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Bac S 2012, épreuve de Philosophie, sujet n° 2

Proposition de corrigé

Problématique : L’État, c’est une puissance politique institutionnalisée, séparée de la société civile,
ayant le monopole de la violence légitime dans l’exercice de son pouvoir pour que la société se
tient debout et instaure en théorie un état de droit. Il peut être vu spontanément comme un pouvoir
extérieur à soi, coercitif et donc opposé à la liberté au sens de « droit illimité à tout ce qui tente
l’homme et qu’il peut atteindre », de liberté naturelle, d’indépendance ; l’entrée sous l’autorité de
l’État est entrée dans l’état civil et ses lois et sortie de l’état de nature sans lois, si ce n’est celle du
plus fort pour certains (Hobbes contre Rousseau). Le problème est de savoir si cette opposition
entre État et liberté est pertinente, car l’institution qu’est l’État présuppose une volonté humaine et
l’État apparaît aussi comme ce qui permet la coexistence des libertés. Et donc de s’interroger sur le
réalisme rêve anarchiste d’une abolition de l’État, qui pourrait n’être qu’un cauchemar. Le sujet
présuppose que nous sommes malgré tout libres sous l’État avec le « plus », qui sous-entend une
liberté déjà acquise mais réduite, donc que l’homme peut être libre en société et que tous les États,
leur suppression ont la même conséquence possible.

Plan Possible

I. La suppression de l’État semble promettre plus de liberté


1. L’État est un pouvoir qui impose des lois et donc des limites à la liberté or on peut penser que la
liberté se devrait d’être illimitée (thèse anarchiste). À chaque limite levée, la liberté s’en trouverait
élargie.
2. l’État est un pouvoir extérieur à l’individu, soit parce qu’il ne se reconnaît pas dans ces décisions
(principe de la majorité), soit parce que ce qu’on attend de lui comme citoyen ne correspond pas à
ses aspirations individuelles immédiates.
3. l’État n’est pas l’incarnation de la volonté générale, il est aux mains des dominants (Marx). Ceci
dit Marx n’est pas anarchiste, sa thèse du « dépérissement de l’État » n’est pas celle de la
suppression de l’État mais de sa forme historique, pour qu’il soit ce qu’il doit être, incarnation de la
volonté générale du peuple et défenseurs de l’intérêt général.

Transition : donc l’État peut apparaître comme liberticide et sa suppression comme libératrice,
mais sans État, les hommes seraient-ils pour autant maître d’eux-mêmes ?

II. L’État comme condition de la liberté :


1. sans État, on peut penser que ce sera le désordre (thèse de Hobbes, l’État de nature comme état
de guerre généralisée) et que ce ne serait pas pour autant la sortie de l’hétéronomie, car on
n’obéirait pas pour autant qu’à soi. La loi de l’État évite d’avoir des maîtres.
2. pour qu’il y ait une suppression de l’État et une vie en société possible (dont l’homme ne peut se
passer), il faudrait présupposer une cohésion sociale par d’autres voies : société holistes ou
compromis sacrificiels, qui obligerait chacun à sacrifier une partie de sa liberté. Sans État, la liberté
ne serait pas pour autant totale.
3. selon Rousseau, c’est le passage de l’état de nature à l’État civil, qui permet à l’homme de
conquérir sa liberté, en passant d’une soumission à l’impulsion, d’un esclavage du désir à l’écoute
de la raison. C’est dans et par l’État que l’homme accède à la liberté comme autonomie, liberté
certes limitée mais protégée par les lois de l’État et bien réelle.
4. l’État est le fruit de la volonté des hommes, il présuppose la liberté et peut la conserver si les
hommes n’y renoncent pas.

Transition : donc l’État n’est pas nécessairement le fossoyeur de la liberté et des libertés, il peut
être vu comme instrument et condition d’une existence libre. Dès lors, plutôt que de supprimer
l’État, il s’agit peut-être de le réformer, de le surveiller pour qu’il soit ce qu’il doit être. À quelles
conditions serions-nous plus libres avec l’État ?

III. L’État ne menace la liberté que si nous ne la protégeons pas


1. l’obéissance et la résistance sont les « deux vertus du citoyen » selon Alain. L’obéissance garantit
l’ordre, condition de la liberté et la résistance, la liberté en ne se soumettant pas aveuglement à
l’État.
2. l’État n’est que le représentant du peuple, « le ministre du peuple », c’est ce que rappelle
Rousseau dans son Contrat social. Le peuple doit donc veiller à ce que l’État ne glisse pas sur sa
pente naturelle.
3. Tocqueville rappelle aussi que c’est parce que nous demandons toujours plus à l’État, lui donnant
toujours plus de pouvoir, que la démocratie peut dégénérer en un paternalisme doux, nouvelle forme
de despotisme. La liberté n’est menacée par l’État que si nous lui préférons la sécurité, les
jouissances matérielles et la passion de l’égalité.

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