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1 PRÉSENTATION
aphasie (du grec a, « privation », et phanai, « parole »), ensemble des troubles du langage causés par une lésion du système
nerveux central (liée le plus souvent à un accident vasculaire cérébral).
Les troubles aphasiques doivent être distingués d’une part des troubles du langage dus à une
atteinte des organes périphériques d’émission ou de réception de la parole (comme dans la
mutité, la surdité ou le bégaiement), et, d’autre part, des troubles qui affectent la
communication en général, et qu’on rencontre par exemple chez les sujets psychotiques.
Ce type d’aphasie a été décrit pour la première fois par le médecin français Paul Broca. Suite
à une lésion qui atteint une zone précise du cerveau (l’aire dite « de Broca », située dans la
partie inférieure et latérale du lobe frontal), le patient souffre d’un trouble plus ou moins
sévère de l’articulation et de l’expression, allant d’une perturbation du débit et de la mélodie
(parole lente, scandée) à l’impossibilité totale de parole, en passant par des cas intermédiaires
caractérisés par la pauvreté du langage spontané, qui se réduit souvent à quelques expressions
stéréotypées, rendues dans un style télégraphique marqué d’agrammatisme (notamment des
problèmes d’ordre des mots). Mais la compréhension du langage demeure intacte.
L’étude de l’aphasie, en tentant d’associer, grâce à des techniques de plus en plus sophistiquées (comme l’imagerie par
résonance magnétique), les différents troubles observés à des lésions cérébrales déterminées, fournit également des
informations fondamentales sur l’organisation neuronale du langage, et sur la localisation de ses différentes fonctions.
Enfin, l’étude de l’aphasie permet des éclairages, quelquefois décisifs, sur des données strictement linguistiques. Ainsi, elle
permet par exemple de confirmer la pertinence de l’opposition établie par Chomsky entre compétence et performance,
puisque certains troubles peuvent être présents certains jours et régresser les jours suivants, ce qui montre que seule la
performance des patients est atteinte, non leur connaissance profonde du langage.
L’aphasie permet également de confirmer la relative indépendance des différents niveaux linguistiques (phonologie, lexique,
syntaxe), puisque certains troubles aphasiques peuvent n’affecter qu’un aspect particulier de ces niveaux, non les autres.