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SAINT-SOZY
La tour
de Lachièze
Étude monumentale
La tour de Lachièze est un édifice médiéval attribuable par ses caractères stylistiques à la fin
du 12e siècle ou au début du 13e siècle. Elle constitue un remarquable exemple d’un type
d’édifice répandu dans les établissements féodaux du Sud de la France et des régions
germaniques, que les archéologues désignent sous l’appellation de « tour-beffroi », « tour
féodale », « tour-maîtresse » ou « turris ».
Identité de l’édifice
Le caractère de ces tours , semble-t-il, est avant tout juridique. La tour féodale édifiée par un
seigneur châtelain dans l’enceinte de son castrum ou par un simple chevalier ou donzel dans
celle de son repaire, est par essence « rendable ». Il s’agit donc, au sein du castrum ou du
repaire, d’un édifice par l’existence même duquel un tenancier affiche être vassal d’un
suzerain pour l’ensemble du castrum et du repaire et de leurs dépendances. Le fait que la tour
soit rendable implique qu’à chaque succession de vassal ou de suzerain la tour sera récupérée
en pleine propriété par le suzerain pour quelques jours avant d’être restituée au vassal. Cette
reddition s’opère dans le cadre d’un acte officiel et d’une cérémonie au cours de laquelle les
représentants du suzerain se hisseront jusqu’au sommet de la tour pour hisser son étendard et
crier sa devise.
Plus qu’un édifice fonctionnel, la tour féodale est avant tout un édifice emblématique. Son
caractère juridique, distinct de celui des autres parties du castrum ou du repaire, explique
qu’elle soit par définition un édifice singulier, isolé des autres constructions.
La tour n’est pas pour autant dépourvue de programme fonctionnel. Ses fonctions sont
directement associées à l’exercice de l’autorité seigneuriale. Elle sert notamment de cachot
pour les justiciables du tenancier, de poste de garde, de refuge pour les biens et les personnes.
Parmi les exemples de tours du même type on peut mentionner celles de Saint-Laurent-les-
Tours, de Cardaillac, de Castelnau-Bretenoux, de Béduer, de Cavagnac etc.
Description
La tour de Lachièze offre la particularité assez rare d’être établie sur plan rectangulaire et non
sur plan carré. Son état de conservation est remarquable du point de vue de l’archéologie en
dépit du fait que de nombreux percements modernes y ont été pratiqués et l’ont en partie
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défigurée. Édifice par définition peu ouvert, l’essentiel de ses baies se concentre sur les faces
est et sud, disposition qui désigne l’avant-cour actuelle comme l’ancienne cour principale du
repaire.
Sur la face sud (Fig. 2) ouvraient deux fenêtres dont les vestiges apparaissent encore dans les
élévations intérieures de l’édifice. L’une d’entre elles est restituable sous la forme d’une
fenêtre triple (Pl. 3 : n°13 ; Fig. 9&10), comparable à celle qui éclaire le logis médiéval du
château de Loubressac. Sur la face ouest, il est possible qu’ait existé une porte d’accès au rez-
de-chaussée de la tour. Des sondages seraient nécessaires pour vérifier cette hypothèse.
La face est (Fig. 3), mieux conservée, présente deux portes superposées liées à des dispositifs
de charpente disparus mais dont subsistent les encastrements. La plus basse des deux (Pl. 3,
5&6 : n°4 ; Fig. 5&6) a pu offrir un accès direct au premier étage par l’intermédiaire d’un
degré de charpente analogue au « bolet » des maisons rurales modernes. La porte haute (Pl. 3,
5&6 : n°11) ouvrait probablement sur un balcon ou une galerie destinée entre autres à
l’exercice de la garde. Des latrines en encorbellement apparaissent sur la face nord (Fig. 4)
qui était manifestement hors enceinte dans l’état primitif de l’édifice. Toutes les autres
ouvertures sont modernes.
Les niveaux de l’édifice ont été modifiés à l’époque moderne (sans doute au 17e siècle). La
présence de gargouilles d’évacuation (Pl. 3, 5&6 : n°21 ; Fig. 15) indique le niveau primitif
d’un couronnement non couvert (cf. Pl. 4&6 : hypothèse de restitution ; Fig. 16). Par
ailleurs, les niveaux de planchers ont été modifiés au deuxième et au troisième étage.
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avec la tour, ne peut donc servir de référence à la restitution de l’état médiéval supposé. La
singularité de la tour féodale suppose que des logis l’aient accompagné. Aucun vestiges de
logis médiéval n’a été décelé dans les structures conservées mais celles-ci n’ont fait l’objet
que d’un examen superficiel et toutes n’ont pas été visitées. Détachés de la tour, les bâtiments
d’habitation pouvaient cependant en être rapprochés jusqu’à n’être séparés que par une étroite
venelle. La position des portes incite à imaginer un tel logis du côté est de la tour ou, plus
vraisemblablement encore, du côté ouest, plutôt qu’au voisinage de ses faces nord et sud.
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Figures
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Fig. 3 – Repaire de Lachièze, élévation
est de la tour.
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Fig. 5 – Repaire de Lachièze, élévation est de la tour, détail de la porte du niveau 1 et de la série de trous
d’encastrements qui l’accompagne.
Fig. 6 – Repaire de Lachièze, élévation est de la tour. Embrasure intérieure de la porte médiévale du niveau 1.
-6-
Fig. 7 – Repaire de Lachièze, élévation sud de la tour. Vestiges d’un arc d’arrière voussure correspondant à
une baie médiévale condamnée au niveau du vide entre les étages 1 et 2.
-7-
Fig. 8 – Repaire de Lachièze, élévation
est de la tour, détail de la porte du niveau
2 et de la série de trous d’encastrements
qui l’accompagne.
-8-
Fig. 11 – Repaire de Lachièze, élévation
nord de la tour, deuxième étage. Vestiges
du caisson de latrines en encorbellement.
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Fig. 14 – Repaire de Lachièze, élévation
est de la tour, couronnements. Corbeaux
appartenant à une ancienne bretèche de
défense liée à la porte du premier étage.
- 10 -
SAINT-SOZY Légende des plans
Château de Lachièze
G. Séraphin - avril 2007
1 1
NIVEAU 1
5 4 6
NIVEAU 0
1
N
0 1 2 3 4 5m
SAINT-SOZY Planche 2
Château de Lachièze
Plans aux niveau 2 et 3
Dessin G. Séraphin d'après relevé Jammes A
13
NIVEAU 3
1
A
14 16
17
13
15
NIVEAU 2
12 11 1
A
N
0 1 2 3 4 5m
SAINT-SOZY Planche 3
Château de Lachièze
Coupe-élévation
Dessin G. Séraphin d'après fond de plan Jammes
22 22
23
21
18
12
11
13
12
10
6 4
0 1 2 3 4 5m
SAINT-SOZY Planche 5
Château de Lachièze
Elevation est, hypothèse de restitution
Dessin G. Séraphin d'après fond de plan Jammes
21 20 21
19
12
11
12
7
6
0 1 2 3 4 5m
22
21
12
11
12
7
6
4
7
3
SAINT-SOZY
Château de Lachièze - Planche 6 0 1 2 3 4 5m
Elevation est, hypothèse de restitution
Dessin G. Séraphin d'après fond de plan Jammes