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DEVELOPPEMENT
DU LANGAGE ET
SES TROUBLES
Dr AIDOUNI ILHEM
.
Plan du cours :
1. INTRODUCTION
Le langage:
• C’est une fonction structurante de l’organisation du moi
de l’enfant.
• Est un système formalisé très complexe , développé
uniquement par l’homme, grâce à certaines conditions
anatomo-physiologiques.
• Le développement du langage est très étroitement
intriqué dans les relations de l’enfant avec son
environnement psychoaffectif , socioculturel , sa
future insertion professionnelle ,ainsi que le
développement de sa personnalité.
Un dépistage précoce des troubles du développement du langage oral
est donc une condition essentielle à un développement harmonieux de
l’enfant et à une lutte efficace contre l’échec scolaire et ses
conséquences sociales et psychoaffectives.
On distingue:
La dyscalculie:
Elle cause chez celui qui en est atteint des difficultés sévères en tout ce
qui a trait aux chiffres, aux calculs mathématiques, aux distances (sur
papier et dans l'espace). Par exemple, l'enfant ne parvient pas à
apprendre ses tables de multiplication, il confond les signes
mathématiques (+, -, *, /), n'arrive pas à lire l'heure, ne sait pas vérifier
sa monnaie, distingue mal la gauche de la droite, etc.
La dysgraphie:
Ce trouble va souvent (mais pas toujours) de pair avec la dyslexie.
L'enfant atteint connaît de grandes difficultés à écrire et accomplir tous
les gestes graphiques , Les mots et les lettres sont mal formés, jusqu'à
en devenir souvent illisibles , les espacements entre mots, lettres et
syllabes sont irréguliers.
La dysorthographie:
Elle se caractérise par une impossibilité à assimiler les règles de
production écrite, L'enfant est incapable de se rappeler les règles de
grammaire et d'orthographe, de syntaxe, etc, Il ajoute ou supprime des
lettres à l'intérieur des mots, écrit le même mot de manière différente
dans un même texte (ex :enfan, enfen, anfent), inverse des lettres ou
des syllabes complètes à l'intérieur des mots, etc.
2/Les troubles du langage oral:
La dysphasie:
Ce trouble est caractérisé par une très grande difficulté dans la
compréhension et la communication orale.
Le bégaiement :
il est très courant, mais ne devrait pas susciter d'inquiétude puisque
l'enfant est encore en période d'apprentissage du langage. Il touche le
débit de la parole , caractérisé par des hésitations et de nombreuses
pauses inappropriées dans le discours.
2. Le retard mental :
est la cause la plus fréquente des déficits secondaires. La déficience mentale
légère a pour signe essentiel un déficit du langage à l’âge préscolaire alors
que la déficience mentale profonde se révèle par une hypotonie dans la
première année de la vie.
Le déficit du langage dans la déficience mentale touche à la fois la
compréhension et le lexique.
dans certaines pathologies génétiques, le trouble du langage est bien plus
massif que le déficit des autres fonctions cognitives.
3. Une paralysie des organes de la voix :
retentit également sur le développement de la parole et du langage
oral.
4 .Les enfants IMC (infirmité motrice cérébrale):
lorsque leur atteinte neurologique touche les muscles de la sphère
bucco faciale présentent un trouble de l’articulation gênant
l’intelligibilité.
Ces enfants IMC peuvent également présenter un déficit associé du
langage oral ou du langage écrit.
*Deux diagnostics sont particulièrement à évoquer dans le cadre
de déficit articulatoire neurologique:
5. Les syndromes bioperculaires ou les syndromes
pseudobulbaires :
où l’atteinte neurologique motrice est limitée aux muscles bucco-
linguo-laryngés.
. Ils doivent être évoqués devant un bavage persistant témoignant
d’une apraxie buccofaciale.
6. Une délétion du chromosome 22 (22q11):
devant des signes évoquant une insuffisance du voile du palais,
rejet par le nez en dehors de tout vomissement en période périnatale
ou nasonnement persistant, associé à une discrète dysmorphie, une
délétion du chromosome 22 (22q11) doit être recherchée en
biologie moléculaire.
7. Les troubles de la communication:
en particulier les TED, se présentent aussi comme un trouble du
développement du langage oral associé à un trouble des autres
communications visuelles et tactiles.
Les troubles du langage sont en règle le symptôme d’alarme de
l’autisme infantile.
8. Les carences psychoaffectives et les troubles de la relation
précoce:
peuvent s’accompagner d’un retard de développement du langage oral
mais un déficit du langage entraîne aussi souvent une perturbation des
relations de l’enfant à autrui.
9. La responsabilité d’un éventuel bilinguisme :
La responsabilité d’un éventuel bilinguisme dans un trouble du
développement du langage oral est également un problème difficile.
En même temps le bilinguisme ne rend pas compte à lui seul d’un trouble de
production phonologique ou de production syntaxique. Il ne fait qu’aggraver
le déficit du langage.
B/Les troubles acquis:
appelés aphasie, sont plus rares.
où le langage s’établit de façon déficitaire, mais sans jamais régresser
Ils sont le plus souvent liés à un accident neurologique aigu, traumatisme
crânien, accident vasculaire cérébral, ou tumeur, et surviennent chez un enfant
au langage antérieurement normal.
syndrome de Landau-Kleffner: comporte une aphasie touchant le plus
souvent à la fois la compréhension et la production du langage, évoquant de
premier abord une surdité acquise.
Cette aphasie est liée à une épilepsie particulière du fait de la rareté des crises
et de la fréquence des anomalies paroxystiques électroencéphalographiques
dans le sommeil.
2. Troubles spécifiques (ou primitifs) du langage oral
(TSDLO):
Ce sont Les troubles qui ne peuvent pas s’expliquer par un
des grands cadres pathologiques précédemment évoqués.
1/les troubles de l’articulation :
Ils se caractérisent par l’existence isolée de déformations
phonétiques portant plus souvent sur les consonnes que sur
les voyelles. On distingue :
- le zozotement (ou zézaiement ou sigmatisme interdental)
: l’extrémité de la langue reste trop près des incisives ou
entre les dents.
- le shuintement (ou sigmatisme latéral) :caractérisé par un
écoulement d’air uni- ou bilatéral ,peut parfois s’associer à
une malformation de la voûte palatine de type ogival.
Les troubles articulatoires sont fréquents et banals jusqu’à 5
ans
s’ils persistent, une rééducation s’impose.
Leur signification psychoaffective est parfois facile à saisir
lorsqu’ils s’intègrent dans un contexte oppositionnel ou
régressif (naissance d’un puîné) nécessitant alors un abord
psychothérapique
Souvent ils sont isolés, sans retentissement notable sur les
autres lignes du développement.
Conduite à tenir :
Rééducation orthophonique généralement indiquée vers l'âge
de 5 ans.
Entretiens psychothérapiques si le trouble paraît lié à des
facteurs relationnels.
2/Le retard de parole :
Il s’agit d’une mauvaise intégration des divers phonèmes
constitutifs d’un mot : leur nombre, leur qualité, leur
succession peuvent être modifiées.
Sans signification jusqu’à 5 ans, leur persistance au-delà de
cet âge signe une perturbation de l’intégration et de
l’apprentissage de la parole, et nécessite un abord thérapeutique.
Théoriquement, le retard de la parole ne s’accompagne pas
d’anomalie syntaxique, mais en réalité il s’associe souvent au
retard de langage.
Conduite à tenir :
- Rééducation orthophonique indiquée si les troubles persistent
au-delà de 4-5 ans.
- En général associée à une guidance parentale.
- Favoriser la socialisation.
3/Le retard simple de langage:
Il se caractérise par l’existence de perturbations du langage chez un
enfant qui ne présente ni arriération intellectuelle, ni surdité profonde,
ni pathologie psychiatrique.
La construction de la phrase et son organisation syntaxique ne sont pas
profondément perturbées.
Sur le plan clinique: l’élément essentiel est le retard d’apparition de la
première phrase (après 3 ans), suivi d’un « parler bébé » prolongé.
Les anomalies constatées sont très variables :
trouble dans l’ordination des mots de la phrase
simplification grammaticale
usage du verbe à l’infinitif
mauvaise utilisation du pronom personnel
On note aussi des omissions de mots, des fausses liaisons, des
barbarismes, etc. (ature papa pati ! la voiture de papa est partie).
La compréhension est en principe bonne bien que son évaluation chez
l’enfant jeune soit parfois difficile, Lorsque les troubles de
compréhension sont manifestes, on ne peut plus parler de retard
simple.
Conduite à tenir :
- Rééducation orthophonique généralement indiquée à partir de 4 ans
si les troubles persistent ; éventuellement plus précocement si les
troubles sont sévères, faisant évoquer une dysphasie.
- Une psychothérapie peut être proposée si des facteurs
psychoaffectifs ou relationnels apparaissent prédominants.
- L’absence de progrès significatif malgré une rééducation bien
conduite, doit faire poser le diagnostic de dysphasie.
4/Le Bégaiement :
Trouble de la fluidité de la parole caractérisé par des
répétitions ou des prolongations involontaires de syllabes, se
manifestant de façon très fréquente.
Deux formes, qui coexistent le plus souvent avec une
prédominance ± marquée de l'une ou de l'autre selon les
individus :
- tonique : blocage qui vient interrompre pour une durée
variable le débit normal de la phrase ou qui empêche sa
production dès le début.
- clonique : répétition saccadée d'une syllabe au début d'un
mot ou d'une phrase. Touche en majorité les garçons.
Souvent accompagné de manifestations neurovégétatives et
surtout motrices
Débute généralement avant 8 ans et surtout entre 3 et 5.
Un bégaiement transitoire peut s'observer chez les enfants très jeunes
Se manifeste de façon variable selon le contexte émotionnel et les
interlocuteurs :
- accru par l'anxiété, l'attention portée au discours
- ne se manifeste pas lors de lecture, récitation ou chant.
La sévérité de l'évolution est variable.
L'attitude de l'enfant vis-à-vis de son bégaiement est très variable:
Certains semblent peu gênés et parlent abondamment.
Pour d'autres, il s'accompagne, au contraire, d'une inhibition
importante (mutisme plus ou moins important) et d'une tendance à
l'isolement social.
Conduite à tenir : différentes approches thérapeutiques ont été
proposées : rééducation orthophonique, psychothérapie analytique,
thérapie comportementale, relaxation. Les résultats restent inconstants.
5/Le Mutisme :
Le mutisme est l’absence de langage chez un enfant ayant
antérieurement parlé et dont les désordres n’entrent pas dans
le cadre de l’aphasie
On peut distinguer :
le mutisme totale acquis
le mutisme électif durable
Conduite à tenir :
- Une psychothérapie individuelle doit être proposée
- un travail avec l'entourage familial et social est nécessaire (thérapie
mère-enfant, thérapie familiale, soutien au milieu scolaire, parfois
aménagement de la scolarité)
- une prise en hôpital de jour de pédopsychiatrie peut être indiquée
dans certains cas.
6/ Les dysphasies :
- Trouble de la structure du langage sans substrat organique détecté , en
l'absence de déficit auditif, de retard mental majeur et de trouble
psychotique, Il n'y a aucun autre trouble psychiatrique associé
- Ce sont des formes sévères des troubles du développement du langage.
- Ce sont des enfants qui n'ont, à l'âge de 4 ans, qu'un langage très
sommaire, souvent encore au stade du mot-phrase.
- Le langage spontané est réduit avec un vocabulaire imprécis, souvent
difficilement compréhensible. Il est agrammatique ou comporte
nombreuses erreurs syntaxiques.
- On parle d'audimutité lorsque n'existe pratiquement aucun langage.
- Enfin, certains enfants dysphasiques présentent d'importantes
dyspraxies bucco-linguo-faciales, contribuant aux troubles
articulatoires.
On distingue en fait plusieurs formes de dysphasies en fonction de la
prédominance de l'atteinte des différentes composantes du langage.
*Classification des syndromes dysphasiques : Troubles où la
compréhension du langage est préservée :
1 - Dyspraxie verbale : langage très peu fluent ; nombreuses substitutions
non systématisées de phonèmes et troubles syntaxiques et légers.
2 - Déficit de programmation phonémique : fluence plus grande et
même souvent élevée ; multiples substitutions de phonèmes rendant les
productions peu intelligibles mais tendance fréquente aux autocorrections.
Troubles affectant à la fois la compréhension et l'expression
3 - Syndrome phonologico-syntaxique : langage peu fluent avec tendance
au style télégraphique, substitutions phonologiques multiples ne
s'améliorant pas en situation de répétition, conscience syntaxique
relativement préservée, compréhension auditivo-syntaxique meilleure que
l'expression.
4 - Agnosie verbale ou surdité pour les mots : langage non fluent avec
troubles syntaxiques comportant la production de paraphasies verbales ou
sémantiques et parfois de néologismes .
5 - Syndrome sémantico-pragmatique : fluence élevée, absence de troubles
syntaxiques, mais la compréhension, l'utilisation contextuelle du langage et ses
aspects pragmatiques sont affectés.
Ce syndrome s'accompagne souvent d'écholalie immédiate ou différée. Il
s'observe aussi dans certaines hydrocéphalies et chez les autistes de haut niveau
(syndrome d'Asperger).
6 - Syndrome lexico-syntaxique : langage fluent mais parfois une certaine
diffluence due à des reprises incessantes (pseudo-bégaiements) ; difficulté
d'évocation verbale en langage spontané et en confrontation, paraphasies
verbales et phonémiques, contrairement au syndrome sémantico-pragmatique,
vocabulaire passif conservé .
*Conduite à tenir : Malgré ses difficultés et la lenteur des progrès, la
rééducation orthophonique doit être entreprise le plus tôt possible (dès 3 ans)
après un bilan approfondi et poursuivie longtemps à un rythme suffisant (au
moins 2 séances par semaine) ,Une scolarisation spécialisée est souvent
nécessaire étant donné les difficultés majeures que rencontrent ces enfants dans
la scolarité.
Une approche psychothérapique et éventuellement une prise en charge
institutionnelle de type hôpital de jour, en fonction des troubles de la
personnalité et troubles affectifs éventuellement associés aux troubles du
langage.
XI . EVOLUTION: