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Exposer sans mesure: la règle du

F/16 ou « Sunny 16 »
Alexis

Qui sʼintéresse à la photo tombe un jour ou lʼautre, mieux vaut tard que
jamais, sur la règle du F/16 plus connue sous lʼanglicisme: « sunny 16 »
~seuni sikstine~

Cette règle permet de connaître le bon réglage dʼexposition sans lʼaide


dʼun instrument de mesure. On juge à lʼoeil le niveau dʼexposition.
Lʼiconographie de ce principe est souvent peu claire:

Personnelement je nʼai jamais vu un ciel qui ressemblait vaguement à


cela… Il ya des représentations plus limpides (cf plus loin).

Utile ou pas ? considérant le niveau actuel de technologies embarquées:


appli téléphone etc … il est peut probable de se retrouver sans moyen de
mesurer le niveau lumière pour régler son exposition. Oui mais
comprendre le principe de fonctionnement permet:

T. De se libérer la position dʼesclavage technologique perpétuel dans


laquelle on se trouve
V. De réagir plus vite ie de corriger ses réglages sans perdre le temps
dʼune mesure ou correction
W. De frimer

Donc essentiellement il nʼy a quʼune seule raison: être plus rapide et


autonome.

Cette règle découle du simple fait que le soleil brille toujours avec la
même intensité (photographiquement parlant). En conséquence la seule
chose qui va changer le niveau dʼexposition cʼest tout ce qui va se trouver
entre cette source lumieuse constante, le soleil, et notre sujet (le « truc »
à photographier).

Entre le soleil et notre sujet viennent sʼintercaler plusiseurs éléments


variables dont principalement les nuages. Mais aussi lʼépaisseur
apparente de lʼatmosphère (plus importante le soir ou le matin) et tout ce
qui se situe au ras des paquerettes qui puisse générer de lʼombre.
En substance la règle du F/16 ou « sunny 16 » déclare que si la vitesse
dʼobturation est égale à lʼinverse de la valeur ISO utilisée soit 1/ISO alors
lʼouverture du diaphragme en pleine journée (ensoleillée sans nuage) fixé
à F/16 correspond à un parfait niveau dʼexposition.

Exemple:

Film à ISO 400

En plein soleil lʼexposition est:

1 / ISO = 1/400 sec ~ 1/500 sec à F/16

Film à ISO 125 => 1/125 sec à F/16

On utilisant la règle de réciprocité on peut en déduire rapidement tous les


réglages envisagés pour notre prise de vue. Par exemple 1/500 sec à F/16
est la même chose que 1/4000 sec à F/5.6 etc …

Concrètement dans la vraie vie ou les nuages ne ressemblent pas à des


boules de coton hydrophile, il faut se créer des repères concrets pour
différencier les diverses situations évoquées dans lʼimagerie classique de
ce principe. En lʼabscence de repères concrets on connait la règle mais
on est incapable de lʼappliquer… et donc on ne lʼutilise pas.

Dans lʼillustration ci dessus le principe du F/16 est décliné selon la


couverture nuageuse. Pas facile de savoir si on a affaire à tel ou tel
nuage. Ce quʼil faut retenir cʼest quʼil nous importe dʼobserver les
nuages qui couvrent le soleil, pas ceux qui sont autour comme dans les
schémas classiques. Lors dʼune éclaircie nous sommes à F/16 !

T. F/16 signe: le soleil nʼest obstrué par aucun nuages. Les ombres sont
marquées avec un contour bien net.
V. F/11 signe: le contour des ombres nʼest plus totalement net. Le soleil
est légèrement voilé donc encore visible.
W. F/8 signe: Les ombres ont disparues, la couverture nuageuse est
essentiellement blanche.
a. F/5.6 signe: la couverture nuageuse est de couleur gris clair
b. F/4 signe: ciel plombé, couverture nuageuse grise plutôt foncée,
sensation de pluie imminente

Lorsquʼil pleut nous sommes généralement entre F/4 et F/2.8 soit 4 à 5


diaphragmes (diaphs) de moins que le plein soleil. Cʼest le cas des
averses de front produites par dʼépais Nimbus, les plus courantes dans
nos régions (France métropolitaine).

Il est particulièrement difficile de distinguer entre F/4 et F/2.8, entre 4 à 5


diaphs de moins il nʼy a plus de repère visuel franc et clair. Il reste
lʼintensité lumineuse perçue, donc au niveau fiabilité on commence à
tousser un peu.

Sous un orage cʼest encore différent, car il sʼagit de cumulo-nimbus avec


une très grande extension verticale doublée dʼune grosse charge en
humidité donc un pouvoir couvrant parfois exceptionnel. Sous de tels
nuages on peut avoir le sentiment de se retouver en pleine nuit et voir les
éclairages public sʼallumer … donc ça dépend, pas de règle pour ce cas.

Voilà qui couvre les scènes dégagées avec un éclairage direct. Passons
aux cas ou là source de lumière est indirecte (elle ne touche pas
directement le sujet photographié). Un cas fréquent:
En contre jour le sujet ne reçoit pas directement la lumière du soleil. Il est
éclairé par le reste du ciel qui réfléchit la lumière du soleil. Une règle donc
très simple à retenir : un contre-jour cʼest 3 diaphs de moins.

Il est beaucoup plus simple de réfléchir en terme de nombre de


diaphragmes perdus ou gagnés car ainsi quelque soit notre référence qui
peut changer dʼun film à lʼautre ou dʼun éclairage à lʼautre on mémorise
seulement les décalages. Et ça marche tout le temps !

Ici nous voyons le contre jour ouvert cʼest à dire que rien ne se situe
derrière le photographe pour réfléchir ou absorber de la lumière. Dans ce
cas de figure un sujet situé à lʼombre dont la vue est dégagée sur le ciel
est un cas similaire au contre jour quʼon vient de voir. On appelle cette
situation dʼéclairage lʼombre ouverte ou dégagée (open shade en
anglais).
Afin dʼaller plus loin il faut comprendre dʼoù provient lʼéclairage dʼun sujet
en ombre dégagée. Cʼest ce qui permet dʼanalyser les situations
dʼombres encaissées ou non dégagée (deep shade en anglais). Dans le
cas de lʼombre ouverte cʼest en fait le ciel qui éclaire le sujet. Plus
exactement cʼest la lumière du soleil réfléchie sur le ciel. Cette dernière
phrase triviale prendra tout son sens quand on abordera la couleur de la
lumière …
Note: Un contre-jour sur un sol dʼasphalte particulièrement sombre
(parfois presque noir) peut conduire à 4 diaphs de différence.
Lʼenvironnement est important selon quʼil absorbe ou réfléchit la lumière.
Lʼenvironnement urbain est souvent plus absorbant que réfléchissant.

La méthode pour analyser lʼexposition des ombres encaissées, cʼest à


dire non dégagées est un peu plus subtile et fera lʼobjet dʼun autre article.
Elle fait appel à lʼanalyse de la quantité de lumière reçue par une analogie.

Il faut également évoquer le cas du F/22 qui se produit par grand soleil
dégagé dans des conditions de grande réflexivité de lʼenvironnement:
à la mer sur une plage de sable clair, à la montagne dans un lieu couvert
de neige fraîche.

Depuis et jusquʼà quʼà quelle heure la règle du F/16 est-elle valable? On


sait bien quʼau levé et au couché du soleil lʼintensité lumineuse perçue
est bien moindre quʼen plein midi. Un petit truc utile presque tangible:
lʼombre et sa taille par rapport au sujet.
En effet tant que la taille de lʼombre portée est inférieure au double de la
taille du sujet la règle reste valable à coup sûr. Ensuite il reste une à deux
heures ou bien moins selon la période lʼannée avant le couché du soleil.
On rentre dans le cas où les rayons du soleil doivent traverser une
épaisseur apparente dʼatmosphère de plus en plus importante.

Lʼintensité lumineuse varie donc assez rapidement voire très rapidement


dans les derniers instants. Les ajustements ne peuvent se faire quʼau
jugé. Le soleil au dessus de lʼhorizon, avant de plonger se situe
environ à -4 diaphs donc ~F/4. Parvenir à suivre sans faute la variation
de 0 à -4 diaphs est assez difficile. La taille des ombres sʼavère très utile
pour créer un repère.

Le dernier cas simple à deviner est celui des éclairages intérieurs.


Lʼéclairage minimum agréable en intérieur est celui qui permet de lire
sans difficulté. Cʼest celui adopté dans la majorité des foyers et lieux
publics. Un éclairage suffisant pour lire. Typiquement à moins de trois
mètres dʼune ampoule de 60 Watts sous abat-jour. Ce niveau correspond
à une différence de 9 diaphragmes par rapport à F/16 donc on obtient
pour une sensibilité de 400 ISO: 1/60 sec à F/2. On peut bien sûr lire à
-10 diaphs il nʼest donc pas rare de se trouver dans ce cas. En dessous
cʼest quand même moins confortable et donc plus rare.

Les éclairages tamisés sont généralment situés 3 à 4 diaphs en dessous


de ce niveau là, ce qui nous amène à 3200 ISO entre 1/60 et 1/30 à F/2.
En lumières tamisées on peut même se situer entre 12 et 15 diaphs en
dessous de F/16! Inutile de dire que le cas du trentième de seconde à F/2
nʼest pas chose exceptionnelle, même à 3200 ISO … Ah ! les lumières
tamisées …

Conclusion
La synthèse de tous ces repères permet dʼavoir une idée assez claire du
niveau dʼexposition des lumières ambiantes. Lʼexperience renforce bien
sûr la conviction que cela fonctionne à coup sûr. Cette méthode est
particulièrement bien adaptée aux émulsions négatives qui ont une
grande flexibilité dʼexposition et absorbent facilement les petites
erreurs dʼapréciation. Avec cette méthode on ne se trompe pas plus
dʼun diaphragme, et cʼest exactement ce quʼun film négatif peut
encaisser comme erreur.

En revanche ce nʼest pas le cas des films inversibles (diapositives) tout


comme du numérique dʼailleurs. Dans ces cas là il faut éviter de
surexposer afin de ne pas « griller » ses hautes lumières (les tons clairs).
Mieux vaut donc se cantonner aux situations certaines, et dans le doute
légèrement sous-exposer. Pour briller la diapo requiert un écart
inférieur à 1/3 de diaphs par rapport au niveau dʼexposition idéal. La
diapo pardonne beaucoup moins que le négatif (ce qui en fait un bon
médium dʼapprentissage).

En résumé la règle du F/16 est très efficace mais surtout pratique quand
utilisée avec un film négatif et un appareil qui nʼa pas de cellule. Et pour
les appareils entièrement mécaniques, plus besoin de piles du tout !!!
cʼest pas écolo ça ?

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