Vous êtes sur la page 1sur 46

REPUBLIQUE DU BENIN

MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL


PROJET PNUD/FAO SPPD-BEN/99/004

Assistance à l’élaboration d’un schéma directeur du secteur


de développement agricole et rural

RAPPORT DU CONSULTANT NATIONAL

SUR

PECHES CONTINENTALES ET AQUACULTURE

(Rédigé après la tenue des Ateliers départementaux)

GNAKADJA Gérard

Ingénieur Agronome - Halieute

Cotonou, Mars 2000


2

PLAN pages
Résumé ……………………………………………………………………... 3
1.0 Introduction …………………………………………………………. ……. 5
1.1 Problématique ……………………………………………………… 5
1.2 Démarche …………………………………………………………… 7
2.0 Situation actuelle du sous secteur pêches ………………………….. 7
2.1 Milieu physique ……………………………………………………… 7
2.2 Ressources halieutiques …………………………………………… 8
2.3 Populations de pêcheurs …………………………………………… 9
2.4 Tendances de la production ……………………………………….. 11
2.5 Valorisation des produits de pêche ………………………………... 13
2.6 Rôle de l’état …………………………………………….…………… 14
2.7 Programmes et projets en cours …………………………………… 15
3.0 Contraintes au développement du sous secteur pêches …………… 17
3.1 Problèmes d’ordre écologique ……………………………………… 17
3.2 Problèmes d’ordre institutionnel ……………………………………. 18
3.3 Problèmes d’ordre socio-économique ………………………………19
4.0 Propositions de stratégie de développement …………………………. 30
4.1 Politique de développement du secteur rural ……………………... 30
4.2 Politique de développement du sous secteur pêches ……………. 31
4.2.1 Approvisionnement …………………………………………… 32
4.2.2 Amélioration des conditions de vie et de travail des
communautés de pêche ……………………………………… 33
4.2.3 Renforcement des capacités organisationnelles et
institutionnelles ………………………………………………… 34
4.3 Principaux axes stratégiques…………………………………………. 35
4.3.1 Réorganisation de l’Administration des pêches…………….. 35
4.3.2 Développement et aménagement des pêches artisanales… 36
4.3.3 Développement durable de l’aquaculture……………………. 37
4.3.4 Meilleure valorisation des produits de pêche…………………38
4.4 Quelques propositions de projets…………………………………….. 41
5.0 Conclusion…………………………………………………………………… 43
Références bibliographiques……………………………………………… 44
Termes de mandat…………………………………………………………… 45
3

RESUME

Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’élaboration d’un schéma directeur pour


le secteur de développement agricole et rural notamment en ce qui concerne le volet
relatif au sous secteur pêches continentales et aquaculture.
Le sous secteur pêches occupe plus de 43000 pêcheurs dont près de 4000
opèrent dans les eaux maritimes (121 km de façade maritime et un plateau
continental de 3100 km2) et plus de 39000 exploitent les eaux continentales (2000 ha
de fleuves, 1900 ha de lacs et un système lagunaire de plus de 2800 ha). Les
pêches produisent environ 42000 tonnes par an de poissons, crustacés et
mollusques et font vivre en amont et en aval plus de 300000 personnes, touchant
ainsi 25 % de la population occupée dans le secteur primaire.
Malgré son importance socio-économique, la pêche artisanale et l’aquaculture
restent confrontées à de nombreuses contraintes d’ordre écologique, institutionnel et
socio-économique qui freinent leur développement harmonieux et accélèrent leur
processus de dégradation. Ainsi, le sous secteur pêches ne reçoit pas toute
l’attention qui lui revient considérant son importance et ses contributions au PIB, à la
sécurité alimentaire d’une bonne partie des populations et à la sécurité sociale des
communautés de pêche.
Contrairement au Nord-Bénin, où les activités de pêche demeurent timides,
les pêcheries du Sud-Bénin ont atteint des niveaux de pleine exploitation, voire de
surexploitation (pour certains plans d’eau) comme l’indiquent la diminution des prises
totales, l’augmentation de l’effort de pêche, la baisse des rendements par unité
d’effort et la diminution de la taille des espèces pêchées. Cette situation
s’expliquerait par la dégradation de l’environnement fluvio-lagunaire, la pression
démographique et l'utilisation d’engins non sélectifs ou destructeurs des ressources.
Elle serait aussi favorisée par le fait qu’il existe très peu ou pas d’activités comparées
à la pêche, pouvant constituer une alternative attrayante pour les populations.
A la lumière des grandes orientations de la politique de développement rural
et des engagements pris par le Bénin au regard du code de conduite pour une pêche
responsable, la politique retenue pour le développement durable du sous secteur
pêches vise les trois grands objectifs spécifiques suivants :
4

- Assurer un approvisionnement régulier de la population en produits


halieutiques de qualité ;
- Améliorer les conditions de vie et de travail des communautés de pêche ;
- Renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles du sous
secteur.
Ainsi, pour réduire ou lever les contraintes identifiées et favoriser un
développement durable du sous secteur, quatre principaux axes stratégiques sont
retenus et correspondent chacun à un programme d’actions à réaliser. Il s’agit de :
• Réorganisation de l’Administration des pêches
• Développement et aménagement des pêches artisanales
• Développement durable de l’aquaculture
• Meilleure valorisation des produits de pêche.
Ces axes stratégiques privilégient la sécurité alimentaire, l’accès aux facteurs
de production et aux technologies appropriées, le renforcement des capacités
techniques et organisationnelles et la pratique des techniques écologiquement
durables.
5

1.0 – INTRODUCTION

1.1 - Problématique
L’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie du Bénin . Elle
joue un rôle essentiel dans le processus de développement économique et social. Le
secteur rural, qui concerne 70 % de la population active, contribue pour 39 % à la
constitution du Produit Intérieur Brut (PIB), procure 90 % des recettes d’exportation
du pays, participe à hauteur de 15 % aux recettes de l’Etat et représente le cœur de
la croissance de l’économie nationale.
Le secteur agricole avec environ 400 000 exploitations, est caractérisé par la
prédominance de petites exploitations agricoles variant en moyenne entre 0,50 ha
dans la partie méridionale et 2 ha dans la zone septentrionale.
Le sous secteur pêches occupe plus de 43 000 pêcheurs dont près de 4000
opérant dans les eaux maritimes (3000 km2) et plus de 39 000 exploitent les eaux
continentales (fleuves, rivières, lacs, lagunes, barrages, retenues…) et produit
environ 42 000 tonnes par an de poissons, crustacés et mollusques. En tant que
composante essentielle du développement rural, le sous secteur pêches joue un rôle
primordial dans l’économie nationale compte tenu, de sa contribution à la réduction
du chômage et à la satisfaction des besoins des populations en protéines, mais
également aux possibilités de réduction du déficit de la balance commerciale.
En effet, les pêches font vivre en amont et en aval plus de 300 000 personnes,
touchant ainsi 25 % de la population occupée dans le secteur primaire.
Au Bénin, la consommation totale de poissons a varié entre 52 000 à 56 000
tonnes par année de 1995 à aujourd’hui. Environ 20 % de cette quantité de poissons
est d’origine maritime, 64 % proviennent des plans d’eau continentaux et le reste est
comblé par des importations.
La consommation béninoise de produits halieutiques per capita a très peu
évolué au cours de ces dernières années et est en moyenne de 9 kg / hab/an, ce qui
est bien faible par rapport aux normes de l’Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Etant donné l’offre actuelle de produits
halieutiques, la production annuelle nationale devrait être multipliée par 2 à 6 fois
pour satisfaire respectivement le seuil de carence et le seuil d’équilibre des
populations du pays.
6

Or, le sous secteur pêches a pendant longtemps constitué le parent pauvre de


la planification nationale. Etant considéré comme activité économique marginale, il
n’a souvent pas fait l’objet de priorité de développement. La planification sectorielle
se réduit à un simple catalogue de projets sans une véritable cohérence. L’absence
de stratégie nationale clairement définie en matière d’aménagement et de
développement des pêches constitue un frein au développement du sous secteur
dans la mesure où les activités des projets de développement sont souvent
réalisées au coup par coup, réduisant de ce fait l’efficacité de l’effort global déployé.
Ce n’est qu’en 1998, que sur la base des résultats des différents travaux
effectués, un plan directeur des pêches a pu être élaboré et se veut plutôt un premier
élément dans la définition d’une politique des pêches et d’un plan d’actions pour ce
sous secteur.
Aujourd’hui, le gouvernement du Bénin ayant requis l’assistance du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de la FAO pour
l’aider à ordonner le développement agricole et rural par l’élaboration de manière
participative d’un schéma directeur du Secteur de Développement Agricole et Rural,
il est normal compte tenu de tout ce qui précède, qu’une attention particulière soit
accordée au sous secteur pêches car aucune des rares ressources dont dispose le
pays ne doit être négligée pour améliorer sa situation économique et sociale et le
niveau de vie des populations confrontées à des difficultés croissantes.
Le sous secteur pêches, en tant que composante essentielle du
développement rural est fortement intégré à l’économie nationale et les actions de
développement doivent être envisagées et menées de manière ordonnée et
cohérente en vue d’aboutir à un développement agricole et rural durable au profit de
tous les acteurs.
La prise en compte du sous secteur pêches dans l’élaboration du schéma
directeur du secteur de développement agricole et rural permet d’ouvrir des horizons,
de proposer des orientations pour une coordination des activités entre les différents
sous secteurs, une meilleure intégration de celles-ci à l’échelon national et une
efficacité de l’effort global déployé.
Ne pas accorder à ce sous secteur toute l’importance et l’attention politique,
financière et économique qui lui revient pourrait constituer un danger pour la nation à
plus ou moins long terme.
7

1.2 - Démarche
Une recherche bibliographique fouillée a permis de rassembler la plupart des
études disponibles sur la pêche au Bénin. L’analyse de cette importante
documentation a abouti à l’établissement d’un diagnostic provisoire de l’état des
lieux.
Ensuite, une tournée dans tous les départements du pays a été organisée en
vue de rencontrer les principaux acteurs et responsables des pêches et comprendre
leurs préoccupations. Cette visite de terrain a permis de confronter les résultats des
études et de la recherche bibliographique avec les réalités de terrain, d’appréhender
les particularités régionales ainsi que l’impact et la pertinence des orientations
stratégiques et des politiques gouvernementales sur le développement rural
notamment les pêches et l’aquaculture au niveau de chaque département. Un
rapport a été rédigé après la revue bibliographique et la première tournée à l’intérieur
du pays.
A la faveur des ateliers départementaux organisés à l’intention des principaux
acteurs et responsables du secteur de développement agricole et rural, les
principales conclusions du rapport rédigé après la revue bibliographique et la
première tournée à l’intérieur du pays ont été discutés et améliorés notamment les
aspects Contraintes, Solutions et Approches stratégiques.
Le présent rapport est le produit de toute cette démarche et s’articule autour
de trois points essentiels :
Le premier point fait l’analyse diagnostique du sous secteur pêches et de
l’aquaculture ;
• Le second point résume les contraintes au développement des pêches et de
l’aquaculture ;
• Le troisième point expose les propositions de stratégie de développement des
pêches et de l’aquaculture et fait ressortir quelques actions à mener.

2.0 – Situation actuelle du sous secteur pêches


2.1 - Milieu physique
Le Bénin est un pays côtier, situé dans le Golfe de Guinée avec une façade
maritime longue de 121 km et s’étendant de la frontière nigériane (Kraké) à la
frontière togolaise (Hillacondji). Il dispose d’un plateau continental au fond
8

sablonneux où se produisent de faibles, rares et pauvres upwellings. Ce plateau est


large en moyenne de 13 miles nautiques depuis la côte jusqu’à l’isobathe des 200 m
et couvre une surface de 3100 km2 où cohabitent pêche maritime artisanale et pêche
industrielle. La Zone Economique Exclusive (ZEE) est estimée à 27100 km2.
Le Bénin est doté d’un vaste réseau hydrographique comprenant 2000
hectares de fleuves, environ 1900 hectares de lacs et un système lagunaire de plus
de 2800 hectares.
Les principaux plans d’eau sont :
- Ouémé 510 km de longueur, navigable sur 200 km
- Mono : 500 km dont 100 km de frontière avec le Bénin
- Couffo : 170 km
- Niger : 4200 km dont 120 km constituent la frontière entre le Bénin et le Niger
- Pendjari : 380 km (affluent de la volta).
- Lagunes côtières : 1200 ha
- Lac Toho : 960 ha
- Lac Ahémé : 8500 ha
- Lac Nokoué : 15000 ha
- Lagune de Porto-Novo : 3000 ha
- Lac Célé : 200 ha
- Lac Azili : 200 ha
Quelques rivières de moindre importance existent aussi mais ne sont pas
navigables en raison de leur débit trop rapide et leur encombrement par des rochers.

2.2- Ressources halieutiques


La faune ichtyologique d’origine marine du Bénin d’après les inventaires les
plus récents compte au moins 43 espèces de sélaciens réparties en 21 familles et
plus de 214 espèces de téléostéens pour 80 familles, soit au total 257 espèces
environ.
Les estimations de biomasses effectuées en mer par le COPACE (Comité des
Pêches pour l’Atlantique Centre-Est) en 1988 donnent 9660 tonnes de poissons
pélagiques et 5000 à 6000 tonnes de démerseaux ; le potentiel de production
globale admissible varie entre 8000 et 10000 tonnes toutes espèces confondues.
9

Parmi les autres composantes de la faune marine, seules les crevettes font
l’objet d’une exploitation véritable et sont commercialisées sur le marché
international.
L’essentiel des activités de pêche continentale et d’aquaculture étant basé
dans le Sud-Bénin et faute de données statistiques fiables sur la pêche dans la
région septentrionale du pays, les données existantes sur les pêches continentales
et l’aquaculture concernent surtout le Sud-Bénin.
Les écosystèmes lagunaires du sud sont fréquentés périodiquement par des
espèces dulçaquicoles et marines.
Selon le Programme d’Aménagement des Zones Humides du Sud-Bénin
(PAZH, 1997), un total de 106 espèces de poissons réparties en 46 différentes
familles ont été recensées dans les principaux plans d’eau du Sud-Bénin. Parmi ces
poissons, les cichlidés constituent le groupe le plus important avec 10 espèces dont
7 sont principalement des tilapias essentiellement représentés par Sarotherodon,
melanotheron et Tilapia guineensis.
Dans le lac Nokoué et dans la lagune de Porto-Novo, 78 espèces de poissons
ont été identifiées soit 73,6 % de l’ensemble des espèces de poissons des zones
humides du Sud-Bénin. De même au lac Ahémé, l’ichtyofaune est variée et compte
71 espèces, soit 67 % de l’ensemble des espèces recensées.
Les différentes espèces identifiées présentent des statuts très variés.
Certaines sont capturées encore abondamment dans les pêcheries, d’autres le sont
moins, et d’autres encore se font rares (parfois très rares) en raison des
perturbations environnementales et ou de l’intensité de la pêche.

2.3 - Populations de pêcheurs

On rencontre sur le littoral béninois, trois principales communautés de


pêcheurs à savoir des pêcheurs nationaux et des pêcheurs étrangers, originaires
essentiellement du Ghana et du Togo. Ce sont les pêcheurs migrants ghanéens qui
ont véritablement initié les autochtones (Plah, Pédah) à la pêche maritime au début
du 20ème siècle avec un matériel plus approprié (embarcation, filet).
En 1997, sur un effectif de 3596 pêcheurs artisans opérant en mer, on compte
1858 ghanéens (52 %) 1577 béninois (44 %), 158 togolais (4 %) et 3 nigérians.
10

L’essentiel des pêcheurs opérant en mer est concentré dans les départements
de l’Atlantique et du Littoral (63 %) avec une cinquantaine de campements ; le port
de pêche de Cotonou mobilise à lui seul 27 % de l’effectif total. Avec 23 campements
et 1108 pêcheurs (31 % du total), le Mono connaît un regain d’activité, la population
de pêcheurs ayant augmenté de 27 % par rapport à 1993. L’Ouémé constitue le
département où la pêche maritime artisanale est à son niveau le plus faible malgré
l’augmentation du nombre de pêcheurs enregistrés entre 1993 et 1997 (35 %) . Cette
situation s’explique sans doute par le développement de l’érosion côtière et de la
pollution dans cette zone.
Au total, la pêche maritime béninoise reste dominée par les ghanéens,
l’intégration totale des nationaux à certaines filières porteuses n’ayant pas encore
réussi pour des raisons liées au manque de maîtrise des techniques les plus
performantes et aux difficultés d’accès au capital pour l’acquisition de certaines
unités de pêche dont la rentabilité financière est établie.
L’essentiel des 58000 pêcheurs exploitant les plans d’eau continentaux du
Bénin est concentré dans le sud où on dénombre 35000 pêcheurs en activité dont
29000 dans les eaux saumâtres et 6000 en eaux douces (Statistiques, Direction de
pêches).
Le lac Nokoué est exploité par près de 12000 pêcheurs appartenant aux
groupes ethniques Toffin (majoritaires et vivant dans les villages lacustres), Xwlah ,
Pédah, Aïzo (dans les villages périphériques). Plus de 10000 pirogues sont en
activité dans la zone. L’augmentation du nombre de pêcheurs observée au cours de
ces dernières années fait subir à ces ressources une forte pression d’où la nécessité
d’un contrôle strict des différents écosystèmes.
A la lagune de Porto-Novo, environ 5500 Toffin et Goun s’adonnent aux
activités de pêche. On note l’entrée dans la profession de nouvelles personnes. Les
parcs à branchages acadjas recouvrent la majorité de la superficie du plan d’eau.
Le lac Ahémé est le plan d’eau le plus intensément exploité ; La population
des pêcheurs en activité est de l’ordre de 8500 et est composée des groupes
ethniques Pédah, Plah et Watchi. Les parcs à branchages acadja et les barrages
(xha) occupent 80 % de la superficie du plan d’eau. Toute la population est
pratiquement occupée par ces activités, les pêcheurs les plus démunis ne trouvant
plus de place pour opérer avec les autres engins, préfèrent travailler dans les parcs
comme manœuvres pour un meilleur revenu.
11

Les 4300 pêcheurs qui opèrent dans la vallée de l’Ouémé sont en même
temps des agriculteurs. Environ 13 000 autres pêcheurs saisonniers s’ajoutent à eux
au début de la crue.
Faute de données fiables, il est difficile de préciser l’état de la pêche dans le
Centre et le Nord du Pays. On peut simplement dire sur la base des renseignements
recueillis sur le terrain que les populations des départements du Centre et du Nord
ne sont pas encore très actives en pêche et en aquaculture.
Ainsi, dans les départements du Zou et des Collines qui disposent de 4000 ha
de plans d’eau, la pêche constitue une activité secondaire pratiquée par environ
8000 pêcheurs avec une production moyenne annuelle estimée à 200 tonnes. La
pêche fluviale est exercée sur les plans d’eau tels que le Zou, l’Ouémé, l’Okpara et le
Couffo. La pêche lagunaire concerne le lac Célé, le lac Azili et le barrage de la
Société Sucrière de Savè (3S).
Dans le Borgou et l’Alibori, on compte 842 pêcheurs dont les ¾ sont des
pêcheurs étrangers venus des pays ci-après : Niger, Mali, Togo, Nigéria et Burkina
Faso. Les pêcheries se retrouvent notamment sur les plans d’eau tels que le fleuve
Niger,l’Okpara et l’Ouémé supérieur et accessoirement sur l’Alibori, la Sota, le
Mékrou et quelques barrages et retenues d’eau.
Dans l’Atacora et la Donga, arrosés par les deux principaux cours d’eau que
sont le Mékrou et la Pendjari, les activités de pêche sont mal connues et sont
dominées par des pêcheurs immigrés. Selon une étude de la FAO (Welcomme,
1971), la production totale de la Pendjari était de 135 tonnes avec un effectif de 65
pêcheurs.

2.4- Tendances de la production


Le sous secteur des pêches au Bénin est caractérisé par l’absence de
données fiables permettant d’apprécier la dynamique de l’ensemble du système,
notamment pour ce qui est des données sur les captures des différentes unités de
pêche.
Selon les statistiques de la Direction des Pêches, la pêche maritime contribue
pour 7000 tonnes par an, soit 20% de la production nationale. L’essentiel de ces
captures est le fait de la pêche artisanale. Néanmoins, cette production reste faible
puisqu’elle se situe à environ 6400 tonnes. Son évolution de 1985 à 1998 peut être
12

décomposée en trois phases. Entre 1985 et 1991, les captures ont accusé une
hausse importante avant de commencer à chuter à partir de 1992. Une légère
reprise est notée depuis 1994.
Les eaux continentales du Bénin ont une valeur de production
exceptionnellement élevée, 1 tonne par hectare par an contre 200 à 250 kg/ha/an
pour les autres lagunes ouest-africaines en raison des conditions écologiques
favorables, mais aussi des techniques traditionnelles de pêche assez ingénieuses.
La pêche continentale fournit actuellement une production de 33000 tonnes
par an dont 6000 tonnes proviennent des acadjas. L’essentiel de ces captures est
fourni par les plans d’eau saumâtres (95 % du total soit 31000 tonnes). Le lac
Nokoué représente à lui seul plus de 69 % de la production totale (22000 tonnes).
Selon les statistiques de la Direction des Pêches, la production de ce plan
d’eau a connu de 1993 à 1996 une évolution ascendante passant de 18000 tonnes à
21900 tonnes. L’accroissement de cette production serait essentiellement due à
l’augmentation du nombre d’acadjas qui est passé de 589 (311,8 ha) en 1981 à 9078
(5931 ha) en 1996 et à l’optimisation de la technique d’exploitation des acadjas.
La production au niveau des autres plans d’eau saumâtres (lagune de Porto-
Novo, lac Ahémé, lagune côtière, sazoué) diffère d’un plan d’eau à l’autre, reste
relativement faible et ne dépasse guère 5000 tonnes par an.
En ce qui concerne les eaux douces, l’accroissement de la production noté au
lac Toho à partir de 1992 pourrait être lié à l’arrivée et à l’installation dans cette zone
de pêcheurs originaires de la région du lac Ahémé. L’évolution de la production au
niveau de la vallée de l’Ouémé a connu une baisse importante allant de 4000 tonnes
à 1565 tonnes de 1987 à 1992 suivie d’un accroissement de la production à partir de
1993 qui plafonne à 2800 tonnes.
Au niveau des autres plans d’eau douce, les captures sont généralement
faibles et restent en dessous de 500 tonnes.
Au total, on observe une tendance à la baisse des captures et à une
surexploitation des principaux plans d’eau. En effet, le nombre de pêcheurs ne cesse
d’augmenter alors que se stabilise la production.
L’aquaculture au Bénin est encore au stade embryonnaire et sa production
généralement mal connue est estimée à 650 tonnes par an (PAZH, 1997). Selon
(HOUNKPE, 1995), la production piscicole encore très mal évaluée est très modeste
variant de 3 tonnes/ha/an à 8,6 tonnes/ha/an.
13

2.5 - Valorisation des produits de pêche


Les femmes, épouses ou non de pêcheurs artisans jouent un rôle primordial
dans la valorisation des captures de la pêche. Ce sont elles qui s’occupent de la
première mise en marché, du traitement, de la distribution et de la commercialisation
sur les marchés locaux.
Dans les différents campements de pêche, environ 43000 femmes (3000 dans
les campements de pêche maritime et 40000 en pêche continentale) impliquées
dans le traitement et la commercialisation des produits halieutiques ont été
recensées lors de l’enquête cadre de 1997 de la Direction des Pêches.
Les produits sont généralement commercialisés à l’état frais, à l’état fumé (la
plus grande part) ou en produits frits. La technique du salage-séchage (lanhouin) est
limitée actuellement aux poissons marins.
Le marché intérieur est essentiellement approvisionné par les débarquements
de la pêche artisanale (maritime et continentale) et dans une proportion relativement
importante par les importations de poissons congelés.
Les exportations de produits halieutiques concernent essentiellement des
crevettes de lagunes (marchés français et belge), des sardinelles (Togo) et
maquereaux (Nigéria).
Les femmes constituent l’élément essentiel de la transformation et de la
commercialisation du poisson mais la structure actuelle des marchés rend leurs
marges bénéficiaires aléatoires.
Le rôle des femmes n’est pas seulement limité à la transformation et à la
commercialisation du poisson mais ce rôle s’étend également à la production
proprement dite notamment à la pêche aux crabes, la collecte des huîtres, le
financement des engins de pêche, d’embarcation et d’installation de parcs à
branchages acadja.
Malgré les différentes initiatives prises par les femmes du sous secteur des
pêches pour améliorer leurs conditions de vie, leur niveau de revenu demeure faible
par rapport aux efforts fournis.
14

2.6 - Rôle de l’état

Malgré l’importance du secteur rural dans l’économie du Bénin, la part de


l’investissement public pour l’ensemble de ce secteur est en régression constante,
passant de 33,34 % en 1988-1990 à 17,89 % en 1995. Le budget alloué au secteur
des pêches proprement dit (Direction des Pêches) suit la même tendance à la baisse
enregistrant une diminution de 7 % en deux ans (1996-1998). Le budget de la
Direction des Pêches représente 2,16% du budget total du Ministère du
Développement Rural et est en grande partie affecté aux charges de personnel.
En 1997, le secteur rural (agriculture, foresterie et pêche) et le développement
régional ont bénéficié de la part des bailleurs de fonds d’une somme de 33,9 millions
de dollars US, soit 14,5 % du total de l’aide au développement en cette année.
La totalité de l’aide au développement accordée au sous secteur des pêches
est en constante régression depuis 1994, passant de près de 5 milliards de dollars
US en 1994 à 410000 dollars US en 1997.
Sur le plan institutionnel, la Direction des Pêches se trouve sous la tutelle du
Ministère du Développement Rural (MDR), également ministère de tutelle des
CARDER (Centre d’Action Régional pour le Développement Rural) et de l’INRAB
(Institut National de Recherche Agricole du Bénin). L’exercice des fonctions de la
Direction des Pêches est marqué par des difficultés liées entre autres à l’absence de
relations fonctionnelles entre elle et les CARDER.
Il faut remarquer que le sous secteur des pêches n’est pas reconnu à sa juste
valeur dans les différents plans quinquennaux de développement économique et
social du Bénin. Le Programme de Restructuration du Secteur Agricole (PRSA) a
aidé au fonctionnement de la Direction des Pêches bien que n’ayant pas d’objectifs
spécifiques relatifs au sous secteur des pêches. Seulement, il a entraîné une
réduction de l’effectif des Agents de pêche chargés de l’encadrement sur le terrain.
Depuis 1992, le gouvernement développe l’approche participative de gestion
des plans d’eau avec la mise en place de Comités de Pêche (CP) au niveau des
villages ou groupes de villages riverains des plans d’eau. Chaque comité de pêche
est constitué de 9 à 15 représentants des pêcheurs démocratiquement élus pour un
mandat de trois ans renouvelables lors des assemblées générales.
15

La fonction essentielle du comité de pêche est de veiller à l’exploitation


rationnelle du plan d’eau en vue d’assurer la préservation des ressources et de
sauvegarder l’écosystème. Toutes les activités des comités de pêche bénéficient de
l’appui de l’Administration des Pêches tant qu’elles sont conformes aux dispositions
réglementaires. Ces structures sont légalement reconnues par arrêté interministériel
n° 312/MDR/MISAT/DCAB/CC/CP portant institution, organisation, attributions et
fonctionnement des Comités de Pêche. En 1999, on compte 38 CP dans l’Atlantique
et le Littoral, 26 CP dans le Mono et le Couffo, 29 CP dans l’Ouémé et le Plateau et
28 CP dans le Zou et les Collines.
La mission des comités de pêche n’est toujours pas bien perçue par les
communautés riveraines surtout lorsque des intérêts sont menacés mais l’expérience
suit son cours.
L’adoption par le gouvernement d’un plan de gestion des plans d’eau
continentaux du Sud-Bénin en Mars 1997 et d’un plan d’aménagement des pêches
maritimes en Mai 1998 devrait donner un souffle nouveau au sous secteur et lui
assurer un développement durable mais leur mise en œuvre reste encore très
limitée.
Grâce à l’assistance du Programme de Développement Intégré des Pêches
Artisanales en Afrique de l’Ouest (DIPA), un plan directeur des pêches a été élaboré
en Novembre 1998 et constitue un premier élément dans l’élaboration d’un réel outil
de pilotage du développement de ce sous secteur.

2.7- Programmes et projets en cours


L’examen de la liste des programmes et projets pêche initiés au Bénin depuis
1958 montre que ce sont pour la plupart des subventions sous forme de matériels et
ou de crédit (Kébé et al, 1997). Les principaux bénéficiaires sont les pêcheurs
(individuels ou regroupés en coopératives) et les femmes impliquées dans les
activités de transformation des produits de pêche.
Quatre principaux projets ont véritablement servi de base au développement
de la pêche artisanale au cours de la période 1983 – 1998. Ces projets ont contribué
au développement de certaines communautés de pêche (Projet modèle, 1984-1989),
à la mise en place de comités de gestion dans le cadre de l’expérience de co-gestion
des plans d’eau (Projet Pêche Lagunaire, PPL financé par la GTZ, 1988-1998), à
16

l’amélioration des conditions de vie des populations de la sous-préfecture lacustre


des Aguégués (1993-1998) et à l’approvisionnement en matériel de pêche (Projet
don japonais en 1995).
Le Programme d’Aménagement des Zones Humides (PAZH) du Sud-Bénin,
financé par les Pays-Bas, a démarré ses activités en 1998 et vise la gestion
rationnelle et intégrée des écosystèmes humides pour le développement durable du
Bénin. Il a délégué à la Direction des Pêches la mise en œuvre des actions de
réhabilitation des écosystèmes aquatiques.
Il est important de noter également la réalisation actuellement en cours sur
financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) de l’Etude du Projet
d’Aménagement des plans d’eau au Sud du Bénin par le Bureau d’Etudes Canadien
Roche International. L’étude a pour objectif de proposer un ensemble de mesures
sur la gestion des plans d’eau en vue de leur exploitation rationnelle et la faisabilité
d’un ou de plusieurs projets permettant la reconversion des pêcheurs vers d’autres
activités susceptibles d’assurer leur subsistance.
Le Bénin a également réaffirmé son engagement au code de conduite pour
une pêche responsable en tant que cadre pour une future planification et un
aménagement sous sectoriel.
Le Bénin abrite aussi le siège (à Cotonou) du Programme pour des Moyens
d’Existence Durables dans la Pêche en Afrique de l’Ouest, financé par le Royaume-
Uni et exécuté par la FAO. Ce programme d’une durée de cinq ans a débuté ses
activités en Décembre 1999 et concerne 24 pays africains. Il vise à réduire la
pauvreté au sein des communautés côtières et continentales par l’amélioration des
moyens d’existence des populations qui dépendent des ressources halieutiques et
aquatiques.
Au niveau départemental, les départements du Mono et du Couffo bénéficient
de deux projets dont les objectifs sont rapprochés des préoccupations de
l’administration des pêches. Il s’agit du Projet de Développement Rural Intégré du
Mono (PDRIM) conduit par le CARDER Mono et le Projet d’Appui au Monde Rural
(PAMR) mené par la coopération belge.
17

3.0 - Contraintes au développement du sous secteur pêches


Malgré leur importance socio-économique, la pêche artisanale et l’aquaculture
au Bénin restent confrontées à de nombreuses contraintes d’ordre écologique,
institutionnel et socio-économique qui freinent leur développement harmonieux et
accélèrent leur processus de dégradation.

3.1- Problèmes d’ordre écologique


S’agissant de la pêche maritime, la géomorphologie du littoral est caractérisée
par le phénomène de la barre, avec un déferlement brutal de la houle au voisinage
immédiat des lieux de débarquement. La barre fait courir des risques considérables
aux pirogues et aux équipages et réduit considérablement le nombre de marrées.
En plus de la violence de la barre, les zones non protégées du littoral sont
soumises à l’érosion côtière dont l’intensité entrave l’occupation durable des sites de
pêche. Dans le département de l’Ouémé, l’érosion côtière est aggravée par les
prélèvements de sable à partir de la carrière d’Ekpè.
La pollution des eaux maritimes liée (à l’Ouest du littoral) au déversement des
effluents de l’usine de phosphate de Kpémé au Togo, au mauvais contrôle du
dégazage périodique des bateaux en pleine mer et aux fuites relatives à l’exploitation
off-shore du pétrole de Sèmè constitue un frein à l’exercice de la pêche.
L’étroitesse du plateau continental (12 à 17 miles marins et surtout la
méconnaissance des fonds de pêche supposés accidentés dans les grandes
profondeurs (35 à 100 m), ainsi que l’absence de moyens adéquats pour assurer la
surveillance et la protection des eaux béninoises sont à l’origine des nombreux
conflits entre pêche artisanale et pêche industrielle.
En ce qui concerne les pêches continentales, on assiste à une dégradation de
l’environnement fluvio-lagunaire, notamment dans le Sud-Bénin (sédimentation,
comblement). L’apparition et la prolifération de végétaux flottants (jacinthe d’eau
douce) diminuent la productivité des eaux. En effet la présence massive de la
jacinthe d’eau sur la lagune de Porto-Novo et la Sô et à un degré moindre sur le lac
Nokoué rend difficile la navigation, réduit les activités de pêche , accélère la
sédimentologie, limite la pénétration de la lumière et réduit la teneur en oxygène
dissous, ce qui diminue le développement du plancton, principale source
d’alimentation des poissons.
18

Par ailleurs, la destruction de la végétation de bordure a provoqué partout


l’érosion des berges et par conséquent participe au comblement de l’ensemble
lagunaire. Ce comblement est accentué dans la lagune de Porto-Novo où la
construction du pont dont une partie est une véritable digue en terre, constituant un
barrage à l’écoulement des eaux, favorisant ainsi la sédimentation.
Sur le lac Ahémé , il subsiste plusieurs hectares de pêcheries sédentaires
(acadja, xha) malgré les nombreuses opérations de leur enlèvement systématique
décrété par les autorités. Les interventions humaines ne permettent pas de ralentir
l’évolution de ce lac vers les états de tourbière, de marais puis de prairie, le plan
d’eau n’étant pas « lavé » périodiquement par le fleuve Couffo. L’installation des
barrages « xha » sur le lac Ahémé présente des conséquences biologiques très
graves. En empêchant la migration de certaines espèces pour la reproduction, la
croissance et l’alimentation (crevettes, crabes, mulets, ethmaloses), ces barrages
contribuent à la destruction de la ressource.
L’exercice de la pêche dans le chenal de Cotonou est également une entrave
au déroulement normal du cycle biologique de certaines espèces.
La diminution de la productivité halieutique découle aussi de divers facteurs
tels que :
- la pollution organique causée par les rejets d’eaux usées domestiques et
d’ordures ménagères, et les poussées de végétation aquatique ;
- la pollution chimique causée par les rejets industriels et par l’utilisation
d’engrais et de pesticides ;
- la modification des conditions physico-chimiques causée par la déforestation
des bassins versants et la construction d’ouvrages d’art ;
- la destruction de l’habitat du poisson entraînée par la disparition des
mangroves, la diminution de l’amplitude et de la durée des inondations, et les
entraves aux déplacements des poissons.

3.2- Problèmes d’ordre institutionnel


La pêche et l’aquaculture font partie des attributions du Ministère du
Développement Rural (MDR). L’analyse du cadre institutionnel du sous secteur des
pêches révèle l’absence de relations fonctionnelles entre la Direction des Pêches et
les CARDER , deux institutions dépendant du Ministère du Développement Rural. Il
n’y a que de faibles rapports de collaboration sur le terrain et aucun système
19

permanent de suivi évaluation des pêches n’existe au sein des CARDER, la


Direction des pêches n’ayant d’ailleurs aucune possibilité réelle de promotion des
pêches dans les CARDER. Des confusions d’attributions et duplication des tâches
existent au niveau des services de la Direction des Pêches.
Il n’est pas exagéré de dire que jusqu’en 1997, aucune politique des pêches
n’était définie pour permettre à la fois une évaluation objective de la dynamique du
sous secteur et une mobilisation de l’assistance extérieure au développement
durable. Le sous secteur manque d’information et d’indicateurs pertinents de suivi
de l’état des ressources, ce qui ne facilite pas sa planification. En outre, à part
quelques chercheurs (du Centre National Océanographique, de la Faculté des
Sciences Agronomique de l'Université Nationale du Bénin et de l'INRAB) qui mènent
des travaux sur les ressources, il n’existe aucune politique de recherche-
développement en pêche et aquaculture. Les mécanismes de concertation et de
coordination ne sont pas formalisés pour faciliter la gestion cohérente des différents
projets en cours.
Au plan législatif et réglementaire, la plupart des textes en vigueur présentent
aujourd’hui beaucoup d’insuffisances et sont par conséquent inopérants. Ainsi le
système de surveillance, de suivi et de contrôle mis en place par la Direction des
Pêches s’est réduit à quelques actions timides sur le plan environnemental,
bioécologique, statistique et socio-économique.
Toutefois, des efforts sont aujourd’hui en cours pour élaborer des règles de
gestion adaptées aux spécificités du moment et répondre aux besoins des
opérateurs du sous secteur.

3.3- Problèmes d’ordre socio-économique


Le niveau technologique des pêcheurs marins béninois reste relativement bas
dans la mesure où ils n’ont bénéficié d’aucune véritable formation pour améliorer
leurs performances.
Le problème de la relève des vieux pêcheurs se pose également du fait de
l’intensité de l’exode rural dans la plupart des campements de pêche.
20

Dans le domaine des pêches continentales, on observe une prolifération et


une utilisation généralisée de méthodes et d’engins à haut rendement et destructeurs
de la faune aquatique.
La pression démographique et les problèmes fonciers qui limitent l’accès aux
terres cultivables contribuent à l’accroissement de la pression exercée sur la
ressource. La diminution de la production de certains plans d’eau entraîne la
migration des pêcheurs vers d’autres zones et il en résulte une augmentation de
l’effort de pêche déjà important.
L’on assiste à des conflits fréquents entre différents groupes socio-
professionnels suite à la tendance d’appropriation des plans d’eau notamment pour
les acadjas et les xhas sur le lac Ahémé d’une part, les acadjas et la pêche
individuelle sur le lac Nokoué d’autre part. L’abandon ou la négligence par manque
de moyens de la pratique des rites protecteurs a conduit au non respect de la
réglementation traditionnelle sur certains plans d’eau.
Par ailleurs, il existe peu ou pas d’activités pouvant constituer une alternative
attrayante pour les populations riveraines, comparées à la pêche.
Les associations socio-professionnelles du sous secteur des pêches
manquent de responsabilité en matière d’aménagement et de développement des
pêches faute de formation et d’organisation.
D’importants problèmes d’approvisionnements en matériels de pêche se
posent et quand bien même le matériel de pêche approprié est disponible sur le
marché son coût reste élevé et il n’est pas ainsi accessible aux pêcheurs.
Il manque d’équipements et d’infrastructures pour le développement des
activités de transformation et de conservation des produits de pêche.
En outre, l’absence d’un système de crédit adapté à la pêche ne favorise pas
l’acquisition de matériel pour les différents opérateurs impliqués dans le sous secteur
des pêches.
Le tableau 1 ci-après présente l’essentiel des contraintes et facteurs qui
limitent le développement durable des pêches et de l’aquaculture au Bénin.
Le tableau 2 rend compte des contraintes, solutions et approches
stratégiques par département telles que identifiées par les acteurs puis discutées et
améliorées au cours des ateliers départementaux.
21

Tableau 1 : Contraintes au développement du sous secteur pêches

TYPE DE PECHE CONTRAINTES


• Phénomène de la barre qui réduit considérablement le nombre des
marées
• Erosion côtière dont l’intensité entrave l’occupation durable des sites
de pêche
Pêche maritime • Pollution des eaux maritimes
artisanale • Etroitesse du plateau continental
• Insuffisance des moyens de surveillance et de protection des eaux
• Non respect des zones de pêche réglementaires
• Non diversification des engins de pêche
• Dégradation de l’environnement fluvio-lagunaire (sédimentation,
comblement)
• Apparition et prolifération de végétaux flottants sur certains plans
d’eau
• Forte pression démographique
• Surexploitation des ressources halieutiques
• Augmentation de l’effort de pêche
• Diminution des prises totales et de la taille des espèces
Pêches continentales • Baisse des rendements
• Utilisation généralisée d’engins et de méthodes de pêche non
conformes à la réglementation
• Pratique d’engins et de méthodes de pêche à haut rendement et
destructeurs de la faune aquatique
• Conflits entre différents groupes socio-professionnels suite à une
tendance d’appropriation des plans d’eau
• Abandon ou négligence, par manque de moyens, de la pratique des
rites protecteurs des plans d’eau
• Menace de pollution des écosystèmes aquatiques
• Inexistence d’une politique de promotion de l’aquaculture
• Absence de tradition piscicole notamment dans le Nord du pays
• Encadrement technique limité et insuffisance qualitative du support
technologique conduisant ainsi à des résultats médiocres ;
Aquaculture • Non disponibilité des intrants notamment l’approvisionnement
irrégulier et insuffisant en alevins et en provende (aliment pour
poissons)
• Non maîtrise des espèces à élever (oreochromis sp, clarias sp ou
heterobranchus sp) et les espèces autochtones ne permettent pas
de rentabiliser les installations piscicoles ;
• Investissements nécessaires pour la construction des étangs très
coûteux
CONTRAINTES COMMUNES AUX DIFFERENTS TYPES DE PECHE
• Manque de moyens adéquats de transformation et de conservation
des produits de pêche
• Difficultés d’écoulement (commercialisation) des produits de pêche
dues au mauvais état des infrastructures routières.
• Difficultés d’approvisionnement en matériels de pêche
• Inexistence de système de crédit adapté aux activités de
pêche/pisciculture
• Faible fiabilité du système de collecte des données statistiques
• Manque d’Agents de pêche
• Insuffisance de formation/recyclage pour les Agents de pêche
• Absence de la pêche dans les instances de décision du CARDER
• Interférences politiques dans la mise en œuvre des décisions
techniques
22

Tableau 2 : Contraintes et approches de solutions identifiées par département.

Départements : ATACORA et DONGA

CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?


Méconnaissance des • Financer une étude des
potentialités potentialités halieutiques et
piscicoles
Faible exploitation des • Réhabiliter les sites piscicoles • Impliquer les
potentialités disponibles • Installer des étangs sur les Organisations de
sites propices Producteurs dans toutes
• Mettre en valeur les bas- les phases de la
fonds par l’installation des réhabilitation
trous à poissons
• Développer des activités
piscicoles au niveau des
barrages et retenues d’eau
Système de collecte des • Mettre en place un système • Impliquer les comités de
données statistiques performant de collecte des gestion des plans d’eau
inopérationnel données statistiques dans la collecte des
données statistiques
Non maîtrise des techniques de • Initier les autochtones aux • Formation et équipement
pêche par les autochtones techniques de pêche et de des structures de gestion
pisciculture
• Suivre et recycler les
pisciculteurs
Insuffisance chronique d’agents • Recruter des agents de pêche • Recruter les agents par
de pêche poste en tenant compte
de l’aspect genre

Utilisation des agents de pêche • Utiliser tous les agents de


à d’autres tâches pêche uniquement pour les
activités de pêche
Insuffisance de formation • Former/recycler les agents de
recyclage pour les agents pêche
Faible niveau de représentativité • Faire mieux représenter la • Eriger la pêche au rang
de la pêche au CARDER pêche au sein du CARDER de service
Enclavement de sites piscicoles • Aménager les voies d’accès • Impliquer tous les
aux sites piscicoles acteurs
• Impliquer les organisations de
producteurs dans l’entretien
des pistes
Faible prise en compte de la • Accorder à la pêche plus de
pêche dans les projets du moyens matériels et
secteur rural financiers

Manque de crédit pour la pêche/ • Mettre en place un système • Créer une banque de
pisciculture de crédit adapté aux activités développement agricole
de pêche/pisciculture et rural

Non harmonisation de la pêche • Harmoniser la pêche dans la • Organiser des rencontres


dans la pendjari au niveau pendjari au niveau régional
régional
23

Colonisation de certains plans • Mettre en place un système • Créer une mare à


d’eau par les crocodiles de gestion efficace des crocodile dans les zones
populations de crocodiles protégées
• Elaborer un protocole
d’enlèvement et de
transfert des crocodiles
Inexistence de paquets • Elaborer un programme de
technologiques appropriés recherche en aquaculture
• Insérer l’aquaculture dans le
programme de la Recherche
Développement
Inorganisation des pisciculteurs • Appuyer l’organisation des • Associer tous les acteurs
pisciculteurs en réseau
Inexistence d’infrastructures de • Faciliter l’équipement des
transformation et de acteurs de la filière
conservation des produits pêche/pisciculture

Départements : BORGOU et ALIBORI

CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?


Non respect de la réglementation • Faire respecter la réglementation • Impliquer les communautés
par les pêcheurs en vigueur à la base dans l’application
des textes
Utilisation des méthodes et engins • Mettre en place des comités de • Encourager la participation
de pêche prohibés pêche pour une meilleure des communautés à la base
gestion des plans d’eau dans la gestion des plans
d’eau
Insuffisance d’agents de pêche • Recruter des agents de pêche • Amener le gouvernement à
faire un recrutement par
poste
Utilisation de certains agents de • Utiliser tous les agents de pêche
pêche à d’autres activités pour les activités de pêche
Insuffisance de formation, de • Former et recycler les agents de
recyclage des agents de pêche pêche
Système de collecte des données • Mettre en place un système • Associer les comités de
statistiques non fonctionnel performant et fonctionnel de pêche à la collecte des
collecte des données statistiques données statistiques
Manque de matériel de pêche sur le • Assurer la disponibilité sur le
marché marché local du matériel de
pêche
Faible exploitation piscicole des • Favoriser l’exploitation piscicole • Intéresser les privés et les
barrages et retenues d’eau des barrages et des retenues ONG à la pisciculture
d’eau
• Créer deux autres centres
d’alevinage dans le Borgou
Mauvaise gestion du centre • Réorganiser la gestion du centre
d’alevinage de Baka d’alevinage de Baka
Manque de formation des pêcheurs • Former les pêcheurs et • Former et équiper les
et des pisciculteurs pisciculteurs structures d’appui et de
• Susciter la création des gestion
Groupements de pisciculteurs
Faible prise en compte de la pêche • Mieux prendre en compte la • Eriger la pêche au rang de
au sein du CARDER pêche au sein du CARDER service
• Accorder à la pêche plus de
moyens matériels et financiers
Inexistence de crédit adapté aux • Mettre en place un système de
activités de pêche crédit adapté aux activités de la
pêche
24

Départements : ZOU et COLLINES

CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?


Ensablement des cours d’eau par • Réhabiliter progressivement les • Faire appliquer
suite d’installation de champs de écosystèmes aquatiques rigoureusement les textes
cultures à leurs abords (protection des bassins versants, en vigueur.
mangroves…) • Promouvoir le reboisement
des berges avec la
participation des
communautés
• Etendre l’Etude du Projet
d’Aménagement des plans
d’eau du Sud Bénin aux
plans d’eau du Zou et des
Collines
Envahissement des plans d’eau par • Intensifier la lutte (mécanique,
la jacinthe d’eau biologique) contre la jacinthe
d’eau
Persistance de l’utilisation d’engins • Faire respecter la réglementation • Impliquer les comités de
et méthodes de pêche prohibés en vigueur pêche et les communautés
de base à la vulgarisation
des textes
Utilisation fréquence de produits • Renforcer la participation des
toxiques par les pêcheurs comités de pêche à la gestion
des plans d’eau
Marginalisation de la pêche dans les • Accorder au sous-secteur pêche
Programmes/Projets de les moyens nécessaires à son
Développement rural développement
Faible représentativité de la pêche • Relever le niveau hiérarchique • Créer un service pêche au
au sein du CARDER de la pêche au sein du CARDER sein des CARDER
Inexistence d’un programme de • Elaborer et mettre en exécution
développement de la un programme cohérent de
pêche/pisciculture au plan local développement de la
pêche/pisciculture au plan local
Insuffisance d’agents de pêche • Recruter des Agents de pêche
Utilisation de certains Agents de • Retourner les Agents de pêche
pêche à d’autres tâches utilisés à d’autres tâches dans
leurs fonctions de pêche.
• Pourvoir le poste d’Agent
Spécialisé en pêche qui reste
vacant
Manque de formation/recyclage des • Former et recycler les Agents de
agents de pêche pêche
Faible encadrement technique des • Assurer la formation des comités
pêcheurs/pisciculteurs de pêche et des groupements
socio-professionnels
• Impliquer les comités de pêche
dans l’encadrement des
pêcheurs
Non disponibilité d’équipements et • Former les femmes en • Susciter l’émergence des
de matériels de pêche techniques de traitement et de artisans locaux réparateurs
commercialisation des produits • Impliquer les opérateurs
de pêche. privés et les Organisations
• Impliquer ONG, Organisations de Producteurs dans le
de Producteurs et autres circuit de distribution
Associations professionnelles
dans l’approvisionnement en
équipements de pêche

Système de collecte des données • Mettre en place un système de


statistiques peu fonctionnel collecte des données statistiques
performant et fonctionnel
25

Difficultés d’approvisionnement en • Réhabiliter les centres


intrants piscicoles (alevins, aliments) d’alevinage existants et en créer
de nouveaux
Inexistence de crédit adapté aux • Mettre en place un système de
activités de pêche crédit adapté aux activités de
pêche
• Impliquer les organisations
professionnelles, les ONG et
autres structures dans le
financement des activités de
pêche et pisciculture
Faible valorisation des sites • Mettre en valeur les sites • Recenser les sites
piscicoles potentiels de certaines propices à la pisciculture • Elaborer une carte de ces
localités sites et la vulgariser
Inexistence de concertation entre • Mettre en place un cadre de
les différents acteurs opérant dans concertation entre structures
le sous-secteur pêche professionnelles, Organisations
de Producteurs, communautés à
la base

Départements : MONO et COUFFO

CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?


PECHE CONTINENTALE
Dégradation continue des • Réhabiliter progressivement les • Reconstituer la mangrove
écosystèmes aquatiques écosystèmes aquatiques
Forte pression démographique • Limiter l’accès libre aux • Identifier et promouvoir les
ressources activités alternatives
génératrices de revenus
Mauvaise gestion des ressources • Instaurer des périodes de
halieutiques fermeture de pêche avec la
participation des communautés
de pêche
• Sensibiliser les femmes
mareyeuses à refuser l’achat de
petits poissons
Faiblesse dans la mise en œuvre de • Faire respecter la réglementation • Traduire les textes en
la réglementation en vigueur langues nationales
• Mettre les textes à la
• Dynamiser les comités de pêche dispositions des
et les suivre de façon régulière communautés de pêche
• Alphabétiser les
communautés de pêche
• Impliquer les notables et
chefs traditionnels

• Motiver les comités de


pêche
• Former les comités de
pêche
• Equiper les comités de
pêche
• Faire les surveillances
périodiques par
l’Administration des pêches

Abandon du système traditionnel de • Valoriser les règles de gestion • Appuyer les chefs
gestion des plans d’eau traditionnelle des plans d’eau traditionnels à reprendre les
cérémonies traditionnelles
de gestion des eaux
26

PECHE MARITIME
Insuffisance d’organisation de la • Dynamiser les structures
filière pêche maritime existantes et à créer
Difficulté de la traversée de la barre • Trouver une solution appropriée
au phénomène de la barre
Equipement des pêcheurs marins • Diversifier les engins de pêche
artisans non diversifié maritime artisanale
Destruction des filets des pêcheurs • Faire respecter la réglementation • Former et mettre à bord des
marins artisans et pillage des en matière de pêche maritime bateaux autorisés des
ressources par les bateaux observateurs
• Surveiller en permanence
les zones de pêche
• Baliser les zones de pêche
• Impliquer la marine militaire
dans les opérations de
surveillance
Pollution des eaux marines due aux • Relancer les travaux de la
rejets de phosphate de Kpémè commission inter-Etat de suivi de
(TOGO) la qualité des eaux marines entre
le Bénin et le Togo.
• Prendre les dispositions pour
limiter les pollutions éventuelles
• Procéder à l’analyse et à la
recherche dans les produits
halieutiques des substances
nocives à la santé des
populations
AQUACULTURE
Absence de recherche – • Introduire dans les structures • Elaborer une politique
développement en matière de compétentes un programme de cohérente de recherche en
pisciculture recherche appliquée pêche et aquaculture
• Créer et équiper un centre
de recherche
• Former les compétences en
matière de recherche en
pêche et aquaculture
• Créer et animer des unités
de démonstration en pêche
et en aquaculture
• Créer et équiper une cellule
départementale de suivi des
paramètres physico-
chimiques et biologiques
Insuffisance de moyens humains et • Restructurer le Centre de • Equiper le Centre de
techniques pour une bonne gestion Tohonou Tohonou en matériel
du Centre de Tohonou technique
• Définir les filières
• Recycler et affecter les
compétences nécessaires
Faible capacité technique et de • Elaborer des paquets
gestion des pisciculteurs technologiques par espèce de
poisson
• Poursuivre l’apport technique au
fonçage des trous à poissons • Former les pisciculteurs et
• Renforcer le niveau technique et ONG à la gestion d’une
la capacité de gestion des entreprise piscicole
pisciculteurs et des ONG
Non disponibilité des intrants • Redéfinir les systèmes d’élevage
piscicoles (alevins et aliments) à piscicole plus soutenables
coût réduit • Rechercher des souches de • Subventionner les activités
poissons adaptées à l'écologie piscicoles
du Mono – Couffo
• Produire des alevins et les rendre
disponibles aux pisciculteurs
27

PROBLEMES D’ORDRE GENERAL


Difficultés de transformation et de • Accroître les capacités des • Equiper les femmes
commercialisation des produits de femmes en matière de transformatrices de produits
pêche transformation et de halieutiques en matériel de
commercialisation transformation
• Faciliter l’accès des
mareyeuses aux fonds de
roulement
• Former les mareyeuses aux
techniques de gestion et de
transformation
Difficultés d’approvisionnement en • Rendre disponible sur le marché • Dynamiser les
matériels de pêche local le matériel de pêche organisations des pêcheurs
artisans
• Appuyer les centres de
pêche à constituer des
stocks roulants de matériels
de pêche
Faible fiabilité du système de • Mettre en place un système de • Elaborer un système de
collecte des données statistiques collecte des données statistiques collecte adapté à chaque
performant et fonctionnel activité de pêche
• Renforcer et former le
personnel
• Mettre à leur disposition
l’équipement nécessaire
Insuffisance d'Agents de pêche • Reprendre les Agents de pêche
utilisés à d'autres fonctions
• Recruter des Agents de pêche en
fonction des besoins
Insuffisance de formation/recyclage • Former et recycler les Agents de
pour les Agents de pêche pêche
- Difficulté de contrôle des flux et de • Créer et animer des postes • Institutionnaliser le système
la qualité des produits halieutiques frontaliers de contrôle des de contrôle des produits
produits halieutiques halieutiques par les
• Dynamiser le système de Techniciens Spécialisés en
contrôle des produits halieutiques Pêche du CARDER Mono
au niveau du Département
Inexistence de système de crédit • Asseoir par type d'activité de
adapté aux activités de pêche /pisciculture un système
pêche/pisciculture de crédit adapté en collaboration • Créer un service pêche au
avec les acteurs sein du CARDER
Absence de la pêche dans les • Relever le niveau de la pêche • Dynamiser le service des
instances de décision du CARDER dans la hiérarchie décisionnelle pêches créé
du CARDER • Doter le service d'une
structure, d'un personnel et
de moyens adaptés
Interférences politiques dans la • Prendre des dispositions pour
mise en œuvre des décisions limiter les interférences politiques
techniques
28

Départements : OUEME et PLATEAU


CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?
Dégradation continue des • Réhabiliter progressivement les • Collecter et mettre en terre
écosystèmes aquatiques écosystèmes aquatiques les plantules de palétuvier
• Recenser les zones
dégradées
Prolifération de la jacinthe • Poursuivre la lutte (mécanique, • Procéder aux lâchers des
d’eau biologique) contre la jacinthe d’eau agents biologiques
Forte pression • Protéger et surveiller les ressources • Limiter l’accès libre aux
démographique halieutiques ressources
• Procéder à des fermetures périodiques • Identifier et promouvoir les
de la pêche activités alternatives
rentables
• Appliquer les textes
législatifs et réglementaires
Mauvaise gestion des • Rationaliser l’exploitation des • Assurer un meilleur
ressources halieutiques ressources halieutiques encadrement aux comités
de pêche et aux
organisations socio-
professionnels
• Poursuivre les travaux de
réorganisation des
pêcheries sédentaires
• Renforcer la participation
des communautés de
pêche à la gestion des
plans d’eau
Erosion côtière très poussée • Fermer les carrières • Prendre des textes
d’exploitation de sable marin adéquats
Manque chronique d’Agents • Recruter des agents de pêche • Recruter avec l’appui de
de pêche l’Etat ou des ONG des
agents de pêche par poste
Manque de • Former et recycler les Agents de pêche • Identifier les besoins en
formation/recyclage des formation et planifier
Agents de pêche
Système de collecte des • Mettre en place un système fiable et • Cibler et former les
statistiques peu performant performant de collecte des données membres des comités de
statiques pêche
Faible capacité technique et • Former les pisciculteurs aux systèmes • Identifier les besoins en
de gestion des pisciculteurs d’élevage soutenables formation et planifier
Difficultés de transformation • Renforcer les capacités des femmes en • Octroyer de crédit aux
et de commercialisation des matière de transformation et de femmes
produits de pêche commercialisation des produits de • Promouvoir le four chorkor
pêche
Non disponibilité des intrants • Réhabiliter le centre d’alevinage de • Rechercher financement
piscicoles (alevins et Houinta Etat/ONG/Organisations
aliments) à moindre coût • Encourager la mise en place de deux Professionnelles
autres centres d’alevinage
Difficultés d’exercice de la • Diversifier les engins de pêche maritime • Octroyer des crédits
pêche maritime artisanale artisanale d’équipement
Inexistence de système de • Mettre en place un système de crédit • Sensibiliser les populations
crédit adapté aux activités de adapté aux activités de pêche
pêche
Non respect de la • Faire respecter la réglementation en • Dynamiser la police de
réglementation en vigueur vigueur pêche
• Populariser les textes et
réprimer les récalcitrants
Interférences politiques dans • Prendre des mesures pour limiter les • Sensibiliser les populations
la mise en œuvre des interférences politiques.
décisions
Faible représentation de la • Relever le niveau hiérarchique de la • Elever la pêche au rang de
pêche au sein du CARDER pêche au sein du CARDER service au sein du
• Doter les Agents de pêche de moyens CARDER
matériels et financiers
29

Départements : ATLANTIQUE et LITTORAL


CONTRAINTES SOLUTIONS COMMENT FAIRE ?
Dégradation continue • Réhabiliter progressivement les • Reconstituer la mangrove
des écosystèmes écosystèmes aquatiques
aquatiques
Forte pression • Encourager l’auto-discipline
démographique
Surexploitation des • Contrôler l’accès aux ressources • Poursuivre les travaux de
ressources halieutiques • Mettre en place un système de réorganisation des
pêcheries sédentaires
protection et de surveillance des
• Identifier et promouvoir
ressources des activités alternatives
rentables
• Equiper les comités de
pêche

Non respect de la • Faire respecter la réglementation en


réglementation en vigueur
vigueur
Faiblesses • Réorganiser les structures de • Créer un service pêche au
organisationnelles et l’Administration des pêches sein du CARDER
institutionnelles de • Améliorer la communication entre • Mettre en place des
l’Administration des les services de la Direction des mécanismes institutionnels
pêches Pêches et les autres acteurs publics de gestion participative
et privés intervenant dans le
domaine
• Créer un observatoire national pour
la collecte, le traitement et la
diffusion des informations de base
Caducité des textes • Elaborer de nouveaux textes • Associer les pêcheurs à
législatifs et législatifs et réglementaires l’élaboration de textes
réglementaires • Traduire et vulgariser les textes adéquats
élaborés en langues nationales
Abandon/négligence • Valoriser les règles de gestion • Encourager la reprise des
des Règles de gestion traditionnelle cérémonies traditionnelles
traditionnelle de gestion des plans d’eau
Faible fiabilité du • Asseoir un système performant de
système de collecte des collecte des données statistiques
données statistiques
Manque de formation • Former/Recycler/Recruter des • Proposer des méthodes et
des Agents de pêche Agents de pêche techniques de pêche
pouvant optimiser la
production
• Cartographier les zones
de pêche pouvant être
exploitées
• Baliser les zones de pêche
définies
Encadrement technique • Former les organisations socio-
des pêcheurs limité professionnelles
• Renforcer le suivi et l’encadrement
des comités de pêche
Non disponibilité des • Réhabiliter les centes piscicoles
intrants aquacoles existants
(alevins, aliments) • Créer des centres d’alevinage
Manque de crédit • Mettre en place un système de
adapté aux activités de crédit adapté aux activités de
pêche/pisciculture pêche/pisciculture
30

Difficultés • Rechercher des appuis financier


d’approvisionnement en pour l’achat des Equipements de
matériels de pêche pêche
Manque • Renforcer les capacités de
d’infrastructures pour la transformation et de conservation
transformation et la des produits de pêche
conservation des
produits de pêche.
Interférences politiques • Prendre des dispositions concrètes
dans la mise en œuvre pour limiter les interventions
des décisions politiques

Malgré ces principales contraintes, les potentialités halieutiques et aquacoles


du Bénin restent considérables et leur exploitation judicieuse devrait donner un
souffle nouveau au sous secteur et lui assurer un développement durable.

4.0 – Propositions de stratégie de développement

La politique économique du Bénin a été fondamentalement marquée par les


mesures d’ajustement structurel dont l’objectif principal recherché est le
rétablissement des équilibres macro-économiques à court et moyen termes, et la
création des conditions d’une croissance durable. Eu égard au rôle primordial que la
pêche est appelée à jouer dans l’amélioration de la situation économique et sociale
du pays, la stratégie de développement proposée permet de profiter des opportunités
offertes par les orientations nationales caractérisées par le libéralisme économique.

4.1- Politique de développement du secteur rural


Les grands choix politiques et économiques du Bénin ont été définis dans le
Document Cadre de Politique Economique pour 1998-2001, élaboré en Novembre
1998. Ils visent à poursuivre la libéralisation de l’économie nationale et à accroître
l’efficacité du secteur public dans ses missions essentielles.
Dans le secteur rural, l’Etat concentrera ses efforts sur les fonctions
régaliennes, soit en les réalisant lui-même, soit en s’assurant qu’elles sont menées à
bien par d’autres acteurs.
La décentralisation de l’Administration territoriale donnera aux collectivités
locales des compétences leur permettant de s’impliquer davantage dans la mise en
œuvre de la politique de développement rural. Le secteur privé (particulièrement les
Organisations Professionnelles Agricoles) constitue un groupe hétérogène appelé à
31

remplir des fonctions variées en matière d’approvisionnement, de production, de


commercialisation et de transformation, de services agricoles…
De manière globale, les objectifs retenus en matière de développement rural
par le gouvernement concernent :
• le renforcement de la participation du secteur au développement socio-
économique du pays en contribuant au rétablissement des équilibres macro-
économiques, à la création d’emplois et à la valorisation des potentialités agro-
écologiques ;
• la contribution à l’amélioration du niveau de vie des populations, par
l’augmentation du pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le
contrôle de la qualité et l’innocuité des aliments ;
• le maintien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de forte
croissance démographique aujourd’hui estimée à 3,3% l’an ;
• la diversification agricole et l’augmentation de la productivité ;
• la conservation du patrimoine écologique ;
• l’amélioration des rapports hommes/femmes au sein des communautés rurales
suivant l’analyse « Genre et Développement ».
L’atteinte de ces grands objectifs nécessite la mise en œuvre de stratégies
dont les orientations pour le sous secteur des pêches comportent plusieurs axes.

4.2- Politique de développement du sous secteur pêches


Tenant compte des grandes orientations de la politique de développement
rural et des engagements pris par le Bénin au regard du code de conduite pour une
pêche responsable, la politique retenue pour le développement durable du sous
secteur pêches vise les trois grands objectifs spécifiques suivants :
i. Assurer un approvisionnement régulier de la population en produits halieutiques
de qualité ;
ii. Améliorer les conditions de vie et de travail des communautés de pêche ;
iii. Renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles du sous secteur.
Compte tenu de l’exploitation actuelle anarchique des nombreux
écosystèmes du Sud Bénin et la régression des pêcheries dans le centre et le nord
du pays, la stratégie d’ensemble qui sous tend ces objectifs privilégie la gestion
rationnelle et participative des ressources halieutiques.
32

Ainsi, pour assurer un approvisionnement régulier de la population en produits


halieutiques de qualité, il faudra une exploitation durable des ressources
halieutiques, le développement de l’aquaculture et l’importation de produits
halieutiques pour combler le déficit structurel.
De même, l’amélioration des conditions de vie et de travail des communautés
de pêche nécessite des mesures d’aménagement des pêches notamment le contrôle
de l’effort et une meilleure valorisation de la production.
La réussite de la politique de développement du sous secteur passe par le
renforcement des capacités de l’Administration des pêches, des organisations socio-
professionnelles et éventuellement de toutes les institutions impliquées dans la
gestion de l’environnement en vue de favoriser la synergie entre les différents
intervenants, publics et privés.

4.2.1- Approvisionnement

L’approvisionnement du marché béninois est essentiellement assuré par la


pêche maritime artisanale, la pêche continentale, l’aquaculture et les importations.
Dans les conditions actuelles d’exploitation, plusieurs stratégies peuvent être
développées pour combler le déficit et satisfaire la demande.
A priori, la situation actuelle de surexploitation des pêches continentales ne
permet pas de compter sur une augmentation du volume des captures. Le maintien
même du volume de débarquement à son niveau actuel nécessitera des mesures
d’aménagement efficaces. Les pêches maritimes sont également exploitées à leur
plein potentiel, de telle sorte que la croissance de la demande ne pourra pas être
assumée par la pêche telle que pratiquée actuellement. Les sources possibles
d’approvisionnement du marché sont alors une augmentation des importations, le
développement de la pisciculture et dans une moindre mesure, la rationalisation de
la commercialisation et de la transformation.
Un développement durable des diverses formes de pisciculture devra
nécessairement tenir compte de la faisabilité économique des options de
développement proposées.
La rationalisation de la commercialisation et de la transformation pourrait
diminuer les pertes dues à une mauvaise conservation et à une transformation
inadéquate. L’offre de poisson sur le marché s’en trouverait accrue.
33

Bien qu’il existe de faibles possibilités d’augmenter la production en pêche


maritime, il est possible d’envisager le développement de la pêche artisanale. Un
effort de suivi et de recherche halieutique serait de nature à favoriser l’émergence de
filières porteuses, notamment l’exploitation de certaines espèces de haute valeur
commerciale pour l’approvisionnement d’une clientèle de choix ou pour l’exportation.
Pour favoriser le développement des pêches continentales, il faudrait
envisager de connaître et de suivre l’état de la ressource ainsi que les conditions de
son exploitation. Un strict contrôle de l’effort de pêche sera nécessaire pour atténuer
le phénomène de surexploitation et donc permettre à la production de se maintenir à
long terme.
L’accroissement de la productivité des plans d’eau pour augmenter la
production pourrait aussi se faire par la lutte contre les végétaux flottants sur le
complexe fluvio-lagunaire et par la création des conditions favorables au
développement de l’ichtyofaune lagunaire.
La mise en place d’un projet de valorisation du potentiel halieutique du Centre
et du Nord-Bénin, contribuerait fortement à l’accroissement de la production piscicole
des barrages et retenues d’eau. Par ailleurs, la diversification des activités des
populations riveraines permettra de générer des revenus supplémentaires.

4.2.2- Amélioration des conditions de vie et de travail des


communautés de pêche

L’amélioration des conditions de vie et de travail des communautés de pêche


se fera à travers la consolidation du nombre d’emplois existants actuellement,
particulièrement ceux générés en aval. L’émergence de filières porteuses devra à
terme se traduire par la création de nouveaux emplois et donc la génération de
revenus supplémentaires.
Par une politique de formation de jeunes béninois et d’aide à l’équipement des
pêcheurs (disponibilité et accessibilité), l’Etat pourra promouvoir la pêche à la ligne
dans la mesure où elle offre aujourd’hui le niveau de rentabilité le plus élevé.
Une attention particulière devra être accordée aux activités des femmes de la
filière pêche en vue d’améliorer leur accès aux ressources productives et accroître
leur responsabilité dans la gestion des écosystèmes aquatiques.
34

Pour diminuer la pression exercée sur les plans d’eau au Sud du Bénin,
l’Administration des pêches devra avec la participation des populations identifier et
promouvoir des activités alternatives économiquement viables.
En vue de garantir des revenus corrects aux pêcheurs, il est nécessaire de
prendre au sérieux le contrôle de leur nombre et des autres composantes de l’effort
de pêche.
La promotion de l’utilisation de la glace et de conteneurs isothermes tout au
long de la chaîne de production constitue une autre source d’accroissement des
revenus des intervenants de la filière.
Pour ce qui est des produits obtenus après traitement artisanal, il est
nécessaire d’améliorer les conditions de transformation, de stockage et de
conservation de manière à offrir aux consommateurs des produits de meilleure
qualité. Les lieux de transformation artisanale des produits halieutiques feront
progressivement l’objet d’aménagement intégré de manière à offrir les meilleures
conditions de travail et de sécurité aux femmes.

4.2.3- Renforcement des capacités organisationnelles et


institutionnelles
Le renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles du sous
secteur pêches passe par la restructuration de l’Administration des pêches avec
notamment la mise en place de mécanismes institutionnels de gestion participative
des ressources halieutiques..
La réorganisation de la Direction des Pêches en une structure adaptée aux
besoins et à la réalité du sous secteur devra s’opérer de manière à améliorer son
efficacité dans le contrôle du respect des textes législatifs et réglementaires et
d’apporter un véritable appui aux organisations socio-professionnelles. Une cellule
chargée particulièrement des aspects liés à la planification et à la gestion du sous
secteur sera intégrée à son organigramme. De même, le service chargé de la police
de pêche sera restructuré et doté de moyens humains et matériels, d’instruments
juridiques appropriés, de manière à le rendre efficace et lui permettre de couvrir les
principaux complexes fluvio-lagunaires du pays.
A travers l’établissement d’un réseau cohérent d’Information, d’Education et
de Communication (IEC), l’Administration des pêches aura avec les structures de
gestion participative (comités de pêche et organisations socio-professionnelles) des
35

rapports fonctionnels permettant d’entretenir la confiance réciproque. Elle devra


également établir des liens étroits avec les autres administrations intervenant
directement ou non dans le sous secteur.

4.3- Principaux axes stratégiques

Sur la base des développements précédents, quatre (4) principaux axes


stratégiques sont retenus et correspondent chacun à un programme d’actions à
réaliser. Il s’agit de :
• Réorganisation de l’Administration des pêches
• Développement et aménagement des pêches artisanales
• Développement durable de l’aquaculture
• Meilleure valorisation des produits de pêche

4.3.1-Réorganisation de l’Administration des pêches


La réorganisation de l’Administration des pêches s’inscrit dans une
perspective de gestion rationnelle et participative des ressources halieutiques. Les
structures actuelles de gestion et de contrôle de la pêche doivent être redynamisées
afin de conférer à l’Administration des pêches son véritable rôle de développement et
de gestion du sous secteur. Il s’agit aussi de fournir une assistance technique et
financière au gouvernement du Bénin en vue de l’élaboration d’un nouveau code des
pêches. Des textes réglementaires seront formulés, notamment pour délimiter les
zones de pêche, définir les conditions d’utilisation des techniques et engins de pêche
en concertation avec tous les acteurs, le cadre juridique et réglementaire pour la
protection de la ressource, le conditionnement et la commercialisation des produits.
Il faut également permettre à l’Etat béninois de planifier et de coordonner le
développement du sous secteur par la création d’un observatoire des pêches chargé
de la collecte et de l’analyse régulière des informations de base sur l’ensemble du
sous secteur. Cela passe par la mise en place d’une équipe pluridisciplinaire devant
poursuivre le travail entamé dans le cadre du Projet Pêche Lagunaire (PPL) et le
suivi de la pêche maritime artisanale. Le rôle de l’observatoire sera principalement
de fournir en temps opportun les informations de base nécessaires à l’orientation des
décisions de l’Administration des pêches.
36

Une révision du niveau hiérarchique de la pêche dans les CARDER ainsi


qu’une redéfinition des attributions des agents de pêche y servant devront se faire
pour une véritable promotion du sous secteur à l’échelle départementale.
Afin que l’Administration des pêches soit en mesure de planifier et de
coordonner véritablement le développement du sous secteur, il est indispensable
qu’elle soit appuyée (par les structures nationales compétentes) dans la conception
et la mise en application d’un programme détaillé de recherche appliquée dont les
résultats contribueront à la prise de décisions rationnelles sur la gestion et le
développement des pêches et de l’aquaculture. Un programme de formation et de
recyclage du personnel en place sera conduit dans les domaines de la planification,
de l’organisation et de la gestion, en vue d’un encadrement opérationnel des
communautés de pêche.
L’Administration des pêches devra mobiliser les communautés de pêche et
leur fournir un appui constant susceptible de leur permettre de participer de manière
durable à la protection des bases productives des plans d’eau. Ainsi, grâce à
l’établissement d’un réseau d’information, d’éducation et de communication, les
populations seront informées et sensibilisées sur les enjeux de la gestion des
ressources halieutiques et des échanges d’expériences seront développés entre
elles.

4.3.2- Développement et aménagement des pêches


artisanales

Dans le domaine de la pêche maritime artisanale, il sera question d’assurer la


sécurité en mer et de mobiliser les moyens pour assurer une diversification de
l’effort de pêche basée sur les techniques de pêche qui se seraient révélées
rentables après des tests qui porteront notamment sur la pêche à la palangre de fond
(horizontale et verticale) et la pêche à la ligne. Il faudra ensuite rechercher les
moyens d’entreprendre les travaux complémentaires recommandés pour la faisabilité
de l’aménagement d’abris en divers points de la côte béninoise notamment à Siafato,
Cotonou, Ouidah et Grand-Popo en vue de réduire les risques du phénomène de la
barre.
En ce qui concerne les pêches continentales, les actions de développement et
d’aménagement à mener doivent favoriser la mise en place effective d’un système
37

de protection et de surveillance des ressources des plans d’eau avec une forte
participation des communautés de pêche.
Dans le sud Bénin, il s’agit à court terme, de limiter le plus possible la pression
de pêche sur les plans d’eau et à long terme d’atténuer l’influence de la croissance
démographique sur l’exploitation des plans d’eau et de contrôler la densité de
pêcheurs. Les mesures pour y parvenir portent sur plusieurs aspects notamment la
réglementation et son application effective, les zones de pêche, les techniques et les
engins, la durée de l’effort de pêche, la limitation du nombre de pêcheurs, la
réduction des pertes à la commercialisation des produits de pêche et la taille des
produits de pêche commercialisés.
Pour favoriser une meilleure maîtrise de la gestion des ressources
disponibles, il est important que des actions concertées soient menées afin de
renforcer les capacités des communautés de pêche à accroître leurs revenus par
l’identification et la promotion d’activités économiquement rentables, autres que
celles liées à la pêche et susceptibles de constituer une alternative attrayante pour
elles. Les opportunités de reconversion des populations riveraines pourront être
évaluées dans les domaines de l’agriculture, la foresterie, l’élevage, le petit
commerce, l’éco-tourisme, l’artisanat et les petits métiers, etc.
Dans le Centre et le Nord du pays, le potentiel offert par les plans d’eau tels
que l’Ouémé, le Zou, le fleuve Niger et ses affluents, la Pendjari et l’Okpara est
assez important mais mal valorisé par les populations riveraines. Son exploitation
rationnelle contribuerait à accroître la production nationale de produits halieutiques et
à participer à la création d’emplois et de revenus. De même, les nombreux barrages
et retenues d’eau mis en place à des fins agro-pastorales, hydroagricoles et
hydroélectriques feront l’objet d’actions de promotion halieutique.
Il convient de procéder à l’évaluation de la richesse de ces plans d’eau et de
définir les systèmes d’exploitation rationnelle pour chacun d’eux.
Les communautés de pêche seront organisées de manière progressive afin de
prendre en main la gestion, par l’approche participative, des barrages et retenues
d’eau.

4.3.3- Développement durable de l’aquaculture


Le développement de l’aquaculture est à encourager car elle pourrait
constituer l’avenir de la production halieutique des eaux continentales, des barrages
38

et retenues d’eau. La mise en place d’une stratégie capable de contribuer à


l’organisation et à la gestion d’une véritable filière aquacole permettrait de diminuer
la pression sur le ressource halieutique des différents plans d’eau et d’accroître la
production. Le développement de l’aquaculture doit être concentré sur des systèmes
simples, peu coûteux mais efficaces et incorporant les techniques avancées dès que
possible, mais seulement lorsque les aquaculteurs seront capables de les maîtriser.
Dans ce cadre, les premières actions devront porter sur :
• la pisciculture en étangs et dans les trous à poissons pour laquelle un savoir-faire
existe déjà ;
• la pisciculture en enclos et en cages flottantes dans les zones qui s’y prêtent ;
• la pisciculture associée à l’élevage (porcs, volaille, petits ruminants et aulacodes)
et la polyculture (élevage de plusieurs espèces de poissons) ;
• le développement de l’élevage des huîtres (ostréiculture).
La réussite de ces actions passe nécessairement par la prise de certaine
mesures d’accompagnement relatives à :
• la création et la réhabilitation d’infrastructures essentielles telles que les stations
d’alevinage et les unités de production d’aliments pour poissons
• la mise en place d’un système de crédit à taux d’intérêt spécialement étudié pour
l’installation et l’exploitation de fermes piscicoles
• la diversification des espèces élevées (différentes espèces de poisson, huîtres,
crevettes)
• l’encadrement technique des pisciculteurs individuels ou organisés en
groupements.

4.3.4- Meilleure valorisation des produits de pêche


Pour ce qui concerne la valorisation des produits de pêche, les actions à
engager doivent permettre aux femmes en charge de la transformation et de la
commercialisation de mieux valoriser les produits de pêche, tant économiquement
que par une réduction des pertes physiques après capture.
L’amélioration des méthodes de transformation et de commercialisation des
produits de pêche sera réalisée à travers une politique de vulgarisation des
techniques améliorées de fumage, d’équipement des femmes en matériels de travail
adéquats et de mise en place d’un certain nombre d’infrastructures nécessaires à
39

l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes (centres de fumage,


aires de séchage, fumoirs améliorés, claies de fumage et de séchage, conteneurs
isothermes, magasin de stockage…).
Un programme de formation et d’échanges d’expériences sera développé
pour soutenir les efforts qui seraient consentis.
Le tableau 3 ci-après récapitule les actions à mener par axe stratégique.

Tableau 3 : Synthèse des axes stratégiques de développement du sous secteur


pêches

AXES ACTIONS PROPOSEES


STRATEGIQUES

¾ Transformer la Direction des pêches en une structure dotée


d’une puissance publique et des moyens adéquats en vue
de résoudre les grands problèmes du sous secteur
¾ Fournir une assistance technique et financière à la Direction
des Pêches en vue d’élaborer des textes réglementaires et
un nouveau code des pêches
¾ Créer au sein de la Direction des Pêches un observatoire
des pêches, chargé de la collecte et de l’analyse des
Réorganisation de informations de base
l’Administration des ¾ Elever le niveau hiérarchique de la pêche au sein des
Pêches CARDER en vue de le porter au moins au rang de service
¾ Introduire au niveau des structures nationales de recherche
un programme pêche et aquaculture
¾ Former et recycler les Agents de pêche
¾ Etablir des liens fonctionnels entre l’Administration des
pêches et les comités de pêche ainsi que les associations
socio-professionnelles en mettant en place un réseau
d’Information, d’Education et de Communication (IEC).
40

¾ Assurer la sécurité en mer des pêcheurs


¾ Poursuivre l’étude de faisabilité de l’aménagement d’abris en
divers points de la côte béninoise
¾ Entreprendre des actions de diversification de l’effort de pêche
basée sur les techniques de pêche avérées rentables
Développement et ¾ Mettre en place un système cohérent de protection et de
Aménagement des surveillance des plans d’eau
pêches artisanales ¾ Identifier et promouvoir des activités alternatives
économiquement viables
¾ Valoriser le potentiel halieutique dans le Centre et le Nord-Bénin
en définissant des systèmes d’exploitation rationnelle
¾ Susciter la définition d’une politique de crédit pour le sous secteur
¾ Organiser une véritable filière piscicole (pisciculture en étangs,
trous à poissons, enclos et cages flottantes)
¾ Favoriser la pisciculture associée à l’élevage et la polyculture
¾ Réhabiliter les infrastructures essentielles déjà disponibles
(stations d’alevinage et unités de production d’aliments)
Développement durable ¾ Créer des centres d’alevinage en nombre suffisant dans chaque
de l’aquaculture département en vue de couvrir les besoins en alevins de bonne
qualité
¾ Rendre l’aliment poisson disponible et à moindre coût
¾ Développer l’élevage des huîtres (ostréiculture)
¾ Assurer l’encadrement technique des pisciculteurs.
¾ Promouvoir des techniques améliorées de transformation et de
conservation des produits de pêche
¾ Etablir des centres de transformation de produits de pêche au
niveau des sites de débarquements importants
Meilleure valorisation ¾ Favoriser l’usage de la glace et des conteneurs isothermes
des produits de pêche ¾ Aménager des points de vente du poisson frais sur certains
marchés urbains
¾ Favoriser l’exportation des espèces nobles à haute valeur
commerciale.
41

Il y a lieu de préciser qu’un certain nombre d’activités sont destinées à être


prises en charge par les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et le secteur
privé, telles que centre d’alevinage, unité de production d’aliments et autres activités
génératrices de revenus. Des conditions favorables doivent être donc offertes au
secteur privé pour l’inciter à s’engager dans la réalisation des projets.

4.4 – Quelques propositions de projets

Projet 1 : Révision de la législation des pêches


L’objectif immédiat du projet est de fournir une assistance technique et
financière à la Direction des Pêches en vue d’élaborer des textes réglementaires et
un nouveau code des pêches.
Le projet pourrait nécessiter une assistance extérieure de taille légère (juriste
et spécialiste en réglementation des pêches) et cherchera à associer le plus possible
l’ensemble des acteurs du sous secteur de manière à garantir une compréhension et
une acceptation des textes législatifs et réglementaires qui seront proposés.
Une fois ces textes élaborés, il faudra assurer leur traduction dans trois à
quatre langues principales des communautés de pêche.

Projet 2 : Restructuration de la Direction des Pêches


Le projet vise la redynamisation des structures actuelles de gestion et de
contrôle de la pêche afin de permettre à l’Administration des pêches de jouer son
véritable rôle de développement et de gestion du sous secteur et d’établir également
des liens étroits avec les autres administrations intervenant ou non dans le sous
secteur.
Les services seront réorganisés et leurs attributions revues de manière à les
rendre plus efficaces. Dans ce cadre, il faudra mettre en place un observatoire des
pêches c’est-à-dire une unité chargée de la collecte et de l’analyse régulière des
informations de base sur l’ensemble du sous secteur.
Le projet s’intéresse également à la promotion des organisations socio-
professionnelles existants dans le secteur en vue de pallier aux carences dans leur
fonctionnement et à la faible efficacité de l’Administration des pêches dans ce
domaine. Il s’agira d’intervenir sous la forme d’un appui rapproché et
42

professionnalisé pour assurer une amélioration durable des capacités de production


et des revenus et garantir la participation active des organisations socio-
professionnelles aux décisions concernant leur environnement socio-économique.

Projet 3 : Développement d’activités alternatives génératrices de revenus


Le projet vise à renforcer les capacités des populations à accroître leurs
revenus par l’intensification d’activités économiquement rentables, autres que celles
liées à la pêche et susceptibles de constituer une alternative attrayante pour les
communautés de pêche.
Il s’agit essentiellement de formuler des micro-projets pouvant être adoptés
rapidement en regard de leur recevabilité technique, impact environnemental,
acceptabilité sociale et rentabilité économique dans chacun des secteurs porteurs
identifiés (agriculture, foresterie, élevage, artisanat, petits métiers, etc…).

Projet 4 : Appui à la production piscicole


Ce projet a pour objectif d’améliorer la production piscicole dans les différents
départements du Bénin.
Les actions à mener en la matière varie (nature et coûts) d’un département à
un autre et porteront essentiellement sur les points suivants :
- Réhabilitation des infrastructures essentielles déjà disponibles notamment les
stations d’alevinage et les unités de production d’alevins ;
- Mise en place de centres d’alevinage nécessaires pour la production d’alevins ;
- Mise au point détaillé des paquets technologiques ;
- Formation /recyclage des agents de pêche et des animateurs d’Organisations
Non Gouvernementales (ONG) ;
- Formation des pisciculteurs aux paquets technologiques choisis ;
- Octroi de crédit adapté aux pisciculteurs.

Eu égard à l’étude du Projet d’Aménagement des plans d’eau du Sud-Bénin


en cours de réalisation, il apparaît indiqué de se limiter à ces quelques propositions
de projets en attendant les propositions d’intervention qui résulteront des études
approfondies que mènent ce projet.
43

5.0- CONCLUSION
Il est aujourd’hui établi que la pêche joue un rôle socio-économique important
au Bénin. Cependant, elle ne reçoit pas encore toute l’attention que requiert sa
contribution au produit intérieur brut, à la sécurité alimentaire d’une bonne partie des
populations, à la sécurité et la paix sociale des populations.
Les principales contraintes qui freinent le développement harmonieux de ce
sous secteur ont été identifiées et quelques axes stratégiques sont proposés pour
réduire ou lever ces contraintes et favoriser un développement durable du sous
secteur. Ces axes stratégiques privilégient :
- la sécurité alimentaire
- l’accès aux facteurs de production et aux technologies appropriées
- le renforcement des capacités techniques et organisationnelles et
- la pratique des techniques écologiquement durables.
La mise en œuvre des actions proposées nécessitera des efforts
considérables de planification, de coordination, de concertation et de suivi. Des
mesures d’accompagnement seront requises pour les initier, leur offrir les points
d’appui et les leviers pour assurer leur évolution.
Il s’agira donc de concentrer les ressources sur les leviers de développement
qui paraissent les plus indiqués pour le court et moyen terme. Ainsi, il faudra éviter la
dispersion des efforts et agir notamment dans les domaines où les populations
concernées ont des capacités d’action plus grandes.
44

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANONYME, 1996 - Plan de gestion des plans d’eau continentaux du Sud-Bénin.
Projet Pêche Lagunaire, Direction des Pêches (Ministère du
Développement Rural).
ANONYME, 1997 - Réglementation de la pêche continentale. Projet Pêche
Lagunaire - Direction des Pêches (MDR).
ANONYME, 1997 - Plan d’Aménagement pour la Gestion des Pêches Maritimes en
République du Bénin. Comité National Océanographique
(MENRS) – Direction des Pêches (MDR).
ANONYME, 1998 - Plan Directeurs des Pêches pour la République du Bénin.
Direction des Pêches (MDR).
ANONYME, 1997 - Programme d’Aménagement des Zones Humides du Sud-
Bénin. Rapport de formulation – ABE – CBDD.
ANONYME, 1999 - Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural.
Ministère du Développement Rural.
CARDER-MONO, 1999 - Appui à la production piscicole dans le département du Mono.
Document de la DCVP.
GBAGUIDI, A. 1990-1997- Statistiques des pêches continentales de 1989 à 1996 – Direction
des pêches (MDR).
GNAKADJA, G. 1998 - Rapport final du Projet "Amélioration des Conditions de vie des
Populations de la Sous-Préfecture Lacustre des Aguégués".
GNAKADJA, G. 1999 - Programme d’Appui à la Direction des Pêches dans le cadre de
l’exécution du Programme d’Aménagement des Zones Humides
du Sud-Bénin.
HOUNKPE, E. 1995 - La pêche (Rapport) – In : Etude du plan d’aménagement rural
du département du Mono en collaboration avec BDPA –
SCETAGRI-SOMUSFOR Bureau d’Etudes.
HOUNKPE, C. 1996 - Situation actuelle des méthodes de pêche controversées au
Sud-Bénin – Direction des Pêches (MDR).
KEBE, M. ANATO, C.B. Revue sectorielle de la pêche artisanale au Bénin.
et GALLENE, J. , 1997 Rapport technique du DIPA n° 105.
PAMR – MONO, 1999 Note interne / Projet d’Appui au Monde Rural : Développement
de la pisciculture dans le Mono – Propositions d’orientation.
ROCHE INTERNATIONAL, 1999 – Projet d’Aménagement des Plans d’eau au Sud du
Bénin. Rapport préliminaire interne / Pêche et Pisciculture.
45

TERMES DE MANDAT POUR LE CONSULTANT NATIONAL,


SPECIALISTE EN DEVELOPPEMENT DES PECHES
CONTINENTALES ET EN AQUACULTURE

Sous la supervision technique du Groupe du Département des Pêches au


Bureau Régional de la FAO, (RAFI), et en étroite collaboration avec le Consultant
principal international, Chef de mission et le Coordonnateur national du projet, le
consultant effectuera les tâches décrites ci-après (sur la base de l’analyse des
revues sectorielles récentes disponibles et des informations complémentaires
recueillies au Bénin) :

1. faire le point sur l’évolution durant ces dernières années et sur la situation
actuelle dans les domaines des pêches continentales et de l’aquaculture ;
2. identifier les contraintes auxquelles font face actuellement les pêches
continentales et l’aquaculture et évaluer leur potentiel réel de
développement en examinant tous les facteurs y afférents ;
3. examiner les questions de professionnalisation des intervenants, du
développement du partenariat et de promotion de l’initiative privée ;
4. examiner l’appui aux filières par rapport aux pêches continentales et
l’aquaculture dans la sécurité alimentaire ;
5. analyser les conditions de développement à moyen terme de l’aquaculture
sur la base notamment de la production et la distribution d’alevins
assurées par le secteur privé, un redimensionnement et un renforcement
des stations piscicoles gouvernementales les plus aptes à assurer des
fonctions de recherche appliquée et de vulgarisation adaptées aux
potentialités du sous-secteur ;
6. en tant que spécialiste de son domaine, jeter un regard analytique sur les
questions suivantes pour faire ressortir un diagnostic spécifique au
domaine d’étude, pour montrer comment elles gênent (les contraintes) le
développement et pour proposer des lignes stratégiques. Il s’agit de :
- Législation foncière et relative aux organisations rurales ;
- Micro-finances et crédit rural, financement du secteur rural en général ;
- Institutions rurales ;
- Genre et développement, groupes sociaux défavorisés ;
46

- Développement durable et gestion des terroirs et des ressources


naturelles ;
- Recherche, vulgarisation, formation et conseil agricoles ;
- Investissements et programmation ;
- Communication pour le développement.
7. formuler une stratégie sous-sectorielle de développement des pêches
continentales et de l’aquaculture rurale et un plan d’actions comprenant
des ébauches ou des volets de programmes et projets s’intégrant
parfaitement dans le schéma directeur du secteur de développement
agricole et rural ;
8. rédiger un rapport contenant les principales conclusions de sa mission.

Qualifications :
Spécialiste en pêches continentales et aquaculture ayant une longue
expérience pratique dans le domaine de la définition des politiques et stratégies de
développement de ces secteurs notamment en Afrique.
Excellente connaissance du français.

Durée : 4 Semaines

Lieu : Cotonou avec déplacements sur le terrain si nécessaire.

Vous aimerez peut-être aussi