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Bréviaire Hégelien

Pour dépasser la naïveté d'un point de vue unilatéral. Base de toute la philosophie
moderne, d'une philosophie de l'action, de l'histoire comme négativité, du rapport
sujet-objet comme processus dialectique temporel, de la vérité comme sujet.Après
Kojève, je crois qu'il faut comprendre Hegel avec Marx, Husserl et Heidegger (voir la
petite introduction en fin de page).
  
La Dialectique   
Présentation et comparaison des dialectiques
de Hegel, Marx et Lacan. Les 4 temps n'y sont
pas encore distingués. 

Le savoir absolu, 02/09/03


Le Savoir absolu et la Fin de l'histoire comme certitude
de notre ignorance (savoir d'un sujet historique) et
responsabilité de l'avenir (histoire conçue). Les
interprétations habituelles du savoir absolu et de la fin
de l'histoire brouillent la compréhension de la
dialectique et ne sont pas sans conséquence sur l'action
politique et nos représentations communes. Le savoir
absolu, c'est que la vérité et l'histoire sont entre nos
mains malhabiles et que nous construirons
collectivement notre avenir commun en toute
conscience et responsabilité des conséquences de nos
actes.

Fragments 
Citations :  G.W.F. Hegel (1770-1831)
Philosophie de l'histoire   
Encyclopédie   
Esthétique 

Phénoménologie de l'Esprit

 Petite phénoménologie de l'esprit


illustrée (pdf)

 De la morale à la politique, 10/05/06-


10/06/06, 162k

Récit de la succession des figures morales et


politiques donnée par Hegel dans la
"Phénoménologie de l'Esprit".

o Formation de l'Esprit

Ancienne version, plus difficile!


 Préface et introduction

Commentaire de la préface à la
Phénoménologie (difficile). 
 

 Conscience

Critique du commencement de la
Phénoménologie 
 

 La revanche de l'esclave

Traduction commentée par Kojève de la section A du


chapitre IV de la Phénoménologie de l'Esprit, intitulée
"Autonomie et dépendance de la Conscience-de-soi :
Maîtrise et servitude".

Introduction à la lecture de Hegel, Alexandre Kojève,


nrf, Gallimard, 1947, p11-34

 Phénoménologie de l'Esprit 

Citations de la Phénoménologie de l'Esprit. 


La Logique 
Mise en oeuvre de la dialectique à quatre temps.
Essentiel pour comprendre le rapport sujet-objet et
dépasser Heidegger, mais nous sommes là dans la plus
grande difficulté. La Structure de la grande Logique
avec quelques extraits du début de la Logique, n'est
qu'un outil que je crois utile pour ce travail.  

Philosophie du Droit 
Extraits des Principes de la philosophie du Droit,
liberté subjective et liberté objective. Extraits aussi de
d'Esquisse d'une phénoménologie du Droit de Kojève
(le tiers arbitre). 

Esthétique 
Extraits de l'Introduction à l'Esthétique (Le Beau).
Suivi de ma propre tentative, jugée maintenant très
insuffisante, d'actualisation de l'Art moderne.

- Actualité de Hegel :

Les limites de la plasticité humaine, 28/07/02


L'Avenir de Hegel, Plasticité, temporalité, dialectique,
Catherine Malabou, Vrin, 1996
Déconstruction de la déconstruction, historicité de
l'histoire, métamorphose de la négativité (deuil du
deuil), la post-modernité (post-historique) est pensée
comme plasticité, lecture responsable de l'actualité et
prudence du "voir venir" mais il faut dépasser cette
passivité et s'approprier l'histoire comme projet, passer
de l'histoire subie à l'histoire conçue (écologie-
politique).

L'histoire après l'histoire (Hegel 200 ans


après), 14/03/07
Importance de la Phénoménologie de l'Esprit 200 ans
après sa publication. Contrairement à ce que disait
Kojève, la philosophie de l'histoire n'est pas la "fin de
l'histoire" mais le passage de l'histoire subie à l'histoire
conçue. Contrairement à l'idéologie dominante on ne
peut se passer de Hegel et de sa dialectique, avec les
contradictions de la liberté, mais il faut revenir sur
l'histoire des idéologies depuis 200 ans. On a vu, en
effet, la succession des totalitarismes communiste et
nazi puis du néolibéralisme aujourd'hui, provoquant
une réaction anti-libérale qui devrait déboucher sur une
véritable écologie-politique... On n'y est pas encore !

Pour ceux qui ne connaissent pas Hegel, on ne peut qu'en donner quelques concepts
principaux et, malheureusement, pas toute la richesse des analyses et de l'érudition :
 

Tentative d'approche de Hegel


Hegel se situe dans la continuité de Kant (distinction représentation/chose en soi),
Fichte (opposition moi/non-moi) et Schelling (unité nature/esprit).

On peut résumer Hegel par sa dialectique, ce qui signifie qu'il ne faut pas juger les
choses d'après leur état actuel mais considérer à chaque fois le processus dans lequel
chaque fait considéré est apparu. C'est l'introduction de l'évolution et de l'histoire dans
la pensée.
 

1. Considérer à chaque fois le processus signifie que toute chose est éphémère,
mais aussi qu'il y a toujours un mauvais côté des choses provoquant son
dépassement (Tout bien a son mauvais côté).

 
Dans la conception positive des choses existantes, la dialectique inclut du même coup
l'intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire, parce que,
saisissant le mouvement même dont toute forme faite n'est qu'une configuration
transitoire, rien ne saurait lui en imposer ; parce qu'elle est essentiellement critique et
révolutionnaire. Marx I, 559
 
2. Surtout le savoir lui-même est processus, toujours savoir d'un sujet concret. Le
"Savoir absolu" est simplement la certitude que tout savoir résulte d'un
apprentissage (intentionalité qui se règle sur l'objet) et toujours en progrès. Il
n'y a pas de vérité en soi, hors de l'histoire et du temps, mais seulement pour
nous, pour un sujet concerné concrètement.

3. Le concept de processus unifie le sujet et l'objet (leurs interactions) alors que


Descartes et Kant les avaient séparés. Ainsi, il y a une objectivité du sujet (qui
existe vraiment, dans le monde dont il dépend) comme il y a un subjectivisme
de l'objet (toujours représentation, point de vue partiel d'un sujet,
intentionalité). Hegel considère la vérité comme sujet, c'est-à-dire processus
concret d'apparition de la vérité dans le monde et pour nous, contrairement à
une vérité éternelle et séparée, indépendante de nous. Dès lors "le faux est un
moment du vrai" car sans l'apparition du faux, qui n'est pas sans raisons, la
vérité qui le réfute ne serait pas apparue dans le discours, pas sous cette forme
particulière. Enfin, cela implique que seule la totalité du processus est
concrète, qu'il n'y a de clôture du sens qu'après-coup. Chaque moment
immédiat, empirique (graine, fleur ou fruit), détaché de la totalité où il s'inscrit,
n'est une abstraction.

4. Mais le processus implique aussi une force motrice, la force de l'Esprit, qui se
confond pour Hegel avec la négativité (l'esprit qui dit non) qui dissout toute
particularité (universalisation) et commence par l'opposition du sujet à l'objet
dans la perception, pour se réaliser, à la fin après de nombreuses médiations,
comme liberté consciente d'elle-même et reconnaissance mutuelle.

5. Le processus dialectique est le mouvement de cette négation qui comporte


quatre temps: la position (ou le résultat précédent, ou la thèse), l'opposition
extérieure, la division intérieure (antithèses) puis la synthèse temporelle
comme processus conscient de soi, négation de la négation. Il n'y a pas de
progrès infini, mais moments opposés, passage de la quantité à la qualité (seuil
qualitatif), ruptures, réactions. L'Esprit est cette puissance de négation
(négation toujours partielle), de liberté face au donné (de destructions
créatrices), de mouvement et de vie (mort et régénération). Passage de
l'énonciation dans l'énoncé, de la vérité dans le savoir, de la liberté dans la Loi.

[En fait, il y a 5 temps ou 2 fois 3 ! En effet, ce qu'il faut comprendre c'est qu'il y a 2 négations,
2 temps dialectiques (Encyc. §241) : opposition et division. Donc on peut dire qu'il y a 4 temps
(fin de la Logique III, p383) : position, opposition, division, composition. Sauf qu'on peut
introduire une synthèse partielle entre opposition et division, ce qui donne 5 temps : 1) Etre,
immédiat, donné, position, 2) opposition extérieure, apparence, différence 3) Essence,
médiatisé, réflexion, identité 4) division intérieure, fondement, contradiction 5) Concept,
médiatisant, liberté, composition (position vérifiée, unité sujet-objet, moments). Si on en reste
aux 3 temps, il faut dire que les 3 temps vont pas 2 car il n'y a pas équivalence entre synthèse
objective et synthèse subjective ! On en verra l'illustration dans la structure de la logique]

 
Le premier ouvrage important de Hegel est La Phénoménologie de l'Esprit1807, qui est
son ouvrage le plus riche, illustrant la dialectique par l'histoire concrète qui commence
avec la perception et la conscience, puis, par négations successives, la conscience-de-
soi enfin la conscience-pour-un autre qui aboutit à la lutte du Maître et de l'esclave
initiant l'histoire humaine, histoire concrète de la moralité d'abord et de la politique
ensuite, jusqu'aux formes les plus hautes de l'Art et de la Religion, formes encore
séparées cependant, mais dont le "Savoir absolu" se réapproprie toute l'histoire comme
processus d'objectivation du sujet. De fameuses analyses concrètes dévoilent les
stratégies subjectives de la conscience malheureuse, de la loi du cœur et du délire de
présomption tout autant que l'orgueil de l'ascète ou la dureté hypocrite du moraliste,
mais le style est souvent un peu trop dense...

La Logique 1812-1816 (Être, Essence, Concept) reprend le même projet d'un point de vue
abstrait où l'Être est opposé au Néant puis unifiés dans le devenir.
 

1) le passage de l'être au néant et au devenir déclenche toute la progression


dialectique de la qualité à la quantité et à la mesure qui constituent la sphère de
l'Être ; 2) la réflexion ou scission de l'Être en fondement et en apparence
phénoménale et leur union dans la "réalité" constitue la sphère de l'Essence ; 3)
enfin, dans le Concept, subjectivité et objectivité ne font plus qu'un ; ce n'est
plus la Vie, c'est l'Esprit qui est la véritable union de l'Infini et du Fini.
Kostas Papaioannou, "Hegel"
La négation de l'être est l'essence, la négation de l'essence est le concept, la négation du
concept est... l'Idée absolue. Mais qu'est-ce, maintenant, que l'Idée absolue? Elle se nie elle-
même à son tour, si elle ne veut pas parcourir à nouveau toutes les étapes de l'abstraction
depuis son commencement ni se contenter d'être une totalité d'abstractions ou l'abstraction
consciente de soi. Mais l'abstraction qui se conçoit comme telle se reconnaît comme néant; elle
doit renoncer à elle-même comme abstraction, et elle aboutit ainsi à un être qui est précisément
son contraire: la nature. La logique toute entière est donc la preuve que la pensée abstraite n'est
rien pour soi, que l'Idée absolue n'est rien pour soi, que seule la nature est quelque chose. Marx
II-138
 
De la même façon, la qualité "déniée" devient quantité, la quantité "déniée" devient la mesure,
la mesure "déniée" devient l'être, l'être "dénié" devient le phénomène, le phénomène "dénié"
devient la réalité, la réalité "déniée " devient l'idée absolue, l'idée absolue "déniée " devient la
Nature, la nature "déniée" devient l'esprit subjectif, l'esprit subjectif "dénié " devient l'esprit
objectif moral, l'esprit moral "dénié " devient l'art, l'art "dénié" devient religion, la religion
"déniée" devient savoir absolu. Marx II-135
Puis l'Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé1817forme un tout de la
logique à la philosophie de la nature puis de l'Esprit (Anthropologie, Droit, Art,
Religion jusqu'au savoir absolu), exposant toute la philosophie de Hegel sous une
forme ramassée.
Les Principes de la Philosophie du Droit 1821 sont aussi importants, même si c'est la
partie la plus idéologique de Hegel. Il annonce Marx en de nombreux points. Le Droit
est pour Hegel la liberté objective, et son but est la reconnaissance universelle par
l'État (dont Marx critiquera l'abstraction).

Les cours de Hegel sont une bonne introduction à son oeuvre, surtout La raison dans
l'histoire qui est une description dialectique vivante de l'histoire politique comme
liberté devenant conscience d'elle-même, mais aussi les cours d'Esthétique,
principalement le Beau, qui est une histoire dialectique de l'Art (symbolique,
classique, romantique).
 

Il arrive souvent que l'esprit s'oublie, se perde ; mais à l'intérieur il est toujours en opposition
avec lui-même ; il est progrès intérieur - comme Hamlet dit de l'esprit de son père : 'Bien
travaillé, vieille taupe!" - jusqu'à ce qu'il trouve en lui-même assez de force pour soulever la
croûte terrestre qui le sépare du soleil [...] L'édifice sans âme, vermoulu, s'écroule et l'esprit se
montre sous la forme d'une nouvelle jeunesse.
Fin de l'introduction du Cours sur l'histoire de la philosophie
 
De même que, chez l'enfant, après une longue nutrition silencieuse, le premier souffle de la
respiration brise - par un saut qualitatif - le caractère progressif dune croissance seulement
quantitative, et voici qu'à présent l'enfant est né. Ainsi l'esprit qui se forme par une lente et
silencieuse maturation accède à sa nouvelle figure, désagrège successivement les parcelles de
l'édifice qui constituait son ancien monde. Que celui-ci soit ébranlé, voilà ce qu'indiquent
seulement des symptômes isolés ; la frivolité, l'ennui qui s'installent en tout ce qui existe, le
vague pressentiment de quelque chose d'inconnu, sont autant de signes précurseurs indiquant
qu'une réalité nouvelle commence à s'instaurer. Cet émiettement progressif, qui n'altère pas la
physionomie globale, est interrompu par un surgissement qui, tel un éclair, installe d'un coup la
figure du monde neuf.
Phénoménologie de l'Esprit, préface, p10

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