Lachelitr. Kant, etc .... qui constitutraient une sorte Je Somme cn mi-
niature... Je voulais un ouvrage en français comme ceux des univer-
aitairts, où je traiterais !es problèmes selon mes forces aussi à fond
que possible. En 1945, M.A. Forest me demanda quels lecteurs j'avais
en vue. c Aucun, lui répondis· je, si ce n'est des hommes tels que vous,
fort au couranr des questions. que je traite pour elles-mêmes de mon
mieux et pour le plaisir. > ·
... Je me proposais d, confronter les médiévaux, aussi les anciens.
avec les modernes et de les expliciter les uns par les autres. Av<c l'aid~
des philosophies comparée~. je voulais appliqu<r sciemment l'analyse
rîflexivt , puis engendrer dans leur détail l'ensemble des diverses thè.m .
en les articulant les unes aux autres, grâce à la méthode dialectique
d'opposition. Je voulais moderniser le thomisme pour dts esprits con·
tcmporains. lnversffllent. cela fait, j'entendais montrer quel apptofon·
dissement. qudle précision ce thomisme peut procurer à la pensée
moderne. pour aborder et trancher les problèmes... Ce travail me sem-
blait d'autant plus urgent, qu'il n'avait pas encore été entrepris sur
cette échelle. sauf pour Maréchal, bien qu'il répondit à des besoins
actuels.
Devant cene tâche je doutais dt moi, en même temps que j'éprou-
vais la tentation de la gloire ... Je me voyais au pied d'un Himalaya for-
midable ... Avec le temps tous ces débats intérieurs m'amenèrent à la
dicision de m'atttler à la besogne : une fois la plume en main. je ne
la diposerai pa1 de sitôt.
... Le terrain était plus que déblayé, puisqu'il était déjà parcouru
de routes toutts tracées, bordées elles-mêmes des fondements des édifi -
ces. que je n' avais plus qu'à construire... Lorsque j'avais commencé •
circuler dans lt pays de la métaphysique, je m'étais mis ,o route, sans
pnssenrir où j'allais. Maintenant je savais où j'avais abouti. Je n'avais
donc plus qu'à recommencer mon voyage, en prévoyant ce terme. de
maniore à y parvenir sans encombre, en toute sécurité, obligatoi rement.
Or ce point d'arrivée, c'était bel et bien la légitimation du fait chrétien,
en tant que le Christ, Homme-Dieu. est par l'incarnation l'insertion de
l' Absolu. de l'Eternel dans le temps et le contingent. Il fallait s'assu-
rer que cette synthèse du contingent et de l'absolu dans un fait, dont les
apparences peuvent être b,inales, était possible. ou du moins n'était pas
impossible et nt pouvait pas l'être (p. 205-206).