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Les troubles de langues

CHAPITRE II: LES TROUBLES DU LANGAGE

Objectifs : A la fin de ce cours, chaque étudiant doit être capable de :

- Définir le Langage
- Citer les quatres grands groupes de troubles du langage et leurs
composantes
- Rappeler les situations dans lesquelles on les retrouve

Plan :

I – Généralités

- Définition
- Intérêt

II – Classification

III - Sémiologie

I - Généralités

1- Définition : Le langage est le mode et la fonction d’expression de la pensée par


le système des symboles verbaux (parole), graphiques (écrit) et gestuels. Il s’extériorise
par la parole et ou l’écriture et les gestes, mais peut rester un processus purement
mental qu’on appelle alors Langage intérieur
2- Intérêt : Le langage est le moyen par lequel nous exprimons notre pensée, nos
émotions et d’autres processus psychiques.

II - Classification des troubles du langage :

On distingue 4 types de troubles du langage et qui doivent être exploré au cours de


l’examen.

A – Les troubles de la production générale du langage : Dans ce genre de trouble on


observe :

A1- Les modifications dans son rythme

A2 - Les barrages et le fading

A3 - Le mutisme 

A4 – Les productions supplémentaires

B- Les troubles du style d’expression verbale :

B1 - Le maniérisme verbal 
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B2 - Le maniérisme schizophrénique

  B3 - Le puérilisme

C- Les troubles du sens des mots et la fonction de communication :

C1 - Les altérations sémantiques

C2- Les pertes de la fonction de communication du langage 

D- Les troubles de la réalisation motrice des mots et des phrases :

D1- Les surdi-mutités partielles et les audit– mutités

D2- Les dyslalies

D3- Les blésités

D4- Le bégaiement

D5- Les dysarthries

III- SEMIOLOGIE

A – Les troubles de la production générale du langage : 

1- Les modifications dans son rythme : IL est soit diminué (bradyphémie) qu’on peut
observer dans les processus ralentissant l’activité psychique ( état dépressif, psychose
schizophrénique, confusion mentale, pathologie organique, soit accéléré
(tachyphémie), qui s’observe dans les états d’excitation quelle qu’en soit l’origine, et
peut s’accompagner de cris et de vociférations. On qualifie de logorrhée, un flux de
paroles rapides et presque incoercible, centré ou non sur un thème, qui selon son
organisation, la qualité des contenus et leur enchaînement, fera évoquer l’excitation
maniaque, le langage schizophrénique, la démence ou d’autre type d’atteinte
organique.

2- Les barrages et le fading : Ils sont considérés comme très caractéristique de la


dissociation schizophrénique, différent des suspensions de la parole dont sont l’objet
les malades délirants dont l’attention est brusquement accaparée par une perception
hallucinatoire, s’accompagnant parfois d’une attitude d’écoute.

3- Le mutisme : c’est l’absence de production verbale, sans déficit d’acquisition ou de


perte du langage par lésion des centres de contrôle, qui définissent la mutité. On le

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différencie du mutacisme qui est un silence volontaire adopté par des sujets en situation
difficile, ou par des similiteurs qui souvent simulent la surdité. On peut ainsi différencier le
mutisme hystérique souvent spectaculaire par les efforts déployés par le sujet pour
montrer son incapacité de parler (aphémie) ou la perte de sa voix (aphonie), le
mutisme mélancolique, où trop paraissent la douleur et l’angoisse, le mutisme des
délirants ( soit entièrement plongés dans l’écoute de leur hallucinations, soit laissant
supposer par une expression de méfiance et d’hostilité leur sentiment d’être persécuté),
le mutisme des schizophrénies catatoniques, dans un tableau de stupeur où toutes
les fonctions motrices sont sidérées ( s’accompagnant souvent de signes de négativisme
et d’opposition). On peut également observer chez les sujets inhibés un mutisme partiel,
la mussitation, où les propos sont rares, exprimés à voix basse et de façon marmonnée
et indistincte.

4- Le langage peut être perturbé par des productions supplémentaires. Sans lien
apparent avec le reste du discours ou le thème du moment. Parmi ces perturbations il y a
les impulsions verbales (émissions brutales incoercibles de formules ou de série
souvent grossiers ou injurieux, échappant au sujet) le parasitage de la phrase en cours
d’énonciation par un son, mot ou n thème sans rapport avec elle et les productions
verbales répétitives (stéréotypie, palilalie : ‘’Proche de la stéréotypie dans sa forme
mais différent par son contexte = répétition de syllabes ou de mot involontaire et presque
mécanique, observée dans les atteintes neurologiques’’ écholalie, persévération verbale
= persistance des mots ou de phrase qui appartiennent à un moment précédant du
dialogue.)

B- Les troubles du style d’expression verbale  : bien que le « style verbal » soit
essentiellement individuel de nombreuses particularités peuvent constituer des signes
dont la valeur est à interpréter en fonction de l’origine et de culture du sujet. On peut
ainsi noter la pauvreté et la monotonie de l’expression du déprimé à l’opposé du style
riche et imagé du maniaque. Le style du persécuté est souvent allusif, contourné, évasif
et ponctué de réticences. Le style de certains déments et, beaucoup plus rarement, des
confus est parfois qualifié d’elliptique, en raison d’une perte importante de la syntaxe. Au
maximum le langage est purement télégraphique. Parmi les troubles du style
d’expression verbale on note :

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1- Le maniérisme verbal : le langage manque de simplicité, les phrases et les mots au


lieu d’être directs et naturels sont recherchés, contournés, précieux et surchargés.
Certaines personnalités hystériques s’expriment ainsi, utilisant un langage
emphatique (exagération pompeuse dans le discours ou le ton) et sophistiqué, destiné
sans doute à satisfaire leur vanité personnelle, à susciter l’intérêt de l’autre qu’à établir
une communication authentique.

2- Le maniérisme schizophrénique : c’est une tentative de communication qui se


soucie peu de l’interlocuteur et le discours souvent obscur, sentencieux, allusif et
hermétique, laisse l’impression de ne s’adresser à personne.

3- Le puérilisme : Il caractérise deux sortes de phénomène. D’une part, la pauvreté et le


caractère infantile de l’expression verbale de certain malade présentant d’importante
déficience mentale (arriérations ou démenées). D’autre part, des attitudes régressives
survenant chez des sujets au comportement habituellement normal, au cours de
certaines névroses traumatiques par exemple, ou chez des sujets immatures et
névrosés.

C- Les troubles du sens des mots et la fonction de communication

Dans une langue donnée, les mots ont un sens. A chaque mot correspond un sens
précis, un concept qui lui est lié de façon purement conventionnelle. Cette convention est
fondamentalement nécessaire à la communication verbale.

1- Les altérations sémantiques. Elles sont de nature variable :

- Le symbolisme : Il est caractérisé par la tendance à s’exprimer par des métaphores,


des images, des symboles c'est-à-dire des signifiants qui se substituent par analogie
au signifiant habituel tout en gardant une certaine relation au signifié.
- Les paralogismes où le sujet utilise des mots d’usage courant, mais dans un sens
tout à fait personnel, étranger à la convention commune sans rapport avec le sens
habituel.
- Le néologisme. Des mots entièrement nouveaux créés par le malade à son usage
personnel, présentent une rupture sémantique complète. Ces mots inconnus sont par
fois la transformation d’un mot usuel ou la condensation de plusieurs, mais ils

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peuvent aussi consister en de pures créations phonétiques. Ils n’ont pas de grand
rapport avec les mots dont ils semblent issus.

2- Les pertes de la fonction de communication du langage : Elles sont caractérisées


par :

- La verbigération où le langage est constitué par l’émission de mots ou de


propositions dénuées de sens, qui se répètent et s’enchaînent de façon anarchique,
sans autre but expressif apparent. Ces verbigérations caractéristiques de la
déstructuration du langage des schizophrènes. Elle s’observe dans certaines
démences.
- Le pseudo langage : les mots déformés ou amputés et les néologismes sont
organisés par des formes syntaxiques anormales (paragrammatisme) aboutissant à
une langue nouvelle, fixe dans ses formes, mais propre au malade et inadaptée à la
communication avec autrui. On qualifie ce trouble de Glossolalie, lorsque le malade
lui-même ne semble plus attribuer de valeur sémantique aux mots juxtaposés qu’il
énonce sans lien ni forme fixe, on parle de salade de mots. L’ensemble de ses
phénomènes de distorsion des mots et de dislocation de sens dans le langage du
schizophrène est appelée schizophasie.

D- Les troubles de la réalisation motrice des mots et des phrases.

Il peut exister à l’âge adulte, des séquelles motrices des difficultés d’apprentissage du
langage constatées chez l’enfant, ou sa détérioration sous l’effet de l lésions
cérébrales. On distingue :

1- Les surdi-mutités partielles et les audits-mutités ou Dysphasie (chez l’enfant)

2- Les dyslalies : Ce sont des troubles de l’élocution dus à une malformation ou à une
lésion des organes de la phonation (lèvres, langue, palais, nez au larynx) la difficulté
phonétique varie selon le type et le siège de la lésion.

3- Les blésités : Ce sont des troubles de l’articulation des mots qui ne peuvent être
reproduit correctement :

- Substitution des voyelles, nasalisation (an pour a, on pour o) 

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- Omission des consonnes (r, s, f ou v)

- Anomalie de la contraction des joues (schlintement) ou de la position de la langue


(zézaiement), modifiant les consones. Les blésites peuvent être la seule anomalie
phonétique et perturber la structure du mot (abrégé ou amputé d’une syllabe) voire la
syntaxe de la phrase. Elles sont le plus souvent en rapport avec un déficit global du
développement et s’accompagnent de manifestations psychomotrices et intellectuelles
de retard mental.

6- Le bégaiement : Il peut être définit comme de fréquentes répétitions ou prolongation


de sons ou de syllabes qui perturbent nettement la fluence verbale. Les garçons sont
plus touchés que les filles (5♂/ 1♀). Quatre critères sont utiles pour identifier les
bégaiements :

* L’hésitation : qui se caractérise par un léger bruit sonore avant de compléter le mot
(ex : tu as un beau ch chapeau)

* La répétition : elle se caractérise par une répétition de l’unité (deux fois ou plus) (ex : tu
tu tu as un beau cha cha chapeau).

* La prolongation : Elle se caractérise par un étirement ou un allongement du son ou des


mots. (ex : Tuuuu as un beauooo chapeau)

* Le blocage : Il se caractérise par des pauses avec un effort musculaire mais sans bruit
sonore (ex : ………………) tu as un (…………………..) Beau chapeau.)

Selon ses quatre critères, on peut classer les bégaiements en :

* Bégaiements cloniques marqués par une répétition involontaire, saccadée et explosive


d’une syllabe souvent la 1ère de la phrase.

* Bégaiements toniques, marqués par le blocage et l’impossibilité d’émettre un son


pendant un certain temps.

* Bégaiements tonico-cloniques : est le plus fréquent

8- Les dysarthries. Sont des troubles de la réalisation motrice des mots, liés à une
atteinte neurologique de la commande de la motricité pharyngo-laryngée. La parole est

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déformée par une mauvaise réalisation des phénomènes, où généralement la production


des voyelles est peut altérées mais les consonnes sont déficiente (une ou plusieurs
consonnes manquent ou sont déformées rendant le mot difficilement identifiable).

Conclusion : l’examen psychiatrique se fonde principalement sur la communication


verbale. Autant que son contenu, la forme du langage prend une grande importance
dans la sémiologie. Les mots ne sont pas seulement chargés de transmettre une
signification, ils sont également le support et la forme obligatoire de la pensée

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