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DIRECTION DE

L’ASSIETTE, DES
VÉRIFICATIONS ET
DES STATISTIQUES
ETUDE MONOGRAPHIQUE
Division des
vérifications

Service des
Monographies

LA PECHE

E.M.

01-05

Janvier 2005
Sommaire

1. GENERALITES………………………………………………………………………….5

1.1. Contribution du secteur de la pêche à l’économie nationale……..5


1.2. Données économiques et sociales sur le secteur…………………….5
1.3. Délimitation du sujet………………………………………………………..6

2. ORGANISATION ADMINISTRATIVE ET PROFESSIONNELLE………………..7

2.1. Organisation administrative………………………………………………..7


2.2. Organisation professionnelle………………………………………………8
2.3. Organisations syndicales ……………………………………………………9

3. ASPECTS REGLEMENTAIRES DU SECTEUR……………………………………….9

3.1. Dispositions réglementant l’exercice de la pêche…………………….10

3.1.1. Exigence d’une licence de pêche……………………………………………10


3.1.2. Octroi et modalités d’application de la licence………………………….11

3.2. Dispositions réglementant la commercialisation du poisson……….12

3.2.1. Prix du poisson industriel……………………………………………………….13


3.2.2. Contrôle des prix……………………………………………………………………13

3.3. Autres dispositions……………………………………………………………..13

4. ASPECTS TECHNIQUES ET ECONOMIQUES DU SECTEUR …………………….13

4.1. Structure de la flottille…………………………………………………………14

4.1.1. Les principaux navires utilisés…………………………………………………14


4.1.2. Les types de pêches pratiquées……………………………………………….14

4.2. Les techniques de pêche………………………………………………………17

4.2.1. Les engins et techniques de pêche…………………………………………..17


4.2.2. Les équipements…………………………………………………………………….18

4.3. Nature des captures……………………………………………………………18


4.4. Principales zones de débarquement……………………………………….19
4.5. Utilisation des captures……………………………………………………….20
4.6. L’organisation des opérations de pêche…………………………………..21
4.7. La commercialisation des produits de la pêche…………………………23

2
5. REGIME FISCAL ET CONTROLE DU SECTEUR DE LA PECHE………………….24

5.1. Régime fiscal……………………………………………………………………24

5.1.1. Taxes et redevances dues aux collectivités locales et leur


groupements………………………………………………………………………………24
5.1.2. Parafiscalité………………………………………………………………………………..25
5.1.3. Droits de douanes……………………………………………………………………….27
5.1.4. Fiscalité gérée par la D.G.I……………………………………………………….....28

5.2. Contrôle fiscal……………………………………………………………………29

5.2.1. L’exploitation des informations et renseignements……….....29


5.2.2. Les vérifications fiscales des armateurs de pêche…………….33

5.2.2.1. Les principales caractéristiques des entreprises


de pêche……………………………………………………………………….…...33
5.2.2.2. Les moyens de production………………………………………………......35
5.2.2.3. Les conditions d’exploitation……………………………………………..….38
5.2.2.4. Les aspects comptables……………………………………………………….40
5.2.2.5. L’évaluation de la rentabilité d’exploitation dans le secteur……..41
5.2.2.6. Le déroulement des vérifications…………………………………………..42
5.2.2.7. Les redressements spécifiques……………………………………………..43

5.3. Examen des recours devant la C.N.R.F …………………………………..45

5.3.1. La reconstitution du C.A à partir de l’utilisation des emballages….45


5.3.2. Les éléments amortissables passés en frais généraux………………..49
5.3.3. Les rémunérations allouées à l’équipage étranger……………………..53
5.3.4. Les avantages en nature (cas de la nourriture dispensée au
personnel naviguant)……………………………………………………………..55

ANNEXES

1-Modèle d’un contrat d’assistance technique,


2-Liste des textes législatifs et réglementaires régissant la pêche maritime,
3-Modèle d’un état mercuriale
4-Imprimé modèle de la demande de licence de pêche,
5-Imprimé modèle du registre d’équipage.

3
Liste des principales sources d’informations consultées
Pour les besoins de la présente étude

Le Ministère de l’agriculture, du développement rural et des pêches maritimes,


La direction des industries de la pêche,
La délégation régionale des affaires maritimes de Casablanca,
Le Ministère de l’industrie et du commerce,
L’Administration des douanes et impôts indirects
La Fédération des chambres des pêches maritimes,
L’office national de pêche (O.N.E.P),
L’office de l’exploitation des ports (O.D.E.P),
L’Office des Changes,
Bank Al- Maghrib,
Département des études et de la documentation de la B.M.C.I,
La Direction de la politique économique générale,
La Direction des Statistiques,
L’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (I.A.V),
Les associations professionnelles,
La presse nationale (L’économiste, la vie économique, Maroc-hebdo…),
Les Bulletins officiels
Le service du suivi des vérifications régionales,
La division de la législation,
Les services extérieurs de la Direction Générale des Impôts,
La documentation fiscale française

4
1. GENERALITES

Le secteur de la pêche maritime revêt une importance capitale pour le Maroc au


regard de ses potentialités économiques et sociales. Cette activité est pratiquée sur
plus de 3500km de côtes et sur une zone économique exclusive (Z.E.E) de 200 miles
marins. Le potentiel halieutique marocain est estimé à 1,5 millions de tonnes
renouvelables tous les ans 1 .

Cette richesse hisse le pays au premier rang des producteurs de poisson en


Afrique et le 25ème au niveau mondial (Il est le premier exportateur de l’espèce dite
«sardina pilchardues »).

Le rappel ici de quelques données suffit pour démontrer l’importance du secteur


de la pêche dans le développement économique et social du pays.

1.1. Contribution du secteur de la pêche à l’économie nationale

Au niveau de l’économie nationale, la contribution du secteur à a atteint 2,5%


du produit intérieur brut(P.I.B) en l’an 2003, avec une rentrée annuelle en devises de
4,7 milliards de dirhams pour un volume de production halieutique de 914.000
tonnes 2 .

En terme de quantité, la pêche côtière reste dominante dans la production et


représente 95,84% du volume total débarqué (865.473 tonnes), contre 4,16% pour
la pêche hauturière (soit 37.480 tonnes).

En terme de valeur, la pêche hauturière intervient, malgré son faible tonnage


pour près de 31% du total de la valeur (soit 1.4 milliards de DH) contre 3,3 milliards
pour la pêche côtière.

Les débarquements de cette pêche servent à approvisionner aussi bien le


marché local que celui de l’export.

La flottille ayant permis de réaliser cette production réunit environ 2.954 unités
de pêche dont 2.470 navires de pêche côtière, 447 bateaux hauturiers ; en plus de
quelques 12.000 embarcations de pêche artisanale.

1.2. Données économiques et sociales sur le secteur

Au Maroc, le secteur de pêche joue un rôle primordial dans l’équilibre la balance


commerciale et la stratégie de l’autosuffisance alimentaire et de l’emploi.

1
Voir « Réforme de la nouvelle politique des pêches : analyse et suggestions », publications de la
Direction de la politique économique générale (Ministère des Finances) ,27 juin 2002, p : 2.
2
Voir La Vie Economique n° 4283 du 8 au 14 octobre 2004.

5
En effet, le secteur de la pêche occupe une place de choix dans le commerce
extérieur de par les apports en devises qu’il réalise en matière d’exportation. Il
représente à lui seul 62% des exportations des produits alimentaires et 13% du total
des exportations marocaines.

L’industrie de valorisation à terre des produits de la pêche est également très


importante ; elle réalise une valeur ajoutée de 1 milliard de DH et un chiffre
d’affaires de 5 milliards de DH. Elle contribue à elle seule pour le 1/3 des
exportations agroalimentaires du pays et pour 10% de ses exportations globales.

L’aquaculture représente un autre marché à fort potentiel dans le secteur grâce


à ses atouts majeurs (sites appropriés, absence de pollution, température ambiante
adéquate..) autant de conditions favorisant la production d’espèces à forte valeur
commerciale.

S’agissant de l’autosuffisance alimentaire et les emplois, force est de constater


que le secteur a contribué au cours de ces dernières décennies, par les produits qu’il
procure, à l’autosuffisance alimentaire nationale en protéine animale d’origine marine.
La consommation par habitant a atteint en 2003 11 Kg par tête contre 7 en 1999 3 .

S’agissant des emplois (directs et indirects) procurés par le secteur, ils sont
évalués à 400.000 personnes dont 50.000 marins dans la pêche artisanale, 48.000
dans la pêche côtière et 11.000 dans la pêche hauturière.

1.3. Délimitation du sujet

Il ressort de ce qui précède que le secteur halieutique marocain comprend


plusieurs branches d’activités, à savoir: la pêche maritime proprement dite, la
valorisation des produits de la mer, l’aquaculture et les industries annexes.

Toutefois, le présent travail se limitera à l’activité de la pêche maritime et


procédera à l’étude de la filière des armateurs qui exploitent des licences de pêche
en l’occurrence la pêche hauturière et la pêche côtière

A signaler à cet effet que dans la nomenclature marocaine des activités,


l’activité étudiée est répertoriée sous les rubriques :

Section B : « Pêche et aquaculture » ;


Branche 05 :« Pêche et aquaculture» ;
Sous- branche : 05-0 « Pêche et aquaculture».

Elle relève précisément de la classe 05-01 qui comprend notamment :

- la pêche hauturière :
• pêche des céphalopodes ;

3
Voir La Vie Economique n° 4283 du 8 au 14 octobre 2004.

6
• pêche des crevettes ;
• pêche du thon et autres poissons ;
- la pêche côtière :
• pêche de corail ;
• exploitation des madragues et autres activités côtières ;
- la pêche artisanale ;
- la pêche en eau douce.

Cette classe comprend aussi : les services annexes de la pêche mais exclut la
pêche sportive.

2. ORGANISATION ADMINISTRATIVE ET PROFESSIONNELLE

2.1. Organisation administrative

2.1.1. Ministère des pêches maritimes

Au Maroc, le secteur de la pêche relève du ministère de l’agriculture, du


développement rural et des pêches maritimes, qui est l’institution publique
responsable de la formulation et de l’exécution de la politique gouvernementale en
matière des pêches,de la planification des investissements publics, de la surveillance
et du contrôle des captures et de la gestion de la qualité des produits de la pêche.

Au sein de ce ministère, la Direction des pêches maritimes est le service


technique chargé, au niveau central, de la gestion réglementaire, économique et
technique des industries de la pêche.

Sur le littoral, l’administration des pêches est assurée par les Délégations
régionales des affaires maritimes (D.R.A.M) qui assurent la gestion des gens de mer
et de la flotte de pêche au niveau régional.

Par ailleurs, pour le contrôle des activités de pêche et la surveillance des


activités dans la zone économique exclusive (Z.E.E), le Ministère fait appel à l’aide de
la Marine Royale et de la Douane. Il s’appuie également sur le concours scientifique
et technique de l’Institut national des recherches halieutiques (I.N.R.H).

2.1.2. L’Office national des pêches (O.N.P)

L’Office national des pêches 4 est un établissement public doté de la personnalité


morale et de l’autonomie financière ayant pour mission le développement de la
pêche artisanale et côtière ainsi que l’organisation et la commercialisation des
produits de cette pêche.

Cet office est chargé, sous la tutelle du Ministère des Pêches Maritimes, de
promouvoir la consommation interne des produits de la pêche maritime, de gérer et
d’organiser les marchés de vente en gros du poisson conformément aux normes

4
Cf. Dahir du 21 février 1969 relatif à l’Office national des pêches (B.O 26 février 1969).

7
prescrites garantissant la salubrité et la qualité des produits ainsi que d’agréer le
poisson industriel (sardines).

2.1.3. Le comptoir d’agréage du poisson industriel (C.A.P.I) 5

C’est un service de l’O.N.P en charge de la gestion des ventes du poisson


industriel (Anchois, Sardines et Maquereau..). Les prix de ces poissons sont fixés par
ce comptoir.

2.1.4. L’Institut national des recherches halieutiques (I.N.R.H)

Il s’agit d’un établissement public doté également de la personnalité morale et


de l’autonomie financière, soumis à la tutelle de l’Etat. Sa principale mission consiste
à faire des recherches, études, actions expérimentales et travaux en mer ou en terre
ayant pour objectifs, l’aménagement et la rationalisation de la gestion des ressources
halieutiques (l’Institut est crée par la loi n°48-95 promulguée par le dahir n°1-96-98
du 29 juillet 1996).

2.2. Organisation professionnelle

2.2.1. Les chambres maritimes

Au Maroc, la représentation nationale, régionale et locale des opérateurs


économiques du secteur des pêches maritimes est assurée par les chambres 6 des
pêches maritimes. Ces chambres sont des établissements publics placés sous la
tutelle de l’Etat et dotés de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elles
ont différentes missions et donnent au gouvernement des avis et renseignements sur
toutes les questions concernant le secteur de la pêche.

Toutefois, il y a lieu de signaler que ces chambres ont été probablement créées
également pour servir de forum aux associations de pêcheurs et pour assurer le rôle
de «Conseils régionaux des pêches» chargés en particulier de donner des avis aux
décideurs.

2.2.2. Comité central et comités locaux7 des pêches maritimes

5
Son rôle est de fixer le taux de poisson usinable (payé au prix du poisson destiné aux
conserveries) et de celui non usinable payé au prix du poisson destiné aux unités de farines
de poisson.
6
Au nombre de 4, ces chambres sont regroupées au sein de la Fédération des Chambres des Pêches
Maritimes et sont réparties géographiquement de la façon suivante: Chambres de Tanger
(Méditerranée), Casablanca (Atlantique Nord), Agadir (Atlantique Centre), et Dakhla (Atlantique Sud).
Chaque chambre comporte 4 collèges électoraux: pêche hauturière, côtière, artisanale et activités
littorales. Cette organisation a été créée par le Dahir n° 1-97-88 du 2 avril 1997 portant promulgation
de la loi n° 04-97 formant statut des chambres des pêches maritimes (B.O n° 4470 du 3 avril 1997).

7
Ces comités sont réglementés par le décret n° 2-58-783 du 8 rabia II 1378 (22 octobre 1958) (B.O n°
2403 du 14 novembre 1958, p : 1840).

8
Le comité central 8 des pêches maritimes, dont le siège est fixé par arrêté
ministériel, est chargé de donner à l’Administration des avis sur les questions d’ordre
général concernant l’exercice de la pêche et la vente des produits de la mer dans
l’ensemble du Maroc.

Les comités locaux 9 des pêches maritimes, créés dans chacun des ports du
royaume, chefs lieux des quartiers maritimes, sont consultés sur les questions de
même nature intervenant spécialement dans la circonscription maritime dans laquelle
ils ont leur siège.

2.3. Organisations syndicales

Au Maroc, c’est plutôt le statut d’association qui tient lieu d’institution de


représentation professionnelle au lieu du syndicat. Ces associations, à but non
lucratif, sont en général des formes de représentations contemporaines, non
communautaires, fondées sur la notion de filière et classes sociales. Bien souvent ces
associations 10 et ces syndicats sont organisés par métiers (chalutiers, senneurs...) ou
encore organisés autour du clivage patron/matelot etc…

3. ASPECTS REGLEMENTAIRES DU SECTEUR

8
Le comité central est composé, entre autres, du sous-secrétaire d’Etat au commerce , à l’industrie, à
l’artisanat et à la marine marchande ou son représentant qui est président, des représentants du
Ministère de l’intérieur, des travaux publics, le chef de bureau des pêches maritimes, un membre de
l’union marocaine du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, de quatre représentants des associations
professionnelles de l’armement à la pêche du poisson industriel, de six représentants de la fédération
syndicale des marins pêcheurs( section pêche au chalut et pêche du poisson industriel).Fait
également parti de ce comité le chef du comptoir d’agréage du poisson industriel.
9
Ils sont composés, entre autres, d’un représentant du gouverneur de la province, trois
représentants de l’armement à la pêche, trois représentants des marins pêcheurs. A signaler
que les représentants des catégories professionnelles susvisées sont désignées par les
organisations syndicales ou professionnelles ou à défaut par le chef de la direction de la
marine marchande et des pêches maritimes sur proposition du chef du quartier maritime
intéressé.
10
Parmi ces associations on citera :
a)-Au plan de la représentation patronale :
-l’association des patrons de pêche : Place My El Hassan, Essaouira ;
-l’association nationale des armateurs à la pêche au Maroc : Halle aux poissons de Casa,
Bureau n°7 Casablanca ;
-l’association des armateurs de la pêche côtière d’Agadir ;
-l’association des Cephalopodiers marocains : avenue des FAR, Casablanca ;
-le Groupement professionnel des armateurs de la pêche côtière au Maroc : Halle au
poisson de Casablanca.
b)-Au plan de la représentation des équipages :
-la Fédération nationale des syndicats des armateurs de la pêche côtière au Maroc à
Agadir;
c)-Au plan de la représentation des pêcheurs :
-le syndicat des marins pêcheurs : halle aux poissons, bureau n°21 bis, Casablanca

9
La base légale de la réglementation du secteur de la pêche est le dahir portant
loi n° 1-73-255 du 22 novembre 1973, formant règlement sur la pêche maritime (B.O
n°3187). Ce dahir a abrogé et remplacé le code de commerce maritime de 1919 tout
en maintenant certains textes à portée spécifique. Ce règlement prévoit, entre autres,
que :
• l’exercice du droit de pêche est subordonné à l’obtention d’une licence
de pêche valable pour une année,
• seuls les bateaux battant pavillon marocain ou exploités par des
personnes physiques ou morales marocaines peuvent bénéficier de
licence,
• les instruments et les procédés de pêche font l’objet d’une
réglementation plus contraignante, c’est le cas notamment des filets,
• l’exploitation de certaines espèces peut être sujette à des interdictions
temporaires (repos biologiques) ou à base de la taille des espèces
n’ayant pas atteint des dimensions déterminées tel que prévu par la
législation.

Par ailleurs, le rappel de certains textes réglementaires portant sur une série de
définitions se rapportant à l’exercice de la pêche maritime, peut s’avérer utile pour la
compréhension du secteur.

3.1. Dispositions réglementant l’exercice de la pêche

Aux termes des dispositions du dahir portant loi n°1-73-255, la pêche maritime
est définie comme étant « …toute pêche faite à la mer et sur les côtes ainsi que dans
les lagunes classées par décret hors des eaux courantes et stagnantes du domaine
public terrestre ».

Les principales dispositions relatives à l’exercice de ce droit concernent les


points suivants :

3.1.1. Exigence d’une licence de pêche:

L’exercice du droit de pêche dans la Zone Economique Exclusive (Z.E.E) 11 , tel


que définie par le dahir portant loi n° 1.73.211 du 2 mars 1973 12 , est subordonné à
l’obtention d’une licence de pêche et au respect de la liste des engins interdits et au
repos biologique.

Les conditions de délivrance et de renouvellement de la licence de pêche ainsi


que le montant de la taxe corrélative sont fixés par décret. Les droits de pêche sont
exclusivement réservés dans cette zone aux bateaux battant pavillon marocain ou
exploités par des personnes physiques ou morales de nationalité marocaine

11
Cette zone s’étend sur une distance de 200 miles marins calculée à partir des lignes de base droites
ou des lignes de base normales servant à mesurer la largeur de la mer territoriale. (Article 1er de la loi
n° 1-81 instituant une zone économique exclusive de deux cent miles au large des côtes marocaines,
promulguée par le dahir n°1-81-179 du 3 joumada II 1401 (8 avril 1981) (B.O n° 3575 du 6 mai
1981).
12
Ce Dahir fixe la limite des eaux territoriales et la zone économique exclusive marocaine.

10
conformément aux modalités et sous les sanctions prévues par le dahir portant loi
n°1-73-255 du 27 chaoual 1393( 23 novembre 1973).

Il est donc interdit à tout navire étranger de se livrer, dans cette zone, à une
activité de pêche.

A noter enfin que ce droit peut être exercé également par des bateaux
appartenant aux armateurs (sociétés ou personnes physiques) ou affrétés 13 par ces
derniers pour les besoins de pêche.

3.1.2. Octroi et modalités d’application de la licence

L’importance de la licence 14 est capitale pour la profession. De son obtention


dépend la légalité ou l’illégalité des opérations réalisées par les armateurs. Selon le
type de licence (poissonnière, céphalopodière ou crevettière), les armateurs de
pêche exploitent des zones différentes.

La licence de pêche est prévue à l’article 2 du dahir portant loi n °1.73.255 du


23 novembre 1973. Elle est délivrée à la demande de l’armateur, par le ministre des
pêches maritimes et de la marine marchande ou les personnes déléguées par lui à
cet effet, sur présentation d’un dossier comprenant les pièces propres à identifier le
navire, objet de la demande de licence ainsi que son ou ses propriétaires.

La demande doit préciser, en outre, les engins de pêche utilisés, la zone de


pêche sollicitée ainsi que le ou les espèces qui y seront capturées.

La licence est délivrée pour une durée maximale d’une année grégorienne et
n’est valable que pour le navire pour lequel elle a été délivrée, pour la zone de pêche
et la capture des espèces qui y sont indiquées. Sur cette licence, le Ministre des
pêches maritimes et de la marine marchande ou les personnes habilitées à la délivrer
peuvent fixer le pourcentage des captures accessoires qui sera autorisé.

De même, cette licence est renouvelée, sur demande de son bénéficiaire, dans
le mois qui précède la date de son expiration

Par ailleurs, la licence de pêche entraîne, pour son détenteur, l’obligation de


communiquer, à la demande de l’autorité maritime, et au moins une fois par an, tous
renseignements utiles concernant les activités de pêche du navire. La liste de ces
renseignements est arrêtée annuellement par le Ministère des pêches maritimes et
de la marine marchande.

13
L’exercice du droit de la pêche peut être effectué par des bateaux affrétés. Toutefois, l’article 3 du
dahir portant loi n°1-73-255 du 23 novembre 1973 susmentionné subordonne l’affrètement de
bateaux de pêche étrangers par des personnes physiques ou morales marocaines à l’autorisation
préalable du Ministère chargé des pêches maritimes qui fixe les conditions de celle-ci.
14
Les conditions et les modalités de délivrance et de renouvellement de la licence de pêche sont
fixées par le décret n°2-92-1026 du 4 29 décembre 1992 fixant les conditions et les modalités de
délivrance et de renouvellement de la licence de pêche dans la Z.E.E (B.O du 30 Décembre 1992)

11
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le non respect des obligations citées ci-
dessus, entraîne la suspension ou le non renouvellement de la licence de pêche
jusqu’au respect des conditions par le bénéficiaire.

Enfin, l’attribution d’une licence est soumise au paiement d’une taxe 15 dont les
montants sont fixés d’après la jauge brute du navire pour lequel la licence a été
délivrée et le type de pêche pratiqué , suivant les indications ci-après.( voir en détail
taxes plus bas).

3.2. Dispositions réglementant la commercialisation du poisson

Parmi les dispositions réglementant la commercialisation du poisson, figurent


celles relatives au prix du poisson et qui seront rappelées ici pour leur utilité. En
principe, le prix du poisson est généralement régi par la loi de l’offre et de la
demande notamment pour la pêche hauturière ou encore par ententes entre

15
Cette taxe est recouvrée par la recette des douanes sur présentation d’un titre de perception établi
par l’autorité auprès de laquelle a été déposée la demande de licence de pêche.
a-1-75 Dirhams pour un navire dont la jauge brute n’excède pas deux unités de jauge,
a-2-150 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à deux unités de jauge et
n’excède pas cinq unités de jauge,
a-3-200 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à cinq unités de jauge et
n’excède pas dix unités de jauge,
a-4-500 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à dix unités de jauge et
n’excède pas vingt cinq unités de jauge,
a-5-1500 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 25 unités de jauge et
n’excède pas cinquante unités de jauge,
a-6-2.500 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à cinquante unités de
jauge et n’excède pas cent unités de jauge,
a-7-4000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 100 unités de jauge et
n’excède pas 150 unités de jauge,
15
a-8-15.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 150 unités de
jauge et n’excède par 250 unités de jauge,
a-9-25.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 250 unités de jauge
et n’excède pas 500 unités de jauge,
a-10- 30.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 500 unités de
jauge et n’excède pas 1000 unités de jauge,
a-11- 40.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 1000 unités de
jauge.
b- Pour les navire d’une jauge brute supérieure à 100 unités de jauge et pratiquant la pêche
des céphalopodes, les montants suivants viennent s’ajouter aux montants prévus au a) ci-dessus :
b-1-20.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 100 unités de jauge
et n’excède pas 150 unités de jauge,
b-2-25.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 150 unités de jauge
et n’excède pas 250 unités de jauge,
b-3-35.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 250 unités de jauge ;
c- Pour les navires d’une jauge brute supérieure à 100 unités de jauge et pratiquant la pêche
des crevettes, les montants suivants viennent s’ajouter aux montants prévus au a) ci-dessus :
c-1- 20.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 100 unités de jauge
et n’excède pas 150 unités de jauge,
c-2-25.000 Dirhams pour un navire dont la jauge brute est supérieure à 150 unités de jauge.

12
armateurs et clients en ce qui concerne la pêche côtière. Toutefois, le poisson
industriel notamment le pélagique fait exception à cette règle dans la mesure où les
prix de vente sont réglementés par les autorités concernées.

3.2.1. Prix du poisson industriel

Les prix minimums du poisson pélagique sont arrêtés au début de chaque


compagne par la commission économique du Comité Central des Pêches Maritimes
d’un commun accord entre les armateurs et les industriels.

Par ailleurs, les prix du poisson destiné aux industries de la conserve et sous
produits, à la salaison, à la congélation et à l’exportation peuvent être fixés par
arrêté du Ministre chargé du commerce et de l’industrie, pris après avis du comité
économique inter ministériel, et ce en vertu de l’article 1er du dahir n° 1-58-321 du
13 novembre 1958 relatif au prix du poisson industriel (B.O. du 5 décembre 1958),tel
qu’il a été modifié par le dahir n°1-69-273 du 30juiellet 1976.

Ces arrêtés déterminent :


- soit un prix minimum,
- soit un prix maximum,
- soit un prix imposé.
A ces prix peuvent s’ajouter les contributions destinées aux caisses de
péréquation interprofessionnelle.

3.2.2. Contrôle des prix


La vente ou l’achat à des prix non conformes aux dispositions des arrêtés pris
en application de l’article premier du dahir susvisé constitue des délits passibles des
peines prévues à l’article 17 du dahir n° 1-57-342 du 21 novembre 1957 sur la
réglementation et le contrôle des prix.

Les petits pélagiques, tels que la sardine, l’anchois, le saurel ou maquereau sont
commercialisés au niveau des comptoirs du poisson industriel (C.A.P.I). Les niveaux
de prix sont arrêtés au niveau de chaque compagne d’un commun accord entre les
armateurs et les industriels.

3.3. Autres dispositions

Il s’agit des dispositions réglementaires relatives, d’une part, à la taille du


poisson capturé et aux engins et techniques de pêche utilisés et, d’autre part, aux
règles sanitaires dont le but est d’assurer l’hygiène et la salubrité générale des locaux
et du matériel sur les navires de pêche.

4. ASPECTS TECHNIQUES ET ECONOMIQUES DU SECTEUR

Le secteur de la pêche se caractérise par la diversité des flottilles de pêche, de


ses techniques de pêche ainsi que de la variété de ses produits.

13
4. 1. Structure de la flottille

4.1.1. Les principaux navires utilisés

La flotte de pêche nationale couvre trois catégories de pêche distinctes dont la


flottille diffère d’un type à l’autre:

™ La flotte hauturière

Elle est composée essentiellement des bateaux usines, mesurant entre 85 et


110 mètres de long avec une capacité de 170.000 TJB 16 . Elle est ventilée entre
chalutiers céphalopodiers, crevettiers, chalutiers pélagiques congélateurs, senneurs
thoniers congélateurs, navires réfrigérés et autres chalutiers congélateurs.

™ La flotte côtière 17

Cette flotte est constituée de chalutiers, de senneurs, de palangriers, de


chalutiers senneurs, de palangriers senneurs, de chalutiers- palangriers et autres.
Elle est construite à base de bois en général même si ces dernières années quelques
navires en acier ont été mis en circulation bien que leur nombre reste limité.

A noter que la flotte de pêche palangrière est composée de palangriers de taille


moyenne (7 à 22 m de long, 3 à 50 Tjb et 30 à 250 CV).

™ La Flotte artisanale

Il s’agit d’une grande variété d’unités fabriquées en bois (on compte


actuellement quelques 17.800 embarcations 18 ), jaugeant moins de 2 tonnage de
jauge brute (TJB) chacune et équipées pour la plupart de moteurs hors-bord de
puissance variant entre 8 et 25 CV.

4.1.2. Les types de pêches pratiquées

La classification des pêches pratiquées au Maroc peut se faire en fonction de:

4.1.2.1. La durée de pêche et du tonnage des navires

™ Pêche hauturière
C’est une flottille relativement sophistiquée utilisant un équipement et matériel
de point ; elle bénéficie d’une grande capacité de pêche et de chargement (170.000

16
TJB : Tonnage de jauge brute
Le jaugeage des navires est la constatation officielle de la capacité utilisable du bateau ; ce
jaugeage est effectué par le service de navigation qui en dresse certificat aux frais du propriétaire.
17
Elle est passée de 1.829 navires en 1985 avec un TJB de 50.211 à 2.477 unités en 2003, pour un
tonnage global de 89.425 TJB. Voir« programme de mise à niveau de la pêche côtière et artisanale :
analyse et suggestions », publication de la Direction de la politique économique générale-2003.
18
Ibid.

14
TJB), ainsi que de préservation sous froids généralement importante qui leur permet
d’embarquer des captures de plusieurs centaines de tonnes.

Elle est pratiquée généralement au- delà de 6 miles (réservée à la pêche


côtière) et composée d’unités congélatives ciblant les céphalopodes, les crevettes et
les petits pélagiques. Ces bateaux ne souffrent pas des conditions climatiques
pendant l’exercice de leur activité et peuvent s’absenter de leurs ports d’attache
pendant de longues périodes allant de 50 à 70 jours.

Des transformations et autres opérations de filetage, d’éviscération et de


conditionnement de poisson peuvent être pratiquées sur le bord de ces navires qui
fonctionnent comme des usines sur terre. La majorité des bateaux de pêche sont
aujourd’hui en métal ; la matière utilisée est l’acier. La durée de vie d’un bateau de
pêche hauturière est d’environ trente ans ou plus.

™ Pêche côtière 19

On entend par flotte de pêche côtière 20 les navires de moins de 150 tonneaux
d’unités de jauge brute, pratiquant la pêche fraîche ou réfrigérée. Ce sont
généralement des senneurs, chalutiers côtiers ou palangriers qui pêchent en vue de
la vente du poisson à l’état frais.

Ces navires, qui ciblent les espèces demersales et pélagiques de hautes valeurs
commerciales, peuvent s’éloigner de leur port d’attache pour une période variant
entre 24 heures et une semaine.

A noter à cet égard que les chalutiers côtiers, en raison du mode de


conservation de leurs captures (sous glace) et de leur autonomie, effectuent des
marées ne dépassant pas une semaine et exploitent les fonds peu profonds du
littoral national. Ils pêchent le long des côtes à l’aide des casiers, palangres.

Les senneurs, quant à eux, effectuent des marées de courte durée ne


dépassant pas 24 heures, et exploitent les eaux côtières peu profondes.

Leur cible est l’espèce pélagique qui constitue la matière première principale des
conserveries, des usines de farines de poisson ainsi que celle des unités de
congélation à terre. L’âge moyen de cette flottille est d’environ 20 ans.

™ Pêche artisanale

Est considérée comme flotte de pêche artisanale, toute embarcation jaugeant


généralement moins de 2 tonnages de jauge brute (TJB), équipée éventuellement

19
On entend par flotte de pêche côtière et artisanale au sens de la loi n°49-95 du 12 rebia I 1417( 29
juillet 1996- article 1er) les navires de moins de 150 tonneaux de jauge brute, qui pêchent en vue de
la vente du poisson à l’état frais).
20
Au sens du dahir portant loi n° 1-73-255 du 27 chaoual 1393 (22 novembre 1973), formant
règlement sur la pêche maritime, on entend par flotte de pêche côtière20 les navires de moins de 150
tonneaux de jauge brute.

15
d’un moteur hors-bord de puissance variant entre 8 et 25 CV,et effectue une sortie
en mer inférieure ou égale à 24 heures.

La cible de cette pêche est constituée des petits pélagiques mais aussi des
céphalopodes surtout le poulpe à Dhakla. A souligner enfin que l’âge moyen de cette
flottille est situé entre 10 et 15 ans.

4.1.2.2. Le mode de répartition du capital21

™ La pêche artisanale

Dans cette filière de pêche, le patron embarqué est souvent propriétaire ou


copropriétaire de l’embarcation. Les pêcheurs embarqués sont rémunérés à la part.

™ La pêche côtière
L’équipage embarqué est composé d’un patron appelé «Raiss » qui est, soit
l’armateur lui-même, soit un Raiss engagé par ce dernier. Il est assisté dans ses
fonctions par des marins dont le nombre varie entre 5 et 8. Les membres de
l’équipage engagés sont liés par un contrat verbal et moral avec l’armateur et sont
payés à la part.

™ La pêche hauturière

Dans ce segment de pêche, les navires appartiennent le plus souvent à des


groupes de sociétés. Le capital est généralement mixte (maroco- étranger).La main
d’œuvre employée est en grande partie marocaine mais le staff de commandement

21
Aucune définition précise de la fonction d’armateur n’est donnée par la législation des pêches
maritimes (voir recueil des textes élaboré par le ministère des pêches, mis à jour en janvier 2002). Par
ailleurs, il ressort d’un rapport établi par le F.A.O, que le Maroc, à l’instar des pays de la méditerranée
occidentale, est caractérisé par la complexité des systèmes de constitution de capital qui ne permet pas
de définir une profession d’armateur qui se distinguerait clairement des autres acteurs (pêcheur par
exemple). En effet, la constitution du capital industriel (pêche hauturière) a multiplié les intervenants
qui participent à l’armement des navires sans que les régimes juridiques en rendent compte
expressément. C’est le cas également dans la pêche côtière et artisanale où les mareyeurs pratiquent
également d’une manière souterraine l’armement des navires en contrepartie de contrats d’exclusivité
sur les captures.

Un autre problème se pose également et a trait à la distinction juridique entre pêche artisanale et
pêche industrielle; en effet, en matière de législation maritime, cette distinction pose toujours problème
dans l’organisation des catégories professionnelles ou subsiste la difficulté de donner une définition
juridique satisfaisante des deux types de pêche précités. On observe également un refus de reconnaître
l’existence d’une pêche« industrielle »pour des raisons liées au statut fiscal et social maritime de la
pêche industrielle.

Ainsi, par exemple, pour différencier les deux catégories, la réglementation marocaine
distingue au sein de la pêche artisanale la «pêche côtière ». En effet, selon les dispositions
du Dahir n° 1-69-99, portant promulgation de la loi n°49-95 du 12 rabia I 1417(29 juillet
1996), on entend par flotte de pêche côtière, les navires de moins de 150 tonneaux de jauge
brute, qui pêchent en vue de la vente du poisson à l’état frais.

16
est souvent étranger (Composé généralement de 2 capitaines, 2 mécaniciens, un
classificateur, et un maître d’équipage).

S’agissant du mode de rémunération de l’équipage, il y a lieu de souligner que


si l’effectif marocain est considéré comme des salariés de la société de pêche
marocaine, à l’opposé l’équipage étranger est souvent lié à la société marocaine par
un contrat d’assistance technique dont les clauses déterminent avec précision le
mode de rémunération. (Pour plus de détail, cf. partie relative au contrôle fiscal).

4.2. Les techniques de pêche

Les techniques de pêche utilisées par les marins pêcheurs sont multiples. Elles
dépendent à la fois de la zone de pêche et de l'espèce de poisson recherchée. A cet
égard, il y a lieu de signaler que lesdites techniques ainsi que les engins et
équipements utilisés obéissent à certaines règles prévues par les dispositions
réglementaires en vigueur (cf. détail dans la partie réglementation du secteur de la
pêche).

4.2.1. Les engins et techniques de pêche

Les engins et techniques de pêche sont multiples. Toutefois, on peut citer à titre
d’exemple cinq (5) principales techniques généralement utilisées:

a) Le chalut : le chalut est une énorme poche maillée filée à l’arrière d’un
chalutier ; c’est un filet en forme d’entonnoir terminé par une poche. L’ouverture (ou
bouche) du chalut est maintenue grande ouverte grâce à deux lourds panneaux de
chaque coté des bras de la poche, de nombreux flotteurs et des diabolos. Les mailles
sont de plus en plus petites pour optimiser la capture dont la taille est réglementée.
Il existe deux types de chalut :

-le chalut de fond: il permet la capture des poissons benthiques (merlan,


merlu),

-le chalut pélagique: il permet la capture des poissons se déplaçant entre


la surface et le fond (anchois, sardine).

b) Les filets droits : sont constitués de nappes rectangulaires tendues vers le


haut par une corde munie de flotteurs et vers le bas par une corde lestée. Ils
servent à pêcher les espèces migratrices (merlu, lingue, lieu jaune, etc.). Il existe
deux types de filets droits :

-Filet maillant mono –maille: ce sont des filets tournants qui capturent le
poisson en l’encerclant à la fois sur les côtés et par-dessous. Ils sont maintenus
en surface par de nombreux flotteurs fixés à leur ralingue supérieure ; ils
comportent une coulisse qui assure la fermeture de la partie inférieure du filet
et de la rétention de la totalité du poisson capturé.

-Le trémail : il est composé de 3 nappes de filets de maillages différents.


Le poisson est emmêlé dans les mailles entre deux nappes de filet.

c) Les casiers : différents types de casiers sont employés en fonction des


espèces pêchées ou de la nature des fonds (fonds rocheux, fonds plats, casiers

17
à seiche, casier à crevette…). Les casiers sont utilisés essentiellement pour la
capture des crustacés ou céphalopodes et sont de forme très variée et
constituée d'un treillis végétal, métallique ou plastique ; ils sont munis d'entrées
coniques par lesquelles le crustacé pénètre dans la nasse. Le principe est le
suivant : un appât (souvent les restes de poissons) est placé au fond du casier ;
le crustacé ou le céphalopode descend dans le casier et reste ainsi capturé.

d) La drague : c'est un engin métallique traîné sur le fond pour capturer les
coquillages (Coquilles Saint-Jacques, pétoncles). C’est une sorte de râteau
complété par une poche. Les poches sont montées sur des bâtons et tirées à
l’arrière du coquillard sur des fonds de graviers et de sable.

Enfin, d’autres engins de pêche pélagique existent,tels que les pompes qui
permettent la capture directe de poissons concentrés généralement par la lumière.

4.2.2. Les équipements

La recherche active de la capture dirigée du poisson, par senne coulissante ou


chalut pélagique nécessite des équipements de passerelle spécifiques, adaptés pour
la détection du poisson, le contrôle des engins et la navigation.

* La détection du poisson : elle se fait par un instrument appelé SONAR (possédé


généralement par les senneurs et les chalutiers pélagiques) qui sert à la localisation
horizontale des bancs de poisson. Une représentation panoramique met ainsi en
évidence la cible formée par les poissons, la position relative et le mouvement du
navire, ainsi que la position simulée du filet.

*Le contrôle des engins : le contrôle des engins de pêche porte généralement sur
certains paramètres dont on peut citer dans le cas du chalut pélagique par exemple :
vitesse de traîne, longueur des câbles de remorque (funes) et traction exercée,
profondeur d’immersion du chalut ou distance par rapport au fond, hauteur
d’ouverture, repérage des bancs entrant dans le chalut et le degré de remplissage de
la poche. A souligner que pour la pêche à la senne, plusieurs instruments de mesure
à transmission acoustique installés sur la ralingue inférieure du filet permettent de
connaître sa profondeur d’immersion et sa position par rapport au bateau.

*La navigation : l’emploi des appareils de radionavigation à bord de navires de


pêche (incluant les systèmes de positionnement par satellite 22 ), notamment pour la
pêche hauturière permet de fournir la position avec une précision remarquable, de
l’ordre de 20 à 50 m. Le recoupement de ces informations avec d’autres données de
pêche, permet une conduite encore plus précise des opérations de capture, en
particulier pour le chalutage.

4.3. Nature des captures

22
D’après l’article 45 bis de la loi n°24-99, certains navires de pêche doivent être équipés d’un
système de positionnement et de localisation continue utilisant les communications par satellite pour
la transmission des données.(l’article 45 bis a modifié et complété le dahir portant loi n°1-73-255 du
23 novembre1973 formant règlement sur la pêche maritime).

18
Les espèces capturées sont extrêmement variées. Elles peuvent être réparties
en deux grands sous-ensembles : les espèces benthiques et les espèces pélagiques.

Par espèce benthique, on entend espèce de poissons qui vivent près du


littoral comme la daurade, le capelan, le grondin, le merlu, l'ombrine et la sole,
crustacés et céphalopodes. Ces poissons peuplent les grands fonds et ont une haute
valeur sur le marché. Ils constituent les trois quarts des prises effectuées au Maroc
et représentent une part importante de la valeur commerciale réalisée par la pêche.

Par espèce pélagique, on entend les espèces du grand large, généralement


de surface comme la sardine, le maquereau, les thonidés, les anchois, et les
chinchards.

Selon le rapport des statistiques de l’O.N.P de 2003, les principales espèces


débarquées, au titre de la pêche côtière et artisanale se présentent comme suit :
Type de poisson Poids en tonne Valeur en DH
POISSON BLANC
DORADE ROYALE, ROUGET
ARAIGNEE, LOUP, CAPELIN, SAINT 95.502 980.875
PIERRE
POISSON PELAGIQUE 742.957 1.222.249
CHINCHARD,SARDINE,
MAQUEREAU, THON
CRUSTACES 5.368 159.499
CRABE,CREVETTE
ROSE,HOMARD,CREVETTE
ROYALE,LANGOUSTE,
CEPHALOPODES 21.369 630.749
CALAMAR, POULPE,SEICHE,SUPION
Coquillage 277 1.800

4.4. Principales zones de débarquement

Les ports de pêche du pays sont au nombre de 27 dont 8 sur la côte


méditerranéenne et 19 sur la côte atlantique.

L’activité de pêche est exercée principalement à partir des ports de l’Atlantique,


à savoir par ordre d’importance : Agadir, Casablanca, Laayoune, Tan Tan et Dakhla
et des ports de la Méditerranée, notamment : Nador, Al Hoceima et M’diq.

Selon une étude effectuée par la banque marocaine du commerce extérieur 23 , il


est estimé que 50 % des prises réalisées par la flotte côtière sont débarquées dans
le port de Laayoune, 13% à Tan Tan, 12% à Agadir, 6% à Dakhla, 4% à Casablanca
3% à Safi, 2% à Sidi Ifni, 2% à Essaouira, 1% à Nador, 1% à Larache, et 1% à Al
Hoceima.

23
Revue d’information BMCE- juillet 1996.

19
Sur la côte atlantique, la part du lion dans la répartition des embarcations revient à
Laayoune avec 51,5%, suivi de Tan Tan 14% puis d’Agadir 12%. Dakhla et Casablanca
viennent en dernier avec respectivement 6% et 4%.

Sur la côte méditerranéenne en 1998, le port de Nador occupe la première place


dans les prises totales (38%) suivi d’Al Hoceima (33%) puis de M’Diq (15%) et enfin
Ras Kabdana (6%) et Jebha 4,7 %.

4.5. Utilisation des captures

Il ressort des informations 24 recoupées que 84% des débarquements des


pélagiques (soit 35% du total des débarquements) sont destinés à être transformés
en farine de poisson, contre seulement 20,5% pour la conserve et semi conserve et
3,6% pour la congélation.

La production des céphalopodes, crustacées et poissons blancs est, en grande


partie, orientée vers les marchés extérieurs. En revanche, la destination de la
production de la pêche côtière se présente comme suit :

- Consommation locale : 28,4%,


- Conserves : 22,6%,
- Sous-produits : 46,7%,
- Autres : 2,3%.

A cet effet, il y a lieu de souligner que le secteur des industries de valorisation


des produits de la mer est actif et regroupe les branches de la conserve, semi-
conserve, congélation, conditionnement à l’état frais, farine et huile de poisson et
transformation des algues. Parmi lesdites branches, on peut citer :

4.5.1. L’industrie de la conserve

Les captures destinées aux conserveries sont les petits pélagiques tels que la
sardine, l’anchois, le saurel ou maquereau. En raison de l’abondance des petits
pélagiques et de la différence des prix entre le poisson usinable et celui non usinable,
presque 42% de la production de la pêche pélagique est destinée aux sous-produits.
A titre d’exemple, les conserveries (39 unités) ont traité en 1998 près de 147.000
tonnes de matières premières.

4.5.2. L’industrie de congélation

L’activité de congélation, avec 67 unités opérationnelles, a traité en 1998 près


de 22 milles tonnes de matières premières, soit l’équivalent de 3% de la production
nationale. La création de 40 unités de plus à terre dans les villes de DAKHLA et
AGADIR, a représenté un investissement de l’ordre de 500 millions de dirhams. Cette
activité s’est spécialisée dans la congélation du poulpe et du poisson blanc à haute
valeur commerciale. Toutefois, un intérêt particulier est de plus en plus accordé par

24
Rapport de BANK ALMAGHREB- Exercice 2003.

20
les industriels à la congélation de la Sardine, congelée en bloc et destinée au marché
extérieur.

4.5.3. L’industrie de transformation des algues

Cette activité, assurée par 3 unités, a connu un dynamisme remarquable ces


dernières années. Cette industrie se trouve actuellement concurrencée au niveau de
l’approvisionnement en matière première par les exportations d’algues à l’état brut.
Deux milles tonnes d’algues brutes sont exportées à destination des principaux pays
producteurs d’Agar Agar, comme le Japon, l’Espagne et la Corée du sud.

Les exportations marocaines en cette matière, en 1998, sont de l’ordre de 975


tonnes, pour une valeur de 163 millions de dirhams.

4.6. L’organisation des opérations de pêche

Les intervenants de la filière de production de pêche diffèrent selon qu’il


s’agisse de la pêche hauturière ou de la pêche côtière.

En effet, la taille du navire de pêche, son système de propulsion, sa stabilité à la


mer, l’aménagement du pont, ses équipements (pont et passerelle), la capacité de la
cale à poisson etc, déterminent l’efficacité de la plate-forme de travail et son mode
d’utilisation et, par conséquent, agissent sur la quantité et la qualité du poisson
capturé.
4.6.1. Pêche hauturière

La pêche hauturière est congélative. Sa flottille est constituée principalement de


navires céphalopodiers et crevettiers. La capacité de chargement de ces entités est
importante et leur permet, par conséquent, d’embarquer des captures de plusieurs
centaines de tonnes.

Le poisson capturé est mis dans des cales; il est soit congelé en attendant son
exportation, soit subit un traitement et mis en emballage.

La préparation d’une marée est précédée par un travail de logistique et


d’armement qui consiste en la livraison au bateau du carburant et des lubrifiants, de
la nourriture nécessaire, du matériel 25 de pêche de remplacement (câble, filet),
d’emballage en carton…..

25
Le matériel embarqué sur un navire comporte entre autres:
Le radar : il permet de mesurer la distance et la direction d’objets,
Le GPS : (global position satellite) : il permet de repérer très précisément la position du navire,
Le VH F (very high frequences) : ce sont des moyens de communication en mer qui servent pour les
secours en mer,
Le sondeur : il sert à repérer le poisson en mer ; cet équipement est indispensable aux pêcheurs qui,
par ce biais peuvent repérer le poisson jusqu’à 100 mètres de profondeur. Les opérations de pêche
sont suivies par un capitaine (il existe souvent 2 capitaines, un pour conduire le bateau et l’autre pour
le suivi des opérations de pêche).

21
Sur le navire, les opérations de pêche sont suivies par un capitaine qui répartit
les tâches entre les membres de l’équipage.

La capture est classée par taille (de 2 à 9 pour le poulpe par exemple) en raison
de la différence entre les prix propres à chaque taille et notamment entre les minima
et les maxima.
Lorsque le bateau est en haute mer, il reste en rapport permanent avec le siège
de la direction. En fonction de l’importance des prises et des prix arrêtés avec les
clients (entente entre armateur et clients), le dirigeant décide l’arrêt ou la
continuation de la marée.

Après chaque marée, les bateaux regagnent leur port d’attache. C’est dans ce
port que les différents contrôles sont réalisés notamment ceux de la douane et de la
Direction Régionales des Affaires Maritimes (D.R.A.M)ainsi que celui de la société de
pêche.

En effet, après avoir recueilli tous les renseignements communiqués par le


capitaine sur les quantités pêchées, les prix de vente, etc, la société de pêche établit
les factures 26 de vente en s’appuyant sur les attestations remises par ce dernier.

Elle envoie ensuite l’ensemble des factures d’achats et de ventes afférentes à la


marée à l’Office des changes accompagnées des documents suivants :

-la déclaration de capture visée et cachetée par la D.R.A.M (Direction


régionale des affaires maritimes),
-la déclaration d’exploitation imputée par la Douane,
-les formulaires de recettes en devises,
-le solde de la marée (positif ou négatif).

4.6.2. Pêche côtière

Contrairement à la pêche hauturière, la pêche côtière est caractérisée par la


vétusté de ses unités, construites généralement à base de bois, et dont la plupart ont
plus de 20 ans. La puissance motrice de ces navires est faible et les conditions de
conservation des captures à bord font souvent défaut ou restent insuffisantes par
rapport aux normes d’hygiène et de salubrité exigées.

Le navire appartient généralement à un armateur qui engage un patron de


pêche appelé « Raiss », dont la mission est de suivre les opérations de pêche à bord.
Il est aidé dans ses tâches par des marins pêcheurs, engagés par lui-même et dont
le nombre varie entre 5 et 8. La durée d’une marée se situe entre 24 heures et 3
jours et peut durer jusqu’à une semaine et ce en fonction de la capacité de
conservation à bord (glace), du type d’espèce recherchée (les sardiniers ont une
marée de 24 heures par exemple) et des conditions climatiques.

26
Les factures comportent le non du bateau, la date de la marée, l’espèce du poisson, son calibre, le
poids en Kg et la valeur correspondante.

22
Au retour au port, le débarquement de chaque bateau (fait par les marins eux-
mêmes) est réparti en lots homogènes selon les espèces, la taille, la qualité, le poids
total du lot. Les captures destinées aux conserveries seront ensuite déchargées par
panier et celles pour les sous-produits par des pompes à poisson.

Ainsi, le poisson frais, une fois débarqué, va connaître sa première mise en


vente dans la halle 27 à poisson ou «criée ».

Après avoir été reconnus par les futurs acheteurs, les lots de poisson sont mis
en vente aux enchères publiques.

Les modalités pratiques de fonctionnement des criées sont variables :


présentation ou non du poisson dans la salle des enchères, enchères montantes ou
descendantes, orale (crieur) ou électronique.

A signaler toutefois que avant toute mise en vente, une caution est déposée par
les éventuels acheteurs (le plus souvent des mareyeurs) auprès de la caisse de la
halle ; une fois la vente réalisée et après déduction de tous les frais et taxes, le
reliquat est versé par l’O.N.P au compte de l’armateur (ou payé en espèces).

Des factures de vente sont alors établies par l’Office et comportent le nom du
bateau, l’espèce vendue, le calibre, le prix et la valeur de la capture.

4.7. La commercialisation des produits de la pêche

Au Maroc, les circuits de commercialisation et de distribution du poisson se


caractérisent par une certaine anarchie et ne répondent pas à une organisation
particulière. Ils souffrent d’une insuffisance en matière de contrôle des règles
d’hygiène et de salubrité et opèrent pour la majorité dans l’informel. En effet, selon
les informations recueillies auprès des professionnels du secteur, plus de 30% du
poisson transitant par le port, est vendu hors halles ; ce qui se traduit par des pertes
des recettes fiscales et parafiscales.

Toutefois, on assiste depuis quelques années aux efforts déployés par l’O.N.P
pour organiser lesdits circuits à travers notamment la construction de plusieurs
marchés de gros.

4.7.1. Les différents intervenants

27
Les halles aux poissons ou criées existent pratiquement dans tous les ports importants. Leur gestion
est confiée à l’O.N.P, seul habilité à commercialiser dans une première étape le poisson frais
débarqué provenant des captures de la pêche côtière ou de la pêche artisanale. Le personnel de la
halle assure le bon fonctionnement de la vente et le directeur arbitre éventuellement les litiges. La
criée sert également d’intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur puisqu’elle facture le produit
vendu, reçoit l’argent de l’acheteur et le donne au vendeur en percevant des taxes.

23
Les agents économiques impliqués, généralement, dans la distribution du
poisson sont nombreux vu la variabilité de la distance entre producteurs et
consommateurs, d’une part, et les différentes opérations de traitement que subit le
poisson d’autre part. On peut citer à ce titre :

1. les négociants : ils forment le 1er maillant du circuit et établissent le premier


contact avec les armateurs et pêcheurs.
2. les assembleurs de poisson : ils ont un rôle plus important que les négociants,
et travaillent généralement sous la tutelle des négociants.
3. les grossistes : ils entrent en transaction directe avec les détaillants, ils peuvent
avoir parfois des positions de monopole par leur grande influence sur le marché
notamment pour les anciens.
4. les détaillants : ils constituent généralement le dernier maillant du circuit de
commercialisation et sont en contact direct avec les consommateurs.

A signaler que cette structure concerne plutôt les produits de la pêche côtière et
artisanale, sachant par ailleurs que les produis de la pêche hauturière transitent
rarement par les criées et sont destinés en priorité à l’export.

4.7.2. Les différents circuits

Ils sont généralement en fonction du nombre des intermédiaires impliqués dans


l’acheminement du poisson ; on distingue trois types de circuits :

Circuit court : c’est un micro mareyage réalisé par des petits mareyeurs qui ne
disposent que de moyens de transport et de conservation très réduits, avec
généralement un seul intermédiaire.

Circuit moyen : c’est le cas du mareyage vers les centres urbains proches du
port de débarquement ou lieu de débarquement (132 sites de pêche au Maroc)
moyennant des camions frigorifiques. Le circuit se compose généralement de 2 à 3
intermédiaires.

Circuit long : le poisson est expédié vers des marchés éloignés sous des
conditions de conservation adéquates. Le nombre d’intermédiaire est supérieur à 4.

5. REGIME FISCAL ET CONTROLE DU SECTEUR DE LA PECHE

5.1. Régime fiscal

A l’instar d’autres activités, le secteur de la pêche maritime est soumis à un


certain nombre d’impôts, taxes et redevances destinés à alimenter, soit le budget de
l’Etat, soit le budget des collectivités locales, soit le budget de certains organismes
crées par la loi.

5.1.1.Taxes et redevances dues aux collectivités locales et leurs


groupements

24
Dans cette partie seront énumérées particulièrement les taxes assises sur la
valeur brute de la capture. Il s’agit de :

5.1.1.1. Taxe additionnelle à la redevance pour licence de pêche


en mer

Cette taxe 28 est calculée sur le montant de la taxe due au titre de la délivrance et
du renouvellement de la licence de pêche. Son taux est variable selon la jauge brute
des bateaux. 29 Elle est liquidée et recouvrée dans les mêmes conditions et en même
temps par l’administration chargée du recouvrement de la redevance pour licence de
pêche en mer.

5.1.1.2. Redevance sur les ventes dans les marchés de gros et


halles aux poissons

Cette redevance est calculée sur le montant brut des ventes en gros de poisson,
effectuées dans les halles. Elle est due par le vendeur et versée par l’O.N.P qui verse
le montant de ladite redevance à l’agent communal relevant de la commune dans le
ressort territorial de laquelle est implantée la halle.

Le taux de cette taxe est fixé à 7% du prix brut de la vente en gros. Toutefois,
ce taux est réduit à 3% pour les ventes de poisson effectuées dans les halles situées
sur domaine maritime ainsi que pour le poisson «dit industriel », agréé au niveau des
Comptoirs d’agréage. Dans ce cas la taxe n’est pas due par le vendeur mais payée par
l’acheteur (pour plus de détail cf. la loi n°30-89 relative à la fiscalité des collectivités
locales et de leurs groupements).

5.1.2. Parafiscalité

A ce titre seront exposées certaines taxes dont l’assiette est constituée de la


valeur brute des ventes de poisson, et qui sont dues à d’autres institutions créées
par la loi ; il s’agit de :

5.1.2.1.La taxe de péage

Cette taxe 30 est perçue sur le poisson débarqué dans les ports du Maroc, quels
que soient le port d’attache et la nationalité du navire débarquant ce poisson, au profit

28
Instituée par la loi n°30-89 relative à la fiscalité des collectivités locales et de leurs groupements,
promulguée par le dahir n°1-89-187 du 21 novembre 1989 (B.O du 6 décembre 1980).
29
-Jusqu’à 50 tonneaux inclus……………………………………………………….5%
-au dessus de 50 tonneaux et jusqu’à 150 tonneaux inclus…………10%
-au dessus de 150 tonneaux et jusqu’à 250 tonneaux inclus……….15%
-au dessus de 250 tonneaux et jusqu’à 500 tonneaux inclus……….20%
-au dessus de 500 tonneaux et jusqu’à 1.000 tonneaux inclus… ..25%
-au-delà de 1.000 tonneaux……………………………… ………………… 30%.
30
Elle est instituée par le dahir n°1-72-260 du 18 septembre 1972 portant loi organique des finances
et notamment son article 17 et par le décret n° 2-76-39 du 19 septembre 1977.

25
des ports afin de financer les installations, équipements et infrastructures mis à la
disposition des usagers.

Par ailleurs, lorsque le poisson, vendu dans une criée d’une halle, a été introduit
par voie de terre, aucune taxe de péage n’est exigée si cette taxe a été déjà acquittée
dans le port de débarquement.

A signaler que la redevance perçue dans les ports,autres que celui de


Casablanca, est versée au profit du budget annexe des ports, celle perçue dans le
port de Casablanca est versée au budget annexe de ce port.

La taxe est calculée en pourcentage sur la valeur des produits débarqués. Le taux
de la taxe est fixé à 1% de la valeur 31 des produits débarqués.

5.1.2.2. Taxe sur le poisson pélagique

Cette taxe est instituée au profit de l’O.N.P et dont le produit est destiné
exclusivement au financement des actions menées par les associations légalement
constituées regroupant les personnes physiques ou morales exploitant un
établissement de congélation ou de fabrication de conserves de semi-conserves, de
promotion des activités et programmes de développement desdites association et de
leur fédération.

Cette taxe est due par les personnes physiques ou morales exploitant un
établissement de congélation ou de fabrication de conserves, de semi-conserves de
produits de la pêche, de farine ou d’huile de poisson et par les mareyeurs affectant
leurs acquisitions en poissons pélagiques aux établissements précités lorsque ces
derniers ne procèdent pas directement à ces acquisitions.

Le taux de la taxe est fixé comme suit :

-Vingt dirhams (20 DH) par tonne de poissons pélagiques destinés aux
établissements de congélation ou de fabrication de conserves ou de semi-conserves
des produits de la pêche ;

31
Par valeur des produits débarqués, on entend :
ƒ Pour le poisson dit« industriel » au sens de la législation en vigueur en la matière :
9 soit la valeur de vente fixée par la législation en vigueur,
9 soit si le poisson est mis en vente publique, la valeur obtenue au cours de cette vente,
9 soit, si la valeur de vente n’est pas fixée par la législation et si le poison n’est pas mis
en vente publique, la valeur maximum du poisson de la même espèce obtenue en vente publique au
cours de la même journée, ou à défaut, à la dernière vente publique.
ƒ Pour les autres poissons :
• soit la valeur obtenue en vente publique,
• soit pour les poissons qui ne sont pas mis en vente publique : la valeur maximum du
poisson de la même espèce obtenue en vente publique au cours de la même journée ou a défaut à la
dernière vente publique.
En ce qui concerne les espèces n’ayant jamais fait l’objet de vente publique, la valeur à prendre
en considération sera celle mentionnée au contrat de vente.

26
-Cinq dirhams (5 DH) par tonne de poissons pélagiques destinés aux
établissements de fabrication de farine ou d’huile de poissons (article 2 du décret).

Le recouvrement de la taxe, qui est opéré par l’agent de l’Office national de


pêche, est effectué sur la base des documents délivrés à l’acheteur par l’établissement
gestionnaire du comptoir d’agréage du poisson industriel (C.A.P.I) ou de la halle aux
poissons et mentionnant notamment l’espèce, la quantité et la destination du poisson
pélagique.

5.1.2.3. Taxe parafiscale dite« taxe d’affrètement pour la pêche


des espèces pélagiques» 32

Elle est due par les personnes physiques ou morales marocaines affrétant des
bateaux étrangers pour la pêche des espèces pélagiques dans la zone sud. Le taux de
la taxe est égal à :

-un million (1.000.000) de dirhams payables en même temps que la taxe due
pour la délivrance de la licence de pêche afférente au bateau objet de l’affrètement ;
-10% du chiffre d’affaires réalisé sur la vente des produits finis obtenus à
partir des captures effectuées au titre de chaque trimestre de l’année civile.

La taxe est recouvrée par la recette des douanes sur présentation d’un titre établi
par le ministre des pêches maritimes et de la marine marchande ou la personne
chargée par lui à cet effet.

5.1.2.4. Taxe parafiscale dite de « recherche halieutique » 33

La taxe est exigible par tout bénéficiaire d’une licence de pêche délivrée pour un
navire battant pavillon marocain, équipé d’un système de congélation. Son taux est
fixé à 40% du montant de la taxe de licence, pour les bateaux étrangers affrétés par
des personnes physiques ou morales marocaines.

La taxe est recouvrée par la recette des douanes sur présentation d’un titre de
perception établi en même temps que le titre de perception de la taxe de licence de
pêche par l’autorité auprès de laquelle a été déposée la demande de licence de pêche.
Son versement est effectué à la caisse du comptable de l’I.N.R.H, dans le mois suivant
la date de sa perception.

5.1.3. Droits de douanes

L’administration des douanes assure la perception de deux taxes :

-La taxe de péage (voir plus haut)

32
Elle est instituée au profit de l’O.N.P et de l’I.N.R.H par le décret n°2-94-931 du 20 janvier1995 (B.O
du 1er fevrier 1995).
33
La taxe est instituée par le décret n°2-96-836 du 14 octobre 1996, au profit de l’Institut de recherche
halieutique.

27
-Les taxes perçues à l’occasion de l’usage des cales de halage du port de
Casablanca.

A noter que le secteur bénéficie de certaines exemptions de droits de douanes


et de taxes à l’importation ; il s’agit en l’occurrence :

*Exemption des combustibles de certains navires

Aux termes du § 2° de l’article 165 du code des douanes et impôts indirects 34


l’exemption totale des droits de douane et de tous autres droits et taxes est accordée
aux carburants, combustibles et lubrifiantes devant être consommés au cours de
certaines navigations maritimes, par les unités de surveillance de la marine royale, de
la gendarmerie royale, des douanes de la sûreté nationale ainsi que par les bateaux
de pêche battant pavillon marocain, les engins de servitudes portuaires et les
unités effectuant le transport maritime intérieur.

*Exonération du matériel de pêche


Certain matériel de pêche (engins de pêche, filets, aliments,..) peut être
exonéré des droits de douane ou bénéficier d'un dégrèvement important relatif aux
droits de douane et aux prélèvements fiscaux sur l'importation, c’est le cas par
exemple de la réduction à 2,5% du droit d’importation et exonérations du PFI,
accordées sur les importations des lampes de pêche.

5.1.4. Fiscalité gérée par la D.G.I

A l’instar des autres activités, les armateurs de pêche exercent une activité
patentable et sont soumis à la législation fiscale en vigueur. Toutefois, cette activité
bénéficie d’un certain nombre d’allégements fiscaux accordés par les pouvoirs publics
qui ont, depuis les années 70, inscrit le secteur comme priorité au niveau de la
planification sociale et économique du pays 35 .

Aussi, les mesures d’incitations fiscales accordées au secteur sont récapitulées


comme suit :

5.1.4.1. Impôts des patentes et taxe urbaine

A niveau de l’impôt des patentes et de la taxe urbaine, les armateurs de pêche


bénéficient de l’exonération desdits impôts pour une période de 5 ans, et ce à
compter de la date de début d’activité.

5.1.4.2. Impôts général sur le revenu et impôt sur les sociétés

34
Approuvé par le Dahir portant loi n°1-77-862 du 9 octobre 1977.
35
Un code spécifique aux investissements maritimes a été promulgué en 1973 et révisé en 1984. Les
mesures entreprises en faveur du secteur concernaient essentiellement des exonérations fiscales et
des subventions à l’équipement et au renouvellement de la flotte, ce qui a permis un dédoublement
des unités de pêche pendant les années 80.

28
Les armateurs de pêche sont soumis à l’I.G.R (catégorie des revenus
professionnels) ou à l’impôt sur les sociétés selon la forme juridique de l’entreprise.
Au niveau de l’I.G.R, les armateurs ou les pêcheurs exploitant des licences de pêche
peuvent relever, en fonction des limites du chiffre d’affaires prévues par la loi, de l’un
des trois régimes d’imposition suivants :

• le régime du bénéfice net réel;


• le régime du résultat simplifié;
• et le régime du forfait.

Les entreprises soumises à l’I.G.R ou à l’I.S sont passibles desdits impôts dans
les conditions du droit commun. Toutefois, les sociétés passibles de l’I.S et les
entreprises relevant de l’I.G.R et tenant une comptabilité bénéficient de l’exonération
totale desdits impôts pendant les cinq premières années et d’un abattement de 50%
au-delà de cette période (pour le chiffre d’affaires à l’exportation).

5.1.4.3. Retenue à la source

Les rémunérations et indemnités versées par les sociétés de pêche, domiciliée


au Maroc, à l’équipage étranger (capitaine, marins), mis à leur disposition par une
société étrangère, dans le cadre de l’assistance technique, sont soumises à la
retenue à la source au taux en vigueur.

5.1.4.4. Taxe sur la valeur ajoutée

Les exonérations accordées au secteur de la pêche en matière de T.V.A sont


multiples. Toutefois, quelques dispositions se rapportant particulièrement à l’activité
d’armement de pêche peuvent être rappelées ci-après :
- Exonération des produits de la pêche à l’état frais, congelés, entiers ou
découpés (4° de l’article 7 de la loi n°30-85).
- Exonération avec bénéfice du droit à déduction des engins et filets de pêches
destinés aux professionnels de la pêche maritime (3°de l’article 8 de la T.V.A).
- Exonération des opérations de vente, de réparation et de transformation
portant sur les bâtiments de mer (9°de l’article 8 de la T.V.A).

- Exonération des opérations de ventes aux compagnies de navigation, aux


pêcheurs professionnels et aux armateurs de la pêche de produits destinés à être
incorporés dans les bâtiments susvisés (10°de l’article 8 de la T.V.A).
- Exonération du produit des taxes perçues à l’occasion des prestations de
service fournies dans les halls aux poissons aux amateurs de la pêche côtière
exploitant des navires dont la jauge brute n’excède pas 150 tonneaux((b)du 14°de
l’article 7 précité).

5.2. Contrôle fiscal

5.2.1. L’exploitation des informations et renseignements

29
Le secteur étudié est caractérisé par un aspect particulier à savoir la mobilité du
lieu d’exploitation. Aussi, l’exploitation des informations et recoupements par le
vérificateur est d’un intérêt capital pour les résultats du contrôle.

Deux sources de renseignements peuvent être consultées à ce titre :

¾ les sources de renseignements internes,

¾ les sources de renseignements externes.

5.2.1.1. Les sources de renseignements internes

a)Les services d’assiette

A ce niveau, l’étude des éléments d’informations contenues dans le dossier


fiscal de l’entreprise permet au vérificateur de mieux appréhender les éléments
déclarés par la société. Il s’agit des éléments contenus dans le dossier des
renseignements permanents : déclaration d’existence, procès-verbaux d’assemblée
générale des actionnaires, copie de la licence de pêche, etc.

L’exploitation de ces éléments permet à l’inspecteur de mieux connaître, d’une


part, la société, son évolution juridique, économique et financière (augmentation de
capital) et, d’autre part, de découvrir l’identité de ses actionnaires ainsi que la nature
des liens de dépendance (économiques ou financiers) qu’elle entretient avec les tiers.

b) Autres services

Il s’agit des brigades régionales de recoupement et de la brigade de recherches


et de recoupements ainsi que des services d’enregistrement et de timbre. Ces
services peuvent mettre à la disposition des vérificateurs des recoupements
intéressants relatifs à la valeur des ventes du poisson, aux cessions de bateau ou
parts de bateau ou encore des informations relatives aux augmentations de capital.

5.2.1.2. Les sources de renseignements externes

Le recours aux différentes entités extérieures intervenant dans les circuits de


gestion du poisson capturé permet aux vérificateurs de mieux appréhender l’activité
de la société et l’étendue de son chiffre d’affaires. Les principales possibilités de
recherche ou de recoupement peuvent s’effectuer auprès des entités suivantes :

a)Le Ministère de la pêche maritime

Le Ministère de la pêche met à la disposition du public chaque année une


documentation comportant en général divers éléments concernant la production
halieutique nationale, la flottille, les types de pêche pratiquée et les espèces
capturées etc… (Exemple : La mer en chiffres, guides de normes qualité, guides de
ressources de l’atlantique marocain...).

30
b) Les délégations régionales du Ministère

Représentant le ministère au niveau régional, les services techniques et les


quartiers maritimes relevant des délégations régionales du Ministère de pêche
peuvent fournir au vérificateur des informations capitales sur les armateurs vérifiés.

En effet, chaque bateau doit être inscrit aux affaires maritimes du quartier dont
dépend son port d’attache. A ce niveau, est tenu un registre ou titre administratif
appelé «rôle» édité pour chaque bateau et l’autorisant à pêcher.

La consultation de ces rôles permet au vérificateur de connaître le propriétaire


du bateau, le type de licence délivrée (pêche hauturière, côtière), le nom du patron
de pêche (pour la pêche côtière), son adresse, l’équipage navigant, la capture brute
de chaque bateau par tonnage et par nature d’espèces capturées etc.

Au retour de chaque marée, le patron de pêche ou capitaine de bateau doit


servir son rôle ; il est donc possible de savoir la durée de chaque marée et le nombre
de jours où le bateau n’est pas sorti.

Le registre des équipages ou rôle des équipages (voir copie en annexe), déposé
également au niveau de ces administrations permet aux vérificateurs de connaître le
nombre des marins embarqués ainsi que la période exacte de leur service à bord ; ce
qui permet aux inspecteurs de bien cerner la masse salariale comptabilisée et l’I.G.R
prélevé à la source. A noter à cet égard que L’exploitation de ces informations sera
confrontée ultérieurement à la déclaration 9421 relative à l’I.G.R/source afin de
pouvoir distinguer le personnel navigant pouvant prétendre à l’abattement de 40%
au titre des frais professionnel (au lieu de 17% réservé au personnel non navigant)
de celui bénéficiant indûment de la disposition en question.

c) L’administration des Douanes

Les services de douane peuvent mettre à la disposition de la D.G.I des


déclarations mensuelles de paiement des redevances dont l’assiette est assise sur la
valeur du poisson débarqué et perçues par la douane notamment dans les ports
dépourvus de halle. A partir de ces déclarations, il est possible d’obtenir les noms des
bateaux, des propriétaires, ainsi que la nature, le poids et la valeur des produits
débarqués.

A signaler, que les bateaux peuvent débarquer leur marchandise dans plusieurs
ports, mais il est possible de regrouper, par navire, toute la production soumise à
cette redevance.

Par ailleurs, les emprunts servant à l’acquisition des bateaux de pêche (c’est le
cas des emprunts cautionnés par la Caisse centrale de garantie) font l’objet d’une

31
inscription maritime auprès des bureaux de douanes 36 . Cette inscription permet de
connaître le montant de l’emprunt et les modalités de remboursement.

Le rapprochement des déclarations fiscales de la société avec les informations


recueillies auprès de cette administration peut aider le vérificateur à s’assurer, d’une
part, d’une plus value éventuellement taxable sur la cession d’un précédent bateau
ou sur la cession de part d’un navire ; et d’autre part, de déceler une incohérence
quant au capacité de remboursement dudit emprunt (importance du C.A, capacité
financière, apport personnel).

d) L’office national des pêches (O.N.P)

L’O.N.P, à travers la gestion des halles de poisson, recense, navire par navire,
et année par année, les ventes en quantité et en valeur du poisson transitant par
lesdites halles.

Deux types d’informations peuvent être collectés à ce niveau: les premiers sont
d’ordre général et sont contenus dans la banque de données dudit office (état des
mércuriales des halles 37 , statistiques de production, exportation en chiffres, textes
réglementaires et annuaires professionnelles). Quant aux seconds, ils sont
directement liés à la valeur brute de la capture déclarée, ce qui permet au
vérificateur de faire, d’une part, les rapprochements nécessaires avec les déclarations
fiscales des entités vérifiées et, d’autre part, de connaître les prix de vente des
espèces capturées.

e) L’office des changes

L’office des changes peut être considéré comme une source de recoupement
intéressante concernant notamment les armateurs exportateurs, dès lors que cet
office est destinataire à la fin de chaque marée, d’un ensemble de documents (des
factures d’achats et de ventes afférentes à la marée : déclaration de capture visée et
cachetée par la D.R.A.M, formulaires de recettes en devises).
38
f) Les organisations professionnelles

Ces organismes centralisent des informations relatives aux opérations de pêche


réalisées par les armateurs dès lors que ces associations sont alimentées par des
contributions destinées aux caisses de péréquation interprofessionnelle ainsi que par

36
La conservation des hypothèques maritimes a été créée par arrêté du 5 février 1923 est rattachée
en ce qui concerne les navires de pêche au ministère chargé des pêches maritimes. Les fonctions de
conservateur des hypothèques maritimes sont exercées par le secrétaire général du ministère chargé
de pêche ou par un conservateur adjoint
37
De même, le vérificateur peut relever des états de la mercuriale de chaque port (exemple copie
jointe en annexe) des éléments concernant les prix de vente moyens par espèce et par période de
pêche (généralement trimestre et même semaine).
38
Voir liste des associations, jointe en annexe

32
d’autres cotisations en l’occurrence la cotisation 39 à la caisse d’aide sociale par les
marins pêcheurs. Lesquelles contributions sont assises sur le montant du produit brut
de la vente.

5.2.2. Les vérifications fiscales des armateurs de pêche

Avant de se pencher sur l’étude des dossiers d’armateurs ayant fait l’objet d’une
vérification fiscale, il est rappelé que cette partie sera consacrée aux dossiers
d’armateurs de pêche hauturière eu égard à l’intérêt qu’ils présentent dans le secteur
étudié du point de vue de l’importance des chiffres d’affaires réalisés. Aussi, toutes
les informations qui seront exposées par la suite se réfèreront à cette filière de pêche.

Par ailleurs, cette étude a porté sur un échantillon de 12 dossiers de pêche


hauturière, sélectionnés parmi 22 dossiers étudiés (dont 8 vérifiés et liquidés et 40 14
dossiers vivants (répartis entre dossiers de pêche hauturière et pêche côtière). Les
dossiers sélectionnés relèvent des villes suivantes : Agadir, Tanger et Casablanca.

5.2.2.1. Les principales caractéristiques des entreprises de pêche

5.2.2.1.1. Formes juridiques

La forme juridique la plus adoptée semble être la société anonyme. Ceci est dû
au fait que cette forme répond mieux aux exigences de l’organisation de groupe qui
semble caractériser la structure de ces sociétés.

Les sociétés de pêche hauturière sont à caractère mixte (exemple hispano-


marocaine), créées généralement depuis les années 70, sous l'impulsion du code des
investissements maritimes de 1973. Le capital investi est important varie entre
7millions DH et 39 Millions DH. Il est détenu à hauteur de 50% par des actionnaires
étrangers (sociétés et personnes physiques), l’autre moitié est répartie, dans la
majorité des cas, entre des actionnaires marocains appartenant à la même famille
(conjoints et leurs enfants).

L’examen effectué a permis de déceler l’existence des liens de dépendance


financière et économique entre les actionnaires étrangers et les sociétés de pêche
marocaines (relation client pour les ventes de poisson, relation fournisseur pour
l’achat de fournitures de pêche, de vivres …), d’où l’intérêt pour le vérificateur, de
s’intéresser à la constitution de la société et à l’identification de ses actionnaires.

5.2.2.1.2. Organisation interne

Les sociétés de pêche hauturières ne disposent pas d’un organigramme bien


déterminé; mais les informations puisées dans les dossiers sélectionnés, font état

39
Cette cotisation calculée en fonction d’un pourcentage sur le montant des ventes brutes ; elle est
fixée par arrêté du ministre du travail et des questions sociales fixant le taux de la cotisation (B.O du
15 août 1958) à 1,50% du montant du produit brut de la vente du poisson pêché sur les chalutiers, et
à 2,50% du montant du produit brut de la vente du poisson pêché sur les sardiniers et les palangriers.
40
Nombre de dossiers disponibles au service du suivi.

33
d’une gestion bien organisée centrée autour d’un siège de direction, qui constitue le
centre de décision de la direction sachant par ailleurs que les navires de flotte sont
exploités à partir de ce centre.

Ainsi, on trouve à la tête de ces sociétés, un Président Directeur Général (PDG),


qui engage la société et signe les actes juridiques, aidé dans l’exercice de ses
fonctions par un Directeur Général(DG) et un staff administratif(directeur financier,
directeur des ventes, etc..).

En général, les fonctions des dirigeants (DG, Directeur financier) dans ce


secteur, consistent en l’élaboration de la politique financière de la société
(investissements, moyens de financement, crédit, escompte etc…), de la politique
commerciale (discuter les prix de vente, contrôler le tonnage des captures etc..),
mais également en la préparation et au contrôle du budget d’approvisionnement des
bateaux.

Les travaux de secrétariat sont assurés par des secrétaires ; la tenue de la


comptabilité est confiée à des comptables (souvent) marocains, et supervisés par des
cabinets spécialisés.

En outre, il y a lieu de souligner que les sièges sociaux de ces entreprises sont
souvent situés à Casablanca et de ce fait loin de leurs ports d’attache (situés souvent
dans des villes comme : Agadir, Laayoune, Dakhla). A noter à cet effet que les sièges,
situés dans les ports d’attache, sont édifiés sur de grandes surfaces (allant de 240 m
à 910 ou plus), aménagées en bureaux et hangars. Le contrat de bail desdits sièges
est signé avec l’O.D.E.P pour des durées relativement longues (20 ans).

5.2.2.1.3. Modes et conditions d’exploitation

¾ Relation avec les autres secteurs

A l’instar des autres secteurs, le secteur étudié entretient des relations de


fournisseur et de client avec diverses branches d’activités. En tant que fournisseur de
poisson, les captures réalisées par des sociétés pêche servent à approvisionner en
priorité le marché extérieur et dans une moindre mesure le marché local.

Par ailleurs, en tant que client, le secteur s’approvisionne auprès de divers


opérateurs étrangers mais également nationaux en matière d’achat des vivres, des
articles nécessaires aux bateaux (achats d’emballages : caisses en carton),de filets
de pêche et accessoires ainsi qu’en carburant et lubrifiant.

A noter que les principaux fournisseurs des armateurs marocains (en bateaux,
intrants, etc.), sont les Espagnols, les Chinois et les Français. Leurs principaux clients
sont les Japonais, les Espagnols...

¾ Pratiques et circuits commerciaux

34
Il y a lieu de souligner que la pêche hauturière est spécialisée dans la filière du
poisson blanc et notamment la filière des céphalopodes. La commercialisation de ses
produits est caractérisée par une certaine intégration des produits au marché
européen (Espagne, Italie, France et Grèce). De plus, les clients étrangers ont
souvent un contrat d’exclusivité avec une société de pêche marocaine qui leur livre la
totalité de sa capture.

5.2.2.2. Les moyens de production

Ces aspects sont analysés à travers l’examen des moyens matériels et humains
mobilisés pour créer les conditions d’exploitation des sociétés de pêche.

5.2.2.2.1. Les moyens matériels

Il ressort de l’analyse de l’échantillon étudié, que le secteur de pêche hauturière


investit des moyens importants pour l’exercice de son activité en haute mer.
L’acquisition des unités de pêche sophistiquées vient en tête de ces investissements
et apparaissent en immobilisations corporelles, constituant ainsi la rubrique la plus
importante de l’actif immobilisé.

Ces immobilisations sont composées généralement de deux à 6 navires de


pêche ou même plus (selon l’importance du groupe) ; ce sont pour la plupart des
unités d’occasion (en raison de la cherté du prix d’acquisition), de fabrication
étrangère, équipées de congélateurs et spécialisées dans la pêche d’une espèce de
poisson (crevettes, poulpe…).

Le prix d’acquisition varie entre 10 millions de DH et 30 millions de DH. Cette


fourchette dépend de la capacité de tonnage et de congélation mais aussi de l’état
général et du degré de l’équipement des navires. La capacité de congélations
journalières se situe entre 6 et 8 tonnes ou plus; le tonnage moyen étant d’une
tonne par jour.

S’agissant de l’examen de ce poste, il y a lieu de signaler que le dossier des


renseignements permanents contient des renseignements importants nécessaires à
l’identification de ces immobilisations.

Le vérificateur doit donc s’assurer que ces immobilisations sont celles figurant
au tableau des immobilisations annexé au bilan). Il doit examiner par la même
occasion les amortissements corrélatifs dont le contrôle porte sur les règles de calcul
et le taux pratiqué qui doit correspondre à la durée normale d’utilisation du bien.

Par ailleurs, l’attention du vérificateur doit porter également sur les modalités de
financement de ces immobilisations notamment les nouvelles acquisitions. En effet,
le financement de ces dernières constitue un clignotant de la cohérence des résultats
déclarés, qui renseigne le vérificateur sur les moyens dont dispose l’entreprise pour
financer ses acquisitions mais aussi sur ses capacités de remboursement (principal et
intérêts).

35
ces acquisitions sont généralement financées à la fois par des crédits bancaires
à LMT( contractés auprès de banques étrangères et marocaines) mais aussi par des
crédits fournisseurs. A signaler à cet effet que les crédits bancaires sont souvent
cautionnés par des établissements financiers marocains ( BNDE, caisses centrale de
garantie …)
5.2.2.2.2. Les moyens humains

L’emploi du personnel est un facteur de production qui permet à l’entreprise de


dégager des résultats mais qui se traduit aussi par le paiement des charges.
L’évolution de l’effectif doit s’accompagner en principe de l’évolution des recettes

Aussi, pour apprécier les moyens humains employés dans le secteur, le service
s’est-il basé sur trois éléments d’information. 41 :

• la consultation des déclarations (I.G.R/source et résultat fiscal)


des dossiers vivants des services d’assiette des grandes
entreprises de Casablanca et du service des personnes physiques
et morales de Casa- Anfa,
• les informations recoupées auprès des services gestionnaires
d’assiette ;
• les renseignements obtenus auprès des professionnels du secteur.

L’analyse de ces informations a permis de faire les constats suivants :

¾ Personnel employé et qualifications

Il ressort des informations recueillies que la moyenne du personnel marocain


(personnel sédentaire et personnel navigant), par entreprise, varie entre 60 et 130
employés 42 .

Ce personnel est souvent renforcé par un effectif étranger, embauché dans le


cadre de contrats d’assistance technique entre les sociétés de pêche marocaine et les
sociétés étrangères.

En ce qui concerne sa qualification, il faut signaler que l’activité de pêche


hauturière, eu égard aux consignes de sécurité et de la particularité du métier
(navigation au large), requiert un niveau de formation et d’instruction élevé
notamment pour le personnel occupant des postes de commande sur le navire’
(capitaine de pêche, capitaine de bord, mécanicien..), le reste étant composé de
marins 43 et matelot qui doivent attester au moins d’un brevet de marin, acquis dans
les écoles de formation.

41
Les rapports de vérification des dossiers liquidés, mis à la disposition du service, ne contiennent pas
une information consistante en la matière.
42
Le personnel étranger embauché le plus souvent dans le cadre de l’assistance technique ne fait pas
partie des salariés déclarés à la 9421.
43
Le dahir du 21 janvier 1922 rend obligatoire pour les marins marocains la possession d’un livret
maritime individuel(article 166). A signaler par ailleurs que pour être marin il faut : soit avoir un
certificat délivré par une école de marine, soit être fils de marin.

36
A signaler par ailleurs que le personnel permanent est souvent étoffé par des
marins occasionnels, embauchés pour les besoins d’une marée et pour de courtes
durées dépassant rarement 26 jours, ce qui pose le problème de l’évaluation exacte
de la masse salariale.

¾ Masse salariale

L’examen des dossiers étudiés a montré que les frais de personnel représentent
en moyenne par rapport aux charges d’exploitation entre 17% et 26% et par rapport
au chiffre d’affaires réalisé entre 6% et 24%.

Les salaires dispensés aux marins marocains sont apparemment alignés au


salaire minimum industriel garanti(SMAG) et sont en fonction des jours effectivement
travaillés. Les salaires distribués aux cadres sont, quant à eux, fixes et peuvent
atteindre en moyenne 6.000 DH par mois.

Pour le personnel étranger, les salaires sont beaucoup plus élevés et versés en
devises, en sus de l’attribution de certaines gratifications et autres avantages en
argent ou en nature (cigarettes, alcool, billet d’avion..).

Enfin, il y a lieu de rappeler que la nature et la répartition des emplois occupés


ainsi que les salaires distribués et leur évolution par rapport aux recettes doivent être
considérés par le vérificateur, lors de l’examen de ce poste, comme des clignotants
sur la sincérité des résultats déclarés.

Par ailleurs, l’examen des déclarations 9421 a permis de constater que le


personnel bénéficiant de l’abattement forfaitaire de 40%, prévu au c) de l’article 68
de l’I.G.R représente une cote part importante du personnel salarié.

A cet effet, l’attention du vérificateur est attirée, lors de l’examen de cette


déclaration, sur la fraude susceptible d’exister à ce niveau dans la mesure où
certaines sociétés pourraient faire bénéficier indûment leur personnel sédentaire
(administratif et de direction) de l’abattement susmentionné au lieu du taux de 17%,
prévu par le (a) de l’article 68 de l’I.G.R.

Afin de pouvoir cerner le personnel naviguant, effectivement éligible à


l’abattement de 40%, le vérificateur doit exiger, lors du contrôle sur place, la
présentation du registre de l’équipage et le livret maritime. Cette consultation lui
permet de suivre dans le temps, les dates d’embarquement et de débarquement du
personnel navigant.

5.2.2.2.3. Les stocks

37
L’examen des dossiers étudiés a permis de constater que les stocks
représentent en moyenne entre 19% et 67% 44 du total de l’actif circulant hors
trésorerie.

Ils peuvent être scindés en deux composantes :

-des stocks de matières et fournitures consommables, constitués des


emballages (principalement des caisses en carton), effets de pêche (appâts,
lignes,filets, hameçons, chaluts, glace, ....) ainsi que de pièces détachées ;
-et des stocks de poisson congelé.

Par ailleurs, la première constatation faite à l’occasion de l’analyse de ce poste,


est la faiblesse de sa valeur. En effet, les valeurs des stocks passées en comptabilité
ne comprennent souvent que les stocks d’emballage. Ils ne tiennent pas compte en
fait du poisson congelé, resté en stocks.

Cette situation, à priori anormale et dont l’impact sur la réalité du patrimoine


social au 31 décembre est important, peur être expliquée par le fait que l’activité de
pêche étant particulière(exercée suivant des marées) ;et plusieurs armateurs ont
adopté un système de comptabilisation approprié des stocks.

Ainsi, il a été relevé dans certains dossiers vérifiés que certaines sociétés de
pêche dérogent à la règle fiscale qui consiste en le rattachement des produits et
charges à l’exercice qui les concerne, et ce en raison des impératifs liés à l’inventaire
des existants physiques notamment le volume des captures à la date de clôture de
l’exercice.

En principe, ces sociétés arrêtent leurs comptes au 31 décembre de chaque


année civile, mais dans les faits, il en est autrement puisqu’elles procèdent à un
retraitement des opérations comptables en rattachant à un seul exercice les charges
et les produits afférents à une marée chevauchant sur deux exercices
comptables.

La question revêt un aspect tout à fait particulier dans cette branche d’activité.
Sur le plan quantitatif, le volume des captures et sa répartition par espèces ne
peuvent pas être vérifiés ; de même, il apparaît que l’évaluation de ces stocks se
heurte au problème du prix à appliquer. Faut-il retenir le prix de vente de jour, un
prix de référence ou encore un prix de revient déterminé sur la base des frais
engagés pour la marée en cours ?.

Ces procédés portent tous les trois des limites, c’est pourquoi, dans la pratique,
certaines sociétés ont eu recours au principe de «rattachement des charges aux
produits » selon lequel les charges sont comptabilisées dans l’exercice au cours
duquel les produits correspondants sont également constatés.

5.2.2.3. Les conditions d’exploitation

44
Cette donnée provient de l’analyse d’un échantillon de 5 dossiers de pêche hauturière

38
Les entreprises réalisent des résultats parce qu’elles mettent en œuvre des
moyens de production et de financement. Les paramètres qui permettent de mesurer
les résultats de l’entreprise sont le bénéfice comptable.

Le vérificateur doit suivre ainsi l’évolution des postes, en tenant compte de


l’évolution du CA, dont il appréhendera les variations dans le temps corrélativement à
la variation des conditions d’exercice de l’activité.

Dans le secteur étudié, trois postes significatifs, ont été retenus parmi les
charges d’exploitation, pour effectuer ledit rapprochement :

5.2.2.3.1. Les achats consommés et fournitures

Les achats sont composés essentiellement des achats consommés de matières


et fournitures en l’occurrence les effets de pêche (filets, câbles), les vivres, le
carburant et les lubrifiants, les caisses d’emballages ainsi que les éléments
nécessaires à l’exploitation.

Les résultats dégagés de l’étude des dossiers font état de l’importance de ce


poste dans la structure des charges d’exploitation. En effet, selon la taille de
l’entreprise, ledit poste représente en moyenne 45 par rapport aux charges et au
chiffre d’affaires déclaré respectivement 27% et 30%

S’agissant de l’achat des engins et effets de pêche, on peut noter une certaine
dépendance vis-à-vis du marché extérieur étant donné que la plupart des
fournisseurs sont implantés à l’étranger.

En ce qui concerne particulièrement les achats d’emballage, force est de


souligner que le coût de cet élément reste lourd et pèse dans les coûts de production,
étant précisé par ailleurs que le marché de l’emballage, au Maroc, est dominé par
deux sociétés qui jouissent d’une situation de monopole au Maroc et qui pratiquent
des prix supérieurs à ceux du marché mondial.

5.2.2.3.2. Les autres charges externes(T.F.S.E)

Cette rubrique englobe la quasi-totalité des charges engagées par les sociétés
de pêche et particulièrement les dépenses engagées par les sociétés à l’étranger
telles que l’entretien et les réparations des navires.

Elle comprend également les rémunérations allouées à l’équipage étranger(y


compris les gratifications et les salaires extra), intervenant dans le cadre des contrats
d’assistance technique ainsi que les frais portuaires payés par la société, aussi bien à
l’étranger qu’au Maroc.

45
Sur un échantillon de 14dossiers représentant les mêmes caractéristiques, et sur une période de 4
années, le poste en question par rapport au total des charges varie en moyenne entre 4% et 38%.
Par rapport au chiffre d’affaires ledit poste varie entre 4% et 42%).

39
Les charges comptabilisées à ce titre représentent, dans les charges
d’exploitation, entre 17% et 46% et peuvent atteindre des fois 59% desdites charges
(1 seul cas). Par rapport au C.A, ces mêmes charges représentent un taux variant
entre 20% et 69% (1 seul cas).

Concernant plus particulièrement les frais d’entretien et de réparations, force


est de souligner que cette rubrique apparaît pour des montants importants : il
s’agit des frais relatifs, d’une part, aux dépenses d’entretien des navires de pêche
(peinture, mécanique) et, d’autre part, aux frais de leurs équipements (filets et
engins de pêche..).

5.2.2.3.3. Les ventes

Il ressort de l’étude de l’échantillon précité que les chiffres d’affaires déclarés


par les sociétés de pêche hauturière varient entre 50 millions de DH et 400 millions
de DH.

Les ventes se font généralement par entente entre la société de pêche


marocaine et le client étranger. Le paiement se fait dans la plupart des cas au
comptant à la réception de la marchandise. Apparemment, la pratique de la vente à
crédit est insignifiante dans le secteur, ce qui explique la faiblesse du poste « clients
débiteurs », dans les comptabilités présentées.

Généralement, l’armateur marocain contrôle ses ventes à l’étranger par le canal


de ses représentants. Les dépenses engagées à l’étranger sont payées par des
virements effectués à partir du Maroc après le rapatriement des recettes de vente.

Quelques prix sont donnés dans le tableau ci-après, à titre d’exemple ; ils sont
puisés dans les états mercuriales des principales halles au Maroc et
concernent la période du mois de novembre 2004:

Ville Espèce Quantité (kg) Valeur (DH) Prix moyen


AGADIR (du 15 au CEPHALOPODES 17.986 292.590 16,27
21novembre2004) CALAMAR 11 660 62,86
POULPE 3530 90.970 25.77
SEICHE 14.280 198.940 13.93
CREVETTE ROSE 2583 100.130 38.77
CREVETTE ROYALE 90 12.300 136.77
BOUJDOUR(du 15 CEPHALOPODES 18.986 1.474.570 77,67
au 21 CALAMAR 18.941 1.473.880 77.81
novembre2004) SEICHE 45 690 15.33

TAN TAN CEPHALOPODES 300 6.810 22.70


POULPE 124 4.100 33.06
SEICHE 176 2.710 15.40
TANGER CALAMAR 48 2.550 53.13
SEICHE 60 1.800 30
CREVETTE ROYALE 1.263 39.930 31.62

5.2.2.4. Les aspects comptables

40
De manière générale, l’activité d’armateurs de pêche ne dispose pas d’une
réglementation comptable particulière, à l’exception de l’obligation de tenir certains
registres (exemple : Registre d’équipage, …).

Il ressort des informations contenues dans les rapports de vérification que les
comptabilités sont tenues selon le système centralisateur, sur support informatique,
et sont supervisées généralement par des fiduciaires.

Les documents tenus dans le secteur sont :


- le livre journal et le livre d’inventaire ;
- le grand livre ;
- la balance générale ;
- les journaux achats et ventes;
- les bordereaux de C.N.S.S;
- les factures d’achats, de ventes et les pièces justificatives des frais
généraux;
- les relevés bancaires.

Toutefois, les comptabilités des sociétés vérifiées présentent pour la plupart une
absence totale ou partielle ou une mauvaise tenue des livres comptables obligatoires.
Les irrégularités les plus courantes relevées concernent les livres légaux (livre journal
et livre d’inventaire) qui sont soit inexistants, soit non servis, soit non côtés et
paraphés.

En outre, les comptes constamment utilisés sont les suivants :

-le compte achats de fournitures et matières consommées ;


-les charges externes ;
- le compte ventes.

5.2.2.5. L’évaluation de la rentabilité d’exploitation dans le secteur

L’examen de la valeur ajoutée, produite par les entreprises de pêche, a montré


que celles-ci créent de la richesse et ont de ce fait une aptitude à effectuer la
meilleure combinaison possible des facteurs de production c’est-à-dire des savoirs
faire humains et matériels.

Toutefois, il est étonnant de relever que la plupart des entreprises étudiées


dans le secteur de la pêche déclarent, soit un résultat minime, soit un déficit, et ce,
quelles que soient l’importance des chiffres d’affaires réalisés et l’ampleur des
moyens investis.

En effet, sur 9 dossiers étudiés (5vérifiés et liquidés et 4 dossiers vivants), sept


(7) affichent des résultats déficitaires ; deux (2) entreprises seulement dégagent un
résultat d’exploitation bénéficiaire.

41
Par ailleurs, l’évaluation de la rentabilité d’exploitation dans le secteur a été
effectuée à travers l’analyse de deux ratios :

1. rentabilité brute d’exploitation= EBE 46


CA
2. rentabilité nette d’exploitation= RE 47
(Taux de marge nette) CA

Cette analyse a montré que la rentabilité brute d’exploitation est plutôt


satisfaisante dans le secteur ; cette rentabilité varie entre 15% et 18% ; les
entreprises de pêche arrivent donc à dégager un excèdent après avoir assumer les
coûts des différents facteurs (personnel (charges), Etat (impôts), prêteurs (charges
financières))etc…. Cet excèdent permet donc de rémunérer les capitaux propres et
empruntés et de maintenir ou d’accroître l’outil de production.

Toutefois, force est de constater que le taux de marge nette, quant à lui, est
situé entre 3 et 12% (pour 3 dossiers )sachant par ailleurs que ce taux est négatif en
ce qui concerne les 6 dossiers restant.

5.2.2.6. Le déroulement des vérifications

5.2.2.6.1. Motif de vérification

Il ressort de l’analyse des dossiers examinés que sur les 8 dossiers vérifiés,
cinq(5) ont été programmés suite à un ordre de vérification, les 3 restants ont été
vérifiés dans le cadre du programme annuel de vérification.

5.2.2.6.2. Procédés de fraude, irrégularités et autres anomalies


constatées

Le contrôle sur place a permis de relever plusieurs insuffisances et défaillances


de nature à priver la comptabilité présentée de sa valeur probante. Ces irrégularités
peuvent être déclinées en deux parties :

¾ Irrégularités portant sur le chiffre d’affaires (dissimulation de C.A)

Dans le cas des dossiers analysés, les dissimulations concernant le chiffre


d’affaires ont été décelées par :
- les recoupements, auprès de l’Office des changes et des quartiers
maritimes (1 dossier);
- les manquants dégagés suite au contrôle quantitatif opéré à partir des
mouvements d’emballage des caisses en cartons (2 dossiers).

46
-EBE : excèdent brut d’exploitation
- CA : chiffre d’affaires
47
-RE : résultat d’exploitation

42
¾ Autres irrégularités

Il s’agit en l’occurrence de :
- l’absence ou la non présentation de documents légaux ;
- le défaut de justificatifs de dépenses ;
- la non application d’intérêts aux diverses créances sur les actionnaires ;
- l’absence de pièces justificatives des frais portuaires ;
- l’absence des livres et de journaux de paie ;
- le défaut de constatation de stocks notamment de poisson congelé;
- la comptabilisation de certains biens d’investissement dans les frais généraux ;
- la non imposition des avantages en nature ;
- la comptabilisation de frais relatifs à un exercice prescrit ;
- la comptabilisation de certaines factures de charges non libellées au nom de la
société ;
- la comptabilisation de gratifications et de sommes versées à l’étranger et au Maroc
à des personnes ne faisant pas partie du personnel de la société ;

Ces irrégularités ont été considérées par les vérificateurs, dans le cas de deux
dossiers, comme étant des irrégularités graves de nature à priver la comptabilité
présentée de sa valeur probante et à entraîner en conséquence une reconstitution des
chiffres d’affaires déclarés.

Dans les autres dossiers, lesdites anomalies se sont traduites par des
redressements divers.

5.2.2.7. Les redressements spécifiques

5.2.2.7.1. Reconstitution du chiffre d’affaires

Comme indiqué ci- haut, les reconstitutions du C.A dans le secteur ont été
opérées selon la méthode du contrôle quantitatif en partant des utilisations brutes de
caisses en cartons et en appliquant un taux de chute de 6%( apparemment en usage
dans le secteur).
Lesdites reconstitutions ont consisté à rapprocher les quantités utilisées 48 des
caisses en carton avec celles déclarées vendues.
Le rapprochement des utilisations ainsi reconstituées avec les ventes déclarées
a permis de déterminer les manquants en quantité.

Le contrôle quantitatif a été opéré comme suit :

a) Détermination des emballages utilisés

dans les deux cas s de reconstitution recensés. La variation des stocks n’a pas été prise en
48

considération pour les raisons suivantes :


- 1er cas : la société déclare des stocks nuls
- 2éme cas : en l’absence d’un SI, le vérificateur a écarté le SF comptabilisé, considéré
comme non sincère par le vérificateur.

43
A ce niveau, le contrôle quantitatif portant sur les achats de caisses a pour but
de déterminer les utilisations des caisses en carton, soit l’équation suivante à vérifier :

Stock initial (SI) + achats – Stock final (SF)= utilisations

b) Détermination des ventes de caisses pleines

Les utilisations prises en compte sont brutes. Elles sont ainsi minorées d’un taux
de perte pour déterminer les ventes reconstituées. Une fois les ventes reconstituées
déterminées, elles sont comparées aux ventes déclarées par la société afin de
dégager des manquants.

c) Valorisation des manquants

Les manquants en quantité non justifiés ont été valorisés sur la base du prix
moyen d’une caisse de poisson vendue.

Prix moyen de caisse pleine : Chiffres d’affaires


Nombre de caisses vendues

Les taux de chute accordés par les vérificateurs

Les taux de perte accordé dans le secteur, sur les emballages en carton, ne
sont justifiés par aucune disposition réglementaire ;il s’agit d’une simple appréciation
de bon sens qui tient compte de la spécificité de cette activité (humidité, présence
d’eau sur le bateau, usage personnel des caisses de carton sur le bord du navire).

5.2.2.7.2. Autres redressements

Les vérifications effectuées se sont soldées par des redressements classiques


mais aussi spécifiques :

Redressements classiques : il s’agit des charges non justifiées par des factures
probantes, le non respect de la spécificité des exercices pour la comptabilisation de
certaines charges ou produits.
Redressements spécifiques : ils sont liés à la nature de l’activité elle-même et à
la particularité de son mode d’organisation et de gestion. Les redressements
fréquemment relevés par les vérificateurs sont au nombre de trois et concernent :

¾ Avantages en nature

Lors du contrôle sur place, les vérificateurs ont constaté que les vivres et
nourritures, distribués gratuitement sur les navires au personnel navigant, n’ont pas
été soumis à l’I.G.R source en tant qu’avantages en nature.

Les vérificateurs ont relevé alors les éléments imposables et ont procédé aux
régularisations qui s’imposent (Le détail de cette rectification sera abordé en détail

44
plus bas dans la partie relative à l’analyse des décisions de la commission nationale
du recours fiscal (C.N.R.F).

¾ Rémunérations versées à l’équipage étranger

Les rappels d’I.G.R issus de ce chef de redressement provient du fait que


certaines sociétés de pêche appliquent à leur personnel naviguant étranger une
retenue à la source au taux de 10%, bien que ce personnel ait une résidence
habituelle au Maroc au sens de l’article 2 de la loi n°17-89 relative à l’I.G.R.

Le détail de ce chef de rappel sera exposé dans la partie relative à l’analyse des
décisions de la C.N.R.F.

¾ Les frais de réparation et d’entretien des navires

Les redressements dégagés à ce titre proviennent de la mise en exergue, par


les vérificateurs, du rapport entre les « dépenses de maintien » et les « dépenses
d’investissements », relatives à l’entretien et la réparation des navires. Ce rapport est
fait dans le but d’examiner, sur le plan fiscal, le problème de démarcation entre les
dépenses à immobiliser et les charges d’exploitation proprement dites.

5.3. Examen des recours devant la C.N.R.F

Parmi les six dossiers vérifiés et liquidés, cinq (5) dossiers l’ont été suite à
l’arbitrage de la C.N.R.F, le sixième a été réglé suite à accord à l’amiable.

Les points litigieux soumis à l’arbitrage de ladite commission ont porté entre
autres sur les éléments suivants:

• les reconstitutions du CA à partir de l’utilisation des emballages


en carton ;
• les éléments amortissables passés en frais généraux ;
• les rémunérations allouées à l’équipage étranger;
• Les avantages en nature.

5.3.1. La reconstitution du C.A à partir de l’utilisation des


emballages 49

a)Exposé des faits

La vérification effectuée dans une société de pêche hauturière (A) a abouti au


rejet de la comptabilité suite à la constatation de diverses anomalies. Ces anomalies,
qualifiées d’irrégularités graves par le vérificateur, sont de nature à priver la
comptabilité présentée de toute valeur probante.

49
La méthode de reconstitution du C A à partir des emballages utilisés a été utilisée de la même
manière dans deux dossiers.

45
Le rejet a été fondé :

ƒ en premier lieu sur la valeur non probante de la comptabilité présentée,


due à la constatation des anomalies et irrégularités ci-après :

- les documents légaux ne sont pas tenus conformément aux prescriptions du code
de commerce ;
- la structure du bilan est erronée et ne reflète pas la situation réelle des comptes
telle qu’elle ressort de la balance ;
- l’absence d’un inventaire complet qui tiendrait compte de l’ensemble des biens
en stock ;
- le non respect des règles comptables et fiscales dans la mesure où l’imputation
des charges et des produits se fait selon la marée ;
- l’absence des livres et de journaux de paie ;
- l’absence de caisse.

ƒ en second lieu sur les discordances constatées entre le chiffre d’affaires


recoupé et celui déclaré.

La reconstitution du chiffre d’affaires a été faite à partir d’une seule méthode :


le contrôle quantitatif opéré à partir des utilisations des emballages en carton servant
au conditionnement du poisson.

La société étant en désaccord avec le vérificateur a demandé le pourvoi devant


la C.N.R.F.

La C.N.R.F, après avoir jugé que les irrégularités ayant entaché la comptabilité
présentée revêtent un caractère grave, a admis le rejet de cette dernière. Néanmoins,
elle a écarté la méthode de reconstitution opérée et les redressements qui en
découlent, en avançant les arguments suivants :

- la méthode de reconstitution du CA effectuée à partir des mouvements


d’emballage est une approche « théorique » et non « rationnelle » ;
- le manquant exprimé en emballage perdu ne peut traduire
automatiquement une insuffisance en matière de poissons,
- le degré de fiabilité du paramètre « emballage » n’a pas été clairement
mis en évidence par le vérificateur.

b) Analyse des faits

* Quant au fondement du rejet

Le contrôle fiscal peut aboutir à la constatation de diverses anomalies ou


irrégularités graves de nature à priver la comptabilité présentée de sa valeur probante.
Par conséquent, l’Administration peut rejeter ladite comptabilité et procéder à la
reconstitution du chiffre d’affaires. Cette procédure est prévue en matière d’IS à

46
l’article 35 qui confère à l’Administration, lorsque la comptabilité est entachée d’une
irrégularité grave, de déterminer la base d’imposition d’après les éléments dont elle
dispose (recoupements, informations extracomptables,…).

La validité de cette action suppose néanmoins le respect par l’administration de


l’une des deux conditions suivantes :

- La constatation dans la comptabilité présentée des irrégularités graves au


sens de l’article susvisé;
- La démonstration par l’administration de l’insuffisance des chiffres déclarés
par le contribuable.

Dans le cas présent, lesdites conditions semblent être bien remplies :


- les motifs invoqués par le vérificateur sont jugés assez graves pour
enlever le caractère de sincérité à la comptabilité présentée ;
- l’insuffisance du chiffre d’affaires déclaré a été démontrée suite à la
constatation des manquants dont la justification n’a pas pu être apportée
par la société.

Par conséquent la reconstitution opérée sur la base de l’article 35 de l’IS semble


fondée.

A signaler par ailleurs que l’article précité fait référence à l’article 31 qui se
rapporte aux obligations comptables des sociétés ; lequel renvoie lui-même aux
prescriptions du code de commerce qui, lui, dans son article 19, renvoie à la loi
comptable comme suit « Le commerçant tient une comptabilité conformément aux
dispositions de la loi n°9-88 relative aux obligations comptables des commerçants… ».

NB : La loi comptable n°9-88 dans ses articles est très explicite quant aux obligations
comptables des commerçants, notamment dans ses articles 5 et 6.

De même, bien que les notions de la valeur probante de la comptabilité et sa


sincérité ne sont pas définies par le législateur, les circulaires d’application en
donnent quelques indications que le contrôle fiscal d’une comptabilité peut mettre en
évidence.

En effet, d’après les notes circulaires 50 de la D.G.I. «une comptabilité est


régulière lorsque chacune des opérations transcrites sur les documents comptables
est :
-correctement imputée,
-saisie en temps opportun en respectant l’ordre chronologique des opérations,
-appuyée d’une pièce justificative ».

Par ailleurs, « une comptabilité est réputée fiscalement sincère lorsque :

50
Voir par exemple la Note circulaire relative à l’Impôt général sur le revenu (dispositions générales et
revenus professionnels et fonciers), p : 152.

47
*elle émane d’une application de bonne foi des règles prévues par la loi et des
principes et procédures comptables en usage ;
*elle reflète l’ensemble des opérations réalisées par l’entreprise ;
*les opérations y enregistrées sont :
-réelles ;
-correctement totalisées ».

*Quant à la méthode de reconstitution

L’inspecteur a opté pour un contrôle quantitatif à partir des mouvements des


achats d’emballages. Toutefois, pour déterminer les achats nets, le vérificateur n’a
pas tenu compte de la variation des stocks. A cet effet, il a avancé que en l’absence
d’un stock initial, le stock final comptabilisé par la société ne peut être pris en
considération pour la détermination des achats utilisés,

Pour étayer sa position, il a rajouté que la société a fait figurer le carton


d’emballage au niveau de son stock final juste pour que l’absence de déclaration de
stock ne lui soit pas invoquée comme irrégularités motivant le rejet de comptabilité
Toutefois cette allégation n’a pas pu être démontrée par le vérificateur sachant par
ailleurs que la société, dans sa réponse à l’administration, a bien fait prévaloir
l’existence d’un stock final d’emballages dont elle a apporté la preuve.

Aussi, cette défaillance a–elle- été exploitée par la CNRF comme étant
élément d’incohérence de la méthode opérée, lui permettant ainsi de rejeter la
reconstitution du CA sachant par ailleurs que le stock est une composante dont la
variation a une influence directe sur le résultat ; le fait d’écarter cet élément des
paramètres du calcul des utilisations des caisses en carton s’est traduit par des
quantités de caisses supérieures à celles réellement utilisées ce qui a dégagé des
minorations de chiffre d’affaires relativement importantes.

c) Remarques

La validité d’une méthode de reconstitution reste largement tributaire d’une


part de la compréhension de l’organisation générale de l’entreprise (cf. détail plus
haut), des conditions d’exploitation (modes d’approvisionnement et d’écoulement) ;
et d’autre part de l’assimilation des différentes étapes de capture du poisson jusqu’à
sa congélation et son conditionnement (voir plus haut).

Dans le secteur étudié, la majorité des opérations d’exploitation qu’elles soient


situées en amont (achats de matières consommables…) ou en aval (vente du poisson)
est effectuée en devises.

Cette situation ne permet pas à l’administration fiscale d’effectuer un contrôle


efficace dans la mesure où la normalité des dépenses engagées à l’étranger ne peut
être vérifiée en l’absence d’éléments d’appréciation fiables, notamment par le biais
du rapprochement desdites dépenses avec les déclarations des fournisseurs. Il en est
de même pour les ventes.

48
Compte tenu de ce qui précède, il est préconisé au vérificateur dans un
premier temps, de collecter tous les recoupements auprès des organismes
susmentionnés, pouvant l’aider à cerner la base d’imposition.

Ensuite, le contrôle du Chiffre d’affaires (C.A) comprendra systématiquement :

- le rapprochement entre les différentes composantes du C.A (CA export et CA


local) avec les documents douaniers, les attestations d’export visées par l’office des
changes et celles visées par les quartiers maritimes(D.R.A.M) ainsi que les
documents tenus par l’O.N.P dans le cas de transition par la halle ;

- la vérification de la conformité des prix de ventes déclarées avec les prix du


marché et ce par comparaison avec les prix arrêtés localement par les mercuriales
des halles (recoupement possible à tirer des mercuriales des halles publiées sur le
site Internet de l’O.N.P).

Enfin, il y a lieu de signaler que dans le cas de la présente reconstitution, le


prix de vente pris par les vérificateurs pour valoriser les manquants est un prix de
vente moyen ; il aurait été judicieux de prendre un prix de vente moyen pondéré qui
tiendrait compte des prix des différentes espèces capturées par la société sachant
par ailleurs que pour la même espèce le calibre peut être différent et par conséquent
le prix aussi (c’est le cas par exemple des crevettes).

5.3.2. Les éléments amortissables passés en frais généraux

Bien que non spécifiques à l’activité, ces anomalies sont très fréquente dans
le secteur de la pêche. Parmi les exemples rencontrés à l’occasion des vérifications
de certaines sociétés, on peut citer notamment les frais de réparation et d’entretien
des navires

a) Exposé des faits

Lors du contrôle fiscal d’une société de pêche hauturière (B) 51 , le vérificateur


a relevé que de grosses réparations effectuées sur deux navires de pêche, ont été
comptabilisés par la société parmi les charges d’exploitation. Le vérificateur,
considérant que lesdites charges revêtent le caractère de frais à immobiliser, les a
rejetées en tant que frais généraux et a procédé aux réintégrations qui s’imposent.

Deux arguments ont été avancés par le vérificateur pour étayer sa position :

ƒ Les réparations entreprises sont de nature à proroger la durée d’utilisation


de l’immobilisation en question,
ƒ Les dépenses corrélatives sont importantes et ne sauraient être
comptabilisées au titre des charges déductibles.

51
Voir détail de la vérification dans la fiche n°2, jointe en annexe.

49
En réponse à la position de l’inspecteur, la société a apporté les observations
suivantes :

ƒ Les réparations en question sont de simples frais d’entretien et ne sauraient


être immobilisées sous peine de gonfler fictivement l’actif ;
ƒ Les dispositions du code général marocain de la comptabilité prévoient en
matière de traitement de ces dépenses, la constitution des provisions, lors
des exercices précédant les grosses réparations, et non l’immobilisation de
ces dernières.

La C.N.R.F, en statuant sur ce litige, a donné raison à l’administration et a


fondé sa position sur les considérants suivants :

ƒ Les réparations objet de litige ne sont pas de simples frais d’entretien


mais de grosses réparations affectant la consistance des
immobilisations en question;
ƒ Les grosses réparations constituent sur le plan fiscal des dépenses
amortissables dans la mesure où elles prolongent la durée de vie de
l’immobilisation de destination.

b) Analyse des faits

L’entretien des navires de pêches est nécessaire pour le maintien de l’état de


la flottille en exercice. Cet entretien se traduit souvent par le décaissement de
sommes importantes.

Les rectifications y afférente proviennent de la mise en exergue, par le


vérificateur, du rapport entre les « dépenses de maintien » et les « dépenses
d’investissements », se rapportant à l’entretien et à la réparation des navires. Cette
mise au point est faite dans le but d’examiner sur le plan fiscal le problème de
démarcation entre les dépenses à immobiliser et les charges d’exploitations
déductibles immédiatement.

A cet effet, il y a lieu de rappeler qu’au vu des dispositions fiscales en


vigueur une dépense ne peut être considérée comme un investissement que si elle
entraîne une prorogation de la durée de vie de l’élément considéré. Cette définition
reste toutefois confuse car elle se heurte dans la pratique régnant dans le secteur, à
une méconnaissance totale ou partielle des aspects techniques du matériel réparé.

En effet, la vie d’un bien amortissable couvre 2 périodes : celle


correspondant économiquement à la durée de vie normale génératrice
d’amortissement et celle qui intervient après cette période. Étant donné que les
dépenses engagées concernent le plus souvent des chalutiers très vieux et
totalement amortis (puisque la majorité de la flottille en activité est acquise
d’occasion), leur mise en état de navigation permanente au moyen de dépenses
d’entretien et de réparation (qui atteignent parfois 70% de la valeur en actif)
entraînent forcément un accroissement de leur durée de vie. Par conséquent les
dépenses y afférentes doivent être immobilisées.

50
Enfin, force est de signaler que la distinction entre les frais généraux et les
immobilisations est essentielle pour déterminer le traitement fiscal d’une dépense
engagée par la société. Cette distinction n’est pas toujours évidente à faire. En effet,
il est fréquent qu’une dépense soit comptabilisée par la société en frais généraux
parce qu’elle a la nature d’une charge alors que ladite dépense correspond à l’entrée
d’une immobilisation à l’actif du bilan.

Afin de mettre la lumière sur cette question, il a été procédé à


l’approfondissement de cette problématique par l’étude de quelques grands principes
dominant la matière notamment en France. Il ressort ainsi de ces principes que :

1. les immobilisations peuvent être définies comme étant des éléments de l’actif
appartenant à l’entreprise et destinés à être conservés durablement par celle-
ci ;
2. les frais généraux sont définis comme toutes charges n’ayant pas pour
contrepartie l’entrée d’un nouvel élément (immobilisation ou stock) dans l’actif
du bilan et qui sont appelés à être consommés dans le cycle d’exploitation.

Ainsi, c’est l’idée de durabilité qui est à la base de la distinction en


question. Toutefois, il ressort desdits principes qu’il ne faut pas se limiter à ce critère
pour trancher la question ; en effet, certains biens constituant par nature des
immobilisations, d’autres constituent en outre des frais généraux et ce
indépendamment de leur durée d’utilisation car si on s’en tenait au seul critère de
durabilité, il faudrait immobiliser même le petit matériel dont la durée de vie dépasse
les 12 mois notamment le petit matériel ou petit mobilier de bureau.

S’agissant du secteur étudié, l’idée à retenir consiste à considérer que les


dépenses d’entretien ou de réparation portant sur un navire sont immédiatement
déductibles, à l’opposé, celles qui modifient la consistance du navire ne le sont pas.

Si on se réfère à la jurisprudence du conseil d’état français ; les dépenses


engagées par une entreprise ne sauraient venir en déduction de ses résultats
imposables dans les trois hypothèses suivantes :

- elles ont pour conséquence l’entrée d’un nouvel élément dans l’actif immobilisé ;
- elles entraînent normalement une augmentation de la valeur d’une immobilisation
figurant déjà au bilan ;
- elles ont pour effet de prolonger d’une manière notable la durée probable
d’utilisation d’une immobilisation figurant déjà au bilan.

A l’opposé , constituent des charges déductibles les dépenses qui n’ont


d’autre objet que de maintenir un élément de l’actif immobilisé dans sa consistance
initiale sans accroître de façon notable ni sa valeur, ni sa durée d’utilisation.

c) Remarques

Trois idées principales ressortent des principes sus indiqués :

51
1. les dépenses qui se bornent à maintenir l’immobilisation en bon état de
fonctionnement sont immédiatement déductibles ;
2. les dépenses qui modifient la consistance d’une immobilisation doivent être
immobilisées ;
3. les dépenses d’échange standard doivent selon la cas être traitées comme des
charges ou comme des immobilisations.

™ Les dépenses de maintien en état d’une immobilisation

Il s’agit par exemple des dépenses de réfection des peintures ou des


dépenses périodiques d’entretien ou de révision des véhicules (vidange, changement
de filtre d’huile…),ici le coût des travaux importe peu et peu importe également que
l’immobilisation destinataire soit ou non complètement amortie.

Pour illustrer cet exemple on peut citer une décision du conseil d’état
français (CE, 26 juin 1992 : RFJ 1992, p788) ; où il a été jugé que les dépenses de
réfection d’une toiture portant sur un immeuble complètement amorti constituent des
charges immédiatement déductibles car elles n’avaient pas pour effet de prolonger
de manière notable la durée de l’utilisation de l’immeuble.

™ Les travaux de modification de structure d’une immobilisation

Il s’agit en l’occurrence des travaux de modification de structure d’une


immobilisation, on peut citer à ce titre le jugement (CE, 5 oct.1977 : RJF1977, p.368)
par lequel le conseil d’état en France a considéré que les travaux de réaménagement
d’une salle de cinéma doivent être comptabilisés en immobilisations amortissables
car elles modifient la consistance initiale de l’immobilisation.

™ Les dépenses d’échange standard

Les dépenses d’échange standard sont en général des dépenses relatives au


remplacement d’une pièce usée par une autre du même type. Si ce remplacement ne
modifie pas en principe la consistance initiale d’une immobilisation en cause, il reste
à savoir s’il modifie sa valeur ou sa durée d’utilisation, cela dépend des cas.

Selon une jurisprudence du conseil d’état français, seules doivent être


passées en immobilisations « les dépenses qui entraînent normalement une
augmentation de la valeur pour laquelle un élément immobilisé figure au bilan de
l’entreprise ou qui ont pour objet de prolonger de manière notable la duré
d’utilisation d’un élément de cette nature (CE 26 juin cité ci- haut)

Cet exemple est assez significatif pour le secteur étudié dont la mesure où il
porte sur le changement du moteur d’un navire de pêche. En effet, la CAA de Nantes,
a conclu dans sa décision du 17 Mars 1993 que l’échange standard du moteur d’un
moteur de véhicule constitue une dépense à immobiliser en raison de l’augmentation
notable de la durée d’utilisation, il s’agissait en l’espèce du remplacement du moteur
d’un navire langoustier. La solution serait sans doute différente si l’échange standard

52
portait sur le système de freinage ou sur l’embrayage, lesquelles réparations ne se
traduisant pas par une augmentation de la durée d’utilisation de l’immobilisation en
question.

5.3.3. Les rémunérations allouées à l’équipage étranger

a)Exposé des faits

Lors de la vérification d’une société « C », le vérificateur a constaté que


ladite société a appliqué à son personnel naviguant étranger une retenue à la source
au taux de 10%, bien que ce personnel ait une résidence habituelle au Maroc au
sens de l’article 2 de la loi n° 17-89 relative à l’I.G.R.

Il a remis en cause cette imposition et a procédé aux rectifications


nécessaires en avancent que ledit personnel, effectuant des séjours au Maroc
supérieurs à 183 jours, devient de ce fait résident marocain et donc soumis à l’I.G.R
dans les conditions du droit commun.

Pour étayer sa position, le vérificateur a rajouté que ledit personnel a des


liens juridiques de subordination avec la société marocaine, liens concrétisés par les
faits suivants :

- le versement des salaires par la société marocaine de pêche,


- la prise en charge des dépenses afférentes au séjour du personnel sur les
bateaux par la société marocaine.

Etant en désaccord avec le vérificateur sur cette appréciation, la société a


réfuté les rappels d’I.G.R effectués par le vérificateur à cet égard en avançant deux
arguments :

- Le personnel assujetti à la retenue à la source travaille pour le compte de son


consignataire « une société étrangère en vertu du contrat d’assistance technique ;
- L’application de la retenue à la source est édictée par l’association professionnelle
des armateurs de la pêche hauturière au Maroc (APAPHAM) suite aux réunions
tenues avec la Direction des impôts.

Après avoir entendu les arguments des deux parties, la C.N.R.F a conclu au
rejet des rappels I.G.R effectués par l’inspecteur en se basant sur deux considérants
essentiels :

- les documents présentés par la société font apparaître que le personnel en cause
est déclaré à la sécurité sociale par la société étrangère,
- la preuve de l’existence d’un lien de subordination entre le personnel étranger et
la société n’a pas pu être apportée.

b) Analyse des faits

53
La problématique soulevée par le vérificateur suite à la vérification de la
société(C) est relative à l’appréciation de la nature de la prestation fournie par
l’équipage étranger employé sur ses navires de pêche et par conséquent du
traitement fiscal à attribuer aux dites rémunérations. La question à poser ici se situe
à deux niveaux :

- S’agit-il de rémunérations versées à un personnel remplissant les critères de


résidence et lié à la société par des liens juridiques de subordination et auquel
cas les versements effectués sont passibles à l’I.G.R,
- ou est-il question de prestations fournies dans le cadre d’un contrat d’assistance
technique conclu entre la société de pêche marocaine et une société étrangère et
auquel cas, les rétributions allouées à ce titre sont éligibles à la retenue à la
source au taux en vigueur.

A noter par ailleurs que dans le présent cas la société a adopté, comme
beaucoup de société dans ce secteur, la formule qui consistait à attribuer aux marins
pêcheurs étrangers le statut de personnes intervenant dans le cadre d’une assistance
technique fournie par une société étrangère.

c) Rappel des textes

Au sens de l’article 2 de la loi n°17-89 relative à l’I.G.R, sont assujetties à


l’I.G.R : « … les personnes physiques ayant au Maroc leur résidence habituelle au
Maroc…lorsque la durée continue ou discontinue de ses séjours au Maroc dépasse
183 jours pour toute période de 365 jours ».

Dans le même ordre d’idées, la note circulaire relative à l’I.G.R 52 prévoit que
L’Etat, dans lequel l’activité est exercée exonère les revenus salariaux perçus à ce
titre si les trois conditions suivantes sont remplies :

- la durée de séjour du salarié étranger ne doit pas dépasser 183 jours au


maximum au cours de l’année fiscale en cours ;
- l’employeur ne doit pas être un résident ;
- les rémunérations ne doivent pas être supportées par un établissement stable
que l’employeur a dans l’Etat où l’activité est exercée.

d) Remarques

Le vérificateur, en exploitant les feuilles de dépenses de marée (contenant


l’état de salaire : noms du personnel, le montant brut, la retenue à la source, le net
perçu, etc.) a constaté qu’un certain nombre de pêcheurs -dont il a joint la liste à la
1ère notification des redressements, séjournent sur ces chalutiers plus de 183 jours
de façon continue ou discontinue. Vu que, du point de vue du droit marocain, les
chalutiers battant pavillon marocain et ayant leur port d’attache au Maroc sont

52
Voir la Note circulaire relative à l’impôt général sur le revenu- Dispositions générales et revenus
professionnels et fonciers,p :10.

54
considérés comme Territoire Marocain, le vérificateur a considéré que le personnel
étranger exerçant sur ces bateaux et y passant plus de 183 jours est assujetti à
l’I.G.R sur salaire et non à la retenue à la source.

Toutefois, Lors du contrôle de ce point, et avant de procéder aux rectifications,


il serait judicieux que le vérificateur :

- exige la présentation de tout document justifiant l’assistance technique ;


- s’assure que l’accord d’assistance technique a été contresigné par une autorité
marocaine ou consulaire ;
- analyse minutieusement les clauses du contrat pour savoir s’il s’agit d’une
simple consultation intervenant dans des domaines bien précis tels que le choix des
zones de pêche, l’achat de matériel d’équipement ou y- a t-il des clauses portant sur
le recrutement ou la location du personnel en question. Sachant par ailleurs qu’en
cas de présence d’une convention fiscale entre le Maroc et le pays d’origine de la
société étrangère, les termes du contrat doivent s’analyser à la lumière des
dispositions conventionnelles en vigueur ;
- s’assure que les rémunérations attribuées par la société marocaine à la société
étrangère ont fait l’objet d’une facturation.

5.3.4. Les avantages en nature (cas de la nourriture dispensée au


personnel naviguant)

a).Exposé des faits

Lors de la vérification fiscale d’une société de pêche (A), l’examen des


différents comptes a révélé au vérificateur que la société n’a pas soumis à l’I.G.R
source un ensemble d’avantages en nature dont notamment la nourriture servie
gratuitement au personnel naviguant. Le vérificateur considérant que les vivres en
question constituent des compléments de salaires passibles de l’I.G.R, a relevé les
éléments imposables et a procédé aux régularisations qui s’imposent.

La société a réfuté ce chef de rappel en avançant les arguments suivants :

ƒ la nourriture servie au personnel naviguant est une obligation légale envers


le personnel embarquant pour des marées de plus de 50 jours ;

ƒ les vivres distribués sont à assimiler au panier concédé aux employés sur les
chantiers éloignés de leur domicile, et par conséquent cet avantage n’est pas
imposable à l’I.G.R en vertu des dispositions de la note circulaire formant
instruction générale pour l’application des dispositions légales relatives à la loi
n° 17-89.

La C.N.R.F a abandonné le chef de rappel opéré en se basant sur deux


considérants :

55
- la nourriture servie aux marins pêcheurs est imposée par la nature spécifique de
l’activité de la pêche hauturière qui s’exerce loin des domiciles des marins;
- la nourriture distribuée gratuitement ne doit pas être appréhendée comme un
supplément de salaire passible d’impôt, mais comme une nécessité édictée par les
mesures de sécurité qui doivent être préservées dans les chalutiers.

b) Analyse des faits

Force est de souligner que la tendance dans le secteur est de considérer la


nourriture servie à bord des navires comme une obligation légale dans la mesure où
le lieu et la nature de l’activité exercée ne permettent pas aux marins de se rendre à
leur domicile. Par conséquent, les sociétés de pêche estiment qu’aucune imposition à
ce titre ne peut être retenue.

Cette position parait contradictoire avec celles arrêtées par les dispositions
fiscales en la matière.

En effet, le principe général de l’imposition des avantages en nature et en


argent en tant que complément de salaire est énoncé par l’article 65 de la loi
relative à l’I.G.R qui dispose que « sont également assimilés à des revenus
salariaux les avantages en argent ou en nature accordés en sus des revenus
précités ».

c) Remarques

L’abandon de ce chef de redressement par la C.N.R.F n’est pas justifié. En


effet, en assimilant le bateau à un chantier éloigné, pour motiver l’exonération de
l’indemnité de nourriture, cette instance a écarté indûment le principe légal de
l’imposition des avantages en nature. Sachant par ailleurs que l’assimilation faite par
la C.N.R.F entre « marins » et « employés de chantiers » pour appuyer son point de
vue manque de pertinence étant donné l’hétérogénéité des deux professions.

56
Annexes

1-Modèle d’un contrat d’assistance technique,


2-Liste des textes législatifs et réglementaires régissant la pêche
maritime,
3-Modèle d’un état mercuriale
4-Imprimé modèle de la demande de licence de pêche,
5-Imprimé modèle du registre d’équipage.

57
CONTRAT D’ ASSISTANCE TECHNIQUE

Entre les soussignés :

La société marocaine ( A) société anonyme au capital de 5.125.000,00 dhs dont


le siège social est à Casablanca valablement représentée par
Monsieur X son Président,

D’une part,
Et la société étrangère (B) société anonyme dont le siège social est à Gong oing
China, valablement représentée par Monsieur Y son Directeur.

D’une part,
Il a été arrêté et convenu ce qui suit:

1) La société B met à la disposition de la société A des équipages


compétents dont le nombre des marins sera conforme aux exigences de la
réglementation en vigueur au Maroc.

2) La société A rémunérera la société B comme suit :

a) Pour le personnel marin mis à la disposition à raison de :

- 1667$ US par mois et par capitaine,


- 1111$ US par mois et par second capitaine,
- 1333$ US par mois et par chef mécanicien,
- 1000$ US par mois et par second mécanicien,
- 889$ US par mois et par maître d’équipage,
- 889$ US par mois et par classificateur.
- 778$ US par mois et par matelot.

58
Soit 7667$ US par mois pour un équipage de 7 marins chinois par bateau
représentant 25% de l’équipage total de chaque navire.

b) En sus des salaires mentionnés plus haut, la société A paiera à la société


B 150 £ US par mois et par marin correspondant aux charges sociales des marins.

c) A raison 6000$ US par mois pour la rémunération de service consultatif et


technique.

3) La société A s’engage à rémunérer la société B à la présentation des factures.

4) La société B s’engage à mettre à la disposition de la société A du personnel de


métier et compétent.

5) Les frais de séjour et de voyage des marins avant et après leur mission sont à la
charge de la société A

6) La société B doit à la demande de la société A débarquer tout membre


d’équipage incompétent ou dont la conduite est jugée incorrecte.

7) Le présent contrat est valable pour 1 année à compter du 1er. Janvier 1998 et
arrivera ainsi à échéance le 31 Décembre 1998.

Pour la société B Pour la société A

Mr Y Mr. X
Directeur Président.

Fait à Agadir, le 25 Septembre 1997.

59

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