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Entre séduction
et inspiration :
l'homme
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QUADRIGE/PUF
Sublimation etlou inspiration*
néanmoins eomplémentaires et assoeiés. Ainsi Ies eodes eomme (< Ie petit» ne tient guere des qu'on se demande
mytho-symboliques peuvent être investis eomme des Ceomme on Ie fait depuis Ies soeratiques) : (< petit par
objets narcissiques, et inversement I'investissement nar- rapport à quoi ». Ceci pour Iaisser pressentir que
-Ic cissique de formes distinetes fait, pour ainsi dire, floeu- I'éehange ne saurait se déduire aisément de I'empirique, ~ ;
~r des objets dans Ie eours des seénarios proposés au fút-ee I'éehange du eadeau-exerémeni: eontre Ia réeom-
sujet. Pour I'illustrer d'un exemple fameux, iI n'y a pas pense parentale.
d'HannibaI ni d'identifieation à HannibaI, sans Ia En fait, apres MareeI Mauss et Lévi-Strauss, nous se-
Iégende d'Hannibal. Mais pas de Iégende d'HannibaI rions volontiers amenés à eonsidérer l' éehange eomme
sans que Ie moi ne vienne speeulairement faire se déta- Ie systeme symbolique qui fait tenir ensemble Ie quadrila-
eher Ie personnage au sein de son histoire. tere. Mais, avee MareeI Mauss notamment, I'idée se fait
jour aussi que I'éehange généralisé, réciproque, abstrait
« Transpositions pulsionnelles~ en particulier dans l'éro- que Freud semble prendre pour référenee, n'est qu'un
tisme anal. »Un texte que j'ai déjà évoqué et qui propose eode parmi d'autres possibles. Mauss attire par exemple
un earrefour pour ee qui est de Ia symbolisation et aussi notre attention sur des systemes ou I'objet éehangé reste
de Ia sublimation. Nous y voyons des mutations de Ia
puIsion, de son objet et néeessairement de son but, sous
néanmoins attaché au donateur, éventuellement au gnijiej. Ceei à Ia condition de bien marquer que Ia
créateur. Cette pendule est à jamais celle offerte par tel « désobjectalisation» n'est en rien un désinvestissement,
ami, Ia pendule de Pierre ; ce tableau, eut-il changé cent mais un autre investissement, celui des indices comme
fois de mains et de propriétaires, reste un tableau de sources de Ia pulsion ; essentiellement sources de Ia puI-
Picasso. Freud, il est vrai, semble récuser ce Iien de sion de mort, laquelle, préeisément, réduit l'objet à un
I'reuvre à I'auteur, de Ia parole à celui qui l'a donnée, pur indice.
voire du pénis à I'homme qui l'apporte. Nous connais- Je citerai ici une courte anecdote. Dn petit garçon, à
sons une phrase particum~rement violente dans ce l'âge de Ia chute des dents de lait, a coutume de placer
texte : « Le souhait infantile visant Ie pénis ... se trans- sa queI~,º!tedans une petite boite, ~~WilOrerrler> La
forme alors en souhait visant l'homme, il s'accommode souris viendra, pendant Ia nuit, échà~~tcõ~tre
I
donc de l'homme comme appendice du pénis.»
L'homme est « Ia petite chose» du pénis, comme le
un petit cadeau. Au réveil donc, le voiei qui avec
confiance glisse Ia main sous l'oreiller, palpe ..., et per-
pénis est « Ia petite chose » de I'homme. On ne saurait çoit un petit morceau de papier. Persuadé qu'il s'agit là
guere aller plus loin dans le systeme « échangiste » d'une missive, lui signifiant qu'il a été trop méchant
- qu'on entende ce terme au sens économique ou au pour recevoir un cadeau, il éclate en sanglots. 11ne sera
sens sexuel. qu'à demi consolé par sa mere, lui montrant qu'il s'agit
Ces quelques réflexions ne sauraient rendre compte là d'un petit billet ... monétaire.
de Ia richesse de ce texte, et du carrefour qu'il repré- Pourquoi cette mutation du bon en mauvais, du
sente. 11y est traité de Ia naissance de l'objet partiel4• cadeau en punition? Je hasarde l'hypothese, suggérée
Autre trait remarquable de ce pentagone: l'agres- par le terme même de « billet» : billet c' est à Ia fois
sivité y est absente, ou, en tout cas, soigneusement missive de réprobation, et billet de banque. Aux deux
dominée. Green a formulé, à propos des passages et extrémités, encadrant l'objet partiel du cadeau, nous
mutations entre pulsion de mort et pulsion de vie, Ia rencontrons le .pur signifiant: d'un côté le signifiant
notion de « fonction objectalisante - fonction désobjec- inconseient, toujours lié à une certaine attaque interne,
talisante I). Idée qui serait à retravailler: Ie terme de et .nous savonsque devant l'inconseient, persol1ne 11'est
« fonction »me paralt tout à fait injustifié, par sa conno-
~~~nt ; mai~-dei;a~t~e~Ôtê,au:::deià '(lu· càdeau· per-
tation de fonctionnalisme. En revanche, rien n'interdit sonnel don de Ia souris, on retrouve le pur signifiant,
de reconnaltre un mouvement objectalisant (en direc- comme signe monétaire l'objet-monnaie qui devient un
tion de I'objet partiel) et son inverse désobjectalisant (en non-objet (Marx disait: Ia marchandise-monnaie est
direction de l'indice inconseient ou du pur signijiant dési- une non-marchandise). J'insiste donc sur ce passage de
l'indice à I'objet partiel et, avec Freud, sur Ia eirculation
4. Avec un absent toutefois, le sein et on pourrait formuler des hypo-
des objets partiels, comme déterminants dans le mouve-
theses à ce sujet. ment de symbolisation. Que Ia sublimation ait les plus
intimes rapports avec l' objet partie1, que Ie mouvement met de penser que teI ou teI systeme ait pour Iui
même de symbolisation de Ia puIsion de mort se fasse au I'exclusivité. J'ai mentionné tout à I'heure MarceI
travers d'un systeme dont Ie pentagone de Freud nous Mauss, opposant I'échange universeI abstrait de I'éco-
montre un des paradigmes, c' est encore ce que viendrait nomie moderne, ou tout a un prix abstrait (même Ie
attester un certain décalage terminologique, faisant que, temps, un tableau de Van Gogh ou Ie cout des investis-
depuis KIein, on parle peut-être plus volontiers de créa- sements sociaux nécessaires pour « produire » un pilote
tivité que de sublimation. L~\ terme de créativité sul?... de Iigne) - et des modes d'échange plus restreints ou,
pose qu' ~n~~~_~~~~!,!~~,I'~~j~tj~~~(eri;~r'rapJ;?ri à pour citer MarceI Mauss: « Les choses vendues ont
ce1ui qui est Ie donateur, I'auteur, Ie transmetteur. II encore une âme, elles sont encore suivies par Ieur ancien
s'oppose à I'idéebieil-si~piiste'd'unpassagedeFobjet propriétaire et Ie suivent. »6 Pas question d'opter pour
partieI à I'objet total par on ne sait quelle « totalisation I). une mythologie contre une autre, pour un systeme sym-
Car 1'autre « total I), si I'on peut conserver ce mot de bolique contre un autre. Mais on ne peut manquer de
« total I), est présent d'emblée, ou du moins tres tôt, des remarquer qu'avec I'échange abstrait et généralisé se
Ia fondation de I'appareil psychique, à Ia fois comme produit ..une. sorte de.régressiõn"'aê--7'objei-'j)artzeTvers
autre du message et comme autre spéculaire. Firidzce~-de-lli-'pulsion de-Vie--versla-puIsíôn-de-mort,et~
J'en reviens encore à ce schéma de Ia production, du àv~c elle une---ª-~_~ubITmàtion:nest vraíd'aíIleursclue--
cadeau et de I'échange, ce texte sur Ies « transpositions I'objet partieI déjà,depar-sapartialité même, receIe une
de puIsions I), véritable plaque tournante de Ia sublima- signification d'arme et de projectile morte1 sur Iaquelle
tion. Le rapport aux excréments y est central, comme Melanie KIein n'a cessé de mettre I'accent. Déjà, dans
premiere production de l' être humain; mais en un article datant de 1921, Mauss insistait sur Ies deux
revanche il faut bien remarquer que Ie sexue1, comme sens du mot germanique Gift :(tâdeau etp-õíson:-~( La
plaisir, est tout à fait passé au second plan. Si I'on veut chose reçue ... venant de I'un, fabriquée ou appropriée
bien reprendre, apres Hans Blüher et Lau Andreas- par Iui, étant de Iui, Iui confere pouvoir sur 1'autre qui
Salomé, Ia distinction de I'anaI et du fécaIS I'érotisme 1'accepte. »7
anal est un des grands refoulés de ce systeme. Regroupons Ies choses. La sublimation, telle que
Le passage de Ia puIsion sexuelle déliée à une Iiaison nous avons été amenés à Ia concevoir, n'a rien d'un pro-
sous Ie signe de I'objet partieI est I'reuvre du moi, met- cessus à parto Elle est, devrait-on dire, Ie processus nor-
tant en reuvre te1 systeme symbolico-idéologique. Ici, il mal d'acculturation, par Iaquelle Ie moi essaye sans fio
s'agit des systemes tout à fait primordiaux, réglant d'assécher Ie Zuydersee du ça, transposant pour partie
I'échange au niveau anthropologique. Rien ne nous per-
6. Essai sur le don, in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1960,
5. Hans Blüher cité par Lou Andreas-Salomé, in Anal et sexuel, p.259.
Amour du narcissisme, Paris, Gallimard, 1980, p. 109. 7. Le Monde, 30 mars 1968, supplément p. v.
les pulsions de mort en pulsions de vie. Un processus ou certain lacanisme, lí?« ~ymbolique) comme l' «imagi-
nous avons mis l'accent aujourd'hui sur Ia fonction de » sont tous deux au service du moi. Au service du
lités principales : liaison par l'image narcissique d'une suI,l1manon qui existe effectivement chez tout être
part, liaison par les systemes mythosymboliques d'autre humain, vient se juxtaposer une sexualisation névro-
parto De ces derniers, nous avons appris à nous méfier, tique - ou le sexuel fait souvent retour sous des formes
et une analyse ne saurait s'engager sans accepter qu'ils Ies plus crues - soit qu'elle s'infiltre dans les tâches
soient mis en question, dans leur contingence, leur his- matérielles quotidiennes, ouvertes à l'obsessionnalité
toricité, voire leurs contradictions et absurdités. Les voire à une analité patente, soit qu'elle s'insinue dans les
diatribes d'un Bourdieu contre les « systemes symboli- relations interhumaines, marquées souvent de sado-
ques ) dominants ne doivent pas nous inhiber, a contra- masochisme, sinon de haine.. ../-·_~"=::;"\.
rio, dans ce qui doit être une attitude anaIytique à leur C'est ici que Ia sexualité dite:prégénitale, .mais aussi
égard. génitale infantile, retrouve saprêémin.enc~. On n'a
On notera aussi, à Ia différence de ce que postule un peut-être pas assez noté qu'à Ia différence deJª~ex_ll,::t!!!L 1
~º,!tal~ª-<!!!!!~,ª~S buts sont essentiellernent fantasma-'
8. Voir plus haut l'absence de Ia sexualité orale dans le pentagone
tigues. Ainsi les acti~;;~·dé~~ite·sp~~-Kiein·à.. proposd(dã
freudien. position parano'ide: attaquer l'intérieur de l'autre, le
découper, le bn1ler, etc., eux-mêmes largement moins grossiere, moins extrinseque, moins prise, aussi,
'" empruntés à des schémas de Ia vie quotidienne, dans un affrontement social sans médiation. La voie de
s'ítiS"êrenitout naturellement dans celle-ci sous des for- Ia symbolisation parait se ~~!l~Il.~r. ~
(1'(
mes plus ou moins déguisées.
Oserais-je ajouter que cette sexualisation presqu'ou-
verte, aide peut-être tout simplement à vivre une partie Avec mon autre pôle, ce1ui de l'inspiration, j'en viens "
- Ia majeure partie - de l'humanité, celle, bien sur, que maintenant à des eaux, semble-t-il, plus calmes. Mais
nous ne voyons guere ou pas du tout, sinon à travers les seulement en apparence. Pour annoncer les choses, si Ia,
médias. sublimation réussie se dessine toujours sous l'égide du ,t
Je trouve indispensable de mentionner ce point moi, et du refermement ptolémaique - ou avec Ia béné- F
essentie1, s'agissant d'un sujet d'anthropologie psycha- diction d'une « philosophie du sujet » - ne sommes-nous J
naIytique -Ia sublimation -lequeI nécessite une mise en pas t~~!(d~\nous souvenir de ce que nous situons à 'f ,t
perspective elle-même anthropologique. N'oublions l' origine de~1àpulsion : Ia relation au message énigma-
simplement pas que l'analyse n'a dans son champ tique de l'autre? En garder que1que réminiscence, et
d'expérience effective que 0,000 ... % des individus dont ceci d'un double point de vue : dans Ia théorie, et au
nous ne connaissons guere l' existence que par nos sein même de l' être humain. Car les réminiscences de
écrans de télévision : massacreurs et massacrés, tueurs, l'une sont aussi celles de l'autre.
violeurs et violés, déportés, emprisonneurs et emprison- C'est encore chez Freud que j'entends repérer cette
nés, esc1avesdes temps modernes et de tous Ies temps. réminiscence, à travers ses difficultés mêmes à structu-
Le bénéfice primaire et surtout secondaire apporté par rer Ia notion de sublimation. C'est en ce sens tres précis ~
une sexualisation non sublimée ne saurait être sous- qu'on peut opposer ici deux _~Jtitudes théoriques: >
estimé. Une sexualisation sous le chef, avant tout de Ia « situer » Ia sublimation, et Ia {fáire dé~ '* -'d
pulsion sexuelle de mort sadique mais surtout mas 0- Situer Ia sublimation, c'ests'atiâcher au jeu des
chique; ce qui n'implique nullement que Ia tendance à transpositions pulsionnelles, te1 que nous l'avons
Ia liaison et à Ia symbolisation ne continue pas à reuvrer
par ailleurs.
Mais ce n' est pas un des moindres résultats de
l'approche analytique, quand on suit exceptionnelle-
ment un cas proche de ceux que j' évoque, de voir les
esquissé, en considérant le processus de symbolisation
comme s'opérant à partir de pulsions déjà constituées
par le refoulement. « Faire dériver Ia sublimation », c'est
tenter de suivre à Ia piste une genese qui se situe dans le
mouvement originaire de Ia pulsion elle-même : dans le
I
tâches elles-mêmes se diversifier, se délier, s'ouvrir. 11y refoulement originaire.
a parfois, comme on dit, ascension sociale, mais pas Or, dans Ia même période ou Ia question de pan-
nécessairement. C'est plutôt une sorte de mutation. La sexualisme va devenir urgente, avec l'absorption de
sexualisation persiste, mais elle devient moins rigide, l'autoconservation dans Éros, voici venir le grand texte
de Freud sur Ia créativité scientifique et artistique : « Le possible de Ia recherche infantile se répete lui aussi dans
Léonard ), de 1910. Et il est frappant, pour notre pro- le fait que cette rumination ne trouve jamais de fino I)
pos, de constater que ce t~!~l))l:lj~_1!.r.Y_l!!".J.l!.~1J.!?!!!ll€l!i2p., 3 / ... mais avant de passer au troisieme type, il faut
le plus inspiré en tout cas, se présente en même temps souligner que ces trois modes ne sont pas exclusifs l'un
cOl))Il'l~.ll.~~_<l_<:~_
.~~~llrgen<:e~·Ji1~Iellres·-de-·lã--séd~~tion de l'autre. Le cas « le plus rare et le plus parfait ) (1etroi-
9- igf~~!i!~_.P!.~cc!~~ sieme) peut coexister ou altemer avec des moments
Le plus simple, pour notre propos, c'est de prendre d'inhibition et de rumination. C'est le cas chez Léo-
les pages sur lag~se de Ia « pulsion de savoir ). nard. On le voit aussi chez Giacometti, dont j'évoque
-1[. « Wisstrieb» ou « forsch~trieb ». Une genese que Freud ici, pour le premiere fois, Ia figure.
situe chez Leonard;etpeut-être en général, comme En fait, ce troisieme type nous laisse, dans le texte de
bien plus originaire que les autres sublimations même Freud, avec de sublimes échappées - et aussi une insa-
artistiques. tisfaction. 11y a bien refoulement, mais pas d'une cer-
Au point de départ, Freud situe deux « pulsions ) taine composante, celle liée à Ia recherche sexuelle. Mais
(nous dirons: deux « fonctions )) qui ressortissent à il y a quand même refoulement ... puisque Ia recherche
l'autoconservation l'une, le plaisir-désir de voir, Schau- éviterait soi-disant « les themes sexuels I). Ce qui est
lust, l'autre Ia pulsion d'emprise. Ces deux fonctions, faux, d'une certaine façon, justement chez Léonard.
q4 non sexuelles donc au départ, deux éléments de Les mots les plus évocateurs de Freud sont ceux qui
l'équipement psychophysiC;i~gIque pourrait-on dire, expriment l'idée d'une sublimation « des le début ) (von
dont rien n'interdit de leur supposer une plus ou moins Anfang anjo
grande force constitutionnelle, sont tres tôt, d' emblée, « La libido se soustrait au destin du refouIement en se
prises dans le processus sexuel dont l'adulte a l'ini- sublimant des Ie début en désir de savoir, et en se rangeant
tiative. Pour dire les choses autrement, ces fonctions comme un renfort aux côtés de Ia vigoureuse puIsion de
constituent le lieu, le site même de Ia séduction. Sui- recherche ))9.
vons Freud à nouveau. L'investigation, désormais Ce n' est pas le seul passage :
sexuelle, peut connaitre trois « destins ). Tous trois pré-
«La sublimation des primes origines est préparée Iors du
cédés par - et liés à - un refoulement qui est même dit premier refouIement )10.
" « énergique ).
~ 1 / L'inhibition intellectuelle. Victoire du refoule- Voiei qui nous ~Eh~-çliEpour passer du niveau desrl'
ment (souvent appuyé par Ia religion). refoulements secondaires (avec des pulsions déjà consti-
2/ L'obsessionnalisation de Ia pensée. Le sexuel tuées), à celui du refoulement originaire. En d'autres ter-
envahit Ia défense par formation réactionnelle. « Faire
des recherches devient ici activité sexuelle, une activité 9. OCF-P, X, p. 105.
souvent exclusive... mais le caractere sans conclusion 10. OCF-P, X, p. 160.
mesLce début de la sublimation nous renvoie au début de la 2/ Le message peut être traité. C'est-à-dire traduit.
_ pulsion sexuelle. Apparemment sans reste. «Apparemment », car Ie reste
On ne peut négliger ici que Ie Léonard marque Ia non traduit est refouIé. II est donc comme rien, pour Ie
résurgence, temporaire chez Freud, de Ia séduction. Sous moi.
Ie chef des faits de Ia séduction maternelle. Certes Ia Le moi est toujours ceIui qui dit -pour paraphraser
théorie de Ia séduction, comme théorie, ne fait pas O. Mannoni : «Je sais bien. » C'est-à-dire j'engIobe dans
résurgence. C'est à nous de Ia convoquer. PIus précisé- une traduction. Et Ie reste: «Je n'en veux rien savoir. »
ment, derriere Ia vectorisation secondaire, puIsionnelle, C'est bien Ià Ie refouIement qu~ Freu~ défmit cons-" I
iI convient de chercher une vectorisation pIus primitive, tamment comme un ne-pas-vouIOlr-savOlr. JJ .
qui se joue, peut-être non pas entre des forces intrapsy- 3 / Peut-on maintenant imaginer Ie troisieme «traite-
chiques, mais dans Ia reIation interindividuelle : sur Ia ment » dont parle Freud dans ce passage sur Ia sublima-
base d'une reIation originelle réciproque, se joue tion des I'origine ? Un refoulement, mais avec main#:l!.nde l<- \'
queIque chose qui n' est pas moins originaire : Ie carac- l'aiguillon de l'énigme ? QueIque chose comme :
tere uniIatéraI de ce qu'iI entre de sexueI, de compromis - Je sais bien; et ce que je ne sais pas, je n'en veux
sexueI, dans Ia communication adulte. rien savoir pour ce qui est de son contenu ; « mais quand
Le message énigmatique est ce qui marque Ia dimen- même », je pressens - à jamais - que je ne sais pas bien.
sion irréductibIe de I'altérité. Non pas en vertu de je ne Ce maintien de Ia dimension de I'énigme en dépit des
sais quelle alchimie ou métaphysique. Mais parce que ce avatars du refouIement, c'est ce que Freud, je crois,
message porte en Iui Ia trace irréductibIe et illisibIe de tente de nous montrer chez Léonard. II oppose cons-
I'inconscient sexueI de I'autre, I'autre aduIte. La vecto- tamment deux sublimations : Ia picturaIe, pIus tardive,
risation du message énigmatique, est « copernicienne ». liée à « Ia joie de vivre » : Ia sublimation intellectuelle
Elle s'inscrit sur Ie fond d'une vectorisation interperson- - originaire - qui vient animer mais aussi paraIyser Ia
nelle, celle de I'attachement non sexuel. création artistique .
..I,.~11}~~sEg~_~!'!i~gii~3)nscri~1!~z l'enf~nt c0ffi!!1~ C'est ici Ie lieu d'évoquer à nouveau ce véritabIe frere
message. _ç~J:!lEJ:~_.«~!@!f:!al:l:t}»,
..~t non comme trace de Léonard : Giacometti.
ou comme représ.entatioªllnemétapsychoIogie de Ia Et, à côté du Léonard de Freud Ie Giacometti de
trace ou de Ia représentation reste irré<:lucti1?lement Bonnefoy qui a accompagné pendant une année un tra-
';t soIipsiste .. _ vail collectif.
Des lors que peut faire I'enfant de ce message? Ses La différence, chez Giacometti, serait que Ia
destins sont muItipIes. recherche - I'investigation - anime directement Ia pein-
1 / Le message peut être Iaissé intraduit, forclos. ture ou Ia scuIpture. Mais c'est à peine une différence, si
Ainsi Ie message persécutif, et son cousin, Ie message on y regarde de preso J'évoque Ies pages fameuses de
surmoique. Freud, ou iI reprend Ia grande opposition entre
connaitre d'une part aimer ou halr d'autre parto Aimer, mement voisines de celles de Léonard. AnaIes - je veux c~
halr, se situant du côté de Ia peinture ; Ie « connaitre ) se dire, depuis Ie barbouillage précoce, par des excré- ~ 111
posant au départ comme I'auxiliaire indispensabIe de ments , d'une toile -de'sou pere, jusqu'à ces pIâtre~
..--
,
"
I'art, mais parfois pour devenir aussi son ennemi : .peints., barbouillés eux aussi, de façon quasi sacriIege.
'Et chez Léonard, toutes Ies bouffonneries scatoIogi-
«Aucune chose ne se peut aimer ou hai'r si I'on n'en a pas
d'abord connaissance. Mais finaIement, c'est Ia recherche ques que l' on connait.
qui prend Ie dessus, au risque de paraIyser Ia création »ll. La pratique de Ia scuIpture - d'une façon pIus immé-
(,L'artiste avait pris jadis à son service Ie chercheur, diate que Ia peinture - je veux dire Ie modeIage, est évi-
comme auxiliaire, et voi1à que Ie serviteur était devenu Ie demment en prise directe avec I'analité, et Giacometti
pIus fort, et réprimait Ie maitre »12.
(qui n'est pas sans connaitre Freud) Ie sait bien :
« C'est une manie comme une autre manie de trip~te!, de Ia
terre, sous prétexte de travailler. » 4>-
,< L'art m'intéresse beaucoup, mais Ia vérité m'intéresse
infiniment pIus »13. (, Ni faire des belles scuIptures, ni
m'exprimer, c'est Ie sujet qui compte. » Au point d'affirmer Quant au sadisme et à Ia mort ...
souvent qu'i! jettera Ia scuIpture, comme coquille vide, Mais avant d' en dire un mot, chez Giacometti et chez
quand iI en sera venu à bout : « d'une certaine maniere, ça Léonard, je veux rassembIer queIques points.
n'a pas encore commencé ». - La création, chez Leonard et surtout chez Giaco-
« Je fais de Ia scuIpture pour m'en débarrasser. »
metti, est comme transfixée par le vecteur de Ia « recherche »
« C'est pour s'en défaire. » (Entretien dans « Ies heures
chaudes de Montpamasse »). ou pour mieux dire, de Ia « quête ). Mais dans queI sens
orienter ce vecteur ? Sans doute Ia recherche comme Ia
Chez Giacometti, I'aspect de Ia sexualisation que je création vient de I'individu, et, en ce sens, elle est centri-
nomme secondaire n' est certes pas absent ; Freud note, fuge. Mais ce qui I'appelle et I'oriente, c'est un vecteur
chez Léonard aussi cette intrication de différents venant de I'autre. Pour Léonard, (, I'reiI est Ia fenêtre de
niveaux : « C'est de cette maniere que refouIement, fixa- I'âme », ce qui signe une ouverture, voire une exposition
tion et subIimation disposent, en se Ies répartissant, des de I'âme, au trauma de l'autre.
contributions que Ia puIsion sexuelle procure à Ia vie Chez Giacometti, c'est Ie regard de I'autre qui est à
d'âme de Leonard »14. restituer. Ce n'est pas un « sujet) quelconque, c'est Ia
Chez Giacometti, ceIa ne va pas sans Ia participation figure humaine, et avant tout Ie regard. Non pas teI
de composantes - notamment sadiques anaIes - extrê- regard personneI, ni non pIus un regard abstrait. Mais
ce qu'est Ie regard de I'autre comme énigme. SeIon
11. OCF-P, X, p. 97. Yves Bonnefoy : « Faire ressembIant, pour Giacometti,
12. OCF-P, X, p. 101.
ce fut comprendre et exprimer Ia tension qui fait que cet
13. Écrits, Paris, Hermann, 1990, p. 267.
14. OCF-P, X, p. 159. être du dedans, cette "âme" risquons Ie mot, s'empare
des yeux, de Ia bouche, du front, pour les retirer de famille, avec un échange de regards qui dépasse toute
l'espace »15. description: s'y affrontent le véritable sourire léonar-
Ceci, qui est si manifeste chez Giacometti, se retrouve desque de Ia mere et l'reil scrutateur, dur comme pierre,
chez Léonard avec le sourire -le sourire qui lui aussi est d' Albertol7•
adresse - à jamais indéchiffrable. Et cela, malgré toutes Dn regard scrutateur qu'on imagine aussi être celui
les dérisions dont un Dali a barbouillé La Joconde. de Léonard, accompagnant les condamnés à mort au
J'ai utilisé le terme de « transfixer », pour caractériser gibet, pour saisir l'énigme demiere. 7<-
le vecteur dit de Ia recherche. Mais il faut souligner qu'il -:LOin de moi l'idée que l'énigme de l'autre soit tou-
ne s'agit pas d'un vecteur centrifuge, portant, pour ainsi jours comme le veut Levinas médiatisée, vectorisée par
dire, le sujet vers son objeto C' est un vecteur centripete, le regard.
venant de l'autre. Et tout ce que peut faire le sujet, c'est Mais en revanche, je suis persuadé que c'est l'énigme
rester ouvert au trauma et par le trauma. de l'autre - de l'autre humain adulte - qui véhicule d'autres
Ce trauma de l'énigme n'est pas acquis, ni ouvert une énigmes qu' on dit premieres.
fois pour toutes ; il est à éclipses. L'ouverture, c'est pré- Chez Giacometti, les rencontres avec le visage, le
cisément être disponible pour l'autre qui viendra me regard de l'autre, viennent ponctuer, relancer Ia
surprendre. recherche. 11a quelques modeles privilégiés qu'illui faut
J'ai l'air d'employer un ton quelque peu mystique. littéralement épuiser. 11y a le regard de l'autre mourant,
Pourtant, c'est bien ainsi, de façon émerveillée, que dans deux épisodes fameux et souvent relatés (Mort de
Freud parle de Léonard vieillissant, et de sa rencontre Van M. - Mort de T). Redirai-je ici Ia méditation pro-
avec Ia Joconde : fonde de Freud: l'énigme de Ia mort propre, notre
propre mort est médiatisée par Ia mort de Ia personne
« A I'apogée de sa vie, au début de Ia cinquantaine ... une
nouvelle transfonnation I'assaille. Des strates encore pIus proche l' « homme ne pouvait plus tenir Ia mort à dis-
profondes de son contenu animique redeviennent actives ; tance, étant donné qu'il y avait gouté dans Ia douleur
mais cette régression nouvelle toume à l'avantage de son ressentie pour le défunt »18.
art, qui était en train de s'étioIer. Il rencontre Ia femme, 11en va de même, selon moi, en ce qui conceme ce
qui éveille en Iui Ie souvenir heureux et sensuellement ravi
que je désigne non sans réticences, comme l'énigme de
de sa mere ... Il peint Ia Monna Lisa, Ia Sainte Anne en
tierce, et Ia série des tabIeaux mystérieux caractérisés par Ie l'être, pour laquelle je généraliserais volontiers Ia for-
sourire énigmatique ... »16. mule de Bonnefoy à propos de Giacometti : « 11n'est de
pensée de l'être que dans Ia rencontre des êtres »19.
De Léonard enfant, nous n'avons certes pas de pho.,.
tos ! Mais de Giacometti, un extraordinaire portrait de
17. Voir le Giacometti de Yves Bonnefoy, op. cit., p. 37.
15. Giacometti, Flammarion, 1991, p. 374. 18. OCF-P, XIll, p. 156.
16. OCF-P, X, 160, 1 19. Op. cit., p. 365.
C'est donc ici que je tente de réintroduire le vieux pénétrer le secret» - « un grand bonheur qu'il faut
terme d'inspiration, jadis mis en vigueur par les romanti- taire » - « un secret d'amour » - « le petit garçon troublé
ques, mais dont il faut bien dire que l'explicitation, par sa mere ». Ce sont là des termes imprégnés de res-'
même chez les romantiques allemands, ne mene pas pect, chez un personnage aussi peu respectueux que
bien loin. l'inventeur de Ia psychanalyse.
Pourquoi avancer ce terme, comme alternatif, ou Sans doute l'inspiration n'est jamais pure, ni jamais
peut-être comme plus adéquat que cette forme de subli- tout à fait irréductible au regard analytique. L'inter-
mation originaire dont parle Freud ? férence avec des éléments névrotiques, et, plus encore
C'est qu'en effet, il ne s'agit pas d'un mécanisme à psychotiques est souvent patente. Mais ~E-~~~E.().~e
substituer à un autre. Dn mécanisme se conjugue tou- <fllpritIlat de
n'est:--ellep:as1~IIt:a~~~i,11l1.e~étIliIlis5:,~!1:.c:::e
~ jours en moi, ou en sujet. º~
l'inspiration se conjugue
en autre. Son sujet n'est pas « le » sujet, mais l'autre :
l'autre?
.' A~~~t:-de quitter celui qu'on nomme le créateur,
tout comme pour Ia séduction, Ia persécution, Ia révéla- soulevons un dernier paradoxe, marquons un autre
tion. En résonance avec l'autre adulte originaire, cet retournement. En dehors de l'autre dont nous avons
autre, à des moments privilégiés, vient rouvrir Ia bles- tenté de déceler l'action traumatique, autre de Ia
sure de l'inattendu, de l'énigme. rencontre et aussi, médiatisés par lui, l'autre de Ia Mort
Sans référence à un contenu particulier, ouvert à de voire de Ia Nature, le poete, le créateur en général, est
multiples traductions, le sourire du Saint Jean Baptiste exposé à un autre appel, je veux dire, celui du publico
suscite à jamais le trouble : Il y acertes le public déterminé sur lequel il s'agit de
produire un certain effet, par des moyens adaptés et cal-
« Ces tabIeaux respirent une mystique dont on n'ose pas
pénétrer Ie secret ... Ces figures sont de nouveau androgy- culés. Ce public, on peut le définir comme faisant /.
I\" nes, mais non pIus au sens de Ia fantaisie du vautour, ce l'objet d'une pragmatique, voire d'une technique, dans
sont de beaux jeunes hommes d'une délicatesse feilllnlne et un mouvement dont Ia visée est toujours ptoléma'ique.
aux formes efféminées; ils ne baissent pas Ies yeux mais Mais, au-delà, il y a l'autre indéterminé, auquel
ont Ie regard mystérieusement triomphant, comme s'ils
s'adresse un message infini et sans recours l'autre du
avaient connaissance d'un grand bonheur qu'il faut taire ;
Ie sourire ensorceIant bien connu fait pressentir que c'est siecle à venir, pour paraphraser Stendhal.
un secret d'amour »20. Je ne pense pas qu'on puisse réduire ce moment de {A'IleN
l' « adresse »à ses aspects narcissiques, comme semble le I·" •
Les termes mêmes de Freud sont là pour dire que faire Freud dans Le poete et l'activité de fantaisie un mou- i,\~
l' exp.lication en premiere personne est sans doute pos- vement qui va du créateur qui « s' exprime» vers un
sible, mais insuffisante « une mystique dont on n' ose pas public « récepteur », dont on attend, en retour, un cer-
tain bénéfice. Le mouvement ptoléméique-narcissique 11
de Ia création est indéniable. Mais au-delà de lui,
conjointement à lui, se produit une inversion: c'est l' atte1!!~..~§t àja~l3,i~_s.!1~.p~p:<:i!1eLf~ite J?our n' êtrepa~
l'attente, elle-même énigmatique du public, qui est alors comblée.
l'agent provocateur du travail de l'reuvre. -,----.- -n est arrivé à Freud de comparer l'analyse à une opé-
n y aurait donc ouverture, au doubÍe sens de : être .S ration chirurgicale. Vous n'allez pas, dit-il au patient,
) ouvert par et d'être ouvert à ; ouverture par Ia rencontre, laisser les choses en l'état et sauter, le ventre ouvert, de
qui renouvelle le traumatisme des énigmes originaires ; Ia table d'opération! Comparaison pertinente, car
ouverture à et par le public indéterminé, épars dans le l'analyse est d'abord travail de déliaison. On pourrait
\ futuro dire que c' est une pratiqueCriíãitris§ du d~~~.~~nt, 'j(
« La psychanalyse comme sublimation.» De cet voire de Ia pulsion sexuelle de 'mort:
artic1e de D. Lagache21, je retiens le questionnement lié Analyses qui ferment les blessures : quoi de plus légi- '.';Í
à son titre. Et, pour charger Ia barque, je dirai: « La time? Analyses qui se referment, parfois, sur les blessu- !:.
psychanalyse comme sublimation etlou comme inspira- res. Ne poussons pas Ia comparaison trop loin. D'ail-
tion. » leurs, bien souvent, Ia décision de « refermer » ne vient .<
Car nous ne pouvons nous maintenir dans cette pra- pas de nous. :)
tique - sauf à Ia considérer comme un instrUment pro- Mais ce que je crois savoir, c'est qu'il est un type
fessionnel parmi d'autres - que si nous sommes intime- ~ d'ouverture que l'analyse parfois maintient: celle qui
ment convaincus qu'elle a quelque chose à voir avec ~ est précisément sa marque d'origine, sa marque par x
1'0riginaire de l'être humain. La situation ~~~~ c:". j 1'0rigine. Et que cette ouverture peut être maintenue, ~
réitere le questionnement, face à l'énigme de~l!!1!!~. ~ ~ transportée au-dehors vers d'autres champs d'altérité et :~
Elle en restaure, elle en maintient ~ve~_Jer.!l:!~t_~~
l'ouverture,~ Son opposé inéluctable et indispensable est
(í ,r d'inspiration. C'est ce qu'il faut bien nommer transfert C::;'
de transfert. Transfert du transfert en creU){,évidem- f'.
le mouvement psychothérapique, interne à l'analyse ment, c'est-à-dire transfert du r~pport à l'énigme
même, mais qui en constitue bel et bien le pôle comme telle.
moi'que, correspondant à l'incessante tendance à Ia Bien sur, on pense avant tout au passage à Ia pratique
refermeture. analytique qui implique, non pas on ne sait que! désêtre,
Dans Ia situation que crée pour l'analysant Ia pré- mais Ia possibilité d'être surpris, saisi, traversé par le
sence de l'analyste, on retrouverait les deux altérités qui. questionnement sans fond de celui qui vient à notre ren-
caractérisent ce que j'ai nommé inspirat!QI!. D'une contre. Mais, il est bien d'autres champs d'inspiration
part, que me veut cet analyste, ém~tteur éI!~a.!!9..~, sur lesquels ouvre le désaisissement, le deuil qui marque
chargé d'un désir.à lui-mêm~_<:>ré. Et aussi que veut- Ia terminaison d'une analyse. J'ai formulé l'hypothese
il de moi sorte de « public », de dêStitlaiã:Ire--dont que l'essentiel de ce désaisissement n'était pas Ia perte
d'un objet, mais, l'irréparable co_~~~tatio_nql~.t:~~J'.~~~ __
11
de__ l'autre -
__ ._.,-_._ _._- -
_.-,.~. ._._. ..
du défunt - resterait à jamais inachevée. I
C'est bien Ie même inachevement qui marque Ia
parole de l'analyste, dans les dernieres minutes comme
tout au cours de l'anaIyse. Un inachevement qu'il
appartient à l'anaIysant de transporter autre parto Et
bien vaine est en ce sens Ia crainte, souvent formulée,
Jl. que l'analyse ne risque de tarir l'inspiration.