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LIBERTE Mercredi 22 avril 2015

Supplément Économie 9
TENSION RÉCURRENTE SUR LES STATIONS-SERVICE

CARBURANTS : UN SYSTÈME
DE DISTRIBUTION
DÉFAILLANT

Louiza/Liberté

L
a tension sur les carburants, même si tout semble rentrer dans Beaucoup de projets de raffineries ont traîné. Le cas le plus important est
l’ordre aujourd’hui, a laissé ses stigmates. Il ressort des déclarations des la raffinerie de Tiaret qui devait produire 20 millions de tonnes de carburants
officiels et des spécialistes que les automobilistes ne sont pas à l’abri
de nouvelles ruptures d’approvisionnement en carburants. Il faut au
moins trois à quatre ans pour que la situation se stabilise et que s’éloigne
Anticipation par an et contribuer à couvrir la totalité des besoins en gasoil et en essences
aux normes européennes avant 2010. Le lancement des travaux a longtemps
buté sur l’orientation du programme pétrochimique de Sonatrach. On a
le spectre des tensions récurrentes sur les carburants. Le ministre de l’É- fait d’abord appel à des partenaires étrangers. Puis on a décidé que le raf-
nergie l’a bien souligné : le problème de manque de moyens de stockage Par : K. REMOUCHE finage devait être la propriété à 100% de Sonatrach. Du coup, pour relan-
ne sera réglé qu’à moyen terme. Mais on se demande pourquoi aucun plan k.remouche@gmail.com cer le projet, on a mis plusieurs années pour prendre une décision défi-
d’urgence n’a été ficelé d’autant que le premier responsable du secteur a nitive. Aujourd’hui, la raffinerie de Tiaret est reconfigurée pour produire
évoqué cette difficulté publiquement en 2012. Cette rareté de l’essence pen- seulement 5 millions de tonnes par an. Deux autres nouvelles raffineries
dant plusieurs jours enregistrée dans différentes villes du pays, récurrente sont prévues. Mais on en est qu’au lancement des travaux.
depuis plusieurs années, est aujourd’hui inadmissible dans un pays pétrolier En somme, la question de l’approvisionnement en carburants renvoie à
qui a consenti de lourds investissements dans le raffinage et la distribu- la politique énergétique du pays. On ne peut s’attendre à une meilleure
tion de produits pétroliers. qualité de service et à de nouveaux investissements dans la distribution
On est en plein dans la mauvaise gouvernance, dans cette incapacité à an- sans ouverture du secteur à la concurrence. En un mot, sans une démo-
ticiper les ruptures d’approvisionnement et cette opacité dont l’effet per- nopolisation évidemment bien encadrée avec cahier des charges et
vers fait qu’un problème est méconnu de la majorité de la population pen- contrôle. Du reste, notre modèle de consommation énergétique reste ir-
dant des années. On le découvre plus tard comme aujourd’hui sous ses dif- rationnel. En effet, l’attitude “laisser faire” des pouvoirs publics a encou-
férentes facettes avec cette nouvelle tension sur les carburants. En fait, cet- ragé la diésélisation du parc automobile dont la conséquence négative est
te rupture d’approvisionnement a mis à nu un système de distribution dé- la baisse de nos exportations de produits raffinés. Une moins-value de plu-
faillant : un cabotage dépendant des aléas climatiques et de la congestion sieurs milliards de dollars par an. Le GPL et le gaz naturel carburant (GNC)
des ports nationaux, un réseau de stations-service insuffisant à l’échelle ne sont pas suffisamment encouragés, entraînant une très forte concen-
nationale et sous-équipé en moyens de stockage, une bureaucratie qui frei- tration de la demande, de surcroît en expansion sur les essences notam-
ne les extensions de capacités de stockage, un système de marges à la pom- ment sans plomb et le gasoil.
pe qui bloque l’investissement dans de nouvelles stations-service. Ce qui inquiète également c’est cette propension des administrations et
Il ne faut pas oublier également le retard dans le programme d’augmen- des entreprises publiques à ne pas donner l’exemple. Leurs flottes devaient
tation des capacités de raffinage de Sonatrach. On pointe du doigt le retard depuis longtemps rouler au GPL ou au GNC. Une nouvelle preuve que nous
dans la réhabilitation des raffineries. Résultat des courses, les travaux de nous trouvons devant un système rentier, gaspilleur de ressources éner-
rénovation de la raffinerie d’Alger ne sont pas achevés. Cette situation a gétiques non renouvelables, peu préoccupé par la protection de l’envi-
pesé dans cette rareté de l’essence sans plomb et du gasoil au centre du pays. ronnement contre les émissions d’oxyde de carbone.
L’augmentation de la capacité de raffinage est au cœur de la problématique.
10 Supplément Économie Mercredi 22 avril 2015 LIBERTE

CARBURANTS : UN SYSTÈME DE DISTRIBUTION DÉFAILLANT


APPROVISIONNEMENT EN PRODUITS PÉTROLIERS

Les vraies raisons de la tension


Plusieurs facteurs ont favorisé la tension sur l’essence sans plomb et le gasoil.
a semaine dernière, différentes régions Alger, l’approvisionnement de fait essentiellement

L
du pays ont connu une vive tension par voie maritime. Et il suffit d’un contre-temps
sur les carburants. Elle était visible pour créer la tension. Comme confirmé par
dans les stations-services qui étaient l’Epal (Entreprise portuaire d’Alger) à travers un
littéralement prises d’assaut par des communiqué, un BMS de l’ONM (Office natio-
automobilistes. Il faut savoir que le ré- nal de la météorologie) pour trois jours, à comp-
seau national de stations-services comprend ter du 5 avril, avait contraint deux “tankers” à res-
entre 2250 à 2300 stations, dont 1500 à 1600 sont ter en rade par mesure de sécurité. Sur la base du
privées. Pour sa part, Naftal dispose entre 600 à bulletin météorologique spécial de l’ONM reçu
700 stations, dont 300 le 5 avril par l’Epal et qui fait état de l’arrivée d’une
Par : SAID SMATI sont en gérance libre. grande tempête de force 8, avec des vents violents
Au-delà des chiffres, il de nord-est et est pour une durée de 3 jours, le
est utile de relever la port d’Alger avait mis en exécution les mesures
nature du réseau des stations-services, notamment urgentes et nécessaires en maintenant en rade ces
dans la capitale qui a vécu la tension. En effet, les deux tankers. Les deux pétroliers transportant du
stations-services de la capitale sont dans leur ma- carburant ont été autorisés à partir de mercredi
jorité vétustes, avec une faible capacité de stoc- 8 avril, à titre exceptionnel et prioritaire et mal-
kage. En plus, plusieurs stations-services ont été gré les conditions météorologiques difficiles, à ac-
fermées, soit à cause de la réalisation de certains coster en vue de leur déchargement. Cette si-
projets publics, tels le métro et le tram, soit pour tuation soulève le problème de la dépendance de
des motifs sécuritaires. Selon un propriétaire de la distribution, notamment au Centre, de l’ap-
station-service, l’extension des capacités est sou- provisionnement maritime, d’autant que les ca-

Louiza/Liberté
mise à une autorisation qui souvent n’est pas ac- pacités de stockage sont minimes. D’ailleurs, le
cordée. Même à la périphérie, il y a des problèmes ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yous-
d’autorisation. Par ailleurs, les investisseurs ne fi, qui s’est exprimé jeudi dernier, a reconnu le dé-
sont pas incités à investir dans les stations-services, ficit actuel de notre pays en matière de stockage Par manque d’approvisionnements en essence, les stations-service étaient envahies par les automobilistes.
parce qu’elles ne sont pas rentables. Les marges des produits pétroliers. Ce qui est à l’origine des
sont administrées et n’ont pas évolué depuis une tensions cycliques sur le carburant. Selon les ca- problème de maîtrise et d’anticipation de la de- pos du P-DG. Voir les stations tomber en rupture
décennie. Les différents dépôts de stockage de car- pacités actuelles, notre pays ne dispose que mande ? Saïd Akrètche, PDG de Naftal, avait af- de stock, dès la fin de la matinée, pouvait suggé-
burants du pays sont approvisionnés, faut-il le d’une autonomie de 7 à 10 jours. “Si un dys- firmé que “rien ne justifie la crainte des automo- rer qu’elles n’ont pas disposé de leur quota ha-
rappeler, à partir des raffineries d’Arzew et de fonctionnement est constaté au niveau des ports bilistes à se précipiter vers les stations. Le carbu- bituel. Selon des responsables de certaines sta-
Skikda, en plus des grosses quantités importées. pendant cinq jours, il y aura forcément une ten- rant est disponible suffisamment et le système de tions-services, “la quantité des carburants mise sur
Les quantités de carburants transférées par ca- sion sur les stations-services”, avait-il expliqué. Der- distribution fonctionne correctement”. Reste que le marché est insuffisante depuis quelque temps.
botage (transfert maritime) de la raffinerie de rière cette tension qui a provoqué le rush des ci- les scènes des files d’attente constatées dans les sta- Ce qui a engendré une grande tension”.
Skikda subissent les aléas météorologiques. Pour toyens sur les stations-services, n’y a-t-il pas un tions-services étaient là pour faire douter des pro- S. S.

SELON SON DIRECTEUR DE COMMUNICATION

Naftal tente d’inonder le marché


ontacté par Liberté, Djamel Cherdoud, di- treprise travaille par ailleurs  à la mise en place ainsi que l’explique Djamel Cherdoud. L’entre- te Naftal/SNTF), 10 navires pour le cabotage de

C recteur de la communication à Naftal, ex-


plique, pour ce qui se rapporte à la tension
sur le carburant,  qu’une sorte de “psychose” s’est
d’un réseau aussi dense que possible en pipelines,
pour rendre plus fluide le réseau de distribution.
Ainsi, dans le segment carburant, il est attendu
prise est, aussi, en train de relever  les capacités
de stockage des dépôts dans les régions de
Khroub ( plus 172 000 mètres cubes), de Sidi Bel
carburants et GPL, 7 barges pour le soutage des
navires…. L’entreprise  poursuit par ailleurs, la
mise en œuvre  du  programme de réalisation des
emparée des automobilistes qui croyaient qu’il la réalisation de pipelines (1re phase) reliant  Skik- Abbès (plus de 180 000 m3), d’El Eulma ( plus 120 stations-services autoroutières, le développe-
y avait pénurie de carbu- da et Berrahal (85 km), Skikda-Khroub (105 km), 000 m3),  de   Chlef ( plus 42 000 m3), de  Reli- ment et promotion du GNC….22 stations-ser-
Par : YOUCEF rants. Or, ajoute-t-il,   je Khroub-El Eulma (103 km)  et Arzew-Relizane zane ( plus 60 000 m3), de Bejaia ( plus10 000 m3) vices autoroutières sont opérationnelles, 20
SALAMI peux vous l’affirmer qu’il (100 km). Pour ce qui se rapporte au GPL, des et enfin de M’sila (plus 22 000 m3). L’augmen- autres stations sont en projet, indique Djamel
n’y a pas de problème de projets sont également dans les pipes.  Il s’agit de tation des capacités de stockages se fait de “ma- Cherdoud. Il existe en tout 2 184 stations-services,
disponibilité de l’offre en carburant. La preuve, pipelines entre  Skikda  et Berrahal (85 km),  Ar- nière graduelle”, affirme Djamel Cherdoud. En dont 549 points de vente Sirghaz, à l’échelle du
poursuit-il, Naftal a distribué huit millions de zew et Blida (418 km). De même, il est prévu, l’ex- 2014, Naftal a consenti  32 610 millions de dinars pays.Il y a trois types de stations-services. Il y a
litres de carburant par jour, à Alger, ces dernières tension des capacités de stockage et d’emplissa- en dépenses d’investissement, injectés dans dif- celles gérées   directement par Naftal ( 327), celles
semaines de tension,  alors qu’en temps normal, ge, le renouvellement et le renforcement de la férents projets. Aujourd’hui, Naftal, c’est dix pi- libres gérées par des privés ( 300 stations),  et
elle n’en livre que 3,5 millions. S’il y avait réel- flotte de transport… “Le transport de carburants peline totalisant 1 100 km, 3 500 véhicules de les   points de ventes ( ce sont des stations
lement pénurie, l’entreprise n’aurait pas pu par canalisation se fait  en substitution au trans- transport de carburants et GPL, 6 000 camions construites par des privés et gérées par des pri-
mettre à la disposition des stations-services de port routier.  Il s’agit d’un mode de transport qui pour le ravitaillement journalier, 150 wagons-ré- vés). Elles s’approvisionnent auprès de Naftal.
telles quantités en carburants, appuie-t-il. L’en- n’est pas aléatoire. Le cabotage reste lui inévitable”, servoirs/jour appartenant à la STPE (société mix- Y. S.

KHALED BOUKHELIFA, ANCIEN DIRECTEUR CENTRAL AU MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE

“Le problème risque de perdurer”


La consommation nationale en carburants est en hausse. Elle a dépassé, en moyenne annuelle, les 7%.
lle est passée de 14,2 millions de tonnes en 2010 à 17,5 mil- ries existantes. La première étape a ainsi permis la mise en ser- tension sur le carburant est un problème “récurrent” qui risque

E lions de tonnes en 2013, soit un taux de croissance annuel


moyen de 5%. En 2014, Naftal a distribué 14,5 millions de
tonnes en carburants. En 2013, une partie de la demande en car-
vice de la raffinerie d’Alger (2,7 millions de tonnes par an), en
1964, la raffinerie d’In Aménas, la raffinerie d’Arzew (2,5 mil-
lions de tonnes par an) en 1972, et la raffinerie de Skikda (15 mil-
de “perdurer”, compte tenu des délais “incompressibles” néces-
saires à la réalisation de nouvelles raffineries et ou d’infra-
structures de stockage (3 à 4 ans). Le stockage, note-t-il, permet
burants a été satisfaite par l’importation (4,3 millions de tonnes lions de tonnes par an) en 1980, laquelle représentait 70% de la de pallier les aléas climatiques qui empêchent le cabotage in-
en gasoil et essence), soit 8% d’augmentation capacité globale installée estimée à 22 millions de tonnes par an terrégions de produits et les arrêts accidentels et/ou program-
Par : Y. S. par rapport à 2012. Mais quelle est l’offre en à cette époque-là. S’y ajoute la raffinerie de Hassi Messaoud mise més des raffineries. Et de faire remarquer qu’un retard a été en-
raffinage  ? Le pays dispose actuellement en service en 1962.  registré ces dernières années dans la réalisation de nouvelles raf-
d’une capacité installée de raffinage estimée à près de 30 millions Il rappelle également que, durant la période allant des années fineries “dû à mon avis au manque de maturation des projets”.
de tonnes par an. Dans le cadre de la mise en place de cet im- 1970 à la fin des années 2000, la demande nationale en produits “C’est, ajoute-t-il, pour cela qu’il me semble important que le pays
portant potentiel qui s’est étalé sur plusieurs décennies, l’État pétroliers était globalement satisfaite par la production natio- accorde un intérêt particulier à la phase maturation des projets
a consenti un niveau d’investissement “considérable”, affirme nale “à l’exception de l’essence sans plomb”, produit provenant qui faisait partie du processus de planification durant des années.”
Khaled Boukhelifa, ancien directeur général au ministère de jusque-là uniquement de la raffinerie de Skikda. La seconde éta- Durant cette phase, les contours du projet et les conditions de
l’Énergie. M. Boukhelifa remonte le temps. pe a permis la réalisation d’un programme de réhabilitation des sa mise en œuvre (choix du site d’implantation, délai de réali-
installations existantes. Elle a été mise en œuvre et a concerné sation, consistance physique, financement..) sont étudiés. Cela
Le manque de maturation des projets pointé du doigt les raffineries d’Arzew (2012), Skikda (2013), Alger (2014) ain- évitera les glissements de planning de réalisation des projets et
Ce potentiel de production a été concrétisé en deux étapes : la si que la réalisation de la raffinerie d’Adrar (0,6 million de tonnes par-là même des surcoûts préjudiciables au pays et au consom-
première a permis la réalisation de plusieurs raffineries, et la se- par an) en partenariat avec une société chinoise. Par ailleurs, l’an- mateur
conde a concerné un programme de réhabilitation des raffine- cien directeur général au ministère de l’Énergie explique que la Y. S.
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Supplément Économie 11
CARBURANTS : UN SYSTÈME DE DISTRIBUTION DÉFAILLANT
HAMID AÏT ENCEUR, PRÉSIDENT DE L’UNION NATIONALE DE PROPRIÉTAIRES DE STATIONS-SERVICES (UNIPREST)

“Les stations étaient mal


approvisionnées”
Le président de l’Uniprest (Union nationale des investisseurs et propriétaires de relais et
stations-services), Hamid Aït Enceur, explique les raisons de la récente tension sur les
carburants et cite les contraintes que subissent les propriétaires de stations-services.
Liberté : Comment expliquez-vous la récente ten- stations-services. Mais il de mettre en place les mécanismes de rentabili-
sion sur les carburants ? faut continuer à investir té. C’est la mission de l’ARH.
Hamid Aït Enceur : Si on répondait simplement dans le stockage et dans le Comment vous voyez les solutions ?
à la question, la tension sur les carburants de ces transport par pipe. Les nou- Actuellement nous avons un fournisseur qui est
derniers jours est due velles routes, l’autoroute Naftal. L’une des solutions, c’est que le privé s’im-
Entretien réalisé par : au fait que les sta- des hauts plateaux, c’est plique dans la distribution. Peut-être que si on avait
SAÏD SMATI tions étaient mal ap- demain. C’est le programme eu à Alger un distributeur privé on n’aurait pas eu
provisionnées. S’il y a 2015/2019. Il ne faut pas cette tension.
une tension, c’est que quelque part le produit a faire comme on l’a fait avec Certes, le secteur est théoriquement ouvert.
manqué ou bien il est arrivé en retard. Et s’il ar- l’autoroute Est-Ouest et at- Même le stockage est ouvert. Le privé peut donc
rive en retard, souvent cela crée des tensions d’au- tendre qu’on ait terminé se lancer dans la distribution. Pour cela, il faut avoir
tant qu’il y a des problèmes de stockage. La dis- pour penser aux stations- un dépôt et un réseau de stations-services. Si par
tribution est liée au stockage. On ramène le pro- services. exemple nous, propriétaires, nous décidons de nous
duit de la raffinerie, on le met en stock et puis on Quelles sont les lancer dans la distribution, la question du réseau
le distribue. Il y a un temps pour cela. Cette année contraintes que rencon- de stations ne se pose pas. Nous disposons de notre
était exceptionnelle. trent les propriétaires de réseau. Concernant les dépôts, on peut les avoir,
On a eu un hiver rude. En janvier et février, stations ? il suffit juste d’avoir du foncier.
c’était le mauvais temps. C’était BMS sur BMS. À La station-service c’est le Mais après il se posera le problème de la source.
cette période, il y avait une tension surtout sur le dernier maillon de la chaî- Concernant le Centre, la source sera soit Arzew, soit
gasoil. Le gros du gasoil vient de Skikda et une par- ne. Toute perturbation en- Skikda. Vu le trajet, ce n’est pas économiquement
tie est importée. Comme on le sait, entre Skikda gendre forcément un rentable. En somme, la loi existe mais il y a des
et Alger, le transport se fait par bateau. Il se manque à gagner à la sta- contraintes qui font qu’il n’est pas facile pour le
trouve que quand il y a du mauvais temps, les ba- tion. D’autant qu’il y a un privé d’aller vers la distribution. Il y a un distri-
teaux ne déchargent pas. Ils restent en rade. S’il grand nombre de petites buteur qui a démarré à Biskra. Mais ce distribu-
y avait du stockage, il permettrait de pallier la dé- stations qui font au maxi- teur dispose d’une source qui est proche, à savoir
faillance. mum 10 000 litres/jour. Hassi Messaoud.
À l’Est, on n’a pas eu de tension, parce que là-bas C’est juste si elles arrivent à Au Centre, l’idéal serait la raffinerie de Sidi R’zi-
Smati/Liberté

on utilise le pipe. Le grand dépôt de Bounouar est subvenir à leurs besoins. ne qui pourrait être une source pour le Centre, mais
alimenté par pipe. Il y a tout un investissement Ce qui pose le problème de en la rénovant et en augmentant ses capacités, est-
qui a été fait à l’Est. Le transport par pipe permet la marge, c’est-à-dire la ré- ce qu’elle peut être ouverte aux distributeurs ? Pour
de gagner du temps. Il faut aussi savoir que dans munération. Il faut savoir le moment, la solution la plus indiquée c’est
les carburants il y a aussi le phénomène de saison. que quand le prix d’un produit est administré, la d’envisager un pipe entre Skikda et Alger. Com-
Il y a la saison agricole. Actuellement, la région de Pensez-vous que cette tension risque de se re- marge est insignifiante. Depuis 2005, les marges me je l’ai déjà dit, le transport par pipe permet de
Aïn Defla est en manque de gasoil. Il y a une de- produire ? n’ont pas bougé. C’est à peine 50 centimes de plus. gagner du temps.
mande supplémentaire. Après Si on reste dans la même configuration, cette ten- Pourtant, les charges ont changé en touchant l’ex- Enfin il y a bien sûr toutes les futures raffineries
c’est la saison estivale. Il y a des wilayas touris- sion risque de se reproduire à tout moment. Il suf- ploitation et en érodant les marges. On ne de- en projet qui vont faire baisser la tension.
tiques qui connaissent un grand flux de touristes fit juste d’une petite défaillance. Et c’est là où se mande pas d’augmenter les marges, c’est plutôt
engendrant une demande supplémentaire. Ce sont pose avec acuité la question du stockage. Le réseau un rattrapage des marges. Sinon les stations
des régions où le réseau doit être alimenté régu- de stations existe. L’Uniprest c’est quasiment les existantes ne vont plus investir. Et les futurs in- Un modèle
lièrement. deux tiers du réseau. Nous somme à presque 1600 vestisseurs seront découragés. Il est donc urgent
de consommation
IMPORTATIONS DE CARBURANTS énergétivore et gaspilleur
■ Le débat sur les subventions des produits

Dopées par la rénovation énergétiques revient régulièrement sur la


scène économique. Une étude réalisée en
2010 par le PNUD situe le niveau des
subventions allouées par l’état algérien à 10,5

des raffineries de Sonatrach


milliards de dollars (6,6% du PIB) dont 8,5
milliards pour les produits pétroliers. Selon la
Banque mondiale, les subventions affectées
aux produits pétroliers et à l’électricité aurait
atteint 20 milliards en 2014. Les subventions
relèvent en fait du modèle de consommation
Les opérations de réhabilitation des raffineries du groupe Sonatrach, plus ayant cours dans le pays. C’est un modèle
énergétivore et gaspilleur. Khaled
longues que prévues, ont été ces dernières années la principale cause Boukhelifa, ancien directeur général au
d’un accroissement sensible des importations de carburants de l'Algérie. ministère de l’énergie, relève que tous les
experts qui ont eu à traiter de la
n 2009 et en 2010, les achats millions de tonnes de carburants nisseurs en gasoil, avec des ventes combler le déficit créé par les arrêts problématique des subventions depuis

E de carburants à l’extérieur se
situaient encore à des niveaux
assez modestes. C’est ainsi qu’on
dont 2 millions de tonnes de gasoil,
et 500 000 t d'essence. La facture
pour 2012 gonfle alors sensible-
estimées à 666 millions de dollars,
suivie de la Libye pour 316 millions
de dollars et des États-Unis qui,
pour entretien et rénovation des raf-
fineries d'Alger, Skikda et Arzew, il
est également à noter que la
plusieurs années sont tous d’accord sur les
actions à engager, à savoir rendre “explicites”
et “transparents” les mécanismes
avait enre- ment et grimpe à 2,8 milliards de malgré l'éloignement, a vendu à consommation du gasoil, carburant d’allocation des subventions, élaboration
Par : HASSAN gistré en dollars. l’Algérie pour 207 millions de dol- fortement prisé en raison de son d’une étude afin de fixer les mécanismes à
HADDOUCHE 2009 l’im- lars de gasoil. S'agissant des im- prix très bas et pour ses utilisations mettre en place pour faire bénéficier des
portation Une facture record en 2013 portations d'essence, l'Italie est le multiples dans l'industrie et l'agri- subventions les “régions déshéritées” et les
de 36 000 t d’essence et de 576 000 Un sommet sera atteint en 2013. principal pourvoyeur de l'Algérie culture, a été dopée également par citoyens “défavorisés”, réduire le “gaspillage”
t de gasoil. En 2010, les achats de L’Algérie a acheté cette année-là des avec des livraisons de 515 000 t pour une croissance spectaculaire du par la sensibilisation du citoyen et une
carburants à l’étranger étaient quantités de gasoil d'une valeur de une enveloppe de 526 millions de parc automobile qui est passé de 2,9 “augmentation progressive” des prix. En tout
même en baisse, et l’Algérie avait 2,24 milliards de dollars, tandis dollars. En 2014, les importations de à 5,5 millions de véhicules durant la cas, il n’y a pas que l’Algérie qui
importé seulement 376 000 t de ga- que les importations d'essence se carburants et de lubrifiants ont at- période 2005-2013. subventionne. Les subventions atteignent
soil. Changement de décor complet sont chiffrées à 1,2 milliard de dol- teint 2 milliards de dollars. En Le déficit a été causé en outre, faut- 22,6% du PIB en Iran,  9,8% du PIB en Arabie
à partir de 2011. Cette année-là, les lars pour un volume d’un million de 2015, selon Sonatrach, l’Algérie il le rappeler, par un vaste trafic de Saoudite, 2,7% du PIB en Russie, 6,9% du PIB
importations du pays passent bru- tonnes. Soit au total une facture re- n’importerait plus de carburants. carburant aux frontières de l’Algé- au Venezuela, 1,4% du PIB en Inde, 0,4% du
talement à 2,3 millions de tonnes re- cord de près de près de 3 milliards rie, un phénomène qui a pris de PIB en Chine, 0,9% du PIB au Mexique, et 2,7%
présentant une facture de 2 milliards et demi de dollars. Les statistiques Une forte croissance de la de- l’ampleur ces dernières années. du PIB en Thaïlande. La Banque mondiale, de
de dollars. Une croissance sensible des Douanes renseignent sur le dé- mande H. H. même que le PNUD, estime à juste titre que
des importations confirmée en tail des fournisseurs de notre pays Si le recours massif aux importa- ces mesures sont “contre-productives”, car
2012, année au cours de laquelle So- pour l’année 2013. La Russie vient tions entre 2011 et 2013 s’explique moins de 20% de ces subventions vont aux
natrach importera de nouveau 2,5 largement en tête de la liste des four- principalement par la nécessité de couches les plus défavorisées.
Y. S.
12 Supplément Économie Mercredi 22 avril 2015 LIBERTE

CARBURANTS : UN SYSTÈME DE DISTRIBUTION DÉFAILLANT


PÉNURIE D’ESSENCES

Yousfi recadre le P-DG


de Naftal !
Dans cet imbroglio, les citoyens, les automobilistes en particulier, ne savent plus à quel
saint se vouer.
agit-il d’une perturbation conjonc- ministre de l’énergie a précisé aux parlementaires

S’
turelle dans l’approvisionnement que Sonatrach a lancé un programme “de réhabi-
des stations-services ou d’un déficit litation de ses raffineries afin d’atteindre l’autosuf-
structurel entre l’offre et la deman- fisance dès cette année, ainsi qu’un programme de
de ? La question mérite d’être posée réalisation de nouvelles raffineries afin d’accompa-
au regard des chaînes interminables gner une demande sans cesse croissante… Les nou-
de voitures à l’entrée des pompes à essence. Selon velles raffineries devront disposer d’une capacité de
certains gérants de ces stations, ces perturbations stockage de 300 000 t à l’horizon 2020”. Pour les res-
dans l’approvisionnement en carburant ne datent ponsables de Naftal, dont la mission, rappelons-le,
pas d’aujourd’hui. Ils n’évo- est de distribuer et de commercialiser des produits
quent pas de pénurie mais pétroliers et dérivés sur le marché national, “l'Al-
Par : A. HAMMA parlent cependant de rup- gérie produit près de 12 millions de tonnes de pro-
ture récurrente des stocks duits pétroliers finis, alors que la demande s'élève à
due, selon eux, à leurs faibles capacités de stocka- 13,5 millions annuellement, soit un déficit de 1,5 mil-
ge, à la désorganisation de la fonction distribution lion compensé par l'importation.” Par ailleurs, le
de Naftal ainsi qu’à l’augmentation de la deman- PDG de cette filiale du groupe Sonatrach a affir-
de, compte tenu de l’expansion du parc automobile mé à l’APS que “7 millions de litres de carburants
ces dernières années. Pour sa part, le PDG de Naf- ont été distribués récemment au niveau des stations
tal, dans une déclaration à l’APS, estime qu’il n’y a de la capitale, alors que la moyenne habituelle est
pas de pénurie, même si “la distribution des pro- de 3,5 millions de litres par jour”. La situation se nor-
duis pétroliers est parfois soumise à des aléas cau- malise donc progressivement. Et pourtant les sta-
sant des retards d’approvisionnement pouvant du- tions sont toujours prises d’assaut par les auto-
rer jusqu’à une demi journée”, et d’ajouter : “Aucun mobilistes. Les dirigeants de Naftal attribuent cet
système ne peut fonctionner de manière parfaite. Il afflux à la rumeur, tout en reconnaissant que des
peut arriver que des problèmes surviennent au ni- facteurs objectifs (besoins de fonctionnement de
veau de l'exploitation, des ports, des pipelines ou des l’économie nationale, augmentation du parc de vé-
routes. Mais dans ces cas, il ne s'agit pas de pénu- hicules, faible capacité de stockage de certaines sta-
rie.” Alors il s’agit de quoi ? Yousfi apporte une ré- tions…) exercent une forte pression sur la demande
ponse devant le parlement. “Naftal pâtit de l’in- en carburants. Nous sommes donc bel et bien dans
suffisance des capacités de stockage de carburants.” une situation de déficit structurel qui risque de per-
Aussi il a donné instruction à Naftal d’augmenter durer, perturbant de fait la fonction distribution et
ses capacités de stockage. D’autant que la deman- provoquant des pénuries répétitives. Il y a effecti-
de a explosé (environ 15 millions de tonnes/an), vement la part de la rumeur, mais celle aussi de la

D. R.
alors que les capacités de raffinage et de stockage vérité dans l’explication de cette situation.
des carburants n’ont pas évolué. Dans ce sillage, le A. H.

EN TOUTE LIBERTÉ MUSTAPHA MEKIDECHE


mustaphamekideche@ymail.com

Produits pétroliers : un système de distribution obsolète


pour une demande qui explose
L

es récentes tensions sur la chaines générations. Face à cet- duction de????. On exportera En matiè- manques à gagner tarifaires car mettent le cabotage des pro-
distribution des carburants te demande, l’offre locale de moins de brut léger et on im- re de cela ne couvre même pas ses duits pétroliers entre les diffé-
à travers certaines wilaya- produits raffinés, va s’élever en portera plus de brut lourd en pla- charges d’exploitation, l’amor- rentes régions du pays pour lis-
te du pays, notamment celle 2015 à 9 millions de tonnes en ce et lieu des produits finaux es- stockage tissement de sa dette et encore ser l’offre, sont également ob-
d’Alger, renvoient à des causes gasoil et à 4 millions de tonnes sentiellement le gasoil. des produits pétro- moins ses besoins d’investisse- solètes et dans tous les cas sous-
beaucoup plus structurelles qu’à d’essence soit un total de 13 mil- D’où la nécessité, en attendant liers, les capacités ments. Je crois savoir que ce dimensionnés aussi bien au port
celles conjoncturelles comme lions de tonnes. Rappelons que l’inévitable révision du système exprimées en jours dispositif a montré ces limites d’Alger qu’à celui de Skikda. Cela
la propagation d’une simple cette offre interne, déjà insuffi- tarifaire de toute la gamme des lorsqu’on remarque les difficul- se traduit par des ruptures d‘ap-
rumeur. Il ne s’agit nullement de sante, avait été réduite à partir carburants distribués, d’aug-
de consommation tés récentes de Sonelgaz à mo- provisionnement récurrentes
prophéties ou d’anticipations de 2008, pour cause d’exten- menter, en priorité, le prix à la de Naftal n’étaient biliser ses emprunts bancaires. par mauvais temps.
auto-réalisatrices comme a ten- sion et/ou de rénovation des pompe du gasoil de sorte à l’ali- plus que de 7 jours La troisième raison des dys- En conclusion, on voit bien que
té de l’expliquer Saïd Akretche, raffineries d’Alger, de Skikda et gner, au moins, sur celui du su- sous le double fonctionnements constatés est les difficultés d’approvisionne-
P-DG de Naftal, dont il faut ce- d’Arzew (coût 4,5 milliards de dol- per. Continuer de discourir sur la due à un système de stockage et ment en carburants, mal vé-
pendant convenir qu’il a remis lars). C’est ce qui explique les im- transition énergétique dans un
effet de l’explosion de distribution obsolète. cues la semaine dernière par les
assez rapidement de l’ordre cet- portations depuis cinq ans de pays où le prix du gasoil est à 13 de la demande et En matière de stockage des pro- automobilistes en ce début de
te fois-ci. Ceci dit, ces situations carburants, dont le gasoil, para- DA devient tout simplement des sous-investis- duits pétroliers, les capacités printemps 2015, ne sont que la
vont devenir récurrentes si on ne doxalement le produit pétro- indécent. Notre prix du gasoil, in- sements dans ce exprimées en jours de consom- partie visible de l’iceberg. Pour
s’attaque pas aux causes pro- lier le plus subventionné et le férieur de 20 fois à celui de la domaine.” mation de Naftal ne sont plus éviter cet iceberg et d’autres
fondes qui en sont à l’origine. moins cher, alors qu’il est le Norvège et de 8 fois à celui de que de 7 jours sous le double ef- qui se dresseront, il va falloir sé-
Quelles sont-elles ? plus polluant. Le pic des impor- nos voisins, est au niveau de permette au Parlement de fet de l’explosion de la deman- rieusement traiter la problé-
Une demande en forte crois- tations d’essence a été at- celui de l’Arabie Séoudite, du prendre connaissance du mon- de et des sous-investissements matique de la sécurité et de la
sance, une politique tarifaire, teint,selon Zoubida Benmouffok, Venezuela et de l’Iran qui ont, tant des subventions non bud- dans ce domaine, comme le rap- transition énergétiques, elle-
rare dans le monde, favorisant le directrice de la division raffi- contrairement à nous, la parti- gétisées”. Je n’ai pas connais- pelait le ministre de l’Énergie même encastrées dans celle
gaspillage et la fuite aux fron- nage de Sonatrach, en 2013 avec cularité d’avoir des réserves sance que cela ait abouti. Youssef Yousfi. De plus le seg- d’un autre modèle de croissan-
tières et un système de stocka- 2,8 millions de tonnes d’essence longues d’un pétrole lourd ap- En fait le montant réel des sub- ment final de la distribution a vu ce qu’il faudra construire car la
ge et de distribution vétuste. pour un montant de plus de 2 proprié pour le raffinage du ga- ventions de l’énergie intégrant son réseau des stations-services crise qui se profile risque d’être
D’abord une demande, estimée milliards de dollars. soil. C’est loin d’être notre cas. Je ce que les économistes appellent régresser, cela du fait d’un désin- longue et douloureuse. Pour
à 14 millions de tonnes à fin 2013, Mais la rénovation et/ou l’ex- ne comprends toujours pas “les coûts cachés” n’est pas affi- vestissement prononcé dans tout vous dire, je n’ai pas l’im-
dont 70% en gasoil, qui a explosé tension des raffineries exis- pourquoi nos gouvernants re- ché à ce jour dans la loi de fi- le réseau et de la disparition de pression que les lignes bougent
durant ces quinze dernières an- tantes et la construction an- fusent d’ouvrir ce dossier. Karim nances. Seule une partie des stations- service existantes. Mes pour construire les anticipa-
nées (2,9 millions de véhicules en noncée de trois nouvelles, pour Djoudi, conseiller économique subventions apparaît “implici- lecteurs algérois peuvent consta- tions et les faire accepter socia-
2000 contre 5,5 millions en 2013). un coût total de 9,6 milliards de du Président de la République, tement”. À titre d’illustration ter, de visu, que plusieurs sta- lement et politiquement. La
Cette forte augmentation qui est dollars à Tiaret, Biskra et Hassi avait esquissé cette approche, dans le cas de l’électricité, il est tions services de la ville et du ré- preuve : les réformes structu-
nourrie par une tarification ob- Messaoud, vont tout simple- quand il était ministre des Fi- quantifiable dans le montant du seau autoroutier périphérique relles requises par la gravité des
solète, pousse au gaspillage ment déplacer le problème. En nances, pour au moins “quan- rachat non budgétisé des dettes ont disparu ou changé de voca- futuribles ne sont pas encore à
d’une ressource non renouve- fait cela va d’une part diminuer tifier ces subventions pour que de Sonelgaz par le Trésor. Cela ne tion. Dernier point les infra- l’ordre du jour.
lable, au détriment des pro- les exportations de notre pro- la prochaine loi des finances compense que partiellement les structures portuaires, qui per- M. M.
LIBERTE
Supplément Économie 13
Mercredi 22 avril 2015

ENTREPRISE ET MARCHÉS
EN BREF

Parlons management !
Découverte de gaz dans le bassin d'Illizi
■ La compagnie nationale Sonatrach a
annoncé lundi avoir réalisé, en partenariat
avec des compagnies étrangères, une nouvelle
découverte de gaz naturel dans le bassin
d’Illizi (sud-est). Le résultat du test effectué au
Yahia / Liberté

niveau du puits Tan Emellel Sud-Ouest-2


(Tesco-2) confirme le potentiel des
hydrocarbures sur le périmètre Sud-Est Illizi,
SEGHIR SMAIL seghirsmail@gmail.com
souligne Sonatrach. Il est à rappeler que
Sonatrach est partenaire, dans le cadre de ce
LA PERSONNALITÉ DES DIRIGEANTS contrat, avec Enel Trade SPA, GDF Suez E and P

Une puissante source


Projects Algérie BV et Repsol Exploracion
Argelia SA, en charge de l'opérating durant le
période de recherche.

Russes, Suisses, Anglais… participent


aux Salon de l’étudiant

de création de valeur
■ La deuxième édition du Salon de l’Étudiant
algérien se tiendra les 9 et 10 mai 2015 au
Palais de la culture Moufdi-Zakaria de Kouba,
à Alger. Parmi les pays participants, on peut
citer la France, la Russie, la Suisse, la Grande-
Bretagne et la Tunisie, entre autres. Huit mille
Ni un flair aiguisé du sens des affaires ni les meilleurs business visiteurs y sont attendus. La manifestation se
veut un espace de rencontre entre, d’une part
plans ne sont automatiquement synonymes de performance pour les formateurs (algériens et étrangers), toutes
spécialités et catégories confondues, et
l’entreprise. Ce sont les qualités de leadership des dirigeants qui d’autre part les apprenants de tous les
niveaux et tous profils.
font le succès durable.
Société Générale : 4 milliards d’euros
ans le monde de peu sensibles aux autres – et, à me partie de son livre. Modifier ront par l’exemplarité dans leur pour l’Afrique

D
l’entreprise, la ren- l’autre bout, les patrons dits “vir- son comportement managérial sup- comportement managérial. Com- ■ La banque française Société Générale va
tabilité est souvent tuoses” qui incarnent le mieux ces pose que l’on fasse preuve de lucidité ment, en effet, pourraient-ils exiger allouer 4 milliards d’euros de fonds propres
mesurée par le re- qualités. Lorsqu’il compare les per- et que l’on soit aidé pour changer ; de leurs collaborateurs qu’ils chan- supplémentaires pour accélérer le
tour sur investisse- formances financières des entre- notamment par la formation et le gent si eux-mêmes continuent à gé- développement de ses activités africaines
ment ou le retour prises dirigées par les uns et les mentoring. Mais il y faut surtout la rer leur entreprise à la manière d’un d’ici 2016, rapporte le journal Les Echos. Dans
sur capital, popularisés par les termes autres, il constate que les “virtuoses” volonté, car il s’agit d’accepter de sor- adjudant  ? Au contraire, ils de- ce cadre, le groupe, déjà présent dans 18 pays
anglo-saxons ROI (Return On In- ont réalisé un retour sur capital tir de sa zone de confort et se défai- vraient s’efforcer à être les premiers africains, entend se focaliser sur le marché
vestment) et ROA (Return On As- moyen (ROA) de 9,35%, alors que re de ses habitudes négatives. Il à montrer un comportement ma- entreprises, qui pèse pour 55 % à 90 % de ses
sets). Dans un livre qui vient juste de les “psychotiques” atteignent à pei- n’est du reste pas fortuit que la “vir- nagérial de type “virtuose”. C’est là, revenus selon le pays, ajoute le quotidien
paraître – Return on Character : ne un ROA de 1,93% ! La démons- tuosité” prônée par Fred Kiel cor- comme nous le démontre Fred Kiel, économique français.
The Real Reason Leaders and Their tration est dès lors faite : un leader- responde exactement au fameux non pas une intention humaniste
Companies Win (1) –,  Fred Kiel ship authentique, lorsqu’il est dé- “niveau 5” décrit par Jim Collins mais une nécessité économique vi- COURS DU DINAR
propose une nouvelle métrique : le ployé dans l’entreprise par ses diri- dans son best-seller Good to Great tale pour l’entreprise puisque ce
Return On Character ou “ROC” geants, est créateur net de valeur ; (3) où ce stade de leadership est dé- type de leadership conditionne di- Achat Vente
qu’on pourrait traduire par “retour alors que les dirigeants centrés sur peint comme  “un mélange para- rectement ses performances. Us dollars 1 USD 98,1684 98,1834
sur personnalité”. Fred Kiel, ancien eux-mêmes risquent, à terme, de dé- doxal de volonté féroce et d'humili- S. S. Euro 1 EUR 105,9139 105,9595
entrepreneur lui-même puis fonda- truire de la valeur. On trouvera une té personnelle”. L’importance pour
teur du cabinet conseil KRW, a excellente synthèse de la recherche nos dirigeants de développer leurs 1-Harvard Business Review Press. COURS DES MATIÈRES PREMIÈRES
conduit de 2006 à 2013 une vaste en- de F. Kiel dans le talkshow TEDx (2) aptitudes de leadership est d’autant March 2015.
quête aux USA qui a touché 84 qu’il a donné en 2013. Les leçons ti- plus aiguë qu’ils doivent être les 2-http://tedxtalks.ted.com/vi- Brent 62 dollars/baril
PDG (et 8600 de leurs collabora- rées de cette recherche concernent principaux agents du changement deo/Psychopaths-in-the-C-suite- Once d’or 1203 dollars
teurs) pour mesurer l’influence de la au premier chef les patrons ; mais on pour transformer le style de mana- Fred Blé 185,50 euros/tonne
personnalité de ces patrons sur les peut les généraliser à tous les niveaux gement classique qui handicape 3- De la performance à l'excel- Maïs 162,75 euros/tonne
résultats financiers de leur entreprise. de management. lourdement leurs organisations. Car lence. Pearson. 2009. Pages 17/40. Cacao 1938 livres sterling/tonne
Les résultats auxquels l’enquête a Dans les entreprises algériennes, ils doivent incarner eux-mêmes le Café Robusta 1799 dollars/tonne
abouti révèlent une forte corrélation elles interpellent encore plus leurs di- changement attendu. Et cela, ils le fe-
entre les traits de personnalité des di- rigeants. Et cela, parce que ce lea-
rigeants et les performances finan- dership authentique est rarement LE FOCUS D’OXFORD BUSINESS GROUP SUR L’AGRICULTURE ALGÉRIENNE
cières de leur entreprise. Pour cela, présent chez nos dirigeants. Souvent
Fred Kiel a identifié quatre traits de
personnalité qui ont une influence
marqués par une culture bureau-
cratique, beaucoup d’entre eux se si-
L’Algérie s’oriente vers une valorisation
directe sur la performance : intégri-
té, imputabilité et sens des respon-
tueraient davantage dans la partie
basse de l’échelle de personnalité de sa production
sabilités, compassion et capacité à dressée par Fred Kiel : trop centrés Des prix du pétrole en repli, auxquels s’ajoute une volonté d’améliorer la
pardonner. Sans surprise, ces valeurs sur eux-mêmes, manquant d’hu- sécurité alimentaire, ont incité l’Algérie à accélérer ses réformes agricoles
universelles correspondent exacte- milité, admettant difficilement leurs
ment aux qualités cardinales des erreurs, apportant peu de soutien à dans les cinq prochaines années.
grands leaders. À partir de ces va- leurs collaborateurs… Mais la bon- n 2014, le gouvernement a an- grande partie par une hausse des recettes culture et du Développement rural sub-
leurs, Fred Kiel a dressé une échel-
le de personnalité où, à un bout, on
trouve les patrons dits “psycho-
ne nouvelle c’est que l’on peut mo-
difier son comportement managérial
et développer ses qualités de lea-
E noncé qu’il consacrera 300 mil-
liards de dinars (2,8 milliards d’eu-
ros) par an dans le cadre de son “Plan
du secteur secondaire. De fait, la valeur
de la production agricole n’a cessé d’aug-
menter ces dernières années, atteignant
ventionne à l’heure actuelle le coût des
engrais à hauteur de 20%. Des chiffres
publiés par la Banque Mondiale indi-
tiques” – ainsi dénomme-t-il les dership. Fred Kiel y croit fortement quinquennal 2015-2019”, afin de conso- le chiffre de 23 milliards d’euros en quent toutefois que l’utilisation d’engrais
patrons centrés sur eux-mêmes et et y consacre même toute la troisiè- lider les acquis de la Politique de re- 2013. La PRAR, dont le lancement re- en Algérie entre 2009 et 2013 est bien in-
nouveau agricole et rural (PRAR) du monte à 2008, a joué un rôle moteur dans férieure à celle de certains de ses voisins.
pays. La campagne agricole 2014-15 su- le développement du secteur ces der- En moyenne, les producteurs ont utili-
BOURSE D’ALGER pervisera un certain nombre d’amélio- nières années, entraînant une croissan- sé 12,7 kg d’engrais par hectare de terre

Séance de cotation du 20/04/2015 rations, telles que l’introduction de tech-


niques de pointe en matière d’irrigation
ce annuelle de la production agricole de
8,3% entre 2010 et 2014, contre une
arable en Algérie, des chiffres très en deçà
de ceux qu’affichent le Maroc (39,1 kg
et une utilisation d’engrais plus impor- moyenne de 6% entre 2000 et 2008 ( …) par hectare) et la Tunisie (40,4 kg par
TITRES COTÉS tante. L’État s’emploiera également à dé- hectare). L’Algérie entend également
COURS VARIATION TAUX DE VARIATION velopper la production nationale de Place à la planification agir en faveur de l’amélioration des
ACTION
produits de base tels que les pommes de Pour que les objectifs du programme compétences techniques de ses agricul-
ALLIANCE ASSURANCES Spa 555,00 -35,00 5,93 terre et le lait. soient atteints, une importance accrue teurs. Améliorer la productivité, no-
EGH EL AURASSI 440,00 0,00 0,00 devra être accordée à la résolution d’un tamment grâce à une intensification de
NCA- ROUIBA 370,00 -5,00 1,33 Renforcer un secteur-clé certain nombre de problèmes clés dans la production locale et une utilisation ac-
TITRES NON COTÉS À l’heure actuelle, le secteur agricole les cinq années à venir. Étant donné le cli- crue des engrais, voilà qui devrait être la
DERNIER COURS DE CLÔTURE
ACTION constitue un élément majeur de l’éco- mat aride du pays, on ne s’étonnera pas priorité à l’avenir, selon le directeur de
SAIDAL 560,00 nomie hors hydrocarbures du pays. En- que l’utilisation de l’eau fasse partie des l’Institut national de la recherche agro-
OBLIGATION semble, les activités agricoles et agro-in- principales missions que s’assigne le nomique d’Algérie, Fouad Chehat. “Avec
SPA DAHLI 10 000,00 dustrielles contribuent au PIB de l’Algérie plan. Le gouvernement espère créer 2 le rythme de croissance démographique
PRINCIPAUX INDICATEURS BOURSIERS à hauteur de quasiment 9%, et, en 2013, millions d’hectares de terres irriguées – que connaît la population, les besoins ali-
le secteur a employé plus de 2,4 millions contre 1,2 million d’hectares aujourd’hui mentaires sont de plus en plus importants.
Capitalisation boursière : 14 603 525 105,00 de personnes, soit près d’un cinquième – dont plus du quart serait réservé à la Pour assurer une meilleure couverture de
Valeur transigée : 594 820,00 de la population active. La part de l’agri- production de céréales. ( …) En outre, la demande, il est impératif d’agir sur
Encours global des titres de créance : 2 360 140 000,00 culture dans le PIB a légèrement reculé l’utilisation d’engrais constitue un autre l’amélioration des rendements de la pro-
Encours global des valeurs du Trésor : 402 050 000 000,00 depuis 2012, où elle était plus proche des objectif du nouveau plan du gouverne- duction agricole”, a déclaré ce dernier aux
Indice boursier théorique 1 166,48 10%, mais cette baisse s’explique en ment en Algérie. Le ministre de l’Agri- médias locaux.

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