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de lanti-œdipe
JANINE CHASSEGUET-SMIRGEL
BELA GRUNBERGER
ALAIN BESANÇON
COLETTE CHILAND
FRANÇOISE PARAMELLE
JEAN GILLIBERT
GILBERT TERRIER
JEAN-PIERRE BIGEAULT
JEAN BÊGOIN
DIDIER ANZIEU
Sous la direction de
J. Chasseguet-Smirgel
les chemins
de
l'anti-œdipe
Bibliothèque
de Psychologie
Clinique
INTRODUCTION
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
La découverte de l'Œdipe
L'extension de l'Œdipe
- le stade phallique,
- le rôle du clitoris,
- la perception précoce du vagin, d un organe génital
« pénétrable »,
- la nature de la masturbation chez la femme,
- la nature de la bisexualité, biologique, ou psychologique,
liée à l'investissement par les parents et aux identi
fications,
- la présence ou l'absence d'angoisse de castration chez
la femme (Freud écrit que, s'il y a un complexe de
castration chez la femme, il n'y a pas d'angoisse de
castration ; comment le croire, quand on écoute les
patientes ?),
- la faiblesse du Surmoi de la femme (même remarque !
mais il est vrai que pour Freud le Surmoi héritier du
complexe d'Œdipe, bien que parfois qualifié par lui de
cruel et sadique, ressemble plus à une conscience morale
de bonne compagnie que pour nous, après Mélanie
Klein, qui a souligné que le Surmoi est d'abord le
support des pulsions destructrices projetées et intro-
jectées),
- la double équation, qui paraît très récusable, faisant
correspondre à la masculinité l'activité, à la féminité la
passivité ou les buts passifs ; il est utile d'introduire
deux autres paires contrastées, l'une qui joue un rôle
important dans le développement de l'un et l'autre sexe,
la maîtrise et la non maîtrise, et l'autre qui paraît mieux
définir la masculinité et la féminité (à condition de ne
perdre de vue l'universelle bisexualité) la pénétration et
la pénétrabilité, l'intrusion et la réceptivité.
On trouverait bien d'autres divergences internes à la
psychanalyse quant à l'Œdipe. Mais cela ne touche guère
au problème de l'Anti-Œdipe. Dans tout ce que nous
venons d'évoquer, il n'y a volontairement pas eu beau
50 LES CHEMINS DE L’ANTI-ŒDIPE
celui des deux qui est du même sexe que le rêveur ; l'homme rêve
de la mort de son père, la femme de la mort de sa mère. Je ne
peux poser cela comme une règle absolue, mais le nombre des cas
de cette sorte l'emporte si nettement qu'il faut bien l'expliquer par
un facteur ayant une portée générale. Tout se passe, schématique
ment, comme si une prédilection sexuelle s'affirmait de bonne heure,
de sorte que le garçon verrait dans son père, la fille dans sa mère,
un rival en amour qu'il gagnerait à écarter ».
« On voit là que les désirs sexuels - dans la mesure où on peut les
nommer ainsi à cet âge - s'éveillent de très bonne heure chez
l'enfant, et que la première inclination de la petite fille va à son
père, celle du garçon à sa mère. Le père pour le garçon, la mère pour
la fille sont donc des concurrents encombrants, et nous avons vu
précédemment combien il faut peu de chose pour que l'enfant trans
forme un tel sentiment en souhait de mort. En général d'ailleurs
les parents présentent aussi une prédilection sexuelle ; un attrait
naturel fait que l'homme gâte sa petite fille, que la femme soutient
son fils. L'enfant sent bien cette préférence et s'insurge contre
celui des parents qui y fait obstacle ».
- Cinq leçons sur la psychanalyse, 1910, 4e leçon, G.W. 8, 50 ; S.E. 11,
47 ; trad. fr., 166-7.
« Le père préfère généralement la fille, la mère le fils. L’enfant
réagit de la manière suivante : le fils désire se mettre à la place
du père, la fille à celle de la mère ».
- Introduction à la psychanalyse, 1917, 21e conférence, G.W. 11, 345 ;
S.E. 16, 333 ; trad. fr., 358.
L'attitude « de la petite fille est, sauf certaines modifications
nécessaires, tout à fait identique ».
- Psychologie collective et analyse du moi, 1921, G.W. 13, 116 ; S.E. 18,
106 ; trad. fr., 58.
« On peut en dire autant, mutatis mutandis, de la fille dans son
attitude à l’égard de la mère ».
20. - Quelques conséquences psychologiques de la différence anato
mique entre les sexes, 1925, G.W. 14, 21 ; S.E. 19, 249 ; trad. fr.
in La vie sexuelle, 124.
- Sur la sexualité féminine, 1931, G.W. 14, 521 ; S.E. 21, 228-229 ; trad.
fr. in La vie sexuelle, 142.
- Nouvelles conférences sur la psychanalyse, 1933, 33e conférence,
G.W. 16, S.E. 22, 129 ; trad. fr. Gallimard, 1952, 177.
- Abrégé de psychanalyse, 1938, ch. 7, G.W. 17, 120-121 ; S.E. 23,
193-194 ; trad. fr., 65-67.
21. Il le refuse sans justification dans Sur la psychogenèse d’un cas
d’homosexualité féminine, 1920, G.W. 12, 281, η. 1 ; S.E. 18, 155, η. 1 :
« Je ne vois aucun progrès ou avantage à l'introduction du terme
“ complexe d’Electre ” et ne recommande pas son usage ».
Il le refuse avec justification dans Sur la sexualité féminine 1931,
G.W. 14, 521 ; S.E. 21, 228-229 ; trad. fr. in La vie sexuelle, 142.
58 LES CHEMINS DE L’ANTI-ŒDIPE
Texte de Freud
LE FLUX ET LE REFLUX :
CRITIQUE DE LA NOTION DE « SCHIZE »
ET NON LA « SCHIZE » COMME CRITIQUE
DE LA RAISON
DE LA PSYCHANALYSE A VANTI-ÉDUCATION
Premier exemple
Une petite fille a perdu son amie : elle pleure, elle est
désespérée. Elle dit « si j'avais été un garçon, mon amie
serait restée, je ne l'aurais pas perdue ». Il appartiendrait
au psychanalyste d'analyser cette « perte d'objet ».
Mais le père ou la mère de la petite fille sont confrontés
à une autre nécessité : réparer sans attendre la blessure
de l'enfant ; « Faire quelque chose », dans la réalité de
ce manque où se détruit l'enfant, par une intervention sur
l'abondante réalité du monde. Educateurs, leur réponse
est un don qui restitue symboliquement l'objet ; mais
on pourra voir dans le cadeau d'une « jolie robe » la
réponse à la question obscurément posée de la castration,
la restitution de l'identité menacée, un geste qui réunit
le dehors et le dedans ; tout se passe comme si, sans
l'avoir remonté jusqu'à sa source, les parents étaient
assez entrés dans le courant du deuil, en avaient implici
PSYCHANALYSE ET ANTI-ÉDUCATION 105
Deuxième exemple
On étudie en classe un texte sur l'amour maternel :
Albert, visiblement ému par cette évocation, réagit par
une participation à la fois active et embarrassée à cette
étude littéraire. Comme le récit met en valeur le dévoue
ment de la mère à l'égard de son enfant, Albert manifeste
son émotion sur un registre à la fois infantile et contrôlé
(verbalisé) : « c'est bon, dit-il, d'avoir une maman ». Puis,
le cours terminé, dans l'escalier qu'il doit prendre pour
changer d'étage, Albert donne un coup de pied dans la
vitre d'une fenêtre qui affleure le niveau des marches, et
la vitre vole en éclats. Albert doit alors s'expliquer avec
l'éducateur responsable, mais, comme l'explication s'avère
impossible, l'éducateur emmène Albert dans un bureau
qui se trouve être (dira l'élève ultérieurement) « si beau »
que quelque chose de sa beauté et de la gravité de sa
beauté rejaillit sur l'acte même pour lequel il a mérité
d'être là. Il y reste seul un moment. Enfin l'heure de
l'explication arrive. Elle n'est guère plus explicite que la
première et cependant un lien paraît s'être établi entre la
réflexion sur la qualité du lieu d'isolement et la reconnais
sance presque détendue de la faute : « Ce doit être grave,
ce que j'ai fait, pour qu'on m'ait mis dans un si beau
bureau ».
En effet, si l'émotion initiale d'Albert se situe claire
ment autour de l'image de la mère, le texte étudié fournit
106 LES CHEMINS DE L’ANTI-ŒDIPE
Troisième exemple
La classe travaille sur le texte célèbre de Chateaubriand
« La prise de Moscou », extrait des Mémoires d’Outre-
Tombe.
... « Moscou, comme une princesse européenne aux
confins de son empire, parée de toutes les richesses de
l'Asie, semblait amenée là pour épouser Napoléon ». La
classe s'agite, rires, gloussements, commentaires désor
donnés. Le professeur, une femme, poursuit l'analyse :
... « Trois jours après, elle avait disparu : la Circas-
sienne du Nord, la belle fiancée s'était couchée sur son
bûcher funèbre ». L'agitation du groupe atteint son
comble ; le professeur doit intervenir « Votre agitation,
dit-il en substance, prouve que vous avez compris ce dont
il s'agit ; Moscou, comme une femme, se donne en effet
ou plutôt pour finir se refuse à Napoléon. Telle est bien
l'une des images centrales de ce texte par laquelle Chateau
briand traduit l'émotion attachée à cette prise historique,
et cette émotion passe si bien qu'elle provoque la vôtre... ».
La classe est engagée à discuter de ce que confusément
elle a ressenti et que le maître cautionne de son autorité.
Le calme revient et l'analyse du texte rentre peu à peu
par la brèche même que l'émoi avait ouverte dans son
déroulement.
Une telle situation met en relief l'importance de l'atti
tude, ici interprétative, du professeur. Ce qui toutefois
retient notre attention n'est pas l'interprétation en tant
que telle, mais plutôt son caractère particulier, exception
nel en la circonstance, et qui permet au pédagogue d'ame
ner la classe à reconnaître son émotion désorganisante
(qui prend ici valeur de résistance) et à la retourner,
comme la réalité l'autorise, en instrument de compréhen
sion. Mais, distinguons les étapes du processus : le texte
rejoint ici, dans son contenu même, l'inévitable provo
108 LES CHEMINS DE VANTI-ŒDIPE
L’ANTI-ŒDIPE OU
LA DESTRUCTION ENVIEUSE DU SEIN
Pour l’Anti-Œdipe.......................................................... 59
Les auteurs de l’Anti-Œdipe, freudiens malgré
eux par Françoise Paramelle ............................... 61
Texte de Freud ............................................... 63
Pour introduire le code et des rapports du
code au désir .................................................... 79
Achevé d'imprimer
sur les presses de
l'IMPRIMERIE CHIRAT
42540 Saint-Just-la-Pendue
en septembre 1974
Dépôt légal 1974 n° 1170