purement civique, donc la communauté
de citoyens, quelles que soient leurs différences culturelles ? Ou faut-il entendre la
nation au sens d ethnos, c est-à-dire, une conception élective, volontariste (le vouloir
vivre ensemble), ou est-ce une conception romantique allemande de la nation ?
Cette conception est défendue par beaucoup, et en particulier par Carl Schmitt. Selon
cette conception requiert une unité pré-politique, que seule réalise la nation, entendue
comme ensemble humain, ethno-culturellement homogène.
55
Cette conception se développe au XIXe siècle, et cette conception revient à dire que la
souveraineté du peuple présuppose un peuple, et le peuple n acquiert par son identité,
en vertu de la seule Constitution qu il se donne.
C est par l acte constituant que le peuple prend conscience de son identité collective.
L identité du peuple est un fait historique, parfaitement contingent, et qui n est pas à
la disposition de ceux qui se découvrent comme appartenant à un peuple.
Pour lui, une démocratie à l échelle de l humanité est impossible, car l humanité n est
pas un peuple. L État de droit conduit à conférer des droits subjectifs à tous les
hommes, mais leur jouissance se réduit à la sphère privée.
Tandis que l exercice des droits politiques est réservé aux membres d un même
peuple, et doit être réservé.
Il nous dit que la notion démocratique d égalité est une notion politique, et comme
toute notion politique, elle se réfère à la possibilité d une distinction.
La démocratie ne peut pas reposer sur l absence de distinction entre les hommes. Elle
ne peut que reposer que sur l appartenance à un peuple, qui se distingue des autres
peuples, et qui se distingue par son homogénéité substantielle (culture, langue,
religion, voire race). Par conséquent, l égalité démocratique ne peut que s appliquer
qu à l intérieur d une nation et pas à l extérieur.
Cela veut dire que la conception de Carl récuse la force d intégration sociale d un État
de droit démocratique, sans laquelle les intéressés qui se lancent dans une procédure
d auto-législation démocratique, qui mette en place un régime démocratique, doivent
par l acte constituant, se reconnaitre réciproquement des droits égaux, y compris des
droits politiques égaux, qu importe les différences culturelles.
56
Carl Schmitt refuse cela, car pour lui l autodétermination collective est une affirmation
de soi collective d un peuple homogène, si bien que la reconnaissance de droits
politiques égaux, ne se conçoit pas en dehors de cette nation entendue au sens
ethnoculturel.
Schmitt récuse la possibilité d une adhésion volontaire à une nation. Il est conscient,
que cela force une assimilation forcée d éléments étrangers pour leur inculquer de
force les éléments culturels, ou alors même pire, cela peut conduire à des politiques
visant à préserver l homogénéité du peuple, donc de purification ethnique, de contrôle
de l immigration. On renvoie à des débats anciens et actuels.
Carl Schmitt avoue qu il y a antinomie entre sa conception et l État de droit. Il nous dit
que « ces conséquences de l homogénéité démocratique montrent à quel point la
démocratie s oppose aux idées libérales de liberté et d égalité de l individu. Si un État
démocratique reconnaissait jusque dans ces dernières conséquences, l égalité
universelle, dans le domaine de la vie publique, alors cet État démocratique se
dépouillerait de sa propre substance. »
Et autrement dit le processus démocratique doit être aménagé de telle manière que
tous les points de vue soient discutés avec tous les autres, et ainsi une décision
sortira, et sera la meilleure, acceptable par tous.
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S il est correctement aménagé, en respectant les exigences, le processus
démocratique est capable lui-même d aménager l intégration sociale, dans une société
pluraliste.
La loyauté dans ce cas-là repose sur l attachement à l ordre constitutionnel
démocratique, mais il repose aussi sur les prestations de l État social.
C est une conception volontariste, qui peut conduire à l idée que le peuple se constitue
en même temps qu il se donne une Constitution démocratique, c est-à-dire s érige en
souverain, parce qu il reconnait à chacun de ses membres, des droits égaux, et cela est
suffisant.
Habermas dit que pour qu il y ait une démocratie viable, les membres de la
communauté, se reconnaissent des droits politiques et des libertés individuelles, mais
aussi se reconnaissent des droits sociaux. Il évoque la sécurité sociale, les différentes
formes de vie culturelle.
Il ajoute que cette conception civique de la démocratie est possible même dans une
société pluraliste. Il dit « même dans une société démocratique, une culture
majoritaire, politiquement dominante, peut imposer sa forme de de vie aux minorités,
refusant par-là, l égalité effective de droits aux citoyens dont la culture est différente.
Il rappelle que les ordres juridiques interprètent le même contenu universaliste des
principes constitutionnels différemment, à la lumière d une tradition, d une culture et
d une forme de vie prédominante.
Habermas dit que le risque c est que la minorité ne se sente pas respectée, se fasse
sécession.
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On peut passer par une décentralisation, la reconnaissance de droits spécifiques à
certaines minorités, et si on fait cela, si on permet la coexistence égalitaire des
diverses formes communautaires, c est le risque de la fragmentation de la
communauté nationale.
Pour conjurer ce sort, il faut que la culture majoritaire renonce à imposer sa vision de
la culture politique générale, donc sa vision des principes constitutionnels
universalistes.
Il faut à la fois éviter cela, donc une vision trop marquée de la culture politique
générale, pour laisser place à l expression d autres formes de vie, et d un autre côté il
ne faut pas que la culture politique devienne trop abstraite, parce que sinon ce qui lie
la communauté de citoyens devient trop vague. Le contenu de l attachement devient
trop évanescent.
Il faut trouver un équilibre pour que ce soit à la fois inclusif et en même temps
suffisamment fort pour avoir une véritable solidarité.
Ces propos d Habermas ont été repris à multiples reprises pour envisager une
l hypothèse d une communauté européenne. Pour Habermas, il est possible d aboutir à
la forme d une communauté politique européenne, sur la base de valeurs partagées,
d une culture commune, et d un développement d un espace européen.
Difficile de définir la démocratie, parce que c est tout cela à la fois, et par conséquent,
dans la mesure que c est aussi un idéal, cela confère à cette notion un dynamisme qui
fait que c est une notion évolutive, qui devient toujours plus exigeante, au fur et à
mesure de ses réalisations.
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La définition qu on en donne, n est pas forcément stable, et elle n est le reflet que de la
réalité démocratique du moment.
Cela étant, la démocratie c est avant tout un principe relatif à la détention du pouvoir
politique dans l État, qui est un principe selon lequel, le pouvoir politique doit être
constitué, légitimé et contrôlé par les citoyens. On peut reprendre la fameuse formule
de Lincoln, et qui figure à l article 2 la Constitution de 1958, « c est le gouvernement
du peuple, pour le peuple et par le peuple ».
Cela veut dire, qu il y a deux principes qui doivent organiser une démocratie : les
citoyens doivent à égalité être les auteurs des décisions auxquels ils sont soumis, et
doivent être aussi à égalité les bénéficiaires de ces décisions, il faut une autonomie
politique de chacun, et il faut le bien commun de tous. Il faut une identité du peuple
gouverné, du peuple gouvernant, et du peuple bénéficiaire.
Et le peuple doit être également gouverné, gouvernant et bénéficiaire.
Concrètement, cela veut dire d abord que l origine du pouvoir réside dans le peuple. La
souveraineté appartient au peuple, et la justification de cette origine démocratique du
pouvoir réside dans l égalité de droits, dont jouissent tous les citoyens. Droits qui
garantissent que l exercice du pouvoir, préservera la liberté de chacun.
La démocratie tend à se caractériser par un lien social placé sous le signe de l égalité,
ou par une forme politique susceptible d exprimer l idéal de garantir l idéal de liberté.
On trouvait déjà cela dans la démocratie antique, et dans la manière dont elle a été
exposée par Aristote, elle se caractérisait comme un gouvernement par les lois.
Les citoyens étaient également soumis aux lois, et d un autre côté ils avaient tous un
droit égal de participer à leur adoption, et à un droit égal d accéder aux magistratures,
donc aux fonctions administratives ou politiques.
Les démocraties athéniennes étaient directes.
Ce gouvernement par les lois leur assure leurs libertés, car comme le rappelle
Aristote, car il permet de gouverner et d être gouverné à tour de rôle, donc de n être
gouverné par absolument personne.
Ensuite, la pensée libérale qui éclot déjà avec John Locke ou Montesquieu, voire
Tocqueville, chacun a le droit de participer à l adoption des lois, ce qui lui permet de
n être gouverné par personne. C est une auto-législation.
Mais chez les anciens, la liberté, n est que la liberté politique. Pour les modernes, donc
les libéraux, il y a une autre forme de liberté, la liberté individuelle. Chez les modernes,
il faut distinguer la liberté de droit politique, et la liberté comme autonomie
individuelle.
Pour les libéraux, chaque individu a droit à sa liberté individuelle. Chaque individu doit
être libre, et par conséquence les limitations à sa liberté d agir ne peuvent lui être
imposé de façon hétéronome. La liberté individuelle présuppose ou implique la liberté
politique.
Pour Hobbes, les hommes sont libres dans l état de nature, et ils abandonnent alors
leur liberté au souverain absolu pour garantir leur sécurité.
Pour les libéraux, il faut tenir compte de la liberté inhérente à l homme, mais implique
l auto-législation.
A partir des modernes, il y a une imbrication entre liberté comme autonomie
individuelle, et liberté comme autonomie politique, et on peut ajouter que la liberté
individuelle implique la liberté politique, et la liberté politique permettra de garantir
que la liberté individuelle continuera à être garantie.
DDHC de 1789, l article 2 ! garantir la liberté. Les autres articles assurent la liberté,
mais c est surtout la loi, qui est l œuvre de tous.
Aujourd hui, on est un peu revenu dessus, car des lois même démocratiques peuvent
être liberticides.
Cela étant, la liberté politique qui caractérise la démocratie, ne s épuise pas dans le
droit de suffrage, qu il s agisse de voter la loi, ou d élire des représentants. Elle
implique des libertés d opinion, la liberté de la presse, d association et de réunion. Ces
libertés sont la condition d un processus démocratique ouvert, où tous les points de
vue sont discutés.
61
Se faisant, si ces libertés sont bien garanties, la loi sera bien l expression de la volonté
générale, et dans la perspective de la pensée libérale, elle permettra de garantir la
liberté de chacun.
Donc si effectivement l égale liberté politique est assurée, nous sommes dans un
régime démocratique, dans un régime d auto-législation, autrement dit, d identité entre
gouvernants et gouvernés.
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que la souveraineté appartient au peuple, a donné deux conceptions traditionnelles : la
souveraineté nationale et la souveraineté populaire.
Selon cette théorie, la souveraineté qui tire une origine démocratique du pouvoir, elle
appartient à la nation, un corps collectif distinct des individus qui la composent. La
nation ce ne sont pas seulement les citoyens vivant sur le territoire, mais c est aussi ce
qui englobe le passé et l avenir.
Théorie développée par Sieyès, à la fois dans les textes constitutionnels, mais aussi
dans ses écrits dont Qu est-ce que le Tiers-état ?
Pour la bourgeoisie française, qui au départ, est celle qui est aux manettes de la
Révolution française, Mirabeau, Danton, Robespierre, Condorcet. Il s agit à la fois de
mettre un terme à la souveraineté royale, mais en même temps éviter que le peuple
lui-même ne gouverne. Le peuple n est pas apte, et on retrouve cette idée d ailleurs
dans les concepteurs de la Constitution fédérale américaine.
On dit que la nation appartient à un être collectif abstrait, distinct des individus qui la
composent.
On retrouve cette idée encore aujourd hui, avec l article 3 de la DDHC de 1789. Puis
dans la Constitution de 1791, qui affirme la souveraineté nationale (titre III).
Ils peuvent être élus, ou simplement désignés par la Constitution. C est ainsi que dans
la Constitution de 1791 qui maintenait la monarchie, l article 2 du titre III, les
représentants sont le corps législatif et le roi.
63
Ces représentants sont titulaires d un mandat représentatif et non impératif, ils ont
toute la volonté de la nation.
Pour Rousseau, il s agit de faire en sorte qu avec la mise en place d un ordre politique,
les individus retrouvent leur liberté, et par quels moyens ils retrouvent la liberté ? Ils
n obéissent qu aux lois, auxquels ils auront tous également participé. La souveraineté
est celle de tous les citoyens pris à égalité. La souveraineté réside dans l universalité
des citoyens.
Cela veut dire, que chaque citoyen détient une parcelle de souveraineté.
Cela a une série de conséquences ! la démocratie directe, car comme le souverain
c est la communauté des citoyens, elle peut exercer elle-même la souveraineté, établir
la loi, qui sera la traduction de la volonté générale.
Pour des raisons purement pratiques, ce n est pas toujours possible, et Rousseau en
convient à regret. Mais dans ce cas-là, le peuple élit des commissaires, qui ne sont
pas des représentants, mais des commissaires, soumis à un mandant impératif ! ils
sont révocables.
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De nos jours, si on regarde la Constitution de 1958, comme celle de 1946, elle fait un
mélange des deux. On sait que le système français est à la fois représentatif mais
consacre le suffrage universel comme un droit, et reconnait la pratique d usages
référendaires.
Le principe de la majorité signifie que les décisions d une fraction du corps politique
sont tenues pour être les décisions de l entièreté du corps politique.
Rousseau insiste aussi là-dessus ! c est une fiction, une fois que la décision est prise
par la majorité, c est censé être devenue la volonté générale.
C est un expédiant technique permettant la prise de décision mais c est bien plus que
cela comme va le montrer sa justification. Structurellement adéquat à la notion de
démocratie.
A) La justification du principe
Le principe de la décision majoritaire se justifie par les deux principes qui sont aux
fondements de la démocratie : liberté et égalité
Si la liberté politique, c est-à-dire le droit de participer au droit politique, appartient à
tous, alors l adoption d une décision requiert la majorité, mais seulement la majorité.
S il suffisait d un nombre moins que la majorité, les adversaires de la décision seraient
défavorisés. Et s il fallait plus qu une majorité, alors ce seraient les participants de la
décision qui seraient défavorisés.
Cette égalité de droit politique, cela doit être une égalité numérique. Si on veut en
effet, parce que les citoyens jouissent une égalité de droits politiques, si on veut qu ils
aient des chances égales d influence politique, alors les suffrages doivent être
comptés et pas supposés, et donc, 50 + 1 voix, doivent faire la décision.
La règle majoritaire permet l égal poids des décideurs dans la décision majoritaire.
Ce principe assure l égalité des opinions qui s expriment dans la prise de décisions.
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De ce point de vue, on exige parfois des majorités qualifiées pour certaines décisions.
Mais l exigence de telles majorités qualifiées ne signifient pas un renforcement de la
démocratie. L exigence permet seulement à protéger la minorité.
Selon ces conceptions, le pouvoir de la majorité se heurte à des limites qui sont
inhérentes à la notion même de démocratie.
Les limites sont le pluralisme, et le respect des droits fondamentaux.
1) Le respect du pluralisme
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Le respect du pluralisme est un élément constitutif de la démocratie. Le respect du
pluralisme emporte l interdiction pour la majorité de porter atteinte aux droits et
libertés qui constituent la condition du maintien de l égalité des chances d accès au
pouvoir.
Quelles sont ces droits et libertés politiques qui doivent donc préserver le maintien
d un débat démocratique, c est la liberté d association, d expression, d opinion, le droit
de suffrage et d éligibilité, la liberté de création des partis politiques, la liberté de
réunion. Tous ces droits qui rendent possibles un réal débat démocratique.
Tout cela peut paraitre évident, mais dans certains, le système lors des élections n est
pas le même.
La démocratie c est la concurrence en vue de la conquête du pouvoir, l alternance dans
sa dévolution.
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Dans cette étude, il montre que la notion de démocratie militante peut aussi être vue
comme une expression de la raison d État.
La démocratie accepte les conflits, et elle les organise et réglemente, dans le cadre de
l enceinte parlementaire, des campagnes électorales, etc. Elle croit aux vertus de la
confrontation, de la critique, et là on renvoie encore à une fois à Habermas, qui insiste
sur la formation discursive de la volonté (démocratie comme espace de délibération
aussi ouvert que possible).
C est cette conception de la démocratie qui s est imposée après la chute du mur de
Berlin, et la faillite de l idéologie marxiste-léniniste, ce qui fait qu à la suite de cela, on
a considéré que le modèle démocratique qui s est imposé, c est le modèle de
démocratie pluraliste et libéral.
L un des seuls qui n a jamais adopté ce point de vue, c est Raymond Aron.
Démocratie et totalitarisme
Raymond Aron expliquait qu il y avait une différence de nature entre les deux, et que
pour lui, les régimes marxistes-léninistes sont des régimes totalitaires. Le critère de
distinction qu il met en évidence, c est le respect du pluralisme.
Ce qui caractérise le régime totalitaire, c est l absorption de la société par l État. L État
qui est l appareil institutionnel du régime.
Il n y plus l ordre social, qui pourrait se développer librement en dehors de l emprise
étatique. Il n y a plus de sphère privée, dans laquelle la pouvoir étatique pourrait
s immiscer.
L idée de préservation d une sphère privée de la puissance étatique, est déjà celle de
la philosophie des lumières, des penseurs libéraux, qui ont inspiré les constituants
français et américains, John Locke notamment.
Cette idée on la retrouve dans les premières constitutions, aussi bien dans la
Constitution des États-Unis, ou dans la DDHC. Il y a l idée que la souveraineté
démocratique, ne s étend pas aux droits individuels. Les révolutionnaires dans la
déclaration, ils proclament les droits inaliénables de l homme face aux pouvoirs, ce
sont les idées du libéralisme politique, du constitutionnalisme, c est de poser des
limites au pouvoir politique, et de le faire dans une Constitution écrite, c est l objet
même de la Constitution, de limiter le pouvoir. Il faut le faire par la séparation des
pouvoirs, mais aussi par l affirmation des droits des individus face au pouvoir.
C est la fameuse liberté des modernes, exposée par Benjamin Constant. Préservation
d une sphère d autonomie privée, dans laquelle chaque homme peut librement tracer
son destin, ou l accomplir. La fonction d une Constitution démocratique, donc ratifiée
par le peuple souverain, c est précisément tracer la limite entre le pouvoir
démocratique, et la sphère des libertés individuelles.
Cette conception-là voit la démocratie non pas seulement comme la loi du nombre fut-
elle tempérée par le respect du pluralisme et des droits fondamentaux, elle insiste au
moins autant sur le processus discursif, délibératif, organisé en amont de la décision.
Une démocratie délibérative peut être mise en place dans le cadre d un régime
purement représentatif. Autrement dit, la délibération peut être limitée au sein des
représentants. Inversement, il peut y avoir démocratie participative, démocratie directe
(référendum) sans démocratie délibérative.
Exemple : grand débat national de Macron. Aucune confrontation des idées.
En revanche, la convention citoyenne sur le climat, elle, répond en partie, aux
exigences.
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Un régime démocratique est un régime où le pouvoir a un fondement populaire, et
c est vrai.
Le peuple qui donne son consentement à l acte d établissement et d organisation de la
société politique.
Mais ensuite, le principe démocratique se traduit aussi par l association des citoyens à
l exercice du pouvoir.
Carl Schmitt, dans sa théorie de la Constitution, une Constitution est légitime lorsque
le pouvoir et l autorité du pouvoir constituant sont reconnus comme étant légitimes. Et
pour cela, il faut que le pouvoir constituant soit démocratique, autrement dit, que le
titulaire du pouvoir constituant soit le peuple. Le peuple doit être le titulaire de la
souveraineté.
Une Constitution est légitime lorsque l autorité du pouvoir constituant est reconnue, et
pour cela il faut que la souveraineté émane du peuple. On pourrait considérer qu il y a
différents titulaires du pouvoir constituant, mais en vérité le concept même de pouvoir
constituant est par son origine et son contenu, une notion démocratique et
révolutionnaire, qui ne trouve sa place que dans le cadre démocratique de la
Constitution. Autrement dit, le concept de pouvoir constituant est émergé à la RF, et il
a été immédiatement associé à la souveraineté démocratique, si bien qu on ne conçoit
pas de constitution qui ne soit pas du peuple.
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L objectif est de mettre fin à l absolutisme royal, donc de mettre fin au pouvoir de
domination originaire et illimité du roi, fondé sur la volonté de Dieu, fondé sur la
tradition, et pour cela, est affirmé le pouvoir originaire et illimité de la nation.
Emmanuel de Waresquiel ! Sept Jours, 17-23 juin 1789, la France entre en Révolution
La Constitution, une fois que l assemblée s est proclamée constituante, cela veut dire
que la future Constitution, n aura pas été octroyée par le roi (Charte de 1814)
Une fois la Constitution adoptée par l Assemblée nationale constituante, est-ce que ce
texte constitutionnel devra être sanctionné par le roi avant d être exécuté ? Le roi a-t-il
un véto ?
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Robespierre intervient sur la question de la sanction royale pour la Constitution
élaborée, et il dit est-ce au pouvoir exécutif à critiquer le pouvoir constituant dont il
émane ?
Et ici, c est à nouveau Sieyès qui pose la distinction entre pouvoir constituant et
pouvoir législatif. La Révolution française marque le passage de la souveraineté royale
à la souveraineté nationale (démocratique), nation, être collectif abstrait, qui ne peut
être représenté que par des représentants.
La représentation représente donc un danger pour la souveraineté de la nation, pour la
souveraineté constituante de la nation ! les représentants de la nation, en tant que
pouvoir constitué, ne respectent pas les limites de leur délégation (pouvoir législatif
constitué). Sieyès est conscient du risque, et c est pourquoi il pose la distinction entre
pouvoir constituant, à savoir pouvoir illimité et pouvoir constitué, pouvoir limité.
Dans son ouvrage, « si nous voulons nous former une idée juste de la suite des lois
positives qui ne peuvent émaner que de sa volonté (la nation), nous voyons en
première ligne les lois constitutionnelles, qui se divisent en deux parties : les unes,
règlent l organisation et les fonctions du corps législatif, les autres déterminent
l organisation et les fonctions des différents corps actifs. Ces lois sont dites
fondamentales parce que les corps qui existent et agissent par elles ne peuvent point y
toucher. La Constitution est l ouvrage du pouvoir constituant, aucune sorte de pouvoir
délégué, ne peut rien changer aux conditions de sa délégation. »
73
De fait, cette distinction entre le pouvoir constituant et le pouvoir législatif constitué,
se traduit par la rigidité de la Constitution. La soumission de la révision de la
Constitution à une procédure contraignante, distincte et plus stricte que la procédure
législative ordinaire. Cela pour éviter que le pouvoir constitué s approprie en même
temps le pouvoir constituant.
Distinction consacrée en droit positif français mais aussi aux États-Unis, même si ce
n est pas immédiatement :
- Guerre d indépendance : 4 juillet 1776. Les 13 colonies britanniques deviennent
des États, et se dotent de Constitutions, mais au début, dans la plus pure
tradition britannique, de souveraineté du parlement, les États américains
tiennent leur législature pour les organes les plus appropriés pour modifier la
Constitution.
- Mais très vite, ils se rendent compte que les législatures en profitent pour porter
atteinte aux libertés individuelles, donc pour adopter des lois qui contredisent
les principes constitutionnels
- Prise de conscience des citoyens que le législateur, bien que représentant du
peuple, peut être liberticide, d où l idée de mettre la Constitution à l abri des
atteintes de la législature, d où l idée d instaurer une distinction entre loi
constitutionnelle et loi ordinaire. On fait une distinction entre pouvoir
constituant et pouvoir législatif.
C est ainsi que Thomas Jefferson, qui a vécu in vivo la Révolution française, aimait
l idée que la loi constitutionnelle doit être édictée par un pouvoir supérieur à celui de la
législature. Rigidité de la Constitution. Quel est ce pouvoir supérieur ? C est le système
des conventions et assemblées constituantes, chargées d adopter les amendements
constitutionnels, le texte ainsi élaboré devra être soumis à ratification populaire.
Aujourd hui, quel est le mode normal de révision des Constitutions.
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Est-ce que cette distinction est une limite à ou une protection de la souveraineté
constituante du peuple ?
En France, on a aussi une limite explicite, à l article 89 qui nous dit que la forme
républicaine du gouvernement ne peut faire l objet d une révision.
En l absence des limites matérielles explicites, certains auteurs ont soutenu que le
pouvoir de révision est intrinsèquement limité.
Carl Schmitt, mais encore George Burdeau, mais encore Olivier Beaud, dans sa thèse
sur la puissance de l État.
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Carl Schmitt, dans sa théorie de la Constitution, distingue entre les dispositions de la
Constitution qui définissent l identité constitutionnelle, et les dispositions qui ne sont
que des lois constitutionnelles.
Les juridictions constitutionnelles nationales, admettent certes la primauté du droit de
l UE, mais avec une limite, qu est le respect de l identité constitutionnelle nationale.
Pour justifier ces limites à la révision matérielle et formelle, il est soutenu par les
partisans de l existence de telles limites (Carl Schmitt, etc.), que la révision
constitutionnelle n exprime pas la souveraineté constitutionnelle du peuple.
Le pouvoir constituant est originaire, il est à l origine du droit, le pouvoir de révision est
un pouvoir constitué, institué par la Constitution. Par conséquent, il n a pas de nature
constituante, il est donc subordonné par la Constitution.
La thèse pose déjà des difficultés, lorsque le pouvoir de révision est confié à un organe
distinct de l organe qui détient le pouvoir constituant originaire.
L organe qui détient le pouvoir constituant originaire, c est le peuple.
Exemple : à qui est confier la révision de la loi fondamentale ? Accord des deux tiers
du Bundestag et du Bundesrat.
Même lorsqu ainsi le pouvoir de révision est confié à un autre organe, donc du peuple,
cela pose des difficultés pour les positivistes, comme pour le doyen Vedel qui pour lui
le pouvoir de révision n est pas limité.
Schengen et Maastricht, de G. Vedel ! il écrit le pouvoir constituant dérivé n est pas
un pouvoir d une autre nature que le pouvoir constituant initial. Les limites peuvent
être anéanties par des révisions des dispositions qui contiennent les limites.
La distinction entre pouvoir constituant et pouvoir de révision prend encore une autre
tournure dans l hypothèse, où le pouvoir de réviser la Constitution, appartient au
peuple.
Ratifier la révision par voie référendaire.
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- Thèse démocratique : unicité organique du pouvoir originaire et du pouvoir
constituant dérivé. Dans les deux cas, le peuple est le détenteur. Elle défend
l identité des deux pouvoirs, et par conséquent, la souveraineté du pouvoir
constituant dérivé. Souveraineté qui exclue donc toute délimitation possible,
aussi bien matérielle que formelle. Elle ajoute un argument logique, à supposer
même qu on considère que le pouvoir constituant dérivé, s il ne respecte pas les
limites matérielles posées à la révision, on pourra toujours dire qu il est
intervenu non pas en qualité de pouvoir constituant dérivé, mais en qualité de
pouvoir constituant originaire.
Cette thèse démocratique, c est la thèse qui reste dominante en France, en
doctrine, et on peut renvoyer à Sieyès, même s il n est pas si limpide sur la
question. Il est en faveur de la souveraineté du pouvoir de révision.
« De quelque manière qu une nation veuille, il suffit qu elle veuille. Toutes les
formes sont bonnes, et sa volonté est toujours la loi suprême. »
Mitterrand en 1988, déclare que l usage établi et approuvé par le peuple, peut être
considéré comme une voie de révision, concurremment avec l article 89.
Il y a donc deux procédures révision.
Thèse normativiste (ou positiviste) : elle nous dit que lorsque le peuple intervient pour
réviser la Constitution, il le fait en qualité de pouvoir constitué, car il se base sur une
disposition de la Constitution, et non au titre du pouvoir constituant originaire qu il
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détient par ailleurs. Dès lors, il doit respecter les limites de la disposition qui l habillent
à agir, et sous peine de se dépouiller de son titre de compétence.
Les limites qu il a lui-même posé à la révision, s appréhendent comme un procédé
d autolimitation, lorsqu il agit en qualité de pouvoir de révision.
Même s il y a des limites formelles, ces limites, si elles ne sont pas respectées, ne
seront pas sanctionnées.
78
C est différent en Allemagne :
Quelques exemples :
- A l issue de la première guerre mondiale, l empire ottoman a été démantelé par
le traité de serres. L empire a été démantelé, et des mandats ont été confiés par
la SDN à la France notamment sur la Syrie et le Liban, et au Royaume-Uni pour
la Palestine et l Irak. Ces deux pays pouvaient donc exercer une tutelle sur le
processus constituant dans ces États, et ainsi d influencer la rédaction des
textes constitutionnels.
- La Constitution du Japon du 6 mars 1946 ! Japon a capitulé après l envoi des
bombes atomiques par les Américains. Ensuite, il a été question d adopter une
nouvelle Constitution pour le Japon, et elle a été rédigée sous influence
américaine, et on la désigne souvent comme la Constitution McArthur !
commandant général des troupes américaines qui étaient sur le sol japonais
jusqu en 1951
- Prise en charge internationale de la fonction constituante par les accords
internationaux, au lieu et place du pouvoir constituant national. C est l exemple
de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine de 1994. La Constitution de la
Bosnie du 14 décembre, c est une simple annexe (annexe 4) d un accord de paix
international, adopté y compris par un pouvoir composé du Pdt des États-Unis
et des représentants et des communautés serbes et bosniaques.
- L exemple des PECO : après la chute du mur de Berlin, les anciens pays de l
Est, ont voulu rejoindre la maison européenne, et devenir membres du Conseil
de l Europe, ou de l UE. Il leur fallait adopter des Constitutions qui
correspondent aux valeurs défendues par ces deux organisations
internationales.
Du reste, des experts ont été détachés dans ces pays-là pour les aider à rédiger
leur futur Constitution. Limite matérielle, certes consentie.
- Enfin, c est la conception jus naturaliste ! selon laquelle il existerait des
principes métajuridiques, donc pré-droit positif qui reflèteraient les droits
inhérents à la nature humaine, et qui formeraient donc une supranationalité,
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liant le pouvoir constituant originaire. C est cette conception qui inspire la
DDHC de 1789.
A) La démocratie directe
1) Définition
2) Les applications
Aujourd hui, la démocratie directe existe dans certains cantons suisses, notamment
ceux de Glaris et Appenzell. ! Assemblée des citoyens se réunit une fois par an dans
un pré au printemps et à ce moment-là, vote le budget, approuve les lois, et procède à
des nominations. Mais tous les citoyens ne se déplacent pas, et le pouvoir est de facto
exercé par les fonctionnaires qui sont élus, qui préparent les lois.
Démocratie directe est impraticable dans nos démocraties modernes, même dans les
petits États, en raison de l impossibilité de réunir le peuple. Ce qui veut dire que si
démocratie directe il existe, c est simplement un certain nombre de techniques, de
dispositions, qui coexistent avec des institutions représentatives.
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Autrement dit, ce sont des démocraties semi-directes.
Ces techniques ont toutes pour objet d associer le peuple à l exercice du pouvoir, à la
prise de décision.
Quelles sont les techniques
a) Le rappel des élus (recall) (le prof cite Total Recall de Paul Verhoeven)
Cette technique consiste en une sorte de révocation populaire par les électeurs, du
titulaire d une fonction élective, politique ou administrative. Généralement, c est un
certain nombre de citoyens, qui doit demander par pétition la révocation de l élu.
♦ L initiative populaire :
L acte par lequel une fraction du corps électoral intervient pour proposer une loi, ou
une révision constitutionnelle. La proposition peut se limiter à l énoncé de certains
principes, que d autres organes vont ensuite développer pour en faire un texte
juridique élaboré, ou alors la proposition peut comporter un texte déjà élaboré. Elle
peut être suivie d une procédure purement parlementaire, et donc le texte est soumis à
discussion, et vote du parlement. Ou alors il va faire l objet d une votation populaire,
soit directement d un référendum, soit d abord d une adoption parlementaire suivie
d un référendum.
♦ Le veto populaire :
Là aussi c est un procédé qui permet au peuple par le biais d une pétition formulée
dans un certain délai, par un certain nombre de citoyens, de s opposer à une loi
régulièrement votée par le Parlement.
A défaut d opposition, la loi entre vigueur.
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On trouve le veto en Suisse au niveau fédéral ! article 141 de la C
Plusieurs États des USA
En Italie : référendum abrogatif prévu à l article 75
Enfin le référendum au sens strict, c est le procédé direct par lequel le peuple donne
son consentement à une loi ordinaire ou constitutionnelle.
Il existe des référendums consultatifs sans pouvoir de décision.
B) Démocratie participative
Forme de démocratie qui associe les citoyens à l élaboration des normes sans leur
donner comme dans le cas de la démocratie directe, un pouvoir de décision. Cela dit, la
démocratie participative peut donc être le préliminaire, soit d une opération de
démocratie directe, c est-à-dire que le texte élaboré par le peuple, ou alors duquel le
peuple aurait été associé serait ensuite soumis à un vote parlementaire.
83
Un sondage ! pas délibératif.
Cette forme de démocratie rentre la catégorie plus large du régime représentatif, qui
n est pas nécessairement démocratique, et qui de fait longtemps ne l a pas été avant
l avènement du suffrage universel.
a) La notion de représentation
C est une théorie qui dit qu il existe un souverain qui ne peut exercer lui-même sa
souveraineté, soit pour des raisons pratiques, soit pour des raisons plus théoriques.
En droit public, le représentant n est pas une personne, c est une assemblée.
Ce n est pas aux représentants que les actes sont imputés, ils sont imputés à l État. Le
chef de l État ce n est pas une personne (organe).
Les actes accomplis dans leur fonction sont imputés à l État, qui est la PM.
N a pas d autre volonté que celle qu expriment les représentants. On dit même qu en
réalité, le représenté, le peuple, la nation, n existe qu à partir du moment qu une
volonté est exprimée en son nom.
b) Le mandat représentatif
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Dans la théorie classique, cela veut dire que lorsqu on parle de l exercice de la
souveraineté, on ne vise pas toutes les fonctions juridiques de l État, mais en réalité
que la fonction législative, qui est la volonté du souverain (article 6 de la DDHC ;
Seules les autorités législatives sont des représentants, et encore moins les autorités
judiciaires.
A cet égard, la Constitution de 1791 énonçait que les représentants de la nation sont le
corps législatif et le roi. Pourquoi le roi ? En vertu de la Constitution, il était
codétenteur du pouvoir législatif, il pouvait opposer son veto aux lois votées par l AN,
et c est en cette qualité qu il est représentant.
Autre exemple en 1962 : lorsqu à la signature des accords d Évian, l Algérie, alors
département français, il fut mis fin par une loi, le mandat des députés élus dans les
circonscriptions. Les députés n étaient pas les élus des électeurs algériens, mais de la
nation, donc décision critiquée.
86
En 1999, 15 mars, le CC a affirmé que le Parlement représente la nation tout entière et
non la circonscription.
La 2ème caractéristique du mandat est son caractère représentatif et non impératif,
contrairement au droit privé. Les représentants expriment la volonté générale indé-
pendamment de toute instruction donnée par les électeurs car la volonté générale ne
s'identifie pas à la volonté ́ de la somme des électeurs. Elle traduit au contraire l'unité ́
de cette volonté ́ . Cela est vrai dans la théorie française classique de la représentation,
mais aussi dans d'autres contextes juridiques, où on pratique le régime représentatif,
comme dans d'autres systèmes constitutionnels. La théorie de la représentation est
liée à celle de la souveraineté nationale car dans cette dernière, la Nation est une enti-
té transcendante aux individus qui la composent. Elle ne s'identifie pas non plus à la
somme des électeurs. On y considère que la Nation est un être collectif abstrait dans
lequel réside la souveraineté ́ , de manière indivisible, pas dans les individus, pris cha-
cun indépendamment des autres. A partir de là, la volonté de la Nation n'existe qu'à
partir du moment où elle est formulée : c'est la représentation qui crée la volonté na-
tionale. Autrement dit, la représentation n'a pas pour objet de déléguer aux organes
représentatifs, le Parlement, par ex, le pouvoir d'exprimer les vœux du corps national,
elle a pour but d'autoriser ces organes représentatifs à vouloir pour la Nation. La
conséquence, au-delà̀ de ces réflexions théoriques, est que le mandat représentatif se
caractérise par l'indépendance de l'élu à l'égard de ses électeurs. Ce ne sont pas eux
qui préparent son programme, ils s'en remettent au contraire à lui pour prendre les
meilleures décisions. L'investiture donnée à l'élu est générale.
Il n'a d'autre obligation que d'agir en conscience et si ses opinions viennent à changer,
les électeurs ne peuvent le révoquer.
Mandataire du peuple, je ferai ce que je croirai le plus conforme à ces intérêts. Il m'a
envoyé pour exposer mes idées, non les siennes. L'indé absolue de mes opinions est le
premier de mes devoirs envers lui. Condorcet, philosophe et député à la Convention.
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ment d'obéir à l'élu, il perd la qualité de peuple. A l'instant qu'il a à naître(?), il n'est
plus souverain.
Les députés du peuple ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commis-
saires, et ne peuvent rien conclure définitivement. Pdv radical, mais ne lui en déplaise,
le prof trouve qu'il n'y a pas incompatibilité logique, même si à l'origine, la théorie de la
représentation était mise en place pour éviter l'instauration d'un régime démocratique.
La révolution de 1789, poussée par la bourgeoisie, avaient une préoccupation
majeure : éviter que la proclamation de l'origine démocratique du pouvoir, de la souve-
raineté du peuple, ne débouche sur l'ex du pouvoir par le peuple. Ces idées là furent
donc consacrées dans les textes de 1789. La C° de 1791 met en place un régime re-
présentatif, et les représentants étaient le corps lég, élu au suffrage censitaire, car le
suffrage n'est pas un droit, mais une fonction (théorie de l'électorat-fonction). L'autre
représentant est le roi, non élu. Sieyès, dans Qu'est- ce que le tiers-Etat, distingue la
démocratie directe, qu'il qualifie de véritable démocratie, du gouvernement représen-
tatif. Il plaide alors pour ce dernier :
La France n'est point, ne peut pas être une démocratie. La plupart de nos concitoyens
n'a ni assez d'instruction, ni assez de loisirs pour vouloir s'occuper directement des lois
qui doivent gouverner la France.
On trouve le même type de propos dans Le Fédéraliste, les écrits commentant la
Constitution américaine, sur le point d'être adoptée, par Madison, Jay et Hamilton. On
trouve aussi ce type de propos chez Montesquieu, dans De l'esprit des lois, où il dit
que l'avantage des représentants est qu'ils sont capables de discuter les affaires, le
peuple n'y est point du tout propre, c'est l'un des inconvénients de la démocratie.
Autre vision : la démocratie principe doctrinal inventé pour satisfaire le postulat de
l'origine démocratique du pouvoir, tout en écartant de son exercice l'action du peuple
concret. En faisant passer la volonté populaire par le filtre de la représentation, les ré-
volutionnaires ont organisé le pouvoir d'une oligarchie, sur une base populaire. Très
peu étaient électeurs, encore moins étaient ceux qui étaient éligibles (l'impôt était plus
important pour être éligible que pour être élécteur). En outre, la qualité de représen-
tant n'était pas liée à l'élection. Le suffrage censitaire, mis en place par la C° de 1791,
a existé dans la plupart des pays européens. Il sera maintenu par la C° de l'an III, et
par les chartes, de 1814 et 1830. La C° de l'an I (1793) proclame le suffrage universel,
car elle consacre les idées de Rousseau concernant la souveraineté populaire, mais
elle n'est jamais entrée en vigueur. Il a fallu attendre la proclamation de juillet, et la IIe
République, en 1848, pour que le SUD soit adopté pour les hommes.
Le régime représentatif est mis en place pour instaurer un régime oligarchique, en dé-
pit de la proclamation de la souveraineté du peuple. Mais ce qui fonde la proclamation
de la souveraineté du peuple est l'égalité de droits. Cette proclamation est un potentiel
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émancipateur qui devait, à terme, s'imposer. La rév1789 est quand même la suppres-
sion des corps (3 ordres), et la proclamation théorique de l'égalité des droits. Cette
proclamation devait s'imposer dans les faits, et c'est ce qui s'est passé. Ca a pris du
temps, mais c'est arrivé : le suffrage s'est progressivement universalisé. Tous les ré-
gimes représentatifs connurent un mouvement d'universalisation du suffrage, et se
transformèrent en démocratie représentative, c'est à dire en régime dans lesquels la
désignation des représentants procède de l'élection directe au SU.
A) L universalisation du suffrage
SUM proclamé en Fr en 1848. Dans un premier temps, les femmes restèrent exclues
du droit de vote, en raison de la division sexuelle des tâches. Les femmes règnent en
maître dans la sphère privée, mais c'est à l'homme qu'il revient d'assumer les fonctions
publiques. Ordonnance du gvt provisoire de la Rép Française, dirigé par De Gaulle, du
21 avril 1944. Les militaires durent attendre jusqu'à 1945. En Grande-Bretagne, au
cours du XIXe siècle, le cens est plusieurs fois abaissé, mais le SU n'est proclamé
qu'en 1918. (Vraiment universel, puisque les femmes l'obtiennent aussi). Mais en 1918,
les hommes peuvent voter à partir de 21 ans, les femmes à partir de 30 ans. Inégalité
réglée 10 ans plus tard. Aux US, longtemps a été maintenue une forme de suffrage ca-
pacitaire. Certains Etats ont en effet longtemps subordonné le droit de vote à la condi-
tion que les individus sachent lire et écrire, voire commenter la Constitution, afin d'é-
carter les populations noires et pauvres des urnes. C'est le Voting Rights Act, ou un
truc comme ça, qui universalise (en théorie) le suffrage, en 1965.
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présente pas le même nombre d'électeurs, et les électeurs n'ont pas la même in-
fluence dans la désignation d'un représentant. Électeur dans une circonscription de 50
000 personnes : 1 voix = 1/500000e. Si la circonscription d'à côté a 100 000 électeurs,
1 voix = 100 000e, donc inégalité. Le Coco, dans ses décisions des 1er et 2 juillet 1986,
dites Découpage électoral, concernant le découpage Pasqua, pour les élections légis-
latives, a rappelé, qu'en vertu du principe constitutionnel d'égalité des suffrages, les
représentants devaient être élus sur des bases essentiellement démographiques. Au-
trement dit, ne pouvaient être tolérés que des écarts raisonnables de population d'une
circonscription à l'autre. D'autres choses entrent en jeu : les limites géographiques, les
délimitations des circonscriptions administratives, le respect des structures locales,
etc. Le Coco n'a pas fixé je chiffre d'écart maximal autorisé, mais on en a déduit que
les écarts ne devaient pas dépasser 20%. Mais le découpage peut aussi aboutir à une
rupture de l'équilibre politique entre les circonscriptions. Elles vont être découpées de
telle manière à ce qu'un parti devra réunir plus de suffrages pour obtenir un élu qu'un
autre. En d'autres termes, le vote d'un électeur n'aura pas le même poids, non selon la
circonscription, mais selon l'orientation politique qu'il exprime. Cette pratique s'appelle
le gerrymandering, du nom du gouverneur du Massachussetts, qui en 1812, avait dé-
coupé les circonscriptions en forme de salamandre afin d'assurer la victoire de ses al-
liés politiques. 2 possibilités : la circonscription perdue, ou la noyade. Là aussi, le Coco
a posé des limites, en disant que le découpage ne devait procéder d'aucun arbitraire,
pour éviter le découpage à des fins partisanes.
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1) L énoncé de la critique
2) La mesure de la critique
D abord on peut la refuser dans son principe même, et c est ce que fait Bockenforde,
dans l État de droit, la souveraineté démocratique ! la représentation repose sur une
fiction juridique, mais il n existe pas de volonté immédiate du peuple, de volonté
organisée du peuple.
C est le travail des représentants d organiser juridiquement le peuple. Ils doivent donc
disposer d une liberté.
Ce qui importe, c est le caractère ouvert de l élite, pour éviter l instauration d une
oligarchie, il y a des limites au pouvoir, et c est le contrôle porté sur son action.
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Lorsqu on observe la réalité politique, on peut convenir que la distance entre l élu et
l électeur doit être relativisée. Pourquoi ? Parce qu aujourd hui on constate bien que
lorsque les électeurs choisissent un représentant, ils ne se prononcent pas
uniquement sur les capacités du candidat, mais en fonction des orientations politiques
exprimées.
Certes, le programme électoral n est pas un engagement juridique, mais politiquement,
l élu se sent tout de même contraint au moins dans une certaine mesure, de son
programme électoral.
Preuve en est, c est que lorsqu il s en écarte, il tente de le nier, soit il essaie de le
justifier.
D autre part, il arrive aussi que lorsque la majorité change en cours de mandat, les
représentants retournent devant les électeurs.
Par ailleurs, il faut avoir à l esprit que les mécanismes des démocraties
représentatives sont de plus en plus associés à des mécanismes de démocratie
directe, ou au moins de démocratie participative.
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La contre démocratie donne ainsi voix et visage à différentes figures : le peuple
vigilant, contrôle les représentants, et les contraint à respecter leurs engagements.
Il y a aussi la figure du peuple veto, c est le peuple qui contraint les gouvernants à
renoncer à certains projets.
C est donc l expression de la souveraineté non politique du social, qui fait pièce au
pouvoir politique institué.
Et Rosanvalon ne critique pas cette pratique, il dit qu elle est aussi nécessaire que la
confiance, parce qu elle permet une autre voie d expression de la souveraineté.
Cette contre démocratie n est évidemment pas sans défauts, et il parle de défaut
d appréhension globale des problèmes liés à l organisation d un monde commun.
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traitement de certaines questions, de considérations partisanes de l électorat, pour les
confier à des experts, qui sont obligés de statuer en toute objectivité.
Et dans ce cas-là, ces autorités tirent leur légitimité de leur indépendance.
Leur succès, vient justement de ce qu on considère comme apolitique, et donc comme
portant un remède à la confiance déclinant dans le politique.
A l origine, le projet d intégration européenne est fondé sur ce modèle-là. Jean Monet,
un des pères du projet d intégration européenne, voulait une Europe dirigée par des
indépendants, des experts, il se méfiait du politique. Ça s est traduit par la mise en
place de la commission européenne, qui est censée être indépendante.
Cette indépendance n est toutefois pas sans défaut. Elle est acceptable au regard du
principe démocratique, que si les pouvoirs qui sont reconnus à ces autorités, ces
agences, sont étroitement circonscrits et que si leur exercice fait l objet d un contrôle
démocratique. Car en démocratie, tout pouvoir doit aller de pair avec la responsabilité
démocratique. Il n y a pas de pouvoir sans responsabilité.
Autrement dit, on ne saurait leur confier des tâches, qui vu leur nature, ou leur
importance, ne peuvent relever d organes représentatifs, ou démocratiquement
responsables.
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Chapitre 3 ‒ L État comme État de
droit Jusqu'à page 109
L État de droit se présente aujourd hui dans tous les États démocratiques, comme une
contrainte axiologique, dont dépend la légitimité politique et qui implique un certain
modèle d organisation politique.
Un État s il veut paraitre légitimité, doit se présenter comme un État de droit. Nombre
de constitutions contemporaines font référence à l État de droit : Loi fondamentale
fédérale de 1949 en Allemagne.
Aussi nombreux instruments internationaux ! article 2 TUE ! État de droit, une des
valeurs sur laquelle les États membres et l UE, sont fondés.
État de droit est aussi présent dans le discours politique. Incontestablement, il y a un
succès du thème de l État de droit.
Comment peut-on l expliquer ? Une des explications possibles, c est la suivante, c est
la perte de confiance en l État, qui apparait aujourd hui non plus nécessairement
comme un instrument de confiance collective, mais aussi comme un agent possible
d oppression.
A cela s ajoute, l accent mis sur l individu face au pouvoir, et sur la défense de ses
droits fondamentaux, contre la dictature de majorité même démocratique. C est le
triomphe du libéralisme.
Limiter la puissance de l État par le droit. D abord elle considère que l État est régi par
le droit, cela veut dire qu un organe étatique ne peut aboutir qu en vertu d une
habilitation juridique, donnée par la Constitution. Autrement dit, l exercice de la
puissance étatique se transforme en une compétence instituée et donc limitée par le
droit, ce qui montre que l État de droit a d abord comme premier sens, l existence
d une hiérarchie des normes, dimension formelle de hiérarchie des normes.
L administration est soumise à la loi et au droit, garanti par l existence de recours, et le
Parlement, législateur, quant à lui, est astreint au respect de la Constitution, respect
garanti par l intervention d un juge constitutionnel. Dimension formelle.
État assujetti au droit, soumis au droit. Soit en vertu d une autolimitation, soit en vertu
d une hétérolimitation, donc qui place le fondement du droit en dehors du droit.
Le concept d État de droit, tel qu il ressort des conceptions allemandes, mais aussi
françaises et anglo-saxonnes.
Mais coexistait avec cette conception, une conception formelle qui exclue toute
interrogation sur le contenu du droit, et qui se borne à imposer au nom d une
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autolimitation, l assujettissement de l administration, à la loi et bien sûr l existence de
recours juridictionnels.
Par opposition l État de droit soumet l Administration à des règles extérieures à elle, et
supérieures, règles qui l habilitent à agir, et précisent les limites de son action, et
règles qui peuvent permettre aux citoyens de contester les actes administratifs.
Subordination de l Administration à l habilitation de la loi, à l adoption de laquelle, les
citoyens ont participé par l élection du Parlement, loi qui seule peut restreindre les
droits et libertés des citoyens.
C est encore le cas aujourd hui en Allemagne, avec la réserve de la loi ! seule la loi
peut restreindre les droits et libertés des individus. Administration peut restreindre
uniquement sur habilitation de la loi.
Dans la lignée des philosophes, comme Hegel et Fichte, il ne saurait y avoir de limites
externes à l action étatique, car il n y a de droit qu étatique. On retrouve ces idées chez
les normativistes (Kelsen, etc.).
Kant, quant à lui, défend que l ordre juridique doit être fondé sur la raison, et placé au
service de la liberté.
L État dans la doctrine juridique allemande, est présentée comme une personnalité
juridique distincte de la personne des gouvernants, distincte de la nation, et c est lui
qui est le titulaire originel de la souveraineté. Unique source du droit, et par
conséquent, il ne saurait y avoir de droit antérieur et encore moins supérieur à l État.
Dans cette perspective, seule l idée d autolimitation de l État par le droit est
concevable. L État va lui-même adopter des règles qui vont gouverner l exercice de ses
97
pouvoirs. Pourquoi il respecte ses règles ? Car il y trouve intérêt, dans la mesure où le
droit en vigueur sera d autant mieux respecté par les sujets. La pression sociale
pousse aussi l État à respecter les règles ! sentiment national du droit
Remise en cause du positivisme étatique. Après la seconde guerre mondiale, c est une
conception substantielle qui va s imposer, et qui est centrée sur la protection des
droits fondamentaux, et au premier rang desquels on trouve la dignité humaine.
Le concept est avant tout associé à Dicey, grand constitutionnel britannique, et qui a
donné une définition de la rule of law.
On trouve des premières traces de la rule of law, dans la magna carta. Dans la magna
carte (la grande charte de 1215), on y trouve la soumission du roi au
dfroit, l interdiction de toute arrestation arbitraire, le droit des hommes libres à obtenir
justice, tous ces éléments étant encore présents dans la conception contemporaine de
la rule of law.
Action des juges s appuyant sur la common law. Il faut ensuite mentionner la
souveraineté du parlement, après la Glorious Revolution de 1688, qui entraine pour
conséquence que le Parlement est extérieur et supérieur à la Rule of Law, il est
simplement soumis au droit naturel, qui lui impose de respecter la liberté et la
propriété.
Émergence de l idée qu en réalité, la Rule of Law est imprégnée des idées libérales,
notamment défendues par John Locke, pour Dicey en effe,t la rule of law signfie la
garantie accordée au droit des individus, sous l empire de la constitution anglaise, et
dans cette garantie, le juge joue un rôle primordial.
En conséquence, cette garantie se décline en trois éléments selon Dicey. Première
élément, est plutôt écrit. La légalité, c est-à-dire la prééminence absolue du droit, dans
sa dimension législative.
Deuxième élément, égalité de tous les citoyens devant la loi et devant le juge, et de ce
point de vue-là, une seule loi, et un seul juge.
Enfin, la liberté, est un troisième élément, c est-à-dire les droits individuels dont le
juge est le gardien, et droits individuels qui résultent moins d une déclaration
solennelle que de décision rendue par les juges, dans chaque cas d espèce.
Pas de contradiction avec la Rule of Law, la souveraineté du parlement est limitée par
la souveraineté politique de la nation.
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Aujourd hui, la souveraineté du parlement est écornée, notamment grâce au
renforcement de la protection juridictionnelle des droits de l homme, lié à des
engagements externes.
Enfin tout en bas, les actes des juges, bouche de la loi, qui ne sauraient s immiscer
dans l acte législatif, ni suspendre l exécution d une loi.
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La tradition juridique française, c est le légicentrisme, et ce qui domine c est ce qui va
pousser la doctrine juridique française à reconnaitre et constater que le concept de
l État de droit, se réduit à un concept d État légal en France.
Ce qui est intéressant, c est que les auteurs vont faire jouer à la théorie de l État de
droit, une fonction de l État légal, du légicentrisme.
Ils vont utiliser la théorie de l État de droit, comme appui théorique pour dénoncer la
souveraineté parlementaire, inhérente au système d état légal.
Les auteurs se divisent sur la valeur juridique de la DDHC. Pour Duguit et Hauriou,
valeur supérieure à la Constitution, valeur juridique. Pour Carré de Malberg, pas de
valeur juridique, et la conséquence c est qu il réclame une réforme constit pour inscrire
les droits fondamentaux dans la Constitution.
Pour les libéraux, il faut contenir les interventions de l État dans la vie sociale. Les
libéraux opposent société et État. Autrement dit, le libéralisme défend une certaine
conception des libertés, et le libéralisme en conséquence, défend une certaine
conception du rôle de l État
Pour faire simple, l idée maitresse de l État, c est qu elle trouve sa limite dans les
droits des individus. Les individus peuvent opposer leurs libertés face au pouvoir.
Constant exalte la liberté des modernes. Autonomie d une sphère privée, dans laquelle,
l action de l État ne saurait s y immiscer.
L État a pour finalité, la garantie des droits fondamentaux des individus.
Locke explique que les individus s associent pour mieux sauvegarder leurs libertés et
leur droit de propriété.
L action du prince ne reste légitime que lorsqu il garantit la liberté et la propriété.
Cette affirmation théorique trouve racine dans l école du droit naturel, conception jus
naturaliste. Autrement dit, ce sont des droits dont les individus disposent, et auxquels,
ils ne renoncent pas en établissant une société politique. Le but de l organisation
sociale, c est la sauvegarde des droits naturels et imprescriptibles. Et les lois positives,
ne sont que le moyen d assurer ces droits subjectifs, qui sont ontologiquement
premiers.
Libéralisme oppose l État à la société civile, en fixant des bornes à la prise étatique sur
la vie sociale. La règle c est la non-intervention de l État, dans la vie sociale, autrement
dit, les activités sociales sont en principe libres. L État ne doit assumer que les tâches
qu il est le seul à pouvoir assumer, et qui sont indispensables à l organisation et la
pérennité de la vie sociale ! les fonctions régaliennes, la défense, la police, la justice.
Pour le reste, notamment pour tout ce qui touche aux échanges économiques, il faut
laisser toute place à l initiative privée. Donc qu il y a dans l optique libérale, une
frontière ferme entre ce qui relève du public et ce qui relève du privé. Les administrés
doivent avoir des garanties juridiques pour s opposer à tout empiètement de l État sur
leur sphère d autonomie, parce que tout expansion du rôle de l État constitue une
menace potentielle pour les libertés individuelles.
Risque à l égard du risque d omnipotence de l État. A cela s ajoute aussi pour les
libéraux, la croyance dans la capacité d autorégulation de la société, c est la fameuse
main invisible d Adam Smith.
On voit que dans l optique des libéraux, l État de droit est indissociable de la
représentation d un État libéral, respectueux de l autonomie du social.
Cela pose un problème de conciliation avec le développement de l État providence.
Intervention plus étendue dans le social, une réduction de la sphère du social
autrement dit.
101
Concrétisation du concept en droit positif, et fait l objet d une reconnaissance
universelle, notamment par les Nations Unies, et c est aussi un élément du patrimoine
constitutionnel européen. On le trouve alors dans les statuts du Conseil de l Europe
(articles 3 et 4).
A) Le principe de légalité
6 juin 1944 CE
Au fur et à mesure, le territoire français est libéré, et mise en place de commissaire de
la république. Epuration, notamment les mouvements de résistance plaide pour épurer
l administration, il faut pour le CE, encadrer cela par le droit, d où le développment des
PGD, en l absence de garanties législatives.
PGD qui sont imposés aux règlements autoomes par l arrêt du 26 juin 1959 CE
Ainsi qu aux ordonnances de l article 38
Arrêt Sieur Canal ! évènements d Alger
102
Dame Perreu qui revient sur l arrêt Cohn Bendit
Le CE, pratique un contrôle maximum sur les mesures de police qui portent atteinte à
une liberté publique. Il faut que la mesure soit nécessaire pour assurer le respect de
l ordre public, compte tenu des circonstances.
Arrêt Sieur Benjamin 1933
En revanche, traditionnellement, les mesures de police des étrangers, ne sont
soumises qu à un contrôle minimum.
CE 2 novembre 1973 Société Librairie François
Traditionnellement, les étrangers n ont pas de droits de séjour sur notre sol. Cela étant,
on sait que le juge administratif a augmenté son contrôle sur les mesures de police
des étrangers, dès lors que ceux-ci peuvent faire valoir que la mesure de police qui les
touchent, porte atteinte à un droit fondamentaux. On peut se baser sur la CEDH.
Si une liberté est atteinte, le CE va pratiquer un contrôle de proportionnalité strict.
103
Le mouvement jurisprudentiel est dans la réduction de la catégorie des actes de
gouvernement, et il va aussi dans le sens dans la réduction des mesures d ordre
intérieur.
Il faut non seulement que l administration contrôle mais que ces décisions soient
efficaces, et son efficacité a été renforcée avec la réforme des procédures d urgence,
et avec l amélioration de l exécution des décisions de justice.
Réforme des procédures d urgence du 30 juin 2000 qui donnent au juge administratif,
des pouvoirs proches au juge civil des référés.
Dans cet optique, le suris a exécution a été transformé par le référé-suspension,
codifié L121-1 du Code de justice administrative, et aussi le référé-liberté, L121-2 du
CJA.
Référé-liberté : Permet au juge administratif, d ordonner toute mesure nécessaire, à la
sauvegarde d une mesure fondamentale.
104
Mais c est véritablement au lendemain de la guerre, que la justice constit se
développe, et le contrôle de constit des lois.
En Europe, on confie à une juridiction spécialisée, le contrôle de constitutionnalité des
lois.
En Amérique, le contrôle diffus permet de donner à tout juge, la possibilité de contrôler
la constit des lois.
Mécanisme de la QPC qui permet non seulement de contrôler a posteriori les lois
parlementaires, alors que jusque-là, le contrôle ne pouvait être déclenché qu a priori,
et aussi, le mécanisme de la QPC permet indirectement à tout justiciable de saisir le
Conseil constitutionnel. Indirectement car, le mécanisme de la QPC permet au
justiciable dans le cadre d un procès le concernant, de soulever par voie d exception, la
qpc.
Étant entendu que le Conseil constit doit se prononcer dans les trois mois, et si la loi
est déclarée inconstit, la loi sera abrogée.
Il convient tout de même de soulever que le CC a une compétence limitée, bien moins
étendue que d autres cours constitutionnelles.
105
Pourquoi ? Parce que le CC ne peut connaitre que de la constitutionnalité des lois,
votées par le Parlement, et de la constitutionnalité des traités, par le biais de l article
54.
Autrement dit, le Conseil constitutionnel ne connait pas la constitutionnalité des actes
administratifs, c est le juge administratif qui est amené à examiner cela, il ne connait
pas non plus de la constitutionnalité des actes de droit privé, car c est le juge judiciaire
qui est compétent. Pareil pour la constitutionnalité des jugements, et des pratiques
constitutionnelles développées par les pouvoirs publics.
Le CC est donc censuré, ce qui veut dire qu il n est pas le seul interprète authentique
de la Constitution, il doit cohabiter avec la C cass, le CE,
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L État de droit garantit aussi à l individu, des libertés qu il peut opposer au pouvoir,
permet de défendre sa sphère d autonomie privée. Les libertés-résistances.
En raison de l essor de l État-providence, dès le début du XXe siècle, et bien davantage
depuis la fin de la 2nd GM, l État de droit selon sa conception substantielle garantit des
libertés des droits-créances, donc des droits des individus qui permettent de réclamer
des prestations, des interventions dans la vie sociale.
Ces droits sont garantis par des textes constitutionnels, en ce qui concerne la France,
avec la DDHC de 1789, qui a toujours valeur constit, mais aussi les droits proclamés
dans la Constitution de 1946, qui a encore une valeur constit.
Donc, droits fondamentaux garantis par les textes constit, mais aussi par des textes
internationaux, dans le cadre des N-U, à cela s ajoutent les deux pactes sur les droits
civils et politiques, économiques et sociaux, mais surtout dans le cadre européen, la
CEDH, à laquelle tout État-partie au Conseil de l Europe doit adhérer.
On vise ici le principe de l État de droit, pas uniquement la protection des droits
fondamentaux.
Conseil de l Europe ! il faut se souvenir à lire les statuts du Conseil de l Europe (C.E),
ne peut devenir partie du C.E, qu un État qui s engage à respecter le principe de l État
de droit. En outre, le C.E prévoit des sanctions pour tout État qui ne respecterait pas
ce principe, et cette sanction, c est l exclusion (jamais appliquée). ARTICLES 3-4 et 5.
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Mécanisme de sanction qui prévoit la suspension de certains droits liés à la qualité de
membre, notamment la suspension du droit de vote au sein du Conseil.
Le mécanisme prévu, n a jamais été mis en œuvre, du moins s il a déjà été déclenché,
il n est jamais allé jusqu à son terme, à raison du fait que son déclenchement est
subordonné à l adhésion par les institutions à une majorité très large. En réalité, pour
que sanction il y ait, il faut notamment l unanimité des membres du Conseil européen.
Voilà pour laquelle ce mécanisme a échoué, notamment pour s opposer aux théories
illibérales, notamment de la Hongrie par exemple.
L UE est donc démunie car ces procédés de contrôle se sont révélés impuissants, par
totalement car il y a une arme qui n avait pas été pensée pour cela au départ, mais
dont l utilisation à cette fin s est avérée efficace, c est l arme judiciaire.
La cour de justice a développé d abord par voie préjudicielle, pour qu il y est des voies
de recours efficaces dans les domaines couverts par le droit de l union, et que ces
voies de recours soient devant des juges indépendants.
Raisonnement qu elle a développé, qui lui a permis de condamner plusieurs fois la
Pologne et la Hongrie, notamment pour les réformes de la justice.
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La question est simple et rejoint la problématique des démocraties ilibérales : y a-t-il
antinomie entre État de droit et démocratie, ou union nécessaire ? la démocratie, donc
la souveraineté du peuple peut-elle s accommoder de bornes à son pouvoir ?
La liaison n est pas forcément évidente.
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